Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Les terres sauvages => Discussion démarrée par: Lemme le dimanche 15 juin 2014, 00:48:46

Titre: La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le dimanche 15 juin 2014, 00:48:46
« Le cénoscope à variations cryptomanciques indique à présent un potentiel d'apofugie de deux degrés supérieur. C'est bien mieux que tout ce que nous avons observé jusqu'ici Sophomyn ! Je vais continuer à suivre la piste. Prochaine transmission dans dix heures. »

Le thylacine rangea la grosse gemme verte qu'il tenait encore en main dans son sac. Au fur et à mesure qu'il avait parlé, celle-ci avait perdu un peu d'éclat, et était devenue plus terne. La pierre était son seul moyen de communication avec le monde civilisé : un dispositif magique qui permettait de transmettre des paroles à un joyaux semblable. Ce jumeau était situé à une centaine de kilomètres de là, dans la tour d'un mage nommé Sophomyn Gilbroltin.

L'illustre sorcier humain était devenu en quelques semaines un ami pour le terranide, mais également un inestimable collègue de travail. Tous deux possédaient une approche très différente des enchantements, ce qui les rendait complémentaires. Surtout, le mage sortait rarement de sa tour, alors qu'à l'inverse, l'ingénieur avait le goût de l'aventure. Il était ainsi toujours partant pour se rendre directement sur les lieux où des phénomènes mystiques non-identifiés avaient été détectés. Les mesures qu'il ramenait avec lui étaient capitales pour certains travaux… ou simplement pour assouvir la curiosité des deux chercheurs.

Ces expéditions amenaient parfois le jeune homme dans des territoires désolés : c'était le cas cette fois là encore. Jamais Lemme n'aurait pensé aller de lui-même dans un tel endroit. Il avait quitté les plaines sèches de Locmirail et bifurqué vers le nord, dépassant Nexus toujours en l'évitant soigneusement. La capitale des humains était beaucoup trop dangereuse, il avait la sagesse de le savoir, pour un terranide aussi candide que lui. Il tenait suffisamment à sa liberté pour ne pas s'y risquer. Il était après plusieurs jours de voyage à dos de trotteur, arrivé dans un lieu nommé la Grande Brasse.

Il était déjà étonnant en soi que quelqu'un ait pris la peine de nommer un tel paysage. Cette fois, ni le soleil, ni la sécheresse n'étaient à craindre… c'était bien tout le contraire. En cette saison, la température était d'environ 6°C le jour, et les averses violentes étaient fréquentes. La Grande Brasse était un marécage froid, une étendue grise trouée de milliers de flaques d'eaux. Il fallait soigneusement éviter ces dernières ; il n'y avait rien de plus désagréable qu'un pied s'enfonçant par inadvertance dans une eau à seulement quelques degrés. De plus, Lemme avait remarqué que de petites larves, semblables à des sangsues, peuplaient les plans même les moins profonds.

La végétation était assez disgracieuse, principalement constituée d'arbres aux branches tombantes, envahis de plantes grimpantes, et beaucoup de mousses. Les grands amas de plantes étaient rares et épars. En revanche, il y avait là une variété extraordinaire de champignons, dans les teints marrons et ocres, parfois même violacés. Quant aux animaux, si l'on exceptait les insectes – il y avait beaucoup de moucherons autour de certains fongus – Lemme n'en avait pas croisé beaucoup. Le plus gros qu'il avait cru apercevoir était une sorte de sanglier. Quelques serpents aquatiques, qu'il n'avait pas cherché mais qu'il imaginait guetter au fond de certains trous, étaient peut-être dangereux, mais il faisait confiance au cuir de ses bottes pour s'en protéger.

En effet, il n'était pas parti sans être préparé un minimum : autant directement se jeter du haut de la tour de Gibroltin. Il avait sur lui une veste très chaude, complété d'un capuchon brun qui couvrait complètement ses oreilles, et assez de combustible pour allumer plusieurs feux (il était impossible de trouver du bois sec dans un tel environnement). Son pistolet à la ceinture le prémunissait de toute menace animale. Il avait en revanche dû laisser son trotteur a quelques kilomètres de là, en constatant que la marche dans les marécages abîmait sérieusement les pattes de la créature mécanique. Son sac était cependant encore plein d’ustensiles divers… dont le fameux cénomètre à variations cryptomanciques qu'il avait alors en main.

Le cénoscope à variations cryptomanciques était un curieux appareil de mesure constitué de plusieurs cadrans en cuivres, et de trois antennes de formes paraboliques. Ce qu'il mesurait… n'était pas absolument certain, même pour ses concepteurs. Mais… il était par contre absolument certain qu'il mesurait… quelque-chose…

La preuve en fut bientôt faite : alors que Lemme arrivait près d'une mare d'eau noirâtre, plusieurs des aiguilles commencèrent à s'agiter avec frénésie. Le terranide ouvrit de grands yeux, et fouilla rapidement dans son sac pour en extraire de nouveau sa gemme de communication :

« Communication exceptionnelle : le potentiel d'apofugie s'emballe, et ça ne peut pas être un soucis avec l'hypotenseur cette fois puisque la jauge archéotypique est normale. Je crois qu'il se passe quelque-chose, j'hésite encore à m'avancer. C'est peut-être ce que nous cherchons ! »

Sa voix était pleine d'excitation. Tout ce que lui indiquait son appareil ressemblait à une manifestation d'une singularité dimensionnelle à apparition spontanée, « portail » dans le langage courant. Le phénomène était encore mal connu… mais avec les données qu'il allait rapporter, pas de doute qu'il en apprendrait plus.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mercredi 18 juin 2014, 01:12:31
Le silence. C'est tout ce qu'on pouvait percevoir à cette heure-ci de la journée dans le parc. Fermé depuis une heure, la totalité des visiteurs s'était éclipsé depuis autant... Enfin, la quasi-totalité. Restait toujours une jeune lycéenne n'ayant que peu d'intérêt pour les panneaux "Fermé" qui entouraient le parc.

Et pourquoi devrait-il être fermé, après tout, se disait-elle. Le soleil était en train de se coucher, mais on y voyait tout de même assez. L'air était encore doux, ce qui avait permis à la petite de garder les vêtements légers qu'était son uniforme de lycéenne. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait à une heure pareille, mais elle n'avait jamais croisé de gardien et avait toujours apprécié le calme des lieux.

Warda avançait tranquillement sur un petit chemin de terre, à peine aménagé, mais bien droit. Ce qui lui permettait de garder le regard braqué sur son portable tout en marchant. Celui-ci semblait d'ailleurs être assez capricieux ce soir... Sa barre de connexion jouait au yoyo, et son écran grésillait par moment. Warda tenta de le secouer un peu, tout en décidant de rentrer : l'atmosphère commençait à se refroidir...

Les yeux toujours rivé sur son petit appareil, elle tenta d'accélérer le pas, tentant de comprendre pourquoi l'écran de son téléphone clignotait. Cela l'inquiétait davantage que le fait qu'elle commença à grelotter de froid. Le silence qui englobait toujours les lieux avait été remplacé par un bourdonnement sourd et continu, ce qui fini tout de même par lui faire lever la tête... Juste à temps pour apercevoir la branche tordue que sa tête percuta avec violence, avant de la faire trébucher et tomber dans des herbes humides.

La jeune fille resta au sol un moment, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. Une première chose était certain : il faisait froid. Très froid. Son uniforme de lycéenne lui laissait les bras et les genoux à l'air libre, pour la faire secouer davantage de grelottements. Elle tenta péniblement de se lever, gardant les bras croisés contre elle pour tenter de les réchauffer, et peina à reconnaitre le paysage : le chemin sur lequel elle marchait depuis plusieurs minutes avait disparu derrière elle, laissant place à une étendue d'herbe humide, d'arbre aux branches tombantes comme celui avec qui elle venait de faire connaissance, et d'amas de champignons, parfois surplombés de nuages de mouches.

