Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Dictature d'Ashnard => Discussion démarrée par: Cirillia le lundi 29 mai 2017, 00:37:08

Titre: La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le lundi 29 mai 2017, 00:37:08
Kaer Gelen (https://cdnb.artstation.com/p/assets/images/images/004/307/831/large/kirill-astredinov-12.jpg?1482263510) était un agréable village situé à l’orée de vastes montagnes, dans des régions froides et hivernales de l’Empire d’Ashnard. Ici, les conditions climatiques étaient rugueuses, la neige tombait régulièrement. Le fleuve était une condition de survie fondamentale de la région, car, compte tenu des forêts épaisses, envahies de monstres, et entourées par les montagnes, le meilleur moyen de communiquer avec le monde extérieur passait par le fleuve. Kaer Gelen était le siège d’un clan local. Ces différents clans avaient été annexés à l’Empire il y a plusieurs décennies, et, même si les Impériaux avaient regroupé la région sous une seule et même province, et avaient tenté de la pacifier, les vieilles rancœurs avaient la vie dure, et les multiples clans continuaient régulièrement à guerroyer, ou à se chercher des noises, se reprochant quelque vieux contentieux remontant à une époque où personne n’était encore né.

*Le poids des traditions...*

Ciri’ était arrivée par la terre, suivant une annonce qui émanait du jarl lui-même. Le seigneur de Karl Gelen avait une fille, une redoutable femme. Une tête brûlée qui devait un jour devenir la prochaine jarl, les traditions autorisant les femmes à hériter. Sa fille avait disparu depuis deux semaines, après avoir tué plusieurs gardes et des servantes.

« Sire Hucbert n’a pas d’autres héritiers. Vous comprenez donc l’embarras de sa situation. »

Hucbert, le jarl de Kaer Gelen, était dans une situation complexe. Sa fille, Alwin (https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/originals/a3/57/ae/a357aea43a0cb446b4bd511b10576a43.jpg), était reconnue pour ses impressionnantes qualités martiales, mais était victime d’une malédiction. Il y a deux semaines, elle s’était transformée en un abominable monstre, et avait tué les gardes la surveillant, des servantes qui passaient par là, avant de fuir dans la forêt. Depuis lors, elle n’était plus revenue, mais les villageois rapportaient que, les nuits, on pouvait entendre des hurlements inhumains émanant des montagnes.

Les chasseurs avaient trouvé des cadavres de loups massacrés dans la forêt. Hucbert avait soupçonné les autres clans locaux.

« Bien que nous soyons sous l’autorité de l’Empereur, chaque clan s’administre de son côté. Le Préfet impérial le sait bien, et nous organisons prochainement un Conclave. Il est impératif que Sire Hucbert puisse retrouver sa fille avant que l’assemblée n’ait lieu. »

Le Conclave était une réunion annuelle des différents jarl, dont le but était de discuter de l’avenir de la région, des alliances politiques, et de l’état global des clans. Une réunion cruciale, où Hucbert risquait d’être en difficulté, car Alwin avait désormais l’âge requis pour être jarl, tandis que lui se faisait vieux. Le Conclave était donc fondamental, car, si Hucbert ne parvenait pas à présenter une héritière, il risquait de finir sous tutelle d’un autre clan. La situation était donc préoccupante, mais concernait fort peu Cirillia au demeurant.

Elle, elle voulait surtout se renseigner sur l’état de la chambre d’Alwin, qui, d’après les dires du bourgmestre l’accompagnant, n’avait pas été modifiée depuis son départ. Les agents du jarl avaient mené des investigations, et n’avaient cependant rien trouvé, mais n’avaient, toujours d’après les dires du bourgmestre, rien déplacé.

*Si on l’a empoisonné, l’individu derrière ce complot a logiquement dû s’assurer d’avoir quelque subordonné pour faire le ménage...*

Pour l’heure, Ciri’ avait beaucoup d’hypothèses à l’esprit, mais devait entamer son enquête pour pouvoir affiner les faits, et orienter ses investigations. Le duo montait des marches, se dirigeant vers la chambre d’Alwin.

« Je... Je me dois également de vous avertir que... Une autre personne est arrivée il y a quelques minutes avant vous, et a commencé à inspecter la chambre.
 -  Qui ça ?!
 -  Hum... Eh bien... Elle... Elle est comme vous. Enfin... Elle a des épées dans le dos, et... Un médaillon. »

Une sorceleuse ?! Ciri’ en fut relativement surprise, et se dirigea d’un pas hâtif vers la chambre concernée...

...Sans savoir qu’elle allait rencontrer une connaissance lointaine !
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le lundi 29 mai 2017, 10:36:36
Montagnes, forêts denses, densité de population assez faible, le terrain était plus que propice à la prolifération de monstres dans cette région éloignée de l'Empire. Amalia s'y était rendue afin de s'y perdre pendant quelques temps. Elle passait régulièrement par de telles phases dans sa vie, où les villes et les fortes concentrations de gens l'insupportaient, ainsi que la formation de jeunes sorceleurs. Dans ce genre de cas, Amalia partait sans un mot à qui que ce soit, et on ne la revoyait plus à la forteresse pendant des mois, voire des années. Outre la moins grande concentration de ses semblables dans ces régions, elles étaient si infestées que les contrats ne manquaient jamais.
Mais en arrivant à Kaer Gelen, la sorceleuse était loin de s'imaginer qu'une partie de son passé allait quand même la rattraper, ici, au beau milieu de nulle part.
La première surprise avait été la façon dont elle avait été accueillie par les gardes, qui l'avaient laissée entrer sans protester, et lui avaient "suggérée" d'aller faire ses présentations auprès du Jarl local. Il s'était rapidement avéré que ce Jarl était dans une situation désespérée, une situation qui nécessitait les services d'une professionnelle. La fille du Jarl était la victime d'une malédiction, et s'était transformée il y a environs deux semaines en un monstre qui avait massacré nombre de gens avant de fuir dans les montagnes. Les conséquences politiques de cet événement avaient, au mieux, fait lever un sourcil à la demi-elfe qui n'y accordait aucune importance, si ce n'est que le Jarl était pour le coup prêt à payer cher ses services en cas de succès...mais succès de quel genre, cela restait encore à déterminer.

Amalia avait rapidement demandé à examiner la chambre et les effets personnels d'Alwin, puisqu'il n'y avait visiblement plus de témoin direct de sa fuite encore vivant. La seule chance d'obtenir des éléments préliminaires de réponse devaient se trouver dans cet endroit, même si la sorceleuse était certaine de devoir aller en expédition dans les montagnes pour trouver d'avantage d'éléments. Elle ne savait pour le moment rien d'autre, ni sur la nature de la malédiction, ni sur la forme monstrueuse que la fille Jarl avait pris, et il était pour elle hors de question de se jeter dans une chasse sans connaître sa proie.
Elle se doutait néanmoins d'une chose, quel qu'aie été le moyen employé, quelqu'un d'extérieur était responsable de cette situation.

Un prétendant repoussé, un orgueil froissé, un clan rival...ce n'est pas les ennemis qui manquent.

Amalia se trouvait maintenant dans la chambre de la fille du Jarl. Une tempête semblait s'y être déroulée, et elle marchait à pas feutrés en faisant attention à ne pas déplacer le moindre élément sur son passage. Les gens du Jarl n'avaient rien trouvé dans cette chambre qui puisse les mettre sur une piste, mais ils n'avaient pas les sens aiguisés d'une sorceleuse avec eux. Les mutations amélioraient drastiquement les cinq sens, Amalia pouvait voir, entendre, sentir, des choses que les humains normaux ne pourraient jamais espérer discerner. Mais avant qu'elle n'aie le temps de véritablement inspecter la chambre dans le détail, elle entendit des bruits de pas s'approcher rapidement, et la porte entreprit de s'ouvrir.

Il me semblait vous avoir dit de...

Me foutre la paix. Cela aurait du être la suite logique de sa phrase, si elle ne s'était pas interrompue d'elle même dans sa lancée.
Le trou du cul du monde, et il fallait quand même qu'un élément de son passé resurgisse. Le destin avait-il encore décidé de la faire chier ?

Ciri' ?

Cela faisait des années qu'Amalia n'avait pas croisée son ancienne apprentie, une véritable furie et une tête de mule, mais qui comme elle avait enduré très jeune la dureté de ce monde. Elle avait été aussi suffisamment teigneuse pour survivre aux mutations, elle était l'une des seules sur la vingtaine d'enfants dont Amalia avait eu la charge à l'époque à devenir une sorceleuse, puis leurs chemins s'étaient séparés, forcément. Mais même si plusieurs années s'étaient écoulées, elle reconnaissait Cirillia...et la demi-elfe ne savait pas trop si elle était heureuse de la revoir, ou justement irritée qu'un élément de son passé ne vienne à elle dans une période où elle était semblable à un ours voulant être seul.

Le trou du cul du monde, et il faut qu'une de mes pires élèves vienne me dénicher...tu n'a pas un cul de princesse à aller torcher pourtant ?

Toujours aussi charmante, l'élève se rendrait vite compte que son ancienne mentor n'avait pas changé d'un poil, même si au fond, elle était heureuse de la revoir.
Chose que bien entendu, elle ne dirait jamais à haute voix.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le lundi 29 mai 2017, 13:24:56
Cirillia ouvrit la porte sans daigner toquer à cette dernière. Les sorceleurs n’étaient guère nombreux maintenant, et tomber sur un autre ici était déjà, en soi, exceptionnel... Mais sa surprise fut d etaille en voyant la silhouette se retourner, prête à l’invectiver, avant de se figer sur place. Ciri’ elle-même, qui avait une répartie bien saillante en bouche, se tut en écarquillant brièvement les yeux. Cette longue chevelure rousse, ces tresses nouées, ces lèvres tendres, ces yeux jaunes témoignant du fait que la femme avait brillamment réussi l’Épreuve des Herbes...

« Amalia... »

Les souvenirs lui revinrent instantanément. Il y a de cela des années, quand le village natal de Ciri’ avait été détruit par un dragon, provoquant la mort de son père, la jeune fille était furieuse, pleine de colère. Un véritable garçon manqué, qui se battait dans les rues contre les autres garçons, et qui avait fini par fuguer. Elle avait entendu parler, dans sa ville, des sorceleurs, et, quand elle avait appris qu’un sorceleur était en ville, elle avait cherché à le voir. Elle s’était rendue à l’auberge, et avait appris que ledit sorceleur était parti en forêt chasser un monstre. Ciri’ était partie sur ses traces, en pleine nuit, car la bête que le sorceleur chassait, un Spectre de minuit, rôdait dans un cimetière à l’extérieur de la ville.

Cirillia s’était approchée, et avait vu la femme en train de méditer, yeux clos, avant que le fantôme ne sorte de son caveau. Ce qu’elle avait vu ensuite l’avait tout simplement bluffé. Un combat d’une qualité » rare, et, quand la sorceleuse avait vaincu le Spectre, Cirillia avait compris qu’elle avait là trouvé sa vocation. Après un rapide mot laissé à sa famille, elle avait réussi à convaincre la sorceleuse de la suivre. Et cette sorceleuse se tenait maintenant devant elle.

Un léger silence plana pendant quelques secondes. Ciri’ se remémora ensuite ses années de formation, difficiles, autant pour elle que pour Amalia. Du propre aveu de la sorceleuse, elle n’avait jamais rencontré une telle tête brûlée, toujours à contester, à critiquer, ou à faire le mur afin de chasser les monstres... Mais, en même temps, Cirillia avait été une femme très motivée, très énergique. Elle n’avait pas été jusqu’à l’Épreuve des Herbes, ce qui expliquait pourquoi ses pupilles n’étaient pas jaunes, mais elle disposait, elle aussi, de ses propres sens surdéveloppés, notamment depuis qu’elle avait bu le sang d’un dragon.

Amalia finit par parler, et Ciri’ sourit.

« Je vois que tu as fait tes devoirs. »

Ciri’ était donc maintenant affiliée à Sylvandell ? Il est vrai qu’elle s’y rendait souvent.

« Je suis la maître d’armes d’une véritable tête brûlée, qui n’en fait qu’à sa tête, refuse de tenir compte de mes enseignements. Ça te rappelle quelqu’un, je suppose... »

Il était amusant de voir combien Alice, tout en étant très différente d’elle, lui était également semblable sur beaucoup de points. Elle se rapprocha un peu, en oubliant brièvement son enquête.

« Et je lui ai également pris sa virginité... Il semblerait que tu aies déteint sur moi bien plus que ce que je pensais. »

Ciri’ s’était bien rapprochée, et lui sourit alors, plus affectueusement, en se rappelant de la fois où Amalia lui avait fait l’amour, avec son expérience redoutable. Elle lui avait, de fait, pris sa virginité, et elles avaient longuement fait l’amour. Et, même au lit, Amalia avait réussi à la dominer. De fait, Ciri’, à l’époque, n’avait jamais réussi à la vaincre, et Amalia était une formatrice assez rude, n’hésitant pas à la frapper ou à la blesser.

« Enfin... Je suis ravie de te voir, Amalia... Même si je ne m’attendais pas du tout à te voir ici. »

Et c’était manifestement réciproque.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le lundi 29 mai 2017, 23:34:56
Amalia avait toujours éprouvé des sentiments très contradictoires à l'égard de Cirillia, elle pouvait aisément l'adorer et la détester en même temps, et ce pour exactement les mêmes raisons, même si son caractère en était l'une des raisons principales. Elle l'avait rencontrée quand elle n'était encore qu'une gamine, encore endeuillée par la mort de son père des griffes d'un dragon. Amalia se souvenait encore de cette nuit, où elle avait affronté un spectre, pour finalement se rendre compte, après l'avoir vaincu, que son combat avait eu tout du long une spectatrice, une jeune, qui ne voulait plus la lâcher.
Réticente initialement, Amalia avait fait l'effort de l'écouter sur le chemin du retour, pour collecter sa prime. Ce qui avait fini par la frapper, c'était à quel point cette gosse avait déjà la haine du monde qui l'entourait, et la haine de ces créatures qui tuaient pour le plaisir, en plus d'être une véritable tête de mule teigneuse...ce qui n'avait pas été sans lui rappeler son propre caractère. Ainsi, une fois de retour au village, la sorceleuse avait pris sur elle d'emporter cette gamine, afin de la former. Elle avait fait partie de celles et ceux à survivre aux premières épreuves, et Amalia était certaine que Ciri' aurait pu survivre également à la toute dernière, celle qui l'aurait dotée de ses mutations, et fait d'elle une vraie sorceleuse.
Mais ça n'avait pas été le cas.
Un soir des rumeurs avaient fait écho jusqu'à la forteresse de la présence dans une région avoisinante d'un grand dragon noir, à la description semblable de celui qui avait quelques années auparavant massacré le village de Cirillia. Cette dernière s'était volatilisée, pour partir à sa poursuite. Le hasard avait voulu qu'ainsi, Cirillia manque l'épreuve des herbes, ce qui de facto, la bannissait à vie de l'ordre des sorceleurs.
Amalia en avait été en partie jugée responsable, une responsabilité qu'elle avait encore aujourd'hui du mal à encaisser.

