Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Discussion démarrée par: La Quête le jeudi 09 octobre 2014, 02:57:34

Titre: Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 09 octobre 2014, 02:57:34
Ils n’avaient eu aucune chance.

Elles avaient attaqué en pleine nuit, comme à leur habitude, en chargeant depuis la forêt. À force, Silke (http://img102.xooimage.com/files/6/f/4/raven-034-45cf766.jpg) connaissait leur stratégie. Des guerrières s’étaient infiltrées par-delà les remparts en bois entourant ce petit village, et avaient neutralisé quelques sentinelles, puis avaient ouvert l’entrée du village. Elles s’étaient ensuite rendues vers la caserne militaire locale, et avaient égorgé les autres sentinelles encore réveillées. C’était un petit village paisible, situé sous la juridiction d’un puissant fort se trouvant hors de l’épaisse forêt dans lequel ce village forestier se trouvait. Il n’y avait que des bûcherons, des chasseurs, et quelques fermiers venant de proches hameaux pour y vendre leurs biens. Silke s’était rendue dans le village, trop tard, pour y voir les cadavres, les bâtiments en feu. Comme d’habitude, elles avaient capturé beaucoup de personnes, généralement les femmes et les enfants. Les hommes ne méritaient pas qu’on s’abaisse à les capturer, et, comme d’habitude, Silke était arrivée un peu trop tard... Mais toujours plus tôt que l’armée du seigneur local.

L’Amazone avait chassé les quelques goules et autres créatures nécrophages ayant envahi le village dévasté pour se repaître des cadavres gisant sur le sol, et elle était en train de remonter la piste de leurs chevaux quand elle avait entendu des bruits venant de l’entrée du village. Prudente, la femme à la chevelure de feu s’était rapprochée, et avait vu des cavaliers en armures, qui poussaient des cris catastrophés devant ce spectacle de désolation. La région était sous l’administration d’un baron, et ce baron devait avoir une armée à son service, et, comme Silke le supposa fort justement, il ne devait pas trop aimer des envahisseurs sur ses terres, venant, non pas pour piller ou pour voler comme de simples bandits, mais pour massacrer, asservir, et détruire.

*Ces hommes ne peuvent rien faire contre Raven et sa troupe, ce sont des sédentaires...*

Silke était à la recherche d’un survivant dans le village détruit. Elle s’était rendue dans l’auberge, mais n’avait rien trouvé... Rien d’autre que des tables brisées et des cadavres. Cependant, il y avait bien un survivant dans ce village, et, alors que les troupes du baron commençaient à prendre position, et à se dire qu’il faudrait peut-être demander des renforts, car il était désormais clair qu’ils n’étaient pas attaqués par de simples bandits, l’Amazone s’approchait de l’église. Raven ne croyait pas en l’Ordre Immaculé, et avait une vision très extrême du culte des Amazones, voyant tous les autres cultes comme des blasphèmes. L’église avait donc été violée. Les objets saints à l’intérieur, comme la croix de l’Homme-Dieu, avaient été brisés, et les membres de l’église, le prêtre et ses clercs, avaient été scarifiés, et crucifiés contre les colonnes en marbre de la nef, le corps à l’envers.

*Quelle horreur... Raven, ma sœur, il faut que je te stoppe...* soupira mentalement Silke.

La dernière fois, Silke avait perdu, mais l’Amazone ne perdait pas espoir. D’une manière ou d’une autre, Raven paierait pour ses crimes. La belle femme à la peau partiellement nue sortit de l’église, qui se trouvait sur une petite colline, et retourna au sein du village, se dirigeant vers la sortie Nord, celle par laquelle Raven et ses troupes étaient parties, utilisant des chariots pour transporter leurs prisonniers. Les chariots les ralentissaient, mais Silke était raisonnable. Elle ne pouvait pas non plus retourner se jeter dans la gueule du loup... Peut-être pouvait-elle demander l’aide de ces sédentaires ?

*Non, on ne peut pas leur faire confiance... Ils me prendraient pour leur ennemie, et ils ont dû être bercés par les contes qu’on raconte sur mon peuple.*

La réputation des Amazones précédait largement ces dernières, ce qui était autant une bénédiction qu’une malédiction, car elle les limitait dans leurs options vis-à-vis des autres, qui étaient toujours terrorisés en les voyant. Un bon moyen d’obtenir un tribut, mais peu utile pour avoir des alliés.

Estimant qu’elle n’avait plus rien à faire ici, qu’il était trop tard, Silke se dirigea vers son cheval, afin de poursuivre les Amazones. Ses sens restaient toutefois aux aguets, si jamais elle pouvait entendre quelqu’un se mettre à parler, afin de l’appeler à l’aide. Il y avait tellement de débris, de gravats, qu’il lui était impossible de tout fouiller avant que les troupes du baron n’arrivent à sa position.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le jeudi 09 octobre 2014, 17:28:57
Tout avait été très vite. Si vite que même un Prince tel que lui s'était fait prendre. Et si en cet instant on avait voulu peindre la frustration la plus absolue, il aurait fallu le prendre pour modèle.
Vaelh s'était retrouvé prisonnier sous les décombres d'une paisible auberge que les autres folles furieuses avaient réussis à faire s'effondrer dans les flammes ! Vivant mais bloqué, il voyait d'ici le destin lui rire au nez. Peut être allait-il finir écraser, asphyxié et son incarnation prendrait fin. Peut être son enveloppe allait-elle finir comme celles broyées tout autour de lui. En fait, ça n'était pas le fait de surprendre qui le dérangeait tant. C'est quelque chose qui lui était déjà arrivé de nombreuses fois et qui, invariablement, avait débouché sur des aventures aussi douloureuses qu'intéressante, aussi terribles que distrayantes. Mais là, il s'était retrouvé pris au même titre que ces être insectes d'humains. Il était à mettre dans le même lot. Et quiconque regarderait vers cette triste scène verrait en lui un être d'une bassesse et d'un manque de vigilance similaire aux créatures impropres et aplaties dans toute la zone. Une victime
Le juron qu'il poussa tout bas eut alors des sonorités si abjectes et impies que la nausée guettait quiconque avait une ouïe trop fine.

Rien n'avait laissé présager un tel destin.
Vaelh était de nouveau partis en voyage pour découvrir le monde des mortels et ses pas l'avaient finalement guidé jusqu'à ce petit village. Quand bien même cet endroit pullulait d'humain, il exsudait un genre de quiétude indéfinissable. La nature était très présente ici. Les gens vivaient à son contacte et dépendaient d'elle. Là d'où venait Vaelh, c'était plutôt les trop rares étendues de nature qui vivaient aux dépend des êtres de chair en s'en nourrissant.
Jusque là, Vaelh avait aussi rechigné à honorer ces petites bourgades de sa présence, se les imaginant affreusement miteuses et sales. Mais il avait franchi le pas et s'était trouvé forcé d'admettre que cet endroit ne correspondait pas à l'idée qu'il s'en faisait. La vie y était simple, sans être crétine, et on se satisfaisait de ce qu'on avait. Et en un sens, c'est exactement ce que Vaelh prêchait : trouver la jouissance et l’excès en toute chose, que ce soit dans la chaleur de la petite raie de soleil qui filtre une fraction d'instant par la fenêtre, dans la fraîcheur d'une brise bienvenue, dans l'agencement hasardeux de la frondaison d'un arbre, dans le lustre des fruits proposés sur un modeste marché... Tout pouvait devenir synonyme d'appréciation.
Jusqu'à ce que les autres furies arrivent.
A ce moment, Vaelh ne portait pas d'arme, ni n'était prêt ni alerte. Absolument pas sur ses gardes et somnolent, il avait été cueilli aux abord de l'auberge. Il s'y était replié en quête de ses armes avant de manquer de se faire repérer par un groupe de femmes armées qui saccageaient déjà tout dans un accès de colère surprenant, comme si la bâtisse elle même était responsable de leur condition. Heureusement pour lui, il s'était vêtu tout spécialement de sorte à ce que ses origines impies ne le trahissent pas : un tissu fin couvrait son corps à la peau saturée de marquages démoniaques empêchant son aura luxurieuse de troubler les cœurs et n'indique sa position. Seul ses yeux étaient visible au milieu de ce pseudo turban qu'il s'était arrangé, et leur teinte ocre, quoi que singulière, n'avait rien d'anormale.
Ces furies avaient fini par mettre le feu et puisqu'elle se déplaçaient toujours en petit groupe, il n'aurait pas été prudent de les attaquer ou de tenter une sortie. Puis les fondations du bâtiments avaient cédé. Sous cette ruine Vaelh avait commencé à s'interroger en pestant. Tout chez ces combattantes rappelaient des Amazones. Leurs troupes n'étaient que constituées de femme, leur haine pour les mâles était flagrante... Pourtant, il y avait quelque chose d'autre sans pour autant que le Démon ne parvienne  mettre le doigt dessus.

Il poussa finalement un sourire incrédule. Il avait vraiment fallu que ça lui tombe dessus -littéralement- à un tel instant de paix ? Franchement, c'était à croire que quelque démoniaque architecte du destin lui avait personnellement joué un foutu blague. Rien que d'y penser, la rancune enfla dans le cœur noir du mâle, et l'envie de tuer se fit forte. Sauf que pour l'heure, il n'avait toujours pas ses lames et il ne disposait d'aucun petit tour de magie pour se libérer lui même.
Mais si le destin avait été assez vache pour l'entraîner là dedans, il allait bien lui offrir au moins une porte de sortie. C'est toujours ainsi que les choses fonctionnaient dans cette immense pièce qu'est la vie dans laquelle chacun joue un rôle sans jamais s'en rendre compte. Quelqu'un tirait les ficelles et veillait à toujours rendre au moins quelques unes de ces terribles aventures palpitantes, sinon passionnantes. Alors quelqu'un allait venir. Forcement. Pas vrai ?
Et à l'instant où cette pensée se formula dans l'esprit sans âge de Vaelh, un rire étouffé monta de sa gorge, discret, ténu, mais suffisant pour quelqu'un qui tendait l'oreille. Son imagination débordante élaborait déjà toute l'aventure fabuleuse qu'il pourrait bien vivre après qu'on ai daigné le sortir de sous ces poutrelles brûlantes et cette poussière. Mais pourvu qu'on fasse vite, parce que les douleurs qu'il ressentait un peu partout lui vrillaient les nerfs.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 10 octobre 2014, 01:55:14
« Fouillez les décombres, cherchez des traces de survivants ! »

Silke entendait les soldats. Ils parlaient forts, et son chemin la ramenait près de l’auberge. Elle n’était pas inquiète, non, plutôt nerveuse. Elle ne pouvait pas perdre de temps avec les sédentaires, et elle longea l’auberge... Et entendit alors quelque chose. En tant qu’Amazone, ses sens étaient assez développés, et ce d’autant plus qu’elle était spécialisée dans la traque et la surveillance. Elle avait grandi en étant une chasseresse, trasuant des biches et des daims, tendant des pièges dans les forêts. Son ouïe fine perçut donc clairement un bruit, et elle s’arrêta sur place, tournant la tête vers les décombres. Quelqu’un était en vie, là-dessous... Il devait probablement s’agir de quelqu’un de fort, car l’auberge s’était lourdement effondrée sur elle-même. Malheureusement, elle était sur la grand-route du village, et le temps lui manquait. Autrement dit, Silke devait faire un choix entre partir, et probablement condamner une personne à la mort, ou lui venir en aide. Le choix ne se posa pas longtemps à son esprit. Elle n’était pas comme Raven, elle. Elle pensait que toute vie méritait d’être préservée, et elle se dirigea donc vers les décombres, les écartant, poussant de gros rochers.

*Espérons juste que ça ne fera pas trop de bruit, afin de ne pas attirer les autres...*

L’Amazone continua à retirer les éboulis, jusqu’à voir un corps qui gisait là, et elle se pinça les lèvres.

« Merde... ! »

Sans attendre plus longtemps, elle l’aida à se retirer, et le fit sortir des débris en moins d’une minute, provoquant néanmoins une chute de cailloux, qui attirèrent l’attention de certains gardes. L’homme était blessé, et n’était visiblement pas un humain... Ce qui expliquait pourquoi il avait dû survivre. Silke se retourna vers son cheval. L’homme était blessé, et était en sang. Impossible de le transporter sur son seul cheval. Elle pouvait aussi le relâcher, et partir sur son cheval, mais elle était superstitieuse. Quand elle avait poursuivi Raven seule, elle avait échoué... Peut-être que la Déesse-mère lui avait envoyé cet homme sur la route pour qu’elle ne recommence pas la même erreur ? L’arrogance était sévèrement punie par les Dieux.

« Qui va là ?
 -  C’est sûrement un chien, ou quelque chose comme ça... »

Silke réfléchit donc, et décida de trancher :

« Soldats ! Il y a un homme blessé par ici ! Venez m’aider !
 -  Qui ? Capitaine !! Capitaine !! »

En moins d’une minute, toute la troupe débarqua, dans un cliquètement de métal aussi discret qu’un troupeau de bisons s’élançant à toute allure sur une plaine. Le capitaine (http://fc09.deviantart.net/fs71/i/2012/301/8/d/daily___enre_by_ruloc-d5j6hk7.jpg) s’approcha du duo, son visage dissimulé par un masque blanc.

« Je m’appelle Enre, femme. Qui es-tu ? Que fais-tu là ?
 -  Je m’appelle Silke, homme, je suis une Amazone, et cet homme était enseveli sous l’auberge. Il a besoin de soins.
 -  Une Amazone ?
 -  Les furies qui ont attaqué ce village sont des Amazones...
 -  Et si elle était avec elles ? »

Enre secoua la main.

« Silence ! Bande d’idiots ! Si elle était avec ces tueuses, elle ne serait pas restée ici ! Cet homme a probablement des informations à nous communiquer. Vous allez nous accompagner au fort.
 -  Je suppose que je n’ai pas le choix ?
 -  Pas vraiment, vous avez des informations à communiquer, et nous en avons besoin. »

Silke hocha lentement la tête. Elle allait perdre du temps, mais, au moins, elle trouverait peut-être des alliés. Peut-être était-ce là ce que la Déesse-mère voulait, après tout.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le lundi 13 octobre 2014, 00:50:08
La lumière, invasive et douloureuse, s'était jetée droit dans les yeux de Vaelh lorsqu'une force encore invisible se mis à disperser les gravas sous lesquels il s'était trouvé bloqué. Enfin libre mais transi de douleur, l'Incube se redressa tant bien que mal en prononçant tout bas, à l'encontre de la fragilité de son enveloppe charnelle, des jurons à la sonorité si impie qu'on aurait presque pu en avoir la nausée rien que de les écouter. Il put néanmoins articuler quelques mots à l'intention de son saveur :
- Ah, une sauveuse ? Très bien- hmpf !
Vaelh posa une main contre ses côtes contusionnées et ses chairs abîmées en grimaçant. Sa sensibilité inhumaine, via ses nerfs, magnifiait la douleur pour en faire un cocktail cuisant. La tête lui tournait et il vacilla subtilement. La main qu'il posa sur son front pour se reprendre acheva de faire tomber le tissu sur son visage, dévoilant... Quelque chose d'étrange. Sa chair était pâle, saturée de marques noires faites à l'encre. Le réseau qu'elles décrivaient semblait comme... Sur le point de céder, comme s'il contenait quelque chose de bien trop grand. Pourtant, les petits symboles ne bougeaient pas d'un pouce. Son visage était indéniablement agréable à regarder, même dans cet état, mais quelque chose grondait derrière, comme s'il n'avait s'agit que d'un masque instable.

Après ce qui ne lui sembla être qu'un bref instant, Vaelh leva de nouveau ses yeux ocres pour constater la présence d'un imposant nouveau venu qu'il dévisagea dans le blanc du masque un moment, avant que les acouphènes dont il était victime ne s'estompent au profit d'une ouïe claire.
- Quoi ? Aller où ? Non non, je dois d'abord retrouver mes affaires sous ce bazar ! Mais l'empressement avec lequel les soldats voulaient transmettre la nouvelle aux dirigeants de leur fort leur firent couler un regard entendu vers le Démon. Soit. De toutes façons, mes affaires reviendront toutes seules, lança-t-il dans un vague geste de la main, sans se rendre compte que ses mots pouvaient laisser croire qu'il s'était gravement cogné la tête.
Comme visiblement le temps pressait mais qu'il valait mieux garder les témoins en vie, un duo de garde s'affaira à remettre le plus rapidement possible Vaelh sur pied pour qu'il puisse accompagner le groupe. Puisque ce dernier avait encore assez d'énergie pour se plaindre des contactes qu'on lui imposait, on ne le jugea pas en danger de mort. Coup de chance pour lui : ses jambes n'étaient pas trop blessées.
- La seule chose qui explique que tu t'en sorte si bien, c'est que Dieu veille sur toi l'ami.
- Non, pouffa simplement Vaelh, toujours vaguement enivré par la douleur.
Ainsi, le petit groupe avait fini par se mettre en route.

Tandis qu'il marchait un peu en retrait, Vaelh avait fini par retrouver pleine possession de ses moyens mais demeurait quand même salement touché. Il se mit à palper les bandages qu'on lui avait laissé sur le corps, sous ses vêtements fins, avant de tourner la tête vers le village duquel il s'éloignant, lui même étonné de ne pas avoir fini écrasé par l'auberge écroulée. Cette femme et ces gardes avaient fait du bon travail pour sauver son enveloppe, et il guérissait vite. Cela lui fit se rappeler dans un sursaut de lucidité qu'il ne s'était pas sorti de là tout seul, il daigna enfin accorder sa pleine attention à l'Amazone. Du fait de sa nature démoniaque, le physique de la femme ne retint guère son regard. En revanche, le Démon nota immédiatement à la démarche de l'Amazone qu'elle devait être une guerrière agile. Sans doute savait-elle se battre. Il entreprit d'aller gambader jusqu'à elle avec toute l'indolence de ceux qui ne saisissent pas la gravité d'une situation, sans tout à fait y parvenir avec autant de grâce que prévu à cause des bleus sur ses jambes.
- Je savais que tu viendrais ! Préluda-t-il comme s'il la connaissait, s'approchant sans gêne pour saturer les narines de la femme d'un parfum de poussière, de sang et d'autre chose d'indéfinissable mais agréable. J'ai attendu tant et tant, sous ces décombres ! Si, pour moi, ça avait des allures d’éternité. Je n'ai patienté qu'un peu, ton timing était presque bon ! Mais d'ici qu'on arrive dans ce qu'ils appellent un fort, si tu m'expliquait ce que j'ai bien pu faire pour mériter qu'on fasse s'effondrer un bâtiment sur moi ? Parce que, vraiment, j'étais en paix et ne tourmentais absolument personne ! Mais voilà que, littéralement, ça me tombe dessus...
Comme il était parti, on devinait sans mal que Vaelh allait se lancer dans un monologue à n'en plus finir. Mieux vallait lui expliquer les choses maintenant avant de ne plus pouvoir en placer une, ou jouer la carte de la patience et attendre l'arrivée au fort.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 14 octobre 2014, 02:09:10
Silke avait rejoint une petite cohorte, et son esprit restait divisé, partagé entre plusieurs idées différentes entre elle. Elle en revenait toujours au même point : la volonté de punir Raven, qui avait trahi les idéaux de la Horde, et celle de ne pas sombrer dans cette arrogance, ce phénomène si typique aux Amazones, en allant affronter d’elle-même un ennemi qui était clairement plus fort qu’elle. Silke n’était pas une armée, et toute la philosophie guerrière de la Horde reposait, au contraire, sur leur capacité à s’unir ensemble, à se battre et à compter les uns sur les autres. Elle avait même été tentée par l’idée de retourner voir la Horde afin d’obtenir des renforts, mais le faire lui aurait pris trop de temps, la Horde étant sur une autre partie de Terra. En soi, il était fréquent que les Amazones comme elles soient éloignées pendant longtemps de la Horde, pendant plusieurs mois. Silke savait se débrouiller seule, et elle savait comment retrouver les siennes.

*J’avais peur de perdre la trace de Raven... Mais est-ce vraiment pour ça que je me suis écartée, pou ai-je agi par pur intérêt personnel ?*

Raven n’était pas n’importe qui pour Silke. C’était une Amazone très particulière, une ancienne sœur d’armes de Silke. L’Amazone était un peu perdue, et elle suivait la troupe en avançant à côté de son cheval. Les soldats les encerclaient prudemment, jetant des regards méfiants ou envieux sur leurs « invités ». Ils louchaient volontiers sur les formes alléchantes de Silke, et, prudemment, évitaient de le dire... Ce qui était tout à leur honneur, Silke n’étant guère connue pour sa patience vis-à-vis des remarques sexistes et déplacées. L’Amazone était ainsi, en acier trempé, comme toutes les Amazones.

Tout en marchant, elle se posait aussi des questions sur le mystérieux mâle qu’elle avait sauvé. Pouvaient-ils vraiment lui être d’une quelconque aide ? Les questions se multipliaient dans sa tête, sans vraiment trouver de réponses. Tout en marchant, le démon se mit à lui parler, et sa phrase surprit Silke. Il agissait comme s’ils se connaissaient depuis trop longtemps, et elle se demanda s’il n’avait pas reçu un coup sur la tête. Silke, contrairement à d’autres de ses sœurs, errait sur Terra depuis des années, et connaissait donc assez bien le monde des mâles. Elle avait été responsable d’un nombre incalculable de rixes dans les tavernes et les auberges quand des individus un peu trop éméchés tentaient de lui mettre une main aux fesses, en jouant avec le Diable.

*C’est un démon, ne l’oublie pas...*

Elle savait que les démons fonctionnaient de manière bien différente des humains. Généralement, elle les tuait, mais il arrivait aussi que ces derniers soient aimables... Et l’odeur qu’il dégageait amenait Silke à se demander s’il n’avait pas des gènes d’Incube, car, par-delà l’odeur nauséabonde de ses vêtements ou du fait d’avoir passé sa nuit sous des décombres, l’homme dégageait une délicieuse odeur, un parfum élégant qui rappelait à Silke celui de ses sœurs amazones avant qu’elles ne fassent l’amour... Mais il était impensable que cet homme puisse porter de telles flagrances, qui découlaient des potions et des lotions amazones.

De fait, elle n’avait quasiment rien compris à ce que le démon venait de dire, vu sa phrase bizarre, et le fait qu’elle était alors plongée dans ses pensées.

« Hum..., fit-elle, en reprenant ses esprits Je m’appelle Silke, démon, et j’ignore ce que vous faisiez dans ce village. Peut-être étiez-vous occupés à besogner une quelconque paysanne pavanant devant le charme éternel des Incubes ? »

C’était généralement pour cette raison qu’on trouvait des démons dans les villages. La troupe continuait à avancer, et Enre finit par secouer la tête, puis se retourna.

« Nous irons plus vite à cheval... Que le démon grimpe avec l’Amazone. »

Silke grogna, puis grimpa sur son cheval, et aida le démon à la rejoindre. Elle ébroua ensuite son cheval, et la troupe se mit au galop. Il ne leur fallut qu’une demie-heure et quelques minutes en plus pour sortir de la forêt, rejoignant une grande valéle, avec, au loin, une épaisse forteresse qui dominait toute la région.

« Voici le Château de Beaulierre, chef-lieu de notre région depuis des siècles. Admirez sa puissance, il fait notre fierté ! »

Silke ne dit rien. Les hommes et leurs forts... Leur arrogance finirait par perdre tous ces sédentaires.


(http://img110.xooimage.com/files/7/0/e/sans-titre-1-4814b1f.jpg) (http://fc01.deviantart.net/fs70/f/2011/235/c/f/p50_by_hbdesign-d46v228.jpg)

Les cavaliers suivirent ensuite la route menant vers le fort, Silke ayant la nette impression qu’ils allaient devoir s’expliquer sous peu. Le pire était qu’on allait sûrement l’assimiler avec ce démon qu’elle avait ramassé là-bas. Elle tourna donc sa tête vers lui tandis que les chevaux filaient vers l’entrée du fort, posant une brève question :

« Vous ne vous souvenez plus de ce que vous faisiez là-bas ? »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le jeudi 16 octobre 2014, 18:13:49
- Mpheu. Besogner des paysannes ? Cliché ! Statua le mâle en dressant le menton, avant d'avouer dans un sourire un peu trop large : Mais c'est vrai. Elles étaient humaines, mais avaient quand même ce déééélicieux arôme de chair de celles qui vivent une existence paisible. Il ajouta bien vite en voyant la réaction que sa remarque suscita :
- Je n'ai mangé personne. Je n'ai pas besoin d'ingérer la chair pour survivre . Ne me dévisagez pas comme ça ! Acheva-t-il dans une grimace qui dévoila ses crocs blancs. Et quand bien même vous m'avez sauvé de la désincarnation, vous ne n’appellerez pas « le Démon » avec cette petite note de dédains.
- Fais pas trop l'malin, lança un jeune homme dans la cohorte, rendu confiant par le nombre de ses collègues. Si j'avais été le capitaine et que j'avais su dès le départ que tu étais un Démon, je t'aurais laissé sous les cailloux ! Alors monte sur ce cheval et tais-toi.
Sans surprise, nombreux étaient les humains à partager un tel point de vue. Mais on ne pouvait pas vraiment leur en vouloir : leur histoire n'était qu'une suite de légendes dans lesquelles les Démons n'étaient décrit que comme un peuple maléfique et malicieux dont l'unique but était la damnation de toute espèce par le pêché. Et en un sens, c'était largement vrai.
Seulement, les Démon étaient aussi bien plus que ça. Mais tenter de l'expliquer à un tel inculte pré-pubère n'aurait servit à rien, de même que lui répondre n'aurait fait que lui donner un prétexte pour qu'il s'emporte ; Ça aurait été bien peu sage.
Mais comme Vaelh n'était pas quelqu'un de raisonnable...
- Tu ne sais rien du tout, tas de viande et d'os fragile. Tu as de la chance que je sois si abîmé, dit en montant sur le cheval avec peine, dans le cas contraire, je serais déjà en train de te coller une fessée déculotté avec plus de talent que je n'en ai déployer sur la croupe de ta mère.
Le gamin devint immédiatement rouge de rage, vexé qu'un bon nombre de ses amis trouvent la répartie du Démon assez mordante pour être comique. Les humains riaient beaucoup quand il était question des mères des autres
- C'est vrai que ta mère elle a un beau....
- Ferme la !

Silence, à l'arrière, avait lancé le capitaine. Cette fois, l'Incube n'avait rien rajouté, déjà satisfait de sa petite victoire sur le jeune homme. Le fait qu'il puisse faire de l'humour d'humain l'aida aussi à se faire accepter : on lui jetait déjà moins de regard en coin.

Le groupe parvint finalement à la forteresse qui, naturellement, n'était guère plus qu'un tas de grosses briques posées là, en plein milieu de la nature. Mais comme le capitaine en faisait l'éloge, mieux valait jouer le jeu pour s'en faire un allié pour plus tard, au cas où :
- C'est impressionnant. Là d'où je viens, les place forte n'ont rien à voir avec celle là.
Et c'était parfaitement vrai, elle était beaucoup plus « originales ». Même littéralement plus vivantes. Ainsi, l'exposé patriote du Capitaine sur un tel endroit s'avéra d'un ennuis mortel, et les mouvements du cheval qui remuaient les blessures de Vaelh n'arrangeaient rien à sa condition ! Heureusement, son attention fut captée par l'Amazone qui lui posait une question ?
- Hmmr ? Ah, si ! J'étais en... voyage. J'écume les mondes, les réalités et les fantasmes par loisir, par plaisir ! Et rien que d'en parler, le Démon se sentit guilleret. Le voyage n'a pas été simple, mais si je voulais t'en expliquer les heurts, il faudrait que je t'avoue bien des choses sur les moyens que j’emploie pour filer comme le vent d'une place à l'autre. Et je ne donne pas mes secrets ! Ajouta-t-il avec cette note de candeur.  Je m'amusais bien jusqu'à ce qu'on saccage ma cours de récréation.
L'incube s'était apprêté à lui retourner la question, mais s'était retenu au dernier moment. Des idées de farces se profilaient déjà dans son esprit mutin, aussi attendrait-il un certain moment avant de questionner l'Amazone.

Lorsqu'ils furent tous rendu devant le chateau, le Capitaine s'absenta pour obtenir audience. Coup de chance, son monarque disposait d'un petit moment de libre. Aussi, pour que son exposé soit le plus précis et démonstratif possible, le Capitaine entraîna à sa suite quelques uns de ses gardes, l'Amazone et le Démon.
Le noble monarque s'avéra être un vieil homme au regard dur mais patient. Son port suggérait toute sa majesté et son passé martial, et ses mains noueuses seraient les accoudoirs de son trône avec la note de frustration de celui qui sait sa jeunesse derrière lui.
- Quelle assemblée hétéroclite que celle-là. Enre ci-présent m'a rapporté ce qu'à subit l'un de nos village. J'attend d'écouter vos témoignage. Soyez concis.
L'autorité exsudait de ses mots, mais cela n'empêcha pas Vaelh de prendre la parole en tout premier, grimaçant vaguement quant à ses blessures.
- Comme les gens de votre stature qui écoute quiconque vient s'adresser à eux se font rare ! Vraiment, c'est... Ah ? Oui, concis. J'étais dans ce petit village, Eltgard comme les gens l'appelaient. Un endroit si charmant ! Mais qu'il fut éphémère ! Il y eut tout un groupe de femme à nous tomber dessus, et les gardes sur place n'ont absolument rien fait. Je ne pense pas que ce soit par incompétence ou par lâcheté, mais que cela vienne plutôt du fait qu'ils aient été neutralisés. Ça me parait logique : s'ils avaient vu ce que ces folles faisaient à leur village, la milice présente aurait pris les armes. Elles ont été jusqu'à mettre le feu, et c'est comme ça que je me suis retrouvé enseveli ! Heureusement, toutes ces bonnes gens m'ont aidé, et je suis en vie. Mais quelle fut ma surprise de remarquer que l'un de mes sauveurs était une femme au moins aussi athlétique que ces autres furies, avec cette même grâce dans ses gestes. Et elle est amazone, tout comme elles ! Une jeune soldat de la cohorte l'a fait remarqué, mais le Capitaine Enre lui a expliqué qu'une ennemi ne prendrait pas le risque d'ainsi rester sur les lieu d'un massacre. L'incube sourit, se tournant vers la femme. Il n'y avait aucune haine dans ses yeux, juste une lueur joueuse et inconsciente. Mais si vous voulez mon avis, il faudrait s'assurer qu'elle dit bien la vérité. Elle ne m'a certes pas l'air bien malicieuse, mais qui sait ?
Le fourbe sourit, fixant l'amazone.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 17 octobre 2014, 01:28:11
Les cavaliers se ruèrent à l’intérieur du château, traversant sans problème les derniers mètres les séparant du corps de garde. La lourde herse était relevée, et le groupe débarqua dans la cour, au milieu d’archers, d’établis, de serfs, et de tentes dressées ici et là. Silke, relativement insensible aux tentatives d’humour du démon qui l’accompagnait (et qui commençait à regretter de l’avoir sauvé), comprit vite qu’il y avait beaucoup de réfugiés, et que Raven était en train d’incendier ce royaume. Elle était une Amazone puissante, une guerrière formée depuis ses premières années au combat et à la stratégie militaire. Les Amazones étaient des pillards, et, ce faisant, quand elles étaient en guerre, elles optaient pour limiter autant que possible les combats, afin d’affaiblir l’ennemi en l’attaquant depuis tous ses points faibles. Le défaut des sédentaires était qu’ils ne bougeaient pas, et que les cibles étaient donc très faciles à atteindre. Silke connaissait ces stratégies, tout comme elle savait les talents de Raven. Ce royaume avait des soucis à se faire, et elle voyait des visages fatigués, creusés par la souffrance. Ils se réfugiaient dans les châteaux seigneuriaux.

Plusieurs gardes approchèrent, et conduisirent les chevaux dans les écuries. L’escorte de Silke et de Vaelh continuait à les encercler, et, sans guère attendre plus longtemps, le duo se retrouva rapidement devant la Cour du fort. Enre menait la marche, croisant quelques pages et d’autres gardes, s’avançant dans un épais couloir, qui menait tout droit à la salle du trône, une vaste pièce avec des rangées de gardes à gauche et à droite, et, au fond, une estrade avec un trône. Un homme se trouvait là, le châtelain des lieux... Monarque, ou duc, peu importe pour Silke. Il avait une légère barbe grisonnante, et Enre s’agenouilla, de même que les autres gardes. Silke, elle, resta debout, regardant autour d’elle. Ils étaient nombreux, et avaient probablement, soit envie de la déflorer dans la salle des gardes, soit de la tuer sur place. Une Amazone... Ils pouvaient le sentir, et elle pouvait, de son côté, sentir les rumeurs qu’on avait dit sur elle et sur son peuple. La Horde des Amazones reposait beaucoup sur cette réputation exagérée de cruauté, de bestialité, et de sauvagerie. De cette manière, elles obtenaient plus facilement ce qu’elles convoitaient.

Vaelh parla en premier, répondant à l’homme, et leur expliqua qu’il était venu au village pour faire l’amour, mais que les choses s’étaient compliquées. Comprendre ce qu’il disait était assez difficile, car il aimait bien faire des phrases longues, mais Silke arriva malgré tout à comprendre qu’il était en train de la provoquer, en essayant de dresser d’elle un portrait peu flatteur.

« Mais si vous voulez mon avis, il faudrait s'assurer qu'elle dit bien la vérité. Elle ne m'a certes pas l'air bien malicieuse, mais qui sait ? »

Elle le regarda lentement, sans rien dire, mais avec une expression faciale qui exprimait tout ce qu’elle ressentait après cette provocation.

*Laissez-moi seul avec lui, et je vous montrerais comment je dis la vérité...*

Néanmoins, elle devait rester calme, même si elle ne supportait pas l’arrogance de ces sédentaires. Cet énorme château n’était pour elle qu’un vaste gaspillage de ressources et de place. Les sédentaires se croyaient naïvement à l’abri derrière d’épaisses murailles. Un fort pouvait aussi bien être une prison qu’une protection. Les Amazones av aient rarement la puissance de feu suffisante pour assiéger un fort, et optaient pour la technique la plus classique : isoler le fort, et laisser les résidents à l’intérieur s’affamer progressivement, jusqu’à ce qu’il puisse être possible de prendre le fort facilement.

Le regard de Silke se porta autour d’elle, dévisageant toute l’assemblée silencieusement.

« La femme qui vous attaque est une Amazone qui a trahi les siens, Raven... J’ai été envoyée par la Reine pour la neutraliser. »

L’information provoqua un léger remous au sein de l’assistance. Outre les gardes, il y avait de simples nobles et des religieux, reconnaissables à leurs robes et leurs vêtements prestigieux.

« Vous arrivez en retard... Cette Raven, puisque vous l’appelez ainsi, a déjà ravagé plusieurs de nos comtés, ainsi que des royaumes limitrophes... Nous fûmes même accusés par nos voisins, pendant un temps, de soutenir ces pillards. »

C’était typique des sédentaires. Ils installaient des frontières virtuelles, et finissaient par croire qu’elles étaient réelles. Silke secoua lentement la tête, rejetant rapidement cette idée en croisant les bras.

« Raven ne travaille pour aucune société sédentaire. Elle est une Amazone extrémiste, qui s’est alliée à de sombres ennemis qui lui procurent la puissance dont elle a besoin. J’ai déjà essayé de la stopper seule, mais j’en ai été malheureusement incapable. C’est pour cette raison que je viens demander votre aide. Il me faut des hommes, une armée pour la vaincre. Donnez-moi le commandement de vos troupes, et j’en viendrais à bout. »

La requête, aussi inattendue qu’osée, provoqua un silence assourdissant au sein de l’assemblée... Puis la plupart des interlocuteurs de Silke éclatèrent de rire. Seul le monarque resta silencieux, triturant ses doigts nerveusement en s’humectant les lèvres. Au bout d’un moment, il finit par lever l’une de ses mains gantées, intimant le silence.

« J’ai entendu bien des choses sur votre peuple, Amazone... Et, de ce que je sais, il me paraît tout à fait logique de penser que cette Raven suit bien le credo de votre Horde... Un credo qui nie les États sédentarisés, comme vous dites, et qui entend supprimer les hommes.
 -  Notre credo ne souhaite pas la suppression du sexe masculin, juste réinstaurer les choses telles que la Nature l’entend.
 -  C’est-à-dire ?
 -  Reconnaître à la femme son statut supérieur sur le sexe masculin. »

Cette phrase déclencha une nouvelle crise de fous rires pendant de longues secondes. Silke commençait à sentir la patience céder dans son esprit. Sombres mâles idiots...

« J’ai vu vos troupes être massacrées dans la forêt. Vos soldats n’ont aucune chance contre Raven, car vous ne savez pas comment elle pense. Elle vous force à disperser vos troupes pour mieux les massacrer, et s’en prend à tous les États limitrophes pour amener les monarques que vous êtes à se dresser l’un contre l’autre. Elle sème la division et répand les graines du chaos tout en asservissant votre peuple...
 -  ...Comme le font les Amazones.
 -  Nous ne massacrons pas de simples villages équipés de paysans ! Raven s’est détournée de nos voies, et je viens vous proposer mon aide. Si vous laissez votre arrogance négliger l’aide d’une femme qui a connu Raven depuis sa plus tendre enfance, alors c’est que vous n’êtes qu’un tas de merde n’ayant rien à faire sur ce trône ! »

Les rires cessèrent, et les armes sortirent, ainsi que les insultes et les provocations. Raven fusillait le monarque du regard... Et ce fut lui qui se mit alors à rire, au beau milieu d’une scène extrêmement tendue.

« Au moins, on ne ment pas sur une chose... Une vraie Amazone vaut vingt de mes meilleurs hommes. Je ne suis pas un idiot, jeune impertinente... Je ne pense pas que vous vous seriez laissée capturer si vous étiez de mèche avec Raven. »

Silke hocha lentement la tête. Il n’était peut-être pas si idiot que ça, finalement...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 17 octobre 2014, 09:13:17
Satisfait de son petit effet, le vil Démon s'était nourri du regard meurtrier que l'amazone lui avait servit comme s'il avait pu s'agir d'un doux nectar. Mais aussi délicieux que cela puisse être, il ne poussa pas la provocation plus loin ; du moins pour le moment. A la place, il laissa Silke s'exprimer et fut au début surpris de se rendre compte des facilités avec lesquelles elle exposait les fait. Non pas que Vaelh considérait les Amazones comme des crétines, mais il avait déjà rencontré des peuples bien plus instruits. Celle-ci avait du caractère, comme ses sœurs ; elle eut même l'audace de... Demander le commandement des troupes locales ? C'était si imprévisible et gonflé qu'il y eut même un silence avant les rires. Vaelh lui même s'était permis un sourire, non pas par moquerie envers les exigence de la femme, mais parce qu'elle n'avait pas froid aux yeux.
Mais plus l'échange se poursuivait, et plus l'Amazone au tempérament de feu cumulait les erreurs : ne jamais statuer devant une assembler d'humain de cette époque que le sexe féminin prévaut sur le sexe masculin ! Depuis toujours, les humains avait vu en les hommes le sexe fort puisqu'ils avaient dû se reposer sur ces derniers les premières années de leur évolution, là où la force comptait beaucoup plus que l'intelligence, la sensibilité et l'imagination. De ce fait, les hommes s'étaient toujours vu, à tort, comme des genres « d'architecte de l'évolution de la race humaine » du fait de leurs prouesses physiques, quitte à oublier qui les avait engendré. D'ailleurs, impliquer que la femme devrait dominer l'homme s'opposait directement à la culture des humains. Et qu'était-ce que la culture, sinon l'ensemble des manifestations de la pensées et de l'action humaine ? La remettre en cause revenait à critiquer pas seulement l'humain, mais son évolution et façon de faire -même si il y avait largement matière à critiquer-.
La suite ne fut que pure folie : insulter une telle figure politique en plein dans son château, devant sa cours et ses soldats.
- Aahh... Non... Fit Vaelh en plaquant ses paumes sur son visage transit de dépit. Il s'imaginait déjà en train de croupir dans une cellule rien que pour avoir traîné avec celle là. Un destin terrible pour un chasseur de sensations tel que lui ! Mais, comme un miracle n'arrive pas seul, le châtelain, plutôt d'ordonner la mise à mort immédiate de l'Amazone, sut réagir avec talent pour désamorcer la situation. Pour un humain, il était mine de rien un être d'une certaine sagesse. L'atmosphère s'était stabilisée, Vaelh s'empressa de reprendre la parole pour que rien ne parte de nouveau en vrille trop vite.
- Eh bien, comme les doutes sont dissipés, n'en parlons plus ? Hm. Fourbe, il retourna même sa veste. Et puis, pour la défense de l'Amazone ci-présente, elle n'a pas tenté de m’émasculer ou d'entreprendre quelque terrible rituel dont la pratique incomberait à son peuple, lança-t-il avec humour, sachant bien que les hommes de la cours s'adouciraient immédiatement à une telle mention. Elle m'a même sauvé la vie, rien que ça.
Le Monarque eut un bref sourire, comprenant la manœuvre de Vaelh. Il revint à l'Amazone.
- Quand bien même vous n'êtes pas une alliée de Raven, je ne peux pas vous fournir mes troupes. Notre région à trop été traumatisée par les Amazones pour que, lorsque l'une d'entre elle arrive en se présentant comme une allié, lui accédions si facilement à ses demandes. Vous devez bien comprendre que votre peuple, même s'il est question d'une branche dissidente, à beaucoup blessé les gens d'ici. Vous donner des troupes sèmerait la confusion chez mes sujets.
A la cours, on hochait vivement la tête. Vaelh intervint.
- Vous ne pouvez pas nous donner de troupes... Pour l'instant ! « Nous », avait-il dit, s'impliquant déjà dans ce nouveau jeu avec joie. Si c'est moi qui vous les demandait, j'imagine que ça ne passerait pas mieux... Mais on peut s'arranger. A l'heure actuelle, on nous identifie guère plus comme des étrangers, ou même des ennemis. Mais si l'on trouvait un moyen de... Je ne sais pas... Faire nos preuves et démontrer le bien fondé de notre démarche ? Si par une action, nous prouvions nos valeurs et l'orientation de nos cœurs ? Regardez nous ! Fit il en se déplaçant jusqu'à l'Amazone, sans  se risquer à une accolade pour ne pas perdre son bras. Fiers comme nous sommes, vous devez bien avoir une petite quête à nous donner pour que nous gagnions votre confiance ? Peut être pourrait-on obtenir de premiers résultats dans la traque de cette Raven et vous tenir au courant ? Ou bien... Hm, peut être pourrais-je vous offrir quelques « présents » des mes propres contrées ? Vous qui m'avez l'air sage, je suis sûr que mes connaissances pour certaines « sciences » vous intéresseraient ! Qu'en dites vous ? Sourit-il en toute fin, priant pour que l'Amazone ne dise plus rien de trop osé pour le moment
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le samedi 18 octobre 2014, 01:21:20
Sous sa bure, le prêtre  (http://fc08.deviantart.net/fs70/f/2010/264/f/7/cthulhu___priest_of_two_faiths_by_henning-d2z6tve.jpg) fusillait Silke du regard. Il portait entre ses doigts une croix dorée, et Silke savait qu’il ne serait pas son allié. Du fait de l’influence notable de l’Ordre Immaculé, chaque seigneur avait généralement, à sa table, un conseiller religieux relevant de cette religion monothéiste arrogante et cruelle. L’époque où les conseillers religieux relevaient de cultes polythéistes différents était de plus en plus révolue. Restait à savoir ce qu’il détestait le plus : une Amazone impie se réclamant d’un ancien culte cruel et barbare, ou un démon, engeance de l’Enfer, ennemi naturel de l’Ordre Immaculé, à la langue sournoise et vicieuse. Silke avait déjà pu remarquer ce démon-là cherchait à se faire remarquer, et aimait visiblement bien s’entendre parler. Elle, elle savait qu’elle avait du mal à retenir sa langue. Silke avait été élevée pour être une pure Amazone, et les Amazones formaient de biens piètres politiciennes, car elles ne savaient pas mentir. La fierté le leur interdisait, même au milieu d’une assemblée de guerriers qui n’auraient fait qu’une bouchée d’elle. Calmement, le Roi lui expliquait que la situation était compliquée, car il avait du mal à faire intuitivement confiance aux Amazones... Par sa bouche, Silke entendait son conseiller religieux, le menaçant probablement des pires maux si jamais le Roi venait à s’allier avec elle. Silke lui aurait bien fait bouffer sa croix, mais elle savait le pouvoir des religieux sur le bas-peuple. Leurs messes attiraient toujours du monde, et, habituellement, permettaient de maintenir la cohésion sociale, et l’influence du seigneur, en insistant sur le fait qu’il avait été choisi par Dieu pour veiller sur eux. Silke connaissait l’importance de la religion, et s’en méfiait, car elle savait aussi que l’Ordre Immaculé n’aimait pas la concurrence, son dogme ne reconnaissant qu’une seule divinité, voyant les autres Dieux comme des créatures inférieures, de faux Dieux ou de simples émanations du Dieu originel.

Le démon finit par parler, en proposant de montrer sa valeur, continuant à se présenter comme s’il était l’allié de l’Amazone... Et ce même alors qu’il ne s’était pas gêné, il y a à peine cinq minutes, pour dépeindre d’elle un portrait peu flatteur. Toute la situation semblait l’amuser, comme s’il prenait ça pour un jeu. Difficile de savoir ce qu’il pensait... Il serait probablement mort si Silke ne l’avait pas sorti des décombres, mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il soit reconnaissant. Les démons n’étaient reconnaissants qu’envers eux-mêmes. Il proposait de prouver sa valeur au Roi. Dans l’ombre, le prêtre fronçait les sourcils, et se pencha vers ce dernier, murmurant quelques mots. Aucune réaction notable sur le visage du monarque, qui restait imperméable.

« Votre ‘‘science’’ démoniaque ne m’intéresse pas, créature des Enfers. L’Illyan respecte les lois de l’Ordre Immaculé, et, si nous n’étions pas dans la situation où nous sommes actuellement, je laisserais les moines s’assurer de la ‘‘pureté’’ de votre âme. »

Silke ne dit rien, se contentant de froncer les sourcils en croisant les bras. C’était une menace à peine voilée, et qui laissait... Rêveur. Le monarque se tut pendant quelques secondes, puis poursuivit :

« Je veux m’assurer de vos capacités respectives... Si ce que vous dites est vrai, Amazone, je serais un idiot de ne pas bénéficier de vos conseils. Vous, démon, mis à part être un vagabond récupéré dans les ruines d’une auberge, vous n’avez rien de particulier, pour l’heure... Mais, puisque vous semblez être plein de bonnes volontés, je vais vous laisser au sein d’Enre et de sa troupe. »

Le chevalier resta silencieux, fièrement debout dans un coin, mains croisées dans le dos.

« Près d’Eltgard, il y a un temple, qui a été saccagé... Enre devait s’y rendre aujourd’hui pour essayer de sauver quelques reliques, et sécuriser les lieux des monstres qui doivent l’infecter, afin de l’utiliser comme position avancée. »

Les troupes du Roi devaient probablement mener des battues dans la forêt, afin de trouver les camps de Raven. La stratégie était valable, mais Raven avait passé des années dans la forêt quand elle était jeune, à traquer des chevreuils, des biches, à tendre des pièges, et à dissimuler ses traces. C’était une Amazone puissante, et elle avait été la plus proche amie de Silke... D’où le sentiment de responsabilité que l’Amazone ressentait, une responsabilité qui l’avait aveuglé, au point qu’elle devait s’acoquiner avec des mâles.

« Enre jugera de vos talents, et de votre utilité à nous assister ou pas. »

Les nobles acquiescèrent, comme s’ils trouvaient le plan judicieux. Silke, elle, restait silencieuse, ne pensant rien. Elle avait d’autres choses à faire que tuer des gobelins ou des monstres dans un temple en ruines, mais, si ça permettait de faire plaisir à ce Roi arrogant, elle allait courber l’échine. La tête haute, elle ne s’inclina pas comme le firent Enre et ses hommes, car Silke ne s’inclinait que devant ses aînées. S’incliner, ce serait reconnaître que ce type avait une autorité quelconque, simplement parce qu’il était né avec le sang bleu, ce à quoi l’Amazone se refusait. Seul le talent faisait un leader, et, même si l’hérédité existait au sein des Amazones, les différentes Reines avaient toujours été des guerrières extrêmement compétentes. Elles ne se battaient pas derrière leurs gardes, mais en première ligne, affrontant le danger sans peur. Elles étaient un modèle de bravoure et de vertu.

La cour se rompit, et Enre marchait vers la sortie. Au moins, Silke allait de nouveau pouvoir goûter au grand air. Elle n’en demandait pas plus.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 19 octobre 2014, 17:27:13
Bah, ces prêtres...
Au moment où Vaelh l'avait remarqué, juste après avoir parlé, il sut que l'autre allait hypocritement lui cracher son venin « béni ». Ces types étaient toujours là à prêcher pour des entités dont ils ne connaissaient rien et agissaient au nom d'une foi absurde rien que pour se sentir exister. Pire : celui-ci et son culte avait une telle influence qu'il parvenait à orienter les décision du monarque dans son sens.
Mieux valait ne surtout pas insister ; c'était un coup à se retrouver « purifié » sur un bûcher.
La suite, en revanche, fit exploser le Démon avec une tel soudaineté qu'il se surprit lui même :
- « RIEN DE PARTI- » Hm. Il se reprit tout aussi vite. Vous dites ça parce que vous ne me connaissez pas encore. Je suis tout à fait adorable, pour commencer. Et très habile ! Alors oui, nous allons faire comme vous dites.
Le Démon servit un sourire au roi pour cacher toute sa hargne. Qu'on le sous-estime était une chose, mais qu'on l'emploi comme un bête mercenaire, qu'on le mette aux ordre d'un simple capitaine humain, tout ça pour sécuriser le temple d'un Dieu sans doute tout à fait niais et bien trop modéré qu'il décida de haïr sans même le connaître... Et dans l'état où il était ! Quelle horreur, mais quelle horreur ! L'Incube avait beau réfléchir, il ne vit pas bien comment la situation aurait pu être encore plus désagréable.

*
**

C'est ainsi que le Démon s'était retrouvé à devoir de nouveau crapahuter sur le dos d'un stupide cheval, en compagnie de stupide humains, équipé d'une pauvre épée et d'un couteau en acier. Comble du dégoût : Vaelh sentait presque toutes les mains moites qui s'étaient déjà posées sur les poignées de ces armes d'empreints. Des bouts de ferraille banals maniés par des combattants sans profondeur.
- Hé, t'en tire une tête, machin, le provoqua le jeune soldat de tantôt.
Vaelh ne daigna même pas lui faire l'insigne honneur de lui répondre ni même de lui accorder un très vague regard. A la place, il se tourna vers le Capitaine Enre.
- Et donc, tu pars souvent en pic nic avec des Démons ?
- Ne te moque pas de moi. Vous autres, les engeances du Diable, vous prenez toujours les humains pour des raclures. Mais nous valons bien mieux que ce que vous pouvez penser de nous. Tu vois, si je n'étais pas un tout petit plus intelligent que tu veux bien le croire, tu aurais déjà mon épée en travers du visage. Mais je me tiens, parce que même si on nous raconte que vous n'êtes que des créatures infâme, certains d'entre vous sont intéressants. Il y a toujours des exceptions, et ça marche aussi pour les miens !
Un bref silence avait accompagné un tel discours. Puis le Démon s'était contenté de lancer :
- Surprenant. Pour avoir un tel point de vue, c'est que tu en à déjà rencontré maints et maints.
C'était une affirmation, mais Enre ne releva pas.
Le groupe fut finalement rendu au temple dont il était question ; une bâtisse en pierre pâle qui reposait sur un large socle que l'on pouvait gravir en empruntant une série de marches. Comme si le fait de prendre de la hauteur si facilement pouvait rapprocher les croyants de leurs Dieux. Peuh !
Même de loin, les signes de dégradation étaient évidents. Pierres fissurées, murets tronqués ; même la nature s'y mettait en lézardant la roche avec ses doigts verts et tendres. Le pire restait le dépotoir tout autour du bâtiments : morceaux de bois brisées, tentures qui battait au vent, carcasses d’animaux... Et à l'entrée, une bannière primitive affichait un carré blanc disgracieux qui s'ouvrait comme une gueule aux crocs distordues, peint à la va vite, le tout sur un fond vermeille. Plus de doute possible, quelque chose avait bien élu domicile ici.
- C'est l'emblême d'une tribus de Troll ça, Capitaine !
- Ouais. Enre lança un regard à Vaelh qui grinça des dents. Le Démon enrageait de devoir se frotter à des créatures aussi immondes que celle-ci
- Mais qu'est ce que c'est cette journée hideuse...
- Bon, écoutez tout le monde. Même s'ils sont impressionnants et qu'on les dit très agressifs, ce sont juste des géants pas bien malins qui ne sont pas fichus de comprendre le concept de propriété. Du coup, on peut simplement essayer de dialoguer un peu avec. Il suffira de leur donner nos rations pour négocier, ça les rendra attentifs.
- Mais, Capitaine...
- Notre mission, c'est de récupérer ce qui peut l'être et vider ce temple de ceux qui l'envahissent. Si on arrive à faire ça sans prendre de risque, ce sera très bien. On les fait juste sortir et s'éloigner, on a assez des Amazones à tuer. On va procéder comme ça : groupe un, vous... Hé, où est passé le Démon ?
Ce dernier avait déjà fait partir sa monture au galop, ne souhaitant qu'une chose : que cet épisode indigne de lui s'achève pour qu'il puisse retourner jouer avec l'Amazone en l'aidant dans sa petite quête dont il n'appréhendait même pas encore les subtilités. Alerté par les bruits de sabots, un grand Troll passa la tête dehors. Haut de trois mètres et demi, les tout petits yeux de la créature enfoncés sous des sourcils épais lui donnait un air simplet. Son corps était parcouru par des muscles difformes mais fins qui tendait sa peau d'un gris sale. La chose -parce que ses proportions et son allure l'éloignait trop d'une personne pour être ainsi qualifiée- attira l'attention de ses camarades dans la bâtisse à grand renfort de gestes maladroits et de grondements gutturaux et étonnés. Et lorsqu'il se retourna pour voir à quel point le petit bonhomme qu'était Vaelh s'était rapproché, il encaissa une épée que le Démon lui avait lancé après être descendu de sa monture. L'enragé, manquant de force brute pour percer le cuir d'un Troll au delà d'une dizaine de mètres, avait effectué une rotation sur lui même pour donner à la lame la vélocité nécessaire pour percer le derme épais du monstre. Autant surpris que transit de douleur, la chose cria et se replia en tenant son ventre potelé. La scène était d'une telle disgrâce que l'Incube manqua de peu d'en avoir la nausée. Il avança, totalement à découvert, mais la soudaineté de son attaque fit rouler un vent de panique sur la petite tribus de Troll dont les seuls crimes étaient la laideur et de s'être trouvés là. Chaque pas de plus rendait Vaelh un peu plus possédé par une haine qu'il tournait contre ses victimes à venir, contre les gardes et le Capitaine -qu'il aille se faire foutre avec ses directive-, les Amazones, le monde entier.
Que de mauvaise humeur.
Le Vaelh calme et joueurs avait disparu complètement ; à la place se tenait la frustration elle même, armée d'un simple couteau, qui rentra dans le temple avec la ferme attention d'en découdre malgré les cris et avertissements des Humains.
Même l’odeur puissante qui régnait là dedans n'entama même pas sa détermination, c'est dire !
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le lundi 20 octobre 2014, 01:37:12
« Alors, euh… C’est vrai que vous ne vous coupez pas le sein pour tirer à l’arc ? »

Silke tourna la tête vers le soldat qui venait de lui parler. C’était un jeune homme, intimidé. Elle le regarda silencieusement, fronçant les sourcils, puis tourna à nouveau la tête. Quelle perte de temps ! Silke devrait être en train de plancher sur une table de guerre, devant une carte de la région, afin d’orienter les troupes du Roi, de mener des battues, et de former ces soldats à combattre les Amazones. Leur seul avantage était que Raven n’avait pas, ave celle, de vraies Amazones, mais simplement des guerrières, des femmes qu’elle avait ramassées ici et là, et qu’elle formait. Elles se battaient avec la haine et la rage au ventre, car les recrues privilégiées de Silke étaient souvent des esclaves. En ce sens, sa philosophie était proche de la Horde. Quand la Horde recrutait des Amazones, il s’agissait généralement de femmes traumatisées, battues par leur mari, humiliées ou violées par leurs parents. Leur haine était palpable, et les Amazones n’avaient aucune difficulté à la canaliser. Le risque était alors de donner naissance à des psychopathes, mais, honnêtement, les Amazones estimaient que, lors d’un combat, tous les coups étaient permis. Elles n’adhéraient à aucune des conventions et traités militaires passés par plusieurs États sédentaires, en partant du principe que vouloir rationaliser la guerre par le droit était un non-sens total. La guerre était l’expression ultime de la violence pure et gratuite, cette violence sauvage et bestiale qui était une négation totale du droit. Vouloir organiser la guerre, c’était une forme d’hypocrisie, une manière de considérer qu’il existait des manières « honorables » de donner la mort, et des manières qui ne l’étaient pas... Et, plus généralement, vouloir faire ça, c’était admettre que la guerre était indispensable, c’était la banaliser comme un simple fait social, une simple donnée informative. La philosophie de la Horde était évidemment différente.

Elle répondit au jeune homme, et apprit qu’il était un écuyer... Frank Bishop. Il avait lu des livres sur les Amazones, et avait aussi entendu des camarades de son maître en parler à l’auberge. Vu la manière dont il rougissait et peinait à regarder autre chose que le décolleté de l’Amazone, Silke comprit qu’il devait encore être puceau. La chasteté était souvent un vœu que les écuyers passaient, ne l’abandonnant que lors de leur adoubement... Ou lors d’un pogrom.

« Vous... Euh... J’ai entendu parler de... De ces choses que les Amazones fe... Feraient à leurs prisonniers... »

Beaucoup de choses qui circulaient sur les Amazones étaient de simples rumeurs, des rumeurs généralement entretenues par les Amazones elles-mêmes, afin que leur réputation les précède. Faire la guerre était toute une stratégie, et, dans ce domaine, les Amazones étaient entraînées. Elle savait de quoi Bishop avait entendu parler : des mutilations, des exactions, des tortures. Elle aurait pu lui mentir, mais elle était honnête.

« Nous ne reconnaissons aucune frontière à notre autorité. La justice des Amazones s’implique d’un bout à l’autre de la terre bénie par la Déesse. Quand nous tombons sur un violeur, nous l’émasculons, et lui enfonçons sa queue rabougrie dans la bouche.
 -  C’est... Cruel…
 -  Plus cruel que le bûcher ? ironisa-t-elle. Plus cruel que d’entendre les hurlements d’une pauvre femme accusée de sorcellerie parce qu’elle a trompé son mari, et qu’elle a une tâche noire sur le bras ? As-tu déjà assisté à un bûcher, écuyer Bishop ? Entendu les os se briser et se craqueler ? Senti l’odeur de la chair en train de brûler ? Vu le corps se liquéfier au milieu des flammes ? »

Bishop déglutit, et secoua lentement la tête, amenant Silke à soupirer. L’hypocrisie de ces sédentaires... Ils se croyaient civilisés parce qu’ils avaient construit des forts et des maisons, mais l’Amazone, elle, ne voyait qu’un étalage de bâtiments grisâtres ne servant à rien, si ce n’est à leur donner l’illusion d’être éduqués et civilisés. L’écuyer ne dit plus rien, et Silke continua à les suivre, jusqu’à rejoindre le temple abandonné, où elle apprit que des trolls avaient élu domicile.

Des trolls... Ce n’était pas surprenant.  Ils avaient dû être chassés de la forêt par Raven, et étaient venus s’installer ici.

*Peut-être bien que ce voyage ne sera pas aussi inutile que ça...*

Fort habilement, Enre proposait de négocier. Silke était amplement d’accord, et, alors que la petite troupe se rapprochait de l’entrée du temple, un massif troll en sortit. Un être massif, dont les pas faisaient trembler le sol. Des bêtes puissantes, qui rappelèrent à Silke ces longs débats que la Horde avait eue sur le fait d’utiliser de telles bêtes au sein de leur Horde.

« Salutations, troll ! Je suis le Capitaine Enre, et je viens en paix !
 -  Quoi-toi-vouloir, Huuumaaaaiiinnn ?!! Noouuss... Pas-‘fiance !! »

Les trolls parlaient assez mal la langue commune, et Silke laissa Enre parlementer... Lorsque ce dernier demanda où était passé Vaelh. Au même moment, ce dernier attaqua le troll, et Silke se pinça les lèvres.

*Merde ! Je savais qu’il ne fallait pas faire confiance à un démon...*

Le troll poussa un hurlement de douleur quand l’épée s’enfonça dans son estomac.

« Bordel !!
 -  Raah !! Huuumains pas encore… Attaquer-nous !!! »

Le troll tomba à terre. Un troll ne se serait pas écroulé devant cette simple attaque, et Silke comprit alors que sa théorie était juste.

« Ce sont des réfugiés ! »

Raven avait dû les massacrer. Silke sauta à terre, agissant plus rapidement que les soldats, et courut à l’intérieur du temple. Vaelh était là, et Silke poussa un hurlement en brandissant son épée, bondissant devant lui. Elle roula sur le sol pour amortir sa chute, et se releva rapidement. Les trolls à l’intérieur étaient tous vieux, ou faibles, trop jeunes pour se battre.

« Qu’est-ce que tu fais, démon ?! »

Silke se releva, brandissant son épée. Le troll blessé continuait à hurler, et donnait de grands coups avec ses bras. Il avait ainsi frappé un soldat qui avait tenté de suivre Silke, et les autres hésitaient à se rapprocher, séparant ainsi la troupe de Silke et de Vaelh. Son épée amazone, dans un acier solide, se dressait face au couteau du démon. Ce n’était certes que des trolls, mais ils n’avaient rien fait de mal... Silke ne pouvait pas laisser ce massacre avoir lieu. Ce n’était pas des soldats.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mercredi 22 octobre 2014, 12:40:24
La chose gesticulait au sol, baignant dans une disgrâce telle que le Démon en eut une terrible nausée. Son couteau en main, il s'était apprêté à lui ouvrir la gorge pour qu'enfin il se taise, cesse de bouger, cesse d'exister ; puis une tornade rousse était venue lui barrer la route sans qu'il la voit venir. Il avait été sur le point d'y donner des coups de dague pour la chasser mais avait finalement reconnu l'Amazone. Il cligna des yeux, d'abord vaguement étourdi par l'élan de colère qui l'avait poussé en avant. Le bruit de la chute d'un soldat heurté au plastron acheva de reconnecter le Démon à la réalité.
- Hm ? Je le tue. Alors quoi ? Plus vite ce sera fait, plus vite nous pourrons nous en aller de ce lieu abjecte pour enfin commencer une véritable aventure !
Il s'était apprêté à poursuivre jusqu'à ce qu'enfin, ses yeux aillent inspecter les créatures informes dans le fond de la pièce. C'est vrai qu'elles n'avaient  pas l'air si combatives que ça. Elles avaient même l'air fatiguées et éreintées.
Oh. Je vois, fit Vaelh sans plus de considération pour la vie de ces choses, quand bien même ils étaient des êtres conscients.
Avec une moue un peu ennuyée, il pivota sur lui même pour jeter un regard circulaire à l'assemblée. Le Démon apparut alors comme plus décalé encore, parfaitement inconscient de la portée de ses actes et même moqueurs vis-à-vis des causes que ces mortels pouvaient défendre avec l'attention qu'ils portaient aux Trolls.
En somme, les choses tournaient plutôt mal. A ça s'ajoutait l'insalubrité de la scène...
Vaelh ne pouvait pas revenir en arrière. Il ne l'aurait de toutes façons pas voulu puisqu'il avait trouvé son lancé particulièrement bien réalisé et cela l'aurait déçu qu'il ne « compte pas ». Mais avec l'image instable et désobéissante qu'il véhiculait à présent, il sentait bien qu'on allait finir par l'exclure de ce grand jeu.
Heureusement, l'Incube échafauda à toute allure un plan dérangé pour, jugeait-il, tourner toute la situation en sa faveur.
- Tu es sur mon chemin ! Pousse-t'en que je finisse cette chose puante au sol. Que je finisse le travail de ce qui les ont pousser à se réfugier jusque là ! Lança-t-il assez haut pour que les Trolls entendent et que ceux qui parlaient la langue soit terrifiés. C'est ça, je viens pour vous terminer !
Il fit ensuite face à l'Amazone qui, altruiste, s'obstinait à lui bloquer la route. En tournant la tête vers l'entrée du temple, il vit le reste des soldats entrer pour récupérer leurs camarades. Ils posaient des regards pleins de méfiance et de surprise sur le Démon. Ce dernier inversa la prise sur sa dague et fixa la femme.
Son plan était assez simple en soit, mais osé : les Trolls le voyaient comme une menace, et il était entré en premier. De ce fait, les humains et l'Amazone, selon les Trolls, ne faisaient pas équipe avec Vaelh. Du coup, si ce dernier voulaient leur nuire et se trouvait arrêté par la cohorte et la femme, les créatures dans le temple les verraient comme des sauveurs et seraient bien plus enclin à accéder à leurs requêtes. C'était de toutes façons la seule option encore viable et, surtout, amusante.
Bien sûr, ça impliquait quelques compétences d'acteurs que ce ramassis de mortel n'avait pas. Alors il allait falloir y aller pour de vrai.
Restait juste à espérer que l'Amazone, qui seraient la première combattante engagée par Vaelh, comprenne son manège avant de l'avoir ouvert en deux ; parce que dans son état, même s'il donnait tout ce qu'il avait, il n'aurait jamais pu triompher d'elle.
Alors il inspira et crispa sa prise sur le manche de son arme, autant de signes précurseurs de son attaque. Il se fendit en avant, vif comme l'éclair quoi que ralenti par les dernières heures passées à poireauter sous des gravats ou à être trimballé par un cheval. Et, très clairement, son premier coup eut pour cible la gorge de l'Amazone. Rien qu'à la voir, on savait qu'elle ne pouvait pas se laisser surprendre ainsi. Le fait qu'en tant que femme elle voyageait la plupart du temps seul était une preuve supplémentaire de ses compétences. Le Démon enchaîna alors avec un coup plus vicieux, porté avec une sincère attention de blesser, visant le flanc de l'amazone.
Autour, les soldats prenaient déjà position mais ne pouvaient pas intervenir : Vaelh se débrouillait toujours pour placer Silke entre lui et eux et, tout en se tenant si près d'elle que le moindre coup d'épée qui aurait pu lui être destiné l'aurait blessé elle aussi.
A présent, la seule option qu'il restait à la jeune femme était de neutraliser le Démon, soulignant qu'elle n'avait rien à voir avec lui et qu'elle était ici pour les aider Trolls. Hypothétiquement, c'est comme ça que ça devait se passer.
Mais comme jamais aucun plan ne survie à la réalité, le Fourbe se tenait prêt.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le samedi 25 octobre 2014, 02:07:45
Silke ne comprenait pas pourquoi l’Incube avait agi ainsi, et elle n’avait pas l’esprit suffisamment retors pour suivre sa stratégie. De plus, si elle l’avait fait, elle en aurait assez rapidement saisi les limites. Les trolls n’étaient pas des gens très intelligents, et l’Incube était arrivé avec eux. Ils raisonneraient simplement, en refusant de les aider, et ce d’autant plus qu’ils avaient déjà été chassés de leur forêt par d’autres humains. En un sens, le sort des trolls était encore pire que celui des Amazones. Ils étaient continuellement chassés par les sédentaires, et c’était peut-être pour ça que l’Amazone s’était portée à leur défense. En un sens, elle comprenait leur souffrance. Ces êtres semi-monstrueux avaient une conscience, mais étaient souvent utilisés pour être des bêtes monstrueuses, leur laideur et leur faible intelligence servant dans ce sens. Silke savait que, dans les montagnes, les clans barbares s’alliaient et guerroyaient continuellement avec les clans de trolls. Ces trolls-ci ne venaient pas de la montagne, ils étaient plus faibles. Elle se tenait face à Vaelh, tandis que, dans leur dos, Enre et ses hommes parvenaient enfin à doubler la sentinelle blessée, se rapprochant du duo.

L’Incube attaqua alors. Il était rapide et précis, adroit, et Silke choisit d’esquiver. Elle fit un pas en arrière, évitant le premier coup, destiné à son cou, puis le second, visant son flanc, en faisant une pirouette. Sa lame s’abattit alors en visant le dos de l’Incube, mais le bout de la lame mordit le sol pierreux. Les Amazones étaient formées depuis leur plus tendre enfance à se battre. Individuellement, elles formaient des guerrières redoutables, et c’était véritablement en groupe que tout leur potentiel s’affirmait. Les Amazones étaient en effet de véritables sœurs d’armes. Raven avait été l’une des meilleures alliées de Silke, et l’Amazone à la chevelure de feu ne comptait plus le nombre de milliers d’heures d’entraînement qu’elles avaient fait ensemble. Silke maîtrisait de nombreux styles de combat, et comprit que l’Incube optait pour l’empêcher de se servir de son épée. Silke avait une lame solide, adaptée à un combat contre des cibles en armure, forcément plus lentes que des individus n’ayant pas de protection métallique. Autrement dit, son arme était inadaptée contre ce combat, car elle n’avait pas le temps d’ajuster sa cible. De plus, le démon était rapide et agile, pivotant sur place. Enre et ses hommes hésitaient, de leur côté, à intervenir. Le capitaine en profitait sûrement pour voir les fameuses capacités au combat des Amazones, ces prouesses tant vantées... Et ses subordonnés devaient aussi en profiter pour se rincer l’œil.

*Il est rapide, je dois changer de style d’attaque...*

La guerrière finit par lâcher sa grosse épée, et sortit de sa ceinture une dague, qui heurta celle de l’homme dans un cliquètement métallique. Ce fut elle qui attaqua alors, poussant de grands cris à chaque fois, se révélant de plus en plus hargneuse et emportée, sa dague heurtant à chaque fois celle de son ennemi.

« Capitaine..., finit par dire un soldat.
 -  Oui, oui... »

Enre savait qu’il fallait intervenir. Les trolls risquaient de s’énerver. Silke, de son côté, opta pour une stratégie plus corporelle, et plus originale. Les lames se heurtèrent à nouveau... Et elle lui cracha dans l’œil. Le jet de salive fusa en même temps que les lames, dans le but de surprendre le démon, et elle en profita pour lui décocher un crochet du droit en plein visage, qui l’envoya s’étaler sur le sol. Ce fut le moment choisi par Enre, qui bondit sur place. Son pied se posa sur le torse du démon, et le bout de sa lame vint picorer son cou.

« Ne bouge plus, connard ! »

La lame s’enfonçait très légèrement, titillant la peau de l’homme. Silke reprenait son souffle, et rangea sa dague, puis se rapprocha de son épée... Pour voir que l’un des soldats l’avait récupéré. Elle le dévisagea silencieusement, et l’air que le soldat lut sur son visage fut sans aucun doute suffisamment clair pour qu’il envisage de lui redonner son épée sans rechigner. Silke la récupéra prestement, et la rangea dans son fourreau.

« Faire confiance à des démons... »

Silke espérait que les choses s’étaient calmées... Quand le groupe entendit alors un hurlement bestial venant de l’extérieur du temple, comme un cri de guerre sauvage. Les trolls se mirent alors à paniquer, et Enre grogna.

« Putain ! Des Orcs ! »

L’Amazone soupira. Les choses ne devaient jamais être simples... Avec un peu de chance, Raven avait également dû les chasser, eux aussi. Autrement dit, le royaume devait avoir avec lui de profondes forêts millénaires, pour abriter autant d’espèces. Ça n’avait en soi rien d’impossible car Terra recelait encore, malgré la déforestation à Nexus et à Ashnard, de grandes et profondes forêts dans les Contrées du Chaos.

Les Orcs devaient aussi convoiter ce temple, mais, contrairement aux trolls, il était un peu plus difficile de communiquer avec eux... Surtout s’ils n’avaient plus de foyer, et en cherchaient un autre. Le plus probable était qu’ils avaient attendu d’attaquer en voyant les chevaliers arriver, et qu’ils avaient décidé, après mûre réflexion, d’opter pour la solution qui engendrerait le plus de dégâts : charger en masse contre les humains avant qu’ils ne ramènent d’autres troupes.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le lundi 27 octobre 2014, 23:26:46
Là où les Amazones se battaient d'avantage comme un groupe, l'Incube qu'était Vaelh ne pensait qu'à lui. Lorsqu'il s'essayait à la guerre pour se distraire ou par caprice, aux Enfers, il était du genre à bousculer ses propres gardes pour qu'il trébuchent sur les lances ennemis, offrant des ouvertures. Il exploitant tout simplement le moindre petit avantage, cherchait en permanence à créer la moindre surprise. En ça, il était aussi très efficace en duel. Mais, pas de chance, les douleurs laissées par l'effondrement de l'auberge continuait de l'handicaper. Et c'est uniquement grâce à ça que l'Amazone parvenait à lui tenir tête, pensait-il, orgueilleux.
Le combat fut terminé en un éclair : trois attaques arrivèrent en même temps, dont un immonde crachat. Se fichant pas mal de concept de priorité, l'Incube choisit de se protéger le visage d'un bras, ayant juste le temps de dévier la dague de l'autre, mais se rendant complètement aveugle au coup de poing -dépourvu de classe- qui lui arriva dans le bas du visage. Sa tête partit sur le côté, et son cou se tordit douloureusement. Il se retrouva au sol, clignant des yeux, une lame sous la gorge, et un immonde pied blindé sur la poitrine.
Tout aurait pu s'arrêter là, et la situation aurait profité au plan tordu du Démon. Mais non, évidemment. D'autres engeances décérébrées venaient d'apparaître. Plus agressives, plus violente, plus musculeuses, plus vertes grisâtres. L'apparition des Orcs surpris le capitaine Enre juste ce qu'il fallut pour que, d’inattention, il lève sa lame de contre la gorge de Démon de quelques centimètre. Vicieux, Vaelh se glissa hors d'atteinte en roulant violemment sur le côté, déséquilibrant l'humain qui avait encore un pied sur lui
- Le Démon ! Le... Raaah, pas le temps ! Établissez une périmètre de défense dans le temple !
Avec une certaine fébrilité, les humains se mirent en branle pour faire de leur lieu sacré un bastion. Leurs quelques archers allèrent aux fenêtre tandis que les laniers épaulés des épéistes se préparent à repousser l'ennemi. En face, le rouleau compresseur de muscles et de crocs gagnait en vitesse. Les Orcs avaient des effectifs légèrement inférieures à ceux des humains, mais chacun de ces monstres barbares valait au moins deux combattants, si bien qu'à moins d'un miracle où d'une action d'éclat, la cohorte de Enre allait y passer.
Dans l'ombre, le Démon récupérait et, surtout, réfléchissait. Maintenant que toute sa stratégie était tombée à l'eau, même s'il vainquait les Orcs, les humains ne voudraient plus de lui. Ils le pourchasseraient même et l'empêcheraient de jouer avec l'Amazone. Mais s'il ne levait pas le petit doigt pour les aider, il n'aurait plus personne avec qui jouer du tout ! Il allait devoir les aider, mais en veillant à s'éclipser pour revenir vers l'amazone plus tard en improvisant un discours. Il soupira, s’autorisant un bref regard circulaire pour voir si quelques divinité mineure ne s'amusait pas à tirer les ficelles d'une telle mise en scène, puis parvint à s'extraire du temple en toute discrétion en profitant du bruit de la charge. A peine quelques secondes plus tard, les Orcs percutèrent les rangs humains. Bien disposés, ceux-ci tinrent bon. Quelques Orcs moururent sur les lances, mais leurs masse énorme fit basculer les lancier en arrière, ouvrant la voie pour les autres monstres grotesques et puants qui arrivaient.
Caché, Vaelh observait. Même si les Orcs étaient vaguement plus intelligents qu'un Troll, leur culture purement guerrière -et stupide- rendait toute négociation impossible. Chez eux, tout se réglait à coup de poing et généralement, le chef d'une tribus n'était que l'Orc le plus bruyant et costaud. Et c'est là que résidait la faiblesse de ces créatures simiesques : dès que le gros monstre qui leur servait  de leader mourrait, tous les membres de la tribus se battaient pour prendre sa place. Ainsi, pour totalement désorganiser leur charge, il fallait tuer leur chef.
Et quand il était question de fourbement planter une dague dans un dos, Vaelh était un maître.
Profitant du chaos ambiant, Vaelh contourna la mêlée en se servant du moindre couvert pour rester invisible. Il serrait les dents pour ignorer la douleur de ses hématomes et, à force de patience, parvint derrière les Orcs. Là, il remarqua leur chef : une brute dont la peau était un cuir sombre épais de plusieurs centimètres, tendue sur un réseau de muscles ridiculement enflés. La chose beuglait des consignes à un volume intolérable et tentait d'ouvrir un chemin assez large pour diriger toute sa masse vers le gros de la bagarre. Vaelh intervint juste au moment où le chef Orc bouscula l'un de ses lieutenant qui, très rancunier, brûlait d'envie de se venger. Le Démon fonça en ligne droite pour parcourir les quelques mètres le séparant de sa proie, fit un saut pour prendre un premier appuis à la base de son dos voûté et remonta ainsi jusqu'à son cou en deux autre foulée. Là, il planta très rapidement sa dague entre deux vertébres du monstre, entamant sa moelle épinière et réduisant son corps à une masse de membres inertes. Mais, véritable force de la nature, l'Orc n'était tombé qu'à genou et hurlait non pas de douleur, mais de rage. Sa peau épaisse avait empêché le coup de le paralyser complètement, aussi l'Incube se sauva-t-il à toute vitesse. Et, comme il l'avait prédit, c'est le lieutenant du chef Orc qui l'acheva. Ambitieux, le bras droit du monstre lui avait tranché la tête d'un coup de hache large en voyant sa faiblesse. Il avait alors brandit la tête du défunt leader, se proclamant chef de clan en plein chaos. Estimant que le titre de chef aurait plutôt dû lui revenir, un autre Orc se mis à l'insulter avant de l'attaquer. Puis un autre, et encore un autre.
La horde se trouva scindée en deux. D'un côté, les monstres assaillaient toujours les humains. De l'autre, les Orcs se cognaient dessus.
Et l'Incube était déjà loin, mais les humains avaient maintenant une chance.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 31 octobre 2014, 01:49:35
Les Orcs constituaient des hordes éparses et dispersées se composant de clans ancestraux. Les Ashnardiens en utilisaient fréquemment, car la philosophie des Orcs n’était pas difficile à comprendre. Pour soumettre les clans, il fallait juste tuer le chef. Parfois, les clans s’unissaient sous la houlette d’un puissant Orc, qui s’appelait alors « Big Boss ». Ses hordes constituaient des armées redoutables, et, si les Orcs avaient été plus disciplinés, et moins prompts à suer simplement de leur force brute, ils auraient réellement pu constituer une menace planétaire majeure. Au lieu de ça, ils affrontaient généralement des elfes. L’affrontement entre les Orcs et les elfes était légendaire, remontant à des millénaires. Silke comprit rapidement que les Orcs qui les attaquaient étaient les restes d’un clan massacré par Raven. Ils n’étaient pas très nombreux, et le fait qu’ils attaquent des trolls, normalement censés être leurs alliés de la forêt, confirmaient aussi cet état de fait. Néanmoins, dialoguer avec eux serait plus difficile qu’avec les trolls, et Enre se dépêcha d’organiser une formation classique. Face aux Orcs, il fallait faire un front uni, afin de ne pas être submergé par le nombre.

Silke se retrouva dehors à son tour, et ne tarda pas à trouver leur chef improvisé. Difficile de dire de qui il s’agissait, mais, dans tous les cas, son autorité était affaiblie. Elle eut la même idée que Vaelh, mais elle n’avait pas son talent pour les attaques furtives. Il avait perdu face à Raven, son village avait assurément été pulvérisé par les Amazones de Raven, et les Orcs le suivant devaient le voir comme un incompétent. Les Orcs se heurtèrent aux armures et aux boucliers d’Enre et de ses solides hommes, et la bataille commença à faire rage, les épées venant trancher les Peaux-Vertes. Silke attaqua à son tour, tournoyant sur place, et son épée tua un Orc, le cisaillant sur le torse, formant une belle estafilade qui fit couler son sang. Un autre Orc la chargea, et elle l’empala rapidement sur son arme.

« Ils ne sont même pas armés... C’est ridicule ! »

Plus exactement, beaucoup d’Orcs chargeaient avec leurs poings, mais les armures de plates des chevaliers étaient solides. Ils étaient comme les trolls, en pièces, et ébranlés. Les Orcs portant des armes se trouvaient près du gros Orc, et Silke entreprit de s’y rapprocher, optant pour la rapidité. Elle rangea donc sa lourde lame dans son dos, ce qui était d’autant plus logique que les Orcs optaient pour le corps-à-corps. À la place, elle usait sa dague, roulant sur le sol, glissant sur le côté, avant d’attaquer, visant à chaque fois la jugulaire de ses ennemis. Les attaques sur le torse ne leur faisaient pas trop mal, au vu de leur musculature résistante. Son plan marcha bien pendant un temps, mais un Orc réussit à l’attraper à la nuque, et la plaqua lourdement sur le sol. Il lui hurla dessus, et, alors que Silke réfléchissait à un plan de secours, un providentiel arbalétrier visa juste. Un carreau transperça la tête de l’Orc de part en part, et toute la force mise dans sa main disparut, permettant ainsi à la femme de se libérer.

