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Messages - Shôren

Pages: [1]
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Prélude / Re : Guerrier à l'épée de bois [Valimuté]
« le: samedi 30 août 2014, 22:53:37 »
Merci à tout le monde pour l’accueil :) Et merci Marie pour la validation ainsi que les grigris, bien évidemment !

2
Prélude / Guerrier à l'épée de bois [Valimuté]
« le: samedi 30 août 2014, 16:51:48 »
Si vous empruntez la porte ouest de Nexus, celle qui entraînera vos pas vers le petit village de Tyr'alsïn qui se trouve à quelques trois jours de cheval de la capitale, vous finirez très sûrement par passer au coeur de ce petit bois qui précède l'arrivée au tranquille hameau. Cette forêt sans histoire -La Qëlfelyn, comme vous l'apprendrez grâce au petit panneau de bois recouvert de mousse et semblant monter la garde à l'orée- ne vous réservera aucune surprise maligne. Il ne vous faudra jamais plus de deux heures pour parcourir le sentier qui file à travers les troncs pour rallier le village et aucun bandit ni aucune bête ne se trouvera à fondre sur vous. Même en hiver, lorsque les branches chargées de feuilles durant l'été seront comme mortes, rien ne vous inquiétera. Nul loup affamé ne grondera à votre passage, nulle vilenie ne vous surprendra pour vous entraîner dans les ténèbres.
Seule une petite chose vous fera, de temps en temps, dresser l'oreille et peut-être même cesser votre pas pour écouter le message du vent. Car dans la voix murmurante du calme zéphyr bruissant dans les feuilles, vous percevrez
quelques notes de flûte.

Vous en parlerez peut-être à Tyr'alsïn si vous vous y arrêtez pour la nuit, glissant l'anecdote de la flûte au sympathique aubergiste qui vous aura gardé une chambre. Ou la flûte reviendra à votre oreille, évoquée par hasard par un autre voyageur. Curieux, vous demanderez d'en apprendre plus et tout le village vous répondra la même chose un léger sourire flottant sur les lèvres : enfoncez vous dans les bois et suivez les notes.
En sécurité, vous savez d'instinct l'être. C'est un refuge d'elfes que ce village et ces bois à deux pas de Nexus sont sous l'autorité de la garde de Sa Majesté; vous aurez très probablement croisé quelques patrouilles lors de votre voyage avant l'étape. Alors c'est décidé, vous retournez dans la Qëlfelyn et y guettez le son mélodieux de la flûte. Cela ne sera pas immédiat, les notes ne caresseront pas tout de suite votre oreille. Mais cela viendra  -cela vient toujours !- et l'attention vous fera quitter le sentier pour vous enfoncer un peu dans les bois.

Et dans une petite clairière qu'il vous semble que vous n'auriez jamais trouvé sans le guide musical, vous verrez d'abord le chêne. Haut, large, feuillu et paresseux, il étendra loin son branchage. De belles racines épaisses coureront un peu au pied de son tronc pour s'étendre comme un juponnage, son corps sera un bel entrelacs de noeuds noueux mais il sera seul. Le reste de la forêt aura poussé autour de lui sans l'approcher et sa seule compagnie sera la jeune femme que vous remarquerez peut-être en dernier, assise dans l'herbe et vêtue d'une fine robe vaporeuse. La flûte traversière sera encore sur ses lèvres à la fin de son modeste mais délicat récital et elle ne vous accordera un regard qu'après de longues secondes, vous invitant finalement à approcher.



Posé dans l'herbe grasse à ses côtés, vous la détaillerez probablement, la trouvant belle dans sa simplicité. Une innocente image virginale peu disserte, qui regardera régulièrement le chêne pour éviter de croiser vos yeux.
Le silence un peu gêné, ce sera sûrement la jeune femme qui le brisera de sa voix douce. Toujours sans vous regarder, ou un peu à la dérobée, pour s'assurer que vous être un peu attentif.


- Je viens tous les jours jouer ici. Quand il ne dort pas, il lui arrive de m'accompagner.
- Qui donc ?
- Mais le Chêne, répondra t'elle en le désignant d'un sourire. Il aime le son de ma flûte, vous savez ?

