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Les alentours de la ville / Re : Intrigantes révélations. [Black Widow]
« le: vendredi 08 août 2014, 02:10:36 »
La végétation était profonde, l’endroit était isolé... En regardant par la fenêtre, Lloyd se disait que cette maison était un véritable piège. Il était encore trop tôt pour exposer ses doutes, pour dire à cette femme qu’elle était en danger, et qu’il fallait l’évacuer rapidement. Les Américains croyaient à la notion de propriété privée, et au fait qu’on ne pouvait pas forcer les gens à vivre ailleurs sans de bonnes raisons... Et de simples soupçons ne constituaient malheureusement pas une raison légitime et suffisante pour contraindre un particulier à abandonner son domicile. Natalia se faisait également du souci, mais sa maîtrise du français faisait que c’était elle qui parlait à la femme, Lloyd ayant un rôle plutôt silencieux, discret. Il observait, écoutait, et surveillait.

« Le docteur a dit... Il a dit que j'aurais dû mourir lors de l'explosion. Mais pourtant, mes blessures n'étaient que "superficielles" par rapport à ce à quoi il s'attendait. C'est de ce genre de choses dont vous voulez parler ? Cette... Guérison miracle et accélérée, selon mon médecin ? »

Natalia hocha lentement la tête, buvant un peu de son thé :

« Votre médecin est adepte des euphémismes... L’accident que vous avez subi aurait du vous tuer, Mademoiselle.  Vos bureaux se trouvaient près de l’épicentre de l’explosion, et toute la structure a subi un éboulement. Nous avons enterré les rapports des pompiers et de l’hôpital pour votre propre sécurité. Vous avez été ensevelie sous des tonnes de gravats. »

Widow lui montra ensuite son téléphone portable, un modèle dernier cri, conçu spécialement par le SHIELD. Il ressemblait à un smartphone, mais n’appartenait à aucune marque connue. Elle lui montra plusieurs photographies prises par les services de secours, montrant un corps méconnaissable, en bouillie. Elle avait des morceaux de fer dans le corps, et des parties du corps grièvement brûlés. Des images dures à encaisser. Natalia avait hésité à les lui montrer, avant de finalement opter pour cette voie. C’était la meilleure manière, pour elle, de lui montrer ce qu’elle avait subi, et d’où elle revenait. On pouvait voir une peau noirâtre, présentant un aspect cartonné.

Natalia lui expliqua qu’elle avait subi des brûlures au quatrième degré. L’explosion de la centrale avait entraîné une fuite de gaz dans ses bureaux, entraînant une explosion supplémentaire qui avait pulvérisé les bureaux, soufflant la femme. L’explosion avait brisé des piliers de soutènement, et le plafond était tombé.

« Vous aviez plusieurs os réduits en bouillie, des impacts plantés dans vos poumons, dans vos organes... Les pompiers vous croyaient morte, Mademoiselle Trésor. »

Le regard de Lloyd oscillait entre la forêt et l’intérieur de la maison. Il continuait à boire son thé, guère rassuré. Natalia ménagea une courte pause, avant de reprendre :

« Officiellement, c’est un dysfonctionnement dans le système électrique qui a provoqué cette explosion... Un court-circuit qui a fait exploser une conduite de gaz. C’est la version officielle, celle que nous avons donné aux médias, celle que les rapports d’enquête indiquent... Mais ce n’est pas la bonne. Nous pensons que cet accident n’en était pas un, Mademoiselle Trésor, et qu’il y avait autre chose dans cette centrale, quelque chose qui est enterrée dans les débris. Nous pensons que votre organisme a muté, qu’il a été irradié par une force spéciale. Pensiez-vous sincèrement que l’hôpital vous aurait laissé partir sans rechigner vu votre guérison spectaculaire ? »

Natalia parlait rapidement, sur un ton professionnel, continuant à faire défiler les photos sur son téléphone portable. On voyait désormais Cassandre dans un lit d’hôpital, avec des bandages sur tout le corps. Elle avait été opérée, mais le rapport du chirurgien était formel. Il ne s’expliquait pas comment cette femme avait fait pour survivre, et la manière dont son corps avait cicatrisé suite à l’opération était incompréhensible.

« Nous pensons que des expériences génétiques avaient lieu dans les souterrains de cette centrale, et que ce sont elles qui ont provoqué cette explosion...[{/b] »

Lloyd choisit ce moment pour intervenir :

« En clair, Madame Trésor, nous pensons que vous êtes en danger. »

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« Je vous remercie beaucoup de m'avoir aidé. Excusez-moi, mais quelqu'un m'attend normalement. »

Sans attendre son reste, Nana se mit alors à marcher vers l’appartement de Lucy, laissant Lloyd pensif. Il fallait donc bien croire que tous ces diclonius étaient des désaxés. Nana ne cherchait pas à en savoir plus, ni à expliquer ce qui venait d’arriver. Si Lloyd le voulait, il pouvait l’arrêter, et la plupart des piétons continuaient à observer la fille, puis Lloyd, sans trop comprendre quoi que ce soit. Quand on voyait des gens comme ça, qui se souciaient fort peu qu’on les surprenne, il était presque exceptionnel que le SHIELD ait réussi à contrôler si bien l’information pour que ce genre de personnes parviennent à rester dissimulées du grand public. L’agent hésita un peu sur la suite à faire. Devait-il directement suivre Nana, ou laisser Natalia se débrouiller un peu, au début ? Lloyd reconsidéra ses croissants, et opta pour en prendre un autre, retournant dans la boulangerie, profitant de l’hébétude des clients pour aller directement à la caisse.

Entre-temps, Natalia restait dans l’appartement, silencieuse, et entendit des bruits de pas se rapprocher. Avec elle, il y avait la présence réconfortante de ses pistolets. Ce n’était pas Lloyd, car les sons ne correspondaient pas à sa démarche rapide et assurée. Il ne pouvait s’agir que de Nana. Widow restait assise au milieu du salon, sur un fauteuil, la porte grande ouverte. Quand elle vit la silhouette de Nana se dessiner dans l’embrasure, Natalia se releva lentement, se rapprochant d’elle.

« Salut, Nana, la salua Widow en esquissant un léger sourire. C’est moi que tu as eue au téléphone. Je m’appelle Natalia Romanov. »

Elle ménagea une courte pause, avant de reprendre :

« Je t’en prie, tu peux rentrer... Ce n’est même pas chez moi, après tout. »

Natalia n’avait rien entendu de ce qui s’était passé dans la rue... Ou, si elle l’avait entendu, elle le masquait très bien, en tout cas.

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« J’ai faim. »

Natalia hocha lentement la tête, la tournant vers Lloyd. La journée d’hier avait été mouvementée par ce dernier, et il n’avait pas spécialement de son aventure avec Inori, se contentant de dire que cette dernière avait le pouvoir de façonner un objet à partir d’une fraction d’âme, mais qu’elle ne représentait pas une menace, ni une alliée. En tout cas, rien qui ne soit susceptible de les aider à retrouver Lucy. Son appartement, lui, n’avait pas trop souffert du passage de l’équipe du SHIELD. Ces derniers n’avaient rien trouvé d’utile, et étaient repartis. Natalia avait presque espéré, en revenant en fin de matinée, retomber sur Lucy et sur Amélie, mais l’appartement restait vide.

Lloyd l’avait accompagné afin d’accueillir cette Nana, et les deux essayaient de se promettre de ne pas faire la même erreur qu’avec Lucy. Parallèlement, une autre équipe était partie vers Kamakura, afin de se renseigner sur ce camp.

