Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Les terres sauvages => Discussion démarrée par: Erika Landry le mardi 12 mars 2019, 16:41:49

Titre: La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mardi 12 mars 2019, 16:41:49
« Ils t’admirent beaucoup et ça me fait peur. Ne nous en veux pas, mais ils ne peuvent prendre exemple sur toi. »

Erika se passait les mots de son frère en boucle en son esprit comme d’un chant rythmant chacun de ses pas. Elle n’avait pas vu ses deux neveux depuis des mois, et à sa seule visite ni Erik ni sa femme – aussi douce et gentille qu’elle pouvait être aux yeux de ses voisins – ne l’avaient lâchée sur l’image qu’elle renvoyait à leurs fils.

- Tu es si téméraire, Erika ! C’est bien, mais pas pour nos deux sucres, Erika ! se répétait-t-elle à voix haute en frappant des bottes sur les quelques grosses pierres sur son passage.

Elle s’était contentée de croiser les bras et d’écouter leurs sermons nappés de politesse sans le moindre commentaire. Qu’aurait-elle pu contester, de toute façon ? S’ils étaient deux à s’y mettre d’accord, à craindre le jour où l’un de leur deux marmot demanderait un petit voyage à leur tante, elle n’aurait son mot à dire. Dans le principe, cela dit, Erika aurait préféré accueillir un peu plus de colère pour au moins les faire taire.

C’était le cœur pincé qu’elle parcourait d’anciens sentiers débraillés par le temps et les rares passages, ne levant les yeux vers l’horizon seulement pour souffler. Il lui était rare de ne pas rester attentive au monde qui l’entoure, mais Erika ruminait un peu de trop pour s’en préoccuper. Pourtant, c’était une amoureuse incontestable de la nature, autant dans sa cruauté que dans sa plus pure tranquillité. En général, elle ne rencontrait que peu de problèmes sur sa route à moins de volontairement les provoquer, alors Erika se disait là qu’elle pourrait se permettre un peu plus d’imprudence que de coutume.
Le coucher du soleil commençait tout juste à diffuser ses chaleureux rayons au travers des feuillages et les ombres engloutissaient progressivement les passages les plus étriqués. Se frottant frénétiquement les avant-bras sous la fraîcheur de la brise naissante, Erika ralentissait le pas et s’étirait à plusieurs reprises, souvent consciemment pour se réveiller l’esprit et reprendre en énergie. Dans son besoin de se dépenser suite à cette petite brimade familiale, elle s’était lancée à l’aveugle sur un chemin qu’elle ne connaissait que de trop peu. « Parfois, je me demande si plutôt que du courage, ce ne sont pas des élans d’appel au suicide », avait ajouté son frère. « Tu cherches le risque à t’en saigner les mains, mais un jour tu ne t’en relèveras pas, tu sais. »
Elle soupirait à l’image d’Erik lui envahir de nouveau l’esprit. La demoiselle réfléchissait fébrilement à ces mots, mais ne trouvait aucun exemple pour appuyer ses propos. La réalité lui paraissait en toute chose différente : ce n’était que la faute à pas de chance. Erika ne prenait aucun goût à provoquer de telles situations pour son pur plaisir, mais cela lui arrivait si souvent qu’on pouvait effectivement commencer à se poser des questions, et à écarter l’hypothèse du hasard.
Elle secoua abruptement la tête pour se reprendre et mettre de côté ces soucis qui, pour l’heure, ne lui paraissaient que superficiels.

Tout au long de la journée, la demoiselle avait entendu quelques animaux se promener et lui tourner autour, sans que cela ne soit suffisamment régulier pour en conclure la moindre prise en chasse. Le climat et la route lui avaient semblé suffisamment cléments pour considérer qu’il n’était pas la peine de s’embêter à trouver un abri à consolider ; elle se contenterait bien d’un banal feu de camps et de sa cape pour se couvrir. Peu de prudence, certes, mais aussi peu d’efforts.
Elle s’était installée au bord d’une petite montée en pierre bordant une montagne. La roche dans le dos et quelques troncs d’arbre lui faisant face, Erika avait érigé son petit feu de bois, qu’elle fixait longuement en se demandant si devait-elle s’embêter à cuir la viande des deux gros rongeurs trouvés un peu plus tôt, ou si pouvait-elle sauter un repas.
La première solution lui paraissait la plus raisonnable.
Une fois dépecés, vidés et placés au bout d’un couteau, leur chaire cuisait rapidement et répandait une odeur forte aux alentours. En avalant une partie de son repas, Erika titillait son feu pour en raviver les flammes à plusieurs reprises. Elle avait pensé, à raison, que ces quelques flammes auraient été suffisante pour repousser quelques créatures téméraires autour d’elle, si elle devait en rencontrer. Pourtant, cela ne l’avait pas empêchée de dresser les oreilles à l’entente de feuillages perturbés par d’inconnus mouvements.

S’efforçant de rester dans une position de détente, Erika se remémorait les paroles de son père concernant ce type de situation. « Fais beaucoup de bruit et utilise le feu. La plupart de ces sales bestioles prendront la fuite. N’autorise jamais à ton corps le moindre sursaut de panique. » Habituellement, elle suivait ces consignes à la lettre, sans tellement se poser d’autres questions, mais il lui arrivait de se laisser s’abandonner à sa curiosité, et à se demander : et si… ?
Sortirent des buissons et se révélèrent à elle cinq têtes curieuses de loups, s’avançant vers elle d’un pas prudent. Leur fourrure dégarnies traduisaient des difficultés récentes de survie, et cette posture abaissée lui montraient autant de frayeur que de détermination. Aucun chef de meute ne semblait répondre présent, si ce n’était une femelle un peu plus mise en avant que les autres. « Un groupe tout juste affaibli », en avait-elle conclu en les observant ainsi.
Auparavant, elle avait déjà échangé quelques regards avec une meute de loups. Ce n’étaient pas les bêtes les plus agressives, au contraire même, ils se contentaient de passer leur chemin, bien qu’ils se laissaient quelques secondes de curiosité, où Erika pouvait laisser libre court à sa contemplation. Au contraire de cela, un loup affamé ou une meute en danger pouvaient amener à la pire des situations pour un humain isolé, elle en avait bien conscience.
Erika respirait, lentement, pour s’aérer l’esprit et réfléchir à la situation. Il ne restait qu’à peine de chaire cuite pour contenter les cinq loups, et d’un élan de bienveillance, elle se serait volontiers laissée cuire pour les contenter, mais il lui fallait rester sérieuse et prendre une décision. L’hésitation de la meute, malgré la volonté de nourrir leur semblable, ne durerait pas bien longtemps.
Elle avait tentée de faire rouler sa nourriture restante jusqu’à eux, mais n’avait seulement réussi qu’à leur faire faire un léger bond de chat surprit, alors que leurs yeux luisant ne se décrochaient pas des siens.

Erika s’était élancée sur la roche pour en escalader de quoi passer à la plateforme supérieure la plus proche. Cinq loups affaiblis, peut-être. Mais cinq loups tout de même. Son équipement pendait faiblement au bout de sa ceinture, elle n’eut que quelques secondes pour les remettre plus ou moins bien en place après s’être relevée sur un chemin terreux bordant la montagne un peu plus plat. En jetant un rapide coup d’œil en contre-bas, elle perdit de vu la meute, mais avait capté, du coin de l’œil, du mouvement faire le tour du flanc pour la rejoindre.
Elle repéra un chemin plus étroit par lequel pouvait-elle tester une vieille stratégie qui fonctionne toujours à merveille contre un groupe conséquent d’humains. Pouvait-elle en dire autant de loups ? C’était à voir. Elle s’y aventurait prudemment mais non sans rapidité lorsqu’elle les entendit approcher.
Seuls deux d’entre eux arrivaient à tenir l’un à côté de l’autre sur ce chemin, mais se séparaient rapidement de peur de glisser. Ce n’était pas bien haut, mais suffisamment pour ne pas en apprécier la chute. Erika progressait en marche arrière, une main au derrière de son dos pour prévenir de tout obstacle, l’autre brandissant son épée. Le pas ralentissant, Erika laissa la bête à la tête de fil s’approcher d’autant plus, et attendit l’attaque.
Comme elle l’avait espéré, le loup avait attaqué d’un bond, et celui au derrière dû perdre quelques secondes de temps pour lui laisser la place de prendre de l’élan. Tout ne se jouait que de patience et de bons réflexes, Mais Erika ne l’avait pas lâché des yeux et pouvait se décentrer des autres aisément. Un coup rapide fendant l’air par le bas avait suffit à sa lame à se planter en plein dans le flanc de l’agresseur, à perdre l’équilibre et à achever sa blessure dans sa chute. Reprenant contenance et accrochant son regard dans celui du suivant, Erika espéra qu’elle pourrait s’occuper ainsi d’eux, les uns à la suite des autres.
Le second fut également un succès, mais à partir du troisième, la chose se compliquait. Le chemin gagnait progressivement en largeur, et lui retirait de cet avantage. Quand au reste de la meute, bien qu’étonnement, elle ne se décidait pas à fuir, elle commençait à s’adapter aux mouvements de l’humaine et à se positionner autrement.

   - Merde… s’était-elle permise de jurer en murmures, les jambes qui commençaient à fatiguer.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mardi 12 mars 2019, 22:35:53
Ce voyage se poursuivait depuis de longs mois. Autant de chausses remplacées et de souvenirs dépassés par les nouveautés découvertes. Régulièrement, il lui fallait sortir du refuge de sa place forte. Il lui était nécessaire d'arpenter ce monde qu'il affectionnait, de parcourir les terres dont il croyait en avoir la charge. Le visiter et revisiter à l'excès, malgré le passage des années et des siècles. Le Démon avait hâte de voir les changements qui ont pu agiter ce paysage, dont la nature fut préservée et où les animaux dominaient encore leurs terrains de chasse. Sa pire crainte étant que cela aussi, ne soit devenu un éclat périmé du passé, et que l'artificiel puisse endommager ces territoires vierges. Alors qu'il approchait de plus en plus du grand bois, longeant une rivière profonde, il se mit à articuler à voix basse, ses mots appuyés par le piaillement d'oiseaux et réchauffés par un soleil haut dans le ciel.


"Arrivé au massif des terres sauvages,
Un sourire lascif baigna mon visage.
De mes traits éreintés, la liesse me gagna,
Car de mes pas pressés, la fatigue me quitta.

En ce jour, je vins me reposer sous l'arbre,
Dont jadis au sommet, je plantai la graine.
Mon séjour pour raviver mon âme sereine,
Avant l'aurore du repos sous le marbre.

Quelles fraîcheurs dans cette vieille campagne ?
Tant de forêts et de vies dans cette montagne,
Avec la voix du vent pour toute compagne."



Satisfait de ses quelques rimes, il réajusta son sac tombant sur l'épaule. Le Démon fini alors par entrer dans cette forêt, où les traces de passages d'animaux étaient tout autour de lui. Le passage était encore clair, mais atteindre le sommet lui prendrait du temps. Il n'était cependant plus si hâtif dans ses pas depuis qu'il marchait sur le sol meuble du bois. A l'évidence, il redécouvrait avec plaisir un sentier qu'il avait beaucoup emprunté, et il comparait ce qu'il percevait avec ce dont il avait le souvenir. Une pensée l'amusa fugacement devant le calme qui l'étreignait, en songeant à ses espions et assassins disséminés de par les pays et les mondes. A toutes les affaires en cours dont il s'était donné la charge. A toutes les personnes qu'il songeait à manipuler et détrôner pour garder un équilibre précaire en place. C'est alors qu'il souffla. Je dois penser à autre chose, je suis ici pour me calmer avant de reprendre le travail.

Le Démon parcourut une grande partie de ces lieux sylvestres et fit diverses pauses. Ces terres sauvages étaient gigantesques, et on avait vite fait de s'y perdre. Tenant une carte mentale assez précise et profitant des étoiles lors des nuits pour s'orienter, son voyage restait paisible. Il tenait les animaux en respect grâce à sa magie, et les seuls qui l'approchaient étaient tués décemment pour lui servir de repas, dont les restes retournaient à la nature après son départ. Ses bivouacs n'avaient pas le confort de sa demeure, mais il reconnaissait volontiers apprécier cette sensation de froid et de doute propre aux périples. Heureusement, son manteau était chaud et doublé, approprié à des telles virées. Il dormait assit aux pieds des arbres, l'épée détachée et la main sur la garde, toujours à rechercher la vigilance, l'illusion de se sentir en sécurité. Même si tout être endormi était une proie facile. Il en avait conscience, mais la paranoïa était un ennemi encore plus dangereux qu'une nuit en pleine forêt.


Le troisième jour, le vent lui apporta quelques sons indistincts. Ces deux dernières journées furent calmes et rien ne troubla son ouïe, mais dans le lointain résonnèrent différents sons, entre jappements, grognements et râles. Des loups habitaient cette forêt, ils devaient être aux prises avec une proie coriace. Mais de la mémoire de l'Ancien, il n'y avait pas tant de bestioles et créatures qui pouvaient énervaient ces canidés de la sorte. Curieux, et étant sur les routes avant tout pour redécouvrir le monde, il se hâta afin de trouver la réponse. Se déplaçant avec célérité, il enjamba hors sentier les racines et buissons, escaladant buttes de terre et rochers adoucis par le vent et la pluie. Il usa de sa nature de changeforme pour allonger ou rétrécir ses bras et jambes pour faciliter la traversée des différents obstacles. Les bruits étaient plus proches, mais les feuillages masquèrent sa vue. L'impatience le saisit et la violente envie de brûler ce qui gênait sa vision fit de même. Bien incapable d'invoquer de telles flammes, il dû se contenter de courir. Mais un corps de loup à l'agonie lui indiqua le chemin. Il était à une bonne dizaine de mètres de lui, mais reconnaître une trace d'épée n'avait rien d'exceptionnel. Un individu parcourait également cette forêt et cherchait à fuir les loups. La réflexion du Démon s'accéléra. Tuer les loups sans raison n'était pas envisageable. Mais sauver cette personne favoriserait la collecte d'informations. Il savait pertinemment ce qu'il allait faire avant que de telles pensées ne l'effleurent. Parler avec les autochtones et les aventuriers faisaient parti des moments les plus instructifs sur l'avancée des civilisations. La décision était prise. Un dernier regard sur le loup désormais éteint, et ses cheveux blancs s'agitèrent, signe qu'il s'était remit en route. Il tendit l'oreille aux bruits d'affrontements, et leva les yeux. Une femme se trouvait acculée sur un chemin. Un autre loup lui bondit dessus, et sa viande inanimée s'échoua à quelques mètres de lui, dans un craquement sinistre. Le changeforme ne pouvait escaladait rapidement la paroi sans révéler ses tours, et il préférait éviter cela. Contrôler les loups était alors impossible pour la même raison. Haute de bien quatre mètres, le démon n'eut pas beaucoup de choix s'il voulait aider sans pour autant dénoncer sa nature. Un claquement de langue frustré l'anima, et se positionnant dans le coin de l'œil de la voyageuse, il s'éclaircit la voix.

