Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

Bonjour et bienvenue.

Ce forum présente des œuvres littéraires au caractère explicite et/ou sensible.
Pour ces raisons, il s'adresse à un public averti et est déconseillé aux moins de 18 ans.

En consultant ce site, vous certifiez ne pas être choqué par la nature de son contenu et vous assumez l'entière responsabilité de votre navigation.

Vous acceptez également le traitement automatisé de données et mentions légales de notre hébergeur.

Voir les derniers messages - Princesse Alice Korvander

Nos partenaires :

Planete Sonic Reose Hybride Yuri-Academia L'Empire d'Argos Astrya Hybride Industry Iles Mystérieuses THIRDS Petites indécences entre amis
Inscrivez-vous

Voir les derniers messages

Cette section vous permet de consulter les contributions (messages, sujets et fichiers joints) d'un utilisateur. Vous ne pourrez voir que les contributions des zones auxquelles vous avez accès.


Sujets - Princesse Alice Korvander

Pages: 1 ... 12 13 [14] 15 16
196
Les contrées du Chaos / [FINI] Pacte de non-agression [Alice Liddell]
« le: mercredi 06 novembre 2013, 02:00:40 »
« Voici donc le château... »

Alice tourna la tête en entendant les deux iguanes de Xyola gronder. La « Maîtresse des Iguanes » avait les bras croisés en regardant l’imposante structure se détachant devant le cortège. C’était un impressionnant château, dans une ville puante et intoxiquée par la vapeur, les machines, et le bruit étouffant des forges.

« Mes bébés n’aiment pas cet endroit, l’air est vicié, glissa Xyola en s’avançant lentement, sa main gantée et griffue venant caresser les cheveux d’Alice. Je vous sens tendue, Majesté...
 -  Oh... Non, c’est que...
 -  L’air n’est pas aussi bon que dans vos montagnes, je présume…
 -  Je... Oui, en effet...
 -  Après tout, c’est vous qui avez tenu à ce que nous nous engagions dans l’option diplomatique. Si ça n’avait tenu qu’à moi...
 -  L’Empire préfère concentrer ses forces et ses élites sur des ennemis plus préoccupants qu’Herzeleid et une petite dictatrice d’opérette. »

La voix ferme de l’homme coupa Xyola, qui émit un sifflement désapprobateur, faisant sortir d’entre ses lèvres une longue langue reptilienne. L’homme qui venait de parler avait beau n’être qu’un simple humain, il n’était jamais recommandé de se heurter à la présence du Maréchal Coehoorn Var Emreis, l’un des Grands Maréchaux de l’armée ashnardienne. Coehoorn avait fait ses classes, et était considéré comme un stratège hors pair, quelqu’un qui réussissait à concilier différents enjeux, et était un aussi bon militaire qu’un économiste. Il était le frère d’un conseiller impérial, Emhyr Van Emreis, qui, contrairement à Coehoorn, était un politicien avisé, soit un individu manœuvrant dans les complots, les trahisons, et les bassesses politiques. Coehoorn était un homme respecté et adulé par la population, pour les nombreuses victoires qu’il avait accompli contre les ennemis de l’Empire. Coehoorn s’avançait lentement, vers le corps de garde du château.

Il y a quelques semaines, les troupes du royaume d’Herzeleid avaient commencé à attaquer une région limitrophe, qui s’avérait être une colonie ashnardienne. Des villages avaient été brûlés, pillés, et une caserne militaire attaquée. En réponse, le gouverneur local avait demandé de l’aide aux Impériaux, et les Ashnardiens avaient contre-attaqué, repoussant l’avancée des soldats d’Herzeleid. Leurs soldats et leurs armes s’étaient heurtés aux démons ashnardiens, à des Drow pilotant des araignées géantes, à des mages nécromanciens qui invoquaient des bataillons de Draugr pour repousser les ennemis. La situation était en train de s’envenimer, et, si les Ashnardiens avaient pu repousser les ennemis hors de leur ligne, Herzeleid s’apprêtait à envoyer des renforts. Devant la puissance de leur armée, une Légion entière avait été déployée, s’implantant dans les casernes militaires de la colonie, et dressant d’énormes camps. Des cohortes de démons se dressaient ainsi, formant une redoutable armée. Trébuchets, géants, infernales armes de siège, une véritable armée s’était déployée, prête à pulvériser Herzeleid, selon les bons vieux concepts ashnardiens : tout raser, pour tout reconstruire sur des bases neuves. Naturellement, les dragons de Sylvandell avaient été déployés.

Plusieurs rapports d’espions avaient permis de savoir qu’Herzeleid était récemment arrivée sous le contrôle d’une mystérieuse femme, Alice Liddell. Les espions n’avaient pas réussi à retracer son origine, mais elle avait été couronnée Reine après la mort de sa mère. Beaucoup de soupçons portaient sur l’identité du meurtrier, et le rapport ashnardien soupçonnait que Liddell était la responsable, dans la mesure où la mort de la Reine lui avait offert le contrôle du royaume. Elle était devenue la Reine, et avait instauré un régime dictatorial et militariste répressif. Elle attaquait les royaumes voisins sans aucune distinction, et on la soupçonnait d’être démente. Les Ashnardiens s’étaient réunis. Assiéger Herzeleid serait long et difficile, car le royaume était puissant. Bien sûr, ce n’était pas impossible, mais il aurait fallu récupérer des garnisons de l’armée principale ashnardienne, celle qui se concentrait sur Nexus. Stratégiquement parlant, Herzeleid ne valait pas la peine d’affaiblir les troupes déployées contre les Nexusiens. Plusieurs Ashnardiens, dont Alice, avaient alors soutenu la possibilité d’envisager une sorte d’alliance, de pacte de non-agression. Herzeleid aurait le temps de mieux s’armer, de s’étendre, et, une fois Nexus tombée, les Ashnardiens auraient tout le temps de s’occuper d’Alice Liddell. Les Ashnardiens ne pouvaient pas laisser indemne un royaume militariste, qui constituait une concurrence directe, mais ils ne pouvaient pas attaquer sur tous les fronts.

Plusieurs gardes impériaux d’élite les accompagnaient. À la surprise des Ashnardiens, Herzeleid avait accepté l’idée de pourparlers. Tout le monde s’était attendu à ce que Liddell les refuse, ce qui aurait, de facto, bloqué la voie à une option diplomatique. Ce scénario ne s’était pas produit, et Coehoorn avait décidé de présider les pourparlers en personne. Il était accompagné de Xyola, une Ashnardienne influente, d’Alice, et d’un Commandeur, attaché à la protection de la Princesse, Zyra. Zyra était une femme survoltée, et particulièrement douée, dont le plaisir favori était de sauter entre plusieurs dragons en plein vol.

« Bon... Allons-y. j’espère juste que ce n’est pas un piège grossier. »

Alice, en toute honnêteté, l’espérait aussi. Elle aurait préféré ne pas avoir à venir, mais les Impériaux avaient insisté. On disait qu’Alice avait, dans sa robe bleue de diplomate, un indéniable talent diplomatique. Mais ça n’empêchait rien au fait qu’elle n’était guère rassurée à l’idée d’entrer dans un tel château.

*Gloups.*

197
Dictature d'Ashnard / Visite diplomatique [Irazébeth]
« le: mercredi 23 octobre 2013, 01:27:30 »
Il y a quelques semaines, le Conseil Impérial avait approuvé le choix de la Couronne sylvandine d’opter pour des négociations diplomatiques, plutôt que pour une attaque massive d’un petit royaume éloigné et en grande fragilité politique, le Royaume de Cœur. Ce royaume au nom curieux avait attiré depuis environ un mois l’œil des Sylvandins, en raison des grandes plaines fertiles qui le peuplaient. Étant un royaume montagnard, Sylvandell avait peu de terres cultivables, et l’alimentation de sa population reposait surtout sur l’importation de denrées agricoles, que le royaume obtenait généralement en attaquant des provinces éloignées, et en les soumettant à un impôt de guerre. Récemment, les agents de Sylvandell avaient eu vent de l’existence du Royaume de Cœur, qui était dirigé par une jeune femme, Irazébeth, surnommée la Reine Rouge. On la disait aussi arrogante qu’inexpérimentée, et les rapports des agents sylvandins indiquait qu’une guerre pouvait éclater à tout moment entre la royauté et les nobles, en raison de l’inexpérience diplomatique de la Reine Rouge, et de son caractère. On disait que le peuple ne tarderait pas à se soulever contre une reine ne pensant qu’à son bonheur, ou, pire, que Nexus finirait par s’y mêler.

Sylvandell avait organisé une réunion pour discuter de ce qu’il convenait de faire, sur la base du rapport fourni par le Commandeur ayant effectué cette mission. Sur la base de ce rapport, il ressortait que le Royaume de Cœur avait récemment modernisé son armée, disposant ainsi d’armes à feu, mais que les régiments de la Reine Rouge n’avaient aucune chance de s’opposer sérieusement aux dragons dorés de Sylvandell. Une option militaire était donc possible, mais le Royaume de Cœur était éloigné de Sylvandell, ce qui faisait qu’il fallait s’attendre à un élan de sympathie de la part du peuple envers leur Reine. Une autre option militaire, pour éviter un éventuel enlisement, aurait pu être de commencer par une phase de propagande, mais Sylvandell, d’une part, n’avait pas vraiment les moyens de passer des mois à diffuser des tracts et à encourager les paysans à se révolter, et, d’autre part, ne voulait pas perdre des années non plus. Les mages et les météorologistes annonçaient que l’hiver à venir serait particulièrement éprouvant, et il fallait aux Sylvandins, pour éviter une disette, une nouvelle source en approvisionnement.

Une autre option envisagée, et finalement retenue, fut donc une approche diplomatique. Le Royaume de Cœur présentait plusieurs faiblesses, notamment militaires, et Sylvandell pouvait y pallier, que ce soit en envoyant des formateurs, des armes, ou des régiments, voire même en promettant l’assistance de ses dragons si une autre contrée venait à envahir le Royaume de Cœur. Il était rare qu’une puissance souveraine étrangère crache sur la possibilité d’être protégée par une armée de dragons sauvages et meurtriers. Le long de la table des négociations, deux camps s’étaient peu à peu formés, oscillant entre l’attaque militaire et la négociation diplomatique, l’attaque militaire survenant alors en cas d’échec de la diplomatie. La tradition militaire ashnardienne suivait plutôt le chemin inverse, c’est-à-dire envahir un royaume, puis envisager ensuite de négocier, si le royaume résistait, mais toutes les tactiques méritaient d’être modernisées.

Silencieuse, Alice avait assisté aux débats. N’étant que la Princesse héritière, elle ne pouvait pas voter, mais elle avait quand même pu, parfois, s’exprimer. Elle avait affirmé que la diplomatie était une meilleure approche, plus rentable, car les habitants du royaume risquaient d’agir comme ceux d’Inferis, et voir les Sylvandins, non pas comme des libérateurs, mais comme des meurtriers venus les violer et les piller. Le vote avait finalement opté pour la diplomatie, et, comme le voulait la loi ashnardienne, la Couronne sylvandine avait envoyé une missive à Ashnard. Le Conseil Impérial avait donné son approbation, et des messagers étaient partis au Royaume de Cœur pour négocier. La Reine Rouge avait accepté.