Il était presque deux heures de l’après-midi, et Natalia se demandait si cette Nana allait venir. Cet appel avait été curieux, et elle n’avait pas pu en savoir plus. Il avait été tracé, et l’équipe du SHIELD envoyée à Kamakura avait d’ailleurs pour mission, parmi tant d’autres, de se renseigner sur cette maison, et de l’observer. Pour l’heure, le SHIELD se contentait juste de prendre des informations. Il était toujours possible que cette histoire soit un immense canular, mais l’intuition de Natalia lui soufflait le contraire. Ce ne serait pas la première fois qu’il existait un centre de recherches paranormal, et le gouvernement japonais, pour l’heure, ne semblait pas être au courant. Autrement dit, les recherches menées à Kamakura n’étaient visiblement pas créditées par l’armée japonaise. Vu les intimes relations qu’elle entretenait avec l’armée américaine, un tel projet aurait forcément été découvert par les Américains... Du moins en théorie.

« Il y a une boulangerie en face. Tu n’as qu’à aller y acheter un truc.
 -  Tu réussiras à tenir la baraque toute seule ?
 -  Je pense pouvoir m’en sortir. »

Toujours cordiale, la relation entre les deux agents s’était légèrement tendue. Natalia n’appréciait pas que Lloyd l’ait planté face à Lucy, et soit parti sur un coup de tête. Ce n’était pas conforme au règlement, et elle savait aussi qu’il n’avait pas dit toute la vérité dans son rapport. Black Widow était un détecteur de mensonges sur pattes, et il y avait peu de choses qu’on puisse réellement parvenir à lui cacher.

Lloyd fila à la boulangerie, achetant quelques croissants, et, alors qu’il était dedans, il entendit, dehors, des crissements de pneus. Sentant un accident, il sortit rapidement... Et vit une éclopée en train de ramper vers le sol. Une voiture repartait à toute allure, et Lloyd pensa à un accident qui aurait arraché à cette femme sa jambe et son bras... Avant de rejeter cette idée. Il n’y avait pas de sang, et il n’avait pas entendu de choc.

*Bordel de merde...*

Il s’avança rapidement vers la femme. Il y avait d’autres piétons, qui regardaient ça. Lloyd en prit conscience, et brandit sa carte.

« Police ! Écartez-vous, s’il-vous-plaît ! »

Il n’appartenait pas vraiment à la police, mais on pouvait lui pardonner ce petit mensonge. Il se rapprocha de la fille, et attrapa sa jambe.

« Toi, je crois que tu dois être Nana... »

Il lui tendit sa jambe.

« Fais gaffe à ne pas les perdre, les bras et les jambes, c’est plutôt pratique. »

Elle n’avait pas l’air de particulièrement souffrir. Visiblement, son pouvoir spécial, à elle, était d’être un corps avec des organes détachables.

*Il y a quand même des fois où je me dis que j’aurais mieux fait de rester au SWAT...*

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« Attaquer le laboratoire ? Vous... Vous voulez libérer les diclonius ? Est-ce que vous êtes... Euh... Consciente des conséquences que cela aurait ? »

C’était le même discours qu’avec Lucy. Nana semblait aussi effrayée qu’elle à libérer d’entrer dans ce laboratoire. Widow, elle, restait sceptique, et surtout professionnelle. Le SHIELD avait déjà affronté de nombreuses organisations impliquant des mutants, comme l’HYDRA, ou encore les forces de Magneto, lorsque ce dernier cherchait à renverser les gouvernements en place pour instaurer une tyrannie mutante sous son commandement. Il fallait également mentionner les multiples invasions extraterrestres auxquelles le SHIELD avait fait face, parvenant à les repousser en manipulant toujours suffisamment l’information pour dissimuler autant que possible ce qui s’était passé. Natalia, elle, estimait donc le SHIELD tout à fait apte à venir à bout de cette menace. Depuis des millénaires, le SHIELD, sous toutes les formes que l’organisation ait pu connaître, repoussait des menaces surnaturelles.

Widow ne lui répondit pas tout de suite, car elle cherchait le bon discours, un moyen de convaincre Nana, sans se séparer d’elle. Elle ne cherchait pas à renouveler la même erreur qu’avec Lucy, et elle commençait déjà à sentir des différences entre les deux. Nana semblait... Moins hostile, et plus ouverte à la discussion. Lucy était partie sans leur avoir donné suffisamment d’éléments sur ce camp, et Natalia avait peut-être ici l’occasion de se rattraper.

Nana finit par reprendre. Sa première question était purement rhétorique, ce qui expliquait aussi pourquoi Widow n’y avait pas répondu, n’en voyant pas l’utilité :

« La mort de tous les humains... » lâcha-t-elle sur un ton dramatique.

Natalia aurait pu sourire, si elle avait un peu plus d’expérience. Visiblement, la destruction de toute l’humanité était un classique au sein du SHIELD, mais, pour elle, c’était... Et bien, c’était sa première fois. Presque comme un baptême du feu, en fait. Natalia laissa passer quelques secondes, et finit par lui répondre :

« Qu’est-ce qui vous fait croire, avec un tel aplomb, que nous serions incapables de neutraliser ce camp, et d’appréhender ces diclonius ? De ce que Lucy nous a dit, ces individus sont plus des victimes que des bourreaux. Et je suppose que vous comprendrez aisément qu’on ne peut pas laisser sans surveillance une telle arme de destruction massive sans réagir. »

Elle lui ressortait le même argument que celui qui avait été utilisé pour Lucy, et qui avait fini par réussir à la convaincre... Du moins, c’est le sentiment que Natalia en avait.

« Nous pensons que les individus qui ont créé ce laboratoire ne se contenteront pas de mener des expériences, ou ce genre de choses. Ce laboratoire nous semble être un camp militaire, et nous n’avons pas envie de leur laisser toute latitude pour former une armée de terroristes, ou quoi que ce soit d’autre. »

Elle conclut ensuite rapidement :

« Si vous voulez nous aider, votre assistance sera la bienvenue, Nana. »

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Les alentours de la ville / Re : Intrigantes révélations. [Black Widow]
« le: dimanche 27 juillet 2014, 02:31:16 »
Natalia vit rapidement que la Française ne maîtrisait pas encore à la perfection le japonais. Ça n’avait rien de surprenant. C’était une langue difficile, peu accessible. Elle avait appris que les agents du SHIELD affectés à Seikusu Base Camp recevaient une formation spéciale en japonais. Fort heureusement, les Japonais parlaient beaucoup l’anglais, ce qui sauvait le SHIELD. Natalia et Lloyd entrèrent à la suite de Cassandre, et cette dernière ne tarda pas à revenir pour le français. Pour Natalia, il était presque instinctif de parler le français. Elle ne se souvenait plus quand elle l’avait appris, ni comment, mais elle le parlait... De même qu’elle parlait l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien, le russe, le mandarin, l’arabe, et quelques autres langues. Au moins, si le SHIELD n’avait plus besoin d’elle, elle pourrait se faire embaucher comme traductrice. Quand on était un espion international, il était indispensable de manier autant d’idiomes que possible. Lloyd aussi parlait le français... Du moins, il avait quelques notions, de lointains souvenirs de l’école de police, où il utilisait ses connaissances en français pour séduire les minettes sur le campus de la fac’. Le français évoquait donc pour lui la senteur de la peau d’une femme, un restaurant romantique avec du vin bordeaux, et une nuit tendre dans une chambre d’étudiante.