"Ma Dame ! En bas, sur votre droite ! Sautez, je vous rattraperais ! Les loups mettront du temps à faire le tour !"
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mardi 12 mars 2019, 22:57:07
Erika eut le mauvais réflexe de tourner la tête vers la provenance de la voix. Elle eut à peine le temps de percevoir la silhouette parmis les ombres du contre-bas qu’elle avait senti la poussière se lever en sa direction. Le troisième loup s’était décidé à bondir à l’instant même où l’attention de la demoiselle s’était détournée.
Par réflexe, Erika leva le bras et serra le poing, réceptionnant la morsure de la bête, les crocs se plantant d’abord dans le cuir, ensuite dans la chaire. Elle plissa le front d’une douleur contenue, mais s’étonnait tout de même de la faiblesse de sa mâchoire, différente de ce qu’elle avait pu connaître auparavant.

Elle fit faire un tour rapide de son bras autour de la tête du loup pour s’en défaire, et lui asséna un coup de coude de l’autre. S’acharner ainsi sur ces pauvres bêtes ne lui faisait pas plaisir, mais il n’était plus tant aux bonnes volontés. Sa blessure la lançait, et perdre son temps sur cette sensation aurait pu lui être fatal. Mais le recul du loup avait fait reculer les deux autres, lui laissant le temps de jeter un dernier coup d’œil vers l’inconnu avant de sauter.
Glisser légèrement du pied lui provoqua un petit gémissement soudain de panique, bien qu'elle ne se soit rattrapée de justesse. Une fois réceptionnée, elle prit le temps de souffler pour reprendre ses esprits, tout en levant les yeux vers les loups restant. Sa bouche s’entrouvrait, certainement pour exprimer sa reconnaissance, mais elle en oubliait de produire le moindre son.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mardi 12 mars 2019, 23:10:05
Je déteste les amateurs...

Le Démon avait pensé cela avec une certaine frustration. Il s'était exprès placé là pour qu'elle puisse le voir sans détourner son attention des loups, et pourtant... Elle avait relâché son attention. Face à des loups affamés, elle trouva judicieux de regarder ailleux. Serrant les dents, il la vit recevoir une importante leçon de la nature elle-même : faire attention à ses priorités. Les jeunes de nos jours... Et le temps de penser à tout cela, la voilà qui défiait enfin la gravité, et il la réceptionna comme il l'avait annoncé. Il n'eut malheureusement pas le loisir de faire attention à sa plaie pour l'instant. Maintenant qu'il était face à elle, il fit attention à ses expressions. Elle semblait vouloir souffler, et il lui pressa la main dans le dos.

"Plus tard le repos, des loups affamés ne lâchent rien ! Par là !"

Indiquant alors la voie d'une main et la forçant à prendre cette direction de l'autre, le Démon jeta un regard aux loups qui avaient entamés leur demi-tour. Le terrain était accidenté pour tous, mais l'Ancien aidait du mieux possible la Dame à avancer à travers ce parterre de végétation rampante. Ne pas les entendre ne signifiait pas être hors de danger, et il vallait mieux fuir dans l'instant !
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mardi 12 mars 2019, 23:29:03
Erika ne se fit pas prier et le suivait sans rechigner. Il était ardue de voir où ils s’enfonçaient dans une telle obscurité, mais elle était sûre d’une chose ; tout comme son interlocuteur l’avait si bien spécifié, un loup affamé n’abandonne pas si facilement, et à cela elle s’était permis un léger hochement de tête. Courir, certes. Mais mis à part la confrontation, elle ne voyait d’autre solution.
Pour autant cette même confrontation n’avait pas donné de grands résultats.

A l’arrière, elle n’entendit aucun bruit de vivant proche. Était-ce le moment pour enfin décrocher un mot ?

- Vous... avez une idée d’où on va ?

Ce n’était qu’une question simple, à laquelle elle tentait de répondre par la même occasion. Mais autant qu’elle sentait la colère intérieure monter d’avoir laissé de côté sa prudence habituelle – malgré ce que pouvait en penser son frère, elle regrettait de l’avoir fait en des terres qu’elle ne connaissait pas sur le bout des doigts.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mardi 12 mars 2019, 23:39:37
L'expérience ne faisait pas tout, et à dire vrai, même s'il venait de cette direction, la forêt était trop sauvage, trop dense pour se souvenir d'un chemin parcourut à la hâte. Une fois revenu sur un terrain plus plat le long d'une falaise, il fit signe de ralentir. Autant profiter de pouvoir marcher droit pour reprendre son souffle un instant. Son regard se posa sur la blessure que le loup lui avait infligée. Le pire serait l'infection, la gueule de ces animaux n'étaient pas un endroit sain, loin de là. Il profita de ces quelques instants de répits pour totalement ignorer sa question.

"J'espère pour vous que vous n'avez rien contre le feu." Fit-il en désignant les traces de crocs.

Cautériser était le moyen le plus sûr et efficace, mais pour cela, ils devraient se poser quelque part et allumer un feu. Avec les loups à leurs trousses, cela relevait de l'insouciance. Chaque problème à la fois. A flanc de montagne...

"A flanc de montagne, commença-t-il en reprenant ses réflexions, il est sûrement possible de trouver des cavités, peut-être même en hauteur, où les loups ne pourraient nous atteindre. Notre meilleure chance est de longer la falaise en espérant en trouver une avant que les loups ne reviennent."

Le terrain redevenait accidenté, et les faune locale gagnait certainement de la distance entre eux.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mardi 12 mars 2019, 23:54:43
- J’espère que vous n’avez rien contre le feu.

Machinalement, Erika avait secoué la tête calmement. Pour qui la chose pouvait être agréable ? De sacrés loustiques, songeait-elle, certainement. Bien qu’elle se savait plutôt résistante à la douleur, ce n’était pas quelque chose qu’elle attendait avec impatience.

- A flanc de montagne, il est sûrement possible de trouver des cavités, peut-être même en hauteur, où les loups ne pourraient nous atteindre. Notre meilleure chance est de longer la falaise en espérant en trouver une avant que les loups ne reviennent.

Nouveau hochement de tête. « Mais oui, quelle idiote… » Que cette phrase eut été prononcée à voix haute ou en pensées, elle ne le savait pas. Le soupire, néanmoins, était bien présent. Elle n’avait pas tellement l’habitude de se faire aider, c’était, à vrai dire, souvent le scénario contraire. La situation lui paraissait autant frustrante que déroutante, chose qu’elle tentait, tant bien que mal, de ne pas exprimer.

Il ne leur avait pas été difficile de trouver ce qu’ils cherchaient ; l’entrée d’une cavité s’offrait à eux, malgré sa complexité d’accès. Erika considéra les alentours. Son buste se gonflant d’une longue inspiration, elle exprima, dans son soupire, un agacement contenu à l’idée que son bras endoloris puisse nuire à sa capacité d’escalade. Ce n’était pas bien haut, il suffisait d’avancer et de s’accrocher pour quelques mètres d’une pente malmenée par le temps, puis de trois ou quatre prises sur un mur vertical, mais néanmoins pleinement accessible.
Il lui fallait juste, l’espace d’un instant, utiliser ses deux mains.

On lui parlait souvent d’une forme de fierté mal placée, chose qu’elle n’avait jamais voulu nier. Elle progressait sans un regard en arrière, puis prit sur elle pour se hisser jusqu’à l’entrée du renfoncement, satisfaite, finalement, de ne pas avoir senti tant plus de douleur que ce à quoi elle s’était attendu.

- Ici, ça ira ?
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 00:11:08
La vue de la dame était encore bonne, et elle remarqua un passage avant lui. C'était bon signe, même si relativement maigre comme raison de se réjouir. Quand elle le questionna, il hocha simplement de la tête avec un "Parfait." des plus sobre. A son étonnement, elle ne demanda aucune aide pour escalader, et entama seule son ascension. Amusé, blasé et surprit de la voir souffrir davantage à la place de demander de l'aider, il mit à profit le temps qu'il venait de gagner sans rien faire. Tandis que l'attention de son compagnon de voyage était focalisée sur sa manière de gravir la roche, il étendit sa conscience dans les bois, cherchant un petit animal. Il décela un lapin, et lui suggéra de venir à lui. La pauvre bête devenue obéissante se montra et un dague effilée lui perça le ventre. Accourant vers le lapin encore chaud, dont le duvet marron se tâchait de sang, il en attrapa le corps pour revenir rapidement près de la falaise. Utiliser sa magie lui dévoila aussi les loups, dont l'appétit grondait furieusement !

La Dame était arrivée en haut, et il lui lança le repas quelque peu éventrés sans cérémonie, avant de se hâter à son tour, le bruissement des pattes martelant le sol, tout proche. Le Démon regagna la cavité, quelque peu gêné par son épée et surtout l'absence de sa métmorphose. Les canidés étaient là, sous eux, essayant de sauter, leurs aboyements de colère et de désespoir avaient fait taire les oiseaux. Il souffla un instant avant de regarder la blessée.

"Comment vous portez-vous ?"
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 00:32:30
Accroupie au sol, elle avait déposer ses affaires à ses côtés, et en avait profité pour y placer le lapin sur le dessus de sa sacoche.

- Hmm…


Elle enlevait son gant et son brassard non sans une petite grimace au contact du cuir frottant sur sa plaie puis releva la manche de sa chemise. Agrippant son poignet, elle considéra la blessure un instant, le sourcil haussé dans son observation.
A son sens, ce n’était pas si grave, mais le sang avait bien coulé.

- Ça aurait pu être pire. Ma fierté par contre, c’est une autre histoire, soufflait-elle.

Commençant à passer un tissu sorti de sa sacoche pour retirer le sang gênant sa vue, elle leva les yeux vers lui et prit le temps de le considérer un instant, la mine réfléchie. Elle n'était pas habituée à rencontrer du monde en pleine nature et aimait à se complaire dans sa solitude, après tout.

- Merci ou toutes mes excuses, je ne sais lequel des deux choisir…
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 00:48:20
Ah, sa fierté en avait prit un coup. C'était la raison de son comportement étrange. Le Démon essaya de rire de cela, mais sans succès. Mais entre le choix de lutter seule par fierté ou de saisir l'opportunité d'une aide inattendue, elle choisit l'opportunisme par instinct. Et cela... C'était quelque chose qui méritait d'être récompensée. Vue qu'il l'avait aidé, autant dire qu'il lui avait déjà donné un incroyable présent. Néanmoins, il observa la blessure de la dame. Peu profonde, avec les bons soins, elle cicatriserait bien, mais cela restait une morsure de loup et il ne fallait pas prendre cela à la légère. Et en parlant de loup, s'ils pouvaient avoir la décence de se taire, ce serait sincèrement agréable... Bien qu'il ne cherchait pas à leur nuire, leur vacarme était insupportable pour quelqu'un comme lui qui ne tolérait pas les gérémiades. Ces loups ressemblaient presque à des chiots quémandeurs, pour lui !

"Ne vous en faîtes pas pour votre fierté, vous pourrez toujours tirez des enseignements de ce qu'il vient de se passer pour l'avenir. C'est si vous n'apprenez rien de vos erreurs qu'elle sera irémédiablement blessée." Puis il eut comme un sursaut et attrapa la main valide de la Dame. "Il faut stériliser la plaie. Avec les bactéries que contient ce genre d'animal dans sa gueule, vous pourriez subir de graves conséquences à l'avenir si vous prenez ces plaies à la légère." Le Démon soupira. Il sorti de sa poche un fil dont il se servit pour nouer ses cheveux blancs, et il fixa la Dame dans les yeux. "Je peux accepter vos excuses ou profiter de vos remerciements uniquement si vous me laissez vous soigner."
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 01:20:10
Son geste lui procura un léger sursaut de surprise. En bonne solitaire, elle n’était plus habituée à être approchée, pour quelque raison que ce soit. Que ce soit hors ville ou en pleine taverne, Erika prenait toujours le soin de limiter au mieux ses interactions, si ce n’étaient des consignes de missions ou l’écoute d’histoires farfelues d’habitants l’entourant.
La tête penchée, elle l’écoutait patiemment dans un sourire.

- Bien, marché conclu, riait-elle doucement.

Erika s’était pourtant sentie capable de s’occuper de cette blessure elle-même, mais elle n’avait pas eu le cœur à refuser. Les hurlements des loups, toujours présents, atteignaient ses oreilles comme d’un couteau de culpabilité dans l’âme. Elle avait l’habitude de chasser et de repousser tous prédateurs évident, mais néanmoins, elle ressentait toujours ce pincement à chaque coup infligé à de pauvres bêtes en proie de survie. Tout comme elle, certainement, quand bien même se sentait-elle gâtée d’un certain confort.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 01:48:33
Sans sourire, il hocha la tête quand elle accepta de se faire soigner. Cela n'allait sûrement pas lui plaire, après tout, il n'était pas équipé d'onguent ou de quoi que ce soit un peu stérile. Le feu. Il avait déjà évoqué l'idée, mais là, c'était sans doute le mieux. Le problème était... Le Démon pencha la tête en contrebas, et contempla une certaine nuisance sonore. Ils étaient belliqueux, affamés, et bien trop gâtés. La dernière décennie où il posa les pieds ici, les loups avaient plus de fierté, de prestance. Faire appel à eux était une preuve de leur noblesse, et maintenant... Créatures chétives et sottes, ironiquement dévorées par leur faim. Silence ! Et les loups commencèrent à cesser leurs jappements. Il ne voulait pas user de sa magie, mais elle ne devrait pas avoir remarqué cela. Et sans bois, il faudrait brûler des affaires et ce serait ridicule. Partez. Puis, attendant un peu qu'ils soient hors de vue, il se mit à lui répondre.

"On dirait qu'ils en ont eu assez. Désolé de le dire, mais je vais devoir cautériser vos plaies. Je n'ai rien pour amoindrir la douleur, mais je suis certain que votre fierté ne s'en remettrait pas si vous ne parveniez à subir cela, donc je ne m'en fais pas !" dit-il avec tout le sérieux du monde, mais étrangement, on sentait une volonté mesquine à l'oeuvre.

Se redressant, il se laissa glissa le long de la paroi rocheuse et alla chercher du petit bois qui servirait à alimenter le feu pour cautériser. Du métal chauffé ferait l'affaire, pour peu qu'elle accepte de subir cela. Après quelques minutes, où il faisait attention à ce qui l'entourait et aux loups, il attacha son petit fagot dans une liane de fougère avant de remonter avec du bois, plus difficilement que la première fois.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 09:49:04
Erika battait des cils d'un air plus que circonspect. Il ne s'était passé que trop peu de temps pour que les loups se décident à se taire aussi rapidement et si abruptement, surtout affamés qu'ils étaient, la chose lui paraissait étrange. Néanmoins, elle préféra mettre cette pensée de côté pour l'heure.

Elle observait l'homme tandis qu'il lui parlait et se déplaçait sans un mot. Son sourcil toujours haussé et ses deux grandes billes noisettes traduisaient sa curiosité. De sa sacoche elle sortit un petit soufflet en bois, un accessoire qu'elle avait gagné autour d'une partie de cartes qui lui était plus utile qu'elle ne l'aurait cru pour allumer un feu en tous temps, qu'elle lui tendit.

- La douleur n'est qu'une sensation passagère, c'est le résultat qui compte, se décidait-elle finalement à lui répondre. Je réalise que je ne vous ai pas encore demandé votre nom. C'est Erika, de mon côté. Et vous ?

