Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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1
Bien sûr, Kåre manquait d'expérience en matière de cunnilingus, et cela se sentait. Mais Pauline lui laissant du temps, une nette amélioration se fit tout de même sentir, sur la longueur. Sa langue s'activait chaque seconde avec un peu plus d'audace et de vivacité, s’immisçant un peu plus profondément dans les chairs intimes, même si elle se trouvait toujours imprécise. Mais au final, pour lui, la tâche se faisait relativement répétitive, et il put réfléchir un peu plus aux enjeux et à ce qu'impliquaient les directives sévères de la jeune fille.

Il avait commis jusqu'ici plusieurs erreurs d'appréciation concernant ses intentions. À présent, il se rendait compte que son but n'était probablement seulement que de s'amuser… avec la personnalité qui était la sienne, et qu'il n'avait aucun mal à qualifier de libidineuse. Il était aussi probable que son plaisir passe en partie par son humiliation, à lui… mais ça n'était pas certain, il ne savait pas trop encore.

Il songeait encore à la meilleure manière de déjouer les plans de l'adolescente lorsque les mains de cette dernière appuyèrent sur sa tête, l'obligeant de nouveau à reporter toute son attention sur son « travail » en cours. Le garçon se laissa docilement guider, son muscle buccal appuyant alors beaucoup plus nettement sur le clitoris. Il sentait la protubérance se gorger progressivement de sang sous les assauts répétés de sa langue, et en fut presque amusé. Peut-être avait-il sur elle un peu plus de pouvoir qu'il ne l'aurait cru ?

Malheureusement Pauline ne le laissa pas tirer longtemps parti de cet avantage, et le dégagea bien vite de son sexe. Ce qu'elle lui demandait de faire dans le même temps se trouvait encore une fois particulièrement humiliant, et cette fois, Kåre ne pouvait pas y échapper en jouant les experts en plaisir féminin. Elle semblait ravie de son idée. Se redressant, le suédois lui décocha un regard indigné.

J'ai rien demandé à voir du tout…

Il hésita sur l'attitude à adopter. Finalement, la principale chose qui le retenait, c'était sa fierté, face à une fille d'abord et puis surtout à cette caméra intrusive qu'elle tenait devant elle. Mais plus il y pensait, et plus il se disait que ce n'était pas si important… elle avait déjà sur lui un élément de menace si gros que tous les autres n'étaient que des vétilles…

Pff… si ça te fait plaisir…

Le déclarer était une chose, le faire en était une autre. Kåre s'en rendit compte alors qu'il s'affairait à défaire sa ceinture : il était si nerveux que ses mains tremblaient. Il fut obligé de s'y reprendre à deux fois avant de réussir à faire glisser la boucle. La tension eut la seconde suivante l'effet complètement inverse, lui faisant baisser à toute vitesse son caleçon avec le pantalon qui tombait. En un instant le pénis du jeune suédois se trouva exposé à la vue de l'adolescente.

Même s'il n'avait pas été jusqu'ici tout à fait consentant, la nature sexuelle des activités précédentes n'étaient pas restées dans effet sur la verge. Claire, d'une couleur à peine plus foncée que le teint de peau laiteux de Kåre, elle émergeait d'une toison masculine qui, si elle n'était pas trop éparse, était rendue discrète par sa blondeur. Sans être totalement dressée, celle-ci était déjà grosse et rigide, son poids la contraignant à une position environ horizontale.

Hum… le visage rouge de honte, l'élève tenta de ne pas trop prêter attention à la position aguicheuse de Pauline, mais déjà le mal était fait.

Son pénis entama aussitôt une trajectoire ascendante, venant former un angle beaucoup plus aigu avec le bas ventre. La peau, en se tendant, rétracta un peu le prépuce et exposa un gland à la délicate teinte violette. Il apparaissait à présent que l'organe était d'une taille supérieure à la moyenne, surtout selon les critères nippons. Sans être particulièrement épaisse, la verge était assez longue pour, si on l'avait appuyée, atteindre jusqu'à son nombril.

Les petits sursauts du phallus témoignait de l'excitation de l’adolescent. La tentation de laisser sa main faire quelques vas-et-viens le long de sa propre hampe était forte, biologique, pulsionnelle… mais le téléphone toujours braqué sur lui était encore bloquant… Faut juste que je trouve comment tourner la situation à mon avantage…

Si tu veux que ce soit pareil, je devrais pas avoir à me branler, c'est toi qui devrait le faire, lança-t-il, avec autant d'assurance qu'il le put. Me sucer, même.

Le garçon se disait que ça n'avait pas beaucoup de chance de fonctionner. Mais en entrant dans son jeu, il pourrait peut-être éviter l'humiliation d'avoir à se masturber tout seul face à une caméra… Peut-être même qu'en s'essayant à ce type d'ordre, il pourrait renverser la relation…

2
Déjà, Kåre était furieux de ce que la jeune fille le contraignait à faire. Il n'avait pas une très grande opinion de lui-même, mais il n'appréciait pas pour autant ce qui semblait n'être qu'un traitement pour l'humilier. D'autant que la lycéenne ne se gêna pas pour prendre les devants, et l'obliger à avaler réellement le bout de son pied. Aussi, s'il ne pouvait plus parler dans ces conditions, son regard sombre en disait long sur ce qu'il pensait de la situation… et ce ne fut certainement pas les menaces de Pauline qui améliorèrent son humeur.

…cependant, la possibilité qu'elle le contraigne à avoir des rapports sexuels avec elle ajouta davantage à sa confusion qu'à sa colère. Mais, quoiqu'elle semblait vouloir filmer ses sévices, il ne la prit d'abord pas au sérieux. Pour lui, le jeu était relativement clair : elle cherchait surtout à lui faire peur, et bien qu'il ignore pourquoi, il se disait que les gens étaient juste assez cruels en général.

Aussi lorsqu'elle le détrompa et retira sa culotte devant lui, ses joues ne tardèrent pas à adopter une teinte écarlate. Une nouvelle vague de malaise mêlé d'excitation l'envahie, l'empêchant complètement de déglutir et même de respirer pendant plusieurs secondes.

Qu'est-ce que tu…

L'adolescent semblait simplement incapable de parler davantage, toujours un genou sur le sol, le visage fixe et les yeux écarquillés. Il n'osait regarder ni le téléphone portable, ni le sexe que Pauline mettait pourtant en évidence en ouvrant les jambes en face de lui. En conséquence, il fixait seulement le mur du fond, couvert de quelques tags et dégradations mineures.

Tu vas tout mettre sur internet… murmura-t-il finalement, consterné.

Un frisson le parcourut. Néanmoins, il lui fallait reconnaître que par rapport à être exposé avec son anormalité, se retrouver sur des sites obscurs n'était qu'une idée modérément dérangeante. Mais tout de même, l'expérience était traumatisante.

Je n'ai…

Il allait lui avouer qu'il n'avait jamais eu l'occasion de toucher une fille auparavant, avant de se reprendre. Je peux pas avouer ça, j'aurais l'air encore plus con, putain… Il prit une grande inspiration. Après tout, ce n'était peut-être pas si terrible. Il tenta de reprendre confiance en lui en laissant parler un peu de sa colère. S'il était filmé, autant qu'il ne passe pas pour une lopette qui pleurniche devant une fille.

OK, je m'en fiche de te lécher la chatte. Mais va falloir te calmer après… nympho… fit-il, en relevant finalement les yeux vers le visage de Pauline (en évitant cependant toujours soigneusement son sexe).

