Le Grand Jeu

Plan de Terra => Territoire de Tekhos => Eglise et couvent de l'Ordre => Discussion démarrée par: Powder le dimanche 12 février 2012, 01:02:27

Titre: Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le dimanche 12 février 2012, 01:02:27
Le déguisement de soubrette, c'était presque la même chose. Même couleur, même matière, même lingerie, la disposition du tissu n'était juste pas pareille évidemment, mais on avait un truc sur la tête dans les deux cas. La longueur du tissu était très discutable, mais ça restait du tissu et ça s'enlevait facilement.
Alors, pourquoi diable le costume de nonne lui allait si mal ? Et c'était pas la peine de la gruger, elle s'était vu dans une flaque d'eau il y a un peu plus d'une demi-heure et cet horrible accoutrement, en plus d'être en opposition totale avec ses idées, avait l'air de lui donner deux ou trois bourrelets imaginaires, et non content de ce superbe travail de base, lui filait des fesses grandes comme le tour de Nexus et lui aplatissait les seins à lui faire mal.


"... Patronne, vous m'écoutez quand je vous parle ou non ?.."
"C'était si compliqué de me filer un costume à ma taille, franchement ? Ou mieux, de me laisser m'habiller comme d'habitude ?!"
"Si je peux vous parler franchement, l'utilisation de votre slime aurait été un résultat... limité au niveau véracité du produit. Quant à la taille, elle est bonne. Vous nous avez vous-même donné votre poids et vos mensurations."
" ... Heum, oui. Dans ces conditions, évidemment qu'on ne peut pas se tromper."
"...A moins que vous n'ayez volontairement faussé les mesures-"
"Bon, tu étais en train de me parler, non ?!"

Mélanie, la garde du corps officielle de la femme-slime actuellement rougissante, soupira un bon coup en cherchant quelque chose dans le coffre de l'automobile tekhane. Incorrigible, pensa-elle en se coiffant elle-même de la coiffe de nonne pour compléter son propre déguisement (qui tombait à merveille sur ses hanches dans son cas). Mais malgré tout, laisser sa patronne entre les mains d'une seconde protectrice lui plaisait moyennement : il fallait croire que la femme uniformée de noir et au service aussi discret qu'impeccable avait fini par s'attacher à la chef de société.
Elles se trouvaient actuellement devant la gigantesque bâtisse qui composait le couvent de l'Ordre, point de rencontre pour le rendez-vous, et elle attendaient. Sous la pluie. La sulfureuse Miss Powder n'était pas dérangée par ce dernier élément outre-mesure, puisque l'eau glissait sur ses habits, sa peau et ses cheveux de toutes façons. En revanche, la patience n'avait jamais été une de ses rare qualités. Contrairement à sa collègue, la tête sous un parapluie de haute technologie composé de lumière pure, qui réduisait les gouttes à néant avec sa chaleur avant qu'elles n'atteignent son crâne.


"Effectivement, je vous disais que votre nouvelle garde du corps ne devrait plus tarder à arriver maintenant."
"Franchement, cette histoire m'énerve. Tu as un problème à "jouer à la crèche" avec moi, comme tu le dis si bien à chaque fois ?"
"Pas spécialement, non. Mais votre mère a décidé qu'après les récents évènements, il était plus prudent que vous changiez votre position géographique et vos contacts habituels pour quelques temps. C'est pourquoi votre protection sera assurée par quelqu'un d'autre, qui vous est complètement inconnu. Si les affaires s'aggravent, son travail sera prolongé en temps et en heure."
"Si les affaires s'aggravent, oui ! Mais ça sera fini dans une semaine !"

Pour toute réponse, les épaules de Mélanie s'affaissèrent. Sa patronne ne comprenait définitivement pas la situation dans laquelle elle était fourrée. Tout ce qu'elle en avait retenu, c'était qu'"on avait cru que je tapais la causette avec les morts-vivants, alors qu'il y a suffisamment de types en vie à qui j'ai pas envie de parler !"
Au moins, ils avaient appris à la boîte que faire affaire avec de mystérieux réseaux dont personne n'avait d'autre infos que les profits qu'ils faisaient à l'année n'était pas une très bonne idée. Il s'était avéré que ce réseau, en plus d'être criminel, n'avait pas son siège à Tekhos : la justice était dans ce cas praticable en théorie, mais impossible dans la réalité. D'ailleurs, celle-ci n'aurait jamais penché en leur faveurs, puisque c'était bel et bien leur propre société qui était en tort pour avoir impunément pratiqué le marché noir. De là, il n'avait pas fallu bien longtemps pour que l'on soupçonne une cible facile, en l’occurrence Powder. Ses gênes formiennes n'aidaient pas à persuader le grand public (car même la presse tekhane s'en était mêlé) qu'une rencontre entre une demi-alienne et de dangereux démons incontrôlables était impossible.

Le mois qui suivit fut mouvementé : entre les altercations avec le tribunal auquel la directrice n'acceptait jamais de venir, les coups fourrés de la mère pour retarder la moindre exécution pénale (entraînant mort de juges miraculeuse au petit matin), les écologistes qui en profitaient pour tout mettre sur le dos de la société, le siège restait malgré tout aussi solide et élevé qu'une pièce montée de qualité cinq étoiles. La preuve en était que malgré tout, les profits continuaient malgré les attaques. Powder était peut-être une piètre menteuse, mais restait une excellente femme d'affaires qui aurait sûrement été capable de faire croire à ses acheteurs que les petits oiseaux volaient au-dessus de sa société, à la place d'un Godzilla à retardement.

Le jour était tout de même arrivé où au cours d'une simple sortie, l'attaque contre la demoiselle aux cheveux roses avait été tenace. La tekhane avait été obligé d'en arriver aux affrontements tentaculaires par pure défense, le slime aussi dur que de la pierre et qui avait assommé une quinzaine de tekhanes furieuses. Mélanie avait débarqué dans ce chahut avec un moyen de transport et toutes deux avaient quittés la ville en trombe. Elles n'avaient pas vu l'ombre d'un building depuis trois jours et n'avaient aucune idée que ce qui advenait de la société.

Ils avaient pris le goût des affaires avec des inconnus et en payaient le prix dés maintenant. Et comme si ça ne suffisait pas, l'interlocutrice qui allait prendre soin de la slime pendant une durée indéterminée était tout aussi inconnue que les autres, et d'une discrétion qui n'aurait rien dû annoncer de bon. Powder y songeait, mélancolique, tout en sirotant un milk-shake à la framboise sorti d'on ne savait où. Elle ne sortit de la voiture que lorsque sa compagne lui annonça l'apparition d'une silhouette sombre, au loin, blottie entre les gouttes et qui grossissait rapidement.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le dimanche 12 février 2012, 12:16:33
La pluie tombait… En le réalisant Rayne leva légèrement la tête, sentant les gouttes venir sur son visage. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, brièvement distraite, avant de replonger son attention.

« Nous en étions où, au fait ? demanda-t-elle à l’attention de l’homme se trouvant en face d’elle. Quand j’étais petite, je crois que je rêvais d’être chirurgienne… »

L’homme poussa un léger gémissement en sentant la lame glisser le long de son bras, découpant son vêtement pour s’enfoncer dans sa peau. Pieds suspendus dans le vide, l’homme ne devait sa survie qu’à la seconde lame de Rayne, enfoncée dans le creux de son épaule droite. En-dessous de ses pieds, il y avait un boulevard très animé, plusieurs dizaines de mètres en contrebas, et la pluie commençait à tomber.

« Écoute, mon cher, je ne vais pas me répéter… Je n’ai besoin que d’un nom, rien de plus…
 -  Pu… Putain, ça fait mal !
 -  On ne doit pas jurer devant les dames, vilain garnement. »

Elle le punit en tranchant l’un de ses doigts, le faisant à nouveau hurler. La lame remonta pour caresser son cou, s’enfonçant très doucement dans sa peau, laissant jaillir une ligne de sang.

« Un nom ! Est-ce si dur ça ?
 -  Bla… Blackthorne… Oliver Bla…
 -  Et ben, c’était pas si compliqué que ça, tu vois ! »

Rayne tira ses deux épées rapidement, et l’homme tomba dans le vide dans un hurlement, suivi d’un coup de klaxon furieux.  Elle avança le long du toit. Il lui avait fallu au moins une demi-heure pour rattraper ce fuyard, mais il avait été sa seule piste dans cette sinistre affaire… Ou presque la seule. Elle s’avança sur le toit, quand son téléphone portable se mit à vibrer. D’épais nuages noirs commençaient à recouvrir le ciel. Elle s’empara de son téléphone, et sourit en voyant le nom de l’émetteur, et prit l’appel, avançant sur le toit, alors que la tempête approchait. Severin parla en premier, sans même saluer Rayne.

« Miss Powder approche du couvent, Rayne. Je pensais que tu serais là pour m’aider à l’accueillir.
 -  J’ai été… Occupée.
 -  Sûrement un homme…
 -  Du genre tenace, oui. J’ai eu du mal à rompre avec lui, mais je crois que nous nous sommes quittés en bons termes.
 -  J’en suis ravi. Peut-être pourrais-tu songer à revenir, maintenant ?
 -  Je n’ai même pas une seconde pour moi… »

Severin raccrocha. Rayne soupira. Un éclair fendit l’air, et la pluie continua à s’abattre.

Loin de là, hors de Tekhos, Severin accueillait devant l’entrée d’un des couvents de l’Ordre la voiture qui arriva au milieu de la pluie. Severin était jadis l’agent de liaison de Rayne entre cette dernière et Brimstone. Néanmoins, quand Rayne et lui avaient été déclarés persona non grata par Brimstone, ils s’étaient réemployés ailleurs, Rayne continuant à faire ce qu’elle savait faire de mieux… Et Severin faisant aussi ce qu’il savait faire de mieux, à savoir tenter de diriger l’incontrôlable Rayne. Il s’approcha de la voiture, alors qu’une femme en sortit, sortant un parapluie lumineux. Enfoncé dans un long manteau noir, l’homme s’avança, sortant d’une poche intérieure de son manteau une cigarette, l’allumant. Alors qu’il s’avançait, il vit la porte de la voiture s’ouvrir, et une femme aux cheveux roses en sortir, en tenue de nonne, une curieuse mixture à la main. Severin ne s’en étonna nullement. L’eau ruisselait sur ses cheveux, mais ça ne le dérangeait pas, tant qu’il pouvait fumer.

« Miss Powder, je présume. Je m’appelle Severin, et c’est essentiellement moi qui, compte tenu des circonstances particulières liées à votre situation, suis en charge de votre protection. »

L’affaire était assez spéciale, difficile à résumer. Depuis plusieurs semaines, le monde des affaires de Tekhos vivait une espèce de procès médiatique qui impliquait l’entreprise que dirigeait Miss Powder, une femme dont les gènes formiennes avait toujours posé problème au sein de l’intelligentsia locale. Elle dirigeait une société influente, héritée de sa mère, une criminelle, spécialisée sur les animaux. Bien des rumeurs avaient circulé sur le fonctionnement de cette entreprise, notamment sur le traitement des animaux. On ne comptait plus le nombre de manifestations écologiques, ou de tentatives de blocages, devant certaines des usines. En soi, Severin et Rayne se désintéressaient de ces histories politiques, mais, depuis plusieurs semaines, Powder avait été accusée de participer à des trafics criminels impliquant de la génétique et des animaux. Son entreprise trempait dans le fonctionnement d’un influent réseau de Terra, s’étendant de Nexus à Ashnard. D’après les informations de Severin, les animaux que Powder traitait étaient, pour certains, modifiés génétiquement, devenant des monstres, et il soupçonnait une influence démoniaque. L’enquête de Rayne avait établi que Miss Powder n’avait rien à voir avec cela, mais que certains de ses conseillers devaient être mêlés à ce qui se passait. Après plusieurs tentatives d’assassinats sur la personne de la Formienne aux cheveux roses, Rayne et Severin avaient décidé de s’occuper de cette histoire.

Tenant compte du haut degré de corruption dans les services de protection de Tekhos, il n’avait pas été difficile d’obtenir à pouvoir protéger Powder. Sur Tekhos, Severin dirigeait une société de protection privée, et avait décidé, pour protéger efficacement Miss Powder, de l’isoler dans l’un des couvents de l’Ordre. Ce couvent se situait hors de Tekhos, et était relativement grand, comprenant plusieurs bâtiments, un mur d’enceinte, et des jardins. Severin et Rayne s’étaient infiltrés dans ce couvent, Severin en tant que mécanicien, vivant dans un entrepôt de maintenance isolé, Rayne… En tant que sœur.

Il s’approcha donc des deux femmes, et sortit une carte d’identification. C’était Rayne qui avait parlé avec elles, compte tenu de la discrimination forte à l’égard des hommes sur Tekhos.

« Nous avons trouvé de quoi vous protéger, Miss Powder, le temps que la situation se résolve sur Tekhos. Une couverture… Efficace. »

Il comptait en faire une sœur. Sous les lourds vêtements des sœurs, Powder serait difficile à remarquer.

« Je vous en prie, venez. »

Severin se retourna, et entra dans l’entrepôt. Il y avait de multiples étagères avec divers objets, et, dans un coin, une section informatique aménagée par Severin.

« Ce couvent nous sert de couverture, expliqua-t-il. Et aussi de lieu de protection. »

Étant de parfaits inconnus, il avait été difficile d’obtenir la confiance de Powder pour la protéger. Une enquête avait été livrée sur eux. Officiellement, dans cette histoire, Rayne était une ancienne soldate Tekhane, qui avait été licenciée, et Severin son assistant. Ils étaient les membres uniques d’une société de protection privée indépendante. Ils avaient inventé des CV pour réussir à obtenir la confiance de Powder et de ses gardes du corps. Severin s’approcha des multiples écrans.

« Votre nom d’emprunt, Miss Powder, sera… Clara. Sœur Clara », précisa-t-il.

Severin entendit soudain un bruit venant du dessus, et leva la tête. Une porte ne tarda pas à s’ouvrir, et une femme surgit, portant deux longues lames accrochées à ses poignets. Elle descendit rapidement un escalier, et déposa ses lames sur un bureau.

« Severin, il pleut, dehors… »

Rayne remarqua soudain Miss Powder, avec sa garde du corps.

« Ah, vous êtes déjà là, observa-t-elle. Tu ne m’avais donc pas menti, Severin… »

Elle s’approcha de la Formienne. Powder était plutôt grande, presque autant que Rayne.

« Bienvenue, Miss Powder… Ou petite soeur Clara, vu que nous sommes maintenant intimement liées. »

Severin ne tarda pas à donner des explications.

« Dans ce couvent, vous serez la petite sœur de… De Rayne, précisa-t-il. Je pense qu’il n’y a pas un meilleur endroit pour vous protéger que l’un des couvents de l’Ordre. »

Severin pensait sincèrement ce qu’il disait, mais il soupçonnait sans doute l’ingéniosité de ceux qui cherchaient à tuer Miss Powder. Dehors, dans un arbre, un être dans une armure avait utilisé des jumelles pour voir Miss Powder rentrer dans l’entrepôt, avant d’en informer d’autres individus dans son récepteur. Severin était cependant loin de s’en douter, et enchaîna envers Miss Powder, étant assis sur l’un des fauteuils autour des ordinateurs.

« J’espère que ça vous convient… C’est la meilleure façon que nous avons trouvé pour vous protéger. »
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le mardi 21 février 2012, 01:58:24
"Ce... c'est une plaisanterie ?"

Voilà tout ce qu'elle avait trouvé à dire, quand il lui avait annoncé sans passer par quatre chemins, que sa couverture serait celle d'une... nonne. Dieu, rien que le mot sonnait creux, dans sa tête pourtant bien pleine (selon elle...). Adieu les fourrures, les talons et les sacs à mains, pour manger de la soupe à la place du homard et s'habiller avec des sous-vêtements dont même sa grand-mère (si elle en avait une) ne voudrait pas... d'innombrables histoires racontés entre collègues devant la machine à café lui revinrent en mémoire et elle se vit l'espace d'une seconde dormir avec une ignoble ceinture de chasteté, inconfortable et dangereuse y compris pour elle et pour... ses doigts. Effectivement, s'il n'y avait personne pour la satisfaire durant les prochains jours qui risquaient d'être longs, elle serait bien obligée de se satisfaire toute seule... et si cette histoire s'avérait vraie, elle ne pourrait même pas s'autoriser ça !
Déjà, l'image d'une pince monstrueuse de la ceinture lui attrapant ses vilains doigts pour les saucissonner et la punir la fit déglutir. Et parler fort de nouveau, furibonde.


"Combien de lieux il y a sur cette maudite planète, hein ? COMBIEN ? Et vous me proposez le COUVENT ? Vous savez ce qu'on raconte sur les so-"
"Patronne, taisez-vous."

Powder ouvrit de grands yeux en direction de Mélanie qui regardait la carte que lui avait tendu Severin. Les sourcils de la garde du corps étaient froncés et ses doigts gantés tremblaient. C'était peut-être la peur de laisser sa protégée entre des mains étrangères, mais ceux qui la connaissaient, en l’occurrence ici sa chef, aurait plutôt opté pour de la colère. C'était la première fois qu'elle osait s'adresser à la Miss de cette façon, d'où l'étonnement de celle-ci qui ferma automatiquement ses lèvres, furieuse comme une enfant que l'on aurait envoyé au coin.

