Assise dans le wagon du train qui la ramenait à Seïkusu, Charity était contemplative. Le regard vissé sur ses mains, elle ne les voyait pas vraiment. Dans son esprit, tout se mélangeait. Elle ne se souvenait pas de ce qu’elle avait fait la nuit dernière, mais elle s’était réveillée nue dans une ruelle, couverte de substances dont elle ne voulait même pas connaître l’origine, à deux pas de chez elle. Affolée, parce que c’était au moins la septième nuit d’affilée, la jeune héritière s’était précipitée chez elle pour se nettoyer, puis à l’Eglise pour se purifier.
Malheureusement, son confesseur habituel avait eu un accident la nuit dernière, et il avait été retrouvé avec la nuque brisée, abandonné dans un quartier délabré de la ville. Sans doute était-il allé essayer d’apporter la compassion de Dieu parmi ces pauvres âmes qui vivaient là, et avait glissé sur les pavés peu entretenus. Si elle n’était pas si effrayée, Charity aurait probablement ressenti de la peine à l’idée de la mort du vieux prêtre, et de la compassion pour ceux qui vivaient dans ces quartiers.
En l’état actuel des choses, presque hystérique, elle avait exigé de parler à quelqu’un. Une bonne sœur l’informa que le second religieux en résidence était en retraite spirituelle pour la journée dans une ferme à quelques kilomètres de la ville. Récupérant l’adresse précise, Charity avait acheté un billet de train pour la seule gare qui desservait le patelin dans lequel était la ferme, et elle était partie.
Le trajet en train avait été rapide. Une petite demi-heure à peine. La ferme n’avait pas été compliquée à trouver. Et le prêtre non plus. S’excusant d’interrompre sa retraite, Charity l’avait littéralement supplié de la conseiller, d’entendre ses confessions. Elle s’était mise à genou devant lui, attrapant l’une de ses mains dans les siennes, en le suppliant. Et il avait accepté.
En pleine nature, la jeune héritière lui avait alors confessé tout ce qui s’était passé depuis sa dernière confession. La perte de sa virginité, les pensées impures qui envahissaient son esprit et perturbaient ses rêves, et, enfin, ses pertes de mémoires récentes. Elle avait la tête baissée, les yeux fixés sur le sol, en avouant que cela faisait une semaine qu’elle se réveillait sans aucun souvenir de ce qu’elle avait fait durant la nuit. Ses joues avaient rougi quand elle avait expliqué l’état dans lequel elle se retrouvait le matin, jamais loin de chez elle, mais toujours dehors. Elle lui avait demandé conseil pour que cette diablerie cesse, et elle l’avait encore une fois supplié pour qu’il l’aide.
Et voilà qu’ils rentraient, tous les deux, alors que la nuit tombait. Le dernier rayon de soleil disparut à l’horizon, et le train commençait tout juste à s’élancer vers Seïkusu. L’obscurité tomba rapidement, et Charity commençait à ne plus se sentir aussi contemplative.
« Mon père ? Commença-t-elle d’une voix faible. Je… Je voulais vous remercier pour vos conseils aujourd’hui… Pour avoir pris le temps de m’écouter au pied levé, ainsi, poursuivit-elle. »
Dans sa tête, elle se voyait « remercier » le prêtre d’une façon tout à fait inconvenante. Et, étrangement, une étrange chaleur naissait au creux de ses reins. Elle pouvait sentir une humidité certaine imprégner sa fine culotte de soie, et elle serra les cuisses comme pour retenir ce qui voulait suinter.
Charity se mordilla la lèvre, le regard toujours fixé sur ses mains. Ces dernières étaient sagement croisées sur ses genoux, posées sur la jupe blanche et souple de sa robe d’été, triturant parfois l’ourlet qui lui arrivait normalement un poil en-dessous des genoux. Ses pieds, chaussés d’escarpins noirs à talon aiguille, s’agitaient légèrement sur le sol du wagon. La petite veste en cuir qui couvrait ses épaules dissimulait le bustier de la robe. Du moins, jusqu’à ce qu’elle en écarte les pans, ayant soudain chaud. Ses boucles blondes étaient relevées en un chignon fait rapidement le matin-même avant d’aller à l’Eglise, et son visage pâle portait encore la trace d’un maquillage qui avait coulé autour de ses yeux.
Relevant ses prunelles bleu jacinthe vers le prêtre, l’héritière ne put s’empêcher de passer sa langue sur sa lèvre inférieure, et sur le rebord de ses canines et incisives supérieures.
« Pour m’avoir écoutée vous raconter comment je ne me souvenais pas avoir pris mon pieds, reprit-elle. Mais sa voix avait désormais un accent lubrique. Je tiens vraiment à vous remercier pour cela, souffla-t-elle en glissant de sa banquette en face de lui. »
Elle tomba à genoux devant lui, et son regard s’assombrit de désir alors que ses mains délicates glissaient contre les tibias de l’homme, remontant à ses genoux, et explorant ses cuisses jusqu’à se caler fermement contre son entrejambe.
« Vous me laisserez bien vous montrer ma gratitude, mmh ? Ou peut-être faut-il que je me trouve un autre confesseur, encore ? »