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Les alentours de la ville / Re : Cocktails [Kiyuri Nobukuni]
« le: dimanche 07 juillet 2013, 21:47:38 »
Il fallut au jeune homme beaucoup d'efforts pour rester en place lorsque à la suite d'un ultime mouvement en arrière, la poitrine de la danseuse fut offerte à son regard. À la vitesse où la fille bougeait, il n'arrivait pas à distinguer aussi bien qu'il l'aurait voulu l'auréole plus pigmentée, et pourtant, il n'aurait pour rien au monde voulu que la chorégraphie s'arrête. Seule celle-ci était à même de révéler, par les rebonds qu'elle leur faisait faire, la délicieuse lourdeur de ces seins. Il ne conservait qu'une envie plus forte encore : être lui-même à l'origine de cette agitation, les prendre en main, effleurer les tétons, les faire jouer. Cela aurait été bien mal connaître la nature humaine que de penser que cette exhibition allait contenter un moment le désir ardent de l'adolescent. Son envie n'en était que plus brûlante et plus difficile à contrôler. Plus on lui en donnait, et plus son imagination en réclamait.

Heureusement, on semblait disposé à lui en donner plus. Ozalee jeta un regard plein d'appétit à la femme assise à côté de lui, ce qui contrastait avec son expression encore un peu sage. Ses yeux étaient peut-être ce qui trahissaient le plus son état, à l'exception notable d'une partie plus révélatrice encore de son corps. Une partie qu'à sa grande surprise, on vint agacer assez brusquement : les gestes que fit sa partenaire à la peau pâle en frottant le tissu ne lui prodiguèrent pas tant de plaisir que de frustration. La manière dont elle prodiguait ses caresses en appelaient tellement d'autres, et surtout, étaient rendues un peu douloureuses par la prison de toile qui séparait les épidermes. Il retint son souffle pendant toute la durée du traitement, affichant d'abord l'incrédulité, puis un sourire légèrement dépité. L'adolescent articula avec le même désespoir :

« Il est trop excitant. Je ne sais pas combien de temps je vais réussir à tenir les règles… »

Avec regret, il comprit qu'elle ne comptait cependant pas aller plus loin dans ses cajoleries, se désintéressant de la zone à la fois si sensible et si inhibée. Le doigt fin qui dériva au hasard sur son torse lui fut presque aussi électrisant : la chair de la dame paraissait étrangement blanche et froide sur son corps brun et brûlant, et au moins, cette fois, le contact était direct. Ce constat vola un instant la vedette à la danse toujours endiablée de la fille. Ozalee aurait voulu saisir de cette main dans les siennes, la guider jusqu'à sa bouche, passer sa langue entre chaque doigt, sur chaque phalange délicate, sentir sur son palet la dureté des ongles. Il lui sembla un instant que cette seule main aurait suffit à le combler tout entier. Il n'osa rien faire, peut-être parce qu'il était encore stupéfié, peut-être parce qu'il sentait qu'un tel comportement n'était pas autorisé par le jeu auquel il était soumis.

Celle qui n'avait alors jusqu'ici été que spectatrice se défit violemment d'une partie de ses habits et monta sur la scène. Le garçon, dont le cœur s'était emballé, dut étouffer son exclamation lorsqu'elle commença à s'agiter à son tour. L'observation des créatures voluptueuses l'occupa quelques instants. Il se plut à les détailler, à constater à quel point elles étaient différentes, et pourtant toutes deux si désirables que s'il n'y en avait eu qu'une, il aurait douté qu'une deuxième puisse l'égaler. La strip-teaseuse était plus opulente, plus expérimentée sans doute dans ses mouvements, toutefois, son physique était presque banal à côté de l'exotisme si singulier que dégageait sa partenaire.