Cette dernière était attendue dans la ville haute de Sylvandell, où un petit comité se tenait là pour l’accueillir. Sylvandell était un royaume montagnard, se découpant globalement en deux parties : les plaines, et la capitale, Sylvandell. On entrait dans Sylvandell par le biais de plusieurs ponts surplombant un fleuve. La plaine de Sylvandell se perdait entre des récifs montagneux, et comprenait quelques forêts, ainsi que des fermes, et quelques villages. Motte-la-Vallée constituait le dernier village de la plaine, bâti aux pieds d’un grand élévateur qui permettait d’atteindre la capitale. La capitale de Sylvandell était en hauteur, se découpant en deux parties : la partie basse, qui était plaquée contre une montagne, et la partie haute, en hauteur.

La Princesse était dans sa tenue de diplomate, une robe bleue courant le long de son corps, attendant depuis un plateau de la ville haute, sur une estrade en bois, l’arrivée de la Reine Rouge. Elle savait que la Reine était un peu plus jeune qu’elle, ce qui avait confirmé le choix du Conseil sylvandin d’entamer les négociations avec Alice. Tywill, son père, Roi de Sylvandell, faisait en effet un bien piètre diplomate, e til était donc préférable, à tout point de vue, que ce soit Alice qui se charge des négociations.

« Notre invitée arrive... »

Le vent faisait virevolter les cheveux de la Princesse. Elle tourna la tête, avisant la présence de l’Omniprêtre, un vieil elfe borgne qui était à la tête du clergé de Sylvandell, chargé de la religion unique de Sylvandell, vénérant le dragon d’Or. Alice était assez anxieuse. Elle savait que cette négociation était aussi un test pour elle, car elle serait un jour Reine, et il était certain qu’elle n’allait pas avoir la même vision militariste et violente que son père.

Dans le ciel, plusieurs dragons tournoyaient de temps en temps, leurs rugissements se faisant parfois entendre à hauteur de la ville.

*Je n’ai plus qu’à attendre...*

198
Les îles commerciales du Gondchire formaient un ensemble maritime assez complexe, un archipel délicat, où chaque île était souveraine par rapport aux autres, et généralement en proie à des luttes d’influence, qui se caractérisaient par des affrontements entre pirates et corsaires le long de leurs zones d’influence respective. Le Gondchire avait en effet la mainmise sur l’exploitation de ressources océaniques importantes, généralement de précieux minerais qui étaient utilisés dans la confection d’armements lourds. Ceci faisait du Gondchire une puissante indépendante de premier plan, un ensemble de royaumes maritimes qui, tout en étant généralement désunis, arrivaient fréquemment à s’unir quand des envahisseurs tentaient de les envahir. Tekhos s’y était risqué il y a plusieurs siècles, tout comme Nexus, et le Gondchire avait toujours tenu. Outre sa puissante armada, chacun des neuf rois des îles du Gondchire pouvaient se réunir sur une île centrale, une sorte de petit sanctuaire comprenant une tour magique, et, de là, utiliser un artefact magique, la Clef des Vents, qui permettait d’augmenter ou de diminuer la puissance des vents, pouvant ainsi créer d’immenses tempêtes. La Clef des Vents avait assuré la victoire du Gondchire contre tous leurs envahisseurs, le dernier en date ayant été l’Empire d’Ashnard, qui avait espéré pouvoir, grâce à ses magiciens, repoussé la puissance magique de la Clef des Vents, et assiéger les îles. Ce fut un échec consternant, qui avait forcé les Ashnardiens, comme les Nexusiens et les Tekhanes, à se lancer dans une guerre d’influence, en obtenant le soutien d’une monarchie gondchirienne contre une autre. En définitive, Gondchire devenait un complexe échiquier politique où des conflits d’intérêts internes et externes se mélangeaient, le tout pour assurer le contrôle des mines océaniques.

Quel était le lien entre le Gondchire et le fait qu’Alice se trouve dans la piscine municipale, à tâter du bout du pied l’eau, en bondissant en arrière, comme si elle craignait que l’eau ne l’agresse ? Sylvandell s’était retrouvée impliquée dans les processus impliquant Ashnard et une monarchie gondchirienne, renommée par les services diplomatiques ashnardiens « Gondchire IV ». Gondchire IV était intéressée par les dragons dorés de Sylvandell, car leurs espions avaient appris au roi de Gondchire IV qu’une autre monarchie du complexe d’îles, Gondchire VII, comptait recevoir des troupes et des armes nexusiennes, dissimulées à travers un convoi de navires de touristes, afin d’assiéger un allié de Gondchire IV, Gondchire II. L’idée était donc d’attaquer le convoi maritime à l’aide des dragons, mais, pour ça, une délégation diplomatique allait devoir aller à Gondchire IV, afin de s’assurer que le roi de cette île respecte ses obligations. Comme il s’agissait d’une île, et qu’Alice ne savait pas nager, et qu’elle avait peur de l’eau, elle s’était dit qu’il pourrait être intéressant d’apprendre à nager, de dompter sa peur de l’eau. Or, Sylvandell ne proposait pas de maîtres-nageurs, et elle se voyait mal aller à Ashnard pour apprendre à nager... Elle n’avait pas envie que des nobles ashnardiens tentent de la séduire, ou que la rumeur se répande que la Princesse héritière de Sylvandell était terrifiée à l’idée de prendre un bain un peu trop profond. Ashnard n’était pas Nexus, mais il y avait une Cour impériale, et les démons, aussi bien que les humains, adoraient papoter, et se moquer des autres. Et Alice était déjà assez mal vue au sein de l’Empire pour avoir épousé une esclave.

À défaut, Alice avait donc décidé d’apprendre à nager sur Terre. Elle y était depuis plusieurs mois, depuis qu’elle s’était mariée avec Sakura, et qu’elle avait appris que sa femme venait de Terre. Comme une Princesse se devait d’être curieuse, elle avait décidé de se renseigner sur ce monde, notamment pour comprendre ce curieux concept de démocratie, dont on entendait tant parler à Nexus. De nombreux rapports ashnardiens sur les activités révolutionnaires à Nexus mentionnaient en effet le fait que bon nombre de révolutionnaires ne voulaient pas de la monarchie, ni d’Ashnard, mais d’une démocratie, en pensant que ce système serait plus égalitaire, et permettrait d’avoir des dirigeants qui songeraient au bien-être de la population avant de satisfaire la classe dirigeante d’où ils étaient issus. Ce genre de débats passionnait la Princesse, qui avait après tout grandi au sein des livres, et avait donc justifié le fait qu’elle se fasse passer pour une lycéenne. Ainsi, elle pouvait entrer dans un lieu de savoir, et brandir sa petite carte étudiant quand elle se rendait aux bibliothèques.

Elle était hébergée par une amie assez intime, Mélinda Warren. Cette dernière assurait un rôle à Sylvandell : elle était chargée de l’éducation des prisonniers de guerre que Sylvandell faisait, et en ramenait une partie au royaume, afin de servir, soit comme majordomes, soit comme fermiers, conservant le reste pour elle, soit pour son propre harem, soit pour les vendre. Cette pratique avait toujours choqué Alice, même si Mélinda l’avait assuré qu’elle ne maltraitait pas ses esclaves, et qu’elle s’assurait de les revendre à des individus qui n’étaient pas des tortionnaires. Cependant, Mélinda avait une telle propension à mentir qu’Alice doutait parfois que tout soit aussi angélique que ça... Néanmoins, elle avait pu constater, à maintes reprises, que les esclaves terriennes de Mélinda n’avaient pas l’air spécialement malheureuses.

« Ce maillot moule plutôt bien tes fesses... »

Alice sursauta, arrachée de ses pensées, et se retourna. Mélinda était derrière elle. La vampire faisait à peu près la même taille qu’Alice, et arborait un léger sourire. Elle lui avait donné un maillot de bains 1 pièce en lycra. Alice se sentait assez serrée dans un tel uniforme, et porta instinctivement la main à ses fesses, sur la lanière du maillot.

« Ça... Ça me serre..., avoua-t-elle confusément, les joues légèrement empourprées.
 -  Ah oui ? Ça, c’est parce que tu n’as pas l’habitude de porter des vêtements comme ça... »

La Princesse portait en effet plutôt des robes. Elle regarda autour d’elle. La piscine municipale avait vraiment de grands bassins, si profonds qu’Alice n’osait même pas s’y aventurer. Quand elle était venue voir Mélinda pour lui demander des cours de natation, elle avait craint que Mélinda ne lui rie au nez. Curieusement, Mélinda avait immédiatement fait le rapprochement avec le Gondchire, signe que la vampire, tout en ne travaillant pas directement dans l’administration impériale, avait ses sources. Elle lui avait alors présenté l’une de ses filles, Ayumi Nasegawa, la « Sirène de Mishima ». Une nageuse très douée. Mélinda avait espéré qu’Ayumi puisse la former. Les deux filles s’étaient intimement rencontrées, puisqu’elles avaient fait l’amour (ce qui restait relativement normal dans l’entourage de Mélinda), et Ayumi lui avait conseillé de se rendre à un club de natation, en lui disant que Sakura s’y était aussi rendue. L’idée de se rendre dans un endroit où sa femme avait été excitait doucement Alice, et Mélinda s’était finalement chargée de l’introduire, après quelques leçons sommaires d’Ayumi pour apprendre à Alice à ne pas couler comme une pierre.

Le principal problème d’Alice était sa peur innée de l’eau, un peu comme une phobie. C’était lié à sa nature. Les dragons, sauf les dragons aquatiques, n’aimaient pas l’eau, car ils s’y engluaient. Le dragon dominait le Ciel, pas la Mer. Mais un humain se devait d’être polyvalent. Alice devait se sacrifier pour les intérêts de son pays, car les ressources minières du Gondchire permettraient d’améliorer l’équipement sylvandin, ce qui n’était pas négligeable.

C’est donc ainsi que les deux femmes se tenaient dans la pièce principale de la piscine municipale, Mélinda dans le dos d’Alice. Si Alice avait un maillot de bains bleu, Mélinda, elle, en avait un qui était vert, comme la couleur de ses yeux. Mélinda s’était inscrite au club en même temps qu’Alice. Comme elles étaient toutes les deux lycéennes, elles pouvaient le faire, et, contrairement à Alice, Mélinda savait nager.

*N’empêche que j’ai peur...*

Agenouillée sur le rebord, ses mains en appui, sa tête était penchée au-dessus de l’eau... Ça avait l’air terriblement profond ! Le bout de plusieurs mèches de ses longs cheveux trempait dans l’eau, et elle se rapprochait lentement, relevant ses fesses... L’appel était irrésistible, et Mélinda, qui avait parfois tendance à être très espiègle, se rapprocha rapidement, et posa un pied sur les fesses d’Alice, la poussant.

« Hîîîî !! » s’exclama l’héroïque Princesse.

*PLOUF !*

Mélinda resta sur le rebord, se disant que, si Alice ne remontait pas, elle irait la chercher... À moins que quelqu’un d’autre ne se dévoue. Mélinda plongea donc à son tour, afin de pouvoir l’empêcher de se noyer si jamais Alice, ce qui était fort probable, se mettait à paniquer.

199
Archives / Don de compte : Anna Mercury
« le: dimanche 20 octobre 2013, 20:20:21 »
Bonjour à tous :)

J'écris ce topic un peu particulier pour vous faire part de mon intention de donner l'un de mes comptes à toute personne éventuellement intéressée. Il s'agirait d'Anna Mercury, personne qui ne me motive plus, et qui est à l'abandon depuis... Quelques mois, environ.

