Le Grand Jeu

L'entre-deux Mondes => Base Spatiale => Discussion démarrée par: ZI.UA le lundi 02 février 2015, 22:27:33

Titre: ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le lundi 02 février 2015, 22:27:33
   Il ne faisait pas bon. Le ciel était gris, noir, ZI.UA ne savait pas vraiment. Au-dessus de sa tête, tout se fondait en un amas inquiétant, prêt à lui tomber sur la gueule. Une personne un peu croyante y aurait vu un signe de mauvaise augure, quelque chose de néfaste, quasi-cancérigène. Elle, elle n'y voyait rien de spécial. Une absence de mythes rendait sa vie amère. Il n'y avait rien à espérer dans l'irréel, rien de fou, rien de miraculeux. Ce genre de trucs, elle ne pouvait les trouver que dans le cosmos. Cette pensée fit grincer son cœur d'une drôle de façon.

- Il va falloir y aller.

   La délicieuse voix robotique d'Alma sortit de son ordinateur, devant lequel elle était assise.

- Il est l'heure ? marmonna la jeune femme en grattant sa crinière verte.
- Plutôt, oui. Vous avez toutes vos affaires sur vous ?

   Elle répondit par un hochement de tête. De toute façon, Alma s'était connectée à la webcam et pouvait facilement la voir.

- Dépêchez-vous, alors.
- Oh, c'est bon.

   Le charmant logiciel qu'était Alma avait toujours un ton sentencieux. Le même qu'ont les parents. Celui à qui ne peut répondre que par par un grognement ou, au mieux, une réponse dépourvue de sens. ZI.UA se leva, enfilant une combinaison noire, qu'elle refermait sur son torse avec une fermeture dorée. C'était toujours mieux, pour voyager. Si ce genre de délires vestimentaires inquiétaient tous ceux de sa promotion, elle, elle trouvait ça cent fois plus confortable. Et puis, jusque là, elle n'avait jamais porté autre chose que des combinaisons. Elle enfila un manteau en fausse fourrure blanche, avant de saisir son sac.

- La fourrure, mademoiselle ? continua Alma sur un ton doucement moqueur.
- Tu apprendras que c'est très confortable, pour voyager, répliqua-t-elle.
- C'est surtout très fragile, mademoiselle.
- Oh, c'est bon, Alma.
- J'admire votre sens de la répartie.
- Raaaaah !

   Elle ferma son ordinateur d'une main, avant de filer vers ce qui devait être une salle à manger, mais était devenu un endroit où s'entassaient tous ses souvenirs, tout ce qu'elle avait pu sauver de ses années à voguer dans la galaxie. Deirdre, mise sur pause, se tenait sur un fauteuil, au milieu de bouquins pour lesquels ZI.UA n'avait pas encore trouvé de place. Elle regarda un petit moment les croquis et les photographies, qui couvraient tous les murs, avant de fourrer dans son sac deux-trois p'tits trucs à bouquiner, une clope dans la bouche.

- ZI.UA ?
- Ah, putain, ALMA !

   Elle venait de s'incruster dans sa montre, et avait fait frôler l'arrêt cardiaque à la jeune femme. Deirdre s'anima aussitôt.

- Tu pars ?
- Mademoiselle part aujourd'hui même en voyage, oui, continua Alma.
- Je peux venir ?
- Les humanoïdes ne sont pas autorisés par …
- Oh, fermez-la, FERMEZ LA !

   Dieu que c'était épuisant, la technologie, par moments.

- Deirdre, tu restes ici, à moins que … Tu vois. Si j'ai un problème, tu prendras Ludwig, 'fin merde, on en a parlé hier ! Et on ose parler de la mémoire humaine !
- Mademoiselle veut-elle que je lui rappelle les notes de son dernier contrôle de connaissances ? Je pense qu'un ordinateur aurait fait beaucoup mieux.
- … Alma, tu m'emmerdes.

   Le temps de rafraîchir les esprits de son robot préféré, et elle rejoignit Ludwig, son vaisseau attitré. Lui la conduirait à l'Académie sans faire d'histoires. Pas d'engueulades, de sarcasmes, rien. Putain ce qu'elle l'aimait.
   Aujourd'hui, c'était le jour du voyage. Elle avait dû se battre contre ses profs, qui, appréciant moyennement ses petites remarques et son ton continuellement insolent, avaient voulu l'empêcher d'y participer. Une dizaine de jours dans un centre d'étude. Elle ne pouvait pas rêver mieux. Ici, on avait fini par l'habituer à ne voir des xénomorphes que sur des photographies et des diapositives projetées sur un mur sale. Pendant dix jours, elle allait pouvoir en apprécier des vrais. Des vivants. Putain, ça faisait tellement longtemps. Elle éteignit sa cigarette avant d'entrer dans les bâtiments de l'Académie, rejoignant avec dix minutes de retard le reste de sa promotion. Tout le monde avait déjà pris sa place dans le vaisseau. Il ne lui restait plus qu'un siège, au fond, là où il n'y avait aucune fenêtre. Elle poussa un « Putain » gavé de rage avant de jeter son sac dans la soute et de rejoindre les autres. Qu'est-ce que les gens font chier, c'est impressionnant.
   Elle passa les quelques heures de voyage des écouteurs vissés dans les oreilles. Toutes les têtes s'agitaient, autour d'elle. ZI.UA détestait entendre les gens. Elle n'aimait pas les entendre parler. Chaque fois que ses écouteurs flanchaient et qu'elle devait se confronter aux bruits des autres, elle fumait deux fois plus que d'habitude. Ça l'agaçait. Elle préférait largement choisir les bruits avec lesquels elle voulait s'entourer.




o o o o o o o o




- Nous vous rappelons que vous serez logés dans cet internat, destiné aux jeunes chercheurs ! Nous vous demandons beaucoup de soin !

   La petite prof blonde glapissait comme un renard en fin de vie.

- Trois par chambre ! La liste est ici ! Quand je donne votre nom, vous venez, vous prenez les clés, et … Silence, s'il vous plaît ! Silence !

   Et elle commença à réciter les noms. Son sac sur l'épaule, le regard un peu vide, ZI.UA regardait les gens défiler. Un classement par ordre alphabétique, la grosse blague. C'était sans doute la classification la moins ingénieuse de tous les systèmes réunis. Elle serait à la fin, comme d'habitude, avec deux personnes dont elle entendit à peine le nom. Un garçon et une fille. Elle le sentait, elle allait se marrer. La fille prit la clé, et ils avancèrent dans le bâtiment rond, isolé du centre, au milieu d'un jardin. On dirait un asile, bordel. La visite de la chambre fut rapide. Trois lits, trois bureaux, une salle de bain. Mh, une prison plutôt. Elle jeta son sac sur son lit, près d'une fenêtre. Elle avait sa revanche. La jeune femme attendit que les deux élèves sortent, avant de s'affaler sur son lit. Elle n'avait pas dit un mot. Elle voulait le calme, le silence, la paix, et …

 - Mademoiselle, vous devriez parler à ces jeunes gens. Ce sont vos camarades.

   Alma. Bordel. Elle regarda sa montre. La voix venait de là.

- De quoi je me mêle ?
- Vous allez passer dix jours avec eux, ici. Soyez raisonnable.
- Je ne suis pas venue ici pour apprendre à être sociable. Je suis ici pour étudier.
- Ah, Mademoiselle.
- Alma, dis-mo, si on mettait à côté de toi une … Mh, je ne sais pas, une Game Boy Color, tu vois ? Tu voudrais lui parler ? Elle aurait des choses à t'apprendre, tu crois ? Eh non ! Elle ne saurait même pas parler !
- Vous êtes trop présomptueuse.

   Pour la peine, ZI.UA s'alluma une cigarette, refermant son manteau de fourrure autour d'elle. Dehors, sa professeur hurlait encore. Ils pouvait faire ce qu'ils voulaient de leur soirée, et demain, les visites commenceraient. Puis les études. Elle n'attendait que ça.
   Tout en regardant les corps de ses « camarades » s'éparpiller un peu partout, animés par une vie qu'elle trouvait agaçante et profondément vide, elle s'enfonça dans son lit, un bouquin entre les mains.




o o o o o o o o o o




- La capacité d'adaptation du xénomorphe est impressionnante. C'est une créature passionnante. Il suffit de l'étudier pour s'en rendre compte, et vous, jeunes étudiants, avez cette chance, celle d'étudier une des créatures les plus importantes de notre système.

   Je vais compter tous ses mots en « ante ». Première journée. Conférences autour du statut, de l'Histoire, de l'anatomie des xénomorphes. C'était pas vraiment la partie la plus passionnante. Engoncée dans un slim noir, un t-shirt blanc cent fois trop grand sur le dos et son inimitable manteau de fourrure, ZI.UA prenait des notes à propos des choses qu'elle savait déjà. C'est bon, elle en avait vu des paquets, des créatures de ce type. Affalée, le visage calé dans une main, elle comptait les minutes qui la séparait de la pause-cigarette. Elle n'aurait pas dû. Le résultat la découragea.

- C'est une expérience troublante, que de rencontrer pour la première fois un xénomorphe.

    Grands dieux, va-t-il s'arrêter ?   Elle fit une petite croix, en haut de sa feuille. Vivement que ça bouge. Parce qu'à ce train-là, elle allait fondre d'ennui.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le mercredi 04 février 2015, 01:57:24
Maison de la Xénomorphie, Cassiopeum
Maintenant


« Reaper (http://img110.xooimage.com/files/0/e/2/reaper-49c0c48.jpg). Un spécimen xénomorphe fascinant qui a les moyens de se dissimuler dans l’espace, et de pouvoir survivre sans avoir besoin de se nourrir, en ralentissant volontairement son système nerveux et en figeant son organisme. Il se trouve généralement dans certains carcasses de vaisseaux spatiaux, et sa faculté d’hibernation est telle que son corps, avant de se réveiller, n’émet aucune émission de chaleur corporelle. Autrement dit, les détecteurs sont incapables de les repérer...
 -  Putain, man, c’est d’un chiant...
 -  Les dissections menées sur le Reaper permettent d’établir que cette créature peut retenir dans ses poumons tout oxygène inspiré pendant une grande durée. L’oxygène gonfle ensuite des espèces de spores poussant sur certaines parties de son corps, et qui lui permettent, en cas d’attaque, d’émettre autour de lui un gaz aveuglant et corrosif servant à le camoufler. Les études du Docteur Mynark Kyras ont permis de déterminer que son facteur de régénération cellulaire venait de... »

Le guide Nathan poussa un léger grognement. Ulrik (http://nsa34.casimages.com/img/2013/09/20/130920031352721970.jpg) n’était pas réputé pour être un homme très patient, et le contrebandier ne voyait guère ce qu’on pouvait trouver de si passionnant dans un musée. Cependant, il avait été payé pour escorter Nathan, et c’était une tâche à laquelle il s’appliquait, ne comptant guère rechigner sur quelques crédits. Nathan, quant à lui, trouvait l’homme un peu collant, et les deux marchaient à travers les coursives de la Maison de la Xénomorphie de la planète Cassiopeum, une planète tellurique qui avait pour particularité d’abriter, outre une vaste ville, un important centre de recherches scientifique galactique sur les Xénormorphes... Soit toutes les formes de vie extraterrestre sauvages n’ayant pas constitué une civilisation, et qu’on retrouvait sur au moins deux systèmes solaires différents.

Que faisait donc un brave policier de Seikusu dans un musée galactique, à observer devant lui des guides robotiques parler des Reapers, sous les regards admiratifs d’une tripotée de marmots à la peau violette ou ayant trois yeux ? Tout avait commencé il y a quelques semaines, lors d’une réunion à Seikusu Base Camp, après les derniers exploits de Nathan sous l’emprise de la Bête*.



Seikusu Base Camp
Il y a quelques semaines


« Le symbiote est en train de prendre le contrôle sur lui.
 -  Malheureusement, le traitement est de plus en plus inefficace... La Bête, comme Monsieur Joyce l’appelle, est en train de s’adapter, et de repousser mon vaccin, malgré toutes mes tentatives de le perfectionner.
 -  Alors, quoi ? On revient sur cette idée de l’envoyer chez les Novaquiennes ?
 -  Non seulement je ne suis pas convaincue par la capacité des Novaquiennes à extraire ce symbiote, mais je doute qu’il soit intelligent de confier à des nymphomanes en puissance un pervers sexuel incapable de se calmer devant une paire de seins.
 -  Hum... Vous marquez un point, Agent Romanov. Il reste toujours la possibilité de l’enfermer.
 -  Ce serait idiot, il n’est qu’une victime...
 -  Alors, que suggérez-vous, Agent Carter ?
 -  Transférez-le au Peak, la base spatiale du SWORD... Ils ont un Portail pour la Base Spatiale Galactique. »

Un léger silence s’était instauré dans la pièce. Le SWORD était une division du SHIELD spécialisée dans la surveillance des signaux extraterrestres, notamment des menaces spatiales.

« Okay... Donc, on l’envoie là-bas, et... ?
 -  Nathan est une grande personne, et il veut vraiment se débarrasser du monstre. Il ne sort plus de chez lui, depuis ce qui est arrivé à cette civile...
 -  Ce à quoi je tiens à rappeler que, si jamais il merde à nouveau, je l’enfermerais. On est passé à deux doigts de la catastrophe, sur ce coup-là... »

Un nouveau silence s’était instauré dans la pièce.

« Je pense que c’est ce qu’il a de mieux à faire. Son symbiote est un Xénomorphe, et notre niveau technologie ne nous permet pas de mener des recherches approfondies sur eux. Quant aux Tekhanes, même sans tenir compte de leurs déviances sexuelles, leurs recherches sont centrées sur les Formiens, qui ne constituent qu’une catégorie particulière de Xénomorphes. Bien sûr, nous pourrions envoyer un agent avec lui, mais je crois qu’il est mieux qu’il y aille seul...
 -  C’est aussi ce que je pense. Ce n’est pas comme s’il n’était pas capable de se défendre tout seul. Le SWORD pourra lui louer une chambre, et puis... En cas de problème, le SWORD a des agents au sein de cette station, non ? »



Maison de la Xénomorphie, Cassiopeum
Maintenant


Cassiopeum était une planète qui avait existé avant que la crise formienne ne devienne une crise majeure, soit avant que la majeure partie de la Flotte-ruche ait choisi d’attaquer Gordan. Auparavant, tout en étant toujours une menace sérieuse, celle-ci était tempérée par les principales puissances de l’Univers connu par la présence rassurante de l’immense armada gordanienne. Avec ses millions de vaisseaux et ses milliers de chantiers navals, l’Empire était à même de briser d’innombrables Leviathans, et ainsi de purifier bien des planètes et des systèmes stellaires contre des menaces en tout genre. Maintenant, les Formiens avaient passé un cran au-dessus, et Cassiopeum s’était vu allouer des fonds supplémentaires.

Juridiquement, la planète tellurique était une planète au statut politique neutre, dépendant presque exclusivement des fons fournis par les autorités régulant la Base Spatiale, afin de fournir des bases de recherche sur les Xénomorphes, au sens large. Il n’y avait pas vraiment de grand département formien, et les recherches de Cassiopeum étaient utilisées à des fins militaires, afin d’essayer de mieux comprendre les Formiens. Nathan, honnêtement, se moquait bien des Formiens, et ce même si la plupart des gosses demandaient fréquemment à leurs parents s’ils allaient enfin pouvoir les voir.

Il était en compagnie d’Ulrik, un individu improbable, mais ce dernier avait fini par le larguer, sortant de la Maison de la Xénomorphie pour rejoindre le reste de la station. Nathan, lui, suivait son groupe. Il espérait trouver sur quelque chose concernant les symbiotes. Comprendre ce qui lui arrivait, voilà qui le hantait... Il se souvenait encore de ce qu’il avait fait à Kelly, à cette pauvre femme... Et le pire était que, même s’il était objectivement dégoûté par ce qu’il avait fait, il sentait que, s’il devait un jour le refaire... Il le referait.

Au bout d’une bonne vingtaine de minutes, il réalisa qu’il n’apprendrait rien en suivant la visite guidée, et il entreprit de suivre des panneaux menant à l’Académie de Cassiopeum, auquel les simples visiteurs avaient accès.



Base Spatiale
Il y a une semaine


« Alors, comme ça, vous cherchez un taxi ?
 -  On peut dire ça, ouais... »

Quand le SHIELD avait proposé à Nathan d’aller dans l’espace, il avait initialement cru à une blague. Avait-il trop picolé ? Se mettait-il à entendre des voix ? À voir des hallucinations ? Et puis, progressivement, en faisant fonctionner son cerveau, il avait compris... Il avait compris que l’idée était qu’il puisse enfin découvrir ce qu’était vraiment son symbiote, ainsi qu’un moyen de s’en débarrasser définitivement.

Arriver la première fois sur la Base Spatiale lui avait fait bizarre, et, fort heureusement, après avoir violé Kelly et déchiqueté plusieurs Yakuzas, la Bête était relativement apaisée pour qu’il puisse contrôler le symbiote. En faisant quelques recherches, Nathan avait entendu parler de Cassiopeum, de la Maison de la Xénomorphie, de la guerre entre Gordan et les Formiens, donnant lieu à des images audiovisuelles qui auraient pu faire fureur dans la prochaine superproduction de Michael Bay.

Pour se rendre à Casisopeum, il lui fallait un chauffeur. Il aurait pu prendre l’une des navettes, mais, dans la mesure où Nathan pensait rester un certain temps, et sans doute encore voyager ailleurs, il avait trouvé un type dans l’une des cantinas de la Base Spatiale. Un contrebandier blond, en train de se saouler. Ulrik. Nathan l’avait immédiatement rangé dans la catégorie des rats et des parasites, ces épaves et ces déchets qui semblaient visiblement se trouver d’un bout à l’autre de l’Univers...

Des gens comme lui, quoi.



Académie de Cassiopeum, Cassiopeum
Maintenant


Nathan s’avançait rapidement, sans trop savoir où aller. L’Académie était jointe à la Maison de la Xénomorphie, reliée par des couloirs en verre translucide filant au-dessus de jardins luxuriantes, avec, au loin, de magnifiques cascades tombant depuis de très hautes montagnes. Oui, Cassiopeum était une magnifique planète, très agréable, très vivante... Mais Nathan n’était pas venu pour admirer le paysage. Il avançait le long des couloirs de l’Université, se dirigeant vers une amphithéâtre où une conférence avait lieu sur le Xénomorphe, et, après quelques hésitations, finit par trouver l’une des portes d’entrée.

Il débarqua dans un immense amphithéâtre, accueillant bien plus de mille personnes. Le professeur était sur une estrade centrale, et Nathan se déplaça rapidement, venant s’asseoir sur un siège... Juste à côté d’une femme blonde. Nathan la regarda brièvement, et hocha lentement la tête.

« Euh... Salut. Désolé de vous déranger » fit-il en s’asseyant.

Il était à côté d’une bombe sexuelle... Et la Bête continuait à dormir.

C’était presque trop beau pour être vrai.



* : Cf. RP « Luxury (http://hentai.forum-rpg.net/index.php?topic=15029.0) ».
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le mercredi 04 février 2015, 17:59:02
   La blonde (http://img11.hostingpics.net/pics/7568296502byilikeyoursensitivityd4jzdr1.jpg) en question, penchée sur ses notes, releva soudainement la tête. Le détailla. Fouilla la salle des yeux, agissant comme si elle surveillait chaque personne avec attention. S'enfonça sur son siège. C'était elle, la professeure de l'Académie qui encadrait ce charmant groupe d'élèves. Après avoir vogué dans l'espace, le temps de se faire une assez bonne réputation, on lui avait accordé un siège à l'Académie. Si, le visage fermé, elle renvoyait l'image d'une femme dure à qui il ne faut pas trop parler, une fois souriante, elle avait la gueule d'un ange.
   Ainsi, un sourire se traça tout naturellement sur sa face, quand Nathan lui adressa la parole.

- Vous ne me dérangez pas, ne vous inquiétez pas.

   Et elle jeta à nouveau un coup d’œil circulaire dans l'amphithéâtre. Son regard s'arrêta sur quelques jeunes, assis un peu au-dessus d'elle d'un ou deux rangs, leur faisant signe de se taire, avant de le regarder à nouveau.

- J'accompagne mes élèves, pardonnez-moi si je tourne la tête, comme ça, c'est que je dois les surveiller un peu.

   Parmi ces quelques jeunes en question se tenait, je vous le donne en mille, ZI.UA, ainsi que Jena (http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=1519378axpyzlfx0.jpg), qui venait de s'installer à côté d'elle. C'était une femme atrocement gentille, ce qui donnait sans cesse envie à ZI.UA de la taper. Mais elle était aussi la seule à lui prêter de la monnaie pour qu'elle se paye un café, ou une cigarette quand elle venait à en manquer. Donc bon. Elle fit l'effort de ne pas lui dire de la laisser tranquille. La petite blanchinette – dérivé de blondinette, oui, parfaitement -  étala bruyamment ses affaires sur son pupitre, ce à quoi ZI.UA répondit par un claquement significatif de la langue contre le palais. Jena la dévisagea, avant de lui sourire. Un grand et immense sourire, lumineux à s'en brûler les yeux. Ce sourire qui attendrissait tant les gens fit tiquer ZI.UA. Grands dieux, je vais la gifler. Elle souriait tout le temps. Tout le temps. Venue d'une planète assez éloignée, peuplée d'êtres hautement pacifiques, elle étudiait à l'Académie depuis deux ans. À cause de ses mauvais résultats, elle retapait en boucle sa première année. Mais, parce qu'elle était adorable, on ne lui en tenait pas rigueur.
   Elle sortit deux cafés de son sac, et en tendit un à ZI.UA.

- Je sais que tu aimes ça, glissa-t-elle.
- On est pas en couple, grinça l'intéressée.
- Mais on est amies, quand même !
- … Si tu le dis.
- Moi, je trouve qu'on est amies.

   ZI.UA ne répondit pas. Elle était une des rares à ne pas se moquer de l'incompétence et de la maladresse de Jena, ni à profiter de son inconditionnelle gentillesse, sans pour autant être une tendre avec elle. Disons qu'elle la supportait dans son champ de vision, quand elle était à l'Académie. En dehors, elle ne voyait tout simplement personne, et faisait la morte avec un certain plaisir. Pour Jena, c'était visiblement là un signe d'amitié.
   Leur professeure – Mme Élisabeth Calden, pour ceux que ça intéresse – se tourna à nouveau vers elle, sourcils froncés. Une fois le dos tourné, ZI.UA lui adressa un doigt d'honneur, et Jena lui tapa sur la main. « Ce n'est pas bien » articula-t-elle silencieusement, avant de se tourner vers ses notes. ZI.UA ne releva pas. Nique.

- J'ai raté notre vaisseau, j'ai dû en prendre un autre, murmura Jena quelques minutes après.
- Un autre ?
- Oui, les deuxièmes années viennent aussi, enfin, certains d'eux. Il y a des beaux mecs, dis.
- Qu'est-ce que ça m'intéresse, ironisa ZI.UA,.
- Ah, ne dis pas ça. Les hommes plus vieux, c'est quand même beaucoup plus attirant. Ceux-là sont plus … tu vois, respectueux, plus réfléchis.
- Ou plus pervers. Ça dépend quel penchant de leur personnalité se développe, avec le temps. On ne sait jamais vraiment. C'est comme si on était un brouillon, et qu'on devenait plus net au fur et à mesure. Petit à petit, on s'oriente dans une direction, tu vois. Et une des nombreuses facettes de notre personnalité s'affirme, mais on ne peut jamais vraiment savoir laquelle. Juste supposer. Y'a des gens qui deviennent plus méfiants, plus violents, ou plus tendres, plus ... réfléchis, comme tu dis.
- Ce n'est pas con du tout, ce que tu dis-là. Comment tu penses que je serais, moi, quand je serais plus vieille, dis ?

   ZI.UA – qui, jusque là, faisait encore semblant de regarder l'orateur en hochant la tête, alors qu'elle ne suivait plus grand-chose de ce qu'il disait – se tourna carrément vers Jena.

 -Tu seras de plus en plus mièvre, toi. Un monstre de tendresse et de mièvrerie, oui.
- Toi, tu seras de plus en plus amère, crois-moi, tu deviendras une femme méchante et insupportable que plus personne ne voudra fréquenter.
- J'ai hâte !
- … A condition qu'on puisse faire pire que maintenant.

   Alors qu'elle allait s'emparer de son classeur pour lui taper sur le sommet de la tête, une voix résonna dans tout l'amphithéâtre.

- Mesdemoiselles, une petite pause, pour vous, peut-être ?

   Grillées. Tout le monde les regardait. Et il n'y avait pas un bruit. La totale. ZI.UA poussa un soupir agacé au possible, tandis que Jena se recroquevillait sur elle-même, gênée.

- On parlait, rien de grave ! s'exclama-t-elle. Tout le monde fait ça.
- C'est une habitude gênante.
- Putain, mais c'est pas possible.
- Nous … lâcha Jena d'une voix inaudible et tremblante.
- Sortez. Sortez d'ici. Une pause vous sera gratifiante.

   Et de deux. Il ne s'arrête donc jamais. Jena rangea ses affaires aussi vite que possible – c'est à dire en faisant tomber à peu près toutes ses feuilles, en éparpillant ses crayons et en manquant de tomber trois fois – tandis que ZI.UA … Bah, comme à son habitude. Elle se leva bruyamment, claqua tout ce qu'elle pouvait claquer, et tout ça sans cesse de fixer d'un regard noir l'orateur qui venait de les humilier. C'était une humiliation. Une belle. Elle avait la sensation d'être au niveau le plus bas, celui des enfants et des animaux - elle avait tendance à mélanger les deux - ceux qu'on ne peut qu'éduquer en gueulant, ou en agissant de façon exagérée et abrupte. C'était horrible. Elle estimait valoir et mériter bien plus que ça. L'avantage de vieillir, c'était d'être traité différemment, non ? Elle attendit d'être fin prête, avant de claquer, avec une voix gavée d'une insupportable insolence :

- Je m'ennuyais, justement, et à crever. Vous avez raison, j'apprendrais cent fois plus de choses hors d'ici.

   Et elle quitta la pièce. Et la porte claqua.

   Sa prof, interdite, rageuse, agacée, serra la mâchoire.

- Comme d'habitude … soupira-t-elle.

   Jena et ZI.UA, quant à elles, sortirent du bâtiment, en quête d'une machine à café et d'un coin pour fumer une cigarette. Elles trouvèrent les deux : et un café noir, et une porte qui leur permettait d'accéder au parc environnant. Les deux étudiantes s’affalèrent sur un banc, fait d'une matière transparente rigide comme du verre mais tiède comme un corps (en vie, entendons-nous bien là-dessus) sans interruption , cigarette et café en main. L'autre, il avait refroidit, et elles l'avaient jeté dans une poubelle, en sortant de l'amphithéâtre, et même que ZI.UA avait fait exprès d'en renverser, oups, un peu partout.

- On va avoir des ennuis, lâcha Jena d'un ton inquiet.

   Et ZI.UA ne répondit pas. D'façon, elle allait se casser. Elle voulait se casser. Toute cette atmosphère lui donnait une profonde nausée, tout en l'oppressant. C'était détestable.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le lundi 09 février 2015, 01:17:23
Nathan comprit rapidement qu’il y avait un autre lien entre ici et la Terre : comme dans les amphithéâtres terriennes, les étudiants passaient leur temps à se faire chier et à parler entre eux, tandis que les externes trouvaient cela fascinant. Ntahan essayait de suivre, mais l’individu parlait avec des termes techniques. Des images défilaient derrière lui, formant un support visuel. Il parlait de l’anatomie des Xénomorphes, décrivant les différentes races principales, se référant à des études scientifiques qui avaient l’air incroyablement complexes. Le fait est que Nathan n’y comprenait rien, et, pour ne rien arranger à sa situation, il était en compagnie d’un troupeau de filles sexy venant de la Base Spatiale... Autant d’éléments qui pouvaient, à tout moment, réveiller la Bête. Fort heureusement, cette dernière continuait à rester silencieuse, et lui continuait à écouter... Tout en surprenant, un rang au-dessus de lui, une discussion animée entre deux filles, portant sur les mecs...

