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Après s’être contenté d’une petite mise en bouche à l’aéroport, Aiden avait voulu rejoindre directement le campus de Seikusu, mais ce fut sans compter sur son odorat de loup qui repéra une odeur étrange parmi le fourmillement d’êtres humains. Une espèce de puanteur cadavérique aux notes élégantes et raffinées...ce parfum provocant, il l’avait humé plusieurs fois au cours de sa longue vie, cependant, la dernière en date fût à Londres, il y a de cela 20 ans dans le quartier de Kensington. Il avait eu alors quelques déconvenues avec un groupe de vampires férus de touristes.
Se remémorant ce souvenir belliqueux, l’idée de passer au plat de résistance titilla fortement le loup. De plus, la perspective du danger et de la bagarre l’excitait un peu pour son premier jour au Japon ! Tant pis pour les bonnes résolutions, à quoi bon faire preuve de discrétion et passer inaperçu ?
La piste olfactive le mena tout droit dans une zone industrielle, toujours en périphérie de la ville, pas si loin que ça de l’aéroport, du moins, pour une créature. En voyant le paysage se transformer et s’assombrir par l’apparition de bâtiments en briques ou en tôle grisâtre et rouillée, Aiden se réjouît de savoir que finalement, ses nouvelles aventures seraient à l’abri des regards et sans éventuels dommages collatéraux. Peu enclin à faire dans la discrétion - après tout, c’était lui le prédateur - il se mit à siffloter « Pumped up kicks » avec entrain, parfaitement à l’aise et peu inquiet à l’idée de tomber sur l’un de ces suceurs de sang. Sa démarche était presque dansante ! Provoquait-il la rencontre ? Peut-être bien... Et si ces soi-disant « ennemis naturels » prenaient la fuite ? Oh, il ne se faisait guère d’illusion : tout bon vampire à un minimum d’ego...
All the other kids with the pumped up kicks you'd better run, better run, outrun my gun...
La vaste étendue d’usines abandonnées étouffait sa chansonnette avec un silence des plus assourdissants. Si une créature se terrait ici, elle était d’une discrétion étonnante et devait s’être réfugiée à l’intérieur...
Aiden inspira à fond, emplissant ses poumons des senteurs environnantes. Entre l’âcreté du charbon, du fer et la lourdeur de la poussière, il détecta cette empreinte que laissaient souvent bien involontairement les morts-vivants. Cette traînée invisible continuait dans la bâtisse la plus usée par les effets du temps et la plus barricadée. Un endroit de choix qui mettait Dracula et Draculette à l’abri des rayons du soleil.
Pour ne pas s’encombrer, Aiden déposa nonchalamment son sac de voyage en toile noire sur des restes de planches de bois qui avaient servies à condamner précipitamment l’entrée dépourvues de porte. N’importe quel squatteur pouvait pénétrer là-dedans, il suffisait de se pencher et de se glisser entre les linteaux. Evidemment, mieux ne valait pas être un habitué des fast-food.
A l’intérieur, le lycanthrope s’accoutuma rapidement au peu de lumière. Ses yeux bleus nuits brillaient malgré tout sous l’effet de l’excitation : une chasse dans un endroit aussi primitif faisait remonter ses plus bas instincts. Il s’enfonça dans le couloir jonché de portes. Etant donné la configuration des lieux, il se doutait qu’à sa droite il n’y avait que des bureaux mais qu’à sa gauche...tous les chemins menaient à un immense entrepôt... Sa proie allait dans cette direction.
Mais plutôt que de la suivre bêtement et se faire prendre par surprise suite à un excès de confiance, Aiden jugea bon de prendre discrètement l’escalier menant au premier et dernier étage. Les anciens chefs d’entreprise adoraient observer et surplomber les ouvriers : il devrait bien y avoir un accès avec vue d’ensemble sur l’entrepôt là-haut !
Lentement, il démarra son ascension, essayant de limiter le tintement métallique que provoquait le contact de ses boots contre l’escalier branlant. L’écho se voulait facile dans des lieux de ce genre ! A mi-chemin, il eût un doute : il avait beau ne pas avoir un poids de bodybuilder, si les marches cédaient, à défaut d’avoir une chute mortelle, il se ferait repérer ou serait en position de faiblesse... Il redoubla de précaution, testant son pas sur les marches avant d’y prendre appui.
Ce n’est qu’une fois les deux pieds sur le sol parsemé de débris et couvert de particules qu’il s’octroya un soupir muet de soulagement. Un court moment il se demanda si ses vêtements n’allaient pas être bons pour la poubelle : ils avaient douloureusement supportés 21h de vol et voilà qu’il les baladait à travers des recoins carrément sales !
Un bruit de ferraille le fît brusquement sortir de ses pensées esthétiques. Calmement mais rapidement, il entra dans le hangar géant et se plaqua contre l’une des grandes poutrelles de la grande plateforme. Cette dernière, de la taille d’un corridor, s’étendait sur la largeur et la longueur, dessinant un L. Un spot privilégié pour observer sans se faire repérer !
Tapi dans l’ombre, Aiden jeta un œil en contrebas... Il ne voyait rien pour le moment mais trouvait que l’odeur de vampire c’était nettement amplifiée... A moins que sa proie n’aie pas pris de douche depuis un mois au moins...cela ne voulait dire qu’une chose...
Il n’y en avait pas qu’un.
Eh merde...pesta-t-il contre lui-même en un vague murmure.
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« C’est sûrement là...
- En tout cas, glissa Severin dans le creux de son oreille, c’est ce que nos sources confirment... »
Silencieusement, Rayne observa les lieux. Elle se tenait en appui sur une grue industrielle, observant une partie sinistrée de la zone industrielle. Depuis la crise économique des années 1990’s, beaucoup des usines avaient fermé. Auparavant, les usines survivaient grâce à l’exploitation de gisements miniers et du bois environnants, mais, avec le temps, les entreprises avaient fermé, et la production minière s’était raréfiée. Il y avait maintenant de multiples entrepôts vides, délaissés, faute d’avoir trouvé des repreneurs, avec des sociétés embourbées dans des procédures judiciaires interminables. Les lieux étaient en conséquence à l’abandon, envahis par des squatteurs, des clochards... Et des sectes vampiriques. Et surtout une, qui appartenait à un individu que Rayne traquait avec acharnement : Garek. Un redoutable vampire psychique qui avait pour particularité de porter une partie de son sang. Il était son demi-frère, descendant de Kagan, et, à ce titre, comme pour le reste de sa famille vampirique, Rayne avait très envie de faire connaissance avec lui, et de le décapiter.
Elle avait traqué Garek jusqu’à apprendre qu’il avait fini par se rendre à Seikusu. Ressemblant à une sorte d’anarchiste, Garek partageait les mêmes ambitions démesurées que son père, à savoir abolir la civilisation humaine au profit d’une civilisation vampirique. Les autorités humaines le traquaient, car Garek était un terroriste doublé d’un gourou redoutable. Il avait sévi à travers tous les continents, laissant derrière lui des cellules terroristes qui capturaient des humains pour les transformer en vampires, les torturer, ou s’en servir comme expériences génétiques afin de confectionner de redoutables bombes sanguines.
« Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi Garek vient ici...
- Le lien avec Terra, peut-être ?
- Ou peut-être est-ce que Kagan l’a appelé... »
Rayne espérait toujours retrouver son père, et pouvoir lui ouvrir le ventre avec sa lame. Severin, de son côté, qui était son ancien agent de liaison au sein de la Brimstone, avant que la société ne les rejette, suite à leur échec contre Kagan. Mais Rayne n’avait jamais cessé la traque, et c’était bien pour ça qu’elle se trouvait là, surplombant la zone. Descendant de la grue, Rayne bondit en avant, et atterrit gracieusement sur un toit. Elle surplombait un entrepôt abandonné, jouxtant une usine. S’approchant des vitres situées sur le plafond, elle se pencha par là, et en ouvrit délicatement une. Des poutres métalliques se trouvaient en hauteur, et elle se laissa tomber dessus, percevant des groupes sanguins avec ses instincts.
Les vampires de Garek étaient là, organisant une réunion. Sa secte se mobilisait, et, les connaissant, le pire était à craindre. Rayne n’avait pas encore repéré l’intrus dans le lot, et vit plusieurs vampires s’avancer. Ils ne portaient pas de tenues cérémoniales, comme de longues toges, mais ressemblaient plutôt à une bande de skinheads, arborant des crêtes, des lunettes noires, des piercings, des tatouages anarchistes et nihilistes. « CHAOS RULES EVERYTHING ! » put lire Rayne en observant le groupe, qui rejoignit le centre de l’usine, à savoir un ancien entrepôt avec des wagons abandonnés, où d’autres membres étaient là.
« Garek est là ?
- Pas encore...
- Je ne comprends pas pourquoi il a tenu à ce que nous soyons tous là. »
Rayne restait silencieuse, très intéressée, et rejoignit un conduit de ventilation, s’en servant pour rejoindre l’ancienne station. Elle sentait de multiples groupes sanguins se rapprochant, et continua à observer, silencieuse, en redoutant le pire...
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« Garek est là ?
- Pas encore...
- Je ne comprends pas pourquoi il a tenu à ce que nous soyons là.
Certainement pour préparer un meurtre collectif suivi d’une orgie... pensa ironiquement Aiden. Il avait souvenir de vampires peu regardants des mœurs avec un goût prononcé pour la mise en scène...
Perché sur son promontoire en acier, tous ses sens étaient en alerte...il se permit tout de même de se moquer - mentalement - du look dépassé (cliché ?) des prédateurs en contre-bas. L’un d’eux portait (trop fièrement à son humble avis) une crête d’un vert tellement fluo que l’on était en droit de se demander s’il n’avait pas suivi une cure capillaire à Tchernobyl pendant une année sabbatique... Un autre encore avait sans aucun doute plagié l’ornement facial de Xerxès avec l’enchevêtrement de piercings... Le troisième enfin, adepte de vêtements « destroy » semblait peut-être le plus normal. Encore que, sa puanteur n’était peut-être pas due qu’à son état de mort-vivant buveur de sang... Quoi qu’il en soit, les trois portaient des lunettes de soleil...sensibles à la lumière, évidemment. Aiden retînt son sens superficiel de l’esthétisme...et s’épargna la peine de signaler que le look grunge/punk/underground des années 70-80 ne devait vraiment pas être déterré. Seuls The Clash et les Sex Pistols étaient une nécessité pour ce siècle de décadence !
Le petit groupe qui s’était caché aux abords de l’entrepôt vînt se placer petit à petit au centre de l’immense terrain, faisant fi des règles de base en termes de sécurité. Pour couronner le tout, aucun d’entre eux n’eût la présence d’esprit de baisser le volume. Leurs voix graves, probablement éraillées par le tabac et la coke, continuaient de résonner à travers la tôle et le verre brisé.
- S’il nous a demandé de venir après un délai aussi court, c’est que quelque chose ne va pas... On lui a pourtant fourni ce qu’il voulait !
Une hépatite B avec un dermographe à multiples utilisations... ? ricana intérieurement le loup avant de s’interroger sur la nature de cette « livraison ».
- Il a tué Malya à la dernière transaction...d’un seul coup de bras...on ferait peut-être mieux de partir avant qu’il ne débarque...
- Pour que Garek nous tue avec certitude ? Putain, tu réfléchis des fois ? Ferme-la donc crétin, ça vaut mieux !
Garek...c’est qui ce type...? s’impatienta Aiden tandis qu’il observait la bande de bras-cassés s’inquiéter sur son sort.
Soudainement, le corps du grand brun se raidît. A travers l’odeur pestilentielle que dégageait les pseudos-rebelles exsangues, des arômes plus féminins s'entre-mêlaient à tout ce fatras olfactif... Pourtant, il n’apercevait aucune femme dans les alentours...
Le loup secoua la tête pour se recentrer. Et s’il s’occupait de ces idiots avant que ce mystérieux Garek n’intervienne ? En plus de se défouler, cela lui permettrait d’envoyer un message très clair à son nouveau « meilleur ami » ! Sympa pour une première à Seikusu !
Impatient, Aiden ne souhaitait pas attendre une minute de plus à ne rien faire. Il se redressa, bien droit, puis il prit appui sur la rambarde d’une main avant de sauter par-dessus.
Son atterrissage contrôlé coupa la conversation aux compères dans un léger souffle rempli de poussières. Son genou avait amorti sa chute mais son jean en ferait les frais...tant pis. Il se releva, épousseta son pantalon d’un air contrarié...
- Puisque votre hôte met un certain temps à venir, permettez que je m’occupe de vous...
Canines déployées, le loup s’avança vers le groupe de punk avec un sourire extra-large, prêt à mordre.
- C’est qui c’mec ?! s’exclama l’un, pendant qu’un autre brandissait déjà une barre de fer et que le plus peureux reculait déjà.
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Depuis son promontoire, Rayne chercha une ouverture, et se laissa tomber sur le toit d’un wagon, puis bondit à côté, et se glissa à côté du wagon. Elle se déplaça lentement, vigilante. Certes, elle pouvait attendre depuis les hauteurs que Garek approche, mais elle était aussi curieuse. Qu’est-ce qui se passait dans cette ancienne gare de triage ? Celle-ci était reliée à une grosse usine désaffectée. L’usine avait jadis fait vivre une bonne partie de la communauté ouvrière de la ville, avant de fermer dans les années 1990’s. Depuis lors, elle était à l’abandon, et sa fermeture avait causé une hausse significative du taux de chômage dans la ville. L’histoire de toute une génération... Severin avait entendu parler de cet endroit en recherchant le propriétaire actuel de l’usine, et avait découvert que celle-ci appartenait à une obscure holding dont l’un des principaux actionnaires était un membre du clan de Kagan. C’était comme ça que les deux anciens agents de la Brimstone avaient découvert que l’endroit servait au culte de Garek. Le grand gourou se faisait attendre, laissant ainsi le temps à Rayne de chercher derrière les apparences.
Celle-ci ouvrit la porte d’un wagon, utilisant sa lame pour faire sauter le lourd verrou métallique dessus, et pénétra à l’intérieur. Rapidement, ses sens vampiriques la mirent en alerte. Il y avait des crochets de bouchers suspendus au plafond, et des traces de sang coagulé sur le sol. Elle réussit à attraper une goutte en grattant, et la lécha, avant de grimacer.
« Beurk ! »
Un sang datant d’il y a plusieurs jours. Rayne avait tous ses sens aux aguets,c e qui fit qu’elle sentit soudain un groupe de sang particulier s’approcher, plus bestial...
*Qu’est-ce que c’est que ça ?!*
La Dhampir se dépêcha de sortir du wagon, et entendit plusieurs hurlements de douleur, ainsi que des bruits de déchirure.
« Non, non, je ne voulais pas, je... Aaaaaaaaaaaarghhh !! »
Il y avait peu de gardes dehors, ce qui renforçait la théorie de Rayne selon laquelle cette usine n’était qu’une couverture, et que quelque chose de plus sinistre se tramait dans les profondeurs. Mais, pour l’heure, elle avait un autre souci. Elle bondit sur le toit d’un autre wagon, et aperçut, entre deux trains, une scène de carnage. Des corps déchiquetés et massacrés, correspondant aux types qu’elle avait vue tantôt... Et, au milieu d’eux, un redoutable Lycan, qui avait bondi sur le cultiste en fuite, plantant ses crocs dans sa gorge, faisant jaillir du sang contre les wagons.
*Un Lycan ? Ici ?!*
Pour le coup, c’était très clairement une rencontre inattendue ! Rayne l’observa silencieusement. Est-ce qu’il travaillait pour Garek ? A priori, non, mais elle savait que les membres de Kagan n’hésitaient pas à tuer leurs propres larbins. Rayne savait que le Lycan l’avait senti, et banda les muscles, prête à bondir au cas où le monstre l’attaquerait.
« Tu es qui, toi ?! » lui demanda-t-elle prudemment, ignorant s’il était capable de la comprendre.
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Cela faisait longtemps qu’Aiden n’avait pas laissé libre cours à sa bestialité. Par stratégie, il avait sauté sur le type le plus retord et courageux. Écarter le plus gros danger rapidement était toujours une priorité. Évidemment, dans sa lutte, il s’était bien acoquiné d’une ou deux éraflures (peut-être un peu plus profondes tout de même) au niveau des épaules et de la mâchoire, dues aux canines vampiriques plus fines que les siennes. Il avait cependant, suite à un mouvement de bascule, pu attraper la gorge rugueuse de son adversaire. En une fraction de seconde, la trachée et les cordes vocales avaient été arrachées, rendant la vigoureuse victime muette ou presque : au sol, elle émettait des gargouillis saccadés, faisant éclater des bulles rougeâtres et granuleuses, luisantes comme ses piercings.