Hormis l'herbe, rien de tout ça n'était dans le parc près du lycée Mishima. Et certainement pas ce froid glaçant.

Warda oublia son portable tombé par terre et fit maladroitement quelques pas devant elle, regardant autour d'elle pour tenter de trouver quelque chose de familier, en vain. Ce paysage marécageux s'étendait à perte de vue autour d'elle.

J'ai froid... Pensa-t-elle à voix haute. C'était bien la seule chose qui parvenait à devenir une certitude dans son esprit : rien d'autre n'était compréhensible à présent. Où était-elle ? Comment était-elle venue ici ? Quelle heure était-il à présent ? Et surtout... Comment revenir à Kyoto ?

La petite tomba à genoux, parcourue de tremblements. Elle leva les yeux, et vit que dans le ciel, un orage menaçait d'éclater. Pour la première fois de sa vie, elle prit peur pour sa vie, pensant pouvoir littéralement mourir de froid dans cet endroit dont elle ne connaissait rien.

Pitié... se força-t-elle à articuler. A l'aide... N'importe qui... Elle se mit toute son énergie pour monter sa voix : Aidez-moi !

Sa vue commença à se troubler.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le mercredi 18 juin 2014, 03:20:22
La plus grosse des aiguilles du cénoscope faisait plusieurs tour sur elle-même, comme rendue folle, alors que les autres tournoyaient dans le plus complet désordre. Les yeux fixés sur les cadrants, les sourcils légèrement froncés par la concentration, Lemme n'y comprenaient plus grand-chose. Pourtant, sa confusion était largement compensée par son enthousiasme à l'idée de faire une découverte nouvelle. Soudain, les indicateurs ralentirent leur course et tout devint alors (un peu) plus clair.

« Il y a stabilisation du potentiel et la réception de l'oblitération congrue est parabolique : le capteur directionnel indique que le nœud des déformations est à trente-cinq degré ouest… »

Enfin, le terranide eut l'idée de lever le regard et de quitter un instant ses données.

« … il y a une forme ! Mince ! Je crois que c'est une… Ah, plus d'énergie. »

La gemme verte qu'il tenait en main avait en effet viré au gris clair. Il ne s'en préoccupa pas davantage (elle se rechargerait seule en quelques heures) et la rangea rapidement dans son sac. Sa vue était excellente, mais la silhouette était tout-de-même éloignée de presque cinquante mètres, aussi ne put-il pas immédiatement la détailler avec précision. S'il avait eu des craintes concernant la possible dangerosité de ce qui venait d'apparaître, elles furent totalement dissipées lorsqu'il vit la chose se cogner contre une branche intempestive. Quoique ce fut, ça avait l'air plus perdu qu'il ne l'était.

Le cénoscope toujours à la main, il se précipita, prenant à peine garde à ne pas chuter dans un trou. Ses bottes soulevèrent plusieurs fois, d'ailleurs, des gerbes d'eau, sans qu'il n'en soit inquiété, et, commençant à être habitué au sol mou, il ne tomba pas… au contraire de l'apparition qui s'effondra. La distance se réduisant, il l'identifia bien vite comme étant, en apparence, un humain de sexe féminin. Il eut un moment de doute. Que fait-elle toute seule en plein milieu de la Grande Brasse ? Il n'y a rien que des champignons et des phénomènes magiques étranges ici.

Des appels désespérés arrivèrent à ses oreilles couvertes, ce qui augmenta soudain sa méfiance. C'est vraiment louche, sa détresse est trop parfaite, songea-t-il. Il pensait possible qu'il s'agisse d'une sorte de spectre, demandant l'aide des voyageurs pour mieux les piéger. Le jeune terranide n'était pas certain de savoir très bien se défendre contre ce type d'esprit sournois. Il ralentit et parcourut les derniers mètres avec prudence.

Lemme arrivait hors de vue de l'étrangère, et ne crut pas bon d'avertir de sa présence. Aussitôt, il brandit son cénoscope à variations cryptomanciques et appuya avec les trois antennes de l'appareil sur le haut du dos de la jeune femme agenouillée. Il le fit descendre rapidement, balayant de haut en bas son corps. Le temps qu'elle se retourne, l'ingénieur avait déjà fait son diagnostic.

« Wow, bon ! Vous serez heureuse d'apprendre que vous n'êtes pas un ectoplasme des marais ! Je détecte juste une signature endotaphe latente… un objet magique à la ceinture, peut-être ? »

Le dispositif de mesure fut rangé à son tour, avec la plus grande précaution, dans son sac. Le thylacine se permit de mieux analyser la situation, et de mettre un temps à l'écart ses préoccupations scientifiques, non sans regret. Je ne peux pas la laisser comme ça, elle a l'air d'avoir besoin d'aide. J'espère qu'elle va m'expliquer ce qu'elle fait là, et peut-être sait-elle quelque-chose sur le phénomène.

« Eh, est-ce que vous allez bien ? Est-ce que vous pouvez vous lever ? Si je peux me permettre, laisser sa peau en contact avec ce bourbier n'est pas tellement recommandé… » demanda-t-il, en indiquant la colonie de petits insectes noirs et grouillant, ressemblant à des fourmis, qui commençaient à escalader l'épiderme nu.

Son visage préoccupé, il s'obligea tout-de-même à afficher un sourire. Même si son nez était un peu étrange, ses dents légèrement plus pointues et que quatre traits sombres lui barraient les joues, lui donnant une allure assez tribale, comme ses oreilles étant couvertes, le fait qu'il soit terranide était loin d'être évident. Dans cette situation, il était facile de croire qu'on avait affaire à un vagabond humain, portant un capuchon, une veste chaude et un gros sac brun. Il tendit le bras, proposant sa main à la jeune femme pour l'aider à se remettre sur ses jambes. Il n'avait pas de gants, mais de grosses lanières de cuir étaient enroulées autour de ses poignets et remontaient presque jusqu'à l'épaule.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le dimanche 22 juin 2014, 13:15:32
Warda tenta de voir devant elle un quelconque signe de civilisation, d'un chemin, de n'importe quoi capable de l'aider ou de la renseigner sur sa situation... En vain.

Peut-être devrait-elle se forcer à marcher... A quoi bon ? Elle ne pourrait pas aller bien loin, frigorifiée et terrorisée comme elle était. La tête baissait, son regard s'était arrêté sur sa petite jupe de lycéenne. **Peut-être que je pourrais me réchauffer, avec ça...**

Sa main s'approcha doucement, quand elle sentit trois points de pression sur le haut de son dos, qui se mirent à descendre jusqu'à effleurer le haut de ses fesses. Elle se retourna, les genoux toujours enfoncés dans la vase, pour apercevoir la créature qui venait de lui faire ça.

On aurait dit un jeune humain. Sa coiffure tribale et sa tenue de vagabond l'aurait simplement fait passer pour un adolescent en tenue de cosplay... Si son sourire ne laissait pas voir ses dents pointues. C'était un détail plutôt puissant pour être un déguisement...

Wow, bon ! S'exclama l'inconnu. Vous serez heureuse d'apprendre que vous n'êtes pas un ectoplasme des marais ! Je détecte juste une signature endotaphe latente… un objet magique à la ceinture, peut-être ?

Warda ne répondit pas, elle restait abasourdie. Elle commença à se demander si tout cela n'était pas un simple rêve... Ses pensées furent rapidement interrompues :

Eh, est-ce que vous allez bien ? Est-ce que vous pouvez vous lever ? Si je peux me permettre, laisser sa peau en contact avec ce bourbier n'est pas tellement recommandé…

Warda regarda ses jambes nues toujours enfoncées dans la vase... Pour apercevoir de minuscules insectes noirs qui commençaient à grimper sur sa peau ! Horrifiée, elle attrapa en criant la main de son sauveur pour se relever rapidement, avant de se frotter frénétiquement les jambes pour faire disparaitre les insectes et la boue qui était restée collée.