*Je suppose qu’il y a des sujets de conversation universels...*

Même si l’amphithéâtre était grand, l’orateur ne tarda pas à voir les deux filles, ce qui eut pour effet d’instaurer un silence gênant, ainsi que de multiples œillades. En tournant la tête, Nathan vit une belle blonde avec une expression de défi dans le regard, et une autre fille avec une longue chevelure blanche, qui semblait complètement terrorisée. Il identifia rapidement qui elles étaient, grâce à cet instinct de flic, cette espèce d’intuition qui se développait avec les années : la rebelle, et celle qui s’identifiait à elle, la suivant comme un boulet, à tel point que, au bout d’un moment, la rebelle autonome finissait par s’attacher à elle. Nathan avait déjà rencontré ce duo, notamment lors de scènes de crimes. Le dominateur encourageait le soumis, et, souvent, ce type de relations évoluaient de manière totalement inattendue... Bien malgré lui, ce spectacle l’amusa, jusqu’à ce que l’orateur, agacé, ne leur ordonne de sortir. Il y avait en effet beaucoup d’étrangers venant ici, et cette conférence était importante. Semblant mortifiée, la belle professeur, à côté de Nathan, regarda ses deux élèves, et Nathan se dit que le voyage de ces deux filles risquait de s’écourter... Crispée, la femme blonde serrait les dents, et se permit une réflexion, laissant entendre que ce n’était pas la première fois qu’elles agissaient ainsi.

Nathan la regarda en souriant légèrement, et se pencha alors vers elle.

« Vous êtres une professeur en... Euh... En xénomorphie ? »

Il ne connaissait pas le terme exact, mais, d’un autre côté, s’il avait trouvé une spécialiste... Peut-être pourrait-il lui parler de son cas ? Son objectif initial aurait été de s’adresser à l’orateur à la fin de la conférence, mais il ignorait quand elle se terminerait, et combien il y aurait de gens qui voudraient lui parler, et si même l’homme accepterait qu’on vienne lui parler.



Pendant ce temps, dehors, Ulrik marchait aussi. Il se tenait à l’intérieur de l’Académie de Cassiopeum, et avançait lentement, détendu. Comme prévu, son appareil avait passé les scanners biométriques et les zones de sécurité... Ulrik avait partiellement menti en disant à Nathan qu’il venait juste à Cassiopeum pour le transporter. Il y avait de ça, oui, mais... Pas uniquement. Ulrik était en affaires avec le Consortium de Zynn, notamment avec Kerÿll (http://fc06.deviantart.net/fs70/f/2014/358/6/3/steam_punk_commando_by_guesscui-d88cazf.jpg), l’un des pontes de ce vaste consortium galactique, spécialisé dans l’achat, l’exploitation, et la terraformation de planètes telluriques ou de géantes gazeuses inhabitées. C’était une vaste entreprise spatiale qui avait développé tout un pôle militaire, en partenariat avec l’Empire de Gordan, Empire militaire lourdement armé, en guerre depuis de nombreuses années avec les Formiens. Kerÿll s’intéressait de près à Cassiopeum et aux recherches qui y étaient menées, mais Cassiopeum n’était pas en affaires avec le Consortium de Zynn.

Il marchait le long des amphithéâtres, et approcha d’un couloir avec une machine à cafés, où deux belles minettes étaient en train de discuter... Du moins, c’est l’impression qu’elles donnaient. Le contrebandier hésita quelques secondes, puis, ayant trouvé un bon filon, il décida de s’approcher.

« Mesdames... Navré de vous déranger, j’aurais besoin d’un café. »

Il s’approcha donc, et appuya sur les boutons de l’appareil, avant de glisser une pièce à l’intérieur, puis les regarda. Il portait une veste en cuir avec un débardeur blanc dessous. Ouais... De bien beaux lots. Ça lui rappelait ces étudiantes qu’il aimait butiner quand elles venaient dans les couloirs et les cantinas de la Base Spatiale.

« Dites-moi, Mesdames... Est-ce que vous savez où se trouve la bibliothèque de l’Académie ? »
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le lundi 09 février 2015, 19:45:13
   ZI.UA était perdue dans le vacarme de ses cogitations, au moment où Ulrik apparut dans leur champ de vision. Elle imaginait des plans foireux qui l'extirperaient d'ici. Un vaisseau volé dans la nuit, une cachette improvisée dans un autre … elle se voyait déjà clandestine, voleuse, 'fin tout sauf bloquée ici. L'envie de bouger lui rongeait les membres. Être stoïque, c'était pas vraiment son genre. Jena, quant à elle, l'observait sans rien dire, clope au bord des lèvres. Regarder ZI.UA cogiter était, à ses yeux, une expérience très intéressante. Son amie – quoi qu'elle en dise – incarnait l'idée même du sentiment qui passe par le corps, qu'on dissimule avec difficulté, voire qu'on laisse éclater sans scrupules.
   C'est dans ce contexte qu'elles se trouvaient, quand Ulrik apparut, petit à petit. Jena fut la première à le remarquer. Elle passa sa main dans les cheveux verts de son amie – ils étaient un peu délavés, d'ailleurs – et tira dessus. ZI.UA lui répondit par un grognement.

- Putain, Jena, je vais te tuer. Tu m'as fait mal !
- T-t-t, regarde, lui, là.
- Qui ?
- Le gars qui vient vers nous.
- Et bien ?
- Tu le connais ?
- Tu veux le connaître ?
- Je … Ah, mais, ZI.UA, tu … Il vient vers nous. Il vient vers nous.
- Je le sais, je l'ai vu.
- Il vient vers nous.
- … Tu peux arrêter ?

   Quand il s'arrêta près de la machine à café, ZI.UA s'alluma – encore – une cigarette, histoire de noyer ses nerfs dans la fumée, tandis que le regard blanc et timide de Jena suivaient ses mouvements. Elle se laissait facilement impressionner. Cela désolait beaucoup ZI.UA, qui lui tendit son paquet de clopes, histoire qu'elle fasse autre chose que le dévisager sans aucune discrétion.

- Ah, merci, glissa son amie en sortant un briquet.
- Dites-moi, Mesdames... Est-ce que vous savez où se trouve la bibliothèque de l’Académie ?
- Oh !

   Elle venait de sursauter. Jena venait de sursauter. ZI.UA lui lança un de ces regards qui dit « Tu me désoles, ma grande » avec pas mal de lassitude. Jena se leva, histoire de faire autre chose, de bouger, de faire un truc, quoi, sous les yeux d'une ZI.UA aussi émue qu'agacée. Jena était folle, quand même. Un tout p'tit truc lâché dans la galaxie, qui n'avait rien d'un prédateur et tout d'une petite proie innocente. Heureusement qu'j'suis là. Puis elle se tourna vers Ulrik. Il ressemblait à ces mecs qu'elle avait vu, il y a bien longtemps, quand elle voguait encore dans l'espace. Des types que pas grand-monde jugeait recommandable, mais dont le mode de vie la faisait rêver. Un d'eux lui avait payé un verre, un soir. Il était con comme une pelle, mais l'entendre parler de sa vie lui avait enfoncé des rêves dans les yeux. Les mercenaires de l'espace, c'était quelque chose, pour elle, et quelque chose de grandiose.

- La bibliothèque ? Mh, attends, ça me dit quelque chose.
- C'est près des amphithéâtres, au fond du couloir, là-bas, à droite, lâcha Jena avec un débit incroyablement rapide.
- Comment tu sais ça ?
- Y'a des panneaux. Je lis, parfois, les panneaux. Ça aide beaucoup. Et comme ça, je ne finis pas par me perdre dans des endroits où il y a d'éventuelles alarmes qui peuvent s'enclencher en plein milieu de la nuit, tu vois.
- Si tu fais référence à cette nuit, ce n'est pas drôle. Et puis je ne m'étais pas perdue.
- Non, pardon, c'est vrai, tu visitais.Tu fouines trop. Tu vas finir par …
- … Avoir des ennuis, c'est bon, je sais.
- Ne fais pas la fière, c'est dangereux.

   ZI.UA lui répondit par un haussement d'épaules et un « J'm'en fous » lâché dans un soupir, tandis que Jena relevait les yeux vers Ulrik.

- Il faut longer les amphithéâtres, donc. À droite. C'est tout à droite.

   … Et elle les baissa aussitôt. Cette fille est une attraction à elle toute seule.

   Pendant ce temps-là, dans l'amphithéâtre, Élisabeth Calden inscrivait quelques annotations assassines à côté du prénom de ZI.UA, dans le dossier qu'elle gardait toujours sur elle. Son insolence n'avait aucune limite. Elle aurait adoré l'engueuler, si seulement cela avait encore un effet sur elle. La plupart du temps, pendant toute la durée de la remontrance, son élève affichait un visage qui ne reflétait aucune émotion, et se permettait un « Vous avez fini ? » à la fin du discours de sa professeure, avant de disparaître. Elle incarnait l'insolence. C'était horrible. Intenable.
   Elle se tourna vers Nathan vivement, en entendant sa question.

- En xénomorphie ? Oh, non, grands dieux, c'est bien trop compliqué pour moi. J'ai été choisi pour encadrer des élèves, c'est tout.

   Rien de transcendant à tirer d'elle. Depuis qu'elle était professeure, Élisabeth se reposait sur sa condition – et son salaire mirobolant – et se contentait de faire ce qu'on lui disait. C'était pour ça que ZI.UA la méprisait autant, d'ailleurs, ne la voyant que comme une bonne femme ramollie, qui avait été autrefois libre et folle, mais qui avait tout perdu, un beau jour, comme une conne. L'erreur à ne pas faire. Céder à la facilité la dégoûtait.
   Après quelques secondes, voulant se rendre un tant soit peu intéressante, Élisabeth se tourna à nouveau vers Nathan.

- Une de mes élèves a travaillé avec des xénomorphes. Celle qui vient de sortir, vous voyez laquelle ? Pas la petite blanche catatonique et avec un air terrorisé en permanence. L'autre. Celle qui est … Enfin, vous voyez.

   Soupir de sa part. Oui, elle était blasée. Elle ne voulait même pas prononcer le prénom de ZI.UA.

- C'est pour ça qu'elle fait la fière. Mademoiselle a voyagé, a vu des choses, 'fin vous voyez. Elle est du genre grande gueule, mais, je dois l'avouer, c'est quand même la seule de cette classe à avoir déjà étudié et disséqué des xénomorphes.

   Et un nouveau soupir.

   Encore un, oui.

   
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le mardi 10 février 2015, 02:43:58
Clairement, le brave Ulrik venait de tomber sur un joli lot. Deux belles nanas, en train de fumer des cigarettes, probablement pour échapper à ces conférences mortellement chiantes qu’il préférait éviter, et qui perdaient leur temps à suivre des cours théoriques débiles, alors qu’elles pourraient faire des choses autrement plus intéressantes de leur temps libre... Comme profiter de leur joli petit cul bien moulé à bien escient en s’envoyant en l’air. En d’autres circonstances, le bourlingueur de l’espace se serait bien amusé à taper un brin de conversation, mais il y avait le boulot, et... Et il n’avait jamais vraiment eu l’âme d’un travailleur forcené. Au lieu de ça, il s’intéressa à ses deux poupées : une fille aux cheveux blancs qui semblait être la soumise, et celle aux cheveux verts, qui avait l’air du garçon manqué... D’un point de vue comportemental. Physiquement, elle était un bon bout de viande, du premier choix. Elles s’engueulèrent à moitié devant lui, ce qui le fit sourire.

*Des lesbos ?*

Il voyait bien Tête-Blanche (à défaut de connaître son petit nom, c’est comme ça qu’il l’appellerait) comme étant l’intello timide du groupe, celle qui bossait à fond, mais qui était à peu près aussi douée au niveau des relations sociales qu’un Krogan. Tête-verte, inversement, ressemblait plutôt à une fonceuse, la fille qui s’emmerdait en cours, et rêvait d’autre chose, et se montrait délibérément provocatrice, comme pour défier tout signe d’autorité. Tête-Blanche reprocha ainsi à Tête-Verte de faire le mur la nuit, et de fouiner, ce qui amena Ulrik à considérer cette information, avant qu’on ne finisse par lui dire de suivre les panneaux, en lui fournissant une indication plus précisé sur l’emplacement de la bibliothèque.

Cependant, l’intérêt qu’Ulrik avait pour la bibliothèque venait, sur une échelle de 1 à 10, de passer de 8 à... 4 ? 3 ? Dans ces eaux-là. Tête-Blanche avait à peine osé levé la tête pour lui répondre, avant de la rabaisser rapidement, comme si le simple fait de croiser le regard du contrebandier lui aurait brûlé la rétine. En souriant lentement, Ulrik tendit sa main vers le gobelet en plastique, et le récupéra.

« Des étudiantes, hein ? »

C’était une question purement rhétorique, et il se tourna vers Tête-Verte, en la voyant fumer tranquillement.

« Si tu veux un conseil, jeune fille... Va au ‘‘Colissia’’ si tu veux faire le mur de manière efficace. C’est un coin branché pour les gamines dans ton genre, et tu risques pas de tomber sur des types si moches à voir que ta copine ferait une syncope rien qu’à voir leurs sales gueules. »

Ulrik n’allait pas souvent sur Cassiopeum, mais il connaissait bien l’endroit. Contrairement à d’autres bouges innommables du cosmos, la ville était relativement sécurisée, et les bars mal famés étaient plutôt rares. ‘‘Colissia’’ était un chouette endroit, avec des pistes de danse, des bars, des dragueurs endimanchés...

« Du moins, si vos matrones vous laissent sortir... Sérieusement, qu’est-ce qui peut bien amener deux jolies nanas comme vous à se faire chier dans des conférences interminables ? »

Ulrik, en pleine force...



Nathan, quant à lui, espérait avoir enfin commencé à trouver une réponse. Il avait dû aller jusqu’à l’autre bout de l’espace, et, tôt ou tard, le policier terrien espérait bien réussir à enfin trouver la planète d’origine de son maudit symbiote. Nathan avait laissé la femme, visiblement la prof’ de ce troupeau d’étudiants, écrire quelque chose sur son calepin, avant qu’elle ne lui réponde... Pour lui indiquer qu’elle n’y connaissait absolument rien. Ce n’était pas une prof’, mais manifestement plus une simple surveillante, venue pour encadrer les élèves. Cependant, une lueur d’espoir perla quand la femme lui avoua que la fille qui venait de partir, elle, s’y connaissait, en xénomorphie.

*Avec un peu de chance, c’est l’intello’ rebelle du coin... Les rebelles, je sais les gérer...*

Une piste, il avait surtout une piste, et il avait le sentiment que cette belle fille pouvait l’aider à comprendre comment la Bête fonctionnait... Ou alors, c’était juste parce que la Bête était en train de le piéger, et voulait retrouver de la belle chair fraîche à défoncer joyeusement et sereinement.

« C'est pour ça qu'elle fait la fière. Mademoiselle a voyagé, a vu des choses, 'fin vous voyez. Elle est du genre grande gueule, mais, je dois l'avouer, c'est quand même la seule de cette classe à avoir déjà étudié et disséqué des xénomorphes. »

Voyagé, vu des choses... Comme un symbiote extraterrestre prenant possession de ses hôtes pour en faire des violeurs compulsifs infatigables ? Il hocha lentement la tête, avant de la voir soupirer à plusieurs reprises.

« Elle vous tape sur les nerfs, n’est-ce pas ? demanda-t-il, sans vraiment attendre de réponses. Je crois que je vais aller la voir... Je vous remercie pour votre aide, Madame. »

Nathan se redressa alors, la remerciant rapidement, puis remonta par la porte, et l’ouvrit, retournant dans le couloir.

Maintenant... Il fallait savoir par où ces deux filles étaient parties. Nathan partit sur la gauche, descendant quelques marches, et aperçut deux individus en train de passer rapidement, plongées dans une conversation incompréhensible. Nathan les laissa filer, et remonta le long du couloir... Pour voir une petite aire de détente, avec une machine à cafés, des plantes vertes, de grandes fenêtres, une porte menant à l’escalier... Et les deux nanas... Avec...

*Ulrik ?!*

Par la sainte Barbe, que fabriquait-il ici ?! Nathan s’approcha un peu plus lentement, sentant son cœur remuer dans sa poitrine.

Des réponses... Peut-être... Enfin.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le jeudi 12 février 2015, 13:33:49


   La « copine » en question rougit violemment, quand Ulrik releva la fâcheuse habitude qu'elle avait d'être très facilement impressionnable. Bon, oui, hein, c'était son défaut principal, à cette petite. Ça lui attirait pas mal de soucis, surtout quand des mecs, profitant de cette candeur, l'embarquaient dans n'importe quoi. Cependant, même après des centaines de plans foireux, elle ne changeait pas, rien ne l'atteignait ni ne la rendait amère. Elle était mue par une sorte d'espoir sans fin d'être, un jour, aimée pour ce qu'elle était, sans qu'on veuille sans cesse profiter d'elle. ZI.UA avait beau lui répéter que la nature humaine, même si y'en avait pas vraiment selon certains auteurs qu'elle appréciait, n'était pas forcément tournée vers le bien-être de l'autre, mais plutôt un amour-propre en béton armé, Jena n'écoutait rien. Elle vivait dans une bulle. Sa faiblesse apparente, sa naïveté, était bien trop forte pour être entamée par quoi que ce soit.
   Bref, elle se mit à rougir, et tira nerveusement sur sa cigarette. ZI.UA, elle, détendue au possible, le fixa un moment, après toutes ses répliques. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre à ça. Ah, si.

- J'suis pas vraiment le genre de nana qui traîne dans des clubs « branchés ».

   A ceux qui se demanderont « Pourquoi ? » avec un air sincèrement naïf, je répondrais : parce qu'il y a beaucoup de gens, de gens qu'elle n'aime pas trop, parce que bon, le contact humain, c'est pas ce qu'elle préfère, on l'aura compris, passons.

- J'fais pas le mur pour me bourrer la gueule. C'est pas ça qui m'intéresse.
- Non, bien sûr, non, soupira Jena avec une petite voix amusée.

   Sur ce, la petite tête blanche prit son courage à deux mains, et osa répondre à Ulrik en le regardant - un exploit de sa part -  avec un ton pas très très sûr de lui. Elles s'engueulaient souvent entre elles. Ce genre de discussions hargneuses, ça constituait 80% de leurs conversations. Le souci, c'est que ça excluait pas mal les autres, qui ne comprenaient rien, et se contentaient juste de matter le petit spectacle que leurs disputes donnaient. Exclure les autres, oui, ZI.UA aimait ça, mais Jena, pas du tout. Alors elle faisait l'effort d'inclure les autres dans leur conversation, quand même, un peu.

- On aime pas trop les … clubs. La musique est nulle, et puis y'a tous ces gens, ils sont très …
- … Cons. Ils sont très cons. Sans intérêt. Des p'tits cons qui draguent mal, qui parlent mal, qui alignent des conneries, qui ont la tête pleine de que dalle.
- Ah, c'est sûr que, dis comme ça …
- Quoi, je mens, peut-être ?

   ZI.UA se leva du banc sur lequel elle s'était plus ou moins affalée, pour se prendre un autre café. Tant pis si son palpitant lui faisait des petites frayeurs, à force de boire sans cesse du café. Elle aimait trop ça pour oser y renoncer. Elle regarda Ulrik avec un sourire.

- Mais je suis d'accord, on perd notre temps, ici. L'idéal serait que je trouve un vaisseau, mais … Tu ne connais pas un petit endroit où des gens -- refourguent des vaisseaux volés, plutôt ?
- ZI.UA, tu n'oseras même pas, soupira Jena.
- Bien sûr que si !

   Elle avait appuyée tellement fort sur le petit bouton censé sélectionner son café, énervée, que la machine poussa un couinement de douleur. Jena lui adressa un soupir dévasté, le genre bien triste et bien lourd. Elle connaissait ce petit discours par cœur. Au début, quand elle l'avait vu pour la première fois, elle avait été convaincue que ZI.UA n'était qu'une grande gueule. Le genre de nanas qui dit beaucoup mais ne fait pas grand-chose, quoi. Y'en avait par centaines, ici. Mais, maintenant, elle commençait à se rendre compte que ZI.UA faisait vraiment ce qu'elle disait, et que, par conséquent, elle faisait tout et n'importe quoi. 'fin, surtout n'importe quoi. Ce "Tu n'oseras même pas", elle en doutait, maintenant. Pour sûr, si ZI.UA trouvait un vaisseau, elle dégagerait d'ici. Cette idée lui faisait un peu froid dans le dos, d'ailleurs, tout en l'enthousiasmant.

- Y'a que ce qu'il y a là-haut qui est intéressant. Coincée ici, je meurs d'ennui.

   Elle attendit que son gobelet se remplisse, la tête pleine d'étoiles, puis elle se dirigea vers Jena, ne lui répondit pas. Elle l'entendait souvent se plaindre. Plutôt que détester cet aspect-là de sa personnalité, comme beaucoup le faisaient, elle préférait se dire qu'un jour, elle la suivrait dans l'espace pour la voir enfin comblée, et connaître la vraie ZI.UA, celle qu'elle était avant qu'on l'enferme – pour reprendre ses propres termes – à l'Académie. Alors qu'elle se trouvait à son niveau, ZI.UA sentit la main de Jena se refermer violemment sur son avant-bras. C'était plutôt douloureux. E plus, elle avait failli sursauter. Jena avait de la poigne, elle l'oubliait à chaque fois. Elle voulut ouvrir la bouche pour lui lancer une énième remarque grinçante, mais un murmure de la part de son « amie » la fit taire. « Regarde çui-là » chuchota t'elle, en montrant Nathan de la tête. Sa silhouette se dessinait, là, pas très loin d'elles. Et, à en voir le regard brillant de Jena, cette silhouette annonçait une anatomie particulièrement agréable à regarder. ZI.UA pivota sur elle-même. Ouais. Bon. Le genre humain, hein, elle n'avait pas d'avis dessus, elle qui se complaisait à ne coucher qu'avec des robots, parce que c'était, à ses yeux, bien mieux. Moins d'erreurs, moins de maladresse, beaucoup plus de maîtrise. Elle finissait par regarder à peine les gens qui avaient, comme elle, de la chair, du sang, des os. Jena, c'était radicalement le contraire, ce qui était vraiment amusant.

- C'est un ami à vous, là, qui s'approche ? demanda ZI.UA, pointant Nathan du doigt.

   Le café, à la première gorgée, lui brûla la gorge. Elle adora chaque seconde.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le vendredi 13 février 2015, 01:36:13
Au temps pour son intuition, Ulrik s’était planté. Ces deux nanas ne cherchaient pas à se bourrer la gueule, mais à voler dans l’espace. Il aurait pu s’en offusquer, car il trouvait faire partie de la catégorie des « cons qui draguent mal, qui parlent mal, qui alignent des conneries », et qui ont « la tête pleine de que dalle ». Néanmoins, ces deux filles l’amusaient, surtout quand l’une des deux, Tête-Verte, alla jusqu’à lui demander s’il connaissait des contrebandiers de vaisseaux spatiaux. Un mince sourire étira ses lèvres, Tête-Blanche s’offusquant clairement de cette proposition, qui aurait en effet pu faire valoir à Tête-Verte de sérieux ennuis... Cependant, cette dernière ne semblait guère gênée, et assumait sa position. Ulrik se tut brièvement, et allait répondre quelque chose quand les deux filles notèrent la présence d’un autre mec. En tournant la tête, le bourlingueur vit Nathan approcher.

Ce dernier s’avança rapidement, croisant brièvement le regard d’Ulrik.

« Ouais, répondit ce dernier. C’est mon passager. Tu as trouvé ce que tu veux, Nathan ?
 -  Pas encore... Mais j’espère me rapprocher du but. Mesdames, bonjour... »

On pouvait lire un certain désarroi dans les yeux de Nathan, ce qui amenait Ulrik à se dire que ce passager était complètement paumé, et probablement en recherche d’un fix’ pour se détendre un coup, et pour péter mieux. Ulrik sortit alors de sa poche un petit appareil circulaire, noirâtre.

« Les filles, si ça vous branche, je peux vous emmener dans mon vaisseau... Des receleurs de vaisseaux, vous en trouverez pas sur Casisopeum, la zone est trop sécurisée... Ou alors, il faut sortir de la base pour aller dans les terres sauvages, mais... C’est risqué. Si c’est pas les clubs qui vous branche, peut-être que cela vous parle mieux ? »

Il appuya sur le bouton, et une image holographique ne tarda pas à se matérialiser, montrant une constellation proche, une œuvre spatiale, les Piliers de la Création (http://img110.xooimage.com/files/a/f/4/gyo38jiy_2000-49e6796.jpg). C’était une formation résultant de poussières interstellaires, et qui formaient des colonnes cosmiques flottant dans l’espace.

« Ça, mes chéries, c’est le genre de spectacle que...
 -  Tu te chercheras des clients plus tard, Ulrik. »

Agacé, Nathan repoussa l’homme, ce qui amena Ulrik à serrer les dents. Le bourlingueur ne dit rien, l’image holographique disparaissant, et Nathan regarda les deux femmes, puis se concentra vers celle aux cheveux verts, qui avait visiblement l’air d’être celle que la prof’ détestait... Ou la surveillante, il ne savait pas trop quel était son grade. Ses mains tremblaient nerveusement.

« J’ai... J’ai besoin de votre aide. Est-ce que vous vous y connaissez en... En xénobiologie ? »

Ulrik ne dit rien, légèrement surpris. La xénobiologie ?

Bordel, mais qui était ce mec ?!
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le vendredi 13 février 2015, 02:37:00
   

   Jena était ravie. Au fond de ses yeux brillaient des millions d'étoiles, qui clignotaient n'importe comment, comme à chaque fois qu'elle idolâtrait un individu du sexe opposé. Le coup des paysages paradisiaques du cosmos, ça marchait à chaque fois, avec elle. Un rencard , une nébuleuse, et bim, elle fondait littéralement. Et, malgré tout, elle ne s'en lassait pas et ne changeait absolument pas. Ça étonnait ZI.UA à chaque fois. ZI.UA qui, elle avait vaguement sentie le plan du p'tit tour dans l'espace. Même si cette idée lui plaisait bien plus qu'aller se faire chier dans un club où la qualité de la musique lui donnerait plus mal au crâne qu'envie de se déhancher, elle restait méfiante. Jusqu'à ce qu'Ulrik soit interrompu. Immédiatement, Jena fit la gueule. ZI.UA lui tapa sur le sommet de la tête, pour la peine, et l'incendia du regard. « Fais gaffe, toi » lui disaient ses yeux. Jena ne lui répondit qu'avec un soupir.

- J’ai... J’ai besoin de votre aide. Est-ce que vous vous y connaissez en... En xénobiologie ?

   Petit silence. Alors que Jena, bouche ouverte, répétait le mot dans sa tête en espérant que le sens lui revienne, ZI.UA, elle, avait la sensation qu'on venait de lui mettre une claque.

- C'est … C'est au programme des deuxièmes années, ça, non ? marmonna Jena. Ah, bah non Monsieur, nous on …
- En xénobiologie ? la coupa ZI.UA. Vous êtes sérieux ?

   Ce mot, elle ne l'avait pas entendu depuis au moins … Bien trop longtemps, on va dire. Les croquis de ses parents dansèrent très brièvement devant ses yeux. Elle revoyait très bien le laboratoire du vaisseau, et tous ces classeurs qu'elle avait feuilleté en boucle, quand elle ne dormait pas et n'avait rien d'autre à lire. Des classeurs énormes. Plus le temps passait, plus ils enflaient. Regarder tout ce travail s'accumuler dans des classeurs, qui finissaient par vieillir, céder, s'abîmer à la place de tous ces savoirs précieux, bien à l'abri dans leurs ventres, ça l'avait fasciné. Le classeur des dissections était le plus impressionnant. Elle y avait vu des organismes de toutes les formes, de toutes les couleurs. Et il y avait un chapitre, oui, voilà, c'était ce qu'elle cherchait, enfouie dans ses souvenirs, sur les xénomorphes.
   ZI.UA lui fit face, immédiatement, intéressée comme elle ne l'avait pas été depuis … Oui, bon, trop longtemps, d'accord.

