Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Centre-ville de Seikusu => Discussion démarrée par: Damien Thorn le mercredi 30 décembre 2020, 23:52:12

Titre: Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le mercredi 30 décembre 2020, 23:52:12
Dans une jungle d'épines
Damien Thorn | Kara Desco

Thorn Industries était une vaste corporation. Depuis les années 1980, elle s'était étoffée dans des domaines aussi divers que l'électronique et l'agriculture, et avec l'influence de Damien et de ses disciples derrière elle l'entreprise avait pris un envol inédit plus récemment, gagnant quantité de contrats juteux et importants dans la téléphonie portable, l'informatique, la santé ou encore l'assainissement. C'était une entité en plein boom, qui ouvrait des succursales partout et recrutait à tour de bras.

Bien que Damien passe beaucoup de temps à Seikusu, le siège japonais de la branche Asie s'était bien installé à Tokyo. Il restait sur place un bureau de développement en matières nouvelles, focalisé sur l'exploration sous-marine et l'aérospatiale. L'endroit était en mal de représentants commerciaux capables de sécuriser le bon approvisionnement en matériaux d'un côté et de convaincre les investisseurs de l'autre. Le Japonais ne pensait pas comme l'Américain, et on favorisait donc l'embauche de locaux.
Il était ainsi courant de voir de jeunes Japonais attendre dans le hall, curieux de vivre cette expérience inhabituelle qui les attendait au sein d'une entreprise empreinte des influences mixtes de l'Amérique et de leur propre pays. Lorsque, d'aventure, Damien Thorn s'aventurait sur place pour une raison ou une autre, il ne s'interrogeait donc pas sur leur nombre ou leur apparence, et il ne se faisait habituellement pas remarquer. On ne le reconnaissait pas, lui qui n'avait qu'un lien pour l'instant circonstanciel et officieux avec l'entreprise, sauf dans les rares cas où les candidats avaient bien potassé la culture d'entreprise, du grand-père Reginald aux brèves directions aux fins tragiques de Robert et Richard, le père et l'oncle adoptifs de Damien.

C'était la fin d'après-midi quand il apparut ce jour-là. Les entretiens étaient pratiquement terminés, et il ne restait dans le hall que quelques âmes perdues et fatiguées. Même le standard semblait sonner mollement quand la réceptionniste reposait son café pour la vingtième fois sans avoir pu y toucher. Dans l'ambiance lasse, l'ouverture des portes automatiques et l'allure relaxée mais déterminée du jeune occidental d'à peine 19 ans attirèrent, pour une fois, l'attention. Comme s'il était chez lui, il s'était porté jusque derrière le comptoir d'accueil, gratifiant la réceptionniste d'un bonsoir charmeur avant de s'emparer d'une pile de papiers et d'y chercher celui dont il avait besoin.
C'est alors qu'il fouillait qu'il s'arrêta, sentant près de lui l'aura familière d'une âme déconfite, torturée par le doute et par le découragement. C'était courant, à cette heure-ci, quand les derniers candidats s'attendaient à être renvoyés chez eux sans avoir eu leur chance, mais il y avait quelque chose de plus fort chez celle-ci ; quelque chose d'attirant pour le fils du Diable, qui leva les yeux de la pile pour croiser ceux de la jeune femme qui attendait encore son tour sur un fauteuil. Il le soutint un instant et lui accorda un sourire énigmatique avant de retourner à ses affaires.

Dans le même temps, son entretien allait enfin pouvoir commencer, et s'il ne se passait ni trop mal ni trop bien il y aurait peut-être une chance pour qu'il attende un peu et la croise sur le chemin de la sortie.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le jeudi 31 décembre 2020, 01:01:05
« Desco, Kara Desco, je suis là. A la lettre ‘D’, quoi. Voilà. »

La standardiste avait une liste longue comme le bras de candidats et elle avait eu du mal à trouver son nom lorsque la jeune femme s’était présentée à elle. Il avait fallu qu’elle lui désigne son patronyme, forçant sur le sourire, alors qu’en réalité, elle était morte de trouille.

Cela faisait des mois qu’elle était sans emploi, et il était assez primordial, voire vital, qu’elle décroche ce job. Kara n’était jamais restée trop inactive, avant cela. Mais ces derniers temps, elle se sentait réellement lasse, et l’attrait des nuits passées en ligne, des chips, des réveils à 14h du matin, des douches espacées, des thermos de café pour pouvoir glander encore et encore… C’était assez plaisant. D’abord, c’était un peu comme des vacances, puis son rythme c’était décalé considérablement avec le communs des mortels actifs.

Elle vivait principalement sous son identité du web, elle avait même été tentée d’annoncer « Cassandre » à la réceptionniste, tant elle utilisait peu son nom irl. Ses deux meilleurs amis étaient devenus son pyjama et son mascara, lui permettant de faire croire qu’elle était sophistiquée, encore, un peu, quand elle voyait son reflet dans un miroir.

Aucune contrainte, finalement, elle avait adoré cela, les premières semaines.

Et puis… Les factures.
Et puis les sites d’offres d’emploi, frénétiquement.

Elle avait postulé à des dizaines de postes, mais était sans doute nulle pour se vendre, alors qu’elle refourguait très facilement n’importe quelle camelote à des badauds. Pas évident de se trouver des qualités, et puis, elle se savait un peu maladroite, peut-être pas assez combattive dans le travail, trop ordinaire ? On lui demandait si elle était mariée, et ça au moins, c’était un avantage ! Pas d’arrêt pour congés maternité en vue dans les … 10 prochaines années ? Même songer à cela la faisait déprimer.

Sortir de son lit devenait un périple, tout comme rejoindre son canapé, et s’habiller, n’en parlons même pas. Elle avait oublié comment on faisait la cuisine, ses cheveux se ternissaient, elle devenait un animal désemparé et nocturne…

Elle avait été réveillée par la sonnerie de son smartphone, c’était un entretien chez Thorn quelque chose, elle ne se souvenait plus avoir postulé, mais c’était dans une heure. Merde, déjà de l’écrémage. Il fallait être disponible. Elle avait sauté dans sa douche, angoissée, et désormais, elle attendait dans un hall immense et ultra-moderne, avec d’autres candidats qui avaient bien sûr l’air tous plus performants qu’elle.

Et les heures avaient été longues. Quelles bandes d’enfoirés, ils faisaient en sorte de décourager les pauvres âmes ayant le couteau sous la gorge, en recherche d’un job. Accoudée sur ses genoux, assise dans un fauteuil assez confortable, vêtue de son tailleur classique, qu’elle espérait assez bien repassé, Kara soupira.

Quand on l’appela, elle se leva et croisa le regard d’un jeune homme très élégant, l’air nonchalant mais étrangement sûr de lui. Ce mec avait un charisme étonnant, qui la fit frémir, mais elle dut presser le pas pour suivre un assistant très guindé. Ses talons résonnaient sur le sol luisant, et elle entra dans la cage des loups.

Ca dura peu de temps, en réalité. Mais pour elle, c’était des heures. Pas moins de six personnes pour la recevoir, elle se sentait petite, seule, sans défense. C’était encore une fois un rapport de force déjà pipé à l’avance. Elle essayait de sourire, de répondre aux questions. Mais Kara était persuadée d’être bien plus nulle que tous les autres. Elle perçut cependant dans le regard d’une des responsables des Ressources Humaines que son parcours actif dès le plus jeune âge lui parlait.

Elle joua donc cartes sur table, affirmant qu’elle avait voulu travailler très tôt, qu’elle préférait l’action aux études, et visiblement, son ancienne entreprise était assez en vue pour être un gage de qualité professionnelle. Le Directeur d’un des pôles commerciaux se leva pour venir lui serrer la main, elle s’inclina respectueusement en les remerciant d’avoir pris le temps de la recevoir… Et elle ressortit de cette grande pièce de réunion intimidante seule, se demandant si c’était bon signe.

Chamboulée, elle n’avait pas du tout repéré le chemin emprunté à son arrivée, et désormais, elle marchait au hasard, trop perturbée par son entretien pour réfléchir à autre chose que les phrases qu’elle aurait dû dire, ce qu’elle aurait pu argumenter, les bonnes réponses évidemment. Pourquoi y pensait-elle maintenant, c’était avant qu’il fallait s’activer enfin ! Grognon, elle pressa le pas, avant de s’arrêter dans un dédale de couloirs et lever le nez.

Merde, elle était perdue. A cette heure-ci, la nuit tombant, elle estimait que les employés devaient être rentrés chez eux. Du moins leur souhaitait-elle ; Kara soupira, en tournant les yeux à droite puis à gauche, à la recherche d’une âme charitable pouvant lui indiquer son chemin.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le jeudi 31 décembre 2020, 10:37:20
Curieux, et stimulé, aussi, par les taux de stress, de dénuement et d'autoflagellation qu'il pouvait sentir émanant de la jolie brunette nippone, Damien agit sans précipitation, et avec un véritable excès de tact, même : sans doute paraissait-il perdu puisque le réceptionniste lui offrit subitement son aide, après une longue hésitation. Il allait se vexer et lui dire de se mêler de ses oignons, mais un regard sur elle lui changea les idées. La jolie fille aux cheveux noirs de jais venait de se séparer de son dernier copain et débordait d'émotions complexes, souhaitant faire tomber les hommes pour se venger, mais voulant leur tomber dans les bras pour se rassurer sur son charme. Elle était prête à aller loin pour lui plaire.

" Oui, merci. C'est... Himiko, c'est ça ? "

Elle avait été à la fois surprise et surexcitée qu'il connaisse son prénom. Elle s'imaginait déjà qu'il l'avait convoitée de longue date et n'avait jamais osé lui en parler, se voyait face à un cas facile et gagnait à la fois en orgueil et en désir. La bouche en cœur, elle se cambrait en gonflant la poitrine, et faisait des tours en exposant ses meilleurs angles au regard du jeune Américain qui, lui, l'observait sans l'écouter. Il n'y avait personne, et l'entretien n'était pas encore fini.
Et à quoi bon ? Sans un mot, il passa la main sous les élastiques de la jupe et du string de la Japonaise et l'entraîna à sa suite dans la petite réserve attenante.

Il sortit l'air de rien, laissant la réceptionniste, échevelée, seins et croupe à l'air, avec tous ses habits encore sur elle, se remettre de ses émotions et des secousses de son orgasme, et passer ses doigts de façon absente autour de ses lèvres, là où la main s'était fermée sur sa bouche et lui avait interdit de faire du bruit.
Il pensait avoir un peu de temps encore, pourtant le comité de recrutement sortait, sans la brunette, riant en anticipant la soirée qu'ils allaient s'accorder avant de rentrer chez eux. Damien fronça les sourcils.

" ... Merde. "

Cette fois, pensait-il, son arrogance l'avait bien eu. Il avait couru deux lièvres à la fois et avait probablement attrapé le moins intéressant des deux. La réceptionniste était un bon coup et était jolie, mais elle n'avait ni les traits singuliers, ni le déficit de confiance pathologique de l'autre. Ne pas s'énerver, rester calme. Les Japonais rentraient rarement chez eux tout de suite après une longue journée. Elle était peut-être encore traçable. Peut-être avec une petite méditation ? Non, elle était encore bien palpable. Se laissant porter par le musc figuratif de ses émotions négatives, il s'étonna de se porter non pas vers la sortie, mais vers l'intérieur du bâtiment.
C'était curieux. Était-elle plus que ce qu'elle laissait paraître ? Une espionne, peut-être, venue voir où en étaient les programmes de Thorn Industries pour revendre l'information très cher au marché noir ? Non, ça ne collait pas au personnage. Pourquoi, alors ? Elle ne s'était quand même pas perdue... ?

Il se lança sur la trace sans attendre. Dans un cas ou dans l'autre, il avait déjà failli la laisser filer et, par pur orgueil personnel, il refusait de se laisser distancer sans effort par une proie qui ne l'avait même pas encore remarqué ; enfin, si peu...

Avec la connaissance des lieux et parce que Kara avait simplement tourné en rond, il ne lui fut ni difficile ni bien long de la rattraper. Il la retrouva, l'air hagard et enfermé, en tournant d'un couloir vers un autre. Il stoppa net et braqua une fois de plus son regard dans les iris bleus de la belle. Décidément, elle avait un type bien singulier ! Elle n'était peut-être pas la plus belle femme qu'il ait désiré, mais cela suffisait à la rendre spéciale, et à lui donner envie de l'ajouter à sa liste d'expériences terrestres.
Marquant la pause, silencieux, et gardant cette attitude nonchalante mais affirmée qu'il avait déjà au préalable, il la dévisagea sans montrer de surprise, l'étudia sous toutes les coutures comme s'il cherchait à savoir si elle cachait quelque chose, et se laissa envahir par les sensations vivaces qui n'allaient pas tarder à éclater en elle lorsqu'il ouvrirait enfin la bouche.

" Vous avez eu le job, alors ? "

Curieuse question, sans doute ; inattendue, certainement. Il étaya :

" Vraiment, ne vous sentez pas obligée de faire du zèle, on vous montrera votre bureau et les locaux demain. Je m'appelle Damien. Damien Thorn. Et vous êtes ? "

Il lui tendit une main assurée en lui laissant le loisir de réagir à sa convenance. Elle devait se douter qu'il savait qu'elle n'aurait pas eu la réponse immédiatement. Pour autant qu'elle le sache, il pouvait faire preuve de courtoisie en ignorant son étourderie.
Ou bien elle était très naïve et complètement perdue, et elle allait s'écrouler en tentant de s'expliquer.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le jeudi 31 décembre 2020, 11:59:14
Un sursaut accueillit la rencontre de ce regard calculateur dans les siens.

Toujours aussi bougon, Kara se disait sincèrement qu’elle venait de louper l’entretien, plus le temps passait et plus elle en était convaincue. Elle analysait les mimiques des recruteurs et se persuadait qu’ils étaient tous de mauvais augure.

Mais la venue de ce jeune homme, qu’elle se souvenait avoir croisé furtivement dans le hall, était une sorte de bouée de sauvetage. Il allait lui indiquer quel chemin prendre, escalier, ascenseur, n’importe quoi. Elle rentrerait chez elle, elle se changerait pour retirer ces vêtements qui la serraient trop, qui lui donnait une allure de robot normalisé, et retirerait ce maquillage idiot et convenable, et elle irait pleurer dans son lit. Oui, voilà. C’était un programme acceptable. Peut-être qu’il faudrait passer chez l’épicier du bas pour racheter de l’alcool. Elle méritait un petit remontant.

La froideur dans l’attitude de son vis-à-vis était presque tangible, c’était perturbant, mais Kara sursauta de nouveau quand il parla. Le … job ? Quoi ? Elle leva les sourcils, affichant clairement un visage surprit, incrédule en réalité. Masquer ses émotions n’était pas dans ses compétences, du moins pas quand elle travaillait.

La suite était encore plus absurde, pour elle, mais il y avait quelque chose d’assez puissant pour lui mettre le doute. Oh, merde, Damien Thorn, ce n’était pas comme le nom de ce grand bâtiment où elle se trouvait ? Oui, elle se souvenait, elle avait la petite carte de visite d’un des Directeurs dans la poche, qu’elle tâta par réflexe. Donc, ce mec était l’héritier de la boîte ? Ou un truc du genre. Elle cilla, se rendant compte qu’elle avait ouvert la bouche comme une carpe sans parler, et se reprit vivement.

« Euh. Oh, hé bien… » Raclement de gorge. « Kara Desco. » Fit-elle en approchant assez pour saisir sa main, trop mollement sans doute, et la secouer du mieux qu’elle pouvait dans cet état étrange. Si elle se trouvait bien en face d’un homme important, et qu’il avait l’air de croire qu’elle avait été embauchée, il serait sans doute acceptable de lui mentir, de dire qu’il avait raison, n’est-ce pas ? Aller, montre-moi mon bureau, fais changer les papiers, et HOP elle aurait la place ! Son regard s’illumina à mesure que son plan se formait dans son esprit manquant d’imagination, mais rapidement…

Non, c’était assez déloyal comme stratégie, tous ces gens dans le comité de recrutement se souviendraient très bien qu’ils ne l’avaient pas choisie, elle. Parce que c’était certain, elle ne serait pas sélectionnée, soyons honnête. Il y avait dans le hall des dizaines de candidats bien plus élégants, qui avaient l’air sûrs d’eux, charismatiques, l’œil du tigre !

« Ah ah… » Son rire nerveux accompagna une petite fossette sur sa joue. « Alors. Non… Je … J’aurai la réponse demain. » Est-ce qu’elle devait l’appeler Monsieur ? « Monsieur. »

Immédiatement, elle ricana pour elle-même, dans une profonde attitude de malaise.

« Enfin, demain… Ou peut-être jamais, hein. Enfin, pas que votre entreprise soit pire que les autres, évidemment. C’est pas ce que je voulais dire. » Elle se mordit la langue. « Juste. Il y avait plein de candidats, alors seuls ceux qui sont intéressants vont être appelés. Demain. Voilà. »

Son visage refléta, une seconde, la haine bien ancrée d’elle-même, et un sentiment conséquent de dégoût de soi. Quelle idiote, ses poings se serrèrent brièvement. Puis, en lâchant finalement un soupir, elle baissa les yeux pour fixer le sol, le visage mou d’une lassitude récurrente. Sa voix était moins aigue, comme si elle ne faisait plus semblant.

« Je suis perdue, voilà tout. Si vous. Si vous aviez l’amabilité de m’indiquer comment sortir de votre labyrinthe, Monsieur Thorn… » Elle en avait assez d’être elle-même, le passage chez l’épicier serait donc une étape obligatoire, et elle serait ivre, seule, chez elle ce soir.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le vendredi 01 janvier 2021, 16:44:48
Elle avait attrapé sa main comme si elle n'avait jamais serré une main, sortant d'une absence digne d'une mauvaise comédie populaire. Elle avait les doigts gelés et la paume légèrement moite, et c'était, combiné à sa démonstration du pire dans la poignée de main, une combinaison vraiment repoussante. Si Damien avait cherché en elle une femme accomplie avec laquelle jouer, il aurait aussitôt passé son chemin. Heureusement, encore que c'est discutable, il cherchait en elle la profonde dépréciation qu'il avait senti tout à l'heure et la ressentait à plein régime.
Alors, bien sûr, pendant une seconde il avait senti en elle un appétit, un appât du gain palpable, un désir vicieux de mensonges et de tromperie qui en avait fait pétiller ses prunelles ; mais elle l'avait écarté aussitôt et avait progressivement rechuté jusqu'à s'entraîner elle-même dans une glissade interminable vers les abysses de la dépression. Damien savait que les Japonais avaient un rapport au travail particulier ; même leurs loisirs étaient plus ou moins régis par leur travail, sans compter l'argent nécessaire en soi ; mais il n'avait jamais vraiment sondé dans l'esprit d'un Nippon en pleine phase de résignation et de descente dans les Enfers de la solitude et de la réclusion.
S'il avait été bon, il aurait eu de la peine pour elle ; mais le sourire compatissant qu'il afficha doucement à mesure qu'elle s'effondrait n'était qu'un masque dupliciteux destiné à faire croire à sa bienveillance. Après tout, elle était polie et bien élevée, elle l'appelait Monsieur tout naturellement, alors il n'avait pas spécialement à se forcer. Il l'observait et l'écoutait et se disait même qu'il avait trouvé un exemple particulièrement croustillant de victime-née.

" Tenez ! Je vous conduis. "

Il lui tendit son bras avec galanterie et soutint son regard avec gentillesse lorsqu'elle le remonta inévitablement pour le dévisager. Il attendit qu'elle s'en empare, gauchement ou non, puis il s'engagea doucement dans les couloirs ; prenant un détour à dessein, sachant pertinemment qu'elle ne s'en rendrait pas compte et qu'il allait avoir besoin d'un temps pour l'atteindre avec délicatesse. Il laissa flotter un silence entre eux, sûrement inconfortable pour Kara, avant de finalement prendre la parole à mi-chemin.

" Vous savez, Kara, vous ne devez pas désespérer. Ici, nous nous attachons à regarder au-delà des apparences et des grandes écoles. Vous avez toutes vos chances ! Je suis sûr que vous êtes une excellente négociatrice et que vous en valez la peine. Pourquoi ne pas me dire comment ça s'est passé ? Qu'est-ce qui vous fait penser que vous êtes recalée ? "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le vendredi 01 janvier 2021, 17:07:23
En attrapant son bras d’une main peu assurée, gênée sans doute par cette proximité qu’il imposait, mais qu’il aurait été impoli de refuser, Kara essaya de sourire un peu, sans doute pour le remercier. Il devait avoir autre chose à faire que s’occuper des candidats perdus, surtout si c’était bien quelqu’un d’important ici. Elle avait envie de le lui signaler, et que simplement lui donner la direction à prendre suffirait, mais…

Le silence était assez peu agréable, en effet, du côté de Kara. Elle n’avait rien à dire, ou ce qu’elle voulait lancer paraissait idiot. A part un léger « Oh, merci, c’est aimable à vous. » pour le remercier de sa conduite. Il agissait en parfait gentleman. Comme souvent, de toute façon. Enfin, non, les gens étaient rarement gentils gratuitement, mais en entreprise, quand on n’était pas salariés, l’impression était souvent bien meilleure qu’une fois à l’intérieur. Ses collègues, ses anciens collègues, avaient l’air super sympa, avant qu’elle n’intègre l’équipe des ventes… Ils avaient mis deux ou trois jours avant de lancer les hostilités, dès qu’ils avaient comprit qu’elle ne coucherait pas avec eux, et qu’elle leur volerait du chiffre d’affaires. Ils devaient être super contents, à l’heure qu’il est…

En réalité, la dernière chose dont elle avait envie était de parler de l’entretien, mais il n’était pas correct de le lui rétorquer, d’autant qu’il lui montrait la sortie. La poigne de sa main sur son bras était molle, pas vraiment qu’elle le soit elle-même, mais plus pour éviter d’avoir l’air d’en profiter. Quelque chose était dérangeant chez cette personne, il avait l’air jeune, mais l’impression qu’il dégageait était contradictoire avec son apparence, d’autant qu’il avait l’air parfaitement sûr de lui, aussi charismatique qu’un homme d’âge mûr. Peut-être sa position au sein de l’entreprise nécessitait-elle qu’il se montre digne, ou quelque chose du genre… D’autant que les étrangers lui semblaient souvent bien plus âgés.

