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« le: vendredi 22 décembre 2017, 16:15:30 »
Les trois jours s'écoulèrent à mes yeux comme une simple journée. Je n'avais pas vraiment la notion du temps. Je pouvais très bien passer une semaine sans réellement m'en rendre compte. Je ne savais pas pourquoi cela m'arrivait, mais je devais faire avec. Comme j'allais devoir bosser avec elle. Je devais faire avec. J'aurais très bien pu l'envoyer croupir dans une geôle à la con, mais je percevais en elle quelque chose qui faisait que j'avais une certaine compassion. Ma bonté me perdrait un jour. Je le savais, mais je ne pouvais clairement pas m'empêcher d'agir autrement.
Il était quatre heures du matin. Sautant du lit et me ruant à la cuisine pour boire un café, j'espérais que tout se passerait bien aujourd'hui. J'étais en compagnie d'une forte tête, et il fallait que je l'accepte. Je ne pouvais pas changer sa façon de voir les choses. Si elle me détestait, je n'en avais rien à cirer. Elle ne comprenait tout simplement pas l'opportunité que je lui offrais. Il était hors de question que je change ma manière de voir les choses pour elle. Un bon café avalé, un rapide petit-déjeuner, et j'allais m'habiller. Comme il faisait extrêmement froid ce matin, j'allais mettre en plus un manteau.
Je n'habitais pas très loin. Du moins, c'est ce que je me répétais tous les jours. En moins d'un quart d'heure j'étais au boulot. Il était donc 4h45. Un rapide tour dans mes locaux plus tard, j'étais dehors. Elle était ponctuelle. Bon point. Toujours avec une tête d'enterrement, certes, mais au moins, elle était ponctuelle. Emmitouflée dans mon manteau blanc, je souriais tout de même, et la saluait. Au moins, elle respectait ces engagements. Pour quelqu'un qui n'en faisait qu'à sa tête, elle avait au moins une certaine idée des engagements.
- Suis moi, je vais te montrer le théâtre de notre future opération. C'est à peine à 5 minutes d'ici, on y sera rapidement à pied.
Il faisait certes froid, mais j'avais plus ou moins l'habitude de bosser dans ces conditions. Dans la rue, quelques passants se pressaient pour aller au travail. Il fallait toujours des gens commençant à travailler tôt. M'allumant une cigarette, je ne pensais à rien. Je savais que cette opération serait une réussite si j'y mettais un semblant de bonne volonté. J'attendais la même chose d'elle, même si je ne l'indiquais pas à voix haute. Hors de question de répandre de l'huile sur le feu, cela ne servirait absolument à rien.
Alors que je marchais à ses côtés, je ne fis pas attention à la personne qui marchait derrière nous. Grossière erreur. Certains éléments m'échappaient lorsque mon attention était focalisée ailleurs. Ce n'est qu'en entendant le bruit typique du chien d'une arme à feu que tout se déclencha très vite. Je fermais les yeux en un instant, serrant les poings, avant de prendre une voix forte, quasi d'outre tombe.
- ZAL ALMADAR
Instantanément, le fil du temps se brisa, plongeant les lieux alentours dans une grande léthargie. Le temps se déroulait dans un ralenti infâme. Tout se déroulait au ralenti, sauf mes mouvements. Je fis rapidement s'abaisser Alix, et la fit passer devant moi, au moment même où j'entendis claquer le coup de feu. En un instant, je me retournais, dégainant mon 500 avant de le braquer sur la personne située derrière nous. Ce foutu docker... Il y a trois jours, cette saloperie de docker se faisait passer pour un travailleur lambda. Et maintenant, il se déplaçait avec une arme à feu. Sans réfléchir, je pressais la gâchette, lui logeant une balle en plein front. La distance fut si courte que son corps trembla et fut propulsé en arrière, à l'impact.
- Kaval...
Le temps reprit son cours original à la suite de cette incantation. Je me tournais vers Alix, anxieuse, avant de constater qu'elle n'avait rien. Fort heureusement, j'étais responsable d'elle après tout. La tirant par la main, je l'emmenais rapidement dans mon bureau. Toujours aussi anxieuse, à l'arrivée, je me posais tout un tas de questions.
- Bon... Je crois que ce qui vient de se passer change l'ordre de mes priorités. Je ne serais pas toujours avec toi, donc je vais te donner quelque chose pour te défendre. Cependant, j'ai besoin de savoir une chose Alix. Je veux savoir si tu as une organisation à dos. Je veux que tu me dises tout ce que tu sais sur la foutue organisation des mecs que j'ai buté il y a trois jours. Je vais te donner une arme, mais je veux que tu me promettes une chose. Pas de règlement de compte, s'il te plaît. Je vais voir extrêmement rapidement si je peux te loger autre part. Il est hors de question que tu retournes à un endroit qui peut être connu par ces enfoirés. Est-ce que tu as la moindre volonté?
Elle devait sûrement être étonnée du brusque changement dans mes propos contrairement à ceux d'il y a trois jours. Mais elle était sous ma responsabilité, et j'avais comme objectif de la protéger. Il était hors de question qu'il lui arrive la moindre chose. J'avais une réputation à tenir, et même si elle m'exaspérait au plus au point, je devais la sortir de cette merde.
[HRP] Quand Lucie ralentit le temps, Alix est capable de le voir. Comme tout le monde, mais elle ne peut absolument rien y faire, et sera impactée, comme absolument tout le monde. Et tout ce qui est écrit en violet est de l'Enochien. Seules les sorcières et ceux qui connaissent cette langue peuvent la comprendre.[/HRP]