C'est probablement à ce moment là que vous comprendrez que si elle ne vous regarde pas, c'est parce qu'elle n'a d'yeux que pour l'arbre centenaire. Le regard duquel elle le couvre est empli d'amour et de tendresse, sentiments que vous ne vous expliquez pas. Ce n'est qu'un chêne, après tout ! Intrigué, vous décidez de l'interroger. Poli et aimable bien que circonspect quant à la vivacité de l'esprit de la flûtiste, vous lui demandez gentiment de vous expliquer pourquoi un arbre aimerait entendre le son d'un instrument.
Et pour la première fois, elle dépose son délicieux regard irisé d'or dans le vôtre. Vous avez dès à présent tout son intérêt.


-  Laissez moi vous raconter la légende d'un homme qui n'en méritait pas une.




Il existait autrefois un petit duché dépendant de la couronne nexusienne, installé sur le territoire actuel de la Ruffurque, loin à l'ouest de la cité d'ivoire. La ville principale de cette région tranquille se nommait Eltharon et avait cette particularité d'être coupée en deux par une importante rivière qui permettait l'acheminement aisé de marchandises et d'esclaves. A l'époque, les moeurs esclavagistes étaient un peu plus tolérantes et humaines : les terranides enchaînés jouissaient de droits relativement respectueux d'eux et Eltharon passait pour une cité très ouverte. Nombre de seigneurs qui vivaient sous l'autorité du duc d'Esquille avaient coutume de relâcher leurs esclaves passé un âge équivalent à environ 35 ans. Ils en prenaient d'autres à leur service pour compenser, ce qui faisait toujours vivre le florissant marché humanoïde. Les anciens esclaves étaient bien acceptés en Eltharon et y partageaient la ville avec les citoyens plus classiques, s'y mêlant bien qu'une légère réserve était communément observée des deux bords. Une différence sociale les scindaient, après tout.

Eltharon était une cité peu remuante, qui avait vent de tous les événements qui se passaient à travers Terra. Le brassage de voyageurs et de clients était régulier et les nouvelles allaient aussi bon train que les transactions commerciales. Beaucoup de jeunes de la ville quittaient le duché d'Esquille en quête de glorieuses aventures, mais tous n'étaient pas capable d'abandonner leurs responsabilités pour vivre leurs rêves.

C'était le cas de Shôren, fils de Bashô et Renetta. L'enfant -il en était un, à l'époque où débute cette histoire- avait hérité à la naissance de la charge de ses parents : la bonne tenue du marché aux esclaves d'Eltharon. Le respect des bonnes moeurs et des lois du duché était de la responsabilité de ces deux elfes à la moralité irréprochable, guerriers et magiciens de leur état. C'était là un poste honorifique pour eux et il s'acquittaient tant et si bien de leur tâche que maître comme esclave s'accordaient à leur offrir de régulières marque de respect. Même le duc avait reconnu plus d'une fois leur valeur, les autorisant par décret à léguer leur poste à leur fils en guise d'héritage. Le travail de Bashô et Renetta faisait en partie l'excellente réputation d'Eltharon, après tout.
Pour Shôren, c'était davantage un boulet au pied qu'un honneur que ce leg prétendument inestimable.

Le gamin rêvait non pas d'aventure, mais d'une reconnaissance qu'on ne lui accorderait pas simplement en tant que fils de ses parents. Avoir un nom bien à lui importait plus à Shôren qu'autre chose et il se tourna rapidement vers les moyens de l'obtenir. L'enfant nourrissait en fait un complexe d'infériorité qu'il voulait combattre à tout prix : l'image de ses si parfaits parents, aussi aimants envers lui qu'ils pouvaient être doués pour les arts magiques et martiaux, pesait lourd sur ses frêles épaules. Car Shôren n'avait pas pour lui la facilité qu'on prêtait à Renett   a et Bashô. Incontestablement, ces deux pièces d'or n'avaient produit qu'un éclat de cuivre qui peinait à scintiller. Forcément médiocre en tout lorsqu'il se comparait à ses modèles directs, Shôren avait commencé par doucement les détester.
Son enfance fut pour lui et ses parents une longue succession d'échecs, parsemée pourtant de précieux instants de bonheur. Bashô et sa femme, à l'image de personnages de contes, étaient patients et attentionnés. Les difficultés de leur enfant, les deux les avaient vite acceptées et ne s'en étaient pas soucié outre mesure. Quel véritable parent saurait accabler son enfant ? Eux ne le faisaient jamais. Patients, ils inculquaient à Shôren ce qu'il était capable d'apprendre et le gosse ne se montra pas trop mauvais. A dix ans, il avait une maîtrise magique correcte (bien qu'assez ordinaire, finalement) et une bonne expérience de bretteur. A 15, ses talents s'étaient un peu affinés et il était prêt à épauler ses parents dans leur travail.
Seulement, il ne l'entendait pas de cette oreille.

