Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Tatsumi Ido

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"Normal, c'est pas ici qu'ils étaient en vente. On les trouvait dans une petite ville à 50km de là, j'me rappelle plus le nom. Un type s'amusait à faire des runs en moto devant le dojo alors j'ai piqué sa meule pour la planter dans un ravin loin d'ici, rien que du..."

Il se figea. Il n'avait parlé à personne de cet incident. Pour la simple raison que c'était franchement une mauvaise idée. L'effet de l'alcool peut-être. Il se gratta derrière la tête en affichant un sourire niais. Décidément, faire des conneries c'était plus fort que lui...

"Vous vous rappelez cette histoire comme quoi quand ça se passe devant la baraque les flics peuvent pas venir? Ben c'est là que je l'ai sut! J'ai attendu qu'il aille faire le plein, je l'ai mis la tête la première dans une poubelle et j'ai emmené sa meule aussi loin que possible. C'était ça ou attendre le retour de Senseï. Et vaut mieux sa moto que sa tête, hein?"

En fait, le motard avait eu le culot de venir se plaindre quand même au dôjo, bien qu'il n'ait pas vu qui l'avait agressé. Et, malheureusement pour lui, Konoka-senseï avait entendu parler de cette moto qui effrayait les piétons devant son dôjo. Et elle le connaissait... Il avait participé à un tournoi deux ans avant où la Senseï présentait de ses élèves. On ignorait qu'elle avait une mémoire d'éléphant et il apprit à ses dépens que se pointer dans une école de sabre rivale en hurlant était pris comme une déclaration de guerre par une senseï ultra-motivée. Le gars n'a rien eu, Tatsumi ayant tout pris en essayant de ralentir sa prof qui avait déjà sorti un sabre familial bien tranchant. Depuis, c'était le calme plat devant le dôjo.

"Z'avez pas idée des coups tordus que les écoles de sabre se font pour se faire couler en douce. J'étais partant pour quelques expé punitives mais la Senseï tient à les massacrer sur un tatami officiel. Au prochain tournoi, y'en a à qui je donne pas cher de leur peau. Si v'pouvez pariez, pariez sur ma Senseï. ça vous f'ra de l'argent facile et gagné honnêtement! Les combats seront pas truqués, c'est juste que j'ai jamais vu son combo colère/efficacité sur quelqu'un d'autre que moi et vu de près on voit pas la différence avec l'enfer!"

Son ange blanc était d'accord sur le fait que prendre de l'alcool supplémentaire n'était pas une très bonne idée. Il pourrait toujours en verser quelques larmes dans le bouillon où il chauffait les ramens. Elle n'avait pas choisi donc il prit une autre portion de ramen du forgeron. C'était des portions pour une personne. Il versa l'eau bouillante dans la marmite et commença à touiller. L'odeur était forte et un peu rustique. Les nouilles n'étaient pas aussi régulières que les nouilles habituelles, comme si elles avaient été faites main. Tatsumi avait la tête un peu dans les nuages. Lui, l'ex-voyou, il était là, dans son appart. Il faisait la cuisine pour un véritable canon qui restait assis et ne pensait pas à s'enfuir. Un canon qui est en plus infirmière. Un canon qui boit de l'alcool à sa table basse! Si il avait un taux d'alcool supérieur dans ses veines, il aurait pensé que ce n'était qu'une divagation d'ivrogne. Il avait bien l'intention de profiter pleinement de ces instants...

"Alors ce sera Naoya-san! A moins que tu préfère Naoya-chan? J'ai jamais parlé franchement familièrement avec une fille ou une femme... Ce sera alors Naoya-san!"

Elle souligna que rentrer en voiture n'était pas vraiment une bonne idée ce soir. Tout à fait d'accord. Prenant d'infinie précautions pour éviter de se brûler, il sorti deux grands bols en terre cuite de son meuble à vaisselle et versa une quantité égale dans chacun d'entre eux du mélange fumant. Il avait tout un stock de baguettes et en sortit deux paires. Dernier contrôle : même quantité de légumes, même quantité de petits bouts de viande séchés ré-hydratés, nouilles, bols, baguettes, OK! En route mon général. Avec toute la grâce d'un serveur improvisé, il déposa devant Naoya-san son bol et ses baguettes, posant même son verre à proximité pour arranger le tout comme un restau. Avec beaucoup moins de cérémonie il posa son propre bol et s'assit à la table basse en face de son invitée. Après une prière rapide, il se mit en position de manger.

"Parfait... A l'attaque!"

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A travers les brumes de l'alcool qui commençaient à apparaître, Tatsumi entendit parler de maçonnerie. Il était habile de ses mains et se demanda pourquoi il n'y avait pas pensé avant.

"Ouais, bonne idée! Heu... Mais je suis qu'locataire. Faudra que je demande à Konoka-senseï."

Ouais, faire des travaux sans autorisation en temps normal on risque une amende. Ici c'était un peu plus sévère. Tatsumi se sentait... Bien. Loin du stress des examens, pas la même chose que le bien-être après avoir fait de nombreuses pompes, très éloigné de ce qu'il ressent l'estomac plein... Une espèce de bien-être plus profond, plus viscéral. Plus ancien aussi : le bien que l'on ressent en pouvant discuter ouvertement avec quelqu'un qui le comprenait. C'était assez dur car il était un pur cas social. Seuls, son maître et Konoka le comprenaient pour le moment et il était surpris de trouver en cette infirmière quelqu'un d'aussi sympathique! Il ne put qu'approuver de la tête à la diatribe suivante. Oui, Konoka voulait qu'il réussisse. Faut dire que ses entraînements particuliers se passaient de commentaires : tu réussis ou tu meurs. Quand on en vint au culinaire, il se sentit plus à son aise.