Malgré son air de curiosité au visage et les picotements dans son bras, elle ne quittait pas son léger sourire jovial habituel. Elle n'était peut être pas une grande sociable, mais un peu de bonne humeur ne faisait de mal à personne.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 10:56:44
Le Démon l'écouta avec attention une fois remonté. Visiblement, elle allait accepter la cautérisation, c'était sage et il afficha un léger sourcillement d'approbation sur son visage. Alors qu'il préparait le feu en frottant vigoureusement des bouts de bois sur de la végétation séchée, la Dame se présenta poliment. Il ne répondit pas immédiatement, se concentrant sur le départ du feu. Une fois les premières braises transformées en flammes, il se saisit du soufflet qu'elle lui présenta et s'assura que le feu durerait assez grâce à cet outil. l'Ancien essuya sa dague encore enduite de l'hémoglobine du lapin, et présenta la lame au feu.

"Si vous avez faim, je peux aussi faire le lapin maintenant." Puis il posa sa lame au bord des flammes encore timides, et regarda Erika. Il réfléchit rapidement à comment se présenter, mais il décida de donner son vrai nom. Parfois, entendre quelqu'un nous appelait pour soi-même et non pour celui qu'on mettrait, était un remontant efficace, et cela lui permit d'oublier un tant ses ambitions. "Je me prénomme Ars." Un sourire distrait vint étirer ses lèvres quand il ajouta. "C'est bien la première fois que je rencontre quelqu'un ou que je me présente dans de telles circonstances."

Le Démon surveillait du coin de l'oeil les flammes qui grossirent, et il remit un peu du soufflet. Il n'était pas un expert en médecine ou même premiers soins, mais sans nécessaire sur lui ou médicaments, ils devraient faire avec les moyens du bord. Il reporta son attention sur elle.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 11:18:00
- La vie est pleine de surprises, répondait-elle en hochant la tête, le regard perdu sur la lame chauffée. Enchanté, alors. Je vous remercie, mais j'ai déjà dîné. C'est d'ailleurs ça qui a dû attiré les loups...

Erika porta de nouveau son attention vers l'extérieur. Il n'y avait rien à faire, leur départ étrange lui titillait l'esprit. Elle tournait le regard vers les flammes et s'imprégna de la sensation de chaleur lui effleurer la peau, alors qu'elle se préparait à l'accueillir au mieux, tout du moins elle l'espérait. "La douleur, ça va et ça vient," lui avait-on souvent répété. Ce ne serait qu'un mauvais moment éphémère, rien de plus. Le calme environnant l'aidait à se centrer sur le soin plutôt que sur la plaie et cette légère discussion, elle devait se l'avouer, lui fit comprendre pourquoi un soigneur prend le temps d'échanger quelques banalités avec ses patients. A la vue de la tenue de son interlocuteur, elle voyait que ce ne devait pas être sa spécialité, mais dans un monde comme celui-ci, connaître ces quelques pratiques était toujours une question de survie.
Dans cet état d'esprit, la jeune femme sentit son corps se détendre d'un souffle serein et son visage n'exprimait que peu d'appréhension.

Lorsque la cautérisation débuta, elle eut tout de même un sursaut, et dû attraper la roche au sol de sa main libre pour rester focus. Étrangement, elle trouvait plus pratique de se centrer sur la sensation à sa plaie pour garder le contrôle. Un œil se fermait avec force sous la douleur, alors que l'autre restait fixé sur la dague.

- Raah, saloperie... !

Ce juron était sorti de lui-même sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, alors qu'elle repensait à sa faute lorsqu'elle fut mordue. Elle avait souvent été blessée par sa propre maladresse ou par des humains expérimentés, mais se laisser avoir par une bête, ça, c'était une première.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 11:33:03
"Vous devriez être plus prudente dans ces contrées, il n'est pas facile d'avancer sans tomber sur ce genre de rencontres déplaisantes."

Une fois la lame bien chauffée, et stérile comme l'espérait Ars, il s'en saisit. Il tendit sa main libre vers Erika et lui attrapa la main pour l'empêcher de reculer. Il en avait vu des gens, dès les premiers picotements, retirer instinctivement leur corps. C'était normal, et perfectionniste dans l'âme, il ne voulait pas s'y reprendre à plusieurs fois. C'était le coup à ce qu'elle lui demand eune pause avant de reprendre, et pour les broutilles, l'Ancien ne montrait aucune patience.

La Dame accueillit l'épreuve avec un certain panache qui le fit doucement rire lorsqu'elle jura. Il termina aussi vite qu'il le pouvait, et posant l'outil de chirurgie, il en profita pour attraper les bandages et entourer les plaies. Lorsqu'il eut fini, il eu un claquement de langue désapprobateur, et libéra ses cheveux du fil qui les maintenait.

"Ne pas avoir de matériel est vraiment frustrant. On aurait pu faire mieux en d'autres circonstances." Un soupir profond ponctua sa phrase avant de redevenir plus calme. "Cela vous arrive souvent ? De voyager je veux dire, pas de vous blesser."
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 12:26:18
Erika accueillit sa remarque avec un sourire amusé. Tout en répondant, elle sortit de sa sacoche un petit pot en verre et un bandage.

- J'ai grandis sur les routes. C'était une habitude familiale, mais je n'ai pu me résoudre à rester à un même point. Je ne tiens pas en place. En soi... Ce n'est pas l'histoire d'une vie la plus palpitante à  raconter.

Elle dévisse alors le pot et applique un onguent tout ce qu'il y a de plus simple sur sa blessure encore chaude. Après avoir enroulé le tissu autour, elle replace sa manche et souffle un coup avant de reprendre.

- J'ai néanmoins toujours un peu de matériel sur moi, je pense que là ça ira. Vous avez toute ma gratitude, Ars. Et vous, d'où venez-vous ?
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 16:15:08
Ars remarqua qu'elle était plus prévoyante qu'il ne l'imaginait déjà, lorsqu'elle sortit son nécessaire de premiers soins. Lui n'avait rien de tout cela, et pour cause, ses pouvoirs lui permettait d'éviter les problèmes ou de pouvoir aller jusqu'aux villages avoisinants si les problèmes de taille se présentaient à lui. Il l'aida comme il le put et la laissa ensuite se reposer. Collant son dos à la paroi rocheuse, il laissa son couteau à côté des flammes et ramena le lapin près de lui. Mieux vallait attendre que la lame refroidisse avant d'entamer le travail.

"Ce n'est rien, je n'allais pas laisser quelqu'un mourir sans raison. Je viens de loin pour ma part. Je rends visite à de vieilles connaissances sur ma route. Je dois me rendre proche du sommet de la montagne."

Le Démon passa ses mains sur son visage, avant de regarder la manche qui recouvrait la blessure de la Dame. Sans doute était-il inutile de s'inquiéter davantage.

"Bravo pour votre sang froid. Beaucoup aurait été moins courageux."
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 16:34:32
En réponse, Erika secoua la tête humblement.

- Ce n'est qu'une question d'habitude. Même si j'ai encore pas mal de pratique à effectuer, soupirait-elle doucement.

Qu'on lui parle néanmoins de sang froid plutôt que d'actes volontaires de suicide ou de masochisme lui faisait néanmoins plaisir. Ses yeux se perdirent dans le vide dans un sourire flottant quelques instants, avant de se reprendre. Elle s'étira de tout son long et fit craquer sa nuque, contente d'en avoir fini.
Puis son front se plissa alors qu'elle réfléchissait.

- Vous vous rendez au sommet de la montagne en ces terres... Sans soins ? Elle se mordit la lèvre, comme si avait-elle dit une bêtise sans le vouloir. C'est certainement inconvenant de ma part après cet élan d'imprudence il y a une demi-heure, navrée.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 17:01:09
L'Ancien passa sa main sur son menton en levant les yeux, comme en pleine réflexion. Il constata d'ailleurs qu'il lui faudrait se raser avant le sommet. Il avait du temps, l'ascension n'était pas aisée. Puis il reposa son regard sur Erika et répondit sur un ton plus léger qu'avant. Maintenant que le danger semblait écarté, il était plus tranquille, plus mesuré dans ses propos. Ou peut-être n'était-ce que l'absence des aboyements des loups qui avait calmée ses nerfs.

"Ne vous excusez pas, c'est normal. Mes provisions sont juste arrivés à sec plus tôt que prévu. Une de mes haltes habituelles n'existait plus et j'ai dû poursuivre mon voyage malgré tout. Comme j'avais hâte de revenir ici, je n'ai pas eu envie de faire demi-tour."

L'endroit était calme, la roche terne, et en regardant au fond de la cavité, il pouvait y voir un passage dont un vent froid sortait, faisant vaciller les flammes. Le corps du lapin se vida peu à peu de son sang, et coulait d'ailleurs dans cette direction.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 17:17:23
- Ah !

Elle perdit son regard un court moment, le temps de suivre le siens menant à l'intérieur de la cavité, puis se reprit :

- Je vois. Peut-être que je peux...

La jeune femme fouillait dans sa sacoche un instant, sans nul doute mal ordonnée. Elle en ressortit un petit sac de tissu, dans lequel elle savait se trouver un ensemble d'objets divers et variés aidant lors de ses voyages. De sa main en bonne santé, elle le lui lança d'un geste agile.

- Prenez ça, pour vous avoir fait perdre votre temps. De quoi être tranquille pour un moment, je pense.

Erika s'appuya sur ses genoux pour se relever, puis avança jusqu'au bord de la cavité, d'où elle jetait un coup d’œil aux alentours. Il faisait encore obscure et le temps semblait vouloir tourner à la pluie, il lui faudrait passer la nuit ici avant de pouvoir repartir. Soufflante, elle s'imaginait reprendre tout de même sa route. "Mais pour aller où ?" avait-elle laissé échapper, presque inaudible.
Résignée, elle s'adossa à la paroi et perdit son regard sur le sol.
Elle tournait enfin la tête vers Ars, la mine songeuse. L'envie de lui proposer à l'accompagner la prenait soudainement, mais à mieux y réfléchir, il n'avait ni l'air d'avoir besoin de la moindre aide, ni de se laisser déranger par une inconnue. Ses yeux roulèrent jusqu'au lapin, qu'elle pointa du doigt.

- Je vous le prépare ? Vous avez peut-être faim, vous.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 18:10:12
L'attitude alarmée d'Erika rendit perplexe l'Ancien, jusqu'à ce qu'elle sorte un nécessaire de voyage et qu'elle le lui donne. Il l'aurait bien décliné, car au final il n'en avait pas la réelle utilité, mais ce serait curiosité supplémentaire à apportée, et il sentit qu'il vallait mieux éviter. Il regarda rapidement le contenu, énumérant ce qu'il se trouvait dedans, et referma le tissu. Redressant les yeux, il fit un hochement de tête entendu.

"C'est aimable à vous, mais cela me gêne quelque peu. Malgré cela, j'accepte. Sachez néanmoins que je ne considère pas cela comme une perte de temps."

Il déposa alors son présent dans la sacoche de son sac, afin de ne rien perdre. Elle se leva et observa la grotte. Ars voulut la mettre en garde, on ne sait jamais avec de telles pierres, mais au final, il ne prononça pas un mot de plus. Peut-être que l'envie de parler davantage lui viendrait plus tard. Sans doute même, qu'il ne s'était pas attendu à rencontrer quelqu'un ici et par extension à parler. e comportement de la Dame approchait d'une perosnne hyperactive qui ne pouvait pas faire grand chose. Bloquée ici, elle cherchait à se rendre utile. La faim ne le tiraillait pas réellement, mais il tendit pourtant son couteau et la carcasse à celle-ci.

"Volontiers, Erika. Voyager est donc une habitude familiale. Puis-je en entendre plus sur vos périples ?"
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 18:35:56
Erika attrapa la bestiole, mais refusa poliment le couteau d'Ars. Elle se contenta de récupérer le sien, accroché à sa ceinture, qu'elle lui montrait brièvement dans un sourire, un simple geste signifiant son attache sentimentale à celui-ci. On aurait pu penser qu'elle prendrait le soin de ne pas en émousser sa lame si elle y tenait tant, pourtant Erika considérait que ce serait un gâchis terrible de ne pas lui faire honneur.
Elle s'accroupit en déposant la carcasse devant elle et en soulevant de nouveau ses manches, fit tourner légèrement dans ses mains pendant qu'elle considérait la taille du lapin, puis s'adonna à sa tâche en le maintenant par les oreilles ou par le flanc. Chaque geste répété transpirait l'expertise et une habitude solide. Les yeux dans le vague, elle exécutait le tout en réfléchissant à la question qu'il lui avait posé.

- C'était, oui. Il paraîtrait que je suis née de l'union de deux commerçants nomades, mais cette version change souvent. Quoi qu'il en soit, je n'en ai que trop peu de souvenirs. Quand je parle de famille, je pense surtout à mon père adoptif. C'était un mercenaire plutôt apprécié, mais son travail l'obligeait à ne jamais rester à un seul et même endroit pour trop de temps. Je suis une pièce rapportée, pourtant ce sont bien mon père et mon frère.

Erika s'accorda une légère pause dans ses quelques mots, ses yeux s'assombrissant de quelques mauvais souvenirs. En arrachant la peau du lapin progressivement, elle soufflait comme si elle y trouvait une forme d'exutoire.

- Mon père est mort sous le coup de l’inattention. Il y a quatre ans, ah, déjà... Elle roula des yeux vers le plafond, puis se permit un petit rire nerveux. On me dit souvent que je cherche à me faire subir ce qu'il a subit, mais cette pensée me laisse perplexe. Comprendre comment ça a pu arriver à un homme comme lui, oui. Vouloir faire de même ? Hmm...

Elle secoua la tête pour détourner le sujet. Ravivant la flamme presque éteinte du feu précédent, elle prit le soin d'accrocher le lapin à l'aide de bois restant.

- Mon frère a fondé sa famille non loin de Nexus. Il m'avait proposé d'en faire de même, mais pour quel intérêt ? Quand je le vois s'engourdir le cerveau des mots vides d'une nation qui n'est pas la sienne...

Elle souffla de nouveau, lentement, comme si elle ne trouvait pas les mots pour exprimer son agacement.

- Je vous l'avais dit, pas grand chose d'intéressant.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 19:15:53
Le Démon écouta attentivement tout ce qu'Erika avait à dire. Après tout, il était là pour trouver des informations et essayer de grapiller tout ce qui avait pu évoluer dans le monde, durant sa retraite. Quelque chose que ses agents n'ont pas trouvés, ou cosntater par lui-même de leur fiabilité. Mais pour l'instant, il n'entendit rien qui l'aide de ce point de vue. En revanche, elle parlait avec tant de regrets et de mélancolie. Du moins, c'était l'impression qu'avait Ars ! A l'évidence, sa famille a été détruite par deux fois. Aux morts de ses parents. Cela semblait lui faire du bien de s'occuper du lapin en même temps. Moins d'émotions, la concentration était sur la petite bête, et non sur ses propres dires. L'Ancien n'en perdait véritablement rien, autant de ses intonations de voix, de ses mouvements ou du contenu même de ses propos. Une phrase en particulier retint son attention, Une nation qui n'est pas la sienne. Pour des nomades, le sentiment d'appartenance à une nation était des plus illusoires, certes que cela pouvait lui échapper. La raison de passer de nomade à sédentaire était facile à trouver en général, il s'agissait du confort de vie. Dans le cas du frère, elle lui avait immédiatement donnée la réponse.

Le sujet semblait sensible pour la Dame, mais Ars n'avait cure de ces états d'âmes. Il passa outre la politesse qui aurait été de s'excuser et de détourner le sujet, et commença à organiser ses pensées. Elle n'avait pas que de bons souvenirs avec sa famille, et il ne lui restait plus qu'un frère, semblait-il. Posément, il attendit qu'elle termine de parler, tendant tout aussi bien l'oreille à ses mots qu'à ses non-dits. Il s'essaya alors à ces quelques mots.

