C’est quand la pénombre s’installe, que Molly se sent à sa place. Quand la nuit s’installe, elle se sent bien, apaisée. Les clients un peu oppressants sont les seuls qui puissent lui donner un petit peu d’importance. Pourquoi tout à l’air plus beau la nuit ? Le calme, l’obscurité, les lumières qui illumine la ville endormie. Molly c’est un peu un oiseau de nuit. Elle aime vivre de manière décalée. Ça lui permet d’être le plus possible dans sa bulle et de moins croiser les gens.
Appuyer sur la rambarde de son balcon, joint en bouche, elle observe la nuit s’installer petit à petit. Mais son petit moment de calme s’arrêtera assez vite, quand elle recevra un appel d’un de ces « collègues », lui expliquant qu’il est malade et qu’un de ces bons clients aimerait être livrer assez rapidement. Il sait très bien que Molly a ses petites habitudes et qu’elle n’aime pas spécialement le changement. Mais il a pensé que ça pourrait lui rapporter pas mal d’argent et qu’elle ne dira sûrement pas non. Il n’a pas tort. Les fins de mois sont toujours les plus compliqués et un peu d’argent ne serait pas de refus. Après quelques réflexions, elle accepte. Elle se précipite dans son salon pour noter les coordonnés du nouveau client. Jack Taylor. Inconnu au bataillon, mais plus pour très longtemps.
Encore en nuisette, elle s’apprête en vitesse, se vêtant d’un pantalon de jogging et d’un sweat-shirt. Ce n’est pas le genre de fille qui va faire très attention à ce qu’elle porte. Elle préfère se fondre dans la masse le plus possible. Elle attache ses cheveux en queue de cheval, enfile ses baskets, et part récupérer sa marchandise, cachée dans une petite boîte, en dessous de son lit. Elle sait très bien que ce n’est pas très intelligent de cacher ça chez elle, mais vu le peu qu’elle garde dans sa boîte, on peut croire à une consommation personnelle, et n’a jamais été déranger pour cela. Elle prend une boulette de cocaïne, qu’elle vide un petit peu, pour la couper avec un peu de caféine en poudre. Cela rendra la cocaïne de moins bonne qualité et elle est sûr de ne plus le revoir. Molly a ses habitués, point barre. Elle a uniquement accepté ce soir pour dépanner son pote et pour se faire de la thune. Tout est bon, de toute manière, pour ce faire de l’argent. Une fois la coke bien mélanger à la caféine, elle referme la boulette, brûle le bout pour ne pas qu’elle s’ouvre et vient la cacher dans son soutien-gorge.
Dans la rue, elle marche, écouteur dans les oreilles et cigarette au bec. Elle a un peu traîné, mais tout le monde sait que les dealers ne sont jamais à l’heure. C’est la règle. Jack a l’air de s’impatienter, vu le sms qu’elle vient de recevoir de sa part. Mais Molly n’y répondra pas, laissant place au suspens et aussi parce qu’à la base, elle n’était pas spécialement chaude de lui fournir. Donc s’il veut quelque chose, il va devoir être patient.
Arriver à la ruelle, elle range ses écouteurs dans sa poche et s’approche du jeune homme. En vrai, elle est un peu paniqué à l’idée d’être en face d’un homme qu’elle ne connait pas. Elle lui tend la main, pour lui dire bonjour. La politesse, c’est important.
« Bon, on fait ça vite, j’ai pas beaucoup de temps. »
C’est faux. Mais Molly n’a vraiment pas envie de perdre du temps avec lui, sachant qu’elle ne le connait absolument pas, elle ne lui fait pas trop confiance.