Elle se remit sur ses pieds, et un autre Orc l’attaqua avec une lame. Silke para avec sa dague, mais le choc se fit ressentir dans ses muscles, la faisant grogner. L’Orc continua à frapper rageusement, et l’Amazone profita d’un battement pour bondir sur le côté. L’épée de l’Orc mangea le sol, et Silke tournoya sur elle-même, plantant alors sa dague au milieu du dos de l’Orc, tout en tendant l’une de ses jambes pour l’étaler sur le sol. L’Amazone se retourna à nouveau, entendant un soldat hurler de douleur. Un Orc avait réussi à lui arracher son bouclier des mains, et un autre l’avait frappé au visage. Malgré son casque, le soldat en avait lâché son épée, puis s’était reçu un coup de pied qui l’avait étalé sur le sol. Enre intervint alors, et son épée décapita l’Orc. Le redoutable capitaine au masque blanc tendit sa main, et une langue de feu en jaillit, faisant reculer les Orcs, enflammant grièvement l’un d’entre eux.

« Tenez bon ! »

Silke était au milieu de la mêlée, quand la situation commença à changer. Les Orcs se mirent à se taper dessus, et, peu à peu, les rangs se dispersèrent. Les arbalétriers faisaient des ravages, et Enre recourait à sa magie, contraignant les Orcs à se disperser, et à s’enfuir dans tous les sens. En voyant Vaelh à proximité du cadavre du gros Orc, Silke comprit ce que ce dernier avait fait. Il avait profité de la mêlée pour s’écarter, et pour tuer le gros Orc. Ce dernier mort, les Orcs avaient commencé à se disputer entre eux, et les survivants s’enfuyaient... Tout comme Vaelh.

« Inutile de les traquer... Ils ne sont plus une menace. »

Silke, tout en reprenant son souffle, en vint à se dire que les sédentaires n’étaient pas aussi mauvais que ce qu’elle avait initialement pensé.

« Je vais avoir du mal à vous faire confiance, lâcha Enre, mais je pense que nous avons de plus gros problèmes à gérer pour l’heure. »

Silke haussa les épaules.

« Peu importe... Je ne vous fais pas confiance non plus, mais, si vous voulez venir à bout de Raven, il faudra faire avec. Elle s’en prend à toute la forêt, et à tous les peuples qui y vivent. J’irais même jusqu’à me demander si elle n’a pas volontairement attaqué les trolls et les Orcs pour nous disperser. »

C’était une stratégie classique : semer le vent pour que les ennemis récoltent la tempête. Raven était forte, mais ses Amazones n’étaient pas de vraies guerrières. Elle ne pouvait jouer qu’au chat et à la souris en fuyant les armées régulières, des armées fortes comprenant des soldats comme Enre, qui la mettraient en pièces. Elle pouvait triompher de quelques garnisons et autres petites milices urbaines dans des villages isolés, mais elle n’était pas de taille contre de grosses troupes... De fait, c’était le même raisonnement que la Horde tenait depuis des siècles, la Reine actuelle, Andromaque, estimant que son peuple n’avait aucune chance contre les grosses armées de ce monde.

« Est-ce qu’il y a d’autres peuplades dans la région ?
 -  Des elfes, vous voulez dire ? Non... Enfin, pas exactement...
 -  Qu’est-ce que vous voulez dire ?
 -  Il y a une communauté de druides dans les profondeurs de la forêt... On y trouve parfois des elfes ou des dryades, mais il n’y a pas de cité elfique à proprement parler. Néanmoins, je doute que Raven ait entrepris de s’attaquer aux druides. Leurs sorts les protègent, et leur permettent d’enchanter la faune et la flore. »

S’y attaquer, peut-être pas... Mais s’en faire des alliés ? Silke savait que les druides n’étaient pas tous bons et généreux. Certains étaient hostiles aux sociétés sédentarisées, estimant que la construction de maisons et l’urbanisation du monde provoquaient une déforestation intensive. Pour ces individus respectueux de la Nature et de la force des forêts, il s’agissait d’une nuisance qui pouvait parfois les amener à devenir agressif... Une hostilité qu’une femme comme Raven pouvait utiliser à son avantage. Silke n’était pas prête à commettre deux fois la même erreur... Elle ne sous-estimerait plus Raven.

Malheureusement, ses seuls alliés étaient des chevaliers qui se méfiaient d’elle et un Incube instable, fourbe et efficace. Si c’était bien la volonté de la Déesse-mère de lui donner de tels alliés... Et bien, on pouvait vraiment dire que les voies des Dieux étaient impénétrables.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 07 novembre 2014, 23:01:17
Vaelh avait fini par s'arrêter, profitant de l'épais couvert des bois. Il s'était assuré de ne pas laisser de trace, et de toutes façons, les humains allaient mettre un petit moment avant de repartir du temple, ne serait-ce que pour passer e revue leurs troupes, soigner leurs blessés et peut être dialoguer avec ce qu'il restait de Troll.
A l'ombre d'un gros arbre au tronc épais, le Démon souffla enfin. Il lui fallu un long moment pour évacuer toute ce dégoût et cette frustration de s'être retrouvé en présence de créatures aussi indignes que des Trolls et des Orcs, sans parler des humains banales qui lui avaient servi de compagnie. Et ses blessures qui n'étaient pas encore tout à fait guéris ajoutaient une subtile raideur dans sa démarche. Inconfort et disgrâce. Et vu comme les choses étaient parties, le Démon doutait fort qu'elles puissent seulement s'améliorer.
Reposé, Vaelh se remis en route. Après quelques instants, grâce à sa sensibilité, il eut la surprise de percevoir qu'il était très loin d'être seul dans la coin. Il y avait les bêtes, bien sûr, mais aussi autre chose.
- Ne bouge plus, intrus !
Le Démon fit exactement l'inverse, se tournant de manière fulgurante vers le source de la voix. Se tenait derrière lui une druidesse qui le tenait en joug avec son sceptre magique. Quand bien même elle semblait parfaitement ordinaire dans sa nature, le Démon ne l'avait absolument pas entendu venir ! La fatigue le gagnait durement, et le peu de patience qu'il lui restait n'allait certainement pas lui suffire pour daigner expliquer sa situation à la druidesse. Discrètement, il glissa une main à sa hanche pour y chercher sa dague qu'il ne trouva pas. Il n'avait plus vraiment souvenir de ce qu'il avait pu en faire, s'il l'avait perdu en route ou dans le cou de l'Orc.
Il employa alors une arme qu'il avait jusque là gardé secrète : il fit sauter les centaines de petites runes sur sa peau d'un claquement de doigt, révélant à la druidesse toute l'étendue de sa nature inhumaine.

*
**

Le combat avait été intense. Et terrible pour la femme. Vaelh l'avait dominé tout du long, jouant avec chacun de ses nerfs grâce à des méthodes de torture tout à fait particulières. Elle avait hurlé, elle l'avait supplié d'abord de lui infliger plus, avant de l'achever. Dans ce laps de temps, l'Incube avait appris ce qu'il voulait : il n'était pas seul dans cette forêt. Toute une communauté portée sur la magie y vivait et s'était fraîchement alliée à Raven l'Amazone. Cette dernière avait su enflammer leur passion, leur narrant à quel point leur domaine pourrait être plus vaste et plus puissant sans ces grotesque villages et château de pierre qui poussaient sur la surface du monde telles d'affreuses tumeurs. Elle avait souligné aussi à quel point les femmes de cette communauté forestières pourraient être bien plus que ce qu'elles étaient présentement, et comme ces dernières étaient en majorité, le message était bien passé. A présent, Raven était l'alliée des Dryades et des druidesses. Les Elfes quant à eux, puisqu'ils chérissaient déjà des idéaux de parfaite égalité entre les sexes, ne s'était laissé charmés que par la première partie du discours et n'aiderait Raven qu'à lutter contre quiconque voudrait profaner ces bois.
Ce qu'apprit l'Incube au moment d'achever l'humaine fut bien plus intéressant : l'Amazone renégate faisait présentement halte dans cette même forêt pour se ravitailler, faire la revue de ses troupes et choisir une nouvelle cible ! Elle n'y resterait certes pas longtemps, mais ce retard qu'elle prenait permettrait au moins à Silke de retrouver la trace de sa sœur déchue pour la suivre plus efficacement.
C'était décidé : Vaelh allait rester dans l'ombre encore un moment et se contenterait de guider Silke. Il prit le risque de supposer qu'elle devait être une chasseresse plutôt douée, ainsi fit-il exprès de laisser une série de trace dans les bois, assez discrète pour ne pas être vue par un novice, mais voyantes pour une pisteuse comme l'Amazone.
L'Incube se rhabilla alors mais, au moment de se relever, fut attrapé par la main. Il baissa les yeux sur le corps de la jeune druidesse qui convulsait encore doucement.
- Encore...
- Non. J'ai à faire.
- Encore... S'il te plait !

L'Incube s'était apprêté à la laisser là, mais se ravisa au dernier moment. S'il plaçait cette femme sur ses traces de sorte à ce que Silke la rencontre, elle pourrait lui fournir des informations tactiques intéressantes.
- Bien. Tu vas me rendre un service, et si ta performance me plaît... Tu en auras bien plus que tout à l'heure, hm ?
Les yeux de la jeune femme -du moins l'entité épuisée qu'il en restait-, hocha vivement la tête, trop avide d'être à nouveau tourmentée. Ainsi, lorsque l'Incube eut fini de subtiliser baliser une route pour Silke qui la ferait se rapprocher de sa sœur déchue, il y laissa la druidesse aux cuisses trempées et vibrantes qui achevait de se vêtir maladroitement.
Et il s'éloigna de nouveau, profitant des ombres, pour patienter.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le samedi 08 novembre 2014, 02:09:10
C’était une forêt vénérable, vieille de plusieurs millénaires, et s’étalant sur des centaines de kilomètres. Ces forêts étaient légion à Terra, et, malgré la déforestation, cette dernière se cantonnait généralement aux abords de ces vastes étendues de terre boisées. La Horde s’y rendait parfois pour se reposer. Les Amazones étaient généralement appréciées des esprits de la forêt, car, comme eux, les Amazones vénéraient d’anciennes divinités et d’anciens modes de consommation, impliquant notamment le respect de la Nature. Silke se doutait donc que Raven avait dû profiter de cette sympathie pour essayer de se trouver des alliés... Elle imaginait déjà le discours qu’elle pouvait leur tenir. Les choses se compliquaient, et sa fierté ne pouvait plus suffire à lui masquer les yeux. Elle avait besoin d’alliés, de véritables alliés... Elle avait besoin de ses sœurs.

Enre observait également la forêt sans rien dire.

« Les Trolls vont probablement repartir ailleurs... Ils savent qu’ils sont en infériorité numérique. »

Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Ils craignaient les soldats, et ils avaient raison de les craindre. Ce temple constituait un avant-poste stratégique à partir duquel l’armée du royaume allait pouvoir installer son camp, et ainsi pouvoir mieux protéger la région. Silke ne dit rien. En d’autres circonstances, cette injustice aurait pu la révolter, mais elle avait d’autres soucis. Raven... Raven était la responsable de tout ceci, et elle avait aussi sa part de responsabilités dans ce désastre. Jadis, elle aurait pu mettre fin à tout cela, mais elle avait échoué. Raven l’avait vaincu, et, humiliation suprême, l’avait vendu comme esclave. Un sort encore plus infâme, pour ces femmes éprises de liberté que sont les Amazones, que d’être tuée.

Elle avait réussi à sortir de sa captivité, et, depuis lors, n’avait toujours pas revu la Horde... Par honte de son échec. Mais cette honte n’était qu’une manifestation supplémentaire de sa trop grande fierté. Elle avait envie de poursuivre immédiatement Vaelh, de s’enfoncer dans la forêt, d’aller voir les alliés potentiels de Raven, mais elle ne pouvait pas foncer à l’aveuglette dans une aussi grande forêt.

« Il faut que j’envoie un message... Et que je trouve un plan de la forêt. »

Le paladin la regarda sans rien dire, et hocha la tête.

« Je peux vous procurer un plan, j’en ai amené plusieurs. Pour ce qui est des messages... Et bien, nous utilisons, soit les coursiers, soit les pigeons. Malheureusement... »

Il n’avait pas besoin d’achever pour qu’elle comprenne ce qu’il voulait dire. Les coursiers étaient abattus, et les oiseaux également. Une technique classique. Il fallait empêcher l’ennemi de demander des renforts, et le forcer à sortir de son fort. Un siège pouvait être extrêmement difficile à tenir pour l’assiégé, surtout si le fort était solide, et abritait des réserves. Silke comprenait la stratégie de Raven : forcer la population à s’accumuler dans le fort afin d’épuiser plus rapidement les réserves de nourriture, et ainsi provoquer des tensions. Tout ce qu’elle avait à faire était de contrôler toutes les voies de circulation en abattant quiconque chercherait à passer.

« Nous avons trouvé un coursier il y a quelques jours... Des flèches elfiques. Les elfes connaissent ces bois comme leurs poches.
 -  Pourquoi s’allient-ils à cette femme ?
 -  La communauté elfique de la région est appauvrie. Je vous ai un peu menti en disant qu’il n’y avait pas de cité elfique... »

Les termes exacts avaient été « à proprement parler », ce qui, effectivement, laissait entendre une certaine nuance.

« Il existe une ancienne cité, mais elle a été abandonnée. Depuis lors, les elfes de la région sont globalement divisés entre deux positions : une position qui consiste à penser que les humains les ont spoliés, et une autre qui consiste à dire qu’il faut vivre en paix. Ce sont des Bas-Elfes. »

La distinction était importante. Les Hauts-Elfes étaient les elfes qui avaient encore l’intégrité de leur royaume, comme ceux du Bosquet de Nexus. Ils étaient nobles et relativement modérés, alors que les Bas-Elfes désignaient ceux qui avaient dû vivre avec les autres communautés non-elfiques, que ce soit les nains, ou, plus généralement les humains. Ils étaient aigris, car ils vivaient souvent dans des ghettos, dans des villes raciales, où ils accusaient les humains de les avoir volés, et où les humains les accusaient de les voler. Un dialogue de sourds dégénérant fréquemment sur des émeutes, contredisant ainsi l’idée reçue selon laquelle vivre en communauté  de manière sédentarisée serait sécurisant.

« Je ne suis pas spécialiste. J’ai bataillé avec les elfes il y a quelques mois contre des Orcs. Je peux indiquer la cité elfique en ruines sur votre carte, mais j’ignore où se trouve leur vrai campement. Il change d’emplacement régulièrement. »

Il lui expliqua qu’il y avait deux factions, au sein des elfes de la région, puis lui montra la carte de la région. Le refuge des druides était plus proche que la fameuse cité.

« En théorie, les druides sont pacifiques, et se refusent à attaquer en premier. En théorie, encore une fois... »

Enre savait bien des choses, et, pour le coup, s’avérait être un allié utile. Silke savait donc où aller : rejoindre les druides, puis, à partir de là, les elfes. Il fallait qu’elle trouve un moyen de les rallier. Le plus logique était qu’il y avait une dissension entre eux, entre les modérés et ceux qui avaient une vision plus extrême des choses.

« Je vous recommande d’être prudente dans cette forêt...
 -  Votre château de pierre m’effraie plus que n’importe quelle forêt, paladin. »

L’homme esquissa un pâle sourire, sans rien dire. Les Amazones avaient du caractère, et il n’allait pas s’y opposer. Raven s’avança à pied, et s’enfonça dans la forêt.

Comme Vaelh l’avait fort justement soupçonné, Silke était une traqueuse. Elle avait commencé en chassant du gibier sous l’œil expert de sœurs plus âgées. Il fallait s’immerger dans la forêt, faire partie du décor. Silke portait peu de vêtements, car il fallait faciliter sa couverture, et faire le moins de bruit possible. Elle attrapa de la terre sur le sol, et, pendant plusieurs minutes, s’en recouvrit le corps. Le déguisement n’était pas parfait, mais suffisamment crédible pour faire office de trompe-l’œil face à un guetteur. Elle s’avançait, suivant les traces de Vaelh, voyant, ici et là, quelques branches cassées, des empreintes de pas. Certaines étaient fausses,.

Sa traque était longue, calme, patiente. Ici et là, elle voyait des cerfs ou des biches. Jadis, elle aurait tout donné pour être ainsi, suffisamment proche d’eux pour pouvoir bander son arc et les abattre. Combien de fois avait-elle ragé, enfant, en les voyant détaler comme des lapins, alors même qu’elle ne pensait avoir fait aucun bruit ? Elle continuait à s’avancer, jusqu’à entendre des soupirs et des gémissements.

« Ah... Maudit sois-tu, ma pauvre... Faire confiance à un Incube comme ça... »

Une femme bougonnait à voix haute. Silke se rapprocha prudemment, et vit une clairière. Une femme nue était en train de se relever lentement, et, vu son état, elle avait l’air d’avoir passé un bon moment avec Vaelh.

*Apparemment, lui aussi recherche les druides...*

Mais pour faire quoi ? Cet homme n’était pas fiable. Silke s’avança un peu, et marcha volontairement sur une branche. La druidesse se retourna rapidement, et sa main se tendit vers son bâton.

« Si je voulais te tuer, ce serait déjà fait. »

La druidesse déglutit, et fronça les sourcils.

« Tu... Tu travailles pour... Pour Raven ?
 -  Non... Mais je suis aussi une Amazone.
 -  Hum... »

Une lueur suspicieuse brûlait dans son regard. Silke savait à quoi elle pensait.

« Raven a trahi la cause de la Horde. J’ai été chargée par la Reine Andromaque de la retrouver et de la capturer, de mettre fin à ses exactions.
 -  Elle prétend être l’élue d’Artémis, suivre la voie des véritables Amazones...
 -  Elle a été dupée par des individus qui lui ont menti. Seule la Reine Andromaque parle au nom de la Déesse, et elle, aussi bien que les prêtresses, sont formelles : Raven a méconnu les principes de notre peuple. Elle essaie de vous entraîner sur une voie qui ne pourra mener qu’à votre perdition.
 -  Peuh... Notre perdition, ce sont ces maudits humains, leurs villages qui consomment du bois à toute allure. Le pouvoir des druides est lié à celui de la Nature, de la forêt, des arbres qui y poussent... »

Silke savait ce que Raven leur avait dit. Rejoignez-moi, et ces hommes arrogants partiront ! Quelle naïveté ! Mais Raven était douée pour retourner les cerveaux.

« Crois-tu donc que les humains vont fuir ou s’entretuer quand ils seront affamés ? Raven n’a fait que s’attaquer à des paysans désarmés pour l’heure... S’ils n’ont pas le choix, les hommes feront tout pour leur survie. Ils brûleront ta précieuse forêt pour en faire sortir les ennemis. »

La druidesse se mordilla les lèvres, visiblement fâchée de ces révélations.

« Où est parti l’Incube ?
 -  Lui ? Ah ! Parti... Parti comme un lâche ! »

Elle fronça lentement les sourcils, sans rien dire. Parti ? Vraiment ? C’était peu crédible... Mais il savait également se dissimuler en forêt. Elle était sûre qu’il était toujours là, à les épier, à les suivre.

« Mène-moi à tes camarades, druidesse.
 -  Pour les convaincre de tes inepties ? Je t’avertis tout de suite : elles sont moins tolérantes que moi...
 -  Veux-tu donc me tuer simplement pour des mots ? Est-ce là la légendaire hospitalité des druides ? Je croyais nos peuples liés... »

La druidesse grogna en haussant les épaules.

« Ouais... Mais ne parle pas de cet Incube ! À personne ! »

Silke haussa les épaules.

« Contente-toi de me conduire auprès des tiennes. »

Avec un peu de chance, les druidesses pourraient l’aider à obtenir des renforts.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le jeudi 13 novembre 2014, 21:23:29
N'ayant guère le choix, la druidesse s'était mise en route. Irritée de s'être faite surprendre dans un état pareil, elle espérait sincèrement que l'Amazone ne ferait aucune remarque. Elle aurait bien voulu croire que les Amazones n'avaient qu'une parole, mais ça n' était plus possible puisque soit Raven disait la vérité à propos des hommes, auquel cas la rousse mentait, soit c'était Silke qui disait vrai, faisant de Raven une menteuse. Contrite et en proie au doute, elle n'avait pas pipé mot pendant les premières minutes de marche. Puis, au détour d'un arbre, elle marmonna :
- Qu'est ce que tu crois pouvoir faire contre cette Raven, de toute façon ?
Quelques instants plus tard, la druidesse déboucha à l'orée d'un premier grand camp qui, au vu de l’agencement des quelques bûchés qui avaient servi de banc de fortune, avait servi d'étape à Raven. D'ici la druidesse s'annonça en hélant ses camarades, ainsi Silke put découvrir une communauté presque exclusivement composée de femme. Comparées aux hommes, celles-ci étaient plus sensibles aux voies de la nature et plus réceptives aux puissances élémentaires. A bien y penser, la composition d'un tel groupe était peut être l'une des raisons pour lesquelles ces communautés de la forêt s'étaient rallié du côté de Raven : les discours de cette dernière étaient surtout adressés aux femmes, aussi avait-elle pu trouver de nombreuses oreilles attentives.
- On y est. Avançons.
Dès lors qu'ils furent à découvert, une autre jeune druidesse vint à leur niveau. Les ornements discrets sur sa tunique indiquait un rang supérieur à celle qui servait de guide à Silke.
- Halte là. Qu'est ce que tu nous ramène, Enoxia ?
- Héline... Voici... Heum...

- Quoi ? Tu ne lui a même pas demandé son nom ?
L'étourdie se rendit compte que non. Elle s'apprêta a expliquer pourquoi juste avant de se rendre compte que ça aurait impliquer d'avouer l'état second dans lequel elle s'était trouvée après le passage de l'Incube, la laissant vaguement songeuse. Elle ne put que rosir.
- Bah... Tu as toujours été plutôt inattentive, mais tu n'es pas mauvaise pour autant. Que sais-tu d'elle ?
- C'est une amazone également, lança-t-elle bien vite pour changer de sujet. Comme cette Raven. Je crois qu'elle tient à savoir ce que cette dernière nous a dit dans un premier temps.
Ça n'était bien sûr pas exactement ce que Silke avait formulé, mais la présenter comme l'ennemie de Raven dès les premières secondes de cette entrevue aurait pu être dangereux.
- Hmhm. La druidesse se tourna pour retourner vers le camp, laissa les deux femmes la suivre. Raven est venue ici pour nous parler des sédentaires, et de ce qu'ils comptaient faire. C'est une lucide, je dirais, et elle s'est très bien rendue compte que ces mauvais hommes avec leur châteaux n'étaient qu'un fléau pour nous. Elle sait qu'ils détruisent la nature pour planter ici et là toujours plus de leur village, et quand certaines d'entre nous s'interposent aux nom de la forêt, elle n'ont droit qu'à de la méchanceté. Je n'entrerais pas dans les détails. En venant ici, elle nous à dit : «ces gens ne comprendront jamais que leur vie ne vaut pas forcement plus que celle d'un vénérable bosquet. Ils sont là pour prendre sans jamais rien rendre, et leurs hommes sont les plus mauvais de tous ». Et très sincèrement, tout ceci est vrai. Alors elle nous a enjoint de nous dresser contre la tyrannie. Nous allons lutter pour nous et la nature, enfin !
- Mais cette Amazone m'a dit que Raven n'avait remporté que des victoires de petite envergure : paysans, fermes...
- Alors c'est sa parole contre la sienne. Rien ne t'oblige à la croire. Héline alla s'asseoir sur un demi tronc posé non loin d'un feu, invitant l'amazone et sa seconde à faire de même. Il n'y avait rien d'hostile dans ses gestes. Raven est venue à nous, accompagnée de celle qu'elle avait libéré. Elles sont la preuve de ses victoires, même si ne leur avons pas directement parlé. Et toi, l'Amazone, tu viens seule ici avec seulement ta rancune.
- Elle dit aussi que Raven aurait trahi la cause de la horde !
- C'est comme je disais, l'Amazone : tu accuses, tu accuses, mais quelles preuves as-tu ? Et même si tu avais raison, tu crois que nous nous priverions d'un soutien comme Raven ? Je la sens sincère, elle detèste ces sédentaires au moins autant que nous. Peut être pas pour les même raison, mais peu importe. Ce qui compte, c'est qu'elle et nous ayons un ennemi commun. En plus, comme elle s'est souvent battue contre eux, elle pourrait nous donner de nombreuses informations pour les vaincre. Et toi, qu'as-tu à proposer contre tout ça ? Rien que ta parole ?
A présent, Silke devrait correctement défendre son cas si elle voulait ne serait-ce qu'en savoir plus sur la localisation actuelle de Raven.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le dimanche 16 novembre 2014, 02:09:08
Suivant sa guide improvisée, Silke se retrouva dans le refuge des druides. Il y avait plusieurs femmes, essentiellement des druidesses, mais l’Amazone vit aussi d’autres créatures. Elle vit des dryades (http://astuce-soluce.playfrance.com/images/2/2e/Witcher_C08.jpg) dans les arbres, leur peau verte se confondant avec l’atmosphère globale de la forêt. Des loups domestiqués et des wyverns se promenaient également dans les angles. Certaines druidesses se trouvaient près d’arbres, murmurant des mélopées, ou étaient assises devant des fleurs. Le centre du bosquet était marqué par un arbre central, assez grand, à côté duquel de multiples traits lumineux s’échappaient. Des arômes apaisants et magnifiques s’en échappaient, et plusieurs druidesses, encapuchonnées, étaient agenouillées devant cet arbre central, murmurant des mélopées et des prières devant lui.

Ici et là, dans les coins, Silke pouvait voir des espèces de symboles, et, au loin, derrière cet arbre, un dolmen était dressé... Probablement le cœur de la puissance des druides, là où ils se réunissaient ensemble pour faire des prières communes. Des tentes se trouvaient à l’entrée du bosquet, manifestant probablement du passage de Raven. Aucune maison constructible ne se trouvait là, confirmant bien tout le caractère sacré que les druides vouaient à la Nature... Un caractère sacré qui pouvait virer aisément dans l’extrême, comme c’était visiblement le cas en ce moment. Est-ce que Silke rejoignait une telle amie, ou est-ce qu’elle rentrait tout droit dans la gueule du loup ? Impossible à dire, mais, si elle pouvait apaiser les tensions, et convaincre els druidesses du risque que représentait Raven, un grand pas en avant serait accompli.

Pour le reste, Silke se sentait en tout cas extrêmement bien ici. L’harmonie entre la Nature et l’Homme, au sens générique du terme, avait toujours été l’un des crédos de la philosophie amazone. Les Amazones pensaient n’être que des filles de la Nature, et qu’il était donc de bon ton de la respecter, de se servir de ses fruits et de ses produits pour survivre. Ici, l’harmonie était atteinte, et elle se permit donc d’observer cet endroit, sans être particulièrement gênée en voyant que certaines femmes étaient toutes nues, comme si elles ne ressentaient plus le besoin de se vêtir.


(http://hydra-media.cursecdn.com/sorceleur.gamepedia.com/d/d4/Places_Druids_Grove.png)

Enoxia, sa guide, la conduisit vers le grand arbre-cœur, lorsqu’une femme se rapprocha. Vu ses marques, Silke soupçonna qu’il s’agissait de la Flaminique, un titre honorifique désignant la chef d’une communauté de druides. Le terme masculin, pour autant que Silke s’en souvienne, était « Hiérophante ». Cependant, tous les druides semblaient avoir disparu. La Flaminique, Héline, semblait bien plus soupçonneuse, ce qui amena Enoxia dans l’embarras. Silke savait qu’il y avait plusieurs schémas comportementaux types chez les druides. Ils ne savaient pas grand-chose des sociétés, ce qui, soit les conduisait à être très naïfs et très innocents, comme Enoxia, soit à être excessivement prudents et méfiants, ce qu’Héline semblait être. Les autres druidesses les regardaient de plus en plus, de même que les dryades. Silke n’était pas en position de force. Entre les dryades, les sorts magiques des druidesses, leurs animaux domestiqués, et probablement les Tréants dissimulés ici, en cas de combat, elle se ferait écrabouiller avec la même vitesse qu’un deux face à un flush royal.

Héline ne tarda pas à réagir à l’idée qu’on puisse accuser Raven, et l’Amazone comprit que la Flaminique partageait son point de vue à l’égard des hommes. À nouveau, elle observa les autres druidesses... Et crut déceler, dans leurs yeux, une certaine suspicion à l’égard de leur chef. La philosophie des druides était altruiste, infiniment bonne, ce qui, dans les sociétés antiques et tribales, faisait souvent des druides les guérisseurs des villages, des sortes de conseillers mystiques, assimilables, à peu de choses près, à des chamanes. Héline lui demanda des preuves, et Silke, toujours les bras croisés, finit par répondre :

« J’accuse, dis-tu, mais je n’ai encore rien dit... Je suis une Amazone, oui. Je suis Silke, et j’ai été mandée par ma Reine, la Reine Andromaque, de retrouver Raven, et de la juger. Oui, Raven a déshonoré le credo de la Horde. Si tu en doutes, Flaminique, c’est que ta colère a pris le pas sur ta raison. »

Silke parlait sur un ton sûr, déterminé, ses yeux acérés se plantant dans ceux d’Héline. C’était une femme à la peau svelte, jeune, mais elle sentait la colère de la druidesse palper dans ses yeux.

« Combien êtes-vous ? Une vingtaine ? Une trentaine ? Combien sont-ils, eux ? Crois-tu qu’ils abandonneront si facilement ? Ce sont des guerriers, ils ont des armes, des protections résistantes, et connaissent le feu et la magie.  Raven t’a promis de les renvoyer, de les détruire, mais ils sont chez eux, maintenant. Leurs forts arrogants sont leurs foyers, et ils ne l’abandonneront pas sans combattre. Est-ce donc là ce que tu veux pour les tiens, Héline ? La guerre ? Les massacres, les tueries ? La forêt réduite en cendres ? L’arbre-cœur qui saigne ? Où sont passés les druides ? Pourquoi n’y-a-t-il que des femmes ? Qu’avez-vous fait d’eux ? L’harmonie, l’équilibre... Il me semblait que c’était là l’un des fondamentaux de la Nature. »

Décroisant les bras, elle s’avança un peu vers Héline. Silke marchait sur des charbons ardents, mais elle espérait aussi faire réagir les autres druidesses.

« La Horde n’apprécie pas les mâles, reconnut-elle, mais elle ne souhaite pas leur suppression. L’équilibre se doit d’être respecté, la balance entre les forces contraires se doit d’être préservée. Raven a déshonoré son peuple, et vous aveugle en jouant sur vos émotions et sur vos ressentis. Je n’ai pas de preuves à te donner de ma bonne foi, Héline... Aucune preuve, si ce n’est celle de vous appeler à ouvrir les yeux. Que vous a promis Raven ? L’unité ? La paix ? Comment peut-on promettre une chose et vous offrir son contraire ? Elle a divisé votre communauté, vous a manipulé. J’ai vu les hommes, j’ai vu leur fort, j’ai vu leurs cavaliers. Ils s’apprêtent à attaquer, et vous serez en première ligne. Peut-être parviendrez-vous à les repousser, oui, mais vous en sortirez affaiblies... Meurtries, et la forêt blessée. »

Elle ne s’adressait pas qu’à Héline. C’était au reste de la communauté qu’elle s’adressait, attirant sur elle l’attention de toutes les druidesses.

« J’ai vu leurs armes, j’ai vu leur cruauté et leur potentiel de destruction. Oui, les hommes sont mauvais. Oui, ce sont des monstres, des brutes impitoyables. Ils sont têtus, bornés, et arrogants. Si vous entrez en opposition avec eux, ils ne vous feront aucun cadeau. Mais j’ai aussi vu la compassion chez eux. J’ai vu l’écoute, j’ai vu la tolérance. Ils sont capables d’écoute, mais restent éternellement de grands enfants, terrorisés par ce qu’ils ne comprennent pas. Ils sont comme des chiens qui, face à une personne dont ils ont peur parce qu’elle est différente d’eux, mordent. Raven veut que vous vous sacrifiiez pour sa vengeance personnelle. Vous êtes des druides, des êtres de sagesse, qui réfléchissez, qui prôné la paix et l’écoute... Montrez-vous dignes de cela, et montrez aux hommes qu’ils n’ont pas à vous craindre... Ou préparez-vous à affronter la tempête ! »

Son ton montait, devenant de plus en plus fort, et elle s’arrêta.

Il restait juste à espérer que son discours ait fonctionné.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 23 novembre 2014, 16:34:04
Le public s' était massé peu à peu autour des interlocutrices, quoi que d’avantage derrière la Flaminique que derrière l'Amazone. Un telle disposition impliquait que malgré la suspicion ambiante, il était plus facile pour la communauté d’adhérer au point de vu d'une des leur plutôt qu'à celui d'une étrangère. Qui aurait pu les blâmer pour ça ? Mais même si beaucoup s'était déjà inconsciemment rangés du côté d'Héline, les mots de Silkes quant à la capacité de destruction des sédentaires fit souffler sur l'assemblée un subtil vent d'incertitude. Tout ces êtres qui écoutaient le débat n'étaient pas des idiots. Leur naïveté n'était pas si grande qu'ils pensaient pouvoir mener un conflit sans perte. Mais l'entendre dire aussi crûment avait quelque chose de déstabilisant. Et comme des murmures plein de doute commençaient à sourdre tout autour d'elle, la Flaminique imposa le silence.
- Si je doute que Raven ai pu déshonorer le credo de la horde, c'est justement parce que j'ai encore toute ma raison et ma lucidité. Nous ne sommes pas beaucoup, c'est vrai. Du moins pour l'instant. Regarde autour de toi comme la forêt est vaste. Tu crois que nous sommes le seul peuple à souhaiter l'expulsion de ces fous et de leurs tours de pierre ? Le mécontentement à leur encontre s'étend au delà des arbres ! Jusqu'au terre sauvages, là où les Terranides font l'objet de raids pour être réduits on esclavage par ces humains. Ces mêmes humains qui s'éloignent toujours plus de leurs racines, qui corrompent leurs femmes, leurs enfants, tout. Tu sais, il n'est pas question que d'une guerre entre cette forêt et ce fort au loin. C'est une guerre entre la folie et la raison. Entre la corruption et la pureté. D'ailleurs... Pourquoi ne viens-tu pas te joindre à nous ? Imagines un peu : Terra toute entière lavée de la fange malsaine ; Terra la terre pure et fertile, paisible et merveilleuse ; Terra le monde de l'égalité absolue. Nous pouvons créer un authentique paradis. Tout ce qu'il faut, c'est oser se dresser contre l'oppression, ensemble. Alors viens, l'Amazone. Laisse de côté ta guerre personnelle, et viens te joindre à quelque chose de beaucoup plus grand. Fais parti de ce grand tout avec nous.
En lui offrant une telle opportunité, Héline avait su renforcer la confiance de ses suivantes en sa personne. Elle marqua une pause en se lança dans des explications plus poussées.
- Nous ne sommes pas bêtes. Nous savons qu'actuellement, si nous ne mobilisons que cette forêt, nous ne ferons que nous écraser contre les murs de pierres de ces fous. C'est pour ça qu'au lieu d'attaquer comme des idiots, nous feront comme Raven à dit : rendre paisiblement visite à nos communautés cousines pour leur parler d'un grand soulèvement, d'un combat final du bien contre le mal. Petit à petit, nous allons donner naissance à la plus grande horde que ces terres aient jamais vu et nous nous battrons pour nous mêmes. Mon devoir est de rallier de bonnes âmes à ma cause, tandis que Raven continuera de libérer toutes celles qu'elle peut tout en se faisant l'émissaire de cette nouvelle horde. Peut être est-elle déjà repartis, je ne sais pas. Mais je te vois déjà venir, tu vas me dire que Raven va vouloir devenir la nouvelle reine de cette nouvelle horde. Tu sais quoi ? Très bien. Si elle nous guide jusqu'à la liberté absolue, alors je veux bien qu'elle soit ma reine et je ferais tout ce qu'elle désire.
L'ardeur de ses mots avait su toucher les plus indécises des druidesses et autres créatures de la forêt. Petit à petit, Silke pouvait remarquer que le public se laissait complètement adsorber par la sincérité des mots d'Héline.
- Dans l'histoire, la liberté ne s'est jamais acquise facilement. Alors s'il te plait... Viens avec nous. Tu seras ici chez toi. Toutes tes sœurs pourront venir, nous formerons une nouvel horde gigantesque, et nous nous libérerons en même temps que nous libérerons la terre. Peut être que cette croisade permettra à certains d'ouvrir les yeux et de revenir à leur racines. Peut être que les mâles seront moins exécrables... Peut être que si nous leur montrons la pureté, la vraie, ils retourneront à leur authentique nature, et peut être vont-ils se montrer moins violents, moins destructeurs et plus doux. Tu n'as jamais rêvé, ou même pensé une seule petite fois, qu'avoir des mâles sur la même longueur d'onde que nous toutes serait formidable ? Raven ne veut que nous libérer en chassant les maux du monde. Et quand viendra l'heure de reconstruire, nous devrons veillez à ce que tout recommence sur de bonnes bases. Et si les mâles ne l'entendent pas de cette oreille... Alors la situation va s'inverser. Ils deviendront nos choses, et nous pourront disposer d'eux sans la moindre compassion comme ils l'ont si longtemps fait avec nous.

*
**

Vaelh avait fini par entendre la discutions depuis sa cachette, mais il ne pouvait pas encore s'approcher : plus aucune rune magique n'était inscrite sur sa peau, et sa magnificence l'aurait rendu aussi repérable qu'une soleil dans la nuit. De son perchoir vert, il devait bien admettre que Héline se défendait bien, quand bien même elle parlait à propos de chose qui n'avaient que peu de sens pour un Démon. « Liberté » ? « Pureté » ? Bah ! Silke allait devoir choisir ses prochains mots avec soin, parce que dans le camps, on commençait à la voir comme une faiseuse de trouble trop ingrate. Ou même comme une espionne. Vaelh se tenait prêt à intervenir.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le lundi 24 novembre 2014, 01:44:07
Raven avait toujours été plus douée à manier les mots que Silke. Les deux femmes étaient des amies d’enfance, et, même à l’époque, Silke avait déjà pu noter ce talent qu’elle avait pour que les choses aillent dans son sens. L’Amazone était alors trop jeune pour voir dans le comportement de Raven autre chose que de simples plaisanteries enfantines. Raven avait une fois brisé un arc. Plus douée à l’épée qu’à l’arc, elle avait été furieuse de louper son tir contre une biche, et de voir que la flèche décochée par Silke, elle, avait atteint sa cible. Silke avait alors été trop jeune pour sentir la jalousie et la rage dans le comportement de Raven. Elle avait brisé en deux l’arc, en l’envoyant se fracasser contre un tronc d’arbre, puis avait laissé à Silke le soin de dépecer la bête. Quand Silke était retournée au camp, plus tard, elle était tombée sur plusieurs Amazones contrariées. Raven leur avait dit que c’était Silke qui avait détruit l’arc, afin d’humilier Raven. Silke avait été punie, et s’était isolée dans un coin du camp, furieuse contre la femme. Raven avait été la voir plus tard, et s’était excusée, prétextant qu’elle avait agi sous l’effet de la colère, et qu’elle n’avait jamais voulu que Silke soit battue. Gentille, et surtout naïve, incapable de croire qu’une autre de ses sœurs puisse être à ce point malicieuse, Silke avait cru Raven, et, pour la consoler, Raven l’avait embrassé sur les lèvres… Et lui avait fait l’amour. Comment lui en vouloir ?

Cette anecdote revint à l’esprit de l’Amazone, alors que la Flaminique refusait à voir la vérité. Raven avait su bien lui parler, et Héline opta pour un autre angle d’attaque, suggérant qu’elle avait des alliés pour l’aider à combattre les humains. Elle n’avait rien entendu de ce que Raven avait dit, et les druidesses qui l’entouraient commençaient à devenir un peu plus sceptiques à l’encontre de l’Amazone, voyant en elle un élément perturbateur, venu ici pour accomplir une vengeance personnelle contre une Amazone ayant choisi de trahir le dogme des Amazones. Héline parlait avec de la folie dans la bouche, vantant un monde meilleur, utopique, où règnerait l’égalité et la tolérance. Raven, pour seule réponse, secoua la tête.

« Tu parles de paix, de tolérance, alors que tu as chassé tous tes homologues masculins. Tu parles de liberté, mais tu es prête à faire tout ce que Raven te demandera. Tu parles d’un meilleur respect que les hommes ressentiraient pour le sexe féminin, mais tu es prête à tous les massacrer et à les asservir. Non, Héline, je n’accomplis pas une vengeance personnelle… Je poursuis une femme qui doit être jugée par ma Reine. »

Silke se déplaça lentement, écarta les bras, regardant la foule, consciente qu’elle était progressivement en train de les perdre. Malheureusement, elle n’était pas une bonne oratrice, ce qu’on pouvait tout à fait ressentir dans la manière dont elle parlait et agissait. Elle était trop directe, trop franche, incapable de séduire son public, d’opter pour cette stratégie diplomatique visant à enjoliver la vérité par quelques compliments.

« La violence n’est pas l’apanage des hommes, rétorqua Silke. Après quelques hésitations. Les Amazones en sont une bonne illustration, non ? Oui, Héline, je reconnais que ce monde a des défauts. Les sociétés sédentarisées sont des gens effrayés et violents, ignares et imbéciles, qui préfèrent asservir les autres plutôt que réfléchir. »

Silke continuait à marcher. Elle était en infériorité numérique. Si ces femmes cherchaient à l’attaquer, elle ne pourrait rien faire d’autre que fuir, et pester. L’Amazone réfléchissait, cherchant à les convaincre. Héline était convaincue de la justesse de sa cause, convaincue que sa guerre allait changer les choses. Elle s’aveuglait, et insister sur ses chances inexistantes ne ferait que la heurter à un mur. L’Amazone devait trouver un autre angle d’attaque :

« La Horde vit en-dehors des sociétés sédentarisées, poursuivit-elle, en suivant son idée. Nous sommes traquées par l’Ordre Immaculé, et nous sommes des guerrières. Nous pillons et attaquons, mais jamais sans raison. Nos cibles sont des gens choisis, des seigneurs qui extorquent les leurs, qui ont trahi leurs lois et leurs principes. Si tu estimes que le seigneur de la forêt a rompu ses engagements, alors je ne chercherais pas à t’en dissuader. Ceci étant dit, Raven a trahi la Horde. Si tu en doutes, va dans un temple d’Artémis. Ma Reine est en contact avec le culte d’Artémis. Si tu crois en tes mots, tu me laisseras aller jusqu’à Raven, afin qu’elle soit jugée par les siennes. Si sa cause est juste, alors la Déesse-mère la bénira. »

Difficile de dire si sa stratégie allait marcher… L’Amazone ne pouvait que l’espérer.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mercredi 26 novembre 2014, 14:56:34
La Flaminique soupira longuement, comme une adulte lasse de ne pas pouvoir atteindre une enfant avec sa sagesse. Elle resta assise et silencieuse pendant le discours de Silke, adoptant une attitude subtilement indolente pour souligner que les mots de l'étrangère n'avaient que peu de poids. Quand cette dernière en eut enfin fini, la Druidesse balaya tout ses arguments, qu'ils fussent justes ou non, d'un seul revers de la main.
- Tu nous ennuis, lança-t-elle en se faisant d'un seul coup une porte parole plus intime par l'emploi du "nous". Elle parlait à présent pour toutes ses sœurs en se présentant comme l'avatar de leur volonté et sentiments profonds. Tu nous ennuis vraiment. Tu viens chez nous pour nous livrer TA vérité, pour nous faire dévier de notre course. Comme si nous n'étions pas assez grandes pour savoir nous même ce que nous désirons, et où nous voulons aller. Avons nous vraiment l'air si bête que ça ? S'indigna-t-elle en s'adressant tant a Silke qu'aux autres femmes. Non ! Notre peuple est beau et bon. Ancien et sage. Nous savons toutes que la nouvelle ère approche, un temps ou la balance va pencher pour rattraper toutes les inégalités dont les uns ont été victimes. Et ça ne sera que justice. Vraiment, tu nous ennuis, et tu nous insultes. Et comme nous ne sommes pas ces crétins dans leurs chateaux, nous n'allons pas te sauter dessus pour te tailler en pièce -même si l'envie est présente-. Alors tu vas partir aussi loin et aussi vite que tu le peux d'ici, et si jamais tu oses revenir pour nous cracher ton venin de la dissension, tu goûtera à notre magie verte. J'estime que nous avons été assez patientes, accueillantes et tolérantes à ton égard ; alors à présent, pars !
Les suivantes de la druidesse s'étaient à présent ralliées derrière elle et tâchaient de mettre la pression à Silke en la fixant. On attendait plus qu'une chose d'elle : qu'elle s'en aille à jamais. Toute la forêt la regardait dans un silence terrible.
Toute la forêt sauf deux personnes.

*
**

Avant que la tension ne monte d'un cran de trop, Enoxia avait repéré un mouvement fugitif à l'orée des arbres, comme deux petites lucioles d'or qui avaient semblé se montrer rien que pour elle. Personne d'autre ne les avaient remarqué hormis elle. Alors, discrètement, elle s'était éclipsé pour les suivre. Elle n'avait pas vraiment réfléchi à la raison qui la poussait à agir ainsi, mais elle sentait au plus profond d'elle même qu'une... Récompense pourrait l'attendre. Alors elle avait marché, marché, puis...
- La situation ne tourne pas en faveur de mon amie !
La voix venait de derrière elle, chaude que le soleil, sucré comme le bon miel. Elle s'écoulait jusqu'aux oreilles de la femme pour venir flatter le fond de sa conscience.
- Toi !
- Encore moi, oui. Je t'avais bien dit que je reviendrais, lui confia-t-il avec un timbre légèrement coquin. J'ai de nouveau besoin de ton aide. Et si tu parviens à remplir cette nouvelle mission que je vais te confier, je t'offrirais... Un voyage !
- ... Quoi ?
- Hmhm, un voyage sensationnel, littéralement. Tu sais bien... Comme celui de tout à l'heure. Mais plus loin ! Bien plus loin... Vers l'infini.

Vaelh n'eut pas besoin d'en dire plus, la jeune femme était déjà sous son emprise. Son coeur palpitait même d’émoi et d'impatience.
- Bien... Je vais t'aider...
- Génial ! Merveilleux ! Dans ce cas... Au vu de la tournure de leur débat, là bas, mon amie va finir par se faire chasser de la forêt. Comme c'est toi qui l'a guidé jusqu'ici, tu diras... Hm... Que tu vas te charger personnellement de la faire disparaître puisque c'est de ta faute si elle arrivé jusque là. Si ça ne marche pas, trouve autre chose, improvise ! Mais dans tous les cas, quand tous les regards seront tournés, tu indiqueras à l'Amazone par où est partie celle qu'elle chasse, et comment la suivre sans risquer de se faire repérer par cette forêt. Tu répondras aussi à toutes ses questions dans la mesure du possible, et très prochainement... Je reviendras rien que pour toi.

La jeune druidesse sentit une paire de lèvres tendres se poser sur sa nuque, déclenchant chez elle un frisson d'interdit.
- Maintenant va.
Ainsi s'empressa-t-elle de s'executer, trop avide d'une nouvelle récréation avec le beau diable. Quand à ce dernier, il souriait, bien heureux que le grand jeu puisse continuer.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 28 novembre 2014, 01:58:08
« J'estime que nous avons été assez patientes, accueillantes et tolérantes à ton égard ; alors à présent, pars ! »

Silke vit que, désormais, toute la communauté s’était ralliée autour de la Flaminique. L’Amazone restait une étrangère, qui venait remettre en cause leurs croyances. Il était normal de douter d’elle, et de préférer croire les explications de leur supérieure. Héline lui ordonna de partir, et Silke ne comptait pas employer la force, non seulement parce qu’elle n’en voyait pas l’utilité, mais aussi parce qu’elle n’était pas à son avantage. Les loups domestiqués grondaient lentement près de leurs dresseuses, les dryades avaient pointé leurs arcs, et les Tréants semblaient sur el point de s’animer. Elle voyait aussi les bâtons des druidesses, levées, prêts à déclencher leur terrible sort. L’Amazone comprit qu’elle avait perdu cette bataille. Soit ses talents de diplomatie étaient à revoir, soit, et c’était une autre hypothèse tout à fait recevable, ces femmes ne voulaient pas entendre la vérité. Elles voulaient la guerre, elles souffraient trop de la présence des hommes. Silke pouvait les comprendre, et elle admettait volontiers toute l’ambivalence de sa position. La Horde était un peuple de guerrières, de femmes qui n’hésitaient pas à assiéger des forts, et qui avaient, ce faisant, parfois provoqué, directement ou indirectement, la mort de civils. Même si la Reine Andromaque cherchait à civiliser la Horde en mettant fin aux anciennes pratiques barbares, le fait est que la Horde avait eu une longue tradition belliciste et cruelle. Impitoyable avec leurs ennemis, les Amazones avaient aussi été, pendant longtemps, impitoyables entre elles-mêmes. Elles abandonnaient dans le désert les nouveaux-nés de sexe masculin, ou les bébés incapables de réussir les rites initiatiques. Des traditions qui avaient été proscrites sous le règne d’Andromaque, mais qui marquaient encore l’imaginaire collectif. En définitive, on récolte ce qu’on sème, et c’était bien le cas ici. La Horde était victime de préjugés liés à son passé cruel et rouge, et, aux yeux d’Héline et des autres femmes, Raven représentait beaucoup mieux l’esprit amazone qu’une femme qui venait leur parler de paix, de tolérance.

Elle se recula prudemment, écartant bien les bras, afin de montrer qu’elle ne comptait pas se battre. Parler était tentant, les mots semblaient brûler ses lèvres, mais elle les retenait, car elle savait que ce qu’elle dirait pourrait convaincre ces femmes de la tuer sur place. Elle croyait déceler quelques regards contrits et désolés dans les yeux de certaines femmes, tandis que d’autres restaient inflexibles, ou meurtriers. À choisir entre Raven et Silke, elles avaient opté pour suivre la voie dictée par Héline, leur aînesse. Pouvait-elle sincèrement le leur reprocher ? On avait aussi enseigné à Silke le respect de ses supérieures, et, si elle avait été à leur place, si une étrangère était venue critiquer la Reine Andromaque et ses choix stratégiques, Silke aurait eu instinctivement tendance à croire Andromaque, et à la suivre.

*J’ai été idiote, mais il est trop tard, maintenant… Encore une fois, mon orgueil m’a perdu, en m’amenant à croire que je pouvais les guider, leur montrer qu’elles se trompent.*

Maintenant, Silke le voyait, mais il était trop tard, trop tard pour faire marche arrière, trop tard pour s’excuser. Elle entreprenait de fuir quand elle entendit des bruits de pas.

« Je vais l’escorter hors de nos terres, Héline. »

Héline regarda Enoxia, fronçant lentement les sourcils.

« C’est moi qui ait amené cette étrangère ici, insista Enoxia. Il est de mon devoir envers notre groupe de la ramener hors de la forêt. »

Le temps sembla, pendant quelques secondes, se suspendre aux lèvres de la Flaminique. Elle semblait peser le pour et le contre, observant Enoxia de manière circonspecte. Silke pensait presque pouvoir deviner ses pensées. Qu’est-ce que cette femme lui cachait ? Qu’est-ce qu’Enoxia lui dissimulait ? Néanmoins, elle ne voyait aucune raison de se méfier de l’une des leurs, et, d’un point de vue politique, Héline redoutait peut-être que montrer son manque de confiance en Enoxia n’amène d’autres femmes à la questionner sur ses capacités de dirigeante.

« Très bien… Mais je ne veux plus voir cette étrangère sur nos terres ! »

Enoxia acquiesça en hochant la tête, puis fit signe à Silke de la suivre. N’ayant pas le choix, l’Amazone la suivit. La jeune rousse avait surpris Enoxia après avoir couché avec l’Incube qu’elle avait initialement traqué, et elle avait réussi à tenir sa langue. Enoxia voulait peut-être la remercier ? L’Amazone avait l’esprit empli de questions. Elle suivit la druidesse le long de sentiers forestiers, et comprit vite que cette dernière ne la guidait pas vers la sortie. Au lieu de ça, elles approchèrent d’une cascade perdue dans la forêt, au milieu d’arbres, et se posèrent au pied de cette dernière.

« Où m’emmènes-tu ? finit par demander Silke.
 -  Ne sois pas trop dure avec mes sœurs, répliqua Enoxia. Elles… Elles ont l’esprit embué par la colère et par la peur. Cette forêt est grande, mais elle l’était jadis encore plus. Jadis, des fées vivaient ici, et nous bavardions fréquemment avec elles. Malheureusement, ces esprits de la forêt ont fui à l’approche des humains, et se sont enfoncés plus en profondeur dans cette dernière. Certaines pensent que les fées reviendront si nous chassons le shumains, leurs scieries, et si la Nature reprend ses droits.
 -  Hum… »

Silke ne préférait rien dire, et Enoxia poursuivit, essayant d’expliquer un peu mieux sa pensée :

« Mais je ne pense pas que ce soit ce que la Nature veuille. Si Dagda était vraiment hostile à ce qui se passe, son courroux aurait déjà détruit ces forts arrogants. Je suis une éclaireuse, je commerce souvent avec ces hommes. Héline ne l’admettra jamais, mais la Nature n’est pas que beauté. Elle est impitoyable et cruelle, et, parfois, même nos herbes médicinales ne servent pas à nous soigner. La vérité, c’est que plusieurs des nôtres ont choisi de partir de la forêt, afin de goûter au confort des villes, et ont ouvert leurs boutiques, soit comme apothicaires, soit comme guérisseurs. Héline refuse le changement, elle refuse la marginalisation de notre peuple… Moi, je pense que c’est l’évolution naturelle des choses. »

Silke aurait probablement dû engager sa négociation en partant de ce point de vue. Sa fierté et son arrogance l’avaient rattrapé, en la forçant à se concentrer sur Raven, et ainsi à se placer directement comme une ennemie des druides. Elle sentait la tristesse dans la voix d’Enoxia. Son peuple était en train de mourir, de la plus redoutable des morts : pas celle de la guerre ou de la maladie, mais celle de l’évolution. Enoxia avait vu les visages ravis, elle avait vu les maisons bâties, elle s’était probablement réfugiée dans des auberges pour se protéger de la pluie, avait goûté aux joies des feux de cheminée, et avait vu que ses préjugés sur les hommes étaient infondés. Elle avait vu qu’ils n’étaient pas que des êtres cruels et cupides, mais qu’ils savaient aussi se soutenir mutuellement.

Est-ce qu’elle lui cachait autre chose ? Pourquoi cette aide subite ? Silke était tentée d’en savoir plus, mais la jeune femme restait prudente. Sa langue avait déjà fourché, et elle ne voulait pas se trahir à nouveau. Néanmoins, si elle ne disait rien, Enoxia pourrait aussi se dire que l’Amazone n’était pas un bon soutien.

« Je comprends la souffrance de ta peuple, et sache que la raison de ma venue ici n’est pas d’en profiter. Je veux juste retrouver Raven.
 -  Oui, oui, ça, je le sais... Il te suffit de continuer par là. Grimpe au sommet de cette cascade, et marche. Jadis, un magicien avait implanté sa tour au milieu de marais. Sois prudente, l’endroit abrite de multiples monstres. Près de cette tour, il y a un village… Raven l’a rasé il y a quelques jours, mais certaines de ses mercenaires y reviennent parfois. Si tu les suis, tu remonteras jusqu’à Raven. »

Silke hocha lentement la tête. C’était un début, et, dans ce qui concernait le pistage en forêt, elle estimait avoir toujours été talentueuse. Enoxia allait se retirer, mais Raven posa une main sur son épaule, l’interrompant dans son geste. Le regard interrogatif d’Enoxia eut rapidement droit à une explication de la part de Silke :

« Je te remercie pour ton aide, et j’espère que tes sœurs sauront revenir à la raison.
 -  Oui… Nous l’espérons toutes. De ce que je sais, ta Horde n’est pas non plus un exemple en matière d’intégration et de compréhension. »

Sur cette dernière note, la femme disparut, et Silke resta pensive quelques secondes. Ce n’était pas faux… C’était la Horde qui avait engendré Raven. La Horde était en pleine évolution, donnant lieu à plusieurs contradictions internes, à des paradoxes d’où émergeaient parfois des monstres… Des monstres comme Raven.

Elle grimpa vers le sommet de la cascade, et poursuivit sa marche.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 12 décembre 2014, 01:29:12
Théâtral dans sa manière d'être, le Démon avait attendu le moment opportun pour rejoindre sa camarade de jeu. A présent qu'elle était de nouveau seul, il pouvait l'approcher. Le bruit des trombes d'eau s'écrasant en contrebas avec force était venu perturber l'ouïe de l'Amazone lors de son ascension, ainsi Vaelh parvint-t-il à grimper par une autre piste avec sa naturelle grâce reptilienne sans se faire remarquer. En fait, il acheva même l'ascension en premier et se trouva un rocher plat. Il  y patienta, installé comme un modèle venant relever les couleurs d'une scène toute végétale.
Et l'Amazone arriva enfin.
- Ah, tout de même ! Non pas que je te trouve plus à l'aise sur le sol que sur un plan vertical, mais j'ai presque failli attendre. N'ai crainte, je ne nourris pas de remord à ton égard.
Tandis que la jeune femme achevait de se hisser, Vaelh lui apparut dans toute sa superbe. La magie qui estompait sa nature n'agissait plus. Ainsi, le mâle évoquait une nova de magnificence dorée. L'architecture impossiblement parfaite de ses traits vampirisait le soleil pour que sa peau clair s'en gorge, et ses yeux luisaient comme deux pépites d'or en fusion. Un parangon d'interdit aux airs lubriques juste à portée de main, à la beauté déphasée de la réalité.
- La petite druidesse s'est montrée coopérative ? C'est bien. Je n'en doutais pas, évidemment. Alors nous allons pouvoir nous remettre en route ! Vers l'aventure ! Lança-t-il gaiement avant de rejoindre Silke, tout en veillant à ne pas trop s'approcher dans le cas ou elle n'aurait pas l'humeur aussi légère que la sienne.
- Tu pourras me remercier plus tard pour avoir su agir dans les coulisses, hm ? Tu en as tout intérêt. D'ici là, passe devant et raconte moi ce que tu sais.
Certes, Silkes pouvait décider de garder le silence, mais le voyage aurait été bien ennuyeux.
Le duo arriva finalement à la périphérie des marais qu'avait mentionné la druidesse. Sans surprise, l'endroit était d'une tristesse absolue et empestait. Des arbres rabougris étaient parvenus à percer les haut boueuses ici et là, se perchant sur des plates formes de racines pour mieux déployer leurs frondaisons sombres et grasses. Ici, l'eau était si trouble qu'il était impossible de savoir si on y aurait eu pied. Et quand bien même, quelque monstrueux reptile se serait sans doute chargé de tout intrus. Pour l'heure, l'endroit semblait tout à fait calme ; le silence n'était troublé que par le clapotis de l'eau et le bourdonnement de petits essaims d'insectes, mais il ne fallait pas s'y fier : ce que Vaelh avait pris pour un rocher boueux massif se déploya paresseusement pour retourner nager sous l'eau. Et maintenant qu'il regardait la scène sous un autre angle, ses yeux perçants lui permettaient de repérer peu à peu toute une multitude de créatures écailleuses dissimulées un peu partout. La plupart étaient de grosse taille, la peau bardée d'écailles épaisses qui les faisaient se fondre dans leur environnement au point que les yeux d'un humain lambda n'aura jamais pu les voir, même au moment ou ces choses seraient passé à l'attaque.
- Ah, ça me rappelle certaines régions de là d'où je viens ! Mais en bien moins fastueux.
Originaire des Enfers, le Démon avait connu sont lot d'endroit dangereux. Forêt de cristaux carnivore, sous-dimensions hypnotiques, lacs de poisons... Autant de joyeuseté qui avait aiguisé chez le mâle des instincts de survie hors-normes. Ceux-ci prirent d'ailleurs le dessus quelques instants pendant lesquels Vaelh fit exceptionnellement prévaloir la prudence.
- Tu les vois ? Ils ressemblent à ce que vous appelez des alligators, mais avec une gueule encore plus trapue. Il en montra qui les fixait de ses yeux noirs. Juste là bas.
Pour l'heure, les créatures étaient paisibles. Si leur comportement était similaire à celui d'un alligators, elle se contenteraient d'attendre patiemment que le singulier duo d'aventurier s'avance près d'eux, ou au moins dans l'eau, avant de nager jusqu'à eux pour les attaquer au jambe pour les couler.
- Hm, ça me fait mal de dire ça, mais d'où je viens je n'ai jamais trouvé des étendues d'eau et de végétations si denses. J'ai vu tout un tas de chose, bien sûr ! Mais jamais... ça. Du coup, je ne sais pas comment reconnaître les endroits où l'on peut poser le pied en relative sécurité. Passe devant, je t'indiquerais l'emplacement de monstres que tu ne verras pas à temps.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le lundi 15 décembre 2014, 02:03:07
En atteignant le sommet, Silke eut la surprise de tomber sur Vaelh .Ses yeux s’écarquillèrent brièvement, et elle se raidit sur place, s’attaquant à ce que l’Incube l’attaque. Au lieu de ça, l’homme se contenta de se redresser, le soleil se reflétant sur son corps, et de la haranguer. Il n’avait nulle intention belliqueuse, ce qui surprit l’Amazone. Qu’était donc ce démon ? Un Incube ? Ou une créature destinée à la rendre folle. C’était comme s’il se moquait de leur combat dans le temple, de sa crise de rage passagère, et que tout était oublié. Un schizophrène en puissance qui lui laissa entendre que c’était lui qui avait envoyé sur elle la druidesse, Enoxia. Silke fronça lentement les sourcils, en se demandant ce que tout cela cachait. Elle se redressa, portant machinalement la main à la garde de son épée. Vaelh semblait avoir plusieurs facettes, et se mit alors à marcher, parlant, et parlant encore.

*Que diable veut cet Incube ?*

Elle avait réussi aux soldats du temple en allant à la poursuite de Vaelh. Elle pouvait le leur ramener afin de leur prouver sa bonne foi, et ainsi espérer pouvoir bénéficier de leur aide. Entre l’aide d’un Incube instable et celle de chevaliers et de soldats entraînés et armés, la balance penchait fortement en faveur de ces derniers. Pensive, Silke suivit Vaelh, tout en hésitant sur ses options .Certes, elle pouvait le ramener, mais, maintenant qu’il était là, face à elle, elle se demandait si ce n’était pas là la volonté de la Déesse-mère qu’elle utilise ce curieux homme pour l’aider à retrouver Raven. La volonté de la Déesse-mère était aussi impénétrable qu’une mer d’encre, et Silke était un peu perdue. Elle avait bien compris qu’elle ne pourrait pas vaincre seule Raven, mais elle ignorait vers qui se tourner... Devait-elle retrouver ses sœurs et avouer son échec ? Est-ce qu’elle était en train de s’entêter par fierté à poursuivre Raven, ou est-ce qu’elle la poursuivait par honneur, en se disant qu’elle ne pouvait pas attendre plus longtemps ? Les questions se multipliaient, et l’Incube continuait à parler, l’agaçant.

Le duo arriva dans des marais sinistres. Enoxia lui avait dit qu’une tour magique se trouvait par ici, ce qui signifiait que ce marécage putride devait abriter des réserves magiques, probablement des gisements de mana... Or, la mana avait aussi tendance à attirer les monstres. Le village se trouvait à proximité. Un petit village humain, qui, s’il était toléré par les autres forces de la forêt, ne devait pas couper beaucoup de bois. Le duo marcha un peu, et Vaelh lui expliqua alors que l’endroit était dangereux, hanté par de redoutables monstres, tout en comparant cela avec l’endroit dont il était originaire :

« Hm, ça me fait mal de dire ça, mais d'où je viens je n'ai jamais trouvé des étendues d'eau et de végétations si denses. J'ai vu tout un tas de choses, bien sûr ! Mais jamais... ça. Du coup, je ne sais pas comment reconnaître les endroits où l'on peut poser le pied en relative sécurité. Passe devant, je t'indiquerais l'emplacement de monstres que tu ne verras pas à temps. »

Silke le regarda en fronçant les sourcils. Il avait dit qu’il ne savait pas comment s’y repérer, mais qu’il comptait aussi l’aider à repérer les monstres potentiels ? Silke trouvait cela très contradictoire, mais se contenta d’une remarque, une observation qui lui brûlait les lèvres depuis maintenant cinq à dix minutes :

« Tu parles trop. J’ai besoin de me concentrer. »

Elle avait très peu parlé en le voyant. Elle aurait pu lui demander ce qui lui prenait, pourquoi il essayait de l’aider alors qu’elle le traquait, mais, quelle que soit sa réponse, Silke savait que ça n’aurait pas été la vérité. Soit l’Incube mentait délibérément, soit il était effectivement instable... Comme un Incube. On disait que ces démons étaient souvent des farceurs, des êtres suivant leur propre logique. Des démons dangereux, comme les succubes, qui pouvaient autant vous faire passionnément l’amour et vous laisser dormir en paix que profiter de votre exaltation sexuelle pour dévorer votre âme, et vous envoyer un aller simple en Enfer. Silke n’avait aucune confiance en lui, et elle le voyait très bien la pousser dans ce marais sinistre.

L’Amazone avança cependant la première, tout en restant vigilante. Ils suivaient un sentier filant au milieu des marais, voyant, ici et là, de grosses créatures reptiliennes sombres, qui se découpaient dans le liquide noirâtre et poisseux. Silke suivait le chemin lentement, voyant les créatures, les repérant avec les bulles d’air. Il s’agissait de sortes de crocodiles modifiés. La guerrière savait que ces créatures pouvaient rester immobiles pendant des heures, ou être dans l’eau pendant presque une heure sans bouger. Ils se confondaient ainsi avec le décor, et il était donc très difficile de les voir, ou de les entendre, vu qu’ils étaient immobiles... Immobiles, oui, mais pas endormis, même si on pouvait croire qu’ils étaient morts. Silke s’avançait le long des marais, jusqu’à voir le sentier s’arrêter, donnant lieu à des constructions humaines.

Il y avait des plateformes en bois, formant comme des passerelles instables, avec, parfois, des plateformes flottantes.

« Ils extrayaient de la houille... »

La houille devait ensuite être utilisée pour faire de la brai, que les habitants revendaient à leur seigneur, afin d’améliorer les défenses du fort en créant des pièges enflammées. Silke s’avança le long de la passerelle, s’appuyant sur la rambarde. Le bois craquait sous ses pas, et la plateforme tanguait dangereusement, s’engloutissant parfois dans une eau vaseuse, parfois sombre et poisseuse. L’endroit ne sentait pas très bon, et on pouvait entendre des grenouilles croasser. Des nénuphars flottaient ici et là, et, entre les arbres, Silke aperçut, sur la droite, des ruines flottant à la surface de l’eau :


(http://img110.xooimage.com/files/e/1/0/latest-4904d5c.png)

Il était difficile de se méprendre. C’était la tour... Ou un bout d’elle-même, qui s’était effondré.

« Nous nous approchons... Et je sens qu’on nous observe. »

Avec les nénuphars, les buissons, les branchages, et les feuillages, Silke était convaincue que plusieurs paires d’yeux les observaient. Il n’y avait pas que ces crocodiles modifiés dont il fallait se méfier, et la femme connaissait suffisamment Terra pour le savoir. Sa main se raffermissait sur la poigne de son épée, tandis que tous ses sens étaient aux aguets.

Discrètement, plusieurs noyeurs (http://img110.xooimage.com/files/7/0/8/drowne10-4904d75.jpg) étaient en train de les observer, se préparant à agir.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 21 décembre 2014, 13:43:20
Lui, trop parler ?
Pour un être aussi émotionnel que Vaelh, on ne parlait jamais assez. Les mots, tout comme les actes, étaient naturellement employés pour exprimer ce que l'on ressentait. Et au vu de tout ce qui passait par le cœur et par l'esprit du Démon, il était logique de peu le voir se taire, de peu le voir rester statique. En un sens, s'il avait fallu peindre la vie dans ce qu'elle avait de plus radical, en bien comme en mal, et de plus intense, il aurait fallu le prendre comme modèle.
Malgré qu'il fut tout à fait concentré sur son environnement, l'Incube percevait quand même la cuisante onde de suspicion qui irradiait de la silhouette de sa camarade de jeu. Il n'en avait cure, parfaitement habitué à induire de tels ressentis. En fait, cela lui plaisait même un peu puisque ça participait à pousser ses interlocuteur à l'obsession : s'ils ne pouvaient pas penser à Vaelh pour sa beauté et son charisme, il était dans leurs esprits via leurs doutes. Il savait marquer qui il rencontrait.
Quand Silke s'autorisa un exposé très sommaire sur les activité que quelque humain crasseux pouvait bien pratiqué dans un tel endroit, Vaelh grimaça à la simple idée de devoir ramasser de ses propres mains quoi que ce soit qui fut issu de cette mélasse. Pire encore, il frissonna en s’imaginent victime d'un piège dont la matière première serait récoltée ici. Quelle honte aurait-ce été ! De toutes façon, Vaelh était bien trop bon pour se laisser avoir de la sorte.
Jusque là, l'Incube avait miraculeusement patienté sans trop s'agiter. Puis il aperçut les créatures humanoïdes qui fendait la surface de l'eau trouble pour le fixer. Vaelh en était sûr : même si les orbites d'un blanc laiteux de ces choses ne devaient plus voir grand chose au delà d'un petit mètre, il devait leur apparaître comme une appétissante nova de couleur ! A bien les regarder, ils n'étaient guère que des bêtes. Même moins que ça : ils ne devaient même plus tout à fait avoir conscience de leur condition lamentable, et la seule chose qui devait les importer était sans doute le fait de trouver de la nourriture lorsqu'ils avaient faim. Avaient-ils été humains avant ? S'étaient-ils fait tué ici avant d'être ressuscité par l'ancien propriétaire de la tour pour mieux garder les lieux ? C'était très probable puisqu'ils ne s'étaient dévoilés que lorsque le duo avaient approché la ruine du bâtiment. Un puissant sort devait les lier à cet endroit...
Plus Vaelh dévisageait ces noyeurs, et plus il leur trouvait une ressemblance avec les sbires des abominables légions des Dieux, Demis-Dieux et Démon majeur de la maladie, de la mort et de l’inexorabilité. Au final, peut être que …
- Si le sorcier de cette tour a passé un marché avec un Seigneur des Enfers et de la Divine Déchéance, ces choses sont très probablement des Démons. Si c'est le cas, leur carrure fragile n'est là que pour nous leurrer : leur force est près du triple de la mienne, ils ne ressentent pas la douleur et peuvent survivre à des coups qui les mettent littéralement en pièce. Le feu fonctionne bien, mais même si on y avait recours, on ne ferait qu'incinérer tout cet endroit volatile et nous avec !
En exposant les fait, le Démon enragea de tout son être lorsqu'il comprit qu'il n'y avait concrètement pas grand chose à faire. Même si ces adversaire étaient bien piètre, leur nombre, leur attitude foncièrement bornée et leur résistance rendait tout combat beaucoup trop risqué et salissant. Grinçant des dents, l'Incube ajouta :
- Toujours si ce sont des Démons, ce ne sont que des entités mineures qui ne peuvent pas s'éloigner de l'endroit où ils ont été invoqués sous peine de se dissiper. D'ailleurs, pour qu'ils soient encore debout, le pentagramme qui leur a servit de portail doit encore être en relativement bonne état dans cette tour, sans doute en son sommet. Il ne faut vraiment pas traîner là, où on va finir encerclé ! Aboya-t-il avec une frustration aussi soudaine que violente.
Le duo ne disposait que de quelques secondes pour prendre une décision. Vaelh était sur le point de s'en remettre à Silke, ce qui aurait été plus sage pour trouver un chemin qui les aurait conduit hors de cet endroit...
Mais depuis quand les Incubes sont sages ?
Manquant de bousculer l'Amazone, l'Incube fonça tout droit. S'en remettant à la chance dans un soudain élan d'inconscience, il progressait par grands bonds gracieux d'un petit îlot à l'autre, se basant sur ceux qu'il avait déjà franchi avec Silke pour savoir où il pouvait poser les pieds sans tomber dans l'eau boueuse. Inexorablement, il se rapprochait de la tour. Plus de noyeurs sortaient de l'eau et convergeaient vers lui.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 23 décembre 2014, 01:42:17
La théorie de Vaelh reposait sur l’idée que les noyeurs soient des démons issus de la tour. Silke n’avait pas l’occasion d’en placer une, afin de pouvoir lui expliquer que les noyeurs n’étaient que de simples monstres vivant dans des zones marécageuses et humides, comme les marécages, ou encore les égouts, voire certaines plages assez sauvages où les noyeurs n’avaient pas été chassés par les humains. Ils n’étaient pas dangereux, mais étaient surtout nombreux, attaquant en bandes. Ils encerclaient progressivement les deux voyageurs, attirés par la chair fraîche, bien différente des odeurs de poissons.

« Attendez, ne... »

Trop tard ! Ce maudit Incube venait de prendre un raccourci, bondissant le long des petites îles faisant surface à la hauteur du marécage, afin de se rapprocher de la tour. Cette dernière ne devait pas être éloignée, vu qu’ils venaient d’en trouver un bout. Ils approchaient tous les deux de la fin du marécage, et, en se déplaçant si rapidement, l’Incube attira la présence des noyeurs, qui se déplacèrent plus rapidement. Quand Vaelh atterrit sur la terre ferme, Silke comprit que sa théorie sur la présence de démons ou de créatures attirées par la présence de la tour n’était pas fausse... Elle ne s’appliquait juste pas aux noyeurs. Quand il se posa sur le sol, son pied atterrit à côté d’une racine posée sur le sol... Sauf que ça n’était pas une racine. Le tentacule se déplaça lentement, et s’enroula d’un coup sec autour de la cheville de l’Incube.

« Vaelh ! »

Silke voulait le rejoindre, mais deux noyeurs bondirent devant elle, et trois autres dans son dos. Serrant les dents, Silke s’élança vers les deux devant. D’un coup rapide de son épée, elle leur ouvrit le ventre, et se retourna juste à temps pour lever son pied. Ce dernier rencontra la tête d’un des trois noyeurs, le repoussant, mais un autre réussit à bondir contre elle, enfonçant ses griffes dans sa chair. Le sang jaillit, Silke partit à la renverse, et mordit le monstre avec ses dents, lui arrachant le nez, faisant couiner la bête. Le troisième noyeur bondit en hauteur, et Silke roula sur le sol, l’évitant de justesse. Les blessures dues aux griffes du premier monstre étaient superficielles, mais n’en restaient pas moins douloureuses. Son épée au sol, elle frappa le troisième noyeur à la tête, ses gantelets ne cuir renforçant la puissance de ses coups. Sonné, le monstre tomba dans le marécage, et l’Amazone put récupérer son épée.

Elle atterrit sur un grand îlot central, et, par réflexe, bondit sur le côté, évitant une salve d’acide qui fit fondre un tronc d’arbre. D’autres créatures du marais jaillissaient de ces eaux putrides, et elle vit une trompe sortir de l’eau, annonçant le corps reptilien d’un bloedzuiger (http://img110.xooimage.com/files/0/c/9/bloedzuiger-4924072.jpg). Cette créature attaquait avec sa trompe, se déplaçant en glissant sur son ventre, comme un serpent. Il disposait de petites nageoires dont il se servait pour nager, ou pour se redresser en attaquant. Sa trompe larguait des salves d’acide, amenant Silke à devoir rouler sur elle-même, afin de les éviter.

Vaelh, de son côté, fut entraîné à travers des arbres, des buissons, des arbustes. Le tentacule qui l’avait capturé appartenait à une redoutable plante carnivore, un être cauchemardesque, un Xylomid (http://img110.xooimage.com/files/3/9/5/xylomid-49240ab.png). C’était un monstre effroyable, dont l’origine, pour certains spécialistes, était une perturbation magique ayant entraîné sur certaines plantes des mutations génétiques. D’autres soutenaient que le Xylomid était un monstre échappé des Enfers. Dans tous les cas, tous s’accordaient pour dire que c’était une créature effroyable et abominable, un prédateur redoutable qui se confondait dans la forêt. Il disposait de multiples paires d’yeux au-dessus d’une gueule abyssale hérissée de dents longues et pointues. Yeux et trompes se mélangeaient, les trompes pouvant larguer des salves d’acide, tandis que les tentacules grouillant sur la partie inférieure du monstre lui permettaient autant de se déplacer que de se battre.

Le tentacule relâcha Vaelh à l’approche d’un petit ravin, et l’Incube atterrit dans une crevasse. Le Xylomid trônait au centre, dans son nid, avec de multiples ossements reposant ici et là, et une odeur écœurante de chair en putréfaction. Orcs, Trolls, et parfois même quelques ossements de druides et d’elfes gisaient ici. La bête observait son nouveau plat avec une gourmandise sauvage, et des tentacules jaillirent de son ventre, dans le but d’approcher son repas, et ainsi de pouvoir l’amener dans sa gueule abyssale.

Rejoindre la tour ne serait pas simple.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 09 janvier 2015, 23:46:36
Trop impatient de rallier la tour pour y vandaliser quelque pentagramme qu'il aurait pu y trouver, Vaelh s'était montré imprudent. Son attention s'était bêtement focalisée sur l'édifice effondré et sur les îlots de terres qui semblaient stables, mais pas sur ce qui pouvait bien traîner dessus. S'il avait marqué une pause, peut-être aurait-il pu esquiver le membre visqueux qui s'enroula autour de sa cheville ; seulement, Vaelh était déjà en impulsion pour repartir.
D'abord, le monde tout entier vacilla. La lisière des arbres s'agença brutalement sur un plan vertical alors que le Démon tomba lourdement sur le dos, laissant échapper tout l'air de ses poumons. Désorienté, il ne put pas faire grand chose contre la force inexorable qui le tira dans les bois rabougris. La végétation fouettait sèchement son visage. Son monde était devenu si instable que l'Incube ne parvenait même plus à ressentir quoi que ce soit, sinon cette immense désorientation...
Jusqu'à ce qu'une brève chute survienne, laquelle fit défiler devant les prunelles dorées de Vaelh un tout nouveau tableau fait de roche, d'os et de malveillance.
C'est alors que survint l'impacte, rude et sec, qui fit danser des étoiles devant les yeux du Démon. Il cligna plusieurs fois jusqu'à ce que sa vision se rétablisse pour tomber nez à nez avec... Ça. Un tas de tentacules, d'yeux, de crocs, et de gourmandise. Vaelh resta interdit l'espace d'un fugitif instant, ses sourcils froncé de perplexité. La manière dont il s'était retrouvé traîné sous le niveau du sol et faire face à une créature beaucoup trop ressemblantes à certaines autres n'était pas sans lui rappeler le Enfers.
A ce simple souvenir, un flash submergea le Démon. Il se revit dans le Chaos d'Horizons des Enfers, chevauchant l'un de ses Casse-Dents -d'immondes créatures au cou tronqué et dont les pattes se terminaient par leur crâne qui heurtaient le sol à chaque foulée-. Il était accompagné par l'une de ses suites de chasse, en quête d'une nouvelle et terribles plantes qui viendrait décorer son palais. Aux enfers, les plantes étaient terriblement rares ; alors la moindre d'entre elle devenait un trophée, même lorsqu'il s'agissait aussi d'une créature très carnivore comme celle que l'infernale monarque convoitait. Cette dernière, comme le Xylomid de la crevasse, était une masse informe sans ni queue ni tête -littéralement-. Pire encore, celle des enfers qui vivaient dans le Chaos d'Horizon se moquaient des lois de la gravité et de la plus élémentaire des physiques pour se déplacer, se translatant de manière imprévisible, renversant la terre et le ciel à chaque mètre. Les détruire n'était pas impossible. En revanche, les capturer s'avérait être une entreprise impossible. Vaelh n'avait jamais réussi et, à chaque échec, à chaque retour bredouille avec sa suite très entamée, il enrageait tant que son cœur avait déjà plusieurs fois éclaté.
Échecs sur échecs, déceptions sur déceptions...
Mais pas aujourd'hui.
Cette fois, il n'était pas question de capturer la bête ; seulement de la ravager.
Seulement de se venger pour toutes ces humiliations passées, et de l'insolence présente de cette chose qui, même si elle n'était pas tout à fait la même créature qu'aux Enfers, devait bien avoir un lien avec.
La suite se déroula en trois rapides battement de cœur. Au premier, la plus pure, la plus distillée, la plus destructive des haines vint ronger la chair et l'âme du Démon comme un acide vorace. Au second, il hurla d'une voix foncièrement inhumaine, improbable et effrayante qui mêlait en une tempête sonore toute la frustration du monde, toute la rancune de l'univers... Et une vague d'impatience mêlée d'une euphorie aveugle grande comme la création dans son ensemble. L'écho d'un tel rugissement fit même frémir la roche de la crevasse avant de faire perdre à la créature toute sa confiance.
Et le troisième battement de cœur concorda avec une superbe impulsion qui lança le Démon fou furieux sur le monstre des marais, ses bras grand ouverts.
La toute petite once de bon sens ou de prudence que l'Incube avait pu avoir se consomma en un éclair. Exempt de toute logique mais pas de son instinct, il était devenu cette boule d’énergie brute qui, même désarmée, était sûr de pouvoir réduire sa cible en un tas de chair déchirée. Juste avant l'impacte, tandis que retentissait l'étrange note cristalline torturée, tout le côté noir de la crinière de Vaelh s'embrasa d'un feu cosmique pour ne laisser sur la moitié de son crâne une forêt très denses de corne de jais dérangeante et acérée. Ses yeux virèrent au noir complet, remplis d'encre par le flot de rune qui se mit à saturer sa peau, tandis que ses doigts virent pousser en leur extrémité des griffes d'or tranchantes comme des rasoir.
Ainsi transformé, plus près que jamais de la bête superbe qu'il était dans les Enfers, Vaelh rivalisait presque de monstruosité avec le Xylomid. Ce dernier, surpris mais pas assez intelligent pour sentir que la balance avait peut être penché du mauvais côté, agita sa masse de tentacules dégoûtants dans tous les sens pour créer un écran protecteur. Mais il était déjà trop tard : le Démon était déjà au corps à corps, tailladant tout un périmètre de peau du monstre pour le réduire en charpie.
Malheureusement, les tentacules commençaient à inexorablement former une cage autour du démon transformé.