Regarde toi...à te pavaner comme si tu étais mon égale, encore aurait-il fallu pour cela que tu aies eu le cran de te pointer à ta dernière épreuve.

Amalia venait de faire la part des choses...et elle avait décidé qu'elle serait de mauvaise humeur.

Moi non plus, je ne m'attendais pas à te voir ici, ni même jamais à vrai dire.

Elle pencha alors soudainement la tête sur le côté, pour observer le serviteur qui ne s'était toujours pas eclipsé, et écoutait la conversation d'une oreille fort peu bienvenue.

Et vous, si vous ne vous barrez pas tout de suite au loin, je me chargerais de vous couper la langue et les oreilles.

Sursautant subitement, le serviteur fit une légère courbette, avant de fermer brutalement la porte derrière lui, pressé de mettre entre lui et la potentielle colère d'une sorceleuse autant de distance que possible. Amalia recadra alors son attention sur son ancienne élève, et ce qui émanait d'elle était moins de la colère qu'une forme de déception.

Quoi ? Après m'avoir fait l'honneur de ne pas assister à ton épreuve, mes charmants pairs m'ont mis sur le dos la responsabilité de ta défection. Tu t'attendais à quoi bordel de merde, à ce que je t'acceuilles les bras ouverts ? Qu'est-ce qui t'es passé par l'esprit ce jour là, pour déterminer qu'une rumeur sans fondement valait mieux que la chance pour toi de devenir une sorceleuse ? J'ai supporté durant des années ton caractère imbuvable Ciri', tout ça pour que tu me trahisses au moment le plus important. Peu m'importe que tu aie pris la virginité d'une princesse et que tu lui serves de laquais dans l'espoir de peut-être m'imiter, et peu m'importe aussi que tu aie foutu des dragons à ton tableau de chasse...

La sorceleuse s'approcha alors à son tour, non pas d'un air menaçant, mais de celui d'un mentor déçu, profondément déçu et en colère.

Malgré toute l'affection que j'ai pu avoir pour toi, et que je continue à avoir...tu ne mérite pas ce putain de médaillon, car tu t'es "dégonflée".
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le mardi 30 mai 2017, 00:16:21
Aux termes des longues années de formation des sorceleurs, il y avait une ultime étape, la plus dure, l’Épreuve des Herbes. Plus un rituel qu’une véritable « épreuve », elle consistait à ingérer les élixirs magiques des sorceleurs, pour des résultats variables, allant de la mort à des capacités exceptionnelles. Une épreuve redoutée par son caractère aléatoire, et à laquelle Cirillia s’était soustraite. Toutes ses années d’éducation au sein de l’école des sorceleurs n’avaient pas permis d’étouffer la rage de Ciri’, sa colère envers le dragon noir qui avait détruit son enfance. Elle n’avait jamais vraiment voulu être une sorceleuse, car les sorceleurs ne croyaient en rien. Il n’y avait pas de haine ou de rancœur en eux, juste le sentiment de devoir accomplir une mission dénuée de sens. Alors, Ciri’ n’avait pas participé à l’Épreuve des Herbes, une désertion qui lui avait valu de ne pas être sorceleuse. Dès lors, le médaillon qu’elle portait parfois autour du cou était une hérésie, car seul un sorceleur pouvait le porter. Cependant, la règle n’était écrite nulle part, et le médaillon magique avait l’avantage de vibrer en sentant les sources magiques proches, ce qui n’était pas pour la déranger. Comme souvent, Ciri’ avait agi en suivant uniquement son propre intérêt.

Visiblement, les retrouvailles amicales n’étaient pas du goût d’Amalia, et, devant sa colère, Cirillia se contenta de croiser les bras, tiquant quand la sorceleuse revient à parler d’Alice. Ciri’ finit finalement par sourire, et secoua la tête, avant de décroiser les bras, et de poser ses mains sur ses hanches.

« Oui... Toi aussi, tu m’as manqué. »

Que signifiait une telle colère, si ce n’est qu’Amalia avait été personnellement déçue que Cirillia parte ?

« Ne va pas me faire croire que ma ‘‘défection’’ a entaché ta réputation. Beaucoup d’élèves abandonnent bien avant l’Épreuve des Herbes, et, à ce que je sache, nul n’en fait le reproche. Tu sais très bien que ta vie n’a rien d’enviable. Passer ses jours à traquer des monstres, pour quelques maigres piécettes que tu dépenses dans des élixirs et dans des baumes pour tes armures... Vivre continuellement comme un paria, honni par la population, vu comme un tueur mutant. Les sorceleurs n’ont pas de code de l’honneur. Je n’ai enfreint aucune règle en partant. »

C’était aussi simple que ça. Mais ce n’était pas la vérité, et ce n’était pas ce qu’Amalia voulait entendre. Cirillia la connaissait bien. Cette femme forte, cette tête brûlée, avait eu une enfance difficile, et avait du mal à s’attacher à quiconque. Alors, quand elle avait enfin réussi à s’attacher à Cirillia, et que la sorceleuse était partie, l’avait abandonné, puis s’était ensuite trouvée un poste à Sylvandell... En réalité, Ciri’ n’était pas loin de penser qu’Amalia lui faisait tout simplement une crise de jalousie.

Mais, et malgré tout son franc-parler habituel, Amalia l’aurait certainement tué si elle le lui avait balancé comme ça. Ciri’ n’était pas non plus idiote. Elle soupira donc, tournant le dos à la sorceleuse, puis se pinça les lèvres, baissa la tête, et se retourna, se massant brièvement le front.

« Je n’ai pas fui l’Épreuve des Herbes. C’est... Merde, on doit vraiment avoir cette conversation maintenant ? »

Avouer ses sentiments, ce n’était pas chose aisée pour Ciri’, mais elle savait qu’Amalia ne lâcherait pas l’affaire si facilement.

« Quand j’ai appris que le dragon noir avait été aperçu, je... J’ai hésité. Deux chemins s’ouvraient à moi. La voie du sorceleur, où j’oublierai le reste, afin de tuer des monstres... Et une autre voie, celle de ma vengeance. Je suis partie pour ça... Parce que, si j’étais davantage restée auprès de toi, j’avais peur que les choses ne finissent par changer, que j’oublie ma colère, et... Et tout ça. »

Elle soupira encore, et se déplaça, puis retira brusquement son médaillon, et le lança vers la femme. L’objet rebondit contre sa poitrine, et tomba au sol, tournoyant sur place pendant quelques secondes.

« Je porte ce médaillon parce qu’il détecte les sources magiques, mais aussi parce qu’il me rappelle... Toi. Crois-en ce que tu veux, mais je ne voulais pas rompre avec mon passé, avec mes motivations. J’ai rejoint les sorceleurs pour tuer un dragon, et l’Épreuve des Herbes présente de sérieux risques d’engendrer des phénomènes d’amnésie. Je ne voulais pas perdre ma colère. »

Tout ça était assez confus, mais, en même temps, Cirillia n’avait pas l’habitude de se confier. Elle rajouta finalement, comme pour clore la conversation :

« Pour ce que ça vaut... Alice est douée au lit, mais... Rien en comparaison de tes prouesses. »
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le mardi 30 mai 2017, 19:47:57
Amalia fulminait intérieurement d'éprouver une telle rancœur à l'encontre de Cirillia. En dehors de quelques moqueries, sa défection n'avait en réalité pas eu d'impact sur sa réputation, mais elle avait eu un impact énorme sur elle même. Au cours de ces années, et même si Amalia avait été une mentor très rude, elle s'était réellement prise d'affection pour cette jeune femme, qui lui donnait presque l'impression de se voir dans un miroir, quand elle était plus jeune. C'était très probablement la seule et unique fois où Amalia avait abaissé ses propres défenses émotionnelles, et s'était autorisée le luxe de s'attacher à quelqu'un. La relation de mentor qu'elle avait entretenu avec elle lui avait interdit de lui en faire part, pour des raisons évidentes, mais de telles barrières auraient fini par sauter une fois la dernière épreuve de Cirillia passée. Même si, de fait, elles avaient déjà fini par céder.
Quelques mois avant la date de l'épreuve des herbes, Amalia et Cirillia avaient couché ensemble, et ça avait été la première fois de la jeune femme, qui s'était retrouvée entre les mains d'une sorceleuse qui avait derrière elle des décennies d'expérience en la matière. La demi-elfe avait alors initié cette jeune humaine aux plaisirs de la chair, et l'avait fait dans l'optique de lui offrir une première fois qui ne serait pas traumatisante, au contraire de nombres de filles de son âge qui étaient mariées de force. Elles n'avaient pas réitéré l'expérience, mais elle avait été durablement marquante, pour les deux.
Ainsi, quand Cirillia s'était enfuie, pour ne jamais revenir à la forteresse, Amalia s'était sentie trahie, blessée, et stupide de s'être attachée à cette humaine.
Le temps avait fini par atténuer ce ressenti, et le fait de ne plus avoir de Ciri' que des nouvelles lointaines. Mais la revoir face à elle, voilà qui la remettait pleinement face à ces sentiments. Amalia se trouvait en position de faiblesse, et ne l'acceptait pas, rejetant ainsi la faute sur Cirillia.

Elle l'écouta néanmoins, sans l'interrompre, s'expliquer, répondre aux questions que la sorceleuse s'était longuement posée sur les raisons véritables de ce départ. Ayant attrapé le médaillon qu'elle lui avait lancé en plein vol, elle le tenait dans la paume de sa main. Elle se sentit intérieurement bouleversée d'apprendre que ce médaillon était en partie un souvenir, mais ça ne légitimait à ces yeux rien du tout.

Pour ce que ça vaut...pas grand chose en effet.

Cirillia venait de remettre sur le tapis la princesse dont elle avait la charge, ce qui annihila dans la foulée toute pensée positive qu'Amalia aurait pu avoir vis à vis du discours qu'elle venait de lui sortir. La sorceleuse n'était pas une idiote bornée, elle comprenait les motivations qui avaient été celles de Cirillia. Elle ne les approuvait pas, mais elle comprenait. En revanche, pour elle qui avait secrètement considéré sa relation avec cette humaine comme quelque chose de spécial, une véritable exception, qu'elle soit passée au service d'une pimbêche blonde et qu'elle n'arrête pas d'en faire mention l'irritait. Jalouse, elle l'était, mais l'avouer aurait été encore une fois une preuve de faiblesse, alors elle préférait encore lui opposer le mur de ses paroles acides.
Amalia lui relança alors son médaillon.

Mais tout aussi soit disant "hérétique" que ça puisse être, ce médaillon est le tien, je ne saurais le garder sur moi.

Difficile à ce stade de pouvoir déterminer quoi que ce soit de ces paroles. Amalia était vraiment déchirée dans des sentiments contradictoires vis à vis de Cirillia. Son affection profonde était toujours présente, mais la jalousie et le sentiment de trahison s'y mêlaient, rendant impossible une réelle interprétation de ses actions. Amalia elle même, de toutes manières, ne savait pas trop sur quel pied danser vis à vis de cette situation. Après toute ces années, revoir Cirillia, devenue qui plus est une combattante dont la renommée commençait à se faire connaître, était autant un bonheur qu'une source de souffrance. L'ont disait que les mutations des sorceleurs les privait de toutes émotions, et même si la rumeur n'était pas démentie pour accentuer le côté professionnel de la caste, c'était complètement faux...ils étaient juste très doués pour les masquer.

En revanche, si tu viens pour le contrat, j'ai dores et déjà été engagée par le Jarl lui même, et je n'ai nullement l'intention de partager la prime en deux. Comme tu l'a si bien dit, je travaille dur pour quelques maigres piécettes, et je ne laisserais pas la gourgandine d'une princesse richissime m'en priver.

Amalia, comme à son habitude, mêlait intrinsèquement le sérieux et le sarcasme, au point qu'il était difficile de dire si les menaces voilées dans sa phrase étaient réelles ou du flan. Cependant, vu la nervosité dont elle semblait faire preuve, et vu le passif entre les deux femmes, il y avait fort à parier qu'Amalia n'hésiterait pas à faire valoir ses droits par la force ni nécessaire.
Ce ne serait après tout pas la première fois que la demi-elfe casserait des os de son ancienne élève.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le mardi 30 mai 2017, 23:34:14
La situation était très tendue. Cirillia et Amalia étaient très semblables, des femmes très fières, qui avaient toujours considéré que s’attacher à quelqu’un d’autre était un aveu de faiblesse. Amalia était une sorceleuse expérimentée, qui avait pris sur elle de former cette jeune fille rebelle, en sachant qu’elle n’aurait rien à lui offrir. Les sorceleurs n’avaient en effet rien d’autre à proposer que la mort. On n’apprenait pas à un sorceleur à se battre avec honneur, mais à tuer, à massacrer, à déchiqueter. Un sorceleur n’avait pas une grande visée morale, un grand rêve qui motiverait ses actions. Parler d’Alice, c’était surtout une manière de mettre sur le vif le cœur du problème : le fait que Ciri’ semblait avoir pu se construire une vie sans Amalia.

Et ça, Ciri’ l’avait très bien compris. De fait, Amalia remit encore sur le tapis le sujet, la qualifiant de « gourgandine » d’une « princesse richissime ». Cette fois, Ciri’ sourit en croisant les bras, et pencha la tête sur le côté.

« Tu es sais que tu es encore plus belle quand tu es en colère ? La manière dont tes joues rougissent se marie à merveille avec ta chevelure. »

Provocante, Cirillia se déplaça encore, se rapprochant de la femme. Elle en avait, pour le coup, totalement oublié la nécessité de mener une enquête. Les souvenirs continuaient à affluer. Elle se rappelait de toutes les fois où Amalia l’avait vaincu, la désarmant, et la couchant à terre. Maintenant, Cirillia avait bien progressé, mais elle savait que, dans un combat, Amalia aurait encore le dessus. Mais la question qui se posait ici n’était pas celle d’un affrontement, c’était bien différent.

« Bref, tu es une idiote, Amalia. »

Peu de personnes pouvaient prétendre avoir continué à vivre longtemps en se montrant aussi insultant avec la sorceleuse, mais Cirillia ne voyait pas comment qualifier autrement son comportement puéril.