Elle leur demanda s’ils voulaient boire quelque chose, et, tandis que Natalia inspectait furtivement l’appartement, une bouilloire se mit à siffler.

« Et bien, puisque vous avez préparé du thé, ça nous ira » répondit-elle dans un français impeccable, après un bref regard vers Lloyd, qui y consentit.

Techniquement, Lloyd était toujours son OS, un acronyme pour Officier Superviseur. Au sein du SHIELD, chaque jeune recrue était formé par un agent plus âgé. C’était la procédure normale, et même Natalia n’y avait pas écopé. Leur formation était très spéciale. Widow savait plus de choses que lui, elle se battait mieux, et tirait mieux. Lloyd était juste plus expérimenté avec les individus disposant de capacités paranormales, ce qui expliquait pourquoi elle était encore, techniquement, sa subordonnée. Eux se voyaient plutôt comme des partenaires.

Cassandre n’estima pas nécessaire de changer, et Lloyd ne pouvait que l’encourager. Au moins, il y aurait une belle vue. Les deux s’assirent sur le canapé. C’était une belle maison, tranquille, dans un coin calme. La plage, de fait, était juste à côté. Une plage sauvage, où il n’y avait pas grand-monde. Au moins, les voisins ne devaient pas la déranger des masses.

« Je vous remercie, fit Natalia quand les tasses arrivèrent.
 -  Merci » lâcha également Lloyd.

Il y eut quelques secondes d’hésitation. Cassandre ne leur avait pas demandé qui était le SHIELD, ni n’avait rechigné à évoquer l’accident survenu dans la centrale nucléaire. Physionomiste, Natalia avait observé sa réaction. Elle avait vu une lueur apaisée la traverser quand Natalia avait parlé en français, et l’habituelle appréhension à l’idée d’affronter le gouvernement. Lloyd et Natalia se regardèrent à nouveau, et Lloyd but du contenu de sa tasse.

« Nous sommes un organisme militaire, Mademoiselle Trésor... Le SHIELD est, pour le dire simplement, une force paragouvernementale rattachée à l’autorité de l’OTAN, et répondant directement des États-Unis. Nous entretenons également des relations avec l’ONU, et nos activités sont variées. »

Qu’est-ce que l’armée pouvait bien vouloir à cette femme ? Natalia pouvait presque deviner les questions qu’elle était susceptible de se poser. Elle s’était légèrement penchée en avant, reposant sa tasse sur la table basse faisant face au canapé. Lloyd, de son côté, se releva.

« Excellent thé, si je peux me permettre », dit-il également en français, mais avec un accent américain.

Il s’approcha de la fenêtre, observant la forêt leur faisant face. La forêt d’un côté, la plage de l’autre. Une vraie maison de campagne, isolée et discrète. Natalia reprit rapidement, afin que Cassandre se concentre à nouveau sur elle :

« Pour faire simple, le SHIELD traite de toutes les activités paranormales et surnaturelles qui arrivent. Nous avons la bénédiction du gouvernement japonais pour les assister dans la défense de leur territoire, et nous avons de bonnes raisons de penser que l’accident qui est arrivé dans la centrale a... Peut-être eu des répercussions inattendues sur votre organisme... »

Natalia était prudente, car chaque personne pouvait réagir différemment à ce genre de nouvelles. La colère, l’indignation, la terreur... Tout était possible. Le premier contact était toujours le plus difficile, car chacun avait en tête l’image de ce gouvernement surpuissant disposant d’organismes spéciaux et de prisons ultrasecrètes prêts à commettre n’importe quelle atrocité au nom de l’intérêt supérieur de la Nation.

Lloyd se retourna à nouveau vers Cassandre, tenant toujours la tasse de thé dans sa main.

« Est-ce qu’il vous est arrivé des... Des particulières choses depuis votre accident ? »

Il avait mal prononcé une partie de sa phrase, oubliant d’inverser deux mots. L’anglais et le français, deux langues assurément pièges, car elles étaient à la fois très proches, presque similaires, mais aussi très différentes. Natalia savait que chaque langue avait sa logique, ses propres spécificités. Dès qu’on les connaissait, alors on pouvait sans problème apprendre la langue, et, même avec un vocabulaire limité, s’en sortir.

Pour l’heure, ils attendaient la réponse de la jeune femme.

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Les alentours de la ville / Re : Intrigantes révélations. [Black Widow]
« le: jeudi 24 juillet 2014, 01:59:03 »
« Et moi qui croyais que les centrales nucléaires étaient une voie de garage sans espoir... Sérieusement, quelle fille désespérée et au bord de la suicide trouverait attirant de bosser dans une centrale nucléaire au Japon ?!
 -  Les mêmes que celles qui te trouvent attirant ? »

Un sourire sur le coin des lèvres, l’agent Lloyd tourna sa tête vers Natalia, ses éternels yeux bleus dissimulés derrière ses Ray Ban Aviator noirs.

« Vous êtes une vraie saloperie, Agent Romanov... Froide comme un putain d’iceberg desséché que Le Seigneur, dans Son immense générosité, aurait chié tout droit en plein milieu d’une plaine désertique de la Sibérie.
 -  Venant de vous, je le prends comme un compliment.
 -  Vous le pouvez, il ne se passe pas une journée sans que vous ne me brisiez le cœur. »

Natalia retint un sourire, se concentrant sur sa conduite, tandis que Lloyd ouvrait à nouveau le dossier étalé sur ses jambes. Elle pilotait une voiture lourde, une berline puissante, une Chrysler 300 C, l’une des voitures de fonction du SHIELD, aux vitres teintées, et avec le logo du SHIELD peint à gauche et à droite, sur les portières. Ils ne passaient pas vraiment inaperçus, et, rien qu’avec cette voiture et la dégaine de Lloyd, ils étaient immédiatement affiliés « agents secrets américains ». La seule différence entre Lloyd et une variante de l’agent Mulder était que ce dernier avait la peau sombre, étant originaire du Mexique. Un Latino, la preuve vivante que le melting pot n’était pas qu’une illusion.

Devant lui, il y avait le dossier d’une femme qui aurait du mourir. Cassandre Trésor. Avec un nom pareil, la vie n’avait pas du lui sourire beaucoup. Il y a une ou deux semaines, les associations militant pour la fermeture de la centrale nucléaire de Seikusu avaient retrouvé du grain à moudre quand un accident avait détruit une partie des locaux. Aucun déchet nucléaire ne s’était échappé, l’explosion n’ayant touché que les bureaux et les garages, mais Seikusu avait frémi. Fukushima était encore dans tous les esprits, et on prévoyait de nombreuses manifestations dans la ville pour que la centrale soit définitivement fermée.

Officiellement, c’était donc un accident. Mais ce n’était pas vraiment l’avis du SHIELD. Des accidents dans les centrales nucléaires capables de détruire toute une partie de l’installation, on n’en voyait pas tous les jours. C’était juste un brillant attentat. Ils avaient récupéré des vidéos de surveillance, et c’était comme ça que le nom de Cassandre Trésor, une jeune Française délicieuse, s’était finalement retrouvée entre les mains des inspecteurs du SHIELD. Ils avaient notamment lu avec beaucoup d’attention l’audition d’une victime, qui affirmait avoir été sauvée par une nouvelle, une Française dont elle ne se souvenait plus du nom. Ils avaient reproduit avec des simulations informatiques le déroulement de l’explosion. Il était scientifiquement impossible que l’explosion n’ait pas tué Cassandre. Es radiations nucléaires s’étant échappées de l’explosion l’avait atteinte.

