La première fois qu’il l’avait rencontré, ça avait été en 2012. Elle était alors une jeune femme esseulée, qui venait de ressortir d’une relation infructueuse avec un ami au lycée. Comme si Internet était le lit des cœurs brisés, comme si la détresse sentimentale constituait le fonds de commerce des réseaux sociaux. Il l’avait rencontré sur un réseau social, de manière tout à fait innocente : une photo de profil, un nom accrocheur, un clic, et quelques conversations rapides avec elle. C’était une jeune femme influençable, une adolescente en pleine puberté, et il savait comment faire... Du moins, c’est ce qu’il se disait, maintenant. La vérité était sans doute qu’il avait surtout eu de la chance, mais, quand on avait son rôle, on ne pouvait pas
simplement dire qu’on avait eu de la chance. Il fallait que tout soit calculé, sciemment et minutieusement. Il s’était rapproché d’elle, lui parlant presque tous les jours, quand elle revenait des cours, puis lors des cours, quand elle lui avait dit son numéro de téléphone portable, la consolant, l’encourageant quand elle avait des examens, se montrant amical et généreux avec elle, tout en faisant preuve d’une fermeté et d’une rigidité relativement stricte.
Leurs jeux avaient été simples, montrant progressivement : simples discussions érotiques dans un premier temps.
L’as-tu fait ? lui avait-il demandé en lui parlant de sa relation avec son ancien amant. Tout avait ensuite monté crescendo. Elle s’affichait à la webcam, d’abord pour lui, puis en diffusant les images sur Internet, dans des sites spéciaux. Aucun des membres de son établissement ne l’avait vu. Elle n’avait pas encore entendu sa voix, ni même vu. Il se faisait un point d’honneur à ne pas le faire. Il était devenu son
maître virtuel, et il avait fini par l’abandonner... Pendant presque une année. Une année où elle ne l’avait plus revu sur aucun réseau social, une année où son numéro de téléphone portable était mort, un message automatique indiquant à quiconque appelait sur ce numéro qu’il n’était «
plus attribué ». En avait-il souffert ? Y avait-il eu un imprévu ? Ou s’agissait-il tout simplement de tester sa dévotion ? Elle lui avait dit qu’elle l’aimait, que la distance ne signifiait rien pour elle, et n’ébranlerait nullement ce qu’elle ressentait dans son cœur. Des paroles d’adolescente qu’il avait mis, volontairement ou non, à l’épreuve.
Il était finalement revenu la voir il y a quelques semaines, en décidant de passer à une autre étape. Moemi avait maintenant l’âge d’aller au lycée, et il était fréquent que les Japonais déménagent à cette période de leur vie, surtout quand ils vivaient dans la campagne, où il n’y avait pas de lycées, ou des lycées ayant une faible réputation. Dans un pays aussi élitiste que le Japon, il était important de rejoindre des bons établissements scolaires. Il lui avait dit d’aller à Seikusu, et de s’inscrire au lycée Mishima. Il saurait si elle le ferait, car il avait ses entrées au lycée Mishima. Il avait donc patiemment attendu, jusqu’à ce que le nom de Moemi apparaisse dans les papiers administratifs du lycée, et qu’elle soit admise.
Il se tenait maintenant devant son ordinateur, observant l’écran. La machine ronronnait silencieusement sous ses pieds. Plusieurs logiciels de cryptage étaient lancés simultanément, mais, en cette fin de soirée, une seule chose l’intéressait : la fenêtre qu’il venait d’ouvrir. Il avait demandé à Moemi de choisir un pseudonyme humiliant, et il n’avait pas honte en disant que son corps commençait déjà à avoir un frisson d’érection. Ils se trouvaient sur un IRC. Auparavant, il lui avait demandé de chauffer certains des internautes présents, en faisant sa «
petite salope », mais, ce soir, il voulait monter d’un cran les enjeux. C’était normal, c’est ainsi que les choses devaient se dérouler. Il avait tout préparé, étant, comme toujours, fasciné par tout ce qu’il était possible de faire dans ce monde, dès qu’on avait un téléphone, et une carte de crédit. Lui s’était appelé «
Kingmaster », un pseudo’ pompeux, arrogant. Il cliqua sur le pseudo’ de sa petite perle, s’humectant brièvement les lèvres, et lança la conversation privée :
[23:35] <Kingmaster> Petite Salope ?
[23:36] <CandyBitch> Maitre!!!
[23:36] <CandyBitch> <3
[23:36] <CandyBitch> Je vous attendais ^^
[23:37] <Kingmaster> Tu te languissais de moi, Petite Salope ?
[23:37] <CandyBitch> ... oui éè
[23:37] <CandyBitch> J'ai suivi vos instructions, aucun homme ne m'a prise
[23:38] <CandyBitch> J'ai envie de vous obéir comme avant
[23:38] <CandyBitch> S'il vous plait éè
[23:38] <CandyBitch> Maitre ?
[23:39] <Kingmaster> "S'il-vous-plaît", MAÎTRE !
[23:39] <CandyBitch> S'il vous plait Maitre !