Cette dernière était presque aussi tatouée que lui-même l'était, il ne le repéra qu'assez tard ; les motifs, plus évocateurs et moins géométriques que les siens, ajoutaient un cachet qu'il ne savait quantifier. Elle paraissait arriver droit d'un autre monde, ou plutôt d'une autre époque, très lointaine et très chevaleresque. Il se fichait de savoir quel raccourcis elle avait pris : elle avait fait tout ce chemin, et finalement, elle se tenait là, devant lui, à caresser pour leur plaisir partagé une jeune femme de ce siècle, et c'était tout ce qui importait. Je sens que tous mes fantasmes vont être réalisés… Mais si lentement ! Je voudrais un rythme plus rapide, avoir leurs corps nus tout de suite sur moi. Je les voudrais toutes les deux ensemble, je ne saurais pas laquelle choisir. Je peine à tenir, j'ai terriblement de mal à ne pas m'avancer pour les attraper.

Le degré d'excitation auquel il arrivait, sans doute, n'aurait jamais atteint de tels sommets au cours d'un spectacle d’effeuillage plus classique, et cette limite n'aurait pas été dépendant que de la grâce des participante. Il n'aurait jamais pu se mettre dans de telles conditions entouré de tout ces clients inconnus et vulgaires, du moins pas sans avoir consommé beaucoup plus d'alcool qu'il n'en avait pour le moment ingurgité. Même les lumières qui faisaient qu'on y voyait très peu distinctement et le son qui faisait qu'on s'y sentait seul  au milieu de la foule n'auraient pas suffi à lever le voile de l’inhibition. C'était l'intimité de la situation, celle-là même qui lui avait paru être au départ gênante, qui lui donnait à présent le droit à la plus grande impudeur, dans tous les sens du terme.

Car il n'était même plus question d'érotisme, et encore moins de sensualité, dans ce qui se tramait maintenant à l'intérieur de son esprit extatique. Les dernières pensées esthétiques avaient été happées et canalisées par un tourbillon bien plus puissant, celui du désir irrépressible d'une sexualité plus palpable et beaucoup moins intellectuelle. Le garçon se prit à guetter chez les jeunes femmes les signes de libido les plus évidents : son regard passa sur les tétons dressés, sur les visages rouges. La danseuse qui était caressée semblait naturellement à un stade d'excitation plus avancé, et c'était d'autant plus visible qu'il y avait si peu d'étoffe pour cacher son corps tendu, ses seins qui durcissaient. Ainsi, Ozalee se sentit considérablement moins isolé dans son calvaire ; si personne d'autre n'avait éprouvé ses envies, alors peut-être se serait-il trouvé anormal et un peu honteux. Mais si les filles avaient en commun avec lui des aspirations licencieuses, alors il n'y avait plus aucun remord à entretenir. Il pouvait accepter pleinement son envie.

« C'est une torture… Je voudrais vous avoir plus proches, et vous toucher, en voir plus » souffla-t-il, très affecté. « … mais je sais comment faire. »

Elles le désirent autant que moi. Je ne fais que les délivrer en faisant ça. Elles aussi sont prisonnières de leur propre jeu. Je n'ai pas à avoir peur, ça leur fera autant de bien à moi qu'à elles. C'était un peu lui qui prenait le relais et assurait une minute le spectacle : le garçon se leva presque aussitôt avoir parlé. Se tenant très droit, il porta ses mains à sa ceinture, attrapant la tête de cerf qui la tenait et la détachant. Il n'y avait pas de chorégraphie, que des mouvements très utiles, cependant, il y mettait une once de théâtralité qui compensait son stress. Son pantalon, qui était encore très serré, ne tomba pas à ses pieds avant qu'il ne lui ait fait passer sa taille devenue légèrement plus large. Il ne lui restait alors qu'un boxer violet, qui avait foncé en certains endroits : à cause de la sueur souvent, il y avait aussi une tâche à l'avant qui n'avait rien à voir avec la sudation. Le tissu mauve était maintenu soulevé par l'érection si longtemps contrainte, de telle façon que l'élastique commençait même à se détendre.

Les défaillances du dernier vêtement ne furent bientôt plus un problème, celui-ci allant bien vite rejoindre au sol le bas du costume. Ozalee sentit comme un courant d'air froid, conséquence de sa nudité, qui le fit une seconde frisonner alors qu'il avait eu jusque là très chaud. L'adolescent resta debout, assez raide, sa virilité plus brune que le reste de son corps dressée devant lui. Les amérindiens étaient connus pour être presque entièrement glabres, plus encore que les asiatiques, et cette absence totale de pilosité ne faisait que rendre son sexe plus ostensible et plus fier. Il ne consentit à aucun mouvement supplémentaire. Il se força à ne pas céder au désir qu'il avait de se saisir de sa propre masculinité pour endiguer son excitation, et la laissa libre, légèrement remuante, au rythme du sang qui y pulsait puissamment.