Alors que le loup se redressait pour admirer son œuvre, on le frappa dans le dos, brutalement. Pas encore stable, le coup lui fit avancer une jambe pour éviter de tomber, mais ce fut tout. Sa musculature était suffisamment développée pour encaisser un choc de ce type. Enfin ? cela aurait été différent si on l’avait frappé à la tête..... Il grogna, cracha des morceaux de chair puis se tourna, l’air profondément agacé. La barre de fer vibrait encore entre les mains de son assaillant et le « CLONG » distinctif de ce genre d’instrument s’étouffait petit à petit dans le local.
« Alors ça...c’est vraiment pas malin...déclara-t-il sur un ton menaçant tout en s’approchant des deux punks.
Ces derniers le regardaient, puis jetaient un œil à leur camarade à moitié décapité, toujours barbotant et agonisant, bien que cela n’était plus qu’une question de minutes, voire de secondes. Par instinct de survie alors, ils montrèrent leurs mâchoires, grandes ouvertes et totalement déformées, rappelant celles d’un serpent. Malgré cette démonstration de force, la crête verte bégayait déjà, demandant presque pardon et lâchant son arme quasi aussi inutile qu’un pistolet à eau...
Mais le lycanthrope ne l’écoutait pas. Il prit une décision cruelle mais parfaitement réfléchie : ce gaillard apeuré serait le dernier à y passer...
* * * * * * * * * *
Aiden le souleva par le col et l’acheva, certes, de manière bien moins impressionnante que le précédent. Il fit preuve d’un semblant de clémence et lui octroya une mort rapide. Son nez et ses crocs plongés dans le cou de la victime, il avait soudainement senti, outre les effluves de fer présent dans l’hémoglobine, le parfum féminin de tout à l’heure, pleinement intégré dans l’espace olfactif environnant. Il releva alors ses yeux. La source venait de se manifester. Elle l’observait. Il lui lança un regard provocateur alors qu’il continuait encore de trancher et de déchiqueter la jugulaire d’un corps sans vie depuis peu. Ayant suffisamment fait mumuse, il laissa tomber la masse inerte au sol, dans un bruit presque délicat et silencieux.
La jeune femme qui le scrutait détenait des attributs plus que mis en valeur. Il nota qu’elle était en hauteur, à l’abri sur le toit d’un wagon. Choix judicieux : d’un point de vue tactique, si elle comptait l’affronter, elle serait en position de force. Mieux valait donc s’abstenir de jouer les têtes brûlées...
- T’es qui, toi ?! balança-t-elle sur un ton mi-surpris, mi-autoritaire.
Le grand brun pencha la tête sur le côté, comme les canidés ont l’habitude de faire lorsqu’ils sont intrigués. Il ne savait pas trop quoi penser de la situation. La tenue que portait cette buveuse de sang ainsi que sa voix ferme, lui laissaient entendre qu’elle aussi était visiblement en chasse... Venait-il de tuer ses camarades ou ses proies ? Peu importe, elle n’en demeurait pas moins agréable à regarder. Par politesse, il essuya sa bouche charnue et noyée par le liquide vermeil d’un revers de bras. Il épousseta ensuite son t-shirt Metallica gris de lin et sa chemise à carreaux vert-bleu foncés. Il avança alors progressivement, relevant bien la tête pour regarder son interlocutrice dans les yeux.
- Aiden. répondit-il simplement avec un sourire en coin qui se voulait charmeur. J’espère qu’il ne s’agissait pas de tes amis. Je serais vraiment contrarié de devoir procéder à une telle boucherie avec toi...
La menace était subtile. En revanche, elle était aussi très claire. Par ailleurs, il était sincère : cette tournure le contrarierait. Il n’avait jamais vu de chevelure aussi flamboyante. Quant au regard inquisiteur...il avait l’impression d’être sondé par deux émeraudes.
Prenant un peu d’élan et s’appuyant sur un vieux caisson en bois, le lycanthrope bondit sur le wagon et se retrouva face à la dame. Il ne l’attaquerait pas mais il essaya néanmoins de contrôler ses yeux de prédateurs qui ne demandaient, à son grand étonnement, qu’à explorer et découvrir les courbes de ce vampire.
- A qui ai-je l’honneur ? »
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Rayne comprit vite que cet individu contrôlait sa lycanthropie... Et ça, ce n’était pas donné à tout le monde. Il expliqua s’appeler Aiden, et fit preuve de son agilité. Elle passa sur sa remarque séductrice, et le vit faire preuve d’une relative souplesse, malgré sa corpulence, puisqu’il la rejoignit sur le toit. Rayne l’observa sans rien dire pendant quelques secondes.
*Très logiquement, il ne peut pas être avec Garek, sinon il n’aurait pas attaqué ses cultistes... Un privé ?*
Les clans de Lycans étaient plutôt rares. Contrairement aux vampires, ils étaient très asociaux, et ne voulaient généralement pas de leurs pouvoirs. En fait, Rayne n’avait que très rarement rencontré des Lycans se contrôlant. La plupart du temps, il s’agissait d’individus éprouvés, essayant de lutter contre leurs transformations, et massacrant des gens en se transformant. Quand elle était encore une agente au sein de la Brimstone, il lui arrivait fréquemment de devoir en affronter, et les combats contre eux étaient éprouvants. Ses deux lames dhampir étaient tranchantes, mais les Lycans avaient une solide fourrure. Une véritable carapace de poils qui repoussait les balles, et qu’il était difficile d’entailler. Alors, quand en plus le Lycan se contrôlait... Rayne et Severin en avaient quand même déjà croisé un, une fois, et elle avait bien failli mourir. Même si elle avait acquis de l’expérience depuis, elle ne tenait pas vraiment à renouveler l’expérience.
Rayne se décida donc à faire les présentations.
« Je m’appelle Rayne. Les types que tu as massacrés sont les servants d’une secte vampirique dirigée par mon demi-frère, Garek... Un vampire psychique que je cherche à décapiter. »
Autant préciser d’emblée qu’elle n’était pas avec eux.
« Garek est le fils de Kagan, un puissant seigneur vampirique, qui a violé et torturé ma mère... Sous mes yeux. Je me suis jurée de le tuer, non seulement lui, mais aussi tous ses rejetons. Ils évoluent dans différents domaines, et disposent de pouvoirs différents. Garek, lui, a toujours évolué dans les sphères anarchistes. Il a été très actif en Allemagne dans les années 1980’s, lors de l’avènement des black blocs, et continue encore à agir. »
Elle garda le reste pour elle. À cette époque, Rayne agissait encore sous la direction de la Brimstone. Berlin était une ville qu’elle connaissait bien. Elle y avait été du temps de la Seconde Guerre Mondiale, quand Kagan avait rejoint le Troisième Reich, et avait participé au développement d’activités occultes, en se rapprochant de hauts-responsables nazis comme Jürgen Wulf, le fondateur du Gegengeist Gruppe, un groupuscule nazi cherchant à soutenir l’avènement du Reich millénaire en récoltant des artefacts magiques à travers le monde. Traquer et exterminer les membres de ce groupe avait d’ailleurs l’une des premières grosses missions de la jeune femme.
Rayne aurait pu passer des heures à raconter sa traque contre les membres de la Famille de Kagan. Outre Garek, il y avait aussi Ferril, une vampire surpuissante, qui était, à bien des égards, considérée comme le bras droit de Kagan.
« Mais il n’a rien d’un anarchiste, il poursuit juste les idéaux mégalomanes et délirants de sa famille, instaurer un âge vampirique en désorganisant les États. C’est un télépathe, alors j’espère que tu contrôles bien ta lycanthropie, Aiden. Ton petit carnage ne passera pas inaperçu. »
Ayant suffisamment parlé, la Dhampir lui retourna la politesse :
« À ton tour, maintenant. Qu’est-ce que tu fabriques ici ? »
Elle était inhabituellement polie. Après tout, si elle pouvait s’aider d’un Lycan contre les forces de Garek, elle n’allait clairement pas rejeter une telle aide... Même si, contre Garek, Rayne avait appris, à ses dépens, que la seule force physique était insuffisante.
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Aiden commençait déjà à avoir la migraine : à peine avait-il débarqué au Japon qu’il s’était déjà fourré dans de sales draps en tuant - d’après la rouquine - les membres d’une secte vampirique. La jeune femme qu’il venait d’ailleurs de rencontrer était en prime une chasseuse de tête...et traquait sa propre famille, ce Garek. Un court instant le loup songea qu’il s’agissait d’un véritable opéra dramatique, comme seuls les suceurs de sang savaient y faire. Mais le prénom que son interlocutrice venait de prononcer lui rappela que ses victimes attendaient quelqu’un. Le loup jeta des coups d’œil furtifs aux alentours tout en humant discrètement l’air de la zone industrielle désaffectée. Il ne décela rien, si ce n’est des émanations âcres provenant d’un mélange de poussières, de rouilles et de métaux lourds.
Concentré sur l’éventualité d’une embuscade, il écoutait tout de même Rayne d’une oreille attentive. Ayant vécu la majeure partie de sa vie en Allemagne, il s’étonna de ne pas connaître Garek. Peut-être l’avait-il croisé un jour sous un autre nom ? Par pur hasard ? Enrôlé de force parmi les Waffen-SS car il avait eu le malheur de se trouver de l’autre côté du Rhin, ça avait été l’occasion de faire quelques boucheries discrètes envers ses propres « Kamerad » qui s’étaient honteusement fourvoyés en choisissant de suivre aveuglément un homme habile en propagande antisémite. Pire encore, certains prenaient un plaisir profondément malsain à faire la guerre, si l’on pouvait appeler ça une guerre...
Rayne poursuivait ses explications, mais le loup se remémora une période de l’Humanité que, même en tant que monstre assoiffé de sang et de chair, il préférait oublier.
« ... C’est un télépathe, alors j’espère que tu contrôles bien ta lycanthropie, Aiden. Ton petit carnage ne passera pas inaperçu.
Sorti de ses souvenirs tortueux, le grand brun se mit à ricaner tout en passant une main sur sa nuque : on aurait dit un enfant pris avec la main dans un pot de confiture. Il contrôlait sa lycanthropie - parfaitement même - sans pour autant admettre que cela était une capacité hors du commun ou du moins, très rare. Non, la seule chose qu’il n’avait jamais réussi à maîtriser, c’était son caractère. Bien que mélangé avec ses instincts de lupus, c’étaient bien ses sautes d’humeurs et sa vision du monde qui le poussaient vers le danger. Ainsi, son éclat de rire nerveux et sa moue enfantine reflétaient son manque de prise de recul face à ses choix, son impulsivité chronique, sa passion toxique.
Il ne coupa cependant pas la parole à Rayne pour une quelconque explication ou tentative d’excuse. Aiden repensa à ce Garek qui, malgré le descriptif précis, ne lui semblait pas plus dangereux qu’un autre vampire. Un vampire mégalomane ? Comme c’est original !
- A ton tour, maintenant. Que fabriques-tu ici ? sollicita la jeune femme.
Aiden reprit une expression charmeuse puis tourna autour du vampire en la reluquant allègrement de haut en bas. Ainsi remarqua-t-il que son odeur à elle, bien qu’empreinte de mort, n’était pas aussi pestilentielle que les autres, et cela n’avait rien à voir avec son parfum. Y aurait-il un soupçon de vie à travers ses veines ?
L’exercice lui permit de jauger le degré de confiance qu’il pouvait se permettre...et peut-être aussi, d’admettre, dans son for intérieur, que les créatures de la nuit n’étaient pas si infectes que ça.
- J’ai atterri au Japon il y a quelques heures...commença-t-il tout en continuant de lorgner sa proie en effectuant des cercles autour d’elle d’un pas décontracté, lent, naturel. Et à peine ai-je mis les pieds hors de l’aéroport qu’une odeur nauséabonde - celle de ton espèce, je m’en excuse - m’a attiré jusqu’ici. Étant du genre curieux... et un brin provocateur, pensa-t-il, j’n’ai pas pu résister en voyant ces idiots...
Il désigna, avec désinvolture, les corps mutilés en contre-bas. Ces derniers continuaient de maculer la terre d’un liquide tirant du rougeâtre vers le noirâtre. Les mouches à viande volaient déjà vers leur festin.
- J’espérais que... « ton Garek » me tomberait dessus, mais finalement, je ne crois pas qu’il serait venu. Un télépathe, mégalo, anciennement nazi, sait être ponctuel. In unserer Heimat sagen wir, dass Pünktlichkeit die Höflichkeit der König ist. Quoi qu’il arrive, le sort de ces types était scellé.
Cela ne signifiait donc qu’une chose...
- L’exécuteur est soit encore dans les parages, soit il a pris la fuite en voyant que le boulot serait fait. Si j’ai bien compris, tu poursuis ton demi-frère depuis des décennies. Je doute qu’il aurait pris le risque de venir ici. Au bout d’une dizaine d’années de traque, on est un minimum capable de connaître les capacités d’un chasseur.
Par ailleurs, l’endroit ne se prêtait pas à une apparition de la part de quelqu’un d’aussi imminent, sauf si les vampires avaient été en grand nombre. Ce qui n’était pas le cas. Une usine désaffectée n’est pas vraiment un lieu « à couvert », en revanche, il regorge de cachettes et de possibilités de s’échapper, idéal pour de grosses transactions ou...des exécutions qui ont un but précis : envoyer un message.
- J’espère me tromper, mais je crois qu’il voulait que tu sois là.
Il stoppa enfin son tournoiement autour de Rayne, se retrouvant proche et face à elle. Il lui lança un sourire carnassier à l’image de la situation qu’il supposait. Le loup plongea ensuite ses yeux d’un bleu nuit intense dans un océan d’émeraude chatoyant. Aussi grande que lui, elle devait être redoutable. Il aurait aimé la voir à l’œuvre. Était-elle du genre à foncer dans le tas ou à user de ses charmes ? Lui demandera-t-elle de l’aide ou son ego l’obligera-t-il à poursuivre seule ? Voilà qu’il était excité à l’idée de s’incruster dans sa partie de chasse ! Cependant, cela serait particulièrement impoli... Mieux valait se montrer courtois et distant.
- Reste sur... »
Un éclat scintillant sur son côté droit, suivi d’une vague brise et d’un bruit étouffé de piston le coupa. Aiden se plaça de manière latérale, protégeant la jeune femme en se plaçant à sa perpendiculaire et en écartant les bras. Un bruit plus aiguë résonna tout de suite précédant une traînée de sang sur le toit rouillé et décapé du wagon.
Sur le coup, le loup s’agenouilla. Un pieu en chêne venait d’atteindre l’arrière de sa cuisse. Constatant très vite qu’il ne s’agissait que de bois, il enroula son corps autour de celui de Rayne puis poussa sur ses jambes pour les faire sauter de l’autre côté du wagon et atterrir lourdement au sol.
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Un simple externe, donc... Était-ce possible ? Rayne avait tendance à se méfier des circonstances, mais elle faisait confiance à Severin pour vérifier le discours de ce type. Même si Severin avait été limogé de la Brimstone, il conservait toujours ses contacts. L’homme était un ancien agent des services secrets, qui avait même travaillé au sein du S.H.I.E.L.D. Il avait ses réseaux, ses soutiens, et serait donc en mesure de vérifier si le discours de ce type était honnête. D’ores et déjà, Severin devait se renseigner en consultant le registre des différents avions venus à Seikusu, afin de vérifier si un certain « Aiden Neumond » se trouvait bien sur la liste des passagers. Pour le reste, Rayne nota rapidement que l’homme avait un tempérament très bestial, probablement une conséquence de sa lycanthropie. Il lui tournait autour, comme si elle était une sorte de proie, la reluquant, admirant ses formes, sentant sans doute, à son odeur, qu’elle était particulière. Rayne n’était pas, à proprement parler, une vampire. Elle était une Dhampir, une race bâtarde. Les vampires étaient par nature inféconds, et il était donc très rare que des Dhampirs voient le jour. Un Dhampir était en effet un enfant né d’un vampire et d’un humain. Dans les faits, il arrivait parfois qu’un Dhampir ait hérité des gènes vampiriques d’un aïeul lointain. Les études de la Brimstone là-dessus témoignaient que, la plupart du temps, un Dhampir naissait lorsqu’une femme enceinte était transformée en vampire. Si la grossesse n’était pas trop avancée, le fœtus pouvait survivre, et, des générations après, les gènes vampiriques pouvaient resurgir.
En l’occurrence, Rayne était née directement dhampir, sans saut de génération. Sa mère avait été torturée par son père, Kagan, un puissant vampire. Un sang très ancien bouillonnait dans les veines de Kagan, et il pouvait enfanter. Il violait régulièrement des femmes, et revenait les voir quand il apprenait qu’elles étaient enceintes. Rayne n’avait nullement eu envie de rentrer dans les détails avec cet inconnu. Elle était née dans une période trouble en Irlande, la guerre d’indépendance irlandaise (https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d%27ind%C3%A9pendance_irlandaise). Kagan se faisait alors passer pour un officier de la British Army, et avait violé sa mère. Il était revenu des années plus tard, avait tué sa mère (sous ses yeux), et éradiqué tout leur village. Pour d’évidentes raisons, Rayne n’aimait guère s’étaler sur son passé avec des inconnus, aussi séduisants puissent-ils être.