*
**

Du côté  de Silke, les choses n'allaient pas forcement mieux. Elle se retrouvait à affronter des cibles multiples en terrains découverts. Au moins, les noyeurs lâchaient l'affaire... mais parce qu'ils faisaient place à des prédateurs plus dangereux qui n'auraient pas hésité à les tailler en pièce -ou à les dissoudre-. Leur petite meute tournaient dans les eaux troubles autour de l'Amazone avec l'aisance de gros poissons. Et ces fourbes attaquaient par surprise, sur les angles morts de leur proie, en jaillissant de l'eau juste le temps d'une rafale d'acide. Mais comme les instincts de Silke étaient affûtés à l'extrême, aucune des bêtes ne parvint à faire une touche directe. Impatientes, quelques rares d'entre elles prirent une impulsion violente dans l'eau et bondirent sur l'îlot en y glissant sur le ventre, de sorte à renverser l'humaine pour la couvrir de leur liquide.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 13 janvier 2015, 01:52:09
Silke avait déjà affronté des bloedzuigers et occis des centaines de noyeurs au cours de ses multiples traques dans les forêts. Ces créatures étaient des êtres assez fréquents dans les forêts, mais ils étaient nombreux, encerclant l’Amazone sur une étroite bande de terre. Les bloedzuigers étaient dangereux à distance, amenant Silke à courir rapidement vers eux. Elle tournoya sur elle-même en se rapprochant de l’un d’entre eux, et sa lame fila vers le long cou gélatineux du monstre, le décapitant proprement dans un grognement, le sang jaillissant du cou de la créature. Ses yeux se trouvaient juste au-dessus de sa bouche, formant deux petites orbites rouges, mais, d’après ce qu’elle savait, ces monstres ne se repéraient pas grâce à la vision. Un autre lâcha une salve sur sa gauche, et elle bondit à nouveau. Dans son dos, deux noyeurs en profitèrent pour jaillir hors de l’épaisse eau. Silke pivota sur elle-même, et la paume de son épée frappa le crâne d’un des noyeurs, le repoussant dans un craquement sec. Leurs os n’étaient pas très résistants, ce qui, accessoirement, les rendait plus rapides. L’autre noyeur réussit ainsi à bondir sur son flanc, et planta ses dents dans son épaule.

« Haaaa !! »

Le sang de Silke jaillit de sa peau, et elle utilisa son autre main pour repousser le noyeur, agrippant sa nuque. Il bondit dans l’eau, et Silke tint son épaule. La blessure n’était pas profonde, mais suffisamment pour la faire saigner. Sans tarder, elle attrapa un élixir d’Hirondelle. L’Hirondelle se présentait comme une fiole abritant un liquide bleuâtre, et qui permettait de régénérer rapidement la santé. Elle allait la prendre, mais un autre monstre l’attaqua. Une salve d’acide fila vers elle, et elle l’esquiva de justesse. Quelques gouttelettes la touchèrent à l’autre épaule, la faisant à nouveau hurler de douleur. En profitant, un noyeur bondit sur sa droite, et courut vers elle en hurlant. Au sol, Silke serra les dents, et bondit sur le monstre, heurtant ses jambes avec son dos. Le noyeur, en hurlant tomba au sol, et Silke entreprit de se relever. Les griffes du noyeur lacérèrent légèrement ses jambes, et son épée transperça son cerveau. La pointe de la lame ressortit, recouverte d’un sang verdâtre, tandis que des spasmes nerveux traversaient le système nerveux du monstre.

Un autre noyeur jaillit dans son dos, et un bloeduzuiger se tenait devant. Silke se baissa, évitant la salve d’acide, qui frappa le noyeur de plein fouet, faisant fondre la moitié de sa tête. N’ayant pas encore le temps de songer à Vaelh, Silke se dépêcha, et bondit vers le monstre. Elle fit une roulade sur le sol, se redressa, de la poussière et de la terre sur son dos ainsi que sur ses cheveux, et frappa sèchement. L’un des bras du monstre fut arraché, et, en ramenant sa lame, Silke décrivit un autre mouvement qui sectionna la créature à hauteur de son cou.

*Saloperies…*

Reprenant son soufflé, Silke remarqua alors une épaisse tâche de sang à la surface, émanant du noyeur qu’elle avait auparavant jeté dans le marais. Elle aperçut alors, sur la gauche, au milieu de nénuphars, des bulles d’oxygène… Puis deux yeux reptiliens.

*Non !*

Un énorme crocodile jaillit alors des nénuphars, sa gueule béante grande ouverte vers le corps de Silke. L’Amazone, qui tenait son épée, lame pointée vers le bas, ne dut sa survie qu’à un geste réflexe. Elle releva son bras, emmenant son épée avec elle, et la lame frappa la gueule du crocodile, écartant sa tête. Ses crocs claquèrent dans le vide, et la bête, massive, posa ses pattes sur el sol en grondant. Son épaisse queue jaillit alors, le crocodile s’en servant comme d’un fouet en pivotant légèrement sur lui-même. Silke vit la longue queue apparaître, et bondit en arrière. La queue éclata devant elle, fouettant le sol en la faisant tomber à la renverse. De la terre atteignit son visage, et elle en lâcha son épée. Le crocodile se repositionna alors, et fonça sur elle, ouvrant à nouveau la gueule.

Elle était coincée entre lui et, derrière elle, une petite butte de terre.

*Par la Déesse !* songea alors une Amazone catastrophée.

L’adrénaline battant dans ses veines lui permettait de faire abstraction de l’abominable odeur du monstre. Silke tendit ses mains en avant, et essaya de retenir la tête du monstre, une main sur le haut, l’autre vers le bas. Elle gémit en sentant la vive pression du crocodile. Ses griffes étaient plantées dans ses cuisses, faisant couler le sang de l’Amazone, et une vive tension était en train de lui broyer les bras, tandis que certaines des dents du crocodile avaient pénétré sa chair. Elle serra les dents, retenant difficilement des larmes de souffrance, tandis que la bête hurlait et se débattait, ses yeux comme fous. Le crocodile se débattait à gauche et à droite, et finit par bondir en arrière. Silke le suivit alors. Sa main se saisit de son épée, et le monstre chargea à nouveau. La main droite de Silke agrippa la garde de l’épée, et elle la releva, s’en servant comme d’une lance dont on se servirait pour pourfendre un cavalier, la lame pointée vers le haut. Le crocodile s’empala violemment dessus, la lame jaillissant de l’autre côté de sa gueule, et la bête hurla de douleur, vomissant du sang. Elle bondit en arrière, grognant et se tortillant, et Silke, incapable de se relever, attrapa l’Hirondelle, la décapsula, et la but d’une traite en soupirant.

Au moins, la venue de ce prédateur avait amené les autres à fuir. Blessé, le crocodile tentait de partir vers l’eau, mais cessa bientôt de bouger. La blessure était fatale.

*Bon sang…*

Reprenant peu à peu son souffle, Silke observa la carcasse du monstre… Avant de se rappeler que Vaelh n’était plus là… Et qu’une créature l’avait emporté dans les profondeurs de la forêt. Faisant abstraction de la douleur, Silke, gémissant malgré tout, tenta de se relever. Elle dut s’aider des racines et des pierres présentes, s’en servant comme soutien pour se redresser. Les blessures à hauteur de ses jambes étaient plus douloureuses que les morsures et les griffures des noyeurs, et elle s’approcha du cadavre du crocodile, afin de récupérer son épée, tout en espérant que Vaelh aille bien.




Il était rare que le Xylomid se nourrisse d’autres choses que de noyeurs ou de bloedzuigers. Ces créatures n’étaient pas très bonnes, présentant peu, voire aucune, viande. Alors, face à un tel mets, la créature redoublait d’efforts, déployant ses tentacules. Malheureusement, la nouvelle cible était nettement plus résistante que ce à quoi le Xylomid était habitué. Quand l’Incube trancha ses tentacules, la bête sentit de vives sensations de douleurs. L’Incube se rapprocha ainsi rapidement de la gueule, et, quand ce fut fait, le Xylomid hurla alors… Du moins, souffla. Avec sa gueule béante, ce souffle n’avait que pour effet de déstabiliser pendant quelques secondes sa cible, et un tentacule, plutôt gros, en profita pour jaillir du ventre du monstre, sous son corps, au milieu d’un amas de tentacules lui servant à marcher, et il frappa la cible sur le flanc, l’envoyant rebondir sur le sol.

Le Xylomid souffrait, du sang s’échappant de ses tentacules tranchés. Ils repousseraient, mais le Xylomid n’était pas une Hydre. Autrement dit, il fallait attendre un peu pour les voir revenir. D’autres tentacules foncèrent alors vers l’Incube, se dressant en hauteur, avant de tomber successivement, afin de le broyer.

La créature était bien décidée à en venir à bout.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mercredi 21 janvier 2015, 20:26:48
Ainsi transformé, Vaelh se rapprochait de la meilleur version de lui même. Plus rapide, plus vifs, plus forts... Ses sens étaient également on ne peut plus exacerbés... Et c'est justement ce dernier point qui joua contre le Démon. Lorsque le monstre projeta contre lui un véritable petit ouragan, Vaelh dut adopter une posture au plus près du sol pour opposer le moins de résistance au vent possible. Sa stratégie aurait pu fonctionner si la créature n'avait pas eu une haleine aussi létale : immonde comme elle l'était, puant la charogne, elle vint ruiner l'odorat hyper-sensible de l'Incube, lui infligeant une nausée et des vertiges tels qu'il fut neutralisé. Il ne put rien faire du tout contre le coup rapide que le monstre lui porta pour l’éjecter au loin. La douleur de l'impacte du membre flasque et du sol fut terrible, magnifiée par la condition de Vaelh. Mais au moins, il s'était retrouvé repoussé hors du nuage nauséabond. Ses esprits retrouvés, il parvint à filer quelques mètres plus loin juste avant que de gros tentacules ne percutent avec rage l'endroit où il s'était trouvé juste avant. Le temps que le monstre dresse de nouveau ses membres pour attaquer, Vaelh avait le temps d'évaluer la situation : il était en terrain très défavorable, sans aucune couverture, contre un ennemi qui se méfiait de plus en plus, dont la peau était si épaisse qu'il faudrait s'acharner de trop longue seconde sur un même endroit avant de pouvoir s'attaquer à ses organes. Et c'était sans compter l'acide du monstre : s'il pouvait en cracher, c'est qu'il le stockait bien dans une poche quelque part dans son ventre. Et percer un tel organe au corps-à-corps reviendrait à s’asperger jusqu'à dissolution.
Au final, la seule bonne stratégie était de fuir. 
L'incube n'avait aucun problème quant à une telle décision. Des notions comme l'honneur lui étaient étrangères. En revanche, il ressentait une frustration et une rancune abominable à l'encontre de son adversaire. Il se jura même qu'un jour, il reviendrait dans ce trou pour le pulvériser. Et avec la marque qu'il lui avait laissé sur son flancs poisseux, il n'aurait aucun marque à le remarquer.
Alors, juste après avoir esquiver un nouveau coup descendant qui leva un véritable petit nuage de saleté en tout genre, le Démon s'empressa d'escalader la crevasse pour s'en extraire. Déployant un trésor d'agilité, il progressait sur la roche avec la même aisance dérangeante qu'un lézard sur du crépi. Une grappe de tentacules opportuns tenta bien de l'en dissuader, mais il ne lui servirerent que d'appuis supplémentaires.
S'éloignant aussi vite que possible, Vaelh entendit le Xylomid gronder son mécontentement. Nul doute qu'il allait le suivre, mais d'ici qu'il sorte à son tour, le Démon disposait bien d'une ou deux minutes. Délais qu'il allait mettre à profit pour prêter main forte à l'Amazone. Pas par amitié ou quoi que ce soit de louable, simplement pour en faire un renfort pour lutter contre le Xylomid lorsqu'il sera remonté !
Lorsqu'il la rejoignit, il constata d'ailleurs qu'elle ne se battait pas. Qu'elle ne se battait plus, du moins. Des bruits de combats et le cadavre d'un gros reptile témoignait d'une lutte qui avait du être intéressante. Puis le Démon orienta son crâne récemment garni de cornes vers les plaie de sa camarades. Il ne put s'empêcher de lui lancer immédiatement, mauvais :
-Sérieusement ? Tu ne seras qu'un boulet lorsque l'autre sera remonté de son trou !
Fulminant, Vaelh ne laissa pas le temps à Silke de répondre. Dans son état, elle ne lui fournirait pas assez d'aide pour venir à bout du terrible Xylomid.
-Il ne faut pas qu'on reste là. Rhha, KleႠႢktႣ HzႤႵazhჅeinႧ !
Le juron, parce que ça ne pouvait être que ça, fit frémir jusqu'au rocher. Pas le temps d'attendre plus. Faisant fit des protestations, le Démon attrapa Silke en veillant à ne pas l'amocher d'avantage avec ses griffes sombres, avant de la jeter sur son épaule pour s'éloigner en direction du village rasé par Raven. Avec un peu de chance, le Xylomid se lasserait ou comprendait qu'il devrait fournir trop d'effort pour deux parts de viande...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le dimanche 25 janvier 2015, 01:48:18
Un combat était toujours quelque chose d’épuisant. Réagissant en vraie guerrière, Silke ne rechignait pas sur ses blessures. Au contraire. Vivre sa vie, c’était devoir recevoir des coups. Aucun guerrier ne pouvait prétendre survivre à la guerre sans avoir reçu son lot de cicatrices. Celui qui affirmait ça n’était qu’un lâche se réfugiant bien à l’abri derrière les lignes. L’Amazone avait été blessée, surtout aux jambes, et avait besoin d’un peu de temps, afin que ses jambes cicatrisent. L’Hirondelle était un traitement efficace, mais pas immédiat. Cet élixir était notamment utilisé par les sorceleurs, mais il ne leur était pas réservé exclusivement. Il fallait juste faire attention à ne pas en abuser, car il était toxique. Si on en prenait trop, le taux de toxicité dans le sang devenait trop élevé, et le sujet décédait. Silke n’avait bu qu’un seul élixir, ce qui faisait que le taux était bas. Elle ne ressentait donc rien, si ce n’est la douleur lancinante dans son corps. Fort heureusement, ses ennemis étaient, soit morts, soit en fuite. La venue de l’énorme crocodile les avait faits partir.

La seule question, maintenant, était de savoir ce qu’un crocodile fabriquait ici, dans une région tempérée. Certes, ils aimaient les zones marécageuses, mais on ne les trouvait normalement pas dans des climats tempérés. Était-ce lié à la présence d’une tour à proximité ? Est-ce que ce crocodile avait été extrait de son habitat naturel pour se retrouver ici ? Des questions qui n’avaient probablement aucun intérêt, mais Silke n’avait que ça à faire en ce moment... Réfléchir et se poser des questions. Comprendre et analyser. Vaelh était en train de se battre contre une autre menace... Une menace tentaculaire qui avait amené Silke à croire à un Xylomid, mais elle ne pouvait pas s’en assurer. Là encore, un Xylomid n’était pas une créature naturelle, mais généralement une engeance infernale, une mutation faite par des magiciens ou des alchimistes. Ils rejetaient dans la forêt des produits qu’ils estimaient sans intérêt, et, au fur et à mesure des années, ces produits finissaient par modifier la flore environnante, donnant lieu à des créatures redoutables... Il y avait les Xylomids, mais aussi d’autres bêtes, comme les épouvanteurs, une bête abominable, qui avait été initialement créée par un mage, Dagobert Sulla. La légende veut que, quand Sulla ait réalisé l’abomination qu’il avait conçu, il l’ait automatiquement détruit... Mais ses apprentis avaient eux accès à ses recherches, à ses plans, et avaient créé leurs propres épouvanteurs, estimant qu’avoir une telle bête pour les protéger serait une bonne chose... Mais on ne contrôlait pas facilement un épouvanteur, et ceux qui n’y prenaient pas garde se faisaient tuer par elle.

Perdue dans ses pensées, plongée dans ses réflexions, elle entendit alors du bruit. Ses jambes n’étaient toujours pas en état, et elle grommela, la main sur la garde d’une dague. Un noyeur ? Même dans son état, elle pouvait toujours se battre, mais, au vu de sa situation, même un simple noyeur suffirait à être extrêmement dangereux. Elle ne voyait pas l’origine des bruits, mais, vu leur vitesse et leur irrégularité, ce n’était pas un noyeur... Vaelh débarqua alors, visiblement secoué, et, même malgré la puanteur des marais, Silke sentit que ses vêtements puaient, avec des morceaux de la salive du Xylomid dessus... Des morceaux non acides. Vaelh remarqua l’état de Silke, et s’énerva.

« Sérieusement ? Tu ne seras qu'un boulet lorsque l'autre sera remonté de son trou ! »

L’autre ? Sûrement le Xylomid... Elle allait répondre, mais l’Incube se remit à parler, et la souleva, la tenant ensuite dans une position particulièrement humiliante pour une Amazone... Comme un sac de patates. Malheureusement, la seule contestation que Silke put émettre fut un gémissement quand l’homme la souleva, ses jambes soupirant sous la souffrance. L’Incube se mit ensuite à filer hors du marécage, et, fort heureusement, l’Amazone avait eu le temps de ranger son épée dans son fourreau. Ils évitèrent les restes de la tour, afin de rejoindre un village...


(http://img110.xooimage.com/files/c/6/f/places_brickmakers_village-499af7e.png)

C’était un village fait de petites maisons de bois et de pailles, avec quelques rues, et qui était totalement désert. Il n’était pas très éloigné des marais, et désert.

« C’est bon, lâchez-moi ! » s’énerva-t-elle.

Durant le trajet, elle avait l’impression que la main de l’Incube s’était dangereusement rapprochée de ses fesses... Mais peut-être n’était-ce là qu’une vision de son esprit.

Silke se retrouva rapidement sur ses jambes. Elle chancela un peu, et réussit à ne pas tomber... En s’écrasant contre le torse de Vaelh. Elle gémit, puis se retira rapidement, ne laissant que très brièvement ses seins heurter son torse.

« Haaa... J’ai bu de l’Hirondelle, l’élixir commence à faire effet... Mais merci. »

Les deux puaient... Elle l’odeur des marais et des noyeurs, lui celle des marais et du Xylomid. Et le village était désert. Les hommes (ou femmes) de Raven n’étaient pas encore arrivées, leur laissant un peu de temps pour retrouver leurs esprits.

« C’était un Xylomid, pas vrai ? Il ne sortira pas de son antre... Il a dû y installer son repaire, il s’y sent en position de force. Il sort par le biais de ce tentacule qui vous a attrapé. Bravo pour lui avoir échappé... Et entier, à ce que je vois. »

S’il avait survécu au combat contre lui, c’est que l’homme était doué... Ce que Silke avait déjà eu l’occasion de réaliser en croisant le fer avec lui, plus tôt dans la journée, avec les trolls... Pour elle, ça remontait à une éternité.

« Il faut nous laver, je ne supporte pas le sang de noyeur... Ces villageois devaient bien avoir une bassine commune, une source d’eau chaude, ou n’importe quoi de ce genre... »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 01 février 2015, 22:53:28
Rien ; personne.
Quand bien même Vaelh était ancien selon des standards humains, et malgré le fait que le chemin de son intense existence ai été pavé d'un florilège d'horreurs et de merveilles toutes plus étonnantes les unes que les autres, tomber en plein milieu d'une agglomération désertée avait quelque chose de... Surnaturel.
Ici, un vent du passé sifflait funestement dans les ténèbres, comme pour murmurer à l'oreille des voyageurs que jadis, il y avait bien eu de la vie juste ici. Le bruissement des feuilles évoquait presque le brouhaha de la vie d'antan, souligné par le crissement froid des cailloux sous les bottes du Démon.
Il fut tiré de sa pérégrination intérieure par une protestation, et une douleur sourde dans son épaule sur laquelle remuait l'Amazone qu'il avait manqué d'oublier.
-Tiens, toujours là ?
La garder ainsi en place, rien que pour l'enquiquiner, aurait été tout à fait plaisant. Seulement, les muscles de l'Incubes commençaient à lui faire mal : Silke avait peut être une silhouette athlétique, toute sa chair n'était que muscle. Sans être lourde, elle commençait à peser ! Alors Vaelh la fit descendre, ses membres un peu gourds rendant la manœuvre moins gracieuse que prévue. Sa presque maladresse, conjugué à celle de son fardeau, lui valu même de se retrouver -sensuellement- collé à sa camarade. En bon Incube, il n'en fut pas plus troublé que si une brise lui soufflait sur le visage. En revanche, même si le contact fut bref, la jeune femme pu sentir contre elle un cœur aussi noir qu'immense s'ouvrir dans ses songes en une gueule béante, affamée et libidineuse, aux crocs acérés dont la courbure avait quelque chose d'érotique. Une entité gourmande et impatiente grondait sous la chair du mâle... A moins qu'il ne s'agisse de la nature même d'un tel animal ?
Comme elle lui faisait face, Silke pouvait d'ailleurs s'extasier et s'horrifier en même temps de l'aspect angélico-démoniaque qu'avait pris le visage de Vaelh. La forêt de cornes d'obsidienne sur son crâne commençait à refluer, à retomber en de fine mèches souples et inoffensives. Une telle transition surnaturelle momentanément stoppé lorsqu'il fut question du Xylomid. A la simple mention de la créature, Vaelh se mit à jurer dans sa langue pendant une bonne trentaine de secondes avant de seulement envisager de se détendre :
-Bah... Il n'y a pas de quoi s'extasier. Ce qui compterait vraiment, c'est de le capturer pour en faire un jouet. Tout le reste ne... Gnn...
Il ne termina pas sa phrase, serrant les poings, soufflant pour faire refluer tout appendice démoniaque. Et lorsque ce fut bon, la profonde instabilité du Démon lunatique fit s'afficher un gigantesque sourire moqueur sur ses traits souillés. Il se pencha jusqu'à ce que son nez effleure celui de Silke avant de lancer, taquin à l'extrême :
-D'abord cette crainte mêlée d'envie pendant la course. Puis ces formes qui tu abats contre moi. Et à présent, un bain ?
Vaelh n'avait pas besoin d'en dire plus. Aussi frigide que cette Amazone puisse être, son imagination ferait forcement des parallèle avec ces éléments et ce qu'ils pouvaient impliquer. Comme la possibilité de pouvoir se rincer l’œil sur la stature du mâle dans l'eau, ou le fantasme de faire dévier le bain en une autre activité. Certes, le Démon n'avait aucun plan pour la suite, ni même d'idée précise sur ce qui pourrait se passer dans un avenir proche... Mais ça ne l'empêcherait certainement pas de tourmenter la jeune femme. Rien que pour s'amuser un peu.
Il recula prestement, juste après s'être assuré que sa proximité brouillait l'imaginaire de l'Amazone, mais juste avant de risquer d'encaisser un potentiel coup de poing vengeur. Il enchaîna, le ton léger :
-Soit, mettons nous en quête d'un bassin propre ou de quelque source. Il me tarde de voir à quel point nous saurons sagement nous y détendre.
Venait-il de sous-entendre qu'il se montrerait très entreprenant, ou était-ce une autre moquerie dissimulée sous le vernis d'un avertissement sarcastique ? A moins qu'il ne s'agisse d'un défis ? L'amazone eut le temps d'y réfléchir durant la petite vingtaine de minute qui suivit, laquelle fut principalement dédiée à une ultime randonnée le long d'un chemin sinueux balisé par d'humbles panneaux qui indiquaient « sources ». Au terme de ce petit périple, le duo dénicha effectivement une source d'eau tiède en surplomb dans les bois, naturellement conçue de sorte à ce qu'elle ne soit que très peu visible d'en bas tout en offrant une vue correcte sur le village en bas. La température de l'eau y était agréable, sans compter qu'elle s'écoulait continuellement en un mince filet. De ce fait, le bassin était toujours sain et l'eau s'y renouvelait d'elle même.
Avec l'ombre d'un sourire au lèvres, l'Incube se déshabilla aussi simplement que ça avant de s'introduire dans l'eau sans la moindre gêne. La petite cascade qui alimentait le bain en troublait la surface, empêchant Silke de profiter de tous les détails de l'anatomie de son partenaire, hormis les "plus évidents". Ce dernier la fixait, aguicheur.
-Dépêche toi d'entrer. Nous avons l'occasion d'être propre avant de repartir, alors ne traîne pas. Si on nous tombe dessus pendant cet instant, on pourrait bien passer un long moment avant de pouvoir profiter de nouveau d'un peu d'eau propre.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mercredi 04 février 2015, 02:02:50
Silke vit l’apparence de l’Incube changer. Les pointes noires sur sa tête disparurent, laissant apparaître une longue chevelure. Ce simple changement capillaire, aux yeux de Silke, illustrait le changement de perception chez l’Incube. Il passait d’un mode d’affrontement à un mode plus calme... Du moins, c’était comme ça que Silke percevait cette situation. Il s’énerva un bref moment en repensant au Xylomid, puis se calma à nouveau. Silke le laissa s’énerver. Un combat contre un Xylomid n’était jamais une chose facile. C’était un monstre redoutable, et le fait que Vaelh ait réussi à lui échapper était la preuve qu’il était un grand guerrier... Ce que Silke avait déjà pu réaliser au temple des trolls, et qu’elle réalisait à nouveau en ce moment.

Vaelh s’amusa de l’idée de partager un bain ensemble, amenant l’Amazone à froncer les sourcils.

*Ne te fais pas trop d’idées, Vaelh, je n’ai pas oublié ce que tu as fait avec les trolls...*

Sa confiance envers l’Incube était plus que limitée. C’était un être instable, presque schizophrène, et, surtout, elle savait combien les démons de Luxure appréciaient le sexe... Et combien le sexe pouvait vous embrumer l’esprit. Combien de fois avait-elle vu de simples compagnons de route perdre progressivement la raison quand l’idée sexuelle germait en eux ? Sur le long terme, elle était capable de le voir, d’anticiper ce regard, et de le reconnaître... Ce moment où la raison basculait au profit du désir et de l’instinct. Ce moment où l’éventuel allié devenait un ennemi potentiel. Elle se méfiait surtout de Vaelh pour ça. Les Amazones n’étaient pas entraînées sans raison à se défendre en cas de viol. Silke avait eu droit à cet entraînement, reposant sur l’usage de mannequins et sur des exercices de simulations. Un entraînement dur, rigoureux, mais qui produisait ses fruits.

Alors que Vaelh suggérait de marcher alentour pour trouver un endroit où se ressourcer, Silke acquiesça, en le voyant partir, suivant des panneaux.

« Je te suis. »

Si elle voulait se laver, ce n’était pas que par coquetterie. Le sang d’un noyeur était particulièrement dégoûtant, non seulement d’un point de vue olfactif, mais aussi sanitaire. C’était un sang chargé de microbes, de bactéries, qui pouvait vous rendre malade. De plus, et en revenant sur la question olfactive, elle avait pu remarquer, dans le camp des trolls, que l’Incube, face à des odeurs fortes et pestilentielles, pouvait perdre la raison.

Le duo sortit donc du village, suivant un sentier forestier qui remontait. Ils s’approchèrent rapidement du lit d’une rivière, et l’enjambèrent par un point en bois, pour commencer à grimper. Un panneau en bois leur indiquait où aller, et ils arrivèrent en hauteur, avec une belle vue sur le village. Il était plutôt petit, avec plusieurs rues s’agençant autour de la grand-place centrale. Un sympathique village de campagne profonde, qui avait dû abriter à peine une cinquantaine d’âmes. Où se trouvaient les villageois ? Raven et ses sauvages avaient-elles emporté tout le monde ? Les avaient-elles exécuté dans la forêt ? Silke n’avait vu aucune trace de bataille dans le village, rien qui ne laisse entendre que des tueries avaient eu lieu...

Des arbres protégeaient l’endroit, offrant un peu d’intimité. Silke vit Vaelh se déshabiller rapidement, lui offrant la vue de son dos, avant de plonger sans crainte dans une eau tiède, la chaleur venant de la cascade à côté, qui offrait un léger fond sonore. Restant face à la source, Silke ne disait rien, guère rassurée à l’idée de barboter dans l’eau avec lui. Vaelh se mit à lui parler, et elle hocha lentement la tête.

« D’ici, nous avons un bon point de vue pour observer le village... »

C’était donc le meilleur endroit où se tenir pour attendre l’arrivée des forces de Raven. S’extirpant de ses pensées, Silke regarda l’homme à nouveau... Puis se déshabilla à son tour. Elle était une Amazone, elle n’avait pas peur d’un homme. Se tenant droite, elle ôta son épée, puis ses gants, et ôta ensuite le reste de ses vêtements. Finissant toute nue, avec ses seins lourds et son corps athlétique, Silke restait une belle plante. Elle était fidèle à la conception traditionnelle qu’on se faisait des Amazones : une femme forte, mais qui restait belle, forgée dans la beauté de la Déesse.

L’Amazone pénétra ainsi à son tour dans l’eau. Si on la regardait, outre ses longues jambes fuselées, on pourrait voir que son intimité était proprement épilée, ne laissant transparaître aucun poil pubien. Elle plongea ensuite dans l’eau, face à Vaelh, et l’eau dissimula également ses formes. Elle arriva à hauteur de sa poitrine, glissant jusqu’à hauteur de ses tétons.

Son regard se porta vers l’homme, comme si elle cherchait quelque chose à dire... Mais rien ne venait. Il s’écoula finalement plusieurs secondes avant qu’elle ne parle, secondes pendant lesquelles elle profita de la douce chaleur de cet endroit. L’eau était agréable, filant sur son corps encore meurtri par son combat contre les noyeurs, les bloedzuigers, et l’alligator géant. Elle ferma ainsi les yeux, basculant sa tête en arrière, puis regarda ensuite, à nouveau, Vaelh, pour lui parler :

« Pourquoi être venu dans cette forêt ? Et pourquoi continuer à m’aider ? Vous pourriez fuir sans problème... Ne pensez pas pouvoir séduire Raven comme cette druidesse... Elle hait profondément le sexe masculin. Quel est votre intérêt là-dedans ? »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le jeudi 05 février 2015, 18:57:46
Tandis qu'elle se dénudait, Vaelh n'avait pas manqué d'observer Silke. En fait, son regard était d'avantage inquisiteur que concupiscent comme l'aurait été celui de quelque autre mâle. L'amazone avait des formes intéressantes pour une mortelle, largement de quoi lui valoir quelques faveurs des hommes de sa race. Voir son sexe nu amusa et intrigua l'Incube : elle se donnait des airs supérieurs, parfois même frigides, mais une telle attention portée entre ses cuisses trahissait une sexualité un minimum développée.
En revanche, après son examen, l'Incube fut vivement contrarié de voir l'Amazone garder un calme olympien. Il avait nourri l'idée de la faire rougir par leur simple nudité, et voilà que son petit jeu tombait à l'eau. Il laissa même échapper un soupir mauvais, tout bas
-Tch...
Avide d'assouvir au plus vite une petite vengeance mesquine, Vaelh ne répondit pas immédiatement à l'amazone. Il la fixa un moment, tant pour ajouter à l'inconfort de l'effort de patience qu'elle devait fournir que pour essayer de lire en elle. S'il avait été aux Enfers, dans ses palais vivants, au meilleurs de sa forme, il lui aurait juste fallu se tenir à quelques distance de Silke pour connaître ses fantasmes et désirs refoulés. Malheureusement, dans le plan des mortels, Vaelh était très diminué. Il lui fallait un contacte très intime pour commencer à sérieusement s’immiscer dans l'esprit des gens. Il lâcha finalement avec une note de frustration évidente :
-Je n'aime pas ne pas pouvoir lire les gens. C'est encore pire que d'être aveugle. Quels secret peux-tu bien cacher, l'Amazone ? Quand bien même ta... Notre cible déteste ceux de mon genre, je suis sûr que ça n'est pas ton cas. Tu es plus modérée, n'est-ce pas ? Plus « humaniste », s'il fallait te qualifier. Alors qu'en est-il de toi ? Entretiens-tu ce petit sexe nu pour ton propre plaisir, ou celui de tes sœurs ? Ou apprécies-tu le sexe masculin ?
Au fil de sa tirade, le ton du démon avait changé pour se nuancer à la fois d'un soupçon de curiosité et de défis tel qu'on ne pouvait plus prédire sa réaction. Répondre oui à cette dernière interrogation le pousserait-il à se lancer à l'assaut ? A initier quelque jeux ? Ou à se moquer ? Répondre non pouvait tout aussi bien déclencher les mêmes scénario. Au final, ne pas formuler d'avis restait l'option la plus sage, ou la moins courageuse selon les points de vue.
Quelques secondes passèrent, puis, avec une étincelle perplexe et joueuse dans le regard, Vaelh pencha la tête. Certes, Il n'était pas en contacte directe avec Silke, mais cela ne l'empêcherait certainement pas de titiller sa patience et de grignoter sa raison. Il ne la lâcha plus du regard, verrouillant l'or de ses yeux dans l'émeraude de ceux de l'Amazone, comme s'il voulait la clouer sur place. A part égal, la jeune femme pouvait discerner une curiosité sincère et une luxure authentique.
Si Silke s'obstinait à ne pas baisser le regard, elle en vint à sentir comme de subtiles effleurement sur sa peau. Était-ce des mains qui laissait se mouvoir l'eau tout autour d'elle, ou seulement son imagination ? A chaque instant qui passait, ces sensations se rapprochaient de plus en plus de caresses concrètes, chaudes, comme si l'eau du bain s'était mise à bouillir sous l'effet d'un excitant venin que l'Incube aurait dispersé.
Ce dernier ne baissa toujours pas les yeux, sourcils légèrement froncés, et les sensations dévièrent toujours plus sur la peau de l'Amazone, dévalant les lignes de ses muscles pour mieux se rapprocher de ses fesses, sa poitrine, son entre-jambe, pour au final...
Disparaître.
Pendant un temps, l'eau sembla bien froide.
A un moment, Silke n'aurait su dire lequel si elle s'était laissée embarqué dans ce petit jeu, le Démon avait entrepris de laver son équipement dans l'eau. Il avait l'air parfaitement innocent et distrait.
C'est seulement à cet instant qu'il daigna -enfin- répondre :
-Vu le portrait parlé que tu me fais de Raven, je me doute bien que je ne réussirais pas à la séduire. Elle tenterait même de me couper en tranche avant la moindre caresse, n'est-ce pas ? Mais tu sais...
Il fit une pause, un sourire follement passionné venant s'étaler sur ses traits.
-Je ne suis pas un mâle. J'ai transcendé les genres pour devenir vos fantasmes, à vous tous. Vous êtes tous mes géniteurs, tout comme je suis une partie de vous à laquelle vous ne pourrez jamais vous soustraire. Et je vous aime tous, à ma manière : parfois avec passion, avec colère, avec envie, avec haine, avec dégoût, avec rage. Je trouverais bien quelque chose pour elle. Et si malgré ça rien ne marche, alors nous pourrons juste pulvériser sa chair et ses os dans une débauche de coup de lame, jusqu'à ce qu'il ne reste d'elle qu'un cratère fumant et sanguinolent ! Conclu-t-il sur le ton de la conversation, l'air si sérieux que c'en devenait inquiétant. Mais ma condition doit te sembler bien abstraite... Dommage pour toi.
Patiemment, le Démon s'empara d'un autre élément de sa tenue pour le laver. Comme l'atmosphère devenait plus respirable, il semblait plus détendu.
-Mais qu'est ce que je fais ici... Quelle bonne question n'est-ce pas ?
Et il n'alla pas plus loin.
Un silence s'installa, seulement brisé par le clapotis de l'eau et les geste du bellâtre qui laissaient naturellement jouer ses muscles enduits d'humidité. Si on était attentif, on remarquait que Vaelh restait extrêmement attentif à son environnement : à l'instant où la troupe hétéroclite de Raven reviendrait, il pourrait la repérer aussi bien que Silke.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le lundi 09 février 2015, 01:10:30
Après leurs péripéties pour rejoindre ce village, Silke entendait bien se détendre un peu. Qu’il y ait autant de noyeurs et de bloedzuigers était une preuve supplémentaire que le village était abandonné. Les villageois chassaient ce genre de monstres, qui n’étaient pas les créatures les plus dangereuses de Terra. Dans la source d’eau chaude, le regard de l’Amazone, après avoir observé le ciel, se planta sur celui de Vaelh. Il avait posé une longue question concernant les préférences sexuelles de Silke, et elle avait choisi de ne pas y répondre, et ce parce qu’elle ne voyait aucune réponse à fournir en un si court laps de temps. Elle avait donc posé une question, à laquelle Vaelh répondit de manière assez évasive. Il n’avait aucune raison précise justifiant qu’il soit là, et était bien décidé à trouver un moyen de faire fondre Raven, arguant, pour cela, qu’il n’était qu’un homme. Silke, effectivement, ne comprit pas trop ce qu’il voulait dire par là, et elle n’insista pas davantage. Pour elle, les choses étaient simples : Vaelh était un Incube, un démon de Luxure. Inutile de tout un éclairage autour de ça pour gonfler son rôle. Il était un Incube, un guerrier, quelqu’un qui aimait s’entendre parler, et face à qui Silke ne savait pas quoi faire. Ce matin, ils s’étaient affrontés dans le temple des trolls. Ce soir, après avoir exploré la forêt, ils se reposaient dans une source d’eau chaude, nus l’un et l’autre.

Après l’avoir observé, l’Amazone leva à nouveau la tête, fermant les yeux en se reposant. Elle avait senti de curieuses vibrations aquatiques, comme si Vaelh usait de sa magie pour la tenter. C’était une hypothèse très possible, car elle savait de quoi les Incubes étaient capables. Elle n’avait émis aucune réaction, et le laissa nettoyer ensuite ses vêtements, se rappelant la question qu’il lui avait posé. Il avait désiré en savoir plus sur elle, et elle n’avait pas oublié sa tirade. Autant en profiter... Silke voulait en savoir plus sur lui, car elle avait le sentiment qu’elle et Vaelh étaient condamnés à rester encore ensemble un petit moment.

« Les Amazones sont avant tout un peuple de femmes... Jadis, nous capturions des hommes pour nous reproduire avec eux, mais cette méthode est maintenant tombée en désuétude... Grâce à l’essor de la technique et de la magie, nous n’avons plus besoin des mâles... Moi, je ne suis pas comme Raven et comme d’autres Amazones extrémistes. Nous pensons pouvoir survivre à tout en nous isolant, en vivant de notre côté, sans nous soucier des autres et de ce qui se passe ailleurs dans le monde. »

La philosophie de la Horde avait toujours reposé sur un apolitisme fort. Elles ne servaient que la Déesse-mère, et ne se mêlaient pas aux querelles du monde des hommes. La Déesse-mère avait voulu un peuple de guerrières, et c’est ce que les Amazones étaient. Cependant, cette logique était biaisée dès le début, fallacieuse, car les Amazones avaient toujours eu besoin du monde extérieur pour vivre. De plus, elles avaient toujours vécu dans ce monde extérieur. C’était un peuple de nomades, d’itinérantes, et, grâce à la Reine Andromaque, leur philosophie commençait à évoluer.

« De grands bouleversements ont lieu dans le monde... Les Dieux de l’Olympe l’ont senti, notre Déesse l’a senti, et la Reine Andromaque cherche à faire évoluer la Horde. Nous ne pouvons plus nous réfugier derrière notre inaction, car nous sommes parties prenantes de ce monde. La mort du Lion de Nexus a été la preuve qu’il fallait agir... Raven et les siennes ont été corrompues par des ennemis plus puissants que nous... »

L’admettre était très difficile pour une Amazone, car la fierté des Amazones, légendaire, était une réalité authentique.

« Pour répondre clairement à votre question, Vaelh, je ne méprise pas les hommes... Mais je ne suis pas une prostituée. Tâchez de conserver cela en tête. »

Elle tenait à faire cette précision, afin que Vaelh ne se méprenne pas. S’il tentait de lui sauter dessus comme ça, elle le repousserait sèchement. Ses blessures avaient maintenant bien cicatrisé, et, même si l’Incube était un puissant guerrier, c’était aussi le cas pour l’Amazone. Fermant les yeux, elle savoura encore le contact de l’eau. Les bains naturels étaient sa grande spécialité, généralement dans des rivières, des ruisseaux, ou de petits lacs... Alors, une source d’eau chaude, c’était un vrai bonheur. Elle sentait cette eau ruisseler sur son corps, l’enveloppant, la faisant baigner dans la joie et la sérénité.

« Vous êtes un Incube, reprit-elle après une petite pause. Pourquoi vous éloigner de votre plan astral pour venir dans le nôtre ? Terra vous plaît-elle donc à ce point ? »

D’un autre côté, par rapport à l’Enfer... Tout, ou presque, semblait préférable.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 10 février 2015, 22:47:51
Vaguement frustré que cette Amazone ne daigne pas même réagir à son ésotérisme, Vaelh s'était mis à soupirer discrètement. Dans le même temps, il avait terminé d'assainir son équipement et l'avait mis à sécher.
Tandis qu'il étalait les éléments de sa cuirasse sur le bord du bassin, le Démon accueillit l'aveu de Silke avec une petite note de surprise. Il ne s'était pas attendu à ce qu'un peuple relativement peu civilisé comme celui des Amazones ai seulement pu développer des sorts et techniques pour se reproduire sans rapports.
-Tiens donc ? Ces sorts, vous les avez trouvé seules ? Où on vous donné de l'aide sous quelque forme ?
La suite ne capta que peu l'attention du démon, occupé à se prélasser dans l'eau. La reine Amazone lui sembla être une figure progressiste, vaguement intéressante... Et vu la fougue et la susceptibilité de son peuple, peut être serait-il distrayant d'aller la taquiner ? Le mâle sourit discrètement en rangeant cette petite idée folle dans une coin de son esprit.
Puis, quand la jeune femme souligna qu'elle n'était pas une prostituée, Vaelh lui rit délicatement au nez.
-Il te reste beaucoup de chose à apprendre sur le sujet à toi et les tiennes, par vrai ?
L'Infâme n'étaya pas plus sa réflexion, laissant Silke libre d'enrager ou de demeurer pensive.
En revanche, lorsqu'il fut question de sa dimension d'origine, le sourire de Vaelh s'effaça pour ne laisser sur sa face un air ailleurs, presque béat.
 -Aahh... Je suis venu là pour deux raisons. Deux motifs fondamentaux qui régissent le monde, qui font que d'importants protagonistes rasent des mondes, tyrannisent leurs peuplades, apportent la richesse à leur maisonnées, la gloire à leur lignée. Deux alibis qui motivent même jusqu'aux plus insignifiants dans leur vie inintéressante. Je suis venu là parce que je le pouvais.Et parce que je le voulait, avait-il conclu tout bas, se penchant en avant.
Et c'était aussi simple que ça. C'est ainsi que vivait Vaelh le monarque infernal. Pas de limite, pas de réflexion sur ses désirs, rien. L'envie était là, alors il fallait l'assouvir. Si ça n'était pas possible, il fallait faire en sorte que ça le soit. Un mode de vie aussi simple qu’extrême.
-Si tu savais combien de temps j'ai attendu pour venir sur ce plan de la réalité. Tant de temps, et ce malgré mes... Relations. La vie que je mène ici est précieuse à l'infinie, parce que le jour où je viendrais à la perdre, je devrais encore attendre une infinité d'éternité pour pouvoir me réincarner ici à volonté et de manière durable. Et crois moi, un tel délais n'est pas des plus court. Alors tant que je suis là... Je risque mon existence à chaque seconde pour rendre la moindre parcelle de mon expérience la plus intense possible ! Ah, si seulement tu savais à quel point mon cœur menace de se désintégrer à chaque battement tant c'est bon et terrifiant... Tout ceci... Est un si grand jeu à mes yeux...
La note de passion que l'Incube avait mis dans ses mots manqua presque presque de le laisser se rendre compte qu'il écumait d'excitation. Il passa sa langue sur ses lèvres fines.
-Même si je meurs ici, je serais encore dans vos rêves à tous, à vous tourmenter jusqu'au bout. Mais l'expérience de cette vie me plaît trop pour que je meurt si vite. Je n'ai pas encore influencé assez d'histoires. Je n'ai pas encore goûté à assez de chair. Je n'ai pas expérimenté assez de délices...
Il souffla, doucement, se rendant compte qu'il s'était arrêté de respirer pendant un certain temps
-Votre réalité reste quand même étrange. Il semble que tous vos bâtiments soient juste des tas de matériaux morts, vos étoiles ne cherchent pas à vous hypnotiser pour vous réduire en particules cosmiques, votre ciel est toujours en haut, votre air ne se change jamais en béhémoth de cristal... C'est... Stable. Mais étonnant. Je parviens notamment à apprécier vos forets, et toute votre nature en générale. Je verrais sans doute à l'emporter avec moi !
Il avait conclu sur ces mots, la lueur folle dans ses yeux laissant deviner qu'il comptait bien essayer de faire d'un tel désir une réalité.
-Bien... Avant qu'on retourne jouer, j'aimerais au moins retrouver un couteau. Mes armes ne sont toujours pas revenues dans mes paumes ; je commence à croire qu'elles se sont perdues en route, médita-t-il sérieusement avant de sortir de l'eau et de s'habiller de sa tenue encore humide qui venait mouler toute la fermeté de sa chair. Mais tandis qu'il s'engageait sur le petit chemin, des bruits de pas le firent s'arrêter net. Il se pencha vivement et vit au loin une troupe hétéroclite approcher. Elle comprenait surtout des gens armés. Toutes des femmes.
Si la nature joueuse du Démon avait pu transparaître sur ses traits, il n'en était plus rien. Jubilation, impatience, excitation, et même de la rage nuançaient à présent son visage.
-Ah ! Regarde ! Les vois-tu ? Elles reviennent !
L'état de Vaelh, lequel menaçait d'exploser et d'aller danser avec la mort au milieu de toutes ces femmes, lui empêchait complètement de ressentir toute crainte. Pourtant, il y avait de quoi être inquiet. Le nombre de femmes était incroyable pour un troupe constituées suite à des raids.
-Mais ne traîne pas là, idiote ! Beaucoup d'entre elle vont monter là pour se rafraîchir. Sort ! Vite ! Et cache toi. Raven va sans doute venir ici avec quelque unes de ses gardes pour profiter de l'eau en première.
Avant même que Silke ai pu répondre, l'Incube filait déjà au raz du sol pour se mettre à couvert. La rapidité avec lequel il se dissimula et la qualité de son camouflage forçait à la fois le respect et la crainte.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 12 février 2015, 01:44:30
Comprendre ce que désirait Vaelh n’était pas simple, dans la mesure où il ne fournissait pas de réponses précises. Il lui expliqua que Terra le fascinait, qu’il avait envie de faire quantité de choses, mais sans véritablement daigner lui donner d’explications précises. Silke estima que c’était un genre qu’il devait se donner... Il n’y avait aucune raison de lui cacher ce genre d’informations, elle le demandait juste par curiosité. Silke avait entendu parler de ce qui se passait en Enfer, de ce à quoi les Enfers ressemblaient, et, quand on avait entendu ce genre de rumeurs, on avait surtout pas envie de voir si elles étaient véridiques en s’y rendant en personne. Vaelh parlait de choses et d’autres, mais Silke avait surtout l’impression qu’il parlait pour ne rien dire... Ou alors, c’est qu’elle était trop terre-à-terre. Force était d’admettre que, en ce moment, elle pensait surtout à Raven, à ses chances de retrouver sa sœur, et de la punir. Sa mission initiale était de la capturer pour qu’elle soit interrogée et jugée, mais elle doutait d’y arriver. Raven était trop forte, et avait amassé trop de gens autour d’elle. Le seul moyen de la neutraliser définitivement serait de la tuer... Silke n’était plus en état de se dire si elle en était moralement capable, mais si elle le pouvait. Raven avait dépassé els bornes depuis trop longtemps, et avait franchi le point de non-retour. Il fallait en finir avec ces exactions. Perdre son temps dans un bain en écoutant les élucubrations d’un Incube lui parler d’étoiles cherchant à s’hypnotiser entre elles, d’air ne se changeant jamais en béhémoth de cristal... Est-ce qu’il y avait seulement un sens à tout ça ?! La poésie ne faisait pas partie des compétences de Silke. L’Amazone était avant tout une guerrière, et raisonnait en terme de pratique, de pragmatisme, et d’efficacité.

Vaelh termina en disant qu’il voulait récupérer une arme.

« Je ne sais pas où vous avez déposé vos armes... »

Probablement durant l’affrontement avec le Xylomid, mais Silke se voyait mal aller l’affronter. Dans la mesure du possible, elle tenait à éviter de se retrouver embrochée sur place par un monstre végétal tentaculaire. Elle avait déjà assez de soucis comme ça avec Raven, et, alors que Vaelh se rhabillait, elle-même entreprit de sortir de la source d’eau chaude. Elle était trempée des pieds à la tête, et entreprit de masser ses cheveux, faisant s’égoutter l’eau. Sur le coup, ils n’avaient pas pensé à prendre de draps ou de serviettes dans le village, et il n’y avait rien d’autre que des feuilles autour d’eux. Fort heureusement, Silke portait une armure légère, qui n’était pas gênée par le contact de l’eau.

Elle enfila ses gants en cuir, et, pendant ce temps, en contrebas, une patrouille de femmes guerrières arriva. Vaelh, qui avait une vision un peu mieux que la sienne, les vit en premier, et Silke se rapprocha ensuite du rebord, rhabillée. Cinq ou six femmes... L’Incube soupçonnait qu’elles viendraient par ici, et il s’empressa de se faufiler à l’abri. L’Amazone, elle, le laissa faire. Les femmes portaient des glaives, des lances... Et deux d’entre elles avaient des armes à feu, un fusil à pompe pour l’une, et deux pistolets-mitrailleurs pour l’autre.

*Ce ne sont pas des armes qu’on s’attend à trouver par ici... Qui peut bien les fournir ?*

Les armes à feu faisaient partie des armes et de l’équipement que la Horde récupérait durant ses voyages et ses pérégrinations, mais elle ne s’attendait pas à en voir ici... Prudemment, Silke descendit à son tour, et s’abrita derrière une masure, filant le long d’un jardin.

« Je ne comprends pas l’intérêt de revenir ici...
 -  Pour surveiller... Et vérifier si personne n’est tombé dans nos pièges... »

Des pièges... Évidemment. Un bon moyen de piéger les survivants. Elles fouillaient les masures, et SIlke avait perdu Vaelh de vue. Une Amazone de Raven se rapprocha de la maison dans laquelle Silke était entrée. Cette dernière s’était faufilée par la porte arrière, et avait aperçu, sur le couloir, une latte en bois légèrement dévissée sur le sol. En appuyant dessus, elle déclenchait assurément un piège qu’elle ne tarda pas à repérer... Une fine corde partait le long du mur, dissimulée derrière le bois et la paille, pour atteindre des flèches acérées, juste au-dessus. Un piège subtil, qu’elle évita en se faufilant dans une petite remise poussiéreuse sur la gauche.

L’Amazone s’avançait lentement, sa respiration lourde et accélérée, puis finit par sortir.

« Pas de villageois... On lève le camp, ou on retourne voir la Reine ?
 -  Raven voulait nous voir sans traîner... Et je n’ai pas envie de passer la nuit dans un village qui empeste encore le mâle ! »

Silke ne pouvait que les encourager dans ce sens. Qu’elles partent, et elle pourrait ainsi les pister plus facilement !
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le samedi 21 février 2015, 23:38:46
Lorsqu'il était question de batailler, Vaelh se montrait plus lunatique qu'à l'accoutumé. Même quand il fallait danser avec la mort, tout était noir ou blanc, sans jamais de nuance. Soit il fallait faire éclater le combat en escarmouches vicieuses ponctuées d'embuscades fourbes, soit il fallait foncer droit sur l'ennemi avec la célérité d'un éclair pour lui couper la gorge en un passage.
Il y avait parfois des phases qui demandaient d'avantage de patience pendant lesquelles il fallait rester caché pour observer, pour s’imprégner de l’arôme de ceux qu'on s'apprêtait à dévorer. L'Incube se trouvait justement dans l'une de ces phases et, malgré toute la frustration déjà accumulée, était bien déterminé à ne pas laisser son impatience prendre le dessus trop vite. Puis son regard fut attiré vers les armes insolites que le groupes de femmes transportait. Des... Choses hideuses, des conglomérats grossiers de formes géométriques noires. Des armes à feu.
Du point de vue de Vaelh, les armes à feu -et leur trop nombreux dérivé plus technologique comme les armes à lasers-n'étaient que des choses purement abjectes et dégoûtantes -et croyez bien qu'en tant qu'Incube, il pèse ses mots-. Avec ces machines impropres et grossières, même un foutu gamin restait capable de disperser la cervelle d'un Démon. Tout ce qu'il fallait faire, c'est orienter le canon de l'arme vers l'ennemi, et appuyer sur la gâchette. Une pression du doigt de la part d'une parfaite vermine pouvait suffire à réduire à néant les compétences, le talents et la légende d'un guerrier surpuissant.
Une seule pression du doigt contre une éternité d'entraînement.
Le mâle fulmina, grinça des dents, manqua de s'arracher les cheveux à la vue d'une telle aberration. Il glissa hors de sa cachette pour se ré-équiper, ne tenant plus en place. Toutes les fibres de son corps lui hurlaient de se ruer comme un foutu possédé droit sur les femmes pour leur briser les os, se saisir de leurs armes immondes et les abattre sur leur crane jusqu'à ce qu'il cède.
Ahh, ç'aurait été si bon...
Mais c'est l'ampleur de cette haine irrationnelle que ressentait Vaelh qui fit résonner en lui une toute petite étincelle de raison : il pourrait bien charger aussi vite qu'il voulait, il ne serait pas assez rapide pour leur tomber dessus avant de finir la peau trouée.
En se déplaçant, le Démon vit que la bande guerrière adoptait un comportement prudent en entrant dans les masures. De même, il avait vu, de dos, l'Amazone avoir un subtil temps d'hésitation avant d'entrer dans un bâtiment pour s'y cacher.
Se pouvait-il que Vaelh ai traversé le village sans la moindre prudence jusqu'au bain naturel sans même se rendre compte que tout l'endroit pouvait être truffé de pièges ?
Voilà qui lui ressemblait bien !
La situation l'amusa, mais pas assez pour faire passer sa haine. Pourtant, il allait devoir prendre son mal en patience... Intervenir maintenant relevait toujours du suicide, et Vaelh avait encore de nombreux jeux à terminer dans cette réalité.
Ainsi attendit-il que les femmes repartent.

*
**

Et c'est ce qu'elles firent.
Après une inspection négligée, la bande guerrière rebroussa chemin. Confiantes et bien armées, ces sottes n'étaient pas entièrement attentives à leur environnement. Les suivre pourrait s'avérer plus ou moins facile.
Usant de discrétion, Vaelh s'arrangea pour se rapprocher de Silke. Lorsqu'il fut tout proche, il l'attrapa fermement pas le bras, anesthésiant son derme sous sa chaleur de sa paume. Il la fixa droit dans les yeux, l'air plus sérieux et déterminé que jamais.
-Écoute moi. J'ai besoin, vraiment besoin que lorsque viendra le même de briser des nuques, tu me laisse autant que possible le loisir de me charger de toutes celles qui portent ces immondes armes à balle. Si tu ne dois me faire qu'une promesse, fais moi celle là te prie-je. Si ça peut t'y encourager, je t'accorderais quelque faveur que ce soit en échange.
A moins que l'Amazone ne se soit déjà soustraite à sa poigne, Vaelh la relâcha. Il se mit à suivre de loin le groupe de femme tout en chuchotant à Silke qui, très logiquement, devait se trouver non loin de lui.
-Je ne comprends pas... Dans ce plan de la réalité, les armes à projectiles comme celle-ci n'ont pas encore été inventée, vrai ? Est-ce que ça peut vouloir dire que Raven à plus d'influence que je ne le pensais ? A-t-elle des partisanes dans d'autres temps ?
Comme la filature dura encore près de deux heures complètes, Silke eut tout le loisir de livrer à Vaelh quelques nouvelles information. Bientôt, la bande déboucha à l'orée d'un premier petit poste de contrôle qui les laissa passer après une très brève discutions. Si l'on tendait l'oreille, on pouvait entendre le brouhaha d'un camp provisoire bien plus large qui devait être planté non loin.

Le Démon et l'Amazone touchaient peut être au but.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 24 février 2015, 01:36:08
La patrouille ne tarda pas à rebrousser chemin. Prudemment, Silke restait dans l’ombre. Elle n’avait pas affaire à des Amazones de pure souche, ce qu’elle savait, mais ce n’était pas pour autant qu’elle comptait prendre cette menace à la légère, ou les sous-estimer. Ce faisant, elle avançait lentement, et se dissimula derrière un muret, en voyant les sentinelles partir. Elles étaient les miettes de pain dont Silke avait besoin pour rejoindre le camp. Elle les voyait filer, quand Vaelh s’approcha d’elle. L’Incube avait su les éviter, et émit plusieurs questions.

Tout en marchant, l’Amazone s’empressa de lui répondre, lui expliquant que les armes à feu venaient généralement de Tekhos.

« La contrefaçon d’armes à feu est sévèrement réprimée et combattue par Tekhos, expliqua-t-elle, mais on trouve beaucoup d’armes au marché noir, ou dans des bâtiments abandonnés. Nous en avons un certain nombre au sein de la Horde... Mais ce ne sont pas nos armes. »

Comment Raven avait-elle pu les récupérer ? Cette région-ci était particulièrement reculée, éloignée des grandes routes commerciales. Or, la contrebande d’armes à feu, dans les régions profondes des contrées du Chaos, était difficile. En somme, la seule explication possible, et qui inquiétait Silke, c’était que Raven disposait de fournisseurs, d’alliés supplémentaires... Ce qui rappelait à Silke ce que Knaël lui avait dit. La Nephalem avait expliqué à Silke que Raven faisait partie d’une vaste organisation, dépassant de loin les intérêts des Amazones. Sur le coup, l’Amazone n’avait pas vraiment cru à cette information, car elle voyait assez mal Raven obéir à d’autres personnes qu’à sa propre fierté... Mais maintenant ? Comment expliquer autrement ces armes à feu ? L’Amazone savait qu’elle avait trop tendance à se reposer sur ses préjugés, sur ses premières intuitions, et d’amener, inconsciemment, son esprit à tordre la réalité.

Le duo continuait à s’avancer, prudemment. Les esclaves renégates avaient quitté le sentier pour s’enfoncer dans la forêt, et, avec une prudence infinie, Silke veillait à ne pas émettre le moindre son qui aurait pu la trahir. Marchant à pas feutrés, évitant les branches, les brindilles, elle pouvait voir que ces femmes avaient reçu  un début d’entraînement, mais qu’elles n’avaient encore pas le niveau des Amazones. Elles marchaient parfois sur des cailloux, permettant de les entendre, et de les suivre plus facilement. Dans la foulée, Silke veillait aussi à ne pas se faire surprendre, et le duo continua à les suivre, jusqu’à approcher d’un poste avancé, dans la forêt. Un poste perdu au milieu de la forêt. Deux tours de guet étaient dressés à droite et à gauche d’un corps de garde en du bois, qui se souleva, laissant passer les femmes.

« Il y a des fosses piégées sur le sol... »

Silke regarda autour d’elle, fronçant les sourcils.

« Et je suis sûre qu’il y a des fils d’alarme autour du secteur, le long des arbres. Nous utilisons des toiles d’araignées, car elles sont indétectables à l’œil nu, sauf en cas de pluie... Si nous en tranchons une, tout le camp sera au courant de notre présence. »

Un camp se trouvait derrière ce poste de contrôle, l’Amazone aux cheveux rouges en était sûre.

« Faisons le tour, nous trouverons peut-être une autre entrée... »

Joignant les gestes à la parole, Silke se déplaça lentement, et, comme elle s’y attendait, très rapidement, la muraille en bois laissa place à des arbres épais et touffus. Il serait tentant d’y avancer pour rejoindre le camp, mais Silke secoua négativement la tête.

« C’est une zone piégée... Poursuivons. »

Elle connaissait Raven, elle connaissait les techniques des Amazones, les pièges et les blocages. La femme longea ces arbres, jusqu’à se rapprocher d’une montagne escarpée. Lentement, elle observa le décor, les lieux, puis regarda Vaelh.

« Vous aimez l’escalade ? Nous aurons une bonne vue là-haut... Mais méfiez-vous des apparences, Raven est redoutable. »

Redoutable, en effet... Elle savait comment piéger des zones, et les sécuriser. Ici, elle était dans son élément, dangereuse et cruelle, froide et mortelle. Il ne fallait surtout pas croire que, parce qu’il n’y avait rien, la zone était sûre. Silke le sentait, autour d’elle... C’était comme si une menace indicible et silencieuse planait sur chaque arbre, chaque arbuste, de cette sinistre forêt.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 24 février 2015, 13:38:03
-Tekhos... Cracha Vaelh avec dédains.
   Du point de vue du Démon, l'ère de Tekhos avait des aires d'Enfer. C'était un immonde endroit où même les insignifiant pouvaient, grâce à une technologie bien trop avancée, égaler voir surclasser tout type d'arcane et prendre l'avantage sur les puissants et la vie même.
   Lorsqu'il s'était lancé dans cette aventure avec l'Amazone, Vaelh ne s'était pas imaginé qu'il se retrouverait plongé dans une intrigue dont l'échelle est telle qu'elle connecte les époques. Mais au final, si ses actions pouvaient déstabiliser Tehkos et nombre de groupuscule qui s'y trouvait, cela faisait une raison de plus à l'Incube pour aller de l'avant -bien qu'il ne s'agisse pas de son premier motif-.
   Le temps qu'il arrive à la position ennemi avec l'Amazone, Vaelh ne s'était pas détendu. Voir ces sottes devant lui balader dans leur main leurs outils grossiers le mettait hors de lui et l’emplissait d'une frustration violente. Diable, que l'envie de se ruer sur elles étaient fortes ! Mais au moment où il serait remarquer, il serait arrêté net. Malgré tous ses réflexes, il ne pouvait ni éviter ni prédire la trajectoire d'un si grand nombre de projectiles ; même au meilleur de sa forme un tel exercice se serait peut être relevé impossible.
   Dès qu'il eu une vue sur le point de passage, Vaelh ne pu qu'enrager d'avantage. La zone était littéralement truffée de piège et, même si ça le tuait de le reconnaître, il aurait fallu un miracle pour traverser. Chaque mètre carré au sol pouvait potentiellement causer sa mort ou sa capture. Mais aussi mauvaise fut-elle, on pouvait quand même se réjouir de la situation : si l'ennemi avait déployé des efforts aussi monstrueux que ceux-ci pour garder le point de contrôle menant au camp principal -qui devait être encore mieux gardé-, cela ne pouvait dire qu'une chose : Raven devait être là. Où au moins l'une de ses importantes générale.
   Vaelh et Silke ne repartiraient pas les mains vides, quoi qu'il arrive. Cette pensée le consola.
   S'en suivi une petite éternité faite de discrétion et de prudence : au moment où contourner la palissade avait semblé possible, L'Amazone avait repéré quelques pièges au sol. Le Démon poussa un soupir, fâché de ne pas pouvoir simplement foncer tout droit, mais en même temps étonné par tant d'effort de la part des défenseur.
-C'est qu'ils doivent vraiment y tenir, à leur Raven. J'ai hâte de voir leur tête lorsque nous la ferons parler avant de la pulvériser. Ah, oui : je ne te l'avais pas dit, mais quand viendra l'heure de l'interroger pour connaître le lieu de ses autres camps et troupes rebelles, c'est moi qui me chargerais de lui infliger quelque supplices. J'ai... Hm, touuuut un tas de techniques pour ça, persifla-t-il monstrueusement.
   Étonnement obéissant pour l'instant, il s'était contenté de suivre l'Amazone. Passer devant ne lui disait rien, d'autant plus que même s'il avait l'oeil d'un rapace et une vigilance infinie, il pouvait manquer un piège que Silke aurait remarqué en temps normal. Après tout, la cible était du même sang qu'elle. Elle devait savoir comment Raven fonctionnait.
   Jusqu'à ce qu'il rejoigne le versant rocheux, Vaelh avait fait silence. Il était resté attentif, tout en observant avec attention le dos et les cuisses puissantes de l'Amazone. Cette chair lui allait bien ; à l'image d'une couleur bien choisi pour s'harmoniser avec l'ensemble d'une toile, l’athlétisme de Silke venait souligner sa façon d'être. C'est ainsi que l'Incube lança le plus naturellement du monde, l'air concentré et subtilement joueur :
-Ton corps est intéressant, quoi qu'il ne cache rien de ce que tu es. Peut être flatterais-je ta chair si l'envie m'en dit. Je serais curieux de voir comment ton derme peut réagir à mes talents. Cela te ferais du bien.
   Et sans s'émouvoir d'avantage, sans que dans ses yeux ne brille une dangereuse lubricité mais plutôt une luxure modérée de curiosité d'une certaine manière innocente, il avait entrepris l'escalade. Il se propulsait de prise en prise avec une aisance gracieuse, sans commettre l'erreur d'aller trop vite : il suffisait d'une seul prise fragilisée pour qu'une pierre tombe et déclenche par hasard un piège. Ainsi, le mâle nouait ses mains puissantes sur les prises les plus aisées et les plus solides, se mouvant avec une souplesse reptilienne. Il était plein de précaution... Jusqu'à ce qu'éclate dans son esprit l'idée suivante : je ne me corresponds pas beaucoup à être si sage. Dès qu'il l'eut réalisé, il tourna lentement son visage orné d'un immense sourire malicieux vers Silke, affichant cet air qu'on les enfants avant de commettre une bêtise malgré les témoins qui les regardent.
-M'aimes-tu ? Brèves pause, juste le temps que la surprise d'une telle question fasse effet. Pour ma part, je ne le sais pas encore. Mais je t'apprécie un peu.
   Quelques prises plus tard, l'Incube repris :
-Tu sais, m'aimer est foncièrement dangereux. Plus tu en viendras à m’apprécier, savoureux que je suis, plus je serais en toi. J'ai très hâte de voir quelles idées roses tu peux bien cacher.
   Pour sûr, une piste d'escalade n'était pas le lieu pour une telle discutions. C'est justement pour ça qu'il poursuivit.
-Je devine déjà qu'il y a de l'envie qui gronde en toi depuis longtemps -et note que longtemps est une notion subjective-, sans que tu parvienne tout à fait à l'assouvir. Même tes doigts en ton étroitesse n'y change pas grand chose, du moins pas durablement, pas vrai ? Ma pauvre, acheva-t-il avec une étrange note de... Compréhension ; mêlé à de la luxure, évidemment.
-Mais je sens aussi que prochainement, tu seras satisfaite. Ne me demande pas comment ni avec qui, je ne sais pas lire jusque là. Mais sache seulement que cette aura rouge passion tout autour de toi va immanquablement attirer ce que tu désir profondément. Tout marche ainsi, selon les désirs.
   Ainsi avait-il conclu, arrivant en haut du versant. Effectivement, l'endroit offrait une vue superbe. L'endroit était parfait pour observer, si l'on exceptait les deux sentinelles ahuries qui fixaient Silke et Vaelh avec de grand yeux étonnés. Elles ne devaient pas s'attendre à voir quelqu'un monter par ici !
-Que...
   L'une des deux parvint à se reprendre après quelques instants, fonçant vers une corps d'alarme laissé plus loin tandis que sa camarade s'employait à dégainer ses armes. A leur postures, les deux jeunes femmes ne devaient pas être très expérimentée. On avait dû les mettre en garde ici juste par acquis de conscience. Quoi qu'il en fut, il fallait terminer ce combat avant que l'une d'entre elle ne parvienne à alerter tout le camp !
   Véloce, le Démon avait tout de suite identifié la guerrière qui battait en retraite vers la corne pour sonner l'alarme. Sur un coup de nerf, l'Incube mit toutes ses forces dans sa foulée pour parvenir à rattraper sa cible à une vitesse abominable pour la percuter et rouler avec elle sur le sol, un peu plus loin. Son amie se tenait là, déstabilisée et indécise : soit elle fonçait sur Vaelh en prenant le risque d'être attaquée dans le dos par Silke, soit elle fonçait sur cette dernière au risque que Vaelh l'attaque après en avoir fini avec sa victime. Elle choisit malheureusement la première option, chargeant fébrilement l'Incube qui était en train d'étrangler son ennemi à l'aide d'une clef de bras. Il voyait bien qu'il allait recevoir une charge d'ici quelques instants, mais il ne pouvait pas lâcher prise sans risquer que la jeune femme rampe ensuite jusqu'à sa corne.
   En somme, Seule Silke pouvait encore changer la donne.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 26 février 2015, 01:38:48
C’était une paroi escarpée et difficile, sévère et redoutable. Grimper dessus sans une corde de survie était tout simplement inconscient, mais les options de Silke étaient plutôt limitées. L’escalade était l’une des choses qu’elle avait appris au cours de ses années de formation au sein de la Horde. Elle se rappelait du grand rocher qu’elle avait dû escalader, sans aucune corde pour la soutenir, ni aucun soutien. Lors de ses premières fois, elle tremblait sur place, incapable de soulever son corps, ces dernières semblant comme bloquées. Elle s’était entraînée, et avait progressivement lutté contre sa peur du vide, contre ce vertige qui la saisissait à chaque fois qu’elle commençait à grimper. Maintenant, Silke escaladait sans peine, ce qu’elle entreprit de faire. La tâche était d’autant plus difficile que, avec le soleil couchant, et la nuit qui commençait à s’installer, repérer les bonnes prises était difficile. Silke se concentrait donc, prudente et attentive.

Vaelh, lui, semblait plus à l’aise avec cette paroi, et en profita pour parler d’autre chose, en évoquant désormais le corps de Silke. Cette dernière grogna, ne disant rien au début. Était-ce vraiment le moment pour parler de ça ?! Maudit Incube... Au moins, elle ne pouvait pas l’égorger ! Il y songeait probablement depuis qu’il l’avait vu nue, et, maintenant, il se mettait à fantasmer, en imaginant que Silke puisse réellement fantasmer sur lui, et qu’il était prêt à la soulager de sa frustration. En un sens, il n’avait pas tort : l’Amazone n’avait pas fait l’amour depuis fort longtemps... Trop longtemps. Sa traque pour Raven, la honte de son premier échec contre elle, ont été autant d’éléments qui l’ont progressivement amené ici, et à occulter tout le reste. Cependant, ce n’était pas là, agrippée sur un rocher, qu’elle serait en moyen de songer à ça.

*Il a vraiment le don de me surprendre...*

Parlant et l’agaçant, l’Amazone manqua brièvement une prise, et quelques cailloux tombèrent sur le sol, ce qui l’agaça, et l’amena à répondre, sur un ton crispé :

« Mais fermez-là, bon sang ! »

Toujours aussi désinvolte, Vaelh se retrouva en hauteur, et surprit des sentinelles. Silke, toujours en train de grimper, se rapprochant également du sommet, soupira dans son menton.

*Bon sang, mais quel abruti ! Je vais le tuer !*

Il avait tellement parlé qu’elle n’avait pas pu entendre les bruits venant du haut. Elle bondit à nouveau, et sa main s’agrippa aux racines d’un arbre, y trouvant un appui supplémentaire pour remonter. Elle vit alors que deux femmes se tenaient là. Vaelh en avait immobilisé une, et l’autre courait vers lui, afin de le pourfendre. Silke se pencha, attrapa un caillou, et l’envoya vers la femme. Le projectile heurta la tempe de la femme, l’arrêtant sur sa course, et Silke se rua ensuite vers elle.

« Traîtresse ! Va crever, chienne ! »

On disait qu’une femme hargneuse équivalait vingt hommes au combat, en terme de férocité et d’agressivité. Ceci se confirmait en ce moment. Silke s’élança vers la femme, mais cette dernière leva un pied, et la frappa dans le ventre. Silke recula, et la guerrière se releva, sortant un couteau de combat, qu’elle utilisa pour l’attaquer. Silke bondit en arrière, évitant l’attaque. La femme attaqua ensuite, la pointe en avant, et Silke fléchit les genoux, puis bondit en avant, son coude heurtant le nez de la femme, brisant ce dernier. Elle se coucha sur le sol, laissant sur le coude de Silke une traînée de sang. Elle se mit à califourchon sur elle, et s’apprêta à lui décocher un uppercut en pleine poire... Mais l’ennemie avait, elle aussi, attrapé un caillou, et frappa la tête de Silke avec.

« Uh... ! »

Sonnée, l’Amazone partit à la renverse, et son adversaire bondit sur elle, afin de la renverser, et entreprit de l’étrangler, serrant chacune de ses mains sur sa gorge. Silke se mit à couiner et à soupirer, remuant les jambes, la femme serrant fort.

Pendant ce temps, l’autre sentinelle avait également sorti son couteau, et le planta dans le genou de Vaelh, puis le repoussa avec les deux mains, ne lui laissant que peu de temps libre pour pouvoir contre-attaquer. Silke, quant à elle, tâtonna à côté, et finit par sentir le couteau de la femme, celui qu’elle avait utilisé pour tenter de la poignarder. Des points noirs dansaient devant ses yeux, s’épaississant, et elle agit par instinct, soulevant le poignard, pour l’abattre sur le cou de son adversaire La pression sur son cou se défit subitement, les yeux de la tueuse s’écarquillèrent, et Silke appuya sur le couteau, la couchant à côté d’elle. La femme gémissait, tentait de parler, et Silke ne tarda pas à voir, sur son corps, ce qu’elle craignait de voir... Une marque au fer rouge, la preuve qu’elle était une ancienne esclave, dont les yeux paniqués fixaient le vide.

Silke se pencha sur elle, posant ses doigts sur sa bouche.

« Ne t’inquiète pas, femme, tu mourras vite. Je prie la Déesse pour qu’elle te confie une place aux Élysées... »

L’Amazone l’embrassa tendrement sur le front, puis récupéra le poignard, le sang de la femme se mettant à jaillir. Elle se releva ensuite, afin de regarder la femme.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 27 février 2015, 14:41:50

La douleur.

Tel un courant électrique surpuissant, elle se propagea depuis la jambe de l'Incube pour saturer tout son corps. Démon qu'il était, les plus petites expériences de la vie pouvaient potentiellement être sensationnellement et émotionnellement dévastatrice. Il en allait de même pour la douleur qui écrasa tout en Vaelh. Il ne sentit même pas ses mains se défaire de la gorge de son adversaire, il ne la vit pas ramper péniblement plus loin pour reprendre son souffle, pas plus qu'il ne percevait quoi que ce soit d'autre que la peine dans tout son être.
Mais, hédoniste démoniaque qu'il était, Vaelh savait tourner toute expérience en quelque chose d'appréciable. Ainsi, Après un grondement étouffé, la douleur ne reflua pas mais se magnifia en quelque chose d'absolu et de merveilleux, un pilier colossale sur lequel le monde entier reposait.
Quand la vue lui revint, tout était atrocement contrasté. Les couleurs lui blessaient les yeux comme un millions d'aiguilles. Au milieu de ce maelstrom, le Démon parvint à se concentrer sur les mouvements de la jeune femme. Il n'avait pas d'arme, étrangler la femme s'était avéré peu efficace, alors il ne restait que l'option de se laisser aller à des méthodes plus animale et plus sanglante.
Poussant un grognement fauve, l'écume au coin des lèvres, le couteau toujours dans sa cuisse, Vaelh bondit sur la femme, la martelant d'abord avec ses poings avec tant de frénésie qu'il la manquait parfois ; puis il se jeta sur sa gorge pour la mordre à pleine dent avant de secouer la tête comme un chien d'attaque, ravageant le cou de sa proie. Et tandis que la guerrière mourrait, Vaelh se laissa tomber sur le côté. Dans cette réalité, son corps était bien moins résistant et toute la douleur encaissée le laissait à présent nauséeux. Maladroitement, il retira la couteau de ses chairs pour observer la plaie. Cette dernière était vilaine et assez profonde pour tuer le Démon en le vidant de son sang d'un rouge trop vif s'il ne se soignait pas. Que ça lui plaise ou non, il allait devoir demander l'aide de l'Amazone et de ses potions.
-Hmmrpf... L'Amazone ! Hé, par ici. Assiste moi, lança-t-il la bouche encore pleine de sang.
"Assister" plutôt "qu'aider", c'était mieux formuler ainsi. Et Silke n'avait de toutes façons guère le choix puisque seule, elle ne pourrait pas progresser d'avantage.
-Tu vas avoir besoin de moi pour la suite, alors ne rechigne pas, ajouta-t-il quand même.
En même temps qu'il se chargeait de sa jambe, Vaelh baissa les yeux sur le camp en contre bas. Et comme il s'y était attendu, l'endroit était plutôt peuplé. Beaucoup de guerrières étaient occupées à des tâches de maintenance, démontage de tentes ou encore à des rondes de patrouille, là où d'autres se reposaient. Toutes ces troupes étaient hétéroclites, on les devinait facilement originaire d'un tas d'endroit différents. Elles étaient toutes bien armées et, à voir le nombre de troupes déjà prêtes et les bagages déjà pliés, il semblait que tout ce beau monde était sur le point de repartir vers une nouvelle conquête.
-Au vu de la vitesse à laquelle ces niaises avancent, il leur faudra encore un jour pour repartir. Si on veut intervenir, il faudra le faire cette nuit où l'on sera moins visibles, et nous n'aurons qu'une seule chance.
Il s'était ensuite apprêté à demander si Raven était quelque part en bas puisqu'il ne savait pas à quoi elle ressemblait, mais il n'en eut pas besoin. Une figure solitaire se tenait au seuil d'une plus grande tente, portant sur le camp un regard autoritaire, même presque tyrannique. Elle semblait à la fois calme et parfaitement lucide et sur ses gardes.
-Alors c'est elle, avec la chevelure noire ? Vaelh resta pensif un très bref instant. Intéressant. Je sens d'ici qu'elle n'a pas un caractère facile. Je devine même qu'elle a dû passer une large part de sa vie à être traquée comme c'est le cas à présent. Je le sens, c'est une survivante. Hmm... De toutes façon, impossible d'approcher maintenant. Toutes les entrées sont trop gardées. Attendons la nuit. D'ici là, parle moi un peu d'elle, ou distrait moi, conclu-t-il avec témérité.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le dimanche 01 mars 2015, 01:49:59
Ces femmes n’avaient aucun entraînement militaire, et, pour autant, elles avaient réussi à la blesser, ainsi que Vaelh. Aucun pouvoir particulier, rien d’autre que leur rage, leur hargne. Silke connaissait leur histoire. Elle n’avait pas eu besoin de la demander pour le savoir. Rares étaient les situations où l’esclavage était une bonne chose. Ces femmes étaient martyrisées, humiliées, violées, torturées... Elles étaient ramassées par les Amazones, afin de rejoindre une nouvelle famille, où leur haine serait mise à contribution. Raven ne faisait que perpétuer la tradition, et elle avait offert à ces femmes hargneuses un moyen de se battre. Au vu des cicatrices ornant le ventre de sa victime, cette dernière avait dû avoir une césarienne... Elle n’imaginait que trop bien les souffrances et les traumatismes ayant pu la pousser à porter les armes. Elle ne savait pas se battre, mais elle avait avec elle une rage, une hargne de vivre. En ce sens, elle était véritablement une Amazone, car, avant d’être une guerrière bien formée et bien entraînée, une Amazone restait une femme passionnée.

Elle se rendit vers Vaelh, afin de l’aider à se soigner. Le poignard avait bien entamé sa chair, et, fort heureusement, la constitution des démons était plus résistante que celle des humains, et ils cicatrisaient aussi mieux. Vaelh alla donc rapidement un peu mieux, et Silke eut un bref regard vers le cadavre massacré. L’Incube s’était défoulé sur elle, écumant sa rage et sa frustration en la massacrant. Encore une fois, elle réalisa qu’il fallait se méfier de lui, qu’il était instable, dangereux, et que, avant tout, il restait un démon. C’était une information à ne pas négliger.

Le duo, depuis leur promontoire rocheux, avait une belle vue sur le camp, et, assez rapidement, ils virent la tente de Raven (http://img101.xooimage.com/files/6/2/6/raven-45e3590.jpg). Silke sentit la colère traverser son cœur. Son amie d’enfance... Elle était là, dans son armure noire, avec une cape violette, une longue chevelure noire. Des traits serrés et autoritaires sur son visage , l’aigle rouge tatoué sur son sein gauche.

« C’est elle... »

Ça ne pouvait tout simplement être qu’elle. Vaelh suggéra d’attendre la nuit pour rentrer dans le camp, ce en quoi Silke était entièrement d’accord. Il y avait de nombreuses sentinelles, des feux de camps, et Silke observait ce dernier. Le camp s’étalait dans la forêt, et elle ne tarda pas à voir, dans des coins, des cages en bois, abritant, soit des créatures sauvages, soit des prisonniers. Vaelh lui demanda alors des informations sur Raven, ou de le distraire, ce qui fit grincer les dents de Silke.

« De Raven, il n’y a pas grand-chose à dire. Elle est persuadée d’agir pour la Déesse, convaincue que les Amazones ne suivent plus le cheminement de la Déesse. Elle est forte, dangereuse, vicieuse, et très bien entraînée. Je l’ai déjà combattu il y a plusieurs mois, et elle m’a vaincu. »

Autrement dit, elle était forte. Silke ne la sous-estimerait plus, et ce d’autant plus que cette défaite avait ébranlé sa fierté, et même heurté sa foi. Raven était-elle vraiment bénie de la Déesse ? Était-ce là la raison pour laquelle Silke avait échoué ? Cependant, l’Amazone se refusait à croire que la Déesse-mère puisse être hostile aux volontés réformatrices de la Reine Andromaque.