"Peut-être que votre frère s'engourdit le cerveau. Ou alors est-il heureux avec sa famille, qu'il tient à vous, et souhaite vous voir vous établir non loin de chez lui." Il marqua une courte pause, sans doute qu'elle y avait déjà réfléchie dans ses errances solitaires, et il enchaîna sur la même voix morne, inimitable. "Que lui avez-vous répondu quand il vous questionna pour enfin poser vos affaires à ses côtés ?"
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 19:37:06
Erika ne semblait aucunement embêtée que le sujet fût approfondi. Les convenances et la fuites dès la première confidence, c'était quelque chose qu'elle ne connaissait que de trop peu. Elle recensait cette histoire au quotidien en son esprit, et en parler à voix haute ne la gênait guère. A son sens, il ne s'agissait que de bêtes histoires de famille, rien de sensible à partager.

- Je lui ai répondu que j'essayerai, que j'y réfléchirai. Et les cieux seuls savent ce que j'ai pu essayer. Vivre auprès de mon frère et de ses fils ne me dérangeait pas, je trouvais assez d'activités pour m'occuper, quand bien même je regrettais la terre aux pavés. Pendant un temps, peut-être. Mais mon frère s'est marié, et cette femme n'apprécie pas tant ma présence. J'ai autre chose à faire que de faire des courbettes pour des histoires de bonne femme.

Erika haussait doucement des épaules en roulant des yeux. Dans ses paroles et dans son ton, elle passait du tout au tout. D'une grande politesse et douceur à de la colère ou de la fermeté, on y décelait une spontanéité assumée. On sentait également qu'elle avait été élevée auprès d'hommes.

- Je les aime... A n'en point douter. Mais ça n'amenait qu'à des conflits futiles. Qu'il pense qu'il ne s'agit que d'un caprice ne me dérange non plus. Enfin, à moindre mesure.

La jeune femme laissait son dos glisser contre la paroi jusqu'à ce que ses fesses touchent le sol, et appuyant ses bras sur ses genoux dans une posture de détente, la tête posée. Elle avait les yeux figés dans ceux de son interlocuteurs, sourcillant légèrement d'une étrange curiosité. Son côté sauvage lui fit remarquer qu'elle s'étonnait à ce qu'on lui pose autant de questions sur elle, et bien que ça ne l'a gênait pas, elle cherchait à comprendre l'origine de cette intérêt.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mercredi 13 mars 2019, 20:44:25
Elle semble en effet avoir beaucoup réfléchie à la question, et malgré cela, elle en reste chargée d'émotions... Elle a trouvé sa réponse, mais elle n'est pas entièrement satisfaite.

L'Ancien sortit la poche d'eau que contenait son sac, et en prit quelques gorgées. Sans doute que cela était ce qui lui manquait le plus durant ces trajets, comme si son vagabondage possédait cette caractéristique, un point inaliénable de son errance : l'absence de bon alcool. L'eau de sa gourde le désaltéra un peu, et il en proposa à Erika, en précisant qu'avec le sang perdu, c'était important de se nourrir et de s'hydrater. Revenant à ses pulsions, il lui arrivait de faire de surprenantes découvertes lors de taverne de village, avec un brasseur local talentueux, mais ce n'était que trop rare. Il se retint de soupirer, et reprit le fil de ses pensées concernant la Dame.

Celle-ci le regardait fixement. Au point de croire qu'il avait quelque chose sur le visage. Bien que curieux de savoir pourquoi, il ne disait rien, ne bougeait pas, et sa respiration demeurait lente. Pas de nation, pas de famille proche, que la solitude et la route. Elle n'a même pas d'animal pour l'accompagner. Pour la porter elle ou ses bagages, pour l'aider à chasser, pour rompre l'ennui ou à qui se fier. Ars lui rendit son regard, et sans cligner des yeux, il se permit une question qui manquait tout autant de tact que de courtoisie, chose qu'il compensa par un maigre...

"Désolé de vous demandez cela, mais est-ce que vous avez peur de faire confiance, Erika ? De vous attachez à quelqu'un, ou quelque chose, et que cela puisse vous quitter ? Quand on a rien, on a également plus rien à perdre ou à abandonner. Rien à enterrer." Et ce ton de voix... Toujours aussi uniforme, un timbre profond et calme. Qe l'on pourrait facilement juger insensible.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mercredi 13 mars 2019, 22:22:54
Les yeux grandissant de surprise, Erika se sentit prise au dépourvue par ces questions. Un pincement au coeur lui fit retenir sa respiration pour quelques secondes, le temps de réaliser la portée de ses paroles. Elle tentait, tant bien que mal, d'engloutir la boule qui venait de se former dans le creux de sa gorge.
Erika avait le regard figé sur Ars, sans ciller. Il lui fallut quelques longues secondes avant d'inspirer de nouveau, de lever les yeux vers le plafond, comme pour fuir un contact qui commençait tout juste à se faire envahissant, puis expirer, longuement, doucement. Un petit sourire faussement amusé se dessina sur ses lèvres. Elle se passe alors la main au visage et dans les cheveux, avant de se décider à retourner son attention vers lui, toujours souriante, mais d'une pointe de sympathie.

- Vos mots sont justes et francs, Ars, répondit-elle dans un léger rire cynique. Je passe ma vie sur la route, à retourner ces pensées, encore et toujours. Mais cette conclusion n'a jamais été formée comme cela, si ce n'était quelques ressentis réprimés.

Au final, Erika se trouvait peu réceptive au ton particulier de son interlocuteur. Il n'avait que peu exprimé depuis leur rencontre, mais elle considéra que ce n'était pas plus mal. Plutôt que d'être plainte, elle appréciait ses remarques pertinentes ; à vrai dire, elle y sentait une pointe de nostalgie, se rappelant que son père eut, à une époque, toujours ce type de réponses à la bouche.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le jeudi 14 mars 2019, 00:03:08
La réaction d'Erika fut elle aussi des plus franche. Elle semblait peinée à cacher sa confusion, et les paroles de l'Ancien eurent un effet radical. Lui, ne disait plus rien. Il la laissa assimiler ses paroles à son rythme. Même s'il n'en montrait rien, intérieurement, il trouva amusant de la voir un peu paniquée et chercher à reprendre de l'applomb. On aurait dit une enfant gênée. Ars observa la scène d'un oeil extérieur : lui, le vieil immobile et au ton simple, et elle, la jeune nerveuse au rire saccadé.

"Vous en avez conscience alors, Erika ?" Il se dit sur l'instant qu'il aurait mieux fallu la laisser souffler un peu, et il enchaîna avant qu'elle ne puisse répondre. "C'est un mode de vie comme un autre, vous savez. Ni gloire, ni honte." A dire vrai, le Démon trouvait dommage les gens qui agissent sans se poser la question du pourquoi ou du comment. "L'essentiel demeure là où vous y trouvez votre compte. Tant que cela vous plaît, continuez."

Un peu moralisateur, donc bien trop par extension, l'Ancien se tut à nouveau. Cette manie de vouloir guider autrui avait la vie dure, au point que cela ne le quitterait sans doute jamais. Il y avait déjà consacré plusieurs siècles et en avait façonné son ambition, il n'allait certainement pas s'arrêter en chemin. Ars s'occupa du feu, pendant que la Dame se remettait de ses émotions.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le jeudi 14 mars 2019, 00:23:44
Erika penchait la tête sur le côté, observant calmement Ars alors qu'il lui répondait.

- Vous parlez... comme mon père, lâchait-elle, la ressemblance devenu si frappante qu'elle s'en sentie partiellement perturbée.

Erika releva une dernière fois les yeux dans sa réflexion. Elle qui arpentait le monde sans objectif ni destination, elle en venait à conclure qu'il soit incroyable qu'elle ne l'est pas déterminé jusque là. Voulait-elle évoluer ? Se poser ? Mettre de côté son passé et grandir ?  Trop de questions pour une seule soirée. Un petit souffle résigné à l'idée de reporter le tout plus tard sortit avant qu'elle ne reprenne.

- Bien, assez parlez de moi. En retour, puis-je me permettre d'en savoir un peu plus sur vous ? Ce n'est pas une obligation, bien sûr, mais tant que la discussion est lancée...

La demoiselle ne cachait pas avoir beaucoup de curiosité à son égard. Que ce soit de sa tenue, à ses questions et remarques, puis à cet air imperturbable, elle ne pouvait que s'en sentir intriguée.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le jeudi 14 mars 2019, 00:42:15
Lorsque la Dame le compara à son père- lequel ? - il se permit un sourire léger. Une esquisse, l'ombre d'un véritable sourire plutôt, serait sans doute plus réaliste tant il étira peu les lèvres.

"Sans doute un homme sage et juste, en ce cas."

Toujours plongée dans les réflexions que l'Ancien avait fait naître en elle, il la laissa faire un temps. Il se permit de ranger ses affaires et de surveiller le lapin au-dessus du feu. Bien qu'il n'avait rien contre une peau craquante et juteuse, inutile de carboniser une viande si durement acquise. Il se sentirait obligé de donner la nourriture aux loups sinon. Pas de gâchis, c'est important. Il devait lui-même suivre les préceptes qu'il voulait enseigner aux nations depuis les ombres. C'est ainsi qu'il s'autorisa un soupir. Sincère et revigorant. Erika continuait de l'observer, et sa curiosité semblait grandir. Un juste retour des choses. Pourquoi pas, ce n'était pas comme si c'était nuisible, et à voir le ciel, les premières gouttes de la pluie n'allait pas tarder. J'aurais préféré escalader la montagne au sec, je vais perdre du temps avec la pluie."

"Cela me semble juste de vous répondre. Que puis-je vous dire sur moi ? Je suis un voyageur depuis tant d'années que j'ai manque à peu de choses d'oublier mes débuts et de comment cela à commencer ! Je cherche à en apprendre plus sur le monde, sur les gens. Je ne suis pas nomade, comme vous, j'ai un chez moi qui m'attends. Et c'est toujours chargé de bonne volonté que j'en pars. Et c'est toujours plus instruit que j'y retourne."
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le jeudi 14 mars 2019, 11:02:31
- Vous êtes alors une sorte d'érudit-voyageur, souriait-elle. Voyager n'est pas toujours une mince affaire... Qu'est-ce qui vous pousse à partir de chez vous ? Ce qui vous intéresse tant sur le monde et les autres ?

Elle se savait, pour sa part, apprécier voyager par habitude et nostalgie. Mais de ce qu'elle avait pu observer, la condition humaine et les diverses créatures peuplant Terra gardaient les mêmes habitudes et les mêmes réflexions sur des générations. Des combattants durs aux plus grands cœurs, des familles qui se font petites et ne demandent qu'à vivre en paix, des travailleurs épuisés, des esclaves... Tous lui semblait avoir le même comportement.
Elle-même se sentait-elle assez commune. D'autant plus lorsqu'il est, à première vue, aussi facile de l'analyser. Erika réprima un soupire de frustration discrètement, en repensant aux remarques justes d'Ars.

Les odeurs de viande enrobaient la cavité de douces senteurs. Erika avait déjà mangé, mais son côté gourmand lui fit apprécier ces effluves comme d'un cocon de tranquillité. Jetant un oeil là où le chemin rocheux s'enfonçait dans la montagne, elle se mit à songer qu'il existait peut-être, un peu plus loin, quelques créatures appréciant elles aussi ces bonnes odeurs.

- Il serait peut-être plus judicieux de se reposer à tour de rôle...
ajoutait-elle en baissant la voix, le regard toujours tourné vers la caverne naissante.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le jeudi 14 mars 2019, 15:05:15
Les réponses d'Erika étaient animées par une certaine candeur, du point de vue d'Ars. Il voyait vraiment en elle une personne qui avait fort à découvrir, mais y mettrait-elle de la bonne volonté à cela ? Il était encore un peu tôt pour le dire. Peut-être que dans les 10 minutes qui suivront, il sera capable de se prononcer sur la question. Qui pouvait savoir ? S'occupant de la viande, il découpa un morceau qui commençait à roussir avec sa dague, et le mangea. Pas d'épices ou d'accompagnement, certes, mais le goût de la viande qui venait d'être chassée avait toujours un fumé, un goût que l'élevage n'aurait jamais. Plutôt satisfait de sa bouchée qui lui réchauffait un peu le corps, surtout avec ces nuages qui approchaient et ce vent qui soufflait, Ars regarda le fond de la caverne, lui aussi. Ledit vent sifflait depuis le fond de la grotte, des galeries, sans doute. Il n'y avait jamais prêté attention jusque-là. Jamais...

Ars se leva, et entreprit d'observer la paroi rocheuse. "Tout. Tout m'intéresse, et j'apprends de mes découvertes. Puis je les remets en question dès que possible, pour savoir quand je dois évoluer." Il continuait de scruter la pierre, ses doigts glissaient sur les murs. "Un érudit, n'est-ce pas ? Sûrement, et j'aime être qualifié ainsi. Apprendre de la nature, des gens, des civilisations et de tout ce qui nous entoure, c'est pour ainsi dire mon obsession." Continuant de lui tourner le dos, son examen minutieux de la grotte se dirigea vers le plafond, plus abrupt que les murs. "Mais apprendre ne suffit pas. La plupart des gens vous diront qu'il faut aussi pratiquer. Je ne dirais pas que cela ne compte pas, mais ils sont naïfs." Après avoir marcher un peu en rond devant la Dame, à gratter le plafond de ses doigts sombres, il reporta son attention sur le sol, se mettant à genoux pour continuer son inspection. "Quand on a la connaissance, il faut surtout savoir comment l'utiliser. Les points de vues sont la clef. Comprendre un point de vue est facile, c'est ce que l'on fait tous les jours. Avec notre propre point de vue. Mais essayez de comprendre toutes les vérités, aussi étranges et contradictoires soient-elles, et vous aurez la capacité de comprendre autrui en un tour de main. De déterminer des points impossibles, de développer votre qualité critique." L'Ancien se redressa, la main posée sur le mur et le regard sur Erika. "Et c'est comme ça que je peux vous affirmer ceci : cette cavité n'est pas naturelle, elle est artificielle. Et ce n'est pas l'oeuvre d'une véritable présence intelligente, c'est trop brute. Pour la date de l'ouvrage, j'avoue avoir des doutes, malheureusement. Les tours de garde que vous préconisez me semble de mise."
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le jeudi 14 mars 2019, 18:11:42
Erika observait Ars dans ses déplacements, et fit promener un regard plus que curieux sur les parois, tout en l’écoutant avec beaucoup d’attention. De cet homme se dégageait une aura dense de connaissances et d’une certaine forme froide de sagesse, chose qu’elle avait pressenti, mais pas tant à ce point. Ses pensées restaient néanmoins tournées vers la cavité, où elle penchait la tête, comme si elle espérait y voir débarquer une quelconque créature.

- Si c’est artificiel… Ne vaudrait-il mieux pas aller faire un tour à l’intérieur et aux alentours ?

Elle devait se l’avouer… C’était là plus par curiosité que par mesure de prévention. Elle tournait ensuite la tête vers l’extérieur. Se déplacer et changer de zone, était-ce une solution possible ? La pluie s’intensifiant, il n’était que peu envisageable d’espérer pouvoir escalader une roche aussi lisse sans encombre.
La jeune femme se redressa et s’étira longuement, détaillant longuement l’environnement.

