Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Tatsumi Ido

Pages: [1] 2 3 4
1
Tatsumi n'avait pas vraiment eu l'impression de faire un compliment. Ce ne fut qu'à la réaction de Naoya qu'il se rendit vraiment compte de ce qu'il avait dit. Il aurait été seul, il se serait suicidé à coups de boule dans la table basse. Il était en train de partir totalement en vrille avec ces histoires et il fallait qu'il trouve un moyen de déconnecter sa libido de sa langue avant de finir par la faire partir en pleurant. Et de s'exposer aux châtiments personnalisés de Konoka. Tentant la castration chimique, il se resservit un nouveau verre de saké. A ce moment, l'ange blanc commentait l'idée de faire le modèle. Visiblement, il lui manquait à la fois le temps et la patience.

"Dommage Naoya-san... Personnellement, si j'savais peindre, j'adorerai le faire avec un modèle si..."

Sa parole fut coupée par une gifle violente de sa main gauche. L'hémisphère droit de son cerveau, visiblement encore en état de marche, venait d'interrompre juste à temps le cafard qui se promenait dans son cerveau. La larme à l'oeil mais toujours souriant, Tatsumi continua sans se démonter.

"...si beau."
*Jolie rétablissement acrobatique. Maintenant, cloue-moi cette langue au fond de ton palais et laisse-là là-bas!*


Mais Tatsumi n'écoutait que difficilement des ordres, surtout ceux venant de son cerveau. Il but donc une goulée et chercha un message caché dans la déclaration de Naoya-san. Ils ne sont pas sympa? Dur à dire vu qu'il ne les a jamais vu! Ou peut-être que si, vu que ce n'était pas marqué sur leur front qu'ils appartiennent au club d'arts plastiques. Encore une fois elle s'inquiéta pour sa santé, lui arrachant un soupir de plaisir.

"C'est gentil de t'inquiéter pour moi, Naoya-san, mais ça ira. De toute façon je ne vais pas quitter le sol du reste de la soirée..."

Et son ange blanc continuait de gonfler son petit coeur sec de paroles tendres qui l'amenaient aux frontières de la béatitude. Elle voulait bien continuer de parler... En plus, elle parlait de lui, disant qu'elle espérait qu'il éviterait un jour les ennuis. Se donnant du courage, il but un peu de son verre et envisagea ce qui devait se dire maintenant.

"Ben j'ai toujours plongé dans les embrouilles, aussi loin que j'me rappelle. Tiens, une petite histoire d'Okinawa! J'étais en première année de collège et j'ai vu qu'un gars avait plein de trucs derniers-cri. Pourtant ses parents étaient pas spécialement riches... J'l'ai cuisiné un peu et il m'a dit qu'il se faisait son fric avec les huitres. Celles d'une baie contiendraient des perles. Illico, j'ai séché les cours et, pendant trois jours, j'ai plongé comme un malade. J'sait pas combien de kilos d'huitres j'ai péché et... rien. Pas la moindre petite perle."

Il eut un petit rire puis un nouveau coup d'alcool. C'est fou ce que la pièce tournait au fait. Une variante des tremblements de terre se spécialisant dans le mouvement circulaire peut-être?

"Sauf que le couillon se faisait du fric avec de l'herbe. Pas vraiment de l'herbe de Provence hein! Il s'est fait serrer par les profs et ils ont cru qu'il était que le vendeur. Vu qu'jétais pas là depuis trois jours, il a cru malin de me balancer en disant que j'étais le trafi.. le tra... le sale type quoi! Résultat, midi du quatrième jour, trempé et crevé, je vois débarquer un pion accompagné de deux flics. Rapport qu'ils avaient des questions à me poser sur un trafic de dope. Ils ont été trop bavard et j'avais tout pigé. Furax, j'ai balancé tout ce petit monde à la flotte (c'était une jetée, c'était facile, y avait des morceaux d'huitres partout...) puis j'suis allé direct au poste. Y z-ont cru que j'venais me livrer et ils ont fait c'qu'on appelle techniquement "une confrontation de suspects". Y z'ont pas été déçus du voyage. Ce couillon a avoué tous les crimes de ces trente dernières années avant que les flics réussissent à me sortir du poste."

Rire, lampée.

"J'arrive pas à rester calme dans ces cas-là... Ce sale type s'est fait du fric en polluant des poumons. En plus, il s'est foutu de moi et a essayé de me tremper dans ses combines... Pour le juge, c'est une tape sur la main. Pour moi, c'est une tape un peu plus haut sur l'anatomie. Et un peu plus fort, avec des intérêts... C'est là que les flics ont commencé à se méfier de moi. Et les jeunes aussi. En fait, tout le monde s'est méfié... Et j'ai fait que ce qu'j'appelle techniquement "un nettoyage au coeur des fibres". Allez, à toi! T'as pas une histoire marrante? J'suis sûr que tu dois avoir des clients pire que moi à l'hosto!"

C'est fou ce que ce matelas lui paraissait attirant d'un coup...

2
L'infirmière, en plein dans son rôle, s'inquiétait pour la santé de son patient. Lui-même se sentirait bien mieux si elle maintenait une distance suffisante, son coeur la remerciait en silence pour ça d'ailleurs.

"J-J'vais bien! C'est juste que..."

Comment articuler ça sans passer pour un vieux pervers? Surtout qu'il venait de passer au vouvoiement sans s'en rendre compte! Il se donnerait des baffes parfois! Tout en mangeant, histoire de se donner une contenance, Tatsumi tenta de parler entre deux bouchées.

"C'est que... J'sais pas si quelqu'un te l'a déjà dit en face mais... Waoh... T'est incroyablement sexy sans même le vouloir! Ça doit être une espèce de don. Moi j'fait fuir les commerçants et j'attire les loubards dès qu'j'pénètre dans un quartier la première fois. Ça doit être ce truc appelé phéromachinchose... Toi, t'est tout simplement... J'crois que waow ça fait limité mais en même temps... ça dit tout. T'devrais faire de la photo pour les fins de mois. J'suis sûr qu'il y a plusieurs photographes qui se battraient pour te payer comme modèle!"

Le cerveau à géométrie variable de Tatsumi venait de trouver une échappatoire et s'y engouffra avec la prestesse d'un naufragé voyant arriver vers lui une bouée. Reprenant du poil de la bête, il avait d'ailleurs fini de manger la mangue et put donc parler à la jeune femme avec un air un peu moins gêné rivé à la figure.

