Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Ukiyoe

Pages: [1] 2 3
1
Le coin du chalant / Re : Vapeurs de charbon et d'orgasmes ♥
« le: samedi 10 mai 2014, 22:51:10 »
Si ma perso t'intéresse, je serais partante pour la 1ère trame :) !

2
Le coin du chalant / Re : Envolez-vous !
« le: mercredi 26 février 2014, 22:57:51 »
Up de poule ↑

3
Le coin du chalant / Re : Envolez-vous !
« le: dimanche 08 décembre 2013, 14:01:36 »
On en parle par MP :)

4
Le coin du chalant / Re : Envolez-vous !
« le: samedi 07 décembre 2013, 21:27:44 »
Nouvel Up ~

5
Les terres sauvages / Re : L'envol [Pipa]
« le: vendredi 16 août 2013, 00:15:13 »
La Princesse avait prit ça pour le reflet du soleil. Mais ce fut une théorie bien vite écartée : cette lueur sans précédent, du moins depuis sa disparition... Touahya revenait, peu à peu, reprenait le contrôle.

-Je... je veux réessayer, et je veux y arriver...
pour mes parents, et pour vous.

Cette simple phrase toucha la brune, qui couva sa compagne d'un regard affectueux. Cette loyauté soudaine, plus sincère que n'importe laquelle qu'aurait pu manifester n'importe qui dans ce village... était touchante, c'était le mot.

« Mais avant tout pour toi, Touahya. Pour te refaire une place, dans ce village. »

Une tâche certes peu aisée, bien que pour la Princesse et pour les parents de l'ancienne Pipa, cette place soit déjà acquise. Mais il fallait changer l'avis d'une population à la tête dure, et c'était malheureusement le plus important, pour l'instant. Ukiyoe regarda son amie remonter sur le rocher, secouer ses plumes, se faire sa propre visualisation :

-C'est comme une danse, marmonna-t-elle. Je dois bouger au bon moment, tout n'est qu'une question de coordination... je sais danser. Si je coordonne mes mouvements comme à travers mes danses, alors, je devrais y arriver, n'est-ce pas ?
« Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle, répondit la tengu en croisant les bras, mais c'est à peu prés ça, oui. Les pirouettes que nous faisons dans le ciel sont des danses, dans un sens... »

Bien sûr, elle n'allait pas lui demander d'en faire autant, pour l'instant. Mais l'idée était là, Touahya saisissait le concept à sa manière, et vu les progrès qu'elle fit ensuite, c'était une bonne façon de voir les choses. Ukiyoe ne s'offusqua pas en la voyant piquer vers la terre. Elle s'approcha pour la relever, et répéta le geste autant de fois que nécessaire.

A force, les tremblements que provoquait Touahya en tombant attiraient quelques-uns de leur semblables, qui se regroupaient et chuchotaient entre leurs ailes. Ukiyoe les remarqua, et s'empressa de conseiller son élève :


« Surtout, ne fais pas attention à eux. Ils sont assez lunatiques, mais tant que je serais là, ils ne te feront rien. »

En s'éloignant pour laisser de la place à Touahya pour le décollage, Ukiyoe se souvint d'une chose.
Cette phrase, elle l'avait déjà dite à la blonde, il y a bien des années de cela...


***

« J'vais l'dire à mon père ! »

Il suffisait que la petite Princesse lance cette phrase, pour que s'enfuissent les enfants qui embêtaient son amie : sous la menace de la colère de Sôjôbô, ils se dispersaient tous comme une volée de moineaux. Mais ils finissaient par revenir. Toujours. Ils aimaient trop s'en prendre à Touahya, pour des raisons qu'Ukiyoe comprenait très bien, malgré son jeune âge.
Touahya, c'était celle qui ne savait manier bien ses ailes que depuis très peu. Qui préférait garder les serres sur terre plutôt que de les laisser pendre dans l'air. Qui se complaisait à marcher pour aller chercher les bouts de bois qu'elle aimait tant sculpter, et pour cause : son vrai talent, c'était celui-là. C'était une véritable artiste.

Ukiyoe ne se souvint jamais dans quelles circonstances elles étaient devenues amies. Tant d'oppositions face à face provoquait pourtant une complémentarité, une sorte de symbiose. La Princesse donnait cette énergie et cette confiance à la tengu blonde qui lui manquait tant pour s'envoler vraiment, et celle-ci en échange avait un effet tempérant sur le caractère flamboyant de sa compagne brune.

Elle se fit un devoir de protéger Touahya, jusqu'à ce que celle-ci soit assez forte pour se débrouiller toute seule. Cela dura des mois, puis des années, avant de finir un jour par s'estomper. L'adolescente que devenait Ukiyoe subissait les pires entraînements, les plus troublantes méditations. Elle s'éloignait peu à peu du village, laissant son amie seule face à des vautours que l'âge n'avait pas adouci.

Et puis, il y avait eu ce parcours du combattant que la Princesse avait dû parcourir d'un seul trait...



***

Une pierre surgit sur le plateau, manquant de toucher Touahya à l'épaule. Heureusement que celle-ci s'était déjà un peu élevée du sol. Elle ne l'avait pas vu, mais sa compagne qui l'observait voyait tout, elle.

La brune se releva de son rocher pour se retourner, suivant la trajectoire du caillou. Il provenait d'un buisson d'où deux tengu mâles sortirent en ricanant. En l'apercevant, ils arrêtèrent de sourire, et lancèrent un regard glacial à leur supérieure à la place, qui le leur rendit bien.
...Dans un sens, il était si facile de les comprendre : regarder une tengu se débattre ainsi avec ses ailes... c'était douloureux, rien qu'à regarder. Ça lui faisait mal au cœur. Mais ça lui avait déjà fait mal au cœur il y a des années, quand elle apprenait des pirouettes à une petite tête blonde qui était encore sûre de s'appeler Touahya. Et si elle l'avait supporté une fois, elle les supporterait deux. Elle et Touahya étaient plus forte que ces deux imbéciles couverts de feuilles.