Il se rapprocha d’elle, toujours aussi prédateur, et un léger rictus déforma ses lèvres.
« Poussez-vous de là, vous êtes trop... »
Un bruit strident se fit alors entendre sur la droite. Aiden, qui avait pour lui des réflexes félins, poussa soudain Rayne, tandis que des cultistes supplémentaires arrivèrent. Un pieu se planta dans le corps d’Aiden, sur sa cuisse, et Rayne grogna, irritée d’être retenue. Les deux se retrouvèrent au sol, et, là, Rayne poussa le Lycan, avant d’entendre des hurlements et des grognements. Un homme bondit sur le wagon, tenant à la main un poignard, et bondit en hauteur, filant vers Rayne, les yeux écarquillés, un « A » rouge tatoué sur son front. Rayne roula sur le côté, et évita le poignard. Elle conserva ensuite ses mains sur le sol, et frappa l’homme au talon, avec ses talons aiguilles métalliques. Son talon s’enfonça dans le pantalon kaki de l’assaillant, transperçant sa chair et son tendon.
D’autres arrivèrent cependant, et Rayne roula en arrière, avant de se relever, et déploya ses lames dhampir, tranchant la main d’un homme, puis le délesta du poids de sa tête avec son autre lame. Un autre l’attaqua alors, et lança sur elle plusieurs shuriken. L’une des étoiles la toucha au torse, au-dessus de ses seins, et elle déploya de sa main son grappin métallique, venant le planter dans le torse de l’homme, puis le déploya en arrière, l’envoyant voler vers elle. Rayne, aussi rapide qu’agile, bondit vers lui, et l’enjamba, avant de planter ses lames dans son dos. Les lames le transpercèrent, et elle tournoya ensuite en l’air, faisant un salto, gagnant ainsi de la vitesse, de l’amplitude... Ce qui lui permit de balancer le cadavre sur d’autres ennemis.
« On dirait qu’on a tapé dans la fourmilière, je... ! »
Rayne perçut soudain un groupe sanguin bestial, et se retourna... Pour voir l’un des wagons se soulever brusquement, et retomber ensuite, poussé par une force herculéenne. Elle se pinça les lèvres en voyant l’un des monstres de la famille de Kagan s’approcher, un redoutable contremaître (http://img110.xooimage.com/files/0/2/6/blz02-54815b7.jpg), une masse immense et musclée, ressemblant à un démon verdâtre avec des cornes, qui se mit à hurler rageusement.
« On dirait que vous avez rameuté du monde... nota alors Severin.
- Merci Severin, ironisa Rayne, tes commentaires pertinents commençaient presque à me manquer. »
La zone allait en tout cas rapidement ressembler à un champ de bataille...
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S’il avait été assez vif pour les pousser à terre et éviter de se faire tirer comme des lapins, Rayne, elle, fût encore plus rapide à se relever : elle assaini les premiers coups aux assaillants. A peine Aiden se redressa-t-il qu’il eût la désagréable sensation d’être tombé, malgré lui, dans un traquenard qui ne le concernait nullement.
Peu importe : il n’avait pas déchiré son précieux jean pour rien... !
Il observa un instant - comme s’il n’avait que ça à faire - la jeune femme se battre : ses lames tranchaient l’air d’un bruit exaltant qui le fit frissonner.
« Merci Séverin.... »entendit-il entre deux gémissements d’agonie.
La demoiselle n’agissait donc pas seule... ?
Le sol se mit soudainement à trembler et un nuage de poussière terreuse obstrua sa respiration. Une créature colossale, ressemblant à une espèce d’Hulk pas frais avec des cornes, s’amusait à éprouver sa force en criant de tout son sou et en propulsant un wagon. Rayne s’étant suffisamment occupée d’ennemis, il était de convenance qu’Aiden se charge de celui-là.
Un sourire et des canines plus proéminentes....le jeune homme n’eût besoin que d’une fraction de seconde pour se transformer en un loup gris géant. Il ne laissa derrière lui que des lambeaux de tissus de vêtements et de peau.
Ses quatre pattes bien ancrées dans le sol, il prévint son adversaire d’un long son rauque et guttural, retroussant ses babines pour dévoiler ses crocs blancs et luisants, avides de le déchiqueter.
La brute épaisse, dont il soupçonnait l’absence de QI, hurla à nouveau, postillonnant de plus belle. Aiden remercia le ciel de ne pas être à hauteur son haleine putride....pour le moment. La masse pris d’un coup son élan et couru en sa direction. Le lupus fit de même avant de lui sauter à la gorge en prenant appui sur ses pattes arrière. Il enserra la jugulaire du monstre, se débattant avec les muscles durs et noueux de ce taureau. Sous la vitesse et le poids, les deux tombèrent et firent quelques roulades, s’écorchant les membres en dérapant sur des gravats.
Le canidé, concentré, accéléra ses coups de mâchoires : taillant en pièce chaque parcelle de chair tandis que le géant l’encerclait de ses bras pour l’étouffer....ou lui briser les os.
Du sang noir et puant lui remplissait la bouche, s’entremêlant avec le sien, mais il ne broncha pas, question de survie. Il accéléra encore, cisaillant les tendons, les muscles, jusqu’à ce que, pas chance, le corps du contremîatre se relâche. Dans un craquement sinistre, il sû qu’il venait d’atteindre les cervicales qu’il sectionna en deux coups de plus. La tête tomba, le reste du corps, allongé au sol, les bras ballants, faisait encore quelques soubresauts nerveux.
Aiden s’extirpa douloureusement, sans doute avait-il des côtes cassées suite à cette étreinte dont il se serait bien passé. Il resta néanmoins sur ses gardes, se postant derrière Rayne pour couvrir ses arrières. Du sang tombait à grosses gouttes sur l'asphalte. Ses crocs, maculés, furent d'autant plus menaçants.
Dans quel merdier j'me suis encore fourré, putain...pensa-t-il.
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Le contremaître était un guerrier redoutable. Un buffle, l’une des expériences génétiques et magiques du clan Kagan, et plus particulièrement du génie maléfique de Kagan, Xerx. Un vampire défiguré qui avait travaillé dans les camps de concentration nazis, menant des expériences sinistres et ignobles sur les prisonniers. Rayne avait profité de la chute du Troisième Reich pour attaquer ce camp. Elle avait défiguré Xerx en lui jetant de l’acide à la figure, mais le vampire avait réussi à lui échapper. Un homme aussi intelligent que dénué de morale, qui avait créé pour Kagan ces gros soldats hulkiens. Rayne s’apprêtait déjà à un rude combat lorsqu’elle sentit le sang d’Aiden se mettre à bouillonner brusquement. Il se mit à grossir, gagnant en taille, déchirant ses vêtements. Prenant sa forme animale, le Lycan se mit à bondir brusquement, chargeant le contremaître.
« Aiden, attention ! »
Rayne resta en retrait, évitant de se recevoir un mauvais coup. Le puissant Lycan planta ses crocs épais dans la gorge du contremaître. Il avait une peau plus épaisse que celle d’un simple humain. Furieux, le contremaître se mit à hurler, remuant dans tous les sens, cherchant à jeter au sol l’épaisse boule de poils qui l’attaquait. Rayne, elle, était sincèrement bluffée. Elle avait rarement eu l’occasion de rencontrer des Lycans, mais ils étaient d’une force exceptionnelle ! Et, malgré les coups reçus, Aiden tint bon, plantant ses griffes dans le torse du contremaître, jusqu’à réussir à percer son cou. Le contremaître poussa un long cri de douleur, et s’effondra alors sur place, du sang jaillissant de ses plaies. Blessé, mais victorieux, Aiden se replia prudemment, rejoignant Rayne.
La Dhampir, restée silencieuse pendant tout ce combat, sourit alors doucement, faisant preuve d’un peu de douceur, et sa main en profita pour ébouriffer la tête d’Aiden, entre ses oreilles.
« Impressionnant... Rappelle-moi de ne pas te mettre en colère, mais... »
Elle allait dire que la fête était loin d’être finie, mais des hurlements rageurs se firent entendre. Des zélotes ne tardèrent pas à arriver, tenant des armes blanches à la main. Des fanatiques qui ne chercheraient pas la raison, et s’élancèrent vers les deux guerriers. Rayne s’était souvent demandée où Kagan et les siens arrivaient à trouver autant de fidèles, et elle attaqua alors, bondissant vers eux. Un homme armé d’une batte l’abattit vers elle. Elle l’évita sans difficulté, et tournoya sur place, tranchant au passage la tête de l’homme, puis frappa avec le pied un autre homme devant elle. Un troisième armé d’une chaîne métallique la déploya dans son dos, mais Rayne, très agile, et très réactive, tournoya encore sur place. Elle évita ainsi la chaîne, et son autre pied s’élança, optant pour un coup de pied retourné qui lacéra le torse de l’homme.
Un autre armé d’un pied-de-biche jaillit également sur elle, et la frappa au visage. Du sang jaillit sur le sol, et Rayne, en hurlant, tomba au sol. L’homme avec le pied-de-biche posa sa main sur sa gorge, et leva haut son autre bras, prêt à abattre l’arme sur le visage de la vampire... Qui réagit en tranchant sa main avec ses lames. Le sang jaillit du moignon de son ennemi sur son visage, mais eut pour effet de lui éviter un coup redoutable. L’attaque l’avait tout de même sonné, et, quand elle se redressa, un autre ennemi en profita. Plutôt grand, il envoya son pied dans le ventre de Rayne, l’envoyant heurter une caisse en bois.
*Salopard !*
Les choses n’allaient pas être simples ici...
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A la différence d’un loup-garou qui, dès lors qu’il se transforme au bon vouloir de la pleine lune, n’est plus en mesure de se contrôler et n’a presque plus conscience de ce qu’il fait, un lycanthrope, lui, reste lucide du début jusqu’à la fin. En contrôle permanant de lui-même, à quelques exceptions près, ce fait ne lui offre aucune excuse en cas de boucherie, ni aucun salue auprès de Dieu.
« Impressionnant... Rappelle-moi de ne pas te mettre en colère, mais...
Une main et de longs doigts fins avait caressé son poil avec une délicatesse qu’il n’aurait pas soupçonné de la part d’une tueuse aguerrie. Ce geste, bien que surprenant, apaisa le loup un instant, tranquillisant ses grognements et sa respiration presque de façon médicinale.
Ainsi, Aiden savoura la douceur éphémère de Rayne car une nouvelle salve de vampires déjantés passa à l’attaque en poussant des cris perçants.
L’espace d’un instant, le loup géant jeta un regard vers son alliée. Qu’avait-elle pu bien faire pour susciter un tel acharnement ? Interloqué par le déploiement de la supposée armada déployée de Kagan, Aiden ne retînt pas sa pensée : il fallait être particulièrement désespéré pour tomber aussi bas... Envoyer autant d’individus pour une seule personne, sans jamais se montrer, il s’agissait également de lâcheté. La fierté des vampires avait visiblement déclinée au fil des siècles... Quelle tristesse !
Une partie du groupe de dégénérés visa la cible principale : Rayne, dont le loup ne doutait nullement de sa capacité à en venir à bout. Il se concentra donc sur les quelques imbéciles qui osaient s’approcher de lui. A travers leurs regards dénués de toute humanité, il pouvait déceler cette lueur de haine et de démence... Lueur qu’il avait déjà croisée à maintes reprises : le massacre des Templiers conté avec fierté par ses précepteurs, l’Inquisition qui avait failli lui coûter la vie, la chasse aux sorcières infondée à Salem... Hitler et le Klu Klux Klan, pas si vieux que ça après tout... Une lueur attisée par l’idéologie mégalomane d’un seul homme. Un seul.
Le premier assaillant tenta, dans un mouvement ample du bras, de lui transpercer la tête (ou le cou peut-être ?) avec son poignard positionné bien à l’horizontal. Le malheureux ne réussit qu’à lui entailler l’oreille avant de perdre son bras dans un geyser de sang. Tandis qu’il se plaignait lamentablement de la perte de son membre, un second, tout aussi motivé, enchaîna, armé d’une machette. Aiden ne lui laissa pas le temps d’abaisser la lame. Bien plus grand, il n’eût qu’à bondir et refermer brutalement sa mâchoire béante sur le crâne du zélote. Le loup secoua vivement du collet comme un chien s’amuse avec un poulet en plastique. On déplora un mort de plus au moment d’un craquement sinistre.
Un bruit plus sourd résonna et des éclats de bois parvinrent même à se loger faiblement dans la fourrure du monstre ce qui interrompit son festin.
Aiden regarda en direction de la Dhampyr pour s’assurer qu’elle allait bien, cependant, elle semblait en mauvaise posture. D’un geste sec, il envoya le cadavre droit sur l’agresseur de la jeune femme. Ce dernier, happé par le mort sans tête - cette dernière avait finalement décidée de rester dans la gueule du loup - tomba lourdement au sol.
Aiden espéra ainsi avoir offert un lapse de temps suffisant à Rayne pour se remettre et réagir.
Son troisième zélote attendait sans empressement, fixant avec des yeux ronds la tête sanguinolente de son ex-camarade. Arrachée et presque broyée, il ne devait probablement plus le reconnaître...
Un pieu en argent à la main, il fit un signe à son dernier acolyte d’avancer ensemble, petit à petit. Il acquiesça après quelques secondes d’hésitation.
- ...Gentil toutou... » menaça ce dernier.
Crétin...
Le « gentil toutou » lui sauta à la gorge et l’acheva rapidement en dévorant son maxillaire. Des gazouillis et des bulles morbides crépitèrent pour dégouliner vers la terre poussiéreuse. L’ego satisfait, le loup contempla le résultat mais oublia...Au moment où il comprit, son corps se détourna d’un coup net et mortel. Il ne pût néanmoins éviter l’objet : l’argent se planta au niveau de son omoplate gauche.
Dans un couinement aiguë, le lycanthrope attrapa le bras du vampire, le jeta au sol et le maintînt en posant sa grosse patte valide sur le plexus. Simplement le temps de le démembrer en commençant par les jambes et en terminant par les bras. Il s’épargna la tâche de séparer la tête. L’expression d’horreur sur le visage cadavre lui sembla suffisante pour servir d’excuses post-mortem.
Affaibli par ses côtes probablement cassées et le pieu fiché dans son muscle, presque jusqu’à l’os, Aiden recouvrit sa forme humaine. A vrai dire, il n’avait pas vraiment le choix, l’argent, profondément ancré dans sa chair avait décidé pour lui et l’empêchait de maintenir plus longtemps son état lycanthropique. Par ailleurs, s’il voulait se débarrasser du piquet métallique, mieux valait des bras humains.
Nu comme un ver, dos à quiconque, il se contorsionna douloureusement pour atteindre l’énorme épine blanche. Dans un gémissement étouffé, il tira d’un coup sec et lança l’arme vers un dernier fidèle de Kagan, en hauteur, tapi dans l’ombre, fusil Phantom spécial vampire à la main. Le corps tomba comme une masse. Dommage pour lui, le reflet des quelques rayons de soleil qui traversait à peine la pièce avait reflété sa lunette de tir.
Aiden grogna. Il lui faudrait plusieurs jours pour récupérer, voire des semaines si ce traquenard n’en finissait pas vite !
-
La bataille continuait à faire rage contre les soldats de Garek. Ce type avait une véritable armée à son service ! Des zélotes, des fanatiques, que Rayne affrontait avec acharnement, tranchant, éviscérant... L’homme qui la menaçait se reçut un cadavre, le déstabilisant, ce qui permit à Rayne de planter ses lames dans son torse. Elle s’y enfonça comme du beurre, et tira ses lames de gauche à droite, faisant jaillir le sang dans tous les sens. Rayne soupira ensuite, et vit un autre homme bondir sur elle, tenant un couteau de combat dans chaque main. Elle pivota sur place, et le frappa au visage avec un coup de pied retourné, l’envoyant heurter le wagon. Du sang ruissela sur son crâne ouvert, et un autre ennemi la chargea, avec une lourde hache d’incendie. Alerte, Rayne fléchit les genoux, évitant la hache, qui frôla ses bandeaux rouges accrochés à ses cheveux, puis bondit en avant. Sa main se posa sur le sol, et elle s’en servit pour s’élancer dans les airs. Un saut prodigieux, qui amena ses jambes à s’enrouler autour de la taille du costaud avec la hache. Rayne se redressa encore, s’asseyant sur ses épaules, puis planta ses lames dans son dos, s’enfonçant dedans, avant de bondir devant elle, puis faucha deux autres tueurs.