"Ben, la marque Nissin voulait lancer une nouvelle variante de Ramen. Les Ramen historiques, des vieilles recettes du temps des samouraïs, etc. Ils ont fait des essais dans quelques villes mais ça a pas eu un super bon accueil. Du coup, les magasins qui les avaient encore les ont bradés. Moi, vu quj'roule pas sur l'or, j'me suis jeté dessus. Ils snt pas mauvais du tout, un peu rustiques mais sympa!"

Il soupçonnait d'ailleurs Konoka de lui en avoir pris quelques uns. Pas beaucoup, juste assez pour qu'il remarque qu'il en manquait. A bien y penser, elle fut un peu moins cruelle les jours suivants... Il montra donc les différentes recettes : le ramen du pêcheur, le ramen du teinturier, celui du charpentier... chaque corps de métier semblait avoir des ramens différents. Il jeta son dévolu sur un ramen encore non-essayé : celui du forgeron. Il promettait pas mal de poivre, mais ça irait. Par la suite, la jeune femme eu des commentaires un peu bizarres sur la confiance. N'étant pas une lumière, il ne compris pas trop ce qu'elle voulait dire. Il empoignait déjà la bouteille quand une rougeur lui venant à la tête lui la fit reposer.

"Fouu. Ce serait pas malin que j'boive plus! Vous z'en voulez encore?"

Il tendit la bouteille. Elle semblait avoir une bien meilleure endurance à l'alcool que lui et surtout appréciait vraiment le saké pour ce qu'il était. Son palais grossier était une insulte à ce bon vin après tout! Il laissa la bouteille et commença à faire bouillir de l'eau dans une grosse bouilloire en cuivre. Ce qu'il avait chaud bon sang! Le kimono épais n'arrangeait pas les choses et commençait à le gratter en plus. Il retira le haut et l'accrocha sur un porte-manteau. Il n'allait pas le couvrir de transpiration non plus, il en aurait besoin demain pour l'entrainement. D'ailleurs, il frottait de trop sur tous ses petits bobos.

Vous voulez que j'vous tutoie aussi mad'moiselle? Ou vous préférez qu'j'vous appelle comment? L'ange blanc c'est bien mignon mais bon, vous avez plus la tenue là!"

Il eut un petit rire et vérifia la bouilloire. Elle commençait à siffler. En voulant tendre la main vers elle il se rendit compte que sa main tremblait un peu. L'alcool ou autre chose?

"Ben heureusement qu'on est pas v'nu en voiture!"

Mais il allait devoir la raccompagner chez elle après. Il vaut mieux, ça serait pas sympa qu'elle se fasse embarquer pour ivresse sur la voie publique!

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Tatsumi eut encore un petit rire. C'était l'alcool qui faisait ça? La présence de l'ange blanc? Les deux? Il n'empêchait qu'il se sentait bien. Un peu trop chaud, mais bien.

"Bah, pas forcément. C'est tout ou rien avec elle... Konoka-senseï est très motivée. Elle veut faire de moi un super kendoka. Elle m'aurait cogné, mais rien de grave, que je perde pas de temps dans mon entraînement. Mais si j'avais joué au con, elle aurait fait une croix sur mon entrainement et sur mon avenir au passage..."

Bien que l'alcool lui réchauffait le corps, il eut un frisson. Bon, assez parlé de Konoka et de lui. Maintenant qu'il y pensait, il ne savait pas grand-chose de la personne assise à sa table. Elle s'intéressait au saké? Va pour le saké! Ido avait quelques problèmes pour organiser ses pensées en ce moment de toute façon. Le coup sur la tête peut-être?

"La caisse était franchement sale. A croire qu'ils l'avaient oubliée dans un coin de cave. Il y avait un reste de bon de livraison après qui datait de trois ans. Z'ont jamais du remarquer... A moins qu'y z'ont viré le gars qui les a commandées et qu'y s'est vengé en disant rien sur l'alcool? Un coup silencieux, efficace et tout en finesse... J'adore cette idée!"

Il s'assura que le verre de Naoya resta rempli. On fait ça normalement non? Il avait un certain manque de savoir-vivre hélas! Il ressera un peu la ceinture de son kimono. Il n'était pas fait pour rester assis comme ça. D'un coup, il eut un sourire imbécile sur son visage. C'est que son ange blanc envisageait sérieusement de manger ici pour ce soir. Toutefois il avait la possibilité de jouer le chevalier servant et ça le branchait beaucoup.

"Ben l'trou était d'jà là avant que j'arrive. C'était juste une petite cuisine pour les longues journées d'entrainement. On sait pas qui a fait le trou. Notez que Konoka-senseï a prit ma défense et ne m'a jamais surveillé à ce niveau. J'lui ai dit que c'était pas moi et ça lui a suffit. J'l'aime bien quand même... Elle me fout les j'tons mais j'l'aime bien..."

Il but sa quatrième coupe de saké, cul-sec. La vache, ce que c'est puissant. Il ne savait pas trop quel était le goût normal d'un saké et ce qu'il savourait le surprenait. C'était donc ça du vrai saké? Hé hé, c'était surprenant! Enfin, ça le chauffait trop pour qu'il y prenne goût. Se laissant aller dans l'atmosphère alcoolisée, il se laissa aller à quelques confidences.

"V'savez, mademoiselle... Konoka est dure... Mais c'est parce que je l'ai demandé!"