Détournant le regard d'eux, Ukiyoe ouvrit grand les yeux, en voyant son amie retomber, mais réussir à se tenir debout. Oubliant complètement ses compagnons face à ce progrès, elle cria à Touahya en brandissant les poings :


« Oui, tu tiens le fil ! Vas-y... plus haut, plus haut ! Tu vas y arriver ! »

6
Les terres sauvages / Re : L'envol [Pipa]
« le: jeudi 25 juillet 2013, 23:22:03 »
C'était prévisible, juste de quoi confirmer les pensées de la Princesse. Pensées que n'arrivait plus à lire la jeune tengu blonde, d'ailleurs : Ukiyoe avait en effet tenté plusieurs fois de lui envoyer mentalement des recommandations, sans que la demoiselle n'en tienne compte. Il s'en déduisait rapidement qu'elle ne les entendait tout simplement pas... la divine n'aurait même pas cru possible d'effacer à ce point une capacité aussi ordinaire et ancestrale que l'était celle de la télépathie pour un tengu. Elle espérait vivement que ce soit réversible - vu le rôle que tenait ce pouvoir dans leur société. Mais ce n'était pas la priorité pour le moment.

Ukiyoe vint relever doucement Touahya, et lui remettre ses habits en place - d'authentiques habits de tengu, par ailleurs, probablement l’œuvre d'Edolie. La souveraine reconnut le collier que portait son ancienne amie, qui lui évoqua des souvenirs bien lointains, des souvenirs où une Touahya rayonnante arborait fièrement cette œuvre taillé de ses mains. Elle voulait être sculpteuse, repensa la brune en contemplant le bijou. Quand on pensait à quel point Touahya tenait à ses griffes - puisque c'était elles qui lui permettait de fabriquer dans le moindre détail ses petites reproductions.
Mais au moins, des griffes, ça repoussait.
C'était une phrase qui emplit Ukiyoe d'un certain optimisme. Entendant des gazouillis au-dessus de sa tête, elle montra à sa confrère d'un index plein de plumes une branche où était posé un couple de moineaux. Ils picoraient leurs ailes et s'ébattaient entre deux gouttes de rosée.


« Regarde bien, demanda Ukiyoe avec patience.

D'un petit sifflement, elle attira l'attention des deux volatiles qui stoppèrent leurs jeux pour les regarder. On pouvait penser qu'en tant que représentante d'une race ailée, la jeune femme était l'amie des animaux. Mais pas plus que ne pouvait l'être quelqu'un d'autre, en vérité. Le rôle de Blanche-Neige ne lui convenait de toutes façons pas du tout. C'est pourquoi en quelques secondes, elle prit un petit caillou par terre pour le lancer (pas trop fort, tout de même) sur les deux petites bêtes, qui évitèrent l'assaut de quelques plumes. Ils s'envolèrent en lançant des pépiements plein de reproches, tandis que la Princesse éclatait de rire. L'humour tengu, dirons-nous. Ici, n'importe qui vous aurait dit que c'était un humour fantastique.

- Tu as vu comment ils se sont élancés ? Comment ils ont bougé leurs ailes, ouvert leurs corps ? Bon, ils se sont enfuis, ce que je ne te recommande pas... c'est la pire option que nous autres pouvons choisir, sauf si tu te carapates après avoir joué un bon tour à quelqu'un... là, c'est acceptable, on va dire, haha !

L'explication étant plus métaphorique qu'autre chose, Ukiyoe se posa en vitesse sur la pierre que Touahya venait de quitter. Elle était très motivée pour jouer les préceptrices... ce qu'elle avait de toutes façons déjà fait avec la blonde, dans leurs jeunes années. Et si sa méthode avait marché une fois, elle marcherait une deuxième... du moins, en théorie.

- Ce que je voulais te dire, c'est qu'ils se sont certes enfuis, mais avec la rage au cœur. Toi aussi, tu dois utiliser cette rage de quitter le sol, cette terre où tu es encrée depuis trop longtemps... il faut que tu ais ENVIE de t'envoler, pour commencer, sinon, ça ne marchera jamais ! Il ne faut pas que tu attendes que quelqu'un t'en... t'en donnes l'ordre !

Elle prononça ces derniers mots avec une répugnance certaine.
Quoiqu'il en soit, il lui fallait attaquer le côté technique.


- Utilise ta force pour faire voler tes ailes et prendre de l'élan... tu vois, comme ça, expliqua la Princesse en s'activant, envoyant quelques plumes dans toutes les directions. Tu te secoues un peu pour t'échauffer, et une fois que tu le sens bien, tu recules un peu... et tu t'élances !

La tengu décortiqua ses actions, trouvant un peu compliqué le fait de décrire l'apprentissage du décollage. C'était tellement naturel pour elle... un humain devait ressentir la même chose, quand il apprenait à marcher à un semblable.

- Est-ce que... tu as compris ? » Finit-elle par demander, hésitante.

7
Les terres sauvages / Re : L'envol [Pipa]
« le: dimanche 14 juillet 2013, 22:19:49 »
Ukiyoe le précisa bien : c'était une chance qu'ils aient retrouvé Touahya avant que le pire n'arrive... bien que pas mal d'horreurs semblaient lui être déjà arrivés. La crispation de la jeune esclave, sa soumission horrible à voir... si rien n'avait changé, ces deux infâmes marchands auraient sûrement trouvé un moyen de ne pas s'en encombrer une fois qu'elle aurait été vieille. Pour ce que la princesse en savait, les terranides en fin de vie étaient engraissés pour ensuite être donnés à manger aux chiens...

Edolie emmena sa fille vers sa chambre à coucher, ne la lâchant pas d'une seconde, comme si elle avait peur qu'elle s'envole... sans mauvais jeu de mots. Et Ortan fit une chose qui se révélait rare dans leur civilisation : il s'imposa la soumission et bafouilla des supplications. Ukiyoe détourna la tête par pudeur, gênée.


« Tiens-toi droit. Tu n'as pas besoin de te confondre en supplications. Ta fille a déjà jeté plus de honte sur notre race que je ne le tolère en temps normal.

Elle prit conscience de la rigueur de sa réponse, et reprit donc d'une voix plus douce, en s'agenouillant :

- Je te promets de rendre la vie à ses ailes. Peut-être que ça lui permettra d'avoir un déclic, je ne sais pas... je l'espère.

Puis elle se releva, voyant Edolie diriger Touahya vers leur salle d'eau. Ukiyoe la salua, et ouvrit la porte. Le soleil était en train de se coucher.

- Je passerais la chercher à l'aube. Nous commencerons sans plus tarder. »

Puis elle s'envola, sa silhouette se dessinant au milieu de l'astre rouge.