« Mon départ n’a rien eu à voir avec Sylvandell. J’ai été capturée par eux en tentant de tuer l’un de leurs foutus dragons. La Princesse de Sylvandell... Je n’ai jamais partagé avec elle la relation que j’ai eu avec toi. Pourquoi tu crois que je suis partie ? Que je n’ai jamais voulu revenir ? Ce que je ressentais pour toi... Ça m’obscurcissait l’esprit, je n’arrivais plus à me concentrer, j’en oubliais mes serments. J’ai juré de tuer ce foutu dragon noir, mais, en ta compagnie... Je perdais l’envie de me battre, et ça m’effrayait. Ce lien, cette attraction... J’ai voulu m’en éloigner, en pensant que ça m’aiderait à aller mieux, mais... Je me suis trompée. »

Ciri’ ferma les yeux, tournant de nouveau le dos à Amalia, de sorte qu’elle ne put voir la sorceleuse se mordiller les lèvres.

« C’est quand j’ai rencontré Alice que je l’ai compris. Elle a du caractère, mais c’est une vraie guimauve. Être avec elle, ça m’a permis de réaliser que je m’étais trompée. Sylvandell m’offrait tout ce dont j’ai besoin. De l’or, des ressources, la possibilité de m’aider à retrouver ce foutu dragon... Mais je suis partie. J’ai refusé d’être un Commandeur. Une voie royale, mais, plus je voyais les similitudes entre toi et la tête blonde, plus j’en voyais les différences, et plus je réalisai que... Ben... Je n’ai jamais rencontré une autre femme comme toi. »

Elle la regardait encore, maintenant.

« Je suis désolée de t’avoir fait du mal. Je n’ai pas eu tort de partir, mais j’ai eu tort de ne pas t’en parler, et de ne pas être revenue vers toi ensuite. Je ne sais pas... J’essayais de me convaincre que tu te désintéressais de moi, et que, sans avoir une élève aussi rebelle entre les pattes, tu aurais pu mener une vie meilleure... Mais ce n’était que des excuses, pas vrai ? »

Car la réalité, les deux femmes la connaissaient très bien...
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le dimanche 04 juin 2017, 20:44:58
Mais pourquoi avait-elle accepté de prendre cette petite conne sous son aile ? Et surtout, pourquoi est-ce qu'elle avait commis l'erreur de s'attacher à elle, transgressant ainsi les principes fondamentaux de précaution qu'Amalia elle même s'était fixée ? Cette faiblesse, même maintenant, avec le recul, la sorceleuse avait du mal à vraiment se l'expliquer. Cela faisait partie des choses qu'elle avait fait en suivant son instinct, qui ne pouvaient être expliquées par des arguments ou de la logique...et c'était irrémédiablement con.
La seule chose, concrètement, qui empêcha Amalia de foutre une droite à Ciri' était qu'elle se trouvait sur un lieu dont elle voulait au maximum conserver l'état intact, et qu'elle était dans le palais d'un Jarl qui venait de l'embaucher pour un contrat. Jarl qui, au demeurant, aurait pu douter du professionnalisme de la sorceleuse si cette dernière s'était mise à se battre avec une "collègue" au lieu de se focaliser sur son enquête. Ciri' continua à vouloir se justifier, et Amalia était mieux placée que qui que ce soit pour savoir que quand cette tête de mule voulait partir dans un monologue, seul un baillonnage en règle pouvait la faire taire...manque de bol, ce n'était ici pas une option.
Son monologue semblait ressembler à des excuses, de loin, mais surtout à des tentatives de se justifier, et potentiellement de rappeler à la sorceleuse à quel point elles avaient pu être proches. Mais ça, c'était une autre époque. Bordel de merde, Amalia se sentait sur le point de perdre son sang-froid, mais ignorait encore dans quel sens est-ce que ça allait tourner. Enlacer cette petite conne ? Lui faire bouffer ses dents ? Tout était possible à ce stade, tant la sorceleuse se trouvait dans un état émotionnel chaotique et paradoxal.

Si c'est des excuses que tu essayes de faire passer Ciri', sache que tu peux épargner ta salive.

Non...non elle avait vraiment autre chose à foutre que de se battre avec son ancienne élève. Elle poussa un long soupir, lasse.

Je comprends les raisons qui t'ont poussé à partir. Je ne les approuve pas, mais je les comprends. Mais si tu penses qu'avec quelques excuses tout reviendra comme avant...

Ce ne pouvait pas être aussi simple. La réalité était que plusieurs années s'étaient passées depuis la "désertion" de Ciri', et qu'Amalia avait plus ou moins fait un trait sur son ancienne élève. La revoir au hasard n'avait pas changé le fait que, malgré la colère qu'elle avait pu ressentir peu de temps auparavant en la revoyant, Amalia avait pour ainsi dire fait son deuil.

Peut-être que tu ne m'a jamais oubliée comme tu le prétends, ou peut-être que c'est des conneries pour me ménager pour je ne sais quelle raison, mais en réalité ça n'a aucune importance. "Je" t'ai sortie de ma vie Ciri', tu as fais ce choix quand tu es partie sans revenir, et ce n'est pas au détour d'une rencontre due au hasard que tu changera ça. Ton départ m'a...fait du mal, plus que je ne l'aurais imaginée, plus que ce que mon amour propre aurait voulu. Je ne laisserais pas cette erreur se reproduire. Si tu tenais tant que ça à ce qu'il y aie quelque chose de spécial entre nous, c'est trop tard, car je ne te laisserais plus avoir une telle importance.

Amalia était sortie bouleversée de cet abandon, et il lui avait fallu de nombreux mois pour qu'elle s'en remette. Des mois, elle qui s'était jurée de ne jamais se faire prendre dans ce jeu à la con qu'est l'attachement à quelqu'un. Car au final, et c'était un peu ce que Cirillia lui avait ainsi rappelée, les gens finissent toujours par vous décevoir. Cela lui faisait du mal de dire ça, mais Amalia s'était cette fois jurée de ne plus s'attacher réellement à qui que ce soit.

Fin de cette discussion. Maintenant, revenons-en à notre présence ici. Le contrat. Je l'ai pris la première, et je n'ai nullement l'intention de partager la récompense. Soit tu restes, pour des raisons qui ne me regardent pas, et tu m'aides sans demander de compensation financière, soit tu pars, quitte à ce que je te foute mon pied au cul. Ton choix.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le dimanche 04 juin 2017, 21:54:16
Amalia était comme Ciri’, une véritable tête de mule. Mais, vu la manière dont elle avait insisté sur Alice, et dont elle lui parlait, la sorceleuse n’était pas dupe. La femme tenait toujours à elle, mais Amalia ne l’admettrait jamais. Après tout, si elle l’avouait, elle ne serait pas digne d’être la femme que Cirillia avait aimé. Amalia finit par mettre un terme à la conversation, en lui assurant qu’il n’y avait plus rien entre elles (et en insistant tellement que la sorceleuse ne se faisait guère de doutes sur la réalité des sentiments de la femme), et en lui expliquant qu’elle avait désormais deux options : soit l’aider bénévolement, soit repartir. Ciri’ sourit brièvement, et secoua la tête.

« Travailler bénévolement… Tu plaisantes, j’espère ? Et repartir… Vu le temps que j’ai mis pour venir ici, c’est également à exclure. »

Elles se faisaient de nouveau face, et une certaine tension commençait à devenir palpable dans l’air. Pour autant, Cirillia n’allait pas se laisser désarçonner si facilement.

« Ce qui est arrivé à la fille du jarl est très important. Tu as accepté le contrat, mais je sais que le jarl ne sera pas contre un peu de concurrence. Tu ne veux pas partager ? Très bien, ça me va, à moi aussi. J’enquêterai de mon côté, toi du tien, et la première qui gagne raflera la mise. »

Fini les doux sentiments, Cirillia pouvait aussi se montrer dure et froide quand elle le voulait. En l’espèce, la disparition d’Alwin avait bien des causes possibles, et l’enquête pouvait encore s’orienter sur bien des options possibles. Si Amalia ne voulait pas d’un travail d’équipe, Ciri’ n’allait pas lui supplier, et lui courir après. Estimant en avoir assez dit comme ça, elle se retourna donc, et fila dans le couloir, refermant la porte derrière elle, qui s’abattit dans un claquement.

Le bourgmestre se tenait toujours là, assez nerveux, mais content de voir qu’une bagarre n’avait pas éclaté.

« Parlez-moi des fréquentations d’Alwin, et de ses serviteurs. »

Ciri’ se déplaça avec lui, et le bourgmestre lui demanda quand même si elle contait accepter le contrat.

« Bien sûr. Je ne pense pas que moi et l’autre sorceleuse seront les seules à répondre à votre annonce, de toute manière.
 -  Non, en effet. Outre les sorceleurs, des chevaliers sont également attendus, ainsi que les membres de plusieurs guildes. Ce que nous voulons, ce sont des résultats. Peu importe qui réussit, celui qui parviendra à retrouver Alwin gagnera la récompense, et les autres n’auront rien. »

La dure loi de la concurrence. Ciri’ aurait pu se sentir gênée à l’idée d’être en concurrence avec son ancienne formatrice, mais, en réalité, elle y voyait surtout l’occasion de pouvoir lui damer le pion, et de lui montrer qu’elle n’était plus sa petite élève.

Le bourgmestre lui expliqua que les agents du jarl avaient interrogé les domestiques habituels d’Alwin, des femmes, mais qu’il n’y avait aucun suspect parmi elles. Ils avaient surtout interrogé celle qui avait nourri Alwin pour la dernière fois. Elle avait versé un simple vin avant que la femme ne se couche. Son repas avait fait l’objet d’un examen approfondi, et les enquêteurs du jarl avaient même été jusqu’à fouiller dans les derniers excréments d’Alwin pour s’assurer qu’il n’y avait aucune trace d’empoisonnement.

Cirillia passa les prochaines heures à mener son enquête. Elle interrogea les gardes qui avaient aperçu Alwin, se rendit dans la ville, interrogeant les villageois. Elle inspecta la fenêtre par laquelle Alwin avait bondi, et releva notamment des empreintes épaisses et profondes sur le sol. Ciri’ interrogea les jardiniers et les chasseurs sur les cris qu’ils avaient entendu, et utilisa une corne magique pour reproduire des cris, afin de pouvoir identifier celui qu’ils avaient entendu.

Un véritable travail de fourmi, qui n’aurait pas déplu à Amalia si elle avait pu la surveiller. Elle y passa une bonne partie de la journée, inspecta également les cuisines, et la cave à vins. La jeune femme ne trouva aucune trace d’empoisonnement, ce qui souleva une première question. Qu’est-ce qu’Alwin avait subi ? S’agissait*il d’un empoisonnement ? Ou d’autre chose ? Les investigations de Ciri’ l’amenèrent en tout cas à avoir une idée bien précise sur le monstre, surtout après avoir réalisé divers portraits-robots en recoupant des témoignages.

Et, le soir venu, à l’auberge de Kaer Gelen, elle buvait de l’hydromel, tout en contemplant la double page d’un de ses livres, les traits serrés.

*Tout ça est plus compliqué que ce que je pensais…*

D’après les informations qu’elle avait recueillie, Alwin s’était transformée en une créature redoutable, un monstre terrifiant, suffisamment puissant pour pouvoir même vaincre un sorceleur. Une telle révélation l’incitait évidemment à songer à son hostilité avec Amalia, car Alwin, d’après ce qu’elle en savait, s’était transformée…

…En une strige !
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le lundi 05 juin 2017, 17:22:17
La réaction de Cirillia, vu qu'elle n'avait décidément pas changé d'un iota, avait été hautement prévisible, il aurait fallu qu'elle devienne une "fiotte" pour céder aux menaces de son ancienne mentor. Le but avait surtout été de la faire partir, car même si Amalia se contrôlait...et bien la présence même de Ciri' aussi proche d'elle la perturbait bien trop à son goût. La sorceleuse n'était guère du genre à résoudre intelligement ce genre de conflit de relations sociales, de plus le faire ici aurait impliqué de baisser sa garde. Et au moins autant que Cirillia, Amalia n'était absolument pas du genre à vouloir laisser transparaître une quelconque faiblesse, la vie lui avait déjà assez appris que c'était le meilleur moyen de tendre la joue pour se faire battre.

Dans ce cas, hors de ma vue.

Cirillia ne se fit pas prier cette fois pour partir. Amalia se trouva alors seule...seule...et une partie d'elle même la fustigea pour s'être montrée ainsi idiote. C'était vrai, elle aurait pu passer l'éponge après ces années passées, elle aurait d'ailleurs peut-être pu le faire dans d'autres circonstances. Mais présentement, Amalia n'avait pas été préparée à revoir son ancienne élève, et encore moins à ce qu'elle soit en concurrence avec elle sur un contrat. Ce n'était clairement pas propice à des réunions amicales. Elle ferma alors les yeux, et respira à plusieurs reprises. Le silence l'aida à se calmer, et à faire le vide, avant qu'elle ne se retourne finalement vers l'intérieur de la chambre.

Bien...reprenons.

Amalia se concentra alors sur ses cinq sens, qui étaient plus plus aiguisés que ceux d'un humain normal. Elle nota des traces de vin à un endroit du plancher, séchées bien entendu depuis le temps. Elle s'en approcha et se pencha près du sol, et renifla à plusieurs reprises les résidus d'odeur qui en émanaient.

Hum...les serviteurs disent que c'est la dernière chose qu'Alwin à ingurgité cette nuit là. Mais ce n'est que du vin...de piètre qualité.

Aucun poison n'y avais été ajouté, et Amalia n'en trouvait aucune trace ni odeur dans d'autres endroits de la pièce, ou même du manoir. Alwin n'avait donc pas été empoisonnée, ce qui réduisait quelque peu la liste de ce qui avait pu lui arriver.

Pas d'empoisonnement...mais ça n'écarte absolument pas l'hypothèse d'une intervention extérieure. Une malédiction ?

C'était la piste la plus envisageable. Amalia était quasiment certaine qu'Alwin avait du s'attirer les foudres de quelqu'un. Elle ignorait les raisons, mais c'était une certitude, Alwin n'avait pas dans son arbre généalogique d'ancêtres ayant eu des précédents similaires.

La transformation s'est opérée sans signe avant-coureur, Alwin elle même s'en est trouvée surprise. Pas de trace d'effraction, et elle n'est pas revenue au village pour tuer qui que ce soit en deux semaines...pas une vampire donc.