"La révolution ne devrait pas s'éterniser là-bas". (La garde du corps s'adressait à présent à l'homme en face d'elle). "Nos employés ont eu le temps de faire un rapide pronostic, et les choses devraient se calmer d'ici deux mois."

Powder ressentit ce que devait éprouver un glaçon en train de fondre. Deux mois... sous les jupes des Mères Supérieures ?  Qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter ça ?..
... Bon, au moins, sa "grande sœur" était un minimum mignonne. Et peu bavarde. Et ça, c'était bien : Powder n'appréciait pas les femmes qui parlaient beaucoup... ça lui faisait de l'ombre. C'était bien pour ça que Mélanie était une garde du corps idéale et jamais remplacée.

Entre-temps, l'autre tekhane avait reçu un coup de téléphone et raccrocha peu après.


"Ils me réclament, je dois y aller."
"Où est-ce que tu vas aller, Mélanie ?" (Un peu d'inquiétude se lisait dans la voix de la jeune femme aux cheveux roses). "Tu vas retourner au QG ? Te cacher ailleurs ?"
"Vous n'avez pas le droit de le savoir, Patronne... je ne le dirais même pas à ma propre fiancée."

Une pointe de culpabilité piqua Powder quand sa protectrice évoqua celle avec qui elle partageait sa vie à Tekhos. La "fiancée" devait être morte d'inquiétude, restée dans la ville à regarder les émeutes. Cette culpabilité l'empêcha même un instant de réaliser que c'était une des premières fois que l'on lui interdisait de recevoir une information. Ou qu'on lui interdisait quelque chose, plus simplement.

Mélanie serra la main de Severin et de Rayne en les remerciant encore pour leur services et en excusant d'avances toutes les comédies que la formienne pourrait faire. Après quoi, elle monta l'escalier et on ne la vit plus, aussi discrète et rapide que d'habitude. Il ne restait plus rien d'autre que le bruit des unités centrales d'ordinateurs. Powder se retourna, boudeuse, et s’efforça de se concentrer sur la suite des évènements.


"... C'est quoi mon nom, déjà ? Clara... On va s'y faire, on va dire."

Au milieu des embuscades et autres découpages de chair, Rayne avait peut-être eu la chance de travailler dans les écoles maternelles... ça lui aurait fait un bon niveau de départ pour dealer avec une enfant pareille. Mais comme il y avait peu de chances que ça se soit passé, elle avait juste intérêt à avoir de la patience...
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le mardi 21 février 2012, 03:32:34
Deux mois ? Même pour Rayne, la perspective de passer deux mois dans ce maudit couvent ressemblait à une espèce de cauchemar éveillé. Elle y était depuis déjà une semaine, et elle avait déjà, dès le premier soir, rêvé de décapiter les trois quarts des sœurs avec qui elle avait eu la « chance » de discuter. Pour que cette mission abracadabrantesque fonctionne, pour que Rayne accepte de s’enterrer dans un couvent, Severin avait du déployer toute sa force de persuasion, et la seule chose qui avait vraiment été efficace n’avait pas été de susciter l’appétit financier de Rayne en lui faisant miroiter les sommes que représentait la protection de Miss Powder, mais plutôt de réveiller sa haine farouche envers son père, Kagan. Vaincu sur Terre, le vampire s’était réfugié sur Terra, et Rayne continuait à le traquer, lui et toute sa famille, ayant déjà à son actif décimé une bonne partie de la famille de Kagan, de sa maudite progéniture. Severin était partiellement convaincu que l’un des enfants de Kagan était mêlé à cette histoire, et que Miss Powder était le meilleur moyen de les atteindre, en les forçant à agir le premier.

La dame ne semblait guère ravie à l’idée d’être une nonne, ce qu’on pouvait comprendre, et la manière dont Mélinda, sa garde du corps, réagissait aux phrases de Powder indiquait une femme assez capricieuse, excentrique et gamine. Le duo parfait pour Rayne, en somme, qui était bien connue pour être un véritable puits de patience… Après le départ de Mélinda, Severin avait regardé Rayne, qui, de son côté, ouvrait un placard comprenant plusieurs robes de nonnes. Le modèle en cuir (http://c.imdoc.fr/1/sexy/nonne/photo/3044374304/127612649fc/nonne-none-sexy-3-img.jpg) paraissait de loin le plus tentant, mais il y avait fort à parier que les Sœurs supérieures ne l’accepteraient pas. Rayne opta donc  pour sortir deux robes plus classiques, tandis que Severin discutait avec Miss Powder.

« Je suppose que vous n’avez sans doute pas eu le temps de lire le règlement du couvent, alors, je vais vous faire un petit résumé. C’est un couvent relativement strict, où les Sœurs supérieures attachent un grand respect à la ponctualité… Ce qui risque de poser problème, vu que nous sommes déjà en retard, précisa Severin avec un regard de reproche vers Rayne.
 -  Que ces salopes aillent se faire foutre, se contenta de dire Rayne, en se déshabillant.
 -  Hum… Quoi qu’il en soit, Miss Powder, vous allez devoir vous forcer… Je ne pense pas que vous aurez à séjourner là pendant deux mois, car nous ne faisons pas que vous défendre. Nous enquêtons également pour essayer de mettre à jour ceux qui veulent vous tuer, et je pense que l’enquête avance plutôt bien… Pour l’heure, vous devrez veiller à ne pas attiser le courroux des Sœurs supérieures, en sachant qu’une journée au couvent est très réglementée.
 -  On se lève tôt, on prie, on suit les cours de catéchisme, on va à confesse pour dire que notre ancienne vie était un torrent de péchés, et qu’on souhaite obtenir l’absolution… D’un ennui mortel, résuma la Dhampir en étant totalement nue, enfilant la robe.
 -  C’est plus ou moins ça… Les Sœurs supérieures ignorent qui vous êtes, et il vaudrait mieux éviter qu’elles ne le découvrent. Par conséquent, vous dormirez au moins dans la même chambre que Rayne, ce qui est toujours mieux que rien. Pour les inconforts quotidiens, si vous êtes surpris à… Hum… A avoir des gestes déplacés ou malheureux…
 -  … Comme se doigter en pleine messe, lâcha Rayne, à titre d’illustration.
 -  … Entre autres… Vous bénéficierez de l’inconfort d’une ceinture de chasteté. Les sanctions peuvent aller jusqu’à vous isoler dans une cellule, mais soyez certaine que Rayne aura toujours un regard sur vous. »

Dans sa tenue de sœur, Rayne était méconnaissable. Elle avait également délaissé ses précieuses lames, se sentant particulièrement nue, et se mit à marcher.

« C’est aussi inconfortable que laid, confirma-t-elle. Putain…
 -  Précisons que, comme c’est votre premier jour, les Sœurs vous attendent dans le Hall central pour une séance d’intronisation. Vous êtes officiellement deux femmes ayant eu une enfance difficile, deux sœurs qui étaient maltraitées par leur père, et qui avaient sombré dans les voies occultes de la délinquance, de la drogue, et du sexe. »

Severin ayant fini son exposé, Rayne s’approcha de lui, tandis que Powder se changeait à son tour.

« Qu’a donné ton excursion à Tekhos ? La piste était bonne ? demanda-t-il sur un ton un peu plus bas.
 -  Juteuse, oui… Le trafiquant m’a donné un nom. Oliver Blackthorne. Je te laisse chercher et trouver ce qui correspond le plus. »

Severin hocha silencieusement la tête, pianotant sur ses claviers en sirotant une tasse de café. Ses nuits étaient relativement courtes, mais il avait perdu le goût du sommeil depuis longtemps. Éveillé, il n’était au moins pas assailli par ses propres cauchemars. Rayne regarda Powder dans sa robe, et s’approcha d’elle en souriant, avant de l’embrasser sur les lèvres. Un geste spontané, qui lui permit de goûter à la saveur des lèvres de Powder.

« J’ai tenu à préciser dans le dossier que nous nous réconfortions mutuellement…, précisa-t-elle. Bien… J’aurais adoré poursuivre cette conversation, Severin, mais la vieille peau risque à nouveau de m’amener à vouloir raccourcir ses jours si nous continuons à traîner. J’espère que la pluie ne te fait pas peur, soeurette.
 -  Rayne, at… ! »

Un soupir termina la phrase de Severin. Ayant ouvert une porte, Rayne était sortie rapidement, traversant le grand parc du couvent, sous une pluie battante. Des éclairs dansaient furieusement dans le ciel, et Rayne avança rapidement vers les lumières du perron du couvent. C’était un sinistre manoir, avec des lumières allumées, et elle ouvrit l’une des grandes portes, tenant toujours la main de Powder. La porte donnait sur un grand hall d’entrée, avec un immense lustre et plusieurs escaliers. Formant un demi-cercle, les sœurs se tenaient fidèlement là.

« Vous êtes en retard, Sœur Rayne », annonça la voix froide et revêche d’une vieille femme.

Se tenant dos par rapport à elle, Rayne serra les lèvres, ce que Powder dut naturellement voir, avant de se retourner, et de baisser la tête.

« Pardonnez-moi, je montrais à ma sœur…
 -  Les vertus qu’il y a à être en retard ? Votre sœur est désormais notre sœur. Tâchez de ne pas l’oublier, et de vous rappeler quelles sont les vertus directrices de notre Ordre.
 -  Oui, Mère… Pardonnez…
 -  Il suffit ! tranche la mère d’un ton autoritaire. Sœur Clara, l’Ordre Immaculé est fier de vous compter parmi ses rangs, et se fait fort de vous guider vers la voie de la Lumière, peu importe les sentiers tumultueux que vous avez emprunté dans le passé. Bienvenue, Sœur Clara !
 -  Bienvenue, Sœur Clara ! » répétèrent les sœurs en boucle.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le dimanche 04 mars 2012, 22:03:04
Dés lors que sa compagne fut partie, la slime laissa ses épaules s'affaisser, dans une certaine lassitude. Mais les recommandations du mâle en face d'elle fit naître l'inquiétude dans sa poitrine. Pas très douée pour masquer ses émotions, ça se vit tout de suite sur son visage rond qui se crispa. Pour se détendre un peu, elle posa ses fesses sur un bureau proche et s'appuya avec ses mains dessus. Le fait que la légende urbaine sur le fameux accessoire de torture soit à moitié vraie la fit s'exclamer de soulagement.

"Je vous remercie pour les recommandations, heum... Severin... (appeler un chat un chat ? Elle n'était pas assez stupide pour croire qu'il y avait un autre endroit que Tekhos où les mâles acceptaient qu'on ne prenne pas la peine de les nommer... Et heureusement que Mélanie l'avait informé du nom de l'homme en noir, et surtout qu'elle l'avait écouté à ce moment-là...). Par contre, puisque j'imagine que toute communication est coupé là-dedans, j'aurais aimé avoir un moyen d'avoir quelques contacts pendant ces deux mois. Ma cité bouge sans cesse, c'est déjà difficile de se tenir au courant de l'actualité quand on y est pas..."

Pendant cette demande, Powder s'acclimatait davantage au rôle de femme d'affaires qui lui collait à la peau qu'à la miss bégueule que Rayne avait pu voir au début des évènements. L'apparence n'était pas la seule chose que la tekhane savait modeler à volonté : son caractère y passait parfois aussi, plus souvent qu'on pouvait le penser. C'était un point obligatoire à développer quand on évoluait dans son domaine professionnel, et Rayne devait en savoir quelque chose.
La négociation terminé, il était temps de se changer et de s'acclimater au véritable uniforme du couvent. C'était un vêtement lourd et sombre, au tissu de qualité médiocre malgré que l'Ordre brassait l'argent des fidèles en toute impunité et discrétion. Il n'y avait aucune grande organisation dans ce monde avec laquelle la jeune femme n'avait pas négocié, et ils ne sortaient pas de la règle.

Quand sa nouvelle protectrice déposa ce baiser sur ses lèvres, elle sursauta légèrement. Rayne s'était approché avec une telle discrétion que ça l'avait surpris.
Sans être désagréable, cela dit.


"Voyez-vous ça."

Elle répondit à la justification de la Dhampir avec un léger sourire sur le visage. Rayne avait l'allure d'une femme qui s'efforçait de respecter les lois, tout en inventant ses propres règles. Elle devait avouer que ça lui plaisait et elle se laissa volontiers entraîner dehors, la pluie ayant à peine le temps de mouiller ses nouveaux vêtements.

Et les nonnes ? Ben... pas vraiment comme elle se les imaginait. La seule expérience que la demoiselle en avait, c'était les simulations virtuelles qui se vendaient dans les équivalents tekhans des sex-shops. Là... y en avait peut-être qui aimait, mais... pas elle. Enfin, le moment était mal choisi pour penser à ce genre de choses.

La présidente tekhane salua poliment les femmes...


*Oh, appétissante la petite rousse à droite. ♥*

... tout autour d'elle.
Quel gâchis, sérieusement.



Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le mercredi 07 mars 2012, 02:20:02
Vu comme ça, Rayne et Powder avaient l’air encerclé. Dans certaines situations, elle trouvait même que cette armée de nonnes était encore plus effrayante que les démons et autres monstres qu’elle affrontait habituellement. Powder regarda les nonnes, qui semblaient toutes pareilles, mais Rayne savait qu’il y avait beaucoup d’apparence, et que le contrôle de la mère supérieure sur son couvent était avant tout virtuel. Mais Powder aurait l’occasion de le découvrir. Son regard se porta sur une femme dont la longue chevelure rousse ressortait ici et là, et ne put s’empêcher de commenter sa beauté, ce qui arracha quelques sourires et provoqua quelques gloussements, sauf envers la Mère supérieure, qui jeta un regard autoritaire et froid sur Powder.

« Sœur Clara, vous avez accepté de rejoindre ce couvent pour rejeter vos désirs… Malsains, afin de vous concentrer sur ce qui est vraiment pur et noble dans ce monde souillé par la perversité. J’ose espérer que vous comprendrez rapidement que notre fonction sur Terra est le dévouement sincère, noble, et désintéressé envers les autres. Nous refusons cet écart impardonnable que constitue la luxure, peu importe la manière dont on l’envisage. Voilà pourquoi les hommes sont si inférieurs sur Tekhos, car il est bien connu qu’ils sont bien plus sensibles à ces vices inexcusables que nous, femmes. Alors, c’est à nous, Sœur Clara, qu’il revient de montrer le droit chemin. J’ose espérer que… »

Diable, cette femme ne s’arrêtait pas ! Elle continuait son laïus, mais il suffisait de voir les joues rougissantes de la rousse, les regards intéressés de plusieurs autres sœurs, pour comprendre que la Mère supérieure n’avait qu’une faible autorité, et que ce vice impardonnable était sciemment installé dans son couvent. En même temps, on vivait sur Terra. Déjà que, sur Terre, c’était dur, mais alors, sur Terra… Quoiqu’il en soit, la Mère supérieure semblait bien partie, lorsqu’une sœur se racla la gorge. Elle avait une peau basanée, des yeux pétillants, et la manière dont elle avait dévisagé « Sœur Clara » ne prêtait nullement à confusion.

« Oui, Sœur Clarice ?
 -  Avec tout le respect que je vous dois, Mère, le repas est prêt, et nous voudrions pouvoir nous restaurer avant qu’il ne soit froid…
 -  Hum… Fort bien, fort bien… Nous en reparlerons plus tard, Sœur Clara. »

La Mère supérieure se retourna, et s’éloigna. Sœur Clarice, de son côté, s’approcha des deux, et fit un sourire engageant à l’intention de Powder.

« Ne t’en fais pas pour elle, ce n’est qu’une vieille peau aigrie et mal baisée. lâcha-t-elle. Elle fait son petit discours à chaque nouvelle arrivante… Enfin bref, mieux vaut ne pas arriver en retard… Le repas n’est pas fameux ici, mais c’est toujours mieux que ce que j’avais dehors… »

Clarice semblait avoir d’autres choses à dire, mais se retenait. Elle se retourna, prête à s’élancer, avant de se retourner subitement.

« Ah, au fait… La belle rousse s’appelle Moïra, et, si tu veux mon avis, je crois que tu lui fais aussi de l’effet… »

Elle lui dit cela avec un léger clin d’œil, avant d’avancer. Rayne et Powder restèrent seules, et la Dhampir regarda Powder.