***

L'aube arriva vite, la princesse également. Pendant qu'elles marchaient jusqu'à leur destination, elle prenait soin d'enlever les feuilles et les branchages coincés dans ses plumes et ses cheveux. Elle avait dormi dans un arbre, pour pouvoir assister les gardes à n'importe quel moment, au cas où des renforts pour retrouver les deux humains seraient envoyés... mais personne ne vint, et elle restait toujours aussi fatiguée. Cela dit, ce n'était bien sûr pas le moment de lambiner : la journée promettait d'être intense.

Les deux jeunes femmes montèrent sur un des coins de la montagne. C'était un plateau de roches assez haut, où le vent soufflait fort. Cet endroit était utilisé pour apprendre aux petits tengu l'art de l'envol, justement. Ukiyoe ne connaissait pas de meilleur endroit, mais elle avait voulu y venir assez tôt, tout simplement car les enfants – et les tengu en général, d'ailleurs – n'étaient pas très matinaux. Ses intentions étaient claires : l'anciennement nommée Pipa et elle œuvreraient dans la discrétion.


« Bien, commença la divine en remuant un peu ses ailes. Il faut que je t'explique quelque chose. Tu as entendu comme moi que la Maire veut que tu sois capable de t'envoler d'ici un mois. Ton père m'a dit ce matin que le Festival du Soleil aurait lieu dans un mois, justement. J'avais complètement oublié ce détail, mais... je pense que Kana nous a imposé cet ultimatum parce qu'elle veut que tu fasses tes preuves pendant la fête. Il se peut que, heu... pas mal de personnes veulent te voir à l'œuvre. »

L'idée mettait la pression à la Princesse : si Touahya ne parvenait pas à s'envoler le jour du festival, tout le monde la verrait, ce qui réduirait à néant les chances que cette pauvre fille puisse se réintégrer dans la micro-société du village. Kana avait bien calculé son coup, comme toujours.

- C'est pour ça qu'on va commencer ta rééducation dés aujourd'hui, continua la femme ailée. Tu vois ce petit pic de roche, là-bas ? Il est peu élevé, parfait pour que tu me montres déjà de quoi tu peux être capable. Je voudrais voir ce qu'il reste de tes capacités de vol en situation réelle...

Elles se dirigèrent donc vers le pic en question. Ukiyoe aida sa camarade à monter sur le bout de roche, qui possédait un plateau en son bout, assez grand pour contenir les deux serres de l'ancienne esclave.

- … Au pire, tu atterriras par terre. Montre-toi ce dont tu es capable. N'ait pas peur de tomber ou de te faire mal... tu es plus forte que ce que tu imagines ! »

La Princesse conclut donc sur cette phrase, et s'installa en tailleur un peu plus loin pour observer la scène.

8
Les terres sauvages / Re : L'envol [Pipa]
« le: lundi 08 juillet 2013, 02:53:51 »
Ebolia ne fut pas loquace, durant le trajet. Elle redoutait un peu ce passage dans le sommet, en compagnie de l'étrange entité du Shaman et de sans doutes d'autres créatures peu fréquentables, même pour les êtres qu'ils étaient. Mais cela ne l'empêcha pas de saluer respectueusement le fantôme et de lui adresser ses plus sincères salutations. La suite des évènements se passa dans la plus grande concentration, ce qui ne permit pas plus de conversations. Finalement, la tengu hocha une dernière fois la tête pour indiquer qu'elle avait compris et serait capable de retransmettre les informations à ses congénères, et le Shaman disparut aussi mystérieusement que lors de sa venue.

Ebolia releva ensuite sa congénère, la traitant peut-être avec un peu plus de respect et de douceur, maintenant qu'elle était sûre de ses origines et au courant du terrible poids qui allait peser sur ses frêles épaules. Ce ne serait jamais une mince affaire de la faire accepter de tout le village. Pour être franche, le négativisme de la guerrière lui laissait penser que c'était tout simplement impossible : on ne trouvait pas plus borné et raciste que ses camarades... c'était un bien long chemin qu'allait devoir parcourir Pipa, ou plutôt Touahya.

Elles descendirent la montagne ensemble, mais sur leur chemin, une bourrasque indicative de l'arrivée d'un autre tengu les déstabilisèrent. Ebolia colla Pipa contre la paroi rocheuse de la montagne en attendant que le vent ne retombe. Quand ce fut le cas, n'apparut personne d'autre que Ukiyoe, les plumes un peu ébouriffées par son voyage.

La Princesse avait en effet parcouru plusieurs kilomètres avant de se décider à revenir et affronter le souci qui se posait. L'appel télépathique de la Maire l'avait incité à redescendre sur terre, pour ainsi dire.


« Où étiez-vous passé ? demanda Ebolia d'un ton abrupt. Sa voix était chargée de reproches, et ses pensées aussi, probablement.
- Peu importe. Vous avez vu le Vieux ? Qu'est-ce qu'il vous a dit ? »

Il n'y avait vraiment que la Princesse pour donner au vénérable Shaman l’appellation de "vieux"... Ebolia en aurait presque couvert les oreilles de Pipa. Elle haussa les épaules en voyant passer quelques tengu au-dessus d'eux, mais indiqua mentalement à sa supérieure qu'elles pourraient discuter de tout cela dans le bureau de la Maire.

***

Attablées dans le bureau, un plateau de thé pour quatre entre elles, Ebolia expliqua en détail le monologue du Shaman tandis que Ukiyoe et la Maire buvaient ses paroles.

« Je suis désemparée, finit par déclarer la Maire, c'est la première fois que nous affrontons ce genre de situation. »

Ukiyoe ne quittait pas Pipa des yeux, sonnée par ce qu'elle venait d'entendre. Elle comprenait maintenant ce que devait ressentir Edolie, à chaque fois qu'elle repartait vers chez elle... mais cette fille et Touahya... c'était deux personnes différentes. Qui partageaient le même corps, certes, mais totalement opposées l'une à l'autre. Elle n'en démordrait pas.

« Et si le Shaman s'était trompée ? finit-elle par demander avec espoir.
- Ukiyoe, ne te sens pas coupable pour ce terrible évènement, répondit la Maire d'une voix douce. Tu n'as aucune responsabilité dans ce qui s'est passée. Touahya a disparu pendant ton apprentissage, tu n'aurais pas pu être là pour empêcher tout ça. »

L'apprentissage qu'avait subi Ukiyoe en compagnie de son père et qui l'avait endurcie à vie avait en effet eu lieu à des milles du Village. Ce souvenir, étrangement, n'aidait pourtant pas la Princesse à se sentir mieux. A chaque regard posé sur Pipa, son estomac se contractait comme si une bête s'était tapie à l'intérieur.