- Je … Oui. J'ai déjà étudié, dans le passé, plusieurs organismes, dont les xénomorphes. La xénobiologie n'était pas ma … vous voyez, ma passion, mais j'ai déjà étudié plusieurs spécimens. J'en ai disséqué trois, d'ailleurs. L'un d'eux avait attaqué mon père. C'était …

   Elle se reperdit un moment dans ses pensées, pour le plaisir des images qui défilent, avant de revenir à la réalité, c'est à dire à une Jena un peu abrutie, mais surtout perdue, et deux types qu'elle ne connaissait pas. Deux types qui, petit à petit, lui apparaissait comme des sauveurs. Elle avait bien envie de s'accrocher au moindre truc qui pourrait changer sa vie, au moins un peu, et tuer la routine imposée par l'Académie. La liberté lui brûlait les doigts. Avec un sourire, elle croisa les bras sous sa poitrine. Ah. Ça, c'est pas forcément bon signe, cette arrogance qui remonte petit à petit à la surface.

- Vous me faites sortir d'ici et je vous aide.

   Ouais, elle sentait qu'y'avait un truc derrière. Un gros truc. Quelque chose de complètement fou à vivre. Et l'adrénaline qui remontait lentement dans ses veines n'allait pas la calmer.
   Seule la voix de Jena, qui commençait à partir dans les aigus parce qu'elle était un peu effrayée par son amie, là, tout de suite, trancha l'air.

- T'es sérieuse, là ?
   
   ZI.UA se contenta de lui lancer un regard gavé de lassitude, avant de montrer Ulrik du doigt.

- Il a un vaisseau, et je suis sûre qu'il y a une petite place pour moi, ajouta-t-elle avec un sourire odieux.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le samedi 14 février 2015, 01:50:40
Est-ce que ce joli bout de femme pouvait l’aider ? Elle dut lire dans les yeux de Nathan quelque chose de curieux, quelque chose qui lui fit comprendre que ce n’était pas qu’une simple vision de l’esprit. Alors que la fille aux cheveux blancs leur expliqua que la xénobiologie n’était pas encore au programme, la femme répliqua qu’elle avait déjà disséqué quelques Xénomorphes, et qu’elle pouvait leur être utile... Sur le coup, Nathan doutait qu’elle ait jamais vu un symbiote extraterrestre, et ce d’autant plus qu’il n’était même pas sûr que l’appellation « xénomorphe » convienne le mieux. Si, pour lui, ce terme faisait référence à des Aliens affreux qui s’attaquaient aux humains, il ignorait s’il pouvait aussi s’étendre à ces créatures. De ce qu’il en savait, « xénomorphe » était un terme générique, signifiant « forme étrangère », et qui désignait toutes les créatures spatiales n’appartenant à aucune classification des espèces officiellement reconnues par la Base Spatiale, ou par d’autres instances galactiques reconnues.

Ulrik, de son côté, admirait le toupet de cette femme. Elle était futée, et, même si elle ignorait ce que Nathan voulait, elle semblait comprendre que c’était suffisamment important pour pouvoir négocier. Est-ce qu’elle tenait vraiment tant à se barrer de là ? Ulrik était sûr que ce n’était pas son image des Piliers qui l’avait convaincu, car elle était restée de marbre, là où Tête-Blanche avait semblé pavoiser devant cette image. Elle leur soumit donc une offre intéressante : la prendre si on voulait obtenir des informations. Ulrik allait répondre quand Nathan enchaîna, seulement quelques secondes après la proposition de la femme, et sa répétition devant son amie :

« C’est d’accord.
 -  Hey, mon pote ! intervint alors Ulrik. C’est MON vaisseau, je décide qui monte dedans... Et qui reste à quai.
 -  Si c’est une question de fric, je paierai ce qu’il faut.
 -  Mec, mon vaisseau est pas une auberge de voyage... Et je m’en voudrais de briser des couples naissants. »

Nathan ne dit rien, et posa une main sur son crâne, avant de fermer les yeux. Ce type l’agaçait. Sincèrement. Ulrik était un flagorneur, un pirate, une sorte de variante de Yan Solo. Uniquement intéressé par l’appât du gain, il tenait à rappeler que c’était lui le chef, et cet excès de virilité, loin d’amuser Nathan, tendait plutôt à l’irriter... Et, un peuc omme Bruce Banner, si Nathan ne se contrôlait pas, la Bête pouvait refaire surface. Le monstre avait beau être apaisé, ce n’était pas pour autant qu’il comptait dormir à jamais. Nathan le sentait encore, grouillant en lui, attendant son moment. Il savait que la créature était consciente, que la Bête savait ce que Nathan faisait, et elle ne cherchait pas à l’en empêcher, soit parce qu’elle savait que c’était une quête perdue d’avance, soit, et c’était encore plus inquiétant, parce qu’elle se posait elle-même des questions sur son origine. Qu’était la Bête, si ce n’est une copie génétique d’une copie génétique ? Une expérience militaire qui avait mal tourné, et qui était le fruit de prélèvements extraterrestres sur un astéroïde retrouvé dans les montagnes escarpées de l’Himalaya ? Difficile de communiquer avec cette créature, mais Nathan était persuadé qu’elle voulait, elle aussi, retrouver ses racines, et que c’était pour cette raison qu’elle était silencieuse.

Il revint progressivement à lui, tandis qu’Ulrik poursuivait ses explications :

« Je peux vous prendre dans mon carrosse, Mesdemoiselles, mais... Ce serait pas un genre de kidnapping, ou quelque chose comme ça ? »
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le dimanche 15 février 2015, 12:42:21
   Moment de basculement. Les deux jeunes filles devinrent brusquement immobiles. Seuls leurs yeux bougeaient. Ils alternaient entre Nathan et Ulrik. Tandis que Jena affichait une mine horrifiée, yeux écarquillés, ceux qu'on a en constatant que là, tout de suite, maintenant, on est à deux doigts de faire une immense connerie susceptible de provoquer quelque chose d'apocalyptique, ZI.UA, elle, n'en revenait tout bonnement pas. Le « C'est d'accord » de Nathan résonnait dans tout son crâne, et l’écho qu'il avait l'enivrait. C'est d'accord. C'est d'accord. C'est d'accord. Une porte s'ouvrait devant elle, et, derrière cette porte, pour sûr, y'avait la liberté. Elle tissait méthodiquement ses souvenirs de sa vie au milieu du cosmos et ses espoirs d'y retourner à nouveau ensemble. Les hublots qui donnaient sur les étoiles, les nébuleuses qui flottaient autour d'elle, les planètes qui se dessinaient petit à petit à l'horizon et grossissaient au fur et à mesure qu'on s'en approchait, toutes ces images bouillonnaient dans sa tête.
   C'est Jena qui la tira de ses rêveries. Sa voix, fine, un peu tremblante, osa un :

- ZI.UA … Est-ce que tu déconnes, là ?

   Pour toute réponse, l'intéressée remua la tête de droite à gauche. Non, elle ne déconnait pas. Elle se retourna vers son amie. Sa clope se consumait entre ses doigts sans qu'elle s'en rende compte.

- Moi, je ne te suis pas, je vais … Ohlala, mais les ennuis qu'on va se manger ! Ah non.
- On pourra faire croire à, ouais, un kidnapping, on s'en fout, Jena ! lui répondit son amie en se retournant vers elle.
-Mais personne ne va y croire ! Tout le monde te connaît, et tout le monde sait que, dès que tu peux, tu fugues ! Si tu leur dis que tu t'es fait enlever, ils penseront que c'est toi qui a pris en otage tes ravisseurs !
- Jena.

   Ce fut au tour de la blanchinette de secouer la tête. Au fond de ses yeux s'était cachée une peur évidente, celle qu'une autorité supérieure dont elle dépendait encore beaucoup trop à son goût lui tombe sur la gueule à la moindre connerie.

- On se fera virer de l'Académie, voilà ce qui va se passer, continua Jena d'un ton grave.
- Putain, mais notre vie ne dépend pas de l'Académie ! Écoute, je … Je vais demander à Alma de faire quelque chose, n'importe quoi. Elle s'implante -dans n'importe quel circuit, de toute façon. Y'a moyen qu'elle … fasse un truc.
- Elle l'a déjà fait ?
- Alma le fait tout le temps. Elle me couvre. Elle nous couvrira, d'accord ?

   C'était un fait. Toutes les escapades foireuses de ZI.UA était cachées par Alma. Elle squattait un ordinateur, modifiait un dossier, lui inventait des excuses et des maladies assez variées, réglait les soucis administratifs, et lui sauvait la mise à chaque fois. Sa seule punition était une leçon de morale et quelques menaces auxquelles elle ne croyait plus des masses. Au fond, même si elle n'était qu'une sorte de logiciel errant, ZI.UA savait bien qu'Alma l'aimait assez pour faire ça. En entendant ces mots, Jena hocha la tête.

- C'est n'importe quoi, mais … D'accord, allez, c'est bon.

   Allez savoir pourquoi, l'associable par essence tenait à ce que Jena la suive dans cette aventure. Elle aurait pu dire « Jena ne vient pas », et celle-ci n'aurait pas tilté, se contentant d'approuver son amie. Mais là, elle voulait la pousser à vivre ça. C'était con, elle n'avait pas vraiment d'arguments pour expliquer cette envie. Elle en avait juste envie et, galvanisée par cet espoir de se barrer – enfin – d'ici, elle voulait emmener Jena avec elle.

- Vous ne le regretterez pas, dit-elle en regardant Nathan, avant de se tourner vers Ulrik. Eh oui, ce sera un peu … Pas très légal, vous voyez. Mais c'est pas un problème.
- Mh, non, c'est nous qui allons le regretter, murmura Jena d'une voix qui trahissait pas mal son inquiétude.

   ZI.UA lui répondit par un sourire adorable et rassurant, le genre qu'elle ne fait jamais. Cela choqua assez Jena pour qu'elle ne proteste plus du tout.

- Je m'appelle ZI.UA, continua-t-elle. Elle, c'est Jena. Et, croyez-moi, je vous serais d'une aide précieuse. Vous n'avez qu'à m'expliquer de quoi il est question. Je suis curieuse de savoir … 'fin, voilà, oui, je suis curieuse. On peut en parler dans votre vaisseau, si vous voulez, rien ne nous force à rester ici.

   Et un sourire, pour clôturer ces paroles. Oui, elle a tendance à prendre les devant. Et non, elle ne changera jamais. En tout cas, pas aujourd'hui.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le mercredi 18 février 2015, 01:36:25
Envisager une activité illégale sous les yeux de Nathan, un policier, n’était sans doute pas la meilleure idée au monde... Mais il était loin de sa juridiction, après tout, et dans un état de nécessité. Ainsi, il se moquait bien de devoir violer les règles déontologiques d’une obscure académie. Les deux étudiantes discutaient entre elles du bien fondé cette opération. Jena, puisque tel était son nom, y était farouchement opposée, tandis que... ZI.UA (quel nom !) ne semblait vouloir qu’une chose : se tirer d’ici. Jena, hostile à cette idée, pensait surtout qu’elles allaient avoir de sacrés ennuis si elles se faisaient choper, et ZI.UA la rassura en lui parlant de la mystérieuse Alma... Nathan ignorait de qui il s’agissait, mais, si cela suffisait à calmer les humeurs de Jena, il acceptait volontiers l’aide de cette Alma. Ulrik, de son côté, était amusé par la scène... Tout en étant intrigué. Pourquoi ce Nathan tenait-il tant à avoir une experte en xénobiologie avec eux ? N’était-ce pas plus simple de juste vouloir dire, comme lui, qu’il désirait tout simplement lui ramoner le cul ? Ulrik n’était pas un homme aux ambitions vastes. Depuis que Gordan l’avait trahi, et fait de lui un monstre de foire pour leurs projets sinistres, il avait noyé sa dépression derrière l’alcool et les filles, les séances de sexe avec les nanas l’aidant à décompresser, et à oublier que sa petite sœur était morte, et que sa vie était un foutu naufrage cosmique.

Les deux filles parvinrent donc à un accord, au plus grand soulagement de Nathan. Il ignorait encore si cette ZI.UA pouvait vraiment être utile, mais, à défaut, elle connaissait sûrement des professeurs, des scientifiques, ou des érudits qui pourraient les aider. ZI.UA n’avait qu’une envie : partir d’ici. C’est ce que Nathan comprit quand elle lui affirma qu’ils pouvaient parler de son problème dans le vaisseau.

« Woow, woow... On se calme, mesdemoiselles... J’ai toujours besoin d’aller à cette bibliothèque, moi... Si vous tenez à partir, moi, je vois pas de problèmes à embarquer deux petits lots comme vous, mais reste à savoir où on va... »

Et, en disant cela, il coula un regard en biais vers Nathan.

« C’est lui qui approvisionne et fixe le cap. Moi, je suis juste le transporteur... D’ailleurs, c’est lui qui se chargera de payer pour vous deux, hein, car je donne pas encore dans le service gratuit. »

Nathan grogna pour seule réponse. L’argent n’était pas un problème. C’était le SHIELD qui se chargeait de payer, par l’intermédiaire du SWORD, et par le biais d’un compte en banque ouvert auprès des établissements bancaires de la Base Spatiale. Le SHIELD voulait que Nathan contrôle son symbiote, et, dans cette partie-ci de l’Univers comme sur Terre, rien n’était gratuit.

« On se retrouve à ton vaisseau, Ulrik. Fais ce que tu as à faire. »

Ulrik acquiesça lentement. Laisser un rival potentiel avec ces deux nanas était irritant, mais il n’oubliait pas sa mission auprès du Consortium de Zynn. De fait, ils avaient tous plutôt intérêt à partir rapidement, car ce qu’Ulrik comptait faire dans la bibliothèque serait bien plus répréhensible, légalement parlant, qu’un simple kidnapping de deux minettes bien roulées. Il savait que le Consortium menait des recherches sur les Xénomorphes, et probablement afin de se doter d’espèces mutantes qu’ils pourraient ensuite vendre aux plus offrants. Les recherches de Cassiopeum les intéressaient donc, et il allait placer un virus informatique, virus qui aurait pour but de leur permettre d’accéder aux terminaux de recherche et aux bases de données scientifiques de la station.

Laissant Ulrik à ses plans, Nathan marcha avec les deux femmes, hésitant à leur dire toute la vérité... On pouvait lire le doute dans ses yeux, la gêne... Mais il avait traversé la moitié de l’Univers pour arriver jusqu’ici, et il ne comptait pas mentir.

« Je... Je ne sais pas vraiment si ce que j’ai relève de la xénomorphie ou non, mais... J’ai un symbiote extraterrestre dans le corps. Une créature que je peine à contrôler, et qui m’a causé bien des ennuis... Elle veut me contrôler, me dominer, et j’essaie de la repousser. En ce moment, elle est apaisée, mais, parfois... Parfois, elle... »

Il secoua la tête en fermant les yeux, et se reprit.

« J’ai besoin de votre aide pour savoir ce qu’est cette créature, d’où elle vient, et comment la contrôler... Et, pour votre complète information... Elle s’apparente partiellement aux Formiens... »

C’était une manière détournée de dire que c’était un prédateur sexuel. Nathan, de fait, ignorait si cette créature était un Formien, ou une autre espèce, et les scientifiques du SHIELD n’étaient pas assez experts sur les Formiens pour fournir une réponse précise. Se rendre à Gordan était une solution comme une autre pour obtenir une réponse, mais, connaissant la réputation des Gordaniens, il n’avait pas envie de finir dans une éprouvette, à subir leurs interventions multiples et répétées.

« Est-ce que vous pensez pouvoir m’aider, ou pas ? »
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le mercredi 18 février 2015, 19:31:43


   Depuis son arrivée à l'Académie, c'était la première fois qu'elle était aussi attentive. ZI.UA l'écouta sans ciller. Chaque mot qu'il prononçait avait un écho dans sa mémoire. Elle ré-entendait des phrases, en relisait d'autres. Ses parents ne lui avaient pas racontés beaucoup de légendes et d'histoires merveilleuses, dans son enfance. Elle avait toujours préféré le réel à l'imaginaire. Il avait un goût plus agréable. Après une mission, n'importe laquelle, quels que soient l'enjeu ou la durée, elle avait toujours exigé qu'on lui raconte. ZI.UA se revoyait sautiller, hurlant qu'elle voulait qu'on lui raconte ce qu'on avait vu et fait. C'est comme ça qu'elle avait accumulé toutes ces connaissances, en elle. Mais sa mémoire avait ses défauts – elle n'était malheureusement pas une machine, elle qui se serait préféré robotique, plutôt qu'organique – et elle comptait surtout sur les cahiers qu'elle avait sur elle. J'en ai au moins dix sur les xénomorphes, dans ma chambre, putain, si j'avais su. Une flemme sensationnelle de faire un aller-retour s'empara d'elle au moment où cette pensée s'afficha dans sa tête.
   Contre toute attente, elle s'alluma une cigarette.


- Les xénomorphes, c'est un peu comme pour l'IDM, en musique. On y met ce qu'on ne sait pas classer ailleurs, enfin, c'est ce que j'ai remarqué … C'est très vague. Mais si vous parlez d'un symbiote, là, on a un cas particulier.


   ZI.UA se tourna vers Jena qui, silencieuse, les suivait sans rien dire. Ah, on la lisait sans problèmes, la peur, dans ses yeux. L'inquiétude lui rongeait le visage. Elle se mordait la lèvre toutes les six secondes et, quand ce n'était pas le cas, elle se triturait les cheveux ou les doigts. Jena releva les yeux vers son amie au moment précis où elle prononça son nom :


- Jena, tu pourrais … me rendre un service ?
- Dis toujours, oui.
- Tu pourrais aller dans ma chambre ? J'ai des bouquins qui pourraient nous aider, et …
- Oui, je sais, t'as la flemme. T’inquiètes pas. C'est où ?
- Dans le sac bleu, sous mon lit.
- Celui que je confonds tout le temps avec le vert ?
- … Ouais, lui. C'est vrai que tu vois les couleurs bizarrement, toi.
- Tout le monde dit ça.


   Un sourire qui se multiplia par deux, et, après avoir promis à ZI.UA de l'appeler si elle se perdait en route et de rajouter deux ou trois fringues dans le sac, elle décampa. Si un prof' voyait Jena en train de se balader partout avec un sac blindé, il n'aurait aucun soupçon, alors que, dans cette situation, ZI.UA aurait eu droit à un interrogatoire, elle se serait énervée, se serait mangée un énième discours moraliste sur sa conduite désastreuse et irrespectueuse, etc etc. Elle en était consciente. C'était en partie pour ça qu'elle l'avait envoyé. En général, Jena inspirait bien plus confiance. Et aussi parce qu'elle avait la flemme. Mais bon, ça, c'est une autre histoire.
   A nouveau, son attention se reposa sur Nathan. Il avait l'air effrayé. Effrayée par ce qu'il portait en lui, et qui était vraisemblablement dangereux. Fatalement, cela lui donna un charme particulier aux yeux de ZI.UA. Ne pensez pas à mal, hein. C'est juste qu'elle s'en branlait des gens, en général, que leurs histoires ne l'intéressait vraiment pas plus que ça. Pour une fois, quelqu'un l'intéressait, et il n'avait pas une structure électronique complexe à la place du cerveau. C'était un phénomène suffisamment inhabituel pour être relevé. Et puis cette histoire lui permettait de mettre à profit tout un savoir dont elle ne faisait plus grand-chose. Elle qui avait peur que ses connaissances pourrissent à force de n'être pas stimulées, qui avait peur de devenir tout bonnement conne parce que persuadée, à la longue, que savoir plein de choses ne servait à rien, était rassurée. Trop de personnes ne recevaient aucune stimulation extérieure capable de les grandir et de leur permettre de faire quelque chose qu'ils aimaient faire. Elle ne voulait définitivement pas être de ces gens-là.


- Quand je suis allée à X-Prim, il y avait un homme qui avait un symbiote. Celui-ci a été trop gourmand, et a fini par posséder complètement l'organisme de cet homme. Ma mère disait que c'était presque souvent le cas, sauf quand certains parvenaient à trouver ce qu'elle appelait le « ligare corpus ». Elle aimait beaucoup les termes latins. En gros, parfois, il y a une fusion, une harmonie, qui permet la cohabitation du symbiote et de son porteur. Mais c'est très rare. L'un l'emporte sur l'autre, la plupart du temps, et je vous laisse deviner qui est le gagnant.


   Une moue peinée suivit cette réplique.


- Le corps humain a plus de failles que le corps du symbiote. C'est un fait. C'est ce qui les rend incontrôlables. Mais la théorie autour du « ligare corpus » est que, dans certains cas, les deux forces se valent, et, au lieu que l'une dévore l'autre, elles se nouent entre elles. Seulement, cela donne un pouvoir équivalent au symbiote et à son porteur, et ils peuvent donc inter-changer sans cesse. Aucun des deux n'a jamais le dessus. C'est au moins aussi dangereux qu'être bouffé par son symbiote.


   Putain, ça va, j'ai encore une bonne mémoire. Petit instant d'autocélébration.


- Je peux vous aider, oui, je connais un satellite habité par une base scientifique. On y étudie ce genre de choses, entre autres. C'est là-bas que j'ai appris tout ça, et que j'y ai … disséqué une créature de ce genre. C'était … troublant, oui.


   Son regard se perdit quelques secondes dans la contemplation de ce souvenir. Elle avait vécu trois mois là-bas. Elle avait vu des clichés qui l'avait laissé muette pendant un bon moment. Des créatures prenant le pas sur les corps qu'elles occupaient, des transformations, parfois filmées. Elle n'en avait jamais vu en vrai, et ça avait longtemps été sa phobie. Mais bon, là-bas, elle avait aussi appris comment calmer vite fait un symbiote et faire en sorte de rester en vie si elle devait un jour faire face à ça. Il n'y avait plus que la curiosité qui l'animait, et non plus une peur panique de ne pas savoir faire ça. Et ça faisait du bien, putain.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le jeudi 19 février 2015, 01:53:19
ZI.UA, dont le nom surprenait toujours Nathan, qui ne savait pas comment le prononcer, s’adressa à Jena. Nerveuse, cette dernière semblait sur le point de faire une crise cardiaque, et son amie la congédia, en lui demandant d’aller chercher un bouquin. L’instinct du flic... Était-ce qui l’avait amené à se tourner vers cette femme, convaincu qu’elle avait des réponses à ses questions ? À force d’être flic, on finissait par avoir un sixième sens, et, souvent, Nathan savait que les mauvaises graines étaient souvent plus intelligentes que ce qu’on pensait. C’était le cas pour cette femme, et, après quelques secondes, elle lui parla de son expérience. Elle avait déjà rencontré des symbiotes (ce qui fit bondir le cœur de Nathan), et avait entendu parler d’une théorie les concernant, celle du « ligare corpus ». Entendre du latin, ici, était très surprenant... Si Nathan était un peu plus érudit, il aurait pu se poser des questions sur le fait de trouver, à l’autre bout de l’Univers, une langue qui était connue sur la Terre. ZI.UA lui expliqua que, selon cette théorie, un symbiote cherchait toujours à prendre le dessus sur son hôte, et il était possible d’obtenir à une certaine forme de symbiose entre les deux... C’est, du moins, ce qu’il parvint à retenir de ses explications.

Dans le regard de cette femme, il lisait quelque chose de captivant, comme si elle était déterminée. Elle avait une adresse, un satellite avec une base scientifique concentrée sur les symbiotes. En entendant cela, le cœur de Nathan fit un bond dans sa poitrine, et il continua à marcher, descendant des marches menant à la sortie de l’Académie. Ils arrivèrent ainsi dans d’agréables jardins, confortables et chauds, avec des fontaines, des chemins en marbre, avec un grand perron menant vers Cassiopeum.

« On va attendre Jena ici... Même si Ulrik dit que cette ville est sûre, je n’ai qu’une confiance modérée en lui... Et je n’ai pas envie de me perdre ici. »

Nathan se rapprocha d’un banc, et s’assit sur un coin, laissant le soin à ZI.UA de choisir si elle voulait s’asseoir ou non.

« Bref... Je te remercie beaucoup pour ton aide, ZI, dit-il en prononçant chaque lettre distinctement. Tu as raison... Le... Le symbiote essaie de prendre le contrôle sur moi... Et, pour tout e dire, il n’est pas le seul symbiote... Un autre a infecté ma femme, et... Et il a totalement pris le contrôle d’elle. Quant à moi... Je lutte contre lui depuis des mois. Il... Il m’apporte bien des choses, mais, d’un autre côté... J’ai du mal à garder le contrôle avec lui, il... Il est très fort... C’est difficile de le contrôler, et c’est pour ça que j’aimerais m’en séparer. »

Il releva sa tête vers elle, se frictionnant les mains ensemble.

« Tu as une clope pour moi ? »

Dans l’attente de sa réponse, il précisa :

« Pourquoi tu es dans cette académie, si tu te fais tant chier dedans ? »
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le jeudi 19 février 2015, 22:54:12
   C'était une terrible histoire, que celle qu'il racontait. ZI.UA ne savait même pas quoi répondre à ça. Il était vrai que les symbiotes étaient l'angoisse de pas mal de gens. Devoir partager un corps avec un être pas vraiment contrôlable et ivre de beaucoup de choses pas très saines, ce devait être une horreur, quelque chose d'effroyable. Ça, c'était de la possession. Et quand le symbiote était enragé, ce n'était jamais très beau à voir. Par contre, quand il lui demanda une cigarette, là, un petit sourire se dessina sur sa face, jusque-là rivée au sol. Elle fouilla dans une poche, une autre, se demanda si Jena ne les avait pas embarqué, putain elle fait ça tout le temps, avant de les trouver. Elle en extirpa une, puis, après un très court instant de réflexion, une seconde. Après avoir allumé sa clope, elle déposa le briquet près d'elle. La seconde question la fit sourire davantage, mais un sourire acide. C'était la question qu'on lui posait souvent et, à chaque fois, elle répondait sensiblement la même chose :


« J'ai pas vraiment le choix. »


   Et une moue contrariée, une.


« Avant, je vivais avec mes parents, 'fin … C'est un peu compliqué, et surtout très long, mais on vivait dans l'espace. Juste le temps d'une mission. A la fin, quand ils ont du rentrer, ils m'ont laissés à l'Académie avant de repartir. Juste le temps d'une mission. Quand on la vit, c'est très court, mais de l'extérieur, c'est terriblement long. »


   Elle poussa un léger soupir, la fumée s'échappant de sa bouche dans un nuage tiède. Elle savait que la cigarette lui permettrait de contrôler ses nerfs, et c'est pour ça qu'elle s'y était mise. Histoire d'avoir un truc symbolique à faire, dans les moments délicieux autant que dans les difficiles. Et repenser à pourquoi elle était là, pour combien de temps, ça la foutait toujours en rogne.


« Ils vont revenir dans quatre ou cinq ans. Et … Je repartirais avec eux seulement si je suis diplômée. Il paraît que c'est pour mon bien, mais c'est un peu cruel, non ? »


   Selon ses parents, avoir un diplôme, c'était nécessaire, à l'heure actuelle. Elle ne pouvait pas se permettre de faire tout ce qu'elle voulait. Pour eux, un diplôme était un passe-droit, une sorte de liberté atteinte. Pour elle, c'était quelque chose d'inutile, qui l'empêchait de véritablement apprendre et, surtout, de profiter des plus belles années de sa vie. Rien ne valait mieux que le terrain, à ses yeux. Une école repliée sur elle-même où les seuls spécimens étudiés étaient – sauf dans certains cas, mais trop rares pour elle – sous forme de photographies et de schémas ne vaudrait jamais un spécimen en chair et en os.