"D'ailleurs... Y a souvent besoin de modèles au lycée! Au club d'arts plastoc y parait qu'ils ont jamais personne pour les peintures et les sculptures. T'est payé pour pas bouger! J'ai voulu postuler mais j'trouve toujours la porte fermée avec sûrement une chaise derrière la clanche parc'que même en forcant la serrure j'peut pas entrer!"

Il n'était pas venu à l'esprit de Tatsumi que les élèves terrifiés croyaient qu'il venait pour les racketter et qu'ils se barricadaient donc depuis qu'ils avaient remarqué qu'il rodait dans les environs. Il n'avait aucune chance de participer au club de dessin vu que ses talents plaçaient les gribouillis au rang d'art majeur mais il espérait par ce moyen croiser plus souvent la route de son ange blanc. Au moins dans des conditions moins stressantes que dans un hôpital ou à la chasse aux suceurs de sang!

"J'sais pas si il y a un club photo. Ce s'rait encore moins fatiguant mais au moins les modèles du club d'arts plastoc sont bien payés. J'dois avoir leur petite annonce dans la poche de ma..."

Il prit alors les débris de sa veste et farfouilla dans une poche... pour laisser sa main ressortir de l'autre côté! Le papier devait se trouver réduit en copeaux et éparpillé dans toute la rue du convini à l'heure qu'il était...

"J'verrai ça au lycée..."

Il se releva, la tête un peu tournante. Il dut même s'appuyer un peu contre le mur. Alccol+ augmentation de la pression cardiaque+ baisse de la quantité de sang dans la tête... alchimie féroce s'il en est une. Il alla donc à son armoire pour sortir le futon. Grand matelas replié, il le déploya sur le sol et posa dessus la couverture et la lourde couette. C'était un modèle pour deux personnes car Tatsumi avait le sommeil très agité. Il déposa un coussin en position central et pris l'autre pour le poser sur le tapis en mousse. Il avait encore des couvertures en rab et se les sortait déjà.

"Tu veux dormir quand?"

Il aimerait bien continuer la conversation, ayant peu de chances de parler à un membre du sexe faible. Konoka ne rentrait pas dans cette catégorie vu que la discussion avec elle se résumait à "pitié, nooooon". Mais l'alcool avait fait quelques ravages, lui-même voyant des ombres d'éléphants roses à la limite de son champ visuel.

3
Les alentours de la ville / Re : Les aléas du jeu. [PV Tatsumi]
« le: dimanche 05 décembre 2010, 10:52:57 »
Il ne rêvait pas là? Elle venait de le traiter de "naïf"? Lui? Il mit au point le visage de la demoiselle et son expression changea du tout au tout. Visage fermé et brut de décoffrage, ton neutre et phalanges qui se blanchissent.

"Mademoiselle... Ce n'est pas parce qu'on est dans un bar qu'on doit plumer les gens. Il y a bien un paquet d'agressions et de meurtres dans des bars sans que je me sente obliger de faire couler le sang à flot au moment où je pénètre dans l'un d'entre eux..."

Le ton qu'elle prit pour parler de la bouteille le fit encore plus s'agacer. Ces bouteilles, toutes les personnes qui les avaient vues étaient d'accord pour dire que c'était un vrai trésor qu'il avait sorti de la benne. Cette fille avait beau avoir l'air sexy en diable, il commençait à soupçonner un esprit retors derrière cette belle allure. Mais ce n'est pas pour autant qu'il allait abandonner.

"J'vois... Donc vous préférez prendre un max de fric aux gens plutôt qu'd'avoir le plaisir de gagner... Mouais... Fins de mois difficiles ou avarice en stade terminal?"

Le reste du bar semblait se marrer, situation impossible pour l'ex-loubard. Il mit les pouces en faisant signe à Anne-marie d'attendre quelques instants, avant de se tourner vers le reste de la salle, ne parlant pas à une personne en particulier.

"Avis à la population. On n'a toujours pas r'trouvé le psychopathe qui a cassé la figure à la majeure partie des loubards du quartier. Il semblerait qu'ce soit une personne seule, instable et VACHEMENT violente. Elle hésite pas à s'fritter à un contre trente alors si vous soupçonnez d'la voir, fichez le camp, ça vaut mieux... Merci de votre attention..."

Il s'agissait d'un avis placardé par la police à quelques détails près. Un des clients, massifs et visiblement travailleur manuel vu sa carrure, se planta devant le maigre freluquet qu'il était. Il avait déjà commencé à dire quelque chose mais ça ne dépassa pas le stade des trois syllabes, Tatsumi lui collant un crochet brutal et si vif qu'on ne devina sa trajectoire qu'à la direction que prit l'homme pour chuter. Tombant comme une brique sur le sol, inconscient bien avant d'arriver à destination, le bonhomme allait avoir besoin de quelques heures pour retrouver les joies de la vie en société. Tatsumi revint à la peste en costume trois pièces.

"Si dix-mille yens ne sont pas suffisants pour avoir le droit de jouer contre toi, il faudrait voir à aller dans un autre bar. Le genre huppé. Si c'est pas ça tu demande quoi comme pari?"

C'est que ça ne collait pas à ses yeux de brute : Une fille aussi canon qui joue pour des sommes aussi effrayantes dans un bar aussi normal... Il y avait comme un décalage. Deux amis de l'homme qu'il avait étalé s'étaient déjà levé et même le barman avait sorti une batte de derrière son comptoir. Soupirant, Tatsumi pivota et les cloua sur place rien qu'en brandissant la queue de billard, l'air aussi sauvage que ce qu'il était à Okinawa. Une fois qu'ils se décidèrent à reculer, Ido reprit de nouveau son air neutre pour pivoter vers la joueuse.

"Où qu'j'étais... Ah oui! Qu'est c'qu'une joueuse de haut vol fout alors ici?"

4
Naoya confirma les craintes de Tatsumi mais le ton soulignait qu'elle aussi rejoignait un peu les idées d'humour qu'il essayait de mettre dans l'atmosphère. Il rit, de bon coeur. C'était agréable comme sensation après les révélations qu'elle avait fait avant. Elle était sur le point de partir, de croire qu'il allait la prendre pour une folle. Elle était vraiment mal à l'aise. Et maintenant, elle était là, plaisantant avec lui. Une fille canon, courageuse et qui se sentait bien avec lui. Les dieux ne l'ont pas abandonné...