Elle se retourna brusquement en entendant Aiden gémir, et vit que ce dernier était au sol, avec une lame en argent plantée dans les côtes. Rayne se pinça les lèvres, et avança au milieu du carnage. La situation s’était calmée, et elle replia ses lames, puis fléchit les genoux vers lui.
« De l’argent... C’est redoutable contre bien des Lycans. »
Rayne se pinça les lèvres. Ils avaient vaincu les défenses externes de Garek, mais ce dernier disposait encore de bien des hommes dans le cœur de sa secte. Rayne aurait pu laisser Aiden se reposer, mais il aurait été idiot de se séparer d’un Lycan. Elle réfléchit donc quelques secondes, puis soupira doucement, et planta alors brusquement ses crocs dans son poignet, perçant sa peau.
« Bois ça... Tu es un Lycan, nous avons des gènes partiellement compatibles. Ça t’aidera à guérir. »
Il n’avait pas perdu assez de sang pour risquer une transformation, d’autant que la lycanthropie combattait les effets du vampirisme. De fait, elle ne lui laissa guère le choix, et posa son poignet contre ses lèvres. Le sang afflua, et, rapidement, elle sentit l’activité sanguine de l’homme se reculer. Sa plaie cicatrisa légèrement, et, après une bonne minute, Rayne retira son poignet en soupirant. Pour Aiden, le sang ne devait pas être aussi bon que pour un vampire, mais les résultats étaient là. Oh, il n’était pas encore totalement guéri, et sa côte constituait désormais un point faible, mais... Il allait indéniablement mieux.
« Ils se cachent dans leur tanière, Aiden. À toi de voir si tu veux me suivre ou pas. Mais n’espère pas mourir, je n’aime pas que les beaux mecs meurent quand ils sont avec moi. »
Aussi sensuelle que cruelle, Rayne pouvait se montrer très ambivalente quand elle le voulait. Et, vu qu’Aiden était tout nu, elle pouvait du reste volontiers se rincer l’œil, ce qu’elle ne se privait d’ailleurs pas de faire...
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Le calme éphémère d'un semblant de trêve s'instaura dans l'immense hangar.
Quelques derniers soupirs, des gargouillis sanglants, des volées de mouches et des pas plus calmes, isolés, qui s'avançaient vers Aiden.
« Bois-ça...tu es un Lycan, nous avons des gênes partiellement compatibles, lui lança Rayne d'une voix presque mielleuse en lui tendant son bras, élégamment entaillé sous le poignet.
- Ça t'aidera à guérir. assura-t-elle.
Le loup fronça les sourcils, dubitatif et raidi par la douleur. Le risque de se transformer en hybride - si tant est que cela fusse possible - ou mieux encore, de mourir, ne le tentait guère. De fait, sa bouche eût un mouvement de recul face à ce cadeau possiblement empoisonné. Mais elle ne lui laissa pas le choix et y planta son menu poignet - quoi que très bien taillé pour le maniement habile de ses lames... A lui donc d'avoir confiance.
Dans un léger bruit de succion, il referma ses lèvres sur la plaie avant de la caresser le plus délicatement possible du bout de la langue. Le lycanthrope ne voulait certainement pas blesser son infirmière du jour et encore moins passer pour un animal ingrat. En ayant aperçu furtivement les veines bleutées de la tueuse, Aiden avait appréhendé le goût supposé infâme d'une "non-mort". A sa grande surprise : point de haut-le-coeur ! Un sang à la pigmentation saine dont la tonalité, bien qu'amère et vive sous le palais, se montrait parfaitement buvable. Presque un grand cru ! Pour avoir mordu et déchiqueté bon nombre d'humains, il sût déceler la vie au sein de ce précieux liquide. Il la regarda alors dans les yeux, comprenant enfin sa remarque et la trace olfactive qui l'avait désappointé auparavant.
Requinqué en l'espace d'une minute ou deux - du moins ce qu'il fallait pour reprendre une apparence bestiale - Rayne retira son remède miracle et il essuya goulûment les perles rougeoyantes d'un lapement de langue. Le loup mima ensuite un « merci » accompagné d'un hochement de tête et d'un regard à la fois reconnaissant et protocolaire. Aussitôt, elle reprit :
- Ils se cachent dans leur tanière, Aiden. À toi de voir si tu veux me suivre ou pas. Mais n’espère pas mourir, je n’aime pas que les beaux mecs meurent quand ils sont avec moi.
Sur ces mots, elle le lorgna du regard tant et si bien que les yeux du lupus s'écarquillèrent, décontenancé. Décontenancé par le compliment subtil qu'elle venait de formuler, mais également par sa propre nudité qu'il avait oublié sous les coups de l'adrénaline. S'il n'avait certes pas à rougir de sa carrure, il devait admettre qu'il ne faisait pas honneur à sa race : les muscles finement ciselés et le corps sculpté en V, les loups-garous arboraient généralement une anatomie plus noueuse, plus forte et imposante, rappelant la force brute de la nature, la rudesse des montagnes forestières et la solidité du bois.
Une légère gêne se traduisit de manière involontaire par un toussotement. Toutefois, ayant depuis longtemps abandonné l'âge de la pudeur virginale, Aiden ne se rua pas pour chercher quelques tissus dans le but de masquer au minimum sa virilité. Non, il opta pour la maturité et assuma sa nudité en essayant de se convaincre - bien qu'il en fut naturellement persuadé - que la jeune femme en avait vu d'autres, peut-être même autant que lui !
Ainsi, son corps, d'abord crispé sous le regard émeraude particulièrement scrutateur, se détendit davantage. Réaction Ô combien facilitée par une blessure proprement cicatrisée. Ses côtes, quant à elles, lancinaient encore mais la douleur semblait peu à peu s'endormir, comme s'il avait ingéré une bonne dose de morphine. Apaisé, il prit enfin la parole :
- Une « dhampyr » (il le prononça avec un accent roumain très bien étudié) qui chasse sa famille...j'espère qu'il te restera quelqu'un après ça. lâcha-t-il plus durement qu'il ne l'aurait voulu, car il se doutait bien qu'elle n'avait pas choisi son sort. Aucun dhampyr ne le choisissait. Jamais.
Quant à la révélation de son espèce, si cela devait rester secret ou tabou, il préférait lui indiquer sa capacité - tardive - à détecter quel type de chair il avait sous les crocs. Cette rencontre était par ailleurs suffisamment rare pour qu'il éprouve le besoin irascible d'en exprimer la découverte. En effet, sa dernière rencontre avec une fille de vampire remontait au XVIe. Il n'était alors qu'un jeune loup parcourant les zones boisées de l'Est. Grand bien lui en fut, il croisa le chemin de cette petite peste de Cordélia qui, prise de coquetterie, se mit en tête de le pourchasser avec sa cour entière pour sa fourrure qui, d'après elle, « lui ferait une robe entière pour l'hiver ». Transformé en humain, il avait réussi à lui ôté ses idées folles d'écorchement avec des charmes et un dépucelage rondement mené. Parti au petit matin comme un renard, il ne l'avait plus jamais revue et il comptait bien là-dessus pour ne pas finir en objet de mode !
Enfin, cela n'avait aucun importance quant à l'affaire actuelle ! Le grand brun haussa les épaules et reprit, méfiant :
- Si tuer des vampires m'amuse de temps en temps, il s'agit de rixes isolées... souvent dues à l'alcool, rajouta-t-il en pensée. Et si ton Garek a autant de fanatiques à travers les quatre coins du monde, ma tête sera mise à prix, pas vrai ? Elle l'est déjà, railla-t-il encore intérieurement. Qu'ai-je à gagner dans cette histoire ? » demanda-t-il finalement avec un sourire détestable d'opportuniste.
Évidemment, il n'avait pas peur de se lancer dans une boucherie pour les beaux yeux d'une inconnue, quitte même à ne pas en réchapper, mais s'il avait des chances de s'en sortir vivant, il préférait pouvoir faire cinq pas au dehors pour en profiter et ne pas essuyer une revanche sournoise de la part de buveurs de sang fanatiques. D'autant plus qu'il était un ennemi naturel des chauve-souris bipèdes. Elles auraient donc un double intérêt à le traquer et le massacrer. Le jeu devait en valoir la chandelle et pour avoir connu une dhampire et des vampires, mieux valait s'appuyer sur quelques petites garanties.
-
Rayne observa les lieux. Plus aucune menace. Garek avait envoyé ses hommes se sacrifier pour la saluer, et attendait maintenant que sa petite sœur approche. Cet homme n’était vraiment pas à négliger. Même avant les blacks blocs, Garek s’était toujours évertué à déstabiliser les autorités étatiques. Il avait fait partie des vagues anarchistes de l’Europe de la fin du 19ème siècle. Un homme dangereux, toujours très actif, disposant de multiples contacts et de réseaux parmi les mouvances terroristes, que ce soit les groupuscules d’extrême-gauche ou d’extrême-droite. Aucune couleur politique chez lui, si ce n’est celle du sang et de son clan. Rayne avait enfin l’occasion de mettre fin à son règne, et s’avançait lentement. Elle ne se familiarisa guère de la nudité d’Aiden. Rayne avait déjà eu l’occasion de faire l’amour à bien des reprises, et elle reconnaissait que le style malingre d’Aiden lui allait plutôt bien.
Toutefois, ce dernier lui demanda bientôt en quoi traquer Garek pouvait l’aider. Rayne se pinça les lèvres brièvement en haussant les épaules, et lui répondit rapidement :
« Tu crois que je vais t’embaucher pour ton petit cul ? Tu n’as rien à faire ici, touriste. Tu peux partir... Mais, si tu crois que Garek va t’oublier, tu te trompes. Et, crois-moi, mon père est bien moins tendre que moi. »
Rayne se déplaça lentement, sortant finalement de la succession des trains, pour s’approcher des profondeurs de la base.
« Jadis, les vampires contrôlaient beaucoup de Lycans avant que ceux-ci ne se révoltent. Kagan disposait alors de multiples Lycans. Alors, Garek ne se contentera pas de te tuer, ils utiliseront leurs machines et leurs mutations pour faire de toi leur tueur personnel. Maintenant que tu as tué et fais couler le sang avec tant de brio, c’est inévitable. »
Qu’avait-il à gagner ? Rien, donc, si ce n’est la possibilité de survivre et de rester libre. En s’avançant, Rayne rejoignit l’entrée d’un escalier métallique qui semblait
« Alors, tu fais comme tu veux, mais, si tu décides de descendre avec moi, la prudence s’impose ! »
Rayne s’avança ensuite la première, et descendit une quinzaine de marches, rejoignant une sorte de cave sombre et poussiéreuse. Rayne s’avança lentement, à travers plusieurs couloirs donnant sur des bureaux abandonnés. Aucune trace perceptible, jusqu’à ce qu’elle atteigne un autre escalier, plus long que le précédent, plus sombre aussi. Garek était là, quelque part, dissimulé là-dessous, sous des tonnes de béton, attendant patiemment son heure pour bondir tel un mauvais génie. Poursuivant sa marche, Rayne atterrit dans une sorte d’antichambre, et fit face à une porte fermée.
Une énorme porte blindée poussiéreuse, avec une image sur le milieu. La main de Rayne enleva un peu de poussière, et la Dhampir fronça ensuite lentement les sourcils en reconnaissant le drapeau (https://i.pinimg.com/564x/1b/c7/53/1bc753fc0fc083fd0521050d0316fdfe.jpg).
*L’armée impériale japonaise...*
Elle était devant un vestige de la Seconde Guerre Mondiale, un bunker construit par les Japonais, probablement en prévision d’attaques aériennes américaines. Rayne observa donc la porte, sachant que Garek et sa secte se trouvaient derrière. Il s’agissait indéniablement d’un piège, Garke devait avoir installé des caméras de sécurité partout pour annoncer sa présence. La logique, la prudence, imposaient donc de rebrousser chemin, mais Rayne sourit doucement, et posa sa main sur le volant à côté, permettant d’ouvrir la porte, et fit tourner ce dernier.
*Je vais répondre à ton invitation, mon cher frère... J’arrive !*
Et il n’allait clairement pas être déçu...
-
« Tu crois que je vais t’embaucher pour ton petit cul ?
A ces mots quelque peu secs, Aiden fit une légère contorsion en pivotant son torse vers l'arrière pour observer le fessier dont il était question. Musclé, il aurait bien valu un CDI ! Alors pourquoi pas ?
Rayne lui expliqua à juste titre qu'il était déjà sur la sellette, le contraignant ainsi à reprendre son sérieux. Un bref coup d'oeil vers les cadavres mutilés eût vite fait d'appuyer les propos de la dhampire. Prisonnier endurant par chance mais pour son plus grand déplaisir, Garek et ses sbires prendraient leur pied à le torturer lentement avant de l'achever. Le loup savait par ailleurs que ces créatures de la nuit pouvaient se montrer très imaginatives en terme de douleur....bien loin devant les techniques déjà très recherchées des humains.
- ... tu fais comme tu veux, mais, si tu décides de descendre avec moi, la prudence s’impose !
La "jeune" femme disparut dans les tréfonds de la zone industrielle grâce à l'un de ces nombreux et vieux escaliers débouchant sur on ne sait où. La décision qu'Aiden se devait de prendre ne lui appartenait plus dès lors qu'il l'avait rencontrée.
Rapidement, il se pressa d'arracher quelques vêtements aux victimes les moins amochées et ayant plus ou moins le même gabarit. Un t-shirt noir et un jean feraient bien l'affaire puisqu'il n'avait pas le temps de récupérer son sac de voyage ! Seules ses boots avaient survécu à sa transformation, un peu plus loin, entre les morts. Il couru les enfiler puis rejoignit Rayne en moins d'deux. Il ne prit même pas le temps (ni le soin) de descendre les marches : il sauta en prenant appui avec agilité à la rambarde avant d'atterrir auprès de son acolyte en un souffle silencieux.
Les mains blanches et fines de la dhampire s'apprêtaient à actionner le loquet circulaire de la porte blindée pour entrer dans un bunker des plus glauques. Par réflexe, Aiden stoppa le geste de Rayne en tenant fermement l'une de ses poignes.
- Garek s'attendait à une dhampire, pas à un loup. Reste à couvert.
Proche d'elle, il interrompit définitivement l'action : il glissa son corps entre elle et l'obstacle métallique, effleurant sa poitrine avec son torse.
- "La prudence s'impose", lui asséna-t-il en guise de rappel, sourire en coin.
En effet, il ne l'avait pas soutenue pour qu'elle se fasse tuer en passant cette porte comme une tête brûlée ! Cette perspective durcît son expression et il la regarda froidement, sourcils froncés. Agissait-elle toujours de manière inconsidérée si proche du but ? D'un geste brusque, il plaça son bras contre ses clavicules et plaqua Rayne, vigoureusement, contre le mur latéral de cette antichambre.
- Interdiction de bouger sans mon autorisation, ordonna-t-il en levant le doigt comme pour une enfant. Si on ressort d'ici vivants, tu auras une dette envers moi la buveuse de sang !
Aiden allait se retourner pour passer à l'action lorsque son ego refit surface, se remémorant les propos acerbes de sa camarade.
- Et je ne suis pas un touriste. Je suis un loup. Tu as beau n'être que l’engeance d'un vampire, je ne suis pas censé pactiser avec toi.
Il y avait certaines règles à respecter, même lorsque l'on n'appartenait à aucune meute et que notre caractère sauvage nous poussait à enfreindre certaines limites.
- Remercie ton p'tit cul à toi pour mon élan de générosité ! grogna-t-il avant de se détourner.
Certes la belle rousse possédait des attributs convaincants pouvant faire perdre la raison au commun des mortels, cependant, contrairement à ses propos vengeurs, ce n'était nullement une source de motivation chez le lycanthrope. Tout au plus, une option agréable à l'aventure...
D'un pas sûr, le loup se mit face à la porte blindée et tînt avec force le système de fermeture - ou d'ouverture. Or, plutôt que de l'enclencher et d'activer un éventuel piège, il arracha la poignée géante en deux ou trois coups violents. Il la posa ensuite à côté de Rayne. Qui sait ? En fonction de ce qu'il trouverait à l'intérieur, cela pourrait servir de boomerang !
Le grand brun s'essuya les mains contre son jean afin d'optimiser la prise. Il saisit les piston d'ouverture et tira de toutes ses forces. La porte était rouillée, il comptait sur cette faiblesse : elle devait céder. Les muscles bandés, les veines gonflées et les crocs déployés, il poussa un gémissement rauque sous l'effort, entrecoupé de cliquetis métalliques, caractéristique d'une armature qui risque de rompre d'une minute à l'autre. Le mur supérieur craquela puis se fissura, faisant tomber des particules de peinture et de béton dans les cheveux mi-longs de l'animal. Dans une ultime pression, la porte recula avec lui bruyamment, manquant de peu de le faire trébucher ou basculer. On pouvait entendre un léger brouhaha : des pas agités et des ordres aboyés. Pas de bombe solaire ni de mine de pieux donc...une bonne chose.