Apeurée, elle tenta de reprendre son souffle... Une chose était sûre : si c'était un rêve, c'était un cauchemar... Un marais glacé, des insectes qui tentaient de l'escalader vivante... Tout ça ressemblait tout à fait à une terreur nocturne. Elle se retourna vers le vagabond.

Excusez-moi... La question pourra vous sembler étrange mais... Est-ce que je pourrais... Savoir où je suis ? Elle hésita un peu avant d'ajouter : et qui êtes-vous ?

Elle sentit le froid recommencer à mordre les jambes nues qui sortaient de sa jupe de lycéenne.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le dimanche 22 juin 2014, 15:25:09
Aidant la jeune femme à se relever, il serra sa main un peu plus fort, pour la rassurer, lui transmettre un peu de chaleur. Rapidement, il se baissa et attrapa entre deux doigts un des insectes qui l'avaient escaladée. Il l'approcha de son œil et l'observa une seconde. Ses connaissances en biologies étaient rudimentaires, mais il savait assez bien identifier les familles d'insectes : l'hyménoptérologie faisait partie des matières transversales qu'il avait étudiées à l'académie, bon gré mal gré.

« Tout va bien, ce sont des térébrants boréal. Dans le pays d'où je viens, ils sont très destructeurs pour les récoltes. Ils s'attaquent aux feuilles des pommes de terre, en fait. Mais ne vous inquiétez pas, ils ne sont pas venimeux ! Enfin, ce n'est malheureusement pas le cas de tout ici… alors il faut faire attention. »

C'est intrigant que l'on retrouve les mêmes bestioles à Gora Moroz et ici. Le climat doit en être plus proche que je ne le pensais. Après avoir constatée l'absence de dard et de s'être assurée que son interlocutrice ne risquait rien, il lâcha finalement le sujet de son étude, qui retomba quelque-part sur le sol bourbeux. Sans réfléchir davantage, il répondit à la question qu'on lui posait :

« Je ne crois pas que cet endroit précis porte de nom… Comme vous le voyez... » Il étendit les bras et embrassa du regard le vide, à peine perturbé par quelques arbres assez laids, qui les entouraient. « … il n'y a pas grand-chose de notable. Cette région s'appelle la Grande Brasse ; cinq-cent kilomètres nord-ouest de Nexus. Et c'est assez difficile de se perdre ici par hasard… »

Son expression devint interrogative.

« Vous n'êtes pas vraiment équipée pour l'endroit… »

Il regarda les jambes nues de la jeune femme, qui s'étaient déjà couvertes de boue froide. Le contraste avec les bottes hautes qu'il portait pour se protéger de toutes les sortes de morsures et de piqûres de la fange qui rampait et grouillait au sol était manifeste. Soit elle est inconsciente, soit elle n'avait aucune idée de où elle mettait les pieds. Sa jupe est un habit d'été, elle n'aurait pas dépareillée à Locmirail… le reste est un peu plus étrange.

« Une téléportation ratée ? Non… plus probablement, vous avez emprunté un portail ! Ce n'était pas volontaire, n'est-ce-pas ? Vous êtes tekhane ? Ou alors… »

Habitué aux phénomènes magiques, la réflexion s'était faite rapidement dans sa tête. Après tout, s'il était venu ici, c'était bien pour étudier les anomalies dimensionnelles en question, qu'on appelait donc communément portails. Ses yeux brillaient lorsqu'il exposa son hypothèse :

« … vous arrivez d'une autre dimension ! Si c'est le cas, je vous souhaite bienvenue sur le plan de Terra. Vous n'êtes pas arrivée dans l'endroit le plus accueillant de ce monde, mais ça aurait pu quand même être pire. »

Il tenta de sourire de nouveau pour paraître rassurant. Je n'aurais peut-être pas dû lui dire aussi brutalement, ça risque de lui faire un choc songea-t-il, constatant encore une fois son manque de tact. Au moins, maintenant, elle sait.

« Je m'appelle Lemme Ostrowski. Je suis ingénieur… je ne sais pas s'il existe des ingénieurs dans votre monde ? Je suis vraiment très heureux de faire votre connaissance ! Je peux vous retourner la question ? »
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mercredi 25 juin 2014, 23:45:59
D'un geste intéressé, L'inconnu attrapa l'un des insectes qui tentait de l'escalader pour l'examiner.

Tout va bien
lui dit-il, ce sont des térébrants boréal. Dans le pays d'où je viens, ils sont très destructeurs pour les récoltes. Ils s'attaquent aux feuilles des pommes de terre, en fait. Mais ne vous inquiétez pas, ils ne sont pas venimeux ! Enfin, ce n'est malheureusement pas le cas de tout ici… alors il faut faire attention.

**Si c'est pour me rassurer, c'est raté...** Pensa-t-elle en sentant un frisson lui remonter l'échine. En réponse à sa question, il reprit.

Je ne crois pas que cet endroit précis porte de nom… Comme vous le voyez... Il n'y a pas grand-chose de notable. Cette région s'appelle la Grande Brasse ; cinq-cent kilomètres nord-ouest de Nexus. Et c'est assez difficile de se perdre ici par hasard…

Nexus... Warda tenta de trouver ce nom quelque part dans sa mémoire. En vain. Serait-elle vraiment tombé dans un endroit inconnu de tous ? Sa théorie du rêve semblait se confirmer.
Le vagabond vint interrompre une fois de plus ses pensées :

Vous n'êtes pas vraiment équipée pour l'endroit… Une téléportation ratée ? Non… plus probablement, vous avez emprunté un portail ! Ce n'était pas volontaire, n'est-ce-pas ? Vous êtes tekhane ? Ou alors… Vous arrivez d'une autre dimension ! Si c'est le cas, je vous souhaite bienvenue sur le plan de Terra. Vous n'êtes pas arrivée dans l'endroit le plus accueillant de ce monde, mais ça aurait pu quand même être pire.

Warda sourit à cette nouvelle. Elle en était maintenant certaine : elle était juste en train de faire un mauvais rêve. Elle ne risquait donc pas grand-chose... Tout rentrerait dans l'ordre dès qu'elle serait sorti de cette "dimension" inventé par son subconscient.

Je m'appelle Lemme Ostrowski. Je suis ingénieur… je ne sais pas s'il existe des ingénieurs dans votre monde ? Je suis vraiment très heureux de faire votre connaissance ! Je peux vous retourner la question ?

Tout en se forçant à sourire par-dessus le froid qui lui mordait les jambes, Le jeune fille se présenta enfin :

Je m'appelle Warda Ralixar... Je suis une simple lycéenne... Et oui, vous avez deviné, j'ai franchi un "portail", comme vous dites. Enfin je suppose... J'ignorais jusqu'à l'existence de ce genre de choses il y a encore trois minutes.

Elle fit quelques pas devant elle, scrutant l'endroit. Rien d'autres que des marécages. Restait encore à comprendre comment réemprunter ce portail dans l'autre sens...

Je suis ravie moi aussi de faire votre connaissance... Mais tout ça est un peu soudain pour moi... Nexus, portail, Tekhane, Terra... J'aimerais en savoir plus, mais il fait un peu froid ici.

Elle tenta de trouver une sensation de chaleur quelque part, puisque c'est un vent froid qui avait précédé son arrivée ici... En vain.

Il y a bien des ingénieurs dans mon monde, mais je n'en suis pas une... Donc si vous pouviez m'expliquer comment rentrer chez moi, ça m'arrangerait un peu...