Son malaise se voyait un peu, mais son irritation le rendait assez digne. Bien sûr il n'était pas très familier des propos aussi violents, et à vrai dire, il était même gêné de s'être exprimé ainsi. Et si quelqu'un dans les toilettes l'avait entendu ? Et si ?…

Puis merde…

Il avança le visage vers les cuisses de la lycéenne, bien décidé à en finir avec cette épreuve. C'était sans doute le début, qui était le plus difficile. D'autant qu'il n'en avait jamais vu en vrai. Avec tous les films porno qui circulaient sur internet, il ne fut même pas surpris de constater que le pubis de Pauline était épilé… c'était un peu la norme de ce à quoi il s'était attendu. Pour autant, le point de vue complètement obscène qu'il avait sur sa vulve ne le laissait pas complètement insensible, et le rouge de ses joues était à présent presque autant dû à l'excitation naissante qu'à la gêne, toujours prédominante.

Le suédois posa finalement sans beaucoup de tact sa bouche sur le sexe de la lycéenne. S'il n'avait pas plus d'assurance dans cette tâche que lorsqu'il s'était agit des pieds, il ne voulait pas, pour une raison qu'il peinait à expliquer (peut-être pour cacher son inexpérience en la matière), qu'on lui reproche de ne pas y mettre assez de bonne volonté. Il n'avait aucune technique, mais tira la langue autant qu'il le put, glissant sur les lèvres intimes de la jeune fille de haut en bas. C'est pas trop dégueux, mais c'est tiède…

C'était un travail très novice : il ne s'attardait sur aucune zone en particulier, pas vraiment conscient de l'anatomie de la zone, ni ne cherchait à faire pénétrer un peu plus son muscle buccal dans l'orifice. De l'extérieur, cependant, ça ne devait pas être trop mal… Soucieux de conserver les apparences, et de se conforter à l'idée de la sexualité qu'il avait, Kåre alla jusqu'à poser son second genou à terre, et à poser timidement les mains sur les cuisses de la lycéenne, comme pour les maintenir écartées.

3
L'adolescent ouvrit de grands yeux étonnés lorsque Pauline le gifla, alors que sa main alla par réflexe se poser sur sa joue pour juguler la douleur. Jamais il ne se serait attendu à une violence aussi soudaine de ce qui semblait être une jeune fille délicate.

Hey…!

Mais à peine avait-il eu le temps d'exprimer son mécontentement que son interlocutrice le saisit par le bras et lui intima de la suivre, dans un lieu qu'il n'aurait pas davantage soupçonné. C'était la première fois de sa vie que Kåre pénétrait dans des toilettes pour filles. En temps normal, il aurait certainement refusé d'y mettre un pied, mais heureusement, il lui semblait que personne ne les avait vus entrer, et qu'à cette heure ils étaient bien seuls à cet étage.

En revanche, il n'avait aucune idée de la raison pour laquelle l'adolescente l'avait traîné ici. Est-ce qu'elle va encore me frapper ? s'interrogea-t-il avec un peu d'appréhension. Il n'avait certainement pas envie de servir de punching-ball, mais la suite lui fit passer la gifle qu'il avait reçue pour une indulgence. Il fronça les sourcils quand une lueur de malice passa dans le regard de Pauline.

T'es une sorte de perverse en fait… bougonna-t-il à mi-voix.

Mais de nouveau, la demande de la jeune fille paraissait sans appel et parfaitement sérieuse. Puis, Kåre ne voyait pas d'échappatoire pour le moment… Après s'être brièvement retourné pour s'assurer, de façon compulsionnelle, que la porte de la cabine derrière lui était bien fermée, il mit un seul genou à terre.

Bon… Tu me lâches après… ?

Le suédois était trop peu assuré pour saisir le pied directement avec ses mains, qu'il garda donc en hauteur, mais à quelques centimètres de la peau de la lycéenne. Il préféra doucement pencher la tête pour tout juste coller ses lèvres sur le bout des orteils de Pauline, n'osant du reste pas la regarder directement. Le traitement humiliant auquel il était contraint suscitait plus de colère en lui qu'autre chose, mais il avait envie d'en finir rapidement. Il s'obligea à mettre dans son action un peu plus de bonne volonté, espérant que cela suifferait à contenter l'adolescente. Aussi il remonta un peu la bouche et sorti la pointe de sa langue pour, encore une fois, effleurer le dessus du pied, déposant une petite marque humide sur la moitié de sa longueur.

C'est bon… ? fit-il, en relevant un peu les yeux.

4
Les joues de Kåre tournèrent au rouge vif aussitôt que les lèvres de la jeune fille se posèrent sur les siennes. Il avait amorcé un second mouvement de recul, mais elle l'avait devancé, et il n'avait pas osé la vexer en se retirant franchement. C'était la première fois qu'il embrassait quelqu'un, et il resta sur place, hébété par l'expérience.

Je… ok… merci… balbutia-t-il, songeant qu'elle avait quand même une façon très directe d'exprimer sa gratitude. Moi c'est Kåre.

Le suédois retint sa main qui, de surprise, allait se porter à sa bouche. Le geste aurait pu être mal interprété. Mais à peine s'était-elle retiré qu'elle entreprit de renouveler le baiser, ce qui, pour la deuxième fois de suite, le fit sursauter. Je suis un peu con… à mon âge, y'en a qui ont fait bien pire. Je vais passer pour un attardé si je continue… L'adolescent haussa les épaules, l'air désemparé et faussement indifférent, mais acceptant tout de même.

'k… J'veux bien faire semblant d'être ton copain…

Mais Pauline ne semblait pas vouloir s'arrêter là, puisqu'elle se colla à lui, invitant ses mains son postérieur et appuyant sa poitrine contre lui. Kåre, dans une telle situation, n'était pas très vif, et était incapable de protester. Il tourna simplement la tête, contemplant le mur, qui semblait soudain revêtir un intérêt extraordinaire, évitant absolument de croiser le regard de la jeune fille. Il déglutit.

Ouais, t'es jolie… fit-il, en haussant encore les épaules, se voulant toujours insensible à la situation. Même si ce n'était pas très crédible, c'était toujours mieux que de passer pour un crétin complètement timide.

Finalement, le garçon trouva un moment de détente et parvint à se dégager et à prendre un peu de distance. Un sourire forcé au visage, il prit appui sur une des cloisons, croisant une jambe dans la pose un minimum cool de l'adolescent indolent.

T'as des amies à impressionner ? Parce que j'suis pas sûr d'être le bon coup pour ça. J'suis pas super populaire.

Il soupira. J'sais pas si ça va bien finir. Elle a un peu trop de pouvoir sur moi maintenant. L'important était de reprendre un peu de maîtrise sur la situation, et de l'ironie ferait l'affaire :

Mais bon, si t'es pas capable de draguer d'autre garçons… j'peux faire l'affaire, j'suppose. T'as un plan ?

5
La main de l'adolescent redescendit, finissant sa course hésitante dans la poche de son pantalon. Il souffla, soulagé au moins que la jeune fille ait arrêté de donner l'alerte, et que, visiblement, personne ne l'avait entendu et n'était venu à son secours. Le pire danger, il l'espérait, était passé.

D'accord… on se calme alors, pas vrai… ?

Rapidement, Kåre hocha la tête en réponse à la première demande de la lycéenne. Il était à peu près convaincu de pouvoir faire ça. Après tout, lui-même n'avait plus souffert de ce genre de douleur depuis que son pouvoir s'était déclaré. La façon dont elle le regardait le troublait un peu, mais il tenta d'en faire abstraction, alors qu'il lui saisissait doucement les doigts, relevant un peu son bras. Tant qu'elle ne prend pas peur, ça devrait aller.

Ça fonctionne juste par contact : tu devrais plus rien ressentir… bientôt…


Il n'osait pas relever les yeux, alors que l'énergie passait de son corps au sien. La seule manifestation perceptible de son pouvoir était un léger picotement, comme une décharge électrique douce, qui devait remonter le long du bras de la jeune fille. Comme il n'y avait pas grand-chose à régénérer, celle-ci était particulièrement faible, et s'estompa en seulement quelques secondes. Même si le contact était très localisé, c'est le corps entier de la lycéenne qui avait été débarrassé de toute cicatrice ou lésion musculaire.