Il jeta un regard à Rayne, à la fois surpris et soulagé par ce manque d'ingéniosité...quand soudainement, un martèlement de bruits aiguës vînt frapper le grand morceau de fer. Ses yeux observèrent le sol : à ses pieds des balles en bois dont les ombres se projetaient au fur et à mesure des détonations. Combien étaient-ils ? Il ne pouvait pas le savoir, au risque de se prendre un tir en pleine tête. Ce vacarme infernal lui tapait d'ailleurs sur les nerfs.
Aiden grogna rageusement avant de s'engouffrer maladroitement dans le bunker avec son bouclier improvisé. Pas trop avancé cependant, il se stoppa. La porte devenait bien trop lourde sous le déferlement continu des cartouches.
- ...3...2...
Il souleva légèrement l'épaisse plaque de métal, gonfla le torse et jeta bestialement son arme rectangulaire en direction des assaillants. A l'aveuglette, cela ne les tuerait probablement pas, mais au moins, ils seraient assommés le temps d'agir, espérait-il.
Des cris, un fracas sourd qui fit taire les déflagrations, suivis de plaintes rocailleuses. Aiden observa l'efficacité de sa défense : à cinq mètres, trois soldats coincés sous la masse. Il s'approcha, le souffle épais, donna un coup de pied dans le poignard à dentelé que comptait récupérer l'un des vampires, le moins touché, simplement bloqué par la cheville. Sans trop de tergiversation, il lui brisa la nuque, arracha sa tête comme s'il avait s'agit d'un bouchon de bouteille puis il la laissa choir au sol. Le deuxième assaillant était mort, le doigt sur la gâchette du MP40, le haut de son corps, écrasé et dissimulé par la porte. Un vulgaire moustique. Le troisième, enfin, était à demi enseveli et tentait de soulever le blindage. Il eût à peine le temps de hausser la plaque de quatre centimètres qu'Aiden s'empara du pistolet-mitrailleur pour l'achever.
Le lycanthrope tendit l'oreille une fois le calme retombé et pointa le canon vers le couloir principal du bunker, derrière le groupe de pseudo-commandos amateurs.
- C'est bon. Ramène-toi. » dit-il simplement à Rayne.
La partie venait de commencer.
-
Aiden avait choisi de suivre Rayne, et choisit même de prendre les risques en repoussant la Dhampir, se mettant devant elle. La femme haussa un sourcil en étouffant un grognement, croisant lentement les bras. Que faisait donc cet homme ? Le voilà donc qui agissait comme un mâle blanc, dominateur, prenant les risques... Sûrement une réaction de sa nature de Lycan. La femme haussa donc les épaules en s’adossant contre le mur, croisant les bras.
« Comme tu veux, Aiden. Je ne vais pas me plaindre qu’un mâle prenne les risques pour la demoiselle en détresse », ironisa-t-elle.
Rayne ne commenta pas ce qu’Aiden avait dit sur son cul, estimant que l’heure n’était pas venue aux références salaces sur le fessier des uns et des autres. Aiden, plutôt que d’ouvrir la porte, choisit... De l’arracher. Un enfer de grincements et de crispations métalliques se fit entendre, amenant Rayne à froncer les sourcils, serrant les dents devant ce manque d’élégance.
*Pourquoi il ne se contente pas d’ouvrir la porte ?*
Le Lycan lui jeta la serrure aux pieds, comme un os à ronger, ce qui fit froncer les sourcils de Rayne. Celle-ci perçut alors des groupes sanguins de l’autre côté de la porte, et se décolla du mur, s’apprêtant à prévenir Aiden... Mais ce dernier attaqua alors, tenant la porte blindée entre ses mains, et, tel un projectile improvisé, le lança sur le trio. Rayne entendit plusieurs hurlements de douleur, et entra ensuite dans le couloir.
Garek s’était donc réfugié dans un ancien bunker japonais, datant de l’époque de la Seconde Guerre Mondiale. Un bunker de survie, sûrement, car Seikusu avait été, historiquement, fortement bombardée par les Alliés. Rayne s’approcha des corps, et attrapa le MP40, fronçant doucement les sourcils devant cette arme obsolète.
*Pourquoi une telle arme ?*
Le Japon était le pays le plus prohibitif du monde sur le port des armes à feu. Garek avait donc dû trouver un stock d’armes dans le bunker. Rayne observa silencieusement Aiden, puis se redressa.
« Tu cherches à m’impressionner ? Ne gaspille pas tes forces inutilement... Et arracher des portes, ce n’est pas le meilleur moyen d’être discret. »
Rayne laissa passer quelques secondes, avant de finir par hausser les épaules.
« Ceci dit, je ne suis pas très discrète non plus. »
Elle récupéra finalement le MP40, et s’avança dans un couloir étroit. Il y avait plusieurs portes menant sur des dortoirs à droite, mais Rayne ne sentait personne. Toutefois, alors qu’elle avançait, des groupes sanguins se rapprochèrent, et elle entendit des hurlements. Des mercenaires arrivèrent au fond du couloir, dans l’escalier, et une fusillade résonna entre elle et les tueurs. Rayne bondit sur une porte à droite, rejoignant le long dortoir, et jeta l’arme au sol, avant de courir par là. Une porte s’ouvrit au fond du dortoir, et un autre tueur débarqua, pointant un pistolet vers elle. Le grappin de Rayne fusa, et transperça le poignet du tueur. Rayne bondit en avant, et le transperça avec ses lames, faisant jaillir du sang partout.
Sur sa gauche, un autre l’attaqua avec une barre à mine. Encore une fois, Rayne fit preuve de son agilité exceptionnelle, bondissant en arrière, puis faucha les jambes de l’homme avec ses lames, tranchant ses chevilles. Il hurla de douleur en tombant au sol, et Rayne se redressa, prête à planter ses lames... Mais un troisième mercenaire jaillit alors. Un homme musclé aux yeux rouges, qui attrapa Rayne à la gorge, la plaquant contre le mur.
« Foutue salope !
- Hnnn... »
L’homme avait une poigne féroce, et Rayne le griffa au visage, faisant reculer l’homme. Rayne le décapita ensuite en tournoyant avec ses lames.
« Autant pour la discrétion... »
En bas, c’était la fourmilière, et le chaos approchait.
Faire un massacre était aussi une bonne option pour Rayne !
-
Night ne faisait pas dans la dentelle, en particulier quand il fallait agir vite. Avoir arraché la porte blindée n’avait pas été un exercice aisé pour faire valoir sa force auprès de la donzelle. Non, il avait utilisé l’objet comme un véritable bouclier face au premier piège supposé se trouvant à l’intérieur du bunker. Il avait consciemment mesuré les risques contrairement à sa partenaire qui serait rentrée tête baissée, droit dans le viseur du MP40. Quant au manque de discrétion qui en découlait...là encore, c’était un coup de poker à jouer. Il ne faisait pas partie de l’équation, personne ne s’attendait à ce que Rayne débarque avec des renforts et encore moins un loup. Il fallait donc, selon lui, frapper dans le tas, créer la surprise et détourner l’attention sur lui pour que la rouquine ait l’occasion de toucher sa cible sans trop de remparts.
Néanmoins, les attaquants étaient bien largement supérieurs en nombre et certains la poursuivaient déjà alors qu’elle venait à peine de s’enfoncer dans les entrailles du refuge militaire. Aiden ne put la suivre alors qu’elle virait dans les axes jouxtant le couloir principal, histoire de jouer au chat et à la souris avec ces idiots de vampires, afin de mieux se faufiler par la suite et ne pas se faire surprendre par la supériorité numérique. Pour éviter une surcharge d’assaillants, le grand brun se transforma. Sa taille de bête empêcha quiconque de passer, le passage était devenu trop étroit à présent. Cela ne permettait que des attaques frontales, aussi bien pour lui que pour ses ennemis. Mieux valait tuer du premier coup ; quant à la tactique envisagée ? Avancer dans le tas, imitant un chien enragé, oublier le raisonnable et filer droit vers Garek comme un bulldozer.
Ainsi, la bête s’avança et sauta à la gorge ou à la tête des hommes de mains du gourou vampirique. Par chance, aucun n’eût le temps d’appuyer sur la gâchette ni de lui asséner des coups avec une arme blanche. Au fur et à mesure, les murs, le sol, les escaliers qu’il arrivait enfin à atteindre, se maculaient de sang et de morceaux de chair. L’écho de cris coupés de gargouillis annonceraient possiblement sa venue et flanqueraient au moins un léger coup de stress aux autres buveurs de sang.
Il touchait au but. Encore un étage et l’animal parviendrait à...
Un cadavre jonchant les marches, bien plus vivant que mort, s’empara de la patte arrière du loup et lui enfonça un coutelas dans le muscle, poussant un cri rauque dans son ultime et dernier effort. Surpris, la concentration perdue, la bête trébucha entre les enchevêtrements de jambes et de bras, puis tomba à la renverse, droit sur un nouveau groupe de commandos au rabais.
L’ensemble dévala lourdement l’escalier, tel une boule lancée à pleine vitesse le long d’une pente, puis cogna et brisa la rambarde en fer rouillée avant d’atterrir dans un bruit de craquements sinistres et de chair écrasée sur du béton ciré.
Un petit silence...et enfin, des gémissements plaintifs attestant qu’au moins deux personnes avaient survécu à la chute, pas si haute, mais visiblement très violente.
« Nnh...
A nouveau humain, Aiden voyait trente-six chandelles. Dans un premier temps, il se débarrassa des membres inertes qui l’entravaient. Ensuite, il se mit à quatre pattes, tentant vainement de se relever. Une douleur fulgurante lui martelait le crâne. Il geint une nouvelle fois, tenant l’arrête de son nez comme pour stopper les pulsations vindicatives dans son front. Il devait s’être littéralement fracassé la tête contre une autre...
Ses cheveux mi-longs obstruant sa vision, il constata cependant qu’il y avait du mouvement autour de lui. Et voilà que bientôt, il fût entouré de jambes ; à compter le nombre de paires, il aurait parié sur une dizaine d’individus. S’il la jouait fino, il pourrait peut-être...
Aiden déploya ses crocs, banda ses muscles sans même relever la tête, mais sa mutation s’arrêta net : un coup furieux sur l’occiput l’assomma efficacement.
*
* *
Le lycanthrope se réveilla brutalement. L’arrière de son crâne le lancinait cruellement et pendant un court, très court instant, il eût l’impression d’avoir froid. En reprenant ses esprits, sa peau réagissait à la sensation d’eau gelée sur son visage.
Il ouvrit les yeux, lentement, la lumière des néons se montrait agressive. Aussitôt, un poing s’abattit sur sa mâchoire. Sa lèvre inférieure éclata comme une vulgaire petite bille de groseille.
- Ggh...
Il voulut riposter directement, seulement ses poignets refusèrent de bouger et le tiraillaient. En penchant la tête en arrière il constata sa situation : une chaîne épaisse accrochée au plafond, tendue au maximum, maintenait ses bras relevé et son corps debout, de sorte que ce dernier, ne représentait plus qu’une ligne de muscle offerte aux prémices d’une ou plusieurs séances de torture.
Nerveusement, son rire éclata, prenant le temps de regarder ce qu’il y avait autour de lui.
Il avait atteint son objectif, se retrouvant dans l’entrepôt principal souterrain, là où convergeaient généralement tous les couloirs d’un bunker. Il s’agissait d’une grande surface. Autour de lui, une vingtaine d’hommes, canines aiguisées bien en évidence, teint blafard, prêts à en découdre et se venger.
- Salopards de vampires...grogna-t-il alors qu’un filet de sang s’écoula de son menton à son torse.
Combien de temps avait-il été inconscient ? Est-ce qu’ils avaient capturé Rayne ? Il espérait que non dans tous les cas ! Son plan devait marcher ! Il savait que quoi qu’il adviendrait à présent, son corps pourrait l’endurer. La cruauté et la vanité qu’il susciterait feraient gagner du temps à la Dhampyr et, sans crier gare, elle se ferait une joie de transpercer ce Garek, car elle, elle pouvait se permettre d’être discrète. Son corps, taillé pour une chasse comme celui d’un félin, inattendue et rapide. Il n’avait simplement pas prévu de se faire capturer si vite, voilà tout, son ego était un tantinet blessé. Encore que, constatant le groupe qui l’encerclait, il ne pouvait que féliciter le carnage qu’ils avaient ardemment fomenté.
Un coup de poing dans l’estomac le reconnecta à la réalité. Il ne pouvait même pas tenter d’amortir le choc. Ses entraves l’empêchaient même de rentrer son ventre. Un brouhaha d’excitation retentit, les choses étaient clairs : il deviendrait probablement le punching-ball officiel de la bande.
- Il suffit. intervînt une voix ferme et rocailleuse.
Aussi docile que de véritables soldats, le silence tomba comme une masse et un homme grand, à la coupe taillée comme un marins s’avança en brisant le cercle de fanatiques.
- Qu’avons-nous là... ?
Il saisit les cheveux d’Aiden alors que celui-ci tirait sur ses liens avec acharnement, puis d’un geste brusque et assuré, lui fit pencher la tête en arrière afin de dégager les mèches rebelles de son visage. Une grimace déforma son visage, dévoilant ses crocs. Le regard curieux et amusé du chef tortionnaire le détailla longuement.
- Cette sale garce s’est dégoté un animal de compagnie ? Comme c’est mignon... dit-il en examinant les dents du loup. J’ignorais qu’elle avait un faible pour les chiens... ajouta-t-il en lâchant prise.
Comme intrigué, l’homme tourna autour d’Aiden, le frappant çà et là avec une barre de fer, testant la résistance de sa peau et de sa musculature.
Entre quelques gémissements, et avec un sourire provocateur flanqué sur des lèvres sanglantes, le prisonnier parvînt à articuler...
- Ne sois pas jaloux...je ne remue pas aussi facilement la queue... »
L'intérêt fût définitivement suscité grâce à sa répartie salace... Aiden allait devoir user de son goût pour les joutes orales et intellectuelles afin de gagner du temps. Ses capacités reviendraient et il aurait peut-être le temps de se débarrasser de ce qui entravait abruptement ses poignets pour faire encore un peu le ménage avant que la Dhampyr ne mette un point final à sa vendetta.
-
« Vous n’avez aucune idée de ce que vous fabriquez ici, avouez ? Mais un Lycan… »
Devant Aiden, Garek observait sa proie, laissant deux de ses hommes le battre à l’aide d’instruments rudimentaires : battes de base-ball, barres à mines, pieds-de-biches… Les coups s’abattaient régulièrement dans le dos de l’homme et sur son torse, le mettant à l’épreuve.
« Tout porterait à croire à une malheureuse coïncidence, mais… La réalité est toujours plus complexe, vous ne croyez pas ? »
Garek portait une tenue assez sommaire, avec une veste kaki, un treillis militaire, et un débardeur blanc. Crâne rasé, il avait tout de l’ancien militaire à la retraite, se lançant dans des opérations commandos. Des plaques militaires métalliques ornaient même son torse, rattachées à un collier autour de son cou. Marchant lentement, Garek laissa les hommes au repos, tout en observant encore le corps musclé et endolori du Lycan.
Mains enfoncées dans les poches de son pantalon, il reprit alors :
« Nous menons ici des expériences très particulières, Garek. Ou, plutôt, nous reprenons d’anciennes expériences menées en son temps par une division spéciale de l’Empire du Japon. »
Garek s’assit sur une table, et sortit une cigarette de sa poche intérieure, l’allumant à l’aide d’un briquet. Guère pressé, le vampire prenait son temps, et expliqua à Aiden que, pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne nazie avait mis sur place une division occulte visant à rechercher pour l’Axe des armes magiques, la Société Thulé. Officiellement, tout ce que l’Histoire retenait de cette société secrète, c’était un regroupement d’intellectuels et d’illuminés s’intéressant à l’Histoire allemande pour expliquer en quoi le peuple aryen était le peuple élu, destiné à gouverner l’Europe et le monde. La société s’était donc rapprochée de l’idéologie nazie.
En pratique, toute une division allemande avait été conçue sur les recherches et les idées de la société Thulé : le Gegengeist Gruppe, ou G.G.G.