Elle se racla la gorge pour essayer de parler de manière plus claire. Le couloir faisait résonner leurs pas.

« Je ne m’attends à rien, voilà tout. » Finit-elle par lancer, avec une étrange franchise. Le baratiner ne servait à rien, elle estimait n’avoir aucune chance. Elle ne répondait pas à ses questions, volontairement. Parler d'elle lui semblait pénible, inutile.

« Il est difficile de voir au-delà des grandes écoles ou des apparences lors d’entretiens si normalisés et protocolaires : nous étions tous habillés pareil, à quelques détails près, nous avons un cursus identique, et sauf erreur de ma part, nous sommes tous aux abois. Que nous soyons de bons vendeurs ou non, celui qui demandera le plus bas salaire pour la qualité relative de son CV sera pris. »

Elle haussa les épaules, comme si elle oubliait à qui elle parlait.

« D’autant que, s’il ne convient pas, vous avez des dizaines d’autres qui se presseront pour prendre sa place. Notre passion n’est pas de vendre de la camelote, notre passion c’est payer notre loyer. »

Kara sentit qu’elle venait de dépasser les bornes, sans même s’en rendre compte avant. Elle s’arrêta, immobile, et lâcha doucement le bras de Thorn. Déconfite, elle s’inclina, les paumes sur les genoux.

« Pardonnez-moi, ça a été une après-midi éprouvante, je saurai retrouver mon chemin. Merci Monsieur. »

Si elle avait eu une chance quelconque d’avoir le poste, elle était persuadée de l’avoir sabotée. C’était tout elle. Merder même face à celui qui avait le pouvoir de la faire embaucher d’un claquement de doigts. Mais la jeune femme en avait assez de tous ces chichis et il fallait retourner la haine qu’elle avait d’elle-même sur quelque chose, alors… Elle s’était lâchée. Tant pis. Il y avait pleins d’autres entreprises, de boutiques, de supermarchés qui recrutaient. Même un boulot de nuit lui irait, après tout, elle dormait déjà tout le jour…
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le vendredi 01 janvier 2021, 17:40:37
Miss Desco n'était pas des plus stables ; mais, une fois encore, il ne l'avait pas choisie pour sa stabilité. Comme elle se lâchait doucement, il s'émerveillait de son désenchantement et de sa désillusion. Il se doutait maintenant qu'elle serait assez facile à duper, à condition d'y aller doucement bien sûr. Elle avait tant de morosité dans sa vie, et surtout contre elle-même, que la première personne prête à lui pardonner et lui apporter un peu de positivité serait accueillie à bras ouverts. Il voyait dans son passé une série d'histoires devenues trop vite trop sérieuses et l'ayant chaque fois dévastée lorsqu'elles se brisaient, soudainement d'apparence mais, en réalité, après une longue série de signaux sans équivoque.
Il aurait aimé qu'elle dépasse les bornes, et une fois de plus elle fit preuve d'une extrême diligence à le contenter. Il se fichait pas mal qu'on critique les produits de la Thorn, ses détracteurs étaient nombreux et cette filiale en particulier ne vendait, à ce stade, que des promesses et un rêve, mais il pouvait user de ça pour la faire culpabiliser et obtenir ce qu'il voulait d'elle. Quand elle s'arrêta et le lâcha, il s'arrêta à son tour et tourna vers elle un regard vexé et un peu peiné. Il la laissa s'excuser et chercher à se débiner, ne dit rien, la fit patienter quelques secondes tête baissée ; puis il inspira profondément.

" Je me suis peut-être trompé. Comment vendre un produit quand on n'y croit pas du tout ? "

Il laissa planer un autre silence déçu avant de soupirer.

" Mais, bien sûr, on ne travaille pas pour la gloire. C'est idiot de penser ça. Vous m'avez blessé, mais vous n'avez pas vraiment tort. Je vais vous laisser sortir... si vous acceptez une invitation à boire un verre. Ce soir, si vous n'avez rien de prévu ; et je me doute que vous n'avez rien de mieux à faire, je me trompe ? "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le vendredi 01 janvier 2021, 18:02:12
Le jeune homme avait l’air vexé, elle l’avait blessé, il l’avait même dit, preuve qu’il était assez sûr de lui pour exprimer ses sentiments. Merde. Elle déglutit en relevant les yeux. Dire la vérité avait été facile, libérateur un peu, mais finalement, le sentiment d’avoir blessé quelqu’un n’était pas si bénéfique… Elle se sentit mal, immédiatement, et se mordit l’intérieur de la joue.

Elle avait la réponse avant le lendemain.
Il avait vu qu’elle n’était pas motivée pour le poste, et il allait en référer aux affreuses personnes de ce comité, tous ces costards cravates bien propres… En ignorant une vague de colère monter en elle, Kara balbutia rapidement, pour éviter de paraître pour une demeurée, alors qu’il venait de. Quoi ?

« Quoi ? »

Aller boire un verre ?
Elle écarquilla les yeux et eut alors une expression presque méfiante. Pourquoi voudrait-il sortir avec elle ce soir ? Oui, bon, d’accord, elle n’avait rien de mieux à faire, à part peut-être acheter une bouteille bon marché et la siffler toute seule, devant une série merdique. Il restait peut-être de la glace au frigo, et elle savait que le vendeur de la boutique de jeux vidéo streamait ce soir. Elle passerait surement l’encourager. Et puis, il serait ravi, lui enverrait quelques compliments, qui feraient grimper un peu son estime d’elle, avant … avant de se dire qu’elle était une horrible personne de l’allumer sans jamais rien lui donner en retour.

« Hé bien. D’accord. » Avec un pincement de lèvre, un peu vexée qu’il pense sa vie assez nulle pour ne rien avoir de prévu, même si c’était vrai, Kara haussa une épaule, la mine légèrement désolée.

« Je… C’est sans doute le moins que je puisse faire, pour m’excuser de… » De l’avoir pratiquement insulté ? Elle toussa brièvement. « De vous avoir blessé. Je… »

Elle laissa la fin de sa phrase en suspens, ne sachant de toute façon pas comment arranger les choses. Que risquait-elle à passer la soirée avec le charismatique Damien Thorn, après tout ? Au pire, il était chiant comme la pierre et elle aura bu, et au mieux, il allait voir qu’elle était exceptionnelle et allait l’embaucher…
Dans tes rêves, Kara.

La relation de subordination inhérente à son rang la mettait toujours mal à l’aise, et elle avait du mal à se dire qu’elle devrait se détendre avec lui. Deux semaines après être arrivée dans son ancienne boite, Phil avait invité toute l’équipe des ventes au restaurant, après une bonne session. Ca avait été l’enfer : guindé au début, cordial au milieu, et humiliant à la fin, quand la moitié était ivre, et l’autre toujours aussi pincée… En entreprise, se lâcher était souvent mortel…

Mais, avait-elle encore une chance ?
Probablement pas. Elle haussa les épaules comme pour chasser cet espoir idiot et esquissa un sourire.

« Vous voulez qu’on y aille maintenant ? Ou. Ou je vous rejoins plus tard ? »
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le vendredi 01 janvier 2021, 21:04:24
Clairement, elle n'aimait pas du tout cette idée et elle aimait clairement encore moins le fait de s'y sentir forcée. Mais elle avait au fond d'elle un soupçon d'espoir, le même qui la faisait tenir, jour après jour, et elle pensait peut-être encore pouvoir rattraper le coup. Et bien ! Si elle se laissait pousser des ailes malgré son défaitisme, il n'hésiterait pas à s'en servir. Il se focalisa sur ce léger miroitement de lumière en elle et se promit de ne pas le lâcher des yeux. S'il y avait bien une faille absolue en elle, c'était cet espoir, ce fil accroché à la vie que chaque mortel entretenait avec terreur et appréhension. Il ne comptait pas le couper, mais s'en servir tel un marionnettiste. Qui sait ? Il s'était attaché à son cousin Mark, autrefois, et il avait parfois un faible, même vicieux, pour certains mortels particuliers. Il pourrait bien avoir envie de la faire ramer un moment...

Il se décrispa à ses excuses, mais conserva un masque de légère déception pour entretenir chez elle le sentiment de l'avoir affecté et d'avoir quelque chose à réparer. La pardonner tout de suite eut été bien trop contre-productif, il devait absolument faire de sa culpabilité maladive un instrument. Elle qui se sentait sûrement déjà coupable de respirer par moments ne devrait pas avoir de mal à se plier en quatre pour chercher l'absolution.
Dans tous les cas, il ne pouvait pas la laisser filer. Il fallait battre le faire tant qu'il était chaud. Tant qu'elle n'était pas vraiment prête à revenir à lui sans sourciller, il ne devait pas la lâcher.

" Vous êtes très bien. Je pensais que les Japonais appréciaient de s'amuser entre le travail et le retour chez eux, mais j'ai pu mal comprendre ou interpréter votre culture ? "

Il haussa les épaules. La méprise était possible, encore qu'à voir les groupes de travail quittant le travail pour s'enivrer jusqu'à l'évanouissement chaque fin de semaine, symptôme du surmenage et de la discipline écrasante généralisées dans le pays, il ne pensait pas vraiment se tromper.

" Quoi qu'il en soit, je vous invite, alors je fixe les règles. Un soucis avec ça ? "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le vendredi 01 janvier 2021, 21:34:12
 Le visage penché sur le côté tel un gentil cocker, Kara observa le visage encore légèrement désappointé de Monsieur Thorn. Elle n’était pas sûre d’avoir réellement compris ce qu’il avait voulu dire lorsqu’il parlait des Japonais et de leur amusement après le travail, si c’était une critique ou une sorte de compliment, mais finalement… s’en fichait un peu.

Evidemment, elle n’aimait pas vraiment les arrogants qui se moquaient de sa culture et de son pays, mais elle savait aussi qu’elle pouvait mal interpréter, et facilement, en plus… Prompte à s’enflammer sur le web à ce sujet, mais assez peu patriote, elle haussa une épaule pour tenter de le rassurer sans trop se mettre en défaut.

« Je ne suis pas contre les sorties, je vous rassure. » C’était bien, ça non ? Et puis, ce n’était pas comme si on lui proposait souvent d’aller boire un verre. Allons, ma grande, peut-être devrais-tu te montrer légèrement plus aimable ?

« J’ai rarement l’occasion d’aller … m’amuser… avec des gens comme vous, c’est tout. »

Elle pinça les lèvres avant d’esquisser un sourire plus marqué, faisant vraisemblablement un effort pour paraître plus agréable, même si cette journée était globalement un enfer. Le diktat de la jeune femme souriante était contraignant, mais malheureusement trop ancré dans les mœurs pour qu’elle se permette de le remettre en question ce soir. D’autant face à un homme influent. Pas moche, au demeurant, mais bizarre. Elle avait l’impression qu’il avait quarante ans. Son regard était pénétrant.

Kara déglutit.

Ses règles ? Elle plissa les yeux et un léger frémissement parcourut son échine. Que pouvait-il mal se passer ? Est-ce que c’était une sorte de pervers ? Que risquait-elle à le laisser imposer deux trois règles, les hommes avaient tendances à s’annoncer Maître de la situation, et finalement étaient décevants. Cette pensée l’aurait fait rire, elle se contenta d’un rictus, qu’elle chassa vite se rendant compte du peu d’à propos de sa réaction. La jeune femme reprenait du poil de la bête.

« Je suppose que non, mais n’imposez pas un lieu minable avec une musique bidon, s’il vous plait. » Elle ricana, nerveusement.

« Sauf si vous voulez vraiment me torturer pour vous avoir blessé, ce qui serait presque de bonne guerre. » En tout cas, c’est ce qu’elle aurait répondu à quelqu’un qui n’était pas Grand Manitou de l’entreprise où elle aimerait bosser. Tant pis. Elle venait de se mettre en tête qu’elle allait devoir naviguer en eaux troubles, avec un homme intransigeant en face, et être un peu agréable avec lui. Ce serait peut-être facile, et cela passerait vite, hein ?

Elle manquerait le début du stream de DarkLord, mais elle savait qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur dès lors qu’elle lui aurait envoyé un émoji cœur après « hé salut, sympa ton stream »… Et puis, un verre gratis, ça ne se refuse pas…

« Je vous suis, Monsieur Thorn. » Souffla Kara, soucieuse de rester respectueuse, et se doutant que ces gens importants adoooorent qu’on leur donne du monsieur.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le vendredi 01 janvier 2021, 22:10:55
Damien leva un sourcil circonspect quand elle le supplia avec humour de ne pas l'amener dans un rade pourri, jouant de cynisme et de second degré, mais il ne dit rien. Il voulait la laisser prendre ses aises et imaginer avoir du contrôle sur la situation, et il trouvait absolument délicieuse la manière dont elle s'amusait des règles qu'il souhaitait poser. Très bien ! Qu'elle le prenne avec amusement et se pense à l'abri de toute situation problématique. Il ne serait que plus simple de refermer les filets sur une proie qui ne se doutait de rien et nageait tranquillement dans ses eaux familières.
Il lui faudrait juste tâcher de désamorcer ce tempérament légèrement flamboyant qu'il soupçonnait derrière le vernis de timidité de Kara, mais cela viendrait en temps et en heure. Il lui fallait trouver la bonne manière de la prendre véritablement en défaut et de la forcer à assimiler colère et révolte avec malheur. Tout viendrait en son temps. Pour l'instant, il fallait amadouer la jeune femme et lui faire croire qu'elle s'en tirait à bon compte, et passait une bonne soirée inattendue avec une personne inattendue. Il lui accorda un sourire en coin pincé en lui tendant son bras à nouveau.

" Bien, vous appliquez la première règle par vous-même. Ne l'oubliez pas : c'est Monsieur Thorn. "

Il jouait lui aussi avec le ton de l'humour léger, mais il ne plaisantait pas vraiment. Par jeu, il comptait bien la faire aller progressivement plus loin jusqu'à ce qu'elle n'arrive plus à pouvoir faire marche arrière. Et alors, le véritable amusement commencerait...
La réceptionniste, Himiko, était en train de ranger son plan de travail quand ils traversèrent le hall vers la sortie, et son petit nuage éclata sous elle comme elle ne mit à fusiller du regard l'inconnue qui filait au bras du richissime jeune homme.

Le parking était pratiquement vide, et il ne restait que les véhicules d'un gardien et de la réceptionniste, et bien sûr celui de Damien, une sportive allemande à motorisation électrique dont il ouvrit la porte passager pour convier la Japonaise à s'y installer. Un instant plus tard, ils étaient en route, le son d'une chanson rock flottant doucement au-dessus du bruit des pneus sur l'asphalte.

" Si vous avez une adresse en tête, entrez-la dans le GPS. Sinon, je connais un bar atypique qui devrait au moins vous sortir de l'ordinaire. Au fait : verre payé, verre consommé. J'espère que vous n'avez pas peur de vous défriser ? "

Lui aussi pouvait piquer, et il lui adressa un sourire malicieux avant de remettre les yeux sur la route.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le vendredi 01 janvier 2021, 22:45:35
Cette voiture était vraiment impressionnante. Kara n’avait jamais tant apprécié que cela les bagnoles, c’était accessoire pour elle, mais évidemment c’était toujours plaisant, un signe extérieur de richesse qui faisait rêver, après tout. Elle repensait au regard noir qui l’avait fusillé dans le hall, se disant qu’elle venait de faire une jalouse, loin de s’imaginer les véritables raisons de cette haine. Et… elle eut un petit sourire en coin, sardonique.  Elle était repartie au bras d’un mec important, en costume. Après être entrée minablement pour un entretien de commerciale… C’était un bon ratio, non ?

C’est du moins ce qu’elle aurait dit à n’importe qui lui aurait décrit la scène. Et elle avait vu juste sur Damien Thorn, il était important et il se croyait plus important encore : il fallait lui servir du Monsieur à tout va. C’était sa règle numéro 1 ? Lorsqu’il l’avait édictée, Kara n’avait pas bronché, et s’était contentée de sourire un peu, prouvant qu’elle avait compris, mais ne prenant pas cela si au sérieux que cela.

C’était bien tous les mêmes, les mecs en costume. Tellement imbu d’eux-mêmes ! Si elle avait senti une sorte de connivence, elle aurait sans doute faussement minaudé pour lui souffler « Oh, bien sûr Moooonsieur Thooooorn » en roulant les r à l’américaine, mais elle était loin de cette capacité pour l’heure. Il était trop impressionnant et puis… C’était un Patron. Il avait l’air de tenir à ce qu’elle se montre respectueuse, comme le voulait les convenances, la société, alors. C’était peu cher payé. Elle avait été presque bien éduquée là-dessus, la politesse, tout ça. Ses nombreuses années d’expériences professionnelles, surtout, avaient forgées des compétences en étiquettes rudimentaires. Assez pour survivre sans froisser trop ses Boss. Pas trop.

Aussi, les rues défilants, Kara fut tentée de se pencher pour ajouter au GPS les coordonnées du club où elle allait jadis avec ses collègues. Mais les croiser ne lui disait trop rien… Quoi qu’apparaître au bras d’un jeune homme de la trempe de Damien Thorn saurait sans doute leur faire fermer leur… rabattre leur caquet. Pourtant, sa curiosité était piquée par l’annonce du ‘bar atypique’. Qu’est-ce que cela voulait dire, pour un étranger, atypique ?

« Allons pour votre Bar Atypique, les endroits où je vais ne vous méritent pas. » Elle se retint de ricaner, même si elle avait cherché à faire de l’humour, presque un compliment ! Il devait fréquenter des lieux de riches, et évidemment, elle était loin de pouvoir se payer des carrés VIP. Kara tourna la tête vers lui en sentant son regard sur elle, et à son sourire taquin, elle répondit avec une sorte de soulagement agréable. Il savait être drôle, finalement !

« Verre payé, verre consommé. Vous ignorez qu’il m’en faudra bien plus d’un pour être défrisée. Vous allez réussir à suivre ? » Cette fois, elle gloussa vraiment avant de se reprendre, comme si elle avait faussement oublié les mesures d’usage, en insistant. « Monsieur Thorn. »

Elle resta à regarder son profil lorsqu’il reporta son attention sur la route, et se fit la réflexion que, peut-être, cette soirée allait vraiment être plaisante.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le vendredi 01 janvier 2021, 23:30:24
Damien ricana en retour à l'élan compétitif de Kara : quand elle prenait de l'aise, elle révélait des aspects d'elle nouveaux, et il avait bien fait de la mettre à l'aise. La compétition était saine quand elle était raisonnable, mais il soupçonnait son caractère flamboyant de s'en mêler lorsqu'elle se mettait à parier, et quand l'orgueil se mêlait à l'affaire, les choses pouvaient aller bien plus loin que nécessaire. Incapable d'être intoxiqué ou empoisonné, Damien pouvait feindre l'ivresse et la mener plus loin qu'elle ne l'aurait dû. Mais cela devrait attendre que les choses se soient bien engagées.
Pour le moment, il prenait la route du club mystérieux, ne faisant pas de folies dans les rues tranquilles et s'éloignant rapidement des bureaux et de la zone d'activité pour entrer en ville. L'endroit où ils allaient était très discret, et on y trouvait son chemin par le bouche-à-oreille ou par erreur. Le quartier dans lequel il amena Kara n'était, en soi, en rien remarquable : c'était dans la vieille ville, légèrement excentré. Il y avait surtout des immeubles de ville, de petits bars et restaurants et des commerces en train de fermer. Les rues étaient tranquilles, l'activité à l'arrêt, et rien ne laissait penser que le lieu promis se trouvait tout près. Quand Damen se gara dans une rue aux luminaires vieillissants, il put lire le doute sur le visage de Kara, mais il s'en amusa tout en sortant pour venir lui ouvrir.