[23:39] <Kingmaster> Tu es donc arrivée à Seikusu ?
[23:39] <CandyBitch> Oui
[23:39] <Kingmaster> "Oui", Maître
[23:39] <CandyBitch> Oui maitre
[23:40] <CandyBitch> Veuillez m'excuser maitre, ça fait tellement longtemps...
[23:40] <Kingmaster> Ton insolence est la raison pour laquelle je t'ai abandonné autrefois
[23:40] <Kingmaster> Les jeunes femmes comme toi ont trop tendance à n'en faire qu'à leur tête
Il fallait toujours la reprendre, toujours être vigilant. La tâche n’était pas aisée, mais c’était un défi excitant. Il fallait l’humilier, mais pas trop. Il fallait l’encourager, l’encenser, mais pas trop. Tout était une question de degrés, de mesures, et, ma foi, ce n’était pas vraiment simple, quand on avait le sexe qui vous démangeait, et qu’on avait ouvert, en parallèle de la conversation, les photographies de Moemi prises par webcam, ou qu’elle s’était elle-même faite. De fait, avant de la voir, il avait regardé la vidéo qu’elle avait faite pour lui, où elle était nue sur son lit, et se lançait dans un strip-tease intense.
Il était important qu’il conserve la tête froide. Il avait ouvert la conversation en la rabrouant, en la dénigrant, mais il savait changer de ton.
[23:43] <CandyBitch> Je serais comme vous le désirez maitre
[23:43] <CandyBitch> J'ai toujours voulu vous satisfaire
[23:44] <CandyBitch> Je vous en supplie, j'ai fait tout ce que vous vouliez, j'ai besoin de vous éè
[23:45] <Kingmaster> Vraiment ? Jusqu'à quel point ?
[23:45] <CandyBitch> Jusqu'au point où vous le désirez
[23:46] <CandyBitch> Je sais que ce qui vous plait me plaira
[23:47] <Kingmaster> Tu me plais beaucoup, ma chérie... Tu manques encore d'expérience, mais ta passion à mon égard rattrape tes faiblesses
[23:47] <Kingmaster> J'ai toujours aimé les femmes passionnées. En es-tu une ?
[23:47] <CandyBitch> ^^
[23:47] <CandyBitch> Merci maitre <3
[23:47] <CandyBitch> Je ne crois pas... mais vous savez faire naitre la passion en moi
[23:48] <CandyBitch> Je vous ai tellement attendu
[23:48] <Kingmaster> As-tu commencé à visiter Seikusu ?
[23:48] <CandyBitch> Oui
[23:48] <CandyBitch> maitre
[23:49] <CandyBitch> C'est une très jolie ville
[23:49] <Kingmaster> Tu sais où est le lycée Mishima ?
[23:49] <CandyBitch> Oui maitre
[23:49] <Kingmaster> Alors, je vais te donner ta première épreuve pour me montrer ta dévotion
La première épreuve... Il en frémissait sur place. Ça n’avait plus rien à voir avec tout ce qu’il lui avait demandé jusqu’à présent : les photographies sur des sites de cul tellement sinistres et pouilleux que seul le plus affamé des pervers finirait par trouver. Elle avait pris goût à l’exhibitionnisme, et il voulait continuer dans cette voie.
Il avait tout organisé pour cette première épreuve, et il dut serrer les poings, afin d’écrire sur son clavier sans trembler :
[23:49] <CandyBitch> Ouiii <3
[23:50] <Kingmaster> À partir de l'arrêt de bus de Mishima, tu vas remonter la rue vers le centre-ville, et tu trouveras un sex-shop
[23:50] <CandyBitch> Si vous saviez comme je suis contente !!
[23:50] <CandyBitch> Oui ?
[23:50] <Kingmaster> Tu y rentreras. Sache que j'ai tout arrangé. Tu iras voir la caissière, et tu lui diras que tu t'appelles Rose, et que tu viens demander une commande
[23:51] <CandyBitch> Oui maitre
[23:51] <CandyBitch> Quel jour ?
[23:51] <CandyBitch> Je crois que je vais m'évanouir <3
[23:51] <Kingmaster> Ensuite, tu enfileras ce qu'on te donnera dans le magasin, entre deux allées (pas dans une cabine, et je suis formel là-dessus !), et tu reviendras dans ton appartement avec tes nouveaux vêtements
[23:51] <Kingmaster> quel jour ?! Ma chérie, si tu veux me voir, il va falloir te dévouer à 200% pour moi !
[23:51] <CandyBitch> Vous voir ?
[23:51] <Kingmaster> Ta vie TOUTE ENTIERE se résume désormais à me servir
[23:52] <Kingmaster> Tu iras dès ce soir au sex shop
[23:52] <CandyBitch> Oui
[23:52] <Kingmaster> Je veux te voir avant de me coucher, belle et flamboyante dans tes nouveaux vêtements
[23:52] <Kingmaster> Ils t'iront à ravir
[23:52] <CandyBitch> Je vous aime tellement
[23:52] <CandyBitch> Oui maitre
[23:53] <Kingmaster> Tu seras ma belle et fantastique poupée, et je veux que tous les gens de ce magasin, tous ces minables frustrés, fantasment sur tes fesses moulées
[23:53] <CandyBitch> Oui maitre, je me montrerais à eux comme une petite pute
[23:53] <Kingmaster> Oh, ma belle, rien qu'à t'imaginer dans cette tenue, j'en bande déjà !