« Une division allemande menée par le commandant Jürgen Wulf, mais soutenue au plus haut niveau par mon père, Kagan. Le G.G.G. avait sa propre division au Japon, et ils ont mené des recherches ici, dans ce bunker. Il y a quelques heures, nous venions d’expérimenter des ondes spéciales, lycanthropiques. Je gage que ce sont ces ondes qui, inconsciemment, vous ont attiré ici. »
Rayne avait combattu le G.G.G. pendant plusieurs années pendant la guerre. Celui-ci avait cherché à réunir les restes d’un ancien démon très puissant, Beliar, mais Rayne avait réussi à le stopper, à détruire Beliar, et à tuer Wulf, dans un ancien château allemand dans les Alpes.
« Vous n’aviez pas à être là, mon cher ami. Croyez bien que je le regrette, mais… Vous vous retrouvez dans une histoire familiale qui vous dépasse. Voyez-vous, ma chère sœur s’est mise en tête de tuer tous les membres de sa fratrie. Elle me traque depuis des années, et n’abandonne pas si facilement. Elle est plutôt têtue, comme vous avez dû le réaliser. »
Ils se tenaient dans une grande pièce, qui avait dû jadis servir à donner les briefings. Garek tourna la tête autour de lui, observant le décor sombre, l’environnement.
« Elle est là… Ma chère sœur, elle se cache à mes ondes psychiques, mais je la sens, autour de nous. »
Il était difficile d’y voir quoi que ce soit dans la pénombre, tandis que les vampires s’agitèrent.
« RAYNE ! MONTRE-TOI !! »
Et Rayne se montra.
Une grenade dégoupillée jaillit au milieu du groupe des fidèles, venant des hauteurs. Rayne bondit en même temps que l’explosion, qui tua plusieurs vampires, déployant ses lames vers Garek. Mais ce dernier esquiva de justesse, et Rayne l’attaqua encore, fendillant l’air avec ses lames, pour trancher le vide. La silhouette de Garek disparaissait déjà, faisant rager la Dhampir.
« Je vois que Severin t’a doté de boucliers psychiques… Mais croyais-tu vraiment que cela suffirait contre moi, ma chère sœur ?
- LA FERME !! »
Un vampire bondit sur Rayne, qui le bloqua, et le frappe au ventre. Des fumigènes se déclenchèrent alors autour d’elle, et elle fendilla encore l’air avec ses lames, croyant voir Garek.
« Nous pourrions faire tant de choses, toi et moi… Mes talents magiques, ta férocité physique… Tu devais être le meilleur élément de notre père, pourquoi te rebeller ainsi ?
- VA CREVER !! »
Rayne vit un autre vampire jaillir, et le décapita. Du sang éclata sur sa poitrine, mais elle ne vit aucun cadavre, soit parce qu’il avait été avalé par les fumigènes, soit… Parce qu’il n’y avait personne.
« Tu me traques depuis tant d’années, ma chère petite sœur… »
Pendant ce temps, les chaînes retenant Aiden se détachèrent, et l’homme tomba au sol, où deux autres individus l’immobilisèrent, pendant qu’un troisième s’approchait avec une seringue. Un liquide expérimental s’y tenait, destiné à amplifier l’agressivité des Lycans. Le liquide se répandit dans ses veines, et les vampires s’écartèrent ensuite.
« Regarde, ma jolie poupée, ce que nous avons prévu… »
Rayne tourna sur place, et sentit alors un fort sang lycanthropique à proximité…
-
Garek était loin d’être aussi redoutable qu’il l’imaginait. A chaque coup, Aiden contractait les muscles, plus par appréhension (instinct de survie) que par peur ou douleur. Et pendant que l’on martelait son corps avec un enthousiasme non-dissimulé, il avait droit à un cours d’histoire par Monsieur Mégalo en personne ! D’ailleurs, ce dernier portait tellement bien ce qualificatif qu’il n’entendait pas le lycanthrope commenter ses propos à tout va. A moins qu’il l’ignorait volontairement ?
« Épargne-moi la narration fanatique de 39-45...
Quelques claquements de chair supplémentaires et un monologue continu.
- Das ist nutzlos. Ich war da. marmonna le loup en serrant les dents. Il retenait l’envie irrépressible de lui sauter à la gorge...les chaînes autour de ses poignets se détendaient peu à peu... Ich bin Deutsch. Ich kenne alle dunklen Winckel der Geschichte.
Les lubies ésotériques d’Hitler étaient la seule chose qu’Aiden s’était permis de trouver fascinant chez le dictateur. Sa quête de l’Arche d’Alliance et d’autres artefacts bibliques aurait été une chasse au trésor des plus enivrantes pour ce grand brun aventureux. Enfin...seulement si elle n’avait pas été fomentée à des fins de suprématie et sous la coupe d’un régime totalitaire visant l’éradication des races inférieures.
Pour les autres aspects psychologiques, militaires et politiques, Aiden ne pouvait voir le feu chancelier que comme un « sale rat » ou « sale nuisible », termes que le moustachu lui-même employait dans « Mein Kampf » pour nommer les Juifs. Aiden, sans raison, songea que le dit ouvrage était aujourd’hui interdit, sauf s’il s’agissait d’une édition commentée et que la personne détentrice possédait le statut de chercheur ou d’étudiant. Ce fait-là, il lui riait au nez. Bon nombre de livres originaux restaient cachés précieusement dans les bibliothèques privées...et il ne pouvait blâmer ces gens. N’est-ce pas dénaturer l’Histoire que de la saupoudrer d’appréciations sucrées ?
L’autre parlait toujours. Déplorant la situation inattendue. Aiden avait fait un choix. Aider une jolie fille faisait partie de sa galanterie innée, mais aider une dhampyr faisait partie de son côté joueur très mal placé. Il n’avait pas besoin de trente-six milles raisons pour s’attirer des ennuis. Aussi ne trouva-t-il pas nécessaire de se justifier auprès d’un narcissique pareil.
- Blablabla...je trouve ta technique d’anesthésie très aboutie. C’est rare d’avoir un don soporifique aussi naturel ! » balança-t-il avec cynisme.
Le lycanthrope se montrait particulièrement familier contrairement à son hôte qui le vouvoyait avec cet air supérieur si caractéristique des vampires de haut lignage. Cet illuminé aux allures de Schwartzy germanique était certainement bourré de protéines. Si Rayne ne l’achevait pas il s’en ferait un plaisir...
Aiden ne fut pas le seul à mentionner Rayne et cela mis fin à toutes ces tergiversations. L’effet de surprise était loupé. Encore que, visiblement, le demi-frère maniaque ne savait pas d’où elle allait tomber et brailler comme un veau ne montrait nullement son contrôle de la situation. Bien au contraire, la nuance était subtile, mais c’était bien de la crainte que pu percevoir l’animal.
Au moment où Aiden voulu renifler l’air pour détecter la jolie rousse, une explosion brutale l’éblouît et la déflagration paralysa son ouïe sensible.
Un sourire au coin à l’odeur de chair carbonisée, il était fin prêt à se détacher...lorsqu’on le plaqua vulgairement au sol.
Les oreilles pleines de bourdonnements, il ne comprît qu’un tiers de la discussion familiale. Mais visiblement, Rayne se montrait plus agressive encore que ce qu’il avait déjà vu. La belle perdrait-elle ses moyens face à son frère ? Si elle le poursuivait depuis si longtemps et se retrouvait enfin devant lui...c’était compréhensible.
Toujours est-il qu’on redressa brusquement la tête du lycan, étendant son cou pour y planter une aiguille. La couleur du liquide ? Même pas eût le temps de la voir pour déterminer de quoi il s’agissait ! Le contenu de la seringue se répandit assez vite, traînant derrière lui - comme pour injection de contraste lors d’un IRM - une sensation de chaleur dans les veines puis des picotements dans les muscles ciblés. En l’occurrence, tous ses muscles.
Sans trop savoir pourquoi, bien qu’il s’en doutait un peu - après tout, s’il avait feint de s’ennuyer lors du discours de Garek, il n’en avait pas perdu une miette - on le lâcha et ses assaillants reculèrent. Son corps entier se crispait sans qu’il ne pût rien contrôler, avec une telle tension que s’en devenait petit à petit douloureux. En témoignait les veines de ses bras gonflées, et son artère jugulaire palpitante. Les mains au sol, il constata une transformation hybride avancée, stade qu’il n’avait que rarement utilisé car compliqué. En effet, il se rapprochait de l’état d’un loup-garou, physiquement et mentalement, ni vraiment humain, ni vraiment loup. De fait, l’animal et l’homme entrant dans un conflit interne sans fin, cela laissait très peu de place à la lucidité. Avant que la migraine de la discorde ne le gagne, il réfléchît rapidement aux problèmes posés. Si ce n’était pas la lune qui influençait son état, ce n’est pas elle non plus qui le règlerait. A moins que Garek n’ait un antidote, il ne pouvait que prier pour que son organisme arrive à éliminer rapidement la décoction expérimentale, sans trop faire de dégâts. La majorité des personnes présentent étant des ennemis, le pourcentage de chance pour qu’il s’en prenne spécifiquement à Rayne était minime. Garek prenait un risque considérable, voire totalement stupide.
Fermement redressé, son mètre quatre-vingt-un semblait avoir prît deux dizaines de centimètres supplémentaires avec ses muscles bandés, ses crocs anormalement proéminents, ses ongles prenant une apparence griffue, sa fourrure épaisse recouvrant quelques parties de son corps (pour satisfaire la pudeur de certains) et son expression rageuse déformant son visage... Même ses yeux, d’habitude d’un bleu nuit particulier, n’avaient plus la même couleur.
L’aspect bestial s’était accrût très vite, ponctué de grognements menaçants. Sa capacité à maîtriser sa lycanthropie à la perfection lui faisait gagner des minutes précieuses avant de sombrer dans une folie sanguinaire, sa tête le lançait peu à peu.
Il s’avança vers la jeune femme, faisant mine d’être le nouveau jouet test de Garek. Évidemment, il essaierait de ne pas faire mal à sa compagne mais rien n’était moins sûr.
Il s’empara de la gorge de Rayne, plantant ses griffes à des points stratégiques pour que les égratignures futures ne soient que superficielles. Il la souleva, lui vola l’une de ses lames d’un geste habile et brusque. Et avant qu’elle n’ait eue le temps de lui rendre la monnaie de sa pièce, il se tourna et jeta l’arme dans la cuisse de Garek. Pour se débarrasser de la jeune femme, il la lança elle aussi, sur le pseudo-chef-commando. La technique était peu galante, mais il s’agissait de la dernière pointe de conscience.
Grondant plus fort, Aiden se rua sur la vingtaine de vampires restant.
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Rayne sentit le sang d’Aiden s’emballer tandis qu’elle avait plongé au milieu de la mêlée. Elle avait trouvé dans de vieilles caisses de munitions une Stielhandgranate 24, ces fameuses grenades à manche allemande, et s’en était servir pour faire une entrée fracassante. Jouant avec les nerfs de Rayne, Garek la déstabilisa suffisamment pour laisser le temps à ses hommes d’incouler une solution expérimentale, transformant Aiden en un Lycan déchaîné, un véritable mode berserk.
« AIDEN ! » hurla en vain Rayne.
Aiden se rua sur elle avec une rapidité incroyable, et planta ses griffes dans son cou, avant de la soulever. La jeune femme déglutit devant cette masse, et s’apprêta à contre-attaquer quand elle sentit l’une des mains d’Aiden se saisir de sa lame, et la jeter en arrière... Droit sur la cuisse de Garek.
*Il m’a presque fait douter...*
Aiden balança ensuite Rayne comme un fétu de paille, l’envoyant près de Garek, tout en hurlant encore, se tournant vers les fidèles de Garek. Plusieurs vampires suicidaires bondirent sur lui, crocs déployés, tandis que d’autres allèrent prudemment s’équiper de MP40. Sur une passerelle en hauteur, un autre fidèle sortit un Walther G43, et fit feu. Les balles se plantèrent sur l’espèce fourrure du Lycan, attirant son attention, tandis que Rayne se redressait.
« Ton loup est plus résistant que prévu ! s’exclama Garek. Mais ça ne change rien, sœurette... Tu vas payer pour ce que tu as fait à notre père, à notre famille !
- Va chier, Garek, tu meurs ce soir ! »
Rayne se releva, mais un vampire arriva près d’elle, tenant à la main un Luger P08, et lui tira dessus. Une balle atteignit Rayne à l’épaule gauche, la faisant reculer en grognant, pointant ses crocs. Le fidèle visa à nouveau, et une seconde balle frappa Rayne au ventre, la faisant plier le genou. Sa main se saisit alors de son grappin argenté, et elle le lança brusquement en avant, l’objet venant se planter dans la paume du tueur, lui faisant lâcher son arme dans un hurlement de douleur. Garek, de son côté, avait enfin réussi à libérer sa jambe, et se mit à ramper sur le sol, avant de se relever, boitant légèrement, tandis que Rayne bondissait sur sa proie. Ses jambes s’enroulèrent autour de sa taille, et elle planta ses crocs dans son cou, le serrant fort en buvant copieusement son sang, faisant hurler l’homme.
Garek, de son côté, observa la scène. Les détonations résonnaient encore, et il vit Aiden trancher littéralement le bras d’un homme, avant d’en frapper violemment un autre, l’envoyant valser sur plusieurs mètres, heurtant l’un des piliers en marbre faisant le tour de l’assemblée.
« Butez ces enfoirés ! »
Rayne vit deux hommes armés jaillir depuis une double porte, protégeant Garek, tandis qu’il se mirent à faire feu sur Rayne. Le tueur au Luger se transforma en bouclier improvisé, Rayne bondissant brusquement en hauteur, et s’abattit sur eux. Elle s’écrasa sur l’un des deux, et frappa avec sa lame, ouvrant le ventre de l’autre, faisant vomir ses tripes et ses intestins, puis planta son talon aiguille dans le crâne de l’autre. La Dhampir pensa à récupérer sa lame jetée au sol, puis s’élança à la poursuite de Garek.
La double porte menait sur un escalier qui montait vers la droite, et où un homme costaud jaillit brusquement, poing tendu vers Rayne. Le coup la frappa au visage, l’envoyant heurter le mur, et elle se laissa tomber au sol, évitant un autre coup qui frappa le mur. Un puissant vampire siffla sa rage devant elle, et elle bondit entre ses jambes, puis se releva, cherchant à planter ses lames dans son dos... Mais le vampire se retourna, et la repoussa d’un coup d’épaule en arrière, la renvoyant à travers la double porte ouverte. Rayne rebondit au sol, et se redressa rapidement.
D’ores et déjà, le poids lourd la chargeait encore, se montrant aussi rapide que puissant. Rayne bondit sur le côté, et le frappa au dos à l’aide d’un puissant coup de pied retourné, tranchant sa veste et sa chair, ce qui le fit ricaner.
« Tu n’as rien de mieux en stock ?
- T’es un costaud, toi...
- Tu n’as pas idée ! »
Mais, ce qui inquiétait surtout Rayne, c’est qu’elle était retournée dans la même pièce qu’Aiden...
Avec le risque que ce dernier ne finisse par l’attaquer !
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Si l'adrénaline permettait généralement à Aiden de décupler sa force de lycanthrope - déjà bien supérieure sous sa forme humaine - elle ne jouait guère en sa faveur à l'heure actuelle. Soumis aux effets de l'hormone, ces veines étaient devenues l'équivalent d'une autoroute allemande pour le produit expérimental que ces salopards de vampires lui avaient injecté. Accélération du rythme cardiaque, traduite par une augmentation de la vitesse de contraction du coeur, entraînant ainsi une hausse de la pression artérielle et du même fait, une dilatation excessive des bronches et des pupilles. Ses yeux n'étaient d'ailleurs plus que des billes noires, semblables à celles d'un requin.
Sa volonté avait beau essayer d'envoyer des signaux à son cerveau, ce dernier était bien trop dopé pour réagir à une quelconque force mentale.
A chaque assaillant déchiqueté, Aiden sentait ses artères pulser violemment et ses muscles bander douloureusement. Une faim intense le tenaillait de manière virulente, ponctuée d'une animosité dont il était bien incapable de trouver l'origine.
Ses années de dosages contre-natures allaient également le desservir dans cette situation critique et ce fut probablement la dernière chose dont il avait encore conscience. La faute à qui ? Un raisonnement confus, impropre à lui-même s’immisçait insidieusement dans sa tête, plantant déjà les graines de la discorde et du chaos.
La faute à qui ? Il regarda les cadavres au sol. A ses sales buveurs de sang. Il les exterminerait tous jusqu'au dernier pour soulager sa migraine !
N'ayant plus de chair sous ses griffes, le loup se tourna et se retourna, vif, furieux, presque paranoïaque, à la recherche d'une nouvelle attaque, d'une nouvelle proie. Il ne put apercevoir dans son sillage qu'une grande femme, rousse, dont les yeux émeraudes lui paraissaient familiers, mais dont le nom lui échappait. Oui son nom lui échappait alors qu'il l'avait sur le bout de la langue ! Il pesta, grogna, se tînt la tête d'une main pour calmer le martèlement dans son crâne, au moins le temps d'une réflexion, en vain. Il essaya aussi de faire fi des brûlures musculaires dues à la stimulation excessive de la drogue, mais là encore, impossible.