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Les alentours de la ville / Re : Cocktails [Kiyuri Nobukuni]
« le: dimanche 07 juillet 2013, 05:24:26 »
Jamais Ozalee n'aurait pensé, en entrant dans ce lieu étrange, sous l'impulsion d'une idée qui s'était presque par hasard trouvée plus forte que les autres, être embarqué dans de telles péripéties sensorielles. Il ne s'était pas formalisé du refus de la dame à donner son nom, et déplorait simplement de ne savoir comment l'appeler, ce qui pourrait par la suite se trouver gênant. Il voyait cela comme un jeu, finalement, et l'attitude de la mystérieuse jeune femme ne faisait que le conforter dans son impression. Il se demanda un instant à quel comportement s'adressait ses appels redoublés à la gentillesse et au mérite, puis songea qu'il le saurait assez vite, et préféra éclipser cela aussi.

« Il ne faut pas t'en faire. Je ne manque jamais de mystères » fit-il doucement, tentant d'être un peu énigmatique à son tour.

Il était presque frustrant, une fois les escaliers gravis, de parcourir sans plus s'y attarder les lieux réservés aux plus prestigieux. C'était un sentiment très lié à la vanité, car alors qu'il ne connaissait même pas tous les recoins des étages les plus simples, il n'aurait pas du ressentir d'exaltation supplémentaire à découvrir ces salles interdites. Pourtant, il y avait dans cette exploration de quartiers de luxe, que le commun des mortels ne verraient jamais, un prestige bien réel. Il aurait aimé contempler plus les mobiliers riches et feutrés, peut-être même discuter un peu avec l'hôtesse, qui à la manière de sa guide, lui fit une impression singulière. Il s'en consola bien vite : qui se souciait de regarder les parures et les ornements quand il y avait, toute proche, la perspective d'un show intimiste ? Sonia, ce prénom m'évoque le bleu. Et quelque-chose qui pulse, puissamment.

La pièce, cette salle numéro trois, ne s'était guère montrée réceptive aux prédictions de l'adolescent. En lieu et place de l'azur qu'il avait supposé, y régnaient en maître des teintes rouges et violettes très sensuelles. Les lumières y étaient à la fois beaucoup moins violentes et plus régulières que dans les autres halls qu'ils avaient traversés. Il y avait comme un aspect de salon à la disposition des commodités. La chambre incitait moins, peut-être, à l’émergence d'un état second et désinhibé par le brouhaha, la foule remuante et la confusion générale des sens. En revanche, le tonnerre de la musique du dehors capitonné, il y avait là plus de langueur que n'importe où ailleurs. Pour le moment, Ozalee n'était pas très à l'aise. Cela tenait moins de l'ambiance dont il appréciait le calme que du fait qu'il était à présent seul avec la mystérieuse femme aux charmes troublants et qu'elle ne cherchait nullement à cacher.

Bientôt, les règles furent énoncées. Elles étaient sévères et restrictives, pourtant, il ne souffrit pas l'envie de les contester. Alors qu'il aurait pu s'offusquer qu'on lui parle ainsi, presque comme à un animal qu'on dresse, il choisit sagement d'entrer dans le périple ludique qu'on lui proposait. Ozalee n'avait pas d’orgueil mal placé, ou le faisait-il taire, et tant qu'il jugerait l'exercice distrayant, il l'accepterait très bien. Je ne suis pas un prince ou un chef de clan, après tout. On peut bien me donner des ordres, je n'ai pas d'autorité particulière à avoir. D'accord, je suis puissant, mais je n'ai pas de légitimité autre, pas de rang à tenir. J'ai autant le droit de me soumettre que celui de refuser. Mon choix est fait ! Il acquiesça ainsi d'un vif signe de tête, sans rien ajouter de plus, presque par crainte ; peut-être l'épreuve était-elle déjà débutée.