« On est passés à peu de choses près d’évacuer toute la ville... D’après le rapport, si la fêlure dans le réacteur avait été plus longue d’un ou deux millimètres, il aurait fallu évacué.
 -  Si on suppose que l’accident visait bien à provoquer une catastrophe nucléaire... »

L’accident avait fait la une des journaux télévisés du monde entier, qui avaient craint d’y voir une réplique de Fukushima, et, depuis lors, les écologistes militaient activement pour la fermeture, essayant de faire de la centrale nucléaire de Seikusu un cas d’école de la négligence des autorités de contrôle du nucléaire. En ce qui concerne Cassandre, tandis que cette dernière était hospitalisée, le SHIELD avait mené quelques prélèvements sanguins sur la femme. Ils avaient ainsi appris que son corps avait été infecté par des traces d’un rayonnement nucléaire très particulier.

L’enquête était encore en cours, et les deux agents ne pouvaient que formuler des hypothèses, mais c’était pour ça que le SHIELD existait : pour être imaginatif. Il n’y avait même pas besoin d’une enquête pour savoir que les Yakuzas avaient forcément des parts dans cette centrale, et la théorie de Natalia était qu’il n’y avait pas eu un accident, mais bel et bien un attentat visant à détruire une zone précise du complexe... Pour des raisons encore inconnues. Cassandre était le cheveu sur la soupe, la donnée imprévue confirmant la véracité de la théorie du chaos. Elle était devenue une mutante, et le SHIELD se devait donc de lui rendre une petite visite... Visite d’autant plus importante qu’elle était aussi un témoin-clef potentiel dans cette histoire.

« On y est. »

Avec son irrespect habituel de la vie privée, le SHIELD avait mené une enquête sur Cassandre Trésor. Elle était partie depuis la France il y a quelques mois. Le SHIELD avait retrouvé, dans les registres de l’aéroport de Seikusu, son vol, la compagnie, et, à partir de là, sa date de départ. Une analyse des archives de sécurité avait permis de voir que, avant son départ, Cassandre avait célébré son aide à la France avec un homme, une partie de sexe crapuleuse dans les toilettes.

« Tu es au courant de cette théorie sur le dérèglement du système hormonal, Natalia ?
 -  Une théorie qui n’est soutenue que par le corps masculin de l’agence, Lloyd...
 -  Ça représente 50% du personnel ! » protesta l’homme.

Cette théorie, purement fantaisiste selon ses contradicteurs, soutenait que la mutation avait pour effet secondaire d’entraîner un dérèglement du système hormonal. De là se trouvait la justification des tenues bariolées et sexy que les supers-héroïnes portaient. Natalia gara la voiture devant l’immeuble où Cassandra logeait.

« En piste ! »

Lloyd sortit le premier, et Natalia le suivit. Lloyd portait une chemise avec un pantalon, et Natalia, elle, portait sa combinaison noire en cuir. Lloyd s’avança le premier, et appuya sur la sonnette. Les deux agents ignoraient encore quels étaient les pouvoirs de cette femme, mais ils savaient qu’il était temps de venir la voir pour l’en informer.

La porte s’ouvrit sur une femme habillée de manière extrêmement courte. Si Natalia ut rester professionnelle, Lloyd, lui, jeta sans vergogne un regard sur ses seins, qu’on voyait plutôt bien à travers son débardeur, et sur cet insolent mini short.

« Bonjour, glissa la femme avec un fort accent français, je peux vous renseigner ? »

Lloyd mit sa main dans la poche arrière de son pantalon, et sortit son portefeuilles, l’ouvrant, montrant sa carte d’agent du SHIELD.

« Agent Lloyd Dawkins, Mademoiselle Trésor, dit-il en japonais.
 -  Agent Natalia Romanov, se présenta Natalia dans un français parfait.
 -  Nous aurions quelques questions à vous poser concernant l’accident survenu dans la centrale nucléaire il y a une ou deux semaines, si ça ne vous dérange pas. Nous assistons la police dans cette enquête » précisa-t-il.

Natalia avait choisi de parler en français pour rassurer la femme, et lui montrer qu’elle pourrait utiliser sa langue natale sans problème.

112
« Je... Je m'appelle Nana. Est-ce que Lucy est là ? »

Nana... Natalia identifia ce nom, et, contrairement à Lloyd, elle était moins axée sur la provocation. Elle savait que Nana était proche de Lucy, qu’elles avaient grandi ensemble dans ce laboratoire, avant de s’en échapper. Sans même attendre une confirmation de l’équipe technique, elle savait que Nana se trouvait chez Kouta, à Kamakura. Il fallait négocier les choses avec tact... Ce qui n’était pas spécialement un domaine dans lequel Natalia excellait. Cependant, elle savait que l’essai de Lloyd avait échoué. Cette Nana semblait à cran, et, si Natalia se contentait de lui dire qu’elle n’était plus là, la diclonius lui raccrocherait au nez. Dans l’absolu, Natalia tenait à éviter de se séparer d’une piste possible dans leur mission contre le camp de diclonius.

Après quelques hésitations, Widow finit ainsi par parler :

« Lucy est partie, Nana... Pour ne plus jamais revenir, apparemment. Je ne sais pas trop où elle est partie, mais il est probable qu’elle viendra te voir, afin de s’assurer que Kouta soit protégé. »

De telles révélations pouvaient sans aucun doute surprendre Nana, car elles illustraient le fait que Natalia en savait un bout sur ce qui se passait. Elle laissa planer quelques secondes supplémentaires, afin que la diclonius puisse gérer cette information, et, sans véritablement lui laisser le temps de répondre, elle enchaîna :

« Nous savons d’où vous venez, toi et Lucy. Nous savons ce que Lucy a fait à la famille de Kouta. Notre priorité est de démanteler le camp d’où vous êtes originaires, toi et elle. C’est pour ça que nous avons besoin du plus d’informations possibles. Apparemment, il est assez difficile de l’attaquer... »

Black Widow ne voulait pas se placer comme une ennemie face à Nana. L’important, pour l’heure, était de la rassurer sur leurs intentions.

Elle espérait ne pas renouveler le désastre qu’elle avait eu avec Lucy.

113
Bras croisés, enfoncée dans sa combinaison en cuir, Natalia les dépliait et les remettait en place, trépignant d’avance. Clairement, assister à une enquête scientifique, ce n’était pas pour elle. Les grosses têtes du SHIELD venaient d’arriver, avec tout un équipement high-tech qui aurait fait parer le matériel scientifique des Experts pour des gadgets pour enfants achetés dans un magasin d’attrapes-surprises. Ils allaient tout inspecter, à l’aide de sondes, de drones, et d’autres appareils. Ce serait long, fastidieux, et Natalia n’avait aucune envie d’y assister. Ainsi, lorsque Lloyd l’appela pour lui demander de mettre sur place une équipe afin d’aller à Kamakura pour enquêter sur une maison, il alla de soi que Natalia en fut ravie, et se dépêcha de donner quelques coups de téléphones.