Voilà… murmura-t-il en lui lâchant la main.

Kåre regardait toujours ses pieds, en écoutant les autres exigences de son interlocutrice. Il s’apprêtait à les accepter, évidemment. C'est pas comme si j'avais le choix, de toute façon… pensa-t-il amèrement.

OK… soupira-t-il. …Attend, quoi… ?!

Levant soudain la tête, le suédois affichait un air incrédule. Il eut un petit sourire, mal à l'aise, et feignit un rire.

Tu… plaisantes ?

Il avait soudain l'impression d'être beaucoup trop proche de la lycéenne, et se recula nerveusement d'un pas. Il n'avait jamais embrassé de fille, bien sûr, et aucune n'avait jamais manifesté de volonté de le faire. Il ne pouvait cependant s'empêcher de fixer le visage délicat de son interlocutrice. Cela ne lui déplairait pas, toutefois c'était quand même embarrassant, et surtout, il avait peur qu'il s'agisse juste d'une blague pour se moquer de lui. Très drôle, vraiment… Néanmoins la l'adolescente, à en juger par la manière qu'elle avait de le regarder, avait l'air sérieuse… Sous l'effet de la gêne, les joues du blondinet rosirent notablement, mais il ne risqua rien de plus.

6
Toujours étourdi par sa chute, Kåre ne se rendit pas de suite compte qu'une jeune fille avait commencé à crier. C'est qu'il avait à peine retrouvé son sens de l'équilibre, et était encore un peu chancelant. Toutefois, dès qu'il comprit, un sentiment de terreur s'empara de son esprit. Quelqu'un l'avait vu et s'apprêtait à révéler à qui voulait l'entendre son secret. C'était le pire scénario qu'il avait envisagé. Si quelqu'un l'entend, je suis foutu… on va même croire que j'ai essayé de l'agresser…

Att… attend… !
bredouilla-t-il, le souffle court, sans trop savoir quoi faire.

La colère et la peur cependant électrisèrent bientôt sa réaction et le poussèrent à agir. Maladroit, l'adolescent se lança à la poursuite de la jeune fille, manquant de trébucher une seconde fois. Il parvient quand même à l'attraper par la manche, et à la tirer un peu vers lui.

Fais pas ça, s'te plaît. J'suis pas dangereux… j'te jure.

Il espérait qu'en la faisant se retourner, son regard suffirait à la faire taire au moins un instant. Mais dans ses yeux verts qu'il aurait voulu confiants ou apaisants, c'est surtout la panique qu'on pouvait lire. Il était manifeste qu'il ignorait complètement comment se sortir de cette situation. Des pensées loufoques ou désespérées s'entrechoquaient dans son esprit : Peut-être que je pourrais faire semblant que c'est elle qui m'a agressé ? ... Et si je la tuais pour la faire taire ?… sans heureusement y demeurer longtemps. La gorge serrée, mais un peu plus lentement, le suédois tenta de se justifier :

Je suis juste un guérisseur, ok… ? Je peux pas faire de mal aux gens… Mais j'ai pas envie que ça se sache, s'il te plaît, ça serait trop de problèmes…

Sa voix, sur les derniers mots, était devenue plus plaintive, presque suppliante. Kåre était pourtant bien loin de maîtriser l'art de la manipulation. D'autant que son interlocutrice était une jeune fille –  du genre beaucoup trop jolie pour qu'il ose lui adresser la parole en temps normal – ce qui achevait de le faire hésiter sur le ton à adopter.

7
Les baguettes de Kåre plongèrent dans le riz de son bento, puis s'élevèrent jusqu'à sa bouche. Le maniement de ces couverts n'avait pas été pour lui inné, mais après des débuts difficiles, il les maîtrisait convenablement. Même s'il était encore parfois tenté de se servir des accessoires de table occidentaux, il préférait ne pas se faire mal voir… Toutefois, cette problématique était loin, à présent : elle datait du temps où il ne déjeunait pas encore seul. Ce qui n'était plus le cas depuis plusieurs années. Assis sur un banc du premier étage de l'aile ouest – le plus vieux bâtiment, là où personne ne se trouvait jamais, aux heures de repas – il mangeait son en-cas sans qu'aucun regard ne se pose sur lui.

Il n'y avait, du reste, pas grand-chose à voir. L'adolescent faisait tout pour passer inaperçu, ce qui impliquait de rester présentable. Il portait ainsi un uniforme standard, parmi ceux proposés par Seikusu. Celui-ci se composait d'une veste très seyante noire, d'un pantalon et d'une cravate également noirs, et d'une chemise cintrée blanche. Le tout lui allait admirablement bien, et lui permettait de se fondre dans la foule des lycéens.

'Sont bon ces shishamos, j'en reprendrais… songea-t-il, avant que ses pensées ne s'éloignent du contenu de son bol en plastique. Ça fait longtemps qu'on a pas entendu parler de Sentinel Prime… Sentinel Prime était un super-héros avéré, doté de pouvoirs surhumains, qui avait fait parler de lui plusieurs années avant. Mais depuis quelques mois, aucune nouvelle dans la presse. Même les journalistes les plus avides d'exploits extraordinaires ne parvenaient plus à savoir s'il avait raccroché, ou même s'il était simplement encore en vie… Peut-être faudrait quelqu'un pour le remplacer… enfin, pas moi… Kåre, à l'évidence, ne se sentait pas la carrure d'un Sentinel Prime. La majeure partie de son énergie, il la consacrait justement à cacher au monde ses pouvoirs…

Puis, ayant terminé son plat, il se leva du banc et alla jeter ses restes dans une poubelle proche. Comme tous les jours, presque automatiquement, il tourna alors à l'angle du couloir pour emprunter un escalier vers l'étage inférieur. Il avait club de poésie, dans environ quarante-cinq minutes. Il projetait de s'installer dans la salle encore vide et d'attendre que l'heure arrive, peut-être en gribouillant un peu. La présence n'était pas obligatoire, mais c'était l'un des rares loisirs de groupe qu'il s'autorisait : il estimait que les chances de se blesser en écrivant des vers étaient assez faibles.

De toute façon, je ne suis pas aussi fort que lui, et puis…

Alors qu'il rêvassait encore, un craquement retentit sous ses pieds. Le suédois baissa brusquement les yeux : trop tard. Sa chaussure glissa sur la marche usée qui venait de casser sous son poids pourtant modeste, l'emportant dans une chute en avant.

Aaaah !

Un roulé-boulé et trois bons mètres de dégringolade plus tard, Kåre atterrit la tête la première sur le sol dur du rez-de-chaussé. Un claquement de son cou, sec et de mauvaise augure, se fit distinctement entendre. Pourtant, gémissant de douleur, quelques secondes plus tard, le garçon entreprit de se relever, portant la main à sa nuque endolorie. Une fois debout, la sensation d'un liquide chaud coulant sur son visage le fit également toucher son front. Ses doigts revinrent plein de sang, témoins que son front s'était ouvert sous le choc.

Fan !

Bien sûr, la plaie commençait déjà à se refermer, et dans une poignée de seconde, elle n'existerait même plus… cependant elle avait le malheur d'être particulièrement visible. Kåre chercha précipitamment dans la poche de son pantalon la serviette de son repas pour essuyer au plus vite toute trace de son accident. Dans le même temps, il plissa les yeux, la vision encore un peu trouble, espérant que personne n'était présent dans les parages lorsqu'il était tombé…

8
Le ton assuré de Takeru manqua de faire perdre confiance à Kåre, qui était déjà en train de retravailler, dans sa tête, un stratagème pour arriver quand même à ses objectifs. Toutefois, en matière de dimension, il sembla que les japonais étaient destinés à rester définitivement derrière les suédois. C'est avec un sourire rusé que l'adolescent se retourna pour faire face à son camarade, et lui révéler le sexe qui lui assurait, d'assez peu, mais qui lui assurait quand même, la victoire. Comme ses aisselles, ses cuisses et son pubis était couvert d'un duvet blond. Sa verge, elle, non-circoncise et un peu plus foncée que le reste de son corps en raison du sang qui la gonflait, était longue sans être cependant très large.