L'adolescent manqua d'être surpris pour la troisième fois de la soirée en voyant entrer la tant attendue Sonia. Son foulard bleu l'enchanta, car finalement, il lui reconnaissait quelques talents de devin. Bien sûr, ce ne fut pas ce qui le frappa en premier, car la manière que la danseuse eut de s'emparer de la bouche de sa cliente lui fit un effet bien plus grand. Il s'attendait presque à ce qu'elle en fasse de même avec lui, hélas, il ne fut quitte que pour un sourire, aussi envoûtant se révéla-t-il. Il y avait encore des traitements, semblait-il, pour lesquels il n'était pas accrédité. Peut-être, comme le disait si bien celle qui avait les clés de tout cela, s'il était gentil, il pouvait toujours espérer que cela change. Elle lui laissait d'ailleurs l'occasion de s'exprimer, car elle lui avait posé une question.

« Elle est… oui… » commença-t-il, peinant à trouver des termes qui conviendraient. « … différente des autres. Tu choisis bien tes préférées. Son corps est très beau. »

Les mots étaient faibles, cependant dans sa bouche qu'on sentait émue ils prenaient la force de celui qui réserve un peu son vocabulaire par dignité. Il n'aurait pas eu de scrupule à briser l'indolence du lieu par une évocation plus crue, s'il n'avait pas voulait paraître trop avide. Il préférait, encore quelques minutes, réserver son désir pour lui, faire semblant d'en être le maître et non l'esclave. Il y avait pourtant de quoi se damner à regarder de si près ce qui n'était plus seulement une silhouette embrumée, mais une anatomie dont on pouvait profiter de tous les détails. Presque tous les détails… Il y avait tant de peau à nue, les habits qu'elle portait étaient si minces, et pourtant, le peu qui était couvert prenait peut-être encore plus d'importance que le reste. C'étaient de tout petits morceaux de chair qu'il était si tentant de vouloir dévoiler. Y aurait-il pensé, il aurait sans doute trouvé cela ridicule. Mais il réfléchissait pour l'instant très peu, et le verre d'alcool qu'il avait pris n'expliquait pas tout.

La musique, s'il y faisait à peine attention, renforçait l'excitation latente. Ozalee laissait apparaître sur son visage une expression où le ravissement le disputait à de vieux restes de timidités qui n'allaient pas tarder à disparaître. La jeune femme avait vite saisit, c'était manifeste, la préoccupation qu'il avait de cacher sa tentation, et son jeu cruel n'avait d'autre but que de l'obliger à en faire l’étalage. Quelques personnes auraient pu y trouver une forme d'humiliation, le jeune homme, lui, n'avait pas tant de pudeur. Ses appréhensions étaient en tout cas très loin. La proximité faisait gagner en lubricité ce qu'elle perdait en romantisme, et les balancements terriblement sensuels de Sonia lui firent oublier ce qu'il en demeurait. Il oublia aussi ce que l'éventuel jugement de la maîtresse de cérémonie sur son attitude pouvait avoir de déplaisant.

Cette poitrine si opulente, à chaque mouvement, manifestait son envie d'être libérée, pareil à un appel. J'ai une envie irrésistible d'être à la place de ce sous-vêtement. Comme il doit être agréable de soutenir ses seins. Je suis jaloux. Il n'est pas été juste de les retenir plus longtemps, ça n'est pas dans l'ordre des choses. Les voir ainsi entravés est trop douloureux. La chaîne suffit. Ils doit être nus pour remuer davantage. L'adolescent frappa deux fois dans ses mains. Il ne voulait pas suivre l'ordre des choses car le ruban ne le dérangeait pas. On verrait moins bien ses belles formes si elles étaient cachées par des cheveux qui tombent.

Il lui avait toujours semblé qu'il faisait chaud, dans cette boîte de nuit, et il avait attribué cela aux nombreux corps qui étaient en mouvement. Pourtant, ils n'étaient que trois dans la salle, et il cuisait encore plus. Devait-il se délester de quelques couches d'habits ? Il s'était parfois présenté dans son plus simple appareil à ses semblables pendant quatorze années de sa vie sans ressentir la moindre gêne, et ça n'était pas une année dans le monde moderne qui allait changer ses habitudes. D'autant qu'être aussi apprêté ne lui était pas naturel, et frustrait certaines parties sensibles de son anatomies qui auraient désiré qu'il opte pour une coupe moins serrée. Toutefois, il avait mis tant de soin à se parer qu'il trouvait dommage de se défaire aussi vite de tout vêtement. Son interlocutrice avait certainement raison : il fallait savoir ménager un peu le mystère.