Ayant d’autres contacts au sein du SHIELD, elle choisit d’appeler une femme qu’elle avait déjà eu l’occasion de croiser : Sharon Carter, connue pour être l’amante de Steve Rogers. Elle était talentueuse, et répondit rapidement. Sharon avait plus d’influence au sein du SHIELD, Natalia y étant encore entrée de manière récente. Il valait donc mieux que ce soit elle qui monte une équipe, et Sharon accepta. Visiblement, l’histoire sur les diclonius avait commencé à remonter le long de la hiérarchie du SHIELD. Sharon lui expliqua notamment qu’elle obtiendrait l’aide de l’agent Sum, ce qui la rassura. Sum était également une pointure, un agent doté de supers-pouvoirs. Né en l’an 1320, il avait aidé en 1368 le Ming Hongwu. Peu de personnes au monde connaissaient son secret. Son organisme disposait d’un facteur autoguérissant efficace, qui, un peu comme celui de Wolverine, régénérait ses tissus cellulaires, ralentissant énormément le vieillissement cellulaire. Sharon comptait sûrement en profiter pour se renseigner sur ce laboratoire clandestin.

Natalia hocha lentement la tête, et raccrocha, rassurée. Elle allait laisser Sharon s’en charger, et, de son côté, elle allait se préparer. Plus tôt ils partiraient, plus tôt ils auraient des informations sur cette affaire. Widow regarda autour d’elle, voyant des techniciens supplémentaires. Lloyd était entre de bonnes mains, et il était suffisamment grand pour s’occuper. Natalia allait se diriger vers la sortie, quand, brusquement, le téléphone se mit à sonner.

Les techniciens se regardèrent entre eux, puis regardèrent Natalia.

« La ligne est sur écoute, vous pouvez prendre. »

Ils avaient déjà vérifié le téléphone, et étaient sûrs qu’il n’avait aucun dispositif susceptible de provoquer la mort de celui qui le prendrait. De fait, c’était la meilleure garantie que Natalia pouvait avoir. Cette dernière, se demandant qui pouvait encore bien les appeler, s’avança vers le combiné, et le prit, le posant ensuite contre son oreille.

« Agent Natalia Romanov. À qui ai-je l’honneur ? »

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Tandis qu’Inori lui disait qu’il fallait réinsérer l’objet, Lloyd se décida à appeler Romanov. Il entendait Inori lui dire qu’elle allait mettre son bras dans son corps pour remettre le void, et, s’il était tentant de lui répondre, Lloyd préféra se concentrer sur son coup de téléphone. Natalia lui répondit au bout de la troisième sonnerie, afin de lui expliquer que l’équipe technique venait d’arriver.

« Ils vont chercher des indices, mais j’ai peur qu’ils ne trouvent rien...
 -  J’ai un indice, Natalia. »

Lloyd lui expliqua qu’il avait reçu un appel de Nana.

« L’autre diclonius ? Celle qui s’est évadée avec Lucy ? »

Diable ! Il n’y avait pas à dire, la mémoire de cette femme était terrifiante d’efficacité. Elle se rappelait effectivement de Nana, et Lloyd poursuivit ses explications. Il lui indiqua que Nana l’avait effectivement appelé, afin d’essayer d’obtenir des informations sur Lucy, et sur leur projet d’appeler le centre de recherches. Plus intéressant encore, en traçant l’appel, Lloyd avait obtenu le lieu : Kamakura, chez Kouta et Yuka... Le fameux ami de Lucy, qui avait perdu ses parents à cause d’elle. Natalia en déduisit, comme lui, que toutes ces personnes étaient liées entre elles, formant un cercle. Il suffisait d’en trouver une pour remonter le reste du cercle, et ainsi retrouver Lucy.

« Si ces deux femmes viennent de ce centre de recherches, il faut en savoir plus. J’aimerais que tu mènes une équipe pour t’y rendre, et obtenir des informations auprès de cette Nana. Elle avait l’air... Un peu naïve. Méfie-toi.
 -  Je te rappelle que, en vertu du règlement, tu es mon OS, alors je n’ai techniquement pas le droit de...
 -  Tu n’es pas une agente comme les autres, Widow. Laisse-moi me charger de cette histoire d’OS, et dépêche-toi de mener une équipe pour Kamakura. Il nous faut plus d’informations sur ce centre de recherches. »

Natalia était d’accord, et elle ne voyait aucun problème à sortir d’un appartement où elle faisait office de plante verte vis-à-vis des techniciens. Romanov voulait de l’action, et sortit de l’appartement, tandis que Lloyd raccrochait, se retrouvant face à Inori. Il repensa à ce qu’elle venait de dire... Elle voulait remettre le void, ce qui était bien. Lloyd n’avait pas envie que ce petit incident avec les lunettes spéciales s’ébruite. S’il n’y avait pas d’objet, il n’y aurait pas de preuve. Il signalerait le pouvoir d’Inori, mais en omettant de préciser qu’il en avait fait l’expérience. Prudence est mère de sûreté.

« Hum... Enfoncer un bras en moi... Dit comme ça, ça ne donne pas vraiment confiance. »

Il était suicidaire de prendre de tels risques avec elle. Lloyd réfléchit à nouveau.

*Au point où j’en suis...*

Sentant qu’il allait encore le regretter, guère rassuré, Lloyd hocha la tête.

« Vas-y, Inori. Remets ce truc dans mon corps. »

115
La mystérieuse Nana mit rapidement fin à la conversation, et Lloyd entendit le son du combiné. Il retira proprement sa puce de l’appareil, mais, avant de le redonner à Inori, il prit soin de noter le numéro de téléphone.

« Je te remercie, Inori », fit-il en lui rendant le combiné.

Lloyd prit ensuite son propre téléphone, l’alluma, et envoya un simple SMS à la base. Avec le numéro de téléphone, il pouvait tracer l’appel. Il suffisait juste d’envoyer le numéro de téléphone à un numéro bien précis, afin de lancer une procédure de recherche automatique… C’était proprement scandaleux, d’un point de vue éthique, mais une merveille, d’un point de vue sécuritaire. Seuls quelques rares téléphones au monde pouvaient envoyer des SMS à ce numéro précis. Si quelqu’un le tapait par erreur depuis un téléphone portable non autorisé, on l’informerait poliment que le numéro n’était pas attribué. Lloyd entra le numéro de Nana, puis envoya le SMS, et attendit que la machine fasse son offre. Il avait déclenché une sorte d’important programme de recherche, qui allait se connecter sur les bases de données des opérateurs téléphoniques, afin de trouver à qui correspondait l’appel, et obtenir assez rapidement des informations très précises : le nom du cocontractant, son adresse, son numéro de contrat… À partir de là, Lloyd pourrait, si la situation le justifiait, lancer une enquête plus fournie. La machine agissait comme une sorte de moteur de recherches, farfouillant Internet afin de glaner des informations sur la personne en question, en cherchant dans toutes les sources possibles et inimaginables : réseaux sociaux, forums de discussion, blogs, etc… La machine s’aventurait même dans les profondeurs du dark web, n’étant bloquée que par des sites bénéficiant d’un cryptage élevé.

En bref, il aurait rapidement des informations. Il remarqua alors qu’Inori avait récupéré son void. Elle avait posé sur la table les fameuses lunettes à vision spéciale. Lloyd hésita un peu, sans rien dire, se pinçant les lèvres, et récupéra l’objet.

*Ce truc a vraiment été conçu à partir de mon âme ? C’est délirant… Et plutôt flippant.*

L’un n’allait pas sans l’autre, et il regarda ensuite Inori.

