Je dois savoir. Je dois savoir comment tout ceci fonctionne. Bordel, c'est ironique. J'suis un alien, et pas foutu de piger comment fonctionne ces conneries de portails. Alors, ouais, j'ai eu la chance de rencontrer Lied dans la pire situation de ma vie et eu un bref topo de comment tout ceci se trame.
Ce qu'on doit savoir ? Ah. Très simple. Tout est au pif.
Ou bien un algorithme d'apparition encore inconnu aujourd'hui. Pour moi cette rumeur qui parlait de failles inter-dimensionnelles qui capturent les terriens malgré eux étaient pour moi un espèce de charabia pour triper dans un bar. Puis, j'ai traversé un immeuble en plein cœur de Tekhos, pensant aller chez moi. Aujourd'hui, j'ai pris un sac, et utilise une journée de congé pour survoler la ville. Tester ? Vouloir connaître davantage ? Bien des interrogations qui pourraient me faire passer pour un suicidaire. Mais techniquement, loin des obsidiennes, j'devrais pouvoir rester invincible.
J'ai envie de découvrir Terra, la première chose qui sort enfin de ma triste et ennuyeuse vie. Quand j'me suis fais arrêté par les soldates, j'ai eu... Comment dire, l'impression de vivre, vraiment. On se sent vivant, putain. M'enfin, ça fait déjà 50 bornes que j'traverse le ciel et pour l'instant, j'ai autant de chance de plumer des oiseaux qu'autre chose. Mais j'y crois, j'ai encore espoir.
Quittant la ville, j'm'arrête sur la combe d'une montagne, pour boire dans mon bidon de quelques litre d'eau dans cet énorme sac de 100 litres et prendre une pause. Encombrant, jamais lourd pour moi et j'peux y foutre de quoi survivre quelques temps si un de ces trucs jugent bon de m'aspirer. J'prends quelques minutes, pour apprécier ce silence, ce paysage, les caresses du vent. Un joli concerto par rapport au boucan perpétuel de la ville.
Et comme si on répondait à mon appel, une énorme faille s'ouvre dans une lumière aveuglante, expirant un souffle qui tord les arbres devant moi. Mon coeur s'emballe, mêlant crainte et excitation. Peur ? Non, au contraire, j'suis tout excité. Dans des foulées très lourdes, j'me propulse comme un boulet de canon à l'intérieur, les yeux fermés et les bras croisés devant.
Des fois que j'traverse un autre building, hein.
J'me sens encore une fois flotter, mais, comme si la résistance de l'air, le sol, les bruits, n'existaient pas. J'm'agite dans tous les sens en hurlant mais même les sons de ma voix sont étouffé dans un vide sonore inquiétant. Et dans une lumière au bout d'un tunnel, un deuxième flash me conduis dans un ciel, m'engouffrant de tout mes sens, entendant cette fois ma respiration et la friction du vent faisant danser mes vêtements.
- Eh merde ! J'suis encore à des kilomètres de haut !
Mais on m'aura pas cette fois-ci. J'pique tête baissée comme un harpon vers le sol qui s'agrandit, constatant que c'est une vaste forêt, où les éventuelles structures ne sont pas encore visibles. J'me redresse, plane, et m'envole dans un louping qui m'arrache un sourire amusé.
- J'ai quitté la terre bordel.
J'pousse un hurlement d'hystérie avant de rechercher le sol dans un fracas assourdissant, genou et poing au sol, libérant des fissures qui s'échappent vers l'extérieur autour de moi. J'renifle, parce que... J'sais pas, autant les odeurs sont différentes de chez nous. Mais non. C'est pareil, comme en forêt quoi. Après une grande inspiration, j'prends une direction... Au pif ? Par là, non, par là. Ouais par là, ça me semble pas mal.
Et j'entends une voix. Petite, voix. Un genre de mantra constant...
- Y'a quelqu'un ?
J'me rapproche de sa destination et d'autres voix hurlent plus fort. Approchant d'un ruisseau, c'est le regard surpris que j'constate une donzelle. Les deux poings serrés d'abord, pensant peut-être à l'une de ses tarées sur Tekhos que je catapulterai bien sur terre par la voie des airs. Mais non, elle est aveugle, une crinière d'or tombe en cascade dans un corps sculpté par les anges, une tunique aux couleurs lactées colle son corps voluptueux, blanche et maculée de sangs. Elle a l'air blessée.
J'me rapproche doucement en levant les mains dans sa direction, sans les toucher toutefois. Maintenant plus près, j'peux tout voir à travers son haillon déchiré par les branches. Éveillant mes pulsions de manière volcanique.
C'est pas le moment, Héra. J'me fous une tarte. Elle parle, demandant quelqu'un de l'aide. On dirait qu'elle ... Fuit ? Ces femmes sont ses poursuivants ?
- Madame, ça va ? J'peux vous aider ? Que j'demande d'un ton assez doux malgré une voix rauque et puissante.
Mes énormes mains calleuses se posent contre les siennes, paume contre paume, essayant d'être le plus rassurant possible. Elle est... Douce, et délicate.
- Il faut vous sortir de là.
Oh misère. Allez, Héra. J’avais dis d’arrêter d'agresser chaque nana que j'croise quand l'envie me prend. Cette fois, on se calme.