« Je n’ai pas eu le temps de tout te dire ici… Pour résumer, les apparences sont relativement trompeuses Il faut juste se tenir à carreau vis-à-vis de la Mère supérieur et des autres dindes… Pour le reste, si tu as envie de communiquer, il suffit de rejoindre Severin. Je t’expliquerai tout ça plus tard, mais, pour résumer, le couvent n’est pas vraiment coupé du monde. »

Rayne et Powder rejoignirent ensuite le réfectoire. Il y avait des tables en bois assez ancestrales, et des nonnes offraient la nourriture aux autres. Les Mères supérieurs étaient sur une table dans un coin, observant la foule. L’une d’elle demanda le silence, et ouvrit le repas en souhaitant encore une fois la bienvenue à Sœur Clara, avant de réciter une prière. Il y avait à dîner une soupe avec des légumes. La viande était rarement admise, sauf en des circonstances particulières. Rayne et Powder s’étaient assises dans un coin, et Powder fut rejointe à sa gauche par Moïra. La nonne s’assit prudemment, et commença à manger une patate, avant de laisser tomber, comme par mégarde, sa cuillère, feignant de se brûler la langue sur la soupe. Elle en profita pour ramasser la cuillère, tombée près de Powder, posant l’une de ses mains sur les jambes de Powder, avant de lui glisser dans le creux de l’oreille :

« Je sais pourquoi vous êtes là… Et ça m’attire… »

Sœur Moïra ignorait que Clara était en réalité une femme d’affaires, mais, dans le couvent, les autorités ne divulguaient pas le passé des sœurs aux autres. C’était justement le passé, quelque chose sans incidence. Mais Powder, elle, ne savait peut-être pas cet état des choses… Et la phrase de Moïra pouvait dans ce cas prêter à confusion.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le dimanche 11 mars 2012, 01:32:34
Les grands yeux bleus de la nouvelle nonne se remplirent soudainement de larmes brillantes, tandis qu'ils observaient tranquillement la Mère Supérieure faire l'éloge de la bonne conduite Made In Couvent. Mais ces petites gouttes venaient du fait que la tekhane devait retenir un gros bâillement, et pas d'une culpabilité quelconque. On aurait pu aisément s'y tromper si son visage n'avait pas eu cette expression blasée et boudeuse. Elle venait en effet bien de comprendre qu'il valait mieux se taire, mais baisser les yeux comme une petite fille prise en faute... elle n'y serait pas arrivée, de toutes façons. Quand la vieille femme s'en alla, Powder ne se priva pas d'une nouvelle remarque à Rayne, en baissant tout de même la voix cette fois-ci.


"Qu'elle est glauque."

Elle était sur le point de rajouter quelque chose quand elle sentit plusieurs regards derrière son dos, et tourna la tête pour apercevoir plusieurs sœurs. Celles-ci cessèrent de parler presque immédiatement et la slime comprit qu'elle était le sujet de leur conversation. Ce qui était normal.
En revanche, les regards qu'elles lançaient à la tekhane étaient eux moins normaux, pour des nonnes, en tout cas. Cela acheva de convaincre la demoiselle aux cheveux roses que toutes les femmes ici présentes étaient faites comme les autres femmes. La seule différence, c'était l'hypocrisie générale qui devait régner ici depuis des millénaires. Heureusement que Tekhos avait supprimé le règne de la religion sur ses terres.


Après les indications de Sœur Clarisse et la rentrée au réfectoire avec Rayne, les choses commencèrent à se compliquer.


"..."

De la bouillie ? Oui, de la bouillie. Des légumes, sans rien d'autre, c'était un peu ça pour la jeune femme qui était habituée au homard thermidor de Mélanie tous les jours. Son ventre gargouilla et elle se demanda pourquoi quand elle avait eu l'idée de faire un régime il y a trois semaines et de s'y tenir, elle ne s'était pas étouffé avec ses propres cheveux.

"Oh non, dites-moi que je rêve."

Powder avait passé la plus grande partie de sa vie dans des halls de réunions, à parler fort et à s'affirmer devant une dizaine de requins mal intentionnés qui étaient toujours lancés pour lui lancer des pièges verbaux qu'elle devait parer en s'affirmant encore plus. Quand on était pas habituée, c'était plutôt... compliqué, d'être discrète. Heureusement, la table des Mères était suffisamment éloignée pour qu'elles n'aient pas entendu la remarque qui aurait encore été jugé comme déplacée. Plusieurs nonnes, en revanche, pouffèrent dans leurs serviettes. Elles semblaient ravies d'avoir enfin quelqu'un qui sache mettre un peu d'ambiance sans devoir savoir jouer de l'orgue ou les arroser d'eau bénite.

Un bruit de vaisselle tombant à terre attira son attention, et la jolie tête de Moïra lui apparut sous la table. Le contact avec sa main fit également frissonner Powder, parce que sa peau était froide : il ne faisait pas bien chaud, ici.
La voix de la rousse, par contre, n'avait rien de glacial et c'est bien malgré elle que la tekhane sentit une bouffée de chaleur lui monter au visage. Rayne l'avait peut-être prévenue, mais vite fait... C'était quoi ces louves déguisés en gentils agneaux ? Powder était prête à parier que si elles en avaient eu l'autorisation, c'était elle que l'on aurait mis à manger au milieu de la table à la place des patates. Une autre sorte de repas... beaucoup moins frugal.
Perturbée par les paroles et le comportement de la rousse, Miss Powder ne déclara pas grand-chose.


"Heu, là, je ne suis pas vraiment au sein de mes fonctions, hein. Faudra revenir plus tard."

Et la seule chose qu'elle déclara montra bien qu'elle était à côté de la plaque et pensait que Moïra voulait lui parler du travail. Pour l'excuser, il lui était encore difficilement concevable que les bonnes sœurs lui fassent du gringue à table.
Le repas perdura et la slime, qui avait fini son assiette depuis longtemps, contemplait d'un œil Moïra. De longues boucles couleur feu sortaient de sa capuche de nonne et contrastaient avec les couleurs blanches et noires de son uniforme. Powder nota même un grain de beauté dans ce cou gracile après dix minutes d'observation.

Au bout de quatorze minutes, Moïra put sentir quelque chose glisser sur son pied, puis sur sa jambe et l'intérieur de sa cuisse. Elle crut à une main coquine de la part de sa nouvelle camarade, mais en regardant à son tour Powder du coin de l'oeil, elle put s'apercevoir que celle-ci avait les deux mains à l'air, posées sous son menton presque comme pour une prière - mis à part que l'expression taquine de son visage, les deux yeux légèrement levés vers le ciel, l'air de rien, n'avait rien de celle de quelqu'un qui demande grâce à Dieu.
C'était plus l'expression d'une pêcheuse.


"Hiii !"

Moïra avait émit ce petit cri quand elle avait senti qu'il y avait définitivement quelque chose qui se glissait sous sa robe. Plus précisément, dans sa culotte, dés à présent. C'était froid et gluant, d'où son petit couinement. Les Mères Supérieures tournèrent leurs têtes.

"Sœur Moïra, un problème en particulier ?"
"Ah... N-non, Mère. J'ai juste renversé de l'eau sur ma robe..."
"Dans ce cas, apprenez enfin à manger proprement. Mais ne dérangez pas vos camarades par vos états d'âmes, ou même le Seigneur d'ailleurs : je crois que même en priant, la tâche sera ardue, à votre âge."
"En-entendu, Mère."

Le silence reprit... tout comme les "états d'âmes" de Moïra : quelque chose était bel et bien en train de d'insinuer dans sa culotte, et même un peu en elle. Ça ressemblait à un serpent qui poussait doucement. La jeune rousse mis une main devant sa bouche pour masquer un nouveau gémissement et par la même occasion ses joues brûlantes.
Cette sorcellerie, c'était une nouvelle idée de Powder, qui feignait l'ignorance depuis tout à l'heure, alors que sous sa capuche, une mèche de ses cheveux manipulables à volonté s'était allongé au point de toucher le sol et de rejoindre les sous-vêtements de cette petite nonne qui l'avait taquiné et qui en payait maintenant le prix. D'ailleurs, cette même mèche s'était dédoublé pour aller rejoindre le soutien-gorge de sa proie, à la manière d'un tentacule vicieux, toujours avec cette même discrétion.


"Sœur Rayne, vous pouvez me passer le sel, s'il vous plaît ? ♪"

Sans doute que Rayne avait du remarquer que quelque chose clochait du côté de Moïra, mais que Powder y était pour quelque chose, ça restait à voir... Mais en même temps, pourquoi demander un condiment quand on avait déjà fini son assiette ?
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le dimanche 11 mars 2012, 12:45:28
Le repas était généralement quelque chose d’assez norme ici… Du moins, en apparence. Il était à l’image du couvent. Les sœurs n’étaient pas spécialement dupes. Personne ne venait vraiment ici pour sauvegarder la pureté de son âme, et encore moins pour des questions de chasteté. Pour autant, il fallait tout de même reconnaître que la nourriture qu’on servait dans ce couvent était infecte, probablement digne d’égaler celle des prisons tekhanes. Même si elle était une Dhampir, Rayne avait aussi un certain sens de l’appétit, mais il fallait rendre à César ce qui lui appartenait ; cette nourriture était indigeste. Le couvent de l’Ordre devait vraiment avoir des problèmes financiers pour offrir une nourriture au rabais. C’était probablement des rations militaires.

« Heu, là, je ne suis pas vraiment au sein de mes fonctions, hein. Faudra revenir plus tard. »

La réponse de Powder à l’intention de Moïra amena Rayne à sourire légèrement. Moïra fut surprise par une telle réponse, mais n’insista pas. Ce serait prendre le risque de voir les sœurs la découvrir. Lentement, Rayne mangeait en regardant les autres sœurs. Il se passa alors quelque chose d’étrange avec Moïra, et Rayne tourna lentement la tête, fronçant les sourcils. Une Mère supérieure dut intervenir devant le petit cri de frayeur de Moïra, et le regard innocent de Powder suffisait d’emblée à indiquer qu’elle y était pour quelque chose. Ses mains étaient pourtant visibles à l’air libre, mais ce n’était pas ça qui devait surprendre Rayne. On prétendait que les Formiens avaient des attributs génétiques spéciaux. Sans aller jusqu’à considérer que cette dernière transformait ses mèches de cheveux en de longs tentacules, elle supposa qu’elle devait agir sur Moïra.

Cette dernière était de plus en plus perturbée, et remuait légèrement sur le banc, peinant à manger, les yeux perdus dans le vague, les joues rouges. Elle promena l’une de ses mains sur son corps, et frémit en sentant un… Une espèce de truc qui glissait en elle, visant ses parties intimes, s’insinuant dans sa culotte et contre ses seins, les pressant tendrement. Moïra baissa les yeux, serrant les lèvres, sa culotte s’humidifiant. Elle regarda à nouveau Powder, tandis que cette dernière, sur un ton chantant, demanda à Rayne de lui passer le sel. La Dhampir hésita légèrement. Powder avait rapidement fini de manger, alors, pourquoi demander du sel ? Ce devait sûrement être lié à Moïra, et plusieurs sœurs la regardaient en fronçant les sourcils. Si les tentacules de Powder étaient discrets, Moïra l’était moins, et son visage rubicond suscitait la curiosité des autres sœurs. Elles chuchotaient à voix basse, mais les Mères supérieures, fort heureusement, ne remarquèrent rien.

« Mais bien sûr, Soeur Clara ! lâcha Rayne en lui présentant le sel. Utilisez-là à bon escient !#

Un sourire amusé aux lèvres, Rayne posa le sel à portée de main de Powder, tandis que Moïra était toujours troublée, essayant vainement de continuer à manger, ses jambes tremblant légèrement. Elle ne put laisser s’échapper un léger soupir, et baissa la tête.

« Hum… Vous… fit-elle en regardant Powder. Hnnn… »

Moïra peinait à parler, continuant à mouiller, et baissa la tête. Elle ne parvenait pas à trouver les tentacules, se demandant d’où ils venaient.

« Vous… Vous êtes une… »

Elle gémit à nouveau. Moïra était une Tekhane, qui connaissait les Formiens, et ce dont ils étaient capables. Mais ce n’est pas comme si ça la dérangeait… Enfin, que ce soit au moment du réfectoire, oui, c’était gênant, mais avoir comme sœur une femme capable de créer des tentacules, c’était… Très tentant !
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le lundi 19 mars 2012, 23:45:25
Oh, tentant. Il revenait souvent ce mot, quand on savait de quoi était capable une femme constituée entièrement de slime. Elle les connaissait, les tekhanes comme Moïra, celles qui se bousculaient avec une discrétion que Powder trouvait remarquable. C'était toutes des petites jeunes, jolies, ambitieuses et pas timides. Parfois, quelques femmes plus âgées lui faisaient des avances : des femmes qui avaient eu le temps de monter les échelons dans le milieu des affaires. Mélanger travail et couchette ne dérangeait pas la slime qui s'amusait souvent avec ses secrétaires, mais elle n'avait pas besoin de coucher pour réussir, qu'on se le dise.
En tout cas, la jeune sœur rousse avait un peu perdu de son ambition. Elle n'arrivait même plus à parler... mais les quelques mots qu'elle avait prononcé avaient le mérite de mettre la puce à l'oreille. Powder la regardait en s'efforçant d'avoir l'air surprise, mais sans parvenir à cacher l'ombre d'un sourire sur son visage pâle. Quand Rayne lui passa le sel, elle en prit une pincée entre ses doigts fins et en jeta par-dessus l'épaule de Moïra, toujours tout sourire.


"Sœur Clara, qu'est-ce que vous faites ? Vous savez combien le sel coûte sur les marchés ?!"

Bien sûr il avait fallu que cette vieille peau s'en mêle, encore une fois. Comme prévu.

"Pardonnez-moi, ma Mère, mais il m'a semblé voir quelques manifestations démoniaques au-travers du corps de notre Sœur Moïra. J'ai jugé bon de répandre du sel comme l'indique les coutumes de chez nous."
"... Si c'est vos coutumes, tout s'explique, hein ?" (L'air ironique de la Mère Supérieure était notable, mais ses traits s'étaient adoucis.) "Vu que je peux comprendre votre attitude, nous nous contenterons d'une prière de plus pour cela. Mais sachez que vos coutumes n'ont pas de valeur dans notre église. Vu que votre Sœur s'en abstient depuis son arrivée ici, vous tâcherez de faire de même."
"Oui, ma Mère..."

Passer pour une stupide paysanne tout droit sortie de ses contrées primitives et s'assurer ainsi une couverture de petite innocente qui pourrait toujours lui servir, et par la même occasion détourner l'attention des autres qui étaient fatiguées pour ce soir des âneries de la nouvelle venue qu'était Powder. Une pierre deux coups, c'était tout bénef, comme on disait dans le métier. La slime était tellement fière d'elle qu'elle fit frétiller un peu trop fort ses tentacules et finit par arracher un orgasme silencieux à sa voisine de table. Elle finit par rétracter ses "armes" quand on sonna la cloche, ce qui devait indiquer la fin du repas. Bizarrement, il n'y avait aucune trace de liquide sur ce qui était maintenant de longues mèches de cheveux roses : le slime était tellement glissant que rien ne pouvait y adhérer. Powder se recoiffa avec les mains en cherchant par réflexe un miroir, ce qu'elle ne trouva pas. Après quoi elle lança un regard timide -dégoulinant d'hypocrisie bien sûr- à Moïra qui se levait lentement.

"Est-ce que j'avais raison en vous croyant habitée par le Diable, ma Sœur ? Vous avez l'air épuisée..."


La jeune femme secoua ses boucles rousses pour se redonner un semblant de dignité. Le bas de sa robe était mouillée et ses doigts brillants d'humidité.


"J'étais plus épuisée du temps de la ville. Tekhos draine plus d'énergie qu'un emploi du temps de couvent.

Powder sentit doucement couler le masque qu'elle portait sur le visage depuis le début de leur jeu.
Oh.
Bien sûr, la chance avait voulu qu'elle asticote une tekhane d'origine. Qui devait avoir vu assez de tentacules pour savoir ce qu'on en faisait, surtout chez les Formiens. La chance. La CHANCE.


"Heu... il faut que je me dépêche de retrouver Sœur Rayne. Reposez-vous... bien !"

La tekhane fit virevolter ses longs cheveux roses en se retournant. Elle se mit à avancer à petits pas pressés, sans voir que dans son dos, Moïra affichait un sourire aussi victorieux qu'innocent. Un peu comme elle il y a même pas une heure : c'était le genre de sourire qu'une femme faisait en voyant un retournement de situation à son avantage. Même les hommes les plus vicieux étaient incapables de tracer de genre de traits sur leurs faciès. Il n'y avait que les femmes pour savoir faire fleurir quelque chose de ce genre sur leurs lèvres.
Tout le monde sortait du réfectoire pour se diriger vers l'église où s'effectuerait la prière du soir, avant de toutes regagner leurs chambres respectives. Rayne était dans la foule quand elle sentit quelque chose buter contre son dos. Powder venait de lui agripper le bras comme une enfant agripperait le bras de sa mère. Ce qui était comique car la tekhane était un peu plus grande que la mercenaire, ce qui la forçait à se pencher. La slime murmurait entre ses dents.


"Tu aurais pu me dire qu'elle venait de Tekhos, celle-là... ça m'apprendra à répandre ma gélatine n'importe où, tiens."

Il n'y eut pas plus d'explications, et heureusement, car Powder aurait sûrement employé des termes assez crus pour parler de son... premier contact avec les habitantes du couvent. Déjà que l'image de la gélatine n'était pas franchement classe. Mais enfin. Une grosse horloge de grand-mère sonna quand les deux soi-disantes sœurs passèrent devant, et les aiguilles indiquait sept heures et demi. Miss Powder se retourna vers Rayne avec un nouvel air exaspéré digne d'une adolescente tekhane qui exigeait sa première nanochirurgie plastique.