Si ce personnage vous intéresse, n'hésitez pas, soit à poster ici, soit à me contacter par MP, de préférence sur mon compte principal (Alice Korvander). La demande sera close dès que j'aurais trouvé un preneur. Autrement, Anna restera abandonnée dans un placard jusqu'à ce que quelqu'un la veuille.

Je vous remercie de l'attention que vous porterez à cette demande !

200
La sonnerie mit fin au dernier cours, et Alice se leva, en étouffant un bâillement. Plus elle assistait aux cours, plus elle se disait que la Terre était un monde curieux, étrange, fascinant. La Princesse de Sylvandell rangea ses affaires, les mit dans son petit sac, et se rhabilla. L’automne s’abattait sur Seikusu, et il y avait une vague de froid dehors. Elle portait donc une tenue adaptée, comprenant une écharpe, qu’elle enfila autour de son cou. Alice se dirigea vers la sortie, décidée à retourner voir Mélinda, puis à retourner chez elle, sur Terra. Elle avait passé toute une journée sur Terre, mais elle ne devait pas oublier qu’elle restait avant tout la Princesse héritière. Le jour où son père mourrait, et où elle prendrait sa place, elle ne pourrait plus aller à sa guise sur Terre pour se renseigner sur le monde natal de sa femme. Par conséquent, elle comptait bien en profiter un maximum... Heureusement pour elle, elle avait comme amie sur Terre Mélinda Warren, une esclavagiste qui entretenait des relations commerciales avec Sylvandell. Mélinda lui avait permis de s’inscrire au lycée, de se faire passer pour une lycéenne, et d’avoir un toit sous lequel elle pouvait dormir. Alice était donc ravie.

Elle sortit de la salle, et retint un bâillement étouffé. La foule se diluait peu à peu, et elle entreprit de sortir un objet que Mélinda lui avait acheté il y a quelques semaines : un téléphone portable. Pour Alice, une Ashnardienne, ce genre d’objets était très difficile à comprendre. L’écran numérique la fatiguait rapidement, mais elle devait prévenir Mélinda qu’elle rentrait. Cependant, le temps qu’elle se mette à écrire, le couloir avait bien diminué, mais elle avait réussi à l’envoyer... Plus rapidement que la dernière fois, ce qui esquissa un sourire sur ses lèvres.

*Encore un peu, et je vais finir par devenir la reine des textos !*

Alice remit le portable dans son petit sac à main, et s’avança lentement. Elle se rapprochait de l’escalier quand elle entendit des bruits dans un couloir sur sa droite.

« hey ! Mais c’est notre chère blonde adorée ! »

Alice fronça les sourcils. Il y avait trois garçons qu’elle reconnaissait. Aki, Chigiru, et Kanji. Chigiru était le chef de ce petit trio, et elle les connaissait de réputation. Ils étaient de mauvais garçons, des gosses de riches, des nantis, dans tout ce que le terme avait de détestable. Ils avaient des valeurs traditionnelles, et détestaient Mélinda.

« Je... Je dois rentrer chez moi, les garçons... »

La Princesse n’avait pas trop envie de leur parler, mais Aki s’interposa, se plaçant entre elle et l’escalier, la faisant sursauter.

« Laisse-moi pas...
 -  Ne sois pas si pressée, voyons... Nous ne sommes pas des garçons de bonne compagnie, peut-être ? »

Alice entendit les autres ricaner. Mains dans les poches, Chigiru s’avança. Ils avaient tous la vingtaine, et Alice savait, grâce à Mélinda, qu’ils venaient d’écoles privées. Ils avaient été rejetés, et avaient donc rejoint l’école publique, ce qui était une honte pour leurs parents. Ils portaient d’élégants blazers par-dessus leurs uniformes, avec de belles cravates.

« À moins que tu ne préfères aller voir cette fille, là... Cette Warren... »

Le ton était méprisant. Beaucoup d’élèves du lycée n’aimaient pas Mélinda, qui était aussi belle que hautaine, et se faisait généralement remarquer en se moquant des autres, ou en contestant ouvertement l’autorité des professeurs. Alice fronça les sourcils, irritée.

« Mais laissez-moi passer !
 -  Pour que tu ailles te faire sauter par cette nana, hein ? Tu sais, on raconte des trucs très louches sur elle... Qu’elle ne serait... Pas humaine...
 -  Peut-être qu’on devrait te montrer ce que c’est vraiment, que d’être un homme, hein... Tu es tellement curieuse, je sais bien que ça te ferait plaisir. »

Alice n’aimait pas du tout la tournure que cette conversation était en train de prendre, et se mit à rougir. Ces trois types étaient aussi arrogants qu’idiots, et elle se mit à espérer qu’Oberyn, le Commandeur chargé de sa protection, n’était pas loin, prêt à attaquer. La Princesse n’allait toutefois pas se laisser intimider par de simples types, et fronça les sourcils, en adoptant un ton autoritaire :

« Vous allez me laisser, maintenant ! »

Aki fronça les sourcils à son tour, mécontent... Et gifla Alice. La claque fut plus surprenante que douloureuse. Alice cligna des yeux, ne s’y attendant pas. Une belle main s’abattit de manière magistrale sur sa joue, et elle poussa un petit cri, avant de se tenir la joue, rouge et endolorie.

« Et toi, la gaijin, tu vas apprendre à nous parler sur un autre ton, okay ? »

201
Dictature d'Ashnard / Une puissante bête [William Miller]
« le: dimanche 11 août 2013, 21:25:38 »
Une véritable clameur régnait dans l’Arène de Sylvandell.

« À MORT !!! À MORT !!! À MORT !!! »

Entendant l’appel de son peuple, depuis sa tribune, le Roi de Sylvandell, le redoutable Tywill Korvander, colosse hirsute, leva la main, intimant le silence. La requête du peuple était sans appel. En contrebas, à cinq ou six mètres, sur le sable chaud de l’arène, deux gladiateurs s’affrontaient. L’un des deux était à terre, son bras droit formant un angle bizarre avec le reste de son corps. Son adversaire le lui avait brisé, et les deux adversaires se toisaient silencieusement, le gagnant attendant le verdict du public : la mort, ou la défaite. Et le public avait choisi la mort. Se redressant donc, le Roi de Sylvandell leva la main, et le silence s’imposa.

« Ainsi soit-il dit. Il ne sera pas dit que le pouvoir royal n’écoute pas les demandes de son peuple. »

Le ton de Tywill se durcit encore, et il parla sur un ton bien plus fort, sur ce ton qui faisait de lui l’un des plus redoutables commandants de guerre ashnardiens, en brandissant dans les airs le Marteau de Guerre de Sylvandell, un énorme marteau doré qui servait d’arme de combat.

« À mort ! À mort, à mort, au nom d’Erwan Korvander ‘‘le Maudit’’, à mort au nom des dragons ! Vae Victis ! »

Il y eut une véritable ovation, et le marteau se mit à trembler dans les doigts gantés du Roi. Il portait son épaisse armure noire, et le marteau se mit à luire. Alice, assise à côté de lui, ressentit comme toujours un frisson la parcourir, en voyant la magie exploser dans le Marteau de Guerre. On disait que seul un Korvander pouvait utiliser cette arme. Un simple mortel, même un magicien, ne pourrait jamais révéler toute l’étendue de son pouvoir. Le Marteau agit, et un éclair en jaillit. Alice voyait le gladiateur à terre lever la tête. Implorait-il la pitié ? Ou savait-il quel serait son sort ? Attendait-il la mort avec sérénité, ou avec inquiétude ? Ces pratiques étaient barbares, païennes, Alice le savait, tout comme elle savait que, quand elle serait Reine, elle ne pourrait jamais fermer l’Arène de Combat, vu sa popularité, et vu l’argent qu’elle rapportait.

Du Marteau, un éclair doré jaillit, illuminant la foule, et frappa de plein fouet le malheureux gladiateur. Il y eut comme une virulente explosion. Le casque du gladiateur s’envola dans les airs, atterrissant sur le sable, tandis que ce dernier s’écrasa sur le sable, sa carcasse noircie laissant échapper de la fumée. Toute sa peau avait fondu, ses yeux avaient explosé, et plusieurs gardes s’approchèrent. Sous les hurlements hystériques de la foule, on traîna la carcasse pulvérisée, pour la balancer ensuite dans le vide, où les dragons la dévoreraient. On pouvait voir ses os. Le Marteau avait tonné, et Tywill se rassit lourdement.

« Il en faut peu pour amuser tous ces blaireaux, commenta Tywill. Je leur sors toujours le même tort, et les pucelles continuent à pisser dans leurs culottes. »

Alice ne dit rien. Un jour viendrait où ce sera à elle de tenir ainsi ce Marteau. Y arriverait-elle ? Elle était à droite de Tywill, et, sur sa gauche, il y avait le fidèle conseiller de Sylvandell, l’Omniprêtre.

« Ces compétitions sont très lucratives, Tywill, et Erwan Korvander avait toujours voulu les intégrer de son vivant.
 -  Ne me rabâchez pas un cours d’Histoire, pitié ! Et qu’on fasse entrer le prochain candidat ! »

C’était une session spéciale, aujourd’hui. Différents gladiateurs se succédaient pour affronter un champion des arènes, Balanthorn-Le-Bourreau. Son corps massif était impressionnant, et il avait gagné des centaines de combat. Ceux qui parvenaient à terrasser Balanthorn recevraient une récompense Le dernier en date était un condamné à mort qui avait espéré obtenir grâce, avant de se faire massacrer par le redoutable Balanthorn.

Le public se mit à hurler le nom de Balanthorn, en attendant la venue du prochain candidat.

« BALANTHORN ! BALANTHORN !! BALANTHORN !! BALANTHORN !! »

C’était un véritable plébiscite.

202
Complements de script / [Histoire] La Guerre Civile du Roi Cramoisi
« le: samedi 15 juin 2013, 10:56:28 »

« Gloire au Roi Cramoisi ! »

Affiche de propagande ashnardienne interdite »)

« Votre première fois, hein ? Essayez de les ignorer, ne prêtez pas attention aux cris. Et félicitez-vous de pouvoir en cauchemarder cette nuit, c'est le signe que vous êtes toujours en vie... Et, avec un peu de chance, le réveil vous permettra d'oublier. »

Le Maréchal Jöder s'adressant à son second »)




I - CONTEXTE

A) La mort de Sézékiel VII

Il y a environ 200 ans, l'Empire d'Ashnard n'était déjà plus cet État obscur et éloigné, perdu dans un désert, de l'autre côté un continent, un État que les Nexusiens ne voyaient pas, et qui n'avaient, pendant des siècles, représenté aucun intérêt. Cependant, la multiplication des agressions ashnardiennes, sa progression le long du continent, les nombreux royaumes qui sont assujettis au rouleau-compresseur de son armée, amènent Ashnard à sortir de l'ombre pour devenir une puissance militaire impériale, aux ambitions hégémoniques. De nombreuses caravanes nexusiennes sont attaquées par des démons ashnardiens, et des partenaires commerciaux de la cité-État sont envahis par les Ashnardiens.