Elle commençait à apprécier la tournure de son rève. Quel dommage qu'il fasse si froid... En se frottant les cuisses pour tenter de se réchauffer, elle se rappella soudain de son portable...
Elle le chercha du regard sur le sol boueux, et aperçut un morceau de plastique blanc sortir du sol. Elle le prit en main, tira... Et son téléphone revint dans sa main. Bien plus boueux, certes, mais son écran fonctionnait de nouveau sans grésiller !

Avec ça, je peux peut-être rentrer en contact avec mon monde... Zut ! Pas de réseau... Monsieur Lemme, est-ce que vous...

En tournant la tête vers lui, Warda se tut. Son expression semblait avoir complétement changé à la vue de cet appareil.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le jeudi 26 juin 2014, 09:06:16
La nouvelle risquait d'être difficile à annoncer pour le terranide. La jeune fille avait repris des couleurs et commencé à sourire, mais Lemme craignait que ce soit pour une mauvaise raison. Si elle pensait avoir entrevu, dans son discours, une solution évidente à son problème de changement de dimension, elle se trompait. Il n'avait pas d'idée précise de comment faire pour la renvoyer dans son monde, du moins, pas dans l'immédiat. Peut-être Sophomyn pourra nous mettre sur une piste, s'il trouve du temps pour ce genre de chose… Les voyages dimensionnels, de ce qu'il en savait, étaient toujours difficiles et hasardeux.

« Euh, écoutez… J'ai peur que ce ne soit pas possible tout de suite… » avança-t-il sur un ton désolé.

Il regarda son interlocutrice se pencher, visiblement intéressée par un objet qu'elle avait perdu pendant sa chute. C'était un rectangle de métal – ou peut-être pas, quel était ce matériau ? – assez plat, dont l'une des faces s'éclairait et affichait des motifs changeants. Lemme ne put empêcher une petite exclamation nerveuse de traverser ses lèvres. Bon sang, ça a l'air vraiment évolué, et très complexe ! Deux traits qui, bien évidement, étaient considérés par l'ingénieur comme de grandes qualités en matière de sujet d'étude, et de technologie en général.

« Est-ce que c'est… est-ce que c'est un artefact de votre dimension ? »

Le terranide s'autorisa à s'approcher. Il aurait aimé le tenir entre ses propres mains, pour pouvoir l'observer à loisir, et peut-être même le démonter pour le comprendre… Mais il n'osait pas, et se contentait de rester à une certaine distance, le regard par-dessus l'épaule de l'humaine.

« Sergeï aurait été fasciné par tous ces symboles qui défilent sur une aussi petite surface… Alors c'est un outil de communication ? Vous dites qu'il ne fonctionne pas ? Je pourrais essayer de le réparer, peut-être… »

En vérité, il ne croyait pas que l'objet soit plus performant que la gemme magique de  parole à distance qu'il transportait, mais ça ne lui importait pas. Ce qui le fascinait était plutôt d'étudier une technologie étrangère à la sienne, et d'en tirer de nouveaux concepts. S'il y avait des ingénieurs dans cette dimension voisine, alors leurs créations ne pouvaient pas être tout-à-fait indignes d'intérêt ! Elles possédaient probablement leurs propres avantages, et il y avait en conséquence certainement beaucoup de choses à apprendre d'elles.

Son pari de le réparer avait d'ailleurs, il le savait, assez peu de chance de se réaliser. Lemme ignorait d'ailleurs ce que Warda avait entendu par le mot « réseau » ; il ne savait même pas si la panne était importante et définitive ou insignifiante et temporaire. Ce n'était qu'une excuse pour pouvoir gagner en promiscuité avec l'appareil. Un tel prétexte, cependant, lui semblait insuffisant pour être honnête.

« Nous allons devoir marcher jusqu'à ma monture, à environ cinq kilomètres d'ici, d'accord ? Dans un terrain comme celui-là, on en a pour un peu plus d'une heure. Si vous ne vous couvrez pas, vous risquez d'attraper froid, et surtout, de vous faire mordre par quelque-chose… »

Il défit la boucle de sa ceinture, et fit descendre son pantalon, révélant une peau cuivrée dont la discrète pilosité caramel se hérissa légèrement en réaction au froid. Le maillot en coton qu'il portait laissait avec assez d'évidence deviner son anatomie particulière, si on s'y attardait un peu, tout en permettant aisément de penser que celle-ci était d'une taille importante. Le jeune terranide proposa son habit à Warda, conservant ses bottes.

« … et vous me prêterez cet artefact, si je vous le demande ? Ça vous va ? »

Le pantalon avait l'avantage d'être épais et solide. Lemme étant plus grand que l'adolescente, il devait tomber et légèrement traîner sur le sol. C'était une bonne chose, car son pied ainsi couvert, il serait beaucoup moins vulnérable aux crochets des serpents, si elle venait à s'enfoncer par accident dans un trou d'eau.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le dimanche 29 juin 2014, 22:56:11
Warda attrapa le pantalon que lui tendait Lemme, en tentant de ne pas laisser son regard s'attarder sur la surface de son maillot déformé. **Ce n'est définitivement pas le moment de penser à ça** fit une petite voix dans sa tête. Comme pour lui répondre, une autre, bien moins sage, se mit à se défendre :
**
 - C'est bien un rêve de toute façon, non ? Alors qu'est-ce qu'on risque ?
 - Rien ne te dis que c'est vraiment un rêve. ça à l'air plutôt réaliste, non ? Ce froid, ces insectes...
 - Sérieusement ? Allez... En plus ça pourrait nous réchauffer !
 - De toute façon, tu ne vas pas faire ça dans un marais imbécile ! Laisse le te guider à la sortie au moins !
 - Pfff... Ok...
**
Elle enfila le pantalon, qui était trop grand pour elle... Tant mieux, une couche en plus entre ses pieds et l'infâme sol instable de ce bourbier.
Elle ne put pourtant s'empêcher de regarder la peau sur les jambes de Lemme... une teinte brun-roux, qui faisait saillir des muscles tant elle était tendue : difficile de faire ce genre de déguisement, même pour un cosplayeur doué... Il n'était définitivement pas humain. Sacré rêve en tout cas !

Ah oui se rappela-t-elle soudain, l'artefact... Dans mon monde, on appelle ça un "portable"... Il n'a pas vraiment besoin d'être réparé, il faut juste une antenne... Pardon un... Comment dire... Un autre artefact approprié près d'ici pour qu'il fonctionne. Mais ici, il ne doit pas y en avoir des masses... Prenez-le si ça vous intéresse, il ne me servira pas à grand-chose de toute façon.

Elle lui remit son téléphone. La doublure du pantalon était effectivement prévu pour les endroits froids : elle se sentait déjà plus réchauffée.

Toutefois, marcher pendant plus d'une heure dans ce marais gelé ne l'intéressait guère. Elle tenta de fermer les yeux et se concentra pour se réveiller... Puis les rouvrit.
Le marais était toujours là.
Elle recommença à plusieurs reprises sans succès. Etait-elle réellement bloquée dans son propre rêve ? A moins que... Sa petite voie du côté pur n'aie raison et qu'elle n'était pas véritablement dans un rêve...

Elle balaya cette idée de son esprit et se retourna vers l'ingénieur :

Bon... Vous connaissez mieux les lieux que moi... Je vous suis donc.