- Vous avez vu ça vite… Quelle expérience. Depuis combien de temps réunissez-vous ces connaissances ?
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le jeudi 14 mars 2019, 19:06:25
Peut-être qu'elle est vraiment suicidaire en fait ? Elle veut s'engouffrer dans la cavité alors qu'il y a certainement quelque chose.

Le Démon ravisa bien vite son jugement en se rappellant qu'une personne qui cherchait à se renseigner disposait de plus de chances de survie. Un sourire sincère apparu alors, plus marqué que les précédents. L'attention qu'il porta à la cavité lui fit l'impression de traces de griffes, et la grotte en soit était irrégulière. Ars n'avait jamais vu une telle crevasse dans la montagne, et si l'eau venait à s'engouffrer, cela pourrait se révéler dangereux.  Un terrain glissant n'était pas idéal pour livrer un combat, et ce qui inquiétait le plus l'Ancien, c'était de ne pouvoir utiliser ses pouvoirs librement. Son épée longue ne pourrait être dégainée ici, et s'en remettre à sa dague ou à la Dame blessée... Autant dire qu'il allait vite devoir mettre de l'ordre dans ses priorités.

"Comme vous, je désire voir ce qui a put réaliser un tel trou dans la roche, ce n'est pas courant." Le Démon se rassit alors, le lapin était presque prêt, et il en éplucha quelques tranches, humant le parfum de la viande, visiblement pas plus inquiet que cela de la situation. Bien qu'un frisson l'agita. L'endroit resté frais. "J'ignore votre âge, mais à vue de nez, j'ai commencé à apprendre de cette façon bien avant votre naissance. J'ai rencontré des savants, des imbéciles et tous m'ont appris quelque chose." Il ponctua sa phrase par une tranche de lapin, la regardant. "N'hésitez pas à manger, il nous faudra des forces. Même un peu."
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le vendredi 15 mars 2019, 10:03:19
Elle n'avait toujours pas encore faim, mais elle ne se sentit pas de refuser de nouveau. Elle prit alors un petit bout de viande et le mangea, les mains sur les hanches en examinant les parois des yeux et des mains, curieuse de découvrir ce qui avait amené Ars à en faire une analyse si minutieuse en peu de temps.

- J'atteins bientôt ma trentaine. Elle décroche son regard de la cavité pour tourner les yeux vers lui et le détaille un instant de la tête aux pieds. Vous n'avez pourtant pas l'air si vieux, souriait-elle. Vous parlez comme si cela se comptait en centaines. Cependant... Il est vrai qu'une seule année d'expérience riche peut terrasser celle de quiconque n'a que ce peu d'écart. Ce n'est d'ailleurs pas qu'une question de temps. Je vous ai parlé de mon frère, il y a quelques minutes. Depuis qu'il voue sa vie à son foyer, il se déconnecte de la réalité extérieure et ne s'y adapte que de peu désormais. Je dis ça... Mais moi-même j'ai l'habitude de rencontrer multitudes d'emmerdes. Pourtant, ça ne m'empêche pas de me faire avoir par une meute de loups affaiblie.

Erika laissait ses paroles suivre sa réflexion, ne prenant pas, pour l'heure, le soin d'organiser ses idées. Ces dernières phrases étaient ponctuées d'un ton de dérision, sa frustration envolée pour n'en faire qu'un souvenir déjà anecdotique.
La jeune femme récupérait son soufflet, le bois qu'il restait, et sortait deux torches façonnées à la main de sa grande sacoche. Ravivant le feu avec soin, elle utilisait un peu d'huile pour enflammer prudemment les tissus. Elle récupéra ensuite son épée, soufflant de soulagement de ne pas avoir été touchée par sa main dominante, et tendit une torche à Ars.
Elle dépliait et repliait ses doigts, jouait du poignet et tournait le bras doucement en tout sens, à la fois pour s'échauffer et se rendre compte de l'ampleur des dégâts, et de la douleur qu'elle pouvait supporter. Souriante de se savoir pas encore invalide, elle levait les yeux vers lui.

- A moins que vous ne préféreriez vous reposer avant de partir en exploration ?
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le vendredi 15 mars 2019, 14:00:27
Bientôt de la trentaine, en effet, il avait commencé ses recherches longtemps avant sa naissance. Ah, les enfants... Cela expliquait donc ses questions candides. Et il faisait parti de ces démons qui ne se sentaient pas affectés par le passage du temps, bien que nombre de ses contemporains avaient mal tournés par ennui pervers. Que ce soit vers des guerres, des harems, ou une retraite totale. Ne supportant plus le poids de leur longévité, appelant la délivrance de leurs voeux, à l'appui d'un torpeur sans fin ou d'un intérêt renouvelé pour la vie et le monde. C'était l'une des raisons qui poussaient Ars à voyager, à découvrir et qu'il se laissait volontiers ronger par son ambition. Il avait vu tant des siens devenir des coquilles, supportant plus leur condition qu'en en profitant. Il ne voulait pas que cela lui arrive. Il se l'interdisait !

Erika reparla de son frère. Elle semblait y être attachée, mais l'Ancien y décela quelque chose. Comme un soulagement que ledit frère n'est plus à affronter les mêmes choses qu'elle. Mais ce n'était que pure spéculation.

"Erika... Vous n'avez apparemment pas l'esprit léger concernant votre frère. Est-ce que cela vous déleste d'un quelconque poids de le savoir poser quelque part, et non plus confronter aux dangers de la route ? Il n'a certes plus pied avec tout ce qui l'entoure, mais sa vie est peut-être plus paisible ?"

La voilà qui s'affairait à préparer leur descente dans la montagne. Lui continuait de manger, détruisant le lapin à grands coups de dagues et de dents. Et une fois rassasié, il s'essuya la bouche, les doigts et sa dague avec un linge, avec une certaine noblesse bourgeoise qui ne sied guère à la situation, et attrapa la torche qu'on lui tendit.

"Vous semblez impatiente d'aller voir ce qu'il y a plus en avant. Je m'en voudrais terriblement de vous faire attendre davantage." S'exprima-t-il dans un sourire, notant avec plaisir qu'elle s'échauffait avant de partir vers l'inconnu. "Si vous le voulez bien, je vais ouvrir la marche."

Et Ars partit en avant, cherchant du regard d'éventuelles traces de vie ou d'explication. La torche lui servit de guide, alors qu'on entendit au loin, derrière eux, le tonnerre éclater.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le samedi 16 mars 2019, 20:19:11
- Vous avez faux cette fois-ci, souriait-elle.

Erika ne répondait pas tout de suite à ses questions en détails, comme si elle ne les avait pas entièrement entendue. Elles restaient néanmoins tapies dans un coin de son esprit, le temps de se préparer pleinement à reprendre une activité physique.
Elle le trouvait tout de même bien curieux, malgré le fait qu'il lui ait exposé cette personnalité quelques minutes plus tôt. En tous points, la jeune femme ne trouvait pas ses soucis quotidiens particulièrement intéressant, surtout pour un inconnu, après tout.
 
- Si vous le voulez bien, je vais ouvrir la marche, avait-il conclu.

Elle hocha la tête et lui ouvrit le passage en se décalant d'un pas et d'un signe de la main. Alors qu'ils commençaient à s'engouffrer un peu plus en profondeur dans la cavité, Erika observait les lieux d'un air distrait, ne constatant pour l'heure aucune différence notable. Seule l'humidité s'intensifiait, quelques gouttes tombant, une par une, perçant le silence religieux des environs.

- Prendre la route n'est pas plus dangereux que de vivre en pleine civilisation... finissait-elle enfin par répondre, la voix posée, presque dans un murmure. Se penser en meilleur sécurité entre quatre murs est une illusion ridicule. Dans la nature et dans les différentes villes, je rencontre diverses personnalités, des plus ignobles aux plus étranges, tout comme de nombreuses bêtes et créatures, ou je dois faire face à une flore capricieuse. Mais les humains, entre eux, valent tout autant de danger que tout cela. Ils sont impitoyables et s'égorgeraient salement pour un bout de pain.

L’écho de leurs pas s'étendait bruyamment dans l'ensemble de la galerie. Erika considéra les alentours et abaissa sa voix, pensant qu'il serait préférable de ne pas attirer quiconque ou quoi que ce soit habitant ces lieux.

- Récemment, je me suis faites sermonner d'avance pour quelque chose dont je n'avais pas tellement l'intention. Mes neveux semblent attachés à mes histoires d'escapades, alors que leur père cache les siennes sous les paroles de Sainte Marie leur mère. Sa voix se teintait d'une légère amertume, qu'elle réfréna aussitôt. Comme si j'allais les enlever ou les forcer à me suivre. Ils feront bien ce qu'ils leur plait, au bout du compte. Erik devra se faire à l'idée qu'un jour, il ne pourra aller contre leurs envies.

La jeune femme repensait aux mots qu'elle avait eut envers lui. Il lui avait paru ridicule de lui demander d'éviter de faire germer ses idées dans la tête de ces enfants. Mais qu'était-il en train de faire, de son côté ? Les restreindre à l'idée qu'il n'existe que leur ville, et rien d'autre d'intéressant ? Leur père rejetait pourtant ce manque de liberté de choix. Et en tant que véritable fils de David, Erika aurait pensé qu'il aurait été moins con.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le samedi 16 mars 2019, 20:53:15
Poser des questions était un bon moyen de savoir. Plutôt que de se perdre en spéculation, et son temps aussi par la même occasion, il préféra soulever une hypothèse, et attendre d'Erika qu'elle réponde à l'énigme qu'il n'avait même pas pensé à poser. L'Ancien avait quelque sympathie pour la Dame. Elle était jeune, naïve, et sûrement pleine de défauts, mais savoir qu'il y avait plus à craindre des gens civilisés que de la nature... Lorsqu'elle s'épancha sur le sujet, il demeura d'un mutisme total. Il ne la regardait même pas, concentré sur son avancée. Son observation se fit moins précise, attentif aux dires d'Erika, qui démontrait une certaine forme de sagesse.

Elle se tut un momnet, mais Ars ne dit rien pou combler le silence, ou même la regarder. Il était possible qu'elle décide de parler davantage, et c'est ce qu'elle fit. La Dame reparla encore de son passé, de sa famille. Il eut un instant de surprise en se rendant compte que frère et soeur s'appellaient Erik et Erika. Bien piètre imagination des parents. Ou le fruit du hasard, elle n'avait pas mentionnée que son frère était biologique. Lorsqu'elle donna l'impression réelle d'avoir fini, il s'arrêta après quelques pas. Lentement.

Le Démon se retourna partiellement, le regard dur. Il la détailla, la jaugeant sérieusement. Elle avait un certain manque d'expérience de la vie, mais elle avait évoquée à plusieurs reprises des faits et des idées qui étaient précieux au coeur de celui-ci. Le vent souffla d'autant plus fort, faisant vaciller les flammes des torches, et les cheveux d'ébène et d'ivoire des voyageurs. Ses yeux se fixèrent sur les siens pour finir, la défiant de soutenir son regard. Qu'adviendra-t-il de toi ?

Et l'Ancien se retourna. Il se remit avec la même lenteur en marche. Aucun mot ne quitta ses lèvres, et le silence ne se retrouva que peu perturber dans ces galeries creuses et humides. L'écho des pas s'intensifia peu à peu, et il fut évident de voir que les parois s'écartaient, faisant ainsi un passage plus large. Le lieu qu'ils découvrirent était immense, telle une ouverture dans la montagne. La galerie devant eux était creuse et profonde. L'on en voyait ni le fond du gouffre, ni le sommet d'où filtrait quelques filets d'eau qui s'écoulaient. La pluie s'était visiblement intensifiée au-dehors. Le chemin sur lequel ils marchaient était suffisamment épais pour progresser prudemment, mais l'endroit laissa l'impression d'un massif rocheux éventré à l'Ancien. La visibilité n'était pas bonne pour l'instant, et leur audition était assaillie par les bruits de la nature et de la caverne. Un claquement de langue agita alors Ars, comme seul son qu'il ne put faire pour l'instant, tandis qu'il observait partout autour de lui, faisant assez de place pour qu'Erika puisse avancer sans risquer de chuter.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le dimanche 17 mars 2019, 13:28:52

Au fur-et-à mesure de leur marche, que ce soit avant, pendant ou après avoir parlé, Erika levait souvent les yeux vers Ars, comme pour essayer de comprendre ses réactions. Lorsqu'il s'était retourné, laissant flotter un instant du silence le plus étrange qu'elle ait pu connaître, Erika s'était arrêtée et avait soutenu son regard, sourcillant légèrement et la tête inclinée. Une sensation étrange lui parcouru la nuque, mais allez savoir ďoù cela venait.

La marche reprit son cours, toujours sans réponses. Lorsqu'ils débouchèrent sur une obscurité nette, Erika s'avança de quelques pas pour constater l'ampleur de ce vide humide. Immobiles un instant, elle retira son gant a l'aide de ses dents, l'autre main occupée par la torche, et claque un coup des doigts. Le son se répercuta longuement jusqu'à disparaître on ne savait où, et à cela elle exprima une moue intriguée.

- Hm. Soit une grosse bête, soit l'antre de plusieurs. Nos torches ne vont pas tenir longtemps, surtout dans cette humidité.

L'envie de continuer l'étreignait  autant que sa raison lui intimait de faire demi tour. Mais était-ce réellement mieux a l'entrée ?

Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le dimanche 17 mars 2019, 19:06:51
L'endroit était démesurément grand pour deux personnes. Le coeur d'une montagne était véritablement impressionnant, et l'écho amplifiait cette sensation de gigantisme. La Dame qui l'accompagnait pensa à des diverses hypothèses immédiatement, et il n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle voulait. Qu'à cela ne tienne, lui, voulait avancer et avec autant d'espace, dégainer une épée ne serait pas un problème. Plus confiant que dans le long couloir qui les avait déposés ici, il s'aventura seul un peu plus loin, jusqu'à trouver le bord d'un précipice. Il en avertit Erika sur le champs, et se faisant, il attrapa une pierre qu'il laissa choir. Cela mit près de 2 secondes. La hauteur devait être moindre à 50 mètres.

"C'est profond ici, Erika, la chute serait fatale. Avec le manque de visibilité et l'humidité, ne te précipites pas." Dit-il sur un ton plus autoritaire que son monocorde qu'il avait jusqu'à maintenant. Sans doute ne voulait-il pas avoir à la regarder dégringoler dans le vide. Il continua d'examiner le sol près de bord, et reprit plus calmement. "J'ignore quoi, mais oui. Quelque chose vit ici, et nous sommes au centre de son territoire. Ou du leurs, comme tu le soulignes."

L'Ancien n'usa pas de sa magie pour étendre sa conscience, comme il le fit pour trouver le lapin. L'endroit était grand, et cela nuirait à l'investigation de potentielles traces. De plus, il espérait que la jeune femme puisse lui dire quelque chose. Lui avait déjà des connaissances, il savait comment chercher, mais dans son cas à elle, elle devait encore faire ses preuves. Et le Démon avait hâte d'être surpris par ce qu'elle pourrait bien lui révéler sur cet endroit.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le dimanche 17 mars 2019, 20:09:49
Erika tournait de nouveau un regard sourcillant envers lui, se demandant depuis quand avait-il décidé de la tutoyer. Pas que la chose l'avait dérangé, elle devait même s'avouer n'y accorder que peu d'importance, mais il lui arrivait rarement de changer ce type de politesses en une heure de temps. "La vie est pleine de surprise..." se répétait-elle, phrase qu'elle avait prononcé un peu plus tôt.