« Mais elle devait venir avec moi, à la base, insista la divine. Si je l'avais forcée à venir... si je ne l'avais pas laissé derrière moi...
- Tu aurais eu des remords tout de même. Ton entraînement était beaucoup trop éprouvant pour un tengu ne possédant pas de sang royal. Surtout pour quelqu'un à la constitution aussi délicate... Elle aurait finie par se casser en deux. »

Les arguments de la Maire n'étaient pas contestables. Mais pour la tengu, ils n'en étaient pas pour autant plus vrais. Et à cause de cela, Ukiyoe sentait la colère si patiemment masquée revenir à la surface.

« Il faut que je répare mes erreurs, affirma-elle finalement. Je dois la faire revenir. Même un tout petit peu... je dois essayer, ajouta la tengu, voyant le regard désapprobateur de la directrice du Village.
- Je ne sais pas si c'est une bonne...
- Pour être honnête et avec tout mon respect, je me fous de savoir ce que vous pensez, là. »

Le regard de la Maire oscillait entre sa Princesse et la jeune amnésique, assise entre Ebolia et elle. Elle finit par fermer les yeux.

« ...Tu peux toujours essayer de lui réapprendre la voltige. Je te donne un mois. Si passé ce délai, elle ne parvient pas encore à atteindre le sommet par mauvais temps, je serais forcée de la renvoyer.
- Un mois ? S'étrangla Ebolia, parlant pour la première fois depuis un moment. Mais nos oisillons mettent douze semaines à tenir en suspension dans l'air !..
- Je ne vois pas le moindre oisillon ici. Juste une tengu qui a déjà appris et qui a intérêt à donner tout son possible pour revenir à ce stade. »

***

« ... Et là, c'est la place du Village. On avait l'habitude de ramasser des têtards et de les manger... enfin, tu les mangeais et je les jetais sur les gens, en fait... si ça te revient un jour, ça te fera bien rire, tu verras !.. »

Ukiyoe se força à rire, bien qu'elle n'en eut pas trop le cœur puisqu'elle était la seule. Depuis qu'elles étaient sorties de la Mairie, elle ne cessait de parler à Pipa qui l'écoutait silencieusement déblatérer les coutumes et traditions du village, lui demander de se tenir droite, de ne pas regarder les gens trop dans les yeux mais sans baisser le regard tout de même... d'ailleurs, les gens en question ne cessaient de lancer des coups d’œil appuyés à Pipa, mais sans oser lancer une seule critique. Il était clair que la Princesse avait pris l'oiselle sous son aile et tolèrerait moyennement que l'on insulte sa vieille amie.

« Bon, par contre, Touahya, tu sais- enfin, je te le rappelle... j'ai pas de maison, ici. Si ce n'est celle qu'on m'offre,  ou que je décide. Mais tes parents seront sûrement ravie de te revoir, de toutes façons. Ta mère te cherche depuis un bout de temps, tu sais... »

Sur cette déclaration, elles arrivèrent dans le jardin de l'habitation en question. La royale tengu frappa à la porte de la maison où Edolie avait l'habitude d'aller se terrer, et où son mari travaillait le fer dans l'arrière-cour. La porte s'ouvrit bien vite...

9
Les terres sauvages / Re : L'envol [Pipa]
« le: dimanche 30 juin 2013, 23:48:23 »
Ukiyoe laissa échapper un long soupir, en enlevant doucement ses mains de devant ses yeux. Les seuls restes de l'attaque résidaient à présent dans les cadavres des deux marchands d'esclaves et les restes de leur moyen de déplacement. La raison de sa honte était partie, envolée... enfin, façon de parler.
Malheureusement...


-Vous voulez que je vous dises, Hime-Sama : je crois que nous faisons fausse-route. Ce n'est pas l'une des nôtres capturée par ces humains... je ne suis même-pas certaine que quelqu'un puisse briser notre honneur à ce point, et si c'est le cas, ça ne se ferait certainement pas aussi rapidement. Cette... chose, semble avoir été ainsi toute sa vie.

La Princesse écouta l'opinion de sa compatriote, les yeux dans le vide. Les pensées du reste de la troupe qui circulaient dans ses neurones et permettaient la communication rapportait une chose : chacun semblait se mettre peu à peu d'accord sur le sujet. Ukiyoe se retourna vers eux. Sa colère ne s'était toujours pas estompé, et ses traits étaient toujours durs.

"Ah, c'est vraiment ce que vous pensez, tous ?" Interrogea-elle en fusillant du regard ses troupes.

La plupart se regardèrent d'un air confus, n'osant pas apporter de confirmation. De plus en plus agacé par cette lâcheté, la souveraine cracha :


"Bien sûr, c'est tellement plus simple de considérer l'une des nôtres comme une Chose, pour reprendre tes mots, Luyna... c'est tellement plus facile de ne pas assumer la honte et de préférer laisser une de nos camarades à l'abandon, hein ?!"


La divine laissait éclater sa rancœur contre ses citoyennes... parce qu'il fallait bien que ce soit contre quelqu'un. Mais c'était moins à eux qu'elle en voulait qu'à sa propre personne, même pas capable de savoir quand une de ses semblables se faisait racler pendant une chasse à l'esclave. Non, il lui fallait vraiment évacuer cet échec, et c'est pourquoi elle s'envola sans plus de conversations, en laissant ses compagnons retourner seuls au Village. Pour sa part, Ukiyoe préférait s'éloigner quelques temps, pour se calmer et réfléchir aux positions qu'elle devrait prendre prochainement pour résoudre cet épineux problème.


De leur côté, Ebolia et Pipa finirent par atterrir à l'entrée du village, devant les gardes qui s'étonnèrent de la prise que ramenait leur confrère. En une simple explication en pensées, les portes leur furent ouvertes sur la rue principale du Village. Des commerces de toutes sortes en bordaient les contours. On était dimanche, jour de marché et de prière, et de nombreux vendeurs - tous tengu, car il n'y avait pas d'autres race dans ce village fortifié - attiraient de non moins nombreux clients. Des enfants voletaient de partout, des femmes se parlaient en gazouillant devant les stands, les hommes volaient plus haut et se jouaient régulièrement des tours.