Amalia aurait préféré, les vampires avaient beau être des créatures puissantes, elles avaient aussi de nombreux points faibles qu'une sorceleuse comme elle pouvait aisément utiliser. Peu à peu, la liste des possibilités se réduisait, et elle n'aimait pas celles qui restaient, et surtout celle qui retenait le plus son attention comme étant la plus probable. Elle décida alors d'en avoir le coeur net en sortant du palais, elle se dirigea vers l'endroit où Alwin en était sortie, et avait massacré quelques personnes avant de fuir vers la forêt.

Plus de traces visibles, mais elles sont encore là...

Elle devait en avoir le coeur net. La sorceleuse profita du fait d'avoir encore plusieurs heures de jour devant elle pour partir à dos de cheval dans les montagnes, en suivant l'odeur qu'elle avait pu pister grâce à son odorat développé, aussi sensible que celui d'un chien quand elle se concentrait. Après une longue séance de pistage, elle tomba, au beau milieu de la forêt, sur plusieurs cadavres décomposés de loups. Elle descendit de son cheval, et s'en approcha. Immunisée contre les infections, elle n'eut pas besoin de se couvrir le nez d'un tissu, quand à l'odeur, bien que pestilentielle, elle était habituée. Des cadavres qui avaient croisé la route d'Alwin, ou du moins de sa forme monstrueuse.

Traces de griffes et de crocs, ils ont été déchiquetés...hum...

Elle examina longuement ces cadavres, mais surtout les traces qu'elle parvint à trouver, qui étaient encore dans un bon état, et qui se dirigeaient vers une ancienne église à plusieurs kilomètres de là, qui était abandonnée depuis longtemps selon les habitants du coin. Tous les indices concordaient.

Une strige...bordel de merde.

Amalia remonta alors sur le dos de son cheval, et galopa en direction du village.
La nuit était tombée depuis peu quand elle y arriva enfin, et durant le chemin, elle avait eu l'occasion de réfléchir à la situation.
Une strige, il avait fallu que la fille du Jarl se transforme en strige. Un monstre redoutable, vicieux, rapide et fort, et qui avait aussi pour particularité d'hériter des réflexes et d'une partie des connaissances inconscientes de l'être qu'il était à la base. Alwin n'était pas qu'une fille de Jarl, c'était surtout, de ce qu'elle avait pu en entendre, une guerrière compétente, redoutable même. En d'autres termes, la récompense promise par le Jarl était bien trop basse en comparaison des risques qu'affronter une strige sachant se battre impliquait. Elle s'arrêta donc à l'auberge locale, où elle avait déjà payé pour une nuit sa présence, et guida son fidèle cheval vers l'écurie où le palefrenier prit la relève. Amalia défit alors la ceinture de ses fourreaux, pour tenir ses épées dans une main, et rentra dans l'auberge.
Où elle vit, assise à une table, en train de lire et de boire, son ancienne apprentie.

Amalia se dirigea toutefois d'abord vers le tenancier, et lui tendit une pièce d'argent.

Bouteille de vodka, non frelatée, entière.

Des hommes s'étaient écartées de son chemin, et le barman sembla hésiter à la servir...mais ses deux épées et son regard presque luisant lui firent prendre une décision, il ne voulait pas d'emmerdes, alors il sortit une bouteille et la tendit à la sorceleuse, qui hocha brièvement la tête avant de s'éloigner. Elle s'approcha alors de la table où se trouvait Ciri', et prit place sur une chaise sans même lui demander la permission. Deux tables, qui étaient en voisinage immédiat, se vidèrent de ses occupants, pendant que la sorceleuse prit une gorgée de vodka.

Si mes enseignements n'ont pas été oubliés, alors je suppose que tout comme moi tu as pu déterminer en quoi la fille du Jarl s'est transformée. Mon conseil, fout le camp de ce trou à rat tant qu'il en est temps, la récompense proposée ne suffirait même pas à couvrir la préparation nécessaire à la chasse d'une strige. Je pars demain à l'aube en ce qui me concerne, et je ne pense pas que les locaux me retiendront.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le lundi 05 juin 2017, 20:14:12
Une strige... Amalia lui en avait déjà parlé, une fois. En fait, après l’une de leurs séances nocturnes. Elle savaient fait l’amour avec frénésie, comme toujours avec Amalia. Leurs corps endormis étaient recouverts de sueur, et, la tête couchée sur le ventre de son amante et mentor, Ciri’ caressait ses quelques cicatrices, et lui avait demandé comment elle avait pu se blesser, elle qui semblait si invincible. Elle lui avait ensuite demandé quel avait été le combat le plus dur qu’elle eut jamais eu à mener. Les deux femmes étaient alors suffisamment proches pour qu’Amalia se confesse à elle. Elle avait, une fois, mené une quête consistant à désenvoûter une femme, victime d’une redoutable malédiction. Cette femme s’était transformée en strige. Pour désenvoûter une strige, il fallait passer la nuit avec elle, ou la tuer. Mais Amalia aurait gagné bien plus d’argent en réussissant à la désenvoûter, alors elle avait essayé de tenir toute la nuit, en immobilisant la strige.

Le combat avait eu lieu il y a de nombreuses années, mais la sorceleuse elfique s’en souvenait encore très bien. Amalia avait battu pendant des heures, mais n’avait pas réussi à tenir jusqu’à l’aube, et la strige avait failli la tuer. En définitive, la sorceleuse avait dû la tuer, et les villageois et gardes, au petit matin, avaient retrouvé son corps, gisant sur le sol, son épée en argent plantée dans la poitrine de la femme. Elle avait été soignée, et n’avait dû sa survie qu’à la célérité des médecins. Les parents de la strige avaient eu le cœur dévasté, mais avaient tenu parole, car ils avaient vu leur fille se transformer en strige, et tuer ses propres frères. Amalia leur avait par ailleurs clairement dit qu’elle ne se faisait que peu d’illusions, et était repartie avec de l’or, mais le cœur lourd.

Une strige... Une étrange malédiction frappait certaines femmes, les transformant en striges. Divers études avaient signalé que les cas de striges recensés avaient souvent pour particularité d’être issus d’une relation incestueuse, mais un inceste n’était pas suffisant, en soi, pour créer une strige. Il fallait un sortilège de magie noire, très perfectionnée, et, même quand on parvenait à désenvoûter une strige, elle devait à jamais porter près d’elle un talisman magique, afin d’empêcher la malédiction de revenir. Pour le reste, la strige était surtout un monstre extrêmement puissant. Rapide, forte, elle disposait de sens surdéveloppés, qui faisait qu’il était impossible de se dissimuler face à elle, de capacités de régénération très évoluées, d’une résistance à la magie très puissante. Certaines striges étaient même capables de lancer des sorts magiques rudimentaires, comme des boules de feu, de changer de forme (comme se camoufler), et leurs griffes pouvaient trancher les armures les plus résistantes qui soient.

Tous les indices laissaient penser à une strige, car il n’y avait pas besoin d’empoisonnement pour avoir une strige, simplement à lancer une malédiction. Quelqu’un avait envoûté Alwin, quelqu’un qui disposait de connaissances redoutables en matière de magie noire. Visiblement, le jarl Hucbert s’était mis à dos des ennemis redoutables. Ciri’, sur le coup, pensait à des motifs politiques. Un rival, peut-être ?

*Retrouver ceux qui ont lancé la malédiction peut aussi me permettre de trouver comment enlever le sort.*

Il y avait assez peu d’informations sur les striges, car, face à un tel monstre, les autorités se débrouillaient pour la tuer. On savait qu’une strige hibernait le jour, dormant dans un sarcophage, d’où elle sortait la nuit pour chasser. Il fallait donc attendre le jour, car les rayons du soleil, en éclairant le corps d’une strige, permettaient d’éradiquer la malédiction. Voilà pourquoi le processus de désenvoûtement consistait à la retenir toute la nuit. On pouvait aussi tenter de sceller à distance son sarcophage pendant qu’elle dormait, mais aucun sortilège ne semblait résister à une strige.

Cirillia songeait donc à ses options quand elle vit Amalia s’installer devant elle. L’hostilité de la femme semblait s’être atténuée, et Cirillia en sut rapidement les raisons. Amalia avait failli mourir contre une strige, et, même si elle ne l’avait pas dit à l’époque, Ciri’ avait senti que ce combat l’avait ébranlé. Or, les pouvoirs d’une strige dépendaient aussi de la personne possédée. Elle, elle avait affronté une strige qui était, à la base, une simple fille sans histoire, qui passait son temps à peindre et à écrire des poèmes. Alwin, elle, était une guerrière redoutable, dont on vantait les capacités martiales. De plus, et vu la situation politique tendue, le jarl voudrait un désenvoûtement. Amalia avait donc pesé le pour et le contre, mais son choix surprit malgré tout Ciri’.

L’ancienne sorceleuse but un peu de son hydromel, et reposa sa pinte, avant de fixer Amalia, puis haussa les épaules.

« Je me souviens aussi des fois où tu m’as dit de repousser mes limites, et qu’aucun défi ne m’était insurmontable. Tu sais ce que je veux... Tuer ce dragon noir qui a ravagé mon enfance, et tué mon père. Si je fuis devant une strige, je n’aurais jamais le courage de l’affronter. »

Véritable tête brûlée, Cirillia avait déjà fait son choix.

Et elle savait qu’Amalia désapprouverait, ce qui était une raison de plus de se rendre dans sa tanière.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le lundi 05 juin 2017, 23:05:55
Chaque discussion qu'Amalia tentait d'avoir avec Cirillia lui faisait à nouveau se poser la question. Pourquoi diable s'acharnait-elle ? La sorceleuse poussa un long soupir, qui s'apparenta d'avantage à un grognement avant qu'elle ne prenne à nouveau une grande gorgée de vodka. L'alcool était fort, lui brûlait la gorge, mais elle était à peu près certaine qu'avec cette merde elle serait au moins un peu saoule. Le désavantage d'avoir un métabolisme aussi réactif que le sien, c'était qu'il lui était très difficile de vraiment se bourrer la gueule, car elle éliminait très rapidement les toxines de l'alcool. Pour autant ça ne l'empêchait pas d'avoir droit aux gueules de bois le lendemain...
C'est avec une grimace qu'elle reposa vivement la bouteille sur la table.

Ouais, je sais très bien ce que tu veux, la seule chose qui aie jamais compté pour toi, tu m'a racontée cette histoire tellement de fois que j'en ai perdu le compte, et que sa simple mention me donne des aigreurs d'estomac.

Amalia posa alors un coude sur la table, et s'approcha un peu plus près de Cirillia.

Sauf que dans le cas présent chérie, il n'est nullement question de courage, mais de putain de bon sens. Tu penses aller loin avec tes réflexes d'humaine, ta maîtrise basique des signes, et ton armement si spécifique pour affronter des dragons qu'il te sera inutile face à une strige ?

Elle pointa alors son doigt dans sa direction pour l'invectiver.

J'essaye juste de t'éviter "d'encore" faire une grosse connerie Ciri', et cette fois une qui va te coûter la vie. Tu espères accomplir quoi ? Me prouver que tu es la plus forte ? Que l'élève a surpassée le maître ? Tu crois que j'en ai encore quelque chose à branler de ces conneries ?

Amalia était clairement irritée, mais non pas parce que Cirillia semblait à tout prix vouloir lui prouver qu'elle avait changé depuis le temps, mais parce qu'encore une fois, elle allait n'en fait qu'à sa tête malgré ses avertissements. Amalia agissait pourtant en toute bonne foi. Elle même estimait ses chances face à cette strige comme peu élevée, mais alors dans le cas d'une humaine n'ayant pas pour elle les mutations, les élixirs, et la vraie maîtrise des signes des sorceleurs, c'était une mise à mort pure et simple, un suicide.

Je t'ai surtout appris qu'il valait mieux parfois vivre pour se battre un jour de plus que de crever pour l'honneur, cette idéologie de merde est responsable de la mort de milliers de marmots dans ton genre, mais n'a jamais sauvé qui que ce soit. J'ai surtout essayé de t'apprendre à user de ta putain de cervelle avant de te lancer tête baissée dans un combat, mais ça, c'est visiblement tombée dans les oreilles d'une sourde, je me trompe ?

Toujours aussi pédagogue, décidément...
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le mardi 06 juin 2017, 00:26:24
Il n’y avait plus aucun doute possible sur le fait qu’Amalia ressentait encore des sentiments envers Cirillia. Pour quelle autre raison, autrement, insisterait-elle tant pour veiller sur elle, et pour lui dire que ce plan était délirant ? S’en prendre à une strige... Ciri’ aurait pu être touchée par Amalia, qui allait jusqu’à ravaler sa fierté, mais, en réalité, plus la femme parlait, et plus Ciri’ se sentait agacée. Encore une fois, elle avait surtout le sentiment qu’Amalia la sous-estimait, en lui balançant qu’elle n’avait pas les talents nécessaires, puisqu’elle n’avait pas effectué l’Épreuve des Herbes. Elle lui parla durement, et Ciri’ finit par intervenir... À sa manière.

« ’Fus ! » s’exclama-t-elle.

Une onde de choc souffla alors d’elle, et souleva les couverts, faisant virevolter pendant quelques secondes les cheveux d’Amalia. Un mot parlé dans une langue gutturale, qu’Amalia devait connaître pour l’avoir déjà vu : le Thu’um. La langue ancestrale des dragons, dont les Mots étaient chargés de magies, et qui permettaient, en les assemblant et en en maîtrisant le sens, de faire des Cris. Ciri’ resta silencieuse, fixant profondément l’elfe du regard, en lui laissant le temps de comprendre... Et peut-être de réaliser pourquoi, en définitive, Ciri’ n’avait pas accompli l’Épreuve des Herbes.

« Les Herbes ne font pas que provoquer des risques de stérilité ou de démence, Amalia. Quand on participe à cette épreuve, on se prive aussi de potentiels pouvoirs magiques. Je te l’ai dit, j’ai tué un dragon... Mais je n’ai pas fait que ça. Quand je l’ai tué, j’ai... J’ai pu absorber son âme. Ça a augmenté mes capacités, et, à Sylvandell, j’ai appris que je disposais de pouvoirs magiques latents. Tu vois l’ironie ? Une humaine ne peut absorber l’âme d’un dragon que si elle a elle-même des gènes dragoniques dans les veines. Dans ma lignée héréditaire, l’un de mes ancêtres était un Dovahkiin, et je dispose de ce pouvoir magique... »

Pour Amalia, c’était une révélation. Cirillia ne lui en avait jamais parlé, et, si elle était partie chasser ce dragon noir, c’était aussi parce que, en faisant des recherches, elle avait réalisé qu’elle était, potentiellement, susceptible de maîtriser le Thu’um. Et, si elle pouvait se sentir honteuse à l’idée de manipuler une magie dragonique, elle se disait surtout que retourner les armes de son ennemi contre lui était aussi une excellente manière de les vaincre. Les Dovahkiin, ces êtres mi-hommes, mi-dragons, disposaient en effet de pouvoirs magiques leur permettant de vaincre très facilement des dragons.