Lorsqu'il trouva le bord d'un précipice, Erika abandonna son recoin pour le rejoindre et y jeter un coup d’œil à son tour. S'accroupissant, les coudes sur les genoux, elle pencha légèrement la tête par-delà le vide pour considérer la chose. Plissant légèrement les yeux et le front, elle comptait sur son excellente vision, pour y déceler, peut-être, quelques petites formes se dénoter où que ce soit, mais c'était peine perdu. Quoi que ce soit se planquait en contre-bas n'avait, à priori, pas grand chose à craindre.

- Nous faisons un bruit monstre depuis tout à l'heure... murmurait-elle, rabattant ses mèches de cheveux gênants son visage derrière les oreilles. Et pas un bruit. Le souffle s'engouffre de l'entrée de la cavité et tournoie au fond, continuait-elle en pointant de son doigt ganté. Elle s'asseyait ensuite au sol et laissa le talon de sa botte glisser de quelques millimètres au bord du gouffre, comme pour se rappeler de cette limite durant sa réflexion, et repérer où était le point où elle pourrait glisser. Je le suppose cependant. L'air ambiant, refroidi, nous attire vers le fond. Ce qui veut dire soit que la seule entrée se trouve là où nous avions trouvé repos... Soit qu'il y a une seconde source de courant d'air en plein milieu, tout en bas. Quoi qu'il en soit, ce n'est rien de grand. Et vu l'odeur... Erika plissait du nez plusieurs fois alors qu'elle parlait, repérant des senteurs qui lui étaient peu agréables. Si ce sont bien des créatures multiples, j'ai l'impression qu'elle sont en posture défensive. Sans lumière, on va s'en prendre plein la tronche. Si on remonte, on pourrait espérer qu'on nous laisse tranquille... Mais qui sait si ça peut organiser une quelconque attaque préventive ?

Erika exprima un long et profond soupire, teinté autant d'une réflexion intense et d'agacement. Se relevant, elle éclaira le visage d'Ars un long moment dans le silence, figeant ses yeux dans les siens, sans pour autant sembler poser de question. Elle avait la forte impression d'être testée, observée comme une enfant en pleine expérience, et cette sensation ne lui plaisait guère si elle n'était pas dite. D'un autre côté, il y avait ce côté curieux, et cette manière d'alterner entre ces quelques rares sourires et son expression impénétrable, ou ses pointes d'agacement, difficilement perceptibles.
Erika considéra sa manière de s'adresser à lui un instant, mais décida finalement d'aller en son sens.

- Tu es voyageur qui brasse des connaissances depuis bien avant ma naissance, rappelait-elle, le ton neutre. Alors que sais-tu faire, et que juges-tu de mes mots ?
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le dimanche 17 mars 2019, 21:37:21
"Un ramassis d'inepties proférées avec le ton de la Vérité. C'est navrant."

Ars avait eu la forte envie de le lui dire, ne serait-ce que pour faire disparaître cet air insolent dont elle se parait le visage depuis une minute. Mais elle avait vu juste sur plusieurs points entre les lapalissades énoncées. Elle semblait plus à l'aise à jauger le terrain qu'à anticiper un mouvement chez un adversaire inconnu. Cela s'apprenait. Le Démon la regarda aussi longtemps qu'elle le dévisageait, tiquant quand elle le tutoya. Mais il l'avait fait avant. La fatigue, ou l'inattention, sans doute. Il manque de retenir le soupir qui lui glissa des lèvres. Revenir sur le vouvoiement ainsi serait étrange, malavisé. De quoi lui faire se poser d'autres questions et la distraire dans une situation qui demandait pleine attention. C'était ça le problème de voir tout le monde comme des enfants, s'adressait à eux était compliqué.

"Ce que tu dis sur cette cave me semble juste, mais ta remarque sur les potentiels mouvements de notre adversaire revient à dire que l'on ne sait pas, parce que l'on ignore. Mais bel effort, Erika."

L'Ancien s'en retourna pour regarder le sol. Depuis tout à l'heure, il avait remarqué quelques poils sur la route pour venir jusqu'ici. Sombres, raides et épais. Les fragrances de ces lieux étaient désagréables et laissèrent en effet supposés qu'il y avait moult vermines ici.

"Il s'agit d'une variété de taupes. Elles n'attaquent pas si elles ne se sentent pas menacées, mais notre présence sur leur territoire les incommode. L'odeur d'animaux, sûrement des excréments en contrebas. Des poils, le milieu montagneux, l'absence de lumière. Je suis quasi certains de cela. Mais ne te méprends pas. Leurs griffes sont assez puissantes pour creuser la roche et leur odorat est incroyable."
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le lundi 18 mars 2019, 05:01:32
Ce petit laps de temps avant sa réponse, aussi court fut-il, lui avait suffit. Quelques micros-expressions, force d'habitude, lui firent se dirent qu'elle n'avait pas croisé le chemin d'un humble voyageur comme elle aurait pu en croiser auparavant, mais Erika ne se sentait pas d'approfondir le sujet au-delà de ce léger doute. Se détendant les traits du visage, la jeune femme se sentait légèrement intrusive, peut être même un peu trop. Sa neutralité disparu sous un sourire plus serein et un légèrement plus jovial lorsqu'elle porta de nouveau ses yeux vers l'obscurité.

- Je ne sais si leur odorat leur servira longtemps à grand chose... soufflait-elle malgré tout. C'est encore assez léger, mais j'ai sentie autre chose. J'ai tout autant l'impression d'avoir été suivie, tout comme je ne pense pas que ces bestioles ne se cachent que de nous. Mais peut-être n'est-ce pas si important, concluait-elle en parcourant le peu de visibilité une nouvelle fois des yeux.

Erika sentait l'instinct difficile à concrétiser, pourtant son odorat ne la trompait pas. Quelque chose la perturbait, sans arriver à mettre la main dessus, mais les torches commençaient à faiblir, et il était sans nul doute temps de rebrousser chemin.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le lundi 18 mars 2019, 19:18:33
Le vent caverneux charriait avec lui les odeurs des animaux, mais aucun son. Le Démon pensa négligemment au trépas de l'espèce par une quelconque raison, mais il rejeta cette idée bien vite. L'odeur serait pestilencielle, annonciatrice de corps en décomposition. Et Ars aurait reconnu de telles effluves. Il aurait même difficilement pu l'ignorer. Sans compter toutes les autres raisons qui rendaient cette hypothèse fausse, comme aucune trace de prédateur visible, ou un éboulement n'aurait pas suffit à tous les tuer. Erika montrait quelques signes d'inquiétudes, et sa curiosité fut mise à mal. Visiblement, son instinct de survie n'avait pas totalement disparu, et l'Ancien nota bien ce qu'elle disait. Il attendit qu'elle parla, mais rien. La situation la rendrait-elle nerveuse au point de ne savoir endurer ? Étrange, le Démon aurait juré qu'elle avait plus d'expérience de terrain que cela. Sans doute qu'elle évitait les voies aussi mal fréquentées d'ordinaire.


"Parles moi, Erika, qu'as-tu vu ou entendu ? Qu'as-tu ressenti pour croire qu'il y a autre chose ? Ce n'est pas le moment de te perdre dans tes pensées. Parles clairement, et fort."


Agissant comme un mentor, l'Ancien s'agita pour essayer de comprendre par lui-même ce qu'elle décrivait. Disposait-elle d'une prescience capable de sentir le danger ? Un sixième sens ? Un courage aussi friable que du calcaire ? Les hypothèses sur la raison des paroles de la Dame et du calme de la grotte se superposèrent dans l'esprit du Démon, le distrayant quelque peu. Il le savait. Et c'était suffisant pour louper un indice. Malgré tout, il ne percevait rien. La foudre tonna au loin, étouffée par la pierre, et les flammes des torches vacillèrent de plus belle. Ars jeta un bref aperçu à leurs uniques sources de lumière avec un regard sévère, avant de fixer la jeune aventurière, curieux et pressé d'entendre ses réponses.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le lundi 18 mars 2019, 21:20:22
- Tu n'as donc pas senti ?

Erika le fixait un court instant, quelque peu surprise. Pourtant, il lui avait semblé qu'il avait déjà perçu ce qu'elle n'avait encore ni vu, ni exprimé, mais elle s'était peut-être trompée. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que ce genre de situation lui arrivait, mais elle avait toujours perdu de vu ses interrogations quant à cette étrange capacité.
Restant parfaitement calme, elle revint sur ses pas et se pencha de nouveau par-dessus le précipice, faisant monter l'air d'un signe de la main pour illustrer ses propos.

- C'est encore plus faible que plus tôt... Mais parmi les odeurs de fourrures, on sent clairement quelque chose de curieux. Même, ça pique le nez, un peu comme des agrumes, mais qui sentent mauvais... A ces mots, la jeune femme se redressa, plissant du nez une énième fois. J'avais senti ça une fois sur le chemin, juste une fois. J'ai pensé que ça aurait pu être une flore interne. Quant à cette impression d'avoir été suivie... Je ne saurais en dire plus.

La lueur des torches vacillait fébrilement. Erika tendait l'oreille, faisait attention à tout ce qui l'entourait, mais cette sensation de présence, bien qu'encore faiblement perceptible, ne se manifestait pas plus que cela.

- On devrait faire demi-tour, avant de nous retrouver dans le noir complet. J'ai un mauvais pressentiment.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le lundi 18 mars 2019, 21:39:19
La Dame semblait sûre d'elle dans ses remarques. Une odeur qu'il n'aurait pas remarquée ? C'était possible, il ne pouvait se vanter d'un odorat infaillible, mais si la jeune femme assurait l'avoir remarqué, il voulait bien retenir ses paroles. Il regarda le fond du gouffre lui aussi, surpris et curieux de savoir ce qu'il en était vraiment. Surtout que plus elle parlait, et plus elle montrait son inquiétude. Qu'importe ce qu'il y avait, Ars voulait savoir. Il sera un poing, comme pour masquer sa frustration, mais rien ne l'empêcherait de revenir plus tard. Cela rassurerait sûrement Erika qu'ils rebroussent chemin, et au pire, il ne perdra qu'une journée à aller vérifier ce qu'il pouvait bien se tramer ici, plus tard. Le Démon fit les quelques pas qui le séparaient de la Dame, et s'arrêta, immobile face à elle.

"Nous allons nous en remettre à ton instinct pour l'heure, Erika. Je n'ai pas non plus confiance en ces lieux. Ouvres la marche, je te suis."

L'Ancien trouvait plus juste de penser que la menace leur arriverait dans le dos, plutôt que sur le chemin qu'ils venaient de parcourir. Il préférait ainsi fermer la marche, se sentant plus fiable pour se charger d'une menace sans se faire blesser. À plus forte raison qu'Erika l'était déjà. Et que dans son état émotionnel actuel, du stress pourrait lui faire commettre une autre inattention. La chaleur des torches s'amenuisèrent bien vite, mais le Démon n'en avait cure en réalité, gardant un tour pour lui, lorsque les lumières auraient parfaitement disparues.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le mardi 19 mars 2019, 08:43:44
Erika hochait la tête et se retourna tranquillement, revenant sur ses pas calmement. Il n'était pas nécessaire de se hâter, et en particulier lorsqu'il est difficile d'en déterminer la raison... c'était un coup à se jeter dans la gueule du loup.
Cependant, sur le chemin du retour, la jeune femme ne put s'empêcher de garder la main posée sur le pommeau de son épée, comme pour se rappeler qu'ils n'étaient pas seuls. Les lieux ne présentaient pourtant toujours aucun bruit distinct, quel qu'il soit, et l'odeur était restée derrière eux.

Lorsqu'elle perçu cette petite odeur de rance lui agresser le nez, Erika s'arrêta brusquement. Un léger regard en arrière, parcourant leurs bottes au bout de la galerie parcourue, et elle notifiait une légère fissure qui n'était pas présente à l'aller.

- Qu'est-ce que...

S'accroupissant à  hauteur de cette petite ouverture, elle y passa les doigts. La pierre était friable, modulable a souhait, comme d'une vieille carrière humaine laissée à l'abandon.
Lorsque l'ouverture fut assez profonde, une sale odeur agressive et putride s'en dégageait, Erika dû reculer et se masquer le nez de sa main. Elle toussa un court instant avant de se redresser.

- Saloperie... y a quelque chose là-dessous qui nous masque l'odeur depuis tout à l'heure...
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mardi 19 mars 2019, 18:55:29
Les deux voyageurs entamèrent alors le retour, retraçant leurs pas. Erika se montrait prudente, et l'aîné constata qu'elle était prête à dégainer, parée au combat si la situation venait à l'exiger. Ce semblant de paranoïa amusait et réjouissait même Ars. Mieux valait être trop prudent que pas assez. Ne pas l'être assez ne donnait que rarement la possibilité de s'améliorer par la suite, surtout en ces contrées violentes, et vierges de la main de l'Homme et autres civilisations. Et dans leur progression, il était devenu indéniable qu'une odeur jusqu'alors masquée avait fait son apparition. Les sens et l'intuition de la Dame étaient alertes, et cela lui fit profiter de quelques informations. Il s'arrêta en même temps qu'elle, et suivi son regard, patiemment.

A l'évidence, elle venait de découvrir quelque chose, et elle se mit à l'inspecter. L'Ancien la laissa faire, et se contenta de regarder par-dessus son épaule. L'odeur qui s'échappa était infecte, et fit grimacer le Démon. Difficile de concevoir ainsi ce qui avait pu produire pareille mascarade. Une fissure dans la roche, une odeur aussi forte masquée par la pierre. Je ne connais aucune créature ayant ce mode opératoire. Est-ce seulement l'oeuvre de bêtes ? Le Démon tendit l'oreille derrière lui, s'éclairant des ultimes lueurs de sa flamme, menaçant de s'éteindre à chaque instant.

"Débout Erika ! Des bruits en approche ! Nous avons sûrement dérangés une colonie."

Le Démon ne la toucha pas, mais se mit à un pas derrière elle, l'incitant à presser le pas. Il était vraiment curieux d'examiner cette brèche qu'elle avait ouverte, mais les bruits qui raclaient la pierre dans son dos ne pouvaient que le presser à quitter ces lieux.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le vendredi 22 mars 2019, 18:40:40
A peine avait-il parlé qu’elle s’appuyait d’ors-et-déjà sur ses genoux pour se relever, reculant de quelques pas sans trop se presser. L’odeur lui avait été si désagréable qu’il lui fallut quelques longues secondes avant de remarquer à son tour le bruit de quelque chose gratter la pierre à proximité. Jetant un dernier coup d’oeil sur l’ouverture, elle tendit les oreilles et pressa le pas.

Ils progressèrent dans la galerie en hâte, sans pour autant courir ; il aurait été imprudent de recouvrir ces bruissements par le vacarme de leurs bottes soulevant une terre hasardeuse, autant pour ne pas risquer la moindre chute dans un milieu instable, que pour garder en trace ce qui les suivait à l’arrière. Le souffle de l’extérieur s’engouffrait par bourrasques brusques, alors qu’à l’aller ce n’était qu’une brise constante et tranquille. Le climat n’allait pas en s’arrangeant, n’indiquant que plus de dangers s’ils venaient à s’aventurer à l’extérieur. “Choisi ta bête…” songeait-elle en soufflant.