L'idée de rester bloquer ici commençait à s'emparer d'elle... La peur revenait doucement.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le lundi 30 juin 2014, 00:48:00
Avec d'infinies précautions, le terranide reçu l'artefact nommé « portable » et le glissa dans son sac à dos. Il se promit de prendre bien garde à ne pas qu'il soit trop secoué par le voyage. Elle n'a pas l'air d'y tenir plus que ça. C'est sans doute que c'est assez courant dans le monde d'où elle vient. Pourtant, ça a l'air sophistiqué, mais il est possible que ce soit plus facile à produire qu'il ne semble. Il écarta cependant le sujet pour le moment, considérant qu'il y aurait de meilleurs moment pour ça :

« Peut-être que l'on pourra reproduire quelque-chose de semblable ! Bon, mon trotteur est par là ! »

Lemme indiqua du bras une direction ; le chemin – il n'y avait pas de route tracée – contournait l’étang, et continuait plus à l'ouest. À l'horizon, il n'y avait rien d'autres que ces mêmes arbres sinistres et un ciel gris. Le temps s'engageait mal, même pour qui n'aurait eu aucune expertise en météo : les lourds nuages qui s’amassaient auguraient d'un orage et de fortes pluies dans les prochaines heures, peut-être même plus tôt. Il ne faut pas traîner, conclut-il. C'est presque étonnant qu'elle ne proteste pas plus de ça. Elle est courageuse, surtout pour une humaine. Je ne sais pas comment j'aurais réagi à sa place.

Chaque pas dans le marécage produisait un son mouillé, la chaussure s'enfonçant de plusieurs centimètres dans la boue. La marche n'était pas très réjouissante : les merveilles des tourbières n'étaient pas du goût de tous. Il croisèrent quand même un champignon intéressant, de presque un mètre cinquante de haut, constitué de plusieurs cornets superposé, presque bleu vif, et qui paraissait remuer légèrement et régulièrement, comme s'il respirait… Lemme préféra accélérer un peu le pas. Seul, il aurait volontiers étudié la chose, mais il ne pouvait se permettre de faire courir le risque à la jeune femme.

Pour briser la monotonie de la progression, il n'hésita en revanche pas à relancer un peu la conversation. Beaucoup de choses l'avaient intrigué dans le peu de mots qu'avaient prononcés l'humaine.

« Racontez moi comment c'est dans votre monde, Warda ! A-t-il un nom ? Quelles sont les autres espèces intelligentes, à part les humains et les terranides ? Vous avez dit que vous étiez lycéenne… c'est donc que vous étudiez quelque-chose, je ne me trompe pas sur la signification de ce mot ? D'ailleurs, c'est vraiment incroyable que vous parliez la même langue que nous ! Ici, nous l'appelons langue commune, ou commun. »

La constatation était en effet assez surprenante. À moins qu'il n'y ait de nombreuses interactions entre les deux mondes, qu'il existe un dialecte assez proche pour que deux personnes puissent aussi bien se comprendre, presque sans accent perceptible, paraissait improbable. En peu de temps, les langages avaient tendance à diverger… Je ne crois pas que ce puisse être un simple hasard. Il y a de la magie là-dessous, peut-être même une intention divine.

Au bout de trente minutes de marche, un premier coup de tonnerre se fit entendre au loin. Dix minutes plus tard, ce furent les premières gouttes de pluie qui dégringolèrent. En seulement quelques minutes supplémentaires, les précipitations s’aggravèrent. Le soleil était progressivement cachée par les nuages. Pour ne rien arranger, une sorte de brume, très basse, fit son apparition, réduisant considérablement la visibilité.

« Faites attention à où vous mettez les pieds, surtout évitez les flaques » conseilla Lemme, en essuyant l'eau qui gouttait depuis sa chevelure trempée jusqu'à ses yeux.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le vendredi 04 juillet 2014, 00:14:30
Une branche s'empêtra dans les cheveux de Warda. C'était la dixième depuis le départ.

Elle avait accepté sans trop rechigner de partir à travers son marais, pensant que son rêve ferait alors une sorte d’ellipse pour avancer jusqu’au « trotteur » de Lemme. Mais plus le temps avançait, plus la marche était pénible, et plus le fait que cette histoire ne soit pas un cauchemar semblait indéniable.

Supporter le froid et l’abomination du lieu était de plus en plus difficile pour la jeune lycéenne. Elle trouvait le moment mal choisi pour discuter, mais si cela pouvait briser la monotonie du voyage…

Mon monde… Que dire sur mon monde… Commença-t-elle. Je ne serais pas la mieux placée pour vous en parler… En fait chez nous, « lycéen » est un terme qui s’applique plus à ceux et celles qui étudient encore le tronc commun, en tant qu’adolescents. Donc je ne pense pas savoir quelque chose de techniquement passionnant…
A bien Réfléchir, je pense même que mon monde vous ennuierait : Il n’y a que des humains, aucun « terranide », j’ignore ce que c’est. Et rien de lié à ces fameux « portails » qui semblent vous passionner…
Elle regarda autour d’elle d’une mine inqiète. Enfin… Du moins je le croyais il y a encore une heure.

La mine de l’adolescente avait changé. Elle réalisait enfin que rentrer chez elle ne serait peut-être pas possible. Elle qui pensait enfin se faire une place à son nouveau lycée… Elle tenta de balayer ces images macabres de son esprit. ** Je ne suis pas encore bloquée… Il est ingénieur, il doit avoir une solution. **

Dites… Puisque vous êtes ingénieur… Vous pensez pouvoir retrouver un de ces fameux portails pour que je puisse rentrer chez moi ? Ou peut-être connaissez-vous quelqu’un qui pourrait ? Ne le prenez pas mal, mais d’à ce que j’en voix, votre monde n’a pas l’air très attirant… Entre ce marais et ces insectes qui… Ah mais, dégage de là, toi !

Elle écrasa sur son bras un insecte qui tentait de s’y accrocher. Elle crut perdre connaissance en voyant qu’elle venait d’étaler la chair d’une bête en forme de scarabée, mais gros comme une gerboise. Mais ce qui était le plus inquiétant, c’était plus le fait qu’un liquide jaune et nauséabond que l’insecte gardait en lui était maintenant étalé sur son avant-bras.

Pitié…
Gémit-elle. Dites-moi que ce n’est pas du poison ou un truc du genre !
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le samedi 05 juillet 2014, 15:15:35
Warda ne faisait pas une description très enthousiaste de son monde d'origine. Toutefois, cette apathie n'entama aucunement l'intérêt de Lemme, qui l'écoutait d'une oreille attentive. Elle doit être tellement habituée à tous les miracles de sa dimension qu'elle ne les remarque même plus. En tout cas, à la réflexion, ça a l'air d'être un endroit plutôt calme. Elle n'a pas le profil de quelqu'un de familier avec la guerre.

« Aucun univers n'est ennuyeux lorsqu'on s'y intéresse ! Mais pas un seul terranide ? Étonnant. Mais au moins, vous n'avez personne à réduire en esclavage. »

Lemme n'était pas assez méfiant pour soupçonner son interlocutrice sous le seul prétexte qu'elle était humaine, ou assez belliqueux pour lui en vouloir pour cette même raison. Il savait néanmoins très bien que, dans la plupart des régions où humains et terranides se côtoyaient, les premiers avaient tendance à asservir les seconds. Les contrées où les siens étaient les plus heureux étaient encore celles – à la manière du pays d'où il venait – où les hybrides vivaient entre-eux. Il en vint à se demander à quoi pouvait ressembler une civilisation seulement humaine, sans force de travail corvéable.

J'espère qu'au moins, mon apparence ne va pas l'effrayer se dit-il, en songeant qu'il devait être le premier de sa race qu'elle rencontrait. Le jeune homme s'apprêtait à lui répondre, à propos des scénarios envisageables concernant les portails, mais Warda s'exclama bientôt.

« Ça ne va pas ? »

Il se tourna sans tarder vers l'adolescente. Elle avait une substance jaunâtre et épaisse étalée sur le bras. Évidemment, le seul endroit non-protégé, pesta l'ingénieur. Sans faire de commentaire, il saisit délicatement le bras dans ses mains gantées, et observa l'épiderme en docteur. Son visage grimaça légèrement, cependant, c'était davantage par incertitude que par inquiétude.