Malheureusement, il dut à nouveau sortir, le temps pour elle de se changer. Il voulut d'abord rester devant la porte mais, en entendant le bruit du tissu que l'on retire il ne put tenir et marcha doucement en bas des escaliers pour s'occuper à la fois les mains et l'esprit. Car son esprit voguait dangereusement vite au-delà des horizons du désir flottait déjà dans les étendues paisibles de l'envie qui se trouvait au-delà. Dur de contrôler sa libido quand on est un ado qui s'est fait jeter par toutes les filles jusque là.

Il trouva ce qu'il cherchait, à savoir un tapis en mousse épais d'environ deux mètres sur cinquante centimètres. On l'utilisait pour les cours des très jeunes élèves histoire qu'ils ne se fassent pas mal en tombant. Bien sur il y en avait plusieurs pour délimiter une zone de combat mais Tatsumi se contenta d'un seul, celui qui était en meilleur état. En arrivant à nouveau en haut des escaliers, il arriva au moment où Naoya l'informa qu'elle s'était changée. Rentrant dans la pièce en évitant de la regarder autant que possible, il posa le matelas de fortune dans un coin de la pièce. Ça lui suffirait nettement pour cette nuit. Se tournant vers elle, il eut une fracture nette de l'oeil droit et un peu de sang se mis à lui couler de la narine gauche.

"Wah...."

Il ne put pas dire grand-chose d'autre. Non seulement le kimono lui allait bien mais le potentiel érotique d'une telle tenue de combattante sans porter de pantalon ou de t-shirt en dessous était nettement plus élevé que ce qu'il croyait. Ne voulant pas faire craquer les coutures de son pantalon, Tatsumi se rassit pour s'installer à sa mangue.

"Heu... Le kimono vous va bien... Désolé il y a pas de pantalon de dispo... "

5
Vous nous quittez déjà ? / Re : Petite absence, du moins, j'espère
« le: samedi 27 novembre 2010, 19:33:22 »
A bientôt!

6
"Roh, c'est rien! J'suis locataire, j'devrais quand même avoir quelques clés. Konoka dit qu'elle me les filera au fur et à mesure que j'aurais des ceintures plus colorées. J'la soupçonne de me motiver."

Il eut un bon rire franc. Après avoir chassé le "rat" et s'asseyant à la mangue, Tatsumi fut un peu surpris de trouver de la poussière sur son dessert. Il n'était pas resté aussi longtemps pourtant! Nettoyant un peu la saleté, il repris son dessert où il l'avait laissé.

"Ouais, c'est bizarre quand même. Y a jamais eu de rat. Ou de corbeau. Ou quoi que ce soit comme animal quand j'y pense. Même les chiens errants changent de trottoir quand y s'approchent du dojô. Faut croire qu'ma senseï est aussi crainte dans le monde animal!"

Bien sur ce n'était pas vrai, il devait souvent chasser les corbeaux qui s'amoncelaient sur le toit certain soirs. Il souriait encore quand Naoya pointa du doigt un élément qui lui avait échappé jusqu'à présent. Elle se changeait où? Avec les mecs, il n'y avait pas de chichis... Mais là? Il avait toujours son sourire mais un tressaillement de la joue droite laissait entendre qu'il était en fait en mode "figé".

"Ha heu bennnn"

Il fit rapidement le tour de son appart. Il utilisait les douches et les toilettes du rez-de-chassé comme salle d'eau. Il n'allait quand même pas lui demander d'aller dans les vestiaires pour se changer, il faudrait repasser dans le dojô en pyjama! Il ne restait plus qu'une solution...

"Je vais attendre dehors..."

Ce fut avec une démarche de robot que Tatsumi atteignit la porte, l'ouvrit et la referma derrière lui. Il avait le feu au cerveau et aux joues. Une fille était venue chez elle. Elle allait mettre un kimono trop court. Et dormir ici. ICI CHEZ LUI! Les dieux ne l'avaient pas tout à fait abandonné!! Bon ce serait en tout bien tout honneur et il se passerai rien. Après tout il n'était qu'un gosse par rapport à elle... Mais ce qu'elle était canon! Mystérieuse, brillante, futée, débrouillarde... En plus, elle vivait en sachant qu'il y avait des trucs super dangereux dans les rues sans avoir peur donc elle était aussi super courageuse! Une fille comma ça ça courait pas les rues. Et elle était chez lui! Nerveusement, il se tamponna le bandage du front. C'était décidément une super soirée...

7
Le fait que Naoya n'était pas de toute première fraicheur commençait à se voir, même à travers le filtre guerrier de Konoka. Elle prit d'ailleurs le verre de Tatsumi pour renifler le fond d'alcool. Elle écarta vite le verre de son visage pour le remettre à sa place en faisant la moue. Du coup, Konoka regarda l'invitée un peu bizarrement, se demandant si elle était bien nette de se griser à l'alcool alors que des suceurs de sang pouvaient la croiser à l'extérieur. Quand Naoya avoua à demi-mots qu'elle aurait aimé ne pas se frotter à l'inconnu, Konoka devint grave, croisant les bras et regardant dans le vide.

"Oui... Oublier ça... Une vie normale... Ce fut le choix de mes parents. Mais les créatures ne leur pardonnèrent jamais d'être nés Tashigawa. Tourner le dos à l'héritage familial n'est pas forcément une bonne idée..."

C'était visiblement un souvenir douloureux et elle revint vite au coeur du sujet, se concentrant à nouveau sur son interlocutrice.

"Oui. Mais les rondes les moins dangereuses bien sûr. Pour commencer... Je pense que d'ici quelques mois il deviendra dangereux pour les êtres de la nuit de moyenne catégorie. D'ici quelques années, les plus puissants d'entre eux claqueront des dents en le voyant débouler..."

Elle avait un sourire vorace en pensant à ça. Elle était du genre à frapper puis disparaître. Mais Tatsumi, avec sa hargne, son habitude des combats seul contre tous et une bonne technique serait un vrai cauchemar à gérer pour n'importe quel groupe de vampires. Il n'avait déjà plus rien à apprendre de ce qui concerne l'art d'éviter les embuscades, comment en tendre ou le repérage des lieux. Il ne restait plus qu'à canaliser tout ce Yang pour en faire du Yin. Quand Naoya admit avoir trop bu, Konoka eut l'air vraiment peinée, ce qui lui faisait une expression humaine sur son visage. Tatsumi aurait été là, il aurait été choqué.