« Je me fais chier et j'attends, quoi. »


   Petit ton blasé, haussement vif de sourcils, ponctué d'un soupir, bref, oui, ça se voyait qu'elle s'emmerdait ici, et que son état naturel n'était définitivement pas sur terre, mais au plus profond du cosmos. C'est pas pour rien qu'on m'a donné le nom d'une planète, merde.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le samedi 21 février 2015, 01:33:02
À son stade, ce n’était pas une petite cigarette qui allait le tuer. Il vivait dans un pays, le Japon, où la législation antitabac était l’une des plus répressives au monde... Mais, fort heureusement, l’avantage qu’il y avait à avoir un symbiote, c’était que, peu importe ce qu’on faisait, votre système immunitaire était inviolable. Peu importe les litres et les litres d’alcool qu’il buvait, son foie se soignait toujours, et il en allait de même pour le tabac. Il accepta donc cette cigarette, et tira sur cette dernière. Elle était... Plutôt bonne. En même temps, Nathan était plus un alcoolique qu’un fumeur, mais il s’était suffisamment imbibé pour toute une génération à venir. Assis sur le banc, il écouta ZI.UA lui expliquer que ses parents étaient des explorateurs spatiaux, partis sur une mission difficile, et avaient choisi de confier leur fille à l’Académie, afin qu’elle puisse avoir son diplôme... Ce qui, visiblement, frustrait énormément l’adolescente. Il pouvait le voir dans son regard, dans ses soupirs, dans la manière dont elle semblait bouillonner sur place.

Elle voulait retourner dans l’espace, car c’était son élément naturel, là où elle avait grandi, et où elle était née. Sur un pont, dans le hangar mécanique d’un vaisseau, dans les entrailles bruyantes d’une salle des machines, naviguant dans les étoiles...

« Tu es une fille des étoiles... Ou une sirène échouée sur une plage. »

La comparaison, selon lui, se tenait amplement. Il pouvait comprendre son ennui... Lui-même ne le partageait pas, mais Nathan n’était pas né dans l’espace, mais sur le plancher des vaches. L’homme aurait pu demander à ZI.UA de quelle mission il s’agissait... Il imaginait des explorateurs spatiaux s’élançant sur des planètes lointaines, abandonnées, ou dangereuses, des équipes dignes de celle du Nostromo, explorant des planètes comme dans « Prometheus ».... Il pouvait comprendre l’engouement d’une jeune femme pour ça, plutôt que de se morfondre en salle de cours ou dans des cours magistraux barbants au possible.

Quelques secondes passèrent ensuite. Il continuait à fumer la cigarette, essayant de l’utiliser pour se calmer, pour se maîtriser. La possibilité de remonter jusqu’à l’origine du symbiote, d’avoir enfin un moyen de le vaincre, de le dompter... Dans l’idéal, il aurait préféré pouvoir le conserver, car ce symbiote était terriblement puissant, mais, d’un autre côté... Souvent, il se demandait si la difficulté qu’il avait à le contrôler n’était pas, fondamentalement, lié à sa puissance surnaturelle. Ce faisant, le problème venait de lui, et rien ne pourrait lui permettre de dompter ce symbiote. Auquel cas, il était volontiers prêt à l’abandonner. La Bête, Nathan voulait la conserver pour maîtriser Sylvie, mais le risque était aussi que la Bête finisse par totalement le submerger. Bref, beaucoup de choses étaient possibles, et Nathan était un peu perdu. Il avait besoin d’en savoir plus.

« Mais oui, être séparée de ses parents... Au moins, c’est la preuve qu’ils t’estiment suffisamment mâture pour te débrouiller toute seule. »

Nathan préférait voir le verre à moitié plein, et il ne comptait pas lui faire la leçon en lui disant que, si elle voulait se lancer dans l’espace, des études théoriques lui semblaient indispensables... L’espace était dangereux, et il était bien placé pour le savoir, avec le symbiote qui gambadait joyeusement dans son corps, et qui, continuellement, venait lui rappeler à quel point il pouvait être influent.

« Enfin, ce faisant, je comprends mieux pourquoi tu as sauté sur l’occasion de me suivre dans ma petite expédition... »

Expédition qui, pour l’heure, n’avait pas grand-chose de « petit »... Et Nathan était encore bien loin du compte.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le mercredi 25 février 2015, 20:57:37



   ZI.UA réalisait au fil des jours que, dès qu'elle parlait de son passé, soit on relativisait pour elle, soit on se plaignait avec elle. Les êtres humains avaient souvent des réactions binaires, quoique toujours nuancées. Elle s'y était habituée – et s'en était lassée – mais elle devait avouer qu'il n'y avait qu'un être fait de chair et d'os qui pouvait la comprendre. Lui la comprenait, ou, tout du moins, c'était ce qu'elle avait conclu après qu'il eut parlé. Un robot n'aurait tout bonnement rien dit. Il lui aurait peut-être proposé un whisky ou un tour dans l'espace, ce qui lui aurait plu, mais cela ne valait pas une conversation d'humain à humain, où toutes les failles s'ouvrent pourvu qu'on les laisse faire. Elle hocha la tête silencieusement, vaguement pensive. Ses parents la jugeaient-ils mâture ? Débrouillarde, futée, autonome, oui, mais mâture, elle en doutait. Elle voyait la maturité comme une sorte d'idéal vers lequel courent beaucoup tout au long de leur existence, sans jamais en voir le bout. Et puis, la maturité, c'était avant tout faire un effort sur soi-même, ce qu'elle faisait assez peu souvent. Elle aimait ne pas se contrôler. Ça faisait sa personnalité, mais aussi sa faiblesse. Ah, misère, les réflexions intérieures et existentielles me collent une de ces migraines. Une bouffée de tabac. Toutes ces questions s'envolèrent avec la fumée de sa cigarette.

« Une fille des étoiles, oui, sûrement, je pense. Et je n'ai donc rien à foutre sur terre. Et maintenant, tu comprends mieux pourquoi, mh ? »

   Elle prit une longue inspiration.

« Ce sera un plaisir de t'aider, et tu ne peux pas imaginer meilleure coéquipière, je te jure. »
« Coéquipière ? Comme ce mot est charmant ! »
« Putain ! »

   ZI.UA venait de sursauter, pour la énième fois grâce à Jena. La jeune femme était arrivée derrière eux, par un chemin qu'elle n'avait même pas repéré. Elle tenait, en bandoulière, un sac qui devait faire au moins quatre fois son poids, et avait rajouté une veste bleu ciel par-dessus son jean et son débardeur aussi blanc que ses cheveux. Son air angélique constant choquait à chaque fois ZI.UA. Elle se redressa, lui tendant sa fin de cigarette. Jena planta la clope entre ses lèvres, et tapota le sac.

« J'ai tout pris, et j'ai mis des trucs à moi, aussi, dedans. Ah, et j'ai croisé Madame Calden, mais elle s'est contentée de me sourire comme on sourit à une enfant.»
« Comme à son habitude. »
« Ne prends pas ce ton moqueur, je trouve ça mignon, moi. »

   Le regard de Jena oscillait sans cesse entre ZI.UA et Nathan, pour la simple raison qu'elle voulait le détailler discrètement sans pour autant le fixer de façon appuyée. Mais niveau discrétion, c'était raté, sa gêne se voyait à la façon qu'avait ses yeux de sautiller. ZI.UA ouvrit le sac, à sa portée, pour jeter un œil. Fringues, bouquins, carnets de notes et sa pochette. Tout un dossier sur les symbiotes. Parfait. Parce que sa première rencontre avec cette espèce l'avait profondément choqué, elle en avait fait une de ses – nombreuses, certes – préférences. Tout ce qui marquait et retournait la tête laissait, selon elle, une trace éternelle dans l'esprit, esprit qui se construit tout au long d'une vie. Les chocs offraient des réactions brutes, pures, dans un sens, et elle était persuadée que les chocs faisaient grandir les gens. D'où sa force face à certains événements. Elle se disait toujours que cela la ferait évoluer, revendiquant le « Ce qui ne me tue pas me rend plus forte ». Étrangement, elle n'appliquait absolument pas cette maxime face au choc qu'avait été son retour sur la terre ferme et son inscription à l'Académie. Ah bah non.
   Voir toutes ces affaires réunies dans un sac enroba son cœur de joie. Ça lui rappelait les valises, faites à la hâte, juste avant de se poser sur une base, une planète, un satellite. Les yeux brillants, elle attrapa un répertoire entouré d'un cuir complètement niqué, et le fouilla rapidement, tandis que le regard de Jena alternait, cette fois, entre Nathan et le sol. L'idée de passer du temps avec deux hommes dont le charme lui brûlait la rétine l'angoissait et l'amusait à la fois. C'était une réaction vraiment troublante, où pas mal d'émotions contradictoires fusionnaient et explosaient partout dans sa tête. Elle termina la clope avec une certaine frénésie.

« Ah, voilà. Les coordonnées de la base dont je vous ai parlé sont … là. »

   Elle coinça une page et un nom sous son doigt.

« La base XV-NAX, à X-Prim. Ma mère l'appelait le « Département Parasites ». Il y a une base, dont l'aile principale des laboratoires est destinée à l'étude des symbiotes, et quelques villes plus ou moins artificielles. On dirait une maison de poupée géante. Tout y est tellement neuf et propre que ça n'a rien de réel, c'est assez effrayant. Et puis, il n'y a que des scientifiques et des commerces temporaires là-bas, ça n'arrange rien.»
« C'est bien beau, comme programme, mais on va vivre où ? »
« Ils ont un port d’atterrissage très bien. Tu peux rester dans ton vaisseau, ou louer des sortes de gîtes, près de la ville la plus proche de la base. Je connais une personne là-bas, je n'aurais qu'à la contacter. Ah, Jena, tu m'as pris quelque chose d'électronique, n'importe quoi, que je consulte Alma ? »
« J'ai tout, t'inquiètes pas. »

   Un sourire, qui se multiplia par deux, encore une fois. ZI.UA était aussi reconnaissante à Jena pour son aide que cette dernière l'était envers ZI.UA de lui faire vivre cette aventure. Même s'il fallait ajouter un coefficient « peur » assez élevé, chez Jena.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le dimanche 01 mars 2015, 01:49:28
Leur conversation fut interrompue par le retour de Jena, qui amenait avec elle un gros sac à dos, et plusieurs kilos de nervosité. Policier, Nathan avait l’habitude de lire dans le regard des gens, d’interpréter le langage non-verbal. Jena émettait des signaux par paquet de dix, chacun d’eux voulant dire quelque chose. Elle était intriguée par lui, intimidée par cette situation, nerveuse de ce qui les attendait. Nathan le voyait, et ceci confirmait son opinion sur les deux filles : ZI.UA était la meneuse, et Jena la suivait. Finalement, ZI.UA finit par lui sortir un nom, ainsi qu’une description : X-Prim, la base XV-NAX, le « Département Parasites ». Avec un tel nom, cette structure semblait effectivement être toute indiquée, et, en voyant les belles lèvres de ZI.UA former des mots tout aussi magnifiques, Nathan sentit son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine. Une planète, un lieu, et probablement des données cartographiques à rentrer dans le vaisseau d’Ulrik... Enfin, cette piste ténue semblait s’orienter vers quelque chose. Pour autant, Nathan savait qu’il valait mieux tempérer ses ardeurs, de manière à s’éviter une trop forte déception. Néanmoins, il était difficile de rester calme. Il hochait lentement la tête au fur et à mesure que ZI.UA parlait, écoutant ses mots avec la même attention qu’un dévot devant son idole.

Quand elles eurent terminé, il hocha lentement la tête, puis se leva, s’extirpant de son banc.

« Alors, allons-y. »

Lui n’avait plus rien à faire ici. Seul comptait, maintenant, le retour au vaisseau, et, au-delà de ça, l’envol vers X-Prim. Sa main se tendit vers le sac à dos de ZI.UA, de manière tout à fait galante.

« Si vous voulez que je le porte... »

Dans le cas contraire, il ne s’en formaliserait guère. Il se demandait juste s’il n’y avait pas de la documentation là-dedans. N’importe quelle brochure sur les symbiotes serait déjà mieux que rien, vu l’absence quasiment totale de connaissances à ce sujet sur Terre de ces créatures. Une réponse se trouvait maintenant à portée de main, sur une autre planète.... Et il avait un chauffeur pour l’y conduire.



La Bibliothèque de Cassiopeum était relativement grande, et surtout plutôt bien surveillée, que ce soit par de discrètes caméras de sécurité, ou par des surveillants. Ulrik s’avançait le long des allées abritant des rangées de livres numériques. Chacun de ces livres pouvait être lu comme un livre classique, à cette différence que ce n’était pas du papier avec de l’encre, mais une projection holographique couchée sur du papier. De cette manière, les coûts étaient réduits, car l’encre ne se fabriquait pas pourtant, et la conservation des données était également plus simple. Accessoirement, chacun de ces livres permettait une borne permettant de les relier sur un terminal, afin de pouvoir les lire sur un écran. Ulrik s’avançait le long de ces rangées, voyant des étalonnages de manuels scientifiques, de thèses, de théories, de revues spécialisées... Il y en avait un peu pour tous les goûts, et son choix fut pour un manuel scientifique traitant de la formation et du déplacement des astéroïdes. Un sujet pour lequel Ulrik avait une réponse tout à fait appropriée : balancer des bombes pour les faire exploser.

S’assurant que personne n’était dans sa rangée, il ouvrit le livre, puis sortit, dans sa poche, l’appareil confié par le Consortium de Zynn. Il l’observa entre ses doigts. Il était semblable à une carte micro-SD, et il tourna le livre, observant la borne numérique, puis y glissa la micro-SD, sentant son cœur battre légèrement dans sa poitrine. Si jamais il se faisait repérer... Néanmoins, au bout de quelques secondes, la carte ressortit du livre, et Ulrik la glissa dans sa poche, puis marcha, un peu plus sereinement, vers l’un des terminaux. Tout ce qu’il avait à faire, maintenant, c’était de brancher le livre pour diffuser le virus. Simple comme bonjour.

Le bourlingueur de l’espace marchait vers une rangée d’écrans quand il vit une porte latérale s’ouvrir, et que son livre numérique s’éteignit. Il sentit le livre vibrer, et Ulrik s’arrêta sur place, mortifié, puis tourna les pages du livre. Toutes vierges.

*Bordel de merde !*

Qu’est-ce que c’était que ces conneries? Il vit les gardes le regarder, puis comprit instantanément qu’il était dans la panade. Ulrik ne se démonta pas. D’ici quelques minutes, il aurait toute la garde aux fesses. Ce faisant, l’homme fit ce qui était la chose la plus simple au monde.

Il se mit à courir.



Pendant ce temps, et sans savoir que les choses risquaient de bientôt se compliquer, Nathan avait rejoint la ville, marchant le long des multiples rues de cette dernière, vers le spatioport. X-Prim continuait à tourner dans sa tête, et, pour essayer de penser à autre chose, il tourna légèrement sa tête vers les deux femmes.

« Est-ce que tu as déjà voyagé dans l’espace, Jena ? »
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le mardi 03 mars 2015, 00:05:22

   Jena lui fila le sac sans rechigner. Il était assez lourd, et même si elle avait tendance à être polie, elle se fit un plaisir de laisser Nathan porter ça. Les fringues, passe encore, elles n'étaient vraiment pas lourdes, mais la montagne de bouquins de ZI.UA pesait une tonne. Pas mal de gens pensaient que les livres que ZI.UA emmenait toujours avec elle n'était qu'une vitrine, qui accroissait son côté « je sais tout mieux que tout le monde ». Cependant, Jena avait pu se rendre compte qu'elle avait vraiment lu tous ces bouquins. Chaque page était pliée, annotée, des passages entiers étaient surlignés voire raturés, et elle les citait de tête avec une facilité déconcertante. Dans sa quête de perfection, où elle se voulait aussi performante qu'une machine, ZI.UA faisait des prouesses. Cela impressionnerait éternellement Jena. C'est sûrement pour la regarder évoluer qu'elle la suivait dans toutes ces frasques. Elle était littéralement intriguée par elle, et convaincue qu'elle n'était pas juste une emmerdeuse, mais quelqu'un qui avait une valeur follement précieuse.
   La voix de Nathan l'arracha à ses pensées.

« Est-ce que tu as déjà voyagé dans l’espace, Jena ? »
« Que, que … Moi ? » bafouilla-t-elle.  « Je ... »

   ZI.UA, qui fouillait dans la sacoche, qu'elle portait sur son épaule, planta son regard dans le sien. « Arrête de paniquer, putain. » ordonnaient ses yeux. Jena toussa, se massa la nuque.

« Très peu. Je viens de l'espace, et je … Je suis arrivée à l'Académie, avec ZI.UA, y'a deux ans. Mais, à part la Base Spatiale et ma planète de naissance, je n'ai pas beaucoup voyagé, non.»

   Cette fois, ZI.UA la couva du regard.

« Et puis, bon, les voyages que nous offre l'Académie, c'est jamais très fou. »
« Des aquariums, des zoos, des conférences … » soupira ZI.UA en extirpant une montre de son sac, cherchant le bouton qui lui permettrait de la rallumer.
« Ouais, c'est très chiant. »

   Un petit « bip » se fit entendre. Immédiatement, ZI.UA grimaça. Elle savait ce que cette sonnerie stridente signifiait : le réveil de ce qu'elle pouvait appeler un monstre. Vivement, elle noua sa montre autour de son poignet, tandis que des chiffres peinaient à s'aligner sur le petit écran. Il clignota une, deux, trois fois. ZI.UA ne dit plus un mot, les yeux rivés sur sa montre. Elle ralentit le pas, fit signe à Nathan et Jena que tout allait bien, qu'elle devait rester un peu en retrait, comme pour un appel gênant. L'écran passa de blanc à vert. C'est parti. La jeune femme poussa un long soupir, qu'une voix qui n'avait pas grand-chose d'humain interrompit.

« Mademoiselle. »
« Ah, Alma, je ... »
« Pensez-vous que je ne sois pas au courant de vos petites escapades ? »
« Pardon ? »
« En attendant que vous allumiez votre montre, j'étais dans les caméras de surveillance. Vous devriez avoir honte, Mademoiselle, vous ... »
« C'est pas vrai, putain ! »
« Bien sûr que si. »

   ZI.UA dissimulait très mal sa rage d'être maternée par un logiciel dont elle enviait les performances. Elle imaginait très bien Alma se glisser de caméra en caméra, afin de toujours garder un œil sur celle qu'elle jugeait comme sa protégée. Putain que je l'envie.

« Alma, je vais avoir besoin que tu me couvres. »
« … Pour changer. Que puis-je faire pour vous être agréable ? »
« Eh bien, je vais partir d'ici, mais je ne veux pas qu'on pense que je me suis enfuie, tu vois. »
« Quelques justificatifs envoyés à l'Académie ? »
« Je ... »
« Ah, et je suppose que j'en envoie un à votre professeur référent ? »
« Oui, et ... »
« Je vais entrer dans leur base de donnée, faire en sorte que votre fugue soit tout à fait normale et qu'elle n'ait rien d'illégal, et expliquer en long et en large à quel point vous êtes une excellente élève, et ce malgré les premières impressions que l'on peut avoir de vous. »
« … Merci, Alma. N'en fais pas trop, quand même, tu veux ? »
« Où allez-vous ? »

   ZI.UA ne répondit pas, se contentant de zieuter à droite et à gauche.

« Répondez-moi. Je finirais par le savoir, de toute façon. »
« Je vais à X-Prim. »
« Qu'allez-vous faire sur cette base ? »
« Rejoindre XV-NAX, et le Département Parasites. »
« Ah, quand vous parlez comme ça, on dirait votre mère. Pour quelle raison rejoindre ce département ? C'est très risqué ! »
« C'est privé, Alma. »
« Bah, qu'importe, tant que vous ne vous attirez pas d'ennuis. Enfin, pas plus que vous n'en avez déjà. Mais laissez-moi vous dire que tout cela ne me plaît pas du tout. »

   Et tandis qu'elles recommençaient à s'engueuler – ZI.UA lui ordonnant de se mêler de ses affaires et Alma argumentant que, justement, ZI.UA faisait partie de ses affaires – Jena se chargea d'expliquer à Nathan ce que signifiait ce petit spectacle incluant une adolescente et un logiciel un peu collant.

« Alma est une sorte de logiciel, qui peut se connecter à tout ce qui est électrique ou électronique. Ses parents lui ont laissés ça, avant de partir. N'ayez pas peur, Alma n'a jamais de mauvaises intentions, elle ne cherche qu'à … protéger ZI.UA. »

   Un « Tu m'emmerdes ! » se fit entendre. Il sortait tout droit de la bouche de l'adolescente aux cheveux verts. Alma marmonna combien l'ingratitude la blessait, avant de s'endormir. Enfin, s'endormir … Jusqu'à ce qu'elle juge nécessaire de s'éveiller à nouveau. Comme ces gros vieux volcans, songea ZI.UA avec une petite grimace. La montre était le squat' préféré d'Alma, mais elle adorait se nicher dans le réveil, quand il fallait faire sursauter ZI.UA, avant de se réfugier dans les volets électriques, qu'elle levait brutalement pour lui faire quitter le monde des rêves, puis dans la cafetière, histoire de se faire pardonner de tant de violence. Pour être discrète, elle se permettait de couper la musique de son baladeur et de la remplacer par sa voix. Et, quand elle avait vraiment envie de faire plaisir à l'adolescente, elle s'accaparait un vaisseau entier.
   ZI.UA s'empressa de ranger sa montre dans son sac, jetant un œil, à nouveau, autour d'elle. Une, deux, trois caméras. Eh bien. J'en connais une qui ne doit pas s'ennuyer.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le jeudi 05 mars 2015, 01:13:17
Tout ça était incroyable pour Nathan, à tel point qu’il se demandait s’il n’était pas en train de rêver, de faire une hallucination. Il était dans l’espace, dans un univers qui lui donnait l’impression d’avoir débarqué en plein « Star Wars ». Des colonies spatiales, des stations galactiques, des vaisseaux spatiaux, des voyages dans l’hyperespace, des contrebandiers, des Empires galactiques... Qui aurait cru, un jour, qu’un pauvre policier de Seattle se retrouverait ici, à des millions d’années-lumière de sa Terre natale, et même dans une autre dimension ? Il était sous le choc, accusant le coup de ce qui lui arrivait. Nathan marchait avec Jena, en lui ayant posé une simple question, afin de se raccrocher à la réalité. X-Prim dansait dans sa tête. Il savait qu’il devait se contenir, qu’il valait mieux éviter de nouvelles déceptions, mais c’était plus fort que lui. La perspective de pouvoir enfin se débarrasser de ce symbiote affreux était trop belle pour l’ignorer pour totalement. Ce symbiote était une créature venant de l’espace, et il luis emblait donc logique d’estimer que, dans l’espace, il devait y avoir des entités scientifiques capables de le supprimer.

Plongé dans ses pensées, il réalisa que ZI.UA semblait être en grande conversation avec... Sa montre. Jena lui expliqua calmement qu’elle conversait avec une IA, Alma, visiblement une créature informatique très développée.

« Ah... Pour moi, j’ai l’impression qu’elle dialogue avec sa montre. »

Personne ne semblait particulièrement surpris parmi les badauds, tournant juste parfois la tête quand ZI.UA semblait s’énerver. Cette femme avait avec elle une IA (ou un « logiciel », pour reprendre les termes exacts de Jena, mais, pour Nathan, on aurait davantage dit une IA, comme dans tous les films avec des IAs) qui était capable de se connecter à n’importe quel appariel électronique. En la voyant s’énerver avec sa montre, le policier hocha lentement la tête, et se permit une réflexion que Jena ne risquait sûrement pas de comprendre :

« J’espère que ce n’est pas la petite sœur de Skynet. »

En tant que Terrien de base, Nathan se méfiait de tout ce qui était IA, et qui pouvait prendre le contrôle d’autres machines. Cependant, les concepteurs de cette Alma étaient sûrement plus intelligents que ceux qui avaient conçu Ultron, ou que Cyberdyne Systems Skynet. De fait, Nathan trouvait juste ça curieux de voir une femme s’énerver avec sa montre. Tout cela était parfaitement normal ici, ce qui confirmait bel et bien que Nathan ne se trouvait plus sur son monde, mais dans un univers complètement différent, avec des références différentes des siennes. Tout ce qu’il espérait, c’était que quelqu’un l’aiderait à se débarrasser du symbiote sans exiger un prix trop élevé. Le SHIELD lui avait donné des fonds pour accomplir sa tâche, mais les fonds n’étaient pas extensibles à volonté.

ZI.UA finit par ranger sa montre, et Nathan la vit regarder les caméras de sécurité. Si Jena avait raison...

*Elle doit être en train de nous espionner. Flippant...*

Il faisait équipe avec un drôle de duo.

« Bon... Allons-y, le spatioport n’est plus très loin. »

Nathan se renseignerait plus tard sur cette Alma. Pour l’heure, il se disait que ZI.UA avait plutôt envie de rester seule. Néanmoins, alors qu’il marchait, il ne pouvait s’empêcher de se dire que la colère la rendait encore plus belle. Même son air de garçon manqué n’avait pas dû empêcher les garçons de venir la draguer, et, en un sens, c’était rassurant. Même dans un monde où les montres pouvaient communiquer, on retrouvait toujours les hormones, cette bonne vieille alchimie entre l’homme et la femme. Sur ce point, Nathan n’était, au moins, pas totalement largué. Le policier marchait le long des rues de la ville, jusqu’à apercevoir un grand bâtiment.

Le spatioport était une grosse structure, ressemblant vaguement à une arène, avec un toit à ciel ouvert, et des rangées de couloirs menant à différents quais. Il fourmillait d’individus et de personnes incroyables, avec des becs d’oiseaux, des plumes sur les fesses, une peau bleue avec de gros points sur le visage... Nathan s’avança le long des coursives, jusqu’à rejoindre le vaisseau d’Ulrik. Comme ils étaient partis devant, Nathan s’attendait à devoir attendre... Mais, en débarquant, il put voir que le vaisseau était allumé, et que la rampe d’embarcation était abaissée.

« Qu’est-ce que... ?
 -  Putain, vous avez mis le temps ! Grimpez,  vite !! » tonna une voix dans un haut-parleur.

C’était la voix bourrue d’Ulrik, et Nathan comprit que ce dernier avait probablement dû faire des bêtises... Pour rester poli.

« ’Mais réfléchissez pas une plombe, grimpez, bordel ! On décolle !! »

Nathan se mit à courir, et entendit des bruits de pas précipités derrière eux. Le temps qu’il atteigne la rampe de lancement, le vaisseau était déjà en train de s’élever, le bruit assourdissant des turbines crevant ses tympans, tandis que le souffle des moteurs faisait virevolter ses cheveux. Des agents de sécurité débarquèrent dans le quai, et hurlèrent des paroles inaudibles. Au-dessus de sa tête, Nathan vit que le toit était en train de se refermer. Des tirs heurtèrent la carlingue de l’appareil, et lui aida Jena à grimper, la soulevant comme si elle était aussi lourde qu’une pomme, puis grimpa à l’intérieur du vaisseau. La porte se referma hermétiquement derrière lui.

Ce n’était pas un très grand vaisseau. Il y avait un couloir principal avec, au bout, le poste de pilotage, et, de l’autre côté, la salle des moteurs. Au milieu, la salle de vie, et, à gauche et à droite, quelques pièces annexes, incluant les chambres, ou la salle de stockage.

« Ulrik ?! C’est quoi ce bordel ?! »

Qu’est-ce que ce satané pirate avait encore fait ?! Le vaisseau réussit à sortir du spatioport.

« Est-ce que quelqu’un sait piloter ce fourbi parmi vous trois ? J’aurais grandement besoin d’un copilote pour nous aider à foutre le camp d’ici avant que leurs rayons répulseurs ne nous attrapent ! »

Nathan posa une main sur son crâne, retenant un soupir.