Au milieu de toute cette agitation, Pipa était encore assise sur ses fesses, et sa tutrice du moment tenta de la relever le plus vite possible - certes de façon un peu violente, mais c'était dans sa nature - pour ne pas attirer les regards. Une manœuvre inutile, puisqu'il fallait savoir que, dans le Village, tout le monde connaissait tout le monde. Une tête inconnue était vite repérée, ce qui arriva ici. le niveau sonore baissa un peu. Les courants d'airs puissants provoqués par le battement des ailes se muèrent en une douce brise quand ceux qui volaient se posèrent sur des branches pour observer la nouvelle venue. Même Ebolia se sentit mal, d'être liée à ce centre d'attention. Les plus proches de ses semblables lui posaient en effet des tonnes de questions par télépathie, qu'elle devait bien sûr ignorer en attendant les directives de sa Princesse ou de la Maire.

Une tengu finit par venir à leur rencontre. Ebolia la reconnut : c'était Edolie, la femme de l'armurier. La guerrière la regarda se répandre en explications. Elle eut mal au cœur, en voyant la mine réjouie de sa semblable. Elle ne s'était jamais remis de la disparition de sa fille, trois ans plus tôt. Chaque fois que l'on rapportait qu'une nouvelle venue avait foulée la terre du Village, Edolie se précipitait pour vérifier si l'on lui ramenait son enfant. Quand elle s'apercevait de son erreur, la tengu partait dans sa maison se terrer pendant plusieurs jours, morte de honte et de chagrin.
Edolie était connue, dans les environs. On ne s'étonnait plus de ses réactions, on ne tentait même plus de la consoler, respectant cette règle propre au caractère fier du tengu : si tu souffres, restes caché.

Et une fois de plus, cette étrangère finit par lui indiquer son erreur, qu'elle n'était pas Touahya, qu'elle avait toujours vécu auprès de ses maîtres. Edolie jeta un regard à Ebolia, qui n'exprimait bien sûr aucun étonnement.


"Ebolia, je t'assure qu'elle lui ressemble trop pour ne pas être elle ! Je te le jure ! Tu n'as pas connu ma fille, mais elle lui ressemble comme deux gouttes de saké ! Regarde, tu ne vois pas comme nous nous ressemblons, aussi ?"

La guerrière se contenta de secouer la tête, saisissant Pipa par le bras pour l'entraîner plus loin. Et comme toujours, Edolie lâcha l'affaire, baissa la tête et s'envola dans l'horizon.

***

Si certaines maisons étaient effectivement construites dans les arbres, on retrouvait des habitations plus traditionnelles, comme le temple qui servait de Mairie. Ebolia et Pipa y gravirent les marches, et entrèrent dans le bureau sans frapper - vu que celle qui y était assise sentirait leur approche, de toutes façons. La Maire était accoudée contre le mur d'en face.

"Je vous attendais" déclama-elle sans plus de cérémonies.

La Maire était quelqu'un d'extrêmement poli et réfléchi, le contraire de la plupart des tengu. Elle avait été sélectionnée par Sôjôbô lui-même pour cette raison : quelqu'un de son acabit inspirait facilement le respect et avait un don pour tenir le bon rôle dans la municipalité.
Elle s’avança vers Pipa et s'excusa, avant de la faire se tourner et se baisser - étant une tengu assez petite - pour l'observer sous toutes les coutures. Son visage était empreint d'une grande réflexion.


"... C'est vrai que cette jeune femme ressemble à Touahya," concéda la Maire. "Mais elle dit ne se souvenir de rien, et je ne vois pas la moindre trace de fabulations dans son cœur."
"Comment on va faire, alors ?" souffla Ebolia, impuissante.
"Inutile de vous attarder plus longtemps ici. Partez en haut de la montagne, et demandez au Shaman ce qu'il en est."
"Le Shaman ?.."

Ebolia frissonna un peu, rien qu'en entendant l'évocation. Le Shaman était l'un des plus vieux tengu non seulement du Village, mais aussi de toute leur communauté présente en Terra. Il avait depuis longtemps quitté son enveloppe corporelle d'origine pour incruster sa conscience dans le sommet de la montagne. Les villageois l'appelaient entre eux "Tête Rouge" ce qui était parfaitement accordé à ses présentes apparitions. Il était habituel de le craindre un peu, car l'ermite qu'il était n'aimait pas forcément être dérangé, et l'on racontait même qu'il engloutissait ceux qui le dérangeaient dans sa gigantesque bouche.
Mais Ebolia comprit bien, en voyant le regard de sa supérieure, qu'elles n'avaient pas le choix.


"Tu lui transmettras mes salutations," conclut la Maire d'un ton impassible.
"... Entendu."

10
Les terres sauvages / Re : L'envol [Pipa]
« le: vendredi 28 juin 2013, 23:15:25 »
Elle ne s'attendait pas à ça. Pas du tout, Sôjôbô l'en voit témoin... ils étaient une race tellement fière, tellement imbus de leur personne. Même le salut d'un japonais traditionnel leur semblait à tous empli d'une honte et d'une soumission intense... sans compter que s'agenouiller de la sorte favorisait les chances de coups portés à la nuque : autant parler d'une envie de suicide.
Alors, imaginez un peu ce que ressentit Ukiyoe, en voyant ce qu'elle supposait être l'un de ses sujets, l'une des représentantes de la race la plus fière et vantarde de Terra, ramper par terre comme un misérable ver. Comme si cela ne suffisait pas, elle passa sa langue sur les serres de celle qu'elle pensait être sa nouvelle propriétaire... et qui pour toute réponse recula d'un bond en poussant un cri, lui envoyant presque ses serres dans le visage, et avec une telle puissance que ses ailes s'ébrouèrent et qu'elle tomba par terre. Des plumes volèrent en tout sens, tandis que la Princesse ne parvenait pas à décoller son regard de l'esclave, une expression d'horreur figée sur le visage. Elle n'était d'ailleurs pas la seule à afficher ce faciès : la troupe qui les entouraient observait Pipa de la même façon, tous étaient carrément choqués, muscles tendus au cas où il reprendrait l'idée à la harpie de se rapprocher.

Après une bonne minute de silence à peine troublée par quelques chuchotements, Ukiyoe reprit une certaine contenance. Elle se releva et se rapprocha de Pipa avec d'infinies précautions, comme si elle avait eu la plus terrifiante des bêtes en face d'elle.