Sa torche s’éteignit, alors que celle que portait Ars perdurait toujours, bien que faiblement. La galerie restait une ligne droite dans laquelle ils n’auraient pu se perdre, tout comme leur poursuivant. Erika se souciait de ce comportement de prédateur, avançant à leur rythme sans les dépasser ni se montrer. Cela lui fit quelque peu froid dans le dos. Était-ce vraiment animal ?
Ars avait cependant parlé de colonie. Alors, étaient-ils réellement plusieurs ? La sensation plus que désagréable de se faire observer refit surface, mais la jeune femme restait dans son calme contrôlé. Elle n’aurait pu décrire cette étrange sensation, un mélange d’une frayeur silencieuse et de l’excitation de l’inconnu. Les voyages se teintaient d’ennui, et les obstacles rencontrés se transformaient en une habitude terne. En ce jour, rencontrer cet homme étrange et parcourir un creux de montagne comme celui-ci, était-ce là ce que son frère n’avait de cesse de craindre pour elle, ou retraçait-elle le chemin de son défunt père ?
Se poser toutes ces questions, malgré son attention toujours en alerte, l’apaisait quelque peu. Il n’était plus l’heure à la panique, de toute façon.

Ils arrivèrent au bout du tunnel et retrouvèrent l’entrée de la cavité sans plus d’encombres. Erika ne percevait plus de bruits quelconques à leur poursuite, mais son attention se centra sur l’état des lieux. Des fissures similaires, mais plus nombreuses, parcouraient la paroi de long en large et le reste du bois brûlé avait été éparpillé sur le sol. En outre, sa cape, qu’elle avait laissé posée près du bord, avait disparue.
Les yeux se levant vers le ciel noirci par l’orage, Erika poussa un profond soupire pour seule réaction, puis se tourna vers Ars.

- Descendre ne va pas être aisé… Et je ne parle même pas de circuler dans ces bois sous ce temps.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le samedi 23 mars 2019, 15:55:36
Mais arrêtes de prendre ton temps ! Décidément, cette jeune femme avait quelques lacunes sur la gestion des situations. Certes, elle n'avait sûrement pas son aisance durement acquise, ou même ses yeux de Démon, mais la voir ainsi traîner le pas le faisait fulminer. Fort heureusement, il était capable de profiter de la pénombre et de son air naturellement renfrogné pour ne rien en montrer. Erika ne semblait pas rassurée, et privilégia la prudence, ce n'était pas forcément une mauvaise chose. Mais là, le risque était de se faire rattraper par une horde du fait d'être trop lent, ou de trébucher d'être trop rapide. Risquer de tomber et vite se relever semblait moins dangereux que ces créatures qui rôdaient tout autour d'eux. Quelqu'un devrait vraiment lui apprendre à mieux gérer les situations, elle gâche son potentiel.

Un détail surprit l'Ancien. Il n'y avait plus qu'une torche, de faible éclat de surcroît, mais l'expression d'Erika devint plus calme. Que se passait-il dans son esprit pour qu'elle soit aussi sereine dans une situation qui jusque-là, lui faisait tout le temps faire des choix impossibles ? Sans bonne réponse. Sa torche finie elle aussi par céder alors qu'ils approchaient du bout du tunnel. Il jeta le bout de bois qu'il tenait en main derrière lui, et s'avança vers l'entrée. La pluie et l'orage. Erika ne devait sûrement pas y voir grand chose avec cette obscurité ambiante, mais c'était toujours mieux que l'intérieur des galeries dont ils sortaient à peine. Il ignorait ce qu'ils devraient faire. La chose qui lui vint spontanément à l'esprit était de juste tuer les menaces et de continuer son périple jusqu'au sommet de la montagne. Les taupes allaient certainement les déranger à rester ici. Il faut changer d'endroit.

"Ramassons toutes nos affaires, et partons, à quelques heures de marches d'ici, il y a une cavité où nous serons à l'abri de tout." Ars jeta un regard aux maigres bien qu'ils transportaient. "Mais il faudra sa hâter. Je ne veux pas tomber sur les loups ou d'autres créatures, on longera la montagne pour essayer au mieux de marcher sur de la pierre."

Une fois qu'il eu fini de récupérer tout ce qui était à lui, il se dirigea vers le bord. La chute serait violente pour une personne comme Erika, si elle était bel et bien Humaine. Sans doute qu'il allait se saisir d'elle avant de se laisser glisser le long de la roche et de la reposer au sol, pour gagner du temps. Dans le pire des cas, elle perdra 3 secondes de mémoire dans sa vie.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le dimanche 24 mars 2019, 09:38:53
- Peu d’animaux se risquent à se promener par un temps pareil, fit-elle remarquer, bien qu’elle songeait qu’il aurait été plus judicieux d’en faire de même. Mais avaient-ils réellement le choix ?

Erika le rejoignit au bord de la cavité et baissa le visage vers le bas du pan de la montagne. Elle s’accroupit alors et caressa la pierre du bout des doigts. Terriblement lisse et glissante à cause de la pluie. Si seulement pouvait-elle passer outre la fragilité de son espèce et sauter d’un bond tranquille, la descente aurait été une partie de plaisir.
La jeune femme ne manquait cependant pas de ressources et savait s’équiper comme il se devait. Sa cape avait peut-être disparue, mais ce n’était là qu’un bout de tissu accessoire qui ne lui servait qu’à la préserver des coups de froid ou des êtres indiscrets. De sa grande sacoche, elle en sortit une vieille corde qu’elle avait chourée dans une cabane laissée à l’abandon à quelques lieues de la montagne. Fine, mais l’air plus ou moins solide, Erika la considéra un court instant. Il allait de nouveau falloir se fier à son facteur de chance.
Si elle avait néanmoins su que, grâce à Ars, elle aurait pu moins s’embêter, elle aurait certainement sauté sur l’occasion.

Une plainte faible résonnait depuis l’intérieure de la cavité, suivie de quelques autres d’un timbre malade. Erika se tourna à demi et balaya les lieux des yeux un instant. Rester calme… songeait-elle, soufflant doucement. Aucune créature ne semblait montrer le bout de son nez, comme si elles cherchaient à les pousser à partir plutôt qu’à les retenir, restant terrées dans leur cachette sans oser se montrer pleinement. Mais ça ne durera pas.
Un simple piquet d’un métal solide suffirait à tenir la corde en place, mais faute de marteau, Erika utilisa son couteau pour encaisser le choc sans se blesser. De sa main intacte, elle frappait dessus avec force et précision, plus qu’on n’en demanderait à une jeune femme de son âge.

“Tu as toujours de ces idées ! Pourquoi crois-tu qu’on éduque les enfants à l’école et à l’intérieur des villes ?”

Des mots qui soufflèrent au creux de son oreille accompagnaient le claquement métallique du manche de son couteau contre le piquet. La voix crispante d’Irina, la femme d’Erik, lui tapait dans les tempes ces paroles, toujours aussi désagréables.

“Je réfléchis beaucoup,” lui rappelait désormais la voix faussement paisible de son frère. “Et je pense que nous aurions dû te laisser à une famille stable plutôt que de t’apprendre tout cela. Je suis désolé.”

Ces phrases tournaient en boucle en son esprit depuis quelques jours déjà, où elle se refusait à ignorer et esquiver ces remarques incessantes une nouvelle fois. Erika n’y trouvait cependant que peu de sens. Cette inquiétude excessive l’étouffait et intensifiait ce besoin de sensations de libertés, rien de plus. A se voir utiliser ces vieilles bricoles pour se sortir d’une énième situation hasardeuse, elle ne se sentait pourtant pas tant décalée. De quoi es-tu désolé ? Que crois-tu que j’ai raté, que vous avez raté ? Abruti.
Son calme perdurait et son visage ne traduisait qu’une colère paisible, alors que ses coups se firent inconsciemment plus brutes, comme si ne se défoulait-elle qu’au travers de sa main. Et ainsi, ses souvenirs se dissipaient lorsqu’elle accrocha solidement la corde autour du piquet.

Erika se laissait néanmoins se perdre dans ses pensées comme un étrange moyen de rester imperturbable et concentrée sur ce qu’elle faisait. Elle défit la corde et la jeta par-dessus le bord puis s’étira longuement sans un mot ni un regard pour Ars. Sans nul doute cherchait-elle à ne pas écouter une quelconque remarque sur ses agissements en s’efforçant à oublier sa présence le temps de se faire. Ainsi, n’importe quel inconnu qu’il puisse être, Erika laissait toujours porter ses pensées vers le seul être qui lui était proche qu’il lui restait.
Je sais ce que je fais, bon sang, concluait-elle pour elle-même, avant de saisir fermement la corde et de tester sa rigidité en la tirant en tout sens.

Au final, s’il lui avait dit quoi que ce soit, elle ne l’avait pas entendu. S’attachant les cheveux suffisamment haut pour ne pas que ce soit une gêne, elle entreprit de laisser glisser ses bottes doucement sur la roche alors qu’elle commençait à descendre. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus aisé, et la corde tremblait fébrilement ; elle n’allait pas supporter plusieurs passages. Erika avait cependant posé pied à terre, puis se massa légèrement son bras endoloris, qu’elle n’avait pourtant que peu sollicité.
Elle s’abrita les yeux de la pluie de sa main en levant la tête vers Ars, repérant sa silhouette. De là où elle se tenait, elle n’y voyait qu’une ombre sinistre se dessiner au-devant de la noirceur du temps. Une illustration qui la fit sourire un court instant ; ce que la nature pouvait offrir de bien étranges images.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le samedi 30 mars 2019, 12:19:22
Un vent froid souffla, en provenance de l'intérieur des galeries. La météo n'était pas clémente, et les créatures se rapprochaient. Les oreilles du Démon notèrent des sons agités, sans doute étaient-elles en train de gagner du terrain. Mais ce n'était pas la seule chose qu'il constata, des odeurs accompagnèrent le souffle et Ars se mit à renifler. Une odeur de sang séché. Ces créatures s'étaient-elles tournées vers le cannibalisme par manque de proie ? Une telle colonie, un tel essaim en plus. Ils conservaient la puanteur de leurs morts sur eux. Sang et viscères. Ils devaient faire ça dans un endroit éloigné pour que l'Ancien ne sente pas un tel parfum à l'intérieur de la grotte, et ils devaient être particulièrement proche pour que cela lui chatouille ses narines.

Un temps pour chaque chose.

Le temps de jouer à l'Humain se retira bien vite. Ce n'était pas quelque chose qui lui tenait à cœur de toute façon. Mais ce n'était certes pas une raison d'en oublier ses principes et sa subtilité. Les créatures se rapprochaient, et Erika serait lente à fuir par rapport à lui. La fragilité et la faiblesse des Humains... Si l'Évolution ne les avait pas dotés d'une capacité de reproduction incroyable, il y a bien longtemps qu'ils seraient éteints. Le Démon se concentra l'espace d'un instant, étirant son esprit jusqu'à toucher celui de la Dame.


Ars rejoignit Erika dans ses pensées et ses souvenirs. Pouvant même y trouver ce qu'elle ne pouvait que refouler. Ce qu'elle craignait, ressentait, appréciait. Le Démon ne distingua pour commencer que des formes indistinctes et des couleurs ternes. Mais il sentait une brise. Plus ou moins intense par moment. Le son indiquait de la végétation, qui apparut alors aux yeux de l'Ancien. Il marchait, sans toucher le sol, et il put distinguer un ruisseau, de l'herbe mêlée de mousse. Des rochers clairsemés l'endroit, sans chemin. Des montagnes bordaient l'horizon, masquant ce qu'il pouvait y avoir au-delà. Le démon se retourna, et la forêt dont il était sorti était sombre, dont la flore hétéroclite se chevauchait dans des directions qui n'avaient pas de noms.

Les couleurs s'éclaircirent, mais il y avait un campement à l'horizon. Là-bas, se trouvèrent diverses personnes affairaient à préparer un repas. Un homme sur le déclin, habillé de noir. Un couple, et des enfants qui chahutent. Ars alla à leur rencontre. Leurs murmures étaient incompréhensibles, mais ils étaient comme "étiquetés", et le Démon comprit quelles représentations il avait face à lui. Elle avait beaucoup parlé de son frère et de sa belle famille, et il attira à lui la forme qui représentait
Erik.

Proche de l'eau, il regarda à l'intérieur, pas de poissons. Aucune vie ne troublait le rythme du ruisseau. En relevant les yeux, il vit une forme spectrale d'Erika. Il s'approcha d'elle, accompagné de celui qu'il avait amené. Erika était assise contre une pierre, à même le sol de mousse. Ars fit avancer le "frère" de la Dame et lui demanda de lui parler, tandis qu'il faisait apparaître une corde dans l'esprit, et les mains, d'Erika.

"Tu as toujours de ces idées ! Pourquoi crois-tu qu’on éduque les enfants à l’école et à l’intérieur des villes ?"

"Je réfléchis beaucoup, et je pense que nous aurions dû te laisser à une famille stable plutôt que de t’apprendre tout cela. Je suis désolé."


Ars pensa que la Dame n'avait vraiment pas enterré son passé en entendant ce qu'elle s'imaginait de son frère. Il fit imaginer à la voyageuse qu'elle descendait en rappel, et que lui l'observait. Qu'il l'avait rejoint en bas. Qu'ils avaient commençaient à courir le long de la falaise.

Sortant finalement de l'esprit d'Erika, et tandis qu'elle était sous l'emprise de son sort, il entendit les bestioles arrivaient. Toutes proches. Il porta Erika dans ses bras, et sauta en bas, se réceptionnant sur de puissantes jambes métamorphosées, qui l'aidèrent à prendre de la distance aisément. Après quelques bonds, il reposa Erika à terre, la libéra de son sort, pour qu'ils puissent continuer de courir ensemble.

"Je crois qu'on a pris assez de distance, mais il ne faut pas faiblir. On est encore assez loin de l'abri dont j'ai parlé plus tôt. Continuons de courir !"

Le bord de la montagne longé la forêt, et le terrain était difficile. Il s'interdisait d'utiliser sa métamorphose à présent qu'elle était consciente. Il ouvrait la voie, ses yeux percevant beaucoup de détails qui facilitaient leur avancée dans l'obscurité et la nuit. Parfois, il jetait un œil derrière lui, s'assurant que la Dame le suivait bien, sans ennui.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le dimanche 31 mars 2019, 10:39:37
Elle avait l’impression de courir depuis des heures, pourtant, outre le fait qu’elle ne pensait pas la chose humainement possible, cela ne devait pas faire autant de temps. Elle ne réfléchissait cependant pas plus que cela au temps qui s’était écoulé depuis leur départ, et suivait Ars dans leur traversée de la forêt.
Plus ils s’enfonçaient, plus il était ardu de progresser. Ils s’étaient largement éloignés de tout sentier et la noirceur de la nuit n’aidait en rien. La lune était cachée par les feuillages épais d’arbres proches les uns des autres. Néanmoins, Erika semblait plutôt à l’aise dans sa course, les obstacles divers sur leur chemin ne sortant pas de ses habitudes, malgré son souffle qui commençait à lui faire défaut. “Il ne faut pas faiblir ; continuons de courir.” Ces mots l’encourageaient à poursuivre au mieux.