" Un peu de foi ! "

Lui rendant son bras, verrouillant la voiture, il marcha avec elle sans destination apparente en vue, mais s'arrêta pourtant après moins de dix mètres, devant la porte banale d'un immeuble banal, sans marque particulière. Damien sonna, un sourire aux lèvres, puis attendit patiemment, sans un mot. La porte s'ouvrit sur un grand balèze à l'air peu commode et à la coupe en brosse, habillé en uniforme noir d'agent de sécurité. Mais qui avait un agent de sécurité aux allures de catcheur sous stéroïdes pour gardien d'immeuble, demandez-vous ? Et bien, Kara n'allait pas tarder à le savoir. Après que le bonhomme les ait laissé passer sans un mot après un bref regard au jeune Américain, soudainement docile et déférent, celui-ci entraîna la Japonaise au bout du couloir d'entrée jusqu'à une porte aveugle au fond de celui-ci.
Il toqua et, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit. C'est cette fois une hôtesse au maquillage noir et en bustier de latex rouge qui leur ouvrit avec un sourire, leur faisant signe de la suivre dans un escalier étroit qui descendait dans la pénombre. Et, comme encerclant l'espace confiné, un rythme lourd s'alourdissait à mesure qu'ils descendaient. La porte se ferma derrière eux, une autre finit par s'ouvrir, dévoilant rapidement aux visiteurs une salle sombre balayée par les faisceaux blancs et les projecteurs rouges. Une masse de gens non identifiables s'agitait devant une piste où un DJ mixait un morceau électronique puissant et deux danseuses excitaient l'assistance en se trémoussant ou en exécutant des prestations pyrotechniques.
Tranquillement, Damien amena Kara le long du fond de la salle jusqu'à ce qu'elle bute sur le bar. La surface vitrée était rétroéclairée de blanc et de rouge et une liste de boissons se répétait en-dessous. A l'arrière du bar, des bouteilles, des verres et des enseignes lumineuses, tant familières du Japon que d'importation. L'Antéchrist en habits sages avait déjà fait signe au barman.

" Une bouteille de Jäger et deux shooters ! "

Le type fit un signe de tête, disparut derrière le comptoir et réapparut quelques secondes plus tard en ouvrant devant eux une bouteille verte et de poser deux shooters de la même couleur. Il servit les premiers avant de laisser la bouteille sur place et de repartir. Sans hésiter, Damien prit un shooter, tendit l'autre à Kara et trinqua avec elle. Cul sec ! Il fit disparaître l'alcool au fond de sa gorge et reposa le verre dans une exclamation satisfaite.

" Alors ? " lança-t-il à son invitée, " Est-ce que c'est minable et bidon, ou ça passe ? "

Il lui fit un grand sourire avant de remplir leurs verres à nouveau, mais sans trinquer immédiatement.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le samedi 02 janvier 2021, 00:31:26
Quand elle avait vu la carrure du malabar devant elle, Kara c’était dit que Damien Thorn c’était trompé. Ce mec pouvait écraser des têtes comme des noix entre deux doigts, elle en était persuadée. Merde, elle déglutit, peu à l’aise. Mais ce fut pire encore quand elle découvrit l’hôtesse, et qu’elle les mena tout bas.

C’était assurément étrange, inattendu. Elle se demandait si ce n’était pas une boîte échangiste, ou une connerie du genre. Peut-être que c’était bien un pervers. Le doute l’envahissait plus ils descendaient, mais la musique parut avoir un effet bénéfique sur elle. C’était un club, juste un club. Elle balaya la salle du regard, plissant les yeux, un peu aveuglée le temps de se faire aux lumières franches et mouvantes. Elle n’aimait pas cette musique, mais peu importait, elle savait que c’était accessoire dans ce genre de lieu, quand elle s’y présentait d’elle-même, non tirée par des collègues ou des copines, pour ce qu’elle en avait. L’alcool était souvent sa seule raison de franchir ces établissements, se soûler vite et bien, oublier sa vie morose dans les bras de n’importe quel mec qui ne soit pas trop un tocard. En général, de toute façon, elle s’en rendait compte après, seulement.

Le standing était bien plus haut que ce qu’elle avait l’habitude de fréquenter, et elle s’étonnait qu’un homme qui avait l’air si sérieux et détaché que Thorn apprécie ce genre d’endroit. Pourtant, il avait l’air de se détendre, lui aussi, et c’était assez plaisant… Kara le préférait ainsi, et de loin ! Elle fut tentée de le tutoyer, mais se retint de justesse.

« T – Vous aviez raison, c’est atypique. » Ricana-t-elle pour se donner du courage, essayant d’éviter de penser que la situation était bizarre. Elle s’était laissée emportée par le défi qu’il lui avait tendu sur un plateau, mais était-il convenable de boire avec un éventuel futur Patron ?

Cul-sec.
Elle leva son bras, ouvrit la bouche, projeta directement le liquide dans sa gorge en lançant la tête en arrière, en faisant sauter sa frange. L’alcool pourtant glacé lui brûla la trachée.

« Oh, merde ! » Lança-t-elle naturellement, en s’essuyant la commissure des lèvres du pouce, et reposant un peu trop vivement son petit verre.

« Ça passe, Monsieur Thorn, ça passe bien ! » Elle avait dû élever un peu la voix pour couvrir le gros son, et son sourire indiquait qu’elle ne semblait pas parler que de l’endroit.

Second verre. Elle le regarda verser, et releva les yeux vers lui, levant un sourcil. Une expression de défi ?

« Oh. Je vois. » Il voulait la souler très vite, songea-t-elle. Ou être ivre rapidement ? Elle savait qu’à son poste, son ancien poste, la vie était déjà bien assez dure, alors, peut-être que pour un Thorn, les responsabilités pesaient ? Qu’il avait besoin de décompresser comme tout le monde ?

Pourquoi avec elle ?
Elle avança son shooter et le cogna contre le sien en s’avançant un peu, l’air presque félin.

« A quoi on trinque, » Son visage exprima, une seconde, un frémissement d’une assurance puissante. « Monsieur Thorn ? »
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le samedi 02 janvier 2021, 01:08:54
Kara n'était pas fan, mais elle n'était pas déçue. Plus que cela : elle continuait de se détendre, et l'avenance de Damien comme le premier coup de fouet de l'alcool avaient certainement aidé à cela. Il réalisait qu'elle se foutait en fait bien de l'endroit ou des circonstances tant qu'elle se retrouvait dans une compagnie qui lui fasse oublier, un instant, sa solitude et la morne monotonie de son existence. Elle souriait de toutes ses dents entre ses lèvres fines, ses yeux fins s'étirant en deux lignes brillantes, et il pouvait en déduire qu'elle était séduite. Non, il ne se sentait pas déjà vainqueur et en terrain conquis, mais elle était résolument séduite par la situation et la compagnie. La journée avait été dure, le moral avait été au plus bas, et la voilà dans un lieu qu'elle n'aurait probablement jamais connu sans cela à boire à l'œil avec un gars certes plus jeune qu'elle, mais probablement intriguant.
En parlant de boire, il avait fait exprès de ne pas s'empresser de trinquer une deuxième fois, même en constatant, au regard de la belle, que la musique ne l'attirait pas particulièrement. Se montrer trop pressé de la faire boire ce deuxième verre aurait été suffisant pour jeter un doute quant à ses intentions, mais jusque là il avait pris soin de ne pas bouger les verres qu'il avait rechargé. C'était calculé, bien entendu : il voulait laisser Kara trinquer à son rythme, au moins une fois sur deux, pour qu'elle garde un contrôle sur la situation, même illusoire ; et à voir son air de défi à la vue du remplissage, il s'attendait à des résultats rapides, qui ne se firent effectivement par attendre. Le petit verre tinta entre ses doigts. Il soutint son regard et sourit malicieusement, la laissant s'avancer selon ses termes. Il était ravi de la voir se détendre, oser le fixer et se mettre à l'aise. Elle ne tarderait probablement pas à devenir vraiment très intéressante.

" Et si tu trinquais à la chance et aux verres gratuits, pendant que je trinque aux charmantes compagnies ? "

Il ricana avant de faire disparaître son visage derrière son coude relevé, poussant Kara et son esprit de compétition maintenant bien établi à ne pas se laisser distancer. Il l'avait tutoyée et comptait bien voir si elle en profitait pour causer une incartade, ce qui justifierait un autre levier ascendant sur elle. Les verres rejoignirent le comptoir l'un après l'autre dans des exclamations brûlantes et, sans attendre, Damien les remplit à nouveau. Il plissa légèrement des yeux pétillants, laissant paraître que l'alcool commençait à doucement lui monter à la tête et, cette fois, il prit les devants, croisant leurs bras, les rapprochant plus encore qu'ils ne l'étaient, et passant le shooter de Kara dans sa main.

" Vraiment, Desco, tu vas me faire croire que tu t'en fous du boulot avec un caractère comme le tien ? T'es une battante, ça se voit ! Et jolie avec ça ! Tu te rends pas compte ! Allez ! Kanpai ! "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le samedi 02 janvier 2021, 10:59:37
Whouaou, Damien Thorn venait de la tutoyer ! Il donnait même dans le compliment, la qualifiant d’agréable compagnie. Hey, il flirtait là ? Hein ? Elle avait toujours été aveugle pour les signes qui ne trompaient pas, mais étrangement, une fois pompette, elle en voyait partout, des preuves. Et surtout, elle avait envie de les percevoir, n’importe quoi, même infime. Puisque de toute façon, lorsqu’elle se retrouvait en club, dans un bas de nuit ou au karaoké, les gens venus pour la même raison qu’elle se remarquaient assez facilement…

« Okay, juste aux verres gratis alors ! » Elle pensa alors que cette soirée serait géniale. La musique commençait même à devenir moins assourdissante, elle se faisait aux éclairages vifs, le son semblait s’accorder avec les battements de son cœur. Kara leva le bras et s’enfila le verre avec un geste expérimenté. Impossible de laisser Damien croire qu’elle ne le suivrait pas, il ne savait pas à qui il avait affaire !

Et il avait vraiment l’air de devenir sympathique, à mesure qu’il buvait, ce jeune homme. Même si une bonne partie d’elle-même se demandait ce qu’il foutait avec elle, ou ce qu’elle foutait avec lui, alors qu’elle avait un programme sans gueule de bois de prévu… Peu importait les lendemains, quand elle sortait. Elle n’avait déjà pas envie, en temps normal, de penser à l’avenir, alors pensez, en soirée.

Son petit verre fut reposé avec énergie près du sien, comme un geste victorieux où elle tira la langue sous les morsures piquantes à sa gorge. Elle adorait ça. Elle adorait l’instant précis où c’était pénible, pour devenir délicieux. Il lui semblait que la boisson éveillait ses membres, et surtout ses sens, si bien que, lorsqu’elle perçut le rapprochement de Damien, Kara plissa ses petits yeux de fouine et lui offrit un sourire sarcastique à souhait. Elle était sur le point de répliquer une pique, quand elle fut surprise par le contact du verre dans sa main, et le geste du jeune homme, désormais très près. Un shooter encore rempli, si vite, et cette invitation... Ses yeux passèrent de son visage au verre, par si éloignés, et remontèrent à nouveau dans les yeux de l’héritier.

Une seconde, elle se mordit la lèvre, et ce qu’il lui dit la toucha profondément. Une battante, vraiment ? Jolie ? Ses pommettes se teintèrent de rose, elle cilla, même, ayant l’impression que la musique avait cessé.

Et la seconde d’après, elle éclatait de rire au visage de Thron, trinquait encore, un peu fort sans doute pour cacher son trouble, et avalait le liquide ardent. Elle frissonna, se sentant clairement partir doucement. Cette sensation était géniale, c’était maintenant qu’elle appréciait les fêtes, les sorties, les gens.

« J’serai pas sans emploi si j’étais une battante, Monsieur Thron enfin, si tu crois qu’être jolie règle les problèmes. » Elle gloussa, d’une manière assez franche pour garantir son début d’ébriété.

Kara tira sur son décolleté. « Ça me rapporte que dalle, à part des emmerdes. Toi, par contre, avec ton petit visage et ta belle voiture, ça, ça aide. Pourquoi tu bois des coups avec des chômeuses et pas un club de milliardaires ? »

Elle savait qu’elle parlait trop, mais cela la faisait visiblement rire.

« C’est à toi, toute l’entreprise Thorn ? J’ai lu les chiffres sur internet, c’est carrément im-mense. Comment tu fais pour pas péter un plomb ? »

En se redressant, dénouant leurs bras maladroitement, la jeune femme se leva pour lui prendre la bouteille des mains, et refit le niveau des shooters. Elle ricanait toute seule, fronça les sourcils, fit une moue grognon, avant de planter ses yeux dans les siens, assurée.

« Tu sais pourquoi j’suis pas prise, Monsieur Thorn ? Parce que les entretiens c’est du vent. Mets-moi dans une succursale, fais-moi appeler des prospects au téléphone, donne-moi des fiches-produits à potasser. Moi je veux du concret, les gens veulent du concret, on s’en branle des conneries de la pub, ils veulent parler à une vraie personne. J’ai vendu des crèmes aux plantes pour mec à des veuves pendant des années, ce qui compte c’est pas le produit, c’est la personne en face. »

Kara était convaincue, son regard vibrait et son bras était étrangement maîtrisé lorsqu’elle reposa la bouteille, en se penchant un peu comme pour lui délivrer une confidence.

« Quand tu les as habituée à dire ‘oui’ une fois ou deux, elles peuvent plus refuser. »
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le dimanche 03 janvier 2021, 21:44:19
Il a frappé fort ; un direct du droit métaphorique pile dans les protections molles de la Japonaise. Le coup d'arrêt comme la réaction excessive étaient le signal d'un coup réussi. Elle avait été touchée et se mettrait maintenant à riposter pour tenter de défendre son opinion écœurée d'elle-même dans le seul but de voir l'Américain la contredire encore et vexer son malheur un peu plus. Il n'avait pas besoin d'être télépathe pour savoir qu'elle l'invitait à la toucher encore, à faire tomber ses barrières à coups d'alcool et de compliments, et que cette soirée qu'elle ne désirait pas, dont elle avait une opinion si défavorable, était devenue ce qui lui était arrivé de mieux depuis qu'elle avait commencé à s'enfoncer dans les abimes de la solitude du chômeur.

Et elle l'invitait à tambours battants !
Elle conspuait son corps et tout le malheur qu'il lui avait causé depuis que les autres autour d'elle avaient pris conscience qu'elle était femme. Bien sûr, elle s'opposait à lui sans savoir, l'invitant à la contredire, à oser dire que lui aussi pouvait être misérable.
Après tout, que faisait-il avec une ratée comme elle ? Lui qui était théoriquement riche à milliards aurait dû traîner avec des top models et de vieux barons du capitalisme.
De toute façon, cette boîte-là, c'était pas ce qu'elle cherchait. Elle voulait du vrai, et en appelait là à des actes plus vrais comme elle remplissait leurs verres sans attendre, hâtive de recevoir le prochain coup.
Il croisait son regard avec une humilité apparente, mais au fond il jubilait en lisant entre ses paupières plissées, derrière ses lèvres gourdes, dans ses gestes sûrs qui les rapprochait inexorablement, la demande qu'elle lui adressait avec envie, qu'il ne la lâche pas, qu'il persiste et signe. Et elle ne pouvait pas être plus en demande qu'en lui confiant qu'elle serait prête à se laisser avoir s'il parvenait à lui faire accepter ce qu'il avouait encore une fois, ou deux, mais juste pour la forme.

Quand elle eut fini sa démonstration, conservant l'apparence de l'ivresse et de sa gaucherie, Damien se pencha vers elle à son tour, les amenant à une proximité encore inédite et clairement du domaine de l'intime. Leurs visages se tenaient près l'un de l'autre sans que leurs yeux se quittent, et il pinça les lèvres et fit mine d'hésiter avant de lui répondre enfin :

" Je ne suis pas PDG, mais c'est tout comme. " Et c'était en partie vrai, car sa tante Ann, en bonne disciple, obéissait à ses ordres et à son agenda, comme le CA qui n'était plus constitué que d'hommes de pailles. " Et tu sais quoi ? Tu as raison ! Tu mérites sûrement mieux que toute cette galère ; mais on ne te laisse pas ta chance ! Tu peux tout déchirer dans les bonnes circonstances, c'est bien c'que j'dis ! Alors, tu sais quoi ? "

Récupérant son verre, il l'invitait à faire de même pour trinquer à nouveau, comme un jeu psychologique. De sa main libre, il attrapa l'échancrure de son tailleur, plongeant les doigts dessous, pressant la poitrine comprimée pour se mettre en valeur sans la moindre hésitation, et il la tint près de lui ainsi, sans forcer mais avec autorité.

" Arrête de me tutoyer après ce verre et je pourrais bien songer à te trouver ce qu'il te faut. "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le dimanche 03 janvier 2021, 22:50:42
La vache, pas PDG, mais tout comme. Sa vie devait être carrément moins pourrie que la sienne ! Bon, ça ne lui disait toujours pas pourquoi le presque-patron de Thron Industries perdait son temps avec une nullarde dans son genre, mais ça faisait rêver. Franchement, si on lui avait dit, ce matin, qu’elle allait se retrouver à boire à l’œil, déjà, elle ne l’aurait pas cru. Alors, pensez, boire à l’œil avec un quasi-PDG !

Ses paroles la touchèrent, elle acquiesça assez vivement même, l’alcool avait cela de magique qu’il rendait les discours, même les plus mous, en des tirades galvanisantes. Oui ! Elle méritait mieux ! La vie était sacrément injuste avec elle, ce pauvre petite calimero, qui n’avait pas de chance. C’était bien plus facile de penser que le sort d’acharnait, plutôt que se remettre en question.

Et il était siiiiiiiiiiiiii près d’elle. Merde, elle sentait son souffle chaud parfumé au jägger venir effleurer la peau de sa bouche, et en prenant de nouveau son petit verre à l’image de Damien, Kara sursauta.

« Oh. »

Il venait de faire un très grand pas en avant, et si elle doutait encore de ses intentions, la jeune femme s’imagina alors qu’il avait décidé de passer à la vitesse supérieure. Tous les mêmes, hein, pourquoi avait-elle pensé que les Damien Thorn étaient différents des modestes employés et des livreurs de pizza ? Kara voulut ricaner, mais ses mots la glacèrent immédiatement.

Arrêter de le tutoyer ? Il avait un certain culot, lui, alors qu’il avait la main entre ses seins, et qu’il l’aguichait depuis leur arrivée ici… Sa bouche se tordit en une moue d’abord rebelle, mais l’alcool qui lui chauffait les pommettes lui dicta une toute autre réaction.

« Ahhh, du coup, tant que j’bois pas ce verre, je peux continuer à te tutoyer, Monsieur Thorn ? »

Kara explosa de rire et vint de sa main libre cacher sa bouche, hilare de son trait d’esprit, relevant des yeux plissés de malice vers Thorn. Evidemment, son attitude autoritaire avait d’abord réveillé en elle un instinct docile et obéissant, elle avait même été tentée de répondre sagement « Bien Monsieur Thorn », ce qu’elle aurait dit à jeun, assurément. Peut-être même en inclinant le visage comme pour s’excuser de s’être montrée trop cavalière.

Mais… elle était bien attaquée par la boisson, désormais, et les choses semblaient plus drôles, plus fortes, plus intenses. Cette main sur sa poitrine, également, la perturbant autant qu’elle l’attirait.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le dimanche 03 janvier 2021, 23:40:52
Oh ! Cette partie d'elle encore vaguement consciente avait bien voulu l'envoyer paître, ce gosse trop riche aux manières de rustre, lorsqu'il avait fourré ses doigts dans son corsage. Il l'avait vu, une seconde, cet élan de colère et de fierté qui se serait bien jeté à sa gorge pour lui faire ravaler ses gestes et ses paroles, et lui apprendre comment on traitait une femme et qu'on ne joue pas avec les sentiments des gens. Mais sa consigne, ferme, autoritaire, elle, l'avait arrêté net, et il sentit les instincts vicieux de la Japonaise s'animer et lui dicter la marche à suivre. L'instant si bref d'hésitation n'avait pas manqué d'exploser comme un feu d'artifices dans ses iris clairs, écarquillés par la surprise, tandis qu'il ne la lâchait pas d'un poil.
Nerveuse, elle voulait s'en extirper, de la prise à la fois littérale et figurative de l'Américain sur elle, et elle le fit, une fois de plus, par l'humour et l'évasion des réalités. Or son hilarité avait bien du mal à cacher le trouble qu'elle ressentait et l'excitation qui couvait en elle. Le fils du Diable, lui, connaissait les vices et les péchés des gens, et il savait bien ce qu'elle ressentait maintenant. Il en tirait lui-même une excitation palpable, qui chauffait son sang semi-mortel et appelait à un acte approprié.
Il savait qu'elle se moquait pour remettre en question l'autorité qui avait réussi à prendre sur elle, et que, pour que celle-ci soit réaffirmée et acceptée, il allait devoir monter d'un cran dans sa démonstration. Alors, la laissant rire un instant, le visage fermé, il reposa son verre et prit une profonde inspiration.

Tout arriva en un éclair pour la jeune femme ivre. Damien avait quitté son tabouret et s'était porté vers elle. La main avait quitta son corsage pour agripper les cheveux à l'arrière de sa tête et lui tirer le visage en l'air, sans violence particulière mais sans ménagement. Il se colla à elle, imposant sa prise sur elle par sa présence et, usant de ses pouvoirs à petite dose, il renforça son aura de puissance, donnant à la Japonaise une impression supplémentaire de force et de pouvoir à son égard. Et, d'un geste assuré, il prit le verre de ses doigts pour le porter près de ses lèvres, laissant l'odeur forte de la liqueur lui attaquer les narines.
Quand il reprit la parole, sa voix était un peu plus grave et profonde ; juste de quoi renforcer le choc de son acte et de ses ordres.

