Les deux petits garnements que j'avais engendrés allaient et venaient d'un buisson à un autre, s'amusant comme deux fripons à essayer d'échapper l'un à l'autre. Mes petits monstres, comme j'aimais à les appeler, jouaient dans la forêt comme tous les enfants normaux. Bon, d'accord, eux avaient deux grandes oreilles, des poils çà et là, et un physique loin d'être commun. Mais ils avaient des activités normales, bien qu'ils n'aillent pas à l'école. Ils jouaient, se promenaient, mangeaient, profitaient de la vie avec toute leur insouciance. Et c'est comme ça que je voulais que ça se passe, je les préservais comme je pouvais du mal que le monde autour pouvait leur faire. J'avais vécu dans la peur de l'homme, dans la peur de ce qu'ils pouvaient nous faire, de la peur de leur façon de nous traiter. Je ne voulais plus de cette vie, et je refusais qu'ils prennent le même chemin. Mes yeux ne les quittaient pas, j'aimais mes petits plus qu'on pouvait le croire. J'avais envie d'assumer mon rôle de mère à la perfection, mais pour cela je me devais d'être vigilante. Même si, au fond, on ne risquait rien ici. La forêt était dense, on vivait loin des sentiers, rien ne pouvait nous atteindre à moins d'y être conduit. Je reposais mes yeux son mon fils. Mon fils ?! Pourquoi est-ce-que son frère n'était plus avec lui ? Je regardais un peu autour de nous, mais mon petit m'expliqua qu'il avait eu envie de faire ses besoins. Cela me détendit subitement, je n'avais rien à craindre, il reviendrait bien vite. Et justement, oui, il revint bien vite, mais pas en terme de temps. Il courrait très rapidement, venant se réfugier dans mes bras en pleurant. Je remarquais aussitôt, sur son flanc, une marque que je reconnus. Ahri, une ancienne "maîtresse", était dans le coin, et mon petit l'avait certainement guidée jusqu'à nous. Je lui demandais alors :
Que s'est-il passé ?
J'étais parti faire mes besoins, et... Y avait ce truc noir, qui bougeait de gauche à droite. Je me suis demandé ce que c'était, alors je me suis approché tout doucement... Et puis, vu que ça sentait bon, j'ai croqué dedans... Alors y a un truc qui m'est tombé dessus, et qui m'a fait mal...
Ahri...
Je n'avais même pas besoin d'en savoir plus pour deviner que cette personne avait marqué mon petit. Je serrais ma progéniture contre moi, attrapant mon second petit lorsque je sentis l'odeur de la femme se rapprocher. Il l'avait conduite jusqu'à nous, mais j'allais me battre pour qu'elle ne les touche pas. Personne ne pourrait me séparer de mes enfants, ils n'avait pas le droit. J'avais vécu dans la peur, et je ne laisserais personne me les retirer. J'étais leur mère, leur gardienne, personne ne pouvait les priver de ça, et encore moins une femme comme elle. Je me souvenais du plaisir qu'elle éprouvait à s'envoyer en l'air avec des tas de personnes, je ne voulais pas ça pour mes deux garçons. Alors que je serrais mes bébés contre moi, elle fit son apparition. Comme dans mes souvenirs, elle avait des tas de queues, et toujours ces mêmes yeux orangés qui me hantaient parfois dans mes cauchemars. Presque aussitôt, je crachais :
Espèce de salope, qu'as-tu fait à mon petit ?
Je ne comptais pas la laisser s'en tirer comme ça.