"Et ne me dis pas que juste après les sermons, on va au lit, là ? Même les poules sont pas couchées à cette heure-ci !"

Dire que trois semaines avant, à la même période, elle buvait du jus de raisin dans les bras de trois belles blondes... on ne pouvait pas l'épargner ?
Non ?
Bon.


Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le mercredi 21 mars 2012, 21:50:44
Powder, visiblement, semblait utiliser le sel pour pratiquer un exorcisme. Rayne ne pouvait dire si elle devait s’en amuser ou s’en alarmer. On avait justement choisi de l’amener dans un couvent pour faire preuve de discrétion, Au lieu de ça, elle arrivait à se faire remarquer dès le premier jour, que ce soit en utilisant ses tentacules, ou en balançant du sel. Dans un couvent, il y avait peu de distractions. Partant de là, l’une des activités préférées des sœurs consistait à s’espionner mutuellement.

*Je savais que ce couvent serait la plus mauvaise des idées… Severin, pourquoi diable a-t-il fallu que tu refuses de m’écouter ?* grinça-t-elle.

Le repas finit toutefois pas se terminer, mais Powder semblait troublée. Rayne avait entendu son altercation avec Moïra. Cette dernière avait fini par avoir un orgasme, mais avait compris avoir affaire à une Formienne. Il existait à Tekhos peu de Formiennes connues. Si jamais Moïra faisait le rapprochement avec Powder, alors toute cette couverture n’aurait servi à rien… Et Rayne aurait passé des semaines ici sans raison valable ! Rayne se retira assez rapidement, presque mécaniquement, sachant que la prière nocturne était une étape obligatoire. Power la rejoignit en chemin, et Rayne haussa les épaules.

« Je ne suis pas vraiment au courant des relations entre Formiens et Tekhans, mais je ne t’ai pas dit d’être prudente pour rien… Je te l’ai dit, les apparences sont trompeuses, et il n’y a pas que des amies ici… »

La Dhampir n’eut néanmoins pas l’occasion de terminer ce qu’elle voulait dire. Le groupe rejoignit la salle de pièce, une pièce sombre et circulaire avec, au centre, une imposante statue. Une Mère supérieur se glissa au milieu, dans une atmosphère sombre et onirique. De simples bougies permettaient de s’éclairer, et toutes les sœurs étaient prostrées, en position de prière. Rayne fit de même, entendant, par-delà le brouhaha du prêche, les murmures et les suppliques des différentes sœurs entre elles. Elles parlaient à voix basse, mais elle ne doutait pas de leurs conversations. La « Formienne ». Certaines étaient horrifiées, et d’autres plutôt amusées. Rayne, à son corps défendant, ne s’était pas énormément renseignée sur la civilisation tekhane. Elle savait qu’il y avait un profond sexisme à l’égard des hommes, et que les relations entre les Tekhans et les Formiens n’étaient pas très encourageantes, mais ses informations s’arrêtaient là. Visiblement, c’était encore plus grave que ce qu’elle pensait.

La cérémonie dura bien une demi-heure, jusqu’à ce que la Mère annonce la fin de la cérémonie, et n’ordonne aux sœurs d’aller dormir. Ça ne ferait sans doute pas plaisir à Powder, mais c’était effectivement l’heure de se coucher. On dormait tôt au couvent, afin de se lever tôt. Les sœurs entreprirent de se lever dans un silence quasi religieux, tandis que les mères s’éloignaient. Plusieurs glissaient des regards vers la « nouvelle ». Sœur Clara. La Formienne.

« Nous dormirons ensemble, ma chère », glissa Rayne à l’attention de Powder.

L’attrapant par la main, elle essaya de se débarrasser du flux des sœurs, mais elle en entendit néanmoins une lui parler dans les oreilles.

« Les monstres ne sont pas acceptés dans notre couvent. »

Rayne tourna la tête, s’arrêtant sur place, fronçant les sourcils, mais ne vit que des femmes dans des robes de pèlerine. Impossible de savoir celle qui avait parlé. Grinçant des dents, elle décida de ne pas en tenir compte, et finit par atteindre leur chambre. C’était une petite cellule, avec une table de chevet pour deux banquettes assez modestes. Rayne alluma la bougie, et ferma la porte, avant d’abaisser la capuche de sa robe. Elle se tut un peu, hésitant sur ce qu’il fallait dire, et finit par se prononcer.

« Il faut se méfier des sœurs, Powder… Ici, elles n’ont rien d’autres à faire que s’espionner les unes les autres. Certaines personnes veulent toujours votre mort. »

Curieusement, à l’extérieur, Rayne tutoyait Powder, mais la vouvoyait en intimité. Les masques tombaient ici, et c’était tant mieux. Combien de fois Rayne s’était-elle retenue de ne pas frapper sur place l’une des Mères ? Ou de ne pas planter ses crocs dans sa gorge ?

« Ce que j’ai réussi à faire, c’est à avoir une chambre séparée. Ça n’a pas été simple ; généralement, les sœurs dorment en commun dans des dortoirs. Sur ce… C’était quoi, ce cirque, dans le réfectoire ? Comment avez-vous fait pour perturber à ce point cette sœur ? C’est une caractéristique commune aux Formiens ? C’est pour ça que vous êtes si détestés sur Tekhos ? »

Rayne posait des questions en toute franchise. Severin avait probablement du lui envoyer un mémo sur la question, mais la Dhampir, comme 99% des mémos de Severin, ne l’avait pas lu. Elle profita de ce moment pour ôter sa robe de moine décrépie, se retrouvant dans des sous-vêtements assez simples, sans aucune gêne. De toute façon, Rayne comptait dormir nue, comme à chaque fois.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le samedi 31 mars 2012, 14:20:10
"Y avait pas de dessert."

C'est tout ce que trouva Powder à dire à Rayne quand elle lui demanda les causes de son geste, à table. Elle déclara ça avec une moue digne de la gamine qui venait de se faire gronder pour avoir mis les doigts dans le pot de confiture. Effectivement, pour elle, le dessert, ça avait été de faire plaisir à une pauvre nonne pas si innocente que ça, et de se faire plaisir en même temps. Son regard clair se refusait à rencontrer celui, plus sombre, de la Dhampir. Pour une raison inconnue, elle avait envie de fondre en larmes sur son oreiller jusqu'au lendemain matin. Enfin, la raison n'était pas si inconnue que ça.

"Et si tu voulais savoir, c'est la brune aux tresses qui a dit que j'étais un monstre, tout à l'heure, au fait."

En effet. Ce n'était pas tombé uniquement dans l'oreille de Sœur Rayne, cette petite phrase. Phrase qui résonnait comme une sentence dans le cœur de Miss Powder. Elle aurait dû être habituée à se faire traiter de monstre et se faire rejeter de tous les côtés, et ça aurait été le cas si elle n'avait pas été à la tête d'une gigantesque société. On la traitait bien et on lui parlait avec respect, et même si elle n'était pas bête et savait que presque personne n'était sincère avec elle tous les jours, elle préférait se dire le contraire et s'était habituée à cette forme de fausse amitié qu'elle partageait avec la plupart des gens. Se renfermer sur sa petite personne exigeante facilitait les choses également.
Mais ici, personne n'était obligée de bien lui parler sous peine d'avoir les sbires de sa mère sur le dos, et maintenant qu'on avait découvert le pot-aux-roses dans l'intimité, la tekhane regrettait amèrement d'avoir partagé ce fameux dessert avec Moïra.


"Je... vais essayer d'être plus discrète. Mais en fait, tu vois..."

Elle hésita. N'était-elle pas en train de se confier, là ? A une femme qui n'avait pas d'autre statut que celui d'assurer sa protection. Mais maintenant qu'elle y pensait, Rayne la vouvoyait. Lui donnait du respect, alors qu'elle aurait très bien pu ne pas le faire : elle n'était pas tekhane, et ne savait pas que la mère de celle qu'elle devait protéger n'hésitait pas à couper des doigts à ceux qui s'adressaient mal à sa chère fille. Malgré elle, Powder se sentit un peu réconforté par ce fait.

"... Heu, je suis pas habituée à me tenir à carreau. C'est pas ce que mon boulot exige, on me demande de parler et de m'affirmer, d'habitude. Mais je vais faire, ben, un effort..."

La tekhane s'efforça de sourire vaillamment. Elle hésita au moment de parler des relations tekhanes-formiennes, mais finit par se taire et enlever sa robe à la place. Elles avaient abordés suffisamment de sujets détestables ce soir, et pour tout dire la jeune femme était surprise que tout le monde ne sache pas la bataille qui était toujours d'actualité entre les tekhanes et les formiens. Il fallait dire que pour elle, Tekhos était le centre du monde et que tout le monde se devait de connaître un peu l'histoire de cette ville. Dés qu'elle eut enlevé la robe lourde et inconfortable, apparut une nuisette qui remplaçait sa robe de slime habituelle. Au moins, elle pouvait porter ce qu'elle voulait en étant sous les draps. Ça ne la dérangeait pas que Rayne dorme nue, mais personnellement, elle alternait entre nuisette sexy et pyjama à nounours. On allait éviter ce dernier pour aujourd'hui...

"Bon, ben, bonne nuit ! ♥"

***

Powder se réveilla aux alentours de deux heures du matin, comme d'habitude. Si elle ne dormait pas nue, c'était aussi parce que comme d'habitude, elle avait prévu qu'elle aurait envie d'aller au petit coin. Elle fit attention de ne pas réveiller Rayne qui dormait profondément (tout en notant qu'un bout de couverture avait largement glissé pour dévoiler un large pan de sa cuisse) et se leva, avant de se rappeler des évènements de la journée précédente.
Où pouvait bien être les petits coins dans cette maudite abbaye ?..

La porte de leur chambre personnelle s'ouvrit doucement, et la tekhane en sortit sans même prendre la peine de se rhabiller. Ce n'était pas comme si elle allait rencontrer beaucoup de monde à cette heure-ci.

Enfin, c'est ce qu'elle pensait.

Après avoir fait ce qu'il fallait, la demoiselle sortit en manquant de se prendre un mur (les bougies à allumer, c'était pas vraiment son truc). La salle d'eau n'avait pas été difficile à trouver : quelqu'un avait oublié d'éteindre la bougie à l'intérieur.

...Et, heu, on avait aussi oublié d'éteindre la bougie qui menait vers la salle à manger...
Et une dans un couloir plus au Nord...
Oui, on avait "oublié"... ou quelqu'un était passé par là, et y était encore...

En entendant un rire sensuel provenant d'une des pièces où la lumière brillait, Powder préféra se terrer dans l'ombre, un peu apeuré qu'on la découvre. Elle supposait que c'était le début de la discrétion... mieux valait faire taire sa curiosité qui l'aurait poussé à aller voir ce qui se tramait... même si, vu le comportement des sœurs qui lui avait dépeint Rayne, il n'était pas difficile d'imaginer ce qui aurait poussé une jeune femme à sortir tard dans la nuit dans une pièce déserte. Elle ne put s'empêcher d'étouffer un rire à l'idée que ce serait peut-être les Mères Supérieures. A vrai dire, cette pensée la força à poser une main sur sa bouche, les joues gonflées pour ne pas éclater de rire.

Par contre, quand quelqu'un la saisit par les épaules par-derrière pour la plaquer contre un mur environnant, elle eut beaucoup moins envie de rigoler.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le samedi 31 mars 2012, 19:18:28
Powder ne tarda pas à lui fournir quelques explications, alors qu’elle s’emmitouflait dans une nuisette des plus attirantes. En d’autres circonstances, Rayne avait bien été tentée, mais elle était bien trop absorbée par ses réflexions pour songer à cela. Visiblement, le fait de qualifier Powder de « monstre » semblait lui déplaire, et ceci fit sourire lentement Rayne. Elle avait beau être une femme d’affaires influente, une superbe femme à la plastique étonnante, dans le fond, elle restait une espèce de petite gamine immature, ce qui avait autant ses bons côtés que ses mauvais. Frivole, susceptible, joviale… Rayne, en d’autres circonstances, n’aurait probablement jamais été voir Miss Powder, mais, en l’occurrence, elle se devait de la protéger, ce qui impliquait de se rapprocher d’elle. C’est ce qui finit par amener Rayne à dire :

« Si tu es un monstre, Powder, alors j’en suis également un. Mais, crois-en mon expérience, tu n’as rien d’un monstre. Tu es juste… Différente. Le jour où tu verras vraiment un monstre, alors tu sauras que tu n’en es pas un. »

Powder s’endormit ensuite, dormant assez rapidement. Rayne opta néanmoins pour un peu de lecture, l’un des rares plaisirs qu’elle s’accordait ici. Selon ses goûts, elle lisait, soit des romans ultra-gores, généralement censurés, ou des manuels de combat. En l’espèce, il s’agissait d’une histoire se déroulant dans les bas-fonds de Tekhos, sur une espèce de secte démoniaque. Elle lut quelques pages, avant de reposer le livre, et de souffler sur la bougie. Étant une demi-vampire, elle était faite pour vivre la nuit, et c’était généralement la nuit qu’elle sortait du couvent pour rejoindre Tekhos. Néanmoins, elle préférait rester ici pour surveiller Powder. Elle tourna sa tête vers elle, et commença à fermer les yeux, essayant de trouver le sommeil. Peine perdue, ou presque. Elle finit par s’endormir progressivement, et ce fut à cet instant que Powder entreprit de se réveiller. La Formienne s’assura de voir si Rayne dormait bien, et fut visiblement satisfaite, car elle en profita pour sortir. Ce fut quand elle ouvrit la porte que Rayne ouvrit un œil, se réveillant.

Dehors, une moto était stationnée sous un arbre. Ola tempête s’était abattue une nouvelle fois, mais la forme en combinaison qui se tenait là s’en souciait peu. La pluie ne gênait pas cet individu. C’était une femme. Une mercenaire qui s’entretenait à l’aide du dispositif de communication de sa moto dorée avec quelqu’un. Son informateur. Ou informatrice, plutôt. Elle recueillait des informations, se préparant à agir, et éteignit la moto, avant de s’approcher du mur. Elle posa ses mains à plat sur le mur, s’en servant comme d’une ventouse, afin de se hisser par-dessus le haut mur, et atteindre le parc du couvent. La femme consulta le micro-ordinateur sur son poignet gauche, et appuya sur plusieurs touches, actionnant le camouflage optique de sa combinaison, avant de s‘avancer. Sa visière disposait d’un HUD comprenant notamment une espèce de radar fonctionnant comme un sonar. La cible ne pouvait pas le savoir, mais elle avait sur le corps une puce permettant de l’identifier. La mercenaire entra dans l’abbaye par une fenêtre entrouverte dans un couloir.

Rayne, quant à elle, avançait nue dans les couloirs, cherchant où était passée Powder. Personne ne les avait dérangées, et elle avait suffisamment surveillé la femme d’affaires pour savoir qu’elle n’avait eu aucun rendez-vous discret. Près d’une chambre, la Dhampir entendit des gloussements, et vit plusieurs sœurs en train de chaudement s’amuser. Powder n’était pas avec elles, et Rayne reprit sa marche. Son intuition lui disait qu’il y avait quelque chose de louche. Un danger imperceptible… Elle redoubla d’effort, utilisant son sens vampirique pour repérer celui de Powder. Le sang de la Formienne n’était pas bien difficile à établir, et elle s’avança dans un couloir sombre, jusqu’à atteindre le couloir, où elle vit Powder, assise dans un coin, en train de… De pouffer ? Rayne fronça les sourcils, mais sentit quelque chose d’anormal… Ses yeux ne lui permettaient pas de voir, mais elle sentit… Elle sentit un groupe sanguin différent, et quelque chose empoigna alors Powder, la soulevant pour la plaquer contre un mur. Powder eut à peine le temps de se débattre qu’elle se reçut une espèce de choc électrique destinée à paralyser ses membres. Elle s’écroula sur le sol, et Rayne vit une espèce de forme en armure dorée apparaître. La forme pointait ses mains vers Powder, mais Rayne intervint rapidement. Son pied frappa la tête de la mercenaire, et cette dernière lâcha deux rayions-lasers qui loupèrent de peu Powder. Rayne ne laissa pas le temps au mercenaire de se reprendre, lui envoyant un coup de pied retourné, qui l’envoya s’écraser sur le sol. La Dhampir plongea sur la cible, qui se ressaisit toutefois. Ses mains attrapèrent les poignets de la vampire, et un pied s’enfonça dans son ventre, la soulevant du sol pour l’envoyer s’écraser contre un mur.

« Putain, mais tu es qui, toi ?! » s’exclama Rayne.

Sans lui répondre, l’assassin tira un rayon-laser vers Rayne, qui l’esquiva en remuant la tête. Plusieurs de ses cheveux flambèrent, et elle  bondit vers l’ennemi, frappant sa visière avec sa tête, craquelant la vitre qui lui permettait de voir. Rayne en eut toutefois mal au crâne, sentant son sang couler. Les sœurs qui s’amusaient, quant à elles, jaillirent dans le couloir, et poussèrent des hurlements en voyant la mercenaire. L’assassin envoya une onde de choc qui repoussa Rayne. La Dhampir heurta le sol, et se rétablit rapidement en faisant une roulade en arrière. Quand elle releva la tête, l’assassin avait fui, explosant une fenêtre pour courir dans le jardin.