Shôren avait approché le duc un peu par hasard et avait eu l'heur de lui plaire. A cette époque -l'enfant était devenu un jeune homme à peine entré dans l'adolescence- d'Esquille faisait parler de lui pour de mauvaises raisons, bien que ce fut discret. Il avait durçi un peu ses lois sur les esclaves qui y avaient perdu quelques droits. La grogne avait traversé Eltharon sans trop s'amplifier, bien qu'elle couvait dans les coeurs. Si bien qu'un Libre mécontent avait attenté à la vie du Duc qui ne fut sauvé que par l'action de Shôren. Dès lors, le garçon entra au service de son seigneur et ce dernier lui promit un titre de chevalier nexusien rien qu'à lui si il continuait à faire montre d'autant de zèle. Shôren, qui n'attendait que ce genre d'occasion, c'était engouffré dans la brèche à corps perdu et contre l'avis de ses parents.

Bashô et Renetta se méfiaient, eux, de plus en plus d'Esquille. Davantage au contact des esclaves et des vendeurs ainsi que des acheteurs, les diverses rumeurs leur venaient facilement aux oreilles. Ainsi, ils ne tardèrent pas à entendre que de plus en plus d'esclavagistes venaient en fraude depuis Ashnard même pour se procurer à bas prix les excellentes marchandises d'Eltharon, mouvement traître que le Duc acceptait de cautionner tant que sa cassette personnelle se remplissait.
Les confirmations de ces dures accusations firent jour au fil du temps, avec le durcissement des lois et une méfiance de plus en plus accrue du duché envers la capitale d'ivoire. Les proches d'Esquille devenaient de plus en plus suspects, trempant dans l'arrangement de leur seigneur, et les elfes craignaient que Shôren n'eut été également corrompu bien que l'amour de l'argent n'était pas un de ses vices.

Ils n'avaient pas tort mais, comme ils s'en rendirent douloureusement compte lorsqu'ils le retrouvèrent, Shôren avait bien d'autres faiblesses qu'on pouvait exploiter. Le Duc avait sut parler au gamin pour le manipuler, lui faire entrer dans la tête qu'une ouverture avec Ashnard était plus bénéfique pour tout le monde que l'allégeance à la couronne de Nexus, si avare en reconnaissance et remerciements. Endoctriné grâce à la manipulation de ses envies de devenir chevalier (que ce soit d'Ashnard ou de Nexus n'était plus qu'un détail tant que le titre précédait son prénom), Shôren était devenu la main la plus fidèle d'Esquille. Si bien qu'il mit en garde ses parents contre la position qu'ils désiraient adopter envers le seigneur, déclaration qui fendit le coeur de Bashô et Renetta tandis qu'elle gonflait d’orgueil celui de leur si frustré rejeton. Bashô entra dans une colère noire et allât jusqu'à tirer son épée contre son si précieux fils, qui ne para qu'à moitié le coup. Le glaive laissa une profonde cicatrice sur sa joue droite, déclaration de guerre si il en était.
Shôren les quitta pour de bon, s'en retournant auprès de son maître alors que le brave Bashô se maudissait d'avoir, l'espace d'un terrible instant, levé son arme vers la chair de sa chair. Il ignorait alors que ce n'était que le début de la tragédie qui allait se jouer en Eltharon.

Après l'altercation familiale, les choses semblèrent se dégrader très rapidement dans le duché. Les mesures d'Esquille se firent de plus en plus répréssives et le mécontentement secouait de plus en plus les rues d'Eltharon, causant ça et là quelques débuts d'émeutes. Renetta et son mari les calmèrent tant qu'ils le pouvaient mais même eux ne pouvaient se dresser contre un monceau d'injustice. Quelle ne fut pas leur horreur de voir Shôren lui-même à la tête des troupes chargées de réprimer dans le sang les poches insurrectionnelles ! Le Duc avait en effet décidé de frapper un grand coup pour imposer son autorité et avait confié la tâche à son plus zélé serviteur, le fanatique qu'était devenu le capricieux mais gentillet enfants des héros de la cité.
Les actions de Shôren et de ses troupes eurent l'effet contraire de la pacification qu'escomptait le Duc. En moins d'une semaine, soldats ducaux et esclaves à la liberté auto-proclamée se livraient bataille dans une Eltharon plongée en pleine guerre civile.