Il avait le sentiment que cette aventure ne serait pas de tout repos...
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le jeudi 05 mars 2015, 15:37:41


   Si la panique s'était belle et bien emparée de Jena, dont les yeux blancs s'écarquillèrent si fort que ZI.UA eut peur qu'ils n'éclatent, ce ne fut pas le cas de cette dernière. Dans certaines situations, elle gérait plutôt bien son sang-froid. Certes, face à un professeur, elle s'emportait et laissait croire qu'elle n'était qu'une bestiole impulsive incapable de se contrôler, mais dans ce genre de cas, quand il s'agissait de courir et s'éloigner loin d'un danger trop réel pour être ignoré, ZI.UA était très efficace. Elle se rua dans le vaisseau, cherchant son amie des yeux dès qu'elle fut à l'abri. Nathan se chargeait d'elle. Jena avait tout de la poupée qu'on peut manipuler facilement, elle qui était aussi légère qu'une plume et très confiante. Dès qu'elle fut à bord, elle attrapa la main de ZI.UA et la serra. Le soupir qui s'échappa de sa bouche, à cet instant, était gavé de panique, et la façon dont elle portait la main à son cœur en disait long sur son état.
   ZI.UA aurait aimé prendre le temps de rassurer son amie, mais la voix d'Ulrik, et son invective, l'en empêcha.

« Est-ce que quelqu’un sait piloter ce fourbi parmi vous trois ? J’aurais grandement besoin d’un copilote pour nous aider à foutre le camp d’ici avant que leurs rayons répulseurs ne nous attrapent ! »

   Ça, c'était un taff pour elle. Elle s'éloigna de Jena, et le rejoignit aux commandes du vaisseau.

« On va dégager d'ici. »

   Le ton de sa voix, s'il était posée, sous-entendait néanmoins une profonde assurance. La jeune fille sauta sur le siège, s'emparant des commandes comme si elle avait fait ça toute sa vie. Comme si ? Mh. Oui, bon, elle avait passé une partie de sa vie à faire ça. Ludwig, parce qu'il se conduisait par commande vocale la majeure partie du temps, lui offrait un certain confort, elle devait l'admettre, mais ZI.UA était, ne l'oublions pas, une de ces gamines qui adore les courses de vaisseau. Dès qu'on mettait entre ses mains des commandes et qu'on lui ordonnait d'aller vite, elle était dans son élément.
   Ses doigts reconnurent les boutons, voyants, manettes et autres joyeusetés très facilement, comme s'ils étaient fait pour ça. Pas besoin de ceinture de sécurité, elle se pensait assez immortelle pour survivre à tout. Les rayons répulseurs étaient très utilisés, à petit échelle, par les autorités de VI-ON, une planète réputée pour ses courses de vaisseaux clandestines. ZI.UA avait l'habitude de leur échapper, et en avait fait, pendant des années, sa marque de fabrique. Elle régla la vitesse, s'empara de la manette d'activation, histoire de partir plein gaz. Un départ rude, vif, ne laissait pas le temps aux rayons de bloquer le vaisseau. Mais bon, pour les passages, c'était clairement moins confortable.

« J'ai fait beaucoup de courses, lança-t-elle à Ulrik, avec un petit sourire sur les lèvres. La vitesse, la puissance, c'est tout ce que j'aime ! »

   ZI.UA se tourna vers son amie qui, vaguement paralysée, se cramponnait au fauteuil sur lequel elle s'était assise.

« Accrochez-vous. »

   Un puissant sursaut agita le vaisseau, qui se stoppa pendant un millième de secondes. Il fallait sortir de la zone contrôlée par les autorités en très peu de temps, aussi ZI.UA abaissa t'elle vivement la manette, la tirant vers elle, tout en appuyant simultanément sur deux boutons. Le vaisseau se propulsa immédiatement, et elle se retrouva plaquée contre son siège. Le bruit que fit le sac en se claquant contre un mur et en vomissant tout ce qu'il gardait dans son ventre lui rappela pas mal de souvenirs. Aaah, les courses où elle avait le tournis à force de bondir partout. Aaah, celles où elle blindait son vaisseau parce que la tradition était de cogner les autres pour les empêcher, à tout prix, de gagner. Toutes ces images s'embrasèrent dans sa tête, tandis qu'ils quittaient à une vitesse incroyable le ciel de la base scientifique.
   Ce n'est qu'une fois que l'espace noir et profond de la galaxie les entoura qu'elle calma lentement le jeu. Pas de secousses violentes, cette fois, mais un ralentissement dans les règles. ZI.UA jeta un œil à l'écran, vérifiant qu'ils avaient bien quitté la zone aérienne de la base. Ici, les rayons en pouvaient pas les atteindre. La jeune fille conserva tout de même une vitesse convenable, histoire que leurs poursuivants ne leur colle pas au train. Puis sa petite tête gravée d'un sourire se retourna vers Ulrik, puis Nathan, puis Jena. Elle se sentait toute fière d'avoir montré que, oui, elle était utile, et n'était pas qu'une grande gueule.


« Bon, maintenant, qui nous explique pourquoi on a dû s'enfuir comme ça ? »

   La voix de Jena trahissait son énervement. Elle s'était sentie prise de court, et elle n'aimait pas trop ça. D'autant que, dans la panique, réfléchir lui était assez difficile. D'où son habitude de se laisser entraîner un peu n'importe où, parce qu'incapable de prendre des décisions intelligentes quand elle était paniquée. Elle se leva de son siège, toute tremblante, pour se recoiffer. ZI.UA, elle, tourna la tête vers Ulrik avec un sourire en coin. Étrangement, elle sentait que c'était plus ou moins à cause de lui qu'ils avaient dû quitter aussi vite la base.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le lundi 09 mars 2015, 01:20:08
« Des courses illégales, j’espère, lâcha du tac au tac Ulrik à la remarque de ZI.UA. Sinon, ça ne vaut rien. »

Est-ce que Nathan venait bien d’entendre Ulrik inciter ZI.UA à faire quelque chose d’illégal ? Bah, au point où il en était, il pouvait laisser passer ! Ce maudit contrebandier releva son vaisseau, et s’extirpa du spatioport. ZI.UA et lui se partageaient les tâches, et, en sentant l’embardée et la subite poussée que le vaisseau prit, Nathan comprit que ZI.UA devait se charger de la vitesse. Lui, qui avait l’impression de se retrouver dans le Faucon Millenium, à fuir une armée de chasseurs TIE avec, en toile de fond, l’Étoile de la Mort, sentit son corps partir en arrière. Le vaisseau monta en effet en flèche, à la verticale, et il s’agrippa au plafond... Et sentit son bras changer, ou, plus exactement, sa main et ses doigts. Elle se recouvrit d’une substance noire, et servit d’adhésif. Son autre main agrippa Jena, empêchant la jeune femme de dégringoler.

En bas, un rayon tracteur les happait, et Ulrik pilota une tourelle de défense dorsale, puis fit feu. C’était une structure totalement automatisée, sans aucun personnel humain. Il tira plusieurs salves, et la tour explosa, libérant le vaisseau, qui fusa dans la stratosphère, avant de rejoindre l’espace, s’arrachant de la surface de la planète, et de ses rayons tracteurs. Des rayons tracteurs plus puissants, comme ceux des Gordaniens, ne leur auraient offert aucune chance, mais, ici, il s’agissait d’une station spatiale civile. Les rayons tracteurs étaient surtout conçus pour limiter les risques de crash de vaisseaux s’échouant sur la planète, en les ralentissant ou en les déviant pour essayer de les faire atterrir dans la mer. Nathan relâcha Jena, et constata, avec un certain soulagement, que sa main était redevenue normale, et que personne ne semblait l’avoir noté.

*Ouf...*

Ulrik chargeait des coordonnées sur son ordinateur, et vit le sourire rayonnant de ZI.UA, ce qui l’amena à sourire légèrement. Ça, c’était une bonne fille... Mais, avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, Jena intervint, désirant avoir des explications. Elle en avait profité pour s’asseoir sur le troisième fauteuil du cockpit, laissant Nathan debout.

« J’aimerais, moi aussi, avoir quelques explications, Ulrik...
 -  Plus tard ! répliqua ce dernier. Cassiopeum aussi a des vaisseaux, il faut filer dans l’hyperespace le plus vite possible avant qu’ils ne nous rattrapent.
 -  Conduis-nous à X-Prim. »

Ulrik le regarda lentement, surpris.

« X-Prim ? s’exclama-t-il finalement. C’est pas la porte à côté, mais le client est roi... »

Sortant de la planète tellurique, plusieurs vaisseaux à la peinture rouge approchaient rapidement. Les vaisseaux dont Ulrik parlait... Nathan en profitait pour se familiariser avec le décor de cette cabine. Il y avait des voyants et des boutons partout, l’ensemble formant un tout incompréhensible et inexplicable pour lui. Ulrik pianotait, rentrait des coordonnées. X-Prim était une planète très éloignée, et, pour y aller, il faudrait faire plusieurs escales, notamment afin de recharger le carburant du vaisseau. L’ordinateur calculait automatiquement la trajectoire, comme une sorte de variante futuriste d’un GPS qui vous calculerait le chemin à prendre en évitant les péages... Sauf qu’ici, la console d’Ulrik calculait comment prendre les péages, car c’était ici qu’on trouvait les stations de carburant. Sur un écran en forme de radar, on pouvait voir des points en surbrillance se rapprocher.

« Euh... On devrait peut-être décoller, non ? Ou aller plus vite ?
 -  Des moteurs hyperdrive, ça se lance pas aussi facilement. Je n’ai pas eu le temps de les charger sur la base. Si on utilise davantage les moteurs subliminiques, le chargement de l’hyperdrive va en être ralenti. »

Nathan acquiesça de la tête. Il n’était pas sûr d’avoir tout compris, mais ce n’était pas bien grave. Le vaisseau continuait à avancer, tout comme les vaisseaux ennemis continuaient à se rapprocher. Ulrik déplaçait son vaisseau, afin de s’éloigner des ennemis, tandis que plusieurs diodes étaient en train de se charger.

« Okay, on est bons ! Ciao, les caves ! »

Il tira sur un levier puis en leva un autre... Et, comme dans les films du genre, Nathan vit les étoiles se fondre en un immense écran blanc. Il y eut une subite accélération, et il fut plaqué contre le mur, avant de tomber à la renverse, tandis que le vaisseau filait dans une vitesse nettement supérieure à la limite. Devant cet océan blanc immaculé, des volets de sécurité s’abaissèrent sur la baie vitrée.

« C’est bon, on est tirés d’affaires... »

Nathan hocha lentement la tête suite à cette répartie, et, en voyant le double regard de Jena et de Nathan, le contrebandier finit par s’expliquer.

« Vous avez entendu parler du Consortium de Zynn ? C’est une immense corporation spatiale... Elle existe depuis plusieurs siècles, et s’est spécialisée d’emblée dans la terraformation des planètes, et, de manière plus générale, l’exploitation des planètes inhabitables, que ce soit les géantes gazeuses ou les planètes mortes. Avec le temps, les planètes terraformées de Zynn ont rapporté au Consortium énormément d’argent, car les usines qui ont été bâties sur ces planètes, les colonies spatiales, les métropoles et les villes, leur appartiennent tous. Ils sont propriétaires des planètes, et ont pu développer leur activité. Le Consortium est aujourd’hui une puissance globale qui fait affaires avec les plus grandes puissances de l’Univers, comme les Gordaniens. »

Nathan acquiesça de la tête, tout en sachant qu’Ulrik viendrait rapidement au fait.

« Je convoie généralement leur matériel. Ils m’ont demandé de faire une mission bien particulière à Cassiopeum... Glisser une puce dans leurs banques de données, probablement afin d’obtenir des informations. Ça a foiré, et ces types m’ont poursuivi. Vous voyez ? Rien de bien méchant... Juste une petite puce. Ils ont cru que je voulais saboter toute leur installation. »

Le policier ne dit rien. Il avait la sévère impression que ce Consortium allait leur poser des soucis. Ulrik tourna alors sa tête vers ZI.UA, et lui sourit.

« Toi, en tout cas, t’as de la graine de pilote, jolie fleur. Tu sais te débrouiller avec un manche. Si j’étais pas fauché comme les putains de blés, je t’aurais proposé de devenir ma copilote. »
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le mercredi 11 mars 2015, 16:56:50
« Ne l'appelez pas jolie fleur si elle ne vous en n'a pas donné l'autorisation. »
« Je ne suis pas une jolie fleur. »

   Les voix des deux jeunes filles s'étaient élevées en même temps, et leurs mots s'étaient entremêlés pour, finalement, dire la même chose. Le ton de Jena était celui de l'avertissement, du style « je préfère prévenir, hein », tandis que celui de ZI.UA était nettement plus tranchant. Elles se regardèrent. Jena souriait, amusée par la situation. Son amie, quant à elle, était un peu emmerdée qu'on puisse aussi bien anticiper ses réactions. Elle s'enfonça dans son siège à nouveau, tandis que Jena, profitant d'une certaine stabilité, entreprit de ranger dans le sac tout ce qui en était tombé. Il y avait là pas mal de livres dont elle ne comprenait pas le titre, et des outils assez bizarres. Mais bon, elle s'était faite à l'idée : ZI.UA avait ses mystères, et elle les conservait bien.
   Cette dernière savourait cette sensation vive qui lui piquait encore le corps. Elle revoyait l'espace se déformer sous le joug de la vitesse, et ses muscles avaient imprimé la violence d'un tel décollage. Putain, ça, ça l'enivrait. Les yeux rivés sur la vitre, face à elle, la jeune femme prenait un plaisir énorme à se sentir, à nouveau, dans l'espace. Et libre, de surcroît. Ahlala, quel pied. De son côté, Jena avait fini de faire son petit ménage, et ses yeux curieux inspectaient le vaisseau. Elle n'avait tout bonnement jamais vu ça. Elle ne savait pas si elle devait être plus choquée par ce nouvel environnement, ou par les propos d'Ulrik. Elle s'approcha du tableau de bord, où se tenaient son amie et ce type qui l'inquiétait de plus en plus (il est à noter que, paradoxalement, ZI.UA trouvait Ulrik plus sympathique qu'au début de leur rencontre, après ce petit épisode).

« Mais alors vous êtes … une sorte de bandit, c'est ça ? »
« Jena, qui utilise encore le mot bandit ? »
« Moi. Mais, si tu préfères, je peux parler de racaille. »
« Non, ça, c'est carrément déplacé. Disons qu'il prend des libertés avec les règles. Mais ça, j'aime bien. »

   Jena leva les yeux aux cieux. Misère. Elle s'était choisie une amie qui n'avait rien, mais alors vraiment rien à voir avec elle. Sentant que la conversation allait prendre un tournant qui n'allait pas lui plaire – illégalité, tout ça – elle les laissa là, n'attendant même pas la réponse d'Ulrik.

« Sur VI-ON, toutes les courses sont illégales. C'est pour ça que j'adorais y aller. Les règles étaient tellement souples qu'on avait l'impression qu'elles n'existaient pas. Putain, c'était ... »

   Elle se mordit la lèvre en hochant la tête. Il n'y avait aucun adjectif assez fort pour décrire les sensations qui fourmillaient sous sa peau, dans ce genre de situations. C'était un peu comme une dope, à laquelle elle était accro. On appelait vaguement ça l'adrénaline, mais ZI.UA était convaincue qu'il y avait autre chose. La composante majeure de son organisme adorait faire n'importe quoi, le faire bruyamment, histoire de propulser toutes ces sensations délicieuses partout dans son corps. Pour la peine, elle sortit un paquet de clopes de sa poche, et s'en alluma une.

« Merci pour la proposition, refaite-la moi quand vous aurez de la thune. »

   Jena, de son côté, s'était tournée vers le sac, à la recherche d'un petit pull. Elle plia sagement sa veste, la rangea avec beaucoup de précautions, avant de regarder Nathan.

« Merci beaucoup de m'avoir retenue, c'est très gentil. 'fin, j'aurais pu me faire très mal, en tombant, mais vous m'avez … 'fin, merci, beaucoup. »

   Elle enfila un pull blanc. Ne porter que des couleurs claires lui donnait un aspect spectral assez impressionnant. Et sa moue adorable restait imprimée sur son visage. Mh, plus qu'un spectre, elle ressemblait davantage à un petit ange.

« Vous n'êtes pas blessé, au moins ? Enfin, ça va ? »
   
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le vendredi 13 mars 2015, 01:33:28
« Okayyy... ‘Vous vexez pas, les filles! »

ZI.UA et Jena avaient toutes les deux tiqué sur ce surnom, et Nathan, derrière le trio, esquissa un léger sourire. Les techniques de séduction d’Ulrik peinaient à fonctionner. Le contrebandier avait planifié le voyage vers X-Prim, et il n’y avait qu’à attendre. Normalement, il n’y aurait aucun problème, et, pendant ce temps, Jena lui demanda s’il n’était pas un « bandit », ce qui amena Ulrik à sourire en coin. Il n’eut néanmoins pas l’occasion de répondre, car les deux filles discutèrent ensuite entre elles, jusqu’à ce que Jena s’écarte, se rapprochant de Nathan. Entre-temps, ZI.UA évoquait les courses, et Ulrik, en fin connaisseur, hocha la tête.

« VI-ON, hein... Ouais, je peux comprendre que tu te fasses chier à l’Académie si tu as été là-bas. J’avais vu des compétitions de speeders dans les Vallées d’Émeraude, c’était très impressionnant. Qui sait ? Je t’emmènerai peut-être aussi aux courses de rues d’Ulopolis. »

Ulopolis était une cité-planète massive, avec des courses de rues qui s’organisaient dans la ville, donnant lieu à de véritables spectacles visuels et pyrotechniques, les courses étant tout à fait légales, et faisant l’objet de compétitions périodiques où on pouvait tout à fait mourir. Ulrik ouvrit ensuite un compartiment, et sortit une cigarette. Un plaisir qui n’existait pas à Gordan, où les autorités militaires luttaient fermement contre toute forme de stupéfiants ou de produits susceptibles d’alerter l’efficacité au combat des soldats. Les drogues gordaniennes étaient des injections militaires ayant pour but d’accroître l’agressivité des soldats ou d’améliorer leurs réflexes. Quand Ulrik avait quitté Gordan, il avait été surpris de voir à quel point le tabac se vendait facilement en-dehors des frontières de sa Galaxie. Il proposa une cigarette à ZI.UA, puis posa ses pieds sur le tableau de bord.

« J’suis pas à proprement parler un bandit... Et, si j’en étais un, je t’appellerais de tous les surnoms que je veux, hein ? Tout ce que je fais, c’est transporter du matériel... Je bosse au noir, ça évite aux sociétés et aux puissances qui me paient de devoir payer les taxes. Je ne fais pas dans la traite d’esclaves, ou ce genre de choses. J’ai mes principes. Tu vois, je pars du principe que pouvoir contourner certaines taxes, c’est pas vraiment le crime le plus répréhensible qui soit, hein ? »

Il ne se sentait nullement coupable pour ça, encore moins au regard de son passé. Il avait été un cobaye de laboratoire, trahi par un haut-gradé qui avait usé de son autorité pour le broyer et pour torturer sa sœur. Un évènement de son passé dont il ne tenait pas particulièrement à repenser. Il tira sur sa cigarette, et Nathan, de son côté, regardait Jena. Avec son pull blanc, il se dégageait d’elle une atmosphère incroyable. Elle n’était pas juste mignonne ou sexy, elle était belle... De cette beauté craquante, qui vous amenait à lui pardonner tout et à voir en elle une sorte de sainte intouchable et gracieuse.

« Ne t’en fais pas, je n’ai rien. »

Il lui fit un petit clin d’œil, comme pour la rassurer. Nathan n’avait guère aussi envie de s’étendre là-dessus. Son symbiote s’était réveillé, et ce n’était jamais bon signe, surtout avec une Jena qui était aussi belle... Mais il n’entendait aucune voix grave dans sa tête, aucune provocation, rien d’autre qu’un silence plat et calme.

Ulrik ne tarda pas à enchaîner en s’extirpant de son fauteuil.

« Bon... Nous allons passer plusieurs jours ici, et je n’ai que deux chambres de disponible... C’est un petit vaisseau. Vous voulez que je vous fasse visiter ? »

Avant toute réponse, il se rapprocha d’un appareil mural, et appuya sur plusieurs boutons. Immédiatement, un son se fit entendre, puis une musique s’enclencha... Que Nathan reconnut. Il avait dansé avec Sylvie sur cette musique, à un bal annuel de la police de Seattle. Redbone, Come And Get Your Love (https://www.youtube.com/watch?v=nkr77jE5GFY).

« Vous pouvez vous détendre, les filles. Même vous promener en string si le coeur vous en dit, ce n’est pas moi que ça dérangerait. »

Seigneur... Pendant un bref moment, Nathan se demanda si son symbiote n’avait pas changé d’hôte, afin de se retrouver dans le corps de cet homme. Ceci expliquerait bien des choses.

De fait, il n’y avait pas grand-chose à visiter. Un cockpit, un couloir, une pièce centrale faisant penser à la salle de vie du Nostromo, et des portes latérales. Deux chambres, une salle de bains avec toilettes, une réserve, et une porte au fond menant à la salle des moteurs.

C’était un petit vaisseau très intime. Passer plusieurs jours avec des bombes sexuelles ici et un mec qui passait son temps à sortir des blagues salaces... Si la Bête ne se réveillait pas, ce serait vraiment un miracle !
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le vendredi 13 mars 2015, 13:26:50
   Dès que les notes s’élevèrent dans l'espace, Jena se mit à remuer des épaules. Elle aimait  ce genre de petits sons, ça lui rappelait les bars où elle sortait, à la recherche de quelqu'un de bien capable de lui faire du bien. La plupart de ses relations se limitaient à ça. Le seul souci, c'est qu'elle avait du mal à distinguer les gens biens des gens mauvais et qu'elle vendait sa confiance à à peu près tout le monde. ZI.UA, elle, était nettement moins réceptive. Ancrée dans un univers musical où les voix et les instruments n'avaient pas leur place – oui, bon, elle se limitait à la musique électronique et toute sa culture – elle fronça un instant les sourcils, avant de s'habituer au rythme. Ah, que les raves lui manquaient, et les enceintes qui ronronnent, et la techno qui se colle au squelette et lui indique instinctivement quels mouvements adopter, et … Si je fais la liste, ça va durer des plombes. Elle remarqua que sa montre s'était mise à clignoter, et se leva vite de son siège, pour pousser une porte au hasard. Porte qui donnait sur une chambre. Soit. Elle voulait juste être au calme pour prendre son appel. Savoir qu'il était d'Alma la rassurait moyennement. La jeune femme referma soigneusement la porte derrière elle.

« Mademoiselle ? »
« Oui, Alma ? »
« Est-il nécessaire que je vous envoie Deirdre et Ludwig ? »

   ZI.UA ne répondit pas tout de suite. Amener ces deux-là, c'était garantir et son indépendance, et sa sécurité. Cependant, sa conscience lui ordonnait de ne pas abattre ses cartes tout de suite. D'autant que Deidre semblait de plus en plus copier les mimiques d'Alma, jouant la carte de l'IA alors qu'elle n'en était pas pourvue. Quoique j'en sais rien, en fait. Elle n'avait jamais disséqué Deirdre, chose qu'elle faisait d'habitude avec chaque organisme robotique. Alors qu'elle allait répondre, la porte s'ouvrit brusquement sur une Jena aux yeux pétillants.

« C'est ici qu'on dort ? »

   Elle n'attendit aucune réponse pour jeter son sac sur le lit. Elle ressemblait à une môme émerveillée. Le ton de sa voix ne cachait absolument pas son enthousiasme quasi infantile.

« Aaah, j'adore ! J'adore, j'adore ! »

   Jena rejoignit le sac, sur le lit, s'étendant de tout son long. Eh bah, elle a l'air heureuse, au moins.

« Mademoiselle ? Alors ? Que dois-je faire ? »
« Je te tiens au courant, Alma. Garde-les moi de côté, pour l'instant. Si le besoin s'en fait sentir, je te demanderais de me les envoyer. »
« Pourquoi tant de précautions ? »
« Ce vaisseau n'est pas très grand. Une personne de plus, et … Ah, Jena, tu as laissé la porte ouverte ! »
« C'est grave ? »
« Peu importe. Alma, attends mes ordres. »
« Comme vous le souhaitez. »

   Même seule, elle ne l'était jamais vraiment. Cette constatation la fit soupirer d'horreur. Elle retira sa montre, et la jeta dans le sac. De son côté, Jena sortit une petite affiche du sac, et la plaqua au mur en sifflotant un petit air que ZI.UA ne reconnut pas. L'affiche était une publicité (http://img11.hostingpics.net/pics/363286tumblrma5zv8SdfF1qz6f9yo1500.jpg) assez vieille du World Trade Center. Même dans l'espace, elle avait eu vent de cette histoire. Ses parents étaient terriens, après tout. Cette pub faisait preuve d'une ironie assez tranchante. ZI.UA était partagée entre engueuler son amie pour cet humour cruel, ou rire avec elle. Elle se contenta d'un air profondément lassé, et secoua la tête.

« Tu es sérieuse, là, Jena ? »
« Bah quoi ? Je personnalise, ce sera plus confortable. Ce sera notre petit terrier ! Et j'en ai d'autres, hein ! »

   Nan mais c'est pas possible. Elle laissa là Jena, qui dépliait une deuxième affiche (http://img11.hostingpics.net/pics/821584tumblrmvtdm2qtnE1sy00i5o1400.jpg) sans s'arrêter de chantonner – cette fois, c'était sûr, cette fille était au moins cinglée – et rejoignit les deux hommes. Ce voyage allait être drôle, elle le sentait. Au fond d'elle, elle espérait aussi que Jena avait plein d'autres petits posters de ce genre. Ça la faisait rire, quand elle y repensait.

« Je pense que … Jena a décidé d'où elle voulait vivre, mh ? C'est très dur de la contredire. »

   La petite voix de son amie se faisait encore entendre. ZI.UA ne parvenait ni à définir la langue dans laquelle elle chantait, ni à deviner d'où cette mélodie venait. Elle se fit la promesse d'analyser un peu plus les capacités de Jena, au cours de l'expédition. Peut-être possédait-elle des facultés intéressantes. Et puis, en y réfléchissant bien, elle ne s'était jamais penchée sur son cas, au point d'ignorer de quelle planète son amie venait.

« Vous savez, je ne pense pas que vous nous verrez nous balader en ... »

   La porte de la chambre s'ouvrit, laissant apparaître une Jena en gros pull blanc – au moins quatre fois sa taille – et … rien d'autre. Elle se baladait en pull et shorty, sans cesser de chantonner. Pas du tout gênée, elle s'approcha de la table, attrapa un classeur qui y traînait.

« Je ne fais que passer ♫ ! »
« Jena, tu … Tes fringues ! »
« Rooooh, c'est bon. »

   … Et elle retourna dans la chambre qu'elle s'était désignée. ZI.UA commençait sincèrement à douter de sa candeur, se demandant si c'était un leurre qu'elle utilisait pour avoir tout ce qu'elle voulait – qui oserait refuser quoi que ce soit à une jolie nana à demi-nue et adorable – ou si elle était vraiment aussi naïve. Elle ralluma sa clope, qui s'était éteinte pendant son petit entretien avec Alma, et fixa à nouveau les deux mecs.

« … Je pense qu'on va bien rigoler. »

   Elle avait lâché ces mots avec une certaine ironie. Oui, comme d'hab'. Les écrans affichaient la destination, X-Prim, et ZI.UA réalisa, à ce moment-là, que oui, ce voyage allait durer un moment et que oui, effectivement, avec un phénomène comme Jena, ça allait être une vraie partie de plaisir.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le mardi 17 mars 2015, 00:52:41
Comment Redbone avait-il fait pour se retrouver dans l’espace, dans une autre dimension, et à des milliers d’années-lumière de la Terre de cette dimension ? La question turlupinait Nathan, car, ce qu’il entendait, jaillissant des haut-parleurs et des enceintes du vaisseau d’Ulrik, c’était bien la voix de Lolly Vegas et de Tony Bellamy qu’il entendait suinter des parois du vaisseau. Entre-temps, les filles avaient rapidement choisi domicile dans l’une des deux chambres, ZI.UA n’ayant guère attendu, avant que Jena ne la rejoigne, laissant ainsi les deux hommes seuls, dans le cockpit.