L'adolescent se contenta donc d'ouvrir sa chemise, pensant que cela suffirait à le soulager temporairement. Les boutons pression cédèrent, puis il dégagea ses membres des manches, laissant le haut défait sur le sommet du canapé. Son torse était alors tout apparent, l'épiderme très bronzé l'était sur certaines zones un peu moins, n'ayant pas pris aussi bien le soleil que le reste du corps depuis quelques mois. Ses colliers en bois collaient à sa peau recouverte d'une légère pellicule de sueur. Cette dernière aurait fait couler les marques blanches -qu'on aurait pu croire limitées à son visage et à ses bras, et qui zigzaguait en fait également sur son ventre et son buste- si elles avaient été peintes. Au contraire, l'humidité ne les flouait pas et les rendait même plus évidentes. Ozalee laissa échapper un soupir de satisfaction et adopta une posture légèrement avachie, dans le but de ménager les tiraillements croissants qu'il éprouvait un peu en dessous de la ceinture.

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Les alentours de la ville / Re : Cocktails [Kiyuri Nobukuni]
« le: samedi 06 juillet 2013, 18:11:52 »
La magie des danses envoûtait vite, et c'est ce que constatait le jeune homme. Mais il n'était pas vraiment question, pour lui, de prendre parti pour un esthétisme pur et élevé presque au rang de philosophie, dont jouissent quelques fois certains penseurs. Non, les mouvements vifs de bassin, les vagues sensuelles que faisaient les ventres plats et les poitrines opulentes évoquaient en lui des choses bien moins chastes. Il aurait aimé se blottir contre ces formes, en éprouver la chaleur, les sentir avec autre chose que les yeux ; s'assurer que malgré les lumières et les fumées, elles étaient faites de véritable chair, tangible et douce, et non de simples illusions érotiques. Pour autant, il parvint à mettre de côté cette intrépidité juvénile, et à apprécier le spectacle. Il n'était pas très sage, toutefois, et c'était peut-être une autre appréhension puérile, il pensait que s'il osait les toucher, alors l'enchantement s'en irait, et ne demeurerait plus qu'une réalité crue.

Absorbé par le spectacle, comme ivre alors qu'il n'avait encore rien bu, Ozalee sursauta que le souffle de mots délicats vint lui chatouiller l'oreille. Il n'avait, et la musique forte rendait bien naturelle une telle faute, pas entendu arriver la femme qui lui parlait à présent. Il ne l'avait pas non-plus vu approcher, ou n'y avait pas pris garde… À présent que cette parole chuchotée l'avait mise au centre de son attention, il avait toutes les raisons du monde de s'en vouloir, et de rattraper par plus d'observation encore la négligence. Car si les femmes qui se déhanchaient sur la scène étaient pour la plupart belles, ou au moins plantureuses, il n'aurait concédé à aucune d'entre-elle la grâce exotique qui se dégageait de cette dame aux très longs cheveux corbeaux. On disait que, par le jeu des ancêtres communs et des migrations, les asiatiques ancestraux ressemblaient beaucoup dans leurs traits aux amérindiens. Était-ce un peu de cela, comme un rappel de ses origines à jamais perdues, qui faisaient de ce visage si peu commun un tableau aussi agréable ?

Ce que lui susurrait cette altesse à la peau blanche était tout différent de l'harmonie pourtant déjà tentatrice de son corps. Il y avait dans ses dires, dans ses propositions, beaucoup d'abord de lascivité puis d'indécence, avant que les derniers mots ne frôlent l’obscénité. Ozalee n'en avait rien à faire : il n'avait pas d’étiquette, ni d'éducation morale et pleine de tabous qui auraient pu le forcer à s'outrer des propositions qu'on lui faisait. Au contraire, il apprécia grandement l'attention, au point d'en être très déstabilisé un moment. Après la plongée brusque dans l’atmosphère turbulente de la boîte de nuit, le comportement si inattendu de la jeune femme était le second choc de la soirée. Je ne savais pas que j'étais aussi attirant. Ma tenue doit être encore mieux réussie que je ne le croyais. Après un moment de flottement, qu'il passa à détailler non sans un peu d'avidité son interlocutrice, l'adolescent sourit.