Entre Shôren et sa famille, les choses s'étaient terriblement dégradées. L'aveuglement du fils avait embrasé Eltharon et ses parents durent se dresser contre lui lorsqu'il quitta la sécurité du château d'Esquille pour prendre part à l'affrontement. Après quelques escarmouches, les membres de la petite famille se retrouvèrent sur les plaines bordant la cité. Si Bashô et Renetta tentèrent une dernière fois de raisonner leur enfant, ce dernier préféra déclencher l'assaut et retourner contre eux les leçons qu'ils lui avaient donné.
La terrible bataille se solda par un infanticide, lorsque Renetta poignarda à mort son pauvre fils dans le feu de l'action après que son père eut balafré le fils d'une première cicatrice superposée sur la première, instiguant une croix honteuse pour eux deux.
 Penchés sur le corps du fruit de leurs entrailles, les parents pleurèrent toutes les larmes dont ils étaient dotés. Ils abandonnèrent la bataille pour enterrer ce fils ayant mal tourné et n'eurent que le temps de le glisser dans un trou magiquement creuser avant de le recouvrir de terre.
L'action devait être menée et Eltharon libérée de la tyrannie traîtresse de son seigneur qui avait prit la fuite. Renetta n'eut que le temps de déposer quelques glands contre le gisant, se promettant ainsi de retrouver la tombe grâce au chêne qui en marquerait l'emplacement lorsqu'elle reviendrait prier les dieux pour le pardon de son âme -la sienne et celle de son fils trop influençable.

Ni elle ni Bashô ne virent le chêne. La mort les faucha moins de deux semaines plus tard, quand ils retrouvèrent le convoi d'Esquille qui mourut également dans le dernier assaut. Eltharon avait été ravagée dans les affrontements qui avaient prit place dans ses artères et Nexus ne daigna jamais la reconstruire, afin que la vilénie du Duc puisse instruire tous ceux qui auraient voulu ternir l'étincelante couronne royale.
Ainsi, les glands purent tranquillement devenir une pousse et la pousse un arbrisseau destiné à devenir un arbre vigoureux.

L'histoire aurait put s'arrêter là. Peut-être qu'elle aurait dut. Mais un nouveau chapitre s'ouvrit lorsqu'une divinité vint aider le chêne à fleurir. Elle était
Quorra, avatar d'une ancestrale croyance elfique qui en faisait la fille de l'astre solaire. Elle accorda son toucher au Chêne, lui adressant quelques mots dans un sourire bienveillant.

"L'écorce et la sève sont ta chair et ton sang. Les racines sont tes os et la Nature tes sens. Ta mère a longuement pleuré son acte abominable et son âme ne sera en paix que lorsque la tienne sera revenue parmi les vivants. Alors tu vas vivre comme un homme et vieillir comme un arbre. Les larmes de tes parents ont fait fleurir ta tombe, cette tristesse sincère ne doit jamais être oubliée. Sois, vis et deviens, Shôren seigneur du Chêne. Puissent deux fois cent années faire de toi un homme."

Quorra se retira après un baiser sur le petit arbre, repartant de là où elle était venu. Nul ne sut jamais vraiment comment la légende se transmit. L'enfant du soleil l'avait peut-être elle-même propagée, comme une leçon sur la rédemption ? L'histoire de Shôren ne fut jamais réellement oubliée mais resta peu connue, détruisant les derniers rêves que le jeune homme avait jamais entretenu de perdurer dans le temps.
Le temps passa, entraînant dans son sillage la valse immuable des saison qui s'abattirent sur Eltharon et ses ruines. Un bois modeste poussa tout autour du Chêne, l'évitant soigneusement comme pour lui rappeler que ses actions passées l'avait mit au ban de la société qui l'avait élevée. Le petit bois devint une forêt et les elfes s'y installèrent, dressant un village quelque sur ce qui avait été une très florissante cité.

Seuls quelques bardes gardèrent vive la mémoire de la légende de l'homme qui ne méritait pas d'en avoir une, de cette époque deux fois centenaire jusqu'à aujourd'hui.