Alors il huma l'air, par instinct. La jeune femme était indubitablement porteuse du même gêne que le tas de macchabées à ses pieds. Raccourci était fait, il s'agissait d'une énième victime à dévorer.
Il s'approcha vite, habilement, lui flanqua un poing dans le ventre, plus brusque que violent, puis l'attrapa par la gorge, prenant soin d'y enfoncer ses griffes pour ne lâcher prise sous aucun prétexte, avant de la soulever et de la plaquer puissamment contre le mur, comme une vulgaire poupée de chiffon. La cloison craquela sous l'impact.
Toutefois, le lycanthrope s'abstint de toute morsure. Il dévoila simplement ses crocs, avides de se planter dans le cou de son gibier afin, entre autre, de soulager leur développement plus poussé qu'à l'accoutumée. Mais pourquoi n'en finissait-il pas ? L'odeur féminine et voluptueuse qui se dégageait d'elle était en totale contradiction avec la puanteur vampirique environnante...
Aiden fronça les sourcils, visiblement occupé par un conflit intérieur.
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La famille de Kagan disposait de subalternes de plus en plus redoutables. Outre les guerriers du dojoj d’Ephemera, il y avait toutes les créations de Xerx, qui confectionnait des drogues, des mutagènes, et autres substances améliorant l’efficacité des vampires. En tentant de poursuivre Garek, son demi-frère, Rayne était tombé sur l’un de ces mutants. Un mutant amélioré, massif, résistant, qui lui tenait tête, et la repoussa dans la salle principale, là où Aiden avait fait un massacre. Et le Lycan se montra d’une rapidité redoutable, surprenant Rayne. Elle le sentit s’approcher, et eut à peine le temps de se retourner qu’un étau s’abattit sur sa gorge. Une main solide et griffue, qui entailla sa chair, puis elle se retrouva violemment plaquée contre le mur.
Devant elle, Aiden était là, hurlant, ouvrant sa gueule, révélant une série de dents pointus, tout en l’étranglant. Voyant cela, le vampire contre lequel Rayne s’était battu choisit prudemment de ne pas s’imposer, et referma la double porte derrière lui, laissant le duo ensemble.
« Ai-Aiden... » gémit Rayne.
Il avait été manipulé par Garek, dont les pouvoirs psychiques étaient toujours aussi redoutables. Sa nature humaine affrontait sa nature lycanthropique, et Rayne se devait de l’aider... Mais aussi de survivre. Elle grogna encore, sentant l’air lui manquer, et posa alors ses mains sur le poignet d’Aiden, en appui. Impossible de le lui retirer, mais la jeune femme était agile, et, tout en s’appuyant avec ses mains, elle posa ses jambes contre le mur, et les poussa ensuite en avant. Fort heureusement, ses talons étaient en métal, tranchants, et elle atteignit le torse du Lycan, entaillant sa fourrure, faisant perler du sang sur la pointe des talons. Aiden hurla de surprise, et probablement aussi de douleur, mais relâcha la prise, ce qui permit à Rayne de se libérer.
La femme atterrit au sol, plia les genoux, et bondit sur le côté, évitant l’attaque du Lycan. Elle se retrouva sur son flanc, et le frappa d’un coup de pied retourné sur les côtes.
« RÉVEILLE-TOI, AIDEN ! Garek t’a manipulé ! »
En retour, le Lycan hurla encore, et Rayne se recula prudemment. Le monstre l’attaqua encore, bondissant sur ses pattes, et elle esquiva encore en sautant de côté. Aiden poursuivit, et ses dents manquèrent de peu de dévorer une jambe de Rayne, qui esquiva encore. Le monstre la chargea de nouveau, tête en avant, et l’atteignit au ventre. Rayne tomba au sol, fila sous lui, et évita une attaque de ses dents en roulant sur le côté. Elle se redressa à temps, mais, avant qu’elle ne puisse contre-attaquer, la main griffue du Lycan la frappa au ventre. En hurlant, Rayne recula encore, son sang jaillissant sur le sol, son corset déchiré par endroits.
« Merde, Aiden, reprends tes esprits ! »
Rayne frotta ses lames l’une contre l’autre. Elle n’avait malheureusement aucun moyen en sa possession pour calmer le Lycan, et celui-ci était toujours aussi furieux. La femme se concentra alors, et décida d’opter pour une ultime stratégie. Bien que ne disposant pas de pouvoirs magiques, Rayne pouvait utiliser une technique de combat propre aux vampires : la Concentration. Une technique qui consistait à augmenter l’adrénaline dans le corps, ce qui avait pour effet d’augmenter la sensibilité de l’organisme, et de ralentir le temps autour de soi, tant les informations défilaient rapidement.
Elle utilisa donc la Concentration, et, quand Aiden bondit encore vers elle, la femme bondit brusquement dans les airs. Elle enjamba ainsi le corps du loup, et, en l’air, posa sa main sur sa tête, puis tournoya sur place, avant de s’accrocher à son dos. Elle planta ses griffes profondément dans sa fourrure, et alla mordre son cou, buvant son sang, essayant de se cramponner aussi longtemps que possible.
En buvant le sang d’Aiden, elle espérait réussir à le calmer, mais, pour cela, il fallait encore qu’elle arrive à tenir, ce qui n’était pas gagné, vu la fureur du Lycan...
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Contrairement à ses compères masculins, la vampire savait se défendre. Elle pouvait remercier ses longues lignes féminines qui lui offraient une agilité de panthère. Aiden en fît d’ailleurs les frais : sa peau tendue, qui le brûlait atrocement par des muscles gonflés à l’extrême, se retrouva vite douloureusement entaillée par les ressources tranchantes de la jeune femme. Plus celle-ci se mouvait et le malmenait, plus le lycanthrope était en proie à de la rage - le sang entraînant le sang - et de l’incompréhension. Le parfum que portait son adversaire prenait de plus en plus le pas sur la puanteur cadavérique, typique d’un buveur de sang. Cela voulait-il dire qu’il devait prendre le risque de baisser sa garde et de se laisser berner pour une stupide affaire olfactive ?
Le loup grogna pour se recentrer, donnant des coups lui aussi, malgré les injonctions incompréhensibles que l’ennemie proférait. Lorsqu’il toucha sa cible, lui lacérant légèrement le ventre, il éprouva une certaine satisfaction sans se laisser berner par les atouts dévoilés sous le vêtement déchiré. Ces créatures étaient conçues de telle manière, que tout était prétexte à la déconcentration et à l’hypnose, jusque dans leurs attributs physiques ! Une ruse malsaine, très efficace sur le commun des mortels.
Aiden bondit, décidé à en finir rapidement. Trop rapidement. La rouquine saisit l’opportunité de cette attaque précipitée. Un saut, une pirouette, et la voilà clouée dans le dos du loup. Elle l’étreignît de manière sanglante, comme seules les créatures de la nuit en était capable après tout : ses ongles, profondément enfoncés dans la chair du lycanthrope, et ses canines, bien ancrées dans sa jugulaire.
Un râle rauque s’échappa des lèvres d’Aiden. Il reprit plus ou moins volontairement sa complète forme humaine, essayant d’atténuer physiquement l’emprise de... De qui ? Son nom, il l’avait à nouveau sur le bout de la langue. Il grogna plus fort, frustré, et s’empara fermement des cheveux qui caressaient insidieusement sa joue en redressant son bras vers l’arrière. Ce geste, fût quelque peu douloureux, invitant les ongles de son assaillante à s’enfoncer plus profondément, jusque dans son pectoral et sa clavicule. De sa main libre, il saisit alors le poignet frêle de la dame et le repoussa, libérant une partie de son torse avec quelques picotements.
« Putain, jura-t-il, lâche-moi...
Il essaya de réfléchir à un moyen de pression tandis qu'elle s'évertuait à boire son sang rapidement.
- ...ou je t’arrache la tête !
Il empoigna plus fermement les cheveux fins et flamboyants de la vampire, menaçant de la scalper. Evidemment, il savait qu’il ne pouvait pas le faire, au risque de se faire couper la jugulaire du même coup. Empoisonnée par la morsure, elle ne cicatriserait pas et il se viderait de son sang comme un vulgaire humain. Sa propre tentative lui serait fatale.
- Saloperie de...
Il recula rapidement, sans lâcher prise, et écrasa le corps de la vampire entre son dos et le mur. Tenace, elle laissa à peine échapper un gémissement d’inconfort et continuait de lui sucer le sang comme un animal affamé. Etrangement, il sentit bien que cela atténuait ses douleurs musculaires, calmant petit à petit ses ardeurs.
Si elle avait été son ennemie, elle avait eu l’occasion de le décapiter. A moins qu’elle ne désirait s’amuser ? Et prendre le risque de se faire tuer ? Le loup desserra petit à petit sa poigne du cuir chevelu de la dame mais s’évertua à maintenir la pression contre la cloison pour la garder prisonnière.
- Lâche-moi...
Les grognements sombres d’Aiden laissaient place à des bruits plus apaisés, presque des ronronnements.
Le ventre mutilé de la jeune femme se collait contre ses flancs et il sentait le liquide chaud se répandre contre lui. Un peu plus et il aurait pu lui ouvrir les entrailles, voire même la couper en deux. Le voulait-il vraiment ?
Il observa le poignet qu’il tenait avec hargne, puis promena son regard sur la main fine qui y était rattachée. Puis sur la parfaite manucure imbibée de rouge. Il caressa ses doigts, qui quelques secondes plus tôt étaient enfoncés dans sa chair.
Aiden soupira, le corps soudainement détendu. Il se mit à sourire en sentant la poitrine de son assaillante, vigoureusement pressée contre le bas de ses omoplates.
- Rayne...
Il l’appela avec une intonation quelque peu explicite.
Retrouver son humanité, c’était retrouver un semblant de raison, mais beaucoup de vices, et celui-là, bien que la situation ne le lui permettait pas, il avait bien du mal à le contenir. Ce n’était pas pour rien que le loup était utilisé pour imager la lubricité de l’homme. Mais peut-être que son désir était amplifié par la morsure ? Il ne connaissait pas très bien les pouvoirs des vampires au final, et ne souhaitait pas plus que ça les découvrir.
- Rayne, lâche-moi, s’il-te-plaît. »
C’était une demande ferme mais nécessaire : elle le vidait de son sang.
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Le sang de Lycan avait toujours été très agréable pour les vampires. Ce n’était pas pour rien si, dans la liturgie vampirique, on avait pour habitude de les approcher des loups. D’ailleurs, d’aucuns disaient que si, à l’origine, les vampires avaient créé les Lycans (bien que cette ascendance soit contestée), c’était avant tout pour mixer le juteux sang d’humain à celui des loups. Le sang des Lycans était vif, intense, chargé, comme une délicieuse drogue. Il se diluait dans la gorge de Rayne, pansant ses plaies, et elle savait que, sous cette forme, Aiden en avait de généreuses portions. Pour autant, elle ne le mordait pas que par plaisir, mais surtout par nécessité. Il fallait qu’elle calme le Lycan, un peu comme une saignée. Et celui-ci se débattait furieusement, remuant dans tous les sens. Rayne frémit en sentant ses doigts se planter dans son cuir chevelu, entaillant sa chair. Et cette partie du corps avait pour habitude de beaucoup saigner, étant celle du cerveau... Le long des cheveux rouges de Rayne, des rivières écarlates se mirent à couler, tombant sur ses épaules.
« Hmmm... »
Rayne chercha à se maintenir, enfonçant ses griffes dans la fourrure du Lycan. Il était massif, terrible, et, s’il ne la tuait pas encore, c’était sûrement parce que, inconsciemment, il se rappelait encore d’elle. Même quand un Lycan se transformait, et devenait une bête féroce, il était rare qu’il oublie vraiment tout de son humanité. C’est ce qui expliquait qu’un Lycan ne s’en prenait que très rarement à sa famille, par exemple. La conscience humaine subsistait toujours. L’esprit humain faisait sur ce point preuve d’une résilience étonnante, même quand il était très fortement diminué. Elle espérait ainsi arriver à faire entendre raison à Aiden... Ce qui finit par se faire.
Las, c’était ensuite à Rayne de se retirer, ce qui fut compliqué. Ce sang... Ah, ce sang était si bon ! Encore une gorgée, rien qu’une... Une toute petite gorgée ! Une redoutable mélodie se jouait dans l’esprit de Rayne tandis qu’Aiden se débattait moins, non pas parce qu’il manquait de sang, mais parce qu’il retrouvait ses esprits. Rayne continuait à boire, à s’abreuver, sentant ce sang délectable fuser en elle. Toute proportion gardée, sa situation ressemblait à une sorte d’orgasme permanent, de jouissive félicité, son corps se détendant progressivement, au fur et à mesure qu’elle buvait de ce sang onctueux.
*Non, non, arrête... Ce n’est plus le même sang ! Rayne !*
Une voix familière résonna dans sa tête, la voix de sa propre conscience intérieure... Se manifestant à travers les souvenirs fantasmagoriques qu’elle imaginait de sa mère. Rayne grogna encore, comme frustrée... Mais se relâcha brusquement. Aiden se débattit alors, et Rayne lâcha prise, tombant au sol. Du sang coulait de ses lèvres, celui du Lycan, tandis qu’elle le regardait. Ses yeux brillaient encore de rouge pendant quelques secondes, et elle gronda encore, comme pour retourner l’agresser... Avant de brusquement s’arrêter. Rayne observa silencieusement le Lycan, en reprenant ses esprits.
« Haaa.. »
Du revers de la manche, elle essuya machinalement le sang dégoulinant de ses lèvres, puis observa de nouveau Aiden.
« Voilà... Hum... Tu es plutôt bon à boire, Aiden. Mais ne t’avise pas de me prendre encore pour un punching ball ! »
Elle regarda ensuite autour d’elle, et secoua la tête.
« Je ne sens plus la trace de Garek... Ils sont partis. »
Il n’y avait plus qu’eux... Dont une Dhampir chargée à bloc. Le sang du Lycan pulsait dans ses veines, la faisant nerveusement trembler. Pour le dire plus simplement... Elle était surexcitée !
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Au son presque sensuel qu'émettait Rayne en buvant allègrement son sang, Rayne semblait appréciait le liquide rougeoyant du lycanthrope. Les vampires étaient peut-être écoeurés par l'odeur de chien mouillé des loups-garous et autres dérivations d'espèces, mais l'hémoglobine vive et pleine d'énergie des lupus les excitait quelque peu...
La réciproque n'était en revanche pas valable... Aiden, du moins, n'aimait pas spécialement le sang des non-morts. Un sang froid. Putride. Pourtant, celui de Rayne, qu'il avait eu l'occasion de goûter, n'était pas un mauvais cru. Il mettait ça sur le compte de son hybridation puisqu'elle était une Dhampir.
Lorsqu'elle lâcha prise, au prix de quelques efforts tout de même, le corps du jeune homme se détendit d'un coup, vidé. Échapper à l'exsanguination vous rendait un peu pâteux. Il se retourna en chancelant légèrement pour faire face à sa partenaire. Il plongea ses yeux bleu nuit dans ceux émeraudes de la rouquine. Il y reconnu un éclat d'excitation, dû à ce repas improvisé, ce qui lui rappela qu'il n'avait pas affaire à une simple jeune femme mais à une véritable prédatrice. Sa nature sauvage trouvait cela profondément érotique mais il s'abstint de le montrer, ne serait-ce que par la crispation soudaine de ses muscles.
« Voilà...hum...Tu es plutôt bon à boire, Aiden. Mais ne t’avise pas de me prendre encore pour un punching ball ! Je ne sens plus la trace de Garek... Ils sont partis.
Le lycanthrope grogna légèrement, peu fier de ne pas avoir pu lutter contre la substance chimique que Garek lui avait injecté, et du même fait, d'avoir réduit les chances de Rayne à zéro. Elle qui le pourchassait depuis des lustres... Il n'avait été d'aucune utilité dans cette histoire et son ego en prit un coup.
- Je suis désolé, déclara-t-il humblement. Je sais que tu le traquais depuis longtemps.
Aiden soupira, tendit une main vers les lèvres de la Dhampyr afin d'essuyer, à l'aide de son pouce, une petite tâche de sang oubliée. Sous ce contact étonnement grisant, il constata qu'elle tremblait. Était-ce de la colère ? Ou bien l'adrénaline qui retombait brutalement ?
- Sortir d'ici te ferait du bien je crois. »
Il attrapa délicatement sa main avant de caresser ses longs doigts fins dans le but de l'apaiser, mais également, de la guider à travers le dédale de couloirs et d'escaliers. Il ne s'autorisait à la lâcher que lorsqu'il fallait se débarrasser de foutues portes qui faisaient barrage.