Ashnard ignore alors la défaite. Son armée, invincible, massacre tous les adversaires, tous ceux qui osent remettre en doute sa marche. Ashnard est alors dirigé par un Empereur clairvoyant, un stratège, qui règne avec l'aide de puissantes familles impériales, prenant des décisions en accord avec le Conseil Impérial. Ce sentiment d'omnipotence est renforcé par l'incapacité des troupes nexusiennes de venir en aide à un royaume allié, qui a été sauvagement pillé par les Ashnardiens. Les Nexusiens avaient en effet du traverser tout le continent, affrontant des intempéries, des hordes de monstres, qui ont dispersé leurs troupes, qui se sont faits mettre en pièces. Aujourd'hui encore, les chroniqueurs relatent ce fantastique massacre dans un long canyon désertique, où la principale armée nexusienne a été piégée dans le canyon, acculée entre des loups-garous, des centaines d'archers, et les dragons de Sylvandell. Cette bataille, connue comme la bataille du Canyon de Rougegorge, fit de l'actuel Empereur, Sézékiel VII, un Empereur adulé parmi ses sujets. Dans ses discours, Sézékiel VII promettait à ses sujets et à ses vassaux d'annexer Nexus, et ainsi de contrôler le cœur et l'île du monde. 

Sézékiel VII avait mis sur place une immense armée pour envahir Nexus. Ayant perdu bien trop d'hommes, Nexus était désemparée, et tous comptaient sur une victoire rapide. Malheureusement, Sézékiel VII mourut. Les circonstances réelles de sa mort ne furent jamais clairement élucidées, et les théories les plus en vogue considérèrent actuellement qu'il a été supprimé par des familles rivales, qui avaient été agacées de la hausse des impôts que Sézékiel VII avait décrété pour financer la guerre contre Nexus.

B) La succession de Sézékiel VII

Depuis la création de l'Empire, il existe deux espèces majeures, qui sont à l'origine de ce dernier : les démons, qui ont apporté la magie, et la force brute, et les humains, qui ont fourni les esclaves, les matières premières, la main d'œuvre, et l'arsenal juridique et intellectuel nécessaire à la fondation et à la préservation d'un Empire millénaire. La succession au trône voit ainsi toujours un affrontement régulier et constant entre les principales maisons humaines et démoniaques ashnardiennes.

Les successions furent remportées par l'un des principaux clans d'Ashnard de l'époque : le clan des Aballah. Représenté par Ram Aballah, les Aballah disposaient de tout un fief se trouvant à l'extrémité orientale de l'Empire, et leur représentant, Ram Aballah, surtout « Seigneur des Araignées », était connu pour être un guerrier de légende. Ram Aballah fut donc intronisé nouvel Empereur d'Ashnard.

II - LA GUERRE CIVILE

A) Le règne de l'Empereur Fou

Quand l'Aballah arriva au pouvoir, il entreprit de dissoudre le Conseil Impérial, estimant que cette institution avait une influence trop forte au sein de l'Empire. La cour de l'Aballah se déplaça ensuite pour s'installer au cœur d'Ashnard, et l'Empire passa assez rapidement de la dictature au totalitarisme. Un totalitarisme barbare, sanguinolent, où d'immenses purges furent organisées dans tout l'Empire. Deux siècles après, on conte encore les atrocités qui furent commises par l'Empereur Fou, qu'on surnomma le Roi Pourpre, l'Écarlate, ou encore le Roi Cramoisi. Tous les nobles eurent pour obligation de siéger continuellement dans la capitale, afin que l'Empereur puisse veiller sur eux. Continuellement, il commettait de sinistres tueries, en arguant que tel ou tel noble voulait le trahir, sans même chercher de preuves. Esclave, soldat, noble, nul n'avait d'importance aux yeux de l'Écarlate, qui avait transformé les douves impériales en lacs de sangs, jonchés de cadavres, des corps étant empalés et dévorés par les corbeaux et les araignées dans toute la ville. Des corps pendus flottaient le long des créneaux, et la seule cour du Roi Cramoisi se résumait à des milliers d'araignées qu'il lâchait sur ceux qui l'importunaient, pour les plus chanceux. Les plus malheureux étaient enfermés dans le "nid" du Roi Cramoisi, où ils étaient progressivement digérés par ce dernier, mettant des années à mourir.

Nexus ne devint plus une priorité pour l'Empereur, qui envoya des légions entières dans tous les coins de Terra, à la recherche d'objets, d'artefacts. Aujourd'hui encore, le but de ces expéditions n'est pas toujours clairement établi, et c'est de cette époque que la réputation d'Empire du Mal se concrétisa, les troupes ashnardiennes ignorant la pitié, et n'hésitant pas à opprimer les peuplades qu'ils allaient voir. Les militaires et les nobles vivaient constamment sous la terreur d'être un jour appelés à l'heure du déjeuner... Car, à l'heure du déjeuner, le Roi Cramoisi prenait sa véritable apparence, celle d'une énorme araignée-garou, et déchiquetait lentement ses victimes, faisant preuve d'un talent inné. Leurs hurlements se répandaient dans toute la ville, comme un rappel constant. De plus, le Roi Cramoisi étant perpétuellement relié à ses araignées, il n'avait aucun mal à espionner la vie privée de ses sujets, les araignées pouvant, après tout, facilement s'infiltrer dans une maison. Le désert enveloppant Ashnard s'était transformé en un gigantesque charnier, les séides du Roi Pourpre balançant et empilant les cadavres, attirant la nuit de sinistres créatures nécrophages, qui se repaissaient de leurs chairs, ainsi que celles des vivants.

B) Le Conclave de Braun

Ne pouvant supporter cette situation, de nombreux nobles et autres barons se regroupèrent entre eux, envisageant progressivement de faire ce qui semblait alors impensable pour n'importe quel Ashnardien : se révolter. Les raisons des insurgés étaient nombreuses et variées, mais, parmi toutes ces raisons, il y en avait une qui les liait tous. Tous en avaient assez des déjeuners sinistres de l'Empereur, et ils décidèrent finalement de se réunir dans la maison de Lord Braun pour envisager une révolte. Le Conclave de Braun eut ainsi lieu, et consista en un vote qui aboutit à la restauration du Conseil Impérial. Un argument juridique développé par le Conclave fut de considérer que, à l'origine de l'Empire, un conseil fut établi pour orienter l'Empereur, alors un démon, afin de le conseiller. L'Enfer étant un lieu de perpétuelle anarchie, ce conseil se justifiait pour éviter qu'Ashnard ne sombre rapidement dans la violence.

Parmi les familles et les clans ayant signé le Manifeste du Conclave de Braun, on trouve, outre les Braun, le clan démoniaque de Kalleygh, connu pour ses nombreux Lycans et autres créatures infernales, et la glorieuse famille d'Adalcine, sans compter quelques personnalités, comme l'Archimage Vatarys, ou le Maréchal Jöder. L'Ordre Immaculé eut également une forte influence au sein du Conclave, le Roi Cramoisi ayant banni toute forme de religion.

Le Conclave de Braun fut rapidement découvert par l'Aballah, et plusieurs familles lui apportèrent rapidement son soutien. Il y eut notamment les Var Emreis, une famille d'humains très ancienne, puisque son arbre généalogique remonte aux origines de l'Empire, ou encore les Warren. Les différentes maisons des nobles ayant signé le Manifeste furent assiégés par les troupes du Roi Pourpre, mais ces derniers étaient déjà partis.

C) La chute du Roi Cramoisi

Le conflit dura un certain nombre d'années. Si Nexus n'avait pas été aussi affaiblie, sans doute les Nexusiens auraient-ils pu en profiter pour achever Ashnard. Les insurgés fondirent sur les places fortes des soutiens de l'Aballah. Ils étaient en nette infériorité numérique, car l'essentiel de l'armée restait fidèle à l'Empereur. Ils réussirent, dans les premiers mois, à obtenir quelques victoires, en prenant de solides forts, mais manquaient d'organisation, et de stratèges militaires. Jöder, qui était le seul véritable stratège de cette armée, fut en effet capturé par les troupes loyalistes, quand elles reprirent un fort militaire. Il ne connut pas une fin heureuse.

Après quelques actions éclatantes, les insurgés, qui avaient espéré une révolte générale de la part des vassaux, et même d'autres grandes maisons restées neutres, se retrouvèrent dans une situation précaire. Les forts et les villes qu'ils avaient pris ne pouvaient être tenus, et tous craignaient bien trop l'Œil du Roi Cramoisi pour oser le défier ouvertement. Les insurgés choisirent alors une autre approche, et se lancèrent plutôt dans la guérilla, en essayant d'augmenter leur soutien. Envoyant des agents dans les villes, se réfugiant dans les colonies et les royaumes périphériques, ils essayaient d'encourager les nobles à la révolte, en finançant la rébellion. Cependant, les vassaux ne croyaient pas trop aux chances des insurgés, devant l'omnipotence du Roi Pourpre. Il leur fallait un exemple, une action forte. Les insurgés décidèrent alors de s'attaquer à un endroit symbolique, un pari audacieux : la forteresse légendaire des Var Emreis, Hildegarde.

Pour prendre le fort, les insurgés firent croire à une diversion, qui amenèrent les Emreis à envoyer une partie de leurs armées ailleurs. Grâce à l'aide d'agents infiltrés, les insurgés parvinrent à passer par des poternes discrètes, et, au cours d'une mission d'infiltration, ouvrirent les portes aux renforts. Les défenseurs, pris par surprise, furent tous massacrés, et Hildegarde fut prise par les rebelles.

Cependant, les Emreis apprirent rapidement qu'Hildegarde était tombée, et se mobilisèrent. Leur armée retourna vers le fort, et l'assiégea. Pour les insurgés, le siège d'Hildegarde fut décisif, car ils n'étaient alors plus perçus que comme quelques poches de résistance désorganisées, qui, par miracle, avaient réussi un exploit. Les insurgés se défendirent, et parvinrent à tenir deux semaines, avant que, du ciel, des renforts providentiels n'arrivent. Des dizaines de dragons s'abattirent sur les camps des Emreis, les brûlant, incendiant les armes de siège, les tentes, carbonisant les soldats. Le long de la plaine en contrebas d'Hildegarde, on assiste à un spectacle magnifique : des milliers de torches humaines, formant un brasier colossal, alimenté par les centaines et les centaines de tentes qui brûlaient, les hurlements sonnant comme une merveilleuse mélopée aux oreilles des insurgés. Dans la périphérie, les insurgés avaient trouvé un soutien auprès du royaume de Sylvandell, un petit État militarisé connu pour avoir de redoutables dragons.

Le siège d'Hildegarde fut gagné par les insurgés. Les Emreis capitulèrent, et, en moins d'une semaine, les insurgés partirent à l'assaut. Les Emreis formant l'une des plus puissantes familles ashnardiennes, leur chute sonna l'inversion du conflit. Les vassaux les rejoignaient, et, en quelques années, les insurgés parvinrent aux portes de la capitale, où ils découvrirent le plus sinistre des spectacles.

La capitale toute entière avait été massacrée. Il n'y avait plus un seul survivant. Dans un accès de rage et de démence, le Roi Cramoisi avait tué tout le monde, y compris ses propres troupes. Il ne restait plus que des morts, partout, à perte de vue, remplissant les collines. Le Roi Cramoisi, lui, était retourné dans son domaine.