« Au temps pour mon invitation à faire le tour du propriétaire... Et je crois qu’il est temps de régler une question existentielle, Nate... Laquelle on se tape chacun ? »

Nathan le regarda, se demandant si le contrebandier plaisantait, ou s’il y avait du sérieux dans ce qu’il disait. Il se contenta d’un léger soupir, et répondit sur un autre sujet :

« C’était quoi ce délire, à Cassiopeum, Ulrik ?
 -  Hey ! La vie dans l’espace est faite de dangers et de risques, boy scout. Si tu t’attendais à un voyage tranquille et sans problème, tu aurais dû suivre les navettes de la Base Spatiale, pas rejoindre un contrebandier. »

Ce n’était pas vraiment une réponse à sa question, mais il comprit que le contrebandier n’avait aucune intention d’en dire plus... Ce qui ne le rassurait guère. Oui, Nathan savait que l’espace était dangereux, qu’il y avait quantité de dangers. De manière générale, à chaque fois qu’on se trouvait dans une zone où une autorité légale n’était pas instituée clairement, il fallait s’attendre à ce que ce soit le bordel. Or, l’espace était comme un océan, si vaste qu’il était impossible de tout sécuriser. Dès lors, tout pouvait arriver. Les pirates étaient légion, mais si, en plus des pirates, Ulrik arrivait à leur mettre à dos les forces légales... Est-ce qu’ils seraient fichés et catalogués quand ils arriveraient à X-Prim ? Est-ce que la station de recherches de cette planète entretenait des relations étroites avec Cassiopeum ? Dans la tête de Nathan, les hypothèses et les scénarios catastrophiques défilaient. Il avait de l’imagination, ce qu’on attendait souvent chez un flic... Savoir visualiser une scène de crime, et, surtout, savoir envisager toutes les hypothèses qui se présentaient.

Pour l’heure, il choisit de revenir à Redbone, et il allait poser une question en ce sens quand l’une des deux filles, ZI.UA, revint les voir. Ulrik, lui, avait l’esprit qui s’évadait, et, dans ce genre de cas, il lui arrivait souvent de penser au sexe... Mais, pour être entièrement honnête, il fallait bien dire qu’il avait pensé à se les taper dès qu’il avait vu ces deux nanas autour de la machine à cafés de l’université. Quoi de plus normal ? Il aurait fallu être le plus convaincu des homosexuels pour ne ressentir aucune attirance pour elles, et il était maintenant un peu plus convaincu qu’elles n’étaient pas gouines... L’Empire de Gordan était un Empire qui, sur ce point, était profondément homophobe. La reproduction étant essentielle pour les Gordaniens, les relations homosexuelles étaient, de ce point de vue, plutôt mal vues. Elles ne pouvaient guère s’envisager que si les personnes en question ne négligeaient pas leurs devoirs hétérosexuels de procréation... Autrement dit, se faire un threesome avec ces nanas... Et, si son ami d’en face était castré, ce n’était pas pour déranger Ulrik sur ce point. Au moins, ça lui ferait de la concurrence en moins.

ZI.UA retourna donc les voir, et leur expliqua que Jena avait choisi sa chambre. Ulrik haussa les épaules.

« Qu’elle fasse comme chez elle, ça ne me dérange pas. Au moins, elle se sent en confiance. »

La femme leur parla ensuite rapidement, mais sa phrase fut interrompue par l’arrivée de ZI.UA... Et, cette fois-ci, Ulrik eut la conviction que son passager n’était pas eunuque. Comme lui, il regarda les longues jambes fuselées de Jena. Elle était sortie les fesses à l’air, avec seulement un gros pull cachant son haut ! Ulrik retint un sourire, voyant le fantasme farfelu de son threesome sauvage et brutal se concrétiser dans sa tête. Les deux filles se disputèrent encore, ZI.UA venant reprocher à Jena sa tenue vestimentaire, ce qui ne sembla nullement déranger Jena.

Nathan, lui, était moyennement surpris. Des deux, il avait noté que Jena était la plus renfermée, et ZI.UA la meneuse, mais il savait, pour l’avoir déjà observé, que les rôles pouvaient parfois changer... Car, généralement, il s’agissait, justement, de rôles. Il avait déjà eu affaire à des couples de lesbiennes qui avaient tué une personne, généralement un ancien amant jaloux, et, en enquêtant, il avait réalisé que celle qui avait porté le coup fatal n’était pas tant la meneuse affirmée du couple, que l’autre, celle qui ne disait rien. Jena semblait être un peu comme ça : timide et délicate, mais une apparence dissimulant une personnalité profonde et affirmée. Difficile de savoir comment danser avec de telles personnalités. Jena avait récupéré un classeur, et retourna ensuite vers sa chambre.

*Est-ce qu’elle cherche à nous chauffer ou quoi ?!*

Dans un espace aussi étroit, sans possibilité de sortir, il fallait s’attendre à ce que les hormones chauffent dans tous les sens... ZI.UA avait sorti une cigarette, et sortit Nathan de ses réflexions en leur disant qu’ils allaient bien rigoler.

« Ouaip, acquiesça Ulrik. Je crois aussi. Vous êtes un duo atypique, toutes les deux. »

Ça, Nathan n’allait pas dire le contraire.

« Nous sommes condamnés à vivre ensemble pendant plusieurs jours dans un espace étroit... Je pense qu’il ne faut pas que ce soit trop anxiogène.
 -  Et puis, poursuivit Ulrik, si vous vous baladez à poil, ce n’est pas moi qui serais contre. »

Comme pour le prouver, il retira son débardeur, et le jeta au sol.

« L’essentiel, c’est de se mettre à l’aise, ZI. Je suis pas un putain de surveillant de faculté, juste un... Semi-bandit. »

Tout était dans la nuance...
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le mercredi 18 mars 2015, 17:37:40
   

       Sa clope à la bouche, ZI.UA retira le manteau qu'elle portait, le posant sans trop de manières sur le dos du siège sur lequel elle s'installa. En-dessous de ce truc en fourrure qu'elle portait tout le temps, comme une seconde peau nettement plus moelleuse, elle arborait un de ces débardeurs  amples n'importe comment. Blanc, court, il dévoilait son ventre, et sur les côtés, il laissait deviner son soutien-gorge. C'était peut-être, pour beaucoup, ce qu'on appelait un appel au viol, mais pour elle, c'était juste très confortable. La porte de leur « chambre » était restée entrouverte, et on entendait Jena déplier des affiches, sans cesser de chantonner. On l'entendit faire tomber des trucs deux ou trois fois, et même se casser la gueule du lit. Intenable, oui, c'est le terme qui la définit le mieux. Au moins, sur ce point là, elles étaient assez similaires. Si ce n'est que Jena était bien plus sympathique que sa congénère. Et puis, elle au moins, elle se laisserait draguer sans trop de problèmes. L'amour de ZI.UA pour les robots – voire son admiration – retirait beaucoup de charme aux êtres humains, en règle générale. Même si là, Ulrik torse nu, ça attirait son attention. Son regard se perdit quelques micro-secondes dans la contemplation de son corps, avant que sa conscience ne la secoue. Tu te calmes, ma grande, tu sais que ça ne vaut pas un robot. Ses rares expériences sexuelles avec la race humaine avaient été des échecs. Au mieux, elle s'était fait chier. Elle sortit de son manteau un cendrier de poche, rond, en métal, plutôt abîmé.

« Y'a un système d'aération, non ? Je ne peux pas vivre sans fumer. » Répondit-elle à Nathan et sa remarque sur ses habitudes « anxiogènes ».
« Moi aussi, j'en veux une ! »

   L'odeur du tabac avait attiré Jena. Elle s'empressa de piquer une clope à son amie. Par contre, il ne fallait pas attendre d'elle qu'elle mette des fringues propres à la vie en société. Elle s'appuya sur le dossier du siège de ZI.UA, cigarette à la main, dessinant des volutes de fumée tout autour de son visage angélique à chaque fois qu'elle prenait une taffe. Ses yeux clairs analysèrent les environs, se posant n'importe où … Mais surtout sur Ulrik. C'était attendu. Elle bloqua sur lui, eut un petit sourire, avant de contempler sa clope. Elle, ça lui posait pas trop de problèmes de fricoter avec des êtres humains. Elle trouva même ça carrément jouissif.

« Jena, vu que tu es debout … Tu m'apporterais mon classeur bleu ? »
« Oui, oui ! »

   Un petit aller-retour, et elle le posa précautionneusement devant son amie, qui s'empressa de l'ouvrir et de tourner les pages. Pendant ce temps-là, Jena lorgnait avec une discrétion qui n'en était pas une sur Ulrik. C'était beau, un cors athlétique, comme ça. Ça l'attirait comme un petit aimant.

« X-Prim est très accessible, j'ai ici les plans des lieux, les coordonnées, de quoi faire en sorte de se poser sans qu'on nous pose trop de questions. Alma préparera le terrain pour nous, quand on s'approchera. »
« On va à X-Prim ? Mais pourquoi faire ? »
« Ils sont spécialisés dans les symbiotes, c'est ce qui nous intéresse. »
« Qui a un symbiote ? » S'exclama-t-elle en se redressant.

   Un temps de silence. ZI.UA se tourna vers Jena, et inclina le bâton de sa cigarette vers Nathan. Jena le fixa, clignant brutalement des paupières à plusieurs reprises.

« Pourquoi vous en avez un ? »
« Jena, tu es … »
« Non mais, chez moi, les gens s'en implantaient volontairement, alors je sais c'que c'est, hein ! Mon père en avait un, quand il était commandant, quand il devait se battre, ça … »
« Attends, quoi ? »

   ZI.UA s'était carrément retournée vers cette adorable tête blanche.

« Les symbiotes donnent une puissance folle aux personnes qui en portent, continua Jena. J'y connais rien, hein, je sais juste que … Les hommes en avaient, chez moi, certaines femmes, aussi, et ça les faisait gagner pas mal de combats. »
« Tu es sérieuse ? »
« Oui, bien sûr. C'était un sacrifice que notre planète imposait aux soldats, ils mettaient ça sur le compte de l'honneur, ou j'sais pas quoi. »
« Et après, ils géraient ça comment ? »
« Bah … Quand ils géraient le symbiote, comme tu dis, ça posait pas de soucis, le but était d'en faire des tueurs, alors bon. On leur retirait après leur combat. Mais souvent, ils mourraient. C'est pas pour rien que je parle de mon père au passé, et c'est pas pour rien que je suis à l'Académie. »

   Ça, ZI.UA n'en revenait tout bonnement pas. Elle fouilla dans son classeur, pour en sortir une liste où s'inscrivaient une bonne centaine de noms, tandis que Jena regardait Nathan avec un air aussi intrigué que compatissant.

« Tu viens d'Ankylos ? »
« Ça s'prononce pas vraiment comme ça, mais oui. Tu ne savais pas ? Je vivais à Psora, la capitale. C'était bien moche. Et ils étaient tous très cons. »  

   Entre celle qu'on avait arraché contre son gré au cosmos et celle qui s'en était enfuie, elles formaient un beau duo.

   Ankylos était une planète très éloignée de la base spatiale, il fallait compter cinq ou six mois de voyage pour y accéder. C'était une partie de l'univers assez bordélique, et réputé pour être ingérable. ZI.UA n'arrivait pas à croire qu'une créature aussi douce que Jena puisse venir de là-bas. Psora était une capitale à laquelle personne ne s'était jamais attaquée, et maintenant, ZI.UA comprenait pourquoi. Qui oserait tenir tête à une armée de symbiotes, justes bons à tuer sans aucune pitié ? Cette planète avait comme réputation de tenir tête à tous ses ennemis, tout en colonisant d'autres planètes et satellites allègrement, en particulier celles entourant Ankylos. Ils avaient colonisés les trois planètes de leur système solaire, histoire d'asseoir leur puissance. Personne ne s'y rendait sans avoir une vraie bonne raison de le faire. Un peuple dangereux, donc, qui se retranchait dans un univers qu'ils avaient bâtis pour être inviolable et redoutable. J'comprends absolument pas comment Jena peut être du même sang que ces cinglés.  

« Si j'étais resté là-bas, j'aurais été paysanne, mère, nonne, pute ou guerrière. Non merci. »
« C'est vrai que c'est assez limité. »

   Pour toute réponse, Jena hocha la tête, tandis que ZI.UA, elle n'en revenait toujours pas. Il y eut un temps de latence, avant que Jena n'écrase sa cigarette dans le cendrier. Elle regarda Nathan, puis Ulrik, avec une moue toujours aussi adorable.

« Bon, la douche, c'est où, ici ? »
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le lundi 23 mars 2015, 01:04:09
Ulrik nota les regards intéressés des nanas sur son torse, et masqua son bon plaisir. Elles étaient belles, lui aussi, son corps les attirait, leur corps les attirait... Que demander de plus ? Seul Nathan était un problème... Car lui aussi commençait à sentir l’excitation en train de monter. La Bête était en lui, et il savait que la promiscuité sur plusieurs jours favorisait l’intimité et les échanges sexuels... Or, s’il se remettait à faire l’amour, il craignait de voir la Bête revenir, et ce d’autant plus qu’ils étaient au courant, et qu’ils savaient donc ce qui risquait de se passer si la Bête se réveillait. ZI.UA et Jena fumaient toutes les deux dans le cockpit, et Ulrik les observait, son regard oscillant entre les deux poupées et les consoles. Aucun problème à signaler. Sur plusieurs écrans, des algorithmes s’affichaient à toute allure. Continuellement, l’ordinateur de bord programmait et calculait la trajectoire à emprunter. En vitesse-lumière, il fallait planifier au millimètre près le voyage, car tout était possible... Il suffisait d’un impact avec un micro-astéroïde sur le vaisseau pour que ce dernier explose, et le pire était l’atterrissage... Une erreur de calcul de quelques décimètres, et le vaisseau pouvait émerger dans un trou noir, un champ d’astéroïdes, ou se crasher sur une planète... Ce qu’Ulrik avait déjà eu l’occasion de faire sur Terre, et qu’il ne tenait nullement à réitérer. Un miracle de ce type n’arrivait jamais deux fois.

ZI.UA avait récupéré de nombreux fichiers, et leur parla de X-Prim, ce qui intéressait un peu plus Nathan. Ils venaient de se poser dans le salon, où il y avait une table ronde, au centre, permettant d’étaler des documents. Elle avait un plan de la station, et Nathan le regarda. C’était une station de recherche assez grande, bâtie au milieu de massifs montagneux, de gorges profondes, de dédales... Une planète rocailleuse et inhospitalière, une variante de LV-426... Avec des endroits discrets pour éviter de tomber sur la douane. Nathan, qui s’était glissé dans le dos de la femme pour observer cela, hocha la tête... Avant qu’une bouffée de fumée ne jaillisse sur son visage, ses narines venant inhaler un peu de tabac.

« Ces plans m’ont l’air bons...
 -  Vous voulez vous poser en toute clandestinité sur une station de recherches, et c’est moi le bandit ? » ironisa Ulrik.

X-Prim intéressa alors Jena, ce qui amena Nathan à réaliser que la belle fille aux longs cheveux blancs n’avait aucune idée de leur raison ici... Était-elle naïve, ou idiote ? Elle avait suivi ZI.UA sans même se poser la question, et venait maintenant de le réaliser. Le reste, toutefois, fut très intéressant. Jena se mit à parler d’Ankylos, une mystérieuse planète reculée ayant la particularité d’avoir des symbiotes. Nathan sentit son cœur manquer un ou deux battements suite à cet aveu, et ne dit alors rien. Le souffle court, il écouta les deux femmes parler. Une planète remplie de symbiotes ? Des humains fusionnant avec les eux, et parvenant, plus ou moins, à les contrôler ?! Et parvenant à les retirer ?!

*On leur retirait... On leur retirait... On leur retirait !!*

Ankylos... Nathan devait se rendre là-bas à tout prix ! Ulrik, quant à lui, grimaça légèrement. Les Gordaniens avaient entendu parler d’Ankylos, mais l’homme avait toujours cru à une légende. C’était une planète sauvage, se trouvant dans une galaxie éloignée, où il n’y avait aucune route commerciale, de multiples trous noirs, et des conditions naturelles extrêmement rugueuses. Quantité de rumeurs circulaient sur cette partie-ci de l’univers, qu’on surnommait parfois « la Zone Inexplorée », ou juste « la Zone ». La Zone, donc, était un endroit dangereux et hostile, et, pour rien au monde, Ulrik n’avait envie d’y aller.

Visiblement, ZI.UA semblait aussi estomaquée que ses compagnons devant l’aveu de Jane. Pour elle, tout semblait normal, à tel point qu’elle demanda où était la douche... Et n’eut, sur le coup, aucune réponse. Ulrik peinait à croire qu’une fille aussi neuneu pouvait venir d’Ankylos. Ulrik cligna des yeux à plusieurs reprises.

« La porte à gauche... C’est la salle de bains... »

Il laissa la femme filer, puis regarda Nathan.

« Est-ce que tu as pu repérer si... Enfin... Si elle en a un ?
 -  Un symbiote ? Non... Non, je ne crois pas...
 -  Ankylos, putain... »

Ulrik secoua la tête, et se rassit sur une chaise, puis sortit une cigarette, et tira dessus.

« On dit que ces mecs sont des putains de cannibales... Qu’un seul de leurs soldats suffit à décimer des garnisons entières... Qu’ils ne laissent aucun survivant.
 -  Alors, comment a-t-on entendu parler d’eux ?
 -  Des carcasses de vaisseaux sortant de la Zone... Des vaisseaux abandonnés, détruits, que des récolteurs et des collecteurs explorent en espérant y trouver des ressources. Ce qu’ils ont vu, ce sont des cadavres sanguinolents, des morceaux découpés, et des vidéos... Mais tout cela tient effectivement de la rumeur. La Base Spatiale avait mandé plusieurs expéditions militaires vers Ankylos, mais la position exacte de cette planète est méconnue... De plus, les cartes astrospatiales de la Zone sont peu fiables. Il y a énormément de ceintures d’astéroïdes, de trous noirs, de systèmes solaires où les étoiles sont des supernovae...
 -  S’ils peuvent me retirer un symbiote, il faut y aller... »

Ulrik secoua négativement la tête, tapotant sa cigarette contre le cendrier.

« Ça, jamais ! Si on va par là, ils nous captureront, et nous boufferont vivants. Ces mecs sont des tarés. Si tu veux aller là-bas, mon coco, ce sera sans moi. »

Nathan serra les poings. Ulrik reprit alors.

« Si ta copine vient vraiment d’Ankylos, il faudra lui dire de ne pas le crier sous tous les toits... Et il faudra aussi éviter de dire que notre ami a un symbiote dans le corps. »

La prudence s’imposait, si le groupe voulait espérer s’en sortir indemne.

« Ah, et pour le détail... Il n’y a qu’une douche, et elle ne fonctionne qu’une demi-heure pour l’eau chaude. Après cela, il faut attendre que le moteur réchauffe l’eau, ce qui prend une petite heure... »

C’était long, parce que l’hyperdrive bouffait toutes les ressources du vaisseau Ulrik tenait à le préciser...

...Au cas où.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le lundi 23 mars 2015, 19:34:10

   ZI.UA en avait entendu parler, d'Ankylos. C'était la zone à éviter par excellence. On faisait des blagues à moitié drôles sur cette partie de l'univers, la plupart du temps pour dédramatiser, tout en sachant que cet endroit était un des plus sordides de la galaxie. Une bonne partie du peuple était des guerriers, et la moitié d'entre eux avait un symbiote dans le ventre. Elle se souvenait très bien du jour où, avec l'équipage dont elle faisait partie, ils avaient frôlés le système solaire leur appartenant. Elle n'y avait vu que des planètes bossues et grises, dont l'une d'entre elles était entourée d'une ceinture d'astéroïdes. Ankylos avait tendance à se débarrasser de ceux qui n'avaient pas la force d'y vivre, en leur proposant de partir vivre autre part, n'étant d'aucune utilité sur leur planète. Les réfractaires étaient envoyés se faire tuer au combat. Il était clair que prononcer ce nom quelque part dans le cosmos n'était pas une bonne idée. La plupart des personnes, avides de généralités, pensait que chaque personne native de cet endroit portait un symbiote. ZI.UA refusait de croire que Jena puisse en porter un.
   Elle les écouta parler en se mordant nerveusement la lèvre inférieure. Ulrik avait raison, Jena ne devait pas décliner son identité. Une méfiance commune à l'égard d'Ankylos ne leur permettait pas d'être sincère, sur ce plan. Quand elle entendit Nathan évoquer l'idée de s'y rendre, elle se raidit.

« Ah, ça, non, jamais. On n'ira jamais là-bas. Ce serait vraiment … de la folie. Et suicidaire, en plus. Même accompagnés d'une native, on ne serait pas les bienvenus. On évite à tout prix cet endroit. On est pas armés pour ça. »

   Son paquet de clope dans la main, elle jouait à le faire tourner entre ses doigts.

« Ulrik a raison, il faut qu'on soit prudent. »

   C'est à cet instant qu'elle réalisa que faire partie de cet équipage comportait certains risques pas négligeables. Un « semi-bandit », un porteur de symbiote, une fugueuse et une ancienne habitante de Psora qui souffrait de la réputation de son peuple d'origine, ça n'avait rien de très rassurant. Pour sûr, au moindre écart, ils seraient dans une merde noire. Elle était bien heureuse que ses parents soient au fin fond de l'espace, incapables de la surveiller. S'il savait où elle était et avec qui, elle ne donnait pas cher de sa peau. Mais bon, le danger, quand même, c'est excitant. La remarque sur le fonctionnement de la douche, elle l'assimila à moitié, perdue dans toutes ses pensées, échafaudant divers plans et imaginant des scénarios catastrophes dignes de films de SF. Ahlala, nan mais quelle vie.

« D'autant qu'il n'y a aucun espoir pour qu'il te retire ton symbiote si tu n'es pas des leurs. Ils n'aiment pas trop les étrangers, là-bas. Ils ont une politique assez … violente, à leur égard. Et pas question qu'on me donne en pâture à ces monstres. Attendons de voir ce que ça donnera, sur X-Prim, mh ?»

   En fond sonore, on entendit la douche s'enclencher. ZI.UA se leva, histoire de se dégourdir les jambes, zieutant vers l'espace, qu'on voyait à travers la vitre. Ça l'apaisa immédiatement. Lentement mais sûrement, l'adrénaline se dispersait dans son sang. Des années qu'elle se faisait chier à devoir être sédentaire, elle avait l'impression d'être toute rouillée. Elle prit une longue inspiration, avant de se tourner vers Ulrik, persuadée qu'il saurait répondre à la question qu'elle s'apprêtait à poser.

« Bon, y'a quoi à boire, ici, sinon ? Je serais pour fêter un peu cette charmante aventure qui nous attend. »

   Elle savait que faire boire Jena était assez risqué – elle ne tenait absolument pas l'alcool et profitait de la moindre dose d'ivresse pour faire n'importe quoi – mais elle avait besoin de boire un coup. Ses muscles réclamaient un peu de détente, et sa tête aussi.
   Elle sortit de sa poche une petite clé USB, qu'elle enfonça dans le compartiment approprié. La musique (https://www.youtube.com/watch?v=6nw7gY-3GA0) s'éleva, se dissipant dans l'air et dans ses tympans. Ah, là, oui, elle se sentait bien.

« Et puis, on est pas près d'arriver, autant s'occuper. »
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le jeudi 26 mars 2015, 01:14:03
Le problème qu’il y avait quand on avait un symbiote en soi, c’est qu’on n’était guère enclins à la prudence. Un symbiote était une chose affreuse, en ce sens qu’il vous amenait à vous croire invincible. Avec lui dans le corps, Nathan avait toujours été moins prudent en cas d’action, n’hésitant pas à se recevoir des balles, ou à se jeter à bride abattue dans le danger. Pour ce qui était de l’action pure, le policier ne pouvait que reconnaître la grande efficacité de la Bête. C’était tout le reste qui pêchait. Néanmoins, même lui reconnaissait tout le caractère suicidaire qu’il y aurait à se rendre sur une planète remplie de symbiotes meurtriers et psychotiques… Mais il savait qu’il y irait, si le voyage à X-Prim se révélait insuffisant. Il suivit donc la voix de la raison, incarnée par ZI.UA, qui suggéra de ne pas dévier du plan originel, et ensuite de voir quoi faire.

*Je suis convaincu que je trouverais, dans un rade quelconque, un pilote suffisamment farfelu et désespéré pour me conduire à Ankylos…*

Cette idée trottait dans sa tête. Une planète où la technologie était assez forte pour ôter le monstre qui vivait en lui. Est-ce que la Bête venait de là ? Est-ce que le symbiote qui avait été à l’origine de celui qu’il portait était une sorte de réfugié politique venu de cette partie éloignée et lointaine de la Galaxie ? Difficile à dire… Sur ses origines profondes, la Bête ne savait pas grand-chose, la créature étant, après tout, née en laboratoire.

Ulrik, de son côté, était sûr de ne jamais se rendre sur Ankylos. Fou, il l’était sûrement, mais sa folie n’était pas encore suicidaire. Il n’y avait rien à obtenir à Ankylos que la mort et la désolation. C’était un endroit extrêmement dangereux, et, alors qu’il y songeait, il vit le regard de ZI.UA croiser le sien. Elle lui demanda alors s’il y avait à boire, et, dans la foulée, mit une musique assez… Différente de Redbone. Ulrik l’aurait volontiers qualifié de sensuelle, c’était tout à fait le genre de sons qu’il imaginait dans certains night-clubs où les danseurs étaient sur des pistes étroites, leurs ombres dansant en se collant sous la lumière folle des stroboscopes. Cette musique provoquait en lui des idées, surtout quand ZI.UA poursuivit, en disant qu’il allait falloir trouver un moyen de s’occuper.

*Ah, ça…* songea pensivement Ulrik.

Le contrebandier hocha la tête, et s’avança contre le mur, puis appuya sur plusieurs boutons d’un terminal. Une porte s’ouvrit, laissant apparaître un compartiment frigorifié, avec différentes bouteilles.

« Pour vous servir, Votre Majesté, ironisa-t-il. Chaque fois que je me rends sur une planète, j’en profite pour visiter leurs distilleries et leurs localités… J’ai ce petit rouge qui vient des champs de Katia, qui fond sur la langue. »

Le rouge de Katia avait aussi des propriétés aphrodisiaques reconnues, et Ulrik le sortit donc, non sans un certain dessein. Il attrapa également du vin blanc, venant des viticultures de Naja, une planète très verdoyante. Le vin de Naja était très onéreux, comme celui de Katia, et, si Ulrik en avait, on pouvait se douter que ce n’était pas en suivant les circuits légaux de distribution du vin. À cause des intermédiaires entre l’agriculteur et le consommateur, le prix de vente d’une boisson était parfois trois fois plus cher que son prix normal. Il sortit les deux bouteilles, les posa, puis ouvrit un autre compartiment, révélant une partie des ustensiles de cuisine : verres, assiettes, fourchettes, couteaux… De beaux verres à pied, avec des motifs gravés sur la devanture, représentant des silhouettes érotiques.

« Je les ai achetés à Katia aussi… »

Katia était connue pour être une planète de tous les excès, une planète du divertissement. C’était souvent la destination privilégiée pour les jeunes de la Base Spatiale, car on ne trouvait quasiment que des boîtes de nuit, des soirées, des concerts en pleine plaine regroupant des milliers de personnes, des festivals artistiques déjantés, et quantité de bordels et de lupanars en tout genre. De fait, il était interdit, dans certaines planètes, de parler de Katia à l’encontre de personnes mineures, tant la réputation sulfureuse de la planète était, pour certains systèmes planétaires, choquante et immorale.