« C'est d'accord » répondit-il avec de l'émotion dans la voix.

L'ambiance, qui laissait peu de place à la pensée, lui paraissait déjà brûlante, et ne l'avait pas encore beaucoup frustré, car il n'en savait les limites que depuis quelques secondes… mais les assurances qui lui étaient faites excitaient beaucoup son imagination. Il ignorait bien comment l'on faisait pour accéder au quartier VIP, et quel genre de personnages le fréquentait. Cela ne l'empêchait guère de fantasmer déjà sur ce qu'il allait y trouver, et se réjouissait qu'on lui offre un statut supérieur à celui des autres clients. Que cela arrive si vite, à ses yeux, étaient une marque certaine du destin. N'importe qui, il en était convaincu, n'aurait pas pu être repéré aussi vite par les élites du milieu. Il ne sut pas immédiatement quoi faire pour ne pas paraître trop inexpérimenté, ou pire, ridicule. Il lui sembla qu'il fallait tenter de cacher un peu ses sentiments, et surtout son enthousiasme. Ça n'était pas chose facile, aussi commença-t-il à boire, pour se calmer autant que pour se donner une contenance, le cocktail qu'il s'était offert quelques minutes plus tôt.

Le jeune homme était à présent plongé dans les iris bruns, et si bien soulignés par la pâleur de l'épiderme autour, de la dame. Il y voyait toutes les promesses de volupté, et plus encore. C'est avec une innocence assez fraîche, assez juvénile et qui avait donc quelques accents d'une expression à la fois un peu naïve et attendrissante qu'il demanda :

« J'ai très envie de profiter des spectacles avec toi. Quel est ton nom ? Le mien est Ozalee. »

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Les alentours de la ville / Cocktails [Kiyuri Nobukuni]
« le: vendredi 05 juillet 2013, 01:26:25 »
Les manières de tromper l'ennui, à Seikusu, étaient nombreuses, peut-être trop, et encore, on excluait là toutes les activités qu'on pouvait faire sur les autres plans. Cette fois, il faisait nuit : Ozalee, qui n'était pas fatigué le moins du monde, aurait pu aller visiter n'importe quel autre pays où le soleil était plus haut. Hélas, il ne parlait correctement que le japonais, et l'anglais ne lui était pas familier. La langue de son enfance, elle, avait été oubliée depuis longtemps, sans doute en était-il le seul locuteur. Ou alors celle-ci avait été tellement déformée qu'il aurait été incapable de l'employer, même avec des descendants de ses contemporains. Du reste, le monde de la nuit l'attirait un peu, car il était très loin de tout ce que, jusqu'ici, il avait connu. Il y avait assez peu de ces endroits qu'on appelle justement boîtes de nuit dans les déserts américains, plusieurs siècles avant l'époque où il était maintenant. Ce qui s'en rapprochait le plus étaient les grandes fêtes que l'on faisait autour du feu le soir tombé, et qui étaient agrémentées de danses rituelles, le plus souvent improvisées. Ça doit-être bien différent, et c'est tant mieux, même si j'en suis un peu nostalgique, pensa-t-il.

Il avait revêtu pour l'occasion la plus belle tenue que son pouvoir avait été en mesure de lui fournir. Il avait fouillé dans ses souvenirs de quelques films, et avait fait apparaître une demi-dizaine de costumes, avant de trouver celui de la bonne coupe et de la bonne taille. Cela avait été difficile, car il n'est pas facile d'invoquer quelque chose d'aussi précis en se fiant surtout à son imagination.