« Je pense que Raven, durant ses voyages, a rencontré de sombres alliés... Ceux-là mêmes qui lui ont fourni des armes. J’ai, moi aussi, rencontré des alliés... Ils m’ont expliqué traquer une organisation terroriste mondiale, responsable de tout un trafic d’enlèvements de personnes à l’échelle de la planète. Tekhos, Nexus, Ashnard... Tous les royaumes sont impliqués. D’après eux, Raven aurait rejoint cette organisation... La Monarchie de la Rose. »

Silke ignorait pourquoi elle lui disait ça. Elle parlait, tout simplement, et, comme il avait demandé à en savoir plus sur elle... Elle n’espérait pas spécialement que l’Incube ait des informations à fournir. De fait, il semblait plus intéressé par le fessier de Silke que par ses paroles. En d’autres circonstances, elle aurait pu se laisser tomber. Il y avait longtemps que Silke n’avait pas senti la vie pulser en elle, et, contrairement à bien des peuples, chez les Amazones, tomber enceinte était un grand honneur, et recommandé. Avoir une fille avec des gènes démoniaques offrirait une belle guerrière, mais, pour l’heure, elle avait du mal à penser à autre chose, son instinct maternel étant mis au second plan.

La nuit commençait à tomber, et on pouvait entendre les sons de la forêt, les hiboux en train de s’exclamer, le son des criquets sur les arbustes. Dans le camp, quelques feux étaient allumés, et des sentinelles avançaient le long du sol.

« Il nous faut rejoindre la tente de Raven... Mais en ne se faisant pas repérer. Les réponses sur ce qu’elle fait ici doivent se trouver dans sa tente... »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 03 mars 2015, 20:59:31
Si ce que Silke disait s'avérait vrai, alors Raven était  encore bien plus redoutable que prévu. Elle n'était pas l'antagoniste motivée par la soif de pouvoir que Vaelh s'était imaginé, non : elle se voyait comme une sauveuse, une martyre, une bénie. Et cela la rendait bien plus dangereuse dans le sens où elle devait être persuadée d'agir en faveur d'une grande cause. Le nombre de femmes qu'elle arrivait à subjuguer n'était alors plus si surprenant que ça puisqu'en plus de les sauver, elle faisait rayonner devant leur yeux quelque mission divine.
-L'ampleur de tout ça m'étonne quand même. Si une telle société secrète existait, pourquoi aurait-elle recruté Raven ? Il y a tout un tas de souverain plus puissants et tout aussi corruptibles ou influençable en ces temps. Elle doit avoir quelque chose de spécial, je présume. Ou peut-être qu'elle s'est elle même vendue ; elle aurait passé un marché : du matériel pour sa petite quête contre ses services dans d'autres complots.

A peine eut-il formulé ses hypothèse que l'air autour de Silke se fit plus capiteux. L'Incube détecta chez son allié comme un conflit intérieur lié à ses envies, sans pour autant parvenir à en savoir plus si facilement. Il ne se pencha de toutes façons pas sur la question puisque d'autres jeux plus intéressant encore l'attendaient.
-Patientons encore avant de bouger. Plus il fera noir, mieux ce sera.
Ainsi, le Démon se fit étonnamment silencieux jusqu'à l'heure de s'inflitrer. Pendant l'attente, son attention s'était à la fois porté sur le camp et dans les ténèbres. Il avait d'ailleurs passé les dernières minutes les yeux rivé vers là où la lumière des feu ne portait pas de sorte à ce que sa vue soit parfaitement accommodée à l'obscurité. Et, sentant que c'était le bon moment, il s'était simplement levé.
Du Vaelh malicieux, inconscient et joueur, il ne restait plus rien. Pour l'heure, le Démon n'était qu'un odieux serpent qui se glissait entre les obstacle sur sa route dans un silence terrifiant. Ses pas étaient si légers qu'ils semblaient ne jamais toucher le sol, ses gestes si souples et si fluides que toute sa stature était parée d'une grâce aérienne. Mais surtout, l'Incube était patient. Pas une seule fois il n'avait hésité à marquer une pause. Au moindre doute, il disparaissait derrière le plus insignifiant couverts avec un tel talent qu'il se rendait invisible.
Il n'y avait pas besoin d'en voir plus pour s'imaginer la quantité de gorge que ce monstre avait déjà tranché.
Cependant, malgré toutes ses compétences, Vaelh ne put guère avancer plus loin : il fit un signe à Silke pour lui indiquer deux sentinelles assises là, vers un feu, un peu en retrait. Elle ne surveillaient pas directement la brèche par laquelle Vaelh escomptait se faufiler, mais elles remarqueraient quiconque approcherait. Tenter de les tuer toutes les deux était exclu : dans sa forme incarnée, le Démon n'avait pas la vitesse nécessaire pour leur sauter dessus avant qu'elle ne donne l'alerte; et à ça s'ajoutait le fait qu'il aurait fallu les assassiner sans le moindre son. Une attaque à distance n'était pas non plus possible avec le seul couteau que l'Incube avait récupéré sur le corps de sa dernière victime.
A court d'option, l'assassin se tourna vers Silke.
-Inspire un grand coup et tâche de ne pas céder. Ne fais pas de bruit non plus.
C'est à cet instant que la situation devint très étrange. D'abord gentiment, puis avec de plus en plus de sensualité, le Démon laissa courir ses propres doigts sur ses joues, sa gorges et son buste. Et tandis que ses soupirs se perdaient dans la nuit, l'air s’alourdit drastiquement autour de lui en même temps que la température augmentait. Le rayon du phénomène augmentait doucement à mesure que le Démon psalmodiait, l'atmosphère se faisait toujours plus chaude, plus écrasante... Et lorsque les deux femmes furent prises dans la zone d'action, elles furent subtilement confrontées à leur envie. Ce fut presque imperceptible au début, mais l'agitation qui les perturba très vite ne mentait pas, de même que la rougeur sur leur visage.
Quelques minutes plus tard, le désir et les fantasmes des deux femmes devinrent trop forts : persuadées d'être seules, elles s'isolèrent un petit peu plus loin, sous une tente, pour assouvir le feu que l'Incube avait déclenché. Feu que Silke avait dû supporter si elle s'était trouvé à porté.
Sans perdre de temps, le Démon avança et s'infiltra dans le camp.

Toujours devant, le Maître furtif profitait de la moindre occasion. Il ne s'approchait jamais trop des feu tout en préférait frôler les patrouilles dont la vue s'était habituée à leur lumière. Il veillait d'ailleurs à ne choisir que des chemins sur lesquels les gardes se déplaçaient, ou leur abord, pour éviter de marcher sur quelque piège. Indéniablement, à moins d'un gros imprévu, le Démon ne pouvait pas se faire repérer. Mais qu'en était-il de l'Amazone qui suivait derrière lui ?
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le samedi 07 mars 2015, 03:17:57
Les doutes de Vaelh étaient compréhensibles, en ce sens qu’ils rejoignaient ceux de Silke. Toutefois, cette dernière ne pouvait pas nier l’évidence : les armes des Amazones de Raven ne venaient pas de la réserve de la Horde. Partant de là, comment cette dernière avait-elle bien pu les récupérer ? La contrefaçon d’armes à feu tekhanes était en vogue dans certaines régions du globe, comme à Nexus, mais, ici, ils étaient très loin de la cité-État. Raven s’était associée avec de sinistres puissances, et Silke hésitait. Elle hésitait à appeler en renfort ses nouveaux alliés, tout en sachant très bien que l’une des raisons l’empêchant de le faire était sa légendaire fierté. Cette même fierté qui l’avait amené à vouloir affronter Raven seule, à tenter de raisonner les druidesses dans la forêt, ou à suivre cet Incube instable aux désirs changeants. Assez curieusement, elle choisissait un Incube comme allié, alors même qu’elle pouvait obtenir l’aide d’une Nephalem ou d’une Ange. Knaël lui avait donné les moyens de la contacter si jamais elle avait besoin d’aide, en lui soulignant combien la Rose « tait dangereuse, et combien il était suicidaire de vouloir les affronter seule.

« Raven est plus forte que ce que tu crois, lui avait dit Knaël sur les remparts du fort où son chemin avait croisé le sien. Elle s’est alliée avec de sombres puissances, et a obtenu de nouveaux pouvoirs... »

Nouveaux pouvoirs ou non, elle restait une femme éloquente, persuasive, qui avait su rallier avec elle les esclaves. Silke la traquait depuis trop longtemps en suivant les traces de ses carnages, que ce soit dans des villes, des villages, ou dans les fermes d’esclaves, où elle avait fait des ravages. Elle se rappelait les champs calcinés, les esclavagistes écorchés et crucifiés, leurs chairs gonflés pendant au soleil, dévorés par les oiseaux et les corbeaux. Elle se rappelait les villages ravagés, massacrés, avec des charniers puants remplis de cadavres que Raven et les siennes avaient massacré. C’était une femme impitoyable, qui tuait hommes et enfants sans le moindre signe de pitié.

« Et pourquoi pas ? finit-elle par lâcher. Raven est une guerrière puissante, éloquente, une meneuse d’hommes... Ces gens, s’ils existent, et j’ai peine à croire que ce n’est pas le cas au vu des éléments dont nous disposons, ont besoin de personnes. Raven ne massacre pas tous ceux qu’elle croise. Elle a aussi beaucoup de prisonniers. Que peut-elle en faire ? Elle ne demande pas de rançons. Qui finance son mouvement ? »

Elle avait forcément des alliés, et, encore une fois, l’Amazone hésita à appeler ses propres alliés en renfort. Un nouvel échec contre Raven était tout à fait possible, et, dans la mesure du possible, Silke tenait à l’éviter. Mieux valait donc mettre toutes ses chances du même côté... Mais, d’un autre côté, Raven était son fardeau. Elle était son amie d’enfance, et c’était à elle qu’avait incombé la tâche de la capturer. Elle ne pouvait pas se permettre d’échouer maintenant. Pour appeler Knaël, elle pouvait passer par Iranaël, une Ange. La Nephalem lui avait, à cet effet, remis une rune magique qui, en appuyant dessus, enverrait un signal à Iranaël. Tandis que Vaelh se reposait, en attendant que la nuit soit suffisamment avancée, Silke, elle, finit par sortir de ses seins la fameuse rune. C’était un cristal blanchâtre étincelant, et elle le tritura entre ses doigts.

Ses abus de confiance étaient là. Ils étaient parlants, et criants de vérité. Quelle Amazone serait-elle si, tout en conseillant à Vaelh la prudence, elle-même ne suivait pas ses propres conseils ? La Reine Andromaque ne verrait assurément aucun problème à ce que Silke s’aide d’une complicité extérieure à celle de la Horde pour ramener Raven, du moment que cette dernière ne se soustrayait pas à la justice des Amazones. Silke frottait donc entre ses doigts la rune, pensive, et le temps, lui, défilait.

Vaelh finit par s’avancer le premier, et Silke le suivit de très près, essayant de le guider pour éviter les pièges. Ils empruntaient le chemin des deux sentinelles, évitant donc les pièges, mais, très rapidement, le duo arriva face à un nouvel obstacle : deux femmes, en train de bivouaquer. Les contourner était impossible, et Silke se pinça les lèvres, réfléchissant à un moyen de les neutraliser rapidement... Quand l’Incube utilisa sa redoutable magie rose.

« Hum... »

Proche de Vaelh, Silke sentit cette dernière la frapper, et elle ferma les yeux, se mordant les lèvres. Tandis que des images de coucherie défilaient dans l’esprit des Amazones, elle-même sentit les mêmes pensées impures la traverser... En temps normal, elle aurait fantasmé sur une femme, mais, faute d’en avoir une à côté, ces dernières se tournèrent vers son proche compagnon. Les joues rougissant légèrement, ses tétons se durcirent. Sa main s’appuya sur sa tempe, l’autre main sur le sol. Elle se vit, dans ses songes, en train de gémir, de soupirer, tandis que Vaelh, imperturbable, la besognait contre les arbres, dans les fourrés, ses soupirs et ses gémissements se perdant dans sa tête.

*Ça suffit ! Ressaisis-toi !*

Ce n’était que de la magie, elle y était préparée... Mais elle se trouvait très près de Vaelh, et, pendant quelques instants, il lui fallut un peu de temps pour résister à l’envie, complètement suicidaire, de se rendre dans la tente des deux sentinelles. Elle suivit l’Incube, reprenant peu à peu son souffle, laissant l’adrénaline dans ses veines et la peur tuer tout désir sexuel. C’était la nuit, et le camp était encore très animé. Il y avait des patrouilles, des sentinelles, des feux de camp, et des bruits venant d’une sorte d’arène enfoncée dans le sol. De multiples Amazones se trouvaient tout autour, encerclant le trou en commettant un obscur combat.

La cible du duo était toute tracée : la partie supérieure du camp. Cependant, l’accès direct était bloqué par plusieurs gardes, et, alors qu’ils s’avançaient, longeant les bords de l’arène, Silke commença à voir ce dont elle avait parlé à l’homme : les cages en bois et les prisonniers. Ils s’accumulaient dans toute une partie du camp. Des cages en bois abritant, soit de redoutables animaux, comme d’épais ours, soit de multiples prisonniers, des hommes qui semblaient épuisés. Ils portaient des haillons, et plusieurs gardes patrouillaient le long des cages.

« S’il-vous-plaît... Mon fils...
 -  Tais-toi, sale mâle ! »

Un hurlement d’agonie déchirant se fit alors entendre venant de l’arène, avec le rugissement d’une bête, et le hurlement de joie des Amazones.

« Peuh... J’aurais préféré voir ses semblables se faire déchiqueter par nos ours, plutôt que veiller sur ces êtres puants !
 -  Chaque chose en son temps, ma sœur. »

Silke serrait les dents entre les arbres. Des fermiers, et même des enfants... Ces femmes ne respectaient rien. Elles étaient l’aberration des Amazones. Le père de famille essayant d’indiquer aux Amazones que son fils avait un rhume s’était reçu un coup de manche d’une lance entre les côtes.

*Toutes les femmes n’ont pas pu rejoindre ces folles... Qu’en ont-elles fait ?*

L’Amazone ne voyait que des hommes ici. Est-ce que les femmes étaient dans une autre partie du camp ? Une autre prison ? Elle devait trouver un moyen de les libérer... Et, pour cela, il n’y avait qu’une seule solution. Il fallait trancher la tête de ce monstre. Il fallait trouver Raven, et la neutraliser. Ce n’était qu’à ce prix que ce cycle de violence pourrait se terminer.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 10 mars 2015, 21:52:57
Lors de leur progression, Silke put noter que le Démon resta parfaitement focalisé lorsque les cris de douleur et de mort survinrent. Quelques heures plus tôt, lors de l’ascension, l'Incube s'était laissé complètement dissiper ; et maintenant, c'était tout l'inverse. Un tel contraste ne faisait que souligner la masse grouillante de personnalité qu'il gardait sous tous les masques que son visage pouvait revêtir à tout instant.
A moins qu'il était tout simplement habitué à de tels hurlements.

Correctement dissimulé, l'Incube marqua une pause pour analyser la situation. L'accès directe à la tente de Raven était gardé de sorte à ce que toute tentative d'approche frontale ne pouvait se solder que par un échec. Il restait l'option de trouver une autre voie, ce qui aurait été bien moins risqué et aurait pu s'avérer fructueux à condition d'être patient... Malheureusement, le Démon arrivait pile dans l'une de ses phases où il se foutait pas mal de la patience.
Dommage.
-Peuh ! Tiens, voilà le plan : je vais courir comme un possédé dans cet arène pour ouvrir le maximum de cages possible. Si elles sont toutes en bois, alors leurs verrous et leurs fixations ont de grandes chances d'être faits en cordes que je pourrais trancher avec ce couteaux, ramassée sur l'autre niaise que j'ai égorgé. Je vais leur envoyer leurs gros animaux dans les pattes. Le temps qu'elles arrivent à maîtriser tout ça, tu auras une fenêtre pour avancer.
Sans attendre, l'Incube pris une impulsion qu'il interrompit juste pour lâcher, sans fixer l'Amazone
-On se reverra peut être, ou pas. Tout dépendra de si je me fais attraper ou non.
Et aussi soudainement que ça, il s'élança vers l'arène, abandonnant toute discrétion seulement après s'être assuré qu'on ne pourrait pas clairement déterminer l'endroit d'où il sortait pour que Silke puisse temporiser.

*
**

Sa toute première action avait été d'embrasser goulûment la première garde qu'il croisa, laquelle ne fut capable que de rester plantée là, surprise, pendant quelques secondes ; elle hérita d'un revers de la paume éclair qui la fit tomber en arrière. Riant tout haut de la gaucherie de sa victime, le Démon sprinta de toutes ses forces pour aller s'attaquer à la première cage dans laquelle un gros ours brun grondait. Véloce, le Démon était déjà loin lorsque l'animal massif entreprit d'abord de sortir timidement, puis de se dresser et rugir lorsque deux femmes déboulèrent.
La puissance du rugissement avait alerté le camp et les autres animaux, lesquels se montrèrent bien plus agressifs ou vifs dès qu'ils furent libres. A chaque fois que L'Incube entendait des éclats de voix fermes et des pas qui annonçait de nouvelles forces arrivées en renfort, il anticipait en se cachant ou en déviant de sa route. Au final, chaque groupe de guerrière qui arrivait pour maîtriser une bête se retrouvait avec de nouveaux animaux chargeant leur dos.
La plus grosse erreur des femmes fut de vouloir maîtriser les animaux pour les remettre en cage et pouvoir les employer plus tard plutôt que de chercher à les tuer tout de suite. Elle se retrouvèrent vite débordées, la plupart d'entre elles blessées, et bientôt, une large proportion de la garnison fut forcé de leur prêter main forte.
La seconde erreur des guerrières fut d'être, pour la plupart, restée dans l'arène pour y contenir la menace des bêtes. Grâce à sa furtivité et son couteau, le Démon fit pas moins de trois victimes, toutes mises à mort de la manière la plus immonde/impressionnante, sanguinolente/artistique, pour ajouter la peur à la panique.
Mais ça n'était pas encore assez.
Prince de l'excès, Vaelh voulait savourer le plaisir du chaos qu'il avait orchestré. Il voulait voir, sentir et palper l'atroce bouillons émotionnel et sensationnel qui naîtrait de son sabotage. Ainsi, à chaque fois qu'il bougeait, il altérait l'air autour de lui pou y diffuser des nuages de sa magie impie qui eut raison du couples de sentinelle plus tôt. Ainsi, les femmes durent faire face à leur désir en même temps qu'elle luttait contre la peur d'être tuée par le boucher qui rôdait dans l'arène, tout en bataillant pour faire rentrer les animaux dans leur cage. C'en fut trop pour certaines d'entre elles qui s'enfuirent.
Mais Vaelh pouvait encore faire mieux, il en était sûr. Il allait ajouter la rage, la frustration, la rancune et la vengeance à ce beau tableau.
Sans réfléchir d'avantage, il grimpa habilement sur le point le plus haut de l'arène pour lancer, hautain et insultant au possible :
-Parfait ! On m'avait dit que dans la forêt existait des nids de chiennasses tant avides de queues qu'elles copulaient avec les bêtes qu'elles emprisonnait en plus de sa taper leur prisonniers crasseux ! Je sais très bien que vos cuisses qui s'écartent d'un claquement de doigt suintent misérablement, impatiente de prendre ma large verge ! Mais qu'attendez vous, mes douces et tendres salopes ? Venez me chercher, que je vous baise et vous arrose de mon jus les unes après les autres !
Un rire malveillant ponctua sa tirade, et il redescendit en savourant le maelstrom d'émotion et de sensations qui rageait ci-bas. Il se régalait. Il adorait cette situation. Il n'aurait présentement changé sa place pour rien au monde.
A présent, l'ennemi savait à quoi il ressemblait, et où il se trouvait. Ses propres pulsions avaient réduites ses chances de survie.
Mais le principal était qu'il s'amuse.

Puisse Silke profiter du chaos.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 13 mars 2015, 01:33:59
Vaelh avait un plan, consistant à le laisser faire diversion, afin de permettre à Silke de profiter de la confusion pour rejoindre la tente de Raven. Était-il donc en train de dire qu’il comptait affronter seul tout un campement militaire ?! Cet homme était-il courageux, ou suicidaire ? À ce stade, Silke ne pouvait que penser à l’hypothèse de la démence. Cependant, elle n’eut guère le temps d’exprimer son avis que l’Incube, déjà, courait vers les cages enfermant les animaux sauvages, se rapprochant de l’arène. Silke, elle, se rapprocha plutôt des prisonniers. Les sentinelles s’étaient écartées, et elle devait traverser la prison. Elle s’avança donc, prudente, les flammes des torches éclairant son corps. Plusieurs prisonniers la regardèrent, et elle posa un doigt sur ses lèvres.

« Je viens vous sauver, mais ne dites rien... »

Peine perdue : un murmure ne tarda pas à secouer l’assemblée. Les captifs se réveillaient, et Silke, par peur que ces bruits n’attirent les sentinelles, se dépêcha de marcher, jusqu’à rejoindre plusieurs tentes, filant dans l’obscurité. Elle entendit des soupirs émanant d’une tente, et eut la curiosité de se rapprocher. Une bougie brûlait à l’intérieur, et deux femmes se faisaient l’amour. Prudemment, l’Amazone choisit de les laisser en paix, et se rapprocha du flanc rocailleux menant au plateau où se trouvait la partie supérieure du campement. Elle était en train de chercher une ouverture, un moyen d’escalader cette paroi... Quand un ours se mit à hurler. Vaelh venait d’agir, et le camp ne tarda pas à s’embraser. Les deux femmes en train de faire l’amour cessèrent de gémir, puis se remuèrent, et, en quelques secondes, alors que Vaelh commençait à se battre, et à faire couler le sang, entraînant hurlements et vociférations, les deux femmes sortirent subitement. L’une avait les seins nus, l’autre des tatouages sur le corps, mais toutes les deux portaient leurs armes : une lance pour l’une d’entre elles, une épée pour l’autre.

Elles déboulèrent juste à côté de Silke, qui se pinça les lèvres.

*Maudit Incube !*

Maudits soient ces démons, en effet !

« Qui es-tu, femme ?
 -  Je la reconnais, c’est celle qui a défié notre Reine il y a des mois... N’étais-tu pas censée être morte ?
 -  Je n’ai nulle envie de vous combattre, répliqua calmement Silke. Vous avez été manipulées par Raven...
 -  Traîtresse ! Tu es venue ici pour tuer la Reine ! cracha l’une des deux femmes. Avertis les autres ! »

L’une des deux guerrières, celle, avec la lance, fila, et Silke sortit son épée, puis croisa le fer avec l’autre Amazone. Les lames s’entrechoquèrent, et la femme bondit en arrière, puis attaqua à son tour. Rapide et agile, elle était une véritable panthère, tournoyant sur elle-même, frappant et fauchant, sans aucune hésitation perceptible dans son attitude. Les lames se heurtaient et se croisaient, et Silke se retrouva dos acculé contre la paroi. La lame de la guerrière mordit le mur, et le poing ganté de Silke rencontra le visage de la femme, la faisant reculer. L’Amazone aux cheveux de feu leva son épée, et l’abattit sur l’ennemi. Cette dernière leva également son épée, les deux lames s’entrechoquèrent violemment, et le pied de Silke l’atteignit au ventre.

En grognant, son adversaire recula, courbant le dos. Silke leva son épée et chercha à l’abattre sur elle, mais la femme bondit sur le côté, roulant sur le sol, et frappa à son tour Silke, avec son coude, l’atteignant au cou. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, le coude était la partie la plus redoutable du corps humain, car c’était là que se trouvait le croisement de deux os, et où il y avait peu de peau. On ne se faisait pas mal, tout en faisant souffrir les autres. Le coup frappa donc Silke, et cette dernière heurta la paroi en grognant. Son adversaire se rua vers elle, et, plutôt que de bondir sur le côté, Silke choisit de filer en arrière, s’appuyant sur le mur rocailleux pour sauter en arrière. Son dos rencontra la poitrine de son ennemie, et elle se retourna immédiatement, puis tira sur ses cheveux, et lui faucha les jambes. La femme tomba au sol, et Silke la frappa à terre, la neutralisant.

*Trop de sang a déjà coulé... Je ne te tuerai pas.*

Reprenant son souffle, Silke observa ensuite la paroi. Au loin, Vaelh et les Amazones hurlaient, et elle entreprit de grimper le long de la paroi, s’égratignant les doigts, le goût du sang dans la bouche.




Autour de l’arène, les Amazones de Raven se regroupaient en masse, archères se mélangeant aux guerrières. L’ours que Vaelh avait libéré affrontait plusieurs Amazones, et ces dernières furent soutenues par les archères, qui criblèrent son dos massif de flèches enflammées, faisant hurler la bête. Son sang coulait sur son corps, mais un ours était, de base, une créature massive. La bête avait réussi à tuer une femme en lui griffant violemment le dos, entaillant profondément sa peau. La douleur rendait le roi de la forêt encore plus hargneux et féroce. Ses dents tranchantes claquèrent dans le vide, manquant de justesse une Amazone qui s’affala sur le sol. Face à elle, les yeux horrifiés, la femme, qui n’était qu’une adolescente, vit l’ours se dresser sur ses pattes arrière en rugissant, s’apprêtant à fondre sur elle... Quand une flèche explosive transperça son œil, et fit exploser sa tête.

Les archères visaient maintenant Vaelh, mais étaient accompagnées par d’autres femmes, qui influaient contre les émanations magiques de Vaelh : une Chamane ! (http://fc06.deviantart.net/fs70/f/2014/238/8/c/undistressed_shaman_by_jamga-d7wq82f.jpg) Les archères visèrent alors l’Incube, et les flèches sifflèrent au bout de quelques secondes, tandis que les autres se remettaient en position, regardant, avec la rage au cœur, les cadavres de leurs amies et camarades au sol.

« Tuez-le ! Tuez-le ! »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le samedi 21 mars 2015, 12:48:37
Alors que tout se déroulait relativement bien -du point de vu du Démon fou-, l'air s'était troublé devant ses yeux avant de s’électriser. Un sentiment grandissant de mal aise frappa Vaelh. Dans la foule enragée en bas, une silhouette singulière le fixait. Le temps se figea, le monde entier ne fut plus que coloré de nuances de gris, et le Démon ne vit plus qu'elle et ses yeux rougeoyant de magie.
Ainsi sut-il immédiatement que la femme ci-bas le surpassait largement dans le domaine de la magie. Dans ce plan de la réalité du moins.
La seconde d'après, Vaelh eut l'impression qu'on lui arrachait les membres. Il sentit une vaste part de sa magie lui être arraché sèchement avant qu'elle ne soit purement annihilée dans l'air. Il laissa échapper une hurlement abominable proche de cri d'agonie en même temps qu'il commençait à perdre prise. Mais, au plus fort de la douleur, le cri se mua en un rire hystérique, la peine en un plaisir sans fin : l'Incube restait l'incarnation de l'excès le plus total. Aucun plaisir ni aucune douleur ne lui était inconnu, pas plus que les secrets qui permettait de transiter de l'un à l'autre.

Le Démon pouvait bien être réduit en purée, découpé, mentalement détruit ou tourmenté jusqu'à la fin des temps, la part la plus noire de son âme d'hédoniste lui permettrait toujours de trouver un moyen d'apprécier son sort au delà de toute raison.
Les jambes encore flageolantes, Vaelh ne put que se mettre maladroitement à l'abri des flèches qu'on  lui lançait. Sentant qu'il allait finir par tomber, il se lança sur une toiture au niveau inférieure, faisant de son mieux pour amortir la chute. Sonné malgré tout, il ne parvint pas à s'arrêter et bascula à l'extérieur de l'arène, veillant à se propulser le plus fort possible au dernier instant de sorte à ce qu'il finisse en plein sur le sommet d'une tente. Le choc lui coupa le souffle et le désorienta quand même largement, mais sa conscience lui dicta de se relever au plus vite pour se mettre à courir. La troupe de Raven fut rapidement à ses trousses, et le mâle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qu'il n'était plus question d'attaquer. Elles étaient désormais bien trop nombreuses, trop rassemblées, trop organisées pour tenter une charge.
A la fois ravi et frustré d'être ainsi contré, le Démon sorti de sous ses protection un objet étrange dont les angles et les faces s’agençaient avec un tel mépris des lois de la physique et de la logique que le fixer trop longtemps pouvait donner la nausée. La chose était vaguement plate, quoi que selon l'angle, elle pouvait évoqué une sphère à 6 côtés, un cube à deux faces, une pyramides sans sommet... Il s'agissait en fait d'un Passe-Monde, un odieux concentré de magie démoniaque capable d'ouvrir une brèche des enfers au monde réel pendant quelques secondes. Sans attendre, le Démon lança l'objet en direction des femmes, prêt à voir débarquer pour l'aider toute une cohorte de ses Incubes et Succubes de sa garde infernale. En vol, le Passe-Monde se mit à siffler à mesure qu'il se chargeait en énergie... Mais fut brisé net lorsqu'il approcha de la chamane dont l'aura le surchargea.
Aussi simplement que ça, Vaelh venait de gâcher son arme la plus redoutable. Comme il était largement affaibli dans cette réalité, ses armes l'étaient aussi.
Le beuglement désarticulé de rage qui s'en suivit en fit frémir plus d'une, mais n'arrêta pas le Démon dans sa fuite. Porté par de grandes foulées légères, il parvenait petit à petit à distancer ses poursuivant tout en veillant à toujours se faufiler dans les recoins les plus improbables, à toujours emprunter les chemins les plus tortueux, et à provoquer le plus de dégâts possibles pour que les projectiles sifflants autour de lui ne le touche pas. Mais peu à peu, le corde se resserrait autour de son cou. Il allait finir par être à court d’option.

*
**

Lorsqu'elle eut terminé son ascension, Silke put voire sa cible clairement. Raven se tenait à quelques distances de là. Elle se mettait en route pour commander ses troupes, insatisfaite que ces dernière n'ai pas encore réglé le problème. L'espace d'un petit instant, Raven sembla sur le point de se retourner pour fixer droit dans les yeux de l'Amazone. Au final, elle se remis en route d'un pas vif. Si Silke voulait tenter de l'intercepter avant qu'elle n'ai rejoint ses troupes, il fallait agir maintenant.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mercredi 25 mars 2015, 01:19:43
Vaelh allait sûrement mourir… Mais Silke savait que la chance avait tendance à sourire aux audacieux. Elle vit Vaelh ressortir de l’arène, tenter de se battre, lancer un objet, et, visiblement, son attaque échoua, car un terrible hurlement de rage sortit de sa gorge, puis il se mit à fuir, poursuivant sa diversion. Silke se rappela alors à la réalité, et continua à grimper, atteignant les hauteurs du camp, puis longea les tentes, courbant le dos. Silke ne pouvait pas venir en aide à Vaelh, et son regard se focalisa sur Raven. Avec sa longue cape flottant dans son dos, la redoutable Amazone surplombait le vide, haranguant ses Amazones de capturer cet Incube, tout en surveillant les prisonniers. Les Amazones reprenaient leur contrôle sur le camp, et Silke se déplaça lentement, filant derrière une tente. Il y avait des gardes dans le camp supérieur, qui constituaient la garde rapprochée de Raven. En aucun cas, elles ne se sépareraient d’elles, et Raven réfléchit. Sa stratégie initiale aurait été de se rendre dans sa tente pendant son sommeil, mais, maintenant, elle allait devoir improviser.

« Capturez ce démon, découvrez ce qu’il veut ! hurlair Raven. Il est seul, mais qu’est-ce que vous attendez ?! »

Silke se déplaça à nouveau, le dos toujours courbé, et Raven se déplaça alors. L’Amazone regarda autour d’elle, voyant d’autres femmes. Elles avaient des armures, des tatouages de guerre. Silke aurait pu se jeter sur elles, mais le combat était perdu d’avance, et Raven entreprenait maintenant de descendre le long du chemin menant vers l’arène. Elle hésita encore quelques secondes, puis s’avança alors, faisant volontairement du bruit, avant de hausser la voix.

« Raven ! »

L’Amazone tourna la tête, et Silke put voir une lueur de surprise dans ses yeux.

« Toi ?! »

C’était une surprise compréhensible ; la dernière fois qu’elle avait affronté Silke, elle l’avait vaincu, et vendu à des esclavagistes. Autrement dit, elle ne s’attendait sûrement pas à la revoir débarquer sous son nez. L’Amazone aux cheveux de feu sortit son épée.

« Tu es en état d’arrestation, Raven.
 -  Oh… J’ignore comment tu as fait pour t’échapper, Silke, mais tu es complètement idiote de venir te jeter dans la gueule du loup. Tu t’abaisses à coopérer avec des démons, maintenant ? La grande et fière Raven serait-elle à ce point si faible ? »

Un sourire goguenard étirait les lèvres de Raven, qui se moquait volontiers d’elle. Silke ne se laissa pas abuser, et avait dégainé son épée. Raven resta face à elle, et pencha la tête sur le côté. Deux de ses guerrières d’élite l’attaquèrent alors, à gauche et à droite, et Raven se retourna, entreprenant de descendre la pente. Silke leva son épée, et bondit vers l’une des femmes. Les lames se heurtèrent, Silke rebondit sur le côté, et son adversaire bondit en arrière, tandis que l’autre l’attaquait. Les lames se heurtèrent à nouveau, et Silke chargea en avant, puis son épée frappa le sol, la pointe envoyant une volée de sable sur l’une des deux femmes. L’Amazone bondit vers la femme qu’elle avait aveuglé, et le pommeau de son épée l’atteignit en plein visage, la couchant sur le sol.

La deuxième ennemie poussa un hurlement, et les lames se heurtèrent à nouveau. Silke bondit en arrière, et dut faire plusieurs moulinets, avant de réussir à contourner son épée, et égorgea la femme avec le long de son épée, son sang fusant sur le sol. Silke serra les dents, puis poursuivit Raven.

« RAVEN ! »

Elle bondit depuis un promontoire rocheux, et atterrit à côté de l’arène, roulant sur le sol, et se releva, pour se tenir au milieu des Amazones de Raven.

« Tu ne t’arrêteras donc jamais, Silke…
 -  Je te l’ai dit, Raven, tu es en état d’arrestation. Cette folie doit cesser ! »

Un rire goguenard s’échappa des lèvres de Raven, qui secoua la tête.

« Cette folie ? Mais c’est la seule chose qui importe! Tu n’as jamais compris ce que je cherchais à accomplir…
 -  Tuer des innocents ? Massacrer des familles entières ? Oh, j’ai plus que bien compris ce que tu cherches à accomplir, Raven ! »

Silke se dressait face à elle, et les Amazones les entouraient dangereusement.

« Je t’ai déjà vaincu dans le passé, Silke… La Déesse-mère est avec moi, pas avec toi. Tu ne peux pas me vaincre.
 -  N’en sois pas si sûre… Que cherches-tu à faire ici ? »

Quelques secondes de silence s’échappèrent, puis Raven regarda le ciel.

« Je vais prendre le contrôle de ces terres, Silke, et j’y dresserais un royaume amazone… La Horde a tort de continuer à vagabonder. Elle gaspille son talent, sa force, ses troupes… Si nous voulons détruire les hommes, et instaurer le règne des Amazones, il faut des signes forts, Silke… Et ce signe, je vais le constituer en créant une nation amazone, forte et puissante, indépendante, qui pourra reprendre et terminer notre guerre.
 -  Mais nous ne sommes pas en guerre ! Une Nation ? Tu as perdu la raison, Raven ! »

Cette dernière sourit à nouveau.

« C’est toi qui es folle… Et ton petit démon sera bientôt capturé. Ton sort à toi est scellé, et, si tu souhaites à nouveau que je te batte, c’est avec un grand plaisir que je le ferais. Tu n’as aucune idée des forces qui sont en jeu ici, Silke… Absolument aucune, ma pauvre enfant. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le samedi 28 mars 2015, 16:38:51
Il n'avait fallu que quelques instants supplémentaires pour que Vaelh soit privé de toute option. Les troupes ennemies étaient bien trop nombreuses, trop enragées et le nombre d'armes braquées sur lui aurait dissuadé même le plus audacieux des aventuriers d'esquisser le moindre mouvement. Piégé, une frustration terrible frappa l'Incube au point de le faire grincer des dents. Puis, aussi simplement que ça, il s’esclaffa.
-Bah, vous m'avez attrapé ! J'ai perdu -cette manche-.
L'air narquois qu'il arborait donnait l'envie aux guerrières de lui arracher la tête. Malheureusement pour elles, Raven leur avait ordonné de capturer le démon, pas de le pulvériser. Et d'une certaine manière, un tel ordre sauva la vie de l'Incube. Sansson intervention, Vaelh aurait déjà été réduit à l'état de passoire.
-Je dois jouer le jeu des menottes, ce genre de chose ? Parce que je n'en ai pas vraiment envie. A moins que vous ne fantasmiez à l'idée de m'attacher ?
Au moment où une troupe approchait, l'attitude de Vaelh changea très vite. Il cracha avec agressivité :
-Je me souviendrais du visage de chacune d'entre vous qui m'abîmera. Chacune d'entre vous ! Et on se reverra, tout en bas... Alors attention à vos manières avec ma superbe personne.
Même si son avertissement sonnait comme une promesse de mort précédée d'une éternité de tourments, les femmes n'y allèrent pas de main morte. Au contraire. Contraint d'encaisser, Vaelh serra les dents. La douleur était vive à chaque coup, mais était loin d'égaler celles qu'il avait subit en Enfer lors de ses diverses escapades. Trop rageur pour se laisser faire sans rien dire, il parvint quand même à briser un bras dans la manœuvre.
-Chien de mâle ! La shamane s'approcha, l'air très confiante au milieu de sa meute de sœur. Tu as vraiment de la chance que Raven te veuille entier. Mais quand elle t'aura fait parler, on pourra s'amuser avec toi...
-C'est moi qui vais m'amuser avec vous, à vous bourrer jusqu'à ce que vous perdiez l'usage de vos jambes, bande d- Hmpf...
Le Démon encaissa de nouveau coups au ventre pour le faire taire. Le sang coulait de son nez et de sa pommette fendue, mais malgré les dégâts, il avait l'air plus sauvage, plus imprévisible. D'une certaine manière, le sang et la douleur lui allait comme un gant. Plus dérangeant encore, il ria tout le long de son passage à tabac, verrouillant ses pupilles folles sur chaque visage de ces femmes. Quelques une des malheureuses qui croisèrent son regard purent se rendre compte de l'inhumaine rancune qui prenait des proportion absurde chez leur victime mais, encouragée par le nombre, les guerrière-esclave restaient hargneuse.
Au final, sans qu'il le veuille, ou plutôt sans qu'il ne s'en rende tout à fait compte, Vaelh offrait de précieuse secondes à Silke pour son duel. Mais elle allait devoir faire vite puisque la cohorte de femme achevait de maîtriser l'animal.

*
**

Raven fixait Silke sans plus rien dire. Il n'y avait plus besoin de mot. Ils auraient été de toutes façon inutiles : Silke était bien trop coincée dans sa vision archaïque des choses pour seulement entendre raison, ou même entrevoir l'illumination. La guerrière à la crinière noir brandit son arme sans l'ombre d'un remord ou d'une crainte. Qui sait... peu être qu'une fois suffisamment massacrée, son ex-sœur parviendrait à apprendre sa leçon.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 31 mars 2015, 02:20:25
Silke se tenait donc à nouveau face à Raven, et les deux femmes se regardèrent à nouveau. Deux amies d’enfance, mais qui avaient toujours été des rivales. Maintenant, Silke s’en rendait bien compte, tout comme elle se rendait compte que, clairement, Raven n’était pas seule. Elle ne pouvait pas agir seule pour son plan farfelu. Fonder une nation amazone… Elle aurait forcément besoin d’appuis, et les armes tekhanes étaient la première preuve dont Silke avait besoin. Son orgueil avait conduit l’Amazone face à elle, au milieu d’une immense armée, alors qu’elle aurait pu contacter des renforts… Mais il était maintenant trop tard pour faire marche arrière. Raven serra sa lame, et fondit sur Silke en hurlant. Les lames se heurtèrent, et Silke bondit en arrière, sous le regard de la foule. Le match-retour était en train de se jouer. Silke et Raven avaient toujours eu un niveau assez équivalent, et, généralement, Silke remportait une bataille sur deux. Statistiquement, cette bataille-ci était donc sa chance. Raven attaquait et se battait avec la force du fanatique, convaincue de la justesse de sa cause, et, tout ce que Silke pouvait espérer, ce dont elle croyait fondamentalement, c’était de la bonté de la Déesse-mère. La Déesse-mère n’appartenait pas au Chaos, elle ne relevait pas des Dieux Noirs. Comment pourrait-elle cautionner ces massacres ? La Horde avait payé le prix fort pour leurs pratiques barbares et ancestrales.

Les deux épées continuaient à danser, et Raven tournoya sur le côté, tentant d’atteindre ses jambes. Silke bondit en hauteur, l’épée de Raven mangea le sol, et l’Amazone la frappa au ventre avec son pied. En grognant, Raven bascula en arrière, roula sur le sol, puis se releva rapidement, et, un genou sur le sol, redressa son épée, parant la lame de Silke, qui s’entrechoqua en faisant des étincelles. Raven était toujours aussi rapide, et même plus qu’auparavant, confirmant ce que Silke avait pu observer. La femme avait subi des modifications, des améliorations qui l’avaient rendu plus forte encore qu’auparavant.

« Tu ignores tout de ce qui se trame autour de toi et de ta petite tête, Silke… »

L’Amazone ne répondit pas à cette provocation, et l’attaqua encore, à plusieurs reprises. Leurs deux lames finirent par se croiser, leurs visages proches l’un de l’autre.

« J’agis pour le bien de notre peuple !
 -  Tu es un pantin ! »

Les deux femmes se reculèrent, et continuèrent à se battre. Elles avaient été formées et entraînées ensemble, ce qui faisait que leurs techniques se ressemblaient énormément. Silke ne commettrait plus l’erreur de sous-estimer Raven, et elle évita l’attaque circulaire de cette dernière, fléchissant ainsi les genoux, puis elle bondit vers l’avant, et ceintura son ancienne sœur à hauteur de la taille. Raven tomba sur le sol, et Silke se mit à califourchon sur elle. Elle avait sorti une dague de sa ceinture, leva sa main… Mais Raven la gifla au visage, et Silke partit sur le côté, ses oreilles se mettant à siffler. En grognant, Raven bondit en avant, renversant Silke, et serra ses mains autour de sa gorge.

« Ah… !
 -  J’aurais tant aimé que tu me rejoignes, Silke… Tant aimé que tu puisses comprendre ce que je fais ici… Mais tu as toujours été trop têtue pour ça, et trop encline à suivre les ordres de tes supérieures… »

Silke remuait lentement sur le sol, en sentant l’air lui manquer. Ses mains mangèrent le sol, grattant la terre, et elle se saisit d’un caillou. Des points noirs dansaient devant ses yeux, et elle réussit donc à sentir un objet dur, qu’elle envoya sur la tête de Raven, le fracassant dessus. Raven gémit et bascula sur le côté, du sang s’écoulant de sa tempe. Reprenant son souffle, l’Amazone se releva, et récupéra sa dague, puis retourna à califourchon sur le corps de la femme, levant bien haut son arme. Autour d’elle, les guerrières retinrent leur souffle, en voyant le regard furieux et sanguin de Silke, prêt à abattre son arme sur le corps de Raven…

…Quand une décharge verdâtre la frappa sur le torse. Silke sentit une vive douleur traverser tout son corps, et partit en arrière, s’écrasant sur le sol. Elle poussa un cri silencieux, tous ses muscles tendus. D’autres Amazones ramenaient en ce moment Vaelh, et le jetèrent au sol, tandis que Raven, lentement, se redressait, blessée.

« Voilà une femme bien agitée… »

Une voix moqueuse et sensuelle, féminine, arriva aux oreilles de Silke. En levant la tête, l’Amazone vit une mystérieuse femme (http://fc01.deviantart.net/fs71/i/2014/072/8/9/if_only_they_could_see_me_now__by_nebezial-d76l3gq.jpg) descendre le long du chemin séparant la partie supérieure du camp de sa zone inférieure. Raven se releva, et, à la surprise de Silke, elle vit toutes les guerrières s’incliner devant cette mystérieuse femme.

« Un Incube et une Amazone… Est-ce là la raison de tant de désordres, Raven ?
 -  J’ai toujours battu Silke une fois sur deux…
 -  C’était donc la fois de trop… »

Qui était cette femme ? Elle se tourna vers le duo, et marcha un peu, puis se rapprocha de Vaelh.

« Qu’est-ce qu’un Incube fiche ici ? Ta place devrait être dans le lit de la fille d’un riche noble, pas ici, à te battre pour une cause que tu ne comprends pas… À moins que ce ne soit cette Amazone aux cheveux de feu qui t’attire tant ? »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mercredi 08 avril 2015, 01:48:40
L'air s'était rompu. Du moins, la vue trouble et l'ouïe sifflante à cause de la -délicieuse- douleur qu'on lui avait infligé, c'est ce que le Démon avait ressenti. Quelque chose de soit bien trop rapide, soit bien trop ésotérique, soit les deux, avait dû fendre l'air ; pour preuve : l'énergie émeraude résiduelle crépitante dans l'air et Silke K.O.
Féru de sorcellerie aussi fourbe que létale et des principes qui y étaient lié, Vaelh savait que la couleur verte correspondait à des magies soient liées à la terre et la vie, soit en lien avec la déchéance et la mort dans tout ce qu'elle a de purulent. Et à bien regarder les nuances maladives dans ce vert qui dansait encore dans l'air torturé, le Démon penchait facilement pour sa seconde hypothèse. A voir avec quelle facilité Silke s'était retrouvée le bec cloué, jetée au sol, et prenant en compte le fait qu'il n'avait même pas entendu d'incantation pour un sortilège incapacitant aussi efficace, l'Incube ne pouvait qu'en conclure que l'étrange femme devant lui était une créature dangereuse.

Arrivé à cette conclusion, Vaelh se redressa simplement en laissant un intérêt enfantin s'afficher sur son visage, lequel se para d'une petite moue qui souligna sa beauté démoniaque ; parce que même si cette Shaman encore dans les environs privait le Démon de son aura de folie luxurieuse, il demeurait un être à la beauté terrifiante, improbable, fantasmagorique. Et, plutôt que de répondre à la femme au port impérial, il fouilla l'accessoire ostentatoire qui tenait lieu de chignon à sa crinière bicolore pour en extirper avec lenteur un petit bout d'acier semblable à une griffe pourvue d'un manche plat conçu pour servi de prise à l'index et au pouce. Il entreprit de se passer l'outil, qui se terminait comme la pointe d'une plume, sur le visage et le corps tout autour des coupures et marques de coups qu'il avait reçu, dessinant à même son derme -qu'il mettait à nu si nécessaire- d'odieux motifs dont la simple géométrie était douloureusement extatique pour l’œil du profane. C'est seulement à mi-chemin de son étrange rituel qu'il daigna seulement adresser la parole à la femme, lui rappelant sa place par rapport à lui.
-Sorcellerie esthétique. Sans ça, cette forme mortelle serait déjà bien amochée, expliqua-t-il. Cela ne m'aide pas à guérir plus vite, mais m'assure de n'avoir aucune cicatrice. Quelle honte serait-ce d'avoir été marqué par ces... Il désigna vaguement les guerrières d'un signe distrait, un tas de qualificatifs impolis sur le bout des lèvres.

S'en suivit un bref instant que le bellâtre mis à profit pour verrouiller l'or de ses yeux dans les orbes d'améthystes de son interlocutrice avec une telle intensité qu'on l'aurait cru sur le point de se jeter sur elle, pour la dévorer ou s'en faire un nouveau jouet, selon l’interprétation qu'on en faisait.
A n'en pas douter, cette femme ne devait pas être du genre à aimer subir de telles attentes avant qu'on lui réponde. S'ajoutait à ça sa maîtrise de la magie et l'armée de femmes enragées qui entourait l'Incube... Ce dernier, en plus d'être dans une situation affreusement mauvaise, s'entêtait à jouer la carte de l'indolence folle.
Mais ça ne lui faisait pas plus peur que ça. Après tout, ne venait-il pas des Enfers ?
Profitant du fait qu'on ne le tenait plus comme un vulgaire sac, le Démon se permit de faire quelques pas, retrouvant un peu plus de sa superbe à chaque seconde. Il coula un regard mauvais vers la Shaman, avant de laisser un sourire subtilement étirer le coin de ses lèvres. Puisque cette chienne avait l'air d'être si satisfaite d'agir ainsi comme une sorte d'inhibiteur, le Démon décida qu'il  allait la saturer de magie impie jusqu'à ce qu'elle craque. Ainsi, lorsque les runes liées à la sorcellerie esthétiques furent posées sur sa peau, il se mit à en tracer d'autres. Elles étaient similaires à celle déjà posées de sorte à ce que même un expert aurait eu du mal à dire la différence, mais avait une fonction toute autre : elles étaient des catalyseurs qui démultipliait l'attrait que le mâle dégageait, soulignant chacune de ses qualités d'amant, de combattant, d'orateur, d'artiste, de monarque. Pour l'heure, les quelques runes déjà tracée en cascade sur son visage n'avait aucun effet puisque elles étaient parées par la Shaman. Mais cette dernière finirait bien par céder. Peut être même que son esprit s'effondrerait sur lui même ? Ce serait quelque chose d'intéressant à voir.
Tout en poursuivant son rituel, Vaelh repris :
-Tous les Incubes ne finissent pas forcement dans le lit de quelque belle noble. J'admets que... Se laisser soudoyer par d'immenses sommes est parfois plaisant. Bien sûr, l'argent n'a pas vraiment d'utilité pour moi. Je ne fais pas tant ça pour l'or que pour me régaler de la situation ; cette dernière étant parfois plutôt cocasse : ces petites nobles m'ouvrent leur coffres aussi facilement que leur cuisses, s'imaginant que cela va me soumettre. Mais en toute fin, je repars non seulement avec leur argent, mais aussi avec leur dignité et leur obéissance aveugle. Aucune ne m'a fait plier, lança-t-il avec une pointe de défis parfaitement outrageante.
-Quant à cette Amazone, je l'ai cuisiné un peu parce que telle est ma nature, telle est ma façon de faire. Je suis là partout où le désir peut naître, même dans le cœur des plus véhémentes humaines.
Avec un air à la fois songeur et moqueur, il ajouta, éhonté :
-Qui sait ? Sans doute finira-t-elle entre mes griffes. C'est presque aussi certain que le soleil se lève chaque matin. Lorsqu'elle aura compris que ces choses telles que la fierté, la pudeur, la chasteté, la sagesse... ne sont que des concepts qui n'ont plus de sens quand le sang devient chaud, elle s'ouvrira. Elle pourrait trouver tout ça intéressant. Elle à les courbes qu'il faut pour que je puisse jouer à ma guise. Regarde sa poitrine ample et lourde. Qu'en penses-tu ? Souffla-t-il malgré qu'il était encerclé de folles furieuses haïssant quelque mâle que ce soit.
-Mais ce qui t'intéresse vraiment, c'est de savoir ce que je fais là, hm ? Eh bien... L'éclat plein de malice du Démon trahit la désinvolture de sa réponse avant même qu'il ne parle. Il se détourna de Silke, l'oubliant au sol, pour ne faire face qu'à la mystérieuse femme de laquelle il s'approcha autant que possible avant qu'on ne lui barre la route. C'est alors qu'il lança :
-C'est un secret ! Mais nous pouvons sans doute discuter plus... Confortablement de mes motivations ? Sous une tente, assis, avec un peu de vin ? Nous pourrions même laisser Silke et sa tendre amie repartir pour un round, si ça peut les détendre.
Oui, il osait.
Après tout, cette femme était peut être son ticket de sortie...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 10 avril 2015, 01:42:24
La réponse de Vaelh fusa, à hauteur de ce que l’Incube pouvait dire... Une réponse confuse, tout en étant à la fois précise et empreinte de son arrogance insolente. Silke avait déjà pu remarquer que l’Incube aimait jouer avec le feu, et il était justement en train de le prouver en ce moment, en narguant la mystérieuse femme. Et, tandis qu’il parlait, Silke sentit des gardes glisser contre ses poignets de lourdes menottes, terminant leur humiliation en les reliant à un collier autour du cou. Attachée comme une esclave, Silke fut relevée, et Vaelh, de son côté, laissa entendre que son intérêt envers Silke était purement sexuel, ce dont l’Amazone ne doutait pas. Il était un Incube, après tout. Néanmoins, il garda ses secrets pour lui-même, refusant de dévoiler la raison de sa présence ici, et termina même en invitant la femme à l’inviter à une discussion en privé. Un léger silence plana suite aux assertions du démon, avant que la femme ne finisse par hocher la tête de haut en bas, un léger sourire amusé venant ensuite éclairer ses lèvres.

« Tu as la langue bien pendue, Incube... Mais tu ignores visiblement tout de ta petite amie... C’est amusant. »

Silke grogna, et regarda Raven en biais. Cette dernière continuait à la fusiller du regard, et la mystérieuse femme se retourna ensuite sur Raven.

« Va mettre cette insupportable Red dans une cage. Quant à vous, démon, puisque vous êtes si curieux, et si bavard, suivez-moi. »

Raven acquiesça sans mot dire, et Silke sentit le bout d’une lance heurter son dos, la faisant s’avancer. Elle soupira, et continua à marcher, devant parfois courber l’échine sous le poids des chaînes la retenant. Raven s’avança rapidement, et la femme, elle, monta le long du sentier.

« Je m’appelle Rayla, par ailleurs. »

Rayla rejoignit la tente de Raven, et s’assit sur un confortable fauteuil, avant de croiser élégamment les jambes. C’était une femme d’une grande beauté, et dont l’arrogance égalait sûrement celle de Vaelh. Elle laissa planer quelques secondes, et reprit ensuite, en tendant sa main vers une bibliothèque dans un coin. Un livre s’envola, et se posa sur une table basse au centre de la pièce.

« Hyrkania... Ou l’Hyrkanie... As-tu entendu parler de ce royaume légendaire, Incube ? »




Ses chaînes lui furent ôtées quand on la balança dans une cage. C’était une cage pour chiens, étroite, où Silke était obligée d’être courbée, face à Raven.

« Pourquoi travailles-tu pour elle, Raven ? Jusqu’à quel point t’es-tu ainsi abaissée ?!
 -  Je fais ce qui est nécessaire pour la survie de mon peuple, Silke. Ni plus, ni moins.
 -  Tu es folle ! s’exclama-t-elle. Nous savons tous les deux que ça n’a rien à voir avec ça. Tu ne fais ça que par vengeance ! »

Raven rigola lentement, et secoua la tête, avant de déambuler légèrement.

« Je te hais, Silke... Mais je voulais vraiment que tu partages mon rêve, que tu découvres ce que j’ai découvert. Crois-tu donc que le but de la Horde ait toujours été de marcher ? Que notre peuple n’ait pour seule horizon qu’une errance sans fin ?
 -  C’est là notre destinée, dans un monde qui nous rejette...
 -  Non ! Non, Silke ! Tu te trompes ! La Reine se trompe ! Le Conseil se trompe ! Les écrits ont été perdus, mais j’ai retrouvé des traces de notre passé ! Crois-tu donc que je sois devenue folle ? Ne comprends-tu donc pas ? Les Amazones... La Horde... Notre objectif n’a jamais été d’errer sans fin d’un bout à l’autre de Terra comme des clochards incapables de se trouver un logis. Ce n’est pas une errance que nous faisons, mais un exode. »




« ...À l’origine, il y a Themiscyra et les cités antiques. Themiscyra, la légendaire cité d’où sont originaires les Amazones. La capitale d’un royaume insulaire composé de femmes guerrières attaquant les rivages proches, afin de capturer des hommes, et de s’en servir comme esclaves. L’existence historique de Themiscyra a été confirmée dans des rapports historiques détaillés, dans des gravures et des motifs, que les Ashnardiens détiennent au sein des Archives Impériales. Themiscyra a connu bon nombre de guerres, mais c’est finalement une horde barbare qui l’a vaincu... Des Barbares redoutables et puissants, venant d’Hyrkania. Un royaume redoutable, entouré par des montagnes, où les habitants ont pour chats des tigres, et pour ours des mammouths. »

C’était un long récit. Là encore, l’Hyrkanie était une contrée dont on retrouvait des traces dans les procès-verbaux et les écrits des nations antiques. Le Tribun Flavius Pontiminus, relatant une campagne maritime menée par un ancien Empire antique, attestait ainsi des redoutables sauvages et barbares hyrkaniens, qui ravageaient les steppes et les colonies lointaines de l’Empire, rasant, pillant, volant et asservissant toutes les personnes qui s’y trouvaient. Cependant, la position exacte d’Hyrkania avait toujours été une énigme. Les Ashnardiens avaient mené des expéditions archéologiques autour d’une mer, qu’un historien antique avait appelé « Hyrkanian Sea », mais sans trouver de traces quelconques.

« Les Amazones ont été asservies aux barbares d’Hyrkanie... Du moins, pour celles qui ne se sont pas enfuies, et ont fondé d’autres tribus. Bon nombre d’Amazones se sont ainsi retrouvées à travailler dans les champs, et à servir de concubines pour ces barbares rustres et sauvages. »




« Cette histoire est une légende, Raven...
 -  C’est la pure vérité ! répliqua-t-elle. Notre peuple, brisé, parvenant à s’arracher de ses chaînes... »

Pendant des siècles, disait-on, les Amazones avaient été les esclaves des riches barbares hyrkaniens, qui multipliaient les guerres et les atrocités, menant des sacrifices barbares et cruels pour leurs Dieux sinistres et abominables. Cependant, les Amazones n’avaient jamais oublié leur origine. Elles avaient réussi à briser leurs chaînes, et la Reine avait tué le Roi hyrkanien. La guerre civile avait éclaté, et les Amazones avaient été contraintes de fuir, de s’isoler.

« Hyrkania nous revient de droit, Silke... Voilà l’objectif de la Horde, sa raison d’être : reconstruire Hyrkania. C’est ce que je compte m’appliquer à faire ici.
 -  En sacrifiant pour cela des milliers d’âmes...
 -  C’est ainsi que la Horde a toujours fonctionné, Silke... Toi mieux que personne, tu devrais le savoir. »

Silke serra les lèvres. On y était donc... Évidemment. Elle savait que c’était là l’explication de tout.

« Qu’as-tu fait, Raven ? » demanda Silke d’une voix éteinte, sur un ton très faible.

Raven haussa les épaules.

« Ce qu’une mère est supposée faire... »




« Par allégeance envers Artémis, le seul héritage que les Amazones aient conservé de Themiscyra, elles protègent tous les temples de la Déesse. Il y a quelques années, Silke a défendu, avec plusieurs Amazones, un temple assiégé par des hordes barbares. Un combat sans espoir, car, malgré tous leurs talents, leur infériorité numérique était flagrante. Silke a été mortellement blessée, d’un coup de hache dans le ventre sur les marches du temple. Elle a rampé vers l’autel d’Artémis, tandis que ses prêtresses se faisaient violer et égorger. Son sang a heurté l’autel, et elle a supplié la Déesse de l’aider... Et la Déesse a entendu sa prière. »

Elle avait accompli un miracle divin, mais un miracle n’était jamais gratuit. Artémis avait doté Silke d’une nouvelle vie, et d’une force accrue, mais, en échange... Et c’est là que Rayla sourit en regardant l’Incube.

« En échange, Silke ne peut coucher avec aucun homme qui n’arriverait pas à la battre. Elle a accepté ce pacte, et, à partir de là, a été surnommée Red Sonja... ‘‘La Tueuse Rouge’’, en un vieux dialecte barbare, je crois. Elle s’est relevée, et a pu se venger de ceux qui l’avaient torturé... Et violé aussi, je crois. »

Depuis lors, Silke, ou Red Sonja, arpentait le monde, afin de protéger les femmes et les faibles, au nom d’Artémis.

« Pour les Amazones, Silke est bénie par la Déesse, ce qui explique pourquoi Raven ne l’a pas tué quand elle en avait eu l’occasion. Cependant... Il y a aussi autre chose entre elles, quelque chose que je n’ai appris que très récemment. »




« J’ai marché, Silke... Je me suis rendue vers le royaume légendaire de Gilead. Jadis, c’était un grand royaume marchand, avec de nombreuses gemmes magiques. Maintenant, il n’en reste plus rien que la mort et la pestilence, mais on disait que les habitants de Gilead avaient percé les secrets de la Vie et de la Mort, et pouvaient communiquer avec les morts. Je me suis rendue, oui, et c’est là que je l’ai vu...
 -  Raven...
 -  Le Magicien est venu à moi, alors que j’étais blessée, désespérée, et seule, si seule... Il m’a parlé de notre passé, et m’a parlé des promesses oubliées... Il m’a dit que seule celle qui reconstruirait Hyrkania et Themiscyra serait la véritable Reine des Amazones. Andromaque est reine, mais son titre n’a aucune légitimité, pas plus que ta si précieuse Horde. Et, une fois que j’aurais reconstruit Hyrkania, que j’aurais rebâti Themiscyra, les Dieux m’accorderont une faveur. »

Et Silke savait de quoi il s’agissait. Ce Magicien, quel qu’il soit, lui avait menti, mais ça n’avait pas été difficile. Il avait tiré sur la corde la plus sensible, la plus efficace qui soit. Et Silke savait qu’elle avait sa part de responsabilité dans ce désastre, et que c’était pour cette raison que Raven était son fardeau.




« Silke est morte sur cet autel, morte en invoquant en vain sa Déesse... Les Dieux, en vérité, et comme tu le sais sûrement, sont des êtres fort cruels. Elle est morte, mais, au milieu de son sang, la vie était là... Son bébé avait encore un souffle de vie... Oh, il n’aurait assurément pas tenu plus d’une minute, mais le fait est qu’il était là, viable et né, à brailler au milieu du sang de sa mère. Une vie en échange d’une vie... La Déesse a ressuscité Silke en sacrifiant son enfant. Et je suppose que tu as compris, maintenant, qui était l’autre parent de cet enfant. »

L’amour d’une mère... Raven était prête à tout pour que son enfant revienne à la vie. Les Amazones affirmaient qu’il n’y avait qu’une seule famille entre elles, la Horde. Elles affirmaient que les liens de parenté s’estompaient, car une Amazone était éduquée par l’ensemble de ses sœurs aînées... Mais, dans les faits, une mère n’oubliait jamais son enfant. Aucune force au monde ne pouvait supprimer ce lien, et Raven l’avait cruellement compris quand elle était arrivée dans le temple, et qu’elle avait vu le cadavre de son enfant.

« Les cartes seront bientôt redessinées, Vaelh... Et je ne parle pas que de Terra. L’Enfer, les Cieux... La réalité elle-même sera bientôt refaçonnée par un pouvoir qui nous englobe et nous dépasse tous. Tout ce qu’il te reste à décider, maintenant, c’est si tu comptes rester avec les faibles, ou embrasser une nouvelle existence qui te permettra de survivre à la grande vague qui se prépare. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 10 avril 2015, 14:03:39
S'il y avait quelque chose -parmi l'infinité d'autres choses- que Vaelh détestait, c'était qu'on puisse le trouver amusant à son dépend. Il n'avait rien contre le fait de déclencher les rires grâce à quelque vicieuse plaisanterie ou odieuse trahison. Mais qu'on s'amuse de son ignorance ? La femme passa, dès le début de la conversation, à deux doigts d'encaisser une gifle. Elle put même s'en rendre compte rien qu'en remarquant le tic nerveux qui froissa le visage du Démon. Néanmoins, ce dernier sut rester calme ; ça n'était pas le moment de craquer.
Juste après, Silke fut conduite plus loin. Le mâle ne la regarda qu'un instant, vaguement amusé de voir à quel point le poids des chaîne avilissait l'Amazone. Lorsqu'il entendit le surnom dont elle fut affublée, il n'eut aucune réaction particulière : selon sa mémoire, « Red » correspondait à la couleur dans l'un des dialectes Humains sur Terre, et comment Silke était rousse... Quoique, à bien y réfléchir, il était étrange qu'elle ai pu avoir un nom dont la consonance était celle d'un monde autre que Terra. Vaelh garda cette interrogation dans un coin de son esprit, persuadé qu'un tel détail pourrait avoir son importance, avant de suivre cette Rayla d'un pas allègre. Juste avant de disparaître sous la tente, il se tourna vers les guerrières qui l'avaient malmenée, leur offrant le plus immense des sourires et le plus follement rancunier des regards. Pas besoin de mot, elle comprirent qu'il reviendrait, un jour où l'autre.

Sous la tente, Vaelh alla s'allonger à la Romaine sur quelque lit ou couchette disponible. Confortablement installé, il prit le temps de mieux détailler son interlocutrice. Son visage ne lui disait toujours rien, mais l'éclat améthyste de ses prunelles suggérait peut être une origine démoniaque. Et même selon les standard de Vaelh -lesquels étaient très élevés-, Rayla était plutôt belle. Vaelh pourrait bien essayer de la dévorer, pour s'amuser... En plus, la Shaman qui inhibait son aura n'avait plus de contacte visuel sur lui et comme il s'en était éloigné, il sentait son aura lui revenir petit à petit. Mais pour l'heure, il préféra concentrer son don tout autour de lui plutôt que de l'étendre jusqu'à la sorcière : il préférait en savoir un peu plus sur elle et sur la situation avant d'engager les « hostilités ». Puis, provocateur qu'il était, même si le nom « Hyrkania » lui évoquait quelques légendes, Vaelh préféra jouer les profanes :
-Hmm... Non. Jamais entendu parler. D'où je viens, seules les plus grandes sagas parviennent jusqu'à mes oreilles. Qu'est-ce ?
Rayla commença alors sont récit, et Vaelh daigna faire l'immense effort de rester calme et aussi attentif qu'il le pouvait. Il fut néanmoins amusé que d'emblée, la femme ai le besoin  de préciser qu'elle ne narrait pas une légende mais des faits en soulignant que des documents pouvaient prouver ses dires. Le Démon émit un petit rire :
-Te croit-on si peu souvent pour que tu te sentes dans l'obligation de préciser tout ça ? Lança-t-il plus pour la narguer que pour avoir une réponse.
Vaelh fut en revanche bien plus attentif à la suite. D'une certaine manière, les récits qui traitaient de mortels passant des pactes désespérés avec des entités supérieures l'intéressait pour la simple et bonne raison que les mortels dont il était question avaient facilement tendance à croire que c'était le dieu qu'il priait qui leur répondait. Seulement, il arrivait que le « dieu » en question pouvait s'avérer être une créature spirituelle opportuniste et farceuse, ou quelque Démon qui s'ennuyait. Et au vu de la condition de pacte que Silke avait passer, Vaelh penchait naturellement pour l'hypothèse du Démon fourbu.
-Ne coucher qu'avec un homme qui pourrait la vaincre ? C'est une sorte d'incitation à la battre à mort, ça n'a aucun sens de la part de la Déesse d'un peuple de femme. Dans cette optique, son seul amant pourrait bien être l'un de ces barbares dont tu me parles. Quelle ironie.
Toujours en partant du principe qu'il s'agissait d'une créature malveillante, Vaelh ne pouvait qu'imaginer ce que « ne pas pouvoir coucher avec un homme qui ne pourrait pas la battre » signifiait. Silke pouvait-elle en mourir ? A moins qu'elle ne soit frappée par une vague de douleur qui la dissuaderait de continuer ? Toujours dans l'optique de s'amuser, il faudrait établir une hypothèse et la vérifier.
Vint alors l'explication de cette étrange lien que l'Incube avait remarqué entre Silke et sa rivale, Raven. Il accueillit la nouvelle avec un bref silence avant de s’esclaffer doucement, ses rires gagnant en volumes quelques instants avant de s'estomper.
-Ah ! Eh bien, eh bien... Raven doit vraiment vouloir l'étriper de toutes ses forces pour ça ! Comme c'est amusant... Merci pour cette délicieuse information, je saurais taquiner Silke au bon moment avec ça. Quant au fait de choisir un camp...
Vaelh resta pensif un moment, avant de sourire avec malice. Il ne répondrait pas tout de suite.
-Et si tu m'expliquais d'abord la raison de ce schisme chez les Amazones ? Je n'ai pas réussi à avoir beaucoup d'information de la part de Silke, et je préférerais quand même entendre ta version pour la comparer à la sienne.
Le mâle se redressa, s'approcha de la femme avant de s'installer tout près d'elle, sur l'un des épais accoudoir du siège. Il laissa son aura encore faible se déployer doucement dans l'air, juste pour venir chatouiller les perceptions de la femme qu'il fixait. Sa voix se fit soudainement bien plus chaude, se nuançant d'intimité :
-Quel est ton rôle, dans tout ça ? Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu es, d'ailleurs ? Demanda-t-il en approchant son visage de celui de Rayla, comme s'il cherchait les réponses à ses questions dans la profondeur de ses yeux. Est-ce que c'est toi, l'entité qui à accordé une seconde vie à Silke ce jour là ? Où n'es-tu qu'une agente de cet ordre de la rose dont l'Amazone m'a parlé ? Dans tous les cas, quels sont tes intérêts dans cette affaire, hm ?
Il laissa s'écouler quelques secondes, reculant son visage, privant la sorcière de son arôme capiteux.
-Parle moi aussi de ce pouvoir qui pourrait même affecter mes domaines, que je sache si on va s'amuser un peu où non. La guerre me manque tant ! Et toi, tu fais miroiter un conflit devant mes yeux ? Allez, raconte moi tout... conclut-il, plus enfantin, sans la moindre considération pour les mauvais côtés d'une guerre. Au timbre mielleux de sa voix, Rayla pouvait deviner que le Démon la récompenserait d'une manière ou d'une autre si les informations qu'elle lui fournirait concordait avec ce qu'il pouvait bien avoir en tête. Et qui sait : peut être que faire de cet animal imprévisible un allié pourrait être immensément bénéfique. Ou pas du tout.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le samedi 11 avril 2015, 01:28:19
Rayla avait peu d’espoir sur l’espérance de vie de Vaelh s’il s’amusait à narguer Silke... Si, toutefois, Silke était encore en vie. Contrairement à Raven, qui se refusait à oublier ses sentiments pour l’Amazone, Rayla, elle, ne ressentait rien de particulier envers cette femme. Et elle ne voyait aucun problème à la tuer, ne serait-ce que pour convaincre ces stupides Amazones que toute leur superstition religieuse était infondée. Raven avait cru se débarrasser de Silke en faisant d’elle une esclave, en la vendant à un seigneur qui avait fait d’elle un gladiateur... Mais Silke avait réussi à s’en sortir, et à revenir. Rayla ne pouvait pas négliger une telle menace, tout comme elle ne pouvait pas négliger ce démon, cet Incube dont elle ne savait encore quoi faire. Insolent et présomptueux, il s’était rapproché d’elle, multipliant les questions, que ce soit sur elle, sur les Amazones... Ou sur ses objectifs. Rayla ne lui répondit pas tout de suite, préférant se caresser les lèvres avec quelques doigts.

« Je suis une Comtesse ashnardienne... Principalement humaine, mais pas uniquement. Ma lignée a connu des démons, et leurs gènes se sont implantées dans ma famille, et dans mon corps. Néanmoins, ce n’est pas grâce à mes gènes que je dois mes pouvoirs. »

Elle communiquait ses informations, et regarda l’Incube avec une lueur amusée, le laissant proche d’elle... C’était dangereux, car il pouvait peut-être chercher à la piéger, mais Rayla n’avait pas peur. Comme elle venait de le dire, elle avait des pouvoirs magiques insoupçonnés, et sa force ne se résumait pas qu’à son corps magnifique.

« En ce qui concerne les Amazones... Ces femmes ont un passé cruel et sanglant, peuplé de sièges, de pogroms, de razzias... Elles abandonnaient dans le désert les nouveaux-nés masculins ou celles qui ne réussissaient pas leurs épreuves initiales. Elles ont hérité des pratiques sauvages d’Hyrkania, et, sous le règne de la nouvelle souveraine, la Reine Andromaque, la Horde change ses coutumes. Andromaque privilégie la diplomatie, et n’attaque désormais plus au jugé les villages et les forts, concentrant ses frappes sur des seigneurs abusant de leurs droits seigneuriaux... Ceux qui pratiquent le droit de cuissage sont les cibles prédestinées de la Horde, ainsi que les esclavagistes. »

De manière générale, la Horde d’Andromaque cherchait à se rapprocher de l’ancien peuple amazone, celui du royaume de Themiscyra, qui s’était voulu être un asile pour le beau sexe. Un asile dans un monde dangereux, et, à cette époque, si les Amazones étaient bel et bien de rudes guerrières, elles marchandaient aussi avec d’autres royaumes, et accueillaient les hommes en leur sein. C’était sous le règne brutal des Barbares de l’Hyrkanie que le peuple amazone avait évolué, que sa mentalité avait changé. Elles étaient devenues plus sauvages, plus brutales, plus cruelles, nettement plus méfiantes envers le reste du monde.

« Plusieurs courants idéologiques différents traversent la Horde, opposant celles soutenant la ligne politique de la Reine, et celles estimant qu’on ne peut pas effacer d’un revers de manche des millénaires de traditions. Quant à Raven... C’est différent. Après la mort de son enfant, elle s’est lancée dans une quête visant à trouver un moyen de la ressusciter. Malgré tous ses défauts, Raven a toujours été très maternelle. Elle aurait pu avoir un autre enfant, mais je pense que la vue de ce corps détruit a brisé quelque chose en elle... Elle a fait route vers d’anciens royaumes, et son chemin a croisé le nôtre. »

Elle se pencha à nouveau vers lui, un sourire malicieux sur le coin des lèvres.

« Donc, non, je ne suis pas Artémis, démon... J’agis pour le compte d’une société, qui s’appelle ‘‘Monarchie de la Rose’’, et dont le maître est un magicien. Celui qui m’a permis de récupérer mes terres, et qui m’a formé. Je suis son élève, son disciple, il est mon mentor. Il est le Magicien, et on le connaît généralement sous le nom de Randall Flagg, même si j’ignore, moi-même, sa véritable identité. C’est sur lui que Raven est tombée, et c’est lui qui lui a dit que, pour retrouver son enfant, elle devait reconstruire Hyrkania, afin de retrouver la faveur d’Artémis. »

La Horde avait tout perdu quand le royaume de Themiscyra avait été détruit, mis en pièces, son trésor réparti entre tous les clans et anciens royaumes commerçants l’ayant assiégé, ou ayant financé son siège. Rayla n’avait pas le temps de faire un cours d’Histoire à Vaelh, mais l’Histoire du siège de Themiscyra était très intéressante, à bien des titres. Le royaume avait été trahi par ses alliés marchands, des alliés envers qui Themiscyra s’était battue, et avait fait couler son sang. Des alliés qui voyaient d’un mauvais œil ce royaume insulaire hostile à l’esclavage, et dont la présence menaçait leurs intérêts. Des rois cupides, des seigneurs de cités libres avares et idiots, avaient aidé les Barbares à attaquer Themiscyra, leur offrant des cartes de navigation, des armes, et des fonds. Une alliance secrète, qui avait isolé Themiscyra sur l’échiquier politique, et, quand la capitale était tombée, et que les chefs amazones avaient été taper à la porte de leurs voisins en quête d’une assistance, elles n’avaient reçu que des épées en travers de la gorge et des rires gras.

La Horde avait tout perdu, sauf sa foi, et c’était cette foi qui avait permis aux esclaves de se soulever en Hyrkanie, cette foi qui continuait à les animer. Le moteur du monde, aurait-on pu dire... Une force qui les avait poussés à se surpasser, et à briser leurs chaînes.

« Flagg est un homme extrêmement puissant, mais il n’est que le messager de quelqu’un d’autre. Ce pouvoir magique qui m’anime, je l’ai eu en allant voir le Grand Maître, et en récupérant de son sang. Il fut un Empereur ashnardien autrefois, et bien d’autres choses auparavant. Aujourd’hui, Incube, on le connaît sous un autre terme... Il est le Roi Cramoisi, et, tandis que Nexusiens et Ashnardiens s’écharpent entre eux, lui fonde en silence une vaste armée. La Monarchie de la Rose n’est que l’une de ses cartes qu’il abat. Dans les Terres Dévastées de Terra, un autre de ses lieutenants, John Farson, a mis au point une milice rebelle, l’Affiliation, avec laquelle il multiplie les raids et attaque les États neutres ou les provinces impériales isolées. Bientôt, le Roi Cramoisi réclamera son dû sur le trône d’Ashnard, puis prendra Nexus... Et les Enfers lui obéiront également... Car, vois-tu, en des temps lointains, le Roi Cramoisi était un démon... Un Prince Infernal, qui a participé au Grand Conflit. »

Elle ménagea une courte pause, et reprit ensuite, comme pour ménager son effet de surprise :

« On l’appelait alors ‘‘Le Seigneur des Araignées’’... Un être proche du ‘‘Seigneur des Mouches’’, Belzébuth. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le jeudi 16 avril 2015, 23:54:02
Que la Comtesse laisse une créature telle que Vaelh s'approcher d'elle soulignait la confiance qu'elle avait en ses propres capacités -ou son inconscience-. D'aussi près, la célérité de l'Incube lui aurait permis de planter une lame dans la gorge de la femme avant même qu'elle n'ai pu comprendre quoi que ce soit... Mais pour ça, encore aurait-il fallu avoir une lame. Et l'envie de l'utiliser. Pour l'heure, Vaelh était très satisfait de la tournure que prenaient les événements. Chaque seconde apportait son lot de surprises et de révélation ; ainsi allait-il en profiter un peu.

Tandis que son interlocutrice s'expliquait, le Démon ne la quittait pas des yeux. Etant lui même, en quelque sorte, l'incarnation de la tromperie et de la dissimulation, il fixait Rayla avec une telle intensité qu'il pouvait détecter les plus petites onces de mensonge dans son regard. Par la même occasion, chaque minute qui s'achevait voyait l'atmosphère subtilement s'appesantir d'une effervescence parfaitement surnaturelle : l'aura du mâle prenait naturellement du volume, ce dernier la laissant s'étendre sciemment, sachant bien qu'une personne troublée à systématiquement plus de mal à dissimuler des choses dans son discours qu'un interlocuteur parfaitement concentré. Malgré tout ça, Vaelh ne pouvait que se laisser convaincre.
Et si tout ce que cette femme lui avouait s'avérait vrai...
Le simple fait qu'elle soit en relation directe avec la personne -ou l'entité- qui faisait office de leader au sein de leur « monarchie de la rose » était, en soi, quelque chose de relativement important si l'on prenait en compte les ambitions d'un tel groupe.
Mais que ce soit l'une des proches connaissances de Belzébuth qui tirait les ficelles... ça, c'était autre chose. L'ampleur de toute cette trame secrète, et l’énormité de ses conséquences, donna le tournis au Démon. Il resta silencieux une poignée de seconde, aussi figé que l'étant son aura. Il plissa finalement les yeux, l'air pensif.
-Tu sais, je ne suis pas un grand comploteur ; ça n'est pas vraiment mon domaine, je suis plutôt versé dans la corruption. Pour sûr, j'aime les voies de l'illusion et du secret. Je suis capable d'apprécier quelque conspiration que ce soit ; j'en suis même friand lorsqu'elle sont travaillées. Et celle-ci...

Souplement, le Démon rejeta sa tête en arrière en écartant les bras. Il semblait embrasser la gravité de la situation sans l'ombre d'une crainte ni d'un doute, se permettant même un sourire béat alors qu'il n'était même pas encore fixé sur le camp qu'il allait rejoindre. En joie, il jeta un coup d’œil circulaire en quête de quelque alcool dans la tente. Comme il ne trouva rien dès la première observation -et peu enclin à se lever pour chercher-, il revint à la Comtesse en lui souriant, allant jusqu'à saisir son menton entre son index et son pouce, comme pour mieux lui dévorer les lèvres.
-Les querelles des Amazones me semblaient déjà bien petite, mais à présent... Ah ! Merveilleux. Mais... Quelques question supplémentaire, veux-tu ?
Il ne lui laissa pas le temps de répondre, enchaînant :
-Tu ne m'as pas expliqué votre intérêt à intervenir dans cette... Croisade de Raven. Pour sûr, vous avez su vous l'approprier en jouant sur un point sensible, mais après ? Vous avez misé sur elle en espérant vous en faire simplement une alliée de plus ? Si oui, il existe d'autres forces qui valent sans doute plus la peine qu'une bande d'enragées, non ? A moins que les dessins de la Monarchie de la Rose soient plus exotiques, comme récupérer quelque artefact ou trésor dans la cité légendaire des Amazone après qu'elle ait été reconstruite ? Quoi qu'il en soit, Raven est-elle au courant de la nature de son « employeur » ? Sait-elle qu'elle a signé un pacte avec une créature maligne ? J'espère que oui ! Si c'est le cas, ça voudrait dire qu'elle se fiche pas mal du sort du monde tant qu'elle récupère son rejeton... Quelle trahison serait-ce pour ses troupes ! Conclu-t-il avec un sourire cruel.
S'écoula un nouvel instant duquel l'aura de l'Incube profita pour toujours plus s'étendre et bourdonner dans l'air, puis :
-Il faut que j'en sache un peu plus sur toi. Dis moi... Quels sont tes intérêts personnels dans tout ça. Ensuite, comme j'en sais déjà tant, il faudra bien me trouver une place dans votre petite combine. Ce sera bien plus... Agréable que d'avoir à me supprimer. Tellement, tellement plus agréable, glissa-t-il, le timbre lourd de sens. Qui sait ? Si toute cette aventure me passionne vraiment, je pourrais très certainement vous donner quelques coups de pouces avec mes superbes cohortes fantasmagoriques ! C'est dommage que je sois encore si peu connu en ce plan de la réalité, j'aurais aimé que la réputation de mes chers Dévoués et Dévouées arrivent jusqu'au oreilles des mortels. Comme moi, il ne sont pas bons qu'à couper des gorges. Si ç'avait été le cas, tu n'hésiterais pas une seconde à me faire une place à la table des grands.
Et même s'il n'en dit pas plus, n'importe qui aurait pu deviner qu'il serait malgré tout question de marchandage. Avide qu'il était, Vaelh voulait sans aucun doute tirer profit de la situation autant que possible
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le samedi 18 avril 2015, 02:33:44
« Tout cela nous dépasse, Silke… Tu n’as aucune idée de ceux contre qui tu te dresses. »

Toujours dans sa cage, Silke enrageait. C’était une cage solide, conçue pour retenir des ours, ou de puissantes bêtes, comme des Wargs. Aucune chance que l’Amazone puisse la briser avec ses poings. Raven se tenait encore devant les cages. Impossible de mentir. Malgré tous les plans de Raven, et ceux avec qui elle s’était alliée, ses motivations restaient aussi très personnelles. Silke savait qu’elle était, au moins partiellement, responsable de la folie de Raven, de sa démence, et de ce qui lui était arrivé. Quand Silke était revenue à la vie, quand elle était sortie du coma, et qu’on lui avait expliqué que son bébé était mort, elle avait sombré dans une grosse dépression. Il en avait été de même pour Raven, mais, contrairement à Silke, qui avait fini par s’y résigner, Raven n’avait jamais abandonné. Combien de fois lui avait-elle parlé du bonheur d’avoir une fille ? Combien de fois avait-elle caressé le ventre de Silke, en songeant à leur progéniture ? Certes, leur fille serait avant tout fille de la Horde… Mais elle serait leur descendance, leur héritage. Raven s’était retrouvée dans cet enfant… Elle n’avait jamais réussi à accepter sa mort, et, comme Silke, elle ne l’accepterait plus jamais.