Il ne se priva pas non-plus, sous-couvert du concours improvisé, de détailler l'instrument du jeune sportif. Pour un asiatique, difficile de trouver mieux… y'aurait moyen d'en faire quelque-chose, elle a du potentiel se dit-il à lui-même, sur le ton du commentaire de foot.  Malheureusement, le spectacle fut de courte durée, car celui-ci se rendit vite compte qu'il n'était pas de taille.

« Dommage… pour toi ! » s'exclama ravi le suédois en se dirigeant, nu, vers un des lavabos, où il aspira quelques gorgées d'eau.

En vérité, il n'avait même pas songé à apporter de gel-douche. Celui-ci était resté dans un autre sac de sport hors de prix qu'il avait chez-lui. Il ne s'en inquiéta pas : ce n'était qu'une infime occasion supplémentaire d'augmenter la promiscuité entre les deux étudiants.

« Super, j'arrive » lança-t-il. « Par contre, j'ai pas de savon. Tu me fileras le tien ? »

Si Takeru pensait s’acquitter de son gage avec ce prêt, il était loin du compte. Néanmoins, il n'était visiblement pas proche non-plus d'abandonner l'idée du concours, qui devait certainement le blesser dans sa virilité. À moins que ce ne soit autre chose ? Kåre sentait la chaleur lui monter à la tête… et cette chaleur là n'avait rien à voir avec la température ambiante, d'ailleurs rafraîchie par l'eau qui se mit à couler sur sa peau dès qu'il pressa le bouton. Contrairement à la décision qu'il avait prise de rester à l'écart sur les bancs, il avait choisi l'emplacement de douche juste à côté de celui de son camarade.

« On refait les mesures quand tu veux… » annonça l'adolescent en se tournant vers le jeune japonais.

C'est bon, je l'ai à coup sûr. Une main sur son épaule, il l'incita de même à lui faire face. Dans cette position, leurs sexes tout deux pleinement gorgés de sang n'étaient distants que d'une demi-dizaine de centimètres, et la légère différence manifeste. Kåre esquissa un nouveau sourire, plus grand et plus satisfait encore, alors qu'il écartait les bras, semblant dire « désolé ». Un instant songeur, il mima la recherche d'une idée.

« Un gage, ouais, mhhh… malheur aux vaincus, hein… » mais en réalité, l'idée était déjà toute trouvée : « T'as déjà sucé un mec ? »

Son ton était à peine sérieux, toutefois, dans les yeux verts du suédois se lisaient une excitation qui n'avait rien de simulée. Son cœur avait brusquement accéléré, alors qu'une tension au niveau des épaules l'obligea à quelques mouvements du haut du buste. Au pire, je peux toujours faire genre c'était une sale blague se rassura-t-il. Avec de la badinerie dans la voix, il justifia quand même assez son acte pour que le gage puisse être raisonnablement considéré par le perdant.

« Hey, allez quoi, j'suis chaud ! Puis… si tu me laisses venir dans ta bouche… je pourrais peut-être être sympa, après. »

Kåre riait toujours, mais sa main s'avançait légèrement pour venir frôler l'entrejambe du sportif. Soit je me fais remballer, soit c'est le début des choses sérieuses pensa le suédois, la tension montant dans ses veines alors que son regard émeraude ne quittait pas celui de Takeru.

9
La situation aurait pu être un peu gênante pour le suédois si son partenaire d'entraînement l'avait reprit avec trop de sarcasme sur son état émotionnel. Mais heureusement, Kåre avait comme un don pour être en phase avec l'humeur du moment, et celle-ci n'était pas au cynisme blessant, mais à l'amusement un peu confus. Des sentiments perçus qui le stimulaient bien assez sans pour autant le troubler : le registre lui convenait tout-à-fait. Il se mit à lui convenir d'autant plus qu'il pressentait – et il put bientôt constater par le relief particulier du short de Takeru – que son excitation devenait peu à peu réciproque.

« Ouais, ça doit être les filles. Elles me poussent vers le haut » lui répondit-il, sur un ton ouvertement joueur. Puis il baissa le regard une seconde, et ajouta : « Toi aussi, les filles ? »

Pendant tout l'entraînement, il n'avait pas réellement eu d'autre sujet d'attention que la musculature découverte du jeune japonais. Elle était encore plus séduisante qu'il ne l'avait imaginé, car en plus de sa carrure athlétique dont il ne fut pas déçu, la définition de chacun des muscles était remarquable, elle gardait un aspect juvénile qui le séduisait beaucoup. Fan, ça doit pas être désagréable à caresser avait-il songé. Ses mains purent en avoir un aperçu quand à l'occasion d'un exercice elles virent appuyer sur son torse. Il lui fut d'ailleurs assez difficile de résister à l'envie de les faire descendre.

Le suédois n'insista pas et éclata de rire avant d'accepter le programme que son camarade lui proposait.

« Douches ! Ça marche. Je suis ultra chaud et… tendu, alors ça peut faire que du bien ! »

Au pire, il pouvait prétexter sa mauvaise connaissance du japonais pour nier le sous-entendu, mais il sentait qu'il n'aurait pas à le faire. Jetant un regard mi-goguenard mi-victorieux aux supportrices, qui ne lui retournèrent qu'un air sombre, l'adolescent ne se fit pas prier pour se diriger de nouveau vers les vestiaires. Il récupéra au passage son sac dans le casier, des habits de rechange s'imposaient de manière évidente. Le jetant sur son épaule, il se dirigea vers la salle où ils pourraient se changer.

Poussant la porte, Kåre laissa Takeru entrer en premier, se fendant d'une galanterie qui tenait de la plaisanterie potache :

« Les dames d'abord ! »

Les vestiaires eux-même étaient au nombre de trois pour chaque genre, tous sur le même modèle assez classique : un compartiment rectangulaire divisé en deux parties. La partie la plus proche et la plus longue possédait un banc collé à chacun des deux murs transversaux. La seconde était de forme carrée et couverte de carrelage ; sur les bords des boutons permettaient d'actionner les jets d'eau au plafond. Un renflement du mur et deux éviers faisaient office de frontière entre les deux compartiments.

Finalement il pénétra à son tour et posa son sac sur un des bancs, volontairement celui opposé à celui de Takeru. Il enlevait ses chaussures tâchées de gazon et de terre tout en plaisantant joyeusement.

« D'habitude j'aurais voulu que l'eau soit pas aussi froide que celle de la salle où je m'entraînais avant. Mais là, ouah, j'espère qu'elle est glacée. Aussi glacée que les fjords suédois t'sais. »

Il allait assez vite pour se déshabiller, mais après s'être défait de ses chaussettes et d'avoir commencé à descendre son pantalon, il se tourna pour faire face au mur. Finalement, il retira aussi son caleçon rouge à l'élastique, que la sueur ne rendait de toute façon plus très présentable. Son fessier était sans doute la partie de son corps dont il avait le plus travaillé la fermeté et la courbe. Il était encore plus blanc que le reste de son corps, même s'il était si pâle qu'il n'y n'avait pas de marque de bronzage nette. L'air de rien, le suédois lança :

« Tu sais ce qu'on dit ? Que les mecs avec des gros muscles ont un truc à compenser… »

Il tourna légèrement la tête pour apercevoir son camarade, séparé de lui par environ trois mètres. Kåre, lui, ne s'était jamais réellement calmé, et la perspective de pouvoir jeter quelques coups d’œil au corps du sportif achevait de l'exciter. Mais genre, pourquoi je me contenterais de juste regarder ? formula son esprit bouillant, il est sympa, 'dois y avoir des choses plus amusantes à faire.