« Mais qu’est-ce que ça veut dire ? »

Un éclair se mit à résonner, illuminant tout le couloir. Un violent coup de tonnerre. Rayne, de son côté, était à la fenêtre, sentant des gouttes de pluie tomber sur sa tête. Les explosions des lasers avaient attiré bien du monde, et elle pouvait entendre les Mères supérieurs se rapprocher. Retournant la tête vers les trois sœurs, Rayne sursauta en voyant que l’une d’elle avait une robe de nonne qui n’était pas spécialement conforme. Un modèle en cuir très court (http://c.imdoc.fr/1/sexy/nonne/photo/3044374304/127612649fc/nonne-none-sexy-3-img.jpg), similaire à celui que Rayne avait en stock, dans le fond, avec un fouet dans une main. La sœur semblait aussi surprise de voir Rayne nue, et regardait en rougissant ses seins. Rayne s’empara alors de Powder, groggy.

« On doit se planquer dans votre cellule…
 -  Mais…
 -  Et je crois que nous avons mutuellement intérêt à ce que les Mères supérieurs ne sachent pas que nous sommes là, n’est-ce pas ?
 -  Oui… Oui, mais… Est-ce qu’elle va bien ?
 -  Son système nerveux est sonné, mais elle va se remettre. Elle a juste besoin de repos. Ne t’en fais pas, Powder. C’est normal que tu ne puisses pas utiliser ton corps, détends-toi. »

La portant, elle entra dans la chambre. Il y avait une sœur attachée sur un lit, qui avait les tétons rouges, et qui avait probablement joui. Rayne allongea Powder sur un lit, tandis que la sœur en robe de cuir retourna dans la chambre, ne laissant qu’une simple sœur. Rayne caressa tendrement les cheveux de Powder.

« Tu dois avoir un émetteur sur toi… J’ignore qui était ce type, mais ce n’était pas un débutant… »
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le lundi 09 avril 2012, 23:55:16
Elle aurait pu se sentir reconnaissante devant les paroles de Rayne concernant son espèce, ou même éprouver un peu de chaleur humaine, mais la demoiselle se contenta de se coucher sans rien rajouter. C'est dans sa barbe qu'elle répondit, espérant que Rayne ne l'entende pas :

"Va dire ça à toute la ville, que l'on en rigole..."

Ce n'était pas une provocation ou même une marque de mépris : Powder était juste blasée d'entendre ce genre de choses auxquelles elle ne croyait pas une seconde. Des dizaines de personnes avaient tentés de se montrer compréhensives en prononçant ce genre de paroles, mais à chaque fois, c'était ces mêmes personnes qui ne pouvaient pas, justement, se montrer compréhensive.
Parce qu'elles ne pouvaient pas comprendre.

A la manière d'une enfant se renfermant dans son petit cercle, la slime était persuadée que personne n'endurait ce qu'elle endurait et que donc personne ne pouvait se rebeller contre la majorité en disant ce genre de choses.
Bien sûr, elle ne pouvait pas être au courant de la nature de Rayne. Peut-être que dans le cas inverse, cela l'aurait fait réfléchir.


Le choc électrique parcourut son corps et l'affecta presque comme prévu.
Ne pas être normale était parfois un atout. Mais dans le cas présent, les membres de la jeune femme étaient effectivement paralysés, et l'électricité avait un réel pouvoir sur la matière qui composait son corps et qui était aussi conductrice que de l'eau. Powder n'était pas seulement groggy : elle était réellement mal en point.
L'idée de sa mort ne lui avait jamais vraiment effleuré l'esprit, même après toutes les situations dangereuses auxquelles le destin l'avait soumise. Encore une fois, à cet instant-là, elle y pensa peu. On ne lui avait jamais dit si sa structure lui donnait une invincibilité presque infaillible, ou encore l'immortalité.
Sa partie humaine périrait un jour, c'était sûr : mais qu'adviendrait-il du reste ? Cette moitié bestiale qui lui autorisait la plupart de ses pouvoirs ?
Dans le cas présent, la fameuse partie humaine se sentait très mal, alors que tout le reste était emplis d'une rage provoqué par le mauvais traitement de la mercenaire. La tekhane pouvait sentir cette effrayante partie de son corps bouillir comme un volcan, et elle retint de justesse un grognement sombre qui aurait sûrement effrayé sa sauveuse et la sœur.

Elle sentit une main lui caresser son épaisse chevelure, et la voix de Rayne lui demander de se détendre, pour reprendre possession de son corps. Pour une fois, la slime obéit.
Un geste qu'elle devrait regretter très bientôt, car elle ne parvint à détendre que l'humanité qui était en elle. Le reste était toujours en colère. C'était une sensation étrange, et effrayante. Très effrayante.

Elle avait très envie de réclamer sa mère. Mélanie. N'importe qui.
Même... même Rayne...


Sous les doigts de la Dhampir, la masse douce de cheveux roses se muèrent en quelque chose de froid et de visqueux, beaucoup plus froid et visqueux que d'habitude. Le corps de la tekhane, toujours immobile, se mua vite en une masse informe de gélatine rose, qui semblait aussi plus pâle et brillante qu'avant. Encore un peu sonné par le choc, cette substance bougea moitié moins vite que d'habitude, ce qui suffit à provoquer un cri étouffé de la part de la sœur encore présente.
La flaque sortit du lit et tomba par terre dans un bruit mou. En même temps un choc plus sourd se fit entendre : par terre se trouvait aussi à présent un petit objet noir, pas plus gros qu'une olive. C'était l'émetteur, qui venait de se détacher de son hôte.

La gélatine se dirigea vers le fond, vers une sorte de grille rouillée qui semblait avoir été placé là pour l'évacuation. Ou peut-être menait-elle vers une des autres pièces de la bâtisse, car le tuyau qui suivait la grille montait vers le haut. Les derniers restes gélatineux disparurent dans un bruit de succion.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le mardi 10 avril 2012, 01:46:22
Ce qui se passa ensuite fut pour le moins curieux et inattendu. Powder se liquéfia entre les doigts de Rayne. Tout son corps sembla se diluer, et le seul équivalent qui vint à l’esprit de Rayne fut ce super-vilain des comics, Gueule-de-Boue, ou quelque chose comme ça. Rayne n’était pas une fervente lectrice des comics. Trop « nian-nian », trop… Trop fait pour des gamins. En tout cas, Powder sembla littéralement se disloquer pour former une flaque de boue gélatineuse, et la Dhampir en fut si surprise qu’elle ne réagit pas sur le coup. La nonne en robe de cuir poussa un hurlement de surprise en voyant cette grosse flaque, et, fugacement, Rayne repéra un petit objet noir. Une délicate puce, qui confirma ce qu’elle pensait.

*Je me demande bien s’il y a vraiment des nonnes pures et vertueuses ici…*

Rayne écrasa la puce, et vit ensuite Powder filer vers une grille de canalisation.

« Hey, at… ! Et merde !
 -  C’est… Vous… Vous êtes vraiment des Formiennes ?! s’exclama la nonne.
 -  Contente-toi de fouetter le cul de ta grognasse, et de me foutre la paix » répliqua Rayne.

Impossible de contacter Severin. Rayne était nue, après tout, et elle avait perdu la trace de Powder. Elle se retourna vers la nonne, et l’attrapa par les poignets.

« Lâ… Lâchez-moi, non ! »

Rayne montrant les dents en grondant.

« Où mène ce conduit ?
 -  Je…
 -  Où mène-t-il ? répéta-t-elle.
 -  Et bien, euh… Dans la chaudière, au sous-sol… Vous me faites mal ! »

Rayne lui montra ses canines pointues, et parla dans son oreille.

« Oublie ce qui s’est passé, et rendors-toi… Si tu me causes des ennuis, tu sauras ce qu’on ressent quand on finit dans le corps d’une Formienne. »

La nonne déglutit à cette idée, et Rayne la relâcha, avant de partir rapidement dans le couloir. Il subsistait toujours un risque important, non pas qu’elle tombe sur les Mères supérieurs, mais plutôt sur la mercenaire, qui devait encore rôder par ici. Rayne courut rapidement, inquiète et nerveuse. C’était une tueuse professionnelle, qui avait visiblement bien préparé son coup. Et Powder, elle, n’était rien d’autre qu’une Formienne désœuvrée. Trouvant rapidement un escalier, Rayne descendit en bondissant. Toujours aussi nue, sans ses lames, elle n’en restait pas moins redoutable, et descendit au sous-sol, forçant la porte menant dans les couloirs de maintenance.

Comme n’importe quel couloir de maintenance, ils étaient sombres et poussiéreux. Des toiles d’araignées dans les coins. Rayne ferma les yeux, et utilisa son sens vampirique. Elle ne tarda pas à sentir une masse sanguine, et l’identifia à celle de Powder, traversant les couloirs. Yeux clos, elle se contenta de suivre son instinct, jusqu’à entrer dans une grande pièce sombre. Il y avait au centre la chaudière d’une partie du couvent, une espèce de grosse masse brûlante. C’était une chaudière à l’ancienne, qui illustrait bien l’âge avancé du couvent.

« Powder ? Powder ?! Je sais que tu as mal, ou peur, ou les deux, mais t’isoler ne t’aidera pas… Peu importe où tu iras, je te retrouverai… Je suis là pour te protéger. »

Elle avait bien compris que Powder avait honte de sa vraie nature, et elle se demandait si cette dernière ne se cachait pas tout simplement parce qu’elle avait honte. Soupirant, Rayne essaya d’être compatissante, et continua.

« Que tu sois une flaque de gélatine sur pattes ou un monstre arachnide, je m’en moque, Powder. Il y a des gens qui veulent te tuer, et ils ont l’air assez tenaces… J’ignore ce que c’est, que d’être une Formienne au sein de Tekhos, mais je sais ce que c’est que d’être différente. Tu crois que je suis une simple humaine ? Tu crois qu’on aurait demandé à une simple humaine de te protéger ? Je… Dans un sens, je suis une erreur de la nature, une mutante. Mi-humaine, mi-vampire. Dhampir. C’est pour ça que tu ne m’échapperas pas, Powder. Je ressens ton sang. »

Rayne continua à s’avancer, ouvrant les yeux, cherchant la flaque.

« Je vais t’emmener auprès de Severin… Je pense qu’il est le seul à savoir comment te soigner… Je ne peux que te demander de recevoir mes excuses pour avoir été aussi lente à réagir… Mais tu dois me faire confiance… Viens, Powder… Tu n’as pas à avoir honte de ce que tu es… »

Difficile d’être une psy’. Rayne n’en avait pas l’étoffe, loin de là. Si Powder ne comptait pas venir, Rayne irait la chercher de force.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le lundi 07 mai 2012, 00:25:55
Elle avait donc atterri ici. Une pièce sombre, froide et humide, et en remarquant ce qui faisait de cette pièce quelque chose de glauque, elle ne put s'empêcher de penser que ça correspondait bien avec ce qu'elle était devenue en ce laps de temps. La flaque qui composait son corps semblait se mouvoir toute seule, à la recherche d'une sortie. Elle n'arrivait pas à se reformer correctement : quand elle essayait, il n'y avait que son visage qui sortait, comme si tout son corps avait été pris dans des sables mouvants tenaces. Elle ne suffoquait pas, pourtant, et se laissait porter par cette conscience auquel elle s'habituait de plus en plus.
Si elle ne faisait rien, c'était cette conscience bestiale qui prendrait le dessus dans quelques instants. Mais Powder était plus occupée à chercher une sortie dans son faible champ de vision. Elle sentait que si elle n'en trouvait pas une, elle allait bientôt perdre vraiment pied... devenir complètement folle.

Ce simple coup de taser n'était définitivement pas ordinaire.

C'est dans ces pensées lasses que Rayne arriva, entrant par la seule sortie disponible, apparemment. Powder n'avait plus d'oreilles, mais elle pouvait entendre la voix de sa protectrice. Elle ne comprenait pas, cela dit. Tout ces beaux discours lui arrivaient en des marmonnements étouffés par le slime épais.
Elle n'avait pas de corps autre que cette dégoûtante masse qui bougeait sans son accord tacite.
Ces derniers extraits de dignité lui soufflaient que ce n'était vraiment pas le moment que l'on la découvre.

La tekhane essaya de se serrer le plus possible dans l'ombre pour éviter d'être découverte, mais la flaque en décidait autrement : elle était attirée par Rayne. Son corps nue attirait cette conscience bestiale comme un requin était attirée par l'odeur du sang.
Powder se força à sortir une dernière fois ce qu'elle pouvait du tas de gelée incontrôlable. Ce que put voir Rayne par la suite n'avait rien de très humain. Le buste de Powder sortait de la flaque rose pâle et sa main gauche tentait d'accrocher un tuyau de canalisation pour que la flaque en question ne puisse pas avancer. En même temps, elle tendait son autre bras devant son visage, qui donnait l'impression de fondre sur place, tout comme ses cheveux et ses membres. Des gouttelettes de slime tombaient par terre et rejoignaient d'elle-même la flaque de gelée monstrueuse. Ses yeux bleux dansaient dans ses orbites, des tressautements et la pupille réduite en un minuscule point clair indiquant sa terreur à l'idée de ne plus rien contrôler.
Elle osait à peine regarder la rousse en face, se sentant au plus bas de la condition humaine.


"Ne- ne me regarde pas..."

Pour une fois, ce qui aurait été auparavant un ordre était devenu une plainte. Une supplication de la part d'une moitié d'humaine qui sentait ses gênes formiennes prendre le dessus au fur et à mesure que son corps était de nouveau aspiré par la flaque. C'était douloureux, et très effrayant. Une souffrance subite, plus forte que les autres, la força à hurler pour continuer à se battre.

"Je t'interdis de me regarder ! VA T-EN ! Tu m'entends ?! VA T-"

Le tuyau fut lâché et dans un petit cri, Powder fondit littéralement. Sa main fut la dernière chose à être aspirée par le slime, étiré en direction de Rayne.
Une erreur de la nature, qu'elle disait. Ça aurait presque fait rire la tekhane si elle avait encore eu une bouche.

Quand sa volonté s'endormit enfin, la couleur de la flaque fut plus brillante encore, éclairant les alentours. Ses dimensions doublèrent, et sans que la dhamhir puisse s'y attendre, la masse fonça droit sur elle, des tentacules en sortant pour agripper ses chevilles et la faire basculer en arrière.

Et soudain, sans que l'on puisse détecter comment, un grognement strident s'éleva de la masse informe, faisant trembler les murs, la canalisation, tomber de la poussière du haut plafond. Des dizaines de tentacules sortirent de leur base pour saisir Rayne par la taille et toucher le maximum de sa peau. Leur contact était froid et visqueux, laissant des traînées gélatineuses sur l'épiderme pâle. Leur maintien était ferme, mais tremblants. Cette conscience n'avait pas l'habitude de prendre le dessus.
Dans ce cri de colère provenant de la créature, on pouvait presque entendre le ton de voix de Powder. En espérant que la mercenaire ait suffisamment d'imagination.


Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le lundi 07 mai 2012, 20:16:13
La Dhampir avançait, marchait, écoutait, entendait. Nue, elle ne ressentait pas vraiment le froid ambiant régnant dans cette vieille pièce, sa constitution de vampire la protégeant plutôt bien. Powder était là, mais la créature se cachait. Il fallait se fier à son sang, mais ce dernier était... Comment dire... Spécial. En quoi ? Sur le coup, elle ne pouvait pas spécialement le dire. Elle sentait que le sang de Powder était très excité, probablement parce qu’elle était dans un triste état, mais il y avait aussi autre chose, quelque chose que Rayne n’arrivait pas à comprendre. Toute la structure sanguine de Powder semblait complètement démolie et à la fois construite. Il n’y avait que comme ça que Rayne arrivait à décrire ce qu’elle ressentait. Elle s’avançait dans l’obscurité, et entendit une petite voix.

« Ne- ne me regarde pas... »

La Dhampir tourna la tête vers l’origine du son, et ne dit rien en voyant... En voyant Powder sortir. Ou, en tout cas, en voyant sortir un truc qui ressemblait à Powder. Une espèce de flaque gélatineuse rosâtre qui avançait sur le sol. Le bustier de Powder apparaissait, et Rayne voyait la flaque s’avancer vers elle. L’une des mains de Powder se tendait vers elle, se décomposant, tandis qu’une autre s’agrippait à un tuyau, essayant de la retenir. Son regard la dévorait, semblant à mi-chemin entre le désir et la frayeur. Powder parlait d’un ton plus fort, lui intimant de s’en aller, mais Rayne secoua la tête, à moitié subjuguée par un tel spectacle.

« Je suis venue pour toi, Powder... » souffla Rayne.

Le corps de Powder se liquéfia alors, formant une grosse flaque qui se rua vers elle. Rayne recula malgré tout de deux ou trois pas. Une énorme masse se mit à gronder dangereusement, et elle fronça les sourcils. Même si elle avait voulu fuir, la Dhampir n’en aurait jamais eu le temps. La masse l’agrippa, et Rayne sentit des espèces de pointes gélatineuses, froides et visqueuses, heurter son corps. Powder l’engloba, la rendant prisonnière. De nombreux tentacules l’agrippèrent, et Rayne en attrapa. Ou essaya. Ses doigts s’enfoncèrent dans cette « chair » translucide et brillante. C’était... Et bien, c’était comme une espèce de gélatine collante.

