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« le: mardi 20 octobre 2015, 00:35:03 »
Depuis mon arrivée au Japon, je n'avais pas eu beaucoup de temps à consacrer à ma chasse aux criminels sur internet, déménager dans un pays étranger est souvent très difficile, il faut le temps de s'acclimater, trouver un emploi, entant que gaijin ce n'était pas gagné, mais heureusement pour moi, Seikusu est l'une des rares villes du Japon à posséder une population des plus hétéroclites, des gens de différentes nations et ethnies se côtoient dans cette grande métropole. Ce que je pensais être une difficulté que de trouver un emploi s'avéra très vite ne pas être un problème, le lycée de Seikusu cherchait quelqu'un pour s'occuper du matériel informatique, la paye était assez minable, mais un travail est un travail et il faut savoir se fondre dans la population, se lier avec la communauté, les chômeurs ne sont pas très bien vu au Japon et certains d'entre eux sont assez surveillé par le gouvernement, qui les considèrent comme des parasites, je n'ai pas trop envie de me faire surveiller par les autorités du pays et encore moins de passer pour un parasite.
Le lycée de Seikusu est un très grand établissement scolaire mêlant modernité et architecture contemporaine, les élèves de l'école sont à l'image de la population, un regroupement de toutes les ethnies possibles et les styles vestimentaires aussi. À plusieurs reprises, j'ai été confondue avec une élève de l'établissement, il est vrai qu'au Japon, les étudiants sont aux études jusqu'à vingt ans pour la plupart, l'âge de la majorité dans le pays, mais les gens ne sont pas trop regardant sur mes dix-huit années, je suis une étrangère, américaine de surcroît, habituellement je passe pour quelqu'un de plus mature que les jeunes de la ville, allez savoir pourquoi. Quoi qu'il en soit, en début de soirée, j'avais reçu un appel par un professeur de mathématiques du lycée, je devais venir m'occuper de deux ordinateurs défaillant dans la salle d'informatique, l'homme en question devait avoir un cours le lendemain dans cette salle, exigeant l'utilisation de ces machines. C'est donc avec la plus grande flemme au monde que je me força à me lever de ma chaise de bureau, mettant de côté ma soirée pizza et cinéma coréen, pour me rendre au lycée, avec un peu de chance ce n'était pas grand-chose et j'aurais fini en même pas 3/4 d'heure.
« Désolée, j'ai été prise dans une foule monstre pour venir jusqu'ici. »
J'avais une dizaine de minutes de retard sur l'heure que j'avais donné à l'éducateur, pourtant on ne peut pas dire que je ne m'étais pas dépêché, je n'ai même pas pris la peine de m'habiller correctement, j'avais enfilé la première paire de basket à porter, un t-shirt un peu trop grand pour moi, un vieux jean délavé et mon habituelle casquette, sans elle je me sentais totalement nue. Néanmoins, le professeur semblait furieux de me voir arriver en retard avec ma dégaine nonchalante, mais de toute façon, il n'avait personne d'autre à appeler pour ses fichus ordinateurs, il pouvait bien attendre quelques minutes. Il évita de me faire un sermon ou la morale et il avait bien raison, m'indiquant la salle d'informatique, il me passa les clés et partit à toutes jambes en direction de la gare. Si j'avais su que je serais seule dans ce fichu lycée, j'aurais pris la pizza avec moi.
« Bon les p'tits gars, qu'est-ce qui va pas ? »
J'avais pris cette manie qu'ont ces gens du métier à parler avec la machine, comme les mécaniciens et les voitures ou les jardiniers et les plantes, mais dans le dernier cas, ne dit-on pas qu'il est bon de parler aux plantes, alors pourquoi parler avec les ordinateurs ne serait pas bon pour eux. La salle n'était pas très grande, de quoi mettre une vingtaine d'élèves maximum, de toute façon il n'y avait que quinze ordinateurs dans cette pièce. Le crépuscule commençait à pointer, m'obligeant à allumer les lumières de la classe d'informatique et à genoux au sol, je m’efforçais de savoir lequel de ces composants informatiques datants de Mathusalem j'allais devoir changer en premier, ces ordinateurs étaient vraiment des plus pourris, pas étonnant qu'ils tombent en panne.