A l'aide de son odorat, Aiden ne visait pas à ressortir vers le hangar initial en rebroussant tout simplement chemin. Cet endroit aussi était truffé de cadavres et il en avait assez de cette odeur pestilentielle de vampires déchiquetés. Non à présent, il les guidaient vers un autre hangar où les macchabées ne serait plus de la partie mais où l'air frais, passant à travers les quelques vitres brisées, leur permettrait de souffler un peu après la bataille.
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Le délicieux sang d’Aiden remuait fortement dans son corps, dans sa poitrine, l’échauffant doucement. Elle s’en pinçait les lèvres, tous ses sens aux aguets. C’était une conséquence de ce sang puissant, qui battait furieusement dans ses veines. On aurait presque pu croire qu’elle avait attrapé un coup de froid. Elle donnait l’impression de grelotter avec ses lèvres qui tremblaient l’une contre l’autre, mais, en réalité, elle était surtout très excitée. C’était une conséquence de ce sang bouillonnant dans ses veines, qui amplifiait ses sens. Elle sursauta quand Aiden la prit par la main, sentant un nouveau frisson la parcourir3. Le Lycan s’excusa de la perte de Garek, et Rayne secoua rapidement la tête.
« Non... Ce n’est rien... »
Même sa voix semblait radoucie. Elle tremblait lentement, et l’homme, pensant qu’elle avait probablement attrapé une sorte de virus, se dépêcha de l’emmener. Inhabituellement docile, Rayne se laissa faire. Pour ne rien arranger, elle ressentait l’odeur sauvage de l’homme, ce soupçon de bestialité en lui, que ce soit en raison de son odorat amplifié, ou, plus simplement, du sang du Lycan battant dans ses veine. Troublée, Rayne avait chaud, sentant surtout cette chaleur croître entre ses cuisses. Ils grimpèrent de nouveau les marches de l’escalier, retournant vers les dortoirs, traversant des couloirs jonchés de cadavres. Loin de la rebuter, ce spectacle excitait encore les instincts vampiriques de Rayne, vu que le sang était encore frais...
Perturbée, elle loupa une dernière marche, et tomba au sol, surprenant Aiden. Galant, l’homme se retourna pour la relever. Rayne tremblait alors comme une feuille, et, si l’homme regardait sa poitrine, il pourrait voir que les seins de Rayne avaient légèrement gonflé. Ses joues avaient rougi, et son visage se retrouva proche du sien, à tel point que son souffle rebondissait contre cleui de l’homme.
« Ai-Aiden, je... »
Et ce fut le souffle de trop, la seconde de basculement, l’oscillation... Rayne bondit brusquement en avant. Sa main se posa sur le torse d’Aiden, et elle le plaqua contre le mur du couloir, tout en grimpant de nouveau sur lui, ses jambes s’enroulant très naturellement autour de la taille de l’homme. Aiden aurait alors pu comprendre que, ayant pris goût à son sang, Rayne ne retourne le boire, mais, au lieu de ça, elle se précipita sur ses lèvres, et l’embrassa longuement. Son corps se crispa contre le sien, et la Dhampir soupira longuement, plaquant ses lèvres contre les siennes.
« Hmmm... !! »
Rayne soupira encore, mordillant même les lèvres de l’homme. Pour son malheur, la Dhampir n’avait pas souvent l’occasion de faire l’amour, et elle ressentait une sorte d’attraction alchimique envers l’homme, inexplicable... Sanguine ! Toujours est-il qu’elle l’embrassait avec un appétit indiscutable, se collant encore à lui, gémissant à nouveau, ne rompant le baiser que pour mieux le reprendre. Le sang du Lycan bouillonnait dans ses veines, et elle n’avait plus personne à tuer pour évacuer cette surcharge d’énergie qui pulsait en elle.
Et la passion était là, brûlante. Aiden pouvait d’ailleurs sentir les ongles de Rayne s’enfoncer légèrement contre sa chair.
« Haaaa... »
Rayne tremblait encore, mais, maintenant que ses pulsions trouvaient enfin un moyen de se canaliser, elle commençait, somme toute, à aller mieux !
-
Ils n’avaient même pas atteint l’étage extérieur qu’Aiden fut stoppé net. Son bras, tendu brutalement, le fit se retourner. Rayne, fébrile, venait de trébucher. Son corps longiligne était affaissé. Décidément, cela n’allait pas du tout ! Peut-être était-ce un effet secondaire du liquide expérimental de Garek. Elle l’avait ingéré indirectement après tout.
Inquiet, Aiden se pencha, prêt à la porter s’il le fallait, mais trop précipitamment. Leurs visages se retrouvèrent plus proches que voulu.
« Ai-Aiden, je...
Il n’eut pas le temps de lui demander si elle n’avait rien de cassé, pourtant conscient que l’intonation de sa voix se faisait très sensuelle pour une telle situation. Le lycan se retrouva plaqué au mur. Le gémissement de surprise qui voulut s’échapper mourut lamentablement, étouffé par les lèvres pourpres de la Dhampir. Elle avait déjà enroulé ses jambes autour de la taille du loup.
Prisonnier d’une étreinte avide et passionnée, Aiden essaya de caler son rythme sur celui de Rayne, rendant d’abord maladroitement les baisers avant de les rendre plus profonds encore. Les bruits presque obscènes de la jeune femme avaient balayer très vite toute résistance. Le loup souleva la rouquine en calant un bras sous ses fesses, puis il posa une main sur sa nuque pour empêcher leurs lèvres et leurs langues de se détacher l’une de l’autre, ne serait-ce que pour reprendre un souffle.
Bien que sa raison lui indiquait clairement que Rayne n’était pas dans son état normal, son parfum enivrant et et son corps cupide empêchait Aiden de faire preuve d’une once de galanterie.
Fiévreux, haletant, il bascula sur le côté, inversant la situation : sa partenaire se retrouva plaquée durement contre le mur. Sous le coup, la braguette du loup poussa involontairement contre le creux des cuisses de la Dhampir. Ce fût comme un électrochoc. Le jean emprunté pour éviter la nudité post-transformation était devenu douloureusement étroit. Comment pouvait-il réagir aussi vivement face à l’un de ces ennemis naturels ?
Grognant lourdement, il agrippa les cheveux de Rayne afin de détacher ses lèvres et interrompre, bien à contre cœur, leurs baisers.
- R...Rayne... ?
Il n’arrivait même pas à prononcer la totalité de sa question, troublé et essoufflé par le désir. Aiden avala difficilement sa salive, partagé entre deux finalités. Coucher avec elle, ou essayer de la calmer car il ne s'agissait peut-être que d'un désir véritable... Son cerveau essayait de réfléchir, mais l'afflux sanguin vers son bas-ventre rendait les tergiversations très compliquées. Il grogna plus fort encore, plongeant son regard dans les magnifiques yeux verts de Rayne. Enterrant ainsi toute forme de volonté.
- Eh merde... »
Il l'embrassa à nouveau, furieux de sa faiblesse, mordant sa lèvre inférieure pour mieux laper le sang par la suite et l'embrasser à nouveau, encore et encore, goulûment et bruyamment. L'écho de leurs échanges allant bien loin dans les couloirs...
-
C’était l’afflux sanguin. Une décharge d’adrénaline qui éclatait dans ses veines. Comme quoi, même le vampire le plus sophistiqué du monde, le plus apaisé, le plus cultivé, était un être de passion. C’est ce qui faisait que les vampires devenaient souvent fous, accrocs au sang jusqu’à en perdre la raison. Et là, Rayen n’avait personne à tuer, alors... Elle se serra contre le corps d’Aiden, qui frémit sur place, et l’embrassa en retour. L’homme n’hésita pas à glisser une main sur le cul moulé de Rayne, faisant frémir cette dernière, dont le baiser devint un peu mordant, tandis qu’il empoignant ses cheveux d’une main. Puissant et bestial, le Lycan serrait le corps de Rayne contre le sien, faisant ainsi durer le baiser, amenant Rayne à gémir longuement contre lui. Ses mains se serrèrent sur son torse, pinçant sa chair, et il la déplaça.
« Hmmmm... » soupira Rayne en heurtant le mur.
Leurs lèvres se décollèrent pendant quelques infimes secondes, puis, comme si les deux amants étaient possédés l’un et l’autre, Rayne retourna l’embrasser, goûtant à ses lèvres, les mordillant se pressant contre lui, frottant son corps au sien. Sa combinaison crissait doucement sur son torse nu, et elle frémit encore en sentant une belle bosse pointer entre ses cuisses. Aiden avait une brusque érection, qui émanait sans doute du fait qu’il était un Lycan embrassant une semi-vampire. Même si leurs deux races se détestaient, elles étaient aussi, paradoxalement, très proches l’une de l’autre. Deux races de prédateurs, ce qui expliquait peut-être leur attirance mutuelle... Ou le fait que le sang d’Aiden pulsait dans les veines de Rayne.
La femme en avait les joues rouges, frémissant de plaisir tout en poursuivant le baiser. De délicieux soupirs s’échappaient de ses lèvres, tandis qu’Aiden continuait à s’appuyer contre elle, griffant sa cuisse, retournant palper ses fesses, faisant lentement crisser la combinaison de la femme. Elle soupira encore, serrant ses hanches autour de sa taille, et se redressa un peu, prenant appui sur lui, jouant avec sa langue. Celle d’Aiden s’enfonçait en elle, marquant le pas sur elle, et Rayne gémissait doucement, le léchant en retour, et donna de légers coups de reins, se frottant ainsi contre sa queue.
Au bout d’un moment, leur baiser se rompit, un mince filet de salive venant les relier pendant quelques secondes.
« Oh, Aiden... Hmmm, Aiden... »
Elle soupirait son nom, créature envoûtante à la chevelure écarlate. Comment résister face à elle ? Comment tenir face à cette beauté incroyable ? Rayne gémit encore, ses seins commençant à lui faire mal, se compressant dans son corset, et elle gémit une nouvelle fois, se tortillant sur place.
« Fais-moi l’amour, là, allez... Baise-moi, Aiden ! » l’implora-t-elle.
Comment résister à un tel appel ?
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Aiden restait un animal. Lorsque Rayne lui ordonna de lui faire l’amour - pire encore - de la baiser, il ne put résister à ses instincts les plus primaires.
D’un geste violent il se débarrassa de l’étreinte de ferme de la jeune femme, l’obligeant à remettre pied à terre. En la saisissant par les épaules, il amorça un énième baiser avide mais se stoppa à la dernière minute pour la retourner sauvagement et la plaquer, face contre le mur. Par réflexe, le lycan cogna son bassin contre les fesses parfaitement moulées de la Dhampir.
La combinaison de cette dernière, bien que pratique pour le combat et pour mettre en valeur ses courbes féminines, était devenue en l’espace de quelques secondes un barrage détestable.
Le loup se souciait bien peu de l’état dans lequel rentrerait sa comparse. Il empoigna avec force la poitrine de Rayne et la massa impatiemment, mettant à l’épreuve le tissu qui crissait bruyamment. Ce bruit aussi le gênait.
Il y planta ses doigts, s’empara de cette seconde peau d’un noir brillant, puis le déchira à la verticale, lentement, prenant le temps de découvrir ce corps élancé et longiligne qu’il désirait posséder de plus en plus douloureusement.
Les vampires étaient de fins manipulateurs et les humains leur attribuaient aisément des capacités d’hypnoses, justifiant certaines dérives sexuelles par un pouvoir quelconque. Aiden savait qu’il n’en était rien. La nature faisait bien les choses, voilà tout. Il avait rendu certains de cette espèce beaux et dangereux, tandis que certains humains eux, étaient faibles et envieux.
Craignant que sa partenaire n’aie froid, il la recouvrit de tout son corps, collant son torse à son dos. Il mordilla son oreille, sa mâchoire, puis planta ses crocs dans son cou, sans se délecter de son sang, simplement pour le plaisir de la mordre, puis il recommença sa manœuvre, revenant jouer avec tout ce que sa langue pouvait trouver à proximité de sa jugulaire.
La respiration lourde et saccadée, Aiden ouvrit son jean et l’abaissa d’une main, délivrant un membre dressé qui alla se glisser instinctivement contre l’intimité de la Dhampir...
« Rayne.... » murmura-t-il comme pour chercher l’approbation. Car il n’oubliait pas qu’elle n’était pas dans son état normal. Mais ce que femme veut...femme l’obtient.
Dans un mouvement plus doux, le loup caressa la gorge de la Dhampir, puis sa poitrine, son ventre, et plus bas encore... Il découvrait chaque forme, chaque courbe, chaque parcelle de peau... Tout ce qu’elle cachait à la vue de tous mais que tous pouvait deviner... Il en soupira de satisfaction, bien qu’il n’était ni le premier et certainement pas le dernier à l’avoir vue ainsi. Mais son ego se contenterait de lui offrir tout autant de plaisir que les autres, si ce n’est plus.
Alors il se laissa aller, caressa le clitoris de la Dhampir de manière à la faire languir, ondulant et tournoyant son majeur dans un sens puis dans un autre pour qu'elle ne s'habitue à aucun de ses mouvements. Elle lui avait donné un ordre impératif, mais il n'était pas dans l'obligation de lui obéir après tout. Un loup reste libre.
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Rayne était partie, elle avait laissé ses pulsions s’exprimer librement, et le faisait sans retenue. Oh, c’était si bon ! Mais, en même temps, elle était terriblement frustrée. Tout son corps l’élançait douloureusement, et Aiden, plus maître de lui-même, la retourna, et la plaqua contre le mur. Rayne frémit doucement, gémissant même de plaisir, avant de sentir les mains de l’homme s’attaquer à sa tenue. Sa tenue de combat était aussi un véritable fétiche sexuel, mais, dans cette situation, compte tenu de leur soif sexuelle mutuelle, Aiden était surtout embêté. Bien sûr, il aurait pu retirer le pantalon plus simplement, mais Aiden choisit de le faire plus bestialement… En déchirant d’un coup sec le pantalon, arrachant à Rayne de multiples gémissements. Elle laissa l’homme la labourer, griffant au passage son corps, tout en dénudant ses jambes, puis fit de même avec son corset, sans aucune gêne pour la beauté de l’ensemble. Rayne avait fort heureusement des tenues de rechange, et frémissait devant cette violence préhistorique, celle d’un mâle en manque de sexe.
« Aiden… »
Son corset n’avait pas échappé aux mains de l’homme, témoignant de sa force surréaliste de Lycan, qu’il arrivait à déployer sans se transformer pleinement, et sans encore perdre le contrôle. Boire son sang lui avait peut-être permis de mieux se contrôler ? Rayne savait que les Lycans étaient des individus puissants, mais qui, comme les vampires, avaient du mal à contrôler leurs pulsions. La lycanthropie était toutefois encore plus embarrassante que le vampirisme, et plus difficile à maîtriser. Mais là, Aiden s’en sortait très bien, et, désormais nue ou presque, n’ayant plus que ses gants, Rayne pouvait sentir la verge de l’homme contre ses fesses. Même sa culotte y était passée !
Aiden n’était toutefois pas pressé, malgré la violence de ses mouvements et le sang qui remuait nerveusement et furieusement dans sa poitrine. En effet, il ne pénétra pas la femme, mais s’attaqua avec ses doigts à son sexe. Là, dans son dos, il avait planté ses crocs dans son cou. Impossible pour un Lycan de boire le sang des autres avec l’aisance d’un vampire, mais il y allait quand même, et la douleur éclata doucement dans le corps de Rayne.
« Lààà, ouii… »
Oh, comme c’était bon ! Elle soupira encore, et se dandina sur place, sentant les doigts du Lycan jouer dans sa chatte, titillant les flammes en elle. Elle commençait à mouiller doucement, et grogna de frustration, ses griffes raclant le mur.
« Tu… Qu’est-ce que tu attends, Ai-Aiden ? Je sens ton sang bouillonner dans tes veines, ta queue contre moi… Haaa… »
Aiden la provoquait délibérément, mais Rayne n’était pas une jeune vierge. Elle était une guerrière aguerrie, et, même si elle n’avait pas fait l’amour depuis bien trop longtemps, elle pouvait encore se ressaisir… Et grogna encore, avant de se retourner brusquement, et l’embrassa fougueusement, poussant en avant en serrant les cheveux de l’homme dans l’une de ses mains. Aiden glissa au sol, et se retrouva à terre. Rayne le domina alors, en souriant, et lui retourna la pareille, frottant ses cuisses contre le sexe de l’homme, ses lèvres intimes glissant sur sa verge.
En souriant, ses mains caressèrent le torse d’Aiden, griffant légèrement sa peau, et elle s’amusa à faire couler sa mouille le long de sa verge, sans pour autant s’empaler dessus.
« Tu vois… Moi aussi, je peux jouer avec toi, mon loup… »