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« le: mardi 19 mars 2013, 17:39:11 »
Fila observa le blond filer. Elle n'en revenait pas de l'audace dont il venait de faire preuve. Elle porta la main à sa veste de tailleur, bien abîmée par la violence avec laquelle il avait arraché le badge, et serra les dents. Non Fila, ne t'énerve pas ! Elle respirait profondément, tentant de calmer la colère qui montait en elle. Trop, c'est trop ! Heureusement, elle avait un exemplaire de l'autorisation signée par le commissaire. Le badge n'était que pour éviter d'avoir à sortir la paperasse à chaque fois. Mais quand même ! Elle ne digérait pas les dernières paroles du blond. Elle pourrait porter plainte pour agression, si elle le voulait. Elle était d'ailleurs à deux doigts d'aller choper le premier flic correct qu'elle trouverait pour ça. Mais elle se reprit. Elle n'allait pas abandonner parce que Môssieur Valmy n'était pas content. Il n'avait pas son mot à dire sur ce qu'elle écrirait, et devait faire son taff avec elle sur le dos. Point. Elle avait le droit de poser des question, parce qu'elle devait comprendre le fonctionnement d'un commissariat. Et ce n'est pas un agent récalcitrant qui l'en empêcherait.
Les poings serrés, elle respira profondément encore une fois, pour achever de se calmer. Histoire de ne pas lui coller une baffe et de le brûler gravement en même temps.
L'agent qui gardait la scène de crime s'approcha.
« Vous voulez que j'appelle le commissariat pour que vous ayez un autre badge mademoiselle ? »
Levant les yeux vers lui, elle surit.
« Merci, mais ça ira pour aujourd'hui. J'ai l'autorisation signée du commissaire dans mon sac. J'en demanderais un autre en rentrant. Pour l'instant, j'aurais quelques questions, puisque l'autre n'a pas l'air décidé. »
Il accepta de parler un moment avec elle, et elle put enfin poser des questions sensées pour avoir des réponses civilisées. Ce moment dura une vingtaine de minutes. La rousse nota assidûment les renseignements que l'homme lui confia, la méthode mise en place lors d'un meurtre ou un braquage, quelques articles de lois qui définissaient le travail d'un flic, etc... Elle avait un petit sourire aux lèvres en notant ce qu'il lui disait.
« Et bien, merci. C'était très gentil à vous, agent Cho. Je vous suis très reconnaissante. »
« C'était un plaisir mademoiselle Blanche. »
Elle lui offrit un dernier sourire, et marcha jusqu'à la voiture du blond vulgaire. Elle allait l'attendre de pied ferme. S'adossant à la portière conducteur, elle lissa la veste de son tailleur déchirée à l'endroit où elle avait apposé le badge, et se promit de le lui faire rembourser. Elle pouvait être butée, elle aussi. Tant pis si ça lui prenait la moitié de son salaire, mais il lui devait réparation. Et encore, elle ne comptait que le tailleur pour le moment. Si elle devait en plus ajouter sur le préjudice moral... Et elle avait des témoins. L'agent Cho, et quelques autres.
En attendant le retour de cet imbécile de flic sanguin, la rousse sortit un nouveau carnet. Là, elle commença à rédiger un bout d'histoire. Elle y apporterait des modifications après, c'est certain. Mais pour le moment... Elle basait le flic ripoux sur la personnalité de Valmy. Elle ne lui donna pas ses traits, bien entendu. Mais le ripoux était aussi sanguin et vulgaire que le blond l'était. Par opposition au flic duquel s'amourachait Lady Fire. Ce dernier était réfléchi, sage et poli. Humble aussi, et travailleur, courageux.
Elle finissait d'écrire une scène racontant le premier contact entre Lady Fire et le flic honnête quand elle vit le blond sortir d'une des boutiques autour de la scène de crime. Elle attendit qu'il s'approche, se fichant des reproches qu'il pouvait lui faire, et devança toute question ou réclamation.
« Ton chef t'as dit que j'observerais ton boulot, et ce n'est pas après m'avoir arraché ce badge que tu vas être débarrassé de moi. J'ai avec moi son autorisation de te suivre partout, et tu ne me feras certainement pas changer d'avis malgré tes insultes et autres conneries du même genre. Ah, et je porterais plainte, aussi. »
Sa voix était dure. Froide. Son regard était déterminé. Fini la Fila conciliante. Elle décida de rendre coups pour coups, mais pas forcément avec le même schéma que lui.
« Et je poserais les questions qu'il me chante. Le contrat que j'ai passé avec ton chef m'y autorise. Si tu veux pas répondre, j'irais chercher mes réponses ailleurs. »
Elle n'avait peut-être pas idée de ce qu'il pouvait faire, mais lui non plus ne savait pas de quoi elle était capable si elle « s'enflammait ».
« Enfin, si tu regardes une ligne de ce que j'écris, tu t'en mordras les doigts. Je te collerais un procès au cul tel que tu n'en as encore jamais vu. L'argent et l'influence aide, dit-on. »