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Au coeur d’une ville, sur une petite colline, une bâtisse s’érige entre les immenses jardins, quelques arbres. Le centre de la ville n’est pas l’église, c’est cet édifice. Elle surplombe les bâtiments, les quartiers alentours s’illuminent lorsque le soleil daigne les couvrir. L’emplacement est parfait puisqu’il remplace la ‘maison de dieu’. Ce manoir est blasphématoire, ne serait-ce que par son emplacement, par ses décorations, bientôt visibles, éclairées par Helios. Il s’amuse, plus haut. Enfin, le château se montre sous ce voile, cette orée de jour. De grandes tours s’élèvent du sol, de jolies statues se montrent sur la façade, surtout une, face à l’entrée. Placé au centre d’un arc de cercle de chemin pour magnifier l’entrée, un archange se prosterne face à ceux qui sortent de la maison. Son double, face aux arrivants, est puissant, droit, protecteur. Son air de dieu orgueilleux dévoile son identité. Lucifer. Il surplombe, domine quand des gens approchent, mais les maîtres de la maison le soumettent. Dos à dos, ces deux Lucifer donnent la couleur, en entrant ici, vous serez chez des dieux. Alentours, des jardins symétriques entretenus par des valets, des arbres taillés entourent le terrain, empêchant les petits curieux de venir regarder ce qui advient dans le jardin d’Eden. Les propriétaires sont partis en voyage d’affaires, laissant leur pauvre enfant seule. Comment pourrait-elle donc survivre seule ? Elle est toute jeune adulte cette belle ange. Elle dort encore dans ses draps rouges et blancs… Ils sont froissés sous son corps blême, sous ses mains qui agrippent avec candeur sur un gros chien blanc à l'allure davantage lupine, lui aussi endormi. Les rideaux, agités par une brise légère, plongent la chambre dans une pénombre matinale agréable. La bête entre ses bras s’agite paisiblement, d’abord la queue, puis les oreilles, enfin, tout le corps. Elle glisse sans l’éveiller et sort de la chambre.
La porte est entrouverte… Quand elle dort, ses yeux, ses lèvres, son visage entier est apaisé, on dirait presque qu’elle sourit parfois dans son sommeil. Une véritable petite étoile tombée du ciel. Dommage que cela ne dure pas. Jamais. La petite princesse a été élevée dans le luxe, elle est habituée à avoir tout ce qu’elle désire. Garce, pourrie gâtée, peste, provocatrice, ricaneuse. Loin d’être un ange de coeur et d’âme. De toute façon, elle n’a jamais aimé les anges. Ils sont ennuyants. Mis à part le gardien de cette maison. Ses paupières se crispent quand un rayon vient taper sur sa belle peau… Hmm… Pas déjà… Elle préférait le monde de Morphée que celui des hommes, même si son monde elle le régit, au doigt et à l’oeil. Personne ne lui manque de respect, jamais. Sous peine d’avoir la colère des dieux sur le dos. Elle s’éveille, cette créature. Elle émet un petit “Hmmm…” plaintif de sa voix de princesse. Elle ouvre les yeux enfin. Sa chambre est décorée sobrement, de rouge et de noir. Dans chaque salle se trouve un objet insolite, glauque qui rappelle que la maison est soumise aux lois du diable. Dans sa chambre ? Sur un mur se trouve une croix inversée peinte en rouge aux contours noirs, suintant des perles de peinture noire sur le mur rouge sang. Le désavantage c’est que la pièce serait… un four si seulement il n’y avait pas cette climatisation adorée. Vingt degrés tout le temps, même durant l’été. En parlant d’été, ce soleil qui s’est levé bien trop tôt l’a également titillée BEAUCOUP trop tôt à son goût. Elle se redresse, d’abord la poitrine, puis la tête, ses cheveux noirs tombent sur son visage, ses bras posés sur le lit l’empêchent de s’allonger. Ses jambes sont resserrées, l’une contre l’autre, elle tourne ses beaux yeux vers l’entrée menant vers l'antichambre et vers sa penderie démesurée.
“Hmm… C’est quoi son nom déjà… Esclaaaaaave !”
Oops. Est-ce faux ? Certainement que non. Il est son petit toutou adoré, un gentil petit chien qui lui obéit pour avoir de l’argent, être nourri, logé et être traité comme une merde. C’en est une. Les gens n’ont que ce qu’ils méritent. Un chien doit être considéré comme un chien, c’est ainsi. Un dieu doit être élevé par rapport aux autres. En tant que princesse, elle se doit d’être présentable, d’être respectée. Une noble comme elle n’a pas d’attention à accorder à son majordome. Elle attend qu’il se présente à elle, assise sur le rebord droit du lit, de profil, -le lit est face à la porte-, la tête à peine tournée vers lui. En dormant, elle n’a pas de sous-vêtements, juste une nuisette noire qui redessine parfaitement les courbes de son corps. Son ordre claque et elle pose son dos sur le lit d’un air las:
“Habille-moi, laquais. Tu trouveras le nécessaire dans l’antichambre je veux une robe légère, peu importe la couleur, sauf blanc. Et des sous-vêtements bien entendu, ne fais pas plus abruti que tu ne l’es, esclave.”
Elle tire la langue vers le plafond et attend, à demi allongée, ses jambes sont dénudées à hauteur de mi-cuisse, elle ne courbe pas le dos, elle n’a pas l’intention de l’aider non plus pour ses ordres sommaires. Lever les fesses ou les bras ? Trop fatiguant pour elle. Il devrait se hâter, elle a une patience quasi inexistante. La jolie demoiselle s'appelle Eden Blanc, française. Une véritable petite garce, elle se saisit de son téléphone avant de pianoter sur son clavier, sans s'intéresser à ce qu'il fait... C'est une feinte, elle le regarde. Il ne manquerait plus qu'il la touche ou la regarde de trop près.