« T'es encore poussé vers le haut ? Tu veux parier quoi que niveau taille ma queue met la misère à la tienne ? Un gage, ça te va ? » fit l'adolescent, toujours badin.

Un classique pour des footballeurs que de comparer la taille de leur engin dans les vestiaires. Sauf que Kåre en avait un peu davantage dans les idées. S'il n'était pas certain de triompher (même si, à en croire les légendes qui courraient sur les japonais, lui et ses plus que corrects dix-sept centimètres avaient de bonnes chances), il pourrait toujours tourner le gage en ce qui l'arrangeait.

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Gymnase en plein air et piscine / Re : Sport de balles [Takeru Tamase]
« le: mercredi 13 mai 2015, 03:53:29 »
Quoiqu'il ne comprenait pas tout des paroles de Takeru – et qu'il savait très bien que le lycée avait déjà un autre club de football – Kåre se garda bien de le détromper. Il acquiesça, même, se disant que son interlocuteur devait de toute façon beaucoup mieux connaître le contexte du sport à Seikusu que lui. Surtout il n'avait pas envie de passer pour un idiot à poser des questions idiotes. Si Takeru disait qu'il manquait de sportifs à l'école, c'était probablement vrai. Il ne l'aurait pas dit avec autant d'aplomb sinon, songeait le suédois. Puis, s'il sentait bien que quelque-chose lui échappait, il ne se posait pas plus de questions que ça : au-delà, il avait même un vague sentiment de bien maîtriser une situation qu'il avait l'impression de connaître. Ainsi, les interrogations (pas de course, pas de passe, quoi alors ? Du tir au but ?) passaient dans son esprit avec la persistance de courants d'air.

Même la sortie d'un mannequin en mousse ne parvint pas à le faire douter de ce qui lui semblait être des évidences. Toujours allègre et pensant à une plaisanterie, il s'amusa :

« Hey, mais qu'est-ce que tu comptes faire de… »

Enfin il s'interrompit, relativisant un peu la maîtrise du déroulement de l'entraînement qu'il était certain d'avoir. Il se tut une seconde mais fit la suivante son possible pour ne pas perdre la face et ne rien laisser paraître de son trouble. OK… pas ce football là, alors, ça explique… des choses, conclut-t-il très simplement. Le soucis principal se trouvait dans le fait qu'il n'avait pas la moindre connaissance du football américain. Des rôles jusqu'aux règles – dont il avait tout juste entendu parler de la difficulté et du prétendu caractère incompréhensible – il ignorait à peu de choses près la totalité de la pratique du sport préféré des étasuniens. Pire que tout : il venait de prétendre le contraire. De quoi être ridicule à coup sûr.

D'un autre côté, il y avait Takeru. Plus Kåre observait ce dernier et plus il était persuadé du caractère absolument obligatoire de sa propre présence à l'entraînement. Le sportif n'aurait pas été seul ou il n'aurait pas été aussi agréable à regarder que le suédois serait peut-être éclipsé discrètement, à la faveur d'un mal de crâne ou de ventre. Mais les muscles ciselés qui saillaient sous  un tee-shirt trop serré et juste assez humide achevèrent de le convaincre définitivement de rester. Qu'importait le sport, en vérité. En une telle compagnie, il aurait sans doute accepté sans broncher de faire du saut en parachute.

« Ouais, tackler ! Ma spéciali… » commença-t-il, tout fier d'attraper le ballon entre ses bras, avant d'être renversé l'instant suivant par près de quatre-vingts kilos d'athlète.

Surpris, le jeune homme n'opposa pas la moindre résistance… et aussitôt ses esprits repris, encore en pleine chute, il fit en sorte que cela se voit. Certes, il savait que cela aurait sans doute fait peu de différence de toute façon. Une fois au sol, la position ne fut pas aussi déplaisante qu'il l'avait imaginée, toutefois. Le contact assez frais de son dos avec le gazon contrastait avec la masse chaude encore plaquée contre lui. L'espace de quelques secondes, il put sentir les reliefs de son corps, de ses pectoraux, sa poitrine contre la sienne. Tout, jusqu'à l'odeur de la sueur de Takeru, qui parvenait aux narines du suédois, concourait à rendre le sportif désirable.

Heureusement, lorsqu'ils se relevèrent, le short de Kåre était tout juste assez ample pour que ses premières émotions ne soient pas trop manifestes.

« Tu m'as eu par surprise ! » protesta-t-il en se reculant un peu. « Franchement j'en attendais mieux de ! »

Le suédois ne termina pas sa phrase et fonça à son tour vers son partenaire d'entraînement, dans le but avéré de lui rendre l'appareil et de le faire chuter. Toutefois, malgré une vitesse honorable pour une si petite distance d'élan, sa masse et son manque total d'expérience rendaient ses chances de succès négligeables. En réalité, il y avait même toutes les chances que ce soit lui qui soit encore projeté sur le sol. Finalement, le football américain c'est un peu comme un art martial se mit-il à penser alors qu'il devait encore s'éparpiller sur le gazon autant de fois que nécessaire.

L'entraînement pouvait bien durer aussi longtemps que Takeru le souhaitait, Kåre ne voyait plus vraiment passer les minutes. En revanche, il savourait le moindre contact avec l'athlète, et la moindre vue sur son physique sculptural avec une discrétion qui, si elle était toujours présente, tendait vaguement à décroître. Quelques exercices supplémentaires avaient été effectués lorsque le jeune homme s'exclama finalement :

« Fan ! Tu arrives à supporter cette chaleur avec ton maillot, toi ? J'ai juste l'impression d'être en train de nager dans ma propre sueur ! »

À peine eut-il prononcé ces mots qu'il attrapa les rebords de son tee-shirt, croisant les bras pour les faire remonter jusqu'à sa tête et retirer l'habit. Son corps exposé avait la pâleur nordique et était glabre, si l'on exceptait une pilosité claire et ténue, proche d'un duvet, sous ses aisselles et sur le dessus de ses avant-bras. Il avait dans quelques tâches de rousseur discrètes disséminées un peu partout, et quelques rougeurs en bas du dos et sur les coudes : aux endroits où il était déjà tombé. La forme de son buste n'avait rien à voir avec robustesse de celui de son partenaire, mais à défaut il n'était pas gras et plutôt harmonieux. L'absence de masse corporelle superflue lui donnait une taille fine, et faisait ressortir de belles lignes abdominales qui auraient été sinon invisibles. Il jeta sans plus de ménagement le maillot dans l'herbe. Avec un peu de chance, ça lui donnera envie de faire pareil se mit à espérer le suédois.

« Mieux comme ça » conclut-il, tout sourire.

À force de proximité, une raideur bien localisée se fit sentir à un moment où à un autre, ce qui ne troubla pas vraiment l'adolescent. Il était à peine conscient du fait que son partenaire finirait presque inévitablement par s'en rendre compte… et quand bien même.

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Gymnase en plein air et piscine / Re : Sport de balles [Takeru Tamase]
« le: dimanche 10 mai 2015, 19:38:42 »
Ainsi le suédois ne s'était trompé ni de lieu ni d'heure : il poussa un soupir de soulagement et le stress de l'incertitude retomba. Soudain, il sentit un poids s'envoler de ses épaules. Le visage de Kåre s'éclaira bientôt d'un grand sourire alors que son regard vert remontait vers son interlocuteur, que prit par l'inquiétude, il avait à peine dévisagé jusqu'ici.