Bien que la flûtiste ne soit pas une incroyable conteuse, vous l'avez écoutée avec attention et posez un oeil neuf sur le vieux chêne solitaire. Vous scrutez son tronc et y voyez, en y regardant à deux fois, une curieuse aspérité : ne serait-ce pas là, faite de deux larges et profonds entrelacs de sillages noueux, une croix comme celle qui ornait la joue gauche de Shôren avant qu'il ne trépasse ? Cela y ressemble furieusement et vous ne savez pas quoi en penser. L'elfe, elle, s'en amuse tandis que ses doigts fins caressent doucement le bois de sa flûte.

- Je sais qu'il est là, vous savez ? Shôren. Quorra l'a touché de Sa Grâce. Elle est si bonne avec notre peuple. Le Chêne accompagne ma musique, je vous l'ai dis. Il m'est très précieux.
- Ce n'est qu'un arbre, lui glissez vous non sans précaution.
- Les choses n'ont jamais que la valeur qu'on daigne leur accorder, voyageur. Et la force de conviction peut accomplir bien des miracles. Quelle valeur pensez vous que Shôren ait accordé à la bénédiction de Quorra ?

Vous admettez timidement ne rien en savoir. La flûtiste se contente de sourire une fois encore et vous comprenez que ses convictions sont profondes et que vous n'êtes certainement pas le premier sceptique à qui elle en fait part. Finalement, plutôt que de trouver l'histoire réellement crédible vous la trouvez jolie et remerciez la jeune elfe d'avoir accepté de vous la conter. Aimablement vous prenez congé d'elle et décidez de sortir de la clairière pour traverser à nouveau la forêt et rentrer au village; votre arrêt ici n'était jamais qu'une escale de votre long voyage vers vous-seul-savez-où.




Alors que vous êtes de retour sur le sentier sillonnant d'un bout à l'autre la Qëlfelyn, un craquement de bois sec attire votre attention et vous vous retournez prestement, la main grippée sur le manche de l'épée qui bat contre votre cuisse.

Ce qui vous a surpris est un jeune homme qui n'a rien de très particulier; vêtu comme un voyageur, il ne porte que des habits pratiques pour vadrouiller et se battre le cas échéant. Une tunique d'un bleu marin bordée de noir, de hautes mitaines de la même couleur. Un modeste mais solide pantalon couleur d'ivoire et de bonnes chausses de marche. Une ceinture noire ceint sa taille et un ceinturon se superpose là-dessus : vous apercevez à sa taille le pommeau d'une épée. La cape qui repose sur ses épaules larges lui recouvre légèrement les bras en tombant au niveau de ses reins.
L'inconnu est incontestablement un guerrier; sa carrure musclée et puissante l'indique. Il doit être souple et agile, plus athlétique finalement qu'il n'est bardé de ces ornements de force brute que son les muscles bandés et perpétuellement saillants. Vous observez son visage dont il ne vous offre que le profil gauche et vous vous dites qu'il est joli garçon sans être particulièrement superbe. De fins traits, une bouche discrète et une face imberbe à l'air quelque peu mélancolique, tout cela lui donne un charme particulier. Ses cheveux mi-longs dont la curieuse couleur oscille entre le gris et le vert extrêmement dilués dissimulent la légère pointe qui orne le lobe de ses deux oreilles : c'est un elfe, probablement du village, qui vous salue à peine d'un geste de tête.


- Vous avez vu la flûtiste, vous demande t'il en plongeant dans vos yeux son regard couleur d'acier.
- Oui, elle m'a raconté la légende de cet homme, Shôren.
- Je m'en doute.
- Vous y croyez, vous ?

Il marque un arrêt avant de répondre, ne daignant toujours pas tourner la tête vers vous. Cet homme est une personne assez froide et distante, mais vous vous dites qu'il est peut-être juste un peu mal à l'aise. Vous l'êtes aussi, après tout. Parce qu'il dégage une certaine prestance et que vous n'arrivez pas à savoir si vous voulez l'éviter ou continuer à lui parler. C'est assurément un homme secret qui ne doit pas prendre la peine de se lier avec trop de monde, comme si les relations sociales étaient un poids qu'il ne voulait pas avoir à gérer. Pourtant, nul doute que ce n'est pas une question d'éducation. Il parle bien et semble très vif d'esprit. Sûrement cet inconnu possède t'il une certaine culture.
Puisqu'il ne répond toujours pas et que vous vous demandez si il a bien comprit votre question, vous vous apprêtez à lui signifier que vous êtes toujours là mais quelque chose de très singulier dans sa tenue vous interpelle. Vous le saviez armée d'une épée mais vous n'aviez pas saisi au premier coup d'oeil que cette dernière était
en bois. Vous restez interdit et c'est le moment que l'homme choisi pour parler.