« Tu as vendu ton âme au Diable, Raven, en poursuivant des chimères… Notre fille est morte ! »

Raven grogna, et tapa contre la cage.

« Oui… Inutile de me le rappeler, Silke… Je le sais très bien.
 -  Poursuivre les objectifs déments de ces malades ne la ramènera pas à la vie ! Tu dois l’accepter, Raven !
 -  Je n’ai RIEN à accepter ! Les Dieux se sont joués de nous depuis trop longtemps… »

Raven laissa passer quelques secondes, avant de tourner la tête, et d’observer les autres cages.

« Crois-tu donc vraiment que je fais tout ça pour ressusciter ma fille ? Notre fille ? »

Elle parlait maintenant sur une voix beaucoup plus douce. Elle secoua la tête, tournant le dos à Silke, et passa sa main sur son visage. Silke elle-même ne dit rien, restant toujours à quatre pattes dans cette cage.

« Il faut qu’ils paient… Trop longtemps, ils se jouent de nos vies, nous voient comme des pions sur un échiquier… »

C’était une voix brisée, une voix exprimant toute la souffrance de Raven. Silke déglutit lentement. Elle était sur le point d’en savoir plus sur Raven, sur ses motivations profondes.

« Raven…
 -  Les Dieux, Silke… Les Dieux se jouent de nos existences. Ces maudits Olympiens… Et même les autres… Me crois-tu donc idiote à ce point, Silke ? Je sais, j’ai toujours su, que tu aurais donné ta vie sans hésitation pour sauver notre enfant… Mais les Dieux, eux… Cette maudite Artémis que nous vénérons toutes comme notre guide… Qu’a-t-elle fait pour notre peuple, Silke ? Nos alliés nous ont trahis, dépouillés, volés… Notre peuple a été asservi, réduit à l’état d’esclaves et de pondeuses pour des esclaves gras et gros… Et les Dieux, eux, se rigolaient de nous ! Ils jouissent de notre souffrance, et, plus nous les respectons, plus nous les honorons, et plus ils nous font encore souffrir ! Ils ont pris notre enfant, Silke… Et je la vengerais ! Je détruirais l’Olympe, Silke. »

Elle se retourna vers Raven, et fléchit les genoux, avançant ses mains dans la cage. Raven, qui n’arrivait plus à trouver quoi dire, sentit les mains de Raven caresser ses joues, affectueusement, avec des gestes pleins d’attention… Et, le plus terrible dans tout ça, c’était que Silke aussi ressentait cette affection.

« Nous étions les pires rivales, toi et moi, quand nous étions jeunes… J’ai toujours été jalouse de toi, de ta force, de ta bravoure, de ton abnégation… T’enfanter a été la plus belle chose de ma vie, et sentir la vie perler en toi… Mais elle… La Déesse… Elle s’est jouée de notre amour… Je sais que je ne pourrais pas ramener notre bébé, Silke… Mais ce n’est pas de ça dont il s’agit. Je veux faire payer les responsables… Je veux libérer les Amazones de leurs véritables chaînes. Mais je ne suis pas assez forte pour m’attaquer à l’Olympe seule.
 -  Alors… De qui s’agit-il ? »

Raven se redressa lentement, délaissant les joues de Silke, et marcha encore un peu. La femme à la longue chevelure noire huma l’air de la nuit.

« Il est le Premier Né… »




« La Monarchie a bien des cordes à jouer, mais n’espère pas me tirer tous les vers du nez. Tu es peut-être un Incube, mais ça ne veut pas dire que je te fais confiance… De plus, je n’ai conscience que de ce que le Magicien veut bien me dire. »

Un sourire sur le coin des lèvres, Rayla s’amusait de la curiosité de Vaelh. Il restait proche d’elle, et elle finit par se relever à son tour. Elle ouvrit un coffre dans un coin, et sortit une bouteille de vin. De l’alcool nexusien, de bonne qualité. Elle retourna s’asseoir, et remplit deux verres, puis en tendit un vers l’Incube, avant de boire quelques gorgées. La curiosité de ce démon était une bonne chose, même si, en toute honnêteté, Rayla ne savait pas trop quoi en faire. Elle en parlait avec lui parce qu’elle aimait bien les démons, et parce que ce Vaelh l’intriguait. De plus, elle savait que le Roi avait des vues en Enfer, même si elle ne savait pas grand-chose des activités de la Monarchie là-bas… Ce n’était pas de son ressort, après tout. Elle, elle gérait la Conspiration des Toiles, et d’autres activités.

Rayla reprit ses explications :

« Me concernant, je dois avouer que mes motivations sont… Très simples. Vois-tu, dans ma famille, je suis née avec des pouvoirs magiques, et, n’étant pas la sœur la plus âgée, je n’avais, théoriquement, aucun droit à la succession. Ce qui m’a toujours dérangé, car, et je n’ai pas honte de l’avouer, j’aime le pouvoir… Car le pouvoir amène à la liberté, et que j’aime l’idée d’être libre chez moi. J’ai suivi une formation magique destinée à faire de moi une magicienne, dans le but de devenir une conseillère auprès de puissants chefs de clans, voire au sein du Conseil Impérial lui-même. »

Elle n’avait aucun problème à confier ses origines. Elle lui expliqua que c’était après sa formation qu’elle avait rencontré le Magicien.

« J’ai été envoyée à Fedic, une ville ashnardienne à l’extrême est de l’Empire. C’est, de fait, la dernière ville connue avant les Malterres de la Discorde. »

Comme elle ignorait si Vaelh connaissait l’histoire d’Ashnard, elle lui parla de cet évènement sanglant de l’Histoire de l’Empire : la Guerre Civile du Roi Cramoisi. Ce conflit, vieux de quelques siècles, avait opposé l’Empereur de l’époque, Ram Aballah, à d’autres seigneurs ashnardiens. La cruauté d’Aballah avait ulcéré bon nombre d’Ashnardiens. L’Empereur Fou avait transformé la capitale impériale en un immense mouroir, créant des bassins sanguins où, quotidiennement, des individus étaient écorchés vifs, tandis que l’Empereur avait transformé le Palais Impérial en une immense toile d’araignée. Il dévorait vivant ses proies, les faisant hurler pendant des heures, tout en dépensant des millions de pièces d’or pour des fouilles archéologiques.

« Cet Empereur a été chassé du pouvoir, et est retourné dans son château natal, Discordia. L’Empire a isolé les terres du Roi Cramoisi, et elles sont devenues les Malterres de la Discorde. C’est un endroit extrêmement dangereux au sein de Terra, car il est assez proche du massif montagneux entourant le Mont Olympe. »

Les explications continuaient à venir, et il était nécessaire de placer le contexte. Fedic était une grande ville fortifiée, car, quotidiennement, des monstres arrivaient des Malterres, nécessitant de les reposer.

« C’est là-bas que le Magicien est venu à moi… Fedic est un point mort de l’Empire. Mis à part des marais putrides, il n’y a rien d’exploitable. J’avais été écartée ici à cause de l’hostilité de mes sœurs, et le Magicien m’a offert la possibilité de récupérer mes droits. Je suis devenue sa disciple, et il m’a appris bien plus de choses que l’académie n’aurait jamais pu le faire. Grâce à lui, j’ai pu récupérer mes droits, en faisant disparaître mes rivales. »

Rayla avait tué ses sœurs, ce qui, pour des démons, était tout à fait normal. Comme elle était à Fedic, personne ne l’avait soupçonné, et, comme il fallait éviter une crise de succession entre les vassaux de Lagarde, on avait fini par l’appeler. Elle était ainsi devenue Comtesse.

« Quant à toi… J’ignore si le Magicien voudra de toi… Maintenant, écoute-moi bien… Silke n’est pas la seule à nous poursuivre. Il existe des Ashnardiens plus malins que d’autres, qui savent ce qui s’y trame. L’un d’eux est un Conseiller Impérial influent, Emhyr Van Emreis. Il a monté sur pied une petite équipe, dont cette Silke fait partie… Ces gens tracassent le Magicien. Si cette Silke a confiance en toi… Peut-être que tu pourrais obtenir d’elle le nom de ses alliés… »

Rayla le regarda lentement, faisant tourner dans sa main le verre de vin. Le Magicien savait que Knaël avait réussi à tuer l’un des Colosses, Phalanx. C’était un mince exploit, qui avait impressionné, non seulement le Magicien, mais aussi son supérieur… L’Œil. Et il était rare qu’Il soit inquiété. Car, quand Il était inquiété, ce n’était jamais bon signe.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 24 avril 2015, 01:03:52
Vaelh fut confronté à la première résistance de son interlocutrice. Derrière ses sourires et ses airs bien élevée, il devenait évident qu'elle cachait bien plus de secrets qu'on aurait pu l'imaginer. Les secrets que détenaient le Magicien devait sans doute se révéler plus palpitant encore... Sans qu'il le veuille, le simple fait d'y penser piqua au vif l’intérêt du Démo à un tel point qu'il souhaitait plus que tout rejoindre cette intrigue, quelle qu'y puisse être sa place. Échauffé, sont esprit vint déjà opposer une profonde réflexion contradictoire à cette pensée : il ne voulait pas seulement rejoindre toute cette sombre trame, en se noyer en son cœur, et pourquoi pas s'emparer de ce dernier pour dévorer goulûment.
En revanche, la suite du récit dérangea un peu le Démon. Comme il s'était déjà imprégné de la stature et de l'aura de la jeune femme, et de l'impression subtile de royauté qu'elle dégageait, l'Incube s'était attendu à des motivations largement plus sombres, ou au moins spectaculairement extravagante. Heureusement, le tableau n'était pas tout noir : au moins, cette femme assumait son désir de pouvoir et exposait une vision de la liberté tout en fait en accord avec les croyances de Vaelh ; Celui-ci ne manqua d'ailleurs pas de le souligner :
-Mon cœur chante d'échanger avec une créature qui comprend aussi simplement les choses. Ceux que le genre humain considère comme sages nous diraient que pouvoir va de paire avec responsabilité, mais... Pheu ! Lorsque je mange un fruit, je ne m'encombre pas de son désagréable noyau. Je ne prends que la chair des choses... Applique cette philosophie, un jour... Et goûte à la totale liberté. Tu pourras te rapprocher des dieux, comme ça. Peut être t'apprendrais-je ?

Lorsque Vaelh apprit dans quel sordide environnement s'était développé le personnage de Rayla, il ne put tout à fait contenir cette étincelle de satisfaction qui vint nuancer son regard. Le simple fait que quiconque puisse survivre dans les Malterres, joyeux terrain de jeu qui brille par la courte espérance de vie des inconscient qui s'y aventure, était en soi une preuve de force et d'intelligence. Mais qu'en plus elle ai le temps  de s'occuper des obstacles sur la route du pouvoir... C'était l'argument qu'il fallait à Vaelh pour achever de le convaincre de l'importance que cette sorcière pourrait bien avoir plus tard. Il lui sourit avec une tendresse aussi soudaine que désarmante :
-Je suis bien chanceux : moi qui pensait que mes périples sur ce monde pourraient s'avérer bien mornes, je m’aperçois qu'il est encore possible de rencontrer des mortels... Intéressants, dit-il avec une intonation juste assez chaleureuse pour nuancer ses propos. Tu m'as convaincu, et je daigne t'aider. Du moins, jusqu'à ce que je me lasse. Je ferais comme tu dis : récupérer noms et informations. J'évoluerais à mon rythmes, sans personne sur le dos. Je m'amuserait autant que je le voudrais, pour sûr, mais tu auras ton lot de renseignements. Mais avant...
Le simple sourire du Démon, lequel se fit plus carnassier, ne pouvait dire qu'une chose : l'heure était venu de marchander :
-Si tu me veux comme allié, nous allons passer un petit pacte. Non, tu ne me connais pas ni ne sait de quoi je suis capable. Peut être suis-je un danger pour toi -et ta cause toute entière-... Ou pas. Quel risque serait-ce de pactiser avec un animal tel que moi, pas vrai ? Pourtant...
Face à la femme, Vaelh saisit doucement son visage entre ses paumes, saturant progressivement l'air de ton son luxurieux dont, de toute sa superbe présence. Le regard du mâle rayonna même de tout le désir qu'il avait de convaincre sa nouvelle alliée.
-Pourtant, je devine que ce risque constituerait une récréation, un divertissement dont ta vie t'a privée. Allons... Il se rapprocha d'avantage, dangereusement,  au point que l'or de ses yeux occupait tout le champ de vision de la sorcière. Plus extatique encore, son arôme et a présence, la chaleur de ses mains et les vibration de sa voix... Tout son être venait titiller la conscience même de sa « victime », la poussant délicatement dans une torpeur consciente des plus délicieuses.
-Allez... Offre toi au moins ça, toi qui te destine à une périlleuse ascension au pouvoir. Si tu arrives tout en haut, tu auras tout le plaisir que tu veux ! Alors pourquoi ne pas avoir un avant goût des frissons que tu savoureras plus tard ? Fais de moi ton allié, laisse moi trouver les informations dont  tu as besoin... Lions nous pour ne plus jamais être seul, si hauts que nous sommes. Tous ce que tu as à faire, c'est signer ici, dit-il avant de laisser tomber son haut sur le sol, révélant sur sa poitrine une masse de runes délicates qui s’agençaient avec la langueur des caresses d'une amante pour former un cercle contractuel, dont la moindre courbe, le moindre angle n'était qu'un appel criant au vice. A la simple vu d'une telle géométrie, nombreux furent les fantasmes les plus inavoués à prendre couleur dans l'esprit de la spectatrice. A sa surprise, une belle part la mettait en scène avec le Démon.
-Pose ta main ici, souhaite que je soit ton allié, et je voudrais bien t'aider. Le prix pour cette alliance... Le mâle sourit, enchanté . Tu me donneras du plaisir à raison de... Disons à raison de six fois par trentaine.
Il savoura le silence qui s'ensuivit, savourant quelque émotion qui aurait pu s'afficher sur le visage de son interlocutrice avant de pouffer.
-Pas de la manière dont tu penses, tu n'es pas encore prête pour une telle épreuve. Tu te débrouilleras simplement pour trouver ton plaisir à ta convenance, peu importe comment. A chaque fois, tu penseras un peu à mes beaux yeux.  J'en tirerais énergie et vigueur. Si tu t'appliques, ce sera meilleur pour toi à chaque fois ! Que du bonus... Alors vient. Et après, nous parlerons de la manière dont nous allons organiser mon évasion et celle de Silke.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le samedi 25 avril 2015, 02:08:15
Les ambitions de Rayla n’avaient jamais été de changer le monde. L’indépendance, la liberté, voilà ce qui la motivait... Et, pour cela, il fallait avoir du pouvoir. C’était une logique simple : seul le puissant pouvait véritablement prétendre être libre. Rayla avait dû passer des allégeances, mais elle s’en était bien sortie. Le Magicien n’était pas le plus rude des mentors, et elle savait qu’elle n’avait pas les moyens de le renverser. Elle savait qu’elle n’était qu’un pion au sein d’un plan vaste, au sein de machinations d’envergures qui la dépassaient... Mais ça ne la dérangeait pas. Tant qu’elle pouvait accomplir ses objectifs, le reste n’avait aucune véritable importance. Maintenant, Rayla dominait Lagarde, et elle avait sous ses ordres des armées entières, ainsi que le pouvoir de vie et de mort sur ses sujets. C’était elle qui offrait à Raven armes et munitions, elle qui dirigeait véritablement le camp. Son rôle ne cessait de croître au sein de la Monarchie, satisfaisant ainsi ses propres obligations personnelles. Non, elle n’avait aucun regret à faire, et elle offrait à l’Incube une proposition fort intéressante.

Ce dernier l’accepta, mais pas sans conditions. Elle le laissa se rapprocher à nouveau d’elle, en se demandant si l’Incube avait bien compris ce qu’elle lui avait dit. Elle s’était offusquée contre une vie de servitude, une vie à n’être rien de plus qu’une simple femme de ménage, une ménagère qui s’occuperait du couvert et d’éduquer les marmots. Restant silencieuse, elle sentit la magie rose émaner du corps de l’Incube, ce dernier cherchant à la séduire... Ou à l’empoisonner, selon la manière dont on interprétait les choses. Maudits démons... Ils ne pouvaient jamais se contenter de ce qu’on leur donnait ! La mansuétude et la générosité étaient des notions qu’ils ne comprenaient pas. Rayla avait fini par le comprendre, et elle le laissa se déshabiller, observant ses runes magiques. Il lui proposait un pacte, un lien. Son aide, en échange d’ouvrir ses cuisses.

Rayla se mit alors à rire, basculant la tête en arrière, et secoua ensuite cette dernière.

« Pour ton culot, je devrais te tuer sur place, Incube. Tu crois que quelques biceps, des runes, et une aura sensuelle peuvent me faire flancher ? As-tu donc écouté ce que je t’ai dit, ou préférais-tu te fixer sur mon décolleté ? La magie rose ne fonctionne pas sur moi. Je ne suis pas l’une de ces pucelles que tu peux croire séduire simplement en claquant des doigts. »

La Comtesse se redressa alors, et posa une main sur le torse musclé du démon.

« Un pacte, tu dis ? Comme c’est amusant... Depuis quand te retrouves-tu en position de négocier, petit démon ? Je n’ai qu’un signe à faire, et tu finiras décapité sur place. »

Elle retira sa main, guère dupe. Ce n’était pas à elle qu’on lui ferait avaler ce genre de choses. Vaelh restait un prisonnier, et elle marcha lentement, faisant claquer ses talons sur le sol.

« Les termes du pacte sont simples. Soit tu nous aides, soit tu files dans une autre cellule avec Silke, et tu iras tenter tes tours de passe-passe sur une femme qui a juré d’égorger n’importe quel mâle tentant de coucher avec elle sans se battre. »

Le ton de Rayla était un peu moins amusé, presque courroucé. Continuant à marcher, elle le regarda à nouveau, sur le flanc, et sourit lentement.

« Mais j’aime bien ton toupet... Et tu es plutôt beau. Même si je te conseille de ne pas dépasser les limites de ma patience. »

Elle croisa alors les bras, attendant de voir comment il allait réagir.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le samedi 25 avril 2015, 11:22:26
C'est le rire de la femme qui fit tiquer l'Incube en premier, vite suivi de répartie tranchante. Lui qui avait pensé que s'afficher comme un négociateur en position de force dans une situation aussi désespérée que celle-ci pouvait lui profiter... Si Rayla avait été plus naïve, ça aurait sans doute marché. Malheureusement, son immunité contre les dons du Démons l'avait parfaitement préserver de perdre la tête.
D'une certaine manière, tout ça ne faisait que confirmer la vie rude qu'elle avait dû mener jusque là : il avait sans doute souvent fallu qu'elle garde la tête sur les épaules bien souvent pour simplement rester en vie. Bien évidemment, Vaelh était mortellement frustré et mécontent. Et quand bien même il aurait absolument tout donné pour ne pas le montrer, sa rage aurait quand même rayonné sur ses traits. Ainsi remit-il son haut en place en plissant les yeux et serrant les dents, comme si la jeune femme était rentré à un moment importun dans la tête et l'avait surpris à demi-nu sans son consentement -un comportement qui contrastait beaucoup avec le personnage, en l’occurrence-.
Quand elle se mit à louvoyer en énonçant ses conditions, le Démon la suivit du coin de l’œil. Il n'émanait de lui plus qu'une sourde aura vengeresse, et son esprit échafaudait à toutes vitesse des représailles pour l'affront subit toute plus extravagantes les unes que les autres ; sans grande utilité pour l'instant.
Au final, il laissa échapper un soupir. Grand hédoniste, il sut savourer toute cette frustration qu'on lui imposait. Il la dévora même jusqu'à s'en rendre ivre, laissant fermenter toute cette haine extatique pour s'en délecter au moment le plus propice, sans doute contre quelque prochain ennemi. Puis, comme la prudence était souvent quelque chose que Vaelh oubliait, il poussa Rayla un peu plus loin pour tester une ultime fois sa patience, rien que pour d'avantage frôler ce risque de finir tué :
-C'est bien dommage. Toi qui va voué ton existence à commander et donner des ordres, tu aurais sans doute pu trouver, à condition d'effort et d'ouverture, l’expérience d'être soumise d'une certaine manière à ton propre désir plutôt intéressante. Une autre fois, peut être ?
Le Démon se redressa, poing sur les hanches.
-Je suis sûr que tu me hais déjà autant que tu m'adores. Je t'avoue que c'est le cas pour moi : détruire ton visage me fais autant envie que de l'embrasser.
Dit-il dans un sourire qui, étrangement, vint soutenir le fait qu'il prononçait ces paroles en leur accordant une valeur positive.
-Un jour, nous épancherons ces deux soifs. Ce serait bien ! Même détruit je reste plutôt beau, tu sais ? Quand mon sang coule à gros bouillon, il est du plus beau des rouges vifs. Je me demande de quel couleur est le tiens.
La question avait été posée à mi-voix, comme si la réponse n'importait pas pour l'instant.
-Bien... Je daigne toujours t'aider, ça n'a pas changé. Dans tous les cas, ce sera plus amusant que de devoir patienter dans une cellule. Mais comment procéder... Hm...
Le mâle s'accorda un instant de reflexion.
-Silke -et d'autres spectateurs- m'ont vu rentrer dans cette tente avec toi. Ils savent que nous discutons en ce moment même. Si tu veux organiser mon évasion de la manière la plus crédible possible, il faut que ton ramassis de paysannes elles même y croient. Alors voilà ce que je te propose dans un premier temps. Et cela va te plaire, dit-il avec un rictus avide. Tu pourras prétexter que j'ai voulu t'attaquer une fois sous la tente en profitant de la proximité. Comme tu as voulu te défendre, il faut que tu lances un de tes sortilège. Quelque chose de sonore qui puisse effectivement souligner que tu t'en prends à moi. Juste ensuite, avant que des gardes n'arrivent, lance un second sort de contrainte qui me neutraliserait. Ainsi, quand tes femmes entreront et me verront déjà ligotée et vaincu -parce que je veux bien jouer le jeu-, elle n'auront qu'à aller me jeter dans le même trou que Silke. Mais entre temps, tu m'auras donné une dague ou quelque outils utiles et discret, pourquoi pas un enchantent ou sortilège à usage unique, dont je me servirait pour forcer la serrure de ma geôle. Ainsi : je m'évade, je gagne d'avantage la confiance de Silke, tu renforce ta réputation de leader forte pour avoir contraint un Démon aussi facilement, plus tard, je te livre secrètement les informations dont tu as besoin, et comme personne n'est au courant de notre petit jeu, tu récoltes les lauriers, conclut-il d'une traite.
Le doigt sur la lèvre inférieure, pensif, il ajouta :
-Il faudra aussi que nous trouvions un moyen de nous recontacter plus tard, et que j'improvise un moyen de soutirer des informations à l'Amazone. D'ici là...
Il écarta les bras, déjà ravi au point d'en vibrer d'excitation.
-Allez ! Confie moi de quoi sortir de ma cellule et de quoi faire sortir Silke, et dénude sous mes yeux cette odieuse magie verte que tu maîtrise ! Il faut que ça ai l'air vrai, évidemment. Mais tu n'avais de toutes façons pas l'intention de te retenir, si ?
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le dimanche 26 avril 2015, 01:40:41
Vaelh marchait sur des œufs. Rayla savait les démons de Luxure insolents, a fortiori quand ils étaient de sexe masculin. Les Incubes étaient moins nombreux que les Succubes, et, en Enfer, c’était surtout la femme qui était influente dans le domaine de la Luxure. Les Incubes étaient donc plus rares, et, pour se faire remarquer, développaient souvent intuitivement une sorte de finesse d’esprit. Autrement dit, Rayula les trouvait souvent plus ironiques et plus amusants que les Succubes, qui restaient plus froides et plus arrogantes, se sachant désirables et désirées. Rayla n’aimait pas trop traiter avec les démons, pour être honnête. Ils étaient fourbes et retors. Certes, ils étaient fiers, très fiers, ce qui expliquait pourquoi ils ne mentaient que très rarement, voyant le mensonge en horreur, ou pourquoi ils cherchaient toujours à honorer leurs dettes... Mais le fait de ne pas mentir les amenait très souvent à interpréter la vérité, et à dire des choses qui n’étaient, ni totalement fausses, ni totalement vraies. Quand on discutait avec eux, il fallait faire très attention aux mots dits. La tradition démoniaque était orale. Tous leurs pactes étaient souvent oraux, les écrits étant extrêmement rares chez ce peuple. Pour Rayla, qui préférait la clarté de la plume, elle avait souvent du mal avec eux. Mais les démons remplissaient une part importante au sein de la Grande Toile. Partant de là, elle collaborait avec eux. Cet Incube était un homme à la langue bien pendue, mais s’il aidait à infiltrer les forces de Knaël, et à savoir exactement ce que la Nephalem savait, Rayla aurait de quoi se faire bien voir lors de la prochaine Convocation.

Son plan n’était pas mauvais. Simuler une attaque, et l’envoyer auprès de Silke... Le diable, toutefois, était dans les détails, et ce fut bien sur un élément de détail que Rayla tiqua.

« Silke est une diablesse, mais elle est tout, sauf bête. Elle sait qu’elle ne peut pas te faire confiance, que ta loyauté est... Flexible. Si tu es enfermé avec une arme, elle comprendra que tu cherches à la doubler. Ne sous-estime pas la paranoïa des Amazones. »

Raven avait été difficile à convaincre, et, pour la convaincre définitivement, le Magicien avait dû lui montrer la vérité sur sa Déesse, lui montrer que les Dieux n’étaient pas des Dieux, tout au plus des êtres supérieurs, des faux Dieux. Ils étaient autant des Dieux que l’avait été le colon blanc envahissant les tribus amérindiennes. Il n’existait qu’un seul Dieu, et c’était avec cette logique que le Magicien avait montré à Raven que toute sa vie n’avait été qu’illusions et mensonges.

« Mais ne t’inquiète pas tu ne resteras pas longtemps dans ta cage, de toute manière... »

Sur cette ultime phrase, énigmatique, les yeux de Rayla se mirent à flamboyer. Ses yeux violets se mirent à s’illuminer, et l’air vibra autour d’elle... Son poing serré était relevé, et un sourire moqueur éclairait ses lèvres. Vaelh en voulait pour son argent ? Il allait être servi ! Les objets autour d’eux vibraient, les verres tremblaient sur place. Le bras de Rayla s’auréola d’éclairs énergétiques, puis elle tendit la main, écartant les doigts... Et des éclairs éblouissants fusèrent, et, juste avant de frapper le torse de Vaelh, Rayla lâcha quelques mots :

« La prochaine fois... Peut-être que je consentirais à jouer avec toi... »

Ensuite, des éclairs jaillirent, et frappèrent le torse de l’homme. Un choc violent qui repoussa l’homme, envoyant valdinguer l’Incube hors de la tente. Il rebondit sur le sol à plusieurs reprises, une odeur de brûlé s’échappant de son corps, de la fumée en sortant.

« Cet homme, cette bête, a essayé de me tuer ! Enfermez-le avec l’autre folle ! »

Les gardes se dépêchèrent, et un coup de crosse frappa Vaelh à la tempe. Le tir magique  n’avait pas été simulé. Un humain normal aurait brûlé sur place, mais la peau du démon était plus résistante que la faible et fragile peau d’un être humain.

Les Amazones traînèrent donc Vaelh dans les cages, et le jetèrent dans l’une des cages, avant de refermer cette dernière. La cage était juste à côté de celle de Silke, et il n’y avait plus aucune trace de Raven. Silke était dans la cage, assise contre le fond de la cage. Comme il n’était pas possible d’être debout, autant essayer de rendre sa position le plus confortable possible. Elle porta son regard vers Vaelh, et attendit quelques secondes. Elle sentait l’odeur de brûlé, et comprit que l’Incube avait dû énerver cette mystérieuse femme. Fort heureusement, l’obscurité ambiante empêchait de voir les yeux embués de Silke, et ce fut avec une voix claire, car ses larmes avaient séché, qu’elle s’adressa à lui :

« Vous avez obtenu des informations sur son identité ? »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 28 avril 2015, 23:50:16
Ce fut l'une des rares situations où les réflexes inhumains de l'Incube tirent d'avantage d'une malédiction que d'une force. À l'instant même où la magie se mit à crépiter avec avidité du bout des doigts de Rayla, Vaelh aurait pu avoir le temps de plonger pour tenter de minimiser l'impacte du sortilège. Malheureusement, comme il était convenu que la sorcière ne le tue pas avec ce petit tour, tenter d'esquisser la moindre esquive pouvait s'avérer plus dangereux qu'autre chose : après tout, peut être avait-elle réglé sa magie et sa force d'une certaine manière qui pouvait peut être briser le mâle en deux s'il était touché au mauvais endroit. Ainsi, il fut contraint de rester sur place, ne pouvant qu'encaisser de plein fouet. Une puissant flux ésotérique le percuta avec une violence inouïe qui brouilla immédiatement sa vue. Une petite fraction de seconde plus tard, juste après que ses pieds aient quittés le sol à cause de la puissance de l'impacte, le système nerveux hypersensible du Démon assimila voracement la douleur qu'il ressentait.
Et ce fut une peine telle que son essence toute entière hurla.
La voix du mâle explosa, littéralement. Un hurlement, ou plutôt un rugissement, ou peut être un odieux crissement, s'échappa d'une gorge qui n'aurait normalement pas dû produire un son aussi contre-nature. Sa chute ne dura qu'un instant, mais son cri résonna et rebondit à l'infini dans le petit espace temporel compris entre l'impacte du sort et le moment où Vaelh retomba sur la dos. Telle une houle violente, le son afflua et reflua toujours plus fort, comme animé du désir de réduire les tympans de quiconque aux alentours en miette.
La partie la plus intrigante de toute cette éphémère cacophonie fut sans nul doute la complainte aspirée qui vint faire office de point final. Une sonorité des plus émise par le sortilège lui même qui, horrifié et mortifié de voir que tout le mal qu'il avait provoqué avait été dévoré goulûment et savouré plutôt que subit, s'était doté d'une étincelle de conscience avant de cesser d'exister, consommé par une bête insatiable.
La suite fut bien moins glorieuse. Tous les nerfs en flammes, Vaelh n'était pas parvenu à reprendre son souffle avant qu'on ne lui colle un coup aussi vicieux qu'inutile, qu'il ne sentit de toutes façon même pas vu son état. De son transport jusqu'à sa geôle, il ne garda que des images fugaces. Il ne reprit que partiellement conscience que lorsqu'il entendit une voix familière lui poser une simple question. Il tenta d'y répondre, mais il lui sembla que sa gorge n'était plus que cendres.
Contraint d'attendre que son métabolisme corrompu cesse de se remémorer la peine endurée/savourée plus tôt, Vaelh ne put que rester étendu sur le sol, comme mort.

*
**

Il ne revint à lui que plus tard. Il lui sembla que seules quelques secondes étaient passées alors que cela faisait déjà une dizaine de minutes qu'il luttait pour simplement se redresser. S'installant péniblement en position assise, il se remémora la question que Silke lui avait posé et y répondit d'un timbre absent, pas encore tout à fait en phase avec lui même...
-Gnnmpf... Son identité... Rayla... Hm. Rayla. Comptesse Ashnardienne... Il serra les dents, inspirant profondément, tous ses souvenirs lui revenant. Il devait toujours faire en sorte de donner assez d'information à Silke pour se la mettre dans la poche mais, au final, il ferait bien plus que de jouer les simples espions : il allait persuader son propre esprit perverti que, le temps d'une réponse, il ne serait que du côté de l'Amazone. Il décida, aussi simplement que ça, de temporairement ruiner et remodeler ses perceptions pour ne plus être un allié de Rayla, mais un support de Silke et de sa cause.
Au final, Vaelh ne se définissait pas que par une personnalité, mais une superposition de masques d'acteur. Lorsqu'il y pensait et se rendait compte qu'il n' était même plus tout à fait possible de savoir qui il était vraiment, il trouvait cela simplement intéressant.
-Rayla,  Comptesse Ashnardienne. Cette sale CfႧႫႤႵ' ჅႧ DhႽe est immunisée à mes charmes, grinça-t-il, sa frustration distordue par une terrible insulte que seule la plus corrompue des gorges pouvait prononcer ans se déchirer. Elle m'a dit qu'elle était la... Disciple du Magicien de la Monarchie de la Rose. J'imagine que ça a plus de sens pour toi que pour moi. Mais elle a aussi dit qu'elle servait une entité appelée le Roi Cramoisi. Brève pause. Si tu veux qu'on parle de tout ça en détail, il faut vraiment qu'on s'échappe d'ici. Toute cette affaire à des proportions telles que je me sens quelque peu plus impliqué, à présent.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 30 avril 2015, 02:07:02
Vaelh avait visiblement pris un coup intense, car, plutôt que de lui répondre, il tomba dans les pommes.

« Vaelh ! Vaelh ! »

Il n’y eut aucune réponse, et elle soupira, en retournant s’adosser contre la cage, et regarda le paysage autour d’elle. Peu de gardes venaient par ici. Les cages étaient surtout surveillées depuis des positions surélevées, notamment des miradors ou des postes en hauteur. Il y avait d’autres personnes dans les cages, des familles épuisées, aussi bien des femmes que des hommes, des adultes que des enfants. Les mères tenaient contre leurs corps leurs enfants, séchant leurs larmes, ou essayant de dormir. Emprisonnés comme des bêtes, ils ne pouvaient rien faire. Silke avait suffisamment étudié la cage pour réaliser que cette dernière était trop solide pour être rompue facilement. À défaut de pouvoir faire autre chose, elle préférait donc observer le décor, tout en repensant aux informations de Raven.

L’Hyrkanie, le passé trouble des Amazones… Silke connaissait les légendes. Les histoires étaient racontées aux jeunes Amazones au coin du feu. La Horde, disait-on, était initialement un exode ayant pour but de retrouver l’île natal des Amazones, Themiscyra. Mais, à force d’errer, la Horde avait oublié ses origines, et était devenue un peuple de nomades, vivant le long des routes et des campagnes. Le désir de reconstruire l’Hyrkanie avait été progressivement effacé, au profit d’une nouvelle existence, reposant sur la liberté entière, et sur le désir de former une société différente des autres, une société familiale. Silke savait qu’il n’était pas bon de se sédentariser. En s’installant, les Amazones ne seraient plus une horde, elles auraient leurs maisons, et, peu à peu, disparaîtraient, au nom du confort et de la propriété privée.

*Qu’es-tu devenue, Raven ?*

Son esprit était empli de haine et de remords. Elles s’étaient aimées, à une époque. C’était Silke qui avait choisi de porter leur enfant, et, quand elle avait senti son bébé remuer dans son ventre, tapant contre sa peau… Ces sensations étaient tout simplement magiques. Son bébé lui avait été retiré, et l’Amazone en avait énormément souffert… Raven avait souffert encore plus, et en voulait au monde entier, mais avant tout à elle-même… À elle-même, parce qu’elle avait négligé Silke, alors que, avec sa grossesse, cette dernière était incapable de se battre. Raven, tout simplement, avait toujours eu du mal à montrer  ses émotions et ses sentiments. Elle s’en voulait de ne pas avoir protégé Silke, et tout partait de là… Mais il était impossible de la sauver, impossible de la secourir. Raven était condamnée, ensorcelée par ceux qui avaient usé de sa souffrance. Difficile de voir en elle une simple victime, quand on voyait toutes les vies qu’elle avait brisé, les campagnes qu’elle avait ravagé… Espérait-elle vraiment que, quand elle aurait bâti sa Nouvelle-Hyrkanie, Andromaque viendrait ? Voulait-elle donc éradiquer définitivement son ancienne vie ?

*C’est un comportement lâche, tout simplement… Elle préfère brûler son passé que d’affronter ses erreurs…*

Perdue dans ses pensées, Silke divaguait, lorsqu’elle entendit Vaelh émerger. Tournant la tête, elle vit ce dernier se mettre à parler, d’une voix lente et faible. Il avait essayé de séduire cette femme… Une Comtesse ashnardienne. Dans la tête de Silke, des rouages se mettaient en place. Cette Rayla… Agissait-elle en son nom, ou pour le compte du Conseil Impérial ? Est-ce que l’Empire était derrière toute cette histoire ? Elle ne le pensait pas. Vaelh lui parla de la Monarchie de la Rose. Le nom évoquait quelque chose aux oreilles de Silke. Le Magicien… Le Roi Cramoisi. Knaël lui en avait parlé.

*Elle m’a dit de me méfier d’eux, et de ne pas partir seule dans une croisade veine… Mon arrogance m’a encore piégé.*

Silke hocha lentement la tête.

« Cette femme vous en a dit beaucoup, Vaelh… »

Beaucoup trop ? Silke le regarda, mais, de l’Incube, elle ne voyait pas grand-chose, du fait de l’obscurité ambiante qui régnait ici.

« Ne me faites pas croire qu’elle vous a emmené dans sa tente simplement pour votre verve… Même si je veux bien croire qu’elle vous a torturé pour vous faire taire. »

Qu’est-ce que cette Rayla voulait, exactement ?
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 03 mai 2015, 18:47:13
Par intermittence, un douloureux acouphène venait troubler l'ouïe sensible du Démon, rendant compliquée la compréhension des paroles de Silkes. A ça s'ajoutait une méchante migraine qui se dissipait déjà mais qui noircissait l'humeur du mâle. Le choc avait si rude et soudain que ses souvenirs lui revenaient dans le désordre.
En revanche, si quelqu' chose n'avait pas été effacé ou même ébranlé de la mémoire du de l'Incube était la frustration qu'il avait ressenti lorsque la comtesse s'était initialement refusée à lui. Ainsi, même le détecteur de mensonge le plus sophistiqué au monde serait resté de marbre pour la simple et bonne raison qu'il ne mentit pas :
-Cette... Sale... Chienne ! Rien n'a marché sur elle, rien... Du tout ! Cracha-t-il dans un accès de colère si soudain que même malgré l'obscurité, on pouvait deviner la furieuse teinte cramoisie de son visage. On ne me résiste pas. On ne me résiste PAS !
En un éclair, Vaelh fut contre les barreaux. Si ces derniers n'avaient pas été là, nul doute que Silke se serait retrouvée avec deux mains nouées autour de sa gorge, muent simplement par la plus flamboyante des frustrations.
-Je REFUSE qu'une misérable magie puisse me faire obstacle. S'en suivit quelques injures aux sonorités improbables. Je suis tellement réduit dans ce foutu monde. Tellement amoindri, tu entends ? Bah ! Tout en bas, le simple fait de se retrouver dans la même pièce que moi l'aurait fait s’effondrer sur elle même pour qu'elle se touche à mort. Mais là ? Mais là...
Un bruit mat retentit lorsque Vaelh martela le sol de ses poings capricieux. Le silence qui s'en suivit fut presque surnaturelle et ne fut brisé que par l'arrivée en trombe d'une garde dont la démarche trahissait toute la frustration de devoir garder une bête agitée comme celle là. Vicieuse, elle tenta de l'atteindre avec la hampe de sa lance en lui lançant :
-Tu vas te taire, chien de mâle ? Si je t'entends encore une fois, tu vas comprendre ce que c'est que d'être « réduit », si tu vois ce que je veux dire !
Mais, vif, Vaelh avait déjà battu en retraite dans le fond de sa cage. Il fixa la garde : un nouveau visage dont il faudrait se souvenir pour une vengeance ultérieure.  Mais, comme dans le noir il ne captait pas tous les détails de cette face, il se jura de simplement réduire le camp en cendre en d'abattre toutes ces folles, histoire d'être sûre de ne pas rater celles qui avaient oser le toucher ou même lui parler.
Quelques instants plus tard, après s'être assurée que ses captifs étaient tous calmes, la geôlière s'en alla.
-A présent, c'est personnel. Je veux la voir ployer pour mon propre plaisir, peu importe comment. Et lorsque sa corruption sera totale, je rirais pour l'éternité sur la ruine de son âme.
D'une certaine manière, même si la tournure des mots du Démon avait quelque chose de lyrique, on ne pouvait pas tout à fait s'empêcher d'imaginer que cela pouvait littéralement arriver.
Plus bas, le Démon reprit, cette fois calmé :
-Il faut qu'on sorte d'ici. Il faut que je gagne en force, en pouvoir. Il faut que je me livre à mes rituels. Et toi, de ton côté, tu vas trouver un moyen de te renforcer également, lança-t-il, bien plus sérieux qu'au début de l'aventure. D'abord, sortir...
Loin d'être malhabile dans l'obscurité, Vaelh se mit à inspecter sa cage exiguë. Comme il s'y était attendu, s'en échapper était impossible sans le moindre outil. Furieux, il s'agita malgré tout contre les barreaux pendant quelques secondes.
-Bah ! En pendant que je faisais l'effort de cuisiner l'autre pour en savoir plus et tenter de nous sortir de là, tu as au moins eu le temps de réfléchir à un moyen de nous faire nous évader, au cas où ? Ou tu étais trop occupée à ne rien faire du tout ?
Il se tourna dans sa direction, attendant une réponse.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 05 mai 2015, 13:55:17
Cet homme était-il à ce point imbu de sa personne qu’il avait tenté de séduire cette femme ? Pour Silke, ça semblait tellement absurde... Mais Vaelh était bien capable de le faire. Oui, elle le voyait bien se risquer à séduire ses ennemis... Et pourquoi pas à les rejoindre ? La loyauté de l’Incube était sujette à question pour elle, car elle se rappelait encore du moment où elle l’avait combattu dans le temple, contre les trolls. Il l’avait suivi depuis lors, mais Silke savait que ce n’était pas par conviction profonde. C’était un démon. Sauvage. Indépendant. Fier. Et un Incube. La beauté l’attirait comme la mouche gravitant autour du quignon de pain. Fallait-il croire à cette histoire ? Silke n’en savait trop rien... Sa conservation avec Raven l’avait perturbé, et lui s’excitait dans sa cage, furieux contre lui-même, et contre le monde entier. Il voulait sortir d’ici, mais comprit bien vite que les cages étaient trop solides. Le bois était résistant, les nœuds costauds, et la position inconfortable dans laquelle les prisonniers se trouvaient faisaient qu’on avait du mal à sortir de là.

Vaelh fulminait sur place, et rappela à Silke qu’il fallait qu’elle trouve un moyen de se renforcer. L’Amazone à la chevelure de feu ne releva pas cette phrase, restant dans ses pensées embrunies et sombres. Se renforcer... Est-ce qu’il ne s’agissait que de ça ? L’Amazone ferma les yeux, bénissant en silence l’obscurité ambiante, qui permettait de ne voir que sa longue chevelure, et non la tristesse et la souffrance se peignant sur son visage. Elle avait cru qu’il ne s’agissait que d’une histoire entre elle et Raven... Son arrogance l’avait induit en erreur, mais elle n’avait pas encore dit son dernier mot.

« Pendant que vous batifoliez avec cette Comtesse, je me suis entretenue avec Raven... »

Raven ne voulait pas la tuer, car elle voulait que Silke la rejoigne dans son plan dément. En théorie, reconstruire l’Hyrkanie était une belle perspective, comme la fin du voyage pour la Horde, la fin de l’errance... Mais, outre la question théorique, il suffisait de voir les applications pratiques pour en être horrifiée. Il suffisait de voir les cadavres que Raven laissait dans son sillon, et les prisonniers s’entassant dans des cages. Sur sa gauche, Raven les voyait. Des enfants terrorisés, à qui on avait arraché leurs pères. Des peuplades fanatisées par une folle furieuse qui était elle-même manipulée par d’autres. Sa nouvelle Hyrkanie n’était pas l’eldorado tant souhaité par les Amazones, ce n’était qu’un leurre, une illusion, et un piège de plus.

« Mon arrogance m’a amené à poursuivre Raven seule, malgré mon précédent échec... Mon arrogance envers moi-même, et envers elle... Je pensais que Raven finirait par comprendre. »

Était-ce pour ça qu’elle avait choisi d’agir seule ? Au mépris des préceptes de la Horde vantant les mérites du travail en équipe, de l’union ? Ou est-ce qu’elle parlait d’arrogance pour masquer sa culpabilité ?

« Mais je ne suis pas toute seule... Tout ce qu’il nous faut, maintenant, c’est être patient... »

Du moins, l’espérait-elle...

Elle entendit alors des bruits de pas supplémentaires, et vit une patrouille passer à proximité.

« Pitié, donnez-moi une couverture, s’exclama alors une captive, ma fille a...
 -  Silence ! »

La garde tapa avec sa lance contre la cage en bois, ce qui fit alors pleurer le bébé. En paniquant, la pauvre mère tenta de porter sa main à sa bouche... Une main rachitique et osseuse. On devait leur fournir de faibles rations, et elle se sacrifiait pour sa fille. Ses joues étaient creusées, mais le bébé avait encore la force de pleurer. En grognant, la garde frappa à nouveau contre la cage.

« Fais taire ton marmot, sale pute !
 -  Elle a froid !
 -  Oh, elle ne supporte pas le plein air, alors ? Ça ne m’étonne pas... Encore une salope née avec une cuiller en argent dans la bouche...
 -  Pitié, je demande juste... »

Un nouveau coup contre la cage. L’incident venait d’attirer l’attention des autres prisonniers, et les gardes se regardèrent entre elles. Elles étaient trois, et celle qui parlait avait un trousseau de clefs. Elle finit pare grommeler, en entendant le bébé continuer à pleurer.

« Putain, j’vais lui en donner des raisons, à ton bébé, de chialer, moi !
 -  NON ! »

La clef s’enfonça dans le cadenas, et la cage s’ouvrit, puis une main s’engagea dans la cage, pour se heurter aux doigts de la mère paniquée.

« HA ! Putain, cette folle m’a griffé ! »

La mère hurlait, mais elle était trop faible. Une main ferme la saisit à hauteur de ses haillons, et la balança sur le sol, tandis qu’une autre saisit le bébé par la jambe, le soulevant en hauteur, la tête en bas. Les hurlements du bébé s’intensifièrent, tandis que la mère, prostrée sur le ventre, tourna sa tête, quémandant une pitié dont ses geôlières étaient manifestement incapables.

« Regardez-moi cette belle chevelure blonde... Enfin, pour ce qu’il en reste, ricana l’une des femmes. Toi, tu n’as jamais trimé dans la boue et la misère, hein ?
 -  On l’a trouvé dans le manoir de ce village, il y a quelques semaines... Avec de la vaisselle en argent. Une salope qui ouvre sa cuisse pour des mâles gros et répugnants... »

La femme tenant le bébé sortit un poignard, et le brandit. Silke serra les lèvres, ne sachant pas quoi faire. La mère, dans un sursaut, bondit alors sur son bébé, le récupéra, mais se reçut une violente gifle en plein visage, qui l’envoya se coucher sur le sol.

« Y a rien d’bon à tirer de ces gens-là... Y savent pas bosser, elle encouragera les autres à la révolte...
 -  Alors, on s’en débarrasse. »

La femme s’avança, et attrapa la femme par les cheveux, soulevant sa tête, et approcha son couteau de sa gorge, tout en murmurant dans le creux de son oreille :

« Ne t’inquiète pas, ton gosse te suivra bientôt... »

Silke tourna la tête... Le bébé continua à pleurer, mais elle entendit plusieurs corps s’affaisser. Les deux sentinelles accompagnant la garde étaient sur le sol, avec une flèche en pleine tête. L’autre femme, surprise, se retourna, et eut à peine le temps de remuer les lèvres qu’une flèche transperça son œil, l’envoyant s’écrouler sur le sol. Des tirs venant des arbres à côté, et, dans l’obscurité de la forêt, SIlke vit des silhouettes se découper le long des arbres, avant de se poser sur les rochers entourant le camp de prisonniers, et descendre à même le sol.

*Des elfes...*

Ils portaient des tenues de camouflage, des bandeaux autour du visage, et deux d’entre eux s’approchèrent des cadavres, venant les éloigner du sentier. L’agitation dans le camp était désormais forte, et, pendant ce temps, la mère éplorée serrait son bébé contre elle. Un troisième elfe s’approcha d’elle, et se tint face à la femme... Avant de dévoiler son visage, en abaissant son capuchon.

« N’ayez pas peur, nous venons vous aider... »

Silke connaissait ce visage, et sentit une vague de soulagement la traverser.

C’était Elenwë (http://fc03.deviantart.net/fs71/f/2013/265/e/c/brigand_empress_2_by_yayashin-d6nfa3x.jpg).

Les renforts, enfin, venaient d’arriver.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 12 mai 2015, 00:10:57
Vaelh étant d'humeur massacrante et mourant d'envie de bondir hors de sa cage pour aller porter le carnage et la mort à quiconque se trouverait devant lui, l'idée de devoir « attendre » -attendre!- lui apparaissait comme quelque chose d'abominable, voir même douloureux. Malgré les risques et les manigances, il n'y avait plus qu'une seule chose qui occupait tout le corps et l'esprit du Démon : un terrible cocktail fait de désir de liberté, d'appétit de violence et d'envie d'hédonisme.
Chaque toute petite seconde qui s'écoulait était plus insupportable que la précédente et, imaginatif qu'il était, le mâle n'avait pas la moindre difficulté à se projeter dans un hypothétique et cauchemardesque avenir où il passait tout le reste de son existence -soit l'éternité- enfermé dans une cage. L'idée de rester coincer là était absurde en elle même puisqu'au fond, Vaelh avait de bonne raison d'être sûr qu'il s’échapperait tôt ou tard. Pire encore : il en vint à s'imaginer une existence qui n'était faite que de néant, un endroit noir, plein de ténèbres, dans lequel il serait enfermé pour ne plus rien ressentir du tout, pour toujours.
Chaque nouvel instant qui s'écoulait apportait au Démon un nouveau lot de désespoir imaginatif plus intense que le précédent. Au final, il se retrouva d'avantage prisonnier de ses propres phobies du vide et du néant que de la cage en bois. Il s'était recroquevillé sur lui même, ses yeux s'écarquillant petit à petit sur son visage transit d'effroi qu'il tenait entre ses genoux...
-Non... Non...
Jusqu'à ce que les complaintes de la gamine le réveille, balayant toute son angoisse pour ne laisser, aussi simplement et rapidement que ça, qu'un agacement létal.

Au moment où Vaelh commençait à gronder de déplaisir, une garde eut la bonté d'intervenir pour faire taire l'enfant et sa mère -enfin!-. Ses efforts furent laborieux et maladroit, tout pour que Vaelh s'impatiente d'avantage... Et n'aboutirent pas. Du moins pas de la manière escomptée : des sifflements caractéristiques retentirent, ponctués par le bruit mat d'un impacte contre de la chair. Immédiatement en alerte, le Démon se rua dans le fond de sa cage de sorte à ce que Silke, dans la cellule adjacente, puisse lui servir d'écran. Sa précaution s'avéra pourtant vaine lorsqu'il compris que les tirs étaient destinés aux gardiennes, lesquelles gisaient déjà mortes sur le sol, victime de tirs d'une précision diabolique. Intrigué, le mâle approcha des barreaux pour observer la hampe des projectiles : leur facture trahissait la délicatesse de leurs possesseurs, sans donner à un observateur novice plus d'indice que ça. Vaelh n'eut de toutes façons le loisir de spéculer longtemps puisque les tireurs se révélèrent : des Elfes.
Étonné, il les dévisagea un bref instant. De ce qu'il savait, les Elfes n'interféraient généralement pas dans des combats qui ne les concernaient pas directement, encore moins lorsque ceux-ci étaient centrés autours de races dites « inférieures » telles les humains.
Certes, Vaelh était le premier à se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais que des mortels puissent suivre eux aussi une telle philosophie de vie le dérangeait. Il lança d'emblée :
-Qu'est ce que vous fichez ici ?
Mais à peine eut-il posé sa question qu'il absorba une vague chaude et distinctive d'apaisement émaner de Silke. Déstabilisé par un changement d'humeur aussi radical de la part d'un être incapable d'une sensibilité comme la sienne, il tenta quand même de l'interpréter : en toute logique, pour se sentir aussi libérée, l'Amazone devait être sûr d'avoir en face d'elle quelque force alliée.

Le Démon resta là à regarder le trio d'infiltrés pendant un moment, dans le plus grand des silences, avant de pouffer. Il ne lutta pas contre les rires discrets qui secouèrent sa poitrine, hilare quant à une telle situation. C'était donc ça, son ticket de sortie ? Les alliés de Silke eux-même ? Malicieux, il fut même certain que Rayla, la Comtesse, devait être au courant de leur attaque furtive. Ah ! si tout ça n'était qu'un gigantesque plan bien conçu...
Après quelques secondes supplémentaires, d'autres Elfes sortirent des bois. Ils ne devaient pas être plus d'une dizaine au total. Tous étaient tels des spectres qui, sous le couvert de la nuit, des la végétation et de leurs capes, se déplaçaient avec autant de subtilité qu'une brise. Être témoins d'un tel spectacle réchauffa le coeur de Vaelh : il allait enfin pouvoir profiter d'une compagnie un peu plus classieuse que celle de Silke.
Sans perdre un instant, les Elfes se séparèrent en deux groupes : l'un se chargeait déjà d'éliminer des sentinelles clefs pour ouvrir une voie sûre jusqu'à la sortie, tandis que l'autre ouvrait les cages des captifs pour les secourir, leur intimant de ne faire aucun bruit. Consigne que le Démon n'appliqua qu'à moitié puisque, une fois libre, il bondit en dehors de sa misérable cellule pour s'étirer en ronronnant de contentement en lançant :
-J'ai failli attendre ! Mais quel infiltration bien huilée fussent-ce ! Moi qui n'était pas resté sur mes gardes, je ne vous ai pas vu venir. C'est très bien ! les félicita-t-il, presque comme des... Enfants ? J'apprécie votre style. Mais... Vous êtes ?
Trop occupé à des tâches plus importantes, les Elfes ne daignèrent pas lui répondre. Bien sûr, Vaelh se vexa et ne pensa plus que du mal du ce ramassis de crétin qui venait de le libérer. Mais puisqu'il était à présent libre, il alla s'emparer de deux épées courtes encore dans le dos d'une sentinelle assassinée.
-Elle n'en a de toutes façon plus besoin, ahah !
De nouveau capable de trancher des gorges, Vaelh dut lutter contre une envie de représailles aussi soudaine que violente. Son esprit s'en trouva saturé d'images de mort et de vengeance, laquelle prenait des proportions telles qu'elle s'étendait jusqu'aux Elfes et à Silkes. Tremblant, le Démon fut forcé de prendre en temps pour souffler, les mains sur les genoux
-Gh...
Mais il se repris rapidement lorsque, du coin de l'oeil, il vit celle qui semblait être la chef de cette petite troupe d'intervention s'approcher de Silke avec une démarche confiante. Leurs manières étaient celles de deux personnes qui se connaissait. Immédiatement amusé, Vaelh bondit entre les deux pour passer joyeusement ses bras autour de leur cou, comme s'ils avaient tous les trois toujours été amis, avant de leur lancer :
-Si les alliées de Silkes ont toutes pour point commun d'avoir une si lourde poitrine, je me joint à vous sans hésiter ! Je n'ai peut être pas le tour de buste requis, j'ai j'ai bien d'autres qualités, glissa-t-il d'un ton parfaitement indécent, laissant rouler son haleine chargée de charme et de luxure démoniaque jusqu'aux oreilles de l'Efle. Rapide et joueur, il s'éloigna d'un bond, prévenant toute sanction à son encontre. Il s'élançait déjà à la suite des ex-captifs, sincèrement prêt à "participer à l'ouverture d'une voix sûre par l'élimination des ennemis", non sans couler un ultime regard chargé de concupiscence et de promesses de jeux vers les deux femmes.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 15 mai 2015, 01:42:11
Les Elfes allèrent soulever la mère éplorée, en lui rendant son enfant… Et l’homme qui fit cela sursauta quand la femme le serra contre lui, en le remerciant chaudement. Un peu surpris, l’elfe la laissa faire, n’osant pas la repousser, tant elle avait l’air fragile. Les autres elfes entreprenaient de couper les cordes retenant les cages, en intimant aux prisonniers de se taire. Naturellement, un tel vœu restait pieux, car une certaine agitation se mit à remuer le long des cages. Le manteau protecteur de la nuit était avec eux, comme si la Nature leur donnait une aide complice. Il y avait un mirador à proximité, permettant de surveiller le camp, mais la sentinelle regardait ailleurs, et, même si elle devait regarder la zone, la cour principale fut rapidement délestée des femmes tuées, que les elfes traînèrent contre le mur, intimant aux prisonniers de rester dans l’ombre. Extrêmement prudents, ils regardaient tout autour d’eux, prêts à abattre n’importe quelle sentinelle supplémentaire s’amuserait à passer par là. Néanmoins, les Amazones de Raven n’avaient guère envie de se rendre ici, et on pouvait les comprendre. Une prison n’était jamais très attirante.

Elenwë libéra en personne Silke, et, en sortant, cette dernière se blottit contre elle, dans un chaud et réconfortant câlin.

« Elenwë… Je suis si ravie de te voir.
 -  J’aurais aimé venir plus tôt… Mais cette forêt est profonde. »

Silke avait eu l’occasion de s’en rendre compte. L’heure n’était pas encore aux questions, et elle restait contre elle, dans une chaude et réconfortante étreinte. De tous les membres de la Quête, Elenwë était celle avec qui Silke avait sympathisé le plus vite. La raison venait de la grande curiosité d’Elenwë, et du fait que cette dernière avait déjà eu l’occasion de croiser la Horde, notamment pour leur remettre d’anciennes esclaves qu’elle avait réussi à libérer. Elenwë était une combattante pour la liberté. Originaire d’Edoras, l’elfe s’était insurgée contre l’esclavage, les inégalités sociales, l’injustice… Bref, tout un ensemble qui l’avait amené à user de sa fortune personnelle pour fonder une sorte de milice affranchissant les esclaves.

Vaelh ne tarda pas à arriver, et Silke sursauta quand il la toucha. L’Incube eut néanmoins la présence d’esprit de se retirer rapidement, avant que la situation ne devienne tendue, ou, en tout cas, que Silke lui fasse une remarque. Faisait-elle toujours confiance à ce démon ? Pour ça, il faudrait qu’elle lui fasse déjà confiance. Trop souvent, on avait profité de la naïveté de Silke pour la berner, et elle savait que seul un fou ferait instinctivement confiance à un démon, l’égoïsme étant leur caractéristique première.

« Comment m’as-tu trouvé ?
 -  J’enquêtais déjà sur la piste de Raven quand j’ai reçu ton message… Raven a pactisé avec des Scoia’tael, et j’étais sur eux… Elle prépare une attaque.
 -  Ça, j’avais cru le comprendre.
 -  Ce que tu ne sais peut-être pas, c’est que ce camp n’est pas le seul qu’elle a. »

Effectivement… Silke l’ignorait, et la regarda.

« Quoi ?!
 -  Raven a mis sur pieds une armée. Elle se compose de ces Amazones, mais aussi d’elfes, de nains, et de druides. Ils comptent assiéger Beaulierre. Raven a promis aux Scoia’tael des terres ici. »

Silke se mordilla les lèvres. La guerre arrivait. La Scoia’tael était une organisation terroriste regroupant des non-humains, essentiellement des elfes, des nains, et des Terranides, qui estimaient que les sociétés humaines étaient racistes. Ils luttaient donc pour leurs droits, mais, bien souvent, faisaient tout simplement preuve du même racisme que ceux qu’ils combattaient. C’était une organisation assez puissante, qui avait déjà déstabilisé plusieurs régions ici et là, en déclenchant des révoltes et des pogroms. L’Amazone ne se faisait aucun espoir pour les populations civiles si Beaulierre, le massif château et chef-lieu de la région, tombait entre leurs mains.

« Raven a construit des armes de siège dans d’autres de ces camps. J’ignore qui la finance, mais…
 -  J’aurais peut-être une piste, moi aussi,… »

Enfin, grâce à Vaelh… Des informations qu’il fallait donc mettre entre des pincettes, mais Silke ne pensait pas qu’il lui avait menti en parlant de Rayla. Tout en conversant, les deux femmes se rapprochaient de la sortie de la prison, et Silke leva la main, intimant le silence. Il y avait de l’agitation dans le camp…

« Nous rejoignons Raven ! s’exclama une femme.
 -  Que fait-on des prisonniers ?
 -  Une fois Beaulierre pris, nous viendrons les reprendre. En attendant, continuez à tenir le camp. »

Raven était donc partie… La bonne nouvelle, c’est qu’elle emmenait avec elle la majeure partie du campement. Sur des chevaux ou à pied, les Amazones sortirent du camp. Savoir où elles se rendaient n’était pas bien difficile à comprendre.

« Nous ne pouvons pas laisser ces pauvres gens ici.
 -  Dès que le gros de la troupe sera partie, nous prendrons le camp. Ensuite, il faudra retourner à Beaulierre pour les prévenir qu’une armée approche. »

Elenwë acquiesça.

« Toi et Vaelh n’aurons qu’à y aller. Je resterais ici avec mes hommes pour m’assurer que leurs captifs vont bien, et nous vous suivrons ensuite. »

Silke regarda l’Incube… Sans trop savoir quoi attendre de lui. Ses explications dans la prison avaient été convaincantes, mais… L’Amazone avait un mauvais pressentiment. Elle l’avait toujours été avec lui, et la situation était d’autant plus obscure qu’elle se demandait si cette impression ne venait tout simplement pas du fait qu’elle était un homme, et qu’elle avait été élevée dans une société matriarcale, où l’homme n’était pas autorisé. Il était difficile de se départir de ses préjugés, et, en voyant Elenwë, cette dernière ne semblait guère méfiante envers Vaelh.

« Qu’en pensez-vous, Vaelh ? » finit-elle par lui demander.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le lundi 18 mai 2015, 01:11:11
Vaelh s'était joyeusement mis en route dès qu'il eut été libéré, filant à la suite de ses nouveau allié jusqu'à percevoir les voix braillardes et disgracieuses des soldats de Raven. Il suivit leur bref échange dans un calme qui le surpris lui même, au point de lui faire froncer les sourcils. Et, dès qu'il se fut rendu compte qu'il aurait normalement dû être consumé par la haine rien qu'en entendant leur voix, un courroux violent enfla dans tout le corps du Démon. C'était même d'avantage qu'un courroux : un rouge mélange d’irascibilité, d'injustice, de fureur et de folie. Là dehors, celles qui avaient seulement oser s'imaginer faire du mal à Vaelh respirait encore. Ce simple fait lui semblait parfaitement impossible. De même qu'un humain ne peut pas voler de lui même, pas plus qu'une pierre peut flotter, personne n'aurait dû être en mesure de le blesser, de l'enfermer, et de manquer de le tuer.
Tardive, cette révélation pressa son cerveau démoniaque pour en extraire une essence haineuse. A l'horizon de sa conscience, royaume chaotique où ciel et terre ne restent jamais bien longtemps au même endroit, le Démon senti une vague approcher. Noire et vermeille, le tsunamis n'était que sang et mort. Il s'élevait si haut que plus rien d'autre n'existait. Où que regarde le Démon en lui, il n'y avait plus que ce sang qui demandait à être versé, cette mort qui exigeait d'être donnée. Tout à une échelle telle que même la psyché hypersensible de Vaelh ne parvenait pas à comprendre l'ampleur d'une telle émotion.
Une insignifiante étincelle de perplexité fit que le mâle resta sur place, fixant ce mur de folie liquide lui foncer dessus. Il était encore si loin, mais son ampleur invraisemblable donnait l'impression qu'il était tout proche. Le temps lui même était bloqué derrière, ainsi le Démon ne parvint pas à savoir s'il resta là une seconde ou une vie avant d'être heurté par la vague.
La rage vint d'abord, entière et magnifique, destructrice et mortelle. Vaelh se senti éclater à cause d'un tel volume d'émotions qui le remplit. Ses fragments dérivèrent dans un océan ultra dense où ils furent réduit en une poussière qui se retrouva charriée sur quelque chose d'oublié, esquissant ainsi rien de moins que la mémoire de Vaelh avant qu'il ne s'incarne dans le monde des mortels.
Ainsi se souvint-il.
Ou du moins se rendit-il compte.
Il n'avait jamais vécu dans le monde des mortels. Jamais vraiment. La fureur qui le martyrisait à présent était ni plus ni moins que celle qu'il savourait aux Enfers quand quelque chose le contrariait. Il se souvint aussi de la force, de l'infinie puissance de tout ce qu'il avait ressenti, chez lui. Et il se rendit compte que tout ce qu'il avait éprouvé parmi les mortels était bien trop pâle en comparaison. Le simple fait de se souvenir déverrouilla quelque chose en lui, une porte sur une partie de lui même qui s'était atténuée lors de son transfert d'un plan à l'autre. Avide, la poussière pulvérisée qu'il était devenu se rua jusqu'à cette porte qui s'entrouvrait pour la faire éclater, pour qu'en jaillisse les facettes les plus extrêmes de lui même.
Et enfin, depuis ce qui lui sembla être une éternité, il fut complet.

*
**

Le trouble du Démon n'avait en faite duré qu'une poignée de secondes pendant laquelle il s'était simplement tenu la tête en grognant et en se laissant glisser contre un mur, comme si une terrible migraine lui labourait le crâne. Et dès que le mal fut passé, il cligna des yeux pour Réellement savourer son environnement pour la première fois.
Même de nuit, chaque nuance de couleur lui apparaissait avec une telle force de contraste que ses yeux en larmoyaient d'extase. Au milieu de ses larmes, il eut même la certitude de voir les sons de la nature et des humains danser dans l'air pour tracer une trame qui s'enroula tout autour de ses tympans pour les comprimer jusqu'à la limite de leur point de rupture. Les fragrances de cette endroit vinrent le ravager, l'enivrant au point qu'il dû poser ses mains sur ses genoux. Et dès que ses doigts touchèrent le tissu de ses vêtement, il grinça des dents tant le plaisir qu'il ressentit suite au simple fait de sentir chaque fil de tissu le secoua.
Il finit quand même par se redresser, hagard. Ses tout premiers instants de véritable conscience furent pour les deux femmes, Silkes et Elenwë. Et même si ces deux dernières avaient été aveugles, le changement qui s' était opéré chez le Démon aurait pu leur apparaître comme une évidence. Le mâle en face d'elles n'était ni plus fort, ni plus rapide qu'avant, pas plus qu'il avait à présent accès à une puissance magique divine. Il s'était simplement souvenu comment être authentiquement lui, pour le meilleur et pour le pire. L'or chatoyant de ses yeux les dévisagea un bref instant, comme si Vaelh peinait à reconnaître les deux beautés, jusqu'à ce que sa sensibilité retrouvée lui permette d’appréhender des facettes de l’attrait de ces deux femmes dont jamais personne n'avait eu conscience, pas même elles.
C'est à cette instant qu'il se jura de leur en faire voir de toutes les couleurs.
Le sourire qu'il produisit juste après, modeste en comparaison de ceux qu'il leur avait servit jusqu'ici, eut largement de quoi les faire frissonner. Il reflétait autant le mal que le bien, la stabilité et le chaos. Les promesses qu'il sous entendait était infinies mais toutes nuancée d'excès. Au final, ce simple sourire en révéla plus sur Vaelh que ne l'aurait n'importe quel discours : il n’était pas foncièrement mauvais, pas plus qu'il avait établi une frontière entre les bien et le mal. Seul comptait l'intensité de chaque expérience de la vie, agréable ou terrible. Et cette philosophie...
-Je vous la démontrerait.
Paradoxalement, même si le fait de s'être retrouvé lui même lui avait apporté une ébauche d'équilibre, il semblait encore plus instable qu'avant. On lisait dans ses yeux que sa quête vers le plaisir était devenu quelque chose de plus qu'essentiel ; qu'il fallait vite qu'il se trouve de nouveaux plaisirs sous la peine d'en souffrir.
Plus que jamais, il évoquait le monarque exilé de son lointain et insensé royaume. Mais sa majesté daigna tout de même répondre à la question qu'on lui avait poser, sa voix venant masser jusqu'à la conscience de quiconque voulait bien s'y abandonner :
-Je trouve cela très dommage de devoir me séparer de notre nouvelle amie qui, non contente de nous avoir sauvé, nous a régalé de ses charmes. Je suis sûr que l'envie de croquer ses courbes est au moins aussi forte que celle de Silke, hm ? Lâcha-t-il dans l'ombre d'un sourire taquin. Mais nos appétits, à moi et ma compagne de route, devront bien attendre puisque nous séparer semble la meilleurs option.
Il marqua une brève pause, faisant quelque pas, frissonnant de plaisir à la simple sensation de la brise sur sa peau, des vibrations de sa propre voix et de toutes ces idées de jeux qui lui passaient par la tête ainsi que par celle de ses deux alliées.
-Les femmes restées dans le camps vont forcement remarquer quelque chose ne va pas à un moment où un autre. Ainsi, il faut qu'une force reste ici pour les réduire au silence, tout en capturant ce camp pour couper quelque voix de ravitaillement qu'il puisse être. A partir de ce même camp, vous pourrez tendre une embuscade à la prochaine force de Raven qui viendra par là, vous ferez donc d'une pierre deux coups. Quant à Silke et moi...
Le regard qu'il lui coula, lui aussi plutôt subtile, souligna de manière intéressante les agréables tourments que le mâle réservait à l'intéressée.
-Son pas étant aussi léger que le miens, nous allons suivre Raven, oui. Nous vous baliserons une piste sûr, tout en prenant conscience de l'ampleur de l'armée de votre notre ennemie commun. Arriver à cette endroit, « Beaulierre », avant eux, sous-entend qu'il faudra vraiment ne pas trainer. Et mieux vaut partir maintenant, avant que la fatigue n’alourdisse trop ce corps mortel qu'est le miens. Il me coûte de l'admettre, mais être un mortel est... Si fatiguant...
Il se mit en route immédiatement après.
-En avant et haut les cœurs ! Qu'on m'indique la route et que Silke passe devant, qu'elle me guide que je la suive et profite de la vue de ses hanches. J'imagine déjà d'ici la glorieuse orgie de festivité que j'organiserais après le fantastique dénouement de cette quête !
Il glissa plus bas :
-A vous qui m'avez fait me réveiller, je vous devrais bien de nombreux plaisirs.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 21 mai 2015, 01:33:13
Il fallait garder ses ennemis près de soi, afin de pouvoir mieux les surveiller. Silke n’aurait su dire exactement en quoi, mais, plus le temps passait, et plus la maigre confiance qu’elle accordait à l’Incube était en train de diminuer. Chacun de ses propos illustrait cela, et, si Silke voulait revenir à Beaulierre avec lui, c’était pour s’assurer qu’il ne double pas Elenwë. Contrairement à elle, l’elfe avait trop tendance à faire confiance aux autres, trop tendance à croire que les autres personnes ne pouvaient pas vouloir penser à mal. Mais l’Amazone, elle, était plus réaliste. Si elle laissait Vaelh ici, il pourrait tenter de tuer les elfes, ou de violer Elenwë. L’Incube continuait à parler de sexe, parlant à voix forte, disant qu’il était temps d’y aller, et que Silke devait passer devant, afin qu’il puisse admirer ses formes. Le visage de la rouquine s’assombrit un peu, mais elle ne releva pas, et préféra se retourner vers Elenwë.

« Prends soin de toi, Elenwë...
 -  Et vous, dépêchez-vous. Il vous faut dépasser Raven et prévenir la garnison de Beaulierre. Ce camp a des écuries... »

Silke acquiesça en hochant la tête. Oui, des chevaux... Ce serait bien plus pratique que leurs jambes. Elle marcha donc jusqu’aux écuries. Ces dernières avaient été vidées, ne laissant qu’un seul cheval pour eux deux. Elle soupira donc, en comprenant ce que cela signifiait... Mais ils n’avaient pas le temps de se séparer d’un cheval. L’important était de rejoindre Beaulierre avant Raven, de préparer les défenses, car l’Amazone allait attaquer, et elle frapperait fort. Elle avait une armée, des alliés, l’aide de bandes d’elfes rebelles, de druidesses pouvant invoquer les forces de la forêt pour combattre les défenseurs du fort. Il fallait donc agir vite, et, pour ça, un cheval était la meilleure option.

Plusieurs elfes se trouvaient du côté de l’écurie, un second groupe envoyé par Elenwë. Quelques cadavres gisaient sur le sol, les sentinelles restées en arrière, proprement abattues par des flèches. Ils laissèrent passer Silke et Vaelh. L’Amazone s’approcha des enclos, et ouvrit la porte en bois de la cage abritant le cheval. L’animal sortit rapidement, et Silke s’arrêta devant lui, l’arrêtant sur place. Ses mains s’enfonçaient dans sa fourrure, et son visage se frotta contre son museau.

« Là, là, mon beau... Détends-toi, détends-toi... »

Le cheval s’ébroua à nouveau, remuant sa queue, mais Silke l’apaisa... Les Amazones étaient un peuple de nomades, d’aventurières, et elles savaient donc comment les calmer, comment les soulager de leurs tensions. Elle continuait à frotter son visage contre sa nuque, yeux clos, dans une posture qui, aurait-on pu trouver, avait quelque chose de sensuel. Elle calmait la bête, et, au bout de plusieurs secondes, finit par relever le visage, caressant la tête de l’animal.

« C’est bien... C’est très bien. »

Après cet interlude, Silke récupéra la selle, et la posa sur le cheval, puis s’appuya sur les étriers, et grimpa dessus, avant de regarder Vaelh.

« Soit vous observez le cul du cheval en courant derrière, soit vous grimpez avec moi. »

Aucune des deux idées ne l’enchantait vraiment. Silke avait l’occasion de mettre fin à la folle croisade de Raven, et elle n’allait pas la laisser passer. Le cheval supporterait leur poids respectif. L’essentiel était d’éviter de croiser les druidesses et leurs Tréants sur le chemin du retour.

Autrement dit, il allait falloir avoir un peu de chance.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 07 juin 2015, 12:42:51
[navré pour ce délais, j'étais concentré sur ma recherche d'appart en plus du boulot. Mais j'ai trouvé ce que je cherchais, donc maintenant c'est bon ;D]




Vaelh s'arrêta d'un coup, faisant volte-face, les sourcils légèrement froncés. Les vives émotions qui émanait de Silke le frappèrent avec intensité, sans pour autant qu'il ne puisse totalement les identifier. Mais pas besoin de lire dans l'esprit de l'Amazone pour comprendre que celle-ci nourrissait de plus en plus de soupçons et de haine à son égard.
Au final, Vaelh trouvait ça flatteur. Il préférait amplement qu'on voit en lui quelque imprévisible prédateur -ce qu'il était- plutôt qu'un docile allié si fiable que c'en était écœurant.
La mauvaise humeur dont Silke fit montre au moment de monter à cheval fut tout à fait rafraîchissante, mais commençait à avoir un goût de réchauffé. Une légère moue embêtée sur le visage, le Démon se hissa sur l'animal. Même s'il avait plus ou moins l'habitude d'avoir, en certaine occasion, recours à quelque monture -parfois monstrueuses-, se trouver forcé de partager un tel moyen de locomotion l’incommodait. Mais il n'était pas temps de se plaindre.
-En route alors.

Le mâle fut étonnement calme lors des premières minutes. Pas un mot, ni même l'ébauche d'une tentative de caresse. Son aura luxurieuse et sa proximité étaient certes troublantes, mais tenues sous contrôle de sorte à ce qu'un peu de volonté suffise à passer outre. D'une certaine manière, Vaelh était prévisible : un tel calme annonçait forcement une surprise.
-Tu ne m'aimes vraiment pas du tout, hm ? Lâcha-t-il finalement, confirmant les soupçons de Silkes quant au fait qu'il ne resterait pas silencieux jusqu'au bout. Il veillait cependant à ne pas parler trop fort. C'est que nous sommes quand même très différents. Mais je suis sûr que tu m’apprécieras, à la fin.
La trajet se poursuivit pendant quelques minutes supplémentaires, ponctuée par les sabots de la monture contre le sol. Vaelh montra soudainement un point devant, entre les arbres. L'un des troncs venait de bouger beaucoup trop vivement.
-Ils laissent leur créatures derrière eux pour surveiller leurs arrières !
Il s'agissait d'un tréant de petite taille, moins de deux mètres, au corps menu. Un monstre n'était pas conçu pour le combat, et dès qu'il vit le cheval monté par l'Amazone et le Démon, il s'enfuit à grandes enjambées. Son rôle était simple : contacter la troupe principale en cas de poursuivant pour qu'elle détache une force d'élimination.
Réagissant juste une fraction de seconde avant Silke, Vaelh se pencha pour prendre les rênes de la monture pour brusquement la rediriger à la suite du tréant. Une course contre la montre s'engagea : si le duo ne parvenait pas à rattraper la rapide créature très rapidement, celle-ci préviendrait ses alliés et nos héros seraient traqués. Dans le cas où le duo ne poursuivait pas le tréant, comme ils avaient déjà été repéré par ce dernier, ils auraient quand même fini poursuivi. Passer à l'offensive était alors la seule option valable.
Mais, plutôt qu'une réparation tendue, ce fut un soupir vibrant qui s'échappa de la gorge du Démon pour s'échouer dans le dos de l'Amazone.
-Rapproche nous, siffla-t-il avec fébrilité, réajustant déjà sa position, s'apprêtant à bondir.
A chaque seconde qui passait, la poursuite gagnait en rythme et en difficulté. Silke ne devait pas seulement pousser sa monture à sa limite pour rattraper le monstre végétal effroyablement véloce, elle devait aussi faire tout son possible pour éviter tout obstacle se présentant, comme les branche, les troncs, les racines. A cette vitesse, si elle commettait la moindre erreurs, c'en était fini d'eux. Vaelh aurait voulu prendre les rêne pour ne pas avoir à s'appuyer à ce point sur une humaine dans une course aussi excitante que celle-ci, mais la déconcentrer pouvait s'avérer fatal. Ainsi, tout ce que le mâle pouvait faire, après s'être positionné, était d'attendre et de... S'en remettre à la jeune femme.
N'échoue pas, pensa-t-il, ou alors, même si je me retrouve brisé sur le sol, ma frustration sera telle que je me relèverais rien que pour te trancher la gorge.

La nuit promettait d'être longue et éreintante. Cet élément d'arrière garde n'était sans doute pas le seul, ainsi faudrait-il que les cavaliers soient capable de les repérer plus tôt pour s'éviter le risque d'une nouvelle poursuite...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le lundi 08 juin 2015, 01:39:49
[HRP. - Pas de problème ; bon retour =)]



Le cheval partit donc du camp, avec pour cible le retour au Château de Beaulierre. La boucle était bouclée. Après ce voyage dans cette profonde forêt, elle allait pouvoir retourner à Beaulierre. Il fallait préparer le château contre un siège, et en finir avec Raven. Plus que jamais, Silke était convaincue d’y aller, et de réussir. Elle avait perdu face à Raven, et il était maintenant certain que cette dernière travaillait pour quelqu’un d’autre, que tout cela les dépassait. Knaël avait eu raison depuis le début, et Silke ne pouvait que se fustiger pour sa fierté et pour son aveuglement.

*J’ai poursuivi Raven avec l’intime conviction que tout cela ne concernait qu’elle et moi… Mais c’est faux.*

Elle filait le long du sentier, et, dans son dos, Vaelh lui parla, remarquant une chose vraie : Silke ne l’aimait pas. L’Amazone ne lui répondit pas, se contentant de tenir les rênes du cheval. Comment pourrait-elle l’apprécier ? Ou même lui faire confiance ? Il avait tenté de la tuer dans le refuge des trolls, et, depuis lors, Silke, qui avait déjà du mal à faire confiance au sexe masculin, était encore moins confiante en lui. Cet Incube lui cachait des choses, elle en était convaincue… Elle ne pouvait pas croire que la mystérieuse Comtesse ayant soutenu Raven l’ait laissé repartir en ne lui faisant rien. Silke ignorait ce qu’ils s’étaient dits, et sa paranoïa naturelle reprenait le dessus… Et, cette fois, elle ne cherchait pas à la repousser.

