Comme tout un chacun, Filomena avait envie de compagnie. En dehors des animaux recueillis, elle ne voyait presque personne. Huguette et Sandra, deux amies du lycée, était les seules personnes à franchir la porte de son appartement, en plus du livreur de pizza. Pas très glorieux, hein ? Alors, pour parler sans détours, Fila s'emmerdait. Elle voulu appeler Huguette et Sandra, mais en regardant l'heure, elle s'aperçut qu'elles travaillaient encore. Alors elle s'installa dans le canapé de son appartement, devant la télé à grand écran plat, et elle déplia le journal du jour pour s'absorber dans sa lecture.
Son attention, lorsqu'elle fut arrivée aux petites annonces, fut attirée par quelqu'un mentionnant une colocation. Levant les yeux de son journal, elle réfléchit à ce que ça impliquait pendant un moment, avant de conclure que c'était là le remède à sa solitude. Elle s'empressa de lire toutes les annonces traitant de colocation, avant de prendre un petit bout de papier pour y noter les choses suivantes.
Recherche Colocataire.
H ou F, peu importe.
Loyer bas (5 000 ¥ seulement, équivalent à une soixantaine de dollars).
Plusieurs chambres, cuisine équipée grand luxe, salle de bain avec baignoire et douche, salon comportant plusieurs canapés et une grande télé, salle à manger avec vue sur la baie.
Garage privé et fermé dans le sous-sol de l'immeuble, cave privée également.
Place de parking réservée.
Logement situé au dernier étage de l'immeuble Jin Li, avec ascenseur privé et terrasse sur le toit.
Adresse : 59 rue Jin Lin.
Proche centre-ville et périphérie.
Tolérance envers les animaux exigée.
Contactez Mademoiselle Blanche pour prendre rendez-vous au 090 1234 6985.
Ceci fait, elle prit ses clés et sortit de chez elle au pas de course. Elle passa au sous-sol récupérer sa voiture et roula jusqu'au centre-ville, à l'adresse d'un journal qu'elle connaissait bien. Et pour cause, c'est Huguette qui y travaillait. Elle y fut en cinq minutes.
Se garant sur un stationnement gratuit, elle sortit de sa voiture et pressa le pas jusqu'au journal. Ce n'était peut-être pas un grand journal reconnu mondialement comme le Daily Planet ou Le Monde, mais c'était quand même un journal très lu. Le Seïkusu News.
«
Excusez-moi mademoiselle, je peux vous renseigner ? »
«
Oui, en effet. Je souhaiterais voir Huguette Walters, c'est possible ? »
«
Bien sûr. Je vais vous conduire à son bureau. Venez. »
«
Merci. »
La secrétaire la conduisit dans les couloirs du journal et lui fit prendre l'ascenseur. Elles montèrent jusqu'au sixième étage sur les quinze, et la secrétaire frappa à une porte où les lettres dorées indiquaient
Huguette Walters, journaliste-en-chef du département d'investigation. Filomena sourit. Lorsqu'une voix annonça la permission d'entrer, la secrétaire l'annonça et redescendit.
«
Fila ! Qu'est-ce qui t'amènes donc de si bon matin ? »
«
J'aimerais déposer une annonce, ça ne te déranges pas de le faire pour moi ? »
«
Ce n'est pas mon travail habituel, mais je peux bien rendre ce service à mon amie. Qu'est-ce que c'est comme annonce ? »
«
Merci Huguette. C'est une annonce pour la recherche d'un ou d'une colocataire. Pour me faire un peu de compagnie. J'ai bien pensé à te demander, ou à demander à Sandra, mais je sais que vous avez votre vie déjà, avec vos compagnons, etc.. »
«
Tu te sens seule ma chérie ? En tout cas, rassures-toi. Ton annonce sera publiée dans l'édition du midi qui va sortir dans une heure, dans l'édition de ce soir et dans l'édition de demain matin. Mais, comment vas-tu faire pour garder le secret sur ton identité ? Personne ne sait que tu es Fila Reen, n'est-ce pas ? »
«
Merci beaucoup. Et pour garder le secret, je ferais signer un contrat de confidentialité au colocataire qui me plaira le plus.
Bon, je vais te laisser travailler. Et je dois aller m'occuper de mes amours. A plus tard Huguette. Je te dirais ce qui ressort de mon annonce ! »
Après une longue accolade, Fila ressortit et reprit sa voiture. Cette fois-ci, elle alla à sa villa pour s'occuper des animaux et écrire un peu, attendant que l'annonce paraisse. Elle avait hâte, et elle était inquiète en même temps. C'est vrai qu'elle ne pourra pas cacher qu'elle est Fila Reen, étant donné que le courrier adressé à l'auteur du roman à succès sur Lady Fire arrivait directement à l'appartement. Mais elle s'inquiétait encore plus de son étrange pouvoir. Arriverait-elle à le cacher ? Elle espérait que oui.
Après s'être longuement occupée des chiens, chats, oiseaux en tout genre, Filomena alla au salon. La baie vitrée donnait sur un petit étang naturel et sur des bois au-delà. Elle aimait bien cette vue, ça l'inspirait. A ses côtés, sur le canapé, Brody, Sushi et Poppy, trois chats de type angora au pelage d'un blanc neige immaculé et aux yeux bleus glace, étaient couchés. C'était trois chaton, deux mâles et une femelle, venant de la même portée. Ce soir, elle les amènerait à l'appartement pour la nuit, et les ramènerait demain. Puis ça serait au tour d'autres privilégiés. Elle faisait toujours ça. A tour de rôle, elle emportait un ou plusieurs animaux à l'appartement pour qu'ils se familiarisent avec la voiture et un lieu plus confiné. C'était pour que les futurs acquéreurs puissent les adopter sans problème. Elle était triste de s'en séparer, mais elle ne pouvait prodiguer pour toujours autant d'amour et de soin à un nombre grandissant de bêtes. Alors elle était un peu comme la SPA, sauf que chez elle l'adoption était gratuite. Mais elle choisissait soigneusement les futurs propriétaires des bêtes.
Ouvrant son ordinateur portable, elle commença à écrire, se plongeant dans son récit pour n'en sortir que lorsque son téléphone portable sonna. Regardant l'heure, 15h00, elle en déduisit que ce devait être pour l'annonce. Surtout qu'elle ne connaissait pas le numéro. Elle décrocha.
«
Filomena Blanche à l'appareil, j'écoute ? »