"Ha? Il est si fort que ça? J'avais envoyé la bouteille à mon oncle sur sa demande quand je lui ai dit que j'ai vue Tatsumi essayer de grimper la façade avec la boite en bois attachée sur le dos. Il avait déjà fini de rembourser la dernière armure qu'il a pulvérisé mais vu qu'il allait sûrement casser quelque chose dans la semaine, le prétexte était tout trouvé."

A ce moment, il y eut du bruit en bas des escaliers. Tatsumi semblait en avoir fini avec le cadenas, sûrement trop vite pour Konoka qui se retrouvait piégée. Elle se releva vite.

"Bon. Je vous reverrai demain matin. Je m'entraîne très tôt, vous devriez me croiser."

Sans plus de cérémonie, elle fit un bond verticale, basculant une plaque du plafond et, avant que la poussière soit retombée, elle était déjà dans le faux-plafond et remettait la plaque en place. Juste à temps car Tatsumi venait de rentrer avec un kimono de kendo blanc dans les bras. Il le déploya. Ça n'allait que vers mi-cuisse mais le tissu était à la fois robuste et confortable. Une ceinture pendouillait autour de son cou.

"Et voila Naoya-san! Ça a pas été simple, il y avait une saleté de gros cadenas, impossible à craquer. Mais le vestiaire de Konoka-senseï avait un cadenas normal, lui, alors j'y ai cherché la clé."

A ce moment, on entendit comme du bruit dans le faux plafond. Quelque chose rampait pour partir.

"Arf. Y a des rats? Et un gros en plus!"

Il prit son sabre de bois pour taper dans les plaques pour chasser l'importun. Au bout de quelques minutes, il se tourna vers Naoya pour lui remettre en main propre le kimono, tout sourire. Derrière lui, une plaque s'était retirée et un bras vengeur armé d'un sabre semblait hésiter sur le châtiment à appliquer dans de telles conditions. Finalement, Konoka sembla se raviser et le bras se replia. Quelques secondes plus tard, Naoya entendit le bruit s'éloigner en direction des vestiaires. Tatsumi, lui avait repris le dessert où il l'avait laissé.


8
Konoka eut un sourire fugace quand l'affirmation de Naoya concernant le fait d'effacer ses traces vint sur la table. C'était en quelque sorte un aveu. Elle leva une main devant elle, signe d'apaisement.

"Vous êtes très forte, je vous rassure. Ce n'est pas l'existence de traces qui vous as trahie mais leur absence. Il y a quelqu'un qui a une dent contre les vampires mais qui se déplace comme un fantôme. Nous autre, membre du dojô, pouvons nous entraîner pour sentir le surnaturel, sa présence... Vous avez une... "aura" disons, de guerrière. De chasseuse. D'une personne qui s'est frottée à l'inconnu... Tout en étant totalement inconnue d'une personne comme moi qui cherche à en savoir un maximum sur les soutients potentiels que je pourrais avoir. J'ai procédée par déduction..."

A ce moment là, on entendit un grand bruit à l'étage du dessous suivit par un juron retentissant. Visiblement, le cadenas donnait du fil à retordre à Tatsumi. Konoka souriait en pensant à la tête qu'il devait faire en ce moment avant de ramener son esprit à la situation présente. L'idée de l'accord semblait avoir fait son chemin et la kendoka ne comprenait pas que l'état d'égarement était du à la consommation d'alcool, elle-même n'en ayant jamais pris.

"Et bien, c'est simple. Si je le forme et qu'il m'accompagne en mission, il ne fera que ce que je dis. Je le terrorise et il oserait pas marcher en-dehors des clous. Je veut voir ce qu'il est capable de faire par lui-même. Si vous partez en chasse, prévenez-moi. Je resterai discrète, embusquée et vous aiderai au mieux que je pourrai si ça tourne mal. Formez-le aux dangers du monde de la nuit. Je le formerai aux arcanes pour l'en défendre. J'ai bien tendu l'oreille et il vous respecte... Il n'a même pas essayé de vous sauter dessus. Vous n'avez pas peur de lui et il n'a pas peur de vous... chose que j'ai échoué... par nature peut-être..."

Pour la première fois, Konoka eut l'air un peu embarassée. L'idée d'en faire son disciple personnel pour le former au combat de la nuit n'est venue que plusieurs semaines après son arrivée ici. Au début, elle pensait juste ramasser un délinquant à redresser à coups de triques et elle avait reçu un apprenti plus motivé que tout ce qu'elle avait reçu jusqu'à présent. Elle était très forte pour se faire respecter. Beaucoup moins pour se faire apprécier. Se reprenant, elle continua.

"Mais n'allez pas trop vite... Je n'ai même pas encore commencé les arcanes élémentaires avec lui. dans un premier temps j'assurerai votre sécurité. Vous avez mon numéro de téléphone donc si ça tourne mal même quand Tatsumi n'est pas concerné appelez-moi. J'agi de façon propre, nette et sans bavure..."

9
Konoka ne bougeait pas d'un poil et aucun muscle de son visage n'avait bougé après la phrase dite par Naoya. Au poker, ce serait une tueuse. Et dans quelques autres occasions on pouvait être sûr qu'elle était aussi une tueuse. Elle se contenta d'un vaste geste de la main gauche, embrassant toute la pièce mais semblant montrer bien plus que le petit appartement de Tatsumi.

"Vous êtes ici dans mon dojô. Je forme Tatsumi afin qu'il devienne un bon kendoka... Pour commencer. Vous n'êtes pas aveugle et avez compris son potentiel largement inexploité. Moi aussi. Je le forme afin qu'il puisse m'accompagner dans mes tâches les plus risquées, celles pour lesquelles ma famille se bat depuis des siècles, dans l'ombre de l'histoire. Le genre de tâche que vous devez sûrement accomplir."

Elle sembla faire le point sur la femme qui lui faisait face pour la première fois véritablement, pas le genre de regard qui regardait à travers vous pour voir tout ce que vous êtes mais un regard plus franc sur la nature même de son interlocuteur.