Ciri’ soupira donc, prenant conscience qu’elle allait devoir encore s’expliquer.

« Tu te souviens ? L’une de nos dernières missions ensemble... On devait patrouiller dans les montagnes autour du fort pour repousser un dragon vert qui s’était perdu là. »

Ledit dragon avait trouvé refuge dans une ancienne structure abandonnée, un vieux sanctuaire elfique. Les deux filles avaient grimpé jusqu’au sommet, tuant les monstres sur le chemin. Endriagues, kikimorrhes, manticores... Les choix ne manquaient pas. Au sommet, elles avaient vu le sanctuaire dévasté, et avaient combattu le dragon. Ce dernier était parti sans demander son reste, mais, dans le sanctuaire, alors qu’elles cherchaient du butin, Ciri’ s’était éloignée d’Amalia, et avait vu une ancienne stèle. Et, quand elle s’en était approchée, la stèle avait résonné, lui murmurant des mots indescriptibles.

Sur le coup, Cirillia n’avait pas compris ce qui s’était passé, et n’en avait pas parlé à Amalia. Toutefois, de retour au fort, elle s’était rendue à la bibliothèque, consultant les livres jusqu’à essayer de comprendre ce qu’elle avait vu.

« Le soir où je suis partie... Je suis retournée près de cette stèle, et j’ai compris que ce que je voyais, c’était le Thu’um. Des runes magiques qui vibraient à mon approche. J’ai lu ce qui était écrit, ou, tout du moins, ce que j’arrivais à déchiffrer, et c’est comme ça que j’ai assimilé un Mot. Mais, si je faisais l’Épreuve des Herbes, alors... Je risquais de perdre ma maîtrise du Thu’um. Tu sais comme moi que le Thu’um est une magie génétique. Soit on l’a en naissant, soit on ne l’a pas, et on ne l’aura jamais. J’ai dû faire un choix. »

Ciri’ ferma les yeux en soupirant encore, et finit sa pinte d’hydromel.

« Je voulais retrouver le dragon vert, à la base, et revenir pour te le montrer, mais... Les évènements se sont précipités, et, après ça... Enfin, je pensais réussir à maîtriser rapidement le Thu’um, et... Revenir te voir. Mais je n’ai pas réussi à le faire, et c’est comme ça que je me suis retrouvée à Sylvandell, à occire un dragon rouge, et à ingérer son âme. Mais il m’a fallu l’assistance des prêtres de Sylvandell pour que je comprenne vraiment que je maîtrisais le Thu’um. J’aurais dû revenir avant pour te dire ce dont j’étais capable, mais... Enfin, j’avais raté l’Épreuve des Herbes, je n’avais pas réussi à maîtriser ces pouvoirs que je découvrais à peine, et j’avais peur qu’on m’accuse d’avoir menti, et de tout perdre. »

Au-delà de tout ce qu’elle avait pu dire tantôt, c’était bien là la véritable raison qui avait expliqué son départ : sa volonté de revenir puissante, de montrer à Amalia qu’elle était devenue une grande guerrière. Mais, finalement, elle avait passé tant de temps à courir après les dragons que les semaines étaient devenues des mois, puis des années ensuite.

Cirillia la regarda ensuite silencieusement, laissant planer quelques secondes, pour conclure :

« Je n’ai pas tes réflexes de sorceleuse, mais j’ai absorbé l’âme d’un dragon, et je maîtrise des Cris. Je peux vaincre cette strige, j’en suis convaincue. Il ne s’agit pas de te prouver quoi que ce soit, Amalia. Je sais que tu es une meilleure sorceleuse que moi, mais je sais aussi que j’ai une lame en argent, des élixirs, une vitalité améliorée, le sang du Dragon dans mes veines, et que je dispose de quelques tours pour ébranler cette strige. Alors... Je dis que j’ai toutes mes chances. »

Elle termina ensuite :

« Et puis, ce n’est pas comme si j’avais quelque chose de mieux à faire cette nuit. »
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le mardi 06 juin 2017, 01:01:09
L'utilisation du Thu'um dans l'auberge ne surprit pas qu'Amalia, à dire vrai, la totalité des gens présents dans l'auberge tournèrent la tête, certains manquèrent même de tomber de leurs chaises ou de renverser leurs verres. La voix de Cirillia avait à ce moment prit un ton plus fort et grave, et seuls les réflexes d'Amalia lui permirent de ne pas tomber à la renverse...ça, et le fait que le cri qu'elle avait poussé n'était pas entier, loin de là. Néanmoins, c'était là un aspect de son ancienne élève qu'elle n'avait jamais connu, et Amalia s'en trouva...et bien très conne sur le coup.

Ouais...je me souviens...


Cette fameuse nuit, l'une des dernières missions qu'elles avaient fait ensemble avant son départ, la traque d'un dragon vert. En temps normal, Amalia n'aurait jamais prit le risque à l'époque d'emmener avec elle une novice sur la traque d'un dragon chromatique, mais les dragons verts faisaient partie d'une des espèces les moins puissantes de dragons, et vu l'intérêt de son élève à l'époque pour ces créatures, elle s'était dit que l'initier ainsi serait une bonne occasion.
Elle était loin de se douter que à ce moment, Cirillia s'était trouvée des dons que jusque là elle ne connaissait pas, et qu'Amalia n'apprennait que maintenant. Ouais...ça expliquait pas mal de choses à bien y réfléchir.
Tellement qu'Amalia reprit une gorgée de vodka, avant de s'essuyer les lèvres d'un revers de la main. Les autres occupants de l'auberge, eux, reprirent peu à peu leurs activités, voyant que les femmes ne semblaient pas sur le point de se battre entre elles.

Je vois...

Amalia, pleinement adossée à sa chaise, releva alors la tête vers le plafond en fermant les yeux. Bordel, revoir son apprentie après tant d'années, et apprendre qu'au final, elle en savait moins sur elle qu'elle ne le croyait. C'était...désagréable, dans le sens où Amalia sentait une partie de son amour propre en prendre un coup.
Lui avoir caché ça, dans une période de leurs vies où elles n'étaient censées n'avoir aucun secret...ou bien étais-ce l'alcool qui était en train de lui faire sur-interpréter tout ça ?
Elle ne savait plus...bordel, elle ne savait plus rien depuis que Ciri' s'était refourée dans ses pattes...presque comme au bon vieux temps. Sauf que, contrairement au bon vieux temps, Ciri' était désormais une pleine adulte, mais toujours avec le même tempérament. La différence, et Amalia s'en rendait "vraiment" compte maintenant, c'était qu'elle n'avait plus aucun moyen de lui faire valoir ses arguments. Amalia avait en réalité toujours du mal à la voir comme autre chose que son élève, car c'était ainsi qu'elles s'étaient quittées.
Quel bordel...
Elle redescendit sa tête, et la regarda un moment, avant de lentement se redresser.

T'as raison Ciri', je n'ai plus d'autorité sur toi pour te dire quoi faire de ta vie.

Elle empoigna les fourreaux contenant ses épées qu'elle avait posés sur le rebord de la table d'une main, et reprit sa bouteille de l'autre main, en même temps qu'elle acheva de se lever.

Dernier conseil...il peut arriver que ces saloperies soient résistantes à la magie. Je serais toi, je compterais pas trop dessus, à moins que tu sois devenue une maîtresse dans l'art du Thu'um.
Fais ce que tu veux, t'es une grande fille maintenant...j'ai juste eu du mal à l'accepter.


Puis, sans un autre regard, Amalia lui tourna le dos, et marcha en direction de l'escalier qui menait au chambres du dessus, pour rejoindre la sienne.
La mine un peu déconfite, elle acceptait surtout sa défaite, sur pas mal d'aspects.
L'alcool aiderait au moins à s'en remettre, avec de la chance, au diable la gueule de bois.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le mardi 06 juin 2017, 07:40:26
Elle aurait pu la retenir en ce moment. Cirillia le savait. Il lui aurait juste suffi de se lever, de la prendre par le bras, de lui dire de rester, et peut-être même de l’embrasser. Cirillia connaissait Amalia, elle savait ce que la sorceleuse ressentait vraiment pour elle. Un baiser, et elles auraient fini ensemble dans le lit. Amalia se serait vengée en lui faisant sauvagement l’amour, comme elle aimait le faire, et peut-être même qu’elles seraient reparties toutes les deux ensuite. Pourquoi s’acharner sur cette strige, sur ce combat suicidaire ? Cirillia n’en savait rien. Elle ne devait rien au jarl, et se moquait éperdument de cette région. La réalité est qu’elle voyait ça comme un défi.

Ciri’ hésita. En voyant Amalia tourner les talons, son regard changea brièvement, ses lèvres s’entrouvrirent, comme pour lui demander de rester... Mais, le temps qu’elle se décide, la sorceleuse était déjà partie. Et il ne restait plus qu’elle. Fermant les yeux, elle se replongea brièvement dans ses souvenirs, et à cette rencontre, il y a de cela quelques années, dans l’église de Sylvandell, où elle avait appris ce qu’elle était vraiment.



« Vous croyez vraiment que vous êtes encore en vie parce que nous avions besoin de vous pour former la Princesse ? »

C’est de cette manière que l’Omniprêtre de Sylvandell (http://img68.xooimage.com/files/8/a/8/commandeur-3210897.jpg) avait su lui expliquer que, derrière les subterfuges, il y avait eu une autre raison. Là, dans l’enceinte de l’église de Sylvandell, Cirillia se trouvait en compagnie de ce vieil elfe borgne, après avoir fait perdre à la Princesse de Sylvandell sa virginité. Et, devant elle, l’Omniprêtre l’avait convoqué.

« Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
 -  Vous avez tué un dragon rouge. C’est un exploit autant qu’un crime hautement condamnable ici. »

Ça, Ciri’ le savait, et elle savait aussi qu’elle ne devait sa survie que grâce à la Princesse. Du moins, c’est ce qu’elle avait cru, mais elle-même avait trouvé cette raison discutable. Le Roi de Sylvandell avait ordonné à Alice de la punir, et les évènements s’étaient finalement retournés en sa faveur. Ciri’ avait pris l’ascendant sur Alice, lui avait fait l’amour, et Alice avait insisté auprès de son père pour que Ciri’ devienne sa formatrice.

« Je sais ce qui s’est passé quand vous avez tué ce dragon. Vous avez absorbé son âme, et recueilli en vous de nouveaux pouvoirs, des facultés que vous ne maîtrisez pas bien. Si c’était le cas, nous aurions eu bien plus de mal à vous capturer. »

L’Omniprêtre lui parla du Thu’um.

« Les Korvander sont des descendants d’Erwan Korvander, qui avait la faculté, méconnue, d’être lui-même un Dovahkiin. Le Patriarche a eu une vision vous concernant, Cirillia. Et c’est pour ça que vous êtes en vie. Votre destinée devait vous mener ici, à Sylvandell... »

Ciri’ ne croyait guère au destin... Mais, si ça lui permettait d’éviter l’échafaud, alors elle voulait bien faire une exception.




Les hurlements rugirent dans l’église abandonnée quand le couvercle du sarcophage fut repoussé. D’épais bras violets émergèrent de l’obscurité, et un monstre à la longue gueule en sortit. Il avait de grandes dents, un corps massif, et une longue chevelure flamboyante sur la tête. La strige (https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/originals/c5/ee/34/c5ee344eb5b3ca101adf1c9eebf3cf79.jpg) venait de se réveiller, et hurla à nouveau, prête à chasser, avant de renifler dans l’air ambiant, et de sentir une présence.

(http://img110.xooimage.com/files/a/2/0/striga_head-5269670.jpg)

Surprise, la strige se déplaça lentement, quittant la crypte de l’église pour remonter un escalier, et atterrit dans la cour intérieure de l’église, un cloître poussiéreux avec un arbre ayant perdu toutes ses feuilles au centre. Là, la strige regarda nerveusement autour d’elle, sentant une présence proche, et renifla l’air ambiant.

Des bruits de pas se firent entendre dans son dos, et elle se retourna alors.

« Fus’... Ro’... DAAAH’ !! »

Une puissante onde de choc frappa la strige, et, malgré son poids massif, le Cri la décolla du sol, et l’envoya défoncer un volet fermé dans l’une des dépendances du cloître. La strige roula le long du sol, et Cirillia se rapprocha, sortant de son fourreau sa lame en argent, les runes se mettant à briller sous l’effet de l’onguent magique qu’elle avait appliqué dessus. Les yeux de Cirillia brillaient dans la nuit, l’un des effets secondaires des élixirs qu’elle avait préparé en quittant l’auberge.

La strige gronda alors, et ne ressortit pas par le volet, mais atterrit sur le toit du cloître, et bondit en avant. Malgré son poids, elle était très véloce, et son prodigieux saut l’amena à s’agripper contre les branches de l’arbre, puis à rebondir vers Ciri’, qui pivota sur le côté, évitant ses griffes. Sa lame relevée, elle l’abattit alors, et l’enfonça dans la chair de la strige, qui hurla de douleur, son sang coulant sur le sol. La bête bondit en arrière, et sa peau commença déjà à se reconstruire.

*Saloperie !*

Ciri’ serra les dents, et lança alors le signe d’Igni en voyant la strige bander ses muscles. Un rideau de flammes jaillit de sa main pour heurter la strige, mais, malgré les flammes, elle bondit en avant, et Ciri’ bondit sur le côté, évitant sa charge. Le monstre atterrit sur le sol, et rebondit alors sur le côté, son épaule heurtant Cirillia, la couchant au sol. La bête hurla alors rageusement, et approcha ses crocs du corps de la jeune femme... Pour se recevoir un coup de pied en pleine figure, qui la fit reculer.

La guerrière se redressa alors, et la strige, secouant la tête, fronça alors les sourcils, puis rugit à nouveau... Et cracha alors une gerbe de flammes. Cirillia bondit sur le côté, atterrissant contre l’arbre, les flammes venant lécher son épaule. Suite à cette attaque, la strige bondit à nouveau vers elle, se montrant aussi rapide que puissante, et la guerrière bondit encore en arrière, évitant l’attaque, puis, en voyant la strige s’élancer vers elle, abattit son épée du bas vers le haut, touchant sa tête. Sans attendre plus longtemps, Ciri’ bondit en avant, tournoyant sur place, et frappa encore avec sa lame, faisant hurler la strige une nouvelle fois.