III - LES CONSÉQUENCES DE LA GUERRE CIVILE

A) L'équilibre des pouvoirs au sein d'Ashnard

De ce conflit sanglant, il y eut, comme dans toute guerre, des gagnants, et des perdants. L'autonomie politique de Sylvandell fut accrue, tandis que plusieurs puissantes familles furent intégralement massacrées et dépossédées, afin de financer la reconstruction de l'Empire. Ce fut le cas des Warren, qui furent tous tués, et dépossédés de tous leurs biens, à l'exception d'une fille. Les Var Emreis furent lourdement appauvris et discrédités. Ils durent payer de lourdes taxes, mais réussirent progressivement à reprendre leur influence au sein de l'Empire, jusqu'à avoir aujourd'hui un conseiller impérial.

Le Conseil Impérial fut institué, la ville d'Ashnard fut nettoyée, et, pendant un mois, on brûla sans relâche les cadavres laissés par l'Empereur fou. D'immenses fournaises brillaient dans la nuit, alors que le feu ne semblait jamais devoir s'arrêter. Cette guerre donna principalement lieu à un affaiblissement de la légitimité de l'Empereur, qui ne fut plus perçue comme invincible. On en ressentit encore les conséquences quand Mordred mena une rébellion similaire pour tuer son père, contribuant à affaiblir le pouvoir impérial.

Le domaine des Aballah fut arraché du territoire ashnardien, considéré comme une zone de non-droit. Bien sûr, les Ashnardiens envoyèrent des contingents pour appréhender le Roi Cramoisi, mais nul ne revint. Ceci contribua à créer une légende, celle de l'Œil du Roi Cramoisi.

B) La Secte de l'Araignée


Les terres de l'Aballah sont désormais connues sous le nom de Malterres de la Discorde, et se composent de plusieurs endroits :

  • Fedic. Fedic est la ville frontalière entre Ashnard et les Malterres. C'est une petite ville fortifiée comprenant un gouverneur, un château, et qui surveille les Malterres de loin, transmettant continuellement des rapports d'activités au Palais Impérial. Avant, les autorités de Fedic envoyaient des agents dans les profondeurs des Malterres, mais, comme ces agents ne revenaient jamais, leur patrouille a été limitée au monastère des Blood Brothers. À partir de Fedic, il existe une ancienne route, désolée, qu'on appelle "King's Way" ;
  • Monastère des Blood Brothers. Les Blood Brothers sont un ordre de moines guerriers ashnardien qui ont établi aux frontières des Malterres un monastère, le dernier signe de civilisation.
  • Tonnefoudre. Tonnefoudre est une ville-fantôme, qui constituait jadis la préfecture, et qui est maintenant une grande ville désolée. Elle a été désolée par des sorts de magie noire de pestilence, qui ont tué tous les habitants de la ville, en faisant un lieu particulièrement dangereux, où la toxicité de l'air y est forte.
  • Château Discordia. Château Discordia est un imposant fort, en plein milieu des Malterres de la Discorde. C'est un grand château se découpant en deux parties : le château extérieur, et le château intérieur.
  • Casse-Roi russe. Le Casse-Roi russe est un immense château au fin fond des Malterres. Il est relié au sol par d'énormes chaînes de fer noires, au sommet d'une montagne qui semble flotter dans les airs. Au sol de la montagne, on trouve une petite ville sinistre, Castel-Town, un village aux rues étroites, avec des rivières affreuses, et un petit fort, en contrebas, qui permet d'atteindre les grottes menant à la seconde partie du château, en hauteur. Cette seconde partie abrite le trône du Roi Cramoisi, et son "cocon".



Dans l'ensemble, les Malterres sont un lieu particulièrement inhospitalier, d'où personne ne revient. Cet endroit est le lieu de nombreuses légendes, les plus fantaisistes disant que les Malterres protègent l'accès, derrière les épaisses montagnes du Casse-roi russe, à un océan, dont ne peut accéder que par les Malterres. Il y aurait, devant cet océan, un champ de roses rouges éternelles, Can'-Ka No Rey, et, au milieu de ce champ, une tour sombre qui n'a jamais été bâtie par les hommes. Ces légendes n'ont encore jamais été confirmées.

Le Seigneur des Araignées, s'il est toujours en vie, fait de plus en plus parler de lui. À Fedic, une secte est née il y a vingt ans, se réclamant du Roi Cramoisi. On la reconnaît à ce logo qu'elle trace dans les rues, représentant l'Œil du Roi Cramoisi. Cette secte s'est également fait connaître pour avoir procédé à des rituels sacrificiels, en massacrant des fermiers, des vagabonds, et se répand dans Ashnard. La secte profite en effet du courant de mécontentement qui traverse l'Empire, enlisé dans son conflit avec Nexus, et de la crise de légitimité impériale, pour augmenter son influence, et on a déjà pu recenser des crimes sacrificiels dans Ashnard lui-même. On ignore qui est derrière cette secte. Pour les uns, ce serait le Roi Cramoisi en personne, dominant sa secte depuis l'abominable palais du Casse-Roi russe. Pour d'autres, ce ne serait que quelques fanatiques isolés.

SOURCES

  • Stephen King, « La Tour Sombre » ;
  • G.R.R. Martin, « Le Trône de Fer » ;
  • J.R.R. Tolkien, « Le Seigneur des Anneaux » ;
  • Andrzej Sapkowski, « La Saga du Sorceleur » ;
  • Complément de script sur la société ashnardienne ;
  • Fiche de Mordret Vilcius.

203
« Approchez, approchez ! Regardez ces muscles saillants, cette ossature ! Tipus est un gladiateur de l’Arène de Sylvandell ! C’est une offre rare ! Vous avez besoin d’un garde du corps ? Tipus saura protéger vos personnes et vos biens ! »

En compagnie de plusieurs gardes, ainsi que d’un Commandeur, reconnaissable à son armure noire, la Princesse de Sylvandell avançait le long des stands de la foire mensuelle de Sylvandell. Chaque mois, une foire ordinaire avait lieu, réunissant divers commerçants, chacun proposant des biens différents : des armes, de la nourriture, des vêtements, des bijoux... Et des esclaves, naturellement. Si ce sujet faisait grincer des dents, Alice se devait de rester fidèle à la tradition sylvandine. Sylvandell avait toujours été un royaume guerrier, qui attaquait les royaumes les plus faibles, soit pour les rançonner, soit pour les piller. Le royaume faisait donc des prisonniers de guerre, qui devenaient des esclaves. C’était dans la logique des choses, et l’esclavage était un revenu économique important pour le royaume. Ainsi, même si la femme d’Alice était une ancienne esclave, et donc fortement opposée à l’esclavage, la Princesse se devait d’appliquer la loi... Et, même outre cela, Alice n’était pas aussi farouchement opposée à l’esclavage que sa femme, se disant qu’il valait bien mieux que des individus ayant tout perdu soient hébergés et nourris par quelqu’un, plutôt que de finir dans les forêts. C’était, en quelque sorte, un moindre mal.

La Princesse avançait parmi les stands, portant une robe blanche fine, de longs gants blancs, un collier avec un pendentif en forme de dragon, et des bottes blanches, ainsi que des collants. La blancheur était la couleur qui lui allait le mieux. Elle vit, sur sa droite, un commerçant qui vendait essentiellement des produits maritimes : poissons, solutions aphrodisiaques à base d’algues, sauces, et différents fruits de mer, comme des crevettes, des huîtres, des moules... Ainsi que des crabes. Alice s’arrêta un peu. Elle n’avait pas souvent l’occasion, dans son royaume montagnard, de manger de la nourriture maritime, et commanda donc un peu de saumon, ainsi que des crevettes.

« Avec plaisir, Votre Grâce ! » s’enthousiasma le marchand.

Alice lui sourit, et se retourna un peu, croisant les mains dans son dos. Il faisait très beau, dehors. Un grand ciel bleu, avec quelques nuages gris parsemés ici et là. Les foires avaient lieu sur les hauts-plateaux de la ville haute de Sylvandell, là où il y avait de la place pour organiser de tels évènements. Généralement, il y faisait plutôt froid, à cause du vent, et de la hauteur, mais les nombreuses tentes et autres échoppes assuraient des protections. Il y avait beaucoup de monde venant aux foires, que ce soit des sujets sylvandins, ou des habitants proches. Cependant, cette activité ne valait pas celle de la grande foire annuelle, où il y avait aussi des troubadours, tandis que cette grande foire s’étalait, non pas sur quelques jours, mais sur toute une semaine.

La Princesse récupéra ses biens, et s’avança un peu... Jusqu’à ce que son regard soit capté par une série de personnes dans des cages, et par un petit attroupement devant eux. Ils étaient sur une estrade en bois, et son regard fut attiré par une très belle neko, qui avait visiblement été solidement nettoyé, et portait pour seuls vêtements un soutien-gorge et une culotte verts sombres, ainsi que plusieurs nœuds papillons dans ses longs cheveux brossés. L’esclavagiste, qu’Alice connaissait, était un Ashnardien. Il était le représentant d’un des grands esclavagistes d’Ashnard. Croisant les bras, Alice observait l’homme. Il avait une laisse autour de la main, qui était reliée au cou de la neko, et la présentait.

« Cette belle petite perle braconnait dans la ferme d’un honorable citoyen ashnardien, avant que la garde ne l’arrête. Je l’ai racheté aux soldats, mais je pense que vous lui trouverez plus d’utilité que dans les champs de coton ou de maïs ! »

Il ne faisait pas dans l’esclavage sexuel.

« Comme vous êtes beaucoup, le mieux me semble de faire une petite vente aux enchères, avec une base de... 3 500 pièces d’or ! »

Alice eut un léger sourire.

*Qu’est-ce qu’elle est mignonne !*

Père n’aimait pas les nekos qu’Alice ramenait de temps en temps, mais cette dernière avait clairement le sentiment qu’elle allait encore faire un caprice !

204
Dictature d'Ashnard / Rencontre avec une Lamia [Cassandra Koldya]
« le: vendredi 12 avril 2013, 11:57:58 »
« Madame Koldya vient d’arriver, Princesse. »

Devant son miroir, Alice était en train de se repoudrer le nez, terminant de s’habiller. Sa servante lui coiffait les cheveux avec une longue brosse, dénouant ses longs cheveux dorés. Comme toujours, la séance du bain était une étape importante du quotidien d’Alice, autant pour la période du lavage en elle-même, que de l’après-lavage, quand il fallait s’habiller, se sécher, et se coiffer. Plusieurs servantes étaient toujours là pour l’aider, comme en ce moment. La Princesse était un peu nerveuse, car un rendez-vous l’attendait aujourd’hui dans l’un des salons privés du Château de Sylvandell. Elle avait envoyé il y a plusieurs semaines une missive à une noble ashnardienne, une Lamia répondant au nom de Cassandra Koldya, dont Sakura, sa chère femme, lui avait parlé. Une femme dominante, une Lamia, ce qui avait immédiatement excité la Princesse. Après tout, elle adorait ce qui avait trait au bondage, notamment quand elle était serrée bien fort. Elle avait donc sollicité un entretien privé avec Cassandra, espérant que cette dernière accepterait. Elle avait eu une réponse confirmative, et le jour tant attendu était arrivé.

Alice répondit au domestique venant d’annoncer l’arrivée de Cassandra, en lui demandant de la conduire directement dans ses appartements. Le domestique fut un peu surpris par cette requête, inhabituelle, et peu conforme au protocole, mais n’en dit rien, et acquiesça silencieusement, avant de se retirer.