"Je suis surprise tout de même... J'imaginais le fantôme chasseur plus... menaçant. Une personne en ayant après les vampires mais qui disparaît de la mémoire des personnes qui semblent croiser son chemin. Vous êtes célèbre à votre manière. Peu de vampires osent se renseigner sur vous de peur de voir partir une partie de leurs salariés qui oublient tout simplement pour qui ils travaillent."

Elle montra l'armoire du pouce.

"Je n'ai jamais fait boucher ce trou parce que c'est pratique de surveiller du vestiaire des filles ce qui se dit ici. Ce ne fut jamais très intéressant mais aujourd'hui ce le fut beaucoup... Ma chère, je forme Tatsumi pour me seconder, m'épauler et peut-être même me remplacer si la situation l'éxige. Et pas pour le dojô, non, pour lutter contre les créatures de la nuit. Et j'apprécie moyennement que vous le propulsiez dans ce monde plus vite qu'il ne le devrait..."

Elle croisa les bras, ayant l'air vraiment préoccupé et un peu énervée mais il ne semblait pas qu'elle pensait à Naoya sur le moment, grommelant quelque chose avant de poursuivre la conversation.

"De toute façon je le connais bien cet abruti. Pour les beaux yeux d'une fille il serait capable de sauter d'un pont sans même réfléchir. Il a déjà prit sa décision de jouer les chevaliers blancs et je ne vais pas pouvoir l'en empêcher..."

Elle passa sa main droite sous son menton, le massant de façon pensive. Elle élaborait déjà un plan sur le long terme, façon qu'avait sa famille de faire face aux imprévus. Parce que les ennuis sont toujours sur le long terme. Puis elle revint à son interlocutrice.

"Je suis là pour l'empêcher de faire des bêtises mais se lancer plus tôt que prévu dans les tâches familiales est de l'inconscience... A moins qu'il ne soit solidement secondé. On peut arriver à un accord..."

Il y avait effectivement un plan qui semblait naître dans son esprit martial. Mais il fallait d'abord savoir ce que pensait Naoya.

10
HRP : désolé pour la baisse de rythme. Je peut pas tout faire!^^ /HRP

Tatsumi fut un peu surpris par cette histoire de téléphone portable. Il se prenait pour un néanderthalien au milieu des homo sapiens sapiens quand il voyait les espèces d'ordinateurs de paume que trimbalaient ses camarades de classe vu qu'il n'était pas intéressé par ces engins. Et voila qu'il tombait sur une japonaise qui n'avait pas de portable, une espèce qu'il croyait totalement disparue. Riant, il imagina avec elle leur téléphone.

"Ouaip. Il nous en faudra un costaud. Capable de résister aux coups, aux bains dans de l'eau bénite et, si possible, avec une coque en argent. J'vois d'ici la tronche du vendeur. Si on rajoute qu'on souhaite l'option "pieu en bois rétractable" il va s'croire tombée dans une autre dimension!"

Il rit un peu. L'idée de savoir que des types louches insensibles à ses poings rodent en quête d'un cou à boire le dérangeait. C'est pas le fait de risquer de se faire mordre qui le travaillait, c'est le fait de savoir qu'il ne pouvait pas riposter par ses moyens habituels. Tatsumi avait un peu une mentalité Godzilla et voyait rarement quelqu'un qu'il ne pouvait pas pulvériser. Quand il se sépara de Naoya il avait un peu trop d'info dans la tête et ne voyait pas trop par où le prendre donc il ne fit pas attention à son expression. Il n'avait pleinement récupéré qu'une fois attaquée sa mangue. Un peu trop mûre peut-être mais c'était quand même bon. Il devrait liquider les autres demain. Il y en avait trop, il les distribuerait aux autres élèves du cours de kendo.

"Nan, tu dérange pas. J'ai déjà gardé ici deux ou trois fois des gars qui étaient trop nazes après leurs cours de kendo. Quand on fait des entrainements renforcés au dojô, c'est pas pour renforcer le plancher... Bref, les kimonos léger d'été font de super pyjamas. Je vais t'en chercher un."

Il prit quelques morceaux de mangue en vitesse et se leva, allant à la porte et descendant les escaliers. Toutefois, Naoya ne resta pas seule très longtemps. Quelques secondes après que la porte se soit fermée, elle se rouvrit et quelqu'un marcha à la table basse et s'y assit. Quelqu'un qui portait aussi un kimono blanc avec un hakama. Mais qui avait de longs cheveux noirs et répondait normalement au nom de Konoka. Son visage était grave et le ton de sa voix était sec.

"Ne vous en faites pas, on va être seules un bout de temps. J'ai changé le cadenas du vestiaire des filles et il lui faudra un bout de temps pour le forcer sans le casser. Il n'est pas stupide et ne laissera pas de traces... A nous deux maintenant mademoiselle Naoya... Vous voulez prendre mon élève?"

Elle se tenait de l'autre côté de la table, assise, le sabre en bois posé à ses côtés. Mais pas dans la pose de quelqu'un qui boit le thé. Plutôt celle de quelqu'un qui est sur le point de dégainer. L'ensemble dégageait une colère contenue d'un maître énervé.

11
Comme ça c'était pour qu'il reste sur ses gardes? Il haussa les épaules, un peu blasé. Il était naturellement sur ses gardes tant il était habitué à devoir esquiver des projectiles lancés par des lâches ou des tentatives d'écrasement par des lâches motorisés. Il était tellement sur ses gardes qu'il avait tendance à réagir trop brutalement à des choses tout à fait insignifiantes.

"Oui, j'ferais gaffe... Et si j'trouve quelque chose qui pourrait t'intéresser, j'te bippe... Faudrait que j'me cherche un portable au fait. Téléphoner de l'école, ça le fait moyen..."

Il n'y avait plus qu'un seule téléphone publique au sein du lycée et c'était dans la bibliothèque. C'était même pas par nécessité mais parce qu'il y a une loi qui existe, une histoire de laisser les élèves accès au monde de l'entreprise. Bref, il pouvait appeler mais à condition de parler à voix basse. La main toujours sur l'épaule de Naoya, Tatsumi sentait le monde tourner un peu. Son ange blanc continuait de parler, en rapport avec cette histoire de créatures de la nuit. Ça lui donnait faim d'ailleurs et il finit son ramen. Comme ça elle avait du quoi? Déménager? C'était logique, plutôt partir que d'être regardée comme une cinglée. Elle admettait elle-même qu'elle avait pas pensé tomber sur un type comme lui. Au point d'ailleurs de n'avoir aucun moyen de défense sur elle présentement. Pas bon. Il pencha son visage vers celui de la jeune femme, le mettant à quelques centimètres. A travers ses yeux embrûmés par l'alcool, on sentait différentes luttes intestines et ce fut finalement la plus primale qui vainquit.