"Mais... tu- c'était quoi ça ? Qu'est-ce que tu..."

Pour une fois, la divine n'avait rien à dire, et ne pouvait que bafouiller en cherchant ses mots, la gorge sèche. Ce manque de contenance de la part de leur souveraine semblait inquiéter les volatiles aux alentours, et Ukiyoe le remarqua. Ce fut sans doute un des facteurs de la colère qui s'empara à nouveau d'elle, en plus du fait que Pipa ne disait toujours aucun mot pour justifier sa conduite.
Sans crier gare, la tengu se rapprocha de la blonde et la saisit par l'épaule d'une poigne de fer, avant de la relever sans douceur et de la secouer sans retenue.


"Reprends-toi, bon sang ! Explique-nous ce qu'ils t'ont fait, ces deux enfoirés !! ALLEZ !!!"

La colère de la tengu était si vive que les autres terranides prés des roulottes, allèrent se cacher derrière des arbres et des buissons. Ukiyoe poussa un rugissement et secoua Pipa à lui en arracher le bras, insistant pour la dernière fois. Puis voyant que cela ne faisait aucun effet et n'aidait pas plus à la situation, elle la repoussa, hurla et donna un grand coup de serre dans la caravane de voyage, en rompant les fondations et les planches qui la constituait, faisant voler des morceaux de bois et de fer éclatés partout aux alentours.

Les esclaves oublièrent alors la paralysie qui emmêlaient leurs jambes, et s'enfuirent dans les profondeurs de la forêt. Ce simple geste les destinaient à des morts multiples dans d'atroces souffrances et au rôle de repas ou de jouet pour les bêtes sauvages, mais les tengu n'auraient pas pu moins en faire cure.

Le silence revint bientôt, seulement perturbé par les halètements de la divine tengu. Au moins, fracasser l'objet avait un peu apaisé sa colère. Mais rien qu'en reposant les yeux sur Pipa, elle sentait sa rage revenir. Elle lui tourna donc le dos, en grande partie pour cette raison. Mais aussi par honte. La honte de n'avoir pas su protéger une de ses confrères, l'avoir laissé être réduite à une poupée de chair tout juste bonne à frotter son visage contre les parties de ces immondes deux salopards qui, heureusement pour eux, étaient morts avant que leur meurtrière ne puisse vraiment comprendre la gravité de la situation.


"Ebolia."

La tengu ainsi nommée répondit à l'appel de sa souveraine en se rapprochant doucement, une aile sur le cœur en signe de respect. Sa Princesse s'était couverte les yeux d'un bout d'aile, en proie à une terrible humiliation.

"Hime ?"
"Prends-là avec toi et emmène-la voir la Maire. Débrouillez-vous toute seule. Je ne veux plus la voir."

Ebolia hocha la tête et se tourna vers Pipa. Elle n'était pas de celles qui l'avaient observés d'un air dégoûté durant les dernières minutes : ses yeux à elles, d'habitude d'un bleu froid comme la glace, contenaient une certaine pitié. Elle déplia ses ailes, et stoppa net. Les pensées de Pipa lui étaient révélées grâce à sa capacité de télépathie propre aux tengu. Elle osa à peine lui dire à voix haute :

"Grimpe sur mon dos, je vais te ramener au village."

En entendant cette simple requête, Ukiyoe ne se sentit que plus mal et posa ses deux paumes emplies de plumes sur sur visage.

"Elle ne sait plus voler non plus, c'est bien ça ?.."
"Non ! Enfin... Si, bien sûr que si !" Répondit Ebolia sans réfléchir, alors que Pipa grimpait sur son dos. "Elle a simplement... une aile en mauvais état. Je suis sûre que c'est ça, Hime-sama. J'en suis certaine."

Après l'installation, la tengu décolla alors, un peu humiliée de servir de monture de cette manière. Elle était encore plus mal d'avoir voulu mentir à sa Princesse, surtout que celle-ci pouvait lire en elle de la même façon qu'elle avait lu en Pipa et détecter son mensonge avec facilité. Mais voir sa dirigeante si bouleversée... c'était difficile. Très difficile.
Tout ça à cause de cette chose qu'elle avait sur le dos. Ebolia aurait aimé lui dire à quel point elle devrait avoir honte d'elle, de ses actes. Mais lui cracher toutes ces vérités au visage n'aurait pas d'influence sur son comportement. Si sa Princesse n'avait pu la faire réagir, ce n'était pas elle qui allait réussir.

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Les terres sauvages / L'envol [Pipa]
« le: dimanche 02 juin 2013, 23:01:51 »
La Forêt avait mauvaise réputation. Cette bordure d'arbres qui entourait la montagne du Village était dense et dangereuse, même pour les combattants qu'étaient les tengu. Il y logeait toutes sortes d'atrocités que la vie avait gracié sans que l'on sache comment, et qui partageaient toute un appétit féroce.

Ces bois avaient au moins une fonction utile : celle de nettoyer la zone. Des marchands d'esclaves ou des aventuriers passaient en effet régulièrement par ici, pensant trouver un agréable raccourci. Ils étaient vite éliminés, ou finissaient par périr sans trouver aucune sortie. La localisation du Village restait ainsi dans le secret, comme le souhaitaient les occupants.
Si la chance souriait à ces égarés, on forçait de toutes façons la main du destin en envoyant une escouade qui aidait en apparence les pauvres bougres. En réalité, ils indiquaient les plus mauvaises directions possibles, et surtout celles qui étaient loin de leur patrie. Et si un tengu excellait dans quelque chose en particulier, c'était la comédie. Ils n'avaient donc pas à insister en général, même si la plupart des bestiaires écrits sur Terra et mentionnant leur race conseillaient aux voyageurs qui en croisaient de ne surtout pas écouter leurs paroles.

La caravane qui traçait la route dans la Forêt depuis plusieurs heures avait amplement eu le loisir de se faire observer par les êtres à plumes, bien dissimulés à travers les branches. La télépathie étant l'un des pouvoirs de ces divines créatures, le silence était de mise, tandis qu'ils communiquaient et décidaient ensemble de l'heure de l'attaque.
Ukiyoe les compta une dernière fois, et laissa un des rares rayons de soleil courir sur son visage masqué par le bois de son masque. Après un dernier appel, les muscles de ses compagnons se tendirent, froissant plusieurs feuilles et faisant bouger quelques branches d'arbres.
La caravane, déjà méfiante, s'arrêta à ce son. Maintenant qu'ils se savaient observés, ce n'était plus le moment de reculer.