Le duo avançait rapidement, le cheval devant parfois ralentir quand ils approchaient de sentiers escarpés, longeant des ravins, ou étroits, avec des cailloux, des racines jaillissant au milieu du sol, ou tout simplement des feuilles et des branches qui gênaient la progression. La marche était difficile, et le sentier était très escarpé, amenant Silke à ralentir la marche, plutôt que de se risquer à perdre son cheval. Elle prenait d’autres chemins que ceux empruntés par l’armée de Raven, afin de pouvoir les doubler, mais, même malgré cela, la forêt était vaste, et Raven avait réussi à se liguer avec les principales forces, cristallisant leurs peurs et leurs faiblesses autour d’un ennemi commun. Un vieux dicton disait que le rôle du politique était de désigner l’ennemi. Une manière de dire que le moyen le plus facile d’unir un peuple était de le faire contre un ennemi commun. Une logique éternelle, qu’on retrouvait partout, même ici, dans cette forêt reculée. Les druidesses étaient liguées par la peur des hommes, et même les Amazones l’étaient. La peur, le moteur du monde et des civilisations…

*Et Raven y a succombé…*

Silke avait beau être plongée dans ses pensées, ça ne l’empêcha pas de voir, sur le sentier, une branche remuer. Elle souleva les rênes, et le cheval hennit en se redressant, s’arrêtant brutalement. Vaelh désigna une silhouette massive entre deux arbres, qui se mit à partir. Un Tréant…

« Merde… ! » siffla Silke.

Il allait falloir rattraper cette petite créature avant qu’elle ne prévienne le reste du troupeau. Silke s’élança avec son cheval, continuant à suivre le sentier, tout en essayant de repérer le Tréant… Une tâche difficile, car le Tréant se confondait parfaitement avec la forêt, et, avec l’obscurité ambiante, et la route escarpée, l’Amazone dut finalement se résoudre à faire ce dont elle n’avait pas envie de faire : faire confiance à l’Incube pour retrouver le Tréant.

Le sentier était toujours aussi étroit et délicat, à tel point qu’on pouvait même se demander s’il s’agissait d’un sentier. Silke filait entre les arbres, et vit les racines du Tréant, glissant sur le sol comme un serpent. Il se rapprochait d’un précipice, et Silke entendit Vaelh demander à ce qu’on les rapproche.

« Prépare-toi à sauter… »

Le Tréant se déplaçait vite, paniqué, et Silke le traqua avec son cheval. Il s’approchait du rebord, et le cheval était lancé au triple galop. Silke était devant, et il serait donc plus simple pour elle de maintenir le cheval pendant que Vaelh sauterait. Il aurait une mince fenêtre pour agir, car le Tréant était en train de s’élancer dans le vide…

« MAINTENANT ! »

Vaelh s’élança… Et, au même moment, un énorme tentacule jaillit du sol terreux, et heurta les sabots du cheval, qui poussa un hurlement strident en basculant en avant, envoyant Silke s’étaler sur le sol, faisant une série de tonneaux. Quant à Vaelh, il fut arrêté en plein vol par un tentacule. Leur cheval se redressa, mais Silke, en pestant, sentit un tentacule s’enrouler autour de sa cheville, et la traîner en arrière. Son corps heurta plusieurs racines, son visage fouetta des branches d’arbres, des brindilles, et elle fut traînée le long du sol. Est-ce qu’ils étaient tombés sur le Xylomid ?!

Elle eut la réponse à sa question quand le sol s’affaissa sous elle, l’amenant dans un ravin, où elle s’étala sur l’herbe, dans un bosquet enfoncé dans un cratère, rapidement rejoint par Vaelh. Sonnée, elle se redressa lentement… Pour voir, autour d’eux, de multiples Tréants vénérables.

« Les humains font beaucoup d’agitation dans la vieille forêt…
 -  Ils… Ils ont réveillé le Conseil des Ents. »

Les Ents… Un autre terme pour désigner les Tréants. Silke les regarda, sans savoir leurs intentions.

Elle remarqua alors, sur sa gauche, l’entrée d’une grotte, entourée de racines… Et une silhouette dans une robe poussiéreuse et marron qui les observait.

« Qui… ?
 -  Beaucoup trop d’agitation dans notre forêt…
 -  Les humains sont par nature agités… Ils ne connaissent pas les vertus de la patience…
 -  Le problème d’une trop courte vie, à passer leur temps à courir…
 -  Ils ne connaissent pas l’importance du Cycle, et leurs actions téméraires nuisent à ce dernier…
 -  Le… Le Cycle ?
 -  Le Cycle de la Vie et de la Mort », répondit la voix forte de l’homme encapuchonné.

L’homme s’avança alors, sortant de la grotte, et abaissa sa capuche, révélant le visage d’un homme assez vieux et parcouru de rides.

« Je suis le Hiérophante de Beaulierre. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le lundi 15 juin 2015, 23:09:09
Son impulsion avait été parfaite, aucun doute la dessus. Sa trajectoire avait été calculée, la force de ses jambes jaugée. Mais quelque chose s'était mal passé au niveau de la monture -et sans doute de sa cavalière, par extension-. Derrière lui, il entendit une série de bruits sourds caractéristiques d'une chute, de même que des hennissements qui trahirent un accident de monture.
Tant pis !
Adoptant une posture compacte, se ramassant sur lui même, l'Incube filait dans les airs depuis quelques dixièmes de secondes, soit une petite éternité pour lui, affichant un sourire féroce et béat sur le visage... Jusqu'à ce que quelque chose de massif ne l'arrête en plein vol.
En un éclair, il fut stoppé net par un solide lien, jeté au sol, puis traîné. Cette fois, l’irascible Démon se tordait de fureur, profondément frustré d'avoir été interrompu dans sa chasse. De son bras qu'il était parvenu à dégager, il s'attaqua à la racine qui l'emportait loin de sa rapide proie. Sans effet. Il tenta même de mordre la chose qui le tenait, n'ayant plus d'autre idée, mais toujours sans succès.
Au final, son énervement démesuré lui permit de ne pas se rendre compte du temps qu'il avait passé ainsi transporté. De son point vue,  il s'était instantanément retrouvé devant une étrange assemblée végétale tandis qu'il était encore occupé à planter ses crocs vengeurs dans cette racine qui le tenait en respect. Il cracha terre et échardes pour mieux se concentrer sr les grands Tréants qui le fixaient lui et Silkes.
C'est à cet instant que la racine daigna le libérer ; le Démon se réceptionna avec bien plus de grâce que l'Amazone qui s'était affalée à même le sol. De nouveau vif, alerte et solidement campé sur ses pieds, il s'était remis en garde, scrutant les environs de son regard prédateur pour évaluer les menaces. Et selon son propre constat, se retrouver à devoir combattre des tréants sur leur propre terrain, dans une zone si confinée... C'était une situation qu'on pouvait qualifier de -très- défavorable, surtout quand on est seulement armé de lames ordinaires.

Le Démon n'avait que faire des prévisions, des prognostiques... Trancher, planter et tuer restait toujours possible. Cependant, plutôt que de s'élancer dans un assaut insensé, il porta son attention sur la silhouette discrète parmi les géants végétaux. Il plissa les yeux affichant une moue perplexe, soudainement plus calme.
-Tiens, ça alors. Une personnalité de Beaulierre ? Paaarfait. Tu nous éviteras d'avoir à faire la route. Ouvre donc tes oreilles, l'humain décrépit.
Vaelh inspira. Trouver un tel personnage ici, non loin de la route de la troupe de Raven, pouvait laisser présager qu'ils étaient tous de mèches. Mais de toutes façons, le Hiérophante les tenait à sa merci. Alors autant tenter le tout pour le tout et faisant comme s'il était du côté des « gentils innocents » de Beaulierre, dont Vaelh se fichait, dit en passant.
-Il s'avère que quelque folle du nom de Raven avance vers ta ville emmurée, pleine de mauvaises intentions. Au programme ? Sans doute une vague de propagande pour faire se soulever vos femmes, puis un siège, et la transformation de ta ville en un campement de guenons...
Vaelh fit un vague geste de la main.
-Nous tentions de les doubler pour avertir les tiens, mais tes crétins d'amis, qui n'ont rien d'autre que de la sève dans le crâne, nous ont arrêté. Bravo, vraiment. Mais je suis sûr que toi, le personnage mystérieux qui travail sa minable petite entrée, entouré de tes copains inflammables, tu as sans doute une brillante idée pour avertir la ville et arrêter Raven dans le même temps ?
Sans laisser le temps au vieil homme d'en placer une, Vaelh lança :
-Non ? Quelle surprise ! Je présume que... Khh...
Un brusque élan d'euphorie nerveuse secoua le Démon, lequel manqua de finir hilare de colère lorsqu'il repensa d'un coup à son saut manqué.
-Hmhm. Je présume que tu as au moins de quoi nous faire rattraper notre retard, et faire en sorte que ce tréant éclaireur ne sonne jamais l'alerte ? Si oui, sans vouloir te commander, il faut agir MAINTENANT.
Après un instant.
-Et comme un « s'il te plait » ne ferait rien avancer plus vite, tu peux te brosser pour en entendre un.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 18 juin 2015, 02:00:48
Ils étaient arrives devant de très vieux Tréants, dans ce qui semblait être une assemblée, et, alors que Silke reprenait progressivement ses esprits, Vaelh se mit à parler, s’exprimant devant les arbres, puis rapidement devant le Hiérophante, qui sortait lentement de la grotte. L’Incube l’alpagua, lui reprochant d’être intervenu, en lui disant qu’ils étaient pressés, qu’ils devaient rapidement rejoindre Beaulierre, et qu’ils n’avaient pas le temps d’avoir ce genre de conversations. Pour toute réponse, le Hiérophante s’avança un peu, sortant de sa grotte. Il se tenait sur un long bâton, s’en servant comme d’une béquille pour soutenir son corps.

« Je suis parfaitement au courant des agissements dans la forêt, Incube, en ayant moi-même été victime… Moi, et mes frères, sommes venus nous réfugier ici quand nos sœurs nous ont rejeté. »

Les Flaminiques… Silke repensa à ces druidesses hostiles, qui avaient été fédérées par Héline pour rejoindre Raven dans sa cause vengeresse. Le Hiérophante était le terme désignant le chef d’une communauté druidique, et, dans cette grotte, les autres druides étaient venus se réfugier.

« Le Tréant que vous avez aperçu a été généré par nous pour vous attirer jusqu’ici. Raven ignore que vous la poursuivez. »

Silke hocha la tête en se relevant. De fait, elle s’attendait à ce coup-là.

« Que voulez-vous, Hiérophante ? Nous aider ? »

Le Hiérophante ne répondit pas tout de suite, marchant vers eux. Sa robe était poussiéreuse, sale, mais, curieusement, ses pieds n’étaient pas écorchés, alors qu’il marchait pieds nus.

« Le Parlement des Arbres de Beaulierre a rendu sa décision, décréta-t-il. Les Tréants ont décrété que Raven n’était pas une force de libération, mais l’émissaire d’une force maléfique très ancienne, que les Tréants ont ressenti dans leurs racines. »

Silke resta silencieuse, et le Hiérophante se retourna, puis s’enfonça de nouveau dans la grotte, les branches et les feuillages à l’entrée s’écartant, révélant le passage. Le bout de son bâton s’enflamma également, et le trio s’avança lentement.

« Héline a été dupée par les mensonges de Raven… Une femme ambitieuse, que nous avons adopté il y a des années, et qui n’a jamais été d’accord avec nos principes et nos convictions. Nous sommes proches de Beaulierre, mais les druides défendent avant tout l’équilibre d’un système. C’est à ce titre que l’activité humaine est tolérée, car elle permet de réguler l’harmonie et la balance de la forêt. »

Tout en marchant, Silke pouvait voir de grosses racines filant le long des murs pierreux. Toutes les racines pointaient vers une grande caverne avec, en son centre, une source aquatique cristalline. De multiples racines et des nénuphars en sortaient, avec un immense tronc d’arbre se dressant en son centre. Tous les autres druides étaient là, et tournèrent la tête vers Silke et Vaelh. Le Hiérophante continua à s’avancer, traînant sa vieille carcasse.

« Tout cela est très intéressant, mais… Quel rapport avec nous ?
 -  Il y a des siècles, nous avons fondé un pacte de défense et de protection mutuelle avec la communauté humaine de Beaulierre. Ce pacte est tombé progressivement en désuétude, mais il en subsiste encore des traces… À savoir cette source d’eau, qui est reliée à une source d’eau se trouvant dans les profondeurs du château de Beaulierre. »

L’Amazone écarquilla les yeux, comprenant enfin où ce vieil homme voulait en venir. Un moyen de rejoindre plus rapidement le château… Mais est-ce que cela voulait dire que les Tréants allaient se battre ? Le Hiérophante semblait deviner les questions silencieuses que la femme se posait.

« Les Tréants ont reconnu la nocivité de Raven… Mais n’ont pas pour autant voté pour une action, car ils estiment qu’entrer en guerre ne pourra que ravager davantage la forêt.
 -  Une décision lâche », estima Silke.

Les Tréants refusaient d’agir, tout en reconnaissant que Raven était dangereuse… Pour Silke, c’était une pure contradiction, et, pour elle, ça ne s’expliquait que par la lâcheté, la crainte de devoir se battre… Quelque chose que les Amazones abhorraient tout particulièrement.

« Héline dispose de quelques Tréants avec elle… Et, même si les Tréants se sont refusés à ce conflit, nous sommes disposés à honorer notre ancienne alliance avec les forces de Beaulierre. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le lundi 22 juin 2015, 20:06:32
Vaelh, quant à lui, ne s'était pas attendu à ça. Et l'idée qu'on avait seulement pu le leurrer jusqu'à ce trou l'irritait au plus au point. Il fit cependant l'effort de garder le silence et d'être très, très attentif de sorte à détecter le moindre mensonge de la part du Hiérophante. Sans grande surprise, il n'en détecta pas.
Lorsque le vieil homme eut enfin terminé, Vaelh soupira.
-On ne me la fait pas, à moi. Vous avez vous tous, les tas d'écorce, conscience d'un danger, et vous ne feriez rien pour lutter ? Vous saviez que la belle rousse et moi nous étions sur la trace de l'autre folle, et vous nous avez dévié ? Pour nous parler de quoi ? D'un pacte dont plus personne n'a connaissance, et pour souligner votre neutralité ?
L'Incube partit d'un rire moqueur.
-Allons, allons... Vous avez à faire à un VERITABLE aventurier, là. Quand une bande de va-nu-pied  -sans viser personne en particulier, l'ancien- de votre calibre prend à parti des champions tels que moi pour leur parler d'une menace, surtout dans un contexte pareil, c'est qu'ils vont fournir à leur sauveurs soit un renseignement d'une importance capitale, comme la direction d'un raccourcis crucial, ou alors qu'ils vont leur remettre...
-Qu'elle impatien- avait commencé l'un des géant végétal.

-Tais-toi ! Éclata le Démon d'un seul. Hmr. Désolé, glissa-t-il,sans donner l'impression d'être sincèrement désolé du tout. Je disais donc : ils vont nous remettre quelque merveilleux objet pour que nous accomplissions notre quête. Vrai ?
Au final, l'Incube n'avait pas du tout changé de point de vue sur la situation : tout ceci n'était qu'un vaste jeu où les mortels n'étaient que des pions dont on pouvait disposer.

Un bref instant de silence passa tandis que le Hiérophante, malgré ses efforts, ne parvenait plus à cacher son dépit et son désespoir de devoir s'allier à un si sinistre et candide individu. Ce dernier revint d'ailleurs à la charge avant même que le vieil homme ne puisse ouvrir la bouche.
-Mais vous ne pensez tout de même pas que nous allons faire tout le travail à votre place, si ? Grinça-t-il avec un sévérité nouvelle nuancée de froideur. Si la ville fortifiée tombe, vous ne savez que trop bien ce qui va se passer pour votre forêt : des arbres seront abattus pour réparer les dégâts, et construire de nouvelles armes de sièges. De plus en plus de troupes vont transiter par ici pour toujours plus souiller vos chemins. Les cours d'eau seront empoisonnés pour affaiblir l'ennemi, et les bois seront vidés de leur gibier pour nourrir d'un seul coup des centaine, des milliers de guerriers..
Dur dans ses mots et son timbre, le Démon, minuscule en comparaison des Ents, le fixait pourtant avec aplomb.
-Vous. Allez. Vous. Bouger. Chiens. Vous allez extraire vos immondes racines de vos grottes, et vous battre pour votre petit monde. Et si vous ne le faites pas, je m'en vais personnellement scier vos ATROCES GUEULES POUR EN FAIRE DES FOUTUES FLECHES ! Conclu-t-il dans une débâcle de postillons, enragé comme il ne l'avait encore jamais été dans ce monde.
La voix du Démon avait roulé avec une force monumental, son timbre s’aggravant tandis que ses origines démoniaque le nuançait. Aucun doute possible : Vaelh mettrait sa menace à exécution si l'assemblée devant lui ne faisant pas le moindre effort. Et, peu patient qu'il était, son courroux pourrait bien s’abattre d'ici une poignée de seconde.

Même que le silence revint, la colère parfaitement absurde dont le Démon était saturée était encore si vive qu'elle formait une aura de chaleur qui faisait ondoyer l'air autour de lui. Plus étonnant et effrayant encore : il ne lui fallu qu'une toute petite demie-seconde pour afficher un sourire sincèrement radieux.
-Allons, mes amis verts. Si vous ne le faites pas pour vous, faites le pour mon bon plaisir ! Je ne me suis jamais battu avec des arbres qui parlent. Nous pourrions être... Magnifiques ! Mon corps tout entier filerait entre vos branche pour percer et trancher tandis que vous avanceriez en écrasant les vils salopes d'en face sous vous pieds immenses. Quel impacte cela aurait sur leur morale ! Quelles dommages causerions nous ! Et... Surtout, vous rétabliriez l'équilibre si facilement. Si... Facilement...
Brève pause.
-Vous êtes bien placé que la mort fait partie du cycle de la vie. Alors levez vous, marchez, et que le sang de nos ennemis soit le terreau de vos jeunes pousses.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mercredi 24 juin 2015, 01:46:36
Les Ents n’avaient pas envie de rejoindre le combat, ce qui exaspéra Vaelh. Là où Silke aurait pu s’en contenter (elle n’avait qu’une confiance modérée envers des forces de ce type dans un conflit entre humains), Vaelh, lui, insista pour que les Ents révisent leur jugement. Les quelques arbres présents dans la grotte, des Tréants, restaient de marbre face à ces élucubrations et à ces menaces. Ils ne bougeaient pas, et les druides avaient tourné la tête, observant l’homme, parfois avec un regard las, parfois avec un sourire amusé sur le coin des lèvres. Silencieuse, l’Amazone notait tout cela. Vaelh avait-il raison de s’énerver ? Mais est-ce qu’il s’énervait vraiment ? Simulait-il sa colère pour faire croire qu’il était un allié ? Les soupçons de Silke reposaient-ils sur de la paranoïa ? La pauvre n’était pas habituée à se poser tant de questions. Les intrigues politiques, ce n’était pas pour une guerrière. Elle, elle préférait trancher dans le vif, savoir quand l’ennemi était clairement identifié, et pouvoir ainsi porter le coup fatal.

Vaelh continuait son plaidoyer, teinté de menaces, en arguant que, ensemble, ils formeraient une puissance impitoyable. Un léger silence mit fin à ces phrases. Le Hiérophante, resté silencieux, finit par reprendre, les Tréants restant silencieux :

« Tant d’arrogance... Typiquement humain. Ou démoniaque. Vous ne comprenez pas comment les Ents et les Tréants fonctionnent. Nos conceptions morales leur sont inconnues. Ils ne raisonnent pas en fonction de ce qui est bon ou mauvais, mais en vertu de critères de préservation. Ils sont des éléments d’un cycle et d’un tout qui nous dépassent, nous et nos petites et vaines querelles. Les Ents sont les fruits de la Nature, cette Nature qui existait avant nous, et qui continuera encore à exister après nous. Votre cause est acquise, je la partage, mais pas eux. La force ne les intéresse pas, elle est un concept humain qui leur échappe totalement. »

Restée silencieuse, adossée contre une grosse racine, bras croisés, Silke intervint alors :

« Pourquoi ont-ils reconnu que Raven était dangereuse, et se refusent-ils à intervenir ? Comment expliquez-vous cette contradiction ? »

Le Hiérophante se retourna lentement vers elle, et secoua négativement la tête :

« Vous voyez une contradiction car vous raisonnez sur des critères moraux. Raven assiège Beaulierre, ensanglante la région... Mais la mémoire d’un Ent ne se résume pas aux quelques années de celle d’un homme. Quand les habitants de Beaulierre sont venus, et ont fondé ce château, ils ont rasé des hectares entiers, abattu d’innombrables arbres, et continuent encore régulièrement à saccager et à piétiner la Nature. Tout ce que le Parlement des Ents a décrété, c’est que Raven est aussi dangereuse qu’eux... Mais pourquoi devraient-ils agir contre un camp, et sauver l’autre ? Pour eux, ces querelles sont les mêmes...
 -  Il n’y a pas que Raven en jeu ! Elle conspire avec des forces supérieures, nettement plus dangereuses pour le monde qu’un misérable châtelain recroquevillé dans sa forteresse ! »

Le Hiérophante s’humecta les lèvres sans rien dire, et sans croiser le regard de Silke. Il était gêné. Partagé entre ses obligations et sa conscience. Silke pouvait le comprendre. Elle avait ressenti la même chose avec Silke, et la ressentait encore. Elle connaissait ce regard, ce silence coupable.

« J’ai défendu cette affaire devant les Ents, poursuivit-il, mais je ne suis qu’un porte-paroles. Les Ents ne vous répondront pas. Vos menaces leur sont vaines. »

Les Tréants n’avaient en effet pas l’air particulièrement bouleversés par les propos de Vaelh. Le Hiérophante les regarda encore.

« Le Parlement a choisi de ne se mêler à aucun des camps, mais je continue à agir, car je sais que les Flaminiques ont créé des Tréants à l’aide de sortilèges interdits. J’influe sur le Parlement pour qu’il agisse... Mais c’est tout ce que je peux faire, en ce moment. »

Est-ce qu’il allait falloir se contenter uniquement de ça ? Silke avait peur que oui... Les Ents ne réagiraient qu’avec les druides, car ils n’avaient aucune raison de le faire avec Silke et Vaelh, de parfaits inconnus à leurs yeux.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 30 juin 2015, 16:40:04
En essuyant l’écume rageuse qu’il avait encore au coin des lèvres, Vaelh lassa filtrer un immense soupir qui le purgea de toute sa hargne -laquelle ne manquerait pas de revenir en un instant au moindre détail qui ne lui plairait pas-. Sa colère ne lui servirait à rien ici, et même si la laisser éclater était parfaitement délicieux, cela ne l’avancerait à rien. Et, justement, le Démon voulait progresser, faire bouger les choses, parce que l’immobilité et l’ordre étaient des choses qu’il haïssait.

Il laissa Silke prendre la relève, se focalisant sur l’une des créatures végétales. En effet : dans les yeux de la chose brillait une patience et un calme dégoûtant. En fait, ces choses n’étaient même pas des êtres vivants, mais de spectateurs résignés de leur propre existence figée. Pour l’inexorabilité que représentaient ces êtres, l’Incube les trouva parfaitement hideux.
Dès lors que le vieil homme eut fini de parler, un plan germa dans l’esprit tordu du Démon. Il revint se placer face au porte-parole des Ents, avant de proposer avec un sérieux désarmant :
-Dans le cas où tu sembles avoir quelque importance pour ces sacs à bois, y’aurait-il moyen de les faire réagir si nous te torturions sous leurs yeux, ou même si l’on menaçait simplement ta vie ?
Au moment même où l’Incube acheva d’exposer sa sombre alternative, il se rendit compte que même ce vieil homme ne devait pas représenter grand-chose pour les Ents. Il leur suffirait d’attendre quelques années tout au plus pour se trouver un nous porte-parole, période qui ne représentait rien pour eux.
-Ah, oubliez ça…

La patience éphémère du mâle s’érodait de plus en plus vite. Il commençait à piétiner sur place, ne désirant que bouger ; l’immobilité ne lui convenait pas. Malgré son ancienneté qui outrepassait sans aucun doute celle des Ents devant lui, Vaelh n’était pas sage. Les décennies, les siècles, n’avaient servi qu’à magnifier chez lui des facettes cruelles, fourbes, égoïstes. Certes, d’une certaine manière, le Démon était érudit dans de sombres domaines. Mais il n’employait son savoir qu’à des fins personnelles.
-Bon, je n’en peux plus. J’en ai marre. Pourquoi nous avoir arrêtés, au final ? Pour nous faire comprendre que vous n’allez rien faire. Mais quelle intervention utile ! Pour ça, j’en fais le serment : j’essaierais de mettre la main sur vos âmes, d’une manière ou d’une autre. Et, moi ou ceux de mon genre, nous concocterons les tourments les plus originaux, rien que pour vous. D’ici là, puisque vous ne servez absolument à rien, nous allons prendre congé. Toi, le vieil homme, tu vas faire ton possible pour mettre en mouvement tes petits amis. Si tu n’y arrives pas, reste dans ta boue. Nous trouverons l’aide d’autres mystiques dans ton genre. Après tout, Raven à bien des Tréants dans son armée… Alors pourquoi pas nous ?
Vaelh se détourna, cherchant un point de sortie pour s’extraire de la crevasse. Il lança à Silke :
-Reste ici si ça te chante, mais tu n’obtiendras plus rien. Je vais essayer de retrouver notre monture, mais vu la chute dont nous avons été victime, l’animal risque de ne plus pouvoir courir bien loin.

Ne trouvant pas de prise adéquate, Vaelh se tourna vers l'entrée de la caverne par laquelle l'émissaire des Ents avait fait son apparition. Il lança un regard en biais à Silke.
-Tiens, j'y pense, j'aurais peut être une solution pour toi. Si ces tas de feuilles mortes ne veulent pas se bouger, on peut toujours avoir recours à... Hm... des forces venues d'une contrée très lointaine ? Je connais les cérémonie pour les faire venir dans ce monde là, ça n'est pas compliqué du tout. Et ça te permettrait de sauver tout un tas de vies, n'est-ce pas merveilleux ? Demanda-t-il au travers d'un -trop- grand sourire. Remettons nous au moins en mouvement, et discutons en sur la route. Je pense que ça peut t'intéresser. Dans le cas ou tu es trop prude pour ce genre de procédé, on peut toujours avoir recours à tes propres alliés, dont cette Elfe, là.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 03 juillet 2015, 01:52:31
La menace de torturer le Hiérophante amena ce dernier à hausser les sourcils... Et Silke sentit un frissonnement traverser les racines. Elle se décolla prudemment du mur. Elle avait déjà remarqué que Vaelh était un beau parleur, et qu’il pouvait facilement s’emporter. Elle n’avait toujours pas oublié l’épisode dans le temple où les Trolls s’étaient réfugiés, et la rage aveugle qui l’avait traversé. Pour l’Amazone, c’était à peu près à ce moment-là qu’elle avait clairement compris que cet Incube ne serait jamais un allié fiable, et ceci se pouvait en ce moment. Bras croisés, le Hiérophante resta silencieux face aux répliques de l’Incube, estimant avoir déjà assez parlé. Les Ents avaient choisi de ne pas se battre, de ne rejoindre aucun des deux camps, et, en un sens, Silke pouvait comprendre leur raisonnement. C’était un comportement humain, et relativement cynique, que de se dire que, de deux maux, il fallait choisir le moindre. C’était une logique de compromis, propre à l’espèce humaine, mais qu’on ne retrouvait pas chez d’autres races... Notamment les Ents. Le compromis n’entrait pas dans leur logique, et ils n’existaient que pour défendre les intérêts de la forêt, de la Flore. Ils n’étaient pas là pour défendre les humains contre d’autres humains, et n’interviendraient que si la forêt était vraiment menacée. Tout cela, Silke le comprenait. Ce qu’elle comprenait moins, c’était leur refus d’agir, alors qu’elle avait le sentiment que cette histoire dépassait de loin les projets de Raven de fonder la Nouvelle-Hyrkanie. Il y avait pour elle autre chose derrière cette histoire, quelque chose de plus important, qui était lié à la Quête de Knaël.

Vaelh, agacé, se dirigea vers la sortie, négligeant le bassin permettant de rejoindre instantanément le château de Beaulierre. Est-ce qu’il avait oublié cette information ? Ce ne serait pas si surprenant que ça... Silke s’humecta les lèvres en le voyant s’approcher de la sortie, mais, avant qu’elle ne puisse le rejoindre, le Hiérophante tourna la tête vers elle :

« Vous êtes une Amazone, Silke...
 -  C’est un fait.
 -  Et vous avez de curieux alliés... »

Elle observa Vaelh pendant quelques secondes, silencieuse, puis tourna la tête vers le Hiérophante.

« Vaelh m’a été utile. J’ignore ses motivations, et, si cela peut vous rassurer, je ne lui fais pas confiance... Mais je ne vous fais pas confiance non plus.
 -  Est-ce pour cela que vous voulez retourner dans la forêt ? Et non emprunter le bassin ?
 -  C’est... C’est une possibilité, reconnut la femme en haussant les épaules.
 -  La forêt est grande, et dangereuse... Vous risquez d’arriver trop tard par ce chemin. »

Silke ne dit rien, mais elle savait que le Hiérophante avait raison. Raven allait se dépêcher de former son armée, mais, contrairement à elle, son ennemie connaissait la région, et savait donc comment faire pour aller au plus vite. Inversement, Silke et Vaelh risquaient de se perdre, et, même si Silke n’avait qu’une confiance limitée envers ces druides, ils n’avaient aucune raison de vouloir les duper. L’Amazone, après cette couverte conversation, marcha vers l’entrée de la grotte, où Vaelh se retourna vers elle... Et lui fit une proposition à vous faire froid dans le dos.

L’Amazone comprit clairement ce qu’il proposait : réaliser un sortilège d’invocation, et invoquer des démons. Quelque chose fermement interdit par l’Ordre Immaculé, quelque chose que quelques rares Amazones faisaient parfois, mais toujours avec prudence, et avec ce que Silke n’avait pas : une expérience magique. Vaelh pouvait-il invoquer des démons ? Elle n’était pas une spécialiste en démonologie, mais soupçonnait que le démon puisse avoir des familiers, qu’il puisse donc plus facilement invoquer que d’autres démons.

*Simple théorie, bien entendu... Néanmoins, dans tous les cas, je ne vais pas aller de Charybde en Scylla.*

Si Vaelh lui faisait cette proposition, c’est qu’il avait sûrement besoin de l’aide d’une humaine. Du peu que Silke savait des démons, ces derniers venaient d’un autre plan astral, les Enfers, et, partant de là, étaient astreints à quelques règles et quelques principes astraux en venant sur Terra, dans un autre plan astral que le leur.

« Navrée, Vaelh, mais vous êtes déjà un démon suffisamment turbulent pour que j’évite de prendre le risque d’en avoir plus. Quant à mes alliés... Je les ai déjà appelés à l’aide. Il ne reste plus qu’à attendre que d’autres viennent. »

Silke n’avait tout simplement aucun moyen de les contacter davantage. Elenwë avait déjà répondu à l’appel, et elle pouvait donc légitimement espérer que d’autres viendraient pour les assister. Même la fierté de Silke était ici insuffisante pour l’amener à refuser cette aide providentielle.

« En attendant, je vous rappelle que les druides ont mis à notre disposition un bassin d’eau, qui est relié à une source d’eau dans les souterrains de Beaulierre... Et je pense qu’ils n’ont aucune raison de nous mentir. Ce chemin me semble plus sûr et plus rapide que de s’aventurer à travers cette épaisse forêt. »

Ce qui était son humble avis...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 12 juillet 2015, 21:44:28
Effectivement, Vaelh avait omis le détail du bassin, trop longtemps contrarié par cette situation. Sa distraction mise de côté, bien peu de chose se déroulait comme prévu. Et plus le temps passait, moins le Démon appréciait cette phase stagnante de l'aventure. C'est donc un regard vaguement surpris qu'il jeta dans la direction du bassin lorsqu'on lui rappela l'existence de ce dernier.
-Hm. Je suppose qu'on peut se servir de ce passage, oui. Même si ça gâche tout le plaisir d'une course contre l'armée de ta... Congénère.
Sans daigner saluer le conseil végétal pour la mise à disposition d'un tel moyen de transport, Vaelh s'approcha du bassin d'eau claire, rendu lumineux par une magie vertueuse. Nul doute que le contacte de sa peau avec une telle soupe souillerait cette dernière pour un petit moment ; cette idée fit renaître une pointe de bonne humeur dans le cœur du mâle.
Avant de se lancer, il regarda vers Silke :
-Je suis sûr que tu te méprends sur nous, les Démons. Tu nous penses mauvais ? Nous ne le sommes pas. Ou du moins, nous ne le sommes qu'à vos yeux. C'est très simple : en dehors de nos morphologies et nos dons respectifs, la seule différence que nous avons avec vous est que nous ne définissons pas des notions tels que « le bien », « le mal », « l'amitié », etc, de la même manière. Chez nous, Il est d'usage de faire grand mal à un ami rien que pour lui montrer à quel point il est important pour nous, d'autant plus que s'il est doué, cet ami saura apprécier la peine à sa juste valeur.  Il est « normal » de se laisser aller à ses instincts, même si violence et sang sont impliqués.
Il fit une brève pause.
-Ces entités que je te propose d'invoquer, elles ne sont pas mauvaises. Elles sont juste elles même. Ce qu'elles aiment dans leur vie, c'est la mort. La leur et celle d'autrui. Et qui es-tu pour juger que quelque chose d'aussi beau que la mort est mal ? Si tu les laisse venir, ça ne sera de toutes façons que pour quelques heures avant qu'elles ne se consument d'elles mêmes. Et du moment qu'on les pointe dans la bonne direction, elle ne s'attaquent pas aux alliés. Alors, vraiment, quel dommage de voir en ces choses le mal incarné ; parce qu'objectivement, elles sont plus pures que n'importe laquelle de tes sœur Amazone. Je pourrais même te montrer de multiples rituels pour invoquer exactement ce dont tu pourrais avoir besoin... Quelle que soit la situation... Quel mal y a-t-il a employer les outils à sa disposition, hm ?
Juste avant de plonger, il lança dans un sourire aussi grand que soudain :
-De toutes façons, je ne sais pas pourquoi je te demande ton avis. Si je veux invoquer les miens, je le ferais. Ce sera un spectacle absolument merveilleux, et dans cette région, on s'en souviendra pour toujours !

La transition de bois au château fut brève et douce. Vaelh s'était immergé dans le bassin, avait fermé les yeux et s'était senti couler. Quand il avait sorti la tête de l'eau et rouvert les yeux, il se trouvait dans la cours du château, dans un bassin similaire à celui des Ents. Les quelques gardes qui avait une vue sur l'eau à ce moment là furent sincèrement surpris de voir fonctionner la magie du bassin, puisque ça n'était un passage utilisé jusque là que par le Hiérophante, discrètement qui plus est. Cette fois, le créature qui apparut à la place du Vieil homme, Vaelh, ressemblait à un présage. Même pour un observateur masculin, sa beauté était incroyable, sublimée par le halo humide qui ruisselait sur sa crinière. Seuls ses yeux, et l'étincelle de malice sans âge qui y rayonnait, pouvait donner un indice sur sa nature.
-Plutôt que de me regarder, je vous prierais de me mettre en relation avec le maître des lieux, avait-il lâché avec un tel aplomb qu'un garde était au moins parti avertir ses supérieurs pendant que ses collègues hésitaient entre escorter eux même cette figure royale matérialisée au bord de leur bassin, ou rester là à le surveiller sérieusement. Coup de chance : avant que la situation ne devienne trop tendue, ce fut au tour de Silke d'apparaître. Ses formes généreuse accapara une bonne partie de l'attention ; le Démon en eut même un petit sourire.
-Vos dieux, quels qu'ils soient, doivent nous envoyer pour votre salut. Quelle chance avez-vous ! Mais je ne vois toujours pas votre... Votre Roi ? Duc ? Baron ? Je ne sais même pas. Peu importe, je vais le chercher moi même, je n'aime pas atten-
Alors qu'il se mettait en marche, l'un des gardes eut la présence d'esprit de très vaguement lui barrer la route d'un près incertain. Sa bravade sembla réveiller ses collègues. Étonnement, l'Incube ne fut pas furieux. Il s’enorgueillit même qu'on le trouve enfin inquiétant, sinon dangereux

C'est le moment qu'un autre garde, gradé à en juger par la bande dorée sur son plastron et la grande plume blanche à son casque, choisit pour faire irruption.
-Je suis Ewald, Vice-Capitaine de la garde de Beaulierre. Lança l'intéressé d'un timbre cultivé et chaleureux, bien qu'hésitant. Il ne savait pas exactement comment traiter les deux individus devant lui, l'un étant clairement inhumain, l'autre aussi attrayante que peu vêtue. Loin de moi l'idée de me montrer rude avec des invités au port si noble que le vôtre, mais j'ai bien peur de ne pas vous connaître. Pourriez vous excuser mon ignorance et vous présenter, s'il vous plaît ?
Certes, le discours de l'homme était poli ; il incitait même à la confiance. Mais à son regard, on pouvait très facilement deviner qu'en cas de réponse insatisfaisante, deux geôles de Beaulierre pourrait bien se remplir de nouveaux locataires.
Plutôt que de répondre, Vaelh sourit et pivota vers Silke. A elle de prendre le relais.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 14 juillet 2015, 02:11:57
Silke était bien placée pour savoir qu’il y avait, entre le Bien et le Mal, toute une nuance, et ô combien ces notions étaient floues et vagues. Les Amazones en étaient l’exemple même. L’Ordre Immaculé et la plupart des sociétés sédentarisées ne cessaient de voir les Amazones comme une Horde maléfique, peuplée de femmes sauvages, de guerrières cruelles et meurtrières, qui violaient les hommes avant de les tuer, ravageaient les villages, pillaient les villes, incendiaient les champs et les fermes, laissant dans leur sillage des rivières de sang et de corps massacrés. La réalité était effectivement plus nuancée, mais, pour autant, la Horde se composait effectivement de guerrières, et elles attaquaient fréquemment des forts, des fermes, ou des endroits de ce genre. Des emplacements choisi, car elles s’en prenaient à des esclavagistes, à des seigneurs médiévaux abusant de leurs droits... Il était maintenant rare qu’elles viennent vers d’autres villages, et, de fait, de plus en plus souvent, les villages préféraient payer un tribut, comprenant de la nourriture, des biens, et des femmes. Sur ce point, les Amazones faisaient confiance aux locaux pour envoyer les rebuts : des criminelles, des voleuses, des femmes qui avaient rompu leurs vœux conjugaux... Il n’était pas difficile d’en trouver, et tout aussi facile de s’en débarrasser. Alors, oui, Silke savait combien ces notions étaient fluctuantes... Mais ce n’était pas pour autant qu’elle avait confiance en des démons, surtout proches de Vaelh.

*Ne va pas croire que je te fais confiance... Pas depuis l’épisode des trolls...*

Elle avait vu Vaelh perdre les plombs, elle avait vu la haine et la fureur qui bouillonnaient sous son charme et sous son apparence de démon insouciant. Et elle constatait qu’il continuait à se battre pour une cause qui n’était pas la sienne. Or, elle n’avait jamais entendu parler de démon désintéressé ou altruiste, se battant pour une cause juste, sans avoir aucun profit à en tirer. Raven n’aurait jamais pu pactiser avec un homme, Silke la connaissait trop pour ça... Mais cette femme qui agissait derrière elle, cette Rayla... Une Ashnardienne, soit une femme proche des démons, une femme qui avait l’habitude de négocier avec eux. Silke avait de forts soupçons, reposant en grande partie sur son intuition, mais aussi sur des faits qu’elle estimait tangibles. Pour rien au monde, elle ne voulait avoir une armée de Vaelh supplémentaire sur les bras.

L’Incube se rapprocha du bassin, et Silke aussi, tandis que el Hiérophante leur expliquait qu’il fallait juste aller dans le bassin, puis attendre... Le courant les emporterait rapidement.

« C’est un passage sûr, leur assura le Hiérophante.
 -  Je vous remercie. »

Ils passèrent donc dedans. L’eau engloutit le corps de Silke, et, en quelques secondes, elle se retrouva à l’air libre. Elle s’enfonça dans ce vortex aquatique, mais n’eut pas le temps de voir grand-chose, car elle ressortit à l’air libre, pour se retrouver dans l’un des jardins du fort de Beaulierre... Ou, plutôt, dans une sorte de bassin au milieu d’une cour. Des murs les entouraient, avec seulement quelques maigres plantes... Et des gardes.

*Bon sang, qu’est-ce que Vaelh a encore fait ?!* songea instantanément Silke.

Ce fut sa première réaction, avant qu’elle ne comprenne un peu mieux de quoi il s’agissait. Un homme s’approcha rapidement, affirmant s’appeler Ewald, et demanda des explications. Pour seule réponse, Vaelh tourna sa tête vers Silke. Déjà, certains gardes, qui les avaient aperçus, murmuraient entre eux.

« Soldats, s’exclama Silke en reprenant son souffle, votre baron va devoir monter un conseil de guerre... Une armée marche sur vous en ce moment. »

La réponse, abrupte, donna lieu à un concert de murmures et d’interrogations, avant que le Vice-Capitaine ne se racle la gorge :

« Que sont ces inepties, la drôle ? »

Silke serra les poings en voyant rouge, et s’avança rapidement, sortant du bassin... Pour voir plusieurs lances pointer vers ses seins.

« Je suis Silke, et voici Vaelh ! Nous avons coopéré avec le Capitaine Enre pour repousser les troupes de Raven, qui ensanglantent vos terres depuis des semaines. Ces mêmes forces sont actuellement en train de fondre sur vous prendre Beaulierre et pour vous massacrer. »

Ewen, si sûr de lui,  sembla pâlir à l’annonce de cette nouvelle. Il est vrai qu’on avait sans doute déjà vu des informations plus réconfortantes. Plusieurs gardes murmuraient entre eux, parlant de « la femme aux cheveux de feu ». Silke entendit des bruits de pas, et vit d’autres patrouilles approcher. Il y avait des arbalétriers depuis les fenêtres, des archers depuis les balcons. Le château-fort était déjà sur le pied de guerre. Un garde murmura quelques mots à l’oreille du Vice-Capitaine, qui hocha la tête.

« Cet homme confirme vos dires, mais me dit aussi que vous étiez partie dans la forêt pour traquer cet homme. Il me dit que cet homme vous a attaqué, qu’il a manqué déclencher un massacre. Alors, que dois-je en déduire ? Espériez-vous nous surprendre dans l’ombre pour ouvrir les portes de notre fort à nos ennemis ?
 -  Pauvre fou ! s’énerva Silke. Raven arrive, et elle a avec elle une armée qui...
 -  Une armée de paysannes et d’hystériques ! Si elles sont suffisamment folles pour venir jusqu’ici, et bien tant mieux ! Nous les massacrerons comme il se doit ! Elles ne nous échappent que parce qu’elles se terrent dans cette putain de forêt ! »

Silke grogna à nouveau. L’arrogance et la stupidité des hommes.

« Nous devons nous entretenir avec le baron !
 -  Pour le tuer ? s’exclama-t-il. Je ne me laisserais pas duper si facilement ! Enfermez ces drôles ! Nous les interrogerons en temps voulu ! »

Les choses ne se passaient pas aussi bien que prévu...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 14 juillet 2015, 13:24:21
Le plus étrange, et même le plus dérangeant, était le fait que Vaelh, n 'avait même pas essayé de résister, ni même de protester. Pour sûr, seul un fou aurait tenté quoi que ce soit avec autant de lances et des flèches pointées dans sa direction ; mais Vaelh n'était de toute façon pas réputé pour sa... « Stabilité ». Son aplomb lors de l'annonce de son enfermement, et cette aura d'assurance impériale dont le mâle s'était entouré, lui évita même d'être malmené jusqu'au geôles. Sur le chemin, il avait lancé à Silke à voix haute :
-Toutes ces lances pointées vers tes seins... A mes yeux, c'était une métaphore très phallique. Qu'en penses-tu ?

*
**

Ainsi s'étaient-ils retrouvés chacun dans une minuscule cellule, pauvrement éclairée par de petite ouverture dans les mur. L'endroit était crasseux, exiguë, et quelques autres prisonniers étaient dispersés dans d'autres cellules, plus loin. Ces derniers s'intéressaient beaucoup aux nouveau arrivants, priant pour que ceux-ci leur offre de quoi les distraire un peu dans leur triste solitude.
Silke était détenue dans la cage en face de celle de Vaelh. Depuis qu'on les y avait jeté, le Démon arborait un petit sourire satisfait parfaitement insupportable. Son comportement contrastait bien trop avec celui de l'épisode de la cage dans le camp de Raven. Le mâle était beaucoup, beaucoup trop calme.
Décontracté, il approcha même des barreaux pour s'y appuyer -mais se retint en se rappelant qu'ils étaient sales-. Il glissa à Silke.
-Ne t'en fais pas, ça n'est que phase transitoire qui ne durera pas longtemps. Mais d'ici qu'on sorte, profitons en un peu.
En souriant de plus belle, le mâle poursuivit.
-Dis moi, l'Amazone. Quel est ton genre d'amant ? Comment fais-tu pour décider s'ils sont à ton goût ? Je me doute que tu ne fais pas comme tes sœurs, c'est à dire que tu te contente de prendre le mâle à ton goût, et tant pis pour lui. Alors... Comment ?
Demandait-il cela pour se délecter du potentiel mal aise de Silke ? Pour passer le temps ? En réalité, Vaelh cherchait à savoir si Rayla l'avait bien informé sur les préférences de l'Amazone.
-Et si tu me parlais un peu de tes meilleurs expériences ? Il s'avère que je suis quand même curieux de savoir comment les mortels trouvent leur plaisir dans leur courte vie... Surprend moi !

L'Incube laissa tout le temps à Silke de s'exprimer. Si cette dernière s'était contenté de ne rien répondre, alors Vaelh aurait simplement laissé s'écouler un moment de silence. Dans tous les cas, Silke nota que le mâle n'inspectait même pas sa cellule plus en détail, pas plus qu'il ne faisait d'effort pour trouver un moyen de sortir. Notant le trouble de l'Amazone, même si celui-ci était très  subtil, Vaelh soupira :
-On va sortir de là bientôt. Je n'ai qu'à invoquer un garde. Tu ne m'en crois pas capable ? Regarde plutôt :
En prenant son temps, Vaelh alla se placer au centre de sa cellule. De la pointe de sa botte, il traça de le sol terreux de la prison un cercle autour de lui, avant de le décorer de formes géométriques sur tout on pourtour. Lorsqu'il eut terminé, il écarta les bras, déploya souplement ses doigts comme pour malaxer quelque source invisible de magie, avant de se mettre à murmurer des... Choses. Ça n'était pas des mots. Du moins, pas des mots humains. La faible litanie était comme une brise lugubre, dont l'intensité variait. Quelques secondes après, cette base musicale se nuança de notes graves et suaves, presque sensuelles.
A mesure que le chant progressait, celui-ci devenait paradoxalement plus fascinant, et plus inquiétant. Ses sonorités étaient merveilleuses, délicieuses, mais impossibles pour une gorge humaine. Les oscillations du mâle, dans son cercle, avait également quelque chose d’envoûtant. Mais, malgré un tel ésotérisme, le rituel ne démontrait pas le moindre effet visuel surnaturel. S'agissait-il d'une magie aussi vicieuse que furtive, dont toute l'étendue ne se révèle que dans les conséquences qu'elle a ?

Le Démon termina en moins de deux petites minutes. Comme il semblait satisfait, il effaça le cercle au sol de sa cellule du plat de son pied, avant d'annoncer :
-C'est fait. Ils viendront à nous pour nous conduire directement devant leur petit Baron, et ce d'ici...
Sont ouïe plus fine que celle de l'Amazone l'informa qu'un groupe de personnes, descendait les lointains escaliers qui menaient aux geôles.
-Je disais : d'ici vingt, dix neuf, dix huit...
Le bruit des pas devint audible lorsqu'il arriva à dix, moment qu'il choisit pour arrêter de compter.
Et effectivement, un groupe de quatre gardes fit irruption. Ils ouvrirent les cellules de Silke puis de Vaelh, avant de se déployer autour d'eux pour ne pas leur laisser l'occasion de s'enfuir. Ainsi, deux gardes étaient devant, et deux derrière. Leur heaume empêchaient de voir leur expression, mais à priori, rien ne semblait clocher avec eux.
-Avancez ! Lança l'un d'eux alors que le groupe se mit en route, sans préciser leur destination.
-Tu vois ? Souffla le mâle.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mercredi 15 juillet 2015, 02:18:30
« J’en pense que je n’ai pas une armature en acier pour rien. »

Ce fut la seule phrase qu’elle lança à Vaelh après sa pique sur les lances pointant vers sa poitrine. L’Amazone n’avait pas envie de se battre, et se laissa donc conduire vers les geôles, dans les niveaux souterrains du donjon. Des endroits sinistres, faiblement éclairés, avec de grands couloirs centraux et de petits couloirs étroits et sombres. On enferma  Silke dans une cellule, en attachant un harnais métallique autour de son cou, reliée à une chaîne fixée au mur. Elle se retrouva ainsi face à Vaelh, dans la poussière et l’obscurité, et soupira. Au moins, cette cellule était un peu plus grande que la cage de Raven dans son camp... Mais tout ce temps perdu était une vraie horreur. Elle tenta de tirer sur les chaînes, mais abandonna vite l’idée. Même si les entraves en métal étaient anciennes, elles étaient encore bien fixées. Elle grommela donc, et s’assit contre le mur, en laissant ses yeux s’habituer à l’obscurité, et en faisant le point. Chaque minute perdue ici était une minute de moins à préparer la défense de Beaulierre. Le fort était solide, elle avait pu s’en rendre compte en venant ici, en l’étudiant depuis l’extérieur, et durant son bref séjour à l’intérieur... Mais Raven avait l’avantage du terrain, et du nombre. Elle pouvait opter pour la stratégie classique en cas de siège, c’est-à-dire bloquer l’accès de toutes les routes, et laisser la population s’affamer, ou tenter une sortie, ce qui serait d’autant plus facile que le fort croulait sous la surpopulation, en raison des réfugiés venus s’y abriter. Raven ne commettrait aucune erreur, car elle savait que la prise de Beaulierre ne serait que le début de la guerre. Elle devrait ensuite tenir le château, et faire grandir la Nouvelle-Hyrkanie. En réalité, leurs chances étaient plutôt minces.

*Les Flaminiques les soutiennent, tout comme les membres de la Scoia’tael... Si les cavaliers tentent une sortie, ils tomberont dans le jeu de Raven... Mais, s’ils attendent, ils mourront de faim, ce qui arrangera Raven, car elle aura moins de prisonniers...*

Voilà pourquoi les Amazones n’étaient pas un peuple sédentarisé. Une forteresse n’était qu’une illusion de sécurité, car, pour peu qu’on y prenne le temps, et qu’on ait des hommes suffisamment doués, un fort ne pouvait que tomber. Généralement, c’était le temps qui faisait la différence. Une armée ne pouvait maintenir un blocus trop longtemps, car elle risquait de tomber à court de provisions, ou de voir des renforts débarquer. Et, de manière générale, une armée féodale se composait en partie de soldats réguliers, mais aussi de paysans accomplissant leur service militaire, leur ost... Mais un ost durait seulement quelques semaines, et, au bout de ce délai, les paysans revenaient dans leurs terres, afin de reprendre ce qui avait été mis en suspens durant le siège.  Raven, elle, n’avait pas ce problème, et elle ferait tout son possible pour isoler Beaulierre, ce qu’elle avait déjà commencé à faire en s’attaquant aux villages environnants, et en dressant des camps de siège un peu partout dans la forêt.

La spécialité de la Scoia’tael était justement de tuer les messagers, que ce soit des coursiers à cheval ou des faucons voyageurs. Elle voulait Beaulierre dans le plus bel état possible, afin d’y établir son chef-lieu, et de s’y livrer à son entreprise démente. Et Silke, elle, réfléchissait, cherchant une faille dans sa stratégie, mais sans en trouver. Vaelh finit par l’arracher à ses pensées en essayant de sympathiser. Silke resta silencieuse pendant quelques instants, et on pouvait presque avoir l’impression qu’elle ne comptait pas lui répondre... Avant de parler :

« Je n’ai pas de critères... Je choisi les hommes en fonction de ce qu’ils me plaisent ou non. Mais, si je devais donner des listes, je dirais que... Il faut que j’aie confiance en un homme, et qu’il ait envie de me faire plaisir. Pour le reste... J’estime qu’une expérience sexuelle est bonne dès que j’ai l’occasion d’avoir un orgasme. »

Silke était loin d’être la plus bavarde des Amazones, surtout en matière sexuelle, un sujet difficile depuis qu’elle avait perdu son enfant. La réalité, c’était que ses meilleures expériences avaient eu lieu avec Raven, mais qu’il était ardu de l’admettre, dans la mesure où elles étaient maintenant vouées à s’entretuer. Fermant les yeux, elle respira lentement, et Vaelh se décida à mettre de l’ambiance. N’ayant rien d’autre à faire, Silke le regarda, et le vit réciter une curieuse mélopée en traçant des signes et des cercles sur le sol poussiéreux et terreux de sa cellule. Aurait-elle été douée en glyphes démoniaques qu’elle aurait pu deviner ce qu’il faisait, mais, en ce moment, tout n’était que confusion et obscurité. Elle le laissa donc faire, et, après son petit tour de magie, il lui glissa que quelqu’un allait venir les chercher.

L’Amazone se contenta d’hausser les épaules. Sa chanson avait été belle, mais il aurait pu chanter tout ce qu’il voulait... Et elle était presque sûre qu’il s’agissait d’un chant grivois. Cependant, elle finit par entendre des bruits de pas, et quatre gardes arrivèrent. Vaelh se permit une petite remarque, et Silke se contenta ensuite d’un léger soupir.

« Le Baron a accepté de vous revoir.
 -  J’espère qu’il ne sera pas trop tard... »




L’homme les accueillit, non pas dans la salle du trône, mais dans salle de réunion, où Silke eut la surprise de le voir en armure. Le Baron de Beaulierre (http://orig10.deviantart.net/d695/f/2014/190/9/f/kings_of_the_realm_by_grafit_art-d7pwk1i.jpg) était assez élégant ici, et Vaelh et Silke entrèrent, accompagnés par les gardes.

« On peut dire que vous aurez foutu un sacré bordel, tous les deux ! commença le baron en les apostrophant.
 -  Monsieur le Baron, je...
 -  Je n’ai aucune confiance envers les Amazones ! Ni envers les démons... Mais je suppose que vous voulez me dire que nous allons nous faire assiéger, hein ? »

Un peu surprise, Silke cligna des yeux à plusieurs reprises. Est-ce que ses éclaireurs l’avaient informé de cette attaque ? L’homme se contenta de sourire, et haussa les épaules.

« Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? Ces hystériques ont enflammé toute la région, et nous ont placé dans une situation ingérable. Elles viennent finir le boulot. Maintenant... Qu’est-ce que vous avez à me dire ?! »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le jeudi 16 juillet 2015, 12:09:52
En réalité, le petit tour de Vaelh n'était en rien vecteur de magie. Le symbole qu'il avait tracé sur le sol n'avait aucun sens, pas plus que les sons -à défaut de mots- qu'il avait employé. Son but avait simplement été de profiter de l'ignorance de l'Amazone en terme d'ésotérisme pour générer chez elle un mal-aise. Après tout, si s'était montrée vivement réticente à l'idée d'invoquer des démons, il y avait de fortes chances qu'elle proteste à la vu d'un rituel fictif.
Si le garde était venu, c'est parce que c'était la seule chose qui pouvait arriver à un moment ou un autre, tout simplement. Ils savaient que leurs deux prisonniers pouvaient avoir des informations sur l'armée en route pour leur château, alors il aurait été stupide de ne pas venir leur poser des question, tôt ou tard.
Au final, quelle ne fut pas la déception du mâle lorsqu'il Silke fit montre d'un sang froid et d'un désintérêt parfaitement inacceptable !

Il avait également été vaguement dépité d'entendre de sa « camarade » une réponse aussi générique quant à la question de la chair. Certes, la partie qui impliquait que Silke savait se satisfaire du plaisir lorsqu'elle le trouvait était intéressante en soi, mais ses mots continuaient, selon l'Incube, de suinter de cette... « privation » qu'elle devait s'imposer depuis un moment, rien que pour suivre sa quête avec plus d'assiduité. S'il avait été d'humeur, peut être que le Démon aurait discouru sur l'importance de satisfaire son corps et son âme avant de s'occuper du reste. Mais, bah... Sans doute allait-il garder ça pour une autre fois. Ou peut être allait-il se charger de lui donner lui même une leçon.

*
**

Lorsqu'il arrivèrent devant le Baron, l'Incube put facilement déterminer que le type n'était pas le genre de dirigeant à rester sur son trône pendant que les autres se chargeaient du sale travail. Il tenait plus d'un meneur que d'un figure politique lointaine. Ses manières avaient de quoi surprendre, moins châtiées que celle du vice-capitaine de sa garde. Pendant un instant, Vaelh se demanda s'il ne s'agissait pas en fait d'un acteur installé là pour voir si nos deux héros n'étaient en fait pas quelque assassin.
Quoi qu'il en fut, l'Incube sentait que, même pour un humain, l'homme en face de lui abritait en son fort intérieur une fureurs étonnante. Même si maintenant il souriait, on sentait qu'il mourrait d'envie de pouvoir enfin cogner sur quelque chose, si possible la cause de son tracas.
L'idée d'une bataille devait même l'enjouer.
-Ce que nous avons à te dire... Hm... le bellâtre prenait le temps de choisir ses mots, sans pour autant trop traîner, histoire d'entretenir la hargne dans le cœur de son interlocuteur. Ce ne sont là... Que les mots d'un Démon après tout. Tu pourras en faire ce que tu veux.
Vaelh fit un pas en avant, et avant d'avoir pu en faire un second, des lames lui barrèrent la route pour ne pas qu'il puisse s'approcher plus du Baron. Il ne fit pourtant aucun commentaire et se contenta d'un petit rire contenu.
-Nous connaissons avec précision la composition des forces ennemies, et nous en savons long sur leur chef. La bande qui se dirige à vos porte est en grande partie composée d'une sorte de... Hm, milice dirais-je, constituée de femmes séduites par les discours de leur chef sur l'importance de réduire les mâles en esclavage. Même si certaines d'entre elle ne sont pas aussi compétente que des soldats réguliers comme ceux dont tu t'entoures, elles sont tellement persuadées de la justesse de leur quête débile qu'elles ne vont pas hésiter à aller se jeter sur vos épées juste pour les alourdir de leur corps, pour que leur camarades derrière elles puissent vous couper la gorge. Mais le plus grand danger pour vous réside dans leurs armes, puisque ces folles ont...
Vaelh fut pensif un instant, sans pouvoir s'empêcher de sourire.
-Elles ne jouent pas selon les règles, et ça me plaît. Ce que je veux dire par là, c'est qu'elles ont misé sur l'anachronisme d'employer des armes d'une lointaine époque. Certaine d'entre elle vont porter ce que vous pourriez comparer à des canons miniatures portables par une seule personne, assez puissant pour percer vos armures. Des armes à feu. Mais rassurez vous, je ne pense pas que cette bande de va-nu-pieds possède quoi que ce soit de plus sophistiqué que ça.
Ça, Vaelh n'en avait aucun preuve. Peut être qu'elles disposaient de ces armes absolument dégueulasse, laide et insupportable qu'étaient des... Des quoi, déjà , Des fusils de précision. Quels immondes objets que ceux-ci ! Peut être même qu'elles disposaient d'explosif ? Ah, tant de manières de se faire tuer !
-Une autre mauvaise nouvelle, rien que pour toi : leur armée est aussi composée de druidesses, et de toute la faune magique qui les accompagne : golems, tréants, ainsi de suite. Sans mentionner les capacité de soin d'un tel groupe.
L'oiseau de mauvaise augure, se délecta  du découragement des plus faibles des hommes ici présent, avant de poursuivre.
-Mais ! Mais, mais... Comme je disais tout à l'heure, nous en connaissons un rayon sur leur chef. Du moins, l'Amazone en connais un rayon. N'est-ce pas ?
-Qu'elle parle alors !

Vaelh patienta le temps qu'elle finisse, puis ajouta.
-Et puis, on ne vient pas seuls : ma collègue guerrière ferait parti d'un groupe qui serait en mesure de nous prêter main forte. J'ose espérer qu'elle nous fasse rapidement l'inventaire des troupes qui vont arriver pour elle, ainsi que les noms de ses commandants. Qui sait ? Nous allons peut être recevoir de l'aide de la part de héros connus. Pour ma part, je suis aussi en mesure de détacher... Quelques troupes en provenance de mes propres terres, je suppose. Ne te méprends pas : seul, avec tes troupes, tu ne gagneras pas. Il te faut notre aide, et nous sommes disposez à la fournir, histoire de rester en vie au terme de ce siège.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 17 juillet 2015, 01:58:28
Chaque seigneur était différent, et Silke, qui en avait croisé bon nombre au cours de sa vie, était bien placée pour le savoir. Certains étaient fourbes, d’autres étaient des couards patentés, d’autres étaient de piètres guerriers mais d’excellents gestionnaires... Et d’autres, comme le baron, étaient des guerriers dans l’âme. Nul doute que cet homme devait être un grand défendeur des chasses dominicales, et qu’il avait déjà participé à son lot de croisades ou d’osts. Quand il n’était encore que le fils du Baron, il n’avait jamais prétendu à la vie de château qu’il menait actuellement. Il avait laissé ça à son frère aîné, et lui avait très rapidement rejoint les rangs de la chevalerie, puis avait participé à plusieurs croisades. C’est lors d’une de ces croisades dans des terres sauvages qu’il était tombé amoureux d’une femme, Asheela. Ils avaient fait l’amour dans les jardins du palais, Asheela étant la fille du Sultan, promise avant même sa naissance à un autre sultanat. Ils avaient fait l’amour joyeusement, un rêve fou, mais qui n’avait jamais été concret. Entre-temps, son frère aîné avait été tué lors d’un accident stupide dans le fort. En inspection d’un chantier, un échafaudage s’était rompu, et un énorme bloc de pierre l’avait écrabouillé comme une crêpe. L’homme avait renoncé à sa vie d’aventures, et s’était marié avec une bonne femme, pour lui donner des enfants, et perfectionner sa lignée. Il n’avait jamais été capable de l’aimer, et, ce faisant, cette dernière n’était pas encore enceinte. Il était fait pour la bataille, Silke le sentait dans la manière dont il bouillonnait sur place, remuant de gauche à droite.

Vaelh lui parla rapidement, disant tout ce qu’il savait. Raven menait effectivement une sorte de milice, et les yeux du Baron se voilèrent quand il lui annonça que ces femmes disposaient d’armes à feu. Elles avaient également des soutiens parmi les Flaminiques, et viendraient donc en compagnie de monstres. Finalement, il annonça que Silke était proche d’elle, et elle se pinça les lèvres. Impossible de dire la réalité de leur relation sans éveiller les soupçons du Baron... Ou, plutôt, sans les éveiller davantage. Elle comprit, en la voyant, qu’il la respectait parce qu’elle était une Amazone, mais c’était aussi cette forme de respect qui pouvait la damner.

« Un groupe ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire de groupe ? D’autres Amazones ?
 -  Non... La Horde est très éloignée de Beaulierre, et la Reine Andromaque m’a chargé de capturer Raven, afin de la faire juger par notre...
 -  Il n’en est pas question ! le coupa Beaulierre en tapant du poing sur la table. Si je capture cette salope, je la décapiterais moi-même ! En mon domaine, ce sont mes lois qui s’imposent, Amazone, et ce malgré tout le respect que j’éprouve pour votre peuple.
 -  Tout le respect ?! » répéta Silke, incrédule.

Ce serait bien la première fois qu’elle tomberait sur un noble qui assumerait éprouver du respect pour les Amazones. Généralement, ils avaient plutôt tendance à les conspuer et à les voir comme de la chienlit.

« Durant mes croisades, j’ai été sauvé une fois par des Amazones. Notre compagnie combattait les forces obscures d’un Dieu Noir, et nous étions en train de succomber. Je m’étais reçu une flèche dans le torse, et, alors que je voyais les ennemis fondre sur moi, plusieurs Amazones, qui combattaient le même Dieu, sont venues nous prêter main forte. La flèche qui m’avait atteinte était empoisonnée, et elles m’ont emmené auprès de leur Chamane, et c’est ainsi que j’ai pu apprendre quelques vérités que j’ignorais sur votre peuple, sur votre exil... C’est pour ça que mes hommes ne vous ont pas pendu haut et court quand vous êtes arrivée, et qu’ils ont accepté de vous faire confiance. Mais, si vous avez des éléments d’informations sur cette salope de Raven... »

Silke se pinça les lèvres. Jusqu’à quel point pouvait-elle se permettre d’être sincère avec cet homme ?

« Raven a trahi la cause des Amazones en mettant sur point cette armée, et en massacrant les mâles. La Horde ne tolère en rien les agissements de cette femme, et on m’a chargée de la retrouver.
 -  Vous toute seule ? Vous ignoriez qu’elle avait une putain d’armée sous ses ordres ou quoi ?!
 -  Nous ignorions alors de quoi Raven était capable... Elle était accusée, et il nous semblait impensable qu’elle ait pu à ce point trahir la Horde. En théorie, j’aurais dû retourner voir la Horde pour qu’un corps expéditionnaire vienne la capturer... Mais... »

L’Amazone ferma les yeux en soupirant, et baissa la tête. Comment expliquer à ce seigneur bourru qu’elle avait été dupée par ses sentiments ? Trompée par les souvenirs joyeux qu’elle avait eu avec Raven ? Comment lui dire qu’elle avait porté l’enfant de Raven ? Qu’elles s’étaient entraînées ensemble depuis leur plus tendre enfance, et que Silke n’aurait jamais pu imaginer un tel scénario. Elle n’avait jamais cru à tous ces carnages avant de les voir en personne, et, même là, elle s’était persuadée que ce n’était pas vraiment Raven qui était derrière ça. Elle savait qu’elle avait mal agi, qu’elle avait laissé ses sentiments personnels prendre le dessus sur les faits, et que le Conseil la punirait probablement pour ça. Mais, de toute manière, il était maintenant trop tard pour obtenir l’aide de la Reine.

Elle reprit son souffle, et expliqua ensuite qu’elle s’était battue contre Raven, et que cette dernière voulait s’emparer de ce château, afin de s’en servir pour fonder un nouveau peuple amazone, en usant de la haine d’anciennes esclaves.

« Elle dispose du soutien d’individus dangereux et puissants, qui lui ont fourni des armes à feu, tout son équipement... Vaelh et moi avons rencontré une femme dans son camp principal, une certaine Rayla, qui était sa supérieure. Elle a désiré s’entretenir avec Vaelh, et... Et bien, je suppose qu’il sera le mieux placé pour vous dire de qui il s’agit. Le groupe dans lequel je fais partie s’est constitué pour combattre cette femme et les gens avec qui elle travaille, mais... Je les ai surtout rejointes car elles avaient des informations sur Raven. »

Silke lui rendait la pareille, ce qui était un juste retour des choses. Beaulierre se retourna en effet vers Vaelh.

« Alors ? Qui est cette femme ? »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le samedi 18 juillet 2015, 18:06:12
Loin de se braquer que Silke lui renvoie la balle, le Démon fut tout enjoué d'être le centre de l'attention. Il savoura ce petit instant, le prolongeant brièvement et déraisonnablement, avant de soupirer.
-Ce que je sais d'elle... Quelle créature ! Une magicienne assez puissante pour me mettre hors combat en un seul sortilège. Croyez moi, je n'ai pas ménagé mes efforts pour charmer cette furie, mais jamais ses cuisses ne se sont ouvertes. Son sang froid est à la hauteur de la puissance de sa magie, je présume.
Il conclut son bref exposé d'un hochement de tête, réjouit de savoir que cette maigre confession n'allait satisfaire personne. Il reprit juste au moment ou le Baron inspirait pour lui imposer d'en dire plus.
-Mais c'est plus qu'une sorcière ! Figurez vous que la bougresse œuvre pour le compte de la Monarchie de la Rose. Elle est au service de ce personnage que vous connaissez sans doute sous le nom de « Randall Flagg ».
Après un bref moment de réflexion, Vaelh crut bon d'ajouter, histoire de rendre tout cela encore un peu plus dramatique :
-Et ce Randall est lui même au service du Grand Maître, ou Roi Cramoisi. Vous voulez une mauvaise nouvelle de plus ? Mais bien sûr : selon cette Rayla, le roi Cramoisi est l'un des Démons majeurs, un Prince des Enfers, qui s'est démarqué lors du Grand Conflit. Belzébuth ! L'un de mes vertueux cousins !
Sans qu'il ne le veuille, un sourire vint nuancer l'expression de l'Incube. Savoir que c'était une créature telle que lui qui était à la tête d'une mouvement aussi crucial pour l'histoire du monde lui plaisait grandement.
-Hmhm. Même si elle n'a pas ouvert ses cuisses pour moi, elle aura au moins ouvert sa bouche. En résumé, Rayla est une personnalité sensiblement proche de la tête de la Monarchie de la Rose.
Il plaça ses mains dans son dos, enchaînant cette fois sans attendre pour s'assurer qu'on ne pourrait pas le couper.
-Les informations qui s'en suivent peuvent sembler de moindre importance, mais il ne faut jamais négliger les détailles, pas vrai ? Bien. De ce que je me souviens de notre entrevue, les motivations de Rayla sont très simple : sa naissance à fait qu'elle ne serait jamais en position de gouverner quoi que ce soit, malgré le fait que sa vrai passion était justement le pouvoir. Randall Flagg n'a donc eu aucun mal à se la mettre dans la poche en lui promettant gros. Depuis, je pense qu'elle dirige plus que la petite rébellion à laquelle on fait face ici. Et je suis également persuadé qu'elle pourrait bien jeter Raven si cela pouvait lui permettre de gagner ne serait-ce qu'un peu en influence.
Soudain, le Démon se fit très sérieux. Même son petit sourire en coin disparut.
-Je me doute que vous m'accordez peu de confiance, mais au vu de mes origines, vous pouvez au moins être persuadé de ce dernier point. Rayla ferait tomber quiconque est sur sa route, alliés compris. Je le sens ; je le sais.

L'ambiance s'était considérablement alourdie. Hormis sur le visage du Baron et de ses conseillers les plus aguerris, on devinait du soucis partout
-Il fallait que ça tombe sur nous ! Bah ! Ragea le Baron en cognant la table du poing, causant à diverses pièces en bois représentant les troupes qu'il allait pouvoir déployer de tressauter.
-Vous commencez à comprendre, vous tous ? Insista le Démon. Ce n'est pas seulement une bataille pour votre château que vous allez livrer, mais pour le monde tout entier ; si Raven triomphe ici, elle ne s'arrêtera plus.
-Qu'il la ferme ! Le rabroua le solide homme, avant de se tourner vers ses aides pour faire l'inventaire de la main d’œuvre et des moyens à dispositions. Il revint vers l'Amazone et le mâle peu de temps après.
-Ça n'est pas l'envie de vous balancer de nouveau au trou qui manque. La situation n'avancerait pas, mais au moins je suis détendu. Mais je ne peux pas non plus me priver de bras supplémentaires pour ce qui nous arrive dessus. Alors vous allez sagement attendre dans les parages, le temps que mes éclaireurs soient revenus pour me donner une idée précise de l'armée en marche. Je verrais ce que je  pourrais bien foutre de vous à ce moment. Une dernière remarque à faire ?
A cet instant, même Vaelh ne préféra pas fanfaronner. C'est dire.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le dimanche 19 juillet 2015, 14:17:00
Randall Flagg, le Roi Cramoisi... Des mots qui évoquaient de vagues souvenirs pour Silke. Quand Knaël et les autres l’avaient sauvé de l’esclavagiste à qui Raven l’avait vendue, Knaël lui avait expliqué que cette dernière faisait partie d’une organisation, la Monarchie de la Rose, et que cette organisation avait à sa tête un homme, John Farson. Et ce Farson était un lieutenant d’un ancien Empereur ashnardien, connu dans l’Empire à cause de sa folie et de sa cruauté. Il avait été à l’origine d’une guerre civile qui avait ensanglanté l’Empire, un soulèvement mené par plusieurs des Vieilles Familles contre son autorité. Le Roi Cramoisi. Flagg n’était qu’un autre de ses lieutenants, un intermédiaire entre Farson et le Roi. Un puissant magicien, dont le nom était bien entendu faux. Mais Silke, en toute honnêteté, n’avait alors pas accordé une grande importance à ces révélations. Elle était alors sous le coup de la trahison de Raven, et ne songeait qu’à retourner l’affronter. Maintenant, cette histoire lui revenait en pleine figure, au fur et à mesure que Vaelh tentait de l’expliquer au Baron.

Ce que le baron comprit, c’est qu’ils étaient dans la panade, ce qu’il symbolisa en agressant la table. Il hésitait entre les renvoyer en prison, ou s’en servir comme alliés, et opta pour la solution la plus raisonnable, et celle qui plaisait le mieux à Silke. Il termina en leur demandant s’ils avaient « une dernière remarque à faire », et pour le coup, autant Silke que Vaelh restèrent muets. Visiblement satisfait, le baron leur ordonna de partir, et Silke obtempéra. Elle ne s’attendait pas à finir dans son conseil de guerre, et elle le laisserait gérer la défense du château de Beaulierre comme il l’entendait.

« Raven est une bonne stratège, lâcha-t-elle dans les couloirs. Elle ne se risquera pas à un siège rapide, et optera pour une guerre d’usure, en installant ses forces autour du château, afin de contraindre Beaulierre à sortir. »

Il était évident qu’elle voudrait le château intact. Or, si Silke avait une bonne expérience de l’attaque des forts, en ce qui concernait la défense... Le long des murs et des couloirs, ils pouvaient voir des cours, des jardins, où les réfugiés s’amassaient. On avait installé des tentes dans les cours, faute de place suffisante dans les auberges ou les dortoirs du château. Hommes, femmes, enfants, vieillards... Et autant d’estomacs à nourrir. Est-ce que les greniers du fort étaient bien remplis ? Silke ne comptait plus le nombre de châteaux où, négligeant les besoins de sécurité, les châtelains avaient entaillé sans vergogne sur les réserves alimentaires. Normalement, chaque fort devait avoir des réserves d’urgence, des greniers fermés, et qu’on ouvrait précisément en risque de siège... Mais c’était toute la différence entre la théorie et la pratique. Un château-fort était un piège. Ils étaient faits comme des rats là-dedans.

Leurs pas les rapprochèrent des camps d’entraînement. Fort heureusement, les gardes les laissèrent passer, et Silke se retrouva sur les créneaux du fort. Le château était une belle bâtisse, construit sur des collines et des hauts-plateaux, et, depuis les créneaux, on avait une vue sur une bonne partie de la région, jusqu’aux montagnes lointaines. En bas, le long d’arènes ensablées, des soldats étaient en train de s’équiper, ou de se battre. Le long des écuries, on s’assurait que les nombreux chevaux soient bien nourris. Deux solutions étaient possibles, et le baron le savait : soit ils attendaient dans leur fort que Raven attaque, soit ils attaquaient pour briser son ost, et ainsi pouvoir assurer le ravitaillement.

*Autrement dit, soit le siège va durer des semaines, soit seulement quelques heures...*

Raven harcelait cette région depuis des semaines, précisément en espérant que Beaulierre se risque à une guerre d’usure. Elle avait incendié les villages proches, massacré les habitants, tout en en laissant une bonne partie s’enfuir, afin que le baron soit obligé de les recevoir. Silke était sûre que, depuis le début, elle avait planifié l’assaut du château. Elle observa encore un peu les entraînements des hommes d’armes, puis, en sentant le poids accusateur des soldats autour d’elle, l’Amazone préféra partir.

Ses pas la conduisirent dans la cité de Beaulierre. Une étrange cité, construite entre les espaces séparant les tours, même dans les tours même, où on trouvait les auberges, les forges... Le reste était composé de places et de rues les rejoignant. Au niveau des places, des crieurs publics expliquaient à la population ce qui se passait, à savoir qu’une armée allait les envahir, et les exhortait à rester calme, tout en appelant les hommes et les femmes valides à venir porter les armes.

« C’est cette diable qui nous attaque...
 -  Le Baron a été incapable de nous protéger jusqu’à maintenant !
 -  Il ne risque pas de le devenir maintenant !
 -  Nous allons nous battre et faire payer à ces salopes ce qu’elles nous ont fait subir ! »

La foule était agitée, et Silke choisit prudemment de rester en retrait. Avec son accoutrement, il était difficile de se méprendre sur son identité, et, la dernière chose dont elle avait envie, c’était bien de finir lynchée par une foule en colère. Les gardes ne se presseraient certainement pas pour l’aider, et c’est en suivant cette idée qu’elle fila dans l’une des tours, et rejoignit l’une des forges. En compagnie des épées et des boucliers, elle était dans un espace sûr.

L’attente avant l’attaque... C’était souvent la partie la plus difficile d’un affrontement, ce moment où il ne se passait rien, et où il fallait éviter la tension de monter, rester calme et alerte... Sur ce point, l’attaquant avait un avantage psychologique, qui était décisif dans les premières secondes d’un siège. Et, à la clef, il y avait Raven... Et peut-être un moyen pour Silke de terminer sa quête. Beaulierre la voulait... Mais elle aussi.

Et elle comptait bien arriver la première.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 21 juillet 2015, 16:01:15
-Rouge rougeheuu, est la vie ; quand de leurs gorges, elle s'écoule ~
Vaelh avait abandonné Silke peu de temps après être entré dans les camps d'entraînement, ne la suivant pas sur les créneaux. Il errait d'un pas candide de chemin en chemin, sa petite mélodie décalée résonnant entre les pierres et sous les fenêtre
-Pâle pâleheuu, est leur peau ; quand de leurs forces, ils sont vidés ~
Grâce à un couteau qu'il avait dérobé sur la route, Vaelh nuançait son chant d'un insupportable grincement contre la pierre. Il laissait derrière lui toute une piste d'étrange petites encoches, lesquelles dessinaient, à certains endroits, des nœuds plus complexes
-Déééchirants déchirants ; sont leurs pleurs quand les têtes roulent ~
Le Démon esquissait parfois un pas de danse, un merveilleux sourire aux lèvres. A le voir ainsi, aussi joyeux, on l'aurait naturellement suivi pour s'amuser avec lui, ne serait-ce que pour chantonner, se dandiner... Parfois, il croisait une âme inquiète dans le fort. Il parvenait à faire s'afficher sur leurs visage un air perplexe, voir même un sourire. A condition qu'on entende pas les paroles de sa mélodie.
-D'uuuun beau blanc d'un beau blanc ; sont leurs crânes, lorsque broyés ~
Peu à peu, le chant du mâle changea en quelques chose de plus ésotérique, et de bien plus envoûtant. Les sons que produisait sa gorge vibraient dans l'air, jusqu'aux tympans de quelques chanceux qui passaient la, les laissant troublés.

Il lui fallu un long, long moment, mais Vaelh était parvenu à laisser ses graffitis singuliers sur tout le périmètre du château, chargeant l'atmosphère de sa langoureuse mélopée. Soigneux, il avait même laissé une toute petite goutte de son propre sang au centre des marques les plus complexes.
La première phase était achevée.
Dans tous Beaulierre, si des mages particulièrement sensibles étaient concentrés, ils purent sentir qu'une importante magie se mettait en branle. Un grand sortilège se chargeait, qui permettrait de... Communiquer avec un destinataire éloigné. Très, très éloigné.
Les préparatifs de Vaelh ne servaient qu'à ça. Joindre quelqu'un. Ou plutôt... Quelque chose.
Mais tout n'était pas encore prêt.
L'Incube rôdait toujours, en quête de chair fraîche cette fois. Rares étaient les femmes qui allaient seules ou même avec leurs amies à cette heure, dans une telle situation. Mais il trouva quand même.