"Dessert... J'vais préparer le dessert..."

Il se releva, laissant l'infirmière finir son repas. Il se sentait pas l'envie de lui sauter dessus alors qu'elle venait de dire qu'elle passait son temps à empêcher des mecs pâles à lui sauter au cou au propre comme au figuré. Il y a des trucs comme ça qui vous tuent une atmosphère. Un peu chancelant, il alla vers son armoire et sorti une mangue. Il la posa sur une assiette, en prépara une autre, un couteau et s'assit à la table basse pour préparer le dessert. Pour cela, il coupa la mangue en deux, retira tout ce qui était peu comestible du centre et se livra à un drôle de travail. Il donnait des coups de couteau à l'intérieur de la mangue sans abîmer la peau, faisant un schéma ressemblant à un quadrillage. Une fois qu'il avait fini, il retourna la mangue comme un gant, la peau en-dessous laissait échapper une espèce de gros hérisson orange dont les piquet formaient en fait des bâtonnets de chair pulpeuse à souhait. Il posa l'assiette avec une petite cuillère.

"Et voila! Une manque à la Ido!"

Il se prépara sa moitié de mangue à son tour, la tête occupée par ce qu'elle avait déclarée.

"Vaut mieux que tu reste... J'ai pas de voiture et j'pense pas que prendre le bus à cette heure t'permette d'arriver chez toi avant la nuit. Et puis, la technique de combat de l'homme ivre, ça j'connais pas et j'peut donc pas trop t'aider..."

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Naoya-san semblait tout autant regretter cette vie désorganisée et espérait clairement avoir un peu de stabilité. Se faire bringuebaler dans tous les sens à cause d'influences extérieures ne devait pas être quelque chose d'agréable. Personnellement, Tatsumi ne connaissait pas trop ça. Les influences avaient tendance à se casser les dents et les orteils sur sa personnalité. Enfin, tant que l'on ne s'appelait pas Konoka... Elle avait peur que ça gêne ses leçons de kendo. Mignon...

"Vous en faites pas pour mes leçons. J'en ai pas tous les jours... Des fois, Konoka-senseï a à faire des trucs ailleurs. Ou participe à un combat. Ou fait d'autres trucs que j'ose pas me renseigner dessus..."

Elle revenait parfois les vêtements en lambeaux, épuisée et heureuse. Elle ne sait pas ce qu'elle fait ces soirs-là mais elle était tellement contente parfois qu'elle lui laissait tout passer... du moins quelques heures. Pour qu'elle soit dans cet état c'est qu'elle devait sacrément prendre son pieds lors de ces sorties. Ses adversaires par contre... il n'a jamais entendu parler d'eux. En revenant à l'Ironman, Naoya-san conclut en disant qu'elle ne pensait pas avoir le temps d'y participer. Tatsumi hocha la tête sans rien rajouter. Des femmes qui y participent ont plutôt la carrure de sa senseï. Il n'osait pas le dire mais il la trouvait un peu fragile pour ce truc de taré. En même temps, toutefois, il la sentait plus dure que ce qu'elle paraissait. Dur dur de cadrer cette personne... Elle revint d'ailleurs sur les vampires et sur les autres créatures de la nuit. Bougeonnant sur son coussin, Ido hésitait un peu.

"Mais... Pourquoi tu m'dis tout ça? Pour qu'je fasse gaffe? Ou pour qu'j't'aide? J'suis lucide sur c'qu j'suis : j'crains pas grand monde aux poings mais à l'épée c'est pas franchement ça! Et quelqu'chose me dit qu'les trucs qui se baladent risquent pas grand chose de coups de poings."

Il reposa son sabre, se leva et fit le tour de la table, s'asseyant à côté d'elle, la regardant intensément. Il y avait un petit quelque chose qui commençait à faire jour dans un recoin de ton cerveau.

"Tu m'as dis tout ça... Parce que tu t'sentais seule? Tu connais tout ça mais personne voudrait t'croire... Alors, tu t'croie seule, c'est ça?"

Il posa sa rude main droite sur l'épaule droite de Naoya-san, entourant les épaules de la jeune femme. Nan, avec Tatsumi, elle avait pas à se sentir seule.

"T'as pas à t'en faire! Maintenant j'suis là et j'te couvre! J'ai quelques contacts un peu pourris qui peuvent fournir a peu près tout et n'importe quoi à partir du moment qu'on ramène du pèse. Quelques litres d'eau bénite, ça d'vrait être possible..."

Elle sentait vachement bon en plus... un mélange d'alcool, de chaleur et de ramen... A moins que ça vienne de lui? Il prit son verre et avala une lampée pour se donner du courage. Il sentait qu'il plongeait dans un nouvel inconnu qui prométtait de belles bastons...

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Son ange blanc ne semblait pas avoir des horaires fixes à l'infirmerie on dirait. Tatsumi prit un air triste en apprenant cela. Il allait être dur de se croiser si elle se retrouvait bringuebalée dans toutes les directions.

"Pas cool de pas savoir où on se trouve un peu après... Enfin, j'suis plus ou moins aussi dans ce cas mais je fais c'qui faut pour avoir une vie bien réglée. Journée, torture mentale par les cours. Soir, torture physique par Konoka-senseï. Et après on se demande comment je fait pour encaisser des coups sans broncher..."

Il eut un petit rire mais se rattrapa vite en tapotant l'épaule de la jeune femme.

"Pas super pour se recroiser des horaires pareils. Mais j'ai un tel portable. Si t'as besoin d'mes bras ou d'quoi que ce soit, j'peut forcément me libérer. J'peut être très persuasif avec les profs. Faudra une vache de bonne explication de pour sécher le kendo mais si je promets de faire deux fois plus le lendemain en général ça passe..."