Nathan choisit le vin blanc, ce qui était tout à son intérêt. Autant ne pas réveiller trop l’eau qui dort. Ulrik, tout en les servant, s’adressa à nouveau à ZI.UA :

« Si tu aimes l’espace, on pourra se faire des petites sorties quand le vaisseau devra recharger ses batteries... J’ai des combinaisons spatiales pour aller dans l’espace. »

C’était légalement obligatoire d’en avoir au moins une, et c’était surtout très pratique, car, en cas d’avarie, de rochers de météorite encrassant un ventilateur de refroidissement, il fallait bien sortir pour les déloger. Cependant, il y avait, dans cette proposition, quelque chose d’autre qu’Ulrik avait en tête… Une femme dans une combinaison spatiale moulante, c’était toujours très sexy, et, avec le joli lot qu’il était sous le nez, le contrebandier était convaincu d’en avoir pour son argent.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le samedi 28 mars 2015, 20:53:39


   Katia. Ce nom chanta dans sa tête un court instant. Elle y était allée, oui. Emmenée discrètement, comme une fugueuse, par sa marraine, de temps en temps, elle gardait énormément de souvenirs vifs et brillants de ces nuits. Prétextant une excursion, elles avaient passé trois jours là-bas, un peu après ses 18 ans. Trois jours de concerts, à dormir dans des tentes fluorescentes, à prendre tout et surtout n'importe quoi. ZI.UA attrapa le verre, et le serra dans la paume de sa main comme une relique. Là, tout de suite, maintenant, elle eut la profonde certitude d'avoir laissé trop de choses dans l'espace. Elle était vouée à tout retrouver. Elle ignorait si c'était un but en soi, mais sentait bien qu'elle n'avait pas trop le choix. Katia, X-Prim, toutes les planètes flottantes l'attiraient comme un aimant.
   Elle but une gorgée d'alcool, tandis que la clé USB changeait tout naturellement de son (https://www.youtube.com/watch?v=JX12Aucibb4). Tant qu'on ne l'arrêterait pas, il cracherait toute la musique qu'il avait dans le ventre. En faisant ça, ZI.UA imposait sa bulle, son milieu naturel auditif, et ça lui plaisait. L'alcool lui brûla les tempes et la gorge. Elle en soupira vivement de plaisir. Le goût de l'alcool était celui de l'indépendance, sans entité supérieure susceptible de vous engueuler. C'est pour ça que c'est si bon, c'est le goût de la liberté aveugle. Tout en psalmodiant les paroles très fines que diffusaient la musique, elle répondit d'un sourire à la remarque d'Ulrik. Flotter dans l'espace, là où on n'aura jamais pied, c'était l'extase.
   Encore une gorgée.

« J'adorerais ! Ah, et puis ... »
« C'est ma chanson préféréééééééée ! »

   D'accord. Bon, ça, c'était Jena, furieusement surexcitée.

« T'es rapide, toi. »
« J'ai entendu le mot alcool. »
« Aaaaah, je me disais aussi. »

   La petite blanche s'approcha, attrapa le verre de son amie, qui poussa un lourd soupir en s'affalant sur un siège. Bon. Une Jena dans cet état, ça l'amusait autant que ça la gavait. Dans l'ensemble, elle n'aimait pas trop jouer des rôles, alors que c'était ce que préférait faire son amie.

   De son côté, Jena … vida le verre d'une traite. Un long sourire se dessina sur ses lèvres, et ses joues gagnèrent en rougeur. Putain, ça la galvanisait, tout ça. Elle tendit le verre à Ulrik, souriante, réclamant du regard qu'il lui en serve un autre. Oui, bon, là, le mode « je séduis des hommes plus âgés que moi » était clairement enclenché. C'était le péché mignon de la jeune fille. Elle ne pouvait tout simplement pas s'en empêcher. C'était en contradiction totale avec la gueule angélique qu'elle arborait sans cesser et cette timidité qui lui collait à la peau, quand elle rencontrait une personne pour la toute première fois. En vérité, dès qu'elle se sentait un peu en confiance, elle se lâchait. Et là, c'était le cas. Elle était avec une amie, deux mecs qu'elle trouvait tout simplement canons, dans l'espace, libre comme l'air. Plusieurs facteurs qui l'encourageaient à ne pas beaucoup penser.

« Putain ce que c'est bon. Ça vient de Katia, ça, non ? demanda-t-elle en scrutant le verre. Je n'y suis jamais allée, mais on m'en a beaucoup parlé. On a tendance à dire que c'est une planète remplie de mauvaises fréquentations, sur la Base. »

   Et un battement cils, un, suivi d'un petit mouvement d'épaule en rythme avec la musique. ZI.UA la regarda, effarée, avant de tourner la tête. Elles étaient là depuis à peine une heure, et Jena était déjà en train de faire la belle. Ses hormones ont l'air de bien fonctionner, ça va. De son côté, Jena s'appuya gracieusement contre la table, attendant son verre. Elle tenait bien son petit rôle d'allumeuse.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le mardi 31 mars 2015, 02:20:02
Jena avait rapidement terminé sa douche, mettant fin à la conversation entamée entre Ulrik et ZI.UA. Le vin de Katia était très bon, et Nathan le prit sans hésitation, conscient que, très souvent, le meilleur moyen de calmer la Bête était de l’inhiber… Mais, malheureusement pour lui, il n’avait pas tenu compte du fait que le vin était un aphrodisiaque, ce qui eut pour effet de l’embrouiller un peu. Comme Jena, il savait que cet endroit encourageait la promiscuité et l’intimité, et, surtout, il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas couché avec une femme. La Bête le rendait beaucoup plus direct avec les femmes, et l’encourageait à faire des choses et des tentatives de séduction qu’il ne se serait jamais permis en temps normal. Nathan pouvait mentir, il pouvait prétendre que c’était uniquement la Bête qui le forçait à agir de la sorte, mais, avec le recul, il savait qu’il n’y avait pas que ça.

Pour ne rien arranger, la musique, avec des basses et un rythme endiablé, excitait également Nathan. Jena, donc, finit par revenir sur ces considérations, et le policier comprit vite qu’elle avait le feu aux fesses, et qu’elle était en mode de recherche. Elle venait d’une planète où les symbiotes étaient intimement liés aux individus, et, de ce que Nathan savait, les symbiotes féminins étaient tout autant des pervers que les symbiotes masculins. Peut-être que, à un niveau génétique ou inconscient, Jena avait été marquée par cela ? Le sexe ne semblait pas la déranger, et, de manière presque surprenante, en voyant les regards que les deux filles s’échangèrent, il sembla se dire que c’était ZI.UA qui était sur la défensive, et Jena en avant. Combien de temps Nathan pourrait-il résister aux avances de la femme, dont la tête angélique passait entre Ulrik et Nathan ? Elle se penchait en eux, exhibant légèrement ses seins, similaires à ces femmes qu’il voyait en boîte de nuit, et qui recherchaient à tirer un coup, se mettant dans des positions aguicheuses et tendancieuses. Sur ce point, le beau sexe était très réactif, et Jena savait pertinemment ce qu’elle faisait. Nathan ne se faisait aucun doute là-dessus.

Il vit Jena boire d’un coup le verre, avant de le tendre vers Ulrik, tout en soulignant que, à Katia, on pouvait tomber sur des personnes peu fréquentables. Cette phrase amena Ulrik à sourire légèrement. Naturellement, le petit manège de la jeune femme ne lui avait pas échappé, et notre homme mentirait en prétendant qu’il n’était pas sensible aux charmes que Jena dégageait. Elle était très mignonne, et elle formait un joli couple avec ZI.UA, son attitude envoyant aux oubliettes ce qu’il avait initialement pensé sur le caractère homosexuel de ces deux femmes. ZI.UA, en tout cas, avait l’air relativement choquée par tout ce qu’elle entendait, ce qui amena finalement sur les lèvres d’Ulrik un léger sourire.

« On rapporte quantité de choses sur Katia, généralement des histoires que les parents donnent à leurs enfants pour les dissuader d’aller là-bas. »

Ulrik remplit le verre de Jena sans aucune hésitation, puis retourna s’asseoir. Ensemble, ils étaient encore tranquilles pour un bon moment, sans aucune interférence extérieure.

« C’est un vin que j’achète personnellement à Katia chaque fois que je m’y rends… Et, je ne sais pas pourquoi, mais je vous imagine très bien, toutes les deux, vous y rendre. Mais, puisque je m’y rends, je suppose que ça fait de moi une personne de mauvaise fréquentation, n’est-ce pas ? Quelqu’un que les filles de bonne vertu, ce que vous devez sûrement être, préférez fuir, hum ? »

La question était rhétorique, et Nathan trouvait qu’il avait tout du séducteur endimanché, celui qu’il auditionnait tous les Lundis matins, après les accusations de viols lors des soirées, ce scénario classique où la jeune adolescente, choquée à l’idée d’avoir couché avec un homme, préférait nier l’évidence, et invoquer le viol ou l’agression sexuelle. Ulrik agissait comme ça, et but encore un peu de vin, avant de reprendre :

« Ceci étant dit, voyager avec deux inconnus dans un aussi petit vaisseau, à l’autre bout de l’Univers, sans en référer à personne… D’aucuns pourraient trouver votre comportement comme inconsidéré… Qui sait ce qui pourrait vous arriver ? »

Une lueur amusée dansait dans les yeux d’Ulrik. Nathan, de son côté, restait étrangement silencieux, regardant son verre en hésitant à en boire le contenu ou non… Le risque était grand, et il commençait à sentir des fourmillements brûler dans son ventre… Ou, plus exactement, son bas-ventre.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le vendredi 03 avril 2015, 22:03:49





   Les paroles prononcées par Ulrik eurent le mérite d'échauffer les sens de Jena. Déjà que le vin, but rapidement, lui enflammait la tête, alors ces sous-entendus … Elle lui répondit d'un sourire entendu, remuant des hanches comme le font si bien les jeunes femmes aux hormones flamboyantes. Le second verre, elle en but une gorgée, rapidement, avant que ZI.UA ne se lève pour récupérer son verre. Jena lui répondit d'une grimace, avant de s'approcher un peu plus d'Ulrik. Ok, elle, les bad boy, elle adorait ça. Ça tranchait avec son allure douce comme de la soie.

« Je ne pense pas être une fille de bonne vertu … En ai-je l'air ? »

   Elle minaudait, avec un ton aussi enfantin qu'allumeur. Elle le savait très bien, que sa gueule d'ange donnait cette impression. Un bon chrétien lui aurait donné le bon Dieu sans confession. Tout ce qui était blanc était, dans l'imaginaire collectif, rattaché à la pureté. Le physique de Jena allait dans ce sens. Elle avait tout d'une sainte. Alors que ZI.UA buvait une nouvelle gorgée de vin, galvanisée et un peu sonnée – autant par l'alcool que par les vertus aphrodisiaques qui commençaient à lui ronger le crâne – Jena préféra s'emparer de la bouteille. Boire au goulot, c'était plus drôle, et nettement plus tendancieux. Elle avait une envie folle de faire des conneries, là, tout de suite, maintenant, que ce soit avec Ulrik, qui avait le charme d'un bandit, pour reprendre ses termes, qu'avec Nathan. Savoir que ce dernier portait un symbiote en lui, et donc quelque chose de potentiellement dangereux, l'amusait franchement. Ça lui donnait envie de jouer avec le feu, et de se brûler tout le corps au passage.
   Elle s'installa tranquillement sur la table, pile entre Nathan et Ulrik, la bouteille serrée dans la main. Et ZI.UA, blasée, la regardait. Nan mais ça, c'était du délire. Elle ne savait pas si elle devait la laisser là et partir se planquer dans leur chambre, ou entrer dans son jeu. Les méfaits des aphrodisiaques commençaient à se répandre partout dans son corps. Sauf qu'elle, pour qu'elle s'intéresse un tant soit peu à un être humain, il fallait se lever tôt. Des débordements hormonaux lui donnaient envie de choper un robot, doué, sans failles aucune, et de se perdre dans ses bras mécaniques. Jena, c'était autre chose. Dos creusé, poitrine bombée, elle … se bourrait la gueule, oui. Elle avait une descente incroyable. Sans doute des restes de sa patrie d'origine. On disait des habitants d'Ankylos qu'ils avaient, en général, un caractère porté sur la destruction et la soif de pouvoir. Si ce n'était quasiment jamais le cas chez une Jena sobre, il y avait de grandes chances pour qu'une fois désinhibée, elle se lâche totalement. Je ne sais pas si j'ai envie de voir ça, moi. Même si Nathan et Ulrik, certes, l'intéressaient un peu – merci l'ivresse qui ébouillante tout un corps – elle se voyait mal partir dans un délire orgiaque, et ce en présence de Jena. Non, non. Ce n'était pas dans sa nature. Son ego, plutôt blindé, lui ordonnait au contraire d'attendre qu'on soit tout à elle. Pas question de partager. Elle se disait, et ce avec une pointe d'orgueil, que Jena ne serait qu'un amuse-gueule pour ces deux-là. Elle, il fallait la mériter.
   Elle vida le verre, avant de le claquer sur la table, ce qui fit sursauter Jena.

« Toi, quand tu fais ça, ça veut dire que tu as une idée en tête, et que tu veux la faire partager. » analysa son amie avec une pointe de cruauté, genre Je t'ai cerné, ma grande.

   ZI.UA lui répondit d'un rictus un peu coupant.

« Je ne veux pas te déconcentrer, Jena, voyons. »

   Son ton acide, arracha un sourire à Jena.

« Oh, ZI' … Tu ne vois pas que je m'amuse ? »

   Elle aurait pu lui répondre que si, justement, elle le voyait très bien, peut-être même trop bien, mais se retint. Il ne fallut que quelques micro-secondes pour que Jena n'en revienne à ses moutons ou, justement, à ces deux mecs qu'elle trouvait de plus en plus attirant au fur et à mesure des gorgées qu'elle ingérait. Elle plongea son regard clair, où scintillait une lueur brûlante, dans celui d'Ulrik.

« En quoi est-ce dangereux de voyager avec vous, mh ? Vous allez nous faire du mal, peut-être ? »

   J'ai pas signé pour un porno, putain. ZI.UA se leva de son siège, inclinant la tête avec une certaine froideur. Jena perçut son regard.

« Oh, mais ZI', ça ne va pas ? »
« Je pense aller … me reposer un peu. Mais je t'en prie, Jena, je ne veux pas te gêner. »
« Oh, non, non, tu ne me gênes pas du tout. »

   Discussion profondément ironique. À croire que c'était leur ton de conversation habituel.

« … J'ai juste très envie de voir où Ulrik veut en venir. J'aimerais qu'il m'explique ce qu'il peut nous arriver, ici. »

   Et elle but à nouveau, au goulot, ses lèvres glissant sur le verre avec une lenteur indécente. Là, ça devenait … Ouais, bon.

« J'ai pas très envie de fuir, moi. »

   A peine eut-elle fini cette phrase qu'on entendit une porte se refermer. ZI.UA ? Partie. Il ne restait donc qu'une Jena inflammable dans cette pièce, suffisamment enivrée par ces alcools aphrodisiaques pour avoir une envie terrible de s'encanailler un peu. Elle releva sa jambe, pour l'appuyer contre l'accoudoir du siège d'Ulrik, avant de tourner son visage d'ange vers Nathan, et de lui offrir un sourire gavé d'envie. Dès que ZI.UA décampait, c'était comme si la seule figure d'autorité qui l'entourait disparaissait. Qui dit plus d'autorité, dit … beaucoup plus de bêtises.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le lundi 06 avril 2015, 02:11:14
Le symbiote était là. La Bête sentait l’excitation de toutes ces personnes autour d’elle, et, quand Jena se déplaça, tenant la bouteille pour boire au goulot, Nathan sentit clairement une excitation pointer. Jena s’assit pile entre Ulrik et Nathan, jouant avec eux… Il ne manquerait plus que ZI.UA pour que la boucle soit bouclée. Nathan sentait les hormones de cette femme… Ou, plutôt, la Bête les percevait. Sur ce point, Nathan avait compris que le symbiote qui vivait en lui avait une espèce de sixième sens sur le sexe. Il n’aurait pas su comment l’expliquer scientifiquement ou précisément, mais c’était comme si la Bête percevait les hormones des femmes. De ce qu’il savait, certaines espèces animales avaient aussi cette capacité, et, dans un certain sens, les humains aussi. Un homme savait instinctivement quand une femme avait les ovaires en feu, et Jena en avait toutes les caractéristiques. ZI, elle… Nathan sentait que les aphrodisiaques faisaient effet, mais il y avait un blocage. Ce n’est pas qu’elle était insensible à leurs charmes, mais elle conservait la tête froide, comme si ça ne l’intéressait pas… Étonnant renversement de situation. Jena, la timide et docile étudiante, se révélait être une femme délurée, là où ZI.UA, la rebelle, le pur garçon manqué, s’avérait beaucoup plus prude… Était-ce par timidité que la femme alla s’enfermer dans sa chambre ? Ou autre chose ? Nathan sentait quelque chose entre Jena et ZI.UA, comme une sorte de courant électrique… Sur Terre, on disait que les hommes venaient de Mars, et les femmes de Vénus. Une doucereuse expression pour dire qu’un homme n’arriverait jamais à totalement comprendre une femme, et inversement. Et ceci était particulièrement vrai dans les relations entre deux femmes. L’hypocrisie était très forte, et les femmes avaient une sorte de talent inné pour dissimuler ce qu’elles pensaient vraiment. Qu’est-ce qui se passait entre Jena et ZI.UA ?

Cette question mourut dans sa tête quand Jena lui fit un sourire éblouissant. Avec sa longue chevelure blanche et ses grands yeux bleus clairs, elle était terriblement belle, et son regard était très expressif. Allez, semblait-il dire, vous attendez quoi ?! Nathan soupira lentement, son érection toujours là, et Ulrik se pencha alors, venant caresser l’une des joues de la femme, l’amenant à tourner la tête, afin de croiser son regard.

« Tu aurais dû suivre ton amie, Jena… Maintenant que tu es là, seule, il n’y a plus personne pour te protéger… »

Nathan aurait aussi pu s’enfuir… Mais c’était peine perdue. Il savait que Jena jouait avec lui. La femme venait d’Ankylos, une planète remplie de symbiotes, et il était sûr qu’elle voulait voir le monstre… Ce à quoi Nathan, bien évidemment, ne tenait pas particulièrement, tout en ayant cependant l’intime conviction qu’il n’arriverait pas à repousser indéfiniment le symbiote. Ulrik souleva alors Jena, et la posa sur la table. Lui se moquait bien de toutes ces considérations. ZI.UA voulait faire sa prude ? Bah ! Il n’allait pas la poursuivre pour la violer… Il ne forçait nullement Jena. Elle avait envoyé suffisamment de signaux pour enflammer un camp entier rempli d’homosexuels.

Il la posa donc sur la table, et posa à nouveau une main sur sa joue, écartant quelques mèches de cheveux, puis, sans guère attendre plus longtemps (car il était impoli, n’est-ce pas, de faire attendre une drame), il se pencha vers elle. Sa main se déplaça pour venir se nicher sur sa nuque, et il l’embrassa. Ses lèvres se posèrent contre les siennes, les scellant pendant quelques secondes par le biais d’un tendre et sensuel baiser. Ulrik le rompit rapidement, en lui souriant, puis Nathan se rapprocha à son tour, comme si son corps était aimanté par celui de la femme.

L’homme remplaça les lèvres d’Ulrik, en soulevant Jena, et en la portant contre lui. Elle n’était pas plus lourde qu’une plume pour lui, et ce fut donc avec un plaisir sincère qu’il goûta à sa chair… Et, en lui, le symbiote se mit à remuer. Il n’avait pas embrassé de femme depuis trop longtemps… Depuis cette fois sur Terre où la Bête avait fait parler d’elle. Maintenant, Nathan redécouvrait avec joie les délices du beau sexe, et quand le baiser se rompit, il conserva le corps tendre et chaud de la femme contre le sien…

« Ah, ça fait tellement de bien…
 -  Oh putain… »

Ulrik venait de voir que la main de Nathan, celle qui tenait la tête de Jena, s’était transformée… Nathan le réalisa alors, et écarta sa main. Elle s’était recouverte de la texture noire et gélatineuse du symbiote, ce qui eut pour effet de grossir son avant-bras et sa main, ses doigts devenant des griffes acérées. Ce faisant, les cheveux de Jena se retrouvèrent collées à cette texture, et Nathan réussit à les retirer sans les arracher.

La Bête était bel et bien là… Cet avant-bras noirâtre en était la preuve… Et Nathan ne l’avait même pas réalisé !

C’était sans doute ça qui l’effrayait le plus.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le mardi 07 avril 2015, 17:18:36
   Aaaaah, enfin, là, elle s'éclatait. Mais genre vraiment. Se penchant un peu en arrière, elle but une nouvelle gorgée d'alcool – autant être bien torchée, ça la désinhibait pas mal et ça devenait vraiment drôle – après ces échanges de baisers. Beaucoup d'idées tordues germaient dans la tête de la jeune femme. Frêle et belle adolescente, elle cachait avec un immense plaisir des tonnes d'idées peu recommandables dans sa tête. La remarque d'Ulrik, ça l'avait plutôt amusée. Elle reposa la bouteille, qu'elle buvait décidément bien vite, qui claqua contre la table quand elle la rencontra. Un regard vers Ulrik, alors qu'elle restait maintenue par Nathan, nullement gênée par l'apparition du symbiote. Elle lui en toucherait quelques mots après, tiens, d'ailleurs. C'était le genre de choses qui ne l'affolait pas du tout. Ou alors, pas dans le sens « effroi ».

« Ne me dis pas ce genre de choses, ça ne me donne pas du tout envie d'être prudente. »

   Un battement de cils. Un sourire. Posant sa main sur la nuque de Nathan, à la recherche d'un appui, elle dirigea son autre main vers la joue d'Ulrik, la griffant doucement au passage, le dévorant du regard sans aucune retenue.

« Mmh, putain … ZI' ne sait pas ce qu'elle rate. Elle n'aime que les machines, quelle putain d'erreur. »

   Elle, elle préférait clairement les corps. Bah oui. La peau qui s'enflamme, les gestes qui dérapent, les imperfections incontrôlables … C'était tout ce qui lui plaisait. Son amie, adoratrice de la perfection, prenait beaucoup de distance avec le genre humain, avec les mêmes arguments. S'il lui était arrivée de se taper des personnes en chair et en os, elle n'avait jamais pris son pied. Jena, c'était … un autre délire. Elle accumulait tellement d'expériences – je sais, on dirait pas, vu comme ça – qu'elle savait exactement comment faire pour s'éclater. Et, croyez-moi, deux mecs dévoués à elle, c'était une des choses qu'elle préférait.
   Souriant encore une fois à Ulrik, elle entreprit ensuite de caresser le bras de Nathan, celui-là même qui s'était métamorphosé. La peau noire, les griffes, elle les détailla avec une sérénité hors-du-commun. Des symbiotes, comme ça, elle avait vu de toutes sortes. Les blancs aux yeux rouges étaient, à son sens, les plus flippants. A son arrivée sur Terre, elle avait développé une phobie assez violente envers tout ce qui était albinos. Ça lui rappelait trop Ankylos, Psora, ces endroits qu'elle avait trouvé, qu'elle trouvait et qu'elle trouverait éternellement merdiques. Et puis, pour tout vous dire, une fois un peu pompette, tout l'amusait, même les symbiotes les plus menaçants. Ses yeux, après avoir disséqué cet organisme, se plantèrent dans ceux de Nathan.

« Si tu penses qu'il m'effraie, tu te trompes. Je suis née au milieu de ces créatures. Mais, dis-moi … Sais-tu le contrôler, ou es-tu son esclave ? » demanda-t-elle d'un ton amusé.

   C'était l'éternelle question, dès qu'il s'agissait des symbiotes, sauf que là, la référence sexuelle était évidente. Si la bête en lui l'entendait, elle espérait bien la provoquer un peu. Un éclat de rire et, croisant les bras, elle s'empara du bas de son pull pour le relever, et le retirer complètement. Elle l'envoya s'envoler … quelque part. Peu importe, pourvu qu'il soit partout, sauf sur elle. Elle avait éjecté son débardeur, avec, si bien qu'elle se tenait devant eux, ravissante, avec un adorable soutien-gorge blanc – à ceux qui se posent encore la question, oui, elle ne porte que cette couleur – qu'elle choisissait, comme à son habitude, extra push-up, histoire de bien serrer ces deux seins l'un contre l'autre. Ça faisait toujours son petit effet. Elle s'empara, encore, de la bouteille, et la vida avec ce qu'il faut de sensualité. Elle n'avait rien de la vieille ivrogne, mais tout de l'adolescente qui sait comment allumer les sens en faisant glisser ses lèvres sur une bouteille. Un sourire, où elle se mordit la lèvre.

« … Ne me dites pas que vous attendez mon autorisation. »

   Aaaah, Jena.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le vendredi 10 avril 2015, 01:42:02
Les... Les machines ?!

*Hein ?*

À son corps défendant, Nathan ne connaissait pas beaucoup Tekhos, et, de manière générale, les technologies très avancées Dire qu’il était un fossile n’était pas totalement faux. Plutôt que Meetic ou les sites de rencontre, il était encore fidèle à la bonne vieille méthode consistant à se rendre dans un bar pour attendre une femme esseulée et lui payer un verre... Alors, s’imaginer se taper une machine. Dans sa tête, il se représenta un androïde incongru, ressemblant à un croisement entre Jessica Alba, Megan Fox... Et Cheryl Cole. Elle chantait comme une casserole, mais elle avait le corps de dix Princesses Disney réunies en une seule. Ou, comme le dirait ce brave Obélix... Ils sont fous, ces gens évolués ! Se taper des machines... Nathan ne voyait toujours pas comment cela était possible, mais, fort heureusement, il n’eut pas trop longtemps à se poser la question. Jena était là, et elle, elle était réceptive aux vieilles méthodes.

Sa main vint empoigner son bras symbiotique, et elle l’observa. Nathan déglutit lentement. Il aurait pensé que ce spectacle l’aurait effrayé... Mais, au contraire, il semblait plutôt l’exciter. La texture noire remuait sur son avant-bras, avec, ici et là, quelques lueurs dorées. Il serra nerveusement la main, peinant à rappeler la Bête... Loin de se calmer, le symbiote était en train de pousser en lui, et même Ulrik était surpris. Il n’avait encore jamais vu de symbiote, et il se demandait si Nathan était un humain... Ou autre chose. Si le symbiote se réveillait, est-ce qu’il ne risquait pas de repousser Ulrik, en le voyant comme un rival ? Le contrebandier, tout d’un coup, trouva que l’idée de coucher avec Jena, séduisante au demeurant, n’était toutefois pas si géniale que ça, a fortiori si ça impliquait de se heurter avec un symbiote prédateur et potentiellement cannibale... Du moins, si on en croyait les rumeurs tournant autour d’Ankylos. Peut-être aurait-il davantage intérêt à réconcilier ZI.UA avec le genre humain ? Et puis, ces considérations prirent du méchant plomb dans l’aile quand Jena alla s’asseoir sur le rebord de la table. Elle vida encore un peu de sa bouteille, puis retira son pull et son débardeur, révélant, sous ces derniers, un corps angélique... Une peau magnifique, toute blanche, presque irréelle, avec un soutien-gorge blanc qui était très harmonieux avec le reste de son corps. Elle les chauffait volontiers, et Ulrik sentit une trique de tous les diables pointer à hauteur de son pantalon.

Nathan, quant à lui, déglutit. La provocation de la femme avait fait mouche, et, tandis qu’elle les invitait, on pouvait voir le symbiote recouvrir davantage les bras de Nathan. L’homme se dépêcha de retirer son haut à son torse, révélant un torse glabre... Sur lequel une tâche noire était en train de pousser, recouvrant progressivement tout son corps. Il eut à peine le temps d’ôter son jean que la Bête recouvrait également ses jambes, déstabilisant Nathan, qui trébucha sur le sol. Il posa une main à terre, et sentit la Bête le recouvrir intégralement.

« Oooohhhh ouuuiiii... !
 -  Oh putain ! »

Ulrik écarquilla les yeux en voyant « Nathan » se relever. Il avait bien gagné plusieurs dizaines de kilos, et avait, en tout cas, bien gonflé. Faisant plus de deux mètres de haut, la Bête se redressa lentement, dominant intégralement Jena, comme une sorte de Goliath surpuissant face à son David. Médusé, Ulrik ne savait plus quoi faire devant un tel monstre. Est-ce que tous les habitants d’Ankylos étaient aussi volumineux que cette bestiole-là ? Le monstre avait une peau noire visqueuse avec des zébrures dorées, et une gueule abyssale, avec une rangée de dents triangulaires. L’une de ses massives mains se déplaça pour caresser l’une des joues de la femme, ainsi que ses cheveux, et un long soupir s’échappa du corps du monstre.