[23:53] <CandyBitch> <3
[23:54] <Kingmaster> D'ailleurs, plus j'y réfléchis, plus je me dis que te changer dans l'allée, comme une voleuse, ne t'irait pas... Non, ta beauté mérite d'être exhibée aux yeux de tous
[23:54] <CandyBitch> Je ne sais pas quoi vous dire tellement je suis excitée x)
[23:54] <Kingmaster> Tu te changeras devant la caisse
[23:54] <Kingmaster> Est-ce que tu mouilles ?
[23:55] <CandyBitch> Oui
[23:55] <CandyBitch> maitre
[23:55] <Kingmaster> Bien. Tu te toucheras en te changeant au magasin.
[23:55] <Kingmaster> Tu t'es bien épilée la chatte ?
[23:56] <CandyBitch> Mon coeur bat tellement fort... je ne me sens plus vraiment moi même...
[23:56] <CandyBitch> Oui maitre
[23:56] <CandyBitch> Je me toucherais devant eux
[23:56] <Kingmaster> Très bien, très bien. Je vois que j'ai bien fait de te reprendre.
Il s’emballait parfois. Difficile de tout maîtriser, quand on invitait une fille à aller enfiler une tenue des plus provocantes dans un sex shop, sous les yeux de tout le monde, en se touchant... Non, sérieusement, il bandait grave, et, le temps qu’elle aille au sex shop, il en profiterait sûrement pour se branler un peu. Pour autant, il savait qu’il fallait qu’il se calme devant elle. Ne pas pousser la barre trop haut. Les adolescents sont par nature imprévisibles, et tout pouvait arriver. Elle pouvait se rétracter, se refuser à lui, et... Et bien, ce serait bien dommage, car il fallait bien admettre qu’elle avait du potentiel.
[23:56] <CandyBitch> Je vous aime tellement mon maitre
[23:56] <Kingmaster> Tu te toucheras devant eux, mais aussi devant moi ; j'ai accès au système de sécurité du magasin
[23:57] <Kingmaster> Je te verrais, et je saurais si tu as réussi ou non. Si tu me déçois, nous ne nous verrons plus jamais.
[23:57] <CandyBitch> Pourquoi direça maitre ? éè
[23:57] <CandyBitch> J'ai toujours été votre petite chatte obéissante
[23:57] <Kingmaster> Si tu me fais plaisir, et si tu exauces mes ordres, alors je continuerais ta formation, et, quand tu seras prête, je te prendrais, et tu ne me quitteras plus jamais.
[23:57] <CandyBitch> Ouiiii
[23:57] <Kingmaster> Je tiens à ce que tu aies bien conscience des enjeux, ma chérie.
[23:58] <CandyBitch> Je crois qe c'est trop pour mon petit coeur, maitre ^^
[23:58] <Kingmaster> C'est pour ça que nous y irons progressivement
[23:59] <CandyBitch> VOus avez parler de nous voir ?
[23:59] <CandyBitch> Je ne pensais pas que ça arriverait...
[23:59] <CandyBitch> Je vous avoue que je ... je ne sais pas trop quoi penser éè
[23:59] <Kingmaster> Pourquoi donc crois-tu que je t'ai amené à Seikusu ?
[23:59] <CandyBitch> J'ai un peu peur, maitre
[00:00] <Kingmaster> Je t'ai ordonné de venir, car tu me plais de plus en plus
[00:00] <Kingmaster> Il est donc logique que nous finissions par nous rencontrer, si tu continues à te montrer aussi talentueuse et dévouée à me servir
[00:00] <CandyBitch> Je... ne sais pas trop quoi dire ^^'
[00:00] <CandyBitch> Merci maitre
[00:01] <Kingmaster> Contente-toi de faire ce que je t'ai ordonné, et ne traîne pas en route
La conversation s’interrompit là. Il lui faudrait bien une demi-heure pour aller au sex-shop, et, à cette heure avancée, il n’y avait pas grand-monde dans les rues. Il bascula lentement sa tête en arrière, l’appuyant sur le dossier de son fauteuil, fermant brièvement les yeux, et préféra contempler la tenue qu’il avait commandé. Il l’avait commandé sur Internet, en la customisant, et avait ensuite eu à appeler le magasin pour confirmer le paiement, et dire qu’il enverrait quelqu’un la chercher.
C’était
une belle tenue sanglée, faite en suivant les mesures de Moemi. Il lança l’un de ses programmes, lui permettant de voir à travers les yeux de la caméra de sécurité du sex shop.
Il n’avait maintenant plus qu’à attendre pour voir jusqu’où sa petite Moemi était prête à aller pour le servir.