« Ne soyez pas si nerveuse, Princesse, glissa sa servante, amusée.
 -  Je ne suis pas nerveuse ! rétorqua l’intéressée sur une voix un peu trop vive.
 -  Je vous connais depuis que vous êtes toute petite, Princesse, ne l’oubliez pas.
 -  Tu me rappelles à chaque fois, comment l’oublier ? »

La servante esquissa un léger sourire. Alice avait raison, et la servante termina de le coiffer.

« Peut-être désireriez-vous que je me retire ?
 -  Ce... Ce serait préférable, oui » acquiesça Alice.

Il n’y aurait ainsi personne d’autre dans ses appartements qu’elle et son invitée, Sakura étant partie en entraînement. La Princesse portait des vêtements d’usage. Elle avait des collants blancs, des gants également blancs, et une courte robe blanche d’été, qui, selon ses propres critères, lui allait plutôt bien. Elle s’assit sur le fauteuil au cœur de ses appartements. En entrant dans ces derniers, on pénétrait dans un couloir menant à un petit salon où se tenait Alice. Le couloir était en forme d’angle, donnant à l’extrémité sur sa chambre. Elle était légèrement nerveuse. Cassandra était une pure Ashnardienne, et Alice espérait qu’elle ferait bonne impression. Elle avait cru comprendre qu’elle était une vive patriote, et elle espérait que ceci serait un atout, dans la mesure où Sylvandell était un vieux royaume, incorporé depuis longtemps à l’Empire, et qui lui apportait un soutien militaire actif durant les nombreuses campagnes militaires menées par l’Empire.

Elle attendait donc que Cassandra vienne la rejoindre.

205
Ville-Etat de Nexus / Négociations diplomatiques [Cyriel Raffaëlli]
« le: mardi 05 mars 2013, 16:13:57 »
Le dragon doré poussa un rugissement devant les soldats, contraignant ces derniers à s’écarter prudemment.

« Léviathan n’aime pas qu’on s’approche trop près de lui, mes petits gars. Si j’étais vous, j’éviterais de promener vos lances devant sa gueule, ça lui donnerait envie de vous cramer le cul. »

Les soldats obtempérèrent, n’ayant nullement envie de se faire cramer. Tywill esquissa un léger sourire, avant de lourdement s’avancer vers eux. Dans son armure, il était toujours impressionnant. Un colosse de plus de deux mètres, et qui pesait bien plus de cent kilos de muscle. Une machine de guerre, qui portait, avec son armure noire, un marteau doré, celui de Sylvandell. Une arme magique qui disposait d’un pouvoir terrifiant. Plusieurs Commandeurs l’accompagnaient, mains sur le pommeau de leurs épées, tandis que, au milieu de la délégation sylvandine, Alice observait son père et les environs, légèrement gênée. Elle portait sa tenue de diplomate bleue, avec une petite épée dont la lame était incrustée de gemmes. Elle suivit Tywill le long du chemin menant vers le donjon du Castel, là où les attendait le régent Fabbio Strenza-Raffaëlli, et la Princesse, Cyriel Raffaëlli. Curieux nom pour une princesse, mais, quand on dirgeait un royaume s’appelant Castelquisianni, ce n’était pas très étonnant.

Politiquement neutre, ce petit royaume était rattaché à Nexus, le grand ennemi d’Ashnard, et donc de Sylvandell, État qui se rattachait à l’Empire. Le royaume se situait à l’est de Nexus, ce qui le rapprochait des lignes avancées des forces impériales, les plus lointaines colonies. Les différents informateurs et espions ashnardiens attestaient que, derrière sa politique de neutralité, Castelquisianni soutenait militairement Nexus. L’Empire envisageait d’affaiblir Nexus, et, pour cela, de s’en prendre à ses alliés. En soi, Castelquisianni n’était pas un royaume particulièrement important, car il était petit, et disposait d’une faible puissance militaire, se reposant exclusivement sur les troupes nexusiennes, mais comptant aussi sur sa faiblesse militaire pour être épargné par les puissants conflits. Les Ashnardiens avaient donc décidé d’attaquer, en envoyant Sylvandell se charger exclusivement du siège.

Dès le début, Castelquisianni n’avait pu faire grand-chose contre les dragons de Sylvandell. Dans la mesure où le royaume était insulaire, les dragons étaient particulièrement efficaces, brûlant les tourelles de défense, s’attaquant aux phares, et incendiant les navires, imposant un blocus maritime particulièrement efficace, soutenant quelques galères ashnardiennes qui avaient remonté le fleuve pour couper Castelquisianni du monde, veillant à empêcher que les habitants préviennent Nexus trop rapidement. Le siège avait duré quelques semaines, jusqu’à ce que des négociations aient lieu. La Specia, caserne militaire de Castelquisianni, n’était pas préparée à repousser des dragons, tout comme l’armée du royaume.

Tywill Korvander était venu en personne, avec sa fille, afin de procéder aux négociations diplomatiques. Sylvandell avait pillé plusieurs navires marchands, jusqu’à ce que Castelquisianni capitule. En théorie, Nexus serait bientôt au courant, et enverrait probablement des renforts. Il fallait donc obtenir rapidement des garanties certaines de soumettre le royaume. L’idéal aurait été de capturer la princesse des lieux, Cyriel, qu’on disait être une femme assez cruelle, et au charme... Particulier. Tywill menait la marche, suivant les gardes, nullement inquiet. Les dragons tournoyaient dangereusement dans le ciel, prêts à transformer Castelquisianni en un immense incendie, si jamais les insulaires décidaient de rompre les négociations.

Alice était curieuse de rencontrer Cyriel. Elle avait lu les rapports sur Castelquisianni. Ashnard avait un excellent service d’espionnage, et elle avait ainsi appris, outre les banalités classiques sur Castelquisianni, qu’il y avait un secret entourant Cyriel, quelque chose qui était passible de la peine de mort, et des pires sanctions prévues dans le royaume. Cependant, les espions n’avaient pas pu en savoir plus. On disait que Cyriel était une femme assez cruelle avec ses prisonniers, et passablement capricieuse. Il y avait deux dirigeants dans le royaume : le régent, qui, en théorie, dirigeait le royaume sans restriction, et la Princesse, qui limitait sérieusement son pouvoir. Castelquisianni reposait sur une philosophie tekhane, accordant une grande importance à la femme. C’était ce qui, en définitive, expliquait la présence de la Princesse ici.

Ils entrèrent dans le donjon, et rejoignirent la salle du trône, où les attendait les deux dirigeants de Castelquisianni. Alice était juste à côté de son père, et put ainsi voir Cyriel. Elle était... Troublante, en effet.

« Moi, Tywill Korvander, Élu du Dragon d’Or, Roi de Sylvandell, descendant direct d’Erwan Korvander, atteste de ma présence pour l’établissement d’un traité de paix entre nos deux royaumes. A mes côtés, se trouve ma fille, la Princesse Alice Korvander. »

Tywill parlait d’une voix forte et grave.

206
Ville-Etat de Nexus / Le siège d'Altenberg [Xalya]
« le: dimanche 13 janvier 2013, 11:47:36 »

Altenberg

« Les voilà. Tenez les lignes, ne rompez pas la formation.
 -  Rrrrrrr...
 -  Les bêtes sont agitées, Monsieur !
 -  Ne rompez pas la formation ! répéta l’homme.
 -  Ils arrivent vite...
 -  C’est la légendaire cavalerie nexusienne. Admirez-les, Messieurs, ils sont le fleuron de leur armée. »

BOM ! BOM ! BOM ! BOM ! BOM !

Dans l’air, les tambours résonnaient, et un léger vent faisait remuer les bannières des officiers. Devant eux, s’échappant des remparts éternels et dorés de l’imprenable Altenberg, un triangle blanc s’étirait, grossissant rapidement en se rapprochant à vive allure, emportant derrière lui une série de lignes. On pouvait voir des griffons impériaux voler dans le ciel, formant la couverture aérienne. On entendait le grincement des trébuchets, le sifflement des énormes blocs de rochers découpant l’air en deux pour se fracasser sur les remparts et les formidables tours nexusiennes. Les longues capes ashnardiennes flottaient derrière leurs chevaux, et les soldats se préparaient à avancer, à fondre sur la cavalerie royale nexusienne.

On disait Nexus au bord de l’asphyxie. On disait la légendaire cité-État en train de sombrer dans la guerre civile. On disait la victoire d’Ashnard proche. On disait que les légendaires forts nexusiens, ces bastions imprenables qui avaient brisé tant de fois les hordes ashnardiennes, n’étaient plus que des châteaux vides et dénués d’âmes. On disait que les Nexusiens étaient divisés entre eux, qu’ils n’attendaient qu’une reprise des négociations pour se rendre aux Ashnardiens, que la guerre entrait dans sa dernière phase. En somme, on disait beaucoup de conneries.

Altenberg était tout, sauf vide. Le légendaire fort était l’ennemi suprême des Ashnardiens, une provocation constante. Nexus adoptait, contre Ashnard, une stratégie défensive, qui était risquée, mais qui, jusqu’à présent, tenait. Cette stratégie consistait en une série de lignes de fronts organisés autour de puissants forts formant une ligne imprenable, un damier éparpillé de forts, de fortins, de forteresses. Pour avancer dans le chaos nexusien, il fallait prendre chaque fortin, chaque citadelle, ce qui nécessitait de s’éparpiller, afin d’éviter que l’ennemi ne s’en serve pour isoler votre armée, et ainsi couper les lignes de ravitaillement. Ceci retardait la marche ashnardienne, et nécessitait de déployer des milliers et des milliers de soldats. Néanmoins, il fallait prendre une superforteresse. Il suffisait d’en prendre une pour déstabiliser toute la défense nexusienne, et permettre d’atteindre Nexus. C’était le point fort, mais aussi la faiblesse, de tout le dispositif nexusien. Si un superfort tombait, Ashnard n’affronterait plus aucune résistance sérieuse jusqu’à Nexus, une ville qui ne pouvait soutenir un siège très longtemps, en raison de sa forte population. Historiquement, Ashnard n’avait réussi qu’à percer une fois un superfort. Une victoire à la Pyrrhus, les Ashnardiens avaient perdu tellement d’hommes qu’ils n’avaient même pas pu avancer de plus d’une lieue avant de devoir sonner la retraite.

Les choses seraient-elles différentes maintenant ?

Cela faisait maintenant deux mois qu’une immense armée avait traversé Terra, partant d’Ashnard vers Nexus. Il y avait eu quelques escarmouches isolées, et plusieurs forts étaient tombés. Des fortins, de petites forteresses en pierre qui s’étaient écroulés rapidement, retardant suffisamment les Ashnardiens pour permettre à Nexus de s’organiser. En temps de guerre, ces ducs et ces barons, si divisés, s’unifiaient d’une seule voix. La guerre était le plus fort élan patriotique du monde. Vérifiez-le. Quand est-ce que les gens se sentent le plus solidaires ? Quand est-ce que la solidarité s’exprime ? Quand on est riches et aisé ? Non, c’est quand on est dans le doute, dans la peur, dans la misère, qu’on se rapproche des autres. C’était humain. La guerre était un facteur social d’équilibre.