Il y eut ensuite l'explication sur le Ironman. Visiblement, elle n'avait pas capté toute l'étendue de cette épreuve. Sirotant un peu de jus de son bol pour essayer de reprendre un peu contact avec la réalité et le plancher des vaches, Tatsumi précisa un peu le contenu de l'épreuve.

"Ben à Okinawa ça se passe comme ça : On part d'une petite île au large et on nage jusqu'à une plage d'Okinawa. On court dans le sable parce qu'à la fin de la plage y a les vélos. On fait un parcours aller/retour pour ensuite laisser tomber le vélo et faire un bon sprint final de 40km jusqu'à la destination. C'est pas qualitatif pour le vrai Ironman officiel. On fait juste ça pour s'amuser."

Tatsumi avait une conception du loisir qui était propre à sa petite personne. Le genre qui donnerait des sueurs froides à un sergent-instructeur psychotique. Tout à fait calmement, il sirota un peu son ramen. Pas mal du tout ce jus décidément. Et puis l'alcool... Allez, zou, il avala une petite gorgée de ce saké hors de prix. Oui, il relevait bien le goût. Mais pour ce prix il devait être capable de le faire pour une omelette brûlée. Naoya semblait envisager de le faire mais il ne sut que dire... L'encourager? Elle risquait gros.

"Avant de tenter ça vaut mieux être sur qu'on peut nager au moins dix kilomètres. Pour savoir si on a le souffle pour continuer après avoir nagé les 4km officiels. J'm'entrainait en faisant des allers/retours entre deux îles séparées de deux kilomètres... Y avait toujours un garde-côte qui rôdait dans l'coin et y a des fois où j'me d'mande s'il espérait pas qu'j'me nois pour avoir une occase de me gueuler dessus."

Par contre, la discussion sur les vampires sembla vraiment toucher Naoya-san, bien plus que tout ce qui avait été dit jusqu'à présent. Elle semblait déçue. Très déçue. Il n'avait pas été grossier et ne voyait pas trop ce qu'il avait fait pour la braquer comme ça et Tatsumi commença à paniquer. Jusqu'à ce qu'un éclair de lucidité vienne frapper un neurone pas trop engourdi par le manque d'activité.

"Attends là... Ton inquiétude pour moi de tomber sur des gros costauds... Ton côté dur... Ta super-confiance en toi... Naoya-san... T'en a croisé hein? Et pas des abrutis de gothiques maquillés façon Halloween, hein? Y a des trucs là-dehors qui arrivent à te faire peur?!"

Il jeta un coup d'oeil vers la fenêtre. Par pur réflexe, il se leva et alla baisser les stores. Ensuite, un peu emporté par l'émotion et surtout par les fortes doses d'alcool, il alla à son armoire, l'ouvrit totalement et sortit une espèce de long tube qu'il ouvrit. Creux, il contenait un sabre en bambou d'entrainement. Il se remit ensuite à sa place, tenant le sabre dans sa main droite et le posant négligemment sur l'épaule. Maladroitement, il essayait de continuer de manger de la main gauche, façon samouraï.

"Bon, j'me sens mieux comme ça... Donc dans ce patelin, on croise des saletés qui sont pas des Nukekubi, hein? Parce qu'y a pas besoin de me dire "si tu vois des têtes qui volent dans la nuit, avec de longues dents et qui poussent de longs cris fiche le camp", c'est pas que je ficherai vraiment le camp mais c'est le genre de truc qui me mettent sur la défensive..."

Il jeta un oeil sur ses ramens. Aucun qui est à l'ail! Faudra qu'il aille en acheter. Ça lui fera une haleine à couper un mur mais sa logique embrumée par l'alcool lui disait qu'un vampire équipé d'un masque à gaz aurait des problèmes pour sucer du sang.

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Naoya s'était finalement décidé pour Naoya-san... Naoya-san... ça sonnait bien à l'oreille. Un peu mélodieux tout en ayant une pointe de sérieux. Le genre qu'il répéterait bien souvent avec plaisir... Sans s'en rendre compte, il venait de reprendre une lampée d'alcool. La langue, engourdie par les épices, ne sonna l'alarme que trop tard et la dose venait déjà de descendre son gosier. Il fit tout son possible pour rester de marbre mais c'était difficile quand on avait l'impression que de la fumée sortait par ses oreilles. Heureusement, son ange blanc fit une diversion totalement inattendue.

"Quoi?! Tu bosses à mon lycée! Ben c'est génial, on pourra se revoir là-bas. Suffira que je me propose volontaire à chaque fois pour amener les personnes malades à l'infirmerie et on pourra discuter un peu."

Il vint à son esprit embrumé une vision des choses qu'on généralement les gens quand il parle de truc de ce genre. Il précisa donc rapidement.

"J'te jure que je cassera pas la figure à des gens pour ça. Ou pas d'crocs en jambe ou autre poussette dans les escaliers! Sérieux! Ça le ferait pas..."

Alors qu'il était lancé dans son descriptif de ses talents il perdit un peu l'attention de l'infirmière. Il expliqua donc, tout content de lui apprendre quelque chose.

"Les courses de l'Iron Man, c'est des compets de tarés. Des courses longues et bien fatigantes. D'habitude, c'est une course en trois étapes. D'abord, on nage environ 4km. Ensuite, on se fait à peu près 200km en vélo à fond de train. Puis, un ptit marathon d'une quarantaine de kilomètres. Bon, c'est pas vraiment l'ironman officiel mais ils ont repris les distances officielles je crois. Va falloir que j'm'inscrive sous un autre nom pour celui de c't'année j'crois..."

Il envisageait sérieusement de se repointer au prochain mais un détail le titillait depuis qu'il suivait les entraînements intensifs : et si il gagnait, il ferait quoi? Il continuerai la course pour semer les organisateurs furieux? Quand on y repensait, tricher pour perdre était-ce mieux que tricher pour gagner? Son cerveau ne pouvait pas envisager ces notions complexes philosophiques et remis l'analyse structurelle de la probité à plus tard. Après son long laïus, Naoya-san eut une réponse très courte, laconique comme elle l'était depuis qu'il l'avait rencontrée. Ça ne faisait que conforter son avis sur la personne qui lui faisait face. Il mangea ses nouilles et se rendit compte que ça se refroidissait. Il engloutit donc le reste bien vite. A ce moment, Naoya-san eut l'air gênée, pour la toute première fois. Elle cherchait de l'aide pour quelque chose quand même? L'infirmière finit par lui poser une question plus ou moins directe. Les vampires? Il se gratta le nez, un peu barbouillé par l'alcool.