" Parce que tu me plais, je vais être gentil et te donner une chance. Tu vas boire ce verre et dire : Merci, Monsieur Thorn. Ensuite, tu me demanderas pardon. D'accord ? "

Lentement, il pressa le shooter contre son menton, puis contre ses lèvres, sans faire mine de s'arrêter.

" Ouvre. "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le lundi 04 janvier 2021, 21:15:18
Lentement, Kara ouvrit la bouche, les yeux grands ouverts restés fixés dans ceux de Thorn. Le liquide froid vint brûler sa langue avec plus d’intensité que les précédents shooters, et eut un goût amer, qui lui donna un haut-le-cœur.

Cette fois, elle avait perdu l’étincelle d’excitation qui avait suivi son geste cavalier vers sa poitrine. Elle avait peur de lui. C’était une sorte de pervers, en fin de compte, elle en était convaincue, l’alcool lui donnant sans doute des visions erronées de la réalité, pensait-elle. Il lui semblait plus impressionnant que charismatique, ainsi planté contre elle, dans une attitude de dominant, et elle déglutit pour avaler la liqueur doucement.

Sans qu’elle sache pourquoi, elle s’entendit clairement articuler « Merci, Monsieur Thorn. » en grimaçant sous la poigne dans ses cheveux.

Kara savait alors pourquoi il l’avait choisi elle. Il sortait avec une chômeuse pour pouvoir se sentir puissant, s’assurer un ascendant naturel au-delà du professionnel. Il devait avoir beaucoup à compenser pour n’avoir qu’elle à se mettre sous la dent ? Etrangement, la colère qui en général la prenait aux tripes quand on voulait l’impressionner n’arrivait pas à dépasser la crainte, comme si elle estimait qu’il pouvait être dangereux.

Pourtant, c’était juste un gamin en costume sur mesure, non ?
Mais ce type avait visiblement des délires sadiques, c’était sûr. Ce club devait vraiment être une boîte échangiste, ou quelque chose du genre, elle n’y connaissait rien… Et instinctivement, elle sut qu’elle devait demander pardon. Mais pardon de quoi ? Ce mec se prenait pour un cador et la voulait à sa merci ?

« Je… » Elle se sentait déstabilisée par sa trop grande proximité, alors qu’en d’autres circonstances, ou quelques secondes avant, elle avait trouvé cela terriblement excitant. « Je vous demande pardon de… » Mais de quoi ? Kara n’arrivait pas à se dire qu’elle avait mal agi.

« De m’être montrée trop familière. »

C’était la seule chose qu’elle estimait pouvoir dire sans inviter de gros bobard. Mais elle se sentait mal, son regard était pesant sur elle, son regard craintif parcourut à droite et à gauche l’espace autour d’eux dans l’espoir d’y trouver n’importe qui pouvant l’aider. Personne ne réagissait quand un mec agrippait les cheveux d’une femme, de nos jours ?!

Elle déglutit encore péniblement, comme si l’alcool n’avait plus cet été euphorique et facilitateur, ou qu’elle avait dessoûlé.

« Je… J’aimerai aller me rafraichir. » Souffla-t-elle, avec une sorte de douloureuse sensation dans la voix, indiquant combien elle venait de réaliser que cette soirée ne serait plus géniale, plus géniale du tout. Elle ignorait comment se débarrasser de ce pervers, mais souffler un moment sans son regard perçant lui permettrait sans doute de réfléchir correctement.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le jeudi 28 janvier 2021, 03:34:19
C'était bien dommage ! Il avait vraiment souhaité faire ça autrement, mais le côté gaillard de Kara s'était révélé bien trop incompatible avec le genre d'obéissance qu'il attendait -non, exigeait- d'elle. Il n'avait pas pu laisser passer l'affront alcoolisé ou elle n'aurait plus jamais pris ses injonctions sérieusement. Il pouvait sentir la peur infuser en elle comme un poison lent et pernicieux, et cela rendait le jeu beaucoup moins intuitif : ses barrières levées et son instinct de survie engagé, il allait falloir jouer de ses talents surnaturels pour la convaincre assez rapidement qu'il était dans son intérêt de se laisser aller, et de marcher dans les clous avec lui. L'ambition simple de Kara était toujours là : elle espérait toujours avoir de quoi gagner sa vie, et il pouvait décemment lui promettre de faire plus que cela.
Il aurait pu la briser tout de suite et en faire une servante dénuée d'esprit de préservation, comme il l'avait fait avec ses nounous, avec sa tante et avec bien d'autres, mais ça n'aurait pas été drôle. Il n'en était pas là ; pas encore, sans doute. Et puis, les lieux soigneusement choisis ne l'avaient pas été au hasard et ils étaient tranquilles ici.

" C'est très bien, " la complimenta-t-il quand elle eut fini d'obéir, lâchant ses cheveux mais gardant la main fermement dans sa nuque, lui refusant la liberté. " Tu as mérité de te rafraîchir. "

Avant toute chose, il devait se montrer sévère, mais généreux envers elle. Elle n'accepterait pas de suivre ses ordres sans être préalablement brisée si elle ne songeait pas à y trouver un bénéfice pour elle-même, et un meilleur traitement était un premier pas. Damien relâcha l'aura de peur qu'il avait instillé en elle et retrouva à ses yeux l'allure affable du jeune premier de la classe et de l'héritier de Thorn Industries.
Mais tout d'abord, il fallait lui accorder sa demande ; seulement, elle ne le ferait pas comme elle l'entendait, car elle avait été arrogante et ça ne seyait pas à une bonne petite soumise. Se relevant, il glissa sa main le long de son bras et l'agrippa pour la conduire jusqu'aux toilettes près du bar. Ils entrèrent dans le côté femmes sans un mot de protestation : la mixité s'était de toute façon déjà imposée, et les couples d'un instant se rhabillant étaient vite remplacés par les suivants d'un côté comme de l'autre. Conduisant la Japonaise jusqu'au lavabo, Damien adressa un regard enveloppant à l'assistance, qui interrompit ses activités et fit place rase au plus vite, discrètement, alors que la brune avait le loisir de se passer de l'eau sur le visage, l'Américain près d'elle, la fixant avec un léger sourire.

" Tu dois comprendre, " dit-il enfin, " que, même si tu me plais, je ne fais pas de faveurs gratuites. Avoue que ça t'a plu d'être remarquée par le petit patron, de partir en soirée dans une voiture de sport et de boire à l'œil. Et avoue aussi que tu espérais me faire bonne impression pour assurer ta place. Je le sais déjà, alors ne mens pas. "

Il se glissa derrière elle et croisa son regard dans le miroir en passant les mains autour de ses hanches.

" Je peux te donner la place que tu convoites, et même celle de ton chef vu ton talent. Est-ce que la soirée se passait si mal tant que tu suivais et obéissais à mes caprices ? Est-ce que ma compagnie est si terrible quand je suis satisfait ? "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le jeudi 28 janvier 2021, 20:06:12
Lentement, la tension de sa chevelure s’adoucit jusqu’à se rompre, et Kara laissa échapper une sorte de soupir, discret, de soulagement physique. Léger, car la poigne de Thorn restait fichée sur sa nuque. Dans l’autres circonstances, elle l’aurait électrisée et tout le jeu aurait été de savoir combien de temps Kara Desco aurait mis avant de vouloir retourner la situation… Cette fois, étrangement docile, comme si elle avait compris sans même y réfléchir, qui était son maître, elle ne faisait qu’attendre patiemment, mais non sans appréhension, que le jeune homme lui dise qu’elle avait le droit d’aller s’enfermer aux toilettes pour souffler.

Elle s’accrochait à ce court terme, incapable de voir plus loin. Et ses félicitations sonnèrent étrangement dans ses oreilles. Avec ces mots, Kara se sentit moins angoissée, moins prisonnière. Sans se l’expliquer, en relevant les yeux vers son visage, elle se demanda si elle avait rêvé ce regard terrifiant et dominateur, qui l’avait fait tremblé. Désormais, Damien lui paraissait moins effrayant. Est-ce qu’elle se faisait des films ? Peut-être que l’alcool lui jouait des tours. Oui. C’était forcément cela. Elle sentait ses pommettes chauffer, et l’état second de l’ivresse toute fraiche paraissait reparaître.

Doucement, elle inspira et expira, rassurée qu’il l’autorise -comment ça ? elle aurait dû lui hurler qu’elle n’avait pas besoin de son approbation pour aller pisser- à se lever.

« Merci, Monsieur Thorn. »

C’était hallucinant, elle s’entendait lui répondre, comme si une partie d’elle-même voyait la scène de l’extérieur et lui hurlait combien elle était folle de se montrer si conciliante avec un pervers tel que lui. Mais finalement, il n’avait pas l’air si sadique. Elle le regarde, remonte jusqu’à ses yeux. C’est vrai, elle a dû affabuler. Un peu perdue, en cillant pour tenter de mettre de l’ordre dans son esprit embrumé, Kara frissonne lorsqu’elle sent sa main qui effleure son bras ; et fut encore plus surprise qu’il l’accompagne. Une seconde, la jeune femme eut une bouffée de panique. Non, elle voulait être seule !

Merde, est-ce qu’il pensait qu’elle l’invitait à un plan miteux dans des chiottes de club ? L’alcool l’empêchait de correctement réfléchir et se rappeler si elle avait fait un geste en ce sens, et marcher droit était plus compliqué maintenant. Peut-être qu’il la guidait pour être sûr qu’elle ne trébuche pas ? Comme… un gentleman ?
Un gentleman qui entre dans les toilettes pour dame ?

Kara est assez dans les limbes et perturbée pour ne pas remarquer que les lieux se vident naturellement, comme la répulsion d’un aimant à leur arrivée. Mais pas assez tout de même pour ignorer les activités qui semblaient avoir lieu dans ces petits vestibules. Ca lui tire une sorte de sourire moqueur, sans doute dû aux shooters, une réaction d’adolescente, presque à l’idée d’épier des gens en train de baiser. Pour un peu, elle aurait gloussé. Mais Thorn la plante devant un lavabo et elle se rend alors compte qu’ils sont seuls.

Où sont-ils tous passés ?

Saisissant l’occasion, Kara se penche en faisant couler l’eau et recueille le liquide frais dans ses mains en coupelle. A vrai dire, ‘se rafraichir’ avait juste été une échappatoire, mais finalement, désormais que l’eau froide rencontre la brûlure de ses joues, le contraste saisissant la soulage un peu. Pas autant que si elle s’était enfuie en courant, mais c’est toujours ça.

Elle ferme les yeux, essaye d’oublier la présence de Damien proche d’elle, mais sa voix résonne jusqu’à ses tympans, qu’elle trouve étrangement suave.
Il lui répéta qu’elle lui plaisait… C’était au moins la deuxième fois qu’il le faisait remarquer. Il avait besoin qu’elle en soit sûre ? Après ce qui s’était passé, c’était étonnant il est vrai, on aurait dit qu’il la détestait… Mais il avait peut-être juste été vexé ? Sans doute sa vanité avait-elle était piquée ou blessée, lorsqu’elle l’avait tutoyé ? Les gens comme lui adoraient leurs petits privilèges… Mais Kara, sans savoir pourquoi, commençait à se dire que c’était tout de même normal de rester respectueuse avec lui. Après tout, c’était Damien Thorn.

Est-ce que ça lui plaisait, de boire à l’œil des verres offerts par cet homme ? Qui n’apprécierait pas cette soirée ? Mises à part les accès de violence, s’entend. Kara reprit de l’eau, la fit couler sur ses lèvres. L’écouter parler avait quelque chose de magnétique. Sa voix était posée, maîtrisée. Elle avait toujours les yeux fermés, mais quelque chose lui faisait imaginer sa silhouette en costume.

« Oui, vous avez raison. »

Kara ignorait pourquoi elle lui parlait ainsi, mais en son fort intérieur, la crainte d’être violentée de nouveau était bien présente, sous-jacente, comme un avertissement de sauvegarde. Surtout depuis qu’ils étaient seuls dans un lieu clos : s’il voulait lui faire du mal, et vu comme personne n’avait bronché avant, elle aurait peu de chance de s’en sortir. Est-ce que c’était un psychopathe ?

Elle rouvrit les paupières et eut un hoquet en constatant qu’il se tenait derrière elle, ses yeux plantés dans les siens par l’intermédiaire de son reflet. Elle l’observa par ce biais, son charme froid venant assurément adoucir les mots terribles qu’il prononçait. Un frisson suivit le mouvement de ses paumes sur ses hanches, et Kara baissa les yeux pour s’assurer qu’elle n’avait pas rêvé, et qu’il semblait affermir sa possession.

« Qu’est-ce que vous attendez de moi, dans ce cas ? Juste que je vous obéisse ? Pour m’offrir une place dans votre entreprise, par altruisme ? »

Ce n’était pas le bon terme, mais elle avait dessoulé trop vite avec son excès de domination, et son crâne paraissait avoir du mal à tourner comme il fallait. Elle était perturbée, et avait conscience de ne pas être dans son état normal.

« Si vous voulez que je joue à votre jeu, il faudrait m’en donner les règles. »

Merde, quoi. Il ne pouvait pas se trouver une nana adepte de ce genre de pratique, qui suivrait docilement ses principes à la con, de petit bourgeois prétentieux, et qui en tirerait du plaisir ? Kara ne pouvait s’empêcher de se dire que, si d’office ils en avaient discuté, elle aurait peut-être joué le jeu, et d’autant plus en étant ivre ! C’est rigolo, les jeux de rôle, et si c’était son truc, elle aurait sans doute marché à fond, vu comme il était attirant. Pourquoi les mecs étaient infoutus de causer et de s’exprimer correctement ?

L’eau s’écoulait encore, Kara remarqua qu’elle avait été trop pénétrée par sa voix pour penser à la couper. En tournant le bouton, elle releva le nez et croisa de nouveau son regard. Damien semblait totalement être en terrain conquis. Il était grandiose et assuré, comme si rien ne pouvait le surprendre, le troubler. Cela devait être fatiguant, d’être aussi sûr de soi…

« Agréable ou non, je n’ai pas vraiment le choix, n’est-ce pas, Monsieur Thorn ? »

A cet instant, la jeune femme avait envie d’un verre. Comme de désespoir, ou pour éviter un état désagréable à gérer. Celui de se rendre compte qu’elle était prise au piège, mais qu’elle ne contrôlait rien. Alors, quitte à ne rien maîtriser, autant que ce soit en état d’ivresse, cet état-là était identique, mais tout semblait mieux passer. Bien qu’elle le trouvât désormais moins effrayant, qu’elle se sente rassurée, et qu’elle veuille profondément éviter qu’il ne redevienne brutal, Kara gardait une sorte de fatalisme qui, d’habitude, s’apparentait à du sarcasme. Cependant, avec Thorn, elle doutait pouvoir en user à sa guise. Il semblait ne pas apprécier qui elle était, et vouloir la façonner comme il l’entendait. En faisant le gros dos, le temps qu’il soit satisfait, elle pourrait sans doute repenser à tout ça en rigolant, plus tard… hein ?
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le jeudi 04 février 2021, 03:12:33
Kara se faisait doucement à la suggestion sournoise que l'esprit de Damien insinuait en elle. L'Antéchrist n'y allait pas bien fort et se retenait de la briser pour garder un soupçon de résistance face à lui. Il était si simple de posséder une servante dévouée que l'idée de contraindre une femme indépendante l'excitait d'autant plus. Bien sûr, il avait des progrès à faire et il le réalisait : son tempérament avait bien failli tout mettre à terre et il se trouvait contraint d'arrondir les angles à la masse. Il restait aussi, après tout, un jeune homme de peu d'expérience. Tôt ou tard, il deviendrait l'homme digne des attentes de son Père que tous attendaient et il se lancerait à la conquête du monde, mais ce temps était bien loin et chaque erreur lui permettait au moins de retenir une leçon. Avec Kara, la leçon était de toujours se montrer totalement franc, à moins d'accepter de devoir jouer la comédie et d'en subir les frustrations. Il le retiendrait pour la prochaine fois...

La Japonaise avait des questions ; trop de questions. Elle voulait absolument savoir ce qu'il voulait alors qu'au fond, elle s'intéressait surtout à ce qu'elle allait pouvoir recevoir en échange de leur soirée : un traitement de faveur, un travail avantageux, la paix peut-être ? Même à cet instant, la seule question qui comptait : suis-je encore libre et qu'allez-vous faire de moi ? ne trouvait pas le chemin de ses lèvres, perdue qu'elle était dans les résultats immédiats et tangibles de sa coopération. Peut-être était-ce l'effet de l'alcool, ou la cupidité humaine, ou simplement sa façon de penser, mais quoi qu'il en soit elle n'exprimait aucune des craintes légitimes qu'elle aurait pu exprimer, préférant trouver, inconsciemment sans doute, un bénéfice dans toute cette histoire.
Et l'Antéchrist sourit avec douceur à son reflet dans la glace, même si intérieurement il refermait des griffes crochues autour d'elle.

" Mettons les choses comme ça : tu m'obéis et tu n'as donc pas le choix quant à la suite des événements. Tu peux encore refuser et partir ; c'est la seule liberté que je te laisse et tu devras te décider tout de suite, ou y renoncer. "

Les mains posées sur les hanches fines de la Nippone glissèrent sur son ventre et l'attirèrent contre lui sans violence. Ses paroles étaient dures et intransigeantes, mais sa gestuelle restait sensuelle, séductrice. Il jouait volontairement avec les perceptions de Kara pour appuyer la pression mentale qu'il exerçait en elle et la pousser à donner sa reddition.

" Sois honnête, " murmura-t-il tout contre son oreille. " Tu en as envie. Ca rompt tellement avec ton quotidien fade et monotone ! C'est bien pour ça que tu m'as suivi ? Ou bien c'était pour te garantir un piston infaillible ? Tu n'es pas innocente. "

Il se retenait bien de lui promettre une place, insinuant juste qu'elle l'avait initialement suivi pour les perspectives professionnelles qu'une telle rencontre rondement menée pouvait lui apporter. Il pouvait, lui aussi, jouer la victime, le type dupé qui pensait trouver quelqu'un s'intéressant vraiment à lui mais ne voyant en sa personne qu'un autre tremplin, une opportunité. Il ne se priverait pas d'avoir recours aux pires stratégies que l'esprit humain pouvait employer si cela l'aidait à arriver à ses fins.

" Dernier point : à partir de maintenant, tu répondras au nom de Poupée. "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le vendredi 05 février 2021, 15:46:39
Elle pouvait encore refuser et partir.

Ce qu’il venait de dire était poignant, un hurlement face aux murmures délicats de ses mains qui s’appropriaient désormais son ventre. Mais l’embêtant, avec ces petits murmures-là, c’est qu’ils étaient tenaces, persistants, à la limite du perceptible mais pourtant très présents. Un bourdonnement sempiternel qui l’empêchait de correctement réfléchir. Ça, allié à la situation, l’alcool, la musique assourdie au loin, sa faible capacité à se concentrer était mise à rude épreuve.

Pourtant, on parlait presque de survie, là.
Elle pouvait s’enfuir maintenant.

Le visage clair de Kara exprimait la difficulté qu’elle avait, profondément, à prendre la bonne décision. La décision juste, raisonnable. La seule possible. Dans un contexte habituel, elle n’aurait e aucun mal à rire au nez de ce petit prétentieux et lui dire qu’il était taré, avant de l’envoyer chier, et partir. Peut-être en emportant le reste de la bouteille, tiens, pour la finir chez elle en repensant à tout cela. Pourquoi était-ce si dur de trancher ? C’était pourtant simple, il fallait qu’elle s’éloigne de lui, qu’elle repousse ses mains, qu’elle se tourne pour lui faire face, le virer sagement de quelques pas, avec fermeté.

Kara déglutit, la bouche entrouverte en accusant la chaleur progressive que la situation, la tension, les caresses comme le corps de Damien derrière elle, produisaient. Un frisson remonta jusqu’à son échine, comme une impression qu’on lui serrait la nuque. Un mouvement de réflexe la fit bouger, puis Kara inspira longuement.

« Je me suis dit que ça pourrait peut-être joindre l’utile à l’agréable, oui. »

Elle était loin de maîtriser son niveau de langage, mais ce qu’il disait avait un sens particulier en elle, la jeune femme se sentant étrangement apte à ne pas vraiment mentir, à parler sans détour. Il aurait été plus facile de mentir, lui dire qu’il se trompait mais… ce n’était pas vrai. Et quelque chose la poussait à être honnête avec lui.

Thorn avait une voix envoutante, et plus il approchait ses lèvres de son oreille, plus les murmures vrombissait à ses tympans, et plus son cœur cognait à ses tempes. Il sentait bon. Elle n’avait pas remarqué avant son parfum. Cela la saisissait seulement maintenant. Ses paupières se fermèrent une seconde, se contractant pendant qu’il susurrait.

« Poupée… »

En ouvrant les yeux, elle les planta dans les siens. Il y avait une anormale étincelle amusée dans les prunelles de la jeune femme. On l’avait affublée de bien des surnoms débiles. Celui-ci était énigmatique ; Il la voulait à sa merci, c’était assez cohérent ce petit sobriquet.