« Je ne reconnais pas cet insecte… en même temps, vous l'avez écrasé… alors l'identification n'est pas facile. C'est peut-être un coléoptère rare, ou endémique… Je n'en sais rien du tout. Je crois pouvoir dire que ce n'est pas du venin, alors il y a peu de chance que ce soit toxique. Écoutez, si vous sentez quelque-chose de particulier, si votre peau rougit ou gratte, vous me dites, d'accord ? En attendant, le plus prudent, c'est de nettoyer… »

La pluie c'était déjà chargée de rendre la matière plus molle. Il sortit un mouchoir en tissu brun, fin, de sa poche et essuya consciencieusement la zone concernée. Lorsqu'il en eut fini avec l'étoffe, à présent imbibée, il la glissa dans un petit compartiment, à part. Si quelque-chose n'allait pas, il pourrait toujours tenter d'étudier la sécrétion de plus près. Pour l'instant, il n'avait ni le temps ni le matériel pour.

Les propriétés de l'insecte étaient imprévisibles. La seule chose qu'il pouvait dire était que, s'il y avait une action sur les humains, elle était fortuite, car il n'y avait aucun être humain dans cet environnement. Il était assez probable qu'il s'agisse juste d'une chair fétide destinée à dissuader les prédateurs. De toute façon, il ne voyait pas ce qu'il pouvait faire de plus. Il gardait bien un anti-venin, dans son sac, mais ses effets risquaient d'être plus nocifs que bénéfiques s'il n'y avait aucun poison avéré dans l'organisme traité.

Souriant de nouveau, il fit semblant de ne pas s'inquiéter outre mesure.

« Mon trotteur n'est plus très loin, maintenant ! Lorsque nous y serons, nous pourrons quitter cet endroit. Vous verrez, il y a des lieux plus accueillants que des marais sur Terra ! »

La visibilité était de plus en plus mauvaise, à mesure que la brume gagnait en intensité. Se perdre ne faisait pas peur au terranide, qui avait des outils pour se repérer, et un sens de l'orientation solide. Le plus risqué était encore et toujours de tomber dans une crevasse. C'était d'autant plus facile qu'on y voyait plus à deux mètres. Lemme prit l'initiative de se positionner devant Warda, et d'ainsi mener la marche.

Malheureusement, son pied entra en collision avec quelque-chose de mou. Quelque-chose de mou qui poussa un cri strident et porcin. Sa botte s'était enfoncée de plusieurs centimètres dans une sorte de talus, où était enfoui un animal assez rond, de la taille d'un chat. Le mammifère s'agita un peu, tenta d'entrer de nouveau dans son trou, puis s’égosilla de nouveau. C'était une sorte de petit cochon recouvert d'un pelage brun-beige. Le son qu'il produisait était très désagréable.

« On dirait un sanglier nain, il n'a même pas de défenses, aucun risque… » affirma le terranide en se retournant vers Warda.

Alors qu'il se rassurait, une silhouette gigantesque (http://www.gemmaline.com/bestiaire/fhorge.png) se découpa dans le brouillard derrière lui, à une centaine de mètres environ. Sans que l'ingénieur ne soupçonne encore jusqu'à son existence, la version adulte du phacochère s'apprêtait à charger pour défendre sa progéniture.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mardi 08 juillet 2014, 00:37:35
Warda frémit aux discours de Lemme... Il parlait d'esclavage et de venin comme si il en voyait tous les jours. La peur de Warda commençait lentement à se transformer en terreur pour ces lieux.

Des endroits plus accueillants, hein ? Haleta-t-elle. J'espère bien... Ne le prenez-pas mal, mais jusqu'ici... La Terre commence sérieusement à me manquer... J'ai vécu plus de dangers en une heure que le reste de ma vie...

Elle sursauta à la vue de l'animal qui se trouvait maintenant devant eux. Lemme la rassura sur la nature inoffensive du sanglier.

La jeune fille ne se rassura pas pour autant. Tout ce qui existait en ce monde semblait être source de danger. Toutefois, il était vrai que la petite créature poilue ne semblait pas effrayante. Au contraire, elle semblait plus effrayé par Warda qu'elle-même ne l'était.

Cela aurait presque pût la rassurer si un cri déchirant n'avait pas retenti derrière elle, révélant la mère du sanglier, fonçant à toute allure sur les deux explorateurs.
Dans un cri de panique, Warda se jeta sur le côté et s'affala sur un sol boueux et légèrement herbeux, et entendit le tremblement du sol s'accentuant au fur et à mesure que la bête chargeait.

Elle pria pour que ce ne soit pas la fin...
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le mardi 22 juillet 2014, 04:54:48
Ignorant le climat qui régnait sur Terre, Lemme ne pouvait pas juger facilement de la pertinence des regrets de Warda… Ça confirme au moins que son monde est un endroit où il fait globalement bon vivre. …mais il pouvait facilement estimer qu'en effet, la Grande Brasse n'était pas le lieu qui donnait la meilleure image de Terra. La zone avait de quoi décourager durablement tout touriste. Elle n'était pas vraiment représentative de la dimension. S'il y avait multitude d'endroits plus hospitaliers, ce n'était pas non-plus le plus mortel de ses environnements. Les dangers, songeait le terranide, n'étaient en définitive pas si nombreux.

Une série de cris sembla vouloir le contredire. D'abord un grognement de mauvaise augure, puis la détresse de la jeune femme qui vint l'assurer du caractère déplaisant de ce qui se trouvait derrière lui. Oubliant le sanglier nain, il se retourna brusquement et aperçu la silhouette se ruant vers lui. La surprise le fit reculer, et il manqua de faire une chute dont les conséquences auraient sans doute été funestes. Il se retient in extremis.

« Clysopompe » jura-t-il entre ses dents. « Restez à terre. »

Au moins, elle aura une chance de s'en sortir même si je rate mon coup se rassura le terranide. Sa main trouva rapidement le chemin vers son arme accrochée à sa ceinture, et jusqu'ici recouverte par le tissu tombant de son capuchon.

C'était un pistolet, arme déjà peu répandue dans cette partie de Terra. La crosse était essentiellement en bois, alors que le reste de l'équipement était en un métal gris ; elle comprenait un compartiment assez volumineux au-dessus de la gâchette. Elle comprenait un engrenage permettant de régler la puissance de feu. Par défaut, Lemme configurait la chambre pour des tirs assez peu puissants, qui lui permettaient d'agir dans des situations de combat rapproché sans craindre de se blesser lui-même avec l'explosion.

Mais il n'en était ici pas question, et il fit faire plusieurs tours au rouage : un de plus, et l'arme risquait d'exploser sur place plutôt que de tirer.

Lemme se plaça dans une position de tir approximative, n'ayant pas vraiment le temps de travailler cette dernière. Le bras gauche derrière lui, le bras droit, tenant le pistolet, tendu. Il n'avait en réalité par tellement besoin de viser précisément, la cible étant énorme. Il appuya sur la gâchette.

Des runes bleues s'illuminèrent le long du canon de métal, et celui-ci cracha avec une détonation surnaturelle et chuintante, proche du feu d'artifice, un projectile lumineux. La brume, sur sa trajectoire, se dissipait brièvement, laissant apparaître avec plus de netteté la gueule écumante du mastodonte… avec laquelle la balle arcanique ne tarda pas à entrer en contact.

La chair de la bête éclata. Une deuxième détonation, plus sourde, fut émise par l'impact en même temps que des berges d'étincelles et de sang. Des particules, puis de petits morceaux de chair calcinée s'envolèrent un peu partout, suivis de morceaux découpés plus gros, car plus éloignés de la déflagration. Pourtant distant encore d'une trentaine de mètres, Lemme crut recevoir quelques débris sanglants. D'une bête qui devait peser une tonne, il ne restait plus rien qu'il soit possible de vraiment distinguer.