Ce qu'il vit lui plu rapidement. Les traits asiatiques étaient, sur son interlocuteur, bien moins grossiers que sur la plupart des natifs qu'il avait pu croiser. La couleur agréable de sa chevelure indiquait probablement une ascendance étrangère, ce qui n'était certainement pas pour déplaire au jeune homme. Dans la masse de japonais qui à ses yeux non-entraînés se ressemblaient tous, c'était un véritable rayon de soleil. Enfin et surtout, il avait l'air amical, accueillant, et son visage lui inspira ce dont il avait besoin pour s'intégrer à un nouveau groupe : de la confiance.

« Salut ! Kåre. Merci je... hey » commença-t-il avant d'être interrompu par une claque amicale sur son fessier.

Un sourire plus taquin naquit au coin de ses lèvres. Une telle familiarité, si tôt, serait peut-être plus difficilement passer de la part d'une personne moins séduisante, mais dans le contexte, elle fit une toute autre impression au suédois. Son attention passa discrètement de ses propres cuisses, sollicitées par la tape, à celles du jeune sportif, dont il observa quelques instants la musculature avec une certaine envie. Cependant, il avait appris à se tenir, et hissa de nouveau très vite la ligne de son regard vers une hauteur moins équivoque.

« Euh, d'accord, Tama, enchanté... OK... cool... C'est sympa ! » fit-il successivement, un peu déboussolé par le débit de parole de son interlocuteur, qui lui laissait à peine le temps de répondre.

Cependant, le contact passait bien, et Kåre était aussi à l'aise avec des gens exubérants qu'avec des personnalités timides... Socialement très en mesure de s'adapter, il écoutait les premiers et parlaient aux seconds. Ce n'était d'ailleurs pas le seul domaine où il se sentait capable de polyvalence.

« Elles, j'ai l'impression qu'elles viennent surtout pour toi, non ? » fit-il en tournant brièvement la tête vers les gradins.

Il considéra les filles avec désintérêt, voire avec un peu d'hostilité. Chacune de ces masses de cheveux longs et de chaires flasques constituaient pour lui autant d'adversaires, malheureusement souvent plus armée que lui pour la chasse aux garçons. Heureusement, il n'y en avait pas de trop jolies, ce qui l'aurait probablement agacé. Il haussa les épaules. Bien sûr qu'elles viennent toutes pour lui... il est carrément mignon répondit-il pour lui-même.

« Pour le maillot... euh, je... suppose, ouais. Il est... bien. »

Le suédois s'était retenu de dire qu'il aurait pu demander à son père de lui trouver un couturier professionnel, qui auraient sans doute obtenu un bien meilleur résultat que le club amateur du lycée... en tout cas à en juger par l'habit jaune citron aux liserés bordeaux qu'arborait Takeru. Rien que le choix des couleurs était assez infamant pour l’œil du garçon, habitué aux designs travaillés et aux finitions irréprochables des vêtements de marque. Mais il n'avait pas non-plus envie de passer pour le gosse de riche de service, et le sportif avait l'air d'apprécier le travail des petites mains du club... il jugea qu'il valait mieux ne pas le vexer.

« Je suis à Seikusu depuis quelques années, mais je suis interne que depuis... euh, hier. Ouais, j'voulais me détacher un peu de mes parents, l’indépendance, tout ça. J'ai... pas encore emménagé, en fait. Sinon je viens de Suède. Malmö, tu connais ? » Les japonais ne connaissaient jamais. « Je faisais déjà du foot l'année dernière, dans le club de la ville voisine, donc c'est bon, je suis un habitué ! Tu fais du foot depuis longtemps, toi ? »

Le fait de n'être que deux rendait en fait Kåre de bonne humeur. Il ne se serait sans doute pas senti à l'aise dans un groupe beaucoup plus étendu. À moins que ce ne soit son empathie surnaturelle qui faisait déteindre l'enthousiasme son coéquipier sur lui.

« On commence par quoi ? On s'échauffe les jambes et on fait quelques passes au pied ? »

Le jeune homme commença à son tour à sautiller sur place. Évidemment, Takeru était déjà beaucoup plus chaud que lui. Toutefois, il se sentait déjà près à lui démontrer les compétences qu'il avait acquis en course de vitesse.

« Tu vaux quelque-chose en sprint ? » lança-t-il sur un air de défi propre aux adolescents.

Après une seconde de flottement, il fit un mouvement du bras pour inviter son partenaire à le suivre. Sans doute n'était-ce pas très raisonnable de commencer aussitôt sur un effort assez violent, mais le suédois était plutôt sûr de lui. Puis il trouvait le raisonnable terriblement ennuyeux. L'essentiel de sa musculature à lui était dans les jambes, et sa légèreté était au moins un avantage pour courir vite. Considérant la carrure de Takeru, il s'attendait à peine à devoir forcer pour tenir la même allure que lui.

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Gymnase en plein air et piscine / Sport de balles [Takeru Tamase]
« le: samedi 09 mai 2015, 05:52:03 »
« Fichtre, Kåre, mais tu ne vas donc jamais en cours ? Tes notes sont catastrophiques. De fait, tu n'as même pas été présent à la moitié des examens ! » avait tonné, furieuse, sa belle-mère, avec une intonation outrée qui avait rendu son japonais si strict et maniéré encore plus insupportable au jeune homme. Elle soupira et posa sur la table la lettre qu'elle venait de recevoir de l'administration scolaire. « Le lycée ne nous laisse qu'une seule possibilité pour te garder dans le cursus : tu entres en internat et tu te soumets aux horaires imposés par l'école. »

Elle en profitait d'autant plus que son père était présent dans la pièce, ce jour là. Celui-ci était sans doute la seule personne qui aurait été encore capable de la moindre autorité sur son fils... si seulement il avait été dans sa volonté d'une exercer une. Malheureusement pour la scolarité du suédois, jusqu'ici, son paternel s'était montré avec lui très conciliant, voire laxiste. Il considérait que l'adolescence était un âge de liberté, et donnait à l'adolescent l'excuse d'avoir été perturbé par la mort de sa mère, événement qui remontait pourtant à plus de cinq ans. Il lui pardonnait tout, tempérait la gravité de chacun de ses plus en plus nombreux manquements à la discipline, et se refusait sans vraiment le revendiquer à toute sanction.

« Si c'est important pour toi, t'as qu'à utiliser tout ton fric pour leur faire changer d'avis. Fin, je veux dire, celui que papa gagne » avait répondu Kåre avec une désinvolture qui n'avait rien de feinte.

Pour cause, il n'avait jamais été inquiété par la moindre décision de l'établissement à son égard. Comme d'habitude, son père irait discuter avec la psychologue scolaire, lui parlerait de ses prétendus traumatismes d'enfance, et glisserait un billet sous la table si nécessaire. Tout rentrerait dans l'ordre, encore...

Mais contre toute attente, cette fois, monsieur Johansson n'essaya pas de défendre son fils. Il resta avec un air navré, le regard un peu fixe, avant de glisser à sa femme un bref « appelle les pour régler les frais de pension » du bout des lèvres.

*
*   *

Se changer les idées... et trouver comment il allait occuper son temps pendant les longues semaines où il serait consigné dans le périmètre du centre-ville. Car entrer en internat signifiait aussi ne même pas avoir de chauffeur pour se déplacer à son gré dans Seikusu. Son assignation avait entraîné l'abandon d'un certain nombre d'activités, faute de pouvoir les pratiquer en internat. Ainsi, son entraînement hebdomadaire de football, le jeudi soir, dans une ville voisine dont le club était plus prestigieux, était passé à la trappe... et le garçon ne se voyait certainement pas participer à celui interne à l'établissement. Ce dernier était plein de personnes pour lesquelles il avait une forte inimitié, dont cet imbécile de Roku, qui n'arrêtait pas de le traiter d'homosexuel et de tapette avec un ton déplaisant.