Il siffla son verre cul-sec. Sa gorge faillit hisser le drapeau blanc et lui fit comprendre que c'était franchement pas une bonne idée! Toussotant, Tatsumi posa les deux coudes sur la table le temps de reprendre son souffle. Puis, il regarda l'infirmière avec un air un peu triste.

"J'faisais le con. Tout le monde me fuyait. Je cherchais la bagarre... Mon maître m'a fait piger mes anneries et je voulais me racheter. Mais chez moi, c'tait trop tard. Personne me croyait. J'ai donc voulu partir. Mais j'sentais que si j'm'éloignais du maître et de son dojo, j'allais me laisser aller à mes vieilles conneries. Alors... J'lui ai demandé à ce que quelqu'un me surveille!"

Il eut un nouveau rire, pas franchement alcoolisé celui-là. C'était triste quand même. Il était allé si profondément dans la bêtise qu'il ne pouvait marcher droit qu'avec un sabre affuté sur la gorge. Enfin, il faisait des efforts. Il se releva et alla fouiner parmi les ramen. Il y en avait peut-être encore... Oui, il y avait ça. Il revint vers la table et posa devant l'infirmière quelques échantillons avant de se rassoir. Il manipula à nouveau la bouteille pour remplir les verres.

"C'est une série limitée... Des trucs traditionnels. Pas trop d'épices, ça se mariera bien avec le saké."

Il ne savait toujours rien de l'infirmière. Elle est un peu étrange quand même, elle ne parlait pas vraiment beaucoup d'elle, à part que son boulot était dur.

"Votre boulot est pas marrant, hein? J'ai pas grand-chose mais si vous avez envie d'vous détendre, j'suis là! Pas que pour casser la figure à des ex, hein! Après tout, je suis vach'ment content de vous avoir rencontrée. J'vous dois beaucoup... Pas seulement pour les soins, la fuite devant les poulets, nan... V'm'avez fait confiance, vous z'êtes même venue jusque dans ma chambre. C'est la première fois que quelq'un m'fait assez confiance pour ça. Alors, j'vous remercie!"

Il fit un salut japonais typique, baissant la tête presque jusqu'à la hauteur de la table. C'était un peu théâtral et sûrement ridicule dans cette société civilisée, mais Tatsumi était comme ça : une espèce de bête sauvage dressée par les méthodes antiques japonaises.

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Le commentaire sur "l'aboiement" de Konoka le fit se sentir mal. Il fut d'ailleurs un peu pâle pendant deux secondes. Il regardait l'infirmière d'un drôle d'oeil : Il ne savait pas ce qu'il y avait comme patients dans un hosto mais Konoka pouvait pas rentrer dans une catégorie aussi facilement.

"Heu... Elle a pas aboyé là! Elle ne menace jamais. Elle dit simplement ce qui va se passer si on marche pas droit. Je l'ai jamais entendu se répéter sur un truc. Vous auriez pas été là elle m'aurait sûrement un peu cassé la figure pour la forme mais elle s'est retenue parc'qu'elle tient à faire de la pub pour son dojo. Les amateurs qui veulent juste la mater en kimono font pas long feu alors pour le moment il n'y a pas tellement d'élèves..."

Quand à la remarque sur le fait que Konoka se soit servie, là encore il dût préciser quelque chose au sujet de son mentor particulier.

"Bennnn... Je suis là pour formation au kendo... Mon maître, à Okinawa a donné des ordres strictes alors Konoka-senseï passe de temps en temps pour vérifier que je file droit... C'est chez elle après tout... Elle aurait très bien pu tout prendre... Elle a été gentille sur le coup."

Pour changer. D'ailleurs, Konoka-senseï avait été particulièrement gentille avec l'infirmière. Peut-être parce qu'elle paraissait vraiment "clean" par rapport aux loubardes qui traînaient parfois aux alentours de Tatsumi? Mais rapidement tout revint au principal, à savoir au saké! Naoya semblait avoir un avis d'expert sur le saké et Tatsumi but son alcool de la même façon. Habitué aux bières, l'alcool fort le surpris un peu et il avait du feu qui lui venait de la gorge pour lui remonter par les oreilles.

"Fffuuuuuh. Vaaaacchhhee. Dommage que les étiquettes aient morflé, j'aimerai savoir le degré d'alcool. J'ai trouvé quelques infos sur le web grâce au nom de l'étiquette. Mais pas beaucoup. C'est pas un truc classique alors à part sur quelques sites sur le luxe y avait pas grand chose."

Il remplit alors les deux verres à nouveau. Le second verre il le savoura plus lentement. C'était moins traditionnel comme façon de boire mais moins violent pour son palais. C'était drôlement bon tout de même.

"Ils ont pas beaucoup regardé au niveau de la cave à vin faut croire. Il y avait des caisses de bouteilles vides à côté, z'ont pas dû faire attention... Tant mieux pour nous non?"

Il eut un drôle de rire. L'alcool commençait déjà à l'attaquer? Houla, faut faire attention.

"Après c't apéro j'vous inviterai bien à dîner. Mais, bon, j'suis pas très présentable et tout c'que j'ai ici c'est des ramens..."

Il ouvrit une armoire, montrant une petite pile de nouilles instantanées. Il y avait aussi du matériel de cuisine plus élaboré mais il s'était fait un dîner copieux hier et il avait envisagé de faire des courses ce soir. Jusqu'à la baston... Laissan l'armoire ouverte qui révélait en même temps son futon bien replié, Tatsumi rejoignit la table basse où il se versa  un troisième verre et servit Naoya si elle le souhaitait.