Enfin, il avait finalement trouvé satisfaction dans une chemise blanche, taillée très près du corps, et dont les manches, qu'il avait remontées jusqu'aux coudes, avaient quelques coutures bleues. Cela se mariait bien avec les tatouages de ses avant-bras qu'il laissait ainsi à découvert. Son col, lui aussi cousu d'azur, était un peu entrouvert, pour paraître décontracté. À son cou pendaient de nombreux colliers de perles en bois lui rappelant ceux que confectionnaient sa tribu. Le pantalon était également sombre, et sa seule fantaisie notable résidait dans sa fermeture, qui était assurée par une ceinture à tête de cerf métallique. Il ne se souvenait pas avoir demandé un tel accessoire, mais il le trouvait, réflexion faite, assez beau. Le tout était élaboré avec plus de goût qu'il ne s'en serait cru capable, et la tenue globalement bobo sage s'accordait avec ces éléments relevant davantage d'un néo-paganisme gothique. Ensuite, un peu de laque sur ses cheveux déjà courts, pour en aplatir les épis, donnaient peut-être un aspect légèrement vieilli, voire écolier.

Voilà : Ozalee se sentait terriblement serré et mal-à-l'aise, mais aussi très élégant. Il avait choisi une belle boîte de nuit, à l'écart du centre, qui avait l'air quand même assez chic. Celle-ci proposait aussi, et ça l'avait vivement intéressé, des spectacles d'effeuillage, qu'il espérait au fond de lui intégral. Il se présenta devant le pingouin qui était en fait un chien de garde filtrant les entrées et les sorties. Celui-ci rit, ce qui énerva l'adolescent, avant de lui demander ses papiers. Des papiers ?! Il n'en avait jamais eu, et n'avait jamais entendu dire qu'on en avait besoin pour entrer dans un club. On lui répondit alors qu'il était manifestement trop jeune, et que l'établissement avait des scrupules à faire entrer un gosse qui, même sapé ainsi, ne faisait pas plus de quinze ans. Furieux, Ozalee songea à faire exploser le videur déplaisant. Cependant alors que la colère montait, il parvint, par miracle, à se tempérer. Non, l'agitation me tombe déjà dessus sans que j'ai besoin de rien faire. Je devrais me calmer, si je veux passer une bonne soirée. Je vais entrer autrement.

Il jeta un regard noir au pingouin, et fit mine de s'éloigner. Quand il fut hors de vue, enfin, ses tatouages virèrent au bleu, et il se transporta à l'intérieur du club. Il y avait déjà beaucoup de lumières colorées, dans une obscurité sinon presque exclusive. Le son, qui de dehors lui parvenait étouffé, était assourdissant. Il n'était pas habitué à des basses aussi puissantes, et se sentit étourdit. Il espérait que personne n'ait trop remarqué la façon dont il était arrivé. Sur le moment, il n'y semblait pas, sûrement l'éclairage atypique avait fait paraître sa soudaine luminescence comme l'effet d'un des projecteurs. L'ambiance, du premier abord, ne l’enchanta pas vraiment. Tout cela était trop violent, pour ses yeux comme pour ses oreilles. C'est terrible ici. Je ne m'entends plus penser.

Presque titubant, l'adolescent résista à l'envie de se téléporter ailleurs, et se mit en quête d'une chaise pour se calmer. Il se fit bousculer par quelques gens, et les poussa en retour plus méchamment, suscitant quelques plaintes dans le brouhaha. Cet échange d'agressivité lui fit reprendre de l'assurance. Il se souvint qu'il était l'être le plus puissant dans toute cette salle. Enfin, accoudé au bar, où il paraissait un peu petit, il prit le risque d'allumer encore les néons de son pouvoir. Une liasse de billets apparu dans sa main, il en fourra une bonne partie dans sa poche, et en tendit quelques uns, sans doute un peu trop, au barman, en conséquence de quoi celui-ci ne dit rien. Il commanda un cocktail fort qu'il ne consomma pas tout de suite. Il voulait s’imprégner un peu plus du lieu avant que l'alcool n'embrume ses pensées. Il tourna la tête vers le centre de la pièce en U, où s’agitaient, autour de barres métalliques surélevées, des danseuses. Leur déhanchement sensuel lui plu, et Ozalee songea qu'il pourrait sans doute rester une nuit entière à regarder onduler leur corps.

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