"Beeeeen... Tu parles des Nukekubi? Fait pas cette tête, j'viens d'une p'tite ville et question légendes, à Okinawa on est blindés. J'ai bien vu un ou deux trucs zarbs et j'me suis même un fois fritté contre une espèce de colosse qui a fini par admettre qu'il venait d'un patelin nommé Terra j'crois. Il s'est proprement évaporé un peu après mais bon, c'était pas le truc l'moins bizarre qui m'soit arrivé... Mais des Nukekubi j'en ai pas encore croisés. Ni les trucs du genre "vampire occidental". Je zonais pas mal la nuit et j'crois que t'as une bonne idée de ce qu'on y croise. Il y a des allumés super-costauds qui m'ont déjà asticotés mais j'suis trop tenace pour ces types..."

Il lui fit un clin d'oeil complice.

"Oui, je sais. C'est pas malin de me fritter contre plus fort que moi... Mais ces gars... Ils donnent l'impression que si on admet qu'on est plus faible, ils vont pas s'arrêter."

Oui, on croise vraiment des allumés la nuit. Surtout dans cette ville quand on y pense.

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L'infirmière ne semblait pas vraiment savoir grand-chose sur les paris. Cela étonnait Tatsumi qui ne pouvait que constater à quel point la pratique en était intensive dans son lycée et aux alentours. Il fit un geste vague de ses baguettes embrassant la fenêtre menant vers l'extérieur.

"Il y a pas b'soin de chercher loin pour faire des paris. Suffit d'aller aux rencontres sportives lycéennes. Y a toujours des élèves dans des coins pour faire des paris. On peut pas mettre grand-chose, bien sûr, mais c'est surtout pour le fun."

Il touilla un peu et souffla sur les nouilles chaudes. C'était de l'eau bouillante après tout et il tenait pas à se brûler la langue. Tatsumi apprenait de ses erreurs, même des plus ridicules. Il mis en bouches quelques ramens enduits de cette étrange sauce et il devait admettre n'avoir jamais mangé de ce genre de choses. C'était fort, rustique, rudimentaire mais nourrissant. Pas mauvais quoi! Il en avait essayé d'autres moins bon, Ido avait eu la main heureuse sur ce coup-là. Naoya-san eut un commentaire comme quoi elle s'en fichait pas mal de la façon de l'appeler, Tatsumi en fut attristé.

"Mais, Naoya-san, c'est très important non? Quand on met un -san, c'est signe de respect. Le -chan c'est plus familier. Bon, il y a aussi le -sama mais là on touche dans l'niveau princesse... J'veux dire... J'vous respecte beaucoup et j'veux pas être impoli... Le -chan c'est si on d'vient plus proche... En espérant qu'ce soit pas parce qu' j'viens tous les quatres matins avec la moitié du squelette en vrac!"

Il rit un peu, plus naturellement, la tension s'évacuant peu à peu, noyée par les vapeurs d'alcool et le remplissage de son estomac. Ils commençèrent à manger plus sérieusement, la faim tenaillant quand même un peu leurs deux estomacs. C'était vraiment pas mauvais du tout.

"Pour l'dessert, j'ai quelques fruits. Hier, j'ai r'çu des mangues d'Okinawa de mon maître! Enfin, c'était un colis pour mon Senseï mais y avait marqué "donnes en aussi à l'autre crétin" alors j'pense que c'était aussi pour moi! C'est super bon, j'en mangeait tout le temps quand j'étais là-bas."

Il fut un peu surpris par la description que fit de lui l'infirmière. Il en rougit et se gratta l'arrière du crâne, un sourire stupide sur le visage. Il ne savait pas si c'était un compliment ou pas mais c'était agréable d'entendre ce genre de choses.

"Ben j'ai aussi une super endurance. J'courais beaucoup, j'nageais, tous les genres de trucs où faut tenir le choc. J'avais même participé à un Iron Man l'année dernière mais j'ai été disqualifié dans la deuxième partie, le vélo, parce que je me suis arrêté pour casser la gueule à un gars ivre qui lançait des bouteilles de bière à la tronche des participants!"

Disons que c'était surtout parce qu'il avait aussi cogné les organisateurs qui avaient tenté de les séparer qu'il fut disqualifié. Mais à ce moment, il se rendit compte de quelque chose. Il y avait un petit détail dans cette soirée qui lui avait échappé jusque là, inhibé qu'il était par sa volonté de bien paraître.

"Au fait, Naoya-san... Tu n'as pas trop parlé de toi nan? J'veux dire, tu m'fais beaucoup penser à Konoka-senseï tout en étant l'opposé."

Il continua de manger tranquillement. L'image commençait à lui venir et il parla donc en même temps que ça se formait dans son cerveau. L'ensemble était un peu décousu car la combinaison d'alcool avec un cerveau rouillé donne rarement des performances exceptionnelles.

"Konoka senseï, c'est la lame d'un sabre. On peut pas la tenir en main, trop tranchant. Mais la perfection d'un sabre, c'est parce qu'il y a à l'intérieur un acier plus souple, plus mou, qui lui permet de se déformer. Elle a un bon fond quoi, même si on risque gros en fonçant bille en tête... Toi, je sait pas... On dirait un truc tout doux... Une espèce de peluche mais d'un animal qu'on connaît pas. C'est plein de poils tout doux qui forment une espèce de boule... et quand on l'a dans la main, on ose pas serrer, pas parce qu'on a peur de le casser mais parce qu'il y a tellement de poils qu'on ne sait pas si ça cache des piquants... Bref, c'est tout doux dehors et dur dedans... L'inverse tout en étant la même chose... C'est... zarb... Ben j'voudrais bien t'aider quand même... On dirait que tu veux pas que j't'aides ou plutôt... que t'en a pas besoin... Parce que t'est toute douce mais que t'as assez de pointes pour te passer de muscles dans mon genre..."

Ça résumait un peu la situation telle qu'il commençait à la ressentir. C'était franchement étrange... Il voulait couvrir son ange blanc, ayant l'habitude de jouer le rôle de bouclier en cas de coup dur. Mais son ange blanc était bien plus dur que ce qu'elle paraissait...

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