L'ingénieur fit quelques pas vers l'animal pour constater les effets de son arme personnelle.

« Wow, le coléoptère que vous avez écrasé est dans un meilleur état » fit-il, d'un ton encore nerveux mais assez fier.

Prudemment, il abaissa de nouveau la puissance de son pistolet. Puis il le pointa vers le petit sanglier qui couinait toujours dans la vase, et tira. Un tir beaucoup moins impressionnant, en comparaison, fit un trou d'une dizaine de centimètres dans le phacochère junior, le tuant sur le coup. Il jeta un regard autour de lui et rangea l'arme.

« Au moins, on sait ce qu'on va manger ce soir. »

Le terranide revint vers l'humaine. Une nouvelle fois, elle était par terre… et cette fois, pas qu'à moitié. Couverte de boue comme elle était, elle risquait d'attraper sérieusement froid.

« Ne vous inquiétez pas, on est bientôt sortis de cette galère. Encore cinq ou dix minutes de marche. En attendant, essuyez-vous avec ça. Pas de problème particulier avec votre bras ? »

Il détacha son long capuchon brun, et lui tendit, révélant par la même occasion ses oreilles d'hybride. Il ne pensait plus vraiment au fait que son interlocutrice n'avait peut-être jamais vu de terranide.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mercredi 23 juillet 2014, 19:04:49
Warda resta tétanisé sur le sol un moment. Lemme, lui, semblait parfaitement calme après ce qui venait d'arriver. Faire exploser un animal de cette taille pour un repas semblait chose quotidienne pour lui. Ce qui fit comprendre une bonne fois pour toute à la jeune fille dans quel type de monde elle venait d'arriver.

Elle fut terrorisée par cette révélation, mais également par les oreilles de l'ingénieur, que celui-ci avait dévoilé en retirant son capuchon. Elles lui montrèrent qu'en plus de créatures démesurément dangereuses, ce monde abritait d'autres formes de vies intelligentes. Elle qui prenait Lemme pour un humain, elle était en face d'une créature inconnue.

D'une main tremblante, elle prit le capuchon qu'on lui tendait en se relevant, s'essuyant ses bras nus couverts de boue - et du sang du sanglier qui s'était éparpillé un peu partout sur son corps - le haut du corps bientôt secoué de nouveau par le froid.

Elle resta immobile un autre moment, tentant de faire le vide dans son esprit. Elle venait d'avoir peur pour sa vie deux fois en moins d'une heure, soit deux de plus que le reste de sa vie. Elle était visiblement bloquée ici, et ne connaissait aucun moyen de rentrer ou même de contacter son monde.

Tentant de respirer profondément, elle articula d'une voix néanmoins tremblante :

M... Merci... V... Vous... Vous m'avez encore... Sauvée.

Sentant ses jambes s'engourdir, elle ajouta d'un ton plus nerveux :

Mon bras va bien. Je vous en prie, sortons vite d'ici !
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le mercredi 23 juillet 2014, 23:21:31
« Euh, oui : c'est un plaisir » répondit Lemme, pas insensible à la reconnaissance de la jeune fille. « Bien, encore un peu de courage, allons-y ! »

Il n'y avait plus aucune raison de s'attarder dans cet environnement. Le terranide s'empara simplement de ce qui restait du petit sanglier, dont le corps rond et gras n'avait pas été trop endommagé par le tir. Il ne faisait que quelques kilos, et on pouvait ainsi facilement le transporter sur son épaule. La blessure avait été cautérisée par la chaleur de l'explosion et ne saignait en conséquence presque pas, ce qui en faisait une pièce de viande plutôt propre.

Le reste de la randonnée se fit sans problème. Même si les marcheurs commençaient à avoir de plus en plus froid – Lemme ne pouvait désormais plus compter sur son capuchon – le paysage se transformait à vue d’œil. Le sol devenait de moins en moins spongieux, les pieds ne s'y enfonçaient, et la température finit par augmenter de quelques degrés. La végétation devenait un peu plus brave, les arbres plus droits et de leurs branches moins tombantes.

Enfin, une forme d'environ un mètre cinquante de haut au garrot se dessina. Je ne me lasserai jamais de le voir ! Il est vraiment magnifique.

« Voilà, c'est mon trotteur ! » s'exclama l'ingénieur en accélérant légèrement le pas, enthousiaste de retrouver l'engin.

Le trotteur était une machine de transport que les privilégiés du royaume de Gora Moroz pouvaient s'offrir sans mal, mais qui était sinon assez méconnue. Il empruntait sa forme à un oiseau coureur proche de l'autruche. Celui de Lemme n'était pas très massif, mais ses deux pattes étaient tout-de-même quatre ou cinq fois plus larges que celles d'un cheval.

La tête, au sommet d'un cou épais, avait deux yeux, un bec et une crête stylisés qui lui donnaient un air aérodynamique. L'arrière-train, se relevant légèrement, était constituée de quatre tuyaux d'échappement, disposés symétriquement. L'ensemble était en métal gris, peint de légères touches vertes et rouges en certains endroits.

Lemme fit quelques mouvements rapides pour désactiver le système de sécurité. Il y avait peu de chance de se faire voler une telle machine, car personne dans la zone ne savait l'utiliser, mais on était jamais trop prudent. Un mécanisme révéla ce qui ressemblait à une selle, dans un cuir brun, et deux gros sacs qui pendaient de chaque côté.

Avec une habitude certaine, le terranide sauta sur sa monture mécanique, et tendit la main pour aider l'humaine à se hisser à son tour.

« Montez ! Nous nous éloignons un peu. J'ai repéré un coin hospitalier à quelques kilomètres en venant. Nous y serons en un clin d’œil. »

Par-dessus l'épaule de Lemme, il était possible de distinguer un petit écran rudimentaire, qui ne montrait que quelques points luisants, à la manière d'un sonar de sous-marin. Une poignée de compteurs et de jauges venaient compléter l'affichage. Évidemment, il savait la signification de chacun d'eux. Il dirigeait le trotteur avec ses pieds, encastrés dans des étriers métalliques partiellement soudés à la structure, et contrôlait la vitesse grâce à un jeu de leviers au niveau du cou.

L'engin démarra avec un bruit de vielle moto, secouant légèrement dans les premières secondes, puis tanguant calmement à la manière d'un bateau une fois la vitesse de croisière atteinte. Il allait en effet très vite, puisqu'il atteignait sans mal les cinquante kilomètres/heure.

À cette vitesse, le vent était assez frais ; heureusement, la machinerie, essentiellement située à dans l'arrière-train du trotteur, compensait largement cette sensation. Peut-être même un peu trop : le véhicule étant conçu pour une seule personne, à l'origine, il était beaucoup moins bien isolé à l'arrière. Warda, assise sur le métal qui devenait peu à peu brûlant risquait d'être incommodée.

Heureusement, le voyage ne dura pas assez longtemps pour que le problème ne provoque autre chose qu'inconfort et rougeur.

Le temps, lui, s'améliorait d'une manière presque surnaturelle à mesure que les derniers signes de la Grande Brasse s'éloignaient. La pluie cessa alors qu'ils dépassaient le dernier champignon coloré. Un soleil vif de soirée d'été lançait même quelques rayons réjouissants. En quelques minutes, ils entraient dans un tout autre univers : celui d'une prairie rase mais plutôt verdoyante.

Lemme s'arrêta en apercevant la ramure majestueuse d'un beau paulownia. Le feuillage épais de l'arbre avait protégé le sol de l'averse. Juste à côté de son tronc passait un cours d'eau à l'eau claire et assez peu agitée.