- Non. Je n'ai pas besoin de croire des légendes alors que je les sais être des faits parfaitement avérés.

Vous haussez un sourcil en vous tirant de la contemplation de l'arme d'enfant. Dans le même temps, l'inconnu rabat son bras et la cape vient dissimuler la poignée de bois tandis que vous relevez les yeux vers lui. C'est la première fois qu'il vous fixe de face et vous vous sentez un peu écrasé. Il tourne la tête à sa gauche cette fois, pour désigner la direction du village et vous suivez bêtement son action en la mimant.

- Vous devriez rentrer.
- Cela peut bien atten-

Votre tête est revenue dans l'axe de votre nuque, ce qui vous fait vous apercevoir que l'homme n'est plus là. Comme évaporé dans la nature, vous ne trouvez aucune trace de lui aux alentours et vous n'en revenez pas. Si il était une simple hallucination, pourquoi le sol trempé d'une légère rosée porterait encore la marque de ses pas ? Elles s'arrêtent d'ailleurs brutalement devant un chêne tout à fait commun, sur lequel l'inconnu faisait reposer son dos quand vous avez échangé quelques mots.
Ne voulant pas risquer la folie en cherchant à cette situation une explication farfelue, vous préférez adopter l'attitude la plus logique et de surcroît la plus simple : faire comme si de rien n'était et rentrer à l'auberge.

C'est alors que vous avancez en direction de cette dernière que vous réalisez quelque chose qui aurait dut vous frapper avant. Cet homme à l'épée de bois n'avait-il pas une grande cicatrice cruciforme sur la joue droite ? Si, bien sûr que si ! Vous ne l'aviez pas réalisé en l'ayant sous les yeux et maintenant que vous ne pouvez plus le vérifier, cela vous obsède. Voilà qui vous apprendra à faire preuve de davantage d'attention dans le futur.

C'est sur cette morale que vous rentrez vers le village, votre esprit vagabondant de l'inconnu à la cicatrice en forme de croix à la légende de celui qui n'en méritait pas une. Il y a certainement une leçon à retenir de cette drôle d'histoire et vous n'êtes pas trop sûr de l'avoir saisie. Comme d'autres avant vous probablement, ce qui vous rassure un peu quant à vos capacités de raisonnement.
Sûrement qu'après quelques godets de bière à la taverne, vous verrez cette journée et le conte l'ayant rythmée pour ce qu'elle est : une histoire qui vaudra peut-être la peine d'être racontée de temps en temps.

Comme celle de Shôren, l'homme qui ne méritait pas sa légende.




Citer
Shôren est une créature de sexe masculin. Hétérosexuel et expérimenté, il est âgé d'environ deux-cent trente années et possède la particularité d'être à plus de la moitié un arbre.

 Ainsi, c'est davantage de la sève que du sang qui est pompé par son coeur et sa peau peut devenir une solide écorce protectrice. Les bouts de ses doigts peuvent propulser très violemment des glands de chêne, avec assez de puissance pour que cela soit aussi douloureux qu'un coup de poing de champion de boxe poids lourd. Shôren peut se régénérer progressivement au contact de la terre et tire la source de ses pouvoirs principalement des rayons solaires. Il perdra en efficacité dans les environnements pollués ou impropre à la verdure.
Issu du chêne ayant poussé sur ses restes après sa mort, il lui arrive de retourner à se dernier pour s'y fondre et s'y reposer, parfois de très longues années durant. Ses pouvoirs lui permettent néanmoins de se mêler à n'importe quel arbre si tant est qu'il soit assez épais (de cette façon, Shôren ne peut donc pas se mêler à des buissons ou des jeunes pousses).

Le "jeune homme" peut également communiquer avec les arbres et possède une empathie naturelle avec les créatures végétales ou tout au moins liées au règne de la Nature.
En contrepartie de ses dons et en punition de la douleur infligée à ses parents, Shôren n'a pas le droit de tuer; c'est pour cela qu'il se bat exclusivement à l'épée de bois. Celle qu'il porte est néanmoins très résistante et de bois trop vert pour s'enflammer aisément.

Son pouvoir le plus impressionnant reste sa capacité à transformer à peu près n'importe quelle chose qu'il considérerait comme un détritus et qu'il puisse tenir au creux de la main en élément végétal.

Enfin, signalons qu'il conserve de sa vie antérieure de faibles notions de magie et quelques qualités de bretteur.

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