« Fo’... Krah’... Diin’... !! »

Ciri’ lança un nouveau Cri, destiné à geler la strige, et l’air se rafraîchit considérablement autour d’elle. La strige se recouvrit de gel, et Cirillia bondit en arrière. Elle espérait bien avoir gagné quelques secondes... Mais, très rapidement, elle vit le gel se fissurer, se craqueler à hauteur de la strige, puis la couche de givre explosa, et le monstre bondit vers elle.

*Merde, cette saloperie est increvable !*

La strige la chargea, furieuse, les yeux exorbités, et Cirillia usa de son agilité légendaire pour bondir en hauteur, évitant sa nouvelle charge en la contournant par le haut, puis, dans la foulée, attrapa son arbalète à répétition. Elle s’en servit alors pour canarder la strige avec une série de carreaux, profitant du fait que le monstre soit légèrement à distance. Les carreaux s’enfoncèrent dans la chair du monstre, le long de son flanc, et la bête hurla encore, ne semblant guère plus impressionnée que cela. Elle se retourna de nouveau, dévisageant Cirillia, et bondit sur elle.

De la tête, la strige projeta Ciri contre l’une des dépendances du cloître. Ce fut à son tour de traverser un volet, et elle roula sur le sol, atterrissant près d’une fenêtre. La strige hurla encore, et, le temps que Ciri’ se redresse, le monstre bondissait encore vers elle... Et planta ses crocs dans son flanc. Son armure et ses élixirs la protégèrent, mais, même malgré ça, elle sentit les crocs s’enfoncer dans sa chair, et la douleur rugir. Ciri’ repoussa la strige, mais se tint le flanc d’une main, en sentant le sang en couler abondamment.

« Aargh... »

Du sang coulait également de ses lèvres. Ciri’ réussit à former avec ses doigts le signe de Quen, et la strige hurla encore, envoyant un sort d’Air qui frappa Ciri’ de plein fouet. Elle passa à travers la fenêtre, lâcha son épée en argent, et roula dans la poudreuse, dévalant ensuite un ravin qui longeait l’église, et termina sa course en faisant une chute d’une dizaine de mètres, l’amenant à s’écraser contre un arbre, arrachant plusieurs branches d’arbres dans sa chute, pour finir par s’écrouler mollement sur le sol, inanimée, et le sang coulant progressivement de sa plaie à l’abdomen...

Et la strige, en hauteur, hurla encore, les dents ensanglantés, tout en s’éloignant, son territoire protégé.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le mercredi 07 juin 2017, 22:52:07
C'était avec une boule au ventre qu'Amalia était montée dans la chambre qu'elle louait dans cette auberge, peu après en avoir ouvert la porte, elle reprit une longue gorgée de vodka, referma la porte derrière elle d'un coup de pied, puis bu encore. Elle était en colère, mais accepter de comprendre pourquoi aurait voulu dire d'accepter de faire son auto critique, et c'était une chose avec laquelle la sorceleuse avait un mal fou. Etre une chasseuse de monstres émérite ne voulait pas forcément dire qu'on était "humainement" irréprochable, loin s'en fallait. Elle aurait pu encore continuer de dissuader Ciri' de faire cette connerie, mais elle savait qu'elle parlerait à un mur. Ce n'était même pas une question de sous-estimer son ancienne élève, mais une constatation tirée de sa propre expérience, les striges étaient des créatures très dangereuses. Il y avait peu de dangers que la sorceleuse craignait, après plus de trente années à faire la chasse aux monstres, mais une strige avait bien failli la tuer, alors que déjà à l'époque Amalia n'était plus une novice. Ciri' avait beau avoir tout un panel de magie à sa disposition, Amalia ne se faisait guère d'illusions, son ancienne apprentie n'avait pas changé d'un iota, manquait de patience, hors il fallait de la patience et se dédier durant de longues années à l'étude et à l'entraînement pour manipuler les énergies magiques, quelles qu'elles puissent être.
Ciri' n'était pas sans défenses, mais la sorceleuse avait le pressentiment que ça ne serait pas suffisant, et qu'elle allait se faire tuer.
Intérieurement, Amalia essayait de se convaincre qu'effectivement elle sous-estimait Ciri', cela faisait après tout des années qu'elle ne l'avait pas vue, et elle avait grandement changé depuis...mais rien, pas même la vodka qu'elle était en train d'ingurgiter en grandes quantités ne lui permettaient de balayer ce doute...cette certitude même, que Ciri' allait y passer.

*Chier...va chier...c'est plus mon problème putain...*

Elle tenta de nouveau de porter la bouteille à ses lèvres, mais aucun liquide n'en descendit. Vide, cette putain de bouteille était vide, et elle n'était définitivement pas assez saoule pour oublier. Rageusement, elle lança la bouteille par la fenêtre, qui fort heureusement donnait sur une rivière proche et non pas une rue.
Incapable de se poser, Amalia tourna en rond, littéralement, comme un animal en cage. Elle aurait du s'en foutre, elle le devait, mais en semblait incapable. Bordel pourtant elle avait fini par oublier cette petite conne, à faire la paix avec le fait qu'elle soit partie, mais la revoir semblait tout changer, faire resurgir l'attachement qu'elle éprouvait à son encontre, malgré la promesse qu'elle s'était faite de ne plus jamais tomber dans ce putain de piège. Mais que faire ? La convaincre de partir ? Elle avait déjà essayé sans succès. Se joindre à elle ? Amalia se refusait à baisser son froc devant cette petite conne, et vu la prime misérable qui était proposée, la sorceleuse n'avait nullement envie de risquer sa vie et son matériel face à une strige.
Le temps passa. Amalia avait tenté d'entrer à deux reprises dans un état de méditation, mais en vain, elle n'arrivait pas à se focaliser pour faire le vide dans son esprit. Alors finalement, après cette nouvelle tentative ratée, elle se leva, et entreprit de descendre. Sauf que quand elle arriva dans le hall de l'auberge, la plupart des tables étaient vides, dont celle de Cirillia.

Hey, la jeune femme aux cheveux rouges qui était assise à cette table, elle a pris une chambre ici ?

Hum ? Nan, elle est partie y'a environs une petite heure...j'crois qu'on la reverra pas de sitôt, je l'ai aperçue partir en direction des montagnes, mauvaise idée avec la fille du Jarl qu'est devenue ce...monstre.

Merde.
Merde. Merde. Merde. Merde.
Sans perdre une seconde, Amalia remonta dans sa chambre, enfonçant presque au passage la porte. Il était heureux qu'elle n'avait pas enlevée son armure, et n'eut qu'à attacher la sangle des fourreaux de ses épées dans son dos, avant de sauter par la fenêtre pour prendre un raccourcis. Elle se réceptionna sans difficultés sur le sol, puis se mit à courir en direction des écuries. Son cheval l'attendait, et leva la tête brusquement à la vue de sa propriétaire, alors qu'il était en train de manger du foin. Cette bête l'accompagnait depuis déjà quelques années, un pur sang Ashnardien fort et endurant, qu'un duc lui avait offert en payement d'un contrat. Depuis le temps, le destrier connaissait sa maîtresse, et savait quand être sur le départ, comme c'était le cas maintenant. Amalia prit sa selle et les rennes, les mit le plus rapidement possible à sa monture, puis le chevaucha en l'incitant à aller au galop.
Dans l'obscurité de la nuit, elle se dirigea vers la forêt, vers les montagnes, et l'église abandonnée qui servait de repaire à la strige. Au fur et à mesure qu'Amalia s'approchait, son ouïe sur-développée captait de plus en plus d'échos provenant de cet endroit, ceux d'un combat, et des cris. Puis soudainement, elle fit piler sa monture. Au loin, alors qu'elle n'était plus qu'à une centaine de mètres du lieu, elle vit une silouhette humaine défoncer un mur de l'église, et tomber dans un contrebas d'une bonne quinzaine de mètres. Sans un mot, Amalia fit de nouveau jouer ses étriers pour faire avancer sa monture, mais au lieu d'emprunter le chemin menant à l'église, elle contourna par la falaise, et trouva rapidement le corps de Cirillia, jonchant le sol.

Bordel de merde ! Ciri' !

Elle posa pied à terre, puis se précipita vers son ancienne élève, qui était couchée visage contre le sol. Rapidement, l'odeur ferreuse du sang attaqua ses narines, et elle la retourna alors, et palpa son corps à plusieurs endroits. Malgré l'armure que Cirillia portait, le sens du toucher de la sorceleuse était également plus développé. Elle sentit plusieurs fractures, et la blessure à son flanc était sérieuse.

Hémorragie interne...Poison...

Autour de l'emplacement de la morsure, Amalia pu en effet distinguer que la peau était en train de se nécroser à une vitesse alarmante, en plus de pisser le sang. Amalia avait sur elle de quoi bander des blessures, mais rien qui puisse endiguer un tel poison, ni même contrer des hémorragies internes...rien en tout cas qui ne soit destiné à une humaine.
Amalia se tourna vers l'une des saccoches qui étaient accrochées à sa selle, elle s'y précipita, et sortit alors deux flacons. L'un au contenu rouge sang, l'autre or. Deux potions spécifiquement conçues pour le métabolisme particulier des sorceleurs, et qui respectivement accéléraient drastiquement la guérison des blessures, et guérissaient de tout type de poison.

Hirondelle et Oriole dorée...

Elle s'approcha alors de nouveau de Ciri', et hésita. Ciri' avait suivi l'entraînement de sorceleuse, et Amalia l'avait initiée à la prise d’élixirs et de potions...mais ce qu'elle s'apprêtait à lui donner était aussi efficace que dangereux, et théoriquement mortel sur un organisme d'humaine n'ayant pas passé l'épreuve des herbes. Concrètement, Amalia risquait de la tuer en lui faisant ingurgiter ces deux potions, car si leurs effets étaient miraculeux, leur composition n'en demeurait pas moins hautement toxique, et seul un métabolisme muté de sorceleuse permettait de s'en prémunir. Seulement Ciri' avait déjà été en partie initiée par Amalia à l'époque, avant même de passer l'épreuve des herbes...mais sur des élixirs loin d'être aussi puissants que ceux là.
Elle hésita...puis regarda à nouveau la blessure, le sang qui continuait de couler, la peau qui continuait de se nécroser à vue d'oeil...
Morte pour morte...elle avait au moins une chance de s'en sortir avec les potions, alors Amalia prit finalement la décision de les lui faire ingurgiter.

Le lendemain matin, Cirillia, quand elle se réveillerait, en se trouverait plus dans les bois, mais allongée sur le lit d'une chambre d'auberge.
Le haut de sa tenue retiré, elle sentirait vite des bandages lui couvrir la poitrine ainsi que le ventre, mais surtout elle sentirait ses muscles très ankylosés, et un léger mal de ventre, et sa vision serait floue bien que revenant progressivement à la normale.

Bien dormi, princesse ?

Juste à ses côtés, Amalia, assise sur un tabouret en bois, avec des cernes bien visibles, car elle venait de veiller sur elle toute la nuit, et qu'elle entamait là sa troisième journée sans avoir médité une seule fois.

N'essaye même pas de te lever, ce serait peine perdue, tu as déjà de la chance d'être encore en vie. Cette saloperie t'a brisé de nombreux os, et la morsure au bassin était profonde et empoisonnée. Tu étais en train de crever quand je suis arrivée, et tu aurais passé l'arme à gauche le temps que je te ramène ici. J'ai été obligée de te faire ingurgiter des potions. Pas les versions édulcorées que tu prends, c'est un miracle que ça ne t'aie pas tué, mais l'un dans l'autre, c'était la seule chance que tu avais encore. On dirait toutefois que t'es encore plus teigneuse et coriace que t'en a l'air.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le jeudi 08 juin 2017, 07:53:38
« Le Thu’um n’est pas une magie ordinaire. Il ne nécessite pas juste une excellence condition physique, mais aussi un entraînement magique intense, bien que ce soit une capacité héréditaire. De fait, il est fréquent que la plupart des individus possédant le Thu’um ne l’utilisent jamais au cours de leur vie. »

Dans l’une des salles du Temple de Sylvandell, Ciri’ l’écoutait parler. L’Omniprêtre... Ce vieil elfe borgne était aussi vieux que Sylvandell elle-même, et, pour autant qu’on s’en souvienne, il avait toujours été assez âgé. Or, quand on connaissait la longévité légendaire des elfes, Ciri’ était en droit de s’interroger sur son âge véritable. Il lui expliqua que, d’après certaines légendes, le Thu’um était un don divin, offert aux Hommes par la Déesse Kyne pour combattre les dragons.

« Le Thu’um ne fonctionne qu’en invoquant la Langue Draconique. Sur ce point, les elfes disposent des savoirs les plus avancés.
 -  Je ne vois toujours pas en quoi tout ça me concerne, ni pourquoi vous avez choisi de m’épargner. »

Cirillia n’aimait pas être ici. Si ça ne tenait qu’à elle, elle serait déjà repartie depuis longtemps. Voilà bien plusieurs semaines qu’elle était ici, à Sylvandell, et les Sylvandins la regardaient avec méfiance. Ils savaient qu’elle avait tué un dragon, et avaient peur que sa présence ne déchaîne la colère du Dragon d’Or. Son seul réconfort, c’est qu’elle passait toutes ses nuits avec la P¨rincesse. Cette dernière la surprenait, d’ailleurs, car elle n’aurait pas cru qu’une fille aussi potiche puisse être aussi endurante au lit. Pour autant qu’elle s’en rappelle, Ciri’ n’avait connu qu’une seule personne qui soit aussi insatiable et aussi infatigable au moment de faire l’amour : son ancienne formatrice.

L’Omniprêtre, de son côté, ne semblait guère se familiariser par le manque de patience de la jeune femme. Après tout, il avait formé tous les Korvander depuis Erwan Korvander, fondateur du royaume, et, en terme d’impatience et de manque de retenue, les Korvander tenaient la dragée haute.

« Croyez-vous vraiment que nous aurions pu vous capturer au cœur du Territoire des Dragons sans l’aval du Patriarche ? Le Dragon d’Or a su que vous aviez tué l’un des siens. Quand vous avez absorbé l’âme de ce dragon, vous vous êtes évanouie, et c’est là qu’il s’est renseigné sur vous. »

Se renseigner sur elle... Pour elle, les dragons n’étaient rien de plus que des animaux sauvages.