Ils débouchèrent finalement sur un pan de montagne. Erika levait le nez, essayant difficilement de distinguer le chemin parcouru derrière cette brume de pluie. Il ne leur fallu parcourir qu’une petite pente et pas bien d’escalade pour atteindre la cavité dont Ars lui avait parlé plus tôt, et tant mieux, se disait-elle, pas bien enclin à escalader de nouveau une roche glissante.
Passer de cette pluie battante et assourdissante à une atmosphère calme et sèche lui vrillait les tympans. Agitant la tête comme d’un chien mouillé, elle prit le temps de souffler, mais ne se permit pas de s’asseoir tout de suite. Tant que ses jambes lui répondaient encore et qu’elle sentait que son énergie de l’a quittait pas, elle préférait en profiter pour se délester de ses affaires. Autant sa sacoche que son épée tombèrent au sol lourdement, puis Erika retirait son corset, relevait ses manches et s’essuya quelque peu. Le regard porté vers le ciel grondant, elle s’asseya finalement dans un long souffle, puis s’allongeait au sol, n’en pouvant plus.

- Quelle plaie… soufflait-elle. Mais bien vu pour cette cavité là. En espérant qu’elle ne soit pas non plus habitée.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mardi 02 avril 2019, 00:01:30
Après quelques temps à courir dans cette forêt, manquant de trébucher, de glisser ou de prendre des branches d'arbres sur le chemin, ils arrivèrent au pied du sentier rocheux. Malgré l'obscurité et la pluie, la vue du Démon n'était pas entravée, et il pu guider habilement la Dame à l'abri dont il parlait. Il l'aida à escalader le peu qui les séparait du lieu de sécurité, et il la rejoignit bien vite. L'Ancien retira son lourd manteau de cuir et le secoua, avant d'essorer ses cheveux d'ivoire avec ses mains. Il était relativement sec grâce au manteau, mais le froid pénétrait sa chair et ses os, à travers tant d'habits humides. Malheureusement, il n'y aurait sans doute pas de quoi faire un feu ici. Il pourrait toujours réchauffer Erika en lui faisant croire qu'il y avait des flammes, le pouvoir de l'esprit sur le corps. Mais ce n'était pas non plus très sain.

Retenant un soupir, il laissa tomber son manteau et retira le plastron de son armure, dans un enchaînement de bruits métalliques. Il voulait respirer un peu et surtout passer un coup de chiffon dessus, pour éviter que le métal ne reste trop au contact de l'eau. Il s'affaira alors, regardant du coin de l'oeil la Dame.

"Nous serons en sécurité ici, je le garantis. Avec ce temps, il nous faudra attendre que cela se calme avant de continuer." dit-il en épongeant l'eau. "Tu peux te reposer, monter la garde, ou autre. Fais comme chez toi." termina-t-il avec une pointe d'ironie.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Erika Landry le jeudi 04 avril 2019, 01:14:05
Erika esquissa un rapide sourire à cette pointe d'ironie. Je suis chez moi, avait-elle eu envie de lui répondre. Son regard se perdit vers le ciel grisé, ses pensées se tournant vers cette étrange notion. Ou ne suis-je nul part chez moi ? Elle balaya ces mots de son esprit aussi rapidement qu'ils lui étaient parvenus, élargissant un sourire fantôme au fil de sa pensée.
La jeune femme restait muette néanmoins, n'accordant qu'un signe de tête reconnaissant avant de se plonger dans ses affaires également. Au vu de la situation, Erika hésita peu et laissa de côté le peu de pudeur qu'on lui avait enseigné, se permettant de retirer sa chemise pour l'éponger au mieux avant de la remettre. Le tissu collant à sa peau lui était désagréable, autant que ses bottes lui compressant les pieds. Ses gants frottés et rincés à l'eau de pluie, ses boucles sèches et sa blessure vérifiée, elle se laissait choir de fatigue contre la paroi et poussa un long souffle de fin d'effort.
Le visage tourné vers lui, Erika se permit une longue observation d'Ars alors qu'il s'affairait de son côté, muette. Ses billes noisettes suivaient ses mouvements et captaient ses rares expressions faciales, figées dans son air impassible, qu’elle ne considérait qu’à ce moment. De sa carrure à ses yeux, Erika se posait quelques questions. Qui est réellement cet homme ? ou encore : Pourquoi m’aider à ce point ?
Elle détourna les yeux, revenant à elle et s’interdisant toute question malvenue.

- Merci, Ars, avait-elle fini par lui dire, la voix somnolente.

La jeune femme ne décrocha pas un mot de plus. Sa fatigue eut raison d’elle et ses yeux se fermaient doucement, l’esprit en paix. Le doux clapotis rapide de la pluie contre la roche et la terre et le grondement de l’orage qui s’éloignait la berçaient ; au milieu de cette nature sauvage, Erika y trouvait des bras accueillants et un certain réconfort.

___

Assise sur un rocher, les jambes étendues et ses pieds nus caressant les hautes herbes, ses yeux savouraient les couleurs chatoyantes des plaines, vastes, ses narines humant de délicates senteurs terreuses, son souffle goûtant à une brise d’air pur. Elle levait la main vers l’horizon, dessinant les rayons d’un soleil chaud se répandre par-delà les collines.

Son dos se tendait, s’affaissait, au simple toucher d’une présence étouffante. Sa malveillance semblait la guetter des fourrées derrière elle, l’appelant doucement d’un chant autant attirant que tétanisant. Elle ne voulait se retourner, pas cette fois-ci. Elle savait les rayons de lumière se faire attirer et mourir dans cette forêt lugubre, et juste à cette idée, un frisson la parcouru.

“Ne te retourne pas.”

Ces sensations ne semblaient pouvoir la perturber outre-mesure. Comme habituée à ces ténèbres, un simple souffle suffisait à les apaiser. Le paysage restait sublime, le silence tranquille et la paix, absolue. Un léger sourire accentuait un visage serein, bien qu’un brin de solitude voilait ses jeunes yeux.


___

Ainsi le soleil s’élevait de nouveau dans le ciel alors que ses paupières se déliaient. La vue brouillée, elle se rendit compte, au bout d’un temps, ne pas savoir quand s’était-elle assoupie la veille. La lumière peinait à percer au travers d’un ciel toujours grisé et envahi de nuages, mais la pluie s’en était allé, ne laissant qu’une lourde chaleur humide derrière elle.

Erika se redressa progressivement, s’aidant de sa main blessée pour se relever. Ce souvenir douloureux lui arracha un grognement mécontent. Les images de la veille lui revenaient au compte-gouttes, de la meute de loup tristement affamée à cette étrange prise en chasse. Si elle n’écoutait qu’elle, la brunette aurait déjà prit ses affaires et serait retournée en ces lieux, diablement curieuse de ce qu’il pouvait s’y trouver, presque frustrée de n’avoir pu y percevoir ce à quoi cela pouvait ressembler.

Elle s’étira, longuement, faisant craquer son dos et sa nuque. Ah, c’est vrai… Je ne suis pas seule, réalisait-elle en se retournant.
Personne. La cavité était vide de toutes présences, seules quelques affaires qui ne lui appartenaient pas se trouvaient derrière elle. Sourcillant, elle esquissa une légère moue perplexe, puis détailla l’extérieur au mieux.
Elle se leva, s’étirant une nouvelle fois, puis s’approcha du bords du rocher, se penchant pour couvrir un peu plus la zone. A plusieurs reprises, son attention se trouvait attirée par le fond des bois, comme d’un vide aspirant son esprit sans qu’elle ne puisse comprendre ni d’où cela venait, ni pourquoi l’appelait-il.
Erika était pourtant passée par ces lieux plusieurs fois ces dernières années, il y avait peu de zones qu’elle ne connaissait guère. Jamais ne s’était-elle sentie dans cette insécurité, sentiment pour lequel elle avait, pour une fois, des difficultés à maîtriser. Etait-ce l’ignorance qui l’entraînait au déraisonnable ? Sans nul doute.

Elle n’aurait su expliquer pourquoi était-elle descendu de la cavité, pourquoi avait-elle rejoint la terre ferme pour s’aventurer de nouveau dans ces bois. Pas un bruit, pas le moindre animal ne montrait le bout de son nez. Étrange. Y a-t-il quelque chose qui perturbe l’équilibre alentour ? Étaient-ce ces choses qui les avaient poursuivi ?
Ses bottes s’enfonçaient dans la boue et les feuillages éparpillés au sol et ses mains frôlaient chaque tronc d’arbre bordant son chemin. On aurait cru qu’elle n’avait qu’un seul cap, qu’elle savait exactement où elle se dirigeait, mais la réalité était toute autre ; Erika se laissait guider par un instinct développé, des sensations inexpliquées qui l’amenaient vers les réponses à ses questions, du moins elle l’espérait.

Un cri de détresse, difficilement perceptible, émit un écho faible, lui indiquant qu’elle était bien trop éloignée pour pouvoir l’atteindre. Pourtant, Erika pressa le pas, son esprit mal éveillé jouant avec ses sens, la plongeant dans quelques vertiges handicapant sa progression.
La jeune femme s’arrêta brusquement lorsqu’elle perçu la terre, humide et malléable, mouver comme d’un serpent lui tournant autour. La chose semblait plus grande et plus large qu’elle, et le simple bruissement du sol à son passage suffisait à la figer sur place. Elle ne fit que suivre le mouvement des yeux, sans broncher. Puis lorsqu’elle fut partie, Erika lâcha un long souffle de soulagement. Avait-elle été quelque peu lâche, piétinant sur sa curiosité et son courage infaillible ? Erika se préférait à penser qu’il s’agissait du peu de prudence qu’il restait en elle. Son instinct lui hurlait de ne pas bouger d’un cil et de patienter. L’esprit bouillonnant de question, son corps se détendit et son visage pâle se leva vers la direction où elle avait perçu le cri. Humain, féminin, masculin, animal, elle n’aurait su le dire. Ce n’était qu’un cri d’une urgence désespérée, désormais évanouie dans une nature contre laquelle Erika se savait ne pas pouvoir lutter contre, pour l’instant tout du moins.
Titre: Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
Posté par: Ars Cimiterio le mardi 09 avril 2019, 13:57:34
Les mains du Démon continuaient de nettoyer son armure de toute cette eau. Le tissu qu'il utilisait devint de plus en plus humide, et bientôt, il ne séchait plus, il étalait tout simplement. Son plastron était encore humide, mais ce n'était pas bien méchant. Dans le pire des cas, il devrait s'en faire faire une autre avant de retourner à sa demeure, mais cela ne pressait pas. Il n'était pas assez faible pour avoir impérativement besoin de cela pour se protéger. Ce qui lui fit penser à Erika. Il redressa un regard vers elle, à mi-chemin entre la consternation et l'émerveillement des efforts qu'elle accomplie pour pouvoir continuer de vivre seule sur les routes. L'Ancien se demandait dans la continuité de sa pensée, pour quelle raison elle n'avait pas optée pour une calèche ou un cheval, et jouer les livreurs de villes en villes. Elle aurait pu avoir une vie plus simple, avec un minimum de temps en milieu urbain. Même s'il était vrai qu'elle parlait de suivre les traces de son père adoptif... Mais est-ce nécessaire de faire exactement pareil, et rester dans la même dynamique ?

Ars commença à y réfléchir sérieusement. Avoir un chariot lui permettrait de dormir plus souvent au chaud, de traverser de plus grandes distances et d'avoir du matériel divers à portée. Certes, ce serait de l'entretien, sans compter le ou les chevaux, et de devenir plus voyant pour les brigands, ce qui n'était pas une partie de plaisir. Mais y-avait-elle seulement réfléchie ? Le Démon parti du principe que non, tout simplement parce qu'elle semblait trop focalisée sur des absurdités pour faire autrement. Pessimiste de nature.

Des grommellements, et une voix lointaine qu'il perçut à peine à cause de la forte pluie, il tourna son visage vers elle. La Dame était en train de s'endormir, et il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'elle disait, perdu dans ses pensées comme il le fut. Il eut un bref moment de pause en la fixant, avant de poser son armure au fond de la grotte et de laisser son manteau s'égoutter du mieux possible. Allant au bord de la cavité, il regarda l'horizon. Dégagé, l'odeur humide de la forêt et de la terre s'élevait jusqu'à lui. La nuit serait tranquille, les animaux restaient cachés, et il ne sentait pas de présence proche, aucun esprit autre que le sien et celui d'Erika, ou de quelques animaux inoffensifs. Ars se colla contre le mur, et ferma les yeux. Il allait se reposer tranquillement.

Quelques heures plus tard, alors que le soleil n'apparaissait que peu derrière les nuages de l'horizon, le Démon ouvrit les yeux. Erika semblait toujours dormir, à quelques mètres à peine de lui. Son armure et son manteau était dans le fond et la pluie se calmait, bien qu'encore présente. Il s'étira et s'enquit immédiatement de son large manteau de cuir noir, et ajusta son épée à sa taille. J'ai bien quelques heures avant son éveil. Et il partit vers la forêt, longeant les falaises en quête de traces inhabituelles. Heureusement pour lui, ses yeux lui offrirent bien plus d'informations que ne l'auraient fait des yeux Humains, et il put s'orienter sans mal.

Au bout de quelques dizaines de minutes, Ars arriva à la grotte. Ses sauts dues à ses capacités de changeforme lui permirent d'aller bien plus vite et de parcourir bien plus de territoires qu'une bête enjambée ! Sur place, Il refit le chemin jusqu'à la cavité où lui et Erika firent demi-tour plus tôt. Une fois sur place, il étendit sa pensée, cherchant les créatures qui habitèrent là. Elles n'étaient pas bien difficiles à trouver quand il se concentrait pour cela. Et après les avoir assujettis à sa volonté, le Marionnettiste leur ordonna de se révéler.

Des taupes bien étranges. Imposantes, au poil dur. Des griffes épaisses et d'une rigidité capable de creuser à même la roche. Leurs petits yeux aveugles et noirs ne présentaient presque pas de pupilles. Ce sont des créatures que je n'avais jamais vu, et encore moins ici. Ont-elles étés forcées de déménager, ou les ais-je toujours ignorer par négligence ? L'Ancien continua d'observer leurs organismes, allant même à en vivisectionner une avec les moyens du bord. Ouvrant le ventre de l'un tout en le gardant parfaitement calme avec son esprit pour comprendre son fonctionnement interne. Mais il n'avait pas tout ce qu'il fallait sur place pour faire un examen poussé, ni même tout observé. Néanmoins, leur métabolisme semble courant. Aucun point qui me saute aux yeux. Plongeant sa main à l'intérieur, il put reconnaître chaque organe, et ces taupes n'étaient au final qu'une espèce commune. Certains diront des espèces de taupes "garous", mais rien d'exceptionnel en soi. La déception du Démon se lit alors qu'il secoua négligemment la main qui avait palpé l'intérieur de la créature. Il se servit de l'une d'elle comme monture pour sortir de la grotte plus vite, et reparti vers la cavité. La pluie s'était arrêté entre temps, et il fit un détour à un ruisseau afin de laver sa main. Quelle perte de temps.

Alors qu'il nettoyait sa main dans l'eau vive, un cri survint au loin. Cela ne ressemblait pas à la voix d'Erika, mais il était curieux. Se redressant, tant pis pour l'odeur qui infestait sa main, il se laverait plus tard. Il étendit sa conscience autour de lui une nouvelle fois et sentit Erika s'y dirigé alors qu'il réfléchissait. Je dois arriver avant elle. Il se dirigea vers l'origine du bruit sans plus attendre, et la retarda en lançant sur elle un léger sort d'illusion, qui devrait la perturber suffisamment longtemps pour lui permettre d'être sur place en premier.

Il arriva vers l'endroit qui lui semblait être le bon, à en juger par des traces de sang et de poils au pied d'un arbre. Il commença à enquêter prudemment dans la zone.