Des plus hautes cimes des arbres surgirent alors les tengus, qui atterrirent avec rudesse sur le sol dans une pluie de plumes de toutes les couleurs. Ils étaient une dizaine, à encercler la caravane et les deux marchands d'esclaves qui conduisaient le cortège.
Ukiyoe n'était là que parce que comme à chaque fois, ce serait elle, en tant que Princesse, qui déciderait du sort de ces deux imbéciles et du reste de leur marchandise.
Cela dit, cette fois-ci, quelque chose permit de faciliter amplement sa décision.

Des glapissements de surprise attirèrent son attention, alors qu'elle observait deux de ses sujets maîtriser les marchands. A l'arrière de la caravane maintenant ouverte, quelque chose semblait désorienter les tengu. La divine vint les rejoindre, ouvrit en grand les portes arrière du véhicule qui s'étaient refermées une fois lâchées par ses congénères sous la stupeur. Puis ce fut à son tour d'ouvrir grand les yeux.

Dans la caravane, quelques terranides. Quelques humains, dont deux enfants. Tous semblaient lessivés, épuisés et hagards. Mais ce n'était pas eux qui avaient choqués la communauté de tengu. La raison se tenait tout au fond, prés de la minuscule fenêtre, et elle arborait une paire d'ailes couvertes de plumes d'un rose doux, ainsi qu'une longue queue aussi blanche que la neige. Ses serres dorées se recroquevillaient, suivant le mouvement de ses jambes.
Ukiyoe n'avait pas mis longtemps à constater l'horreur de ce spectacle. Car elle s'était vite fait son scénario, comme tous les tengu présent par ailleurs. Dans la cage, elle voyait une congénère, une villageoise qui avait dû se faire embarquer sur le chemin et qui devait être trop faible pour ne pas s'être débattu en les retrouvant. L'idée que d'autres races de terranides oiseaux existent en Terra ne lui avait même pas effleuré l'esprit.
Après le choc, la colère vint, et elle rejoignit ses camarades qui lançaient des regards plus que noirs aux deux esclavagistes. La haine se lisait clairement dans leurs yeux. Eux qui d'habitude n'accordaient que peau d'importance aux lois et aux tracas du monde extérieur, avait fait ici de cette histoire d'esclavagisme une affaire personnelle.

Ukiyoe se rapprocha en tremblant des deux mécréants, avant de leur asséner sans aucune explication un violent coup de serre dans les côtes à tous les deux. Une fois à terre, elle prit le temps de les assommer à coups de griffes et de serres jusqu'à ce qu'ils perdent conscience. Dés qu'elle fut épuisée, elle se releva, ne prenant même pas compte de la terre incrustée dans ses genoux et de la sueur sur sa peau. Elle poussa ensuite les esclaves pour aller récupérer celle qui l'intéressait, la hisser sur son épaule pour la faire sortir, et la poser enfin au milieu du cercle de tengu, laissant à chacun le soin de l'observer à tout loisir.

La jeune blonde ne parlait pas, ne regardait personne. Ukiyoe ne se rappelait pas l'avoir déjà vu dans les rues du Village. Cependant, si elle se vantait de beaucoup de choses, celle de connaître toute sa population n'était pas dans le lot. Aussi, tout en continuant à observer cette inconnue, interpella-elle ses semblables aux alentours :


"Est-ce que quelqu'un, parmi vous, la connait ?"

De nombreux regards dubitatifs furent échangés, mais personne ne répondit. Chacun semblait attendre que l'intéressée ne clame sa position au sein du Village... mais le silence régnait.

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Le coin du chalant / Re : RP avec un petit Mog ?
« le: samedi 01 juin 2013, 20:26:06 »
Je serais intéressé :] mais pas forcément par une de ces trames.
On peut en parler via MP si c'est réciproque ?

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Le coin du chalant / Re : Envolez-vous !
« le: jeudi 30 mai 2013, 13:17:02 »
Up :)

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Les contrées du Chaos / Re : Une geôlière particulière [Ukiyoe]
« le: lundi 21 janvier 2013, 00:20:08 »
Un marathon. Voilà ce qui avait enclenché cette situation.

C'était la Princesse qui en avait décidé ainsi, excluant tous les participants femelles de ce concours. C'était déjà étrange, et personne ne comprenait vraiment ses intentions. Mais, de toutes façons, Hime était un être mystérieux et rare. Quelqu'un d'exception, s'était-il dit en la voyant pour la première fois lors de ses jeunes années. Elle avait cette aura de leader qui inspirait douceur et crainte à la fois. Elle ne témoignait jamais rien d'autre que de l'amitié, et pourtant un certain détachement à l'égard de ce village en y venant si rarement.

Il ne comprenait donc pas ce qui avait incité la Princesse à le surclasser ainsi, elle qui mettait toujours un point d'honneur à placer tous les tengus sur un même piédestal. Certes, il avait gagné ce marathon. Et après ? Etait-il de ce fait devenu lui aussi de sang royal, un petit Prince que l'on acclamerait de la même sorte que la divine brune qui l'avait choisi ?

Mais en guise de seule récompense, elle l'avait fait attendre à l'ombrée de l'Ancienne, cette forêt vaste et sombre qui lui inspirait les pensées les plus morbides, tout comme à ses congénères. Elle l'avait rassurée en l'entraînant dans les clairières les plus ensoleillées, les chemin les mieux tracés. Il se demandait encore ce qui l'attendait quand ils avaient chassés ensemble cet être aux cheveux de jais, alors que celui-ci n'avait rien demandé à personne. La Princesse semblait connaître le raisonnement de son congénère, et y répondre par son habituel sourire moqueur, si caractéristique de leur race.

Ce sourire s'était accentué quand elle avait commencé à déshabiller leur prisonnier.

Bien sûr, il avait détourné la tête, et les pensées avaient fusées, confuses et pourtant tellement évocatrices qu'il avait été impossibles pour la divine de ne pas lire en lui comme un livre ouvert. Elle lui confirma qu'elle le savait depuis bien longtemps, et son ton doux permit au tengu de ne plus s'en faire à propos de ses fantasmes.