« Bon… J’en fais quoi, de ce truc ? »

Il avait bien compris qu’elle ne comptait pas aider le SHIELD, mais ce n’était pas une raison pour le laisser avec un tel appareil sous les bras. Son téléphone portable sonna alors dans sa poche, et il le prit. La machine n’avait pas été bien longue à faire ce qu’il lui avait demandé. L’appel venait de Kamakura, et Lloyd comprit avoir trouvé l’adresse du fameux Kouta. Le petit protégé de Lucy…

*Il y a déjà une diclonius qui le protège… Mais, si nous venons, Lucy risque de se montrer à nouveau.*

Lucy n’était évidemment pas leur cible, mais elle s’était volatilisée dans la nature, et, en vertu de la vision paranoïaque que le SHIELD avait du monde, la diclonius constituait une menace. S’il fallait lancer un assaut sur un complexe de mutants psychopathes et meurtriers, le SHIELD préférerait logiquement mettre toutes les chances de son côté.

Un point de vue que Lloyd ne pouvait que comprendre.

116
Le calepin d’Inori ne risquait pas de servir beaucoup. Chaque conversation téléphonique passée avec un agent du SHIELD sur son téléphone portable professionnel était automatiquement enregistrée et stockée dans les bases de données colossales du SHIELD. C’était une procédure classique, faite pour repérer d’éventuels espions. Malgré les protocoles de sécurité draconiens du SHIELD, l’organisation avait comme adversaires des organisations criminelles très anciennes, capables de tout et de n’importe quoi pour infiltrer le SHIELD et détruire l’organisation : clones, lavages de cerveaux, agents dormants, attentats terroristes, manipulation de l’information... Le SHIELD avait donc amplifié sa sécurité, jusqu’à ressembler à une sorte d’organisation paranoïaque, presque digne de George Orwell. Des défenseurs acharnés des droits de l’homme et des libertés individuelles vilipendaient leur haine contre le SHIELD sur leurs blogs, sans comprendre que, si le SHIELD avait développé un tel niveau de sécurité interne, et de contrôle de l’information, ce n’était pas sans raison. Pour Lloyd, il était préférable que les gens pensent que l’État avait les moyens d’empiéter sur leurs propres libertés, plutôt qu’ils se disent que l’État était en réalité très impuissant.

Il pensait à tout cela quand la femme se présenta. Elle avait appelé depuis le téléphone d’Inori, et il s’était empressé de sortir de ses affaires une petite puce, qu’il posa sur le téléphone d’Inori. Elle ferait office de transmetteur, et permettrait d’enregistrer cet appel, faisant comme s’il était sur son propre portable.

Elle s’appelait Nana. Lloyd fit un bref effort de mémoire, et se rappela les propos de Lucy... Tantôt, elle en avait parlé. Cette femme, cette Nana, était une autre diclonius, une autre rescapée de ce laboratoire. Il pouvait s’agir d’un canular, d’un mensonge, aussi Lloyd devait-il se montrer prudent. Il savait que l’origine de cet appel serait assuré par les services du SHIELD, et que l’organisation pourrait envoyer une équipe tracer cet appareil. Les moyens technologiques dont disposait le SHIELD étaient très élevés, notamment depuis l’ère du Patriot Act et les attentats du 11/09, où le gouvernement américain avait revu à la hausse le budget à allouer à la lutte contre le terrorisme et l’espionnage. Encore une fois, Lloyd prenait un risque. Il ignorait si cette femme était fiable ou non, et l’échec relatif avec Lucy ne l’incitait pas à se montrer plus prolixe.

Nana voulait savoir pourquoi il prévoyait d’attaquer le laboratoire des diclonius. Lloyd laissa planer quelques secondes, avant de répondre, regardant le plafond, puis le combiné.

« Vous savez, Nana, je n’ai pas pour habitude de divulguer par téléphone des secrets qui portent sur la sécurité nationale. Il va de soi que je ne sais absolument rien sur ces diclonius, ou sur ce laboratoire dont vous faites mention. »

Lloyd avait assez flirté avec le protocole et le règlement dans son approche avec Lucy. Il s’était volontairement séparé de Romanov, alors qu’il était son OS, et les choses avaient dégénéré avec Lucy. Autrement dit, il avait commis des erreurs, en se fondant sur son jugement, et sur sa croyance que Lucy ne foutrait pas tout en l’air. Au lieu de ça, une autre femme l’avait agressé, même sans intention de lui faire du mal, et les évènements l’avaient dépassé. Pour un agent du SHIELD expérimenté, c’était un aveu de faiblesse, car le contrôle était au cœur de la doctrine du SHIELD. Il fallait contrôler ce qui se passait autour de soi, les évènements, et avoir une certaine maîtrise sur la réalité des choses.

L’agent reprit rapidement :

« En revanche, si vous avez des moyens de contacter Lucy, je vous serais infiniment reconnaissant de bien vouloir lui dire que nous n’avons nulle intention hostile à son égard... Et je vous invite aussi à nous rencontrer. Qui sait ? J’en saurais peut-être plus en vous voyant en personne. »

Lloyd ne dirait rien, et suivait tout simplement le protocole.

Rien de plus.

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Ouma ? Ça ne lui disait rien, mais Lloyd allait faire un rapport. Il savait que les astéroïdes étaient une menace prise très au sérieux par le SHIELD, et que le SWORD s’en occupait. Malheureusement, leur organisme n’était pas infaillible, surtout avec les astéroïdes, dont la trajectoire était parfois assez changeante. Ils étaient comme des boulets de canon circulant dans l’espace, et, sous l’effet d’un nombre de variables immenses, incluant la gravitation des planètes, leur magnétisme, et d’autres données, les astéroïdes pouvaient se déplacer. Quand il était gosse, un documentaire sur les corps célestes les avait décrits comme « les chauffards de l’espace ». Depuis qu’il avait vu L’Empire contre-attaque, Lloyd était un spécialiste des astéroïdes. Les astéroïdes étaient une menace terrible, mais le SWORD peinait à les détruire. Le PEAK n’avait pas d’armement. La création de la station avait fait rager les Chinois, les Russes, et avait même amené l’Union Européenne à grincer des dents. Aucune des puissances étrangères n’aurait accepté, en prime, que l’Oncle Sam dote sa station de tourelles lasers.

Le téléphone se mit à sonner, et Lloyd laissa Inori le prendre. L’agent du SHIELD était encore un peu surpris. Comme quoi, il ne mentait quand il disait à Widow qu’une journée au sein du SHIELD était toujours inattendue. Initialement, le planning avait été d’aller chercher une femme suspectée d’avoir des pouvoirs paranormaux, afin de lui proposer une formation. Maintenant, il se retrouvait au lycée, à discuter avec une femme qui avait le pouvoir de façonner des objets à partir de l’âme de ses interlocuteurs, et il avait eu une vision surnaturelle menaçant d’un futur apocalyptique... Et il y avait aussi ce centre de recherches secret de diclonius. Le pire, c’était sans doute de se dire que c’était une journée relativement normale.

*Et dire que j’avais peur, en signant, de me retrouver tout le temps derrière un bureau à ranger des formulaires et à compiler des dossiers...*

Lloyd fronça les sourcils quand Inori prononça le mot « Lucy ». Est-ce que c’était elle qui l’appelait ? Lloyd aurait pu, s’il avait les moyens, pister cet appareil, mais il était tout seul, et n’avait pas l’assistance d’une équipe technique derrière lui. Il observait Inori, et vit que cette dernière fixa la porte, puis lui.