« Bien, Monsieur Thorn, comme il vous plaira. » Articula Kara posément, presqu’en exagérant. La tension entre eux paraissait avoir dévié, la crainte cédait la place au désir, une légère pointe de taquinerie. On ne se refait pas, même sous l’emprise de l’Antéchrist. La petite Japonaise n’avait jamais été docile au fond d’elle, même si elle savait très bien se plier au système.

Etait-ce si différent, dès lors, d’accepter les petits caprices de Damien ? Chaque jour, elle exécutait des ordres, des règles absurdes qu’on imposait sans lui demander son avis. Elle choisissait de s’y plier, elle choisissait de les suivre pour un salaire, un statut social, un sentiment d’appartenance à une communauté.
Était-ce si dérangeant ? Il fallait juste changer d’échelle. Thorn voulait lui offrir un job, si elle était bien obéissante. Il voudrait du sexe, comme tous les hommes, et dans le meilleur des cas…

Dans son esprit, lentement, cette hypothèse devenait moins impensable. Elle l’envisageait… elle devenait assez séduisante, finalement. Damien lui paraissait à la fois glacial et brûlant. Qu’y perdrait-elle ? Qu’avait-elle à perdre, vraiment ? Son regard s’illumina petit à petit, et son corps s’inclina sensiblement, alors qu’elle gardait les mains de chaque côté du lavabo, se cambrant suffisamment pour se coller à lui.

Dès lors, avait-elle besoin de verbaliser sa réponse à sa première question ? Habituellement, elle ne l’aurait pas fait, mais quelque chose la poussa à l’exprimer sciemment. Comme si elle ressentait le besoin d’affirmer ce pacte.

« D’accord. » Souffla-t-elle, reprenant plus fort. « Je vais vous obéir, Monsieur Thorn. »
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le mercredi 17 février 2021, 22:35:49
Doucement, le mélange de tentation et de sape mentale prenait le dessus sur la Japonaise. Damien pouvait le sentir en elle, comme une sensation brumeuse se dégageait d'elle, rendant ses barrières sociales aveugles et laissant se faufiler tout le poids des désirs et des vices qui bouillaient en elle comme en tout être humain. Et l'Antéchrist n'était pas peu fier : habituellement, il lui fallait un moment pour faire lâcher ainsi une cible, c'était un travail assez lent et insidieux. Seul son père, quand il se faufilait dans les jardins de l'Eden sous les traits du serpent Samaël, avait réussi à faire céder quelqu'un en peu de temps sans en détruire la raison dans le même temps ; et ça remontait à la Création. L'orgueil de l'enfant du Diable s'en gonflait, mais il savait mesure garder : comme on ne devait pas se croire plus fort que l'Etat sur Terre, il ne fallait pas se croire plus vicieux que le Diable en Enfer.
Et puis, ainsi ragaillardi, il était prêt à se montrer plus souple.

Le moment où elle avait entendu son nouveau nom, son nom de Soumise, il avait senti la résistance s'effondrer en elle, et même si elle persistait à se montrer taquine, son retour à un état docile, après une telle frayeur, était le signe que le plan fonctionnait.
D'aucuns auraient pu demander : pourquoi Kara ? Elle n'était pas la plus jolie ou la plus valorisante à conquérir ainsi, diraient-ils. Et il en avait d'autres bien plus faciles, souligneraient-ils encore. Mais, justement, leur répondrait-il alors, c'est bien parce que Kara n'était ni trop facile, ni trop évidente qu'il relevait volontiers le défi. A ses yeux, elle était véritablement désirable et éveillait en lui un réel attrait, parce qu'il savait que, dans le fond, elle valorisait son opinion personnelle ; et la lui faire taire en son nom était un aphrodisiaque à ne pas sous-estimer.
Il la sentait se presser contre lui, et une belle érection poussa entre eux, faisant monter le sang aux tempes de Damien qui se sentait maintenant pleinement d'humeur à jouer. Une main glissa du ventre de la Nippone vers sa poitrine, qu'il palpa à travers le tissu avec douceur.

" C'est bien, Poupée, " lui murmura-t-il encore à l'oreille. " Un changement de tenue s'impose pour conclure cet accord, tu ne crois pas ? On finira la bouteille pendant l'essayage. "

Il se détacha d'elle, laissant ses mains redescendre, glissant sur ses hanches et ses reins, et il lui prit la main pour l'entraîner derrière lui ; sans insistance, mais avec la même assurance avec laquelle il avait agi depuis leur rencontre. Pour lui, il était évident qu'elle suivrait, la main qu'il prenait étant, dans ce contexte, plus un acte de possession affiché qu'autre chose.
Et il la conduisit hors des toilettes, attrapant la bouteille sur le bar en passant, et l'entraîna au milieu de la horde d'inconnus sautant et gigotant sur la musique électronique jusqu'à proximité de la scène. La musique se fit assourdissante avant qu'ils dépassent les enceintes.
Et, poussant une porte noire pratiquement invisible, il la mena aux coulisses.

Comme s'il était chez lui, l'Antéchrist attrapa un membre du staff par l'épaule sur son passage et exigea un essayage en faisant signe vers Poupée de la tête. La fille au maquillage cerise, à peine majeure, dévisagea l'autre Nippone en mâchant son chewing-gum, la détailla des pieds à la tête, puis hocha la tête et se mit en marche.
Et, s'asseyant à une table toute proche prévue pour l'équipe et les performers à venir, Damien y posa la bouteille bien entamée et tapa sur la banquette à côté de lui pour intimer à Poupée de s'asseoir. Il l'accueillit d'un bras autour des épaules et but une gorgée de Jägermeister avant de le lui tendre.
Et comme ils buvaient ensemble, très vite, la minette était réapparue avec plusieurs ensembles perchés sur des cintres. Sans un mot, elle les présenta au couple improbable, chacun ayant un style différent mais voulant mettre Poupée en valeur. Initialement, Damien en rejeta certains, n'en laissant que trois (celui-ci (https://assets.yandycdn.com/Products/LA_88017_BLACK_8_PS01242019.jpg), celui-là (https://www.aliexpress.com/item/1444642489.html) et ce dernier (https://d266gltxjnum49.cloudfront.net/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/c/l/bc/clothing-dress-kk89c-p1259blackpu_4.jpg)).

" Je me demande quels goûts a Poupée, " dit-il enfin. " Tu veux bien choisir ce que tu vas porter ? "
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le samedi 20 février 2021, 12:04:22
C’était finalement drôle de se faire appeler Poupée. Mais le côté décalé de ce petit sobriquet s’était rapidement envolé, soufflé par le son de cette voix suave qu’il lui glissait au creux de l’oreille. La sensation à cette entente était étrange, sinueuse comme si elle serpentait avec aisance dans son esprit comme un venin plaisant qui réchauffait ses pommettes et la faisait, à chaque fois désormais, légèrement frémir de froid.

La chaleur avait envahi également ses reins, en sentant que cette tension entre eux lui faisait de l’effet, qu’à elle. Il était toujours plaisant de constater que l’on plait, et dans ce cas présent, dans cette situation si particulière, la pression, la boule au ventre qui semblait persister un peu, l’improbable désir qui était né de leurs échanges et rapport de force déséquilibré à l’extrême, Kara se sentait même rassurée de pouvoir être assurée que Damien était comme elle. Excité. Au-delà de cette bosse dure qui rencontrait ses fesses lorsqu’elle se cambrait, la main de Thorn sur sa poitrine attestait de son envie à lui, et faisait accélérer sa respiration, le fixant au travers du miroir.

« Changement de tenue ? »

En temps normal, elle aurait taquiné son partenaire, lui demandant si ce petit tailleur cliché n’était pas assez sexy pour lui, mais le charisme de l’Héritier l’empêcha de répliquer, bien que son regard puisse exprimer cette frustration de devoir se taire. Le devait-elle d’ailleurs ? Était-elle autorisée à parler ? Kara avait toujours été assez bavarde, et d’autant plus dans des contextes particuliers… Mais ici, c’était différent. Bizarre. Et plus si dérangeant…

En suivant Damien, le regard de la jeune femme passait partout autour d’eux, constatant avec quelle aisance il évoluait toujours dans cet endroit spécial, et en vint à se demander si l’établissement entier ne lui appartenait pas. Ce ne serait pas si impossible, après tout. Elle se posait mille questions au sujet de lui, mais sa main dans la sienne à mesure de leurs pas se fit moins molle, elle agrippa doucement, comme consciente qu’elle l’accompagnait, comme de plein gré, cette fois. Et puis, elle avait dit qu’elle obéirait… Si son délire était de picoler avec des inconnues en les appelant par des petits noms et leur payant en relooking, ce serait un moindre mal pour cette soirée, songea Kara. Et lorsqu’on ne le mettait pas en colère, Damien semblait parfaitement aimable. Et… il dégageait quelque chose de terriblement attirant.

Le face à face avec cette fille trop maquillée, qui visiblement parcourait tout son corps des yeux pour tenter sans doute d’obtenir mentalement ses mensurations, lui parut gênant. Mais heureusement, cela ne dura pas longtemps, avant qu’elle ne capte le regard de Damien, et vienne le rejoindre sans sourciller, plutôt ravie de ne pas rester debout devant lui comme une potiche, et ne sachant à l’heure actuelle, pas sur quel pied danser, ou quelle attitude adopter. La bouteille tendue fut assez salvatrice, Kara s’en saisit avec un sourire, comme si ce simple geste allait évidemment la détendre un peu… Encore trop d’incompréhension, beaucoup de tensions en elle, une légère appréhension de la suite, un manque de certitude, et ce furent plusieurs gorgées qu’elle avala, sentant sa gorge brûler, mais continuant.

Inconsciemment ou non, la petite Poupée voulait pouvoir se débarrasser de quelques états de conscience trop encombrants, certaines questions seraient inévitablement noyées également dans Jäg, et elle se sentirait plus légère. Lorsque la bouteille devint se poser un peu brusquement que la table, Kara toussait pour faire passer la force de l’alcool dans sa trachée.

Sa quinte fut interrompue par le retour de la petite bimbo, la faisant ciller à la vue de ce qu’elle affichait, et suivant désormais du regard les gestes de Damien, comme pour tenter de comprendre ses buts, analysant ses choix et refus de tenues, en approuvant certains avec une sorte de soulagement… C’était quoi, cet endroit bizarre ? Pourquoi tout le monde obéissait à Damien Thorn ici ? Même elle…

Les trois dernières robes encore en compétition lui furent alors présentées, Kara pinça les lèvres en échangeant un regard avec l’Héritier Richissime… Quels goûts avaient Poupée, hein ? Est-ce que c’était un piège ? Si elle répondait mal, que se passerait-il ? La petite Japonaise esquissa cependant un sourire, cette demande de choix la rassurait, une bonne stratégie, dont elle n’était pas consciente, pour lui faire croire qu’elle avait encore du pouvoir sur ses actes et ses pensées… Elle acquiesça avec une sorte de malice dans les yeux, se leva pour s’approcher des tissus, se penchant, les étudiant de plus près.

« Celle-ci est la plus élégante. »

Fit-elle en prenant le cintre et présentant, collant à son corps, la robe longue. « Un homme comme vous devrait n’avoir que des femmes distinguées à ses côtés, non ? »

Son visage se tordit en une petite moue, avant qu’elle ne se saisisse de la seconde, lacée, vulgaire selon elle. La seconde tout autant, bien que plus sobre, peut-être. Elle ne s’était jamais vraiment imaginer porter du cuir ou du latex, encore moins des matières synthétiques dégueulasses. Mais ce qui la préoccupait était, est-ce que Damien Thorn, lui, appréciait ces filles aux tenues obscènes ? Sans savoir pouvoir, elle désirait lui plaire, et se sentir désirable… S’il fallait en passer par là, Kara se sentait prête à se vêtir comme il lui chanterait. Et puis, elle n’avait pas le choix, finalement.

« Je préfère la première, définitivement. Elle a un côté femme-fatale, vous ne trouvez pas ? On imagine quelqu’un de fort, assuré, qui marche vers vous en vous lançant des regards de lionne. »

Se faisant elle reprit des mains de la jeune femme la robe longue, un éclair malicieux dans ses yeux clairs, se rapprochant de Thorn avec une démarche qu’elle espérait langoureuse, mais ne pouvant s’empêcher de sourire, puis de rire en arrivant à la hauteur de la table en plissant les yeux, plongeant son regard dans le sien avec une plus grande espièglerie, comme toujours lorsqu’elle prenait plus d’assurance, avant qu’il ne lui rappelle qui était le Maître.

« Ce choix convient-il à Monsieur Thorn ? »
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le mercredi 03 mars 2021, 15:24:00
Quel dilemme il posait à Poupée ! Comment pouvait-elle bien se décider ? Qu'est-ce qu'elle aimait, Poupée ? Avait-elle vraiment le choix ? Était-ce un test ? Damien se faisait plaisir en l'observant face au choix, savourant les vagues d'émotions fortes la traversant et les pulsions que la situation tirait d'elle. Naturellement, l'Antéchrist avait un intérêt à agir ainsi avec elle. En la laissant choisir, il accomplissait deux choses qui lui profitaient. D'abord, il en apprenait davantage sur la façon de penser de Poupée. Il l'avait ignoré en premier lieu et ça avait bien failli se retourner contre lui. Ensuite, elle réalisait qu'elle gardait son identité et n'était pas simplement à sa merci, et elle parviendrait sûrement à trouver son intérêt sans mal dans ces circonstances. Avec une illusion de contrôle sur ses actes, elle se sentirait plus indépendante et pourrait assumer une situation qu'il lui avait pourtant imposée.
Le choix le fit sourire : il aurait pu parier sur le résultat avant même de resserrer le choix. Et c'était une bonne décision, bien sûr : comme il avait exclu celles qui ne lui convenaient pas, par goût comme par accord avec le physique de Poupée, il aurait été satisfait de n'importe quel choix. Mais parce que Poupée était incertaine quant à son choix, elle réclamait son aval. C'était extrêmement prometteur pour lui, qui la voyait lui remettre le pouvoir alors même qu'il lui en avait laissé.
Et comme elle lui présentait son choix, il sourit malicieusement en restant silencieux, laissant le silence peser sur sa certitude et sur son assurance.

— Ton choix me convient, Poupée, finit-il par lui accorder. Pas d'inquiétude. Tiens, bois un autre verre.

Il lui tendit un autre verre de Jäger comme un pansement supposé calmer son angoisse et ne fit ni ne dit plus rien jusqu'à ce qu'elle se soit exécutée. Ce n'était pas un conseil amical mais une prescription du docteur. Il attendit qu'elle ait fini son verre pour le récupérer dans sa paume et le reposer, retourné, sur la petite table où il laissa verres et bouteille en se relevant. Il prit la main de Poupée dans la sienne et l'entraîna à sa suite sans un autre regard à la costumière des bas fonds.

— On va te changer, Poupée !

Pas tu vas te changer, non. La formulation était importante. Et, sans l'ombre d'un doute ou d'une hésitation, il la conduisit jusqu'à une petite loge toute proche, encombrée d'accessoires de scène et de vestiges de préparatifs arrosés. Il ferma la porte derrière eux, prit la robe des mains de Poupée et l'étendit à côté de la table de maquillage.
Et avant qu'elle ait pu s'interroger sur la suite, il se mit à ouvrir son chemisier, bouton par bouton, laissant ses mains courir à dessein contre elle à travers le tissu, la caressant avec douceur sur chaque centimètre de peau qu'il dévoilait.

— Aide-moi et débarrasse-toi de tes bijoux, barrettes et autres accessoires.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le vendredi 05 mars 2021, 00:27:14
Bingo, le choix de la robe allait à Damien. Instinctivement, dans son petit cerveau, quelque chose s’activa… La satisfaction d’avoir eu un mot réconfortant de lui, preuve qu’elle lui appartenait déjà plus que ce qu’elle estimait. De manière insidieuse, Kara se sentait très contente d’obtenir son assentiment, et même comme… fière. Un sentiment d’orgueil lui fit, une seconde, gonfler la poitrine en se disant qu’elle avait en effet bien mérité ce verre qu’il lui accordait, faisant disparaître pour un temps les doutes.

Finalement, ce n’était peut-être pas un piège. Il n’avait pas juger ses goûts, et Kara n’avait décelé aucun mouvement de sourcil mécontent, comme si désormais elle les guettait, de peur peut-être, en plus de correction violente qu’elle devinait, le décevoir. Un long frisson parcourut sa colonne vertébrale, de haut en bas, en même temps que le feu descendait dans sa gorge, alors que la jeune femme avait bu le shot cul-sec… Peut-être pour fêter cette victoire, pour fanfaronner sans pouvoir s’en empêcher, profiter d’un instant où elle se sentait, malgré la persistante domination de Thorn, toute-puissante. Une triste situation, ou un simple choix de vêtement pouvait lui faire croire qu’elle maîtrisait son environnement.

Elle lui offrit un délicieux sourire, sans doute rendu un peu niais par l’alcool qui chauffa ses pommettes, et par mimétisme, se releva lorsqu’il en donna l’impulsion, baissant les yeux sur cette main qui venait de l’agripper. Ah bon, on bougeait ? Elle sembla se souvenir de la robe, trop perturbée par l’ivresse qui reprenait doucement le contrôle de ses sens, désormais que son esprit avait moins à lutter pour se cabrer en tout sens.

« On ? » S’étonna-t-elle lorsque Damien la mena fermement en dehors de la pièce où ils n’étaient restés que quelques instants, abandonnant la jeune femme qui n’avait aucunement l’air de broncher. Ni même d’avoir un avis sur ce qui se passait… C’était troublant, mais en réalité, Kara commençait à ne pas y faire attention, peu importait. Elle était intriguée par cette petite phrase, toute simple… Qui ça « on » pour l’habiller ?

Quelque chose en elle gronda qu’elle était bien assez grande pour se vêtir seule, cette idée s’intensifiant jusqu’à ce qu’elle se retrouve dans cette cabine, loge sans doute. Passant son regard sur les lieux, légèrement moins à l’aise à la découverte d’une pièce qui ne lui était évidemment pas familière, mais fut interrompue subitement par l’intrusion de Damien tout contre elle, ses mains levées avec une assurance totalement déstabilisante jusqu’à sa chemise. Ses gestes étaient lents, maîtrisés, et ce regard qu’il posait sur elle, d’un charisme éblouissant.

Et en une seconde, ce petit grondement indépendant s’évanouit, ronronnant docilement, une petite machinerie qui se huilait savamment au fur et à mesure, un peu davantage à chaque bouton qui sautait de la boutonnière étroite. Si Kara avait cru rêver ou surinterpréter les effleurements, mais en descendant ses petits yeux en amande dans la direction de ces doigts experts, impossible de douter des intentions véritables du riche Héritier. Elle frémit, le regard happé par la vision de ses mains qui dévoilaient lentement mais sûrement sa peau, son soutien-gorge, chauffant son buste et diffusant des décharges électriques par intermittence dans tous ses membres.

La douceur à l’œuvre avait cela d’étrange qu’elle laissait ses pensées parfaitement conscientes de ce qu’il frôlait, le silence de la pièce les enfermait un peu plus dans la relation asymétrique et malsaine qu’ils avaient conclue, et le tout accentuait le bruit intérieur qui la submergeait. L’alcool aidant, elle ressentait les contacts avec bien plus de pression. Sa respiration s’accéléra sensiblement, pour lui laisser une impression de perte lente de contrôle.

L’atmosphère n’appelait pas réellement à la prise de la parole de sa part, mais la peu de conscience qu’il lui restait, acculé par le désir que faisait naître impeccablement les caresses de Damien, lui permet d’articuler en penchant légèrement la tête.

« Bien Monsieur Thorn. »

Obéissante, Kara releva les bras, retira ses boucles d’oreilles discrètes, puisqu’elle avait fait un effort pour l’entretien d’embauche, un jonc de pacotille à son poignet, la pince qui retenait assez fébrilement les dernières mèches de cheveux qui avait été nouées en un chignon un peu plus ordonné quelques heures plus tôt. Et posa le tout en un modeste tas sur la table de maquillage, revenant observer les gestes de l’Antéchrist.

« Je peux… le faire pour vous, si vous voulez ? » Chuchota-t-elle, relevant les yeux dans les siens. Et, joignant les actes à la parole, passe ses mains dans son propre dos pour baisser la fermeture éclair de sa jupe crayon. Une petite partie d’elle faisait remarquer qu’elle aurait dû attendre l’accord de Thorn pour agir, sans prendre les devants, mais elle voulait bien faire, et était persuadée que son zèle serait récompensé.