Il ne se permettait pas de lire dans les pensées de sa supérieure : personne, au village, ne se le permettait. Mais il finit par comprendre que la récompense à son labeur pendant ce marathon, était étalée sous ses yeux, offerte et prête.

C'est pendant qu'il repensait à tout cela, que Sen entendit la proie s'agiter dans le fond de la grotte. Il se rapprocha alors, son masque toujours posé sur son visage. Non pas qu'il ne soit pas beau - à vrai dire, on parlait souvent de son visage comme de quelque chose qui devait avoir été sculpté par les anges. Mais les tengus aimaient leur anonymat, et la frayeur qu'ils pouvaient évoquer en se cachant derrière ces masques en bois grossier. Ainsi cachés, ses yeux pouvaient à leur aise dévorer le corps du prisonnier, attisant le brasier qui se cachait dans le bas-ventre du jeune démon. Il avait le consentement de la Princesse : ce n'était pas une occasion à laisser passer.

Ainsi, il s'agenouilla derrière Cahir et commença à défaire les liens qui le retenait à la pierre. Il ne resta bientôt plus que de solides cordes autour de la taille de l'apatride, lui enserrant les bras. Le bout de la corde fut maintenu par le tengu, qui commença à traîner le captif contre le sol en terre battue. Ils sortirent ainsi ensemble, ne dépassant pas l'entrée de la grotte.

Ukiyoe s'y tenait, le visage appuyé contre la tête d'un puissant cheval. La monture de Cahir le regardait sans aucune réaction, et finit par fermer les yeux sous la caresse de la main de la tengu, couverte de plumes. Sen s'arrangea pour que l'homme soit mis à genoux devant la Princesse. Celle-ci posa enfin les yeux sur sa capture.


- Ton cheval est loyal, commença-elle en désignant la bête. Il aurait très bien pu s'enfuir en nous voyant t'emmener. Pourtant, il t'as suivi, sans rien demander.

Un bien étrange animal que ce canasson. Il n'avait plus de brides ou de selle, et pourtant, sa posture demeurait celle d'un cheval dressé. Rien dans son attitude n'était sauvage. Ukiyoe trouvait cela déplaisant.


- Quel est son nom ? Demanda-elle, en caressant la croupe de l'animal.

Pas le nom de Cahir, non. Ce qu'elle voulait, c'était le nom de l'animal. La tengu pouvait avoir parfois des réactions étranges. Son tempérament lunatique jouait avec les nerfs de Cahir, tout comme il jouait avec les nerfs de Sen, qui n'ôtait pas son regard de sa capture.

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Les terres sauvages / Re : ... Des arbres ? [Ukiyoe]
« le: dimanche 20 janvier 2013, 23:27:08 »
Elle haussa un sourcil, et s'appuya contre un tronc d'arbre non loin. Sa posture était détendue, inoffensive, malgré le fait qu'elle ait un divin devant elle. Ukiyoe ne lui devait pas plus de respect qu'à ses confrères : elle traitait tout le monde de la même façon, ne participant pas à l'injustice de la hiérarchie qui régnait beaucoup trop dans cette civilisation. C'était un des maux qu'Ils lui avaient demandés de traiter, après tout.
Il se demandait à quoi il devait faire attention ? Risible, quand on savait la terreur qu'inspirait ce lieu à ses congénères.


- Oh, je ne sais pas, répondit-elle d'un ton léger. Peut-être aux tigres à dents de sabres, aux lézards géants cracheurs de venins, aux oiseaux maudits...

Elle se rapprochait au fur et à mesure de ses énumérations, et son visage fut tout prés de celui du Dieu. Elle badigeonna ses lèvres brunes d'un sourire taquin.

- ... A Moi ?

Et tout d'un coup, elle plongea sa main enrobée de plumes dans un buisson voisin, et en sortit quelque chose qu'elle brandit devant le faciès du beau divin. Un épais crâne humain, bien blanc et à peine recouvert de mousse, qui claquait des dents sous le mouvement. Ce fut tellement soudain que s'en était absurde.

Ukiyoe lâcha l'instrument de sa farce et éclata de rire. Tandis qu'elle s'esclaffait, ses serres décollèrent à quelques centimètres du sol - conséquence de ses ailes qui s'agitaient dans son dos, c'était commun quand elle riait. Elle finit par ne pas se reposer sur la terre, préférant tourner autour d'Oneiros en continuant à glousser comme une jeune collégienne.


- Aaah, ça marche à chaque fois... mais toi, t'as pas l'air très jouasse, hm ?

Le Dieu avait en effet à peine réagi à la facétie, un contraste étonnant face à l'activité et à la bonne humeur de la tengu qui ne faiblissait pas malgré tout. Son sourire moqueur écartait ses lèvres et rétrécissait ses yeux, mais dans cet élan d'énergie, elle restait belle malgré tout.

- Facile de se perdre ? C'est vite dit. Disons que ce n'est pas une forêt pour qui n'a pas d'ailes pour en sortir... il l'a bien mérité, donc, expliqua-elle en désignant le crâne du doigt. Cette forêt n'est pas faite pour une charmante promenade, même mes congénères évitent d'y poser les serres trop souvent... Bon !


Ukiyoe avait évité de répondre à la troisième sentence de l'homme, la jugeant tout simplement stupide. Oui, stupide. Il en voyait souvent, des humaines avec des plumes à la place des doigts ? Ou alors, ça faisait partie du réflexe con de faire la conversation ? Elle se serait presque senti insulté, si quelqu'un de sa race avait sorti cette énormité.
Tournant le dos au divin, la tengu leva la tête vers les étoiles qui commençaient à apparaître dans le ciel. Elle déglutit, plus vraiment joueuse. Bon sang, si ces deux idiotes réussissaient à passer la nuit ici... mais après tout, peut-être avaient-elles réussi à rentrer au village ?
... Comme la dernière fois ?

La tengu serra les dents devant sa propre stupidité. Bien sûr qu'elles avaient dû rentrer, se dit-elle en reniflant. Elle allait leur passer un sacré savon en revenant... et que personne ne lui parle plus de champignons pendant au moins un mois.
La Princesse commença à ouvrir la marche, et finit par repenser à son compagnon. Depuis tout à l'heure, elle lui exposait son dos bronzée en étant perdue dans ses pensées, et elle se retourna vers lui. L'emmener au village était-il une bonne idée ?


- ... Bon alors, tu viens ? Finit-elle par dire, presque à contrecœur.

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