"C'est pas si mal quand même ici. Très traditionnel mais, bon, il me fallait un peu ça. Un peu bruyant quand je fait mes devoirs alors qu'à côté ils s'entrainent mais sympa quand même. Les filles ont longtemps cru qu'j'avait fait un trou dans le vestiaire pour les mater -C'est au même étage, derrière l'armoire- mais j'ai jamais fait ça. J'serait revenu à Okinawa si j'l'avais fait. Dans trois valises. Minimum."

L'alcool lui montant au cerveau, la langue avait tendance à aller plus vite que le cerveau. Il se calma un peu en l'engourdissant à coup d'alcool. Elle était bizarre quand même cet ange blanc. Sang-froid incroyable, méthodique, calme, rien semblait pouvoir la surprendre. Pour un peu, il avait un peu l'impression de voir une autre Konoka devant lui... Minute... quand il y pensait... Ouais, ça se tenait. Une Konoka d'hosto mais qui reste cachée. La senseï faisait régner l'ordre et montrait clairement les dangers à s'opposer à elle. Naoya oeuvrait en coulisse mais avec autant d'efficacité. Ouais, ça se tenait...


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La tête encore prise dans le coton de la terreur, Tatsumi essaya de parler normalement à l'infirmière. Ce qui tenait de l'exploit vu qu'il était persuadé qu'il venait de perdre quelques années d'espérance de vie.

"Bennnn. Dans ses cours intensifs, il y a pas mal d'histoire de respect. Et il faut respecter les femmes. J'veux bien mais les filles ont un peu tendance à fuir en hurlant quand elles se retrouvent entre quatre murs avec moi... Konoka-senseï le sait, son oncle lui l'a dit... Et ça la fout en rogne quand on fait peur à une fille, je sait pas pourquoi..."

L'infirmière semblait très détendue malgré le petit spectacle que la senseï venait de faire. Quels nerfs à toute épreuve! Elle monta l'escalier pendant que Tatsumi marchait en crabe vers les douches. Il se lava la partie inférieure du corps et enfila le seul vêtement qu'il avait de disponible, à savoir son kimono d'entrainement. C'était aussi un kimono blanc mais il avait un ample hakama noir à la place. Tatsumi en profita pour retirer les bandages inutiles et les conserver précieusement dans son casier du vestiaire. Il viendrait les chercher plus tard. La pression et la tension était retombée : il ne risquerait plus de se faire trucider ce soir. Ressortant dans le dôjo, il fut rassuré de voir que Konoka n'était pas revenue et monta l'escalier vers son appart. L'infirmière y était toujours et semblait aller un peu mieux.

"Désolé pour tout à l'heure... Konoka n'est pas méchante. Disons qu'elle est un peu le lvlup de ce que je voudrais être. Elle étudie pour devenir flic et pas la variante pour mettre des PV pour mauvais stationnements, j'vous dit! Z'avez un sacré self-controle!"

Tout en parlant il lui montra un peu l'appartement. Pas grand-chose à vrai dire : un coin kitchenette, un sol fait de tatamis traditionnels, de vastes armoires murales sur deux extrémités... Il y avait deux rangées de fenêtres : une donnait sur l'extérieur et l'autre sur la salle d'entraînement. Il chercha une corde avec un crochet au bout avant d'ouvrir une fenêtre et de se livrer à une drôle de pêche.

"J'vous conseille pas de l'asticoter. Vous pouvez être dixième dan de karaté z'avez aucune chance de l'approcher. Sa ceinture, c'est juste pour la galerie. Elle est beaucoup plus forte que ce qu'elle en a l'air, genre j'suis sûr que pendant les vacances elle se frite des ours à main nues. Quand on s'entraîne au kendo, je touche même pas son sabre de bambou... Une espèce de boss final catégorie S..."

Il parlait surtout pour évacuer un peu les tensions. Celle de la rencontre avec sa prof de sabre cinglée et celle de savoir qu'une fille canon se trouvait assise à sa table basse. Il finit par avoir une prise et à remonter une caisse en bois. Il la posa dans son "salon" et l'ouvrit en souriant.

"Tadam! Et voici quatre magnifiques bouteilles de..."

Il n'y en avait que trois. Et un papier enroulé à la place de la quatrième. Il prit la feuille du bout de doigts tremblants. Pliée comme un origami traditionnel, la missive était claire comme de l'eau de roche.

"Je prends mon dû pour compenser les bêtises que tu ne manqueras pas de faire de la semaine. Ton senseï, Konoka Tashigawa... Trop forte... vraiment trop forte..."

Il avait mis la caisse au fond d'un gros tonneau et la seule façon d'y accéder c'était par ce grappin depuis le premier étage. Konoka venait régulièrement pour fouiller la chambre à la recherche de tout ce qu'elle trouvait impur. Et elle était parvenue à mettre la main sur le saké. Elle avait sûrement laissé les trois autres bouteilles et le message pour souligner que rien ne pouvait lui échapper... Enfin, bref, il prit une bouteille et la posa sur la table. En effet, c'était visiblement une bouteille de grande marque. L'étiquette avait été un peu abîmée, raison probable pour qu'au moment de faire le tri elle soit passée entre les mailles. Tatsumi alla chercher deux verres à saké et s'assit à la table basse.

"Je ne l'ai pas encore gouté non plus. On va voir ce qu'il vaut mad'moiselle!"

Il ouvrit la bouteille et fit couler un peu de saké dans les deux verres. Il n'était pas comme les autres qu'il avait déjà vu, il avait une couleur dorée, dite de paille. Il renifla un peu. L'odeur tenait à la fois du fruit et du cuir.

"Pas banal... A ce qu'il paraît, il mûrit dans des fûts en France. On goûte?"