Kara avait, en outre, toutes les peines du monde à le laisser œuvrer sans intervenir, son corps se tendait, se crispant parfois, comme s'il rongeait son frein. Elle ressentait une furieuse envie de s'avancer franchement, et de l'embrasser, ses lèvres agissant comme un véritable aimant.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le dimanche 07 mars 2021, 17:20:23
L'ambiance était électrique et les hormones saturaient l'air de la loge encombrée. Mais Damien ne se laissait pas emporter par le flot de désirs primaires qui l'attaquait tout aussi bien que n'importe quel jeune homme de son âge. Il gardait son calme et assurait son rôle de maître. Il n'avait pas besoin de ses sens surnaturels pour remarquer comme la situation excitait Poupée et la manière dont elle avait rapidement glissé d'une acceptation pragmatique à un abandon profond. Bien sûr, il le sentait quand même de tous ses sens, la Luxure prenait de la place autour d'eux et les poussait l'un en l'autre de sa force magnétique, mais il préférait encore la rendre un peu plus folle encore.
Alors, bien qu'il sente qu'elle était prête à lui sauter dessus, il ne fit pas mine de s'approcher et garda ses distances, se contentant d'envahir son espace et de parcourir sa peau sans gêne. Il finissait d'ouvrir le chemisier pour dévoiler totalement son buste et sa lingerie, se faisant remarquer qu'il avait bien fait d'approcher la jeune femme ce soir, quand elle décida, une fois de plus, de prendre les devants. Lorsqu'il entendit la fermeture-éclair de la jupe crayon, ses mains se portèrent à ses bras et les fit arrêter. Il dut s'avancer et il se retrouvait très près d'elle à présent, assez près pour que le tissu de sa chemise frôle son corsage et que leurs souffles portent sur la peau de l'autre.

— Tu es pressée, Poupée, lui fit-il remarquer sur un ton légèrement désapprobateur.

Et il resta immobile ainsi pendant quelques secondes, ses yeux rivés dans ceux de Poupée, semblant réfléchir à la réponse appropriée à donner à cette incartade. Finalement, il la libéra et se recula d'un pas à nouveau. Mais il recula encore d'un pas, puis d'un autre, s'éloignant d'elle jusqu'à la banquette, proche mais à l'autre bout de la petite pièce.

— Soit ! Tu es une grande fille. Déshabille-toi !

Il sourit malicieusement sans lâcher son regard, lui laissant le temps de prendre sa consigne et de reprendre là où elle s'était arrêtée. Mais il l'interrompit immédiatement à nouveau alors qu'il s'asseyait confortablement sur la banquette, étirant ses bras sur le dossier et laissant ses jambes se déployer impudiquement.

— Mais tu vas devoir faire un effort pour te faire pardonner ton empressement, Poupée. J'ai envie que tu te donnes en spectacle pour moi.

Qu'elle fasse un strip-tease maladroit ou qu'elle se contente de le fusiller du regard, il serait content comme ça. Il bénéficiait d'une vue imprenable sur l'événement quoi qu'il arrive, et comme elle recommençait une fois encore il se mit à la dévorer des yeux, son regard transmettant toutes les choses dont il pouvait avoir envie de faire au corps qui se dévoilait.

— Oh ! Naturellement, c'est un déshabillage intégral, Poupée. Je ne compte sentir que ta peau sous ta robe.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le mercredi 10 mars 2021, 18:15:51
Dès que Damien avait ouvert la bouche, Kara avait suspendu sa respiration, et le geste de ses doigts déjà posés sur la fermeture éclair. Le doute, une seconde, s’insinua en elle, un éclair frappa sa nuque, la figeant dans un élan où résonnait ce timbre de voix lent, mais réprobateur. Réprobateur. Son sang se glaça, pour laisser une perle de sueur se former à sa tempe, alors qu’elle ouvrait légèrement la bouche, les yeux fixés dans ceux de Thorn alors qu’elle trouvait que le temps avait arrêté sa course autour d’eux… Elle avait mal agi. C’était sûr. Elle avait pris une initiative qu’il ne fallait pas. Il allait la punir ? Si c’était le cas, peut-être fallait-il baisser les yeux ? Et pourtant, Kara ne réussissait pas à dévisser ses deux petites billes de souris, brillantes, scrutant le moindre signe sur ce visage de marbre.

Elle s’entendit cependant articuler un très clair « Oui, Monsieur Thorn » pour confirmer qu’elle pouvait en effet paraître pressée. « C’est mal, Monsieur Thorn ? » Souffla-t-elle entre ses dents, écarquillant encore les pupilles lorsqu’il s’éloigna, convaincue qu’il allait la corriger. Dans son esprit, les réflexes de survie commençaient à s’activer, comme un petit animal trop audacieux, désormais au milieu d’une voie rapide, voyant les phares arriver… Et dans le même temps, quelque chose lui soufflait une sorte de confiance, une confiance en lui, en cet homme qui se reculait jusqu’à s’installer confortablement sur un divan à quelques pas d’elle.

La sensation d’isolement lui donna un frisson, qui remonta jusqu’à son crâne, et en une seule seconde, toute la tension et le doute s’envolèrent. Un sourire de lui faisait la pluie et le beau temps. Son cœur se sentit soulagé, ses épaules moins lourdes, elle savait qu’elle ne serait pas punie et… mieux encore, elle avait bien fait. Kara répondit à son sourire, par un rictus sans doute légèrement arrogant, de cette assurance qu’il lui avait autorisé à ressentir, cette fierté d’avoir devancé, pensait-elle, ses envies.

C’était une grande fille oui.
C’était infantilisant, non ?
Pourquoi trouvait-elle cela satisfaisant, alors ?

A mouvement mesuré, boostée par cette injonction et le sentiment d’agir correctement voire plus, Kara replaça ses mains dans son dos, recommençant à faire glisser le métal dans un bruit caractéristique qui éveillait des images évocatrices. Son corps se crispa de nouveau, au moindre geste qu’il faisait, attentive à l’extrême, comme un lien invisible qui les unissait. Cette posture masculine, dominante, méprisant la terre entière, lui sembla être le comble de la séduction…

Il soulignait combien elle avait été cavalière, en effet, ce qui la fit déglutir, et se demanda si elle devait désormais s’en mordre les doigts. Se faire pardonner ? Un spectacle ? Kara leva un sourcil, le temps que cette information fasse son chemin… La jeune femme n’était pas de celles qui s’effeuillent facilement, du moins avec grâce, puisqu’elle ne possédait pas la confiance nécessaire pour se sentir capable d’être crédible. Cependant, l’alcool avait cela de magique qu’il grattait silencieusement les barrières ou les freins, et quelque chose d’autre jouait sur ce qu’elle s’apprêtait à faire ; Damien l’avait demandé, non, pire il avait exprimé son envie. Au-delà de cette promesse de lui obéir, quelque chose lui dictait qu’il avait parfaitement raison : elle avait à se faire pardonner. Elle avait à se rattraper. Elle avait à le satisfaire. Et l’Héritier voulait du show. Alors, capable ou non, ce n’était pas la question. Poupée devait bien cela à Monsieur Thorn. Et petit à petit, l’idée qu’elle pourrait sans doute y arriver honorablement germa dans sa petite tête embrumée.

« D’accord. »

Ses lèvres se tirèrent en un fin sourire dévoilant légèrement ses dents blanches, fermant les yeux un instant pour se donner une contenance. C’eut été le moment de boire un shot. Mais après quelques secondes de noir complet, la respiration lointaine de l’Antéchrist aux oreilles, Kara ondula le bassin, d’abord lentement, de manière assez gauche. Et plus elle abaissait la fermeture éclair, plus elle prenait confiance : elle allait porter cette robe longue, celle des lionnes et des tigresses… Ce n’était qu’une mise en bouche.

S’auto-convainquant, elle ouvrit les paupières pour se déhancher davantage, les pouces plongeant sous la ceinture de la jupe crayon et imposant la juste pression pour qu’elle glisse sur son bassin, passe l’os des hanches. Un demi-tour à cet instant, à pas lents, accentua son mouvement lorsque le tissu se tendit pour faire passer ses fesses au-dessus, et que Kara se trouvait contrainte de se pencher en avant pour faire couler le vêtement sur ses cuisses.

Une seconde, elle ricana, brisant un instant qu’elle avait réussi à rendre langoureux. Si elle avait su, elle aurait sans doute assorti ses sous-vêtements. Cette culotte en coton était d’un ennui mortel. Mais elle n’eut même pas envie de se justifier… De toute façon… Elle irait bientôt rejoindre sa jupe, qui venait de tomber lourdement au sol, et que d’un pas vers Damien, elle enjamba sans considération. Désormais de nouveau face à lui, la jeune femme plissa les yeux pour tenter de lire ce que son regard exprimait en la voyant ainsi.

La dernière phrase du Riche Héritier l’avait plongé dans une certaine excitation supplémentaire, gonflant son assurance comme l’alcool. Elle souleva le tissu de son chemisier en dévoilant son épaule, son visage s’illumina d’un puissant sourire carnassier, en la recouvrant. Kara réitéra son jeu quelques fois, l’ivresse rendant sa maladresse non comme un défaut, mais une hilarité supplémentaire pour elle. Elle était ridicule ? Tant pis, Kara paraissant s’amuser désormais, sans pour autant prendre à la légère son spectacle… Ses gestes étaient à destination de Thorn. Tous. Sans exception. Chaque regard lancé lui témoignait comme elle tirait de cette expérience, désormais, un certain désir, bien palpable. Sa respiration en était la preuve. Elle retira sa chemise blanche en se cambrant voluptueusement.

Presque nue, Kara prit un moment pour faire un pas supplémentaire vers le divan, baissant les yeux vers son soutien-gorge en dentelle blanche, attestant par son peu d’éclat qu’il était âgé, mais officiant parfaitement pour sa fonction première. S’il avait été une arme de charme, alors il y avait longtemps qu’elle ne l’avait pas utilisé comme tel… Pourtant, alors que ses yeux passaient de sa poitrine aux yeux de Damien, plusieurs fois, avec un sourire au coin des lèvres, Kara se sentit étrangement séduisante. Alors, ce fut facile de se contorsionner pour dégrafer cette pièce de dentelle inutile, en adressant même un clin d’œil taquin au Chef d’Entreprise. Il avait l’air d’un Fauve, ou d’être capable de voir parfaitement au travers du peu de tissu qu’il lui restait.

« C’est ça, Monsieur Thorn ? »

Une bretelle, puis l’autres, Kara secoua les épaules de la façon la plus glamour qu’elle puisse espérer l’être en étant imbibée, elle s’interrompit dans son mouvement en plaçant ses mains sur ses seins, comme si ce dernier rempart symbolique pouvait changer quoi que ce soit… Avant se lever une épaule presque aguicheuse, et de relâcher la dentelle qui sombra avec ses congénères sur la moquette.

Son buste nu, qu’elle gonfla pour lui plaire, s’exposa aux yeux de Damien alors que la jeune femme eut un sursaut de pudeur, qui teinta légèrement ses joues, avant qu’il ne disparaisse dans les vapeurs. Il n’y avait plus qu’un seul acte à ce spectacle. Kara échangea un regard, lourd de sens, avec son unique public, avant de faire un nouveau pas en avant, désormais assez près de lui pour qu’il la touche, à l’envie.

« Le spectacle vous plait ? »

Se disant, presqu’espiègle, la jeune femme plissa ses petits yeux en amande, minaude presque, glisse sa main sous l’élastique de ce dernier bastion, au niveau de sa hanche.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le jeudi 25 mars 2021, 10:27:16
Poupée serait intimidée et douterait, c'était une évidence. Pourtant, Damien n'en tenait pas compte et exigeait d'elle qu'elle dépasse ses blocages et ses doutes pour se lancer. Il y avait entre eux un jeu de pouvoir bien réel, mais il voulait qu'elle comprenne que, tant qu'elle serait à lui, elle n'aurait pas à avoir honte de quoi que ce soit. Entre eux, il était avant tout question de sexe, et le sexe était une affaire d'attraction. Plus elle se sentirait attirante, plus Poupée serait prête à pousser plus loin son expérience. Si Damien s'érigeait comme le point focal de cette estime regonflée, alors toute cette énergie nouvelle lui profiterait. C'est vrai qu'il la renforçait pour son seul bénéfice. C'était de la bonne manipulation, mais de la manipulation quand même.
Au moins, cette fois, il n'avait pas à faire pression avec ses pouvoirs psychiques.
Installé tranquillement sur le sofa, Damien ne fit pas de geste pour la motiver. Il la regarda simplement, attendant qu'elle se mette en branle. Il ne sourit pas, car un sourire pouvait dire bien des choses. La passivité qu'il affichait disait plutôt qu'il n'y avait pas de quoi se formaliser. Peut-être que son attitude eut autant d'effet que l'alcool. Il pouvait le sentir qui enfonçait les lignes de défense de ses inhibitions au bélier les unes après les autres. Ce qu'il ressentait en elle pouvait s'apparenter à un château de cartes s'écroulant au ralenti, ou plutôt à un jeu de dominos. Sans grande surprise, elle finit par se laisser aller.
Amatrice amusée, Poupée n'égalait pas une danseuse professionnelle mais convainquait par sa spontanéité et le plaisir qu'elle y prenait. Damien s'étonna presque de la voir se prendre au jeu avec tant d'entrain. Il suivait le spectacle des yeux sans en perdre une miette, de glace en apparence, mais bien affecté au fond de lui. En arrivant ici, elle n'avait été préparée à rien de tout ça, mais plus elle se laissait aller à ce jeu et plus elle s'y immergeait avec aisance et spontanéité. C'était peut-être l'alcool, ou peut-être était-ce le fait de pouvoir célébrer sa féminité trop souvent frustrée ou réprimée ? C'était surement un peu des deux. Et comme elle se déshabillait pour l'Antéchrist sans le savoir, elle flattait son égo et son vice, et comme un écho nous revient il lui renvoyait par vagues une sensation de confiance, de bien-être et de désir.
Poupée était toute proche de lui à présent. Seins nus, tout sourire et presque hilare, elle ne portait plus que cette petite culotte de coton blanche navrante qu'elle assumait plus avec humour qu'avec fierté. Damien, lui, se fichait pas mal de ce qu'elle avait dévoilé sous son chemisier ou de ce qu'elle exposait à cet instant. Cet acte d'obéissance était plus érotique qu'aucune lingerie le serait en soi. Son cœur immortel battait un tempo lourd jusque dans ses tempes et ses hormones le travaillaient au corps, l'empêchant de réprimer l'érection proéminente contenue avec peine par ses propres vêtements. Très satisfait, il lui adressa enfin un sourire où se mêlaient attirance et fierté.
— Il me plaît beaucoup, lui concéda-t-il.
Et, laissant ces quelques mots faire leur effet et activer la mécanique de récompense si simple qui assujettissait tant d'êtres vivants, il prit une profonde inspiration pour reprendre un temps soit peu le contrôle de ses émotions.
— Finis-en et viens t'agenouiller, rajouta-t-il en désignant l'espace ouvert entre ses jambes. Une gentille Poupée mérite d'être récompensée.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le samedi 03 avril 2021, 14:32:24
Kara s’était sentie pousser des ailes. Et pourtant, il résidait ce petit doute tout de même, alors qu’elle était suspendue aux lèvres de Damien, dont le visage impassible ne trahissait que peu les réelles émotions engendrées par son strip tease peu professionnel. Est-ce qu’il aimait la voir ainsi, ou était-elle totalement ridicule ? Pourtant, lorsque leurs regards se croisaient, la jeune femme était persuadée, intimement comme on a la Foi, qu’il était extrêmement réceptif à son petit spectacle. Elle n’avait pas cherché à être quelqu’un d’autre que ce qui la rendait souvent maladroite, quelconque, cependant malicieuse… Même si ses gestes se voulaient aguicheurs. Kara voulait lui plaire. Là, tout de suite, sa seule préoccupation était d’être séduisante pour Damien Thorn.

Il confirma que sa modeste prestation lui plaisait, et même beaucoup. Un sentiment agréable la fit sourire largement, trop spontanément pour tenir un rôle de femme fatale. Elle était ravie, et cela se voyait sur les traits de son visage clair. Elle n’en était pas sûre, mais elle se demandait même si elle n’avait pas dandiné son bassin à ces mots, comme on se réjouit d’un compliment.

Suspendue à la moindre réaction sur son faciès, Kara restait figée dans son mouvement, prête à dégainer, dans une attitude presque cavalière, elle si droite face à lui, le surplombant dans une posture d’idole. Et pourtant, c’était bien juste un mot, ou même un battement de cils, qui régissait tout son être, en cet instant. Elle ne pouvait nier avoir peur, d’être ainsi à demi-nue face à un homme inconnu, et d’être sur le point d’en montrer plus encore. Néanmoins, l’alcool et un sentiment d’étonnante confiance la poussaient à aller au bout. Jusqu’au bout. La situation l’excitait et tout autour d’elle avait suffisamment disparu grâce à la boisson pour être juste ce qu’il faut partante… Toujours sur la sellette, mais ne pouvant s’empêcher de continuer.

Au bout d’un temps qui lui parut infini, Damien lui donna de nouvelles instructions, qu’elle accueillit avec un signe de tête, acquiesçant lentement du menton, en cillant. Les sons autour d’eux avaient l’air amoindris, ressentait-il la même chose ?

En finir.
Les doigts déjà passés dans l’élastique de sa culotte s’affermirent, glissèrent sur ses hanches, entraînant avec eux le coton blanc qui roulait. Roulait sur ses fesses en s’étirant, avant de reprendre son élasticité et dévaler le long de ses cuisses. Kara dut se pencher, en se pliant en deux, ses petits yeux toujours ancrés sur le regard de Thorn, comme si elle était prête à s’arrêter au moindre souffle, dépendante de son approbation. A mesure qu’elle s’effeuillait, le désir grognait et chauffait ses reins, l’intérieur de ses cuisses lui semblait irradié… Lorsque sous-vêtement si confortable passa la barrière de ses genoux fins, la jeune femme leva une jambe, puis l’autre, s’emparant de ce morceau de tissu inutile.

Son cœur battait alors qu’elle reprenait une posture droite, lentement, se sentant à la fois raide et parfaitement voluptueuse. Qu’en disait l’Antéchrist ? En posant sur le côté sa culotte, Kara se dévoilait parfaitement nue, mais ne prit pas le temps de réfléchir davantage, car elle avait à suivre les consignes, après-tout. Doucement, elle s’agenouilla docilement entre les jambes grandes ouvertes de Damien, dans cette posture impériale qui lui allait, il fallait l’avouer, à merveille. Ainsi, dévêtue, à genoux, basse, relevant légèrement la tête pour pouvoir soutenir son regard brillant, face à une bête en costume, la stature de majesté puissante, le contraste était poignant.

Mais quelque chose de profond lui dictait qu’elle était à sa place. Et un sentiment agréable l’envahit, comme la sensation que le monde tournait correctement. Être ainsi entre ses cuisses, si près, lui donnait des frissons, à moins qu’il ne s’agisse de la morsure de l’air de la pièce sur sa peau. Ses mains se placèrent sagement sur ses propres genoux, le dos bien droit, en hochant la tête.