« Ouiii... s’exclama-t-il d’une voix plus calme. Le corps d’une femme m’avait tellement manqué... »

Son autre main se déplaça sur les hanches de la femme, et il se pencha alors vers elle, venant lécher sa joue puis son torse, faisant sortir une longue langue de serpent. La langue glissa ensuite pour lécher l’un des seins de la femme, à travers le tissu de son soutien-gorge, puis Nathan attrapa le dos de la femme, et souleva cette dernière, comme un fétu de paille, venant plaquer son corps contre le sien. Son chibre, tendu, caressait les cuisses de la femme. Un gros mandrin noir, vif et puissant.

« Ça, je parie que ta petite copine n’y a pas droit avec ces robots décérébrés... » gloussa la créature, avant de se tourner vers Ulrik.

Ce dernier ne savait plus à quel saint se vouer, et Nathan esquissa un nouveau sourire.

« La Dame veut de nous deux... Et je ne suis pas homme à refuser les désirs d’une femme... »

C’était vrai. Aussi sauvage et brutal soit-il, la Bête restait fondamentalement une créature soumise au sexe féminin... C’était juste que sa soumission s’exprimait d’une manière très particulière. Il caressait les cheveux de la femme, la tenant par la nuque, et alla l’embrasser, la morphologie de sa bouche se transformant pour prendre l’apparence de lèvres humaines, plus propices à un baiser. Il l’embrassa donc, tout en serrant son corps contre le sien. Il serrait si fort qu’il aurait pu lui broyer la colonne vertébrale, mais il faisait attention.

Comme il venait de le dire, il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas eu l’occasion de goûter à la chair féminine, et il voulait prendre son temps, savourer le moment... Ne pas griller les étapes, c’était important, non seulement pour le pur plaisir sexuel, mais aussi parce que cette femme avait des informations sur ses origines symbiotiques.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le lundi 13 avril 2015, 22:36:02


   Oh wow. Elle avait fait la maligne, mais devait bien ajouter que là, tout de suite, maintenant, un symbiote, c'était tout bonnement … impressionnant. Massif, en fait. Les nouveaux monstres étaient des symbiotes, des créatures de cauchemars, devant qui toute la galaxie tremblait. Sauf elle. Si elle écarquilla les yeux, nettement surprise – ça faisait des lustres qu'elle n'en avait pas vu un vivant, et puis quand même ça envoyait – Jena ne cessa pas de sourire. Même si bon. Elle comprenait la surprise d'Ulrik, son effroi, devant lui. Ou ça, les avis divergeaient, quant au terme à employer pour parler d'un symbiote. Néanmoins, elle ne s'agita pas comme une bête effrayée, et répondit à son baiser par un autre, nettement plus audacieux. Ses caresses, elle avait adoré. Des secousses d'envie avaient couru partout sous sa peau. Ce n'était pas maintenant qu'elle allait remettre en question son désir pour les deux hommes - même si l'un n'avait plus grand-chose d'un homme – surtout pas à ce stade de son ivresse. La petite était à son apogée.

   Ulrik se sentait certainement en décalage, et Jena devinait que cette sensation devait être des plus désagréables. Il doit être tiraillé entre envie et peur, en fait. A ses yeux, c'était inenvisageable. Elle étreignit la nuque du symbiote, dans long baiser dont elle ne perdit pas une seconde. Elle n'avait pas peur qu'il lui broie le corps, convaincue qu'il ne le ferait pas. « Lâche-moi un petit instant, je reviens vite. » lui glissa-t-elle à l'oreille, souriante. Qui oserait lui refuser quoi que ce soit ? Une fois au sol, elle se tourna vers Ulrik. L'ivresse lui donnait une maîtrise de ses pas plutôt plaisante. Il ne titubait pas, mais avait plutôt la nonchalance d'un corps tout alcoolisé, avec ses gestes qui glissent sans cesse. Légère, elle s'approcha de lui, dessinant de jolis mouvements avec son bassin.

« T'es du genre timide ? »

    Cette remarque s'accompagna d'un petit rire, pas moqueur pour un sou, tandis qu'elle posait sa main sur son cou, sa nuque, ses épaules, laissant ses mains se balader où bon leur semble. Honnêtement, elle se doutait qu'il était loin de l'être. Mais bon, elle se doutait que ça le fera réagir, au moins autant que ses lèvres qui se mirent à glisser dans son cou. Elle aimait déjà beaucoup le goût de sa peau.

« Ou peut-être que tu as juste besoin que je te rappelle ce que je veux … ? »

   A ces mots, son autre main, celle qui n'était pas occupée à papillonner sur son buste, descendit jusqu'à son entrejambe. Elle s'y posa sans mal, s'empressant de caresser son membre par-dessus le tissu. C'était, elle devait l'avouer, toujours une sensation très plaisante de savoir qu'elle était capable de faire bander à ce point un homme. Ça lui dessinait des petites étoiles partout dans la tête, et, par extension, l'excitait encore plus. Elle avait toujours fait ça, de toute façon. Dès que, sur la Base Spatiale, elle avait compris qu'elle était entourée de gens enclins à faire ce qu'ils voulaient de leur corps, enivrés par la jeunesse, elle s'était empressée de jouer avec tous ces corps. A Psora, la politique concernant la sexualité était loin d'être celle de la Base. C'était limite si on ne prônait par l'ascétisme. La sexualité était vu comme quelque chose de dangereux. Et puis, les symbiotes, y'en avait des franchement pas sympas. Elle se souvenait d'expériences où elle avait cru rentrer toute cassée chez elle. Lors de sa dernière aventure dans sa ville natale, elle était revenue chez elle avec une entorse et des kilotonnes de courbatures. Sur la Base, ça n'était jamais arrivé, juste deux-bleus, parfois. Même si elle était confiante vis-à-vis des symbiotes, elle priait au fond d'elle pour que celui de Nathan ne lui brise pas quelques os au passage.
   Ses lèvres remontèrent jusqu'aux siennes, sans qu'elle ne l'embrasse pour autant. Une distance nécessaire, pour jouer un peu. Elle se mordit la lèvre inférieure, visiblement fière de ce qu'elle faisait.

« Je vous veux tous les deux. »

   Lâcha-t-elle d'un ton assuré, sans cesser de sourire. Oui, pour le coup, l'apparence douce cachait bien quelque chose de … clairement moins doux. Tête brûlée, elle était vraiment gourmande, et avait bien trop envie de jouer.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le samedi 18 avril 2015, 02:40:37
Le baiser partagé entre Nathan et Jena fut particulièrement agréable pour lui. La Bête l’apprécia pleinement, autant que Nathan… Même si la Bête avait pris le contrôle, sur invitation de Jena, Nathan était toujours là. Il était comme une sorte de spectateur et de semi-acteur de son propre corps. Il pouvait encore remuer son corps, mais ses pensées étaient tellement parasitées par la volonté de la Bête qu’il n’arrivait pas à contrôler ses muscles. Quand Jena répondit à son baiser, ce fut comme si un feu venait d’exploser dans son corps. Nathan y répondit volontiers, pressant le tendre corps de Jena contre le sien. Il sentait en elle quelque chose d’étrangement familier, de symbiotique. Cette femme venait d’une planète remplie de symbiotes, et Nathan perçut quelque chose dans les pensées confuses de la Bête… Comme une forte curiosité naissante. La Bête voulait en savoir plus sur Ankylos, sur cette civilisation d’hommes-symbiotes. Tout ce que la Bête avait réussi à savoir sur les symbiotes, sur Terre, n’était guère encourageant. Les Terriens avaient découvert ces derniers quand l’un des leurs en avait ramené un, Venom. Il avait donné naissance à des enfants et à des clones, mais rien n’était concluant, et rien ne permettait de découvrir l’origine de la Bête… Ses origines profondes, pas celles du laboratoire. La Bête voulait retrouver ses origines, et la piste d’Ankylos hurlait dans sa tête, comme si un mégaphone y avait été placé. Cette femme était une piste solide, en plus d’être une amante formidable.

Quand elle lui demanda d’attendre, Nathan acquiesça. Il n’allait pas se révolter contre elle, et resta donc sagement en retrait, laissant Jena se rapprocher d’Ulrik. Le brave contrebandier était encore un peu déboussolé, ce que Jena avait vu, et cette dernière tâcha donc de réveiller sa fougue. Elle se pressa contre lui, caressant ses muscles, se lovant contre son torse nu. Une véritable allumeuse. Elle savait comment exciter les hommes, et, si son comportement avait quelque chose de furieusement cliché, on ne pouvait pas nier qu’il était efficace. Jena jouait l’allumeuse, et alla jusqu’à caresser l’entrejambes d’Ulrik, réveillant l’excitation de ce dernier.

Le visage de Jena se rapprocha ensuite de celui d’Ulrik, et un long frisson le traversa. Ulrik ne pouvait pas nier que cette femme était attirante, et qu’elle savait y faire. Le désir reflua en lui, malgré l’inquiétude initiale qu’il avait ressenti pour Nathan. Il ne s’attendait franchement pas à voir l’homme se transformer en une espèce de gargantuesques créature noirâtre. Le spectacle était impressionnant, et son regard oscillait entre cette bête massive et le corps agréable de Jena, qui se dandinait devant lui. Elle finit ensuite par avouer qu’elle voulait les deux hommes à la fois, et Ulrik acquiesça.

Si proche de lui, il n’eut qu’à se pencher davantage vers elle pour l’embrasser. Ses lèvres se posèrent contre les siennes, dans un tendre et bref baiser, qui avait surtout pour effet de le remettre dans le bain.

« Oui… Et je pense que tu as l’appétit pour qu’on te partage à deux, ma chérie… Moi, et… Euh… L’autre, là… »

Ulrik ne savait pas comment le nommer, et Nathan n’allait pas s’en familiariser. Ulrik retourna embrasser la femme, et Nathan s’approcha. Il posa ses mains sur les épaules de la femme, se glissant dans son dos, son sexe raide venant caresser le corps de Jena, à l’emplacement de ses fesses. Il se pressa contre elle, et lécha sa nuque, en poussant quelques discrets grognements, glissant ses mains de ses épaules pour les poser sur ses hanches. Nathan caressait cette peau douce et chaude. Ah, ce qu’il pouvait aimer ça ! La peau tendre et délicate d’une femme, agréable comme celle d’une peau de bébé. Il la frottait, tout en la léchant, se l’appropriant. Non, Nathan n’avait clairement rien contre l’idée de partager cette femme, si tel était son souhait. Tant qu’elle ne l’oubliait pas, il ne pouvait pas aller contre sa volonté.

L’homme se déplaça ensuite, venant embrasser son dos. Massive, la Bête remplissait l’espace, et sa peau symbiotique frottait le dos de la femme. C’était une peau mouvante, qui semblait glisser sur son corps, ou parfois s’y appuyer, de petits tentacules noirs se collant alors à la peau de la femme pendant quelques secondes. Il lécha ensuite son dos. Ulrik, de son côté, rompit le baiser qu’il partageait avec cette femme pour poser une main sur ses fesses, la soulevant un peu. Son sexe, lui, frottait maintenant les cuisses de la femme, se rapprochant de son trou…

…Et, pendant ce temps, Nathan avait fléchi les genoux, et écartait également les belles fesses de Jena, avisant son fondement, ce petit trou rose et très étroit.

« Belle femme, commenta-t-il alors. Belle femme… »

S’avançant alors, la Bête lécha son fondement, sa langue filant caresser sa peau à cet emplacement, afin de chercher à s’y enfoncer.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le samedi 30 mai 2015, 16:56:40



   Un humain et un symbiote, elle n'avait jamais fait ça. La plupart du temps, l'un tuait l'autre – je vous laisse deviner qui l'emportait, c'n'est pas bien compliqué à déduire – sans que la moindre cohabitation soit possible. Mais, visiblement, le corps et la libido d'une femme était un facteur susceptible de les réunir sans qu'un massacre s'ensuive. Elle savait de quoi serait faite la suite des événements. Rien qu'à l'imaginer, des frissons incandescents fondaient sous sa peau. L'ivresse dopait son excitation, si bien qu'elle se rapprocha plus franchement d'Ulrik, l'entourant de ses bras parfaitement blancs, pour l'embrasser encore. Son bassin appelait le sien de façon assez explicite. Elle ne parlait plus qu'en soupirs, la respiration bombée par le désir. La peau du symbiote, elle s'y était familiarisée, avec le temps, et cela ne la gênait pas. Elle avait beau être différente, mouvante, un peu flippante parfois, Jena adorait ça. Elle avait l'impression de devenir électrique.

   Être le centre d'attention de deux mecs, et pas des moindres, ça lui avait cruellement manqué. Elle ne pouvait que ressentir une certaine tristesse pour ZI.UA, qui s'éloignait farouchement des sauteries entre humains.

" Oooh oui … Oui, c'est exactement ce que je veux … "

   Elle avait soufflé ces mots en sentant la langue du symbiote glisser entre ses fesses. L'adolescente ne voulait qu'une chose : être prise par ces deux hommes, et en même temps. C'était terriblement jouissif. Elle se foutait qu'on la prenne pour un objet ; dans ces circonstances, là, elle avait plus l'impression d'être une déesse que l'on honore en la faisant sienne. Elle poussa un gémissement tendre, ses doigts glissant plus franchement contre le sexe d'Ulrik. Une caresse, encore une autre, plus forte, ses doigts se refermant autour de son membre, avant de le caresser sur toute sa longueur, puis de revenir le capturer, au chaud, dans la paume de sa main. Elle voulait l'attiser autant qu'elle l'était elle-même. Pour un peu, elle se serait mise à bouillir. Son coeur batifolait dans sa poitrine. Elle se cambra, sa main glissant sur le buste d'Ulrik, tandis qu'elle soutenait son regard avec une pointe d'insolence.

" … Baisez-moi, mh ? "

   Elle avait prononcé ces mots avec une fausse innocence, se mordant la lèvre inférieure au passage, avant de s'attaquer à nouveau au cou d'Ulrik, qu'elle avait face à elle. Ses petites dents blanches agrippèrent sa peau, pas suffisamment pour lui faire mal, mais assez pour le maintenir focalisé sur elle, et elle seule. Jena défendait son plaisir, et elle y tenait. Elle sentait qu'avec ces deux-là, le voyage allait être épuisant, mais terriblement amusant. Cinq cents idées naissaient dans sa petite tête, tandis qu'elle se tenait entre eux deux. Elle se réjouissait même que la Base qu'ils voulaient atteindre soit loin, imaginant déjà des sortes d'orgies monstrueuses. Donnez une main à Jena, elle vous dévorera le bras, le buste, la tête, 'fin tout le reste. Surtout dans ces circonstances. On reconnaissait bien là la petite créature d'Ankylos, assoiffée, affamée, remplie d'une énergie brûlante.
   Elle n'avait définitivement plus rien à voir avec la petite gamine intimidée qu'ils avaient rencontrés au début de cette aventure. À croire que, dans le milieu du sexe, elle devenait toute autre. Un spectacle que ZI.UA voulait visiblement éviter.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le samedi 06 juin 2015, 19:59:39
Baisez-moi... Une demande ferme, une offre claire, aucune équivoque possible. Ulrik soupira même en sentant Jena le mordre... Ah, foutue femme ! On disait que les symbiotes perturbaient le fonctionnement hormonal, et, si la légende était exacte, alors ça expliquait peut-être pourquoi Jena s’emballait contre les deux hommes musclés et bien bâtis qui l’entouraient... Ou alors, c’était juste parce qu’elle venait d’une académie, et que les étudiants n’étaient plus à la hauteur de leur réputation. Dans tous les cas, face à une demande aussi claire, le bourlingueur de l’espace n’allait pas passer à côté. C’était une question de respect vis-à-vis du beau sexe. Nathan était dans le dos de la femme, lui devant, le corps de Jena prisonnier entre les deux... Tout était maintenant clair.

Ulrik posa une main sur son sexe, et l’abaissa. Un sexe tendu et assoiffé, douloureux, et qui pointait vers le corps de cette femme, bien décidé à la prendre. Le bout de son vit frotta contre son estomac, le faisant frissonner, puis atterrit entre ses cuisses, sentit quelque chose d’irrégulier, de mou, et s’y enfonça.

« Hummm... ! »

Son membre disparut en elle, s’engloutissant dans son corps, et l’homme soupira longuement, à nouveau. L’éternelle alchimie de la pénétration, l’éternelle fusion du corps masculin et du corps féminin... La même chorégraphie se répétant depuis des éons, depuis que la vie existait, et ce plaisir était toujours le plus intense qui soit, le plus simple et le plus efficace... Ulrik s’y absorbait totalement, sentant son sexe s’engloutir dans le corps de cette femme. Ses lèvres intimes étaient étroites, et il dut donc remuer son corps d’avant en arrière, en soupirant lentement et profondément. Une main se posa sur l’une des fesses de Jena, se crispant dessus, et il s’empressa de l’embrasser, enfonçant sa langue dans sa bouche. Tout en remuant, le dos de Jena heurtait le torse de Nathan, qui, de son côté, posa ses mains sur ses hanches.

Son sexe noirâtre et tentaculaire se dirigea de lui-même vers le fondement de Jena. Nathan était tout autant excité qu’Ulrik, si ce n’est plus... Car, chez lui, il était clair que le symbiote perturbait le fonctionnement hormonal. Sa longue langue reptilienne alla lécher le cou de la femme, avant que sa bouche ne s’y pose, lui faisant un suçon. Son sexe, quant à lui, se rapprocha de son fondement, et se glissa contre sa croupe, atteignant son anus, sa délicate petite rondelle. En voyant ce petit trou étroit, et le machin monstrueux qui comptait rentrer, on pourrait se dire qu’il allait y avoir un problème... Le bout du sexe noir se posa contre ce trou, et appuya dessus, renvoyant le corps de Jena s’empaler contre Ulrik, s’enfonçant jusqu’à la garde, faisant même couiner Ulrik, qui sentit une onde de douleur remuer dans tout son corps... Mais ce ne serait rien en comparaison de ce que Jena allait ressentir, et, si ZI.UA s’était éloigné pour espérer bénéficier d’un peu de repos, les hurlements que Jena allaient pousser quand le sexe de Nathan la prendrait qu’elle risquait d’avoir du mal à dormir.

Nathan savait qu’il avait affaire à une femme similaire, il sentait l’odeur des symbiotes sur son corps... C’était délicieux. La Bête s’approcha donc, et enfonça son membre dans son corps, s’aidant de minuscules tentacules qui sortirent du bout de son sexe pour s’enfoncer dans son anus, et pour gonfler à l’intérieur, écartant ainsi les parois de la femme, tout en laissant sur sa peau une sorte de liquide destinée à faciliter le frottement... Mais ça ne devait pas être très agréable.

Ulrik avait cessé de l’embrasser depuis longtemps, se concentrant sur ses coups de reins. Il aimait entendre les filles gémir, couiner, ou encore hurler... C’était comme une manière de s’absorber encore plus dans ce qu’il faisait. Il préféra ainsi s’occuper des mouvements de son sexe, puis la verge de Nathan s’enfonça finalement dans les fesses de la femme. La Bête grognait dans le dos de Jena, venant lécher ses cheveux ou son oreille, lui donnant le sentiment d’avoir un véritable monstre dans son dos... Ce qui, en réalité, ne serait pas exagéré.

« Hum... ! » soupirait Ulrik.

Et voilà la situation dans laquelle Jena se trouvait... Prise entre deux hommes musclés et bien bâtis, qui s’enfonçaient de plus en plus profondément en elle, se pressant contre son corps, l’écrabouillant contre leurs torses... Libre à elle d’exprimer son plaisir de la manière qu’elle le voulait, maintenant, car, en vérité, rien ne les dérangerait.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: ZI.UA le mardi 30 juin 2015, 12:48:54
   Hurlement il y eut, oui, quand Jena se retrouva prise entre ces deux hommes. Elle passa à peine la barrière du gémissement tendre et plaintif du début des ébats. D'un coup, d'un seul, ses soupirs se transformèrent en cris. La dernière fois qu'elle avait fait ce genre de folie, c'était avec deux petits étudiants ivres de l'Académie. C'était un peu maladroit, quoiqu'agréable. Mais là … Là, c'était le pied. Son petit corps, coincé entre ces deux autres, reçut des décharges douloureuses et délicieuses. Elle se cambra, dans un souffle, quand les vas-et-vient débutèrent.
   À qui s'accrocher ? À Ulrik, d'abord, et sa poitrine s'écrasa contre son torse, alors qu'elle lui reprenait un baiser aussi long que gavé d'envie. Puis sa main droite s'agrippa à la taille du symbiote, étreignant sa peau avec la violence qui va si bien au sexe.

" Haaa … Ha, putain, oui … "

   Elle avait la nette sensation d'être une petite poupée, prise entre un homme qui ferait fantasmer n'importe quelle femme normalement constituée – à ses yeux, en tout cas, ce qui la laissait perplexe quant au refus de ZI.UA – et un symbiote, créature qui, au fond, l'excitait toujours. Après une enfance sur Ankylos, ce n'était guère étonnant. Elle en avait tant fréquenté que les symbiotes faisaient partie de son environnement naturel, et elle les appréciait d'autant plus quand ils étaient dédiés à son plaisir, et non pas à une certaine violence qui les poussait à tout briser autour d'eux. Oui, il avait l'allure d'un monstre. Mais oui, elle aimait ça. Elle aimait terriblement ça.
   Jena rejeta la tête en arrière, un moment, ses mains finissant par s'agripper aux clavicules d'Ulrik – un appui non négligeable – tordant sa peau avec ses petits doigts fins. Pour le coup, elle n'avait pas grand-chose à faire, juste à profiter. La jeune femme n'avait pas à rendre des coups de reins, ces deux partenaires faisaient ça très bien. Quant à la douleur, elle n'était pas si importante, parce que couplée au plaisir. Alors elle se laissa aller à gémir, à crier, couiner, le corps brûlant et avide de plaisir.

" Mmmmh … Oui, ça, faisait si … longtemps, putain … "

   Les mots se perdaient dans sa bouche, elle les prononçait avec une certaine peine, comme si son cerveau n'était même plus capable d'y penser, ni même de penser tout court.

   Ses mains trouvaient des appuis ici et là, sur le torse d'Ulrik, puis la taille de Nathan, ou encore ses mains. Sur son joli visage d'ange se dessinaient les formes les plus animales du plaisir, et sa bouche ne s'ouvrait plus que pour gémir, leur murmurer des « Encore », des « Oui », des « Plus fort » qui accompagnaient son souffle. Elle se foutait littéralement que ZI.UA puisse les entendre, ce n'était qu'un détail et, au mieux, cela lui donnerait envie d'abandonner les plaisirs électroniques, robotiques, trop parfaits pour se mêler aux corps humains. À l'entendre, oui, elle prenait son pied. Et c'était un fait. Une abstinence de trois semaines – une éternité, pour elle – décuplait son plaisir, dans cet instant précis. Des vagues s'émoussaient dans tout son organisme, elle était affamée, et trouvait enfin de quoi se rassasier.
   Oui, je sais, on ne dirait pas, comme ça, de premier abord.

" Vous êtes … Mmmh, oui, encore ! "
   
   Quand ses yeux n'étaient pas fermés, en pleine contemplation de son propre plaisir, ils étaient rivés au plafond, ou sur Ulrik, en face d'elle. Non, elle n'avait pas mal. Et oui, elle prenait son pied.
Titre: Re : ... Vivement que ça bouge. [PV]
Posté par: Nathan Joyce le vendredi 03 juillet 2015, 01:52:59
Le vaisseau d’Ulrik n’était pas pensé pour l’intimité. Il était petit, et les parois internes n’étaient pas très isolantes, les constructeurs ayant préféré se concentrer sur les parois externes. Autrement dit, les ébats de ce trio ne devaient guère rester cachés pour la quatrième pensionnaire, celle qui avait choisi de s’isoler avant le rodéo. Prise entre Ulrik et Nathan, Jena était comblée, et elle ne s’en privait pas pour le faire savoir, ou pour le faire ressentir. Ses doigts s’enfonçaient dans le torse d’Ulrik, faisant soupirer ce dernier. Les nanas ne s’en rendaient généralement pas compte, mais leurs ongles pouvaient se transformer en putain de griffes, comme en ce moment. Enfin, ce n’est pas comme si ça le dérangeait. Au contraire, ça rajoutait une petite touche de sensualité et de sauvagerie, et, vu la manière dont Jena se faisait torcher en ce moment, elle en avait bien le droit.

Sa main se déplaçait parfois pour sentir le torse épais de Nathan. Un torse plus glissant que celui d’Ulrik. La peau qui recouvrait Nathan était une peau symbiotique, dont la texture était très particulière. C’était une sorte de gelée solide, ou de peau très fraîche, légèrement collante, et qui ne retenait pas la sueur. Elle restait fraîche, sans pour autant être froide. Elle collait comme une sorte de très léger adhésif au contact de la sueur, ce que Jena pouvait ressentir avec son dos quand elle partait en avant. La peau symbiotique était une texture vivante, qui pouvait bouger, afin de s’accommoder et de s’adapter à la physionomie des personnes se pressant contre elle. C’était très précisément ce qui se déroulait en ce moment. La belle jeune femme, avec sa longue chevelure argentée et sa tête d’ange, était en train de voguer vers le Septième Ciel, et elle ne pouvait que se laisser porter par les deux chevaliers servants qui étaient en train de la porter.

Leurs coups de reins étaient intenses, de plus en plus forts, s’enfonçant toujours plus loin, surtout pour celui niché dans ses fesses. La Bête qui venait de se libérer était on ne peut plus ravie, et on pouvait l’entendre parfois grogner de plaisir. Ses mains étaient également très tranchantes, avec des griffes nettement plus impressionnantes que les ongles de Jena, mais Nathan savait qu’il avait affaire à une simple humaine, et il faisait donc attention. Les mains de la Bête se déplacèrent, commençant initialement par s’appuyer sur les hanches et les cuisses de la femme, avant de remonter pour empoigner ses seins. Il faisait attention, à ne pas lui faire trop mal, mais ses mains étaient si grosses que chacune englobait tous ses seins. Il les comprimait, les malaxait, ses longues griffes glissant le long de ses tétons.

*Cette foutue nana n’a pas froid aux yeux... Soit elle a confiance, soit elle est totalement cramée...*

L’hypothèse la plus vraisemblable était sans doute un savant mélange des deux. En tout cas, ça n’empêchait guère Ulrik de la prendre. Il n’avait pas eu l’occasion de s’épandre récemment avec des femmes, et il comptait bien rattraper en ce moment le temps perdu. Voir la tête de Jena partir en arrière, fixant le plafond, fut un régal pour Ulrik. Sa bouche ouverte laissait de multiples soupirs filer, et Nathan en profita, se penchant vers elle. Son visage recouvrit le sien, et il entreprit de l’embrasser... À sa manière. Concrètement, sa grosse langue lécha son visage, avant de titiller ses lèvres, se recourbant sur place pour s’enfoncer en elle, avant de se retirer. Jena couchait avec un homme bien musclé et avec un solide monstre. Ulrik était bluffé par son courage et par sa soif de sexe. Lorsque la Bête se redressa, ce fut lui qui agit. L’une de ses mains s’agrippa à la tête de la femme, et il alla l’embrasser, plaquant son corps contre lme sien, sentant, contre son torse et contre ses muscles, la force des coups de reins de Nathan sur les fesses de la femme. Seul le plaisir, totalitaire, dominait les trois amants.

Il pouvait sentir le liquide intime de la femme s’échapper de son antre, et, après ce nouveau baiser, il alla mordre son cou, frottant son dos, retournant ensuite poser ses mains sur ses hanches. Son corps était en sueur, des gouttes glissant de sa tête pour se répandre le long de son corps. Une chaleur terrible régnait ici, tant et si bien qu’il se mettait même à craindre que les capteurs thermiques du vaisseau ne détectent une anomalie. Nathan, Ulrik et Jena étaient dans une sorte de transe, prenant cette femme avec passion et désir, en l’accompagnant dans l’orgasme...

C’était tout ce qu’ils souhaitaient, après tout.