21
L'infirmière semblait lutter contre la fatigue. Sidérant, il y a quelques minutes elle pétait la forme. C'est fou ce que c'est crevant comme boulot, il n'avaient pas été séparés longtemps pourtant... Elle eut un petit commentaire comme quoi les rôles étaient inversés.

"Heu, pas tout à fait. J'ai pas de fil, d'aiguille ou de piqure. Tant mieux, j'pense que j'serais tombé dans les pommes avant de commencer à vous soigner!"

Il rit un peu. Elle avait peut-être besoin d'aide? Tatsumi en chevalier blanc, ce n'est pas exactement la première chose à laquelle on pense en le regardant mais il aurait volontiers botté les fesses d'un chevalier noir. Il s'y entendait à chauffage de fesses, ça c'était sûr! Alors qu'il était installé à côté d'elle, veillant comme un papa pitbull sur son ange blanc, elle eut un commentaire bizarre, comme quoi les policiers n'étaient pas des lumières.

"Ben, vous savez, je les ai jamais vraiment vu motiver à me chercher. Faut dire qu'mes "victimes" sont jamais pressées de porter plainte. Au bout d'un moment d'ailleurs elle déménagent. Ou disparaissent. Bref, je fait marcher l'immobilier quoi!"

Autre petit rire plus nerveux. Ce n'était pas la présence de Naoya qui commençait à l'angoisser. L'infirmière s'en rendit compte à la descente du bus : Tatsumi regardait en arrière, dans les coin, jetait un coup d'oeil à chaque croisement. En arrivant à une maison en bois toute en longueur, Ido n'était toujours pas détendu.

"V'la le dojo où j'habite. Pas d'bruit, hein, ok?"

Ils pénétrèrent comme des voleurs dans la grande pièce d'entrainement alors qu'il avait pourtant la clé. C'était une vaste salle couverte de tatamis de paille. Les murs étaient ornés de textes japonais ou d'autres décorations en rapport avec le kendo. La salle faisait plus de la moitié de la longueur du bâtiment et le haut plafond soulignait qu'elle prenait deux étages. Pas un bruit et personne. Il désigna deux portes à la gauche de la salle.

"La première mène aux douches et au vestiaires à l'étage. La seconde mène à l'entrepôt et mon appart est à l'étage... On va y aller tout doucem...
-TATSUMI IDO!!!"

Il se raidit et pivota comme autour d'un axe. Par la porte d'entrée du dojo on voyait très clairement une silhouette se découper. Une jeune femme, même pas vingt ans d'après la finesse de son visage, se tenait là. Elle devait bien faire un mètre quatre-vingt et était impressionnante dans son kimono blanc et hakama rouge vif. Ses très longs cheveux raides tombant jusqu'au bas de son dos encadraient un visage sévère. Dans sa main droite, un sabre de bois noir semblait être un prolongement naturel de son être. Le tout transpirait la force tranquille d'un porte-avion voguant au milieu d'une armada lourdement armée au milieu d'un étang.

"Tu es en retard...
-Oui, Senseï. Pardon senseï. ça ne se reproduira pas senseï.
-Ces bandages? Tu t'est battu?"

Ce n'était pas une question. On sentait dans la même phrase un savant mélange de menace, de prise de position, d'ultimatum et de testament. Elle fit un pas en avant. Tatsumi en fit trois en arrière. Il n'était pas fou et savait que question psychotique, la fille qui lui faisait face l'aplatissait sous tous les rapports. Elle écrasait ses adversaires au combat au sabre et personne n'a encore été assez fou pour la défier au corps à corps. Ou, si c'était le cas, le gars en question ne s'en vantait pas. Ou ne pouvait plus se vanter de quoi que ce soit.

"En fait, en cours de route, je... heu... elle..."

Il y eut un léger trouble dans l'atmosphère, le genre de trouble que l'on sent quand une onde de folie meurtrière vient d'une machine à tuer jusqu'à votre cerveau.

"J'ai voulu boire un coup au convini et des loubards voulaient le couler. Ils m'ont sauté dessus quand j'en suis sorti et je les ai éclaté. J'ai appelé les ambulanciers pour les ramasser et je suis allé me faire retaper à l'hosto!"

Il cracha tout d'une traite. Mentir à Konoka-senseï était toujours une mauvaise idée. La nièce de son maître d'Okinawa prenait son rôle de mentor atrocement au sérieux. Elle changea de position et, en un éclair, fondit vers lui. Dans le même mouvement, elle fit un coup circulaire de son sabre, fauchant l'air en un vombrissement inquiétant. Tout ce que Tatsumi vit clairement, ce furent les yeux impitoyables de Konoka, fixés sur lui. Le sabre s'arrêta, tremblant légèrement, à quelques centimètres de l'oreille de Tatsumi. Elle se remit dans une position détendue, regardant son élève dans les yeux.

"Tu m'as dit la vérité en face en sachant pertinemment quelle serait ta punition. Bien. Tu fait des progrès. A l'avenir, soit plus éclairé sur les réactions qu'ont les gens sur tes actes. Oh? Mademoiselle? Voulez-vous prendre des cours de kendo chez nous? Je me présente, Konoka Tashigawa, cinquième dan de kendo. Nos cours ont lieu tous les mardi, jeudi et samedi. Cours particuliers sur commande."

Elle avait pris un sourire tout commercial et sortait d'on ne savait où une carte en carton avec le nom du dojo et le numéro de téléphone.

"Nous formons à tous les niveaux de kyu. Nous avons aussi un programme simple de remise en forme à base d'exercices traditionnels. N'hésitez pas à demander des précisions!"