Ce qui inquiétait avant tout Rayne était de savoir ce que cette créature lui voulait. La dévorer ? Elle regardait ce tas, et cette vision lui rappela alors un souvenir. Une conversation qu’elle avait eu avec Severin, mais qu’elle avait à moitié écouté. La mémoire se révélait parfois sautillante, et c’est au moment le plus inattendu qu’elle pouvait se manifester.

*
*  *

« La composition génétique de notre protégée est fascinante, Rayne...
 -  Passionnant... »

Dans leur repaire, elle mangeait une pomme, croquant dedans, tandis que Severin consultait un prélèvement sanguin que le duo avait obtenu, et qui concernait Miss Powder, la femme que Rayne devait protéger. Severin avait été alors assez judicieux, préférant commencer par Powder, avant d’opter pour la suite des festivités, à savoir qu’elle devrait aller dans un couvent.

« Sa structure se rapproche, dans le fond, de la tienne... Ce n’est pas totalement une Formienne, ni totalement une humaine... Je crois que je n’ai jamais vu quelque chose de similaire dans le passé.
 -  Et ? Elle peut boire le sang des autres ? Être envahie par une rage incontrôlable ?
 -  Je ne sais pas avait-il du avouer. A ce niveau-là, on ne peut que spéculer, mais ma grande expérience des hybrides m’amène à penser que son côté refoulé, soit le côté formien, doit sans doute vouloir la même chose que toi... La même chose que chaque être vivant : le désir de vie. Un désir qui peut toutefois s’exprimer par bien des façons. Pour les vampires, ce désir s’exprime par la volonté de boire le sang des autres, mais, pour une Formienne... »

Tout ça avait ressemblé à un long laïus à la Severin, et Rayne n’y avait donc prêté qu’une oreille fort peu attentive.


*
*  *

Avec ce souvenir en tête, la Dhampir n’eut toutefois aucune difficulté à comprendre le sens de ces tentacules. Quand elle rassasiait sa soif, Rayne parvenait à reprendre le contrôle sur son côté vampirique. Si la « Bête » de Powder fonctionnait sur le même principe, alors il fallait la laisser satisfaire sa soif... Qui, vu les tentacules, était visiblement d’origine sexuelle. Rayne aurait pu se battre, se défendre, mais son objectif n’était pas de blesser Powder. Rayne soupira donc lentement, et regarda cette masse gélatineuse qui l’englobait.

« Okay, Powder... lâcha-t-elle. Laisse tes pulsions s’exprimer... Si ça peut te permettre de reprendre le contrôle de ton corps... »

Rayne allait faire l’amour avec une flaque de gélatine. Sans doute son expérience sexuelle la plus tordue jusqu’à présent ! Mais, dans un sens, elle devait avouer que c’était assez... Excitant. Flippant, certes, mais aussi assez tentant, dans le fond.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le mardi 22 mai 2012, 23:02:43
Elle s'était réveillée. Sans reprendre le contrôle de son corps, ou de ce truc qui venait de devenir son corps... la partie humaine de la jeune femme se sentait comme enveloppée d'eau particulièrement chaude. Son mental était perdue dans la gelée de son nouveau corps et elle se rendormit avant même de s'en rendre compte. Ses réveils, par la suite, furent de courte durée, et elle ne pouvait rien faire, pas même lutter ou empêcher quoique ce soit. Elle comptait juste sur la coopération de Rayne et espérait qu'il ne lui viendrait pas à l'idée de détruire la surface de son corps, parce que ça entraînerait non seulement la mort de la créature qui avait surgi, mais aussi la sienne...

La Bête, quant à elle, prit enfin le contrôle. Si des sentiments pouvaient vivre dans une conscience aussi primitive, sans doute que ce que ressentait le monstre était du bonheur. Sans doute que le cerveau de la partie humaine de Powder lui permettait de ressentir ces émotions.
Il y avait en revanche quelque chose qui ne nécessitait d'aucune partie humaine, uniquement basé sur l'instinct : la créature savait ce qu'elle voulait, elle savait qu'il lui fallait ce corps pâle visible dans l'obscurité, qu'il lui fallait l'imprégner, forcer le passage dedans et déposer l’œuf qui était en cours de formation.
Bien sûr, le fait que ce corps soit génétiquement modifié ne lui assurait pas que ses actes porteraient ses fruits et satisferaient ses instincts de reproduction massifs. Mais, comme un animal obstiné, il devait tenter quelque chose, rien que pour se libérer encore plus et peut-être gagner le plein contrôle pour toujours, en étouffant ce côté humain qui nuisait à sa race. Celui-ci ne luttait pas pour l'instant. S'il continuait d'être aussi amorphe, la Bête avait une chance d'avoir ce corps pour elle toute seule, à jamais.

Les tentacules serrèrent les membres de Rayne et s'enroulèrent autour de ses bras, sa taille, ses chevilles et ses cuisses. Un corps nu était une proie trop facile, mais bien suffisante : après tout, la Bête était encore faible. Elle poussait des gémissements tantôt aigus, tantôt gutturaux et d'où l'on ne pouvait pas trouver la source car il n'y avait aucune bouche ou orifice autre en vue. Peut-être que ces gémissements étaient télékinésies et qu'ils résonnaient seulement dans la tête de la Dhampir. C'était dur de savoir, dur de deviner ce dont était capable une telle difformité.
Les tentacules les plus grosses se terminaient par l'imitation d'une verge, énorme et chaude. Powder n'ayant pas l'habitude de voir des sexes d'hommes, ses souvenirs ne permettaient pas au monstre de créer des répliques parfaites de pénis humains, mais c'était assez ressemblants pour savoir ce qu'on pouvait en faire avec. D'autres se terminaient par des sortes de bouches qui avaient déjà commencé à saisir les tétons de la femme aux cheveux roux et à les aspirer doucement. Une autre de ces tentacule se rapprochait du sexe de Rayne pour venir aspirer cette fois-ci son clitoris. Il y avait encore une autre sorte de tentacule, semblables à des branches fines, qui se rapprochait le plus de minuscules mains en leur embout et qui s'étaient infiltrés entre les lèvres intimes de la mercenaire et touchaient, voire chatouillaient ses parois, laissant pour l'instant son derrière tranquille.

Le spectacle commença enfin quand les tentacules retournèrent Rayne, la mettant tête en bas, encore plus prés de la flaque qui bouillonnait littéralement. Une verge vint se frotter contre les lèvres humidifiés de la Dhampir et un soupir d'aise grave, toujours loin d'être humain, résonna dans la pièce sombre. C'était surprenant à dire, mais la Bête ne partageait pas l'expérience de son hôte avec les femmes et avec un corps si tentant, il ne savait pas par où commencer. L'instinct primitif le guidait et cela n'empêchait pas le plaisir de commencer à s'insinuer dans ses veines inexistantes, en témoignait la vapeur qui commençait à se dégager de la flaque.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le mercredi 23 mai 2012, 03:10:07
Rayne avait bien du mal à comprendre ce qui arrivait à Powder. Elle se retrouvait prisonnière d’une espèce de flaque rosâtre gélatineuse qui étirait des tentacules pour s’occuper de son corps. La Dhampir ignorait comment rendre à Powder son état normal, mais elle savait qu’elle pouvait aussi la tuer. Rayne le sentait ; la femme était fragile, très fragile. L’électrochoc l’avait bouleversé, avait ébranlé sa structure moléculaire, créant cette espèce de flaque sexuelle. La flaque émettait des soupirs et des gémissements, qui supposaient une forme d’intelligence, quoique très primitive. Comme elle n’avait aucun orifice susceptible de produire ce son, la Dhampir opta pour une espèce de cri mental.

Des tentacules jaillirent, l’immobilisant, la serrant, faisant d’elle une prisonnière, au milieu de la flaque. Rayne en éprouva la solidité, et comprit que les tentacules étaient solides. En forçant, elle pouvait encore se libérer, car les tentacules avaient négligé qu’elle n’était pas une simple humaine, mais le faire aurait été dangereux. Elle ne tenait pas à énerver cette flaque, ni à la tuer. Mieux valait donc, au moins pour le moment, jouer son jeu. La scène était proprement surréaliste, et Rayne avait bien du mal à se dire qu’elle n’était pas en train de rêver. Elle sentait également des tentacules sur sa taille, à hauteur de son estomac, continuant à la saucissonner, provoquant en elle de curieux frissons. Sentir cette texture sur elle provoquait des frissons. Elle était moins chaude que la peau humaine, et moins douce aussi. Sur le coup, c’était assez dérangeant, mais elle appréciait ce contact, sans pouvoir se l’expliquer... Tout comme l’idée d’être ligotée. D’autres tentacules s’enroulaient également sur ses cuisses.

*Hurmpf... S’évader risque désormais d’être très difficile...*

Rayne n’avait plus qu’à espérer que Powder se contenterait simplement de lui faire l’amour, et non de la déchiqueter, car elle avait la curieuse impression de se trouver dans un film d’horreur... Un très mauvais film d’horreur. Son cou était toujours libre, lui permettant de remuer la tête, et elle put ainsi voir d’autres gros tentacules jaillir de cette flaque, dont un, assez gros, dont l’extrémité recourbée ressemblait à une verge. Voilà au moins qui éloignait pour de bon la case gore. Deux tentacules jaillirent alors, et se posèrent sur les seins de Rayne, suçant ses tétons, les aspirant. Rayne sentit un frisson de plaisir la traverser.

« Haa ! »

Elle ignorait quoi dire, ne savait pas quoi dire. Qu’était-on supposé dire dans une telle situation ? Une flaque était en train de la violer ! A sa grande surprise, la verge tentaculaire ne s’immisça pas dans son intimité, et ce fut l’un des petits tentacules qui, au lieu de ça, rentra dans son vagin. Agréablement surprise, Rayne se demanda ce que la flaque Powder faisait, quand elle sentit le tentacule attraper son clitoris. Rayne poussa alors un hurlement de plaisir, sentant d’autres tentacules écarter ses parois vaginales, frottant ses parois, les excitant. La Dhampir se mit naturellement à mouiller. C’était très excitant, et elle ferma les yeux, essayant de reprendre son souffle, avant que la flaque ne la déplace.

Rayne se retrouva à la verticale, la tête en bas, ses cheveux se mettant à tomber. Le sang remonta dans sa cervelle, mais elle n’eut pas spécialement le temps d’y songer, car la verge tentaculaire s’enfonça alors dans sa bouche, faisant soupirer Rayne. La position n’était pas des plus confortables, mais elle n’y songeait pas trop, car le plaisir était au rendez-vous. Rayne trembla sur place, promenant sa langue sur cette verge gélatineuse. Elle sentit sa langue s’enfoncer contre cette peau à la texture si particulière, mais sans la percer, comme si elle était molle... Molle, mais résistante. Ses dents raclèrent cette peau curieuse, et Rayne regarda la flaque. Elle commençait à rougir, une agréable vapeur rose s’en dégageant. Une fumée qui vint se glisser dans ses narines, la faisant frémir.

Utilisant ses mains, et le peu d’amplitude qu’elle avait, Rayne tenta de faire comprendre à cette grosse flaque que ce qu’elle vivait ne la dérangeait pas... Quand bien même cette flaque devait s’en moquer, Rayne voulait aussi l’exciter encore plus. Sans pouvoir se l’expliquer, elle avait la conviction que le sexe était ce qui permettrait à Powder de reprendre le contrôle de son corps. Le plaisir sexuel devait, par une alchimie que Rayne ne réussissait pas à comprendre, amener Powder à lutter contre la douleur qui avait du agiter son corps... Du moins, Rayne l’espérait. En réalité, elle n’en savait rien. Sachant qu’elle recevait dans sa tête un appel mental, Rayne essaya de se concentrer pour abaisser ses défenses psychiques. Si elle n’était pas télépathe, elle avait reçu des instructions sur la télépathie, et elle espérait que la créature saurait capter quelques mots simples qu’elle imposa dans son esprit, afin qu’elle comprenne qu’elle n’avait pas à avoir de scrupules.

*Sexe... Sexe... Sexe !* lâchait-elle.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le lundi 23 juillet 2012, 16:10:13
Un mauvais film d'horreur, c'était le mot. Vu l'aspect de ce qui était sur le point de faire l'amour à Rayne, on aurait pu dire que les réalisateurs avaient un budget très limité... excepté qu'ici, on assistait à la réalité, même si c'était difficile à admettre. La Bête n'appréciait pas forcément qu'on ne voit qu'en elle une simple flaque de gélatine inutile, et son pouvoir télépathique lui permettait aussi de lire les pensées de Rayne. Ses tentacules se resserrèrent quand elle entendit parler du plan d'évasion compliqué auquel pensait la Dhampir. Comme pour lui dire "ne pars pas" dans une requête presque désespérée.

Ce moment tant attendu n'allait pas être gaspillé en fuites, en cris ou en larmes, il avait été trop attendu pour ça. Le mot "sexe" ne voulait rien dire pour la Bête en particulier. Mais il était très compréhensible par les gênes humaines qui gigotaient dans son génotype. Le mot ne signifiait pas quelque chose de négatif : il inspirait à la Bête des sensations agréables et saines, à défaut de sentiments.
La Proie voulait donc la même chose. En plus des cris bestiaux que son gosier accueillant dégageait, c'était une sorte de rituel de bienvenue. La créature n'aurait pas pu être plus ravie, en témoigna la tentacule qui s'enfonça un peu plus dans la gorge de Rayne, presque jusqu'à la garde, avec une bestialité contenue. Le corps humain n'était pas encore assez bien connu, mais apparemment cet orifice servait pour la respiration, l'abîmer pourrait provoquer la mort de sa Proie et faire tout tomber à l'eau.
La Bête savait que l'humain -ou du moins, le corps humain- était quelque chose de fragile. Malgré les muscles qui roulaient sous la peau de la Dhampir, il aurait suffi qu'une des tentacules se serre au maximum autour de Rayne pour réduire sa colonne vertébrale en miettes. Il fallait faire attention.

Le reste des "armes" sexuelles continuaient de se frotter, se réchauffant graduellement. Certaines s'enroulaient autour des courbes des seins de la rousse pour les presser et se glisser entre la douce poitrine pâle. D'autres flattaient le ventre extra-plat et musclé, et deux plus grosses glissaient entre la raie du postérieur rebondi à rythme soutenu pour commencer à lubrifier le passage.

Rayne pouvait sentir son corps s'élever doucement au fur et à mesure que les tentacules retenant ses membres prenaient de l'ampleur. Si ça continuait ainsi, le plafond serait bientôt à sa portée. C'était dans un sens impressionnant, donnant l'impression que cette gélatine étrange contenait une réserve illimitée, la même gélatine qui continuait de dégager de la vapeur, et quelques gouttes commençait à sauter joyeusement à la surface en produisant des sons significatifs, comme de l'eau rebondissant sur une bonde.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le mardi 24 juillet 2012, 13:49:33
La scène qui se déroulait continuait à plonger dans un délire le plus complet. Rayne n’arrivait pas à se l’expliquer rationnellement, mais elle avait l’impression que... Que ce truc qui était en train de la baiser communiquait avec elle. Bien sûr, il n’y avait pas de quoi tenir une discussion enflammée, mais elle avait le sentiment de percevoir dans sa tête des sentiments. Des désirs, des pensées. Ou peut-être qu’elle était en train de délirer... Peut-être que c’était elle qui avait reçu l’arc électrique de l’assassin qui avait débarqué il y a vingt minutes, et qu’elle était prostrée sur le sol, à se tenir les cotes en vomissant et en délirant, fiévreuse et comateuse. Mais non... Non, ce n’était pas un rêve, c’était bien trop réaliste pour en être un. Et elle savait que la Formienne n’était pas qu’un bloc gélatineux, mais bien une conscience, une conscience primaire, attirée par ses instincts les plus basiques, une conscience qui avait peur tout en étant furieusement excitée. Rayne avait l’impression d’avoir affaire à une espèce d’enfant qui parvenait à capter les pensées de la Dhampir. Elle avait resserré sa prise sur elle, mais sans l’étouffer. Non, c’était plutôt comme si elle était une petite fille qui craignait que sa mère ne l’abandonne, ne la laisse dans sa souffrance.

*Je ne partirai pas, Powder. Je... Je dois veiller sur toi...*

Parler était désormais impossible, car un puissant tentacule était enfoncé dans sa gorge. Elle ne se contentait pas que de le poser dans la bouche, mais l’avait clairement enfoncé. Rayne eut une sensation de haut-le-cœur, qu’elle réprima rapidement. Elle était une Dhampir, après tout, et elle promena sa langue sur le tentacule, l’enfonçant dans la gelée de quelques centimètres, avant de le retirer. Les liens tentacules qui l’emprisonnaient continuaient à se frotter sur son corps, et, à ce stade, dire que Rayne n’était pas excitée, ça aurait été mentir. Les tentacules qui s’attaquaient à ses seins les emprisonnaient dans un étau, les suçant et les pompant, et Rayne fermait et ouvrait les yeux, mordillant dans le tentacule qui lui offrait une gorge profonde. Bouger était de plus en plus difficile, et elle était désormais entièrement prisonnière.