Les choses, même vraies, n'étaient pas forcément agréables quand elles étaient dites sur ce ton là. En plus, Roku était asiatique, gros et laid, et jamais il n'aurait l'occasion d'apprendre ce genre de chose sur le suédois.

La chance avait sourit à Kåre, cependant, puisqu'il était tombé sur une annonce qui prévenait de la création d'un nouveau club. La nouvelle l'avait surpris, en réalité, mais sûr de sa bonne étoile, son regard avait aussitôt bifurqué sur la grille des horaires. Une première rencontre, avec tous les intéressés, était prévue pour le jour même, en fin de mâtinée. Comme il s'agirait peut-être d'une première approche du sport, la tenue de sport était recommandée, et la réunion se déroulait d'ailleurs sur le terrain.

*
*    *

Jean, baskets hors-de-prix et petite veste verte et blanche, un sac de sport sur l'épaule qui contenait ses affaires d'exercice, le garçon arriva presque à l'heure indiquée. Il n'avait qu'une demi-dizaine de minutes de retard, ce qui relevait pour lui de l'exploit et démontrait une motivation certaine. L'été s'annonçait splendide, et sa chaleur était déjà rendue presque étouffante par un ciel sans nuages et au soleil ardent. Toutefois, il fut surpris de voir le terrain de sport presque désert. Si les autres aménagements sportifs étaient pour la plupart occupés, la pelouse n'était quant à elle utilisée que par un jeune homme qui en faisait des tours en trottinant. Peut-être étaient-ils encore en train de se changer ? songea-t-il.

Perplexe, le suédois passa pourtant aux vestiaires et ne croisa personne qui lui sembla apte à pratiquer le football. Il enfila quand même ses habits de sport, qui n'étaient pas moins dispendieuses que sa tenue de ville : le short rouge et les chaussures à crampons étaient tout deux signés d'une prestigieuse marque de sportswear britannique. Le maillot, quant à lui, étaient aux couleurs pourpres de l'United Manchester Football Club. La tenue qui laissait les avant-bras et le bas des jambes nues laissait constater que le jeune homme pratiquait régulièrement le sport de balle, même si la musculature qu'elle révélait était plus dynamique qu’impressionnante. Kåre était un gabarit léger, plutôt rapide.

Passant près d'un robinet, il ingurgita un peu d'eau, et il profita d'avoir les mains humides pour replacer légèrement sa chevelure nordique, savamment maintenue par un peu de gel fixant pour ne pas lui tomber dans les yeux – mais presque. Laissant le reste de ses affaires dans un casier qu'il ne prit même pas la peine de fermer, le lycéen revint vers le stade. Ce dernier n'était pas plus peuplé que quelques minutes avant. En proie au doute, il hélât le coureur qui s'échauffait toujours, élevant un peu la voix pour se faire entendre :

« Excuse, c'est bien ici, pour le nouveau club de football ? »

Comment aurait-il pu seulement se tromper de jour ? Ayant appris l'existence de l'événement quelques heures avants, même lui n'était pas aussi distrait. Restait la possibilité qu'il se soit trompé d'endroit... ou qu'on ait pas supporté ses quelques minutes de retard. Fan, songea-t-il, si les types de ce club là sont aussi débiles que dans l'autre, je vais pas y rester longtemps.

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Les alentours de la ville / Re : Photo Shoot [PV Kåre]
« le: lundi 16 février 2015, 17:35:24 »
Avec son nouveau photographe, Kåre se sentait plutôt bien et détendu. En venant, et même s'il n'en avait rien montré, il avait craint l'angoisse des premières prises de vue. Mais être aussitôt photographié par surprise avait dissipé cette appréhension et lui avait fait franchir ce premier pas sans même qu'il ait eu à y songer. Une réflexion trop intense à ce sujet lui aurait peut-être coûté de son naturel, aussi était-ce sans doute aussi bien. Enthousiaste, l'adolescent suivit le jeune homme, le cœur battant déjà assez fort, fantasmant les clichés qu'ils allaient pouvoir prendre, mais aussi le simple fait de se trouver principal objet d'attention de quelqu'un d'autre.

Bientôt ils furent arrivés à destination. Le suédois regarda le parc tout autour. L'espace vert était plutôt bien entretenu, et – cela le rassurait en réalité – pas trop peuplé à cette heure. Des joggeurs passaient de temps en temps sur un chemin en terre, et ralliaient un parcours qui faisait le tour du lac, sans constituer un élément dérangeant. Surtout, malgré les quelques installations, il n'y avait pour le moment pas d'enfant : Kåre n'était pas sûr de beaucoup aimer les enfants, en tout cas, pas dans un moment qu'il sentait intime comme celui-là. Leurs jeux l'auraient agacé à coup sûr.

Quand l'idée de la balançoire fut évoquée, le jeune homme acquiesça avec un certain émerveillement. La pose lui évoquait quelque-chose de très poétique. Il regrettait presque que l'on ne soit pas à l'aube ou au crépuscule, ce qui aurait encore ajouté à la mystique de la scène. Laissant son sac près de Phil, il ne tarda pas à s’asseoir et à pousser sur ses pieds pour s'élever un peu dans les airs. Il avait le bon sens de ne pas se balancer trop vite pour ne pas risquer de rendre les photos floues.

Savoir se placer sur une photo n'était pas très facile, même si l'action qu'il entreprenait lui facilitait beaucoup la tâche : il n'avait au moins pas trop à penser à où mettre ses bras et ses jambes. La position de son regard et l'orientation de son visage, cependant, étaient plus difficiles à maîtriser. Il s’essayât à plusieurs configurations différentes, fixant parfois l'objectif de ses yeux verts, et la seconde suivante, détournant la tête et tentant de se perdre à l'horizon. Il contempla même ses pieds un instant, pour paraître plus timide et plus réservé, laissant retomber ses cheveux blonds sur la ligne de son regard. Il variait aussi les expressions, restant assez sobre cependant.

Le jeune homme fut satisfait de constater qu'il se trouvait très vite à l'aise dans son rôle. Il avait confiance en son visage, en son style vestimentaire, et en son photographe.

« Fan, peut-être j'aurais dû prendre un paquet de cigarettes. Ça fait toujours cool. »

Le contraste entre l'univers de l'enfance et celui du tabac aurait pu créer une ambiance propre à retranscrire une certaine adolescence, égarée entre ces deux étapes de la vie. Un peu plus en confiance, Kåre allongea progressivement ses jambes puis son dos sur la balançoire, pour terminer presque complètement à l'horizontale. Dans cette position, plusieurs angles devaient être intéressants à prendre, mais ce n'était pas tellement son affaire. Malheureusement, les balançoires, comme toutes les installations de centre-ville, répondaient à des normes de sécurité très précises : il n'y avait aucune chance que l'une des chaînes cède sous son poids. Le suédois aurait soupçonné Phil de trouver l'événement intéressant.

Il était un peu surpris que son partenaire ne lui donne pas plus de consignes, mais il en déduit qu'il était volontairement peu directif, pour faire ressortir de lui une attitude naturelle, ou quelque-chose comme ça. Il le sentait plutôt satisfait, mais s'enquit quand même de son sentiment :

« Je suis bien ? Tu veux que j'enlève un truc ? Je dois avoir un bonnet, dans mon sac, aussi. »

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Les alentours de la ville / Re : Photo Shoot [PV Kåre]
« le: jeudi 12 février 2015, 00:44:17 »
Attrapant d'un air décidé la main qu'on lui tendait, Kåre ne perdit pas un instant pour observer son interlocuteur. Le photographe était lui-même séduisant, ses lunettes fantaisie et sa coupe soignée lui donnaient un air de jeune créatif branché. Exactement l'image que le suédois se faisait d'un artiste à la fois tendance et exigeant avec lui-même – touche apportée par la nature argentique de son appareil. Il plaisait bien à l'adolescent, qui lui trouvait le charme qu'ont seulement ceux qui croient sincèrement en ce qu'ils produisent… à moins que ce ne soit simplement le charme des jeunes hommes avec un beau visage et des cheveux bien arrangés. Dans son esprit, il n'y avait pas de frontière nette entre les deux.