Puis, elle reprit son air de psychopathe sevré de carnages depuis trop longtemps pour parler à Tatsumi.

"Si elle sort d'ici en pleurant, tu connais le tarif?"

Elle reprit ensuite une allure normale, salua de façon traditionnelle, en se penchant presque à 45° avant de sortir du dojo. Une petite voix émergeait d'un Tatsumi très pâle.

"Vous voulez bien monter m'attendre... Faut que je change de pantalon..."

Effectivement, son pantalon semblait trempé à une zone très précise de son anatomie.

22
Quand on imagine quelqu'un d'impatient, on pense à quelqu'un qui trépigne, qui fait les cents pas, qui se retourne au moindre bruit. Pas quelqu'un qui semble mimer un combat dans le vide. Un combat de boxe, visiblement. Contre un adversaire qui devait être réduit à un tas de paté de viande depuis longtemps vu le rythme effrayant avec lequel les coups partaient. Quand il entendit les pas derrière lui, Tatsumi se laissa emporter par son crochet du droit et faillit s'affaler au sol. Se rattrapant après avoir sautillé en tournoyant quelque peu, il chercha à se redonner consistance en lissant ses habits massacrés.

"Oh, pardon mademoiselle, j'essayais de voir si tout allait bien! Et ça a l'air..."

Il s'arrêta d'un coup et fonça vers l'infirmière, lui tenant les épaules et cherchant son regard.

"Hé! ça va? Vous avez besoin d'un doc?"

Il se doutait qu'elle se changerait mais la silhouette de Naoya s'était imprimée façon persistance rétinienne dans son  cerveau. Elle serait venue habillée comme un perroquet elle l'aurait reconnue. Non, c'était la fatigue visible de la jeune femme qui l'inquiétait. Il avait l'habitude de voir des gens qui vont mal et avait tendance à foncer vers eux depuis quelques temps. Il cherchait à faire des bonnes actions. A tout prix. Et tant pis pour le petit ami jaloux. A ce moment, le bus arriva.

"V'nez, vous allez vous assoir..."

Il la guida dans le bus et la fit s'assoir. Le chauffeur n'osa rien dire. Un type aux habits en lambeaux avec des bandages façon momie qui s'amène avec deux tickets ça fait peut se faire se poser des questions. Mais la dernière qui vient c'est "je l'éjecte?" Car un Tatsumi remonté restait agrippé à un siège avec une hargne de bernique.

"C'est à dix p'tites minutes. Reposez vous m'dmoiselle..."

23
Les alentours de la ville / Re : Les aléas du jeu. [PV Tatsumi]
« le: lundi 15 novembre 2010, 21:41:21 »
La demoiselle était donc seule! Pas de gros baraqué qui s'est absenté aux toilettes ou autre problème gonflé aux testostérone qui rôdaient aux alentours de son champ de vision. Ce genre de rencontre était rare et il marquerait son calendrier d'une belle croix en rentrant chez lui. Mais l'allusion à son porte-monnaie le secoua un peu.

"Hein? De l'argent? Pourquoi faudrait que je p..."

Puis il se rappela où il se trouvait. Devant un billard. Elle avait d'ailleurs entamé les hostilités. Elle s'était présentée mais restait assez distante. Oui, elle en avait surtout après son porte-monnaie.

"Mais j'ai pas d'argent moi!"

Il sentit une paire d'yeux lui fixer la nuque au point de vouloir y faire des petits trous.

"Enfin, j'veux dire qu'j'ai juste c'qui faut pour payer mes consommations. Pas pour les paris..."

La pression oculaire s'allégea sur sa nuque. Bon, il était un peu tard pour engager un duel au bras de fer vu qu'elle avait sournoisement lancé le jeu. Il se massa l'épaule droite, pensif. Il n'avait pas d'argent pour ce genre de truc. Casser la figure à un dealer pour le dévaliser prendrait trop de temps. Braquer la caisse du bar ne faisait pas partie de ses habitudes. Il n'y avait personne ici qui semblait assez louche pour qu'il le provoque à la baston et le dévalise. A bien y penser, le mec le plus "loubard" de l'endroit, c'était lui et il ne se voyait pas s'auto-casser la figure pour s'auto-dévaliser. C'était un problème quasi-métaphysique là!

"Bon... J'ai pas de fric mais j'ai de quoi parier quand même... Mais chez moi. Du saké."

Il entendit un petit rire et quelques commentaires en rapport avec le prix de l'alcool sur la carte du bar. Tatsumi précisa en élevant la voix.

"... A 10 000 Yens la bouteille... Minimum."

Voila qui devrait suffire. Tatsumi ne voulait pas fuir. Pas devant un canon pareil. Il allait rester près d'elle et lui faire la conversation oh que oui! Si pour ça il devait vider le bar à coup de poing pour ne plus avoir de bruits parasites il n'hésiterai pas une seconde. Le regard fixe, il se pencha pour frapper la boule blanche... qui rata lamentablement la cible, souffrant d'un effet qu'il ne désirait pas. Il fallait dire que le panorama était assez déstabilisant...

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Blabla / Re : Horloge parlante
« le: samedi 13 novembre 2010, 21:57:45 »
22h03

Remarque que personne n'a rebondit sur son histoire de maid-café. Il y en a tant que ça en France que vous soyez blasé?

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Blabla / Re : Horloge parlante
« le: samedi 13 novembre 2010, 20:05:29 »
20h10. Reviens d'un maid-café. Un vrai. Avec les jolies petites asiatiques dans leur tenue noir et blanche un poil trop courte. C'est franchement bon leurs pâtisseries...