« Il a vu dans vos souvenirs, revu le moment où le dragon qui vous hante a détruit votre ville. Et il connaît ce dragon. C’est l’un des fils d’un ancien dragon qui a été scellé, et dont le retour aurait des conséquences dramatiques sur notre monde. Un dragon qu’on surnommait, en son temps, ‘‘Le Dévoreur de Mondes’’... »

Il se tut pendant quelques secondes, ménageant son effet, et termina ensuite :

« Alduin... »




«  Hmmm... »

Un léger soupir traversa ses lèvres. Une onde de douleur la traversa, et elle rouvrit les yeux, lentement. La lumière l’aveugla furieusement, puis tout fut flou. Elle tournoya encore la tête, papillonnant des yeux, et éternua brièvement. Les souvenirs revinrent rapidement. Après son songe troublé sur son passage à Sylvandell, elle se revit combattre cette maudite strige, et... Et sa chute. Ciri’ secoua encore la tête, et vit une silhouette sur sa gauche, qui devint de plus en plus identifiable. Elle écarquilla brièvement les yeux en la reconnaissant.

« A... A... »

Sa gorge était sèche, et Ciri’ éternua alors, de manière rauque. Amalia lui parla alors, sachant que Cirillia devait désormais l’entendre, et lui expliqua l’avoir secouru. Et, pendant qu’elle parlait, Cirillia, silencieuse, laissait ses instincts revenir doucement. Elle constata ainsi qu’Amalia n’avait pas dormi de la nuit, et, contre toute attente, au vu de la situation, sourit alors, en se sentant touchée. Amalia lui avait pourtant dit qu’elle partait... Mais, visiblement, la sorceleuse elfique tenait encore à elle, suffisamment pour revenir la voir.

Ciri’ ne sourit néanmoins guère longtemps, car elle sentit une pointe de douleur à hauteur de ses côtés, et posa sa main. Amalia lui avait un bandage très réussi, et la douleur allait encore durer un moment. Impossible de se relever dans ces conditions, et, en ramenant sa main, Ciri’ constata que certaines de ses veines luisaient d’une lueur verdâtre. Elle déglutit, en comprenant qu’Amalia avait dû utiliser de puissants élixirs pour la soigner.

« Je te l’ai dit, j’ai ingéré l’âme d’un dragon. Ça ne vaut pas l’Épreuve des Herbes, mais ça a renforcé mes caractéristiques physiques. »

Elle se tut ensuite pendant quelques secondes, avant de reprendre :

« Tu avais raison, je n’aurais jamais dû attaquer cette strige. J’ai pu faire deux ou trois erreurs pendant ce combat, mais... La manière dont elle se déplaçait, dont elle attaquait... Ses blessures cicatrisaient presque instantanément, et elle utilisait même de la magie ! Je n’ai jamais vu un monstre pareil. »

Elle avait beau être très fière, c’était l’évidence même qu’elle avait échoué. Ne pas le reconnaître, ça aurait été faire preuve d’une arrogance bornée et très mal placée.

« Finalement, la maître a encore dû sauver son élève. »

Amalia était proche d’elle, si proche que Ciri’ approcha sa main, et caressa sa joue.

« Tu n’as pas dormi de la nuit, pas vrai ? Et moi, j’ai failli mourir... Mais je crois que, au fond de moi, je savais que tu viendrais. Car, même si j’ai fait la plus grosse connerie de ma vie en te laissant, je sais que ce qu’il y a entre nous est bien plus fort que mes erreurs. Et puis, c’est bien toi qui le dis... Les humains sont jeunes et idiots, c’est ce qui nous différencie des elfes, sages et... Âgés. »

C’était une douce provocation, pour pouvoir la faire réagir.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le vendredi 09 juin 2017, 13:10:06
Amalia fut rassurée, du moins en partie, quand Cirillia émergea enfin. A défaut de la tuer, les élixirs qu'elle lui avait fait ingurgiter quelques heures auparavant auraient également pu la plonger dans un profond coma, ou provoquer d'irréparables dommages à son cerveau, ou impacter le fonctionnement de son système nerveux. Concrètement, la liste des effets secondaires chez une personne n'ayant pas le métabolisme d'un sorceleur était longue, et systématiquement dangereux. Mais en l'occurrence, Ciri' n'aurait jamais survécu le temps qu'Amalia l'amène à l'auberge, ça avait été donc un risque à prendre, mais qui semblait avoir payé. Cirillia, bien qu'encore très faible, semblait être sur le chemin de la guérison, et parlait de façon intelligible, n'ayant pas de mal à formuler ses phrases, ce qui ôtait le risque de dommages neuraux causés par les élixirs.
L'un dans l'autre, son ancienne apprentie s'en sortait plutôt bien. Amalia avait de son côté enfin l'impression de respirer. En effet, elle ne s'était pas accordée une seule minute de repos cette nuit là, elle était restée au chevet de Cirillia sans discontinuer, afin de surveiller l'évolution de son état. Les douleurs musculaires qu'elle ressentait, au point de ne pas pouvoir bouger, étaient dus au élixirs, et aux toxines que son corps avait ingéré. Cela se voyait à la couleur que certaines de ses veines ressortaient, car le sang de Ciri' était naturellement saturé par les agents actifs de ces élixirs. Mais c'était ces mêmes agents qui ressoudaient ses os, refermaient ses plaies, et endiguaient ses hémorragies internes ainsi que le poison de la morsure de la strige...un mal pour un bien en somme, puisque Ciri' se trouvait néanmoins là, vivante.
Amalia avait également eu le temps de réfléchir, longuement, au cours de cette nuit, et comptait faire preuve d'un peu moins de fermeture d'esprit vis à vis de son ancienne apprentie. Elle était passée proche de perdre la seule personne à qui elle s'était vraiment attachée, confiée, au cours de sa longue vie, et il avait fallu ça pour se rendre compte que finalement, elle s'était un peu comportée comme une idiote. Cela n'ôtait en rien le fait Que Cirillia en avait fait de même cela étant, mais elle même justement finit par l'avouer, en posant sa main sur l'une de ses joues. Amalia fut surprise par ce geste délicat, et elle prit alors sa main dans l'une des siennes, en sentant qu'elle tremblait, encore sous le choc de ses élixirs.

Si j'ai dit ça, alors tu oublies le fait que je ne suis qu'à moitié sage et "âgée".

Elle lui fit alors reposer sa main le long de son corps, tout en souriant néanmoins.

Ce jour est en tout cas à graver dans du marbre. Toi qui reconnaît avoir fait une erreur, est-ce que tu ne deviendrait pas "sage" à ton tour ?

Tout en parlant, Amalia avait commencé à palper le corps de Cirillia à plusieurs endroits. Loin d'être les débuts de préliminaires amoureux, la sorceleuse examinait les endroits où elle avait décelé plus tôt des fractures, dont ceux où elle avait du au préalable remettre les os en alignement pour qu'ils se ressoudent.

Les os de tes bras et de tes côtes ont l'air de se ressouder progressivement, mais on est encore loin d'un résultat satisfaisant. Il faut que je regarde aussi l'état de tes cuisses, tu avais une hémorragie qui les a fait gonfler au point que je n'ai pas pu te retirer ton pantalon, mais ça devrait désormais aller mieux.

Ne faisant sur le coup pas attention à une probable pique de son ancienne élève, Amalia lui retira son pantalon en cuir, et parvint à le faire glisser le long de ses jambes. On pouvait y voir de très gros hématomes.

C'est en train de se résorber...bon signe...

Puis elle palpa enfin l'emplacement de la morsure, qui était cachée sous un épais bandage, mais en voyant Ciri' se crisper, elle en conclut que ce n'était pas encore bon.

Le poison va rendre celle là plus compliquée à guérir...dommage, je crains fort que tu n'aie droit à une cicatrice sur ton tatouage.
Bon, je vais devoir laisser les élixirs agir encore quelques heures avant qu'on ne puisse purger ton organisme des toxines...mais tu devrais être de nouveau sur pied d'ici à demain matin.


On pouvait sentir dans le ton de voix d'Amalia un réel soulagement. La sorceleuse approcha alors son visage de celui de Ciri', et posa une main sur son menton pour le saisir entre ses doigts.

Ne refait jamais..."jamais" une connerie de ce genre, je suis claire ?

Puis, avant même que Cirillia n'aie le temps de dire quoi que ce soit, Amalia fit quelque chose qu'elle avait eu longuement envie de faire, quelque chose qu'elle n'avait pas fait depuis très longtemps avec cette personne en particulier. Elle l'embrassa.
La sorceleuse scella ses lèvres contre celles de son ancienne apprentie, et tout en respirant fortement, elle l'embrassa, glissant sa langue dans sa bouche pour aller à la rencontre de celle de l'humaine, dans un long et langoureux ballet. Amalia ne se retira qu'à quelques occasions pour laisser Ciri reprendre son souffle, avant de continuer ce baiser qui dura de longues minutes. Quand elle se retira finalement, Amalia cassa un léger filet se salive qui les reliait avec sa langue, avant de finalement sourire, tout en maintenant le visage de Cirillia entre ses mains.

Mais à ta décharge, si j'avais été moins encline à t'envoyer te faire foutre, peut-être qu'on aurait d'avantage passé la soirée dans un lit au lieu de t'avoir en convalescence. Mais te revoir comme ça, ça a ramené d'un coup la douleur qu'à été ton départ...et je l'ai pas supporté. Comme quoi, même une sorceleuse aguerrie comme moi n'est pas nécessairement maîtresse de ses émotions, quand il s'agit des personnes qu'on aime.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le vendredi 09 juin 2017, 13:53:39
« C’est l’effet des élixirs, je délire. Ne t’inquiète pas, je reviendrais la jeune femme hargneuse et de mauvaise foi que tu connais si bien demain... »

Ciri’ lui sourit. En soi, elle ne mentait pas totalement. Elle venait de frôler la mort, et se sentait fatiguée, ce qui, de fait, la rendait plus calme, et plus apte à reconnaître ses torts. Amalia se montrait biern plus avenante, loin de l’hostilité dont elle avait fait initialement preuve, et commença à palper son corps, examinant ses plaies. Ciri’ ferma les yeux et la laissa faire, frémissant. Ce n’était pas la première fois que la sorceleuse la palpait ainsi, et la jeune femme se rappela de toutes les fois où elle avait senti les mains d’Amalia sur son corps. Ses doigts fins et doux, cette pression appuyée... Ciri’ s’était très souvent blessée pendant sa formation, et, quand Amalia lui retira son pantalon, elle se rappela de cette fois où, après avoir affronté un serpent géant, elle avait été mordue à la cuisse. Elle était alors une adolescente, qui commençait à ressentir une forte attirance envers Amalia, et la sorceleuse lui avait retiré son pantalon, puis avait avalé le venin, avant de le cracher. Et c’était là, en la voyant agir, que Ciri’ avait compris, pour la première fois de sa vie, qu’elle avait vraiment envie de lui faire l’amour.

Les souvenirs s’embrouillèrent dans sa tête, lui rappelant les multiples massages sexuels qu’Amalia lui faisait. Elle pouvait faire jouir ses amantes juste en les caressant, en frottant son corps contre le sien. Amalia était une excellente sorceleuse, en ce sens que ses yeux et ses réflexes lui permettaient de comprendre rapidement le fonctionnement du corps humain, afin de savoir où frapper, où taper... Et où caresser. Ciri’ en avait souvent fait l’objet, et savait combien Amalia était talentueuse en la matière. Elle sentit alors sa main se poser sur sa plaie, et gémit alors.

« Hnnn... »

Amalia lui avoua alors ce dont la jeune femme se doutait, à savoir qu’elle allait hériter d’une cicatrice sur son tatouage. Cirillia la regarda silencieusement, et sourit alors.

« Ça tombe bien, j’ai toujours adoré tes cicatrices... »

Cirillia commençait à sentir la fatigue la saisir. Son corps avait encore besoin de repos, mais, avant ça, Amalia tenait encore à lui faire une ultime chose. La sorceleuse lui parlait, et, pour peu que Ciri’ la comprenait, il lui semblait qu’Amalia se montrait... Particulièrement affectueuse. Et ça, c’était troublant. Est-ce qu’elle continuait à délirer ? Elle s’en posait la question, quand Amalia posa sa main sur son menton, et se rapprocha d’elle. Ciri’ entrouvrit les lèvres, surprise... Et la femme l’embrassa alors.

La sorceleuse sentit une vague d’adrénaline la traverser, et écarquilla les sourcils, figée... Avant de lui répondre. Elle sentit la langue d’Amalia s’enfouir en elle, titillant son appendice, qu’elle remua à son tour, venant jouer avec la langue de la femme, tout en posant sa main sur ses cheveux, et en soupirant de plaisir. Les deux femmes se collèrent l’une à l’autre, Ciri’ étant couchée sur le lit, incapable de se redresser, subissant les délicieux assauts buccaux de la femme. Plus que tout le reste, ce baiser était un magnifique aveu, une preuve d’amour entre les deux femmes, la démonstration ultime que, malgré leur séparation, les liens les unissant ne s’étaient jamais rompus.

L’humaine en ferma les yeux, savourant au mieux la bouche de la sorceleuse. Le baiser dura bien plusieurs minutes, mais, pour elle, ce ne fut que comme si quelques poignées de seconde s’étaient écoulées. Amalia mit fin au baiser, mais conserva son visage proche du sien, leurs souffles précipités se mélangeant ensemble.

« Il n’y a qu’une seule connerie que je ne referais plus, Amalia... »

Ciri’ lui sourit encore, et attrapa la main de la femme dans le creux de la sienne, utilisant son autre main pour caresser avec ses doigts ses belles lèvres.

« ...C’est de t’abandonner à nouveau, mon amour. »
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le lundi 12 juin 2017, 13:16:45
Il fallait qu'elle se rende à l'évidence, Amalia n'avait jamais complètement oublié Cirillia, même après qu'elle soit partie. Elle n'en avait bien entendu pasfait une obssession, mais maintenant qu'elle était revenue à elle, et qu'elle avait avoué regretter d'être partie...c'était presque comme au bon vieux temps. Le mentor qui prenait soin de l'apprentie après que cette dernière aie appris à la dure que la chasse aux monstres comportait de grands risques.
Elle l'avait donc embrassée, comme au bon vieux temps, parce qu'elle avait enfin adis que sa réaction n'avait pas été la meilleure façon d'aborder le problème, et parce que dans un sens elle se sentait aussi un peu responsable de ce qui était arrivé à Ciri'.
Mais dans tous les cas, elle était désormais soulagée. Si elle ressemblait toujours à une locque, elle était en revanche bel et bien en train de guérir, il fallait juste laisser les élixirs agir pendant encore quelques heures, puis Amalia lui donnerait une potion qui progressivement purgerait son système de toutes les toxines qu'elle avait ingéré. D'ici au lendemain matin, Cirillia serait de nouveau sur pied. Faiblement, cette dernière lui avait alors pris la main, et affirmait qu'elle ne ferait plus la connerie de la quitter.
Elle l'appella aussi "mon amour".