L’Empire en avait assez de cette guerre interminable. Voilà pourquoi les conseillers impériaux avaient nommé à la tête de cette immense armée l’un de leurs plus jeunes Maréchaux, très prometteur, celui qui avait brisé une révolte : le Maréchal Coehoorn Van Emreis. Juché sur un immense cheval noir, Coehoorn attendait le moment de sonner la charge contre les Nexusiens. Face à eux, il y avait le fils aîné du seigneur de Nexus, qui était en tête, Léopold de Cordillan.

« Attendez... Attendez... »

On voyait le soleil briller sur les armures blanches des chevaliers. L’Ordre soutenait les Nexusiens d’Altenberg, ce qui n’était pas étonnant. Les Ashnardiens faisant face aux Nexusiens n’étaient pas que des humains, mais aussi des démons. Il y avait des Lycans énormes, que des humains attachaient par de lourdes chaînes, des cerbères, des Drow chevauchant de grosses araignées, et même des Orcs sur des Warg. Le sol tremblait sous les sabots. Coehoorn ferma lentement les yeux, et murmura quelques phrases.

« SUUUUUUUUUUSSSSSS !! hurla Léopold.
 -  CHAAAAAAAAAAAAAARRRRRGGGGEEEEEEEEEEEEEEEZZZ !! » tonna Coehoorn.

Les trompettes rugirent dans la plaine, les tambours sonnèrent, les chaînes libérèrent les Lycans... Et ce fut la cavalcade. Le sol se mit à trembler encore plus, et Coehoorn s’élança à son tour, entouré par ses proches gardes impériaux, son énorme et puissant cheval foulant le sol. Léopold était en tête, brandissant une épée lumineuse, et l’abattit dans une gerbe de sang, tandis que les elfes accompagnant les Nexusiens balançaient une pluie de flèches, fauchant les Ashnardiens.

A quelques centaines de mètres de là, dans sa tente, Alice entendait les tremblements du sol, les bruits de la bataille, et priait silencieusement. Yeux clos, mains jointes, elle murmurait ses nombreuses prières à l’intention des Dieux principaux qu’Ashnard vénérait dans ce genre de situations. Elle n’avait pas eu le choix. Son père, Tywill Korvander, avait tenu à ce qu’elle vienne, afin de s’endurcir, de voir ce qu’était la guerre. Le camp de Sylvandell était perdu au milieu de nombreux camps ashnardiens, et formait d’ailleurs une enclave au sein d’un autre immense camp. Dans sa tente, Alice était sanglée dans une armure de plates complète et légère, et priait à voix basse. Elle avait commencé par prier le Dragon d’Or, et optait pour d’autres Dieux liés, de près ou de loin, à la guerre. De cette manière, elle espérait obtenir la bénédiction des Dieux pour cette bataille cruciale.

« Ô Dieux, accordez à notre Armée votre bénédiction. Récompensez leur dévotion, leur courage, leur détermination. Je loue votre Aide, Déesse Xalya. »

Alice priait même les divinités mineures, comme pouvait l’être une demie-déesse. Elle priait avec une véritable conviction. Alice était une femme très pieuse.

207
Dictature d'Ashnard / [FINI] La Princesse et le Vagabond [Melendil]
« le: samedi 22 décembre 2012, 15:03:06 »

Kalkeïn

«  Il est dangereux de sortir en ce moment, Majesté, rappela l’homme, nerveux.
 -  C’est la fête dehors, et je m’ennuie ! répliqua Alice, n’ayant nullement envie de s’avouer vaincue.
 -  Nos services de renseignement sont convaincus que les rebelles ont des informateurs dans le palais, et qu’il existe une cellule dans la ville. Sortir ne serait pas très prudent.
 -  La peur n’a jamais dicté Sylvandell, Osmann. Le sang du Dragon coule dans nos veines, et rien n’effraie les dragons. Votre peuple organise une fête, et je veux y aller.
 -  C’est risqué ! répéta Osmann, n’ayant visiblement pas envie que son supérieur le réprimande pour avoir laissé partir une invitée de marque. Ces sales Lames-Grises ont occis un juge il y a une semaine ! »

Alice soupira, agacée par cet homme. Elle regarda à nouveau par la fenêtre. On entendait les sons accrocheurs de la musique au loin, les bruits de la fête. Kalkeïn était une ville portuaire assez éloignée de Sylvandell, mais rattachée à l’Empire, et qui avait récemment demandé de l’aide. La paix impériale était menacée par des terroristes, une organisation se faisant surnommer les Lames-Grises. L’enquête réalisée par les autorités avait permis de réaliser que les Lames-Grises étaient financées par les Nexusiens, et cherchaient à déstabiliser l’autorité d’Ashnard sur ce port, en créant une révolte. Ce port étant important pour le trafic maritime de l’Empire, il avait une importance stratégique majeure. L’arsenal de Kalkeïn comprenait une importante flotte maritime. Ashnard avait donc envoyé des troupes, et Sylvandell avait été appelée pour aider les autorités. Le commandement supposait que les Lames-Grises se faisaient fournir par des navires marchands, et avaient une cache secrète, un port, dans la région. Quoi de mieux que des dragons pour pulvériser des bateaux ? Alice avait été sommée par son père de faire partie de la délégation. Kalkeïn représentait également une certaine importance pour Sylvandell, car la plupart des ressources que le royaume importait transitaient par ce port.

Cependant, la Princesse s’ennuyait. Kalkeïn était une très belle ville, grande, avec des minarets, des musées, une bonne ambiance, mais les Lames-Grises inquiétaient au plus haut point les gouvernants de la ville. Ils craignaient que ces derniers ne cherchent à assassiner les diplomates. Alice était donc cloîtrée dans le château, ne pouvant sortir qu’avec une trentaine de gardes, ce qui n’était pas très discret. Pour elle, qui avait l’habitude de se promener dans son royaume sans crainte, cette restriction était lourde. Elle avait la chance de ne pas avoir son père sur le dos, celui-ci étant dans l’arsenal, à discuter stratégie contre les Lames-Grises. Et, pour ne rien arranger, elle avait appris qu’une importante fête locale avait lieu aujourd’hui à Kalkeïn : il y avait des danseurs, des défilés, des concerts, des animations de rues... Et il était impossible qu’elle sorte. Pour éviter des débordements, toute la garnison de la ville avait été déployée à la fête. Elle bataillait donc avec Osmann pour sortir.

« De toute manière, avança cette dernière, Hodor m’accompagnera !
 -  Je ne pourrais pas assurer votre sécurité, rétorqua Osmann, c’est bien trop...
 -  Oh, vous me fatiguez ! s’impatientait Alice. J’ai décidé de sortir, alors je sortirais !
 -  Je... Vous...
 -  Comptez-vous me retenir de force ?
 -  Non... Non, bien sûr, mais... De grâce...
 -  Il ne m’arrivera rien ! Et, de toute manière, il y a tellement de patrouilles dehors que rien ne risque de m’arriver. »

Osmann soupira. Il cherchait probablement quoi répliquer, mais il suffisait de voir son regard pour constater qu’il avait capitulé. Un sourire sur les lèvres, Alice s’en alla donc, allant chercher Hodor. Ce demi-géant était, par excellence, le garde du corps de la Princesse. Il parlait peu, se contentant généralement de répéter son nom, et sa taille massive suffisait généralement à dissuader n’importe qui. Hodor était une vraie montagne, qui faisait plus de deux mètres de haut. Il avait la robustesse légendaire des géants. Elle le trouva dans les jardins du château, à observer des oiseaux. Il avait toujours été très proche de la nature. La seule fois qu’on avait essayé de le mettre dans un lit, ce dernier avait craqué sous son poids massif.

« Hodor ? Hodor ! s’exclama-t-elle, afin d’obtenir son attention.
 -  Ho... Hodor ?! Hodor !
 -  Tu viens ? Je sors ! »

C’était une question purement rhétorique ; Hodor la suivrait, quoiqu’elle fasse. Elle sortit ainsi du château, et ne fut pas surprise de voir que trois gardes avaient quand même été dépêchés pour la suivre. C’était probablement tout ce qu’Osmann avait réussi à déployer.

*
*  *

La fête battait son plein, et Alice ne regrettait clairement pas d’y être. Il y avait des stands, où elle voyait des enfants rigoler devant des spectacles de marionnettistes, des bouffons qui faisaient des pirouettes, trébuchaient sur le sol, tentaient de marcher sur de gros ballons, avant de tomber sur le sol, provoquant l’hilarité des gens. On buvait, on mangeait du poulet grillé, des lanceurs de feu répandaient de longues traînées de flammes, on pariait sur le talent des jongleurs. L’ambiance était très festive, et, naturellement, il y avait beaucoup de chants. Ville cosmopolite, Kalkeïn mélangeait les traditions, et elles s’exprimaient toutes en cette soirée.

Le soleil commençait à se coucher, et Alice était à l’une des grandes places de la ville. Le soleil déclinait, éclairant les maisons, et un chant commençait. C’était un groupe de saltimbanques ambulant, et elle était subjuguée. La chanson était quelque chose dont on manquait cruellement à Sylvandell, et, à chaque fois qu’elle avait l’occasion d’en entendre, elle ne se faisait pas prier. En l’occurrence, les musiciens se tenant au milieu de la place interprétaient un air très enjoué et festif. Ils se mélangeaient à la foule, dansant tout en jouant des instruments. La foule, quant à elle, claquait des mains, donnant le rythme.

Un sourire sur les lèvres, Alice se laissait aller. La petite Princesse était perdue au milieu des gens. Hodor observait la scène avec incrédulité, et les gardes restaient prudents, dans les coins, tout en ayant toutefois bien du mal à se laisser aller Personne ne pensait sérieusement que les Lames-grises allaient attaquer. C’était un jour de tradition, de bonté. Mais peut-on vraiment exiger de la part de terroristes de savoir faire preuve de bonté ? Dès que la Princesse de Sylvandell était sortie du château, les Lames-Grises l’avaient pisté, attendant le bon moment pour frapper. Et ce moment approchait. Ils se tapissaient dans l’ombre, observant les gardes à proximité. Ils étaient une bonne quinzaine, mais il y avait tellement de monde que personne ne viendrait la sauver. Ils se méfiaient surtout du gros monstre accompagnant Alice. Hodor était probablement le seul à être insensible à la fête, et observait Alice, grognant quand on s’approchait trop d’elle. Et une simple flèche ne suffirait pas à le tuer. On disait que la peau des géants étaient une véritable carapace, et il suffisait de voir ce colosse pour s’en convaincre.

Les Lames-Grises attendaient donc, prenant part à la fête. Ils étaient les lanceurs de feu, les danseurs, et l’un d’eux était même l’un des musiciens. Et, alors que le soleil déclinait, la solution leur vint. A l’annonce du crépuscule, une chanson coutumière était lancée. Une chanson d’amour, qui avait pour nom Sunrise, et aux termes de laquelle l’un des musiciens se rapprochait, au choix, d’une femme présente dans l’assemblée. Les gardes ne se méfieraient pas, et, en étant suffisamment rapide, l’homme réussirait à l’occire. Il suffirait ensuite de profiter de la cohue pour s’enfuir. Plusieurs Lames-Grises se rapprochaient lentement des gardes, afin de réussir leur forfait.