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Contre toute attente, l'infirmière trouvait l'idée intéressante. Joie, bonheur et félicité. Dans le cerveau de Tatsumi, l'équivalent d'un feu d'artifice du nouvel an faisait rage et les explosions lui faisait battre de la paupière. Il pouvait rendre la politesse pour une fois et ça le changerait un peu. Les gens civilisés sont polis et il était vraiment ravi de pouvoir remercier quelqu'un aussi vite. Il fallait bien sûr il fallait qu'elle aille pointer à la sortie. Et qu'elle se change? Dommage, ça ne serait pas autant son ange blanc...

"Ouais, c'est vrai alors à..."

Il allait partir quand elle demanda où se retrouver. Vu qu'elle n'avait pas son adresse, c'était normal. Minute... ça voulait dire qu'elle allait venir avec lui? Sur le coup, sa colonne vertébrale était raide au point qu'on pouvait y fendre des bûches.

"Ben... J'ai du faire un bon détour pour passer déjà par le convini et l'hosto était pas non plus sur le chemin. Faudrait prendre le bus. Y 'a la ligne qui passe devant l'hosto. J'vous attendrai dans l'abri-bus. J'crois pas qu'un type bandé devant un hosto ça éveille les soupçons."

Il rit un peu mais se rappela où il se trouvait. Le rire risquait de porter loin et l'atmosphère de l'endroit commençait à peser sur lui. L'infirmière était un îlot de bonheur au milieu de cet hopital mais il ne fallait pas abuser de ces moments. Surtout avec des bottes ferrées pas loin.

"A tout à l'heure!"

Il s'éclipsa vite fait et marcha vers la porte d'un air dégagé. Une fois la porte passée, il fonça façon repli de basket vers l'arrêt de bus. Alors qu'il y arrivait, un bus arrivait aussi et il grimpa dedans quatre à quatre.

"Deux tickets pour un trajet moyen!"

Il paya rapidement le chauffeur surpris avant de sauter du bus alors qu'il refermait déjà la porte. Là, voila. On est un gentleman quand on paye le bus non? A bien y penser, c'est quand on tiens la porte de la voiture mais quand on a pas de voiture c'est poli de payer le ticket non. Visiblement, les apôtres du savoir-vivre n'avaient jamais croisé de Tatsumi Ido avant...

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L'ange blanc émis des hypothèses mais Ido doutait de l'efficacité de ces bobards face au regard fixe de son senseï. Si il racontait ça il mangerait probablement ses propres dents pour le diner! Mais bon, ce n'était pas le moment de faire le difficile. Il sortirent de la pièce et, comme prévu, les deux policiers trouvèrent une occasion de rompre leur ennui. Avec une jolie pirouette, son ange blanc personnel esquiva la garde à vue, perquisition et autre joyeuseté par une pirouette, les envoyant paître poliement.

Quelques couloirs plus loin, dans le dédale de cet hôpital, ils parvinrent devant une porte vitrée montrant clairement l'extérieur. Ce devait être une entrée peu utilisée donc tout à fait au goût de Tatsumi. Ils rentrèrent dans une espèce de débarras à produits d'entretien où l'ex-voyou se changea rapidement, gardant quand même les pansements. Il hésitait à ce niveau : était-ce au cas où il croisait des flics sur le chemin ou par simple attachement? Une fois bien habillé de ses loques habituelles, il s'inclina devant Naoya.

"Merci beaucoup mademoiselle Naoya! J'tiens à vous remercier... Si si! Ah, je sait, j'vous offre à boire!"

Se redressant, son oeil libre pétillait. Il prit un air de conspirateur.

"J'vous parle pas de petite piquette. J'ai une petite caisse de Saké Giraud & Masuizumi. Normalement c'est à 10 000 Yen la bouteille!"

Il se rendit compte un peu tard que ça faisait très "marchandise tombée du camion".

"V'vous rappelez du restau qu'à fermé la s'maine dernière, à trois paté de maison de là. Z'on tout bazardé dans des bennes. J'me cherchais une chaise pour mon p'tit appart et j'suis tombé sur le trésor de Jack Sparrow. La caisse était moche alors y z'ont du croire qu'y avait rien de valeur dedans. Vous voulez m'dame? Mademoiselle? Mon ange blanc?"

28
Sur le coup Tatsumi était un peu vexé et jugea nécessaire de défendre son honneur. Il gromella un peu avant d'essayer de discuter de façon un peu plus policée.

"Faut qu'vous compreniez mademoiselle. Si je suis tellement amoché, c'est pas parce que j'ai cherché la bagarre, mais parce que j'ai refusé la bagarre. Si je les avais massacrés à la première occasion qu'ils m'ont donné, ça se serait limité à quelques bleus aux phalanges. J'en ai un peu marre d'être regardé comme une usine à emmerde alors que je me trouve juste sur le chemins de parfait crétins!"

Il laissa retomber les bras le long de son corps. C'est fou comme les crétins le trouvaient vite d'ailleurs. Ce devait être une question de densité et de répartition géographique. Il se laissa faire et fut finalement affublé du look cosplay "bandage". Il y en avait qui aimaient ça à ce qu'il paraît, mais plutôt sur des filles courtes vêtues et de préférence sexy. L'expérience avec sa frangine aidant, il avait plutôt tendance à brûler à vue les recueils de photos de ce genre.

"J'vais faire tout mon possible pour éviter les ennuis mais ça va pas être facile... Déjà, pour expliquer mon état au senseï en rentrant ça va être gratiné... Maintenant que j'y pense, va me falloir un vache d'alibi ou vous allez me revoir pour fractures multiples avant le matin."