Du petit jeu de Phil à l'occasion de sa première prise résultat un sourire espiègle sur le visage de Kåre lorsque celui-ci comprit finalement la manœuvre. Il était manifestement tombé sur quelqu'un dont le caractère ludique pourrait très bien s'accorder avec le sien. Lui-même aimait beaucoup cette propension à faire de la surprise et de l'imprévu un élément de création : il y avait quelque-chose dans le chaos en résultant qui le fascinait. Par principe cependant, il fit une petite moue face à la photo que son partenaire lui montra.

« J'ai vraiment des oreilles énormes » souffla-t-il sur un ton amusé.

En réalité, il avait du mal à dissimuler qu'il aimait ce qu'il voyait. Sur le fond très banal de la rue derrière lui, son visage à l'expression d'attention très naturelle, ressortait d'une manière qu'il trouvait, un peu narcissiquement sans doute, vraiment admirable. Même s'il n'était pas vraiment fan de son profil, étant, dans les miroirs, bien plus habitué à se contempler de face.

« J'ai amené pas mal d'autres tenues et quelques accessoires. Je pourrais me changer si tu veux que j'en essaie » proposa le suédois avec enthousiasme quand on lui demande des idées.

À la main, il avait en effet toujours son sac de sport, bien rempli par une dizaine d'ensembles différents choisis assez aléatoirement parmi les pièces plus seyantes de sa vaste garde-robe.  

« Je peux appeler mon chauffeur pour nous conduire, si t'as envie de changer d'endroit après » ajouta-t-il également.

Le jeune homme ne faisait pas mystère du niveau de vie auquel il pouvait prétendre. De toute façon, il suffisait de s'y connaître un peu en marques pour estimer le coût élevé de ses seules chaussures. Avoir un père directeur national de la plus grande enseigne de vente de meubles ne comportait heureusement pas que des désavantages… et malgré une belle-mère autoritaire, Kåre parvenait à faire encore à peu près toutes les dépenses vestimentaires qu'il souhaitait.

« On y va alors ! »

Il sourit, fit un pas, mais se retourna vite vers Phil. Il avait beau connaître un peu le centre-ville, son sens de l'orientation était assez mauvais. Il était capable de se perdre presque n'importe où. Sans démordre de son expression joyeuse, il demanda :

« Alors, c'est par où ? »

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Les alentours de la ville / Re : Photo Shoot [PV Kåre]
« le: dimanche 08 février 2015, 04:29:13 »
Cela faisait longtemps que Kåre voulait expérimenter le mannequinat. L'acte d'exposer son corps, son être, sa personnalité par le biais de photos était dans la continuité la plus directe de la démarche très narcissique dans laquelle il était rentré depuis le milieu de son adolescence. Il se considérait comme un être individuel, libre et magnifique, et il ne souhaitait rien davantage que de se montrer aux autres dans ce qu'il avait de plus beau. Être mannequin, pour lui, était la preuve ultime que l'on pouvait sans aucun doute possible se revendiquer comme un être désirable, et c'est tout ce qu'il voulait incarner. Il imaginait déjà la considération que lui porteraient ses camarades de classe – de ces japonais qu'il trouvait si terriblement dénués de charme – lorsqu'il pourrait aborder, lors d'une conversation, la position sociale que lui conférait le simple acte d'être pris en photo par un pseudo-professionnel.

Aussi lorsqu'il avait trouvé l'annonce sur internet, il n'avait pas hésité une seule seconde. N'importe quelle étudiante amatrice qui lui aurait proposé la plus insignifiante figuration l'aurait contenté. Mais le profil du photographe était encore meilleur : celui-ci était d'origine britannique. Kåre, pour une multitude de raisons, en partie familiales, détestait les asiatiques et la plupart des choses qui se rapprochaient de leur culture traditionnelle et de leur attitude. La perspective d'entrer en contact avec un autre européen, au milieu de ce monde qu'il méprisait, le ravit. Du reste, s'il devait se passer quelque-chose de plus intime entre-eux – les pensées de l'adolescent ne tardaient jamais à appréhender la question – ce serait infiniment plus agréable pour lui d'avoir affaire à une vraie paire d'yeux non-bridés et à une peau véritablement blanche.

Le choix de la tenue qu'il allait porter lui pris toute la matinée. Peut-être le photographe lui proposerait-il de se changer, mais dans tous les cas, le garçon savait qu'il était important de faire bonne impression. Devant la glace, il observait son corps qu'il avait presque totalement dénudé ; il ne portait alors qu'un boxer gris. Dans une foule nipponne, le jeune homme détonnait très sûrement, par son épiderme immaculé, ses cheveux blonds de nordique et ses yeux d'un intense vert bouteille. Il était plutôt fier de son enveloppe, la trouvait séduisante du moins. Il avait évité les dangers d'un excès de sport et des volumes qu'il crée parfois, sans pour autant s'être laissé aller à la mollesse. Sous sa peau, ses muscles étaient dynamiques, et lui conféraient une silhouette bien définie, agréable à l’œil. Comme beaucoup de suédois de cet âge, il faisait encore juvénile, sans aucune barbe visible (il s'était débarrassé du peu duvet blanc et clairsemé qui avait envahi sa lèvre supérieure).

Finalement, Kåre enfila une chemise noire aux manches longues, discrètement texturée d'un tissu aux motifs abstraits et sobrement floraux, également sombre. L'habit était issu de la dernière collection d'une marque haut-de-gamme. Il compléta d'un jean noir-gris, un peu plus clair aux genoux, serré aux mollets et surtout aux hanches. Il hésita puis ajouta finalement une touche fantaisie : une courte cravate rayée en diagonale, une rayure sur deux était noire encore, l'autre en revanche était d'un beau carmin. La préparation de ses cheveux, avec juste un peu de laque pour leur donner un aspect décoiffé bien maîtrisé, lui prit encore un peu de temps. Si bien qu'il dut se dépêcher pour la sélection des chaussures. Des tennis très modes, rouges, lui parurent parfaites.

Un sac de sport sur l'épaule, dans lequel il avait enfoncé à la hâte d'autres tenues, au cas où, Kåre se précipita au-dehors. Devant la porte du pavillon familial l'attendait une voiture de taxi qui ne faisait pas mystère du caractère luxueux de son service. Angoissé par la perspective d'arriver en retard au rendez-vous fixé, l'adolescent demanda plusieurs fois à son chauffeur d'accélérer.

Le véhicule de marque le déposa finalement avec seulement quelques minutes de plus que l'heure prévue devant le café. La désorientation du suédois face à l'activité foisonnante du centre-ville (éprouvante pour son don d'empathie) ne dura guère que quelques secondes. Il reconnut presque aussitôt celui qu'il identifia comme étant son photographe. Il n'y avait en effet pas beaucoup d'européen avec un sac à appareil photo dans le secteur… Le nordique lui fit un signe de la main et s'en approcha d'un pas qui se voulait détendu.

« Hej, bonjour. Tu es Phil ? Je suis Kåre, je viens pour les photos » s'introduit-il d'un ton enthousiaste, en anglais.

Son anglais était excellent, même si l'on pouvait y déceler à coup sûr quelques intonations nord-européennes. Légèrement stressé, l'adolescent adressa au photographe un sourire amical. Il tentait tant bien que mal de lire dans les yeux de son interlocuteur quel était le jugement que l'artiste était en train de porter sur son modèle. De son côté, il ne voyait pour le moment que son propre reflet dans ses pupilles… sa réflexion viendrait plus tard.

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