Royaume Terranide / L'Entrevue [PV]
« le: jeudi 02 août 2018, 10:29:11 »Théodore Langford était un influent baron nexusien. Il était le baron de la province de Coalfell, une région agricole nexusienne très productive, très fertile. À cet égard, sa venue à la vallée d’Ancarla n’était pas anodine, même si, officiellement, il s’agissait d’une simple semaine de vacances. La vallée d’Ancarla était après tout une superbe vallée enneigée. Elle se trouvait à bonne distance de Nexus et du cœur ashnardien, près des régions polaires, au milieu d’une chaîne de montagnes. Dirigée par Dame Evangeline, la vallée d’Ancarla s’était récemment ouverte au monde à l’occasion d’un grand bal diplomatique ayant réuni beaucoup de sommités ashnardiennes*. Nexus en avait entendu parler, et, suite à ça, la vallée avait ouvert plusieurs installations touristiques. Il y avait notamment un grand centre culturel géré par le clan Warren, comprenant une maison close, et d’autres activités.
Pour Langford, il s’agissait donc, en apparence, de vacances parfaites. Mais, à bien y regarder, il arrivait également la même semaine qu’une femme de grande influence, une démone qui venait inspecter la structure posée par le clan Warren. Après tout, Samara, une puissante magicienne démoniaque, Archimage, membre du Conseil de l’Académie magique impériale, haute-fonctionnaire impériale, était aussi la mécène et la protectrice de Mélinda Warren. Il était donc tout à fait normal qu’elle se rende sur place pour examiner les lieux, surtout après avoir appris qu’Evangeline était proche de la Déesse Mania, Déesse de la Folie*, et après avoir appris qu’Ancarla avait fait appel aux services de Sylvandell**.
C’était donc une heureuse coïncidence… Sauf que, en réalité, c’était tout, sauf une coïncidence, comme Langford le répétait aux trois dames assises face à lui. Selvia Pascoale, une Castelquisiannienne sophistiquée, Fauve d’Alérion, une Celkhane au tempérament explosif, et Anna Blagorodnova, une cuisinière hors pair. Trois amies inséparables, trois intrigantes qui représentaient le meilleur atout de Langford tandis que son chariot, escorté par quelques chevaliers, remontait un canyon enneigé menant droit vers la vallée.
« Samara est une démone qu’on dit lesbienne, expliqua-t-il. Enfin, elle s’est récemment soignée, mais je ne saurais imaginer cette discussion sans vous, mes belles. Je compte sur vous pour user de vos plus beaux charmes et de votre réputation pour vous rapprocher d’elle. »
Nexus comprenait beaucoup de nobles et de militaires ne voulant pas discuter de paix avec Ashnard. La destruction de Gilead, imputée à Ashnard, avait pendant longtemps brisé toute tentative de paix entre les deux nations. Et, alors que Nöly Ivory était favorable à une issue diplomatique, la mort du Lion de Nexus et de la Reine, également imputée à Ashnard, avait relancé le conflit comme jamais auparavant. Mais, au sein de Nexus, il existait toujours des gens qui espéraient mettre fin pacifiquement à ce conflit, reprendre les négociations engagées à Gilead, et qui auraient pu aboutir sur la signature d’un traité de paix. Langford faisait partie de ces gens-là. Il ne siégeait pas au sein du Conseil de Régence, mais était proche du Grand-Duc Arnaud de Meizière, membre du Conseil de Régence, et favorable à une solution diplomatique.
« Il n’existe encore rien d’officiel, mais la démone Samara est proche du Conseiller Impérial Emhyr var Emreis. Vous avez sûrement entendu parler de lui, Mesdames, il est le deuxième homme de l’Empire… Si ce n’est le premier. Son influence est considérable, et c’est lui qui a envoyé Samara pour converser avec nous. »
Théodore observa encore la fenêtre. Des montagnes à perte de vue, et du blanc immaculé à foison. Un décor radicalement différent de ses vallées verdoyantes ou des plages de Nexus.
« Inutile de vous dire que c’est une mission de grande importance, je compte sur vos talents de persuasion et sur… Votre talent naturel pour vous rendre sympathiques avec n’importe quel interlocuteur. »
Langford ne leur avait pas encore tout dit, car il savait très bien que ces trois donzelles étaient très bavardes, et conservait encore savamment les informations supplémentaires dont il disposait pour justifier d’un rapprochement entre ces deux grandes nations en guerre.
* : Cf. RP « Le Bal des Poupées »,
** : Cf. RP « Les Poupées Diplomates ».