Alice, quant à elle, écoutait avec passion cette nouvelle chanson. Cet air était magique ! Elle se laissait subjuguer, et, lorsque la musique vint à décliner, elle rougit en voyant l’un des artistes, avec une longue flûte, s’approcher lentement d’elle, sur les dernières notes. Tout le monde souriait et était heureux, et elle voyait la longue flûte se rapprocher. Cette arme avait déjà prouvé son efficacité lors de quelques banquets. On se méfiait trop peu des saltimbanques, et la particularité de cette flûte était qu’elle comprenait, dans un coin, une fléchette avec un puissant poison, fait à partir de venin de basilic. L’homme se rapprochait, jouant habilement de ses doigts... Et la fléchette partit alors. Alice poussa un petit cri, et plusieurs soldats poussèrent alors des hurlements de douleur, les badauds à côté d’eux tombant au sol.

« Attentat ! hurla l’un des gardes. Protégez la Princesse ! »

Ce fut la panique, le bonheur laissant place à la terreur. Alice sentit sa vue se brouiller. Ses doigts gantés attrapèrent la fléchette, et elle la regarda, en fronçant les sourcils. Elle vit l’homme en face de lui sortir une épée, pour l’achever, et entendit un rugissement terrifiant. L’homme ne sembla pas surpris. Hodor s’était reçu également une flèche dans le cou, et un terroriste tentait de l’attaquer avec une épée. Le demi-géant était néanmoins bien plus résistant, et l’épée frappa son ventre, ouvrant ses vêtements, laissant une entaille rouge. Le poing massif d’Hodor frappa la tête du terroriste, le tuant sur le coup. Il se précipita ensuite vers la Princesse, fauchant les passants. La Princesse, de son côté, vit la lame de l’homme se redresser, alors qu’elle tombait au sol, ayant extrêmement froid. Cette dernière risquait à tout moment de s’abattre sur elle pour la tuer.

208
Confortablement assise sur un banc dans l’une des nombreuses cours du lycée, Alice profitait de la fin de journée pour continuer la lecture d’un livre qu’elle avait acheté à une librairie. Un livre assez volumineux, puisqu’il faisait plus de mille pages, mais qu’un camarade lui avait fortement recommandé, ainsi que toute une autre série de livres, quand elle avait confessé adorer l’Histoire. Au Japon, elle pouvait très facilement se renseigner sur l’Histoire de ce continent, ou sur n’importe quelle civilisation, mais elle trouvait les manuels un peu rébarbatifs, un peu trop... Ennuyeux. Elle avait donc été à l’une des grandes librairies de Seikusu, et avait acheté une série de livres, utilisant l’argent fourni par celle qui se chargeait de l’héberger dans ce monde qu’elle fréquentait de plus en plus, Mélinda. Elle avait ainsi acheté un livre de Ken Follett, Les Piliers de la Terre, et se plongeait avec passion dans la construction difficile d’une cathédrale à Kingsbridge, dans l’Anlgterre du 12ème siècle, à l’époque de l’anarchie anglaise. Ce livre la passionnait à vrai dire tellement qu’elle en arrivait presque à le feuilleter lors d’un cours rébarbatif, malmenant ainsi son image de fille studieuse. Elle l’aimait tellement qu’elle avait aussi été jusqu’à embrasser le camarade le lui ayant recommandé, faisant rougir ce dernier comme une grosse tomate.

Maintenant, Alice lisait sur un banc, entre plusieurs bâtiments. Elle avait fini ses cours, mais avait préféré lire dehors, sur un banc. Elle se sentait mieux que dans une bibliothèque. Étant après tout une Sylvandine, elle préférait les grands espaces à être cloîtrée dans une pièce. L’air était bon, un léger vent faisant virevolter ses cheveux, et elle lisait. Quelques lycéens qui passaient par là avaient bien du mal à la faire sortir de son livre, et s’éloignaient donc. C’était aussi la fin de journée, et, à cette heure, on avait généralement plutôt tendance à se dépêcher de sortir du lycée, plutôt qu’à y rester. Alice préférait lire, car, même si elle aimait le manoir de Mélinda, ce n’était pas un lieu très propice à une lecture saine. Et, de toute façon, en sortant de son cours, la Princesse n’avait pas eu la patience d’attendre de rentrer au manoir. Il lui aurait fallu prendre le métro, puis le bus, et marcher un peu. Et lire dans le métro, bondé à cette heure, était impossible pour elle, une provinciale. La Princesse dévorait donc les pages, assise sur son banc. Les légères bourrasques faisaient remuer la petite jupe de son sailor fuku, révélant ses belles jambes à celui ou celle qui aurait l’œil suffisamment attentif pour le voir.

209
Les alentours de la ville / Vacances à Okinawa [Célia Sky]
« le: vendredi 07 décembre 2012, 23:17:42 »

De tous les endroits de la Terre, bien des gens s’accordaient à dire que l’archipel d’Okinawa était l’un des endroits les plus beaux de la planète. Les Français et leur Corse pouvaient honteusement se rhabiller, disait-on, devant la splendeur naturelle de ce vaste archipel. Comprenant une dizaine d’îles habitées, l’archipel Okinawa était un haut lieu touristique, qui avait conservé toute la beauté de l’ancien Japon. Aucun immeuble en béton armé, aucune tour de verre et d’acier, aucun building. Il n’y avait généralement que de petites maisons à un étage, ou des hôtels le long de la côte. Tout était fait pour préserver le biosystème okinawaïen. Alice avait beaucoup entendu parler de cet archipel, et, dans la mesure où elle visitait la Terre, elle avait finalement réussi à obtenir un billet d’avion, ainsi qu’un séjour de plusieurs jours dans un hôtel.

Malheureusement, sa femme n’avait pas souhaité venir, éprouvant toujours autant de réticence à l’idée de revenir sur Terre. Alice était donc partie seule, ou presque. L’un de ses Commandeurs l’avait également suivi, veillant de loin sur elle. Elle était dans un bel hôtel au bord de lamer. Il faisait chaud, et elle observait la mer, sentant un léger vent frais remuer sur ses cheveux. Elle s’étira, bâillant, et prit une rapide douche. Elle passait ses journées à la plage, et ne tarda pas à sortir de sa chambre, ayant des vêtements plus que simples : une culotte noire en guise de maillot de bain, un soutien-gorge noir, et un tee-shirt. Elle descendit le long d’un escalier en bois se situant à l’extérieur, et sentit rapidement sous ses pieds du sable fin. Il y avait bien une route à proximité, mais elle était sortie du côté de la plage, s’avançant le long de bungalows, de terrasses en bois. Elle avançait pieds nus, et suivit le petit chemin menant à la plage.

Pour vaincre sa phobie de l’eau, rien de mieux que de se baigner ! Alice suivait avec entrain cette sage philosophie. Étant une montagnarde, l’eau lui faisait toujours un peu peur. Elle n’avait pas envie de finir noyée, et, la première fois qu’elle avait vu la mer, elle avait eu la peur de sa vie, craignant que des monstres aquatiques ne jaillissent des profondeurs aquatiques pour la dévorer. Les dragons n’aimaient pas l’eau. Ils préféraient l’étendue du ciel, cette immense liberté qui s’offrait à nous quand on volait dans les airs. Qui aurait envie de se baigner ? C’était idiot ! Néanmoins, Alice ne supportait pas sa peur contre l’eau. Elle luttait donc contre cette dernière, et s’en sortait de mieux en mieux.

*Je vais essayer de m’avancer un peu plus ce matin...*

Il y avait bien des touristes, et Alice descendait le long du chemin ensablé, prudente. Elle voyait surtout des couples, des familles, et quelques adolescents... Ces derniers préféraient toutefois des versants plus animés de l’île, où il y avait de hautes vagues. A l’idée d’être aplatie par des vagues si puissantes, Alice se sentait sur le point de faire un malaise. L’eau douce la paniquait déjà suffisamment comme ça. La petite Princesse s’avançait lentement, et marcha, sans faire exprès, sur une branche de bois partiellement recouverte par du sable.

« Aïe ! » s’exclama-t-elle.

Elle sentit une vive douleur dans le pied, et tomba sur le sol, se tenant ce dernier. Une écharde s’était enfoncée sur sa plante, et elle sentit une vive douleur, très désagréable, émaner de son pied.

« Que vous arrive-t-il, Madame ? demanda un homme.
 -  J’ai mal au pied ! »

L’homme se gratta la tête. C’était un obèse moustachu. Un remède antisexe parfait. Un petit attroupement commençait à se former autour de la Princesse meurtrie.

210
Les alentours de la ville / Visite touristique [Keiren Blackwell]
« le: mercredi 05 décembre 2012, 23:29:38 »
Il y avait bien des lieux sympathiques à visiter à Seikusu. Alice se tenait justement dans l’un de ceux-là : l’une des ailes de l’un des plus vieux châteaux de Seikusu, Muramasa-jo. Inspiré à l’époque d’Hijemi-jo, Muramasa-jo était un château en bois assez impressionnant, comprenant un donjon central et plusieurs bâtiments annexes. L’un de ces bâtiments était justement un musée consacré à l’histoire de Seikusu, et Alice avait décidé de son voyage sur Terre pour s’y rendre. Elle en avait entendu parler à plusieurs reprises, et voir un musée ne pourrait pas lui faire de mal.  Comme il faisait plutôt froid dehors, elle portait une petite tenue chaude, et observait les vitrines. Le musée comprenait plusieurs parties, et elle se trouvait dans une salle comprenant de nombreuses armes en vitrine. D’autres comprenaient des maquettes, relatant la construction historique de Seikusu, des tableaux, des tapisseries, des statues... Il y avait notamment dans cette pièce une armure ancestrale ayant appartenu à un célèbre samuraï japonais.

Cet endroit était riche en cultures. Alice avait approfondi ses connaissances sur la Terre, en particulier sur le Japon. Elle avait découvert un pays vieux, aux traditions ancestrales, que les analystes terriens décrivaient comme un pays découpé en deux. Deux Japons se faisaient face : le vieux Japon, traditionnel, respectant des traditions lourdes, et le Japon jeune, moderne, tourné vers la technologie, avec des villes énormes, étouffantes. Un pays fascinant, du point de vue d’Alice, qui observa un curieux objet posé dans l’une des vitrines.

Un kaïken. Le petit couteau était posé sur un écrin, et elle lut les informations se trouvant près de la vitrine. Le kaïken était une arme symbolique dans la tradition japonaise. L’honneur avait une place fondamentale dans l’histoire japonaise. Dans le passé, les Japonais tombés en disgrâce pouvaient se suicider. C’était le seppuku, mais les femmes des hommes déchus pouvaient également se suicider. Inversement, le rituel de suicide pour les femmes s’appelait le jigai, et s’appliquait traditionnellement avec ce petit sabre. D’après les informations, cette arme avait été utilisée par une lointaine femme de Seikusu, qui s’en était servie pour se trancher la carotide. La Princesse eut un léger frémissement.

*On dirait des Ashnardiens...*

Cette pratique se retrouvait parfois chez certains Impériaux très extrémistes, quand ils tombaient en disgrâce. Alice était à la fois horrifiée et fascinée par ce spectacle. Se donner la mort en raison d’une disgrâce sociale... Dans une certaine mesure, cette pratique lui rappelait les thèses d’un auteur terrien qu’elle avait lu, Durkheim, un auteur qui expliquait le suicide pour une question d’intégration sociale. Voilà au moins qui lui donnait raison... Alice continuait à observer le kaïken, s’attendant presque à voir des gouttes de sang dessus... Mais il était nettoyé. La lame était là, propre, tranchante, mortelle.

Pages: 1 ... 12 13 [14] 15 16