Le frisson n'était pas fin. Il y avait peu de personnes capables d'ébranler comme ça Tatsumi et le senseï, de la famille du maître au sabre qui l'avait formé à Okinawa, rentrait dans cette catégorie. Il se glissa dans le fauteuil avec prudence, n'aimant pas ces sièges sur roulettes liées à des maladies plutôt mauvaises dans leur genre. Ses affaires l'accompagnaient mais il avait quand même la très sale impression d'être tout nu entre les mains d'une femme très professionnelle. S'il y avait pas deux flics qui discutaient base-ball derrière la cloison, ce serait presque sexy.

"Bon, on y va..."

Sous les couches de bandage, avoir mal à l'aise et malade revenait au même. Il n'eut donc pas de problème pour avoir l'air de réclamer des soins.

29
Son ange blanc personnel devait avoir une qualité. Ou elle était d'un professionnalisme à toute épreuve, ou bien dotée d'un aspect tordu inattendu derrière ces dehors agréables à l'oeil. A moins que c'était les deux à la fois? Vaincu, Tatsumi alla se rassoir sur le brancard en croisant les bras.

"Bon, Ok... D'acc. J'vais pas faire le con non plus..."

Il était en compagnie d'une fille canon qui voulait l'aider. Il n'allait pas lutter contre ça quand même. Surtout qu'elle lui fila quelque chose qui ressemblait vaguement à un numéro de téléphone. Sur le coup, son coeur manqua un battement avant de partir à toute allure vers la zone rouge, aux limites de la rupture de culasse.

"Votre... numéro de..."

Sauf que l'ange blanc devait avoir pris des cours de torture écossaise, soufflant immédiatement le froid. Un numéro de bip. Pas très érotique comme truc. Le genre "Ouais, j'ai trois jambes cassées et j'ai rampé jusqu'au tel, help quoi!". Ce n'était pas avec ça qu'il allait pouvoir la draguer. L'automutilation avait des limites, surtout face à quelqu'un qui doit deviner si la coupure a été faite par un droite analphabète mono-maniaque rien qu'en voyant l'aspect de la plaie.

"Heu... Ouais... Je veux dire, oui, j'abuserai pas... J'ai pas l'air mais d'habitude je me fait pas tellement amocher..."

Elle commença à lui faire le costume de la momie quand le petit détail suivant le fit tiquer. La blouse d'hopital? Pas la saloperie où on se promène à poil en-dessous quand même? Il était déjà torse nu mais c'était naturel pour quelqu'un qui avait grandi sous les chaudes latitudes d'Okinawa. Mais retirer le bas devant cette infirmière canon lui semblait délirant. Mais il y a quelques secondes il s'était juré d'être obéissant pour vite sortir de cette situation... Les dieux lui en voulaient aujourd'hui à un point que c'était pas permis.

Se résignant, il se pencha pour défaire ses lacets. Une fois les deux souliers retirés, il déboucla son ceinturon et ouvrit sa braguette. Par pudeur un peu tardive, il se retourna pour retirer son pantalon et il enfila bien plus vite que nécessaire sa blouse de malade. Après tout, si il restait assis, il faudrait être un méga-pervers pour remarquer qu'il avait gardé son caleçon! Les dieux soient loués (quand même, faut un peu les louer, ils l'on tellement agacé aujourd'hui...) il avait perdu son érection et était donc relativement présentable.

"Ok... Début de l'opération "exfiltration"".

30
Apprendre de ses erreurs? Tatsumi avait une fâcheuse tendance à les répéter, surtout parce que les erreurs venaient vers lui toutes seules. Il avait juste appris à être plus efficace dans ses erreurs.

"Mouais... la prochaine fois qu'ils me tombent dessus je leur laisserai pas le temps de porter le premier coup."

Il haussa les épaules. Il se savait pas très malin mais ceux qui lui tombait dessus étaient encore pire. Car eux n'apprenaient pas et revenaient régulièrement à la charge. D'ailleurs, l'ange blanc insistait sur la dangerosité de ce qu'il avait fait. Il était d'accord là-dessus : il avait vraiment fait quelque chose de stupide pour le coup. Mais il apprenait. La prochaine fois, il leur retirerait le casque avant de leur mettre un coup de boule. Il essaya de paraître aussi désolé que possible mais c'était difficile car à ses yeux cette baston était amusante. Il fallait à présent chercher un fauteuil roulant.

"Heu... c'est nécessaire le fauteuil? J'suis pas si amoché et ça me rappelle de mauvais souvenirs..."

Il grimaça franchement. Sa frangine avait été fauchée par un chauffard et avait été coulée dans un fauteuil pendant presque six mois. Il avait traqué et massacré le gars en question mais il avait été déçu de le recroiser en pleine forme des semaines plus tard alors que sa frangine ne pouvait toujours plus se lever. Cette frustration l'avait poussé à bousiller la voiture à coup de barre de fer et le proprio a préféré disparaître de la circulation.

"Rev'nir? Si vous y voyez pas d'inconvénients, autant que vous v'niez chez moi. Si les flics insistent ils risquent de traîner longtemps dans les couloirs. Les motards sont pas spécialement indemnes..."

Il avait eu la main lourde, il le reconnaissait. Se levant, il alla vers l'armoire à matériel et empoigna un gros rouleau de bandage. Il ne voyait pas trop comment faire pour s'enrouler la tête tout en voyant à plus de quelques millimètres. Il le tendit donc vers l'infirmière.

"Vous m'mettez ça sur la tête avant d'partir? J'pourrai toujours grogner pour leur faire croire qu'j'peux pas parler sous les bandes!"


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