*
**

Annaelle était une jeune femme avec un avenir prometteur. Elle avait percé dans l'étude de la magie pour mieux comprendre celle qu'utilisait les druidesses autour de Beaulierre, mais n'était pas mage elle même. Son érudition l'avait fait gravir les échelons et avait permis d'accumuler une belle somme de connaissances. Ce soir, elle avait entendu un chant, sous sa fenêtre. Elle n'avait pas compris les paroles, mais la voix qui les prononçait était la plus belle qu'elle ai pu entendre jusque là.
Lorsqu'elle avait penché la tête pour voir quel pouvait bien être le damoiseau qui fredonnait ainsi, elle n'avait trouvée qu'une ruelle vide. Désespéramment vide... Il y régnait un silence triste, douloureux, qu'Annaelle devait combler. Au plus vite.
Elle sortie de chez elle sans réfléchir d'avantage, elle qui était pourtant si réfléchie. Elle ne savait pas ce qu'il lui arrivait, mais était sûr d'une chose : elle voulait entendre chanter à nouveau.
Sur sa route, elle remarqua les petits dessins gravés à la surface de la roche. Elle y fit courir ses doigts, jusqu'à ce qu'un engourdissement singulier -et plutôt agréable- lui remonte le long du bras. Puis, au bout de quelques instants, elle échoua sous une arche où les gravures enchevêtrement avec une stupéfiante sensualité, formant de plus grosses runes, qui elles même composaient de plus vastes schéma.
De la magie.
Un très bref élan de crainte la traversa, vite réprimé par de la fascination. Il y avait là des forces en action qu'elle ne connaissait pas. L'atmosphère elle même était... Lourde. Chaude. Au centre de ce nœud d'ésotérisme, Annaelle se sentait... Vivante. Elle avait conscience de son environnement et de son corps comme jamais avant. La simple brise du soir qui s'échoua sur la peau la fit frissonner de plaisir tandis que ses âme s'égarait dans un océan de spéculation sur l'origine du sortilège en action, lourdement nuancé par quelques fantasmes qui s'imposaient à elle.
C'est alors que des mains puissantes l'attrapèrent par la taille, et que des crocs foncèrent vers sa gorge.
Elle ne cria pas. Au fond d'elle, à un niveau inconscient, elle savait que depuis qu'elle avait mis les pieds là, elle n'était plus qu'une proie. Qu'elle allait finir en une ruine méconnaissable. Elle n'esquissa pas le moindre mouvement, son corps devenu faible. Si faible. Heureusement, les mains de son prédateur la tenait en place, et ses crocs ne laissèrent sur sa gorge qu'une discrète empreinte. Et la voix revint.
-Enfin, nous sommes seuls.
Le cœur de la jeune femme manqua d'éclater d'euphorie tant la joie provoqué par la présence du chanteur de tout à l'heure fut vive. L'atmosphère corrompue qui s'était infiltré jusqu'à son âme l'avait sensibilisé à un tel point.
-Dis moi, ma tendre... tu te masturbes quand tu n'as plus que tes fantasmes en tête ?
En temps normal, une telle question aurait valu une gifle à quiconque l’aurait posé. Elle, se toucher ? Tabou ! Mais... C'était le chanteur qui demandait. Et pour lui, rien que pour l'entendre une seule fois de plus, elle aurait fait n'importe quoi. Un gémissement d'affirmation lui échappa
-Ah... Très bien. Tu sais, je meurs d'envie de te voir le faire ; Devant moi.
Le ton lascif du mâle derrière elle fit fondre sa raison. Annaelle n'existait plus. A la place se tenait une enveloppe saturée de magie rose, prête à tout. Et déjà trempée.
-Fais le pour moi. Ici. Si tu es encore plus belle que ça lorsque tu jouis, tu m'auras tout entier.
Il ne lui en fallu pas plus pour se laisser tomber à genoux, se déshabiller maladroitement, et commencer son œuvre.
Ses plaintes de plaisirs accompagnèrent l'Incube dans sa retraite. Et la scène se reproduisit à d'autres endroit, cinq fois de plus.

Vaelh était connecté à "Ça".

*
**

Le Démon retrouva Silke peu après en avoir fini. Il repéra sa crinière rousse au travers d'une fenêtre, manquant de la confondre avec la flamme des fourneaux de la forge.
En silence, mais sans chercher à se cacher, le bellâtre entra d'un pas lent et scruta l'endroit.
-Alors, c'est pour bientôt, hm ?
La question n'invitait à aucune réponse. Il s'approcha d'un mur sur lequel reposait des armes de facture humaine, tristement simples mais d'une qualité relative, il fallait l'admettre. Il en pris une, laissant son doigt glisser sur le plat de la lame pour en déguster la froideur.
-Tes émotions bouillonnent en toi, et elles te troublent. N'importe qui pourrait le sentir.
Il pivota, l'épée en main, et s'approcha de Silke.
-Tu penses que tu peux avoir Raven avant moi ? Dit-il dans un sourire provocateur.
Il n'eut rien besoin d'ajouter : Vaelh comptait faire la course avec quiconque voulait la tête de Raven. La fierté des participants était en jeu.
-Sincèrement, je pense que je vais gagner. Aucun d'entre vous n'est plus rapide que moi.
Il leva doucement son arme, tout en s'approchant d'avantage, avant d'en poser délicatement la pointe contre le sternum de sa camarade. Il ne semblait pas hostile lors de la manœuvre ; juste distrait, et vaguement satisfait.
-Jusque là, je me suis bien amusé. Merci, l'Amazone. La choqua-t-il, véritablement avenant pour la première fois. Que pouvait-il vraiment avoir en tête ?
Il fit glisser sa lame sur la peau de Silke avec une certaine sensualité, jusqu'à ce qu'elle repose entre sa poitrine, traçant sur son passage un sillon glacé.
-Hé. Envie de jouer à un jeu le temps que la scène se mette en place ?
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 24 juillet 2015, 02:06:54
L’avantage de cette cité, c’est que tout était très proche. Depuis la forge, il y avait une porte au fond menant à un escalier en colimaçon, qui descendait vers une auberge. En s’approchant du fond de la forge, on pouvait entendre les relents de l’auberge. Plus que jamais, Silke avait bien besoin de boire. L’alcool était quelque chose qu’elle appréciait plus que de raison, surtout depuis l’épisode avec Raven, quand elle avait perdu son enfant. Boire l’aidait à se détendre, et à oublier tous ses soucis. Et Dieu sait qu’elle en avait. Elle s’était juste rendue dans la forge, plutôt que dans l’auberge, car elle n’avait pas envie de voir tous les regards soupçonneux sur elle. De manière générale, Silke n’était jamais vraiment à son aise dans les endroits étroits. Non pas qu’elle soit claustrophobe, mais, en tant qu’Amazone, elle préférait forcément les grands espaces. L’air y était plus propre, plus sain, et il y avait surtout bien plus d’espace.

« Cherchez-vous quelque chose, Madame ? »

L’Amazone tourna la tête vers l’artisan, qui s’était rapproché d’elle, et qui faisait tout son possible pour ne pas loucher sur ses seins.

« Je regardais juste... Il me manque des couteaux de lancer, mais, avec la bataille qui approche...
 -  Oui, oui, la plupart de mes articles ont fait l’objet de réquisitions militaires, c’est vrai, mais... Il me reste quelques accessoires à disposition. »

Il fila dans sa réserve, sur la gauche, et Silke observa le décor Les soldats n’étaient pas encore venus récupérer toutes ces armures, toutes ces épées, mais ils viendraient... L’Amazone n’avait pas envie d’être là quand ils arriveraient. La femme n’avait pas envie de se lancer dans une émeute. Beaulierre était rempli d’idiots, c’était un fait incontestable, mais elle avait besoin d’eux pour affronter Raven. Silke ne pouvait pas affronter une armée entière à elle seule, et, même avec Elenwë, elles ne seraient pas assez fortes. Par deux fois, l’Amazone avait sous-estimé Raven, et elle ne réitérerait pas à nouveau. Des bruits dans la réserve l’arrachèrent à ses sempiternelles pensées. L’artisan revint vers elle, et posa sur le comptoir les couteaux.

La jeune femme se rapprocha de lui, et vit le regard soupçonneux de l’homme. Elle fronça à son tour les sourcils, et l’homme déglutit, sa langue passant nerveusement sur sa lèvre supérieure.

« Vous... Vous avez de quoi payer, au moins ? »

Pour seule réponse, Silke pencha la tête sur le côté, et se racla la gorge.

« Je... Comprenez bien que ce n’est pas contre vous, mais j’ignore si les Amazones ont le même sens de l’argent que... »

La réponse de Silke à cette seconde assertion fut de balancer sur son comptoir sa bourse, remplie de pièces d’argent et de pièces d’or. Elle croisa ensuite les bras contre sa poitrine, et laissa passer quelques secondes, avant de reprendre :

« Je vous suggère de ne pas finir la phrase que vous comptiez finir... »

Il hocha la tête, et donna le prix. Elle soupira à nouveau, récupéra la bourse, puis observa ensuite les couteaux. Ils étaient plutôt bons, et surtout bien affutés. Elle les mit à sa ceinture, et, au même moment, un homme entra. Silke le reconnut rapidement. Vaelh, qui était probablement allé fourrer une paysanne, venait de la retrouver, et se rapprocha rapidement. Il récupéra une épée, et la nargua, avant de finir par poser le bout de l’épée sur son corps, le relevant vers ses seins. Jambes écartées et silencieuses, Silke l’observa, et pencha la tête sur le côté.

Un jeu ? Venant de cet Incube, Silke se méfiait de tout ce qui lui passait par la tête. Elle fronça donc les sourcils, et, de sa main libre, elle repoussa l’épée.

« De quel jeu est-ce que vous...
 -  Cette épée a été réquisitionnée par l’armée pour les besoins de la défense, et...
 -  Vaelh compte participer à la défense, il peut donc porter cette épée. »

L’artisan baragouina dans sa barbe, et Silke regarda Vaelh en fronçant les sourcils, suspicieuse.

« Alors, je vous écoute, Vaelh... Vous voulez me défier au concours de boissons, peut-être ? L’auberge est juste en bas... »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 26 juillet 2015, 18:19:04
-Soupçons, méfiance... L'incube fit pensivement et doucement tourner la lame dans sa main avant de la glisser à sa ceinture. Il avisa le forgeron d'un regard goguenard, la gratifiant d'un rictus malicieux.
-En effet. Demain, un Hérault des Enfers, un prince de la béatitude va daigner se bouger pour vous. C'est étonnant, pas vrai ? Mais, je me demande ce qui va te troubler le plus longtemps : ma présence malgré ma nature, ou les rondeurs de Silke. Bah. Je ne t'en voudrais pas de te rabattre sur la seconde option.
D'une enjambée déliée, le mâle glissa jusqu'à Silke et la fit rapidement se tourner face au forgeron. Profitant de la surprise, il employa sa main droite pour venir soupeser l'un des seins de l'Amazone, pendant un bref instant, en profitant pour y laisser une ample caresses chargée de magie rose, tout en lançant d'un ton provocateur :
-Ça doit te faire envie, hm ?
Avant que la surprise ne soit passée, le mâle fila hors de portée pour gratifier l'Amazone fâchée et le forgeron transit d’inconfort d'un sourire moqueur ; C'est seulement après son petit manège, satisfait d'avoir attiré toute l'attention sur lui, que Vaelh voulut bien poursuivre.
-La boisson alors qu'on risque d'être attaqué dès demain n'est pas une bonne idée. Ta constitution d'humaine va se rebeller contre toi, et tu ne pourras pas mettre un pied devant l'autre. C'est risqué, comme petit jeu. Très risqué. Je dirais même que ça ne serait pas raisonnable du tout...
Doucement, un vaste sourire s'afficha sur son beau visage.
-Mais depuis quand sommes-nous raisonnables de toutes façons, hm ?

*
**

C'est sur ces mots que Vaelh s'était élancé dehors en direction de l'auberge. Le grand bâtiment semblait avoir été poussé de force dans une rue trop étroite pour lui, si bien son porche mordait sur la rue. S'élevant sur deux étages, le solide établissement exsudait depuis l'extérieur une ambiance chaleureuse.
Sans faire de commentaire sur l'architecture trop humaine de l'endroit, l'Incube y pénétra. Dès qu'il poussa les portes, des relents d'alcool, de fumée, de nourriture, de sueur et, plus généralement, de fête. L'Incube y décela même l’arôme de luxure qui précède les jours incertains, là où les combattants font de leur mieux pour s'assouvir de peur de ne plus jamais pouvoir le faire.
-Ah, tu sens ça ? Hmm, oui ! Ça, c'est la senteur d'une bonne ambiance.
Il avança jusqu'au comptoir, se détachant de la scène de part son allure et ses atours sombres, esquivant habilement serveuses, ivrognes, ou d'autres client plus lucides. Une grande cheminée chauffait la pièce, et sa lumière suffisait à elle seule à éclairer tout le hall d'une lumière tamisée, propice à l'ambiance. Près du comptoirs, on avait même un petit orchestre de musique populaire qui s' était accaparé l'une des grosse table en bois sombre massif pour y poser leurs affaires et se préparer à jouer.
Ça n'est qu'une fois bien installé, non sans être sûr d'avoir attiré l'attention de quelques femelles Humaines, que Vaelh en revint à Silke.
-Pour être honnête, j'avais d'autres jeu en tête, fit-il en modulant assez sa voix de sorte à ce que ses attentions quant à la récréation qu'il évoquait restent vagues. Peut être ne s'agissait-il pas que de sexe. Peut être que si.
-Mais nous pouvons nous rabattre sur l'alcool. Peut être qu'au final, cela servira de prélude au reste ?
Puisqu'il y avait beaucoup de monde dans l'établissement, le personnel de service n'arrivait pas à débarrasser les verres aussi vite qu'ils s'empilaient ; pour le coup, Vaelh dut ménager une place.
-Pourquoi ? Brève pause. Pourquoi tu veux faire ça ? De ce que je sais de toi, tu n'as pas ma déraison, ni même l'ombre de mon hédonisme, et encore moins le dixième de mon amour inconditionnel pour le risque. Mais tu veux quand même jouer avec Moi ? Folie, mais j'aime. Alors, avant que l'on commence, si tu commençais par être honnête et me dire pourquoi tu as envie de te saouler ? Si tu veux te changer les idées, je connais d'autres moyens.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 30 juillet 2015, 11:18:50
« Tu m’as touché. Au sein. »

Dans l’auberge, au milieu des tables, des rires, des chopes de bière qui s’entrechoquaient, Silke se tenait dans le dos de Vaelh, et, si ses yeux avaient pu lancer des rayons lasers, il y avait fort à parier que l’Incube serait une torchère enflammée. L’Amazone l’avait suivi dans l’auberge, et se tenait dans son dos, jambes écartées.

« Le dernier homme qui a osé me toucher de cette façon était dans une auberge similaire. Heureusement pour lui, j’avais bu, et j’étais donc d’humeur magnanime. Je me suis contentée de lui trancher la main. »

Silke laissa passer quelques secondes, et pointa le bras vers une zone à gauche. C’était l coin des pugilistes, un endroit où on se tapait dessus. Une sorte de combat de rue, avec un système de paris.

« Tu m’as pris pour une marchandise, Vaelh. Et, puisque tu veux tant me toucher, je vais te donner l’occasion de le faire. »

Elle se foutait de sa nature démoniaque, des menaces qu’il pouvait lui faire. Bien malgré lui, Vaelh avait précipité cette situation en utilisant la magie rose. La magie rose, qui manipulait les hormones et le désir, pouvait avoir des conséquences étonnantes. Certes, on pensait d’emblée à son caractère aphrodisiaque, mais… Le sexe n’engendrait pas que ça. Ou, plutôt, le désir sexuel n’engendrait pas que l’envie sexuelle. Il y avait aussi la frustration, la colère, une colère qui pouvait parfois devenir meurtrière, morbide, et qui, dans tous les cas, était très violente. De fait, il y avait, dans la violence, quelque chose de sexuel. L’excitation qu’on ressentait en frappant quelqu’un ou en se battant avec quelqu’un… Ne fonctionnait-elle pas de la même façon que cette excitation qu’on ressentait en découvrant une paire de seins ? En palpant des mamelons frais et tendres ?

Silke s’avança vers le coin des pugilistes, mais, en se rapprochant, un homme se releva.

« Hey, ma petite dame, vous ne pouvez pas venir i… »

Le genou de Silke alla se loger dans l’entre-jambes de l’homme. Ce dernier sembla bleuir sur place. Elle l’empoigna ensuite par les pans de sa chemise, et le balança sur le sol. Les deux pugilistes en train de se battre se regardèrent silencieusement, puis, en voyant le regard de Silke, ils s’écartèrent. L’Amazone avait effectivement envisagé au début un concours de boissons avec cet homme, car c’était quelque chose qu’elle appréciait… Boire. Elle finissait parfois proche du coma éthylique, mais, là… Là, c’était différent. Cet homme avait osé la toucher au sein, comme si elle était une vulgaire propriété sexuelle, un vulgaire jouet… Tout ce qu’elle avait envie, c’était de lui montrer de quel bois elle se chauffait… Et, bien sûr, il y avait aussi cette raison qu’elle ignorait, la présence de la magie en elle.

Croisant donc les bras, Silke écarte les jambes, et attendit la venue de l’Incube, pour régler les choses. S’il voulait danser… Et bien, ils allaient danser !
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 07 août 2015, 16:10:19
De par sa nature, l'Incube était très familier avec tout ce qui pouvait se tramer dans un esprit échauffé. Le désir était quelque chose de puissant, d'absolue, mais aussi un sentiment très subjectif. Là où certaines races associaient, par exemple, érudition et érotisme, liberté et concupiscence, tristesse et luxure... Et il existait des peuples qui associaient parfois le rose du sexe au rouge du sang.
Aux yeux du Démon, toutes ces manières de faire étaient comme des saveurs. Chacune unique et puissante, dont il fallait savoir se gorger en fonction de l'instant présent. Et justement, au vu du cadre dans lequel il évoluait, mêler la violence -et peut être la domination- au désir sexuel lui semblait tout à fait approprié. Alors, Fantasme ambulant qu'il était, le Démon allait s’exécuter pour donner à l'Amazone ce qu'elle attendait.
Une raclée sèche et brutale.
-Le dernier homme auquel tu as fais ça devait sans doute être lourdement aviné pour ne pas avoir le temps de retirer sa main assez vite, l'Humaine, cracha-t-il comme une insulte nuancée de moquerie.
Il regarda l'Amazone se frayer un chemin jusqu'à l'endroit de son humiliation, pour s'y planter fermement. Sans ciller, il la fixa un long moment, histoire que le silence se fasse, avant de soupirer.
-Bah ! Si tu tiens tant que ça à te faire pulvériser... Il se redressa en s’étirant, gardant l'une des chope à demi-vide trouvée là en main. Il avisa le contenu mais se refusa d'y tremper les lèvres. Puis il lança, l'air de rien, une note de dépit dans la voix :
-Chienne d'idiote. Ne vient pas te plaindre si tu n peux pas te battre lorsque l'heure sera venue.
En montant les marches à un rythme si lent que c'en devenait insupportable, le Démon ne cessa d'être tranchant.
-Ce que je trouve intéressant avec les femelle dans ton genre, c'est qu'elles se construisent un puissant masque, robuste, plein d'indépendance, pour  mieux cacher ce qu'il y a en dessous.
Un main sur la hanche, l'autre tenant sa choppe, il poursuivit :
-Et ce que je vois en dessous de ce masque ridicule, et en fait très fragile, c'est une salope qui ne s'épanouit que lorsqu'elle se sait parfaitement vaincue. Et qui prend son pied uniquement lorsque le pieux qui la bourre est celui du mâle qui l'a terrassé. Ironie !
A nouveau, Vaelh soupira comme s'il se retrouvait face à une situation si typique que cela ne le surprenait guère.
-Je te rassure, je ferais ça vite pour que tu n'ai pas à patienter avant d'écarter les cuisses comme l'affamée que tu-
Et d'un seul coup, son geste emprunt d'une vélocité surprenante, Vaelh jeta sa choppe en direction du visage de Silke dans l'espoir soit de la sonner, soit de l'aveugler. Dans le même temps, il se propulsa derrière le projectile, se retrouvant sur son adversaire en une unique foulée démoniaque. Là, il planta sa jambe gauche sur ring pour s'en servir d'axe de rotation pour projeter un coup de pied éclair droit des les cottes de l'Amazone.
Au vu de la vitesse à laquelle le mâle évoluait, ce dernier ne pouvait pas se permettre de donner des coups très lourds. Ses attaques étaient en revanche extrêmement vives, tel le coup de talon retour qui revint sur Silke, ou la poussée au ventre que le Démon tenta du plat de son pied. En une fraction de seconde, trois coups avec le même membre !
Sans même attendre de voir quel effet ses attaques avaient eu, Vaelh échangea ses appuis, passant sur sa jambes droite pour balancer son pied gauche en un assaut directe sur le sternum de Silke.
Ainsi, le Démon était d'avantage une masse en mouvement qu'un combattant. Sac de membres déliés et souples, il dansait autant qu'il frappait. Et, foncièrement fourbe, il n'hésitait pas une seconde à concentrer sa magie rose sur la surface de la zone de combat ; de la sorte, plus la lutte durerait, moins les cuisses de la Rousse avait de chance de la porter. C'était un combat qui s'annonçait fait de vices et de surprises, avec pour adversaire une bête infernale qui, malgré toute la fougue de ses mouvements, gardait en tête que les Amazone savaient se défendre, surtout contre les hommes qui s'approchaient de trop près.
Silke allait-elle s'en sortir ?
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 07 août 2015, 23:33:16
Une Amazone savait se battre. Elle savait manier l’épée et la hache, mais aussi les poings et les pieds, car elle devait apprendre à savoir se défendre contre les hommes. Si les nobles et les riches bourgeoises portaient des ceintures de chasteté pour se protéger des agressions sexuelles, une Amazone, elle, suivait des formations de défense en cas de viol. Et Silke, dans ce domaine, s’en sortait plutôt bien. Cet Incube arrogant l’agaçait depuis le début de leur voyage en forêt. Ses réflexions machistes, son égocentrisme assumé... Et cette intime conviction qu’il n’était pas net, qu’il n’était pas fiable, qu’il n’était qu’un allié de circonstances, le serpent visqueux qui n’hésiterait pas à les trahir à la moindre occasion. Elle en avait assez de lui, et le fait qu’il porte sa main à sa poitrine avait été comme la dernière insulte qu’il puisse la faire.

L’Incube la nargua. Les démons étaient naturellement plus résistants et plus forts que les humains. Mais elle savait que cet homme n’était pas un démon guerrier. Il n’était qu’un bonimenteur, un beau parleur, et il ne cherchait qu’à la déstabiliser... Ce qui était une stratégie valable, car la magie rose de Vaelh rendait Silke plus agressive. L’Incube lança vers elle une chope de bière qu’elle esquiva en filant sur la gauche, et il se rua vers elle.

*Rapide...*

Plusieurs coups de pied la heurtèrent sur la gauche, heurtant son flanc. Son corps était musclé et entraîné, et elle encaissa les trois coups sans broncher, dents serrés. Il alla ensuite prendre appui sur son autre jambe, comme une espèce de danseur, et son autre jambe fila vers le sternum de l’Amazone, en une tentative de long coup de pied. Silke réagit par réflexe. Sa main droite se leva, et heurta le pied de l’homme. Ses doigts se plantèrent dans sa chaussure, et elle contre-attaqua, poussant en avant, donnant un élan vers devant elle. Vaelh n’ayant appui que sur une jambe, elle put ainsi le déstabiliser, et l’envoya vers le sol.

Sans plus attendre, Silke opta pour ce qui, dans un match de catch retransmis par WWE SmackDown, lui aurait valu quelques vivats Elle bondit en avant, et serra son bras gauche contre son cou, le coude en avant, en visant le ventre de l’homme, mettant tout son corps en avant dans cette prise Connaissant le corps humain, Silke savait que le coude était la partie la plus dangereuse du corps, bien loin devant les poings Pour s’en convaincre, il suffisait de se taper le coude avec la main, puis, ensuite, de frapper ses poings ensemble. Deux constats s’imposaient : d’une part, en tapant le coude, la douleur était immédiate dans la main, et inexistante dans le coude ; d’autre part, en frappant ses mains, la douleur était moins forte, et elle était partagée. Concrètement, si on avait le choix, il fallait privilégier de taper avec le coude, car les mains étaient des zones sensibles.

C’est pour ça que Silke bondit vers lui. Elle visait aussi son ventre, car c’était une zone fragile, dénuée d’os, et où on pouvait couper la respiration. Un coup bien appuyé ici bouleversait la circulation respiratoire, et un ennemi ayant du mal à respirer était un ennemi en sursis, déjà vaincu.

Elle bondit donc vers lui.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le lundi 10 août 2015, 13:50:21
Vaelh ne put qu'être surpris de la robustesse du corps de la guerrière lorsque celle-ci parvint à encaisser la série de vifs assauts qui étaient destinés à son abdomen. Au moment des impactes, les sens aiguisés du Démon enregistrèrent même à quelle point la musculature sous la chair de son adversaire pouvait être solide. Cela allait ajouter un peu de piquant à cette joute, en vint-il à songer !
Mais à peine cette pensée se formula-t-elle dans son esprit retord qu'il fut pris de cours, le pied piégé dans une poigne d'acier. Impossible de s'en libérer ! Et frétiller pour glisser hors d'atteinte lui aurait juste fait perdre son équilibre. Alors, puisqu'il sentait que l'Amazone voulait le faire tomber, il prit les devant et se laissa lui même tomber au moment où elle poussait, de sorte à pouvoir contrôler et amortir sa chute.
Et ça n'est que grâce à cette initiative que le mâle parvint à éviter le coup suivant pour ne pas finir avec les organes en purée. Quand Silke se jeta sur lui, il plaqua les paumes au sol, derrière sa tête, et donna une impulsion du bassin pour se retrouver en équilibre sur les épaules. Silke ne percuta que la surface dure du ring pendant que le Démon laissa retomber ses jambes vers sa crinière rousse, avec la ferme intention d'écraser sa tempe avec ses talons.
Dès que ses pieds eurent touché quelque chose, que ce soit le sol ou un crâne Vaelh fit preuve d'une souplesse écœurante. Ses épaules roulèrent sur le sol tandis que ses bassin pivotait selon un angle improbable, lui permettant de se redresser un peu plus loin, dans le dos de l'Amazone qui se redressait encore ou qui préparait sa prochaine attaque.

D'ici, il sentait que son adversaire éprouvait une aversion viscérale à son égard. Il percevait le cocktail rouge coléreux qui constituait son aura. Il savait que si le combat durait, Silke se contrôlerait de moins en moins. Cela mettait directement sa vie en danger puisque l'autre pourrait bien arriver au point où elle veuille lui tordre le cou, mais qu'importe. Le principal était qu'elle s'énerve et ne considère pas Vaelh comme un adversaire digne.
Ce second point pourrait bien être sa plus grosse erreur, puisque lorsque l'on est une créature presque aussi ancienne que la Luxure elle même, on a eu tout le loisir de s'instruire à propos l'art de cogner sur les vivants. Ou sur comment leur faire perdre la tête.

Vicieux et ans une once d'honneur, Vaelh comptait bien utiliser les moyens les plus déloyaux pour gagner. Il entreprit, en plus de cette atmosphère rose dans laquelle il évoluait, de condenser ses propres charmes comme il l'avait fait avec deux guerrières lors de l'infiltration du camp de Raven de sorte à ce que son adversaire, déjà forcée de maîtriser sa hargne, se retrouve avec de subtils rappels de ces choses qu'elle aimerait faire en privé. Des suggestions inconscientes toutes plus agréables les unes que les autres, qui pourrait peut être a faire ralentir lorsque le Démon attaquait. D'ailleurs, ce dernier se propulsa avec cette vitesse qui le caractérise, fit un soudain écart sur la gauche, avant de propulser sa paume droit vers le sein de l'Amazone en un coup sec. Après tout, il aurait été dommage de ne pas profiter de si gros point faibles.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le lundi 17 août 2015, 02:04:24
Le coup de Raven heurta le sol, provoquant un choc sonore assez violent, et plutôt bruyant. Vaelh était rapide, ce qu’il avait déjà eu l’occasion de lui montrer, et évita donc le coup. Il contre-attaqua tout aussi vite, avec son pied, mais l’Amazone, honnêtement, n’était pas non plus une tortue. Elle roula sur le sol, et se releva tout aussi vite. Son coude était en train de frémir, et, même si c’était une zone résistante, elle n’était pas insensible à la douleur. Cependant, la douleur, dans un combat, n’avait pas pour effet de ralentir les ardeurs du combattant. Au contraire, elle vous boostait, faisait circuler l’adrénaline... Ce qui, dans le cas de Silke, avait pour aussi de faire croître sa rage, car le sortilège de l’Incube circulait alors d’autant plus facilement dans le reste du corps. Peu à peu, leur public était en train de grandir, car, enfin, ce n’était pas tous les jours qu’on voyait une Amazone se battre, et c’était un véritable spectacle visuel. Silke était une femme d’une redoutable beauté, et le fait qu’elle ne porte quasiment rien sur le corps amenait les gens à observer sa croupe, espérant voir son cul quand sa culotte en acier se soulèverait. Beaucoup de gens voyaient les Amazones comme des sauvages pour leurs tenues guerrières, ces armures ridicules, qui ne protégeaient rien... Mais Silke n’avait jamais prétendu porter une armure. Elle misait sur son agilité, sa rapidité, et son sens de l’esquive. Et, comme c’était aussi le cas pour Vaelh, le combat était donc équilibré.

Silke se tenait face à l’homme, et sentit ses pensées s’embrumer. La rage bouillonnait en elle, et elle se forçait à la retenir, en se rappelant tous les exercices de concentration et de méditation qu’elle faisait à l’époque de la Horde, quand elle était encore une enfant. La colère était une bonne chose au combat, car elle vous encourageait à vous surpasser, mais elle devait rester une alliée, et non vous contrôler... Car, dans ce cas, la colère devenait rage, devenait fureur, et la fureur était un torrent ardent qui ne se contrôlait pas. La technique de l’Amazone, dans ce domaine, était de contrôler son rythme cardiaque, ce qu’elle faisait en ce moment, poings brandis, bassin légèrement abaissé et jambes prudemment écartées, un pied en avant, l’autre en arrière. Sa posture était faite pour répondre au plus grand nombre d’attaques possibles.

*Lis le jeu de ton ennemi, reste concentrée ! Une bataille, même physique, se gagne aussi avec la tête !*

En étudiant la posture d’un adversaire, la manière dont il vous regardait, ou dont il attaquait, on pouvait prédire quelles attaques il allait faire, et ainsi être en mesure de contrer. Cependant, pour se livrer à ce genre de lecture corporelle, il fallait avoir l’esprit relativement posé. Silke avait l’habitude des rixes dans les auberges. Chaque fois qu’elle y allait, il y avait toujours un ivrogne ou des bandits pour la menacer, et, comme elle ne pouvait pas non plus les tuer ou les démembrer à chaque fois, il arrivait qu’elle se batte. Cependant, des poivrots n’étaient pas aussi dangereux qu’un Incube, mais Silke en avait acquis une certaine expérience du combat, qu’elle essayait de retrouver en ce moment. Elle était plus ou moins sûre que Vaelh utilisait sa magie contre elle, mais Silke avait avec elle une volonté inébranlable... Et les Chamanes lui avaient dit que la magie reposait sur la volonté. Plus votre volonté était forte, et plus vous pouviez vous opposer à des sorts d’hypnose ou de confusion mentale.

En théorie, du moins.

Vaelh se tenait face à elle, et attaqua à nouveau. Il fila vers elle, mais cette attaque... Silke sut instantanément qu’elle était trop brusque et trop directe pour correspondre au style fourbe et pernicieux de l’Incube. Elle s’attendit donc à une feinte, et le vit bondir sur sa gauche. Le reste fut ensuite automatique. Sa main fila vers son sein, mais, au même moment où ses doigts allèrent effleurer le bonnet, la jambe gauche de Silke, qui s’était levée, le heurta sur le flanc, l’envoyant bouler dans l’un des lits superposés mis à disposition des voyageurs.

*J’étais sûre qu’il ferait un truc comme ça...*

Si Silke portait si peu de vêtements, c’est parce qu’elle connaissait le monde des hommes. Quand on voyait une cocotte pratiquement à poil, on avait naturellement tendance à la sous-estimer, et à lorgner sur ses parties intimes... Davantage que sur son épée. Alors, venant d’un Incube, il fallait forcément s’y attendre.

L’attaquer dans le lit serait trop dangereux, du fait de l’espace, et elle se recula donc, une petite lueur amusée dans le regard.

« Méfie-toi, Vaelh... Je vais finir par croire que ton obsession pour mes seins masque quelque chose. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mercredi 26 août 2015, 16:35:51
Le rude coup que Silke parvint à porter causa de lourds dommages a Démon. Son souffle se retrouva coupé et, désorienté, il ne réussit pas à correctement amortir les premiers instants de son roulé-boulé jusqu'aux lits. La Douleur, pour Vaelh, n'était autre qu'une vieille connaissance ; parfois bienvenue, parfois pas. Dans ce cas présent, elle mettait à rude épreuve l'enveloppe mortel de l'Incube.
Et avait fait volé en morceau les insignifiantes brides de patience et de retenue qu'il avait pu avoir.
Le grognement rageur qu'il poussa en s'accroupissant, quelque chose qui s'approchait du raclement de deux roches infernales avec une note faite d'un crissement d'acier rouillé, souligna tant sa vexation que son inhumanité. Les règles avaient changé : il n'était plus seulement question de corriger Silke et de la remettre à sa place. Maintenant, il fallait lui casser la gueule. La frapper jusqu'à ce qu'elle ne bouge même plus.

Puisque Silke refusait d'approcher pour combattre dans un endroit si confiné, Vaelh en profita pour récupérer et se préparer.
Pour commencer, il retira son haut, histoire de retourner une partie de la stratégie de Silke contre elle. Peut être s'était-elle crue attirante au point que cela ne déconcentre un démon de la nature de celui qu'elle affrontait ? Maintenant, elle pouvait constater que sa beauté Humaine n'était rien face à celle en face d'elle, Démoniaque. Des lignes nettes, solides, voilà ce qui constituait l'anatomie puissante du mâle. Une attrayante panoplie de muscles soulignée, accentuée par des lignes et des lignes de tatouages ésotériques qui naissaient, disparaissaient, se fondaient et se mouvaient en une danse sensuelle autour de chaque muscle.
Ensuite, Vaelh dégaina cette étrange outil qui tenait ses cheveux en place. Il ressemblait à une dague de très petite taille, mais avec une lame bien trop courbée pour être utilisable. Sa pointe s'avérait être une plume chargée d'encre qu'il  employa pour tracer des arabesque concentriques sur ses phalanges, ses paumes, le dos de ses mains et ses avant bras. Ces symboles là ne bougeaient pas, mais irradiait déjà d'une magie rose qui promettait à quiconque les touchait de se retrouver avec la chair secouée d'une décharge de plaisir, sans que cela ne fasse s’atténuer la douleur reçue.
-Contrairement au tiens, chienne d'Humaine, je ne perd pas mon temps à « masquer » ce genre de ressenti. Tes obus feront un bon fourreau pour ma queue, c'est tout ce que j'ai à en dire. A présente, tu vas perdre et te soumettre.
Il se propulsa sur le ring plus vivement que jamais, emportant avec lui la couverture du lit. En un éclair l'objet fut jeté devant lui comme une paroi éphémère au couvert de laquelle il fléchit les genoux. Silke se retrouva à prendre une décision : si elle ne bougeait pas, elle se retrouverait avec la couverture sur la tête et perdait une fraction de seconde de trop à s'en débarrasser. Si elle reculait juste ce qu'il fallait, elle pourrait rester sur la défensive et tenter de bloquer le prochain. Mais par où allait-il arriver ? Comme le démon n'était plus visible, impossible de savoir.

Et, après n'avoir été en l'air qu'à peine une seconde, la couverture amorça sa retombée. Vaelh se jeta au sol, glissant si vite qu'il passa sous la couverture en la relevant, et se redressa pour délivrer un coup disgracieux qui ne lui correspondait guère : un uppercut. Le coup était porté avec une puissance terrible puisque Vaelh avait pris son élan depuis le sol. S'il touchait, il y avait de grande chance que cela sonne Silke.
Mais si elle l'évitait ou le bloquait, Vaelh serait plus vulnérable que jamais. En somme, ceci pouvait bien être les dernières secondes du combat.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le dimanche 06 septembre 2015, 09:51:23
Il avait suffi de quelques coups et qu’elle inverse le jeu de Vaelh pour revoir ce visage qu’elle n’avait pas inventé: derrière les douces plaisanteries, les sourires amusés et les invitations sexuelles, il y avait cette bête rageuse et haineuse, celle qu’elle avait vue dans le refuge des Trolls. Celle qui expliquait pourquoi elle ne lui faisait pas confiance. Il avait retiré son haut, mais elle était restée de marbre. Si elle le narguait, c’était avant tout pour l’énerver. Certes, la colère rendrait Vaelh plus dangereux, mais aussi plus imprudent, plus empressé à frapper, et moins à défendre. Plus un ennemi était colérique, et plus il était facile de le vaincre. C’était ce sur quoi elle se reposait, en sachant néanmoins que l’Incube restait un adversaire redoutable. Sa constitution démoniaque était supérieure à celle d’un être humain lambda, et elle ne pouvait que compter sur son expérience d’Amazone pour lutter.

Vaelh attaqua rapidement, après une phrase rageuse exprimant toute sa colère. Elle fléchit les genoux, et l’homme lança sur elle la couverture. Bien évidemment, Silke bondit prudemment en arrière, faisant un pas en retrait... Puis Vaelh glissa sous la couverture. Elle vit ses jambes, le vit se redresser lentement, et, alors qu’elle se préparait à esquiver, l’Incube s’appuya sur un bras, et se catapulta en l’air.

*Oh put...*

BLAM ! Le poing de Vaelh fila le long de ses seins, et heurta violemment son menton. Silke sentit ses pieds décoller du sol, du sang jaillit de ses lèvres, ses yeux se plissèrent, et son corps fut comme catapulté, décollant lourdement du sol. Sa tête partit en arrière, rapidement suivie par tout son corps, et elle heurta le sol douloureusement, s’étalant sur le dos. Rapide et puissant, le coup avait été imparable, à moins de pouvoir ralentir le temps. L’Amazone voyait des étoiles noires danser devant ses yeux, ainsi que le goût du sang dans sa bouche.

Gisant sur le sol, Silke n’était toutefois pas vaincue, et Vaelh avait plusieurs options, l’Amazone comptant bien réagir à chacune. S’il pavanait devant la foule, qui s’était massée pour observer ce singulier spectacle, elle se contenterait juste de se relever. Inversement, s’il entendait profiter de son avantage, par exemple en posant son pied sur son torse, elle comptait attraper ce dernier, et serrer à hauteur du genou, dans le but de lui tordre la cheville. Et, enfin, s’il se contentait juste de rester devant elle trop longtemps, elle pourrait bander ses muscles, et balancer ses jambes en avant, avant de le frapper.

Toutefois, il n’empêche qu’elle avait mal à la mâchoire, et qu’elle ne pourrait guère supporter d’autres coups. Vaelh avait une sacrée détente, elle lui reconnaissait bien ça.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le lundi 14 septembre 2015, 21:17:18
S'il avait pu lire des textes mentionnant que l'ossature du crâne des Amazone était en fait un alliage de métaux, Vaelh aurait pu leur donner crédit à l'instant même où son poing fermé heurta la machoir de son adversaire. Il avait sentit ses os se secouer dans son membre, et secoua furtivement sa main pour en chasser l'engourdissement. Bah ! Encore une bonne raison de laisser des styles de combats aussi directe et disgracieux pour des brutes sans la moindre once de cervelle ! S'il fallait se ruiner à chaque coup, ça n'intéressait guère le mâle.

Pendant un fugitif instant, Vaelh fut convaincu qu'il venait de remporter le combat. Mais, au sol, cette chienne de Silke remuait encore ! Maintenant qu'il s'en était rendu compte, ses options étaient limitées. S'il annonçait sa supériorité, l'autre aurait tôt fait de se relever pour lui en coller une en travers du visage. Il n'était pas non plus question de la laisser se relever puisqu'elle serait encore plus sur ses gardes, et ne se laisserait jamais avoir par le même piège deux fois.
Il ne restait que l'option de lui sauter à la gorge pour l'étrangler.

S'il avait été un simple mortel, ça aurait été la pire des idées puisque les Amazones savent comme se débarrasser d'un type devenu trop "collant". Seulement, Vaelh n'était pas un mortel. Son enveloppe l'était, et disposait d'une force limitée, mais le Démon savait lui aussi lutter pour soumettre ce qui pouvait lui tomber entre les griffes.
Il se rua d'un seul coup en avant, mais dévia au dernier instant d'une foulée vicieuse pour prévenir tout coup de talon mal placé. Un second pas-chassé le fit arriver à hauteur du bassin de la femme qu'il enjamba le plus vite possible. Il ne fallait plus perdre une seule seconde : Là, Vaelh verrouilla les jambes pour bloquer les cuisses de Silke, la proximité aidant sa magie à empoisonner sa cible, sans parvenir à piéger ses bras dans la foulée ; lui serrer la gorge n'était plus possible,  moins d'être en mesure d'encaisser des coups  au visage. Tant pis : Il n'y avait plus qu'une chose à faire, boxer l'Amazone jusqu'à ce qu'elle ne bouge plus, dans une tempête de coups rapides dirigés directement sur sa face en veillant à se couvrir suffisamment.
C'est ce qu'il entreprit de faire, enragé. Silke ne pouvait compter plus que sur sa résistance et son instinct pour se défendre. Le mâle était certes solidement attaché à elle, mais était à présent largement à porté pour un coup bien placé.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mercredi 16 septembre 2015, 11:21:26
À terre, Silke était encore loin d’avoir dit son dernier mot, et Vaelh le savait. L’Incube n’allait pas prendre de risques face à la She-Devil, et se rua sur elle. Sonnée, l’Amazone avait ave »c elle sa hargne, et sentit l’homme se mettre à califourchon sur elle, utilisant ses jambes pour tenter de l’étouffer à hauteur des poumons. L’Amazone hoqueta, du sang ruisselant de son nez, et vit les poings de l’homme se ruer vers son visage, judicieusement. S’il avait tenté de l’étouffer en se penchant vers elle, ses mains se seraient rués vers ses yeux. Là, sa tête restait hors-de-portée... Son poing fila donc vers sa figure, et Silke la pencha sur le côté. Le coup de l’homme alla manger le sol, et elle contre-attaqua, en frappant chacune des côtes de l’homme avec le tranchant de ses mains. Un coup qu’elle avait appris à faire, car les côtes n’étaient pas une zone très résistante, et il y avait, juste derrière, les poumons. En frappant à un endroit précis, on pouvait déplacer les côtes pour heurter les poumons, bloquant ainsi le système respiratoire pendant quelques secondes.

Les deux tranchants s’abattirent donc sur ses côtes, et elle se redressa alors, posant ses mains sur ses épaules, s’y crispant. On aurait presque pu croire à une posture sexuelle... Si les dents de Silke ne vinrent pas mordre sa peau. Elle utilisa ensuite ses mains pour le renverser, chose d’autant plus facile que l’homme avait enroulé ses cuisses autour d’elle. Ce faisant, sa prise sur le sol était moins assurée. Les deux tombèrent donc à la renverse, mais le genou de Vaelh s’enfonça dans son ventre, et repoussa Silke.

« Haaa... !! »

En grognant, Silke se retrouva hors du cercle de combat, amenant les parieurs à s’écarter. Elle se releva rapidement, et eut à peine le temps de respirer que l’Incube se ruait à nouveau sur elle, un coup de pied venant la pousser. Elle heurta l’une des tables en bois, et sa main se saisit d’une écuelle, et elle l’envoya heurter la tête de Vaelh, provoquant un son sonore et métallique.

« Ho !
 -  Ça dégénère ! »

Silke se rapprocha de l’homme, comme si elle était insensible à la douleur... Et un sifflet strident résonna alors.

« Vous allez m’arrêter ce boucan, ou c’est vingt coups de fouet pour chacun ! » vociféra un sergent, accompagné d’une patrouille.

La garde venait d’arriver, des hommes en armure à l’air peu commodes, et qui n’avaient pas l’air particulièrement ravis de toute cette animation. Silke les observa en grognant, et entendit des bruits de pas venant de l’escalier de la forge, livrant passage à d’autres gardes. La respiration lourde, elle poussa un nouveau soupir, et cracha sur le sol. On avait l’impression que ses yeux avaient envie de tuer quiconque aurait le malheur de finir entre ses mains... Puis elle se mit à sourire, et tendit sa main vers Vaelh.

« Ça va, on ne fait que s’entraîner... Vous êtes un bon duelliste, Vaelh. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le vendredi 25 septembre 2015, 14:00:05
Quitte à choisir entre se briser la main contre l'os blindée de la femelle ou sur le sol, Vaelh se serait tourné vers ce dernier : ses lattes étaient toujours plus tendres que le crâne qu'il martelait ! Mais cela n'empêcha pas le mâle de se blesser. La douleur fusa jusqu'à son coude, laissant son membre engourdit et palpitant d'une vive peine. Bien sûr, cela ne l'arrêta pas. La vue du sang sur le visage de son adversaire le rendit fou, à l'image d'un vicieux requins qui flaire la trace d'un bon morceau de viande dans les environs.
Insistante, la douleur éclata de nouveau mais au niveau de ses côtes. Sa vision se troubla en même temps que le Démon se vidait de son air. Désorienté, il n'en fut que plus enragé. Ces pulsions meurtrières qui grondaient en lui enflèrent encore au point de lui faire envisager les pires atrocité comme étant les seules options restantes. Déchirer la gorge de l'Amazone. Se repaître de sa chair et son sang, en lui cognant le crâne au sol jusqu'à ce qu'il explose. Lui ouvrir le ventre et l'étrangler avec ses propres boyaux. Plus rien n'était trop.
Vive, la combattante parvint à saisir cette ouverture. L'emprise de l'Incube se fit moins efficace ; même sont équilibre fut affecté. Elle n'était pas aussi hargneuse que le Démon, mais son relatif sang-froid dans pareille situation fit sa force : Vaelh ne parvint plus à lutter et se retrouva sur le dos

Il y avait, en effet, une connotation érotique à cette lutte. Deux corps échauffés -l'un plus que l'autre- s'emmêlaient en une orgie de coups rudes, à même le sol dans une dimension de fureur primale. Un spectacle aussi choquant que superbe pour quiconque savait l'apprécier. Un véritable plaisir à part entière, pourtant sur le point de prendre fin.
Seulement, Vaelh n'avait pas dit son dernier mot. Il en était de toutes façon à un stade ou bien peu de chose aurait pu le faire se calmer. Véritable incarnation de la rancune, il ficha d'ailleurs son genoux dans le ventre de la fauve qui en voulait à sa gorge. S'étant ménagé assez d'espace pour se redresser, il bondit en crachant dans son odieuse langue impie un chapelet de malédiction accompagné d'un remarquable coup de talon. Qu'elle aille valdinguer dans la foule !
A l'instant même où la jeune femme retrouvait ses esprit, l'Endiablé décida de poursuivre l'assaut. Il se rua à sa rencontre -et gare aux malheureux sur sa route- mais ne fut accueillit que par une écuelle vengeresse qui termina contre son front. Heureusement qu'elle était vide.
Une fraction de seconde plus tard, un sifflet retentit. Le son parvint aux oreilles de Vaelh comme étouffé au début, mais si désagréable sur sa fin qu'il en hurla. Il réalisa alors qu'on s'adressait à lui et à Silke. Plus surprenant encore, un mortel l'invectivait en laissant miroiter la menace d'un châtiment au fouet ? Un Humain, qui menaçait de cette manière précise l'Incube ? Cela lui sembla si incongru, si dénaturé que la hargne du Démon fut en grande parti occultée par l'effort qu'il devait fournir pour ne pas pleurer de rire.
Il était malgré tout redevenu assez lucide pour constater que s'il poussait sa chance, tout un groupe de garde mécontent allait lui tomber sur le râble. Une situation dont il ne pourrait pas se sortir.
Il fit alors l'immense effort de serrer les dents, de ravaler sa haine pour la rediriger sur autre chose le moment venu, et désigna vaguement la femme de son air hautain en gardant une main contre son front douloureux.
-Celle là dit vrai. On s'entraînait. Et je suis un bon duelliste. J'aurais aimé en dire autant pour elle, vraiment. Mais je dois sanctionner son singulier manque de style, fit-il, le souffle chaotique.
Suite à quoi le Démon s'éloigna d'une démarche instable, ignorant la main que Silke lui tendait. Pour lui, le combat n'était pas terminé. Loin de là.

Le mâle s'était retrouvé dehors dès qu'il l'avait pu. Il avait gagné les hauteurs pour scruter le lointain, et appliquer sur sa peau des runes qui, lorsque ses bleus et plaies se serait atténué, permettrait de ne laisser aucune marque sur sa peau. Derrière lui, la magie impie qu'il entretenait depuis son arrivée roulait dans les rues, invisible aux yeux des profanes. Sont enveloppe mortelle se retrouva tiraillée par le sommeil tandis qu'il réfléchissait à cette bataille qui approchait. Maintenant qu'il ne pouvait plus passer le temps en cognant sur quelque chose, et qu'il n'avait rien de plus intéressant à faire que de trouver un couche-tard à tourmenter, il envisagea d'aller dormir.
Il espérait simplement que ce qui le réveillerait serait les cris de détresse des défenseurs.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le lundi 28 septembre 2015, 10:07:22
« Vous... Vous devriez aller à l’infirmerie... » commenta un client en voyant la mine de Silke.

Les gardes étaient partis. En temps normal, ils auraient dû arrêter les deux drôles, et faire un rapport, car il y avait eu du grabuge, mais, dans la mesure où une invasion était imminente, ils se contentaient juste d’agir. L’altercation ayant cessé, ils repartirent vte, et Silke, elle, se contenta de s’asseoir, et prit une pinte de bière, et la but. Une ligne de sang s’échappait de ses lèvres, et, en voyant l’expression furibonde sur son visage, les gens évitèrent de trop lui parler. Silke n’en avait pas conscience, mais les sortilèges de l’Incube continuaient à agir sur elle, et, maintenant que l’adrénaline redescendait, elle était dans le cas typique d’une femme en situation de frustration sexuelle, et qui était donc étonnamment colérique. Il aurait suffi qu’un seul homme la regarde de travers, ou n’insiste trop sur la vue de ses seins, pour qu’elle lui balance la pinte en pleine figure. Fort heureusement, les locaux étaient suffisamment malins pour comprendre qu’ils avaient tout intérêt à longer les murs. Silke but donc en silence, puis entendit des bruits de pas.

Une femme chevalier (http://orig00.deviantart.net/0d34/f/2014/272/4/a/pr_illustration_for_monarch_by_gpzang-d786y23.jpg) venait de rentrer, et, en la voyant, l’aubergiste inclina respectueusement la tête. La femme était magnifique, et reçut gratuitement une pinte de bière, et alla se poser juste en face de Silke.

« Pour une femme censée longer les murs, vous faites pas mal de grabuge...
 -  Je vais prendre ça comme un compliment. Et vous êtes ?
 -  Andreas Beaulierre... La fille du baron. »

Silke hocha la tête. Le baron était suffisamment âgé pour avoir des enfants, et Andreas prit le silence de l’Amazone pour une confirmation de l’intérêt (inexistant, en réalité) qu’elle éprouvait à l’encontre de la famille Beaulierre.

« Mon frère aîné suit des études politiques et de droit à l’académie d’Oxendria. J’ai eu vent de votre altercation avec l’Incube... Est-ce vrai que vous vous êtes déjà affrontés au refuge des Trolls ? »

L’Amazone ne put qu’acquiescer :

« Vous avez fait vos devoirs...
 -  J’aurais bien aimé vous voir vous battre... On dit que les Amazones sont de redoutables guerrières.
 -  J’ai l’air d’une redoutable guerrière ?! ironisa-t-elle en montrant sa lèvre coupée.
 -  Mieux vaut porter des cicatrices que rien du tout... Un vrai guerrier ne reste pas beau toute sa vie. Bien sûr, je ne dis pas qu’il faut avoir des cicatrices, mais... Moi, on me considère toujours comme une poupée, alors que j’ai fait mes preuves, que j’ai accompli mes classes militaires... »

Il n’y avait pas besoin d’être un grand clerc pour comprendre le parcours de cette jeune femme. Être une fille dans un monde très masculin, un monde où les femmes portaient des tabliers, et non des armures... Et elle avait effectivement une tête de poupée. L’Amazone comprit qu’elle faisait partie de ces femmes qui, si la Horde était venue, auraient pu les rejoindre. Son père la cantonnait à des tâches annexes, miliciennes, alors qu’elle voulait prendre part à la défense du château. C’est ce qu’elle lui expliqua, et, contre toute attente, la conversation finit par obtenir l’attention de l’Amazone.

Andreas lui avoua éprouver depuis toujours une fascination pour ces peuples où les femmes étaient mises en avant, car elle-même ne savait pas comment se faire obéir de ses hommes.

« Hausser le ton ne suffit pas contre des mâles idiots. Insultez-les.
 -  Hein ?
 -  Vous connaissez bien des jurons dans votre répertoire, non ? Traitez-les de grosse merde, dites-leur que ce sont des pédés... Quand ils portent une arme et une armure, les hommes ne se sentent plus pisser. Si vous les insultez, ils vous prendront pour une mal baisée, mais mieux vaut qu’ils vous prennent pour ça que pour une pucelle. »

Ce répertoire sexuel fit rougir Andreas, confirmant, aux yeux de Silke, qu’elle devait effectivement être un peu une pucelle. De manière crue, Silke ne faisait que dire la vérité.

« Pourquoi croyez-vous que je me bats à moitié à poil ? Les hommes préfèrent voir mes cuisses avant de voir l’épée qui leur fend le crâne. »

La discussion se poursuivit encore...




La nuit venait de s’abattre sur le château de Beaulierre quand les silhouettes approchèrent de l’une des parois. Le groupe se composait d’une dizaine de personnes, et était mené par Tilia (http://orig06.deviantart.net/f129/f/2013/154/5/4/atla_s_strongest_female_warrior___regular_by_mariana_vieira-d67opx9.jpg), une Amazone redoutable, l’une des lieutenantes de Raven. Elles longeaient des chemins rocailleux, se rapprochant du mirador externe à Beaulierre, cette tour de guet reliée au château par un pont en pierre. Tout le long des arbres et des sapins, une armée était en train de s’amonceler, mais Raven ne comptait pas se lancer dans un siège qui allait durer des semaines. Elle prévoyait de prendre ce château le plus rapidement possible, et, pour ça, la meilleure solution était encore d’éviter un siège.

Beaulierre étant dressé sur une petite montagne, il était entouré de pics vertigineux, et, parfois, des nuages bas s’amoncelaient le matin le long de ces versants. Le seul chemin était une côte qui menait au corps de garde d’entrée. C’était sa force et sa faiblesse, car il était très facile de couper les voies d’approvisionnement du fort. Raven le savait, mais elle savait aussi que Beaulierre était une zone stratégique importante, et qu’elle en avait besoin pour établir son nouvel État. L’eldorado des Amazones, leur renaissance, commencerait ici. Et, fort heureusement, parmi les femmes récupérées par Raven, il y avait une page travaillant au château, et qui était la femme d’un maçon alcoolique la battant régulièrement. Elle avait d’elle-même rejoint les forces de Raven, et leur avait fourni de précieuses informations. L’un des murs du mirador d’observation était fissurée, et il était donc possible de l’escalader.

Cependant, pour y aller, il fallait descendre dans les gorges entourant le fort, la forêt s’étalant tout autour. Raven avait donné cette mission à Tilia, ainsi qu’à plusieurs autres Amazones redoutables, et les femmes venaient de s’approcher, sous le manteau de la nuit, de la tour. Étant insalubre, cette dernière était abandonnée, ce qui faisait qu’il n’y avait pas de gardes, simplement des échafaudages à l’intérieur, afin d’en réparer les murs. L’attaque de Raven avait renvoyé aux Calandes grecques la réfection de la tour, mais, en attendant, elle constituait une brèche dans la ligne défensive.

« Grimpons, et pas de précipitations ! »

Pour s’aider, les femmes disposaient d’espèces d’arbalètes permettant de lancer des grappins, et parvinrent à les planter dans des failles rocheuses. Elles soupesèrent les cordes, constatèrent que la prise était solide, puis s’enroulèrent autour, et entreprit de grimper, enfilant des équipements d’escalade fournis par les alliés de Raven. Les silhouettes avancèrent ainsi, le long de la roche dans un premier temps, puis, ensuite, le long du mur. Leur mission était simple : infiltrer le fort, saboter le corps de garde, et permettre ainsi à l’armée de Raven de se ruer dans la ville, en prenant les défenseurs par surprise.

L’ascension était longue et délicate, car les bourrasques de vent les faisaient parfois se déplacer sur quelques mètres, mais elles parvinrent à grimper, se rapprochant, petit à petit, d’une entrée...




Silke s’extirpa des douces couvertures, faisant faiblement soupirer Andreas, qui tourna la tête en voyant la femme marcher vers le balcon de sa chambre. Toute nue, avec la lune venant éclairer son corps, il se dégageait du corps de Silke une beauté incroyable.

« Tu n’es pas habituée à dormir dans des lits ?
 -  Entre autres... »

Elle se glissa sur le balcon, toute nue. Le froid déferla contre ses muscles, et elle put voir, en contrebas, sur une cour, plusieurs flammes, éclairant la place. Des gardes patrouillaient régulièrement, ainsi que des archers sur des tours. Sans pouvoir se l’expliquer, Silke avait un affreux mauvais pressentiment... La conviction que, si Raven devait attaquer, elle le ferait forcément de nuit, car l’obscurité protégerait les attaquants, alors que toutes ces flammes allumées étaient comme un phare guidant, non pas des navires, mais des flèches.

Le regard de Silke dériva ainsi, passant du château à la forêt.

*Elle est là, quelque part, je le sens... Elle nous épie et nous guette...*

Raven était intelligente, suffisamment pour savoir que, si elle pouvait prendre Beaulierre en bloquant la sortie, elle ne pouvait pas non plus attendre des semaines. Elle entendit alors un soupir et se retourna.

« Tu me donnes froid ainsi... Mais, au moins, je me délecte de la vision de tes fesses... »

Silke se retourna vers elle, et se rapprocha d’Andreas, en lui souriant... Puis elle se glissa dans la partie de son lit, et l’embrassa tendrement.

Peut-être bien que la magie rose de Vaelh continuait encore à faire effet...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le dimanche 04 octobre 2015, 00:13:43
Lorsqu'ils doivent dormir, les Démons rêves parfois. S'agencent dans leurs esprits retords des situations, sensations, émotions, qu'une personne saine d'esprit aurait plutôt été tentée de qualifier de cauchemars, mais tout de même : les Démons rêves eux aussi.
Allongé sur le flanc, dos à l'humaine qu'il s'était trouvé, au chaud sous les draps, Vaelh rêvait. Il se voyait dans une forteresse de marbre transparent, avec la terre en guise de ciel, et le ciel en guise de terre. La ville fortifiée n'était peuplée que par des figures floues, égarée, dont la démarche maladroite trahissait la sensation d'un vertige à l'encontre de ce monde insensé. Sous les yeux du Démon, qui flottait dans l'air comme un esprit sans substance, il y avait toute une population tourmentée au quotidien par l'agencement même de leur petit univers. Quand Vaelh levait ses yeux spectraux vers le non-ciel, cela ne le bouleversait nullement. Il y avait même une note d’ordinaire là dedans.
En un sens, cela représentait bien la condition Humaine, du moins l'une de ses facettes : les mêmes problèmes continuaient de les faire chanceler au quotidien. Et plutôt que de se laisser tomber pour mieux s'accoutumer, pour mieux découvrir une nouvelle dimension de leurs tourments, ils s'acharnaient à rester debout. Comme si avoir plus mal les effrayaient.
Les pauvres. S'ils pouvaient se laisser aller ne serait-ce qu'une fois au vrai désespoir, peut être parviendrait-il à en saisir l'arôme. Mais c'était sans doute trop demander à des mortels. Tant pis. Au moins, Vaelh les avait au creux de sa main. Il voyait luire dans chaque silhouette floue une étincelle pourpre et rose, écho des désirs et fantasmes qui modulaient leur comportement au quotidien. Cette lueur au cœur de chacun ne pouvait faire qu'une chose : enfler, gonfler, jusqu'à prendre tout l'espace, jusqu'à devoir être évacuée pour mieux reprendre de l'ampleur un tout petit peu plus tard. Incube qu'il était, Vaelh avait tissé un ample réseau sur toute cette parodie de ville qui poussait ces ondes luxurieuses de croître de plus en plus vite en chaque personne. Plus les figures s'attardaient dans les rues, plus leurs envies cachées prenaient des proportions absurdes, parfois même terrifiante. Les ruelles se faisaient de plus en plus fréquemment les théâtres d'enlèvements dictés par une excitation qui se voyait assouvir quelques instants plus tard. Rarement par une victime non consentante, d'ailleurs. En somme, tout allait pour le mieux. Tout était sous contrôle, et c'est justement ce qui ennuya le Démon. Il soupira et baissa les yeux sur Sa ville et, l'espace d'un moment, vit quelque chose à l'intérieur même des murs fait de ce marbre spectral. Il se pencha, si vivement intéressé qu'il bavait déjà d'amusement, et remarqua des silhouettes qui n'étaient pas infectée par sa toile de magie rose. Comme si elle venait d'entrer dans Sa ville pour y faire autre chose que des activités lubriques.
Comme si elle n'avaient absolument rien de bien luxurieux en tête.
Comme si elle n'étaient pas là pour s'amuser.
Pas là pour s'amuser.
Pas là pour s'amuser.
Pas là pour... Ah. Ahah. Ahhaahahah ! Comment ça, pas là pour s'amuser ? Qui pouvait ainsi pénétrer dans une telle toile de magie impunément ? En grinçant des dents et en griffant le marbre dans lequel il voyait les figures humaines, il se concentra pour que sa magie s'infiltre jusqu'à elle, et parvient à faire s'insinuer tout au fond de leurs cœurs une modeste graine rose. Il ne pouvait pas faire mieux puisque la petite meute d'intru n'était pas a sa porté, mais qu'importe.
La graine n'avait qu'à être plantée.

*
**

Il s'était réveillé sur ce sentiment d'ordre rétabli qui ne lui plaisait pas du tout. Paradoxalement, le mâle dont le désir d’achèvement de ses objectifs était peut être l'un des plus extrêmes. Mais en même temps, lorsqu'il aurait tout accompli, que pourrait-il lui rester à faire. Se contenter d'exister ? Quelle horreur !
Comme s'il avait encore un mauvais goût en bouche, il grimaça et se redressa, sans prêter attention à son amante qu'il fit remuer. Son rêve lui revenait en boucle, aussi agaçant qu'un moustique. Il sentait... Que quelque chose n'était pas à sa place. Que le désordre allait revenir dans la ville d'ici peu. Cette idée le fit d'autant plus saliver qu'il savait que de nouveaux jouets lui seraient apportés.

*
**

Il s'était mis en chasse un bref instant après avoir donné une dernière leçon à l'Humaine dans son lit, laquelle s'était avouée vaincue après que l'intérieur de ses cuisses se soit retrouvé couvert de sève. Revitalisé au dépend de ce qu'il restait de l'âme de sa victime, Vaelh évoluait dans les rues comme un courant d'air, insaisissable, se jouant des obstacles. Il ne savait pas à quoi les nouveaux pions sur le plateau de jeu pouvait bien ressembler, mais il savait comment les reconnaître : de tous les membres de la populations, les intrus seraient ceux avec la plus petites quantités de magie rose déjà présente en eux.
Ainsi, le Démon erra dans les rues. Lorsqu'il approchait de groupes de citadins, il percevait presque à l’œil nu les ondes concupiscentes qui exsudaient de leur chair, avant d'encaisser l'arôme de désir qui émanait d'eux. Partout ou Vaelh ressentait de telles choses, il passait son chemin.
Même si son instinct lui hurlait que tous ceux présents dans la ville n'était pas tous sous l'effet de sa magie, il n'avait aucun moyen de savoir où chercher. A un moment, il passa même sous un balcon où la crinière rousse qu'il y vit ne lui était pas inconnue.

*
**

Le groupe de femme, au terme d'efforts et de discrétion, étaient parvenu à toute se glisser dans l'enceinte fortifiée. Les informations qu'on leur avait fournie était exacte : il n'y avait pas de garde dans cette partie précise du dispositif fortifié autour de Beaulierre. La bataille n'avait même pas vraiment commencé que les défenseurs avait déjà commis une grosse erreur, pensa Tilia. Bien sûr, cela l'arrangeait puisqu'elle put prendre position dans la tour endommagée pour inspecter les environs. Elle put ainsi mieux repérer ses objectifs principaux, à savoir : les commandes de la porte,  les postes de garde, les casernes...
Comme elle savait que la réussite de son plan reposait sur la discrétion et la coordination, elle opta pour diviser son escouade en petits groupes. Un premier duo irait infiltrer les commandes de la porte pour l'ouvrir dès que l'armée de Raven serait prête à passer ; un trio partirait dans la ville pour y créer des incidents qui détournerait la garde de ses chemins de ronde pour mieux les assassiner ou piéger leurs postes ; un autre duo dont une magicienne sillonnerait les remparts pour assassiner les sentinelles et les remplacer par des projections magiques d'elle même pour ne soulever aucun soupçon ; les deux femmes restantes se mettaient déjà en position, prêtes à déclencher des incendies au moment où Raven allait passer en force.
Quant à Tilia, son rôle était cruciale : elle serait chargée de trancher la gorge aux officiers les plus charismatiques qui parviendraient à rallier les défenseurs même dans la panique.
Et si au passage elle pouvait ouvrir le crâne de Silke pour gagner les faveurs de Raven qu'elle voyait déjà comme sa reine...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 06 octobre 2015, 10:25:00
Andreas constata rapidement que le sommeil se refusait à venir voir l’esprit de Silke. Couchée sur le dos, et malgré l’indéniable (et agréable) confort du lit, le sommeil continuait à lui fuir. L’esprit de l’Amazone était traversé par différentes pensées. Elle était toujours en rage contre cet Incube, ce Vaelh, sans trop pouvoir se l’expliquer. La tentation était grande de le retrouver pour finir ce qu’ils avaient entamé dans l’auberge. Si la confiance de l’Amazone envers l’homme était déjà faible, elle n’avait fait que décroître. Leur joute physique à l’auberge n’avait pas été qu’un simple jeu... Pas pour Silke, en tout cas, et, maintenant qu’elle avait couché à plusieurs reprises avec Andreas, en mordant et en griffant sa belle peau, elle avait les pensées un peu plus claires... Pourquoi une telle agressivité ? Pourquoi une telle rage ? Pourquoi est-ce que, d’un seul coup, les éternelles provocations de Vaelh lui avaient fait perdre son sang-froid ? Pourquoi ce manque de contrôle ? Et pourquoi est-ce que, par-dessus tout, elle avait un affreux mauvais pressentiment ?

*Il y a une pièce du puzzle qui m’échappe, mais je n’arrive pas à deviner laquelle...*

Silke connaissait Raven. Elle avait toujours aimé la stratégie militaire, un domaine que les Amazones étaient loin de négliger. La guerre ne se résumait pas juste à taper dans le tas sans se poser de questions, il y avait aussi toute une stratégie à avoir, toute une réflexion sur l’utilisation de ses troupes. Si, dans ce domaine, Silke avait toujours été relativement médiocre, Raven, elle, avait toujours été talentueuse. Elle attaquait le château depuis des semaines, en prenant son temps, en abattant progressivement ses cartes... Mais l’Amazone la connaissait bien. Elle était sûre que Raven avait encore des surprises...

Une main vint caresser son ventre, et Andreas se pencha vers elle, venant tendrement l’embrasser. Silke cligna des yeux, et tourna la tête vers elle. La fille de Beaulierre, sous-estimée à cause de son sexe... Une belle jeune femme qui avait probablement dû compenser. Sa beauté angélique faisait que les gardes ne la prenaient sûrement pas au sérieux, et, en conséquence, l’Amazone visualisait très bien son parcours, où elle avait dû s’entraîner plus que de raison, afin de montrer à tous les sceptiques et à tous les sexistes qu’elle était une guerrière à part entière.

« Est-ce cette Raven qui t’effraie, Silke ? Je vois que le sommeil se refuse à ton corps...
 -  Mes pensées sont trop agitées pour connaître le repos... »

Nouveau baiser de la part d’Andreas, qui posa ensuite sa tête sur son sein.

« Moi, je dirais surtout que tu es trop excitée par moi pour dormir... Depuis combien de temps ton corps n’a-t-il pas joué avec celui d’une femme ? »

La question amena un silence de quelques secondes, avant que la réponse de l’Amazone ne vienne :

« Trop longtemps... »

Une réponse qui sembla convaincre Andreas, dont le visage fendit d’un sourire, alors qu’elle glissait sa main le long du ventre de l’Amazone, allant sous la couverture, saisissant la chair tendre et chaude, provoquant un frisson dans le corps de l’Amazone.

« C’est là le problème... Je pars du principe qu’une femme doit régulièrement faire l’amour pour soulager les humeurs de son corps. C’est cela, le beau sexe.
 -  Et toi, alors ? À quand remonte ta dernière fois ? »

Pendant quelques secondes, la figure d’Andreas sembla se rembrunir... Puis la réponse vint, énigmatique et sibylline :

« Longtemps aussi... »

Silke avait-elle réveillé une vieille blessure ? Il était tentant de se renseigner sur le passé de la capitaine, comme un moyen d’évacuer les sombres pensées qui étaient en train de la traverser. Elle accepta donc le mouvement d’Andreas sur son sexe, sur ce membre qu’elle avait sorti de son corps, comme les Amazones guerrières pouvaient le faire après avoir goûté aux rites magiques et chamaniques de la Horde. La capitaine sourit alors, et retourna embrasser le cou de la femme, puis retourna s’allonger sur elle.

« Mais ton corps, Silke... Il est vraiment magnifique... Tu es d’une beauté terrifiante, ma belle...
 -  La beauté d’une femme est sa principale arme... C’est la première leçon qu’on nous enseigne, Andreas.
 -  Je vois qu’elle se justifie. »

Andreas se redressa alors, à califourchon, puis écarta son bassin, et l’abaissa, provoquant des frissons.

« Tu as peur que Raven ébranle nos défenses ? Qu’elle trouve une faille dans...  Haaa... Nos murs...
 -  C’est... C’est une possibilité, hum... »

Reprenant son souffle, Silke posa ses mains sur les hanches de la femme, la sentant remuer en elle, de haut en bas, faisant doucement ployer le lit sous ses mouvements du bassin. Cette femme avait décidemment un sacré appétit, et Silke sentit rapidement sa vigueur revenir, comme pour relever son corps, comme pour le faire pointer vers les hauteurs.

« A-Alors... Haaaa... Tu n’as qu’à... Hmmmm... Les inspecter avec moi, pour... Pour te rendre compte de... De notre situation, haaa... »

Une proposition intéressante... Que Silke prit dans les cris et la joie.




Les murs de Beaulierre étaient impressionnants. Silke avait remis son armure, ainsi qu’une cape, et marchait à côté d’Andreas, observant la sombre forêt en fronçant les sourcils. Andreas connaissait ces murs par cœur, et les gardes qui étaient là se redressaient en la voyant. Elle hochait la tête.

« Nous nous dirigeons vers le corps de garde...
 -  Effectivement.
 -  Tu vois bien que nos murs sont solides... Ils ont résisté à des barbares, à des Orcs, sans parler des guerres seigneuriales... »

Du point de vue de Silke, Raven était une menace toute autre que des Orcs stupides ou de simples brigands. Elle conserva cependant pour elle-même ses réflexions. Sur sa gauche, elle voyait la forêt, s’étalant au loin, et, sur la droite, la ville. Les auberges tournaient encore, et des torches brûlaient dans tous les coins. Andreas continuait à marcher, traversant une tour longeant le mur d’enceinte. On pouvait désormais voir le chemin menant à l’entrée du fort, un solide corps de garde.

« Avant toi... Ma dernière fois remontait à Lizéanne... Et même ma première fois aussi. »

Le ton d’Andreas avait changé, devenant mélancolique. Pourquoi se confier maintenant ? Silke resta silencieuse.

« Lizéanne était une simple fermière. Je jouais avec elle en étant enfant. Comme moi, elle rêvait d’être chevalier, car elle ne se voyait guère se marier à l’un des fermiers de la région, et faire des fils avec lui, au milieu de bottes de foin. Elle adorait lire, et je lui transmettais des livres d’aventure, des récits romanesques de chevaliers... Elle et moi, nous fantasmions sur les Amazones, sur ces peuples de guerrières et insoumises. Nous rêvions d’être nées à Tekhos, où les femmes ne sont pas aussi brimées qu’elles le sont dans les contrées féodales. »

Les deux femmes se rapprochaient de la porte du corps de garde, et il n’y avait plus beaucoup de gardes par ici... Rien d’autre que le sifflement du vent rebondissant le long des murs en pierre et les souvenirs d’Andreas, remontant à la surface.

« Son grand-frère, un imbécile, était devenu écuyer à sa place... Et moi ? Malgré toutes mes prouesses en temps que guerrière, la coutume est claire. Mon rôle est de me marier à un autre baron, et de lui apporter une bonne descendance. Nous avions prévu de nous échapper, nous avions prévu de partir, car je l’aimais... Et j’en fus encore plus convaincu quand mon père avait commencé à me présenter de futurs époux... Il me fallait vite avoir un mari pour assurer les liens politiques entre ma famille et les autres. »

Elles descendirent quelques petites marches menant à une porte en bois légèrement entrouverte, et Silke n’aimait guère ce monologue... Ni l’absence de gardes. Fronçant les sourcils, elle s’avança néanmoins, la main sur la garde de son épée.

« Celui qui devait être mon époux m’a violé, Silke... Il m’a pris de force dans ma chambre, et, quand j’en ai parlé à mon père, ce dernier m’a sèchement giflé quand je lui ai dit que j’étais restée sèche comme une brindille. Mon père... Un brave guerrier, mais un père détestable. Et moi, je devais marier cet homme, cet homme qui n’aimait pas les femmes, cet homme qui m’avait violé, battu, et qui, de ce qu’il m’avait dit, aimait uriner sur ses partenaires. »

Andreas la laissa se rapprocher, et Silke entra, sentant la porte se refermer sèchement derrière elle, les plongeant dans la pénombre.

« Je m’en suis confiée à Lizéanne. Elle connaissait une guérisseuse, et nous sommes allées la voir. Une vieille sorcière vivant recluse dans la forêt. Elle a conçu un poison. J’avais réussi à faire entrer Lizéanne dans la cour, en tant que page... Elle a empoisonné le verre de vin de mon futur mari avec mon aval. Nous devions partir ensuite... Partir loin. Les choses... Les choses ne se sont pas passées comme prévu. »

Silke sentait qu’il y avait d’autres personnes dans cette pièce. Andreas s’était rendue vers une table, et avait saisi une torche. Plus elle parlait, et plus sa voix, larmoyante, était devenue froide, sèche, et cruelle.

« Lizéanne s’est fait arrêter pour le meurtre de ce fils de pute, et elle a été dépecée vivante. Je voyais les gens lui jeter des pommes pourries, pissant sur son corps, alors que son supplice durait des heures. »

Silke put alors entendre des hurlements, ainsi que le son des cloches des beffrois.

« Alors, je me suis rappelée des contes de mon enfance, des Amazones, et je suis partie à la recherche de la Horde, en prétextant traquer des Trolls... Je savais que les Amazones attaquaient des forts et des villages, et qu’elles pouvaient exiger, comme tribut, une femme. »

Une odeur de brûlé était en train de remonter, tandis que les hurlements se poursuivaient, et que des cors se mirent à résonner depuis les meurtrières de cette pièce sombre... Des cors amazones.

« Je suis tombée sur une Amazone... Une Amazone qui voulait changer les choses, et qui avait besoin d’un fort. »

La torche s’alluma alors, et éclaira les cadavres de plusieurs soldats, morts empoisonnés... Ainsi que d’autres Amazones.

« Je devais vous tuer pendant votre sommeil, Silke... Mais, puisque vous vous refusiez à dormir, il m’a fallu improviser. Beaulierre est condamné... Mais je sauverais le fort. Je sauverais le château, et je pleurerais sur la mort de mon père, sur ces femmes terribles... Mais je serais une héroïne de guerre. Je deviendrais la nouvelle baronne, et plus aucun de ces porcs de mâles ne me dictera sa loi ! »

Silke la regarda silencieusement, en comprenant que cette femme était le chaînon manquant, l’ultime pièce du puzzle. Raven n’avait pas attaqué Beaulierre au hasard, et elle ne comptait pas le défendre. Raven avait su dès le début qu’elle ne pourrait pas tenir contre le royaume... Mais le Roi local ne viendrait jamais s’en prendre à Beaulierre si la personne en place était la fille du baron, une fille endeuillée par la mort de son père, mais résolue à le venger, à honorer sa mémoire. Un plan cynique et monstrueux dans lequel Silke n’avait été rien d’autre qu’une idiote courant après son ombre, sautant sur les évidences alors que la réponse avait toujours été là, sous son nez. Depuis le début, Raven avait bénéficié d’une complicité intérieure.

Les Amazones l’entouraient dangereusement, tandis que, dessous, la Horde de Raven déferlait sur un château affaibli.

« Les Amazones ont raison, Silke... La beauté est la première arme d’une femme. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le samedi 17 octobre 2015, 20:53:43
Cela lui fit l'effet d'un seau d'eau glacé jeté sur la peau brûlante de son dos. Il se figea si rudement que ses dents grincèrent et ses muscles se tendirent jusqu'à flirter avec leur point de rupture. Intimement lié à la trame de magie rose qu'il avait tissé, Vaelh vécu l'intrusion massive des forces de Raven comme si une lame froide lui plongeait dans la chair. Des dizaines, des centaines de femmes toutes plus déterminées les unes que les autres fondaient vers le château, piétinant les fils invisible de la trame de l'Incube qui s’étendaient doucement et subtilement sans la moindre considération. En plus, vu la hargne et la rancune qui les animaient déjà toutes, la magie rose du mâle ne pouvait que les rendre plus agressive.
Mais, malgré le concert de cors, de cloche d'alarme, de piétinement et de cris de guerre, le bruit que le Démon trouva le plus magnifique de tous fut ce grincement caractéristique qu'émis la grande porte principale de la ville fortifiée lorsque les infiltrées de Raven l'ouvrirent, dont la note boisée et grave sonna comme un glas funeste. Un son qui collait parfaitement au contexte, pour être honnête.

Après s'être accoutumé à cette sensation d'intrusion,  Vaelh avait décidé de prendre de la hauteur pour se rendre compte de l'ampleur de l'assaut. Il eut bien fait : quelques minutes plus tard, les rues voyaient défiler dans tous les sens escouades de soldats et groupes d'attaquants, dont la fréquence de passage et le nombre l'aurait balayé, lui qui était seul.
De son point de vue en hauteur, le Démon s'imprégna de la scène : un tableau terrible à la lumière rouge et vorace des feux déclenchés dans la ville, aux notes brillantes et éphémère de heaume métalliques qui se déplaçaient, d'armes qui fendaient l'air en quête de chair à fendre et d'os à rompre. Rage, peur, mort, gloire et plaisir venaient sublimer le tout.
-Magnifique !
Et en même temps qu'il grogna son appréciation, son œil de leader vit que Beaulierre était déjà perdue : trop d'assaillantes étaient déjà entrée dans la ville, trop de cibles différentes s'offraient aux défenseurs qui ne scindaient pas leur escouades en petits groupes de craintes de tomber dans des pièges. Trop de feu et d'actes de sabotages avaient eu lieu. Sans mentionner d'éventuels agents déjà infiltrés.
La ville était tombée à l'instant même ou Raven avait décidé de la faire sienne.
Même si cette chienne n'était qu'une sale humaine, le Démon fut contraint de reconnaître que ses méthodes étaient superbes. En fait, si c'était lui qui avait été chargé de prendre une place forte, il aurait plus ou moins agis de la même manière. Après tout, les sièges dans lesquels ont se contentait de placer un périmètre infranchissable autour d'une forteresse n'étaient bon que pour de misérables crétins qui n'appréhendaient pas les vertus de la vitesse, la précision et la ruse.
Oui, Raven avait remporté cette bataille. Mais Vaelh n'en fut pas affecté. Son allégeance n'allait pas à Beaulierre, et que cette ville tombe l’indifférait. Cela lui offrait néanmoins un beau spectacle auquel l'envie de participer le tiraillait. Mais à quoi bon ? Trop d'humains courraient dans tous les sens, plongé dans une panique et une désorganisation dont il n'était même pas la cause ! Descendre tuer des mortels dans un tel contexte ça aurait comme... Se servir de la cuillère de quelqu'un d'autre pour manger dans son assiette. Dégouttant.

Cependant, le mâle avait encore quelques tours dans son sac.

*
**

Pendant ce temps, la corde se resserrait autour du cou de l'Amazone. La présence de tout ces adversaire autour d'elle et la dernière réplique de son amante d'une nuit posaient l'ultimatum suivant : rends toi sans condition et rejoint nous. Ou alors meurs ici comme de la vermine.
Autour d'elle, le cercle que formait le groupe de femme se rapprochait doucement. Silke n'avait pas à faire à des combattants débiles qui la sous estimait, ni n'était trop occupé à la regarder. Non, cette fois, la beauté de Silke ne serait pas un atout sur lequel elle pourrait tant s'appuyer. Surclassée en nombre et en arme, elle devait se rendre à l'évidence : elle était cuite. L'Amazone ne pouvait que se soumettre, être conduite devant Raven, être à sa merci et finir jugée par sa plus grande rivale. Et ça n'était pas la peine de se leurrer : Raven ne ferait pas l'erreur de laisser une nouvelle chance à Silke. Sa sentence serait la mort. Une mort rapide, sans doute, c'était déjà ça de gagné.

*
**

le Démon s'était mis en quête de la rouquine sans perdre plus de temps. Il l'avait cherché de ses yeux, espérant voir se détacher d'une escarmouche un point rouge feu caractéristique, en vain. Il l'avait cherché là où le combat faisait le plus rage, veillant à ne jamais se faire engager, mais sans succès. Il avait fini par la chercher à l'odeur quand la frustration l'avait gagné, mais c'était peine perdu : sous cette forme, son odorat n'était pas si développé que ça, et vu la puanteur qui embaumait déjà les rues...
En se déplaçant de toits en toits, il réfléchissait à un moyen de la retrouver. Il passa près des diverses zones d'affrontement et remarqua de temps à autres des ruelles anormalement désertes. En forçant sur ses sens, Vaelh y repérait des petits nombres d'embusqués près à affaiblir et démoraliser les renforts qui y passait. Malin. Mais mieux valait ne pas y passer.
Bien qu'il n'était en rien prudent, il eut quand même conscience qu'il valait mieux qu'il se trouve des armes au cas où une tuile lui arriverait. Il opta pour une épée de bonne qualité trouvée sur le corps d'un chef de troupe et, vicieux, un fouet déniché dans l'établissement d'un palefrenier en proie aux flammes. L'outil semblait basique et assez peu dangereux, mais dans les mains d'une créature Démente comme Vaelh, un fouet avait tôt fait de se transformer en une arme abominable, qui en plus viendrait taquiner un adversaire qui luttait contre l'oppression qu'un tel outil pouvait représenter.