Oui, une gentille Poupée.
Elle était une gentille Poupée, elle avait fait tout ce qu’il voulait, comme il le voulait.
Sa respiration s’était accélérée, Kara s’en rendit compte seulement alors, et se mordit la lèvre, réalisant à quel point cette posture l’excitait. Une récompense. Une récompense. Elle voulait sa récompense. Mais elle savait qu’il n’était pas gentil de réclamer, n’est-ce pas ? 
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le dimanche 04 avril 2021, 16:31:45
Était-ce l'influence démoniaque de l'Antéchrist ou son inclination naturelle qui s'exprimait à cet instant, au profit de l'ivresse et de la désinhibition cumulée qui l'influençait ? C'était difficile à dire. Damien l'avait remise à sa place, tout à l'heure, et il ignorait si cet acte d'autorité avait eu un impact si fort sur elle. Les tendances de Poupée ne lui étaient pas inconnues, mais leur expression aurait pu réclamer plus d'efforts que ceux auxquels il avait consenti. Le mystère planait sur les raisons qui la poussaient à se soumettre à genoux entre ses jambes, mais il sentait qu'elle le faisait avec plaisir, et cette perspective l'excitait lui aussi. Nombreuses étaient celles à lui offrir leur obéissance absolue simplement pour qui il était, parmi ses disciples. Le fait de ne pas connaître les raisons profondes de Poupée pour lui obéir apportait un soupçon de piquant à leur relation.
Damien avait promis à Poupée une récompense bien méritée, et il s'en tenait à sa parole. La première règle, avec une personne prête à se soumettre à soi, était de ne jamais mentir sur ses intentions, et de ne jamais abuser de son pouvoir pour nuire — qu'on comprenne : au-delà de ce que la soumise aimait et acceptait. Il la fit attendre un peu, voyant comme l'anticipation l'affectait et cherchant à voir si elle franchirait la ligne entre eux et se comporterait comme une princesse gâtée. A son grand plaisir, et bien qu'il ait vu la tentation dans son regard, elle ne dépassa pas les limites implicites entre eux. Elle méritait vraiment une récompense.
Sans un mot, il finit par se pencher sur elle. Il déposa un baiser sur sa joue et remonta vers son oreille, la suçota un instant, et redescendit sur sa joue, le long des lignes de sa mâchoire. Il l'embrassa jusqu'au menton et monta sur sa lèvre inférieure, suçotant le fin relief charnu sans vraiment l'embrasser. Les baisers s'interrompirent et il resta là, ses lèvres à un centimètre des siennes, leurs souffles mêlés en un seul les joignant sans se toucher. Il gardait ses yeux inflexibles rivés dans les siens.
— Desserre les jambes, chuchota-t-il finalement.
Et, la laissant s'exécuter, il abaissa la main entre eux jusqu'à pratiquement toucher le sol, et sans un bruit, sans se presser, la remonta pour venir la poser entre ses cuisses, enveloppant sa vulve. Il la caressa, l'explora sans jamais faire mine de quoi que ce soit entre leurs yeux figés, et ses doigts, fins et habiles, la touchèrent avec une expertise inattendue pour un garçon de son âge. Il excita son clitoris sans empressement, parcourut les plis sensibles de ses lèvres intimes, ne toucha jamais à l'entrée de son vagin. Il la laissa monter en pression et s'exciter doucement, sans lui faire sentir la moindre pression, témoignant de la douceur et du respect qu'il pouvait accorder à la Poupée obéissante. Bien sûr, il était capable de la traiter bien autrement, mais il voulait la rendre fidèle en lui donnant le goût de l'obéissance — sers-moi sans résister et tu te sentiras comme une reine, pourrait-on formuler.
Après un moment où le temps et l'espace semblaient s'être figés et rétrécis à leur seule intimité, il s'interrompit graduellement, la laissant, frissonnante, à l'aune de la jouissance, excitée mais pas rassasiée. Cela, elle devrait le mériter. Il restait quelques étapes à passer pour considérer leur relation comme une chose viable.
— Habille-toi, maintenant.
Il s'était exprimé de manière douce, mais le ton était celui d'un ordre. Le moment était terminé et ils allaient passer à autre chose.
Tandis que Poupée se ressaisissait et enfilait la robe, Damien laissa retomber son rythme cardiaque, affecté par l'intensité de la tension sexuelle du moment. Une bosse proéminente trahissait, tout de même, son appréciation du moment. Il se concentra pour la faire décroître tout en rafraîchissant sa tenue. Puis, quand ils furent prêts, il expliqua la suite du programme :
— Tu vas m'accompagner au milieu du club. On va danser. On va vouloir te toucher, danser avec toi — crois-moi, je connais mes gens — et je veux que tu laisses faire, que tu joues le jeu, mais que tu sois toujours prête à me rejoindre. Si je te fais signe, tu reviendras vers moi sans délai. Est-ce que tu m'as compris ?
L'idée de l'exercice était plutôt simple : une fois dans la mêlée, elle serait libre de s'amuser et de se laisser aller à l'ambiance. Elle pourrait s'éloigner, jouer, se mêler à qui elle voudrait, et le simple fait qu'elle soit sienne attirerait les danseurs de tous les sexes à elle. Par contre, elle devrait toujours avoir Damien dans un coin de son esprit et au coin de l'œil, et être prête à bondir. Il la laisserait s'amuser un bon moment, lui donnerait l'occasion de s'éloigner autant qu'elle le voudrait. Le but était de voir si elle oublierait la laisse invisible qui la liait à lui. Si elle l'oubliait, elle serait punie. Si elle accourait à son signe, il allait considérer l'idée de la ramener chez lui — ou bien, plus révoltant encore, de l'accompagner chez elle.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le mercredi 07 avril 2021, 17:32:13
Attendre. Elle pensait attendre depuis déjà de longues minutes. Ses yeux lui piquaient, même, à force de ne pas oser battre des paupières, de peur de manquer un signe important, infime mais essentiel. Et si son attention était détournée une seule seconde ? Et s’il faisait un geste trop discret pour qu’elle le perçoive ? Kara se sentait véritablement suspendue à son regard, celui qu’il laissait pénétrer ses iris avec une telle intensité que l’air entre eux semblait tangible. La jeune femme était sensible à cette atmosphère, se sentant à la fois parfaitement sereine, et totalement bouleversée.   

L’ensemble de ses sens semblaient aux aguets et pourtant, même si son corps attestait par quelques légers frissons, son impatience et sa difficulté qu’elle avait à rester en place alors qu’elle se trouvait si proche de Thorn, qui l’attirait, elle patientait. Comme si elle était parfaitement consciente de ce qu’il fallait faire tant que l’Antéchrist n’avait rien dit. Alors qu’il n’avait même pas bougé, Kara savait qu’il tiendrait parole au sujet de sa récompense, et la curiosité puissante mettait ses nerfs à rude épreuve. Et, malgré tout, elle attendait, elle, la grande impatiente, alors qu’il aurait été facile d’aller la chercher elle-même, cette promesse délicieuse, de prendre ce qu’elle voulait.

Ce quelle voulait s’approcha alors, cette bouche qu’elle fixait, faisant naître sur son visage une expression de carpe hors de l’eau, ses lèvres frémissantes soudain, comme si elle piaffait fébrilement. Le contact la brûla véritablement, la posture de Damien penchée sur elle lui faisait tourner la tête à la hauteur de l’anticipation que son intellect avait fantasmé depuis quelques minutes. Poupée tira le cou suffisamment pour lui laisser plus de latitude dans une attitude qui trahissait largement son désir de quémander, tout en respectant le mieux possible leur petit accord. La frustration lui poignarda le bas ventre et assécha sa gorge lorsqu’il se recula à peine, trop pour lui permettre de respirer convenablement après l’émoi qu’il venait de créer, et pas assez pour venir l’embrasser… Elle n’avait qu’à bouger d’un centimètre ou deux pour cueillir ses lèvres et lâcher la bride. Mais.

Ses paupières se soulevèrent, réalisant alors qu’elle avait fermé les yeux à son étreinte, quand la voix de Damien lui imposa d’être attentive, en murmurant un ordre qu’elle exécuta immédiatement, bien trop grisée par ses baisers… L’espace ainsi dégagé fut investi et aussitôt, les frissons s’intensifièrent, la laissant instable, à la limite de la suffocation.

Là où Damien semblait froid et doux dans ses gestes, d’une maîtrise certaine, Kara écarquillait les yeux et succombait en peinant à se contenir. L’attente avait augmenté son excitation, au point qu’une délicate attention se transforme en véritable épreuve. Le regard de Thorn la boosta davantage, elle lui sourit même s’accrochant un peu à un sentiment conscient de leur jeu de domination, mais rapidement submergé par la chaleur qui mangeait ses cuisses.
Son corps entier oscillait mais elle avait encore assez de contrôle pour ne pas agir de manière idiote, pour la situation. Il fallait cependant se retenir, ne pas cesser de réfléchir, et cela devenait compliqué sous les caresses endiablées de Damien. Une crampe à la cuisse attesta de sa tension et elle se rendit compte qu’il s’assagissait lentement, lui permettant de reprendre les rênes de mieux en mieux. La gorge aride, la jeune femme cilla longuement, la tête lui tournant légèrement, son entre-jambe l’insultant de s’éloigner avec autant de cruauté. Mais étrangement, une partie d’elle était soulagée…

Il lui conseilla de s’habiller, et son menton tangua légèrement, alors qu’elle essaya d’articuler, d’abord sans succès, puis avec plus d’efficacité.

« Bien Monsieur Thorn. »

Elle avait du mal à reprendre pied, mais il le fallait bien… Se lever cependant, fut délicat et elle mit du temps à réussir à ne pas perdre l’équilibre, ses jambes raides et les nerfs encore bien sollicités.
« M.. Merci Monsieur Thorn. » Chuchota-t-elle, incapable de savoir si sa voix avait porté suffisamment, mais se sentant obligée d’être reconnaissante qu’il se soit montré généreux avec elle.

Kara soufflait lentement pour calmer son rythme cardiaque à mesure qu’elle enfilait la robe, magnifique au demeurant, en s’interrogeant sur ce que cela donnerait sur elle… Cela plairait-il à son compagnon de soirée ? Au fond d’elle, elle doutait un peu, encore, et craignait même que ce ne soit pas le cas. Cependant, sans signe ostensible de désapprobation, la Japonaise revint vers lui en écoutant attentivement ses mots. Elle acquiesça, même, à chaque fin de phrase, lui assurant qu’elle comprenait bien ce qu’il voulait.

Retourner de l’autre côté, danser, c’était dans ses cordes. Elle se savait piètre danseuse, mais peu importait, elle n’était pas non plus strip-teaseuse et avait fait le taf, l’alcool aiderait, et elle trouvait même ce programme intéressant pour une soirée ; les autres parties évoquées l’intriguaient. Pourquoi voudrait-on la toucher, tout le monde ici paraissait obéir, comme elle, à Damien Thorn, il serait sans doute assez déloyal, ou dangereux même en sachant comme il savait se faire respecter, de vouloir ennuyer leur boss ? Kara estimait que ce club lui appartenait, ou quelque chose dans ce goût-là. Pourtant, si malgré toutes les personnes sur la piste allaient assurément l’approcher, alors c’est qu’ils savaient déjà la marche à suivre.

La jeune femme déglutit. Cela signifiant que Thorn agissait souvent ainsi, comme il le faisait actuellement avec elle, et que ce qui se passerait était codifié. Du moins établi. Elle hocha la tête… Il devait aimer voir celles qu’il possédait se faire tripoter… Classique, songea-t-elle, la tension sexuelle retombante lui laissant plus de place pour réfléchir. Mais surtout, il voulait qu’elle revienne sagement vers lui quand il claquerait des doigts. Le sourire de Kara ne pouvait s’empêcher d’être espiègle, c’était ainsi.

« Bien compris Monsieur Thorn. Je garderai toujours un œil sur vous, pour revenir dès que vous l’ordonnez. »

Elle s’étonna elle-même de trouver ce qu’elle disait assez amusant, et pire, presque excitant. Ces hommes alors, à vouloir être sûr qu’elle ramperait à leurs moindres désirs… Et au fond, elle savait que c’est ce qu’elle ferait. Une petite pointe d’appréhension se réveilla ; et si elle ne voyait pas son signe ? Non. Elle le verrait, c’était certain. Puisqu’elle ne le lâcherait pas des yeux. Les danseurs et danseuses pouvaient bien s’évertuer, Kara doutait qu’ils puissent être aussi magnétiques que Damien. C’était un trait de caractère ; toujours avoir confiance en ses capacités et, fatalement, toujours se tromper…

A son niveau après avoir enfilé ses escarpins, elle pencha la tête sur le côté à la manière d’un gentil cocker, en observant le visage du Jeune Héritier, comme pour tenter de déceler ses pensées, prête à l’accompagner dans l’antre des fauves.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le jeudi 29 avril 2021, 16:36:41
Il n'était pas nécessaire de venir ici aussi souvent qu'elle puisse le penser pour que les gens agissent selon ses attentes. Ce petit club discret n'était même pas à lui, techniquement, mais, dans un sens, il possédait toutes les personnes à l'intérieur. C'était un lieu de rassemblement pour de nombreux Disciples, possédé par un Disciple et teinté des énergies obscures des pensées, pouvoirs et rituels exprimés ici à l'abri des convenances. Et si, en apparence, l'endroit avait tout l'air de votre club clandestin moyen, il n'en était pas moins important pour les bonnes personnes.
Poupée elle-même était affectée par son aura, son pouvoir, mais aussi par l'ambiance permissive des lieux. L'abandon semblait avoir éveillé la part d'elle qu'elle réfrénait ardemment depuis leur rencontre et qu'elle devait réprimer au quotidien, sinon avec une poignée d'hommes capables de la traiter comme elle l'attendait sans vouloir se l'avouer. Damien avait vu son lot de Kara, probes et sans histoires en apparence, réclamant l'histoire la plus mièvre et facile du monde, mais ennuyées et poussées par leurs instincts à la défiance dès lors qu'elles trouvaient leur prince charmant. Car, au fond d'elles, elles désiraient un homme qui fasse d'elles leur objet — même si beaucoup d'entre elles l'ignoraient, au fond —.

Robe enfilée, revers repassés, souffle retrouvé, doigts nettoyés, il était temps d'amener Poupée en soirée. Elle s'était assagie, bien qu'en paroles seulement. La petite récompense qu'il lui avait donnée avait fait son effet. La frustration pouvait être un puissant remède à l'inhibition. On ne savait à quel point quelque chose nous manque que quand la chose en question nous était enlevée. Sensible aux émanations des vices des autres, Damien sentait les vapeurs de la luxure flotter autour d'elle. C'était d'ailleurs bien pour cela qu'il savait qu'elle serait un véritable aimant au milieu de la piste. Les mortels ne pouvaient pas sentir ce qu'il sentait, mais ils y étaient tout aussi sensibles que lui, sans le savoir. Damien n'avait pour avantage que la conscience de leur existence.
— Gentille Poupée. Avec moi.
Il lui tendit son bras sans un mot et attendit qu'elle l'attrape. Dès que ce fut fait, il ouvrit la porte de la petite loge où ils s'étaient tellement rapprochés et revint sur leurs pas. Passant à côté de la table où Poupée avait choisi ses habits, il récupéra la bouteille de Jägermeister qu'il avait abandonné derrière eux. Personne n'avait daigné la toucher. Ce n'est pas que Damien aurait puni qui que ce soit qui l'aurait fait. Elle était à lui et ses possessions étaient hors limites. Comment songer qu'on toucherait Poupée, alors ? Le secret était le consentement. Et comme ils resurgissaient dans la salle par la petite porte noire, ils se trouvaient une fois de plus baignés dans la musique et entourés de gens buvant, riant, dansant ou s'embrassant sans la moindre pudeur. Damien alla jusqu'à une table libre, immaculée même, comme si un panneau et une barrière invisibles avaient tenu tout le reste à l'écart, et il s'installa dans le sofa en bois de style victorien, rembourré de cuir, qui y faisait office de banquette (exemple (https://i.pinimg.com/originals/4a/7a/9d/4a7a9d41716676ed20ee7b396c3a2b8f.jpg)). Il prit place contre le dossier haut et fit asseoir Poupée à côté de lui. Il remplit un bouchon d'alcool à son intention et le tendit à ses lèvres.
— Bois, Poupée.
Il lui donna presque la becquée et lui caressa la joue affectueusement lorsqu'elle eut obéi.
— Maintenant, va t'amuser.
Il la laissa quitta le sofa et, une fois partie, il allongea une jambe nonchalante sur l'assise et prit place dans le coin du dossier. Il se servit un bouchon, à lui aussi, et suivit des yeux la jolie brune en longue robe noire fendue, sa Poupée, qui s'avançait sur la piste de danse. Les danseurs l'observèrent s'avancer vers eux et adressèrent un regard à Damien, qui ne donna aucune réponse visible mais sembla leur avoir donné l'autorisation de la traiter comme une des leurs.

Un instant après qu'elle soit entrée sur la piste, Kara put ainsi sentir des regards sur elle. Hommes et femmes l'observaient en chien de faïence, avec une fascination voilée. Une jeune femme au maquillage et aux cheveux rouges fut la première à oser la toucher, posant ses mains sur ses bras le temps d'un court duo très rapproché avant de se retirer en riant. Derrière elle, un homme aux cheveux ras et à la carrure de militaire glissa ses mains sur ses hanches et se colla à son dos en suivant son rythme. Ce ne furent que les deux premiers d'une série qui allait se poursuivre.
Et, pendant ce temps, Damien vaquait à ses occupations, recevant des gens que Kara ne connaissait pas le temps de quelques mots et d'un verre, ne tournant son attention vers elle que brièvement, de temps en temps, lui rappelant toujours qu'il se rappelait bien qu'elle était là.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le dimanche 02 mai 2021, 15:47:09
C’est fou comme quelques mots pouvaient désormais la rendre heureuse. Un sentiment profond de fierté l’avait envahi lorsqu’elle avait lu dans le regard de Damien la satisfaction, et un orgueil démesuré explosa sur son visage de porcelaine à entendre « Gentille Poupée ». Son sourire avait percé aussi surement que s’il lui avait fait une véritable déclaration d’amour, ou complimenté sur un travail délicat. Cette fois, Kara se sentait invincible à l’entente de quelques petits mots anodins. Oui, c’était une gentille Poupée, elle était obéissante, et il aimait ça. Et désormais, la jeune femme savait combien elle était récompensée pour ses efforts, et cela l’excitait particulièrement. Sans savoir se l’expliquer, elle souhaitait viscéralement que Thorn soit content d’elle, et cela passait maintenant par aller se divertir en restant attentive au moindre de ses gestes.

Dans les faits, cela ne lui semblait pas très compliqué, ignorant tout des liens invisibles qui reliaient tous ces êtres présents dans le Club. Juste danser avec d’autres gens et revenir vers lui quand il en aurait envie, bah, c’était de la rigolade, non ? D’autant plus alors qu’elle exécutait un nouvel ordre, en buvant le bouchon de l’alcool qui lui brûlait, chaque fois un peu moins fort, la gorge. Les détails de la table libre ou des regards lui passaient au-dessus, consciemment ou non, à cause de l’ivresse, Kara ne s’en souciait que peu… Depuis le début, l’Héritier agissait avec un flegme assuré, et tout semblait toujours lui réussir. Une seconde, elle se demanda s’il avait déjà connu l’échec, et un léger sourire tira ses lèvres, malicieux, sarcastique, en observant le visage du jeune homme, et le paradoxe de son attitude digne d’un cinquantenaire, vis-à-vis de son faciès de minot. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il agissait ainsi pour paraître plus âgé ; dans le monde des Affaires, il ne faisait pas bon être trop jeune, et il avait surement développé tous ces petits travers de domination pour compenser son âge, se venger des remontrances des vieux briscards du milieu, prendre sa revanche…

Une seconde, elle le considéra ainsi, le menton haut, le regard presque défiant, alors que son visage ou son attitude n’exprimaient en rien la rébellion. C’était ainsi, Kara se pliait désormais à ses volontés, y trouvait plus d’intérêt qu’elle n’y aurait cru, et surtout, le désir qu’elle en retirait était d’une nature insoupçonnée. C’était la première fois qu’elle participait à ce type de relation, et n’en connaissait pas les codes. Peut-être que c’était normal, après tout, dans ce genre de communauté ? Puisqu’elle avait décidé de s’y adonner et d’obéir à Damien, il restait son guide dans un océan nouveau.

L’alcool glissait dans sa gorge aussi surement que les doigts caressaient sa petite joue devenue rouge par l’ébriété. Elle en sourit, presque de manière tendre, mais déglutit alors même que ce simple geste l’excitait. Le magnétisme de l’Antéchrist fonctionnait à plein régime sur sa petite personne soumise, et lorsqu’il la chassa, lui ordonnant d’aller s’amuser, ce sourire attendri s’élargit pour plisses ses yeux en amande.

« Oui Monsieur Thorn ! »

Cacher son enthousiasme était vain. Ce nouveau jeu, puisqu’elle prenait la chose ainsi, ce nouveau test, aussi, songeait-elle, la rendait impatiente, bien que mal à l’aise. Kara se savait piètre danseuse, mais elle avait réussi, plus ou moins, à satisfaire son spectateur en s’effeuillant de manière presque sexy, alors, danser ne serait sans doute pas plus compliqué.  Se levant de manière langoureuse, du moins l’espérait-elle, la Commerciale se dirigea vers le centre de la piste, même si la musique n’était pas à son goût. Peu importait, quand elle allait elle-même en boîte, ce n’était aucunement pour le son. Cette fois, quelque chose lui disait que ce serait pareil…

Arrivée au centre de la piste, elle s’étonna cependant des attentions qu’elle attira, bien qu’elle ait été un peu prévenue par Damien. Kara n’attirait pas forcément les regards, mais l’étonnement passa rapidement, merci l’alcool, pour laisser la place à un énorme sentiment de fierté. Son assurance augmentait avec le nombre de regard, de sourire, le nombre de danseurs qui s’approchaient d’elle… C’était nouveau, déconcertant, grisant. Sans se l’expliquer, elle se prit immédiatement au jeu. Au début, elle tournait ses petits yeux vers Thorn toutes les minutes, ressentant cette crainte de manquer son signe. Au fur et à mesure qu’elle commençait à apprécier les basses résonnant dans sa poitrine, la proximité de ses partenaires qui allaient et venaient, se collaient à elle, s’éloignaient, revenaient, Kara espaçait ses regards vers le Riche Héritier.

Une femme derrière elle glissait sa poitrine contre son dos, un homme empoignait sa nuque pour qu’elle se serre à lui, un autre ouvrit l’ouverture de la longue robe fendue pour caresser son genoux, puis sa cuisse. Une immense blonde laissa une trace de son gloss odorant dans son cou, la laissant suffoquante. Les danseurs fortuits lui souriant tous, la regardaient d’un air étrange, comme personne ne l’avait jamais observé. Elle avait l’impression qu’ils la désiraient… Il lui était impossible de se souvenir combien de mains l’avaient effleurée, touchée ou palpée plus sévèrement avec le temps. Elle croyait qu’ils étaient de plus en plus insistants, et sans pouvoir rien y faire, elle leur souriait en retour, se sentait ivre de leur contact, jusqu’à elle-même les provoquer. Elle se surprit à faire un signe à un type aux yeux vairons qui luisaient à la lueur des néons, de l’index, pour qu’il vienne à elle.

Kara se sentait toute-puissante. Ivre de tous ces parfums, des couleurs, de la musique qui l’abrutissait. La mauvaise danseuse se déhanchait et aguichait sans plus de filtre, riant lorsqu’elle se sentait victorieuse, grognant à ceux qui s’éloignaient après un échange. C’était bizarre qu’ils se tirent ainsi, non ? Soudainement, ses yeux s’arrondirent de stupeur. Cela faisait de longues minutes qu’elle s’amusait, hors du temps, et ce léger détail lui revint en mémoire.