Et elle savait que Powder savait cet état de choses, et que cette situation excitait tout particulièrement la créature. Elle était une Formienne, et, dans cette circonstance, les instincts les plus primaires des Formiens refaisaient surface. Le sexe... La domination, le pouvoir. Un florilège de désirs, de sentiments, et d’envies sommaires digne d’un enfant de dix ans. Mais c’était le seul moyen que Powder retrouve son sang-froid.

La Dhampir se sentait soulevée, emportée, tractée par une puissante force. La gélatine vivante continuait à agir, à la pénétrer, à remuer et à frotter ses tentacules, et Rayne sentit ses jambes et ses bras légèrement remuer, serrés contre cette gélatine. Elle ferma les yeux, et, quand elle les rouvrit, son corps se tendit légèrement, se cambra, et elle eut son premier orgasme de la soirée. Alors qu’elle se rapprochait du plafond, de la tuyauterie, et qu’elle voyait du rose tout autour d’elle, Rayne lâcha, à nouveau en le pensant :

*Baise-moi, Powder... Vas-y, baise-moi, baise-moi, je suis à toi... Mon corps est le tien, je suis ton esclave, ta proie, baise-moi. Ne te retiens pas, laisse parler toutes tes pulsions !*
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le lundi 15 juillet 2013, 02:32:33
L'instinct primitif était aussi celui capable de prévoir, de ressentir le plus de choses. A la manière des animaux, qui réussissait à prédire certaines catastrophes, les formiens possédaient cette capacité, qui leur indiquait les émotions de leurs proies, leurs plus profondes peurs et pulsions... une véritable énergie qui servait de bloc d'alimentation à leur désirs primaires et bestiaux. La frayeur était excitante, pour eux.
La partie humaine de Powder permettait de rendre possible une certaine forme de télépathie, parce qu'à la différence d'un formien classique, elle comprenait le langage humain. Les paroles de Rayne pouvaient être sondées, étudiées, analysées. Et la proie indiquait son accord dans le processus, ce qui surprit franchement la Bête. Depuis quand ses proies étaient-elles d'accord pour se faire baiser aussi férocement ?
Mais maintenant qu'elle était à sa portée, ça n'avait que peu d'importance. Elle ne la laisserait pas s'échapper. Pas avant de s'être entièrement satisfaite... de s'être vidée.

Les grognements du monstre s'intensifièrent, résonnant dans toute la pièce. Et les tentacules finirent par se glisser, un à un, dans les orifices humides de la Dhampir. Celle-ci venait d'avoir un orgasme, qui donna une force à la partie humaine. Powder le ressentit, et cela lui permet de se réveiller, de récupérer assez d'énergie pour observer le reste des évènements. Elle ne tenta pas de se débattre, ne voulant pas épuiser son énergie : c'était de toutes façons inutile. Pour une fois, il lui faudrait être patiente. Elle interviendrait au moment venu...

Les pénis tentaculaires augmentaient l'intensité des va-et-vient, une fois qu'ils eurent habitués les cavités de Rayne à leur contact et à leur grosseur. Une partie était ciblée en particulier ; le vagin, où la plus grosse des queues frétillait avec bonheur, se régalant de la cyprine du à l'orgasme, qui semblait être en bonne quantité. En tombant, elle formait d'autres petites flaques par terre, à côté de la plus grosse, bien vivante. Powder les observait avec envie. Elle aurait aimé que tout se passe autrement... Rayne était très attirante, elle l'avait constaté dés le départ... mais après cette mésaventure, elle n'aurait probablement plus jamais envie de ne serait-ce que lui effleurer l'épaule. Ce que la tekhane comprendrait très bien. Seule une folle aurait envie de coucher avec un monstre, non ?

La Bête commençait à atteindre l'apogée de son excitation, maintenant... le final était tout proche.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le mardi 16 juillet 2013, 11:04:39
Elle s’était renseignée avant d’accepter cette mission. Défendre une Formienne qui vivait à Tekhos, et qui dirigeait une entreprise aux activités légales douteuses, ne faisait pas vraiment partie de ses attributions. Rayne chassait les vampires, et des vampires bien particuliers : ceux qui appartenaient à la famille de son père, Kagan. C’était son objectif, mais une telle traque nécessitait de l’argent, des fonds financiers. Sur Terre, ces fonds étaient fournis par la Brimstone, cette société secrète ancestrale, jadis proche de l’Église, qui luttait contre les vampires. Mais la Brimstone ne voulait plus de Rayne et de Severin. Elle les considérait comme persona non grata, un doux euphémisme pour désigner des cibles à abattre. Rayne et Severin avaient donc du trouver un moyen de s’enrichir, et ce genre de contrats était plutôt rentable... Mais ce n’était pas de tout repos. Rayne savait donc plusieurs choses sur les Formiens, à commencer qu’ils étaient des prédateurs sexuels sur pattes, et que Powder, bien qu’elle soit insérée dans la société tekhane, avait des gènes formiennes. Elle avait reçu un choc électrique particulièrement fort, qui avait bouleversé son métabolisme, et il fallait la nourrir, l’abreuver. Rayne sacrifiait donc son corps. Elle pouvait le supporter. Elle était une guerrière, elle entraînait son corps depuis des années. Un tas de gelée sexuelle rose ne pouvait pas l’effrayer. Bien au contraire, même.

Powder était dévorante. Elle immobilisait totalement Rayne, qui ne pouvait rien faire d’autre que subir. Ses verges tentaculaires jouaient en elle, dans tous ses orifices. Powder se concentrait surtout sur le vagin, probablement parce que c’était la partie du corps de la Dhampir qui secrétait de la cyprine. Elle se doutait bien que la Formienne agissait de manière égoïste, pensant avant tout à son propre plaisir, mais ce n’était pas un problème. Rayne avait eu un orgasme. N’était-ce pas le signe le plus parlant de son excitation ? Cette Formienne était douée dans sa soif, et prenait Rayne avec une sauvagerie dévorante, une bestialité primaire qui plaisait à la femme. Oui, elle aimait ça : être engluée dans cette flaque indiscernable, être pénétrée. Tout son corps était immobilisé par des liens invincibles, la gelée l’englobant, l’enfermant dans un cocon de sexe, où ses gémissements ne s’échappaient pas de la gelée. La flaque se transformait en une sorte de bulle rose, comme si Rayne était dans un cocon.

Un cocon chaud et délicieux, où son corps était tiraillé par des tentacules la pénétrant. Ses mains remuaient faiblement, lentement, et elle sentait les tentacules s’enrouler autour de son corps, la pénétrer voracement. Elle avait rarement été aussi soumise, mais que pouvait-elle faire d’autre ? Powder avait un appétit sexuel particulièrement prononcé.

*La réputation des Formiens n’était pas surfaite, c’est intense...*

Elle ne pouvait plus parler, car un tentacule s’était enfoncé dans sa bouche. D’autres jouaient avec ses seins, les aspirant et les titillant. Elle était sa proie, sa prisonnière, une proie sexuelle, et Rayne n’avait pas le sentiment que ce soit inutile. Le tas de gelée était en train de se structurer autour d’elle, autour du sexe. C’était... Et bien, c’était une expérience particulièrement surprenante, même pour une Dhampir. Rayne n’avait pas l’habitude se faire prendre aussi brutalement et intensivement. Sa résistance lui permettait de ne pas tomber dans les pommes, mais elle ressentait dans ses pénétrations des vagues d’ivresse.

Toutefois, ça ne l’empêchait pas de jouir.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le dimanche 18 août 2013, 22:05:27
Si le Monstre avait eu une bouche à proprement parler, il aurait pu sourire de toutes ses dents. Les défenses de Rayne tombant peu à peu, ses barrières s'engloutissant dans le confort et la joie du sexe à l'état pur... ironiquement, c'était toute cette bestialité qui provoquait cette paix dans l'esprit de la Dhampir. La créature allait donc bientôt pouvoir insérer autre chose que ses tentacules dans la sulfureuse rousse.

Le formien de base était un être vivant. Comme tout être vivant, il faisait de sa priorité la survie. Priorité à moitié acquise, en possédant le corps de sa partie humaine - Powder, donc - de cette façon, sans que celle-ci ne puisse rien faire d'autre que de regarder. Une autre priorité était la reproduction, et cette priorité-là entraînait la formation d'un œuf noir entre les monceaux de gelée rosâtre, et il était prêt, maintenant. Prêt à être inséré dans le corps de son hôte - Rayne, dans cette situation.
Powder regardait depuis un moment l'évolution de la situation en haut. Mais elle remarqua l'affreuse progéniture que ses gênes formiennes avaient fini de créer, et elle le constata avec horreur.
Ce n'était pas bon, pas bon du tout ! Il ne fallait surtout pas que ce truc ne rentre à l'intérieur de... c'était à peine si elle voulait y penser !
La tekhanne essaya de se débattre et de reprendre le contrôle un minimum, sans succès. Elle n'était pas assez en forme pour espérer empêcher la suite des évènements de se produire.

L’œuf maintenant prêt - de la taille d'un œuf d'autruche - commença à rouler dans le slime, atteignant la base de la plus grosse tentacule présente, dans le vagin de Rayne. Celle-ci étira considérablement ce qu'on aurait pu considérer comme son gland, ce qui dû provoquer un inconfort certain à la belle rousse. Il s'ouvrit comme une fleur à l'intérieur de ses parties intimes, s'accrochant bien aux parois pour éviter de glisser et laisser passer la progéniture.
Ce fait accompli, l’œuf commença à monter dans la tentacule, s'élevant lentement comme si il s'était trouvé dans un tuyau. Si Rayne ne l'avait peut-être pas remarqué, trop absorbée dans les multiples orgasmes donnés par le reste de l'artillerie tentaculaire, Powder se débattait de plus belle.
C'était juste horrible, dans son esprit. Horrible, dégoûtant, vicieux. Et le fait que ce soit son propre corps (ou du moins, une partie) qui ait formé ce truc immonde la dégoûtait encore plus. Les conséquences d'un tel acte étaient trop effrayantes, la paralysait complètement...
Et surtout, elle pensait à Rayne, à ce qu'elle deviendrait si jamais une telle chose devait se produire. On savait ce que devenait les tekhanes soumises aux formiens en rute : obligées de passer par des centres de décontaminations... interdites de procréation pendant minimum dix ans. Ça gâchait bien souvent nombre de vies, en traumatisait plus d'une, de devoir porter un monstre à l'intérieur de son corps...
Et dans son cas, c'était encore pire, car elle n'avait aucune idée de ce que donnait les résultats de la procréation par un être comme Powder sur une femme basique. Ça pouvait rendre malade Rayne, l'handicaper à vie. Si ça se trouve, ça allait même la-

Les tentacules cessèrent de bouger, soudain.
Figé comme de la glace, la seule chose qui commença à bouger fut la flaque que Rayne put apercevoir en contre-bas. Un bouillonnement qui semblait s'agiter avec difficulté, puis avec de plus en plus d'aisance.
La flaque commença à se lever, puis former peu à peu quelque chose... une silhouette ne tarda pas à apparaître, comme taille dans la gelée rose... la silhouette de Powder, qui se mouvait avec difficulté.
Levant ses bras tout de slime fait, elle accrocha ses mains au tentacule portant l’œuf et le serrer jusqu'à ce que celui-ci ne craque comme du verre. L’œuf tomba dans ses bras, et pendant un instant, la formienne sembla le porter comme l'on porte un bébé.
Puis elle récupéra le peu de force qui lui restait pour l'envoyer à l'autre bout de la pièce, où il se fracassa dans une explosion de liquides non-identifiés.

La suite fut aussi étrange qu'elle ne pouvait l'être, vu la tournure des évènements. Le slime se craquela peu à peu, et finit par éclater en milles morceaux, laissant Rayne tomber dans le vide. Elle ne se ramassa heureusement pas par terre - un petit coussin gélatineux vint l'accueillir. Une œuvre de Powder - ou du moins, sa silhouette rose - étalée sur le sol, et qui lui sourit faiblement avant de fondre comme neige au soleil.
Les morceaux de slime solides redevinrent liquides, et allèrent rejoindre la petite flaque centrale. Il fallut un long moment pour qu'ils se reforment, épuisés, mais cela finit par arriver. Powder reprit sa forme initiale : solide, humaine et visiblement évanouie - comme si rien ne venait de se passer.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le mercredi 21 août 2013, 16:14:08
Il n’y avait pas vraiment de comparaisons possibles à ce qui se passait. Rayne était... Ailleurs, dans une espèce de dimension coupée du monde, coupée du reste. Le sexe l’entourait, ainsi qu’un univers rose silencieux. Le slime dans lequel elle baignait, semblable à un liquide amniotique délicieux, l’endormait totalement, l’anesthésiant, l’envoyant dans un autre monde, un monde fait de rose et de sexe. Elle n’était plus qu’un atome de sexe, peinant à se raccrocher à sa conscience. Une vulgaire humaine, n’ayant pas les capacités physiques et l’endurance de Rayne, serait probablement déjà dans le coma. Rayne luttait, luttait contre l’évanouissement, contre ce plaisir dominateur qui l’écrasait totalement, annihilant sa volonté pour l’envoyer au loin. Les tentacules remuaient dans tout son corps : ils déchiraient ses fesses, enchaînaient les gorges profondes, et se tortillaient dans son vagin. Elle avait l’impression que des liens enserraient ses membres, et clignait lentement des yeux, en sentant quelque chose enfler et grossir dans son vagin. Elle vit une espèce de gros truc noir dans le tas de gelée, s’enfonçant dans le tentacule, faisant grossir ce dernier. Elle se tortilla, un nouvel orgasme la transperçant. Sa tête bascula faiblement en arrière, ses yeux se révulsant, avant que Rayne ne se force à baisser à nouveau la tête, mordant le tentacule de slime dans sa bouche, qui s’enfonça encore plus loin, la faisant grogner. Elle avait envie de vomir, mais ce haut-le-cœur passa vite.

*Qu’est-ce que c’est que ce truc qui s’enfonce ?!*

Rayne était une Dhampir, soit une demi-vampire, ce qui revenait à dire qu’elle était stérile. Son corps ne pouvait enfanter, ce qui était la malédiction des vampires. Que se passerait-il si ce truc rentrait en elle ? Elle ne tenait pas à le savoir, et entreprit de se débattre... Mentalement, du moins. Physiquement, elle était prisonnière de cette boule rose, et ne put guère que remuer quelques doigts, et recevoir un énième orgasme, baignant dans le sexe. Sa mouille se mélangeait à la gelée, la renforçant. Après tout, les Formiens se nourrissaient de fluides sexuels, et, alors que le truc s’approchait, Rayne sentit le décor évoluer autour d’elle. Il lui fut difficile de comprendre ce qui se passait, mais, à travers le mur rose du slime, elle vit... Elle vit Powder, à l’extrémité du tentacule qui s’enfonçait dans son vagin... Une Powder spéciale, faite de rose, de slime... Et elle vit l’œuf se retirer, avant que Powder ne le broie...

Dans un soupir, Rayne se sentit s’évanouir, quand le slime s’en alla. En sentant tous les tentacules se retirer, un soulagement indicible s’empare de son être. Elle tomba, et se réceptionna sur une sorte de coussin, avant de fermer les yeux, respirant lourdement. Elle avait le sentiment d’avoir pris un gros bain, tout son corps étant frais, mais il n’y avait aucun liquide dessus. Ce curieux slime, cette texture indéfinissable, sorte de mélange troublant entre l’eau et la gelée, était partie, se regroupant autour de Powder, formant une sorte de tas de gelée sur son corps rose et gélatineux... Une scène aussi troublante que séduisante, et, peu à peu, le véritable corps de Powder se forma. Elle était inanimée, sur le sol. Il n’y avait même pas une seule trace de mouille ici. Le slime de Powder avait du tout avaler, et Rayne haletait, reprenant son souffle, fermant les yeux.

Peu à peu, les sensations lui revinrent. Elle percevait des groupes sanguins autour d’elle, ainsi que le sang tout à fait particulier de Powder, et se rappela... Le couvent... Elle y était dissimulée, une couverture ridicule, ayant pour objectif de protéger Powder d’assassins voulant la tuer... Une histoire de monstres démoniaques... D’animaux modifiés génétiquement... Rayne secoua la tête. Un tueur avait réussi à s’infiltrer ici, et avait lancé une charge électrique sur Powder, qui l’avait déréglé... Oui, tout lui revenait. Rayne entreprit de se relever, nue, ayant laissé ses vêtements.

*Ce couvent n’est plus une bonne couverture... Mais, pour l’heure, je ne peux pas te conduire ailleurs...*

Elle se rapprocha de Powder, la contemplant silencieusement. Un air tellement paisible se dégageait de son corps endormi. Elle était visiblement en train de dormir, et Rayne la souleva, la tenant entre ses bras, une main sur la nuque, l’autre sous ses genoux, et se releva. Utilisant ses sens sanguins, elle s’avança dans les coursives silencieuses du monastère. La pluie faisait rage dehors. Rayne s’avança dans les couloirs, et parvint à rejoindre la cellule qu’elle partageait avec Powder, et s’allongea dans le lit, avec Powder entre ses bras. Elle l’embrassa tendrement sur le front.

