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« le: jeudi 27 novembre 2014, 19:46:16 »
Boum boum. Des coups de tambour dans les tempes, voilà la première sensation à laquelle Jessica gouta en se réveillant. L'impression de se prendre un coup à chaque battement de cœur, brusque retour au réel après ce rêve étrange qu'elle avait fait. Jamais elle ne saurait pourquoi le banc de poissons allait aussi vite que la locomotive. Attends, c'était quoi ce rêve à la con? C'était comme si la réalité lui en avait voulu de l'avoir quittée pour le monde onirique. D'un seul coup, la lumière l'agressait même à travers ses paupières toujours closes, et la moindre voiture qu'on entendait au-dehors s'en prenait directement à ses oreilles. Elle cherchait à tâtons la couverture pour s'y enfoncer, mais il n'y en avait pas. Pas d'oreiller non plus. Elle essaya donc d'écraser son visage dans le matelas. Mais il ne rencontra que du cuir.
Elle ouvrit donc les yeux en les gardant plissés. Du cuir oui, elle s'était endormie, toute habillée, sur un canapé. Et ce n'était pas le sien. Merde, je suis où? Elle se redressa avec difficulté, toute grimaçante, alors que son cerveau, balloté à l'intérieur de son crâne, lui hurlait que non, ce n'était pas la meilleure idée qu'elle ait. Elle se frottait le visage des deux mains avec des gestes consciencieux, comme si elle était faite de sucre, remontant ses doigts dans sa chevelure sûrement en piteux état. Assise, elle regardait autour d'elle, cherchant toujours à s’accommoder à la lumière. Un appartement, plutôt grand, avec une décoration assez moderne, dans les tons monochromes. Pas sale, pas bordélique... Pas à elle. Un écran plat, énormissime, comme elle n'en avait jamais vus. Mais plus elle le fixait, et plus elle avait l'impression qu'il s'éloignait, et que la pièce gagnait en profondeur. Elle avait le vertige, assise sur un canapé. La migraine violente et saccadée commençait à s'installer en un bon mal de crâne de second plan, aussi elle sentit, lorsqu'elle se frotta les yeux, que son œil gauche lui faisait mal. La table basse, blanche, était suffisamment propre pour y distinguer un reflet, et surtout le magnifique coquard qui se dessinait autour de son orbite. Elle avait comme des flash, une soirée, de l'alcool, une baston... Et encore de l'alcool. Elle tourna brusquement la tête vers la fenêtre, et son intuition s'avéra exacte: elle était brisée, et des bouts d'adhésif portant encore quelques bris témoignaient du méfait. Donc c'est pas la fenêtre du train, que j'avais pétée... Oui, logique. Elle se demandait comment elle avait pu grimper jusqu'à la fenêtre et la briser, alors que le seul moyen d'y accéder semblait être un lampadaire situé à deux mètres au moins du rebord. Je fais des trucs dangereux, des fois...
Elle tâta sa poche arrière pour vérifier, puis y plongea la main, pour en ressortir sa petite bible, qu'elle ouvrit. Elle en sortit sa flasque d'Hirondelle et la secoua, n'y entendant que de légères gouttes au fond. Elle était persuadée de l'avoir remplie la veille, dans l'après-midi. Ceci explique cela. Il était peut-être temps de mettre les voiles. Malgré la gueule de bois. Et malgré le fait qu'elle n'avait aucune idée d'où elle était.