Damien.
Immédiatement, la jeune femme se tourna vers la banquette baroque où elle l’avait délaissé. Son cœur se mit à accélérer, et la peur lui serra l’estomac. Elle l’avait oublié. Etrangement, autour d’elle, un cercle c’était formé autour d’elle, lui faisant ressentir d’autant plus une profonde solitude coupable. Son regard embrumé chercha le sien, la bouche ouverte.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le dimanche 20 juin 2021, 00:11:31
On pouvait compter sur les gens d'ici pour l'accueillir dignement. Ici, on se fichait de l'apparence, du sexe, du style... Toute nouvelle personne était prise et respectée telle qu'elle était. On pouvait se dire que c'était étrange pour une communauté qui, si elle ne l'affichait pas, avait sombré, au contact de Damien, dans le satanisme le plus fervent qui soit, mais ça ne l'était pas. Les choses terrestres étaient belles à leur façon et chaque individu était beau à sa façon. Le fait de ne pas être dans la norme ne devait pas empêcher de jouir du monde, aussi difficile soit-il. Il y avait là toutes sortes de personnes et toutes laissaient libre cours à leurs envies sans se soucier des étiquettes de l'autre. C'était normal que Kara, que personne ne connaissait encore, soit ainsi sondée et intégrée. On ne s'éloignait pas parce qu'elle n'était pas intéressante, mais parce que c'était un rituel auquel chacun avait son tour.
Aussi, ils ne restaient pas car ils savaient qu'elle avait été amenée ici. Et ils savaient qui l'avait amenée. Le mot avait très vite fait le tour de la foule après leur arrivée.

Mais son initiateur n'était plus à sa place. Quand elle se retourna enfin vers le coin où elle l'avait laissée, après de longues minutes d'abandon à ses plaisirs, elle ne l'y retrouva pas. Et le cercle qui s'était formé autour d'elle ne s'était pas vraiment formé autour d'elle. Dans son dos, silencieux, un sourire narquois sur le visage, Damien la regardait le chercher du regard, surprise sans doute, apeurée peut-être. Il resta là quelques secondes à l'observer, puis il combla la distance entre eux et il l'attrapa par la nuque. Il ne serra pas, mais il la fit pencher, face vers le sol, et la maintint là, pliée en deux en regardant ses pieds.
— Tu as raté une rencontre très intéressante, Poupée, la sermonna-t-il sur un ton pourtant détaché.
Lui en voulait-il ? Non. Pourquoi lui en voudrait-il ? Il se doutait bien de l'évolution qu'aurait son aventure au centre de la piste, elle qui se sentait nulle et indésirable dans ses draps usés constellés de miettes en temps normal, soudain projetée dans un monde où on voulait la voir, la sentir, la toucher, la goûter. Quoi de plus improbable, de plus perturbant, de plus enivrant ? Il savait bien que son attention s'évanouirait. C'est bien pour ça qu'il l'avait envoyée, à dire vrai. Il avait besoin d'un levier supplémentaire. La culpabilité était un levier exécrable, mais tellement facile !
— Qu'est-ce que je dois faire de toi, Poupée ? Allons, viens, je vais y réfléchir en marchant.
Il relâcha sa nuque et la laissa se redresser. Passant devant elle, il lui fit signe de le suivre et fendit la foule, qui dansait toujours, en direction du sofa victorien. Ils y arrivèrent vite ; bien vite pour trouver une sentence appropriée, et c'était l'idée, même si Damien avait toujours quelque plan vicieux en tête. Se rasseyant, il posa son regard sur elle. Jambes croisées, bras écartés sur le dossier, il semblait peser ses options.
— Dis-moi, Poupée, quelle punition te paraîtrait appropriée ? Ne sois pas timide. Je t'écoute.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le dimanche 11 juillet 2021, 01:08:39
Kara regardait le sol du Club et les chaussures si bien cirées de Damien, plissant les yeux sous la contrainte de cette main qui lui imposait une révérence humiliante. Quelque chose pourtant lui disait, au fond d’elle, que c’était parfaitement mérité ; cependant, une autre partie de son esprit trouvait ce geste inapproprié. Cela dit, elle était sa Poupée, non ? Et c’était légitime qu’il lui indique qu’elle avait failli à la seule consigne restrictive qu’il lui avait donnée en la laissant aller danser ? Elle avait eu droit de s’amuser à une seule condition, et elle avait fauté. Son cœur battait si fort qu’elle le sentait pulser à l’endroit où les doigts de Thorn appuyaient sur sa nuque.

« P... Pardon Monsieur Thorn... »

Comment pouvait-on être aussi calme, alors qu’elle pensait qu’il serait furieux ? Cet homme avait une telle maîtrise de lui-même, c’était effrayant. L’alcool perturbait ses sens, et elle avait eu l’impression que les gens autour d’eux s’étaient écartés pour laisser passer le Riche Héritier, comme si tous étaient à ses ordres. Est-ce que c’était possible ? Non, bien sûr que non, enfin.

La retombée de ce sentiment d’ivresse intense ressenti sur la piste la faisait trembler, et la culpabilité écrasait sa gorge, la rendant raide dans ses mouvements comme ses mots. Les paroles de Damien n’arrangeaient rien, elle s’était attendue à ce qu’il hurle, à vrai dire, et c’était surement pire de rester froid. Elle l’avait déçu, sans doute. Ce sentiment la terrifiait.

En se redressant finalement, lâchée par la poigne tranquille mais ferme qu’il venait de retirer, la Commerciale ne se sentit cependant pas mieux. Ce qu’il venait de dire ne présageait rien de bon et il était étrange pour elle d’être persuadée mériter tout cela. C’était normal de punir une fautive, non ? La règle était simple, c’était comme la loi, hein ? Quand on ne respecte pas la loi, on a des problèmes…

Déglutissant, le regard bas, elle se surprit à trottiner derrière lui sans laisser de distance entre eux. Kara marchait vers son châtiment, c’était peut-être le moment de fuir ? Une personne sensée aurait profité de l’occasion pour s’en aller, remerciant éventuellement son hôte pour la soirée si atypique qu’elle venait de passer… Mais la jeune femme s’installa doucement, la boule au ventre. L’idée même de l’avoir déçu, et surtout d’être corrigée était paradoxale. Elle voulait rester.

Le Fauve était assis en majesté sur son trône, alors que Poupée ne se sentait plus du tout l’âme de la Femme Fatale qu’elle avait pu ressentir peu de temps avant. D’un coup, elle releva la tête vers son visage, choquée par ce qu’elle venait d’entendre, la bouche ouverte comme une carpe. Quoi ? Elle devait elle-même lui souffler sa sentence ? L’expression de son visage affichait la surprise, comme la frayeur. Peut-être pourrait-elle proposer quelque chose de léger, et s’assurer un châtiment plus doux, et ainsi éviter ses ires ? Ou peut-être était-ce un piège, puisqu’il était celui qui dictait sa loi ici, il serait sans doute plus sage de le laisser choisir ?

Kara cherchait dans le regard de glace de Thorn une réponse, ses yeux devenus presqu’implorant, face à ce dilemme.

« Je… »

C’était dur.
Elle eut des idées saugrenues, qui lui faisaient presqu’envie, la faisant se mordre la lèvre et se retenant. Puis, le silence devenu trop lourd, elle prit peur qu’il s’impatiente et chercha à gagner du temps.

« Je ne suis… peut-être pas la mieux placée pour donner mon avis, si ? »

Ses reins se mirent à chauffer, la faisant légèrement gigotter sur son assise, s’en voulant bientôt d’être excitée soudainement par une situation aussi dangereuse. Elle avait déjà vu Damien en colère, songeait-elle, et la terreur qu’il lui avait inspirée n’était pas quelque chose qu’elle voulait revivre. Pourtant, légitimement, elle devait être réprimandée.

« Une fessée ? »

C’était sorti tout seul, à la taille arrondie de ses pupilles, on comprenait qu’elle n’avait jamais eu l’intention de lui répondre cela. Pas consciemment, toujours. Ses paupières battirent un instant l’air et elle voulut se reprendre, balbutiant des mots idiots et incompréhensibles entre ses dents.
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le mercredi 21 juillet 2021, 03:31:58
Une fois la responsabilité remise entre les mains de Poupée, Damien s'était tu et l'avait fixée sans un mot, les bouts de ses doigts réunis sous son nez comme s'il contemplait un mystère prêt à être dévoilé. Et ce n'était pas tout à fait faux, car s'il pouvait sentir le vice de Kara grossir en elle à chaque petite poussée qu'il lui avait envoyée, il devait voir où elle en était et comment elle considérait sa position à présent. Pouvait-elle avoir tort ? Oui et non. Damien avait une fourchette de punitions potentielles pour la belle Japonaise et il souhaitait voir si elle était raccord avec lui. Si ce n'était pas le cas, il lui faudrait considérer ses options et, peut-être, prendre de nouvelles mesures pour elle.
Mais il eut de la chance : après un moment passé à soupeser son silence pendant que, derrière elle, la soirée continuait comme si de rien n'était, elle avait fini, en dépit de tous ses blocages, par se faire une raison et par accepter les idées qui les avaient conduites jusque là, et qui maintenaient en elle cet état d'excitation qu'elle n'osait abandonner en reprenant le pouvoir qu'elle pourrait si facilement reprendre. Presque malgré elle, elle avait proposé de se voir administrer une fessée, et Damien esquissa un sourire malicieux derrière ses mains, profitant de l'instant de stupeur dans lequel elle s'était plongée elle-même.
Finalement, il leva une main en signe d'interruption.
— Calme-toi, Poupée !
Quelques mots, simples, qui ne feraient rien sans l'autorité qui allait avec. Heureusement, il avait établi assez de contrôle sur elle pour qu'elle pince les lèvres instantanément, et sa paume levée se tourna et se plia pour lui faire signe d'approcher. Et quand elle fut près de lui, il se recula dans la causeuse et tapota ses cuisses.
— Grimpe.
Il n'allait pas lui expliquer verbalement tous les tenants et aboutissants. Elle était assez grande pour savoir où ça allait conduire. Mais, bon prince, il lui prit quand même la main et la guida de ses gestes, l'accompagna jusqu'à ce qu'elle eut grimpée sur lui, le ventre sur ses genoux, tête d'un côté, fesses de l'autre. La robe échancrée et coupée exposait dramatiquement cuisse et poitrine, ce à quoi Damien ne fit rien. Bien au contraire. Une fois allongée proprement, il attrapa la jupe et l'ouvrit, la remontant pour exposer son derrière. D'une main dans la nuque, il lui intimait de ne pas bouger.
— Une bonne fessée se fait déculottée. Crois-moi, tu vas adorer.
Peut-être s'attendait-elle à ce que des coups paternalistes ne volent instantanément en claquant sur sa peau, mais il n'en fut rien. Damien fit d'abord glisser sa paume sur ses fesses, y tournant un instant, les faisant rosir et chauffer, les stimulant et, il le sentait, excitant Poupée malgré la position humiliante. Il passa un moment de silence entre eux avant que les frottis ne cessent et que la main s'écarta avant de venir fouetter le gras de son derrière. Ce n'était pas frustre comme une fessée de papa, mais c'était douloureux et vicieux. Il garda la main à l'endroit de l'impact, la laissant chauffer et se calmer, et frotta à nouveau un peu avant de recommencer. Il s'exécuta ainsi trois fois seulement, mais entre le temps passé et la franchise de la correction, trois fois étaient assez pour la marquer un petit moment.
— Je fais ça parce que tu es à moi, lui murmura-t-il enfin. C'est pour ça que je peux être doux, aussi.
Il fallait bien faire passer la pilule après ça, et Damien savait comment rendre Poupée dingue. Il avait toujours la main sur ses fesses et la croupe tendue n'attendait qu'un geste de sa part. Il fit glisser la main et les doigts inquisiteurs plus bas, plongeant entre ses cuisses pour retrouver sa vulve et en écarter les lèvres au contact de son clitoris. Il la caressa, doucement, intensément, titillant son vagin sans jamais y pousser.
— Tu as déjà rêvé de jouir en public ?
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Kara Desco le dimanche 08 août 2021, 20:52:30
Elle avait dit une bêtise, et le savait très bien. L’appel au calme de Damien résonna comme un cri dans sa petite cervelle en panique, et Kara se tut immédiatement, comme sous le choc d’une phrase pourtant posément édictée. Un réflexe lui intima de s’excuser, mais elle garda le silence, se contentant de pincer les lèvres d’un air désolé. Etrangement, elle ne baissa pas les yeux, et ne craignit pas un geste violent de sa part… Son attitude ne paraissait pas inquiétante, du moins pas brutale physiquement, dans l’immédiat. La jeune femme hocha la tête en avançant docilement vers lui.

Dans sa tête, les contradictions tambourinaient. Quelque chose l’excitait au loin, et cette sensation de désir lui paraissait malsaine, et donc à refouler. Pourtant, il lui était impossible de l’ignorer, encore moins lorsqu’elle comprit les indications qu’il lui donnait… La laissant sans voix un peu hésitante, la main qui l’accompagna fut la bienvenue, et elle n’émit aucune résistance : une bonne partie d’elle consentait à cette sanction, qu’elle avait elle-même choisie. Il lui semblait naturel d’être corrigée pour sa faute, c’était dans l’ordre des choses, Damien avait été clair, avait donné des consignes, elle avait désobéi.

Un étrange calme avait envahi son être, même si l’appréhension était grande. La tranquillité de Thorn était une source d’angoisse à vrai dire, elle avait cru que le Riche Héritier l’aurait giflé ou aurait grogné pour l’humilier. Comme souvent, la colère maîtrisée et froide était plus impressionnante que les pires irruptions tempétueuses.

Obéissante, Kara se positionna ventre sur ses cuisses, dans une posture inconfortable, bizarre, surement ridicule. Elle s’inquiéta, une seconde, de se retrouver dans cette situation face à tout le monde, ses yeux roulèrent vers la pièce, et avec un sursaut, sentit le tissu de sa robe si élégante remonter pour découvrir ses fesses. Un mouvement de rejet instinctif la fit gigoter, avant qu’elle ne soit saisie par la nuque, imposant immédiatement l’immobilité. Comme les mots, ce simple geste la rendit stable, supportant alors étrangement le désagrément de sa position.

Tout le monde devait voir ses fesses. Kara déglutit. Ils devaient tous la regarder, et un frisson glacé remonta le long de la colonne vertébrale, mourant sur la paume qui verrouillait sa nuque. Allait-elle vraiment adorer ? Pour le moment, le temps s’écoulait lentement, et la jeune femme se sentait ridicule… Mais dès que le contact des doigts de Thorn se firent sentir sur la peau à la chair de poule de son postérieur, en les réchauffant de gestes assurés, la Japonaise sentit le rouge monter à ses joues. C’était loin d’être de la honte, elle sentait s’engourdir ses cuisses et son intimité se contracter, par anticipation.

C’était incompréhensible d’être excitée dans une telle situation, mais elle ne pouvait pas l’ignorer davantage. Ses caresses dominantes firent accélérer son pouls et il lui fallut lutter pour se souvenir qu’elle allait avoir mal bientôt, que ce n’était pas une récompense. Fort heureusement, la paume retomba en faisant rebondir sa fesse, claquant à ses oreilles et la vive brûlure qui monta immédiatement après la fit couiner. Kara ferma les yeux, ses joues chauffaient, la sensation de douleur était supportable mais prégnante, la surprise de cette claque la laissait étrangement tremblante… Avec une sorte d’effroi, la Commerciale constata qu’elle se sentait humide et… Est-ce qu’elle en voulait encore ?

Le rituel se répéta deux fois encore et, à la dernière, il lui sembla clair qu’elle éprouvait un plaisir coupable. Attendre le moment fatidique alors que la main de l’Homme d’Affaires parcourait le champ de bataille, frémir lorsque le contact se brisait et retenir sa respiration avant que ne retombe la sanction… Mais elle ne s’y faisait pas, refusait cette horrible vérité. C’était un truc de tarés, ce genre de pratique, et bientôt, sa Raison tenta une percée dans le nuage englué de désir, et ses paupières se relevèrent pour reprendre le contrôle. D’un coup, la douleur lui piqua plus sauvagement, à l’endroit où les coups étaient tombés.

La voix de Damien la fit ciller, et sans même réfléchir, elle hocha la tête pour acquiescer en silence. Oui. Elle était à lui. C’était une évidence. Ça lui semblait universel. Il aurait fallu qu’elle se rebelle mais…

Doux ?

La surprise de la douceur annoncée, en opposition avec la morsure encore bien présente sur son postérieur, lui fit lâcher un soupir de soulagement indiscret. Le chemin qu’il prenait n’était pas anodin, et immédiatement Kara ressentir le désir brûlant de l’encourager. En gardant le silence, comme si elle craignait de parler, de dire un mot de travers, son dos se creusa un peu plus, laissant un accès plus avantagé à ses doigts inquisiteurs.

Le constat était sans appel. La scène venait de l’exciter, Thorn devait le sentir en effleurant son intimité, et un sursaut lui fit serrer les dents lorsqu’il atteignit son clitoris. Des informations contradictoires grognaient dans sa tête, la forçant à fermer de nouveau les yeux pour tenter de les faire taire. Ses caresses, habiles, si efficaces, avaient raison de son silence, et sa respiration ne résista pas longtemps avant d’être plus sonore. La musique l’aidait, se croyant couverte largement dans ses soupirs moins discrets.

Mais Kara sursauta.

« Quoi ? »

Jouir en public ? Non. Bien sûr que non.
Elle se contorsionna un peu pour tenter de tourner les yeux vers le visage de Damien, mais la main sur sa nuque lui interdisait tout écart. L’impression de contrition lui envoya une décharge électrique qui contracta ses cuisses, la Japonaise se mordit la lèvre et remit ses idées en place. Chose difficile, trop perturbée par les doigts experts du jeune homme.

« Je. Non, je ne crois pas. »

Il la forçait à se poser la question. Et la réponse qu’elle commençait à entrevoir la terrifiait, à vrai dire. Et puis, une voix sage en elle lui soufflait que, quel que soit sa réponse, elle appartenait à Damien Thorn, et qu’elle en rêve ou non, elle était à lui. C’était horrible de penser, désormais, qu’elle venait de sentir son intimité suinter de plus belle à cette simple idée…
Titre: Re : Dans une jungle d'épines | Damien, Kara
Posté par: Damien Thorn le mardi 31 août 2021, 00:18:06
Damien sentit les cuisses de Kara se serrer et son corps tout entier marquer une hésitation pudique à sa question. Alors, il interrompit ses caresses, garda la main, ses doigts humides, tout contre elle, dans le creux de ses fesses. Il dressa l'oreille, attentif, percevant la vérité dans ses hésitations toutes humaines, dans ses croyances modelées par les convenances et par la bienséance. Non, bien sûr, une femme digne ne rêvait pas de ça, elle ne couchait jamais le premier soir et le faisait dans un lit, propre, avec un mec classe qui la fait se sentir en sécurité et lui promet une vie de simplicité et de tranquillité. Bien sûr ! Elle ne rêverait pas d'aller chercher l'agonie dans le coin d'un bar populaire, à l'abri d'une ruelle humide, avec un mec dont elle ne connaissait pas le nom mais qui la faisait se sentir petite, incertaine et en danger, peut-être. Et elle ne se réveillait sûrement pas en se disant que le rêve eut été parfait si on l'avait surprise, et que, peut-être, on aurait pu la rejoindre, la prendre encore. Une femme ne rêvait pas de ça. Sûrement pas !
Pourtant, elles se laissaient si facilement trahir par leurs corps et leur subconscient... Damien s'esclaffa en entendant sa réponse.
— Ha ! Poupée ! Tu veux me faire croire que tu es une sainte ?
Non, elle n'en était certainement pas une. Elle ne pouvait pas le nier encore, après avoir cédé aux tentations du Diable toute la soirée, sans se prendre elle-même à mentir. Et son corps ne démentait pas car, du bout d'un doigt glissé dans l'écart de ses cuisses, il sentait la cyprine suinter de sa vulve sous l'effet de l'émotion et de l'excitation. Et, au fond de son crâne, il sentait bien le courant de la Luxure qui s'emportait en elle.
Sans prévenir, la main quitta les fesses, revint claquer le gras, piquant sans brûler.
— Relâche-toi donc !
Il la motiva d'un coup de ses pouvoirs psychiques, jouant sur le flot des pensées lascives qui bouillonnaient en elle pour les faire remonter, la faire succomber au désir d'abandonner, d'obéir, de recevoir, de servir. Et dès que son corps se relâcha les phalanges de Damien retrouvèrent leur chemin et vinrent plonger entre ses lèvres à nouveau, frottant, massant sans la moindre pudeur, cherchant uniquement à la faire jouir, intensément, rapidement. Et pour accroître le malaise extatique de Poupée, il délaissa sa nuque pour tirer sur le col très échancré de la robe, sortant un petit sein du tissu pour s'en emparer. Et il ajouta aux gestes les mots :
— Tu as accepté le nom, mais tu n'as pas encore accepté l'état. Tu es {b]ma[/b] Poupée et tu es là parce que tu rêves d'être mon jouet.