Vint un moment où, de plus en plus frustré, le Démon faillit manquer un détail crucial. De la lumière s'échappait de sous une petite porte perdue dans une rue déserte. Et par déserte, il fallait entendre que Vaelh n'y voyait même pas le moindre embusqué. Il s'arrêta net, dérapant sur les tuiles avant de se hâter de revenir en arrière. Il réfléchit à tout allure : d'abord, il ne pouvait pas y avoir d'habitants cachés ici. Ils n'auraient jamais commis l'erreur d'allumer un feu et auraient profité de l'obscurité pour mieux se dissimuler. Peu de chance que ce soit un groupe de défenseurs ou d'attaquant en train de soigner un blessé. Là aussi, ils auraient opté pour une source de lumière moins vive, peut être une bougie.
Le groupe de personne là dedans devait avoir besoin d'y voir comme il faut, pourquoi pas pour examiner un plan de la ville afin de faire un topo sur la situation pour mieux savoir où attaquer ensuite ?
Oui, un groupe du commandement des attaquants !
Le Démon rechignait certes à aller s'amuser dans les rangs des fantassins quelconques, mais les officiers... Il y avait même peut être des champions avec eux. Qui portaient sans doutes de belles pièces d'équipements qui viendraient gonfler la fortune terrestre du mâle.

Il décida de s'approcher de la porte, et de tendre l'oreille. A sa grande surprise, l'une des voix mentionna le nom de Silke. Ravi de ce tour du destin, il se hissa en silence jusqu'à l'une des fenêtres de la bâtisse pour jeter un coup d’œil entre deux volets.
Il fallut qu'il se retienne d'éclater de rire quand il vit dans quelle situation s'était fourrée l'Amazone. Bien fait pour elle ! En plus, cela allait même profiter au Démon. Il avait initiallement prévu de la retrouver pour lui faire savoir qu'il serait impossible de gagner sans invoquer les siens, mas à présent... Il allait quand même invoquer ses troupes, sans la moindre retenue, et resterait là à surveiller le groupe. Avec un peu de chance, le violent retournement de situation les feraient s'enfuir avec Silke sous le bras pour la ramener à Raven. Cela éviterait à Vaelh d'avoir à la chercher pour lui faire du mal.

Décidé, Vaelh revint au centre de la rue. D'une voix claire, il entonna un chant bref qui fit se rompre sa toile de magie, laquelle libéra de ses effets quiconque se trouva dans la zone. Ainsi, tous les humains eurent l'esprit claire lorsque la magie liée à la destruction de la trame vint se convertir dans le corps de chacune des femmes que Vaelh avait ensorcelé. Le temps sembla se figer, et les sons ne voyageaient plus que comme à travers de l'eau. Puis les âmes des malheureuses furent tout simplement effacée. Pas de paradis ni d'enfer pour elles, rien que le néant. Leur chair se changea en un amalgame de métaux précieux, avant de s'étirer dans un grincement abominable pour faire apparaître dans la ville un total de six portes chatoyantes, hautes mais peu larges. Des ouvrages splendides, dignes des plus grand maîtres inhumains. Seulement... Ces portails dégageaient quelque chose de foncièrement immonde lorsqu'on posait le regard dessus.
Ce fut pire lorsque des vortex mauves s'y ouvrirent pour vomir les troupes et les bêtes que Vaelh qualifiait de « Superbes ».
Les premiers hurlements résonnèrent dans le noir, souligné par un rire enjoué qui s'éloignait.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mercredi 28 octobre 2015, 17:00:03
Un piège. Silke n’y avait vu que du feu. Elle avait sauté à pieds joints dans un piège, tendu par Raven. Sa stratégie était superbe, et Silke n’avait honnêtement rien vu venir. Elle s’était faite avoir en beauté. Maintenant, l’Amazone était encerclée par les guerrières amazones, et entendait les hurlements de la ville. Raven venait de charger, les portes ouvertes, et ses troupes déferlaient dans la ville, fauchant les gardes, des flèches et des carreaux fusant dans tous les sens. Civils, soldats, tous étaient massacrés par les furieuses Amazones, dans un déchaînement de haine et de rage, au milieu d’incendies qui jaillissaient, les Amazones lançant des bombes incendiaires. Raven menait la charge, et ses cavaliers filèrent vers une cour centrale, et les épées frappèrent de plein fouet, déchiquetant les ennemis. La bataille faisait rage, et, encerclée, Silke comprit rapidement qu’elle n’avait aucune chance de les battre. Andréas avait tout prévu pour devenir la suzeraine de la région, une dirigeante de paille, qui serait un pantin tenu par Raven.

« Ton peuple est en train de se faire massacrer...
 -  Tu crois ? Un peuple qui n’a jamais voulu de moi. Pourquoi voudrais-je de lui ? Je suis une Amazone, j’ai un nouveau peuple !
 -  Raven n’est pas une Amazone !
 -  Oh, elle est la seule qui est fidèle à ce que vous étiez jadis... Votre peuple s’est engraissé, vous n’êtes qu’une bande de couardes. Raven veut faire revenir notre peuple, et, pour cela, nous avons besoin d’un territoire, et d’esclaves. »

Leur plan était démentiel. Ces femmes étaient folles à lier. Comment Andréas comptait-elle diriger un fort qui serait ravagé ? Toute la région était sinistrée, les cultures avaient été dévastées, les villages ravagés, et, quand cette guerre serait terminée, il n’y aurait plus rien à récupérer. Silke ne comprenait pas, mais elle se disait aussi que ce qui se passait ici n’était guère rationnel. Andréas agissait au nom de la colère et de la rage, mais ça n’enlevait rien à la situation actuelle. L’Amazone était dans une situation complexe, et voyait les tueuses tourner dangereusement autour d’elle.

Serrant les poings, elle les regarda, en se demandant pourquoi elles n’attaquaient pas encore... Et, soudain, des hurlements supplémentaires retentirent, et Silke ressentit clairement une onde magique. Andrézas tourna alors la tête, et se rapprocha de la meurtrière.

« Mais que... ?! »

Cette diversion était tout ce que Silke attendait. Son coude vint frapper la nuque d’une des tueuses, la renversant sur le sol, et elle récupéra son épée, puis bondit en arrière, venant rapidement croiser le fer avec une autre Amazone de Raven. Les lames se heurtèrent, et Silke serra les dents, puis leva son pied, et frappa la femme au ventre, la repoussant, avant de bondir à nouveau en arrière, heurtant le mur.

« Des démons ?!! » s’était exclamée Andréas.

Elle se retourna ensuite pour voir Silke et grogna.

« Tuez-là ! »

Silke serra les lèvres, s’apprêtant à un combat difficile... Puis s’élança en avant en hurlant rageusement. Sa lame heurta l’épée d’une Amazone, et elle bondit en avant, chargeant avec l’épaule. La femme profitait du fait que l’espace était ici relativement étroit, et que ses adversaires allaient plus se gêner qu’autre chose. Elle fila vers une ouverture à droite, et se retourna rapidement, parant une lame supplémentaire. Impossible de se battre, la fuite restait la seule option valable, et elle courut vers le bas, sautant le long des marches, en entendant les femmes la poursuivre. La guerrière pouvait comprendre pourquoi ; même si les gens ne l’aimaient pas, si elle venait à dire qu’Andréas était de connivence avec les Amazones, son autorité, déjà vacillante, serait encore plus faible.

La femme arriva au rez-de-chaussée, et ouvrit la porte de sortie, débarquant à même la rue... Où elle écarquilla les sourcils en voyant des vortex, des vortex d’où jaillissaient des démons, tandis que, tout autour, il y avait des flammes partout.

« Par la Déesse ! »

D’où est-ce que ces démons pouvaient bien venir ? Silke tourna la tête sur la gauche en voyant une cavalière se rapprocher rapidement. Elle bondit sur le sol, et évita de justesse son épée, qui manqua son crâne de quelques centimètres. Elle pouvait entendre les gens hurler. Les démons semblaient s’en prendre à n’importe qui, se ruant par les fenêtres, grimpant le long des murs, se recevant des volées de flèches. Les gardes se tenaient le long des remparts, désemparés face à un tel chaos, mais, dans la mesure où les démons s’en prenaient aussi aux Amazones, SIlke comprit rapidement qu’ils n’étaient pas là pour soutenir Raven... Et elle ne voyait qu’une seule personne capable de les avoir invoqués.

*Vaelh...*

Les démons n’avaient pas le droit d’invoquer les leur. C’était une violation du pacte passé avec les Anges à la suite du Grand Conflit, seul moyen de garantir l’indépendance des Plans Intermédiaires. Néanmoins, il était fréquent de violer ce plan, surtout en cas de pogrom, où sentir la présence des démons était plus difficile. Silke avait toutefois un plan, car elle était liée aux Anges.

*Oui, il y a peut-être un moyen de mettre fin à ce carnage...*

Et, tout en pensant à cela, elle regardait l’église...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le lundi 31 octobre 2016, 02:46:04
Je laisse ici un petit résumé de ce qui s'est déjà passé pour m'aider à reprendre le file.
[Silke découvre un village ravagé par la bande de Raven. Dans ce village, elle trouve Vaelh et l'aide à sortir des décombres.
Une troupe de soldat arrive. Ils tombent sur Silke et Vaelh et les escortes jusqu'au château de Beaulierre.
Silke et Vaelh sont reçus à Beaulierre. Silke expose la situation
Les deux aventuriers se voient confier une mission pour voir de quoi ils sont capables et vérifier qu'ils sont fiables : sécuriser un temple en ruine.
Découverte de réfugiés Trolls. Vaelh s'attaque a eux mais se retrouve maîtrisé. S'en suit une attaque d'Orc.
Il s'avère que comme les Trolls, les Orcs fuyaient quelque chose.
Silke et vaelh apprenne qu'une communauté de druidesses vie dans la foret. Il faut les rencontrer pour savoir si elle son alliées de Raven.
Les druidesses sont fâchées contre les humains qui consomment la fôret. Silke est conduite parmi elles pour discuter.
Les négo échoue, Silke est chassée, Vaelh reste caché. Les aventuriers savent que Raven va se présenter à un village non loin.
En s'éloignant, combat contre des monstres dans un marais.
Arrivée dans des bains naturels. Observation de la route en contre-bas -et du joli cul de Silke qui mériterait bien d'y prendre quelques coups-.
Une troupe de Raven se présente. Vaelh et Sile les suivent.
Découverte du camp dans lequel stationne Raven.
Echec de l'assassinat, rencontre d'une mystérieuse femme, une puissante mage visiblement noble : Rayla.
Raven annonce qu'elle mène l'exode des Amazone jusqu'à Hyrkania la cité légendaire.
Mention de la monarchie de la Rose et d'un complot concernant le seigneurs des araignées et son bras droit, le magicien.
Vaelh apprend que Silke fait partie d'une bande de héro dont le but est de neutraliser d'importantes menaces, comme Raven. Pour ses raison, il décide de jouer l'agent pour Rayla au dépend de Silke.
Silke et Vaelh finissent emprisonnés, mais Elenwë, alliée de Silke, les délivre.
Elenwe explique que Raven prépare le siège de Beaulierre avec ses nombreux alliés, dont des elfes, nains, druidesses...
Direction Beaulierre, rencontre avec le Hiérophante de la forteresse. Il refuse d'intervenir mais montre un passage secret a Vaelh et Silke pour entrer dans Beaulierre.
La garde de Beaulierre les fait prisonnier suite à une discutions musclée.
Ils sont finalement libéré pour être entendus par le baron.
Vaelh prépare un sortilège.
Avant le début des hostilité, bagarre de taverne à l'ancienne entre Silke et Vaelh. égalité et vaisselle cassée.
Silke s'isole avec Andrea la fille du Baron.
Début de l'infiltration des premières forces de raven.
Chaos dans beaulierre, troupes de Raven partout, démons invoqués par Vaelh]




Si le chaos régnait déjà dans les murs de la cité de pierre, alors il n'y a pas de nom pour décrire la tournure que prirent les événements.
Les monstres vomis par les vortex infernaux étaient tous plus invraisemblables les uns que les autres, chacun à leur manière. Les premiers à s'extraire furent l'équivalent de parasites et autres bestioles démoniaques qui cessèrent d'exister après n'avoir parcouru que quelques mètres. Leurs carcasses s'embrasaient, convulsaient, et étaient piétinées par des bêtes un peu plus grosses, la plupart de taille humaine.
Ces créature là étaient comme des animaux fauves, affamés, lâchés dans une arène pour tout y dévorer. Certains avaient une apparence de chiens au dos hérissés d'épines, là où d'autres évoquaient de grandes raies violacées dont les cris stridents paralysaient d'effroi leurs proies. Heureusement pour les mortels, ces bêtes infernales étaient des choses sauvages : la plupart se retrouvaient effrayée d'avoir été catapulté dans l'univers matériel et se jetaient sur ce qui leur passait sous le nez, que ce soit un humain, un de leur congénère, ou parfois leurs propres appendices. La confusion régnait plus que jamais.
Puis ce fut au tour de plus gros prédateur de s'extraire ; des créatures puissantes, intelligentes, dont la faim millénaire était canalisée par d'étranges humanoïdes en armures d'or et de cristal, dont les silhouettes graciles et les visages parfais les faisait passer pour des divinités mineures. Chaque portail libérait ainsi un flot d'horreurs, piétinées par des atrocités qui elle même était dévorées par ces monstres dressés. La pagaille se propageait à toute allure sans aucune discrimination. Défenseurs comme assaillant étaient dévoré vivant, emportés dans les ombres, démembrés, possédés, ou quelque autre destin atroce. Mais très vite, il ne resta des démons que les grandes bêtes, dirigés par ces groupes de créatures superbes en armures précieuse.

La rue dans laquelle se trouvait encore Vaelh vit passer l'un de ces groupes. A leur tête hululait une sorte de cheval haut de trois mètres, au corps beaucoup trop allongé, si fin au niveau de la jonction de la colonne et du bassin qu'on pouvait en faire le tour avec les bras. Muni de trois pattes à l'avant disposées en éventail et deux pattes à l'arrière, la chose tirait sur ses chaînes en allant de l'avant, rendue folle par son incarnation dans l'univers matériel. Son cou, constitué d'un coup extrêmement large planté en plein milieu de son corps, était coiffé d'une toute petite tête dont la gueule était similaire à celle d'un tapir avec une profusion de langues fendues. L'horreur piaillait comme un millier d'oiseau, sondant l'air avec ses langues. Elle passa à toute allure en faisant mine de vouloir déchiqueter Vaelh, avant que les deux colosses en armure précieuses ne tirent rudement sur leur chaîne.
Le groupe se constituaient de deux grands humanoïdes musclés qui tenaient les chaines du monstres. Ils était soutenus par trois autres humanoïdes de la taille de Vaelh, eux aussi en armure d'or et de cristal. Ils étaient d'une beauté incroyable, presque l'égale de celle du Démon. Leur peau se déclinait sous tout un tas de colorie : blanche, violette, rouge... On aurait pu les confondre avec des anges envoyés par les dieux, s'ils n'étaient pas associé à l'atroce montre qu'ils guidaient dans les rues, et si leurs armures n'étaient pas spécifiquement étudiées pour mettre en valeur leur anatomie de manière si perverse, comme en témoignait la profusion de seins nus et verges palpitantes et tendues.
D'une voix puissante, Vaelh leur beugla quelques chose dans sa langue infâme. Il lui répondirent en saluant, et le Démon désigna un groupe des soldats de Raven qui acevait de mettre en déroute une escouade de défenseur. La suite fut aussi brève qu'atroce : La bête fut lâchée au milieu des assaillantes. Sa seule charge en tua une, brisée sous ses sabots pointues de la bête. Une autre fut happée dans la gueule de la chose qui s'étira pour la gober toute entière, avant qu'elle ne fracasse le crâne d'une troisième. Quand aux silhouettes en armure d'or, elle firent le ménage avec leurs armes. Vaelh les suivi pour joindre ses forces à l'assaut, si bien que les femmes furent mises en déroute ! L'un des démon de Vaelh y était resté, mais il ne lui accorda pas même un regard, pas plus à ses alliés survivant qui violaient déjà des fuyardes rattrapées. Cela lui aurait plus de s'arrêter pour apprécier le spectacle de ces petites rebelles en train de hurler alors que de larges queues les labouraient jusqu'à les remplir de sperme impie ; hélas, Vaelh avait à faire.

Tel un spectre sanglant, le démon se hâtait dans les rues en quête de cibles de valeurs. Il avait perdu Silke alors qu'un groupe d'Amazones soutenues par une puissante druidesse avaient ravagés grâce à une étrange magie végétale qui avait captivé le mâle au point qu'il avait manqué de se faire tuer. Il avait réussi à s'éloigner, à l'inverse de quelques défenseurs.
Quant à ses démons... Ils commençaient à montrer des signes de faiblesse. Après tout, dans ce plan, Vaelh était diminué. De plus, il n'avait jamais parfaitement récupéré depuis l'effondrement de la maison. Ainsi, ici et là, des vortex devenaient instables. Certaines se fermaient pour se rouvrir dans des murs, dans les airs, n'importe où, en ne laissant sortir plus que des créatures difformes ; d'autres explosaient comme des bombes, ou se transformaient eux même en golem d'or et de magie qui, après quelques pas, se changeaient en poussière... Bientôt, la majorité des vortex furent fermés pour de bon. Quant aux créatures les plus faibles, elles s'enflammaient quand elles furent à court d’énergie pour continuer de s'incarner.
Les plus stables des créatures étaient les démon de Vaelh dans leurs armures, et les bêtes qu'ils maîtrisaient. Cependant, il s'agissait là de troupes hautement indisciplinées puisque ces démons, eux même divers Incubes et Succubes, en venaient parfois à se poignarder dans le dos au nom de vieilles querelles, ou juste pour le plaisir de trahir. L'assaut des forces démoniaques semblait donc éphémère, mais les dégâts qu'il avait déjà causé étaient... catastrophiques. Maisons éventrés, victimes en morceaux... Sans parler de toutes les malédictions que leur mort apporteraient à cette terre dans les décennies à venir. D'une certaine manière, cette contrée était presque déjà corrompu pour de bon. Heureusement, même si des défenseurs avaient été la cible de meurtre ou de viols de la part des démons, c'était surtout les soldats de Silke qui avaient le plus dégusté. Les forces s'étaient presque retrouvé à égalité, mais il faudrait toujours un miracle pour que la balance penche en faveur des défenseurs...


Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mardi 01 novembre 2016, 01:19:13
Quand il y avait une bataille serrée, il y avait toujours ce moment où les plans s’effondraient, où même les stratégies les plus abouties, et où toutes les hypothèses, s’effondraient. Ce moment d’incertitude, de flottement, quand les deux armées étaient en mêlée, et où toutes les cartes étaient brouillées. Un endroit de pure anarchie, hantise de tout commandant, car totalement imprévisible. Il suffisait parfois d’un rien pour qu’une bataille soit gagnée ou perdue. Et ici, en ce moment, c’était ça qui avait lieu. Le chaos le plus complet, l’anarchie totale. Vaelh avait décidé de contrecarrer l’invasion de Raven en déclenchant sa propre invasion, au mépris des conventions édictées par les Grands-Princes de l’Enfer, qui proscrivaient aux démons d’invoquer d’autres démons, suite au Grand Conflit contre les Anges. Mais faire comprendre à Vaelh qu’il existait des règles, c’était aussi le meilleur moyen de l’inciter à les violer. Et, si les démons de Vaelh se focalisaient surtout sur les guerrières de Raven, Silke constata rapidement que beaucoup n’en firent qu’à leur tête.

Tout en se dirigeant vers l’église, elle avançait dans une ville en plein pogrom magique. Elle vit un villageois courir devant elle, sortant de sa maison en hurlant, avant qu’un démon ailé ne s’accroche en hurlant, crachant une boule de feu sur lui, le transformant en torchère dans des hurlements d’agonie. Le même démon se reçut ensuite une salve de flèches. Silke remonta une rue pavée, enjambant des marches, avant d’entendre du bruit sur sa gauche, et vit une tueuse de Raven débarquer en hurlant. Elle portait une armure légère violette, et avait noué sa longue chevelure blonde en une élégante tresse. Elle portait deux saïs, ressemblant à une kunoichi. Silke bondit sur le côté, mais l’une des armes effleura son bras gauche, faisant couler son sang, la faisant grogner.

« ’Chier... Salope !
 -  Raven me donnera un enfant quand je lui apporterai ta tête !
 -  Ne rêve pas trop, sale pute ! »

La kunoichi se rua en hurlant, particulièrement véloce. Silke banda ses muscles, et détendit son pied au bon moment, la frappant au ventre, à l’aide d’un puissant coup de pied retourné. Et, par la suite, sans guère laisser le temps à la femme de reprendre ses esprits, Silke fila vers elle, et bondit en hauteur, envoyant ainsi son pied heurter le menton de la femme, la clouant au sol. Elle tenta ensuite de l’embrocher, mais son adversaire, plus résistante que prévu, roula sur le sol, évitant sa lame, et, dans un hurlement rageur, tenta de l’égorger en se redressant, et en envoyant le bout tranchant de son saï vers elle. Silke vit l’arme fuser vers sa gorge, et leva sa main, heurtant le poignet de la femme, bloquant l’arme fatale à quelques centimètres de sa peau, puis lui tordit alors le poignet, enfonçant ensuite son genou contre son dos.

« T’es sacrément rapide, toi, bordel...
 -  Et t’as encore... Rien vu, sale pute... ! »

Silke la sentait encore se débattre, utilisant son autre main pour agripper son saï. L’Amazone força alors sur son poignet endolori, la faisant encore geindre de douleur. Hélas, elle ne put guère savourer longtemps sa victoire, car elle perçut des tremblements sur sa droite, de profonds grondements s’échappant d’une maison... Elle tourna la tête, et écarquilla les yeux en voyant les fenêtres et la porte d’entrée exploser, libérant passage à d’épaisses racines, énormes, recouvertes de ronces, formant comme des tentacules marrons mortels.

Les druidesses de Raven déployaient leur magie, et Silke bondit à nouveau sur le sol, fit une roulade, évitant les tentacules, qui pourfendirent la kunoichi sans hésitation, les ronces s’enfonçant profondément dans sa chair en la faisant hurler de douleur, son corps émettant de sinistres craquements quand ses os furent brisés. Toutefois, Silke était déjà en train de courir, rejoignant la place centrale, devant l’église, où une importante escarmouche avait lieu.

Elle vit deux démons verts ailés, des gobelins infernaux, saisir par leurs serres des gardes aux épaules, les soulevant, et, tout en hurlant malicieusement, les empalèrent sur l’épaisse grille en fer forgé entourant la grande église. Des arbalétriers désemparés formaient un cercle défensif, protégé par des hallebardiers et des spadassins, qui voyaient, avec effroi, des monstres s’approcher, à savoir des wyverns (http://img104.xooimage.com/files/3/1/5/wyvern-452a344.jpg) accompagnant un redoutable Tréant (http://orig15.deviantart.net/afed/f/2006/339/e/9/ds__monsters___treant_by_willowwisp.jpg).

*Rejoindre l’église ne va pas être si simple...*

Les gardes se battaient avec la rage du désespoir, car beaucoup de civils s’étaient réfugiés dans cette grande église. Il était donc normal que Raven envoie ses troupes dessus. Silke se rapprocha donc, et laissa une wyvern la charger. Et, au dernier moment, et comme à son habitude, elle fit une pirouette sur le côté, évitant la gueule du monstre, mais aussi son aile, les griffes raclant ses fesses, dans une posture qui était, en un certain sens, assez sensuelle... Puis Silke abattit sa lame, et fendilla l’aile du monstre, le faisant hurler. Il se retourna rapidement, furieux, et se reçut un coup de pied à la tête, le déstabilisant suffisamment pour permettre à Silke de le décapiter.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le jeudi 03 novembre 2016, 02:16:37
Le ciel était noir de nuit ; malgré ça, les rues de Beaulierre étaient saturées des violentes lueurs des flammes, ou de l'éclats maladif des vortex mauves. Et dans ce jour artificiel, des blessés et des morts partout. Le chaos régnait, et semblait ne jamais vouloir faiblir. Raven avait envoyé la totalité de son armée ou presque sur cette seule cité, et malgré les pertes, elle n'en démordait pas. Pourquoi ? D'après Vaelh, l'avantage stratégique d'un tel endroit était certes conséquent, mais de là à sacrifier toute une armée... S'il avait été dans le cas de Raven, il n'aurait jamais envoyé à la boucherie autant de troupes juste pour un avantage stratégique. En revanche, s'il avait été question de récupérer quelque trésor, ou une artefact...

Au moment où le Démon formulait cette pensée, il déboulait déjà sur la place de l'église. La confusion qui y régnait était telle que si les troupes de Raven n'avaient pas été que composées de femmes, faire la différence entre assaillait et défenseurs aurait été compliqué ! Mais au milieu de tout ça, le démon repéra une note rouge feu. L'amazone était là bas, aux prises avec une créatures écailleuses. D'emblée, la nature du mâle lui donna envie de jouer quelque mauvais tour en plein milieu de la mêlée, seulement, il parvint à se focaliser. Du coin de l’œil, il repéra des éclats dorés : trois de ses semblables ayant survécu à divers petits combats étaient parvenus jusqu'ici. Le plus massif d'entre eux beugla un salut à son maître dans sa langue abominable, avant de se ruer sur la place de l'église pour y trancher dans le tas. Enjoué, Vaelh décida de leur enjoindre le pas. Grosse erreur : dès qu'il approcha trop près de l'église, une terrible sensation de malaise s’abattit sur lui, accompagné par une douleur si vive et particulière que même un hédoniste dans son genre ne parvint pas à l'apprécier.

Il s'avère que dès la construction de l'édifices religieux, les prêtres ont fait un gros efforts de sanctification. Le charme s'est plus ou moins estompé avec le temps, mais il demeurait assez puissant pour tenir en respect une créature du calibre de Vaelh. L'aura bénie de l'église lui tomba sur les épaule comme une chape de plomb, sapant sa force et enflammant son âme. Le grondement qu'il laissa échapper n'avait rien d'humain, et le voilà forcé de reculer, incapable de venir à moins d'une trentaine de mètre du bâtiments.
Au delà de la peine physique qu'il éprouve, l'aura sainte affectait grandement l'emprise de Vaelh sur sa propre magie. Tous ses vortex d'invocations devinrent instables ; les uns se fermèrent, d'autre s'élargirent, d'autres explosèrent tout simplement... Nombreuses sont les troupes du démon qui subirent un rude contrecoup, comme ses trois soldats qui battirent en retraite en hurlant pour s'éloigner de l'église, comme s'ils avaient vue la chose la plus terrifiante de leur vie.

La puissance de l'aura de l'église fit l'effet du gifle au démon et le contraignit à un bref éclair de lucidité : les défenseurs mortels étaient submergés, les forces démoniaques de Vaelh se faisaient de plus en plus rares...
-Beaulierre est déjà tombée, grogne-t-il.
D'abord incrédule, le Démon enragea dans la seconde qui suivit. Il se rua dans la mêlées quelques instants, parvenant à supporter la sainte aura de l'église assez longtemps pour assassiner deux des soldats de Raven en réduisant leur corps à l'état de ruines sanglantes. Mais très vite, il fut contraint de reculer encore et encore. Il n'avait plus la force d'approcher pour prévenir Silke, ni même la volonté de regarder dans la direction de l'église. Il hurla de frustration, mais se rendit vite compte qu'au fond... La chute de la cité ne pourrait pas handicaper ses projets.
Il était temps de s'éclipser. Mais avant de filer, Vaelh parvint à rattraper son compère géant en déroute. personne n'entendit ce qu'il pu lui dire, mais il devait très certainement s'agir de terribles menaces puisque, malgré son aversion pour l'église, le tas de muscle à la peau mauve pâle fit immédiatement demi-tour pour tenter de lancer sa lourde chaîne autour de Silke, histoire de la tirer en dehors de la mêlée. L'arme démoniaque, qu'on ne croyait faite que d'or, émet un piaillement strident en entrant dans le périmètre du temple. Ainsi, à condition d'être alerte, l'Amazone avait toutes les chances de l'éviter, et de rester à combattre ici pour une cause perdue. Quelle que fut sa décision, Vaelh mettait déjà les voiles en direction d'un lieu sûr, loin d'ici.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le dimanche 06 novembre 2016, 16:28:23
Tout édifice religieux n’était pas forcément saint. La sainteté d’un lieu nécessitait un rituel, une sanctification, afin de bénéficier des protections divines du lieu de culte. Silke sentit rapidement que cette église était sainte. Les démons hésitaient à y entrer, et balançaient des cadavres autour, recouvrant les murs de l’église de sang, comme pour la salir, et pour tuer cette odeur de sainteté qui les heurtait en leur chair. Néanmoins, si les sortilèges magiques pouvaient retenir les démons, les humains, eux, y étaient totalement insensibles. De plus, à l’intérieur, les prêtes communiaient, accompagnés des citoyens de Beaulierre, essentiellement des femmes et des enfants. Un chant religieux, une mélopée dont on pouvait parfois saisir certaines sonorités, au milieu du capharnaüm monstrueux de la chair qui éclatait, des hurlements des moribonds, des corps qu’on broyait, et des bruits de la bataille.

Paniqués, incontrôlables, les démons fuyaient, ou devenaient hystériques. Silke en égorgea ainsi un. Véritable furie guerrière, son corps était recouverte de sang, tandis qu’elle ne semblait faire qu’un avec la bataille. Une pure Amazone, qui avait l’air d’être aussi à l’aise dans ce champ de bataille qu’une danseuse sur sa piste. Elle croisa le fer avec une autre Amazone de Raven, et tournoya sur place, cherchant à la pourfendre de côté. Habile, son adversaire esquiva, et une autre jaillit alors, tentant de l’empaler avec une lance. Silke esquiva, de justesse, la lance venant lui ouvrir la joue, et elle hurla d erage, frappant le dos de son ennemie avec le pommeau de son épée, l’étalant sur le sol.

*L’église, je ne peux plus attendre...*

Elle tenta de se défaire des ennemis quand une chaîne la saisit à la cheville, et la tira sur le sol.

« Urf... !! »

Surprise, l’Amazone sentit son corps filer vers l’arrière, et enfonça ses doigts dans une interstice,  se retenant, puis frappa la chaîne avec son épée, la faisant sauter. Elle se releva alors, et courut rapidement, enjamba une protection sommaire faite devant l’église, constituée de meubles empilés les uns sur les autres, et grimpa le perron, se rapprochant de la porte... Jusqu’à ce qu’une flèche ne l’atteigne dans le dos, l’étalant sur les marches dans un juron. La flèche l’avait transpercé, et Silke cracha du sang, gémissant, avant de se relever, rampant misérablement, tâtonnant, pour se recevoir une deuxième flèche, dans la jambe.

« Aaaargh... »

La douleur éclatait en elle, s’immisçant dans tous ses pores. Elle respirait lourdement, mais était contre la porte, et, d’une main, appuya sur la poignée.

Close.

Évidemment.

Silke soupira encore, tournant son regard vers la scène de bataille. Un arbalétrier de Beaulierre venait de recevoir une nouvelle flèche, s’écroulant au bas des marches, son regard vide fixant le ciel rouge. Silke, quant à elle, sentait le goût du sang, son sang, filer le long de ses lèvres. Contre la porte de l’église, elle récupéra alors son talisman, cet objet que Knaël lui avait jadis remise, et le brandit, son sang recouvrant ce dernier. Elle avait espéré que le caractère sain de ce dernier renforcerait sa prière.

« I... Ira... Viens... »

Elle ne put en dire plus, mais ce fut suffisant.

Quelque part, dans le ciel, le tonnerre se mit à gronder. Les démons s’arrêtèrent alors tous de bouger, car, en leur for intérieur, ils les sentirent venir. Le temps sembla se suspendre, tandis qu’un autre tonnerre retentit... Puis des rayons de lumière percèrent les nuages, éclairant la nuit par leur lueur incandescente.

Et, depuis le ciel, de multiples traits lumineux jaillirent, et frappèrent la place, provoquant quantité d’explosions lumineuses, vaporisant les monstres et les démons pris dessous.

Silke sentit alors une forte chaleur la traverser, et, quand elle rouvrit les yeux, elle la vit. Surplombant la scène, avec ses ailes déployées, elle brillait comme une flamme au milieu de la nuit, surplombant la scène, dardant l’assemblée de son regard étincelant. Des démons invoqués par un autre démon, un lieu saint qui était attaqué... Il y avait théoriquement assez pour que la Milice se déplace, mais, à l’idée de déclencher l’arrivée de Légions, la Milice savait qu’il était inutile de se déplacer.

En l’état, Iranaël (http://orig00.deviantart.net/1a77/f/2013/223/9/e/9e662a13e5b7fc7b2cecdd94ec89abc1-d6hn9eu.png), l’Ange du Jugement, était amplement suffisante.

« Démons ! Vous n’avez rien à faire dans ce plan ! Votre présence constitue une violation du Pacte ! Et vous, humains ! Vous avez versé le sang sur un lieu saint ! Moi, Iranaël, Ange du Jugement, vous juge... Et vous déclare coupables ! »

Les yeux de l’Ange étincelèrent encore. Plus hardi que les autres, un démon sortit de sa torpeur, et ouvrit la gueule, balançant une boule de feu vers Iranaël. Cette dernière tourna son regard vers la main, et tendit sa main. La boule de feu se désagrégea en plein vol, et, dans la seconde qui suivit, Iranaël s’élança vers lui, fusant à la vitesse de la lumière, et transperça le démon, atterrissant derrière lui, laissant un trou béant dans son ventre.

Puis les autres attaquèrent alors, en hurlant furieusement.

La bataille venait d’atteindre un tournant inattendu. Silke avait appelé ses renforts.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mercredi 09 novembre 2016, 21:51:54
Vaelh, alors qu'il s'éloignait, accorda un dernier regard méprisant à l'amazone qui laissa filer sa chance de s'en tirer entière. Tant pis pour elle. Après tout, le démon s'en fichait, mais il était quand même bien embêté parce qu'il savait que ce sera plus difficile de s'amuser si elle n'était plus là.
Et tout à coup survint un retournement de situation des plus théâtrale comme Vaelh les aime : l'Ange du jugement débarqua. Les créatures de grande puissance ou de grand renom sont légions, aux enfers comme au paradis. Ainsi, seul les plus notables d'entre ces êtres sont vraiment connus par le camps opposé. L'Ange du jugement est l'un de ceux là. Le mâle était si étonné que, pour le coup, il s'arrêta et dévisagea Silke d'où il est. Qu'une pauvre mortelle comme elle puisse invoquer un allié de cette puissance était tout simplement inattendu. Bien sûr, les démons de Vaelh ne pouvait pas lutter. Leur rage les poussaient quand même à tenter le coup, en vain.
Peu après l'apparition de l'ange, cet affreuse sensation qu’émettait l'église s'en trouve renforcée. Vaelh est blessé jusqu'au fond de son être, mais cette fois, il ne recule pas davantage à l'inverse des quelques démons encore autour de lui. La vue d'un ange le faisait enrager, le frustre au-delà de toutes mesure. Il ne supportait pas que quelque chose ou quelqu'un puisse le faire de l'ombre, surtout pas un créature céleste. Hélas, Vaelh n'a pas encore tout à fait récupéré de son accident à l'auberge écroulée, ni n'avait accès à toute sa puissance puisqu'il s'est incarné chez les mortels. Pour l'heure, il ne pouvait pas engager le combat ; ce serait du suicide, et le démon comptait bien rester en vie pour s'amuser encore un peu. C'est alors que le gros des troupes de Raven, après avoir renversé la majorité des défenseurs, arrivèrent sur la place de l'église. La vue d'un ange en fit douter plus d'une, mais, derrière leurs lignes, une menaçante silhouette féminine se profilait.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 10 novembre 2016, 15:12:06
Les Démons et les Anges étaient deux peuples de même puissance, mais cette dernière s’exprimait différemment. Les démons, en effet, avaient l’avantage du nombre, alors que les anges, moins nombreux qu’eux, étaient plus puissants. Oh, il existait des démons au moins aussi puissants que les anges, et même des Archanges, comme les Princes infernaux, mais il fallait bien admettre que, de manière générale, la grande majorité des démons n’étaient que de la chair à canon pour les anges. Si les anges n’avaient pas pu vaincre les démons, c’était parce que ces derniers étaient légion, innombrables. Mais, face aux démons de Vaelh, Iranaël représentait un poids solide, dont la présence immaculée avait surpris les démons, avant que ces derniers ne réagissent. Plusieurs gobelins ailés se ruèrent vers elle en hurlant, et Iranaël leva la main, envoyant une lame d’énergie qui fendilla l’air, et découpa les gobelins ailés.

La bataille venait de s’inverser, et même les soldats, comme s’ils étaient ragaillardis par l’arrivée d’Iranaël, poussèrent des hurlements guerriers, et se ruèrent vers les Amazones de Raven et les démons de Vaelh. Au milieu du chaos, Iranaël étincelait de mille feux, fusant vers ses proies, faisant brûler l’air autour d’elle, enflammant les démons et les Amazones qui avaient le malheur de rester trop près d’elle. Un démon lui balança une boule de feu, qui explosa dans le dos de la femme. Furieuse, Iranaël se retourna, et s’élança vers l’ennemi, passant entre les combattants, à la vitesse de la lumière, et le décapita sur place, en faisant sortir sa longue épée, Justicia.

Le long de la lame de Justicia, des éclairs argentés remontaient le long de cette dernière, indiquant que l’épée magique était en train de se charger. Cependant, Silke nota rapidement qu’il n’y avait aucun autre Ange venant aider Iranaël, signe évident que la Milice avait choisi de ne pas agir, de telle sorte qu’Iranaël agissait seule. Et, tandis qu’elle se battait, les soldats blessés ou moribonds sentaient leurs forces revenir. Elle ne pouvait pas ressusciter les morts, mais son aura de bénédiction emplissait la zone, inversant le cours fatidique de la bataille. Pour autant, était-il toujours possible de gagner ? Silke savait combien Iranaël était puissante, mais la bataille lui semblait toujours autant désespérée.

De plus, si Vaelh avait voulu arranger les choses en invoquant des démons, la présence d’une Ange avait finalement énervé ces derniers, qui se focalisaient presque exclusivement sur elle. Son épée trancha le bras d’un puissant démon tentant de l’attaquer, mais un gobelin ailé, profitant de ce combat, l’attaqua au visage, la griffant avec ses serres, tandis qu’un autre puissant démon rouge cornu ouvrit la gueule, et envoya une épaisse langue de feu, qui frappa l’Ange dans le dos, la renversant.

*Merde !*

Silke venait de plonger à nouveau dans la bataille, et prit appui sur la barricade improvisée devant l’entrée de l’église, s’en servant pour bondir dans les airs, tenant son épée à deux mains, et la planta dans le crâne d’un immense démon rouge, l’épée ressortant de l’autre côté par la bouche. Elle récupéra sa lame, et fondit vers un Tréant qui s’en prenait à elle, évitant ses puissants bras en glissant sur le sol. Elle arriva dans son dos, et vit plusieurs flèches enflammées atteindre le tronc du Tréant, cherchant à l’enflammer. Sans attendre plus longtemps, Silke trancha l’une des racines du Tréant avec son épée, le faisant chavirer sur le sol.

Iranaël, quant à elle, secoua la tête en se relevant, évitant les puissants bras d’un démon à quatre bras, qui abattit deux de ses poings sur le sol. Cependant, une troisième main saisit l’Ange à la cheville, et il tournoya sur place, avant de la balancer dans une proche maison, et accompagna cela par quatre puissantes boules de feu, qui firent exploser la maison, la transformant en une épaisse torchère.

« WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGHHHHH !! » hurla le démon.

Au milieu des flammes, et des planches de bois qui s’écroulaient sur le sol, Iranaël sortit alors, et se rua vers le démon à la vitesse de la lumière, le frappant au torse avec son genou, le repoussant. Elle poussa un hurlement guerrier en agrippant Justicia, et tournoya sur place, cherchant à abattre la lame sur le démon... Qui se protégea à l’aide d’un bouclier. L’épée heurta cette magie, vibra pendant quelques secondes, puis l’explosa, offrant juste le temps au massif, mais non moins véloce, ennemi, de se reculer prudemment, la lame entaillant sa peau sur quelques centimètres.

Pendant ce temps, les renforts de Raven se rapprochaient, avec Raven en personne. Elle serra les dents en voyant une Ange se battre.

« C’est une Ange...
 -  Mais... Notre cause n’est-elle pas sacrée ?
 -  Fermez-là, pauvres idiotes ! Les Anges ont créé l’Ordre Immaculé, que pensiez-vous ? Ils ne veulent pas notre émancipation, mais notre soumission à leur autorité ! Vous êtes des Amazones, ces créatures mythologiques n’ont pas de quoi vous effrayer ! Il est temps d’en finir ! »

Le ton guerrier de Raven sembla rassurer les Amazones, et Raven se rua dans la bataille, en hurlant rageusement.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 15 novembre 2016, 00:57:56
Ah, Raven. Malgré le boucan, l'odieux Incube pouvait reconnaître sa voix. Et puis, cette dernière ne faisait pas dans la dentelle avec ses hurlements rageurs.
Véritable opportuniste, alors qu'il voyait la tournure que prenais la bataille, le Démon fit demi tour. Il fut forcé de lutter pour ne pas s'écorcher le visage d’inconfort sous l'immonde influence divine de l'ange. Bien sûr, le mâle veille à ne pas se jeter sur ses ennemis comme un gros bourrin sans cervelle ; il sélectionnait ses cibles parmi les Amazones isolées, en mauvaise posture ou déjà blessées. Mais ce menu-fretin ne l'intéressait guère. Ce qu'il voulait, c'est Raven.
L'approcher se révéla très, très compliqué. Vaelh doit veiller à ne pas trucider toutes les Amazones qui lui tombent sous la main, de crainte à ce que l'assaut de Raven faiblisse, ce qui… Ne servirait pas ses intérêts. Toutes les épargner était aussi exclu, puisqu'il devait conserver les apparences. En fait, le Démon se rendit compte qu'il était présentement dans un impasse bien dérangeante. Tant pis : le Démon trouva alors une autre brèche à exploiter, qui pourrait avoir un impacte crucial sur la bataille. En effet, l'imposant démon qui luttait contre l'ange était le représentant d'une espèce dont l'une des caractéristiques était la capacité à s'incarner dans le monde matériel sans problème, même là où les perturbations était les plus puissantes. La preuve : malgré la proximité avec l'ange, l'affreuse créature ne cédait pas à la panique ni ne se consumait spontanément. Si ces monstres étaient capables de telles prouesses c'est que, lors de leur incarnations, une portion d'espace infernal les suivait, formant une atmosphère invisible autour d'eux qui leur permettait d'évoluer comme dans leur monde d'origine.
Grâce à ses yeux démoniaques, Vaelh perçut immédiatement la bulle d'enfer et s'y rua en serrant les dents, tandis qu'il souffrait sur le trajet. Une fois à l'intérieur, dans le dos du monstre, il dut repousser une Amazone un peu trop téméraire qui, d'orgueil, pensait qu'elle pouvait le prendre de vitesse. Un vicieux coup de pied lui retourna le genoux et la poussa à y réfléchir à deux fois.  Alors, dans sa vilaine langue, le Démon ordonne à l'imposante créature de continuer de faire attention à l'ange, mais lui souffla de se décaler jusque devant les portes de l'église. A présent, si l'ange voulait vraiment y aller à fond, elle briserais les portes du temples et tous les citoyens seraient bon pour un massacre. Et si elle n'approchait pas, l'imposante créature pourrait défoncer les portes et se repaître  des innocents à l'intérieur pour se renforcer. Quoi qu'il arrive, l'ange allait devoir focaliser toute son attention sur ce problème si elle voulait sauver qui que ce soit...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le lundi 21 novembre 2016, 22:57:06
Comment les choses pouvaient-elles coincer à ce point? Raven ne comprenait pas. Ses guerrières étaient plus nombreuses, mieux armées, mieux entraînées. Les soldats de Beaulierre étaient désemparés, car Andreas, en qui ils avaient vu la parfaite commandante, avait choisi de les trahir, retournant une partie de la population contre eux. Depuis des mois, Andreas avait constitué, secrètement, une troupe d’élite spéciale, composée des femmes de Beaulierre. Bien sûr, toutes les femmes n’avaient pas rejoint ce groupe occulte, loin s’en faut, mais suffisamment pour déstabiliser encore davantage les défenses du fort. Ainsi, avant que Raven ne lance son attaque, Andreas avait utilisé ses troupes. Elles avaient tué leurs maris, tuant parfois des individus sans intérêt, comme un simple meunier, mais aussi d’autres personnes. Lorsque les comptes seraient faits, on réaliserait ainsi qu’une dizaine de gardes avaient été tués dans leur caserne, car le vin qu’on leur avait servi pour accompagner leur repas avait été empoisonné par une servante, une servante qui avait jadis été violée par l’un des soldats, et qui n’avait eu aucun réconfort, mais simplement des regards désapprobateurs. Raven avait tout planifié pour écrabouiller ce ridicule château, mais, contre toute attente, elle subissait bien trop de pertes.

La faute en revenait presque exclusivement à cette maudite Ange, qui avait débarqué comme un oiseau de mauvais augure, revigorant les soldats, soignant les blessés... Ainsi qu’à ces démons qui avaient surgi d’on ne sait où. Raven voulait en finir, et ses Amazones rejoignirent donc la bataille, elle-même se mêlant à la bataille avec la vitesse et la rage qu’on lui connaissait. Elle se précipita vers un spadassin, évita son épée, tournoya sur place, et le décapita violemment, en hurlant, puis repoussa son cadavre du pied, avant de se retourner, et de bloquer une autre épée avec sa dague, qu’elle tenait dans son autre main. Surpris, le guerrier face à elle eut tout juste le temps d’écarquiller les yeux avant de sentir le genou de Raven le heurter dans le ventre, lui coupant le souffle. Elle planta ensuite sa dague dans sa gorge, transperçant sa pomme d’Adam, puis le souleva, et plaqua son corps au sol, avant de récupérer son arme.

Son regard se tourna ensuite vers l’ange, qui combattait un démon massif près de la porte de l’église. Elle vit le démon, à quatre bras, abattre deux mains sur elle, et elle évita, atterrissant dans son dos, et le frappa à l’aide de son épée, entaillant sa chair. Le démon hurla de rage, et déploya alors dans son dos une longue ligne massive de côtes tranchantes, faisant tout simplement pousser ses os pour former des épines dorsales, blessant l’Ange. Sonnée, cette dernière heurta le sol, et le démon se retourna encore, puis l’écrasa avec son pied, défonçant violemment le bitume.

*Vas-y ! songeait Raven, tue cette salope, c’est tout ce qu’elle mérite !*

L’Amazone était assez remontée en ce moment, et ce n’était pas près de s’arranger. En effet, tandis qu’elle se battait, elle sentit une présence similaire, et se tourna, son épée heurtant celle de Silke.

« TOI !
 -  Nous allons en finir, Raven, ta croisade folle a fait couler trop de sang ! »

Tout d’un coup, Raven comprit qui avait invoqué cet Ange. Rayla lui avait parlé de ce groupe, mené par une Nephalem, Knäel, ce groupe qui avait sauvé Silke une fois, puis encore une seconde fois, dans son camp, et, pour la rendre encore plus furieuse, une troisième fois, ici même. Furieuse, Raven pivota sur place, et frappa avec sa lame celle de Silke, croisant le fer.

« Quand vas-tu donc te décider à CREVER ?! »

Raven hurla encore, et son pied frappa Silke au ventre, la déstabilisant en lui faisant mettre un genou à terre. Elle chercha à en profiter en se précipitant vers elle, mais Silke roula sur le côté, évitant l’épée de son ancienne sœur, qui fouetta le sol, et envoya son poing se loger dans son visage, heurtant le nez de Raven, la faisant grogner, puis enchaîna avec un impeccable coup de pied retourné, si bien tourné que, si un observateur l’avait observé à ce moment, il aurait pu voir sa vulve. Le coup frappa Raven, la repoussant encore.

De son côté, Vaelh, qui déplaçait ses pions, reçut soudain une onde de choc qui le frappa par surprise, et le souleva, l’envoyant hors de la zone, où il s’écrasa sur un toit. Couché dessus, il sentit alors, sur son torse, le bout doré d’un long bâton s’appuyer dessus, tandis que des yeux violets l’observaient. Rayla (http://img05.deviantart.net/f147/i/2014/072/8/9/if_only_they_could_see_me_now__by_nebezial-d76l3gq.jpg), aussi belle que terrifiante, avait utilisé sa magie pour l’attirer.

« Pourquoi as-tu invoqué tes congénères, fourbe créature ?! » lui demanda la puissante Comtesse.

À force de jouer sur les deux tableaux, Vaelh risquait bien de s’y brûler les doigts...
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mercredi 30 novembre 2016, 14:23:10
Alors qu'il se voyait déjà rétablir un semblant d'équilibre dans les deux camps, voilà que le mâle se retrouve désorienté. Sa vision se trouble au même moment qu'un poing de géant semble le percuter rageusement. La douleur fuse tandis qu'il n'était plus qu'un sac de membre en mouvement.
Dans un fracas de tuiles brisés, l'enveloppe mortelle du Démon s'écrasa contre une toiture déjà malmenée. Son corps, encore trop faible dans ce plan physique, accusa rudement le coup : il n'y avait plus une seule parcelle de chair qui ne hurlait pas de douleur, pas un de ses os qui n'avait pas été secoué à la limite de leur point de rupture. Le choc fut rude, de quoi laisser à l'agonie un pauvre humain ; mais Vaelh n'était pas un humain, et la douleur, il en avait fait sa compagne. Ainsi, sa tolérance innée aux maux de la chair et de l'esprit fut tout ce qui lui permit de ne pas tourner de l’œil, alors qu'il essayait de se redresser en position assise en vain.
C'est alors que ce sceptre familier vint se presser contre sa poitrine, faisant jouer ses muscles contre quelques côtes brisées. De nouveau, le mâle se retrouvait avec le souffle coupé. En grognant et en grinçant des dents, il tourna un vague regard vers la silhouette au dessus de lui, ne désirant plus que l'étrangler pour lui passer l'envie de lui infliger ça, et de lui parler sur ce ton. Heureusement pour lui, le Démon parvint à reconnaître la voix de la femme et se retint de lui cracher son venin. Ainsi, c'est avec les dents serrées qu'il lança :
-A ton avis ?! Regarde un peu ce que l'autre folle à réussit a invoquer. L'ange du jugement, rien que ça. Tu croyais que je n'étais pas au courant de ses talents et de ses liens ? Si je n'avais pas invoqué les miens, cette Ange serait en train de brûler tous tes pions. Pour l'heure, elle prend un savon des mains de ma grosse bête. Aucune de tes paysannes n'aurait pu faire ça. Leur sacrifice était nécessaire, mais maintenant que ma chair est ruinée, je vais manquer la petite fenêtre que j'aurais eu pour l'achever. Par ta faute !
Le tout sans même donner l'impression qu'il mentait à chaque mot puisque, en réalité, le Démon n'avait invoqué les siens que pour l'amour du chaos, sans savoir que Silke pouvait en appeler aux anges, sans deviner que parmi ses troupes se trouverait une bestioles aussi massive que celle là qui pourrait tenir tête à l'ange. Puis, comme tout bon menteur, Vaelh savait qu'il ne fallait pas laisser à Rayla le temps de réfléchir à ses mots, même s'il paraissaient plausibles. Il devait lui mettre la pression.
-Maintenant, tu dois te dépêcher. Soigne moi ! Soigne moi pour que je dépêche de rattraper tout ce retard que tu me fais prendre pour exécuter cette salope ailée. Le temps presse ! Si je la rate, tout ça aura été en vain et ton armée de cruche sera vaincue. VITE !
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le jeudi 01 décembre 2016, 18:48:49
Le chaos était indescriptible, mais la bataille n’opposait plus les forces de Beaulierre aux Amazones de Raven. Le conflit s’était mué en une lutte entre les démons de Vaelh et les tueuses de Raven, car la garnison de Beaulierre s’était réduite comme peau de chagrin. Au milieu de la débâcle, Silke croisait durement le fer avec son ancienne amie, qui avait perdu la raison. Son cœur saignait de voir ainsi Raven, son ancienne amie, et amante. Longtemps, elle avait vainement espéré pouvoir ramener Raven sur le droit chemin, lui faire comprendre toute la folie de son entreprise. Il était maintenant trop tard. L’Amazone avait cessé de croire en les idéaux de la Horde, les pervertissant en s’acoquinant avec des puissances sombres. Ici plus que jamais, Silke comprenait, à son grand dam, que Raven n’était qu’un rouage dans une conspiration qui la dépassait, une conspiration si énorme qu’elle avait reçu une aide céleste. Iranaël continuait à se battre contre les puissants démons, se heurtant au redoutable démon à quatre bras, qui la malmenait douloureusement.

Iranaël avait reçu le coup de pied du démon, un puissant coup qui aurait broyé n’importe quel humain, même protégé par une armure. Elle, elle cracha du sang, et déploya sa main en avant, poussant un hurlement de rage en envoyant une puissante onde de choc, qui repoussa le démon, tout en l’aveuglant, comme si un soleil miniature avait explosé dans le creux de la main de l’Ange, qui se redressa ensuite, et saisit Justicia. Sa lame flamboyait dangereusement, des éclairs striant sa surface, signe que l’arme était chargée. Iranaël pivota sur place, tournoya lentement, et enfonça l’épée dans le ventre de la créature en hurlant, puis laissa Justicia exploser. Quand son arme était chargée, elle pouvait en effet émettre un puissant rayon lumineux, qu’Iranaël pouvait concentrer en une intense explosion.

Aussi puissant soit-il, le démon ne put rien, et tout le flanc de son corps explosa violemment, faisant disparaître une bonne partie de sa chair dans une explosion d’hémoglobine, de cartilages osseux, de tendons et de nerfs. L’immonde et abjecte créature s’écroula sur le sol, détruite sur place. Iranaël soupira alors, en reprenant ses forces.

*Quelle puissante créature... songea fugacement l’Ange. Je ne m’en sortirai jamais ainsi... Il faut que je découvre quel démon les a invoqués.*

Iranaël ferma alors les yeux, et se concentra, retrouvant rapidement l’endroit où le portail était apparu, puis en analysa l’essence, afin de retrouver le démon ayant ouvert ce dernier... Et elle sentit peu à peu sa présence, et l’immobilisa au milieu de ce combat sauvage et sanguinolent.

Rayla, de son côté, observait le combat, s’attardant surtout sur la lutte entre Silke et Raven. Elle vit le coude de Raven heurter le visage de Silke, repoussant cette dernière. Silke tenta de profiter de son avantage pour attaquer avec son épée, mais l’Amazone aux cheveux roux, avec une impressionnante rapidité, évita la lame en tournoyant sur place, et envoya son genou dans le ventre de Raven. De véritables hyènes, qui se battaient autant avec leurs lames qu’avec leurs poings, bien décidées à cracher ce qu’elles avaient dans le ventre.

« Et qui te dit que je ne voulais pas qu’elle l’invoque, hum ? Tu crois que je me serais déplacée pour une simple Amazone ? Silke n’est qu’un rouage dans un engrenage... Comme Raven. Si orgueilleuses... Et si inutiles en même temps. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir qui travaille avec elle. Toi, tu viens tout fausser avec tes pitreries. Pis encore, ton acte légitime d’autant plus la présence d’Iranäel en ces lieux. Que d’autres Anges ne soient pas relèvent du miracle. N’as-tu donc jamais entendu parler du Pacte Céleste ? Ce n’est pas aux démons d’invoquer les leurs, c’est aux humains de le faire ! »

Le Pacte Céleste était quelque chose que les Anges respectaient beaucoup... Et que les Démons, du moins pour la plupart, utilisaient pour se torcher le cul. Il avait été édicté pour mettre fin à l’insoluble Grand Conflit, et consistait, pour le dire simplement, en un pacte mutuel de non-agression, interdisant aux Anges et aux Démons d’interférer dans les activités humaines. Le Pacte, néanmoins, prévoyait un certain nombre d’exceptions, car il avait été rédigé avec la finalité suprême de respecter le libre-arbitre des peuples inférieurs. Parmi ces exceptions, les humains pouvaient prier pour espérer avoir de l’aide des Anges, et, inversement, pouvaient invoquer des démons pour les faire venir sur Terre. Mais un Ange n’avait pas le droit de descendre de lui-même dans les Plans Intermédiaires, tout comme un Démon n’avait pas le droit d’invoquer les siens. Un démon violant le Pacte s’exposait, au mieux, à des sanctions venant de son supérieur, au pire, à l’arrivée des Anges.

Rayla relâcha son sceptre après sa diatribe, et tendit sa main, envoyant un sort curatif qui soigna rapidement Vaelh. Lui en voulait-elle vraiment ? Ou n’était-ce qu’une manière de lui signaler sa présence ? Elle aussi, visiblement, aimait se montrer espiègle et mystérieuse.

« Iranaël va sentir que tu as invoqué ces démons... Je suis curieuse de voir si ta langue fourchue arrivera à la convaincre de tes bonnes intentions. »

Et, sur ce, Rayla se téléporta à nouveau.

Silke, elle, continuait à croiser le fer avec Raven, du sang s’écoulant de ses lèvres.

« Il faut que cela cesse, Raven...
 -  Je vais te décapiter, et je brûlerai ton cadavre. Comme ça, je m’assurerai que tu ne reviendras pas, Silke !
 -  Mon cœur saigne, Raven, mais il ne peut en être autrement. Il faut que ta folie cesse. »

Un rictus haineux déforma les lèvres de Raven, qui chargea encore. Les lames se heurtèrent à nouveau, mais, cette fois, Silke savait que ce serait sa dernière danse avec Raven, cette femme avec laquelle elle avait voulu avoir une fille. Quelle que soit l’issue de combat, dans les deux cas, Silke savait qu’il y aura des larmes à la fin... Mais c’était à elle d’en finir avec la démence de Raven. Beaulierre était perdu, les Amazones avaient remporté ce conflit, et Andréas allait pouvoir siéger sur le trône du fort... Mais Silke stopperait Raven ce soir.

Ou elle mourrait.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le mardi 06 décembre 2016, 17:44:10
Voilà un détail auquel Vaelh ne s'était pas attendu. Il pensait avoir un coup d'avance en jouant sur plusieurs plan, alors le fait d'apprendre que cette invocation d'ange était en fait un événement que Rayla attendait le contraria au plus au point. En guise de consolation, Vaelh pouvait au moins se dire qu'il avait perturbé les plan de cette misérable sorcière. Maintenant, il devait vite réfléchir à un moyen de se tirer d'un tel mauvais pas. Pour l'heure, il se contentait de fixer cette mystérieuse femme en silence -une fois n'est pas coutume-. Au moins, le voilà soigné.
Quelques options s'offraient au Démon. Il pouvait planter une dague dans le dos de Silke, ne serait-ce que pour son bon plaisir ; il pouvait aussi s'en prendre à l'ange et, lorsque ses congénère ailés descendraient pour demander des comptes, tenter de leur mentir en leur laissant comprendre que la mort de cette catin avait évité la diffusion d'information sur leurs collaborateur, ce qui incommoderait Rayla. Ou alors, et c'était l'option la plus amusante, le Démon pouvait œuvrer de sorte à ce que les alliés de Silke et son ange lui fasse confiance ; ainsi, c'est lui qui obtiendrait les informations tant désirées, et peut être pourrait-il faire chanter Rayla pour les lui lui fournir. Ou peut être qu'il les garderait juste pour la faire enrager.
Au final, ce dans quoi le Démon s'était fourré en ne pensant qu'il ne s'agissait qu'un jeu parmi d'autres se révélait être une sacrée conspiration, avec des protagonistes assez malins pour lui donner du fil a retordre quant au choix de ses prochaines actions. Voilà qui était tout à fait plaisant, et, gourmand de nature, Vaelh voulait prolonger son plaisir le plus longtemps possible. C'est pour cela qu'il choisit d'aider Silke.
Bien qu'une vague douleur palpite encore dans ses muscles, le corps de Vaelh était de nouveau pleinement fonctionnel. Mieux : il était à présent en forme, comme reposé, sans doute grâce à la nature presque-démoniaque des pouvoir de la sorcière. Avec ce regain d'énergie, le mâle se redressa, repéra l'une de ses servantes en armure légère en train de s'enfuir loin de l'ange, et descendit du toit sur lequel il s'était écrasé pour aller lui tomber dessus. La démone, blessée, n'est pas rassurée quand elle voit son maître s'approcher. Au contraire, elle savait très bien ce qu'il allait advenir d'elle et essaya de se défendre. Vaelh se contenta de la repousser sèchement contre un mur d'un puissant coup de pied, avant de plonger son avant bras dans sa silhouette trouble. La silhouette de la créature se dissipa immédiatement en une brume rougeâtre qui se condensa en un tout petit portail, laissant apparaître l'une des lames du Démon, forgé dans un métal étranger au plan des mortels. Ce dernier tour de passe-passe acheva de déstabiliser la magie de Démon qui œuvrait encore dans la zone, fermant pour de bon tous les autres vortex, mettant fin au dégât qu'ils causaient encore, tout en rappelant aux enfers toutes les immondes créatures qui en étaient sorti, hormis ce colosse qui s'en prenait à l'ange. La bête, assez puissante pour maintenir son essence dans le monde des vivants, fut quand même affaiblie par ce changement de magie dans l'air.
C'était la bonne occasion : avant que le chaos ne se soit totalement calmé, Vaelh, qui frémit rien qu'en empoignant son épée chérie, retourna vers le gros des combats avec toute la discrétion et la rapidité dont il était capable. Les deux Amazone, Silke et Raven, était facilement repérable par la fougue dont leurs coups étaient investis. Maintenant à découvert, le Démon sprint sans plus chercher à se dissimuler, contournant chaque petit duel livré par les soldats des deux camps, évitant de justesse une pluie de pavés projetée par les coups furieux et imprécis de la grosse bête contre l'ange, avant de tenter un fourbe coup d'estoc droit dans la jambe de Raven au moment où Silke la frappait à la tête. Raven, qui para le coup de sa rivale, se retrouva a hurler de douleur quand l'acier glacé du mâle lui perça la cuisse et racla brièvement contre ses os. Le métal de la lame qui présentait de nombreuses petites dentelures sur son tranchants, causa encore plus de douleur qu'une lame de flamberge.
-Que…
Vaelh était arrivé dans leur duel avec autant de soudaineté que de surprise. Il se retira prestement pour prévenir tout coup de taille, sa lame étant plus courte que celle de Raven. Combattant sans la moindre once d'honneur, il profita de son petit bond en arrière pour ramasser une poignée de terre et de poussière qu'il lança au visage de l'autre folle, avant de réussir à lui griffer le visage d'une taille superficielle.
-Massacrons la, qu'on en finisse avec elle. Puis nous irons chasser ma bête, lança-t-il avec conviction et assurance, tant pour faire savoir que le temps pressait, mais aussi pour laisser entendre que c'était ce qu'il avait prévu. A présent, il harcelait Raven de feintes et de coups rapides en la forçant à garder ses flancs, de sorte à ce que la rouquine puisse la percer. Ce serait plus théâtrale si c'était elle qui la tuait. Mais qu'elle se décide vite, parce que le Démon n'était pas non plus du genre patient et pourrait très bien décider de lui voler sa vengeance.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le mercredi 07 décembre 2016, 23:44:00
Silke et Raven se faisaient mutuellement face, dans leur dernière danse. Les lames s’entrechoquaient, et les deux Amazones se livraient à un ultime combat. C’est ce moment que Vaerlh choisit pour venir, frappant la femme à la cuisse, la faisant hurler de douleur. Une blessure superficielle, mais qui agaça Silke, qui fronça instinctivement les sourcils, avant de regarder Vaelh. Tentant de profiter de son avantage, le démon sournois indiqua qu’il était temps de la tuer, et attrapa dans sa main du sable, la lui jetant à la figure.

« Argh ! Foutu traître, je savais que nous n’aurions pas dû te faire confiance ! »

Vaelh profita de ce moment pour se ruer vers elle, mais, même privée de vision, Raven, restait une Amazone, et, malgré sa blessure, évita les griffes tranchantes de l’Incube, et pivota sur place, cherchant à le frapper dans le dos... Mais fendilla le vide. L’Incube avait déjà bondi sur le côté, évitant l’épée, qui frappa l’air.

« Tu crois pouvoir me vaincre avec du sable, Vaelh ? Ridicule ! J’ai honte pour toi, Silke ! Obligée de te cacher derrière ce démon sournois aux dents longues... Tu fais honte à nos ancêtres ! »

Silke observait la scène sans intervenir, partagée entre plusieurs émotions. Rationnellement, elle savait que, avec l’aide de Vaelh, elle avait toutes les chances de tuer pour de bon Raven, mais... D’un autre côté, sa fierté, cette éternelle fierté, lui interdisait de s’abaisser à la tuer ainsi. Certes, Raven avait déployé sur elle toute une armée avant leur combat, mais ce n’était pas une raison. La fierté des Amazones... On leur avait tout pris, historiquement. Leur nation. Leur patrimoine. Leur fortune, leur richesse, leurs possessions, même leur liberté et leur vie, en les monnayant comme des esclaves et comme une simple valeur marchande... Mais on avait jamais retiré à une Amazone sa fierté. Jamais !

Vaelh continuait à se battre, avec un rythme différent que celui de Silke, mais Raven comprenait son style, et anticipa l’une de ses feintes. Plutôt que de le frapper avec son épée, elle envoya son coude, et ce dernier heurta le visage de Vaelh, le faisant reculer tout en lui faisant cracher du sang, le coup s’accompagnant d’un impressionnant coup de pied retourné dans la poitrine, l’envoyant se clouer au sol.

« Raven !
 -  Tu as fini de te cacher, Silke ? Tu es prête à en finir ?
 -  Je ne me cache pas... Viens, Raven. »

Et elle vint, en hurlant, tout comme Silke. Au milieu de la bataille, les deux ne firent plus qu’un, et ce combat aurait pu durer des heures, tant elles semblaient similaires. Deux hyènes, deux véritables furies. La lame de Silke repoussa celle de Raven sur la gauche,e t elle glissa dessus, venant lui donner un coup d’épaule, la déstabilisant, puis courut vers elle, et bondit en avant, rejoignant ses deux jambes en un seul point, frappant son adversaire au niveau des seins suite à ce saut périlleux et, en réalité, fort impressionnant. Après ce coup grâcieux, Silke tomba au sol, se redressa, et courut vers Raven, qui roula sur le sol, évitant son épée, puis se retourna à nouveau, et détendit son poing, frappant Silke au visage, lui faisant cracher un garrot de sang.

Raven se releva encore, en hurlant, et abattit sa lame dans un mouvement vertical puissant, du haut vers le bas, croisant encore le fer avec Silke, qui tint sa lame à deux mains, une main sur le manche, l’autre sur l’extrémité, se coupant les doigts. Raven releva son épée, et l’abattit encore rageusement, lui postillonnant à la figure. Elle repartit à nouveau, mais Silke profita de l’épée se relevant pour bondir en avant. Sa tête heurta violemment celle de Raven, laissant quelques traînées de sang. Raven tituba sur place, sonnée, et Silke, alors que des lignes de sang coulaient entre ses yeux, envoya son pied, et frappa violemment Raven à la figure.

« Argh ! »

La puissante Amazone finit à terre, et Silke la regarda, dressée, reprenant son souffle.

« Relève-toi... RELÈVE-TOI !
 -  Hnnnn... »

Elle se redressa lentement, en respirant lourdement, et essuya, du revers de sa manche, le sang qui dégoulinait de ses lèvres, avant de cracher une dent ébréchée.

« C’est très bien, Silke...
 -  Je te l’ai dit, nous en finissons maintenant, Raven.
 -  Oh ça oui ! »

Raven chargea encore, attaquant cette fois-ci par le bas, et remonta son épée, contraignant Silke à s’écarter, bondissant en arrière, puis croisa à nouveau le fer, Raven la poussant avec sa charge, et tournoya sur place, tout comme Silke. Les deux lames se heurtèrent, et les femmes s’élancèrent encore, virevoltant comme des toupies, croisant à chaque fois le fer. Elles se retrouvèrent finalement face à face, et attaquèrent, Raven en levant son épée vers le haut, Silke la tenant vers le bas. Les deux lames se rapprochèrent, il y eut un ultime choc, et l’épée de Raven « sauta », glissant entre les mains de la femme pendant que Silke avait avancé sa jambe, la déstabilisant.

Raven trébucha, et Silke l’évita, mit un pied en avant, s’en servant comme pivot, tournoya ensuite... Et frappa.

Le sang fusa, la lame se mit à rougeoyer.

Raven était vaincue, mais nul cri d’allégresse ne s’échappa des lèvres de Silke, qui mit le genou à terre, et saisit le corps de Raven contre ses bras, apposant sa tête contre la sienne.

« Ma... Ma sœur... »

Silke ne dit rien, mais sentit les larmes couler le long de ses yeux. La main de Raven, tremblotante, monta fébrilement, et caressa sa joue.

« Toi... Tu pleures ? Hmmm... Je... Je dois vraiment être sur le point de mourir... »

Raven soupira encore, fermant les yeux pendant ce qui sembla être une éternité.

« Notre fille... Héla... Tu crois qu’elle aurait été heureuse ?
 -  Pourquoi ne l’aurait-elle pas été ?
 -  Parce que... Nous ne l’avons jamais été, Silke... »

Silke ferma les yeux, et crispa ses mains contre la chevelure de Raven. Le sang ruisselait le long de son dos, et l’Amazone sentait le liquide carmin se poser sur ses genoux.

« Elle m’aime toujours, tu crois ?
 -  Notre fille t’aimera toujours... »

Silke se pencha vers elle, et l’embrassa tendrement. Raven soupira encore, sa tête basculant en arrière.

« Tu... Méfie-toi, Silke... »

Et Raven s’éteignit ensuite. Silke observa son cadavre, la tête baissée, pendant plusieurs longues secondes, et finit par murmurer quelques mots contre elle, inaudibles, tout en déposant un tendre baiser sur son front, puis la relâcha. Raven était morte, Beaulierre était perdue, et un grand vide s’était instauré dans son cœur. Silke soupira alors, et redressa la tête, puis se releva lentement. Elle tournait le dos à Vaelh, le poing serré, et tourna finalement la tête vers lui, restant de côté, ne permettant que de voir ses lèvres, qui se découpaient après sa longue chevelure.

« Iranaël va ouvrir un Portail dans l’église pour nous permettre de fuir. À vous de voir ce que vous voulez faire, Vaelh. Nous suivre... Ou rester ici. Le choix vous appartient. »
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: Vaelh le jeudi 15 décembre 2016, 13:29:10
La qualité du soin que lui avait prodigué la sorcière avait en fait été bien illusoire : la douleur recommençait à poindre dans la chair du Démon, le faisant se crisper et ralentir juste assez pour faire de lui une cible facile que Raven, escrimeuse compétente, cueillit d'un bel enchaînement. La frustration fut terrible, pire encore que la douleur, mais Vaelh demeurait à présent trop étourdit pour se redresser immédiatement. Il aurait préféré perdre une partie de son visage sous un bon coup d'épée plutôt que de se retrouver mis à l'écart de la sorte. Il n'y avait rien que le mâle détestait plus que cette ignoble sensation de ne plus être le centre de l'attention. Et pour ne rien arranger, lorsqu'il repris ses esprits, il constata que le duel était déjà terminé ; ça n'avait pas duré longtemps,  mais contrairement à ce que l'on pense, c'est souvent le cas avec les combattants entraînés.
-Hurmpf… Foutue chienne. Il marmonna quelques autres insultes dans sa langues, toutes plus abominables les unes que les autres, avant de se redresser lentement pour jauger la situation. Les maigres poches de résistance cédaient les unes après les autres sous le nombre et la fureur des troupes de leur défunte commandante -si on pouvait appeler une telle gueuse ainsi-, et la bête démoniaque de Vaelh venait de rendre l'âme quelques secondes plus tôt, son essence trop déstabilisée par les courants infernaux dans la zone ; l'ange l'avait vaincu, et s'en venait ouvrir un portail dans l'église. Pendant un temps, le Démon considéra l'idée d'y suivre Silke. Il pourrait ainsi continuer cette aventure sans attendre, rencontrer d'autres personnes avec qui jouer, et taquiner ces anges qui auraient pu le juger. Mais il aurait toujours été le pion de Rayla, et ça ne lui plaisait pas du tout. Ainsi, à contrecœur, il déclina.
-Pour l'heure, et je sais que cela va t'attrister, je décide de me focaliser sur mes propres affaires plutôt que de m'investir davantage dans ce tout petit jeu.
C'était sa manière de dire qu'à présent, il devait sérieusement réfléchir à un moyen de rattraper le coup d'avance que Rayla avait sur lui, quelle que soit la manière d'y arriver. Et cela lui éviterait d'être jugé pour ses actions par quelque autorité divine, ce qu'il n'aurait pas supporté
-Je me glisserais hors de cette ruine de ville ; ça ne sera pas compliqué, si une armée de paysannes  a pu passer dans un sens, je passerais dans l'autre. Oh, j'y pense : tu devrais emporter le corps de cette traînée. Ses troupes pourront faire d'elle leur martyr si elle trouvent leur corps. Sans preuve de sa mort, ce sera plus compliqué, et il faudra croire les témoins de son décès sur parole.
Il écarta les bras sans s'incliner pour saluer, comme pour embrasser sa propre majesté.
-On se retrouvera. Ou plutôt, je te retrouverais.
Et il s'éloigna.
Titre: Re : Traque [Vaelh]
Posté par: La Quête le vendredi 16 décembre 2016, 00:35:38
L’attrister ? Pas sûr. La surprendre ? Encore moins. Elle ne se faisait aucune illusion sur la « loyauté » du démon. Un démon ne se soumettait qu’à celui qui menaçait de le tuer. Silke connaissait les règles infernales. On ne se soumet qu’à son supérieur jusqu’à avoir l’occasion de le tuer. Elle aurait en réalité été surprise de voir Vaelh décider de les suivre. Il avait placé ses pions dans ce jeu, invoquant ses démons, mais, maintenant, la bataille était finie. Raven était morte, mais ses Amazones lui survivraient. Silke aurait emmené sa dépouille, mais, si la Déesse-mère les avait laissé pleurer, le cours naturel du temps avait désormais repris son cours. Les Amazones de Raven, en voyant leur reine à terre, avaient oublié le code d’honneur des Amazones, cédant aux sirènes de la guerre, et s’étaient ruées vers elle. Iranaël avait dû les repousser, laissant le temps à Silke de se retourner vers Vaelh.

Le plus surprenant, le concernant, c’était que, même après avoir mené ce voyage ensemble, elle était toujours bien incapable de dire ce qu’il voulait. Quel était son plan ? Son objectif ? Il avait trahi Silke à plusieurs reprises, tout en l’aidant également dans la foulée. Il avait autant été d’une aide précieuse qu’un traître ayant mis à mal ses plans. En définitive, elle était donc bien incapable d’avoir un avis définitif et tranché sur lui, ce qui était agaçant... Et relativement frustrant.

Vaelh lui suggéra de récupérer la dépouille de Raven, la qualifiant au passage de « traînée », mais Silke ne lui en fit pas la remarque.

*La récupérer...*

Elle en avait envie, mais... Eh bien, c’était plus facile à dire qu’à faire, en réalité. Non seulement elle allait devoir guerroyer contre les autres Amazones, mais, avec son armure, le corps de Raven était plutôt lourd. Or, la jeune femme se reposait essentiellement sur son agilité et sur sa dextérité pour se battre. Certes, les Amazones de Raven utiliseraient son cadavre comme message, mais... Malheureusement, Silke ne pouvait pas la récupérer.

*Pas maintenant, en tout cas...*

Vaelh partit ensuite, et Silke soupira finalement.

« Je n’en doute pas. »

Elle se retourna ensuite, et rejoignit Iranaël. Les derniers gardes se réfugièrent dans l’église, tandis que les démons partaient, eux aussi. Fort heureusement, la mort de Raven déstabilisa un peu ses subalternes, offrant ainsi aux derniers soldats de Beaulierre le temps de se replier. La porte d’entrée fut rapidement barricadée, mais, rapidement, de puissants coups résonnèrent derrière. Silke débarqua dans la nef, et vit de multiples gens. Des hommes âgés, des femmes, des enfants.

Paniqués, ils étaient au bord de la rupture nerveuse, lorsqu’Iranaël s’avança.

« Je vais ouvrir un Portail à l’autel, qui vous à la plus proche cathédrale ! Là, vous pourrez y demander asile ! »

Iranaël rejoignit ensuite l’autel. L’évêque de Beaulierre cligna des yeux, puis se mit à genoux.

« Ô Sauveuse, je prie vos louanges, et vous remercie de votre piété, et de...
 -  Ça va, économise ta salive pour plus tard ! Dis plutôt aux gens de se réunir, nous n’avons plus beaucoup de temps ! »

La porte d’entrée était en train de vaciller, de se fissurer. Dehors, les Amazones, en voyant le corps de Raven, étaient passées de la stupeur à la rage, et fracassaient violemment cette dernière, donnant de puissants coups dessus. Silke ordonna aux gardes de s’éloigner, et les derniers arbalétriers en place se positionnèrent. Quand une latte explosa, un carreau fusa, et transperça l’Amazone située derrière.

Iranaël répétait sa mélopée, formant autour d’elle un glyphe, un sceau magique très puissant, générant petit à petit un Portail doré.

*Allez, allez, dépêche-toi !*

L’Ange de la Justice se pressa davantage, relevant et abaissant les mains, les rejoignit, puis les étira à nouveau, et le vortex se stabilisa, puis émit un nouveau sifflement, avant de s’ouvrir.

« Allez ! Allez, vite, dépêchez-vous ! »

Les civils se ruèrent, et la porte explosa brusquement, suite à un déluge de boules de feu. L’incendie commença à se répandre, et, au milieu des flammes, les Amazones firent irruption, hurlant rageusement. Plusieurs javelots fusèrent, et transpercèrent quelques gardes malheureux.

« Repliez-vous ! Allez, vite, fuyez !
 -  Pour Raven !
 -  Mort à la Tueuse ! Mort à la Traîtresse ! »

Silke fut la dernière à fuir, croisant une ultime fois le fer sur l’autel. Elle para une lame, et son pied heurta le visage d’une ennemie, la repoussant sur les autres, puis elle bondit dans le vortex, et atterrit ailleurs, pour voir le Portail se refermer dans un sifflement aigu, les plongeant tous dans le silence.

Ça y est, c’était fini...

Et Silke sombra finalement dans l’inconscience.




La cathédrale de Ravnica (http://img110.xooimage.com/files/f/4/6/ravnica-51265d3.jpg) était une épaisse structure, à la hauteur de cette puissante ville, en ébullition depuis l’attaque sur Beaulierre. C’était la capitale du royaume, tout simplement, et, depuis que la nouvelle du duché de Beaulierre était tombée, le Roi avait convoqué les États généraux, afin de discuter d’un éventuel ost. Discuter, oui, car, officiellement, Beaulierre appartenait toujours à une Beaulierre, Andreas. Et cette dernière avait affirmé, dans une missive, ne pas vouloir la guerre, mais avoir tué son père, accusant ce dernier d’être un traître, qui menait sa propre politique, et, surtout, outrepassait ses droits seigneuriaux, notamment en organisant une double taxation sur les sujets, et autres frivolités.

Silke, elle, avait longuement expliqué ce qu’elle avait vu, mais était encore trop fatiguée pour partir... Une fatigue qui n’était pas que physique, mais aussi mentale. Raven était morte. Elle avait tué sa redoutable ennemie, mais sa mort n’avait provoqué nulle euphorie en elle, mais un sentiment constant de souffrance. Aujourd’hui, elle était dans un endroit isolé de la vaste cathédrale. Le Roi avait décidé de faire d’elle une invitée d’honneur, là où la moitié de sa cour avait suggéré de la pendre, et l’autre moitié de la jeter hors des murs de Ravnica. Ce qui avait convaincu le Roi de lui réserver des égards n’était rien de plus qu’une providence toute particulière, quand un corbeau était arrivé, émanant de la Reine des Amazones, Andromaque, et indiquant que la Horde venait récupérer Silke, et que, si jamais il lui était fait le moindre mal, la Horde déferlerait sur Ravnica. Avec la menace d’une guerre civile qui déchirerait son royaume, et l’exposerait aux prétentions des Ashnardiens, le Roi avait donc choisi de s’éviter un problème supplémentaire.

La jeune femme, nue, se coucha dans l’eau chaude d’une grande baignoire, éclairée par une série de bougies autour de lui. L’eau chaude, presque bouillonnante, émettait une agréable fumée, et elle émit un soupir de plaisir en se plongeant dedans, espérant ainsi oublier tous les évènements... Au final, après tout ce qui avait eu lieu, Silke n’était pas sûre de comprendre ce qui s’était passé, ni d’avoir compris les motivations de Vaelh, ou de Raven. Il lui arrivait encore de repenser fugacement à cet Incube, et, en ce moment, ce fut d’ailleurs le cas. Pour sortir de sa morosité ambiante, son esprit échafaudait dans un recoin de sa tête une échappatoire... Et elle prit la forme de ce démon facétieux et joueur, traître et cruel, mais qui avait également su se montrer brave et fort.

*Avec la mort de Raven, il est maintenant le seul être au monde  dont j’ignore ce que je désire le plus : le tuer, ou lui faire l’amour...*