« J’ignore si tu m’entends, mais sache que tu m’as offert une formidable partie de baise... Je n’aurais jamais cru vivre un jour un truc comme ça... Maintenant, repose-toi... »

Elle ne dormirait probablement pas, elle. Rayne était noctambule, et, étant vampire, elle n’avait pas énormément besoin de dormir.



La tueuse n’avait pas réussi, et ne comprenait pas pourquoi. La charge électrique aurait du en venir à bout. Elle avait pourtant bien atteint cette femme, mais elle était toujours en vie. Bien que la tueuse soit sortie du couvent, elle y avait laissé ses espions : des nanorobots, aussi gros que des insectes, qui faisaient office de caméras discrètes et invisibles. Elle avait ainsi tout vu de la scène dans la chaufferie, entre la vampire et sa cible, voyant cette dernière se reconstituer. C’était incompréhensible. Ses employeurs lui avaient pourtant clairement dit que ces armes suffiraient, car Powder était spéciale. La tueuse ne comprenait pas, et décida de les contacter.

Elle était une professionnelle, le genre de mercenaires qui n’aimait pas rater ses contrats. Dans le milieu, elle répondait au sobriquet de Dragon Knight (http://img96.xooimage.com/files/5/a/d/dragon-knight-1--405316e.jpg), et son véritable nom était sans importance. Dans son antre, elle décida de les appeler, à l’aide de son appareil de communication, prenant bien soin d’activer, auparavant, son brouilleur.

« Nous avons reçu vos informations, lâcha une voix à son intention.
 -  Vous m’aviez assuré que cette fléchette électrique la tuerait.
 -  Il y avait une probabilité qu’elle en réchappe... Sans cette femme, son esprit se serait disloqué.
 -  Les probabilités ne rentrent pas en ligne de compte. Vous avez terni ma réputation !
 -  Détendez-vous. Pour nous, vous avez accompli votre mission. Powder est en réalité un spécimen très intéressant, et j crois que la tuer serait dommage.
 -  Que voulez-vous dire ?
 -  Que vos ordres de mission viennent de changer. »
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Powder le samedi 26 octobre 2013, 21:27:44
Ce fut une longue nuit pour la formienne, qui ne bougea pas d'un poil jusqu'à son réveil, des dizaines d'heures plus tard. Elle avait dû bien récupérer de cette expérience nouvelle et épuisante. Quand elle ouvrit les yeux, les bras de Rayne ne l'entouraient plus. Elle était étendue sur le lit, ses habits de slimes s'étant reformées sur son corps. Ils étaient néanmoins dans un sale état : trop courts, mal taillés... sans doute n'y avait-il plus assez de substance ou de forces pour faire entièrement ce travail pourtant si basique.

Powder se réveilla aussi brusquement que si quelqu'un avait crié dans son oreille. Avec un mal de tête et une nausée terrible, elle tituba hors du lit et s'habilla avec l'infâme tenue de religieuse. Ceci fait, ses yeux vitreux cherchèrent Rayne du regard : mais elle n'était pas dans la pièce, sans doute occupée à occulter du mieux qu'elle pouvait les évènements de la nuit.

C'est en repensant à elle que Powder se sentit le plus mal. La vitre s'ouvrit, et laissa la slime y glisser sa tête pour vomir dans le jardin adonnant. Personne n'était dehors, l'horizon parsemé de petits nuages roses et le soleil couchant dans l'air laissait penser à une douce fin de soirée. Ou peut-être à l'aube... elle ne se situait pas, et s'en moquait, en fait.
Son corps vint bien vite rejoindre de nouveau les draps, et ceux-ci furent trempés en l'espace de quelques minutes. Ils séchèrent quand Powder se rendormit, les yeux mouillés.


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Quelques temps plus tard, quelqu'un frappa.
Powder se réveilla en croyant que les coups étaient contre la porte. Ils résonnaient en fait contre la paroi du verre. La tekhanne leva ses yeux, et vit un visage familier.
Elle se leva aussi vite qu'elle le put, ignorant la douleur qui lui vrillait la tête, et ouvrit la fenêtre pour mieux voir Mélanie.
Le visage de celle-ci ne reflétait rien. Il ne reflétait jamais rien, même quand le monde s'effondrait. Avant qu'elle n'ait pu dire quoique ce soit, Powder colla son poing dans ce faciès inexpressif, ce qui eut pour effet de renverser les deux femmes par terre, dans l'herbe fraîche, avec l'élan.
La slime se fit attraper les deux poignets. Mélanie avait déjà un bleu naissant contre sa pommette droite.


"Je suis venue aussi vite que j'ai pu, mais je ne peux pas rester. Ça s'est calmé, mais on a encore besoin de mes services militaires."

Powder l'entoura de ses bras blancs, et sa compagne remarqua que son corps était différent de d'habitude.

"Vous avez perdu du poids ?"
"Peut-être. Je n'en sais rien. Je m'en fiche."
"Avec ce truc qui est sorti de vos entrailles..."

La gorge de la slime se serra, pour des raisons diverses et variés. Elle enfouit sa tête dans la poitrine de sa camarade.

"Comment tu le sais ?"
"Vous pensez que personne n'est là pour surveiller cet asile de fous ?"
"Si c'est un asile de fous, pourquoi ils m'ont envoyés ici ? Elles pensent toutes que je suis une abomination ! Toutes !"

Ce n'est pas comme si je n'étais pas habituée, manqua-elle de rajouter. Mais au moins, elle avait un certain pouvoir sur les tekhanes qui la pensaient horrible : elle était leur patronne, elle pouvait les supprimer quand elle le voulait. Ici, sa propre impuissance lui donnait la nausée.

"Vous voulez partir ?"
"Non."

Powder ajouta ça un peu trop vite. Rayne flottait dans sa tête.

"De toutes façons, ici ou ailleurs, quelqu'un cherche à vous anéantir. Je ne dis pas vous tuer, notez."
"Non. Ils veulent sûrement m'étudier, m'enfermer dans une cage... ce ne serait pas les premiers, remarque."
"Je venais simplement vérifier si tout allait bien."

Sous ses yeux cernés, la slime esquissa un sourire simple, si différent de celui si narquois de d'habitude.

"Rien de va bien. Mais je te remercie de te soucier de mon sort, Mélanie. Tu ne devrais pas t'occuper de moi comme ça : ta femme va avoir des soupçons."
"On s'est quittées."

Mélanie se dégagea de l'étreinte de sa patronne, la salua avant de s'éloigner. Celle qui resta vagabonda dans les jardins, cherchant Rayne du regard. L'herbe humide grouillait sous ses pieds, la rendait étrangement calme. Dans les alentours, rien ne laissait suspecter que bien des heures plus tôt, un horrible monstre avait attaqué une innocente jeune femme.
Peut-être pas si innocente que cela, d'ailleurs. Tout ces appels au sexe, à la dépravation, c'était une des choses que Powder avait cru lire dans l'esprit de la Dhampir. Celle-ci avait apprécié en partie leur ébats pourtant si étranges. Ça n'empêchait pas que la tekhane avait bien failli la casser en deux, ou pire, lui glisser cet ignoble œuf entre les deux jambes.
Elle ne s'était jamais sentie aussi bestiale qu'à ce moment-là. Est-ce que c'était vraiment ce que ressentaient ses pas si lointains cousins formiens, quand ils baisaient à mort ses camarades tekhanes tombées au combat ? Ce sentiment était effrayant. Elle ne comprenait pas comment certaines personnes auraient pu trouver cela intéressant au point de l'étudier.

Finalement, elle trouva Rayne sur le banc du parc dans lequel elle flânait. Powder s'assit à côté d'elle, serrant ses genoux contre sa poitrine, comme une enfant. Elle regardait le ciel qui était à présent tout bleu.


"J'ai dormi combien de temps ?" Demanda-elle, finalement.
Titre: Re : Après la pluie... [Rayne]
Posté par: Rayne le dimanche 27 octobre 2013, 01:44:07
« Cet endroit n’est plus sûr, Rayne...
 -  Ces individus sont bien renseignés. »

Severin et Rayne s’entretenaient à l’aube naissante, le long du grand parc entourant le couvent. Severin était près du hangar servant d’entrepôt de stockage pour les outils du jardinier, là où il avait provisoirement établi son repaire. Ce n’était pas leur principal refuge, rien de plus qu’une dépendance abritant des ordinateurs secondaires. Comme elle s’y attendait, Rayne n’avait pas dormi de la nuit, et, après s’être assurée que Powder soit en sécurité, elle avait profité des lueurs de l’aurore pour rejoindre l’autre côté du parc du couvent. Elle avait délaissé sa robe de nonne pour sa tenue sanglée plus traditionnelle. Une telle robe ne l’aiderait pas à se battre, et elle avait fait le tour de la propriété. Le couvent était entouré par de hautes grilles, et il y avait plusieurs caméras de sécurité le long des coins. Depuis le parc du couvent, on pouvait voir, au loin, les immenses gratte-ciel de Tekhos Metropolis, l’ensemble formant une très belle vue.

Le vent du matin faisait virevolter les feuilles des arbres, et l’apparence gothique du couvent donnait vraiment à Rayne le sentiment d’être dans l’un de ces vieux films terriens à huis clos. Le couvent, selon ce qu’elle en savait, avait jadis été une église, ce qui expliquait la présence de plusieurs clochers dans les coins. Rayne l’avait silencieusement observé. Les fenêtres étaient grillagées, comme pour empêcher les résidentes d’en sortir. Elle s’était ensuite retrouvée avec Severin, pour un briefing. Severin avait naturellement su ce qui avait eu lieu hier soir, ainsi que pendant la nuit, et leur conversation avait très rapidement évité Powder pour se concentrer sur l’individu qui les avait attaqué.

Severin avait mené son enquête. Grâce à ses appareils informatiques, il avait pu se connecter au système de surveillance, et avait pu repérer une silhouette dans la forêt. À l’aide des capteurs des caméras, très perfectionnés, en utilisant différents filtres, des zooms, et des programmes permettant de dépixelliser les agrandissements, il avait pu obtenir l’aperçu d’un corps.

« C’est un pro... Je suppose que c’est une Tekhane, soit une femme. »

L’image permettait de discerner une vague silhouette entre les arbres. Severin avait mené ses recherches en retournant dans leur appartement à Tekhos Metropolis.  La piste de Rayne était Oliver Blackthorne, et Severin avait découvert que cet homme était un Nexusien, qui faisait des affaires à Tekhos. C’était un seigneur nexusien qui avait consenti des baux commerciaux sur son terrain pour obtenir l’exploitation des gisements se trouvant sur place. Il était actuellement en procès contre l’une des guildes s’occupant de l’exploitation de la carrière. En vertu du droit nexusien, un bail commercial consenti sur un terrain nu ne bénéficiait pas de certaines dispositions législatives nexusiennes, notamment des exemptions fiscales, et un loyer moins lourd. Blackthorne avait attaqué son contractant en justice, car il considérait que le terrain n’était pas nu, dans la mesure où il y avait des mines souterraines et des carrières. Severin avait mené ses recherches, et avait ainsi découvert que l’affaire judiciaire de Blackthorne était mal engagée. Ce dernier voulait se voir appliquer sur son contrat les dispositions du statut du bail commercial, qui lui auraient permis d’obtenir plus d’argent, ainsi qu’un abattement fiscal. Cependant, la Cour royale nexusienne était essentiellement composée de bourgeois, qui considéraient qu’un terrain restait nu, même en la présence de constructions souterraines.

En somme, Blackthorne était un propriétaire qui avait des difficultés financières, et dépensait une bonne partie de son argent à payer les impôts fonciers, et les honoraires de ses avocats. La situation était d’autant plus complexe pour lui qu’il était dans un litige familial houleux et compliqué impliquant tous ses frères et ses sœurs, portant sur la propriété familiale des Blackthorne, un imposant château. Le père de Blackthorne était mort il y a quelques années, et son testament avait disparu. Par conséquent, la propriété était actuellement sous le régime de l’indivision, et chaque héritier était en train de se battre pour obtenir sa part. Le problème était que l’administration fiscale n’attendait pas, et continuait à exiger l’impôt foncier, une belle petite somme.

« Et où est-ce que tu veux en venir ?
 -  J’y viens, j’y viens... »

Severin buvait son café tout en parlant. La guilde marchande exploitant les carrières les utilisait pour les revendre à Tekhos, les faisant transiter par des guildes maritimes.

« J’ai mené mes recherches... Entre la guilde maritime qui se charge du transfert des navires, la guilde qui exploite les gisements, il y a un nom qui revient souvent, et qui correspond à une Tekhane... »

Une image apparut sur l’écran, montrant une femme. Un nom était indiqué sur le titre de l’image : Monica Sinclair (http://hbdesign.deviantart.com/art/p121-334964162?q=sort%3Atime%20gallery%3AHBDesign&qo=21). Une femme belle et arrogante, qui, d’après Severin, pouvait être liée à cette histoire. Blackthorne n’était probablement qu’un pion, qui dépendait du bon vouloir de Monica, car ses maigres revenus venaient du loyer que la guilde lui versait, l’argent de la guilde venant des ressources qu’ils vendaient à Sinclair. Officiellement, Sinclair dirigeait, à Tekhos, une société de courtage, et, en s’étant renseigné sur le fonctionnement de cette dernière, Severin avait appris qu’elle était une holding abritant d’autres sociétés, notamment une société qui employait des ateliers de construction immobilière.

« En résumé, les pierres extraites à Nexus servent à construire des immeubles à Tekhos, et toute cette installation est dirigée par Sinclair.
 -  Bon, bon... Et quel est le rapport avec Powder ?
 -  Pour l’instant, je n’en sais rien, avoua Severin. Du moins, il n’y a rien de sûr...
 -  À quoi tu penses ? »

Severin se tut pendant quelques secondes, avant de finalement lui répondre, exposant sa théorie :

« Je pense que Monica Sinclair utilise l’argent qu’elle reçoit pour l’injecter dans des activités illégales... C’est ce qu’on appelle du noircissement, et je crois qu’elle est sur un gros coup... Sachant que l’activité de noircissement est essentiellement utilisée par des terroristes, et que Powder est une Formienne avec des capacités exceptionnelles... Je pense que nous devrions continuer à la surveiller. Le fait qu’on ne trouve quasiment rien sur Monica Sinclair sur Internet me laisse à penser qu’elle est tout, sauf une petite ménagère sans histoire. »

Rayne avait appris à se fier à l’intuition de Severin. Elle le laissa donc là, et retourna dans le jardin, où elle s’assit sur un banc, observant les environs. Elle perçut au bout de quelques minutes le sang de Powder se rapprocher, ce curieux sang formien. Elle ne dit rien, lui laissant le temps de réfléchir, sachant que la jeune femme devait se sentir coupable, suite aux évènements de cette nuit. Elle la laissa donc s’installer à côté d’elle, sans rien dire. Elle joignit ses genoux contre son corps, ressemblant à une espèce d’enfant qui serait en train de bouder, avant de finalement lâcher, le menton en appui sur les genoux :

« J'ai dormi combien de temps ? »

Rayne l’observa, sans trop savoir quoi dire. Elle comprenait très bien ce que Powder ressentait, ce qui rendait encore plus difficile le fait de la réconforter. Les humains l’avaient rejeté parce qu’elle était trop vampirique, et les vampires parce qu’elle était trop humaine. Elle n’avait pu s’affirmer qu’en devenant une tueuse sanguinolente, une femme qui déchiquetait des corps sans la moindre forme d’hésitation. La Dhampir se mordilla les lèvres, observant à son tour le ciel. C’était un beau ciel bleu. La tempête était passée, mais il y avait encore un peu de vent. Elle retourna ensuite la tête vers elle, l’observant un peu.

« Suffisamment longtemps, je pense... »

Ses beaux cheveux roses étaient assez beaux. Rayne observa le sentier devant elle, et finit par parler, préférant contourner le sujet :

« Je pense que cette affaire n’est peut-être pas liée à ton entreprise, Powder... D’après les informations, je crois que c’est avant tout... Ta nature qui intéresse celles qui t’ont attaqué. »

Rayne n’était pas douée pour le social, et finit par secouer la tête, irritée elle-même de se voir tourner autour du pot.

« Et puis merde, pesta-t-elle. Écoute, je sais ce que tu ressens. Tu penses que je te prends pour un monstre, hum ? Inutile de le nier, je connais ce regard... C’est le même que j’avais la première fois que j’ai tué quelqu’un en buvant son sang. Je lui avais tranché la veine en plantant mes crocs, mais j’étais incapable d’éprouver quoi que ce soit devant sa souffrance. J’étais surexcitée, car je goûtais enfin au sang frais d’un homme, et non à celui des animaux que je chassais. »

Elle soupira, et se releva.

« Je te comprends, Powder. Et je te garantis que je m’occuperais des fils de putes qui veulent s’en prendre à toi. Et puis... »

Debout, face à elle, elle pencha la tête sur le côté en se permettant un léger sourire, parlant sur un ton un peu plus bas :

« Baiser avec toi, c’était génial. »