« Ça a été ? » demanda l'ingénieur en posant un premier pied sur le gazon sec.

Il attendit que sa passagère descende, puis fouilla dans l'un de ses sacs. Il en sortit plusieurs linges. Il en prit un pour s'essuyer rapidement les cheveux, et tendit l'autre à Warda. Il la regarda de haut en bas. On dirait qu'elle s'est roulée dans la boue… Enfin, c'est plus ou moins ce qui est arrivé.

« Sous votre respect, je crois qu'un peu de toilette ne ferait pas de mal. Mais il ne faudrait pas que l'on attrape encore plus froid… Heureusement, j'ai la solution à tout ! »

Cherchant dans un autre sac, il en extrait un autre élément : une grosse cocotte minute à l'aspect cuivré, doté d'une jauge, de deux gros écrous et d'une cheminée télescopique de vingt bons centimètres.

« C'est un dispositif pour faire chauffer l'eau. Ça fonctionne avec un peu de solsticium. Je crois savoir que l'Empire de la vapeur fait voler des bateaux avec, mais je dois avouer que je n'ai pas trouvé comment l'utiliser autrement que pour produire de la chaleur. »

Il contempla sa propre invention avec un certain scepticisme. Il avait obtenu ce fragment de solsticium auprès d'un marchand ambulant, en paiement pour son aide. Lui non-plus, d'ailleurs, n'avait pas tellement eu l'air de savoir quoi en faire. Je ne suis pas vraiment sûr de maîtriser ça. Mais à moins que ça explose, ce devrait être amusant.

« Je n'ai pas encore eu l'occasion de l'essayer, en fait. Mais il y a une première fois pour tout ! »

D'un pas décidé, le terranide s'approcha du fleuve. Il mit un genou à terre, et déposa la cocotte, enfonçant les trois pieds dans le sol meuble pour ne pas qu'elle soit emportée par le léger courant. Enfin, il tira sur les deux écrous, et se recula aussitôt. Des bulles commencèrent à émerger de la cheminée et remontèrent à la surface, en même temps qu'une légère lueur rouge.

« Hé ! ça à l'air de marcher » constata-t-il, presque surpris.

Au bout de quelques secondes, Lemme s'autorisa à revenir près de l'appareil. Il passa  prudemment sa main dans l'eau. Il sourit.

« C'est pas mal ! Mes calculs étaient précis… pour une fois. »

Dans une zone d'environ un mètre carrée, le fleuve était à présent chauffé à environ trente-sept degrés, température qui, avec le courant, décroissait ensuite assez rapidement.

Sans attendre, le jeune hybride enleva sa tunique et ses gants. De dos, et sans cape, un autre de ses traits animaux était exposé : une queue d'une trentaine de centimètres, à la fourrure brune rayée, dans le prolongement de sa colonne vertébrale. Lorsqu'il enleva finalement son dernier habit et entra dans l'eau, cet appendice se dressa d'abord légèrement, comme si elle était rétive à se mouiller. En comparaison de la Grande Brasse, c'est presque brûlant. C'est agréable.

« Si euh…  ça ne vous gêne pas trop de vous baigner avec moi…  je vous conseille de ne pas trop tarder. Je n'ai pas vraiment étudié l'autonomie du dispositif » fit-il, en ne tournant que le haut du buste vers Warda.

Il y avait à peu près un mètre de profondeur à l'endroit où la cocotte était installée, ce qui la faisait arriver quelques centimètres en dessous du nombril du terranide. Si l'on pouvait ainsi distinguer sans mal son postérieur sous l'eau claire, il ne ferait pas volte-face pour ne pas rendre la situation plus gênante. Le périmètre chauffé est déjà très réduit, pas besoin d'en rajouter.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le dimanche 27 juillet 2014, 23:19:02
Je pense que je...

Les derniers mots de Warda s'étouffèrent dans sa bouche. Elle restait pensive et anxieuse sur ce qu’elle venait tout juste de subir.

Tout d’abord, cette excursion dans la forêt où elle venait de risquer plusieurs fois sa vie, avait été congelée et roulée par terre. Tout cela, pour Lemme, était apparemment parfaitement normal.

Ensuite, son « trotteur », qu’elle avait pensé être une monture, s’avérait en fait être une sorte de moto, qui lui avait chauffé les fesses au point de lui faire rougir. Les quelques gémissements qu’elle avait laissé s’échapper de sa bouche ayant été fort heureusement pour elle couvert par les bruits du moteur.

Elle avait pu ensuite assister à la méthode de recherche de l’ingénieur : on tâtonne, et on regarde. En plus de maitriser des technologies qui semblaient futuristes alors qu’il semblait ignorer l’existence du moteur à vapeur, il semblait excité à l’idée d’essayer une solution à un problème lorsqu’il n’était absolument pas sur du résultat et des dangers qu’il pouvait impliquer.

Mais le comble de sa surprise restait pour la pudeur de son pilote. Il venait d’enlever visiblement sans aucune gêne ses vêtements devant elle, révélant dans le bas de son dos une courte queue prouvant une fois encore qu’il n’était pas humain. Et l’invitait à présent à faire de même.

Elle resta pensive un instant… Ce nouveau monde, dans lequel elle semblait bloquée, était visiblement plus violent, mais également moins pudique… Ce qui, pour une fois, était plutôt à son avantage. Elle qui se faisait violence dans son monde pour cacher sa perversité n’aurait peut-être pas à le faire ici.

C’est en se focalisant sur cette dernière pensé qu’elle retira ses vêtements, posant d’abord le pantalon de l’ingénieur près de ses habits à lui, puis retira frénétiquement son haut et sa jupe, mais eu toutefois une hésitation au moment où elle posa les mains sur son soutien-gorge. Mais l’appel de l’eau chaude sur sa peau glacée fut plus fort, et, exhibant ses seins et son sexe rasé en jetant ses sous-vêtements sur ses propres habits, elle sauta dans l’eau pour soupirer d’extase au contact de l’eau chaude réchauffant son corps. Elle s’accroupit pour laisser plus de surface de sa peau plongée dans la chaleur.

Elle resta assise ainsi un moment, savourant l’instant de repos que ce monde lui offrait enfin. Après ce qu’elle venait de subir, elle estimait l’avoir amplement mérité.

Elle se ressaisit rapidement pour se souvenir que c’était plus ses vêtements qui avaient besoin d’une toilette. Elle prit donc sa jupe et son haut et les trempa dans l’eau, frottant énergiquement dessus. La boue s’échappa rapidement.

Mais son enthousiasme renaissant retomba rapidement lorsqu’elle sentit l’eau commencer à se rafraichir. Elle tenait dans chacune de ses mains une partie de son uniforme de lycéenne, toutes deux trempées, et comprit qu’elle n’aurait pas le temps de les faire sécher : l’eau serait bientôt froide.

Oh non… Euh… Je suis désolée de m’être un peu emportée comme ça… Mais… Enfin je…

Elle se trouvait vraiment stupide de ne pas y avoir pensé. Elle allait visiblement devoir faire le reste du voyage trempée…
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le lundi 28 juillet 2014, 06:21:40
L'air de rien, Lemme commença à se passer un peu d'eau sur les épaules. Il était beaucoup moins souillé que Warda, ayant évité de chuter et étant resté en grande partie couvert pendant le voyage. Toutefois, il ne faisait jamais de mal de se débarrasser de la sueur conséquente de toutes les émotions et de la longue marche qu'ils venaient de faire. De plus, l'eau chaude était particulièrement agréable, et il se laissa doucement engourdir.

Cependant, ses pensées divergèrent un peu lorsque la terrienne se décida à entrer dans le fleuve. Elle est nue, juste derrière moi. Elle doit être occupée, peut-être je pourrais