L'on disait souvent des sorceleurs que les mutations leur ôtait toute capacité d'éprouver des émotions, mais ce n'était qu'une rumeur de plus qui était complètement fausse, destinée à les faire passer pour d'autenthiques monstres. Amalia pourtant sentit son coeur se serrer à ces mots, et elle fit alors la seule chose censée à cet instant, elle retourna l'embrasser brièvement, mais avec force et passion.

Tu as bien choisi ton moment pour me faire cette déclaration petite conne, juste aux portes de la mort hein ?

Amalia toutefois sourait, et c'était asse rare pour être noté, elle souriait "vraiment". Non pas pour se moquer de Ciri', ou faire preuve de son habituel cynisme, non, elle semblait pour le coup vraiment heureuse.

Mais je te préviens...si tu t'avises de ne pas tenir ta parole, cette fois je te traquerais, où que tu sois dans le monde...on n'avoue pas à une sorceleuse qu'on l'aime sans que ça aie des conséquences, surtout quand le sentiment est réciproque.

Amalia finit toutefois par se retirer, tout en continuant toutefois encore un peu à tenir sa main dans la sienne.

Allez, continue de te reposer, ce n'est après tout même pas comme si je pouvais te faire l'amour dans cet état là. Dors, ça me permettra de le faire également.

Lui lachant délicatement la main, Amalia lui tourna alors le dos, puis s'agenouilla au sol. A défaut de dormir, les sorceleurs pouvaient également entrer dans un état de profonde méditation qui était aussi réparateur qu'une longue nuit de sommeil, et dont ils pouvaient sortir aussi bien plus aisément. Amalia l'utilisait beaucoup lorsqu'elle n'avait pas accès à un vrai lit, ou lorsqu'elle devait patienter des heures dans l'attente d'une cible, tout en étant prête rapidement lors de son arrivée.

Plusieurs heures passèrent ainsi, et Cirillia, quand elle se réveillerait, sentirait alors que quelqu'un se trouvait à califourchon sur elle. C'était Amalia, qui portait dans l'une de ses mainsune fiole d'une potion blanche. Mais surtout, surtout, elle verrait que la sorceleuse ne portait guère plus qu'une longue chemise blanche à longues manches, dont les boutons au niveau du torse étaient assez déboutonnés pour laisser voir la naissance de ses seins. En dehors de ça...et bien la sorceleuse n'avait rien d'autre, et se trouvait à califourchon sur son ancienne apprentie qui était aussi largement dévêtue, et n'était qu'en sous-vêtements.

Bien dormi ?
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le lundi 12 juin 2017, 13:56:48
« Je te l’ai dit, Amalia, c’est l’effet des élixirs, je délire... Ma chérie. »

Cirillia finit par lui sourire à nouveau. Ses paupières commençaient de fait à être lourdes, mais elle conservait, sur ses lèvres, le goût délicieux de la bouche d’Amalia. Sa mentor et amante était retournée veiller sur elle, la protégeant et la soignant, lui pardonnant toutes ses impulsivités, et cette manie phénoménale que Ciri’ avait de se mettre en danger... Comme au bon vieux temps. Comme si toutes les années passées n’avaient été qu’une brève parenthèse, et que, finalement, elles avaient toujours été faites pour se retrouver. Cirillia et Amalia n’avaient toutes les deux jamais cru au destin. Mais comment expliquer autrement ce sentiment ?

Amalia lui avoua qu’elle l’aimait aussi, mais que, désormais, la jeune femme n’avait vraiment plus intérêt à lui fausser de nouveau compagnie. Ciri’ se pinça les lèvres, et ne put s’empêcher de faire une ultime saillie, tout en fermant les yeux :

« Oh, ne me tente pas, Amalia, je serais capable de le faire.. Juste pour que tu me rattrapes. »

Ensuite, elle sentit la fatigue l’envahir, et dormit à nouveau, s’effondrant comme une masse... Et elle dormit même plutôt bien.



Ciri’ se réveilla à nouveau en soupirant brièvement, et sentit rapidement le contact d’un corps au-dessus du sien. Ouvrant les yeux, elle vit Amalia, qui l’observait silencieusement, tenant dans la main une potion... Et présentant surtout le détail d’être faiblement vêtue. Elle portait de simples sous-vêtements, un soutien-gorge et une culotte. Cirillia, silencieuse, constata qu’elle-même ne portait plus qu’une chemise de nuit à manches courtes, les boutons du devant enlevés, de sorte qu’on pouvait voir la courbe de ses seins.

En la voyant se réveiller, Amalia lui demanda si elle avait bien dormi. Le regard de Cirillia était maintenant plus vif. Elle n’avait pas menti quand elle avait dit qu’elle disposait de capacités de régénération surnaturelles. Un humain normal aurait mis des semaines avant de pouvoir sortir du lit, et serait resté dans le coma plusieurs jours. Mais elle, l’âme du dragon qu’elle avait absorbé avant renforcé ses pouvoirs. Amalia avait ainsi pu constater par elle-même que ses capacités latentes n’avaient rien à envier à celle des sorceleurs.

« Hmm... En fait, j’ai fait un rêve étrange, Amalia. »

Cirillia remonta sa main, et caressa le flanc d’Amalia.

« Dans ce rêve, tu t’occupais de moi, je te déclarais que je t’aimais, tu en faisais de même... Mais tu te penchais vers moi, et tu me disais que je ne pouvais tout de même pas espérer m’en tirer si facilement. Au contraire, insistais-tu, dire que je t’aimais, après t’avoir délaissé pendant plusieurs années, ne faisait qu’aggraver mon cas. »

Tout en parlant, la sorceleuse remontait également ses deux mains, glissant sur les cicatrices de la femme, ces bandes de chair que Ciri’ avait si souvent léché et embrassé.

« Alors, je prenais peur, je te demandais ce que je voulais que je fasse, et tu t’es rapprochée davantage de moi. Tu m’as mordillé l’oreille, et tu m’as dit qu’il n’y avait rien à faire, et que, si je voulais me faire pardonner, il fallait que j’agisse... Surtout que je t’avais dit auparavant que je ne savais pas qui était le meilleur coup au lit, entre toi et la Princesse de Sylvandell. »

Ses mains atteignirent finalement leur cible, et Cirillia, sans hésitation, dégrafa le soutien-gorge de la sorceleuse, puis caressa ses seins avec ses doigts, glissant tendrement le long des tétons, soupesant ces derniers. Amalia avait une belle poitrine, voluptueuse et tendre, extrêmement douce.

« Alors, pour me punir, tu me faisais alors l’amour furieusement, comme jamais auparavant, en me baisant sans ménagement... »

Les doigts de Ciri’ pincèrent alors les seins de la femme, et son sourire se fit plus malicieux.

« Aussi, je me demande... Est-ce que ce rêve était un pur fantasme de ma part... Ou est-ce qu’il était prémonitoire ? Qu’en pense la sorceleuse-experte ? »

La malice brûlait dans le regard de Cirillia.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Amalia Joever le lundi 26 juin 2017, 13:41:29
Amalia allait lui faire l'amour. Si cette optique n'avait pas été envisageable quelques heures aupravant, Cirillia s'était bien remise de ses blessures grâce aux potions qu'elle avait ingurgité, ainsi que grâce à son métabolisme également hors du commun, qui lui avait permis de supporter sans mourir les potions d'Amalia. Ne restait plus qu'à purger son système sanguin des toxines dont il était saturé, si celà pouvait se faire naturellement, la potion qu'Amalia tenait dans les mains permettrait un résultat bien plus rapide. Mais plus que tout, Amalia s'était surtout largement dévêtue, et ne portait plus que ses simples sous-vêtements de toile, elle avait posé tout son attirail sur une chaise pour se désapper.
Cirillia sembla apprécier la vue, et commença à lui parler d'un rêve qu'elle aurait soit disant fait, mais qui était d'avantage une invitation à peine voilée, qui fit malicieusement sourirela sorceleuse. Cirillia prouva qu'elle allait mieux en prenant l'initiative de la caresser, et d'ôter son soutien gorge, non sans être au préalable passée par le biais des multiples cicatrices qui lézardaient le corps de l'elfe.

Hum, tu fais effectivement d'étranges rêves Ciri', d'autant plus étranges qu'ils ne sont pas dénués de vérité. Mais avant toute chose, je vais encore jouer la vieille mégère, et te faire boire cette potion, il faut purger ton système sanguin, sinon ce seront les élixirs qui vont te tuer. Ce serait un peu con, tu trouve pas, de crever dans un lit ?

Ainsi, alors que Ciri' était en train de pétrir sa poitrine, Amalia porta la flasque aux lèvres de l'humaine, et lui fit avaler le contenu, dont le goût était...et bien assez éloigné de ce qu'on pourrait considérer comme bon.

Oh ne fait pas ta précieuse, moi au moins j'ajoute du miel pour atténuer le goût...tu n'a jamais eu la chance de goûter à la version qu'on enseigne à tous les apprentis, un truc à te faire vomir tes tripes, littéralement.

Très, très romantique, comme à son habitude, Amalia jeta la flasque au sol. Puis, ses mains se saisirent de celles de Cirillia, et les ammena près des barreaux du lit, au dessus de sa tête, tout en se penchant vers elle pour l'embrasser langoureusement.

Mais pour en revenir à ton rêve, il m'a l'air en effet prémonitoire, vu que je comptais de faire l'amour. Les toxines dans ton sang s'élimineront plus rapidement si on stimule la circulation, et ton rythme cardiaque...et si j'ai bonne mémoire, tu as tendance à assez vite monter en tension...

Puis Amalia approcha alors ses lèvres d'une des oreilles de l'humaine, tandis qu'une de ses mains sembla chercher quelque chose par terre.

Surtout quand je t'attache...

Amalia parvint alors à trouver l'une de ses ceintures en cuir renforcé, et s'en servit pour attacher les poignets de Cirillia aux barreaux du lit, au dessus de sa tête. Ciri' aurait beau être forte, Amalia était une experte dans l'immobilisation des personnes, et elle ne se défairait de ses liens que lorsque l'elfe le déciderait. Elle se redressa alors, à califourchon sur elle, et pendant qu'elle entreprit de défaire les boutons de la chemise que portait Cirillia, Amalia commença à la narguer.

Je suis prête à parier tout mon équipement que ta Princesse est bien incapable de te dresser...alors que pourtant, tu aimes ça.

Tout en se penchant à nouveau vers Cirillia, Amalia avait alors terminé de déboutonner la chemise que l'humaine portait, eten avait écarté les pans pour rééler le corps nu et généreux de Ciri'. La mains de l'elfe ne tardèrent pas à se poser sur les seins de l'humaine, pinçant sèchements les tétons, tandis qu'elle entreprit de lui mordre les lèvres et le cou, sans aller jusqu'au sang, la sorceleuse laissait sa marque.
Le prélude d'une partie de jambes en l'air qui promettait d'être éprouvante pour Ciri', car Amalia entendait bien lui faire payer...à sa manière.
Titre: Re : La malédiction de la strige [Amalia Joever]
Posté par: Cirillia le lundi 26 juin 2017, 20:29:44
Amalia continua à la torturer, en lui faisant boire un élixir destiné à lutter contre le taux de toxicité dans son sang. Un élixir que Ciri’ connaissait bien. Du Miel blanc. Un élixir propre aux sorceleurs, qui, en stimulant la production d’enzymes de purification enzymes dans le corps, accélérait le nettoyage du système sanguin... Mais l’élixir n’avait de miel que le nom. Une grimace déforma les lèvres de la sorceleuse en buvant ce nectar, ce qui n’échappa guère à Amalia, qui l’aida ensuite à lui faire passer ce mauvais goût par l’un de ces baisers dont elle avait le secret. Des lèvres, Ciri’ en avait goûté beaucoup, mais il n’y avait vraiment que deux bouches qui étaient au-dessus du lot, similaires et différentes en même temps : Amalia et Alice. Alice avait un baiser tendre, marquée par une passion sauvage et naissante, alors qu’Amalia avait un baiser marqué, plus dominateur, trahissant la même passion, tout aussi sauvage, mais avec l’expérience en plus. Un baiser plus assuré, plus fort, qui rappela à Cirillia toutes les fois où, alors en formation, elle avait été embrassée ainsi, très longuement. Amalia pouvait volontiers embrasser la femme pendant plusieurs heures, et lui faire l’amour en même temps.

Pour le dire simplement, Ciri’ fondait sous ce baiser, qui lui rappelait son adolescence, la replaçant dans la situation de l’élève... Et son trouble s’accentua quand elle sentit Amalia poser doucement, mais non moins fermement, ses mains en arrière, autour du barreau du lit, avant de les attacher tous les deux, à hauteur des poignets, avec une ceinture en cuir. Ciri’ sentit le cuir s’enfoncer contre sa peau, et un frisson la traversa. Elle releva la tête, et remua des doigts, comme pour tenter d’éprouver la résistance de la ceinture.

« Tu n’as pas perdu la main, ma chérie... »

L’elfe, retrouvant sa vitalité, se mit à califourchon sur elle, et Ciri’ sentit sa respiration s’accélérer. Il y avait bien longtemps qu’elle s’était retrouvée dans cette position. À Sylvandell, elle dominait toujours, et ce n’était pas Alice qui allait pouvoir la soumettre. Dominatrice, Cirillia ne se soumettait qu’envers quelques rares personnes... Soit, en réalité, exclusivement Amalia. Elle déboutonna lentement sa chemise, tout en revenant sur le sujet d’Alice.

Ciri’ sourit alors, et lui répondit :

« Eh bien... Elle a essayé. Au début. Mais la pauvre ne savait même pas par quel bout tenir un fouet. Et tu sais comme moi qu’il faut une sacrée poigne pour me dominer, surtout depuis que j’ai l’énergie d’un dragon qui bouillonne en moi. »

La sorceleuse sentit ensuite sa chemise se retirer, et soupira quand les mains fermes d’Amalia se posèrent sur ses seins.

« Hnnn... Oh oui, haaaa... Alice... Elle serait incapable de serrer si fort, c’est moi qui la pince comme ça... Mais moi, je ne suis pas aussi fragile qu’elle... »

Amalia se pencha vers elle, et lui mordilla le cou, la faisant frémir. Les morsures... La grande passion de l’elfe, indéniablement, et qui ne laissaient sûrement pas Cirillia indifférente. Elle gémit lentement, en se tortillant sur place, le désir grimpant en flèche, balayant les douleurs qu’elle avait pu ressentir.

« Ohhh... A-Amalia, hmmm... »

Tolut ça n’était qu’un prélude, mais il augurait indéniablement de choses merveilleuses à venir !