*Allons bon, que se passe-t-il, encore ?*

Romanov devait être en train de faire des recherches. Elle devait bouillonner sur place en attendant que les techniciens arrivent. Inori mit ensuite le haut-parleur, et Lloyd redressa lentement la tête.

« Il y a un agent du SHIELD à coté de moi, mais que se passe-t-il ?
 -  Euh... Je... Je pourrais lui parler ? »

Lloyd repensa vaguement à ces attaques d’ultrasons mortelles par téléphone... Un truc digne de Cellular, cette histoire où les gens étaient transformés en zombies en recevant un appel téléphonique qui leur lobotomisait le cerveau. Il hésita un peu, et tendit sa main pour prendre le combiné. Comme le haut-parleur était mis, il choisit de poser l’appareil sur ses genoux, et répondit :

« Agent Lloyd Dawkins, SHIELD. Vous vouliez me parler, Madame... ? »

Il avait laissé filer le « Madame », comme pour signifier qu’il désirait avoir l’identité de l’interlocutrice.

118
Lloyd était un peu secoué, et s’assit face à Inori, avant de l’écouter. Il n’avait plus les lunettes spéciales d’Inori, et était secoué. Ses pensées se mélangeaient entre ses souvenirs et ceux de cette vision obscure qui avait jailli dans son esprit. De quoi s’agissait-il ? Il ne le savait pas, et Inori lui expliqua la situation. Dans quelques années, une météorite s’écraserait sur Terre, abritant une bactérie mortelle, une maladie qui infecterait le corps de Mana, faisant de cette dernière la porteuse d’une maladie mortelle, qui, visiblement, détruirait le monde. Lloyd ne disait rien. Les épidémies bactériologiques avaient historiquement prouvé leur terrifiante efficacité : les épidémies de peste pendant l’Antiquité, la Grande Peste Noire du 14ème siècle qui avait ravagé l’Asie et l’Europe, ou encore le choc entre les conquistadores espagnols et les peuplades amérindiennes… Des civilisations entières ravagées par la maladie, des centaines de milliers de morts, des villes ravagées, transformées en immenses tombeaux à ciel ouvert. La maladie était une arme terrible, et Lloyd comprenait un peu mieux l’inquiétude d’Inori là-dessus. Les maladies étaient terribles, oui, et il allait devoir se méfier de ça.

L’agent spécial du SHIELD revenait peu à peu à lui. Inori lui parla du Noël Perdu, et il se demanda si le frère de cette Mana, Shu, n’était pas l’amant d’Inori... N’avait-il pas vu une scène de ce genre dans sa vision ? Lloyd essaya de se reconcentrer sur ces images confuses, luttant contre le travail de blocage et de nettoyage de son cerveau. Shu avait été évoqué dans ces souvenirs implantés, mais il ne se rappelait plus précisément dans quelle circonstance. Tout était confus, obscur, et diffus. Lloyd ferma les yeux à plusieurs reprises, et décida de chasser ça de son esprit, ayant encore en tête l’image de deux femmes nues dans un lit, probablement occupées à se faire l’amour.

« Je… » commença Lloyd.

Il s’interrompit, car son téléphone se mit à sonner. Soupirant, l’agent s’excusa en se redressant, montrant son dos à Inori, et prit l’appel. Il émanait de Widow. Romanov lui expliqua qu’il y avait eu un problème avec Lucy : cette dernière l’avait attaqué en paniquant, et Widow avait réagi en lançant un gaz lacrymogène, afin d’endormir Lucy.

« Je pense qu’Amélie a aidé Lucy à s’enfuir… J’ignore où elles sont, et j’ai demandé le déploiement d’une équipe technique pour inspecter l’appartement.
 -  Okay, okay… »

Les évènements se précipitaient et se compliquaient. Une neko télépathe se trouvait maintenant dans la nature, accompagnant une femme instable et agressive. Lloyd n’en voulait pas à Romanov, elle avait fait son boulot. Il était très difficile de discuter avec des mutants méfiants, elle avait fait de son mieux, et même lui avait bien failli se faire agresser par Lucy. Il était inévitable que cette dernière finisse par s’énerver… Et il y avait une mince chance qu’elle arrive ici, même si Lloyd n’y croyait pas trop. À sa place, il chercherait à se faire oublier du SHIELD, et à disparaître dans un trou, probablement sur Terra.

Cependant, Lloyd n’était pas dans la tête d’une jeune femme ayant des pouvoirs surnaturels. Ses réactions pouvaient être imprévisibles. Remerciant Natalia, il l’encouragea à faire des recherches, et à se reposer. Widow n’aimait pas qu’on la materne, ou qu’on la sous-estime. Ça, Lloyd le savait, mais il avait besoin de communiquer encore un peu avec Inori, d’en savoir plus sur les pouvoirs de la mystérieuse femme, ainsi que sur ce qu’elle savait.

L’homme raccrocha donc, puis se retourna vers la femme.

« Désolé… Une urgence. Bref, si j’ai bien compris, vous venez d’un futur apocalyptique où un amour incestueux impossible a potentiellement ravagé l’espèce humaine ? Hum… J’avoue que c’est un bon scénario. »

Il hocha la tête, et esquissa un léger sourire, en s’asseyant à nouveau, joignant les mains entre eux. Le SHIELD disposait d’un organisme de surveillance spatiale, SWORD. La base avait été construite lors du programme développé par Reagan à la fin des années 1980’s, l’Initiative de Défense Stratégique, visant à confectionner un système sécuritaire par le biais des satellites, dans le contexte de la Guerre Froide. Le programme avait été officiellement abandonné en 1993 par le Président Clinton, mais, en réalité, l’IDS avait continué sous la direction du SHIELD, et avait finalement abouti à la création du PEAK, le quartier général orbital de SWORD.

« Nos observatoires repèreront cet astéroïde, et nous le détruirons s’il menace de frapper la Terre. Tu as déjà vu Armageddon, non ? Ce sera un peu pareil… Cet astéroïde, par ailleurs… Ce ne serait pas Apophis ? »

Les observatoires de la NASA avaient repéré l’astéroïde Apophis, qui se rapprocherait dangereusement de la Terre, et devrait se rapprocher en 2029 u en 2036, à quelques années près, et à quelques dizaines de milliers de kilomètres près, au bas mot. Ce faisant, Lloyd replongeait peu à peu dans la réalité.

119
NATALIA ROMANOV

La violence était le dernier recours possible, et Natalia n’était pas peu fière d’en être arrivée à cette extrémité. Malheureusement, Lucy ne lui avait pas laissé le choix. La jeune femme était incontrôlable. Elle n’avait pas eu d’autres options pour maîtriser les sautes d’humeur de Lucy, et laissait le gaz soporifique se répandre. Il se dissiperait rapidement, et elle évitait d’entrer, afin de ne pas en inhaler, à son tour, les vapeurs. Amélie hurla alors, et Natalia tourna sa tête vers elle... Pour voir qu’elle avait disparu.

*Merde ! Foutue magicienne !*

Comme elle s’y attendait, quand la fumée se dissipa, le salon était vide. Natalia entra rapidement, brandissant son arme. C’était un réflexe automatique, et une protection dérisoire, que ce soit contre les vecteurs de Lucy, ou contre la magie d’Amélie. Elle s’aventura dans la pièce principale du modeste appartement, alla dans la cuisine, fouilla la chambre, la salle de bains... Tout était vide. Et il n’y avait aucune sortie de secours. Les deux femmes s’étaient volatilisées, probablement à l’aide de la télékinésie d’Amélie. La tracer serait impossible, il aurait fallu avoir un magicien sous le coude, et ce n’était pas le cas de Widow.

L’agente du SHIELD retourna dans le salon, et sortit son portable, puis contacta la base. Il était temps qu’une équipe arrive pour inspecter plus en détail cet appartement. Qui sait, il y aurait peut-être des indices utiles à l’intérieur. Autant retourner à ce que le manuel préconisait, maintenant... Natalia n’avait plus qu’à espérer que Lloyd irait bien.



LLOYD DAWKINS

Pour Lloyd, la vision spéciale qu’il avait d’Inori disparut rapidement sous une autre vision, permettant de voir l’intérieur de son corps : ses organes, ses veines, ses poumons en train de battre, son cœur remuant rapidement, diffusant le sang dans tout son corps. Lloyd cligna des yeux, essayant de contrôler cette vision. Il ne vit pas Inori se ruer sur lui pour le frapper, car sa vision s’emballa. C’est ainsi que l’agent du SHIELD eut droit à une vision spéciale, et obscure. Il ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait. Il vit des machines de guerre, une conversation entre Inori et d’autres personnes, et comprit qu’il devait être dans un futur proche, un futur où le SHIELD avait été détruit, et où le monde, visiblement, était en danger. N’était-ce pas Lucy qui lui avait dit qu’Inori venait du futur ? Est-ce que Lloyd voyait son futur, ou le passé d’Inori ? Cette dernière venait clairement d’une autre dimension, et, pour Lloyd, tout ça était extrême.

Inori parla d’une certaine Mana, une femme qu’il fallait stopper. Lloyd ignorait de qui il s’agissait, et la vision se termina au début de ce qui semblait être un moment intime avec une femme. Lloyd revint à lui, et cligna des yeux, titubant sur place. Il se recula, et posa une main sur son front.

« Oh... » soupira-t-il, en revenant lentement à lui.

Il secoua la tête, de gauche à droite, puis regarda à nouveau Inori. Sa vision était redevenue normale.

« C’est qui, Mana ? » demanda-t-il alors, en cherchant à comprendre ce qu’il avait vu.

120
NATALIA ROMANOV

La situation ne tarda pas à se compliquer. Widow ne parlait sans doute pas aussi bien que Lloyd aux jeunes, et Lucy paniqua. La menace de l’emprisonnement la rendit sourde à toute autre tentative de discussion, alors même que Natalia avait bien précisé qu’elle ne voulait pas l’enfermer. Lucy usa de ses vecteurs, et Natalia sentit une force terrifiante comprimer ses bras, la soulevant du sol, pour la balancer contre la porte. Les vecteurs de Lucy étaient semblables à deux bras en acier qui comprimèrent ses épaules. La porte s’ouvrit derrière elle, renversant Natalia sur le sol de la terrasse. Comme il s’agissait d’une résidence japonaise, l’escalier était à l’extérieur, directement sur un long balcon commun. Natalia heurta le mur, et, en tournant la tête, elle put voir Amélie.

*Quelle plaie !*

Avec ses pouvoirs, la diclonius pouvait aisément la broyer. Amélie lui avait dit que ses bras avaient une portée de dix mètres. Il devenait urgent d’agir, car Lucy ne se contrôlait plus. Au moins, elle avait répondu aux interrogations de Natalia. Si la simple idée d’une détention provisoire la mettait dans cet état, elle constituait bien une menace pour la société. Natalia devait agir vite, afin d’éviter que les choses n’empirent davantage.

Les vecteurs de cette femme étaient puissants et rapides, et elle était toujours dans son champ d’action. Impossible de lui tirer dessus, mais Natalia avait d’autres arguments  en service. Sa main se porta vers son bracelet à fléchettes, et elle visa Lucy.

« C’est en m’agressant que tu vas finir emprisonner, Lucy ! Tu dois te calmer ! »

Natalia tira sa fléchette. Comme elle s’y attendait, un vecteur jaillit, et broya la fléchette, heurtant la cartouche de gaz à l’intérieur. Au contact de l’air libre, le gaz se répandit, formant un nuage verdâtre. C’était un puissant somnifère, qui avait pour but de neutraliser Lucy, de la calmer. Natalia se releva, en se rappelant qu’Amélie pouvait court-circuiter ses pistolets. Elle préféra donc user de ses fameuses fléchettes. Comme il s’agissait d’une simple rencontre avec une mutante, Widow n’avait pas un équipement de pointe, et ne pouvait donc rien voir à travers le nuage vert qui était en train de se développer.

« Je ne suis pas ton ennemie, Lucy ! poursuivit Widow. Ne me force pas à le devenir ! »

Sur le coup, elle regrettait d’avoir demandé à Supergirl de partir.



LLOYD DAWKINS

Comment ne pas comprendre sa situation ? Sa colère ? Il avait été agressé par une femme qui n’avait pas jugé bon de le prévenir. Elle venait ensuite de lui dire que les lunettes se tenant devant lui étaient une partie de son âme, et que, si elles étaient abîmées, il mourrait. S’attendait-elle donc vraiment à rester calme ? Lloyd restait un humain, même s’il travaillait pour le SHIELD. Elle se mit à parler davantage, reprenant son calme, lui expliquant que ces lunettes étaient une arme… Une arme tirée à partir de son âme. Lloyd l’écoutait. Elle le suppliait de l’utiliser, et il observait cet objet sans rien dire, partagé entre des pensées contradictoires.

Tout ça pourrait tout à fait être un piège grossier. La procédure exigeait une enquête et des expertises avant l’utilisation de tout objet non identifié. Encore une fois, si Lloyd se servait de ces lunettes sans avoir attendu le rapport d’un expert certifiant que l’objet était sans danger, il risquait des sanctions disciplinaires. Cependant, Lloyd n’avait jamais été un homme de paperasse. Il avait toujours été dans l’action, réagissant rapidement, et faisant confiance à son instinct. C’était son instinct qui lui avait soufflé que Lucy était fiable, et c’était ce même instinct qui lui indiquait qu’Inori ne lui voulait pas de mal, qu’elle avait simplement agi trop vite, faisant preuve de maladresse et d’une fougue juvénile un peu trop forte.

« Hum… »

Il réfléchit, et posa sa main sur la branche des lunettes.

« Je te préviens, Inori : si c’est un piège, j’ai des agents dehors qui interviendront. »

Il n’en savait rien, mais un peu de bluff ne faisait jamais de mal. Il avait regardé Inori dans les yeux en disant ça, puis attrapa les lunettes. Elles étaient bleutées, une aura les enveloppant. Il ignorait comment utiliser cette « arme », et, après de longues secondes d’hésitation, il les posa sur son nez.

Sa vision fut bleutée avant de devenir normale… À peu de choses près. Les lunettes lui permettaient de voir à travers les murs, et il put voir des espèces de sources lumineuses brûler ici et là. Lloyd comprit rapidement qu’il s’agissait des personnes dotées de pouvoirs paranormaux. Une étincelante aura enveloppait Inori, et une autre brûlait fortement dans le ciel.

« Hum… C’est… Inattendu. »

Les lunettes semblaient relier à son âme. Il n’eut qu’à se concentrer pour que les auras disparaissent, et se concentra à nouveau en regardant Inori.

« Je peux voir à travers tes vêtements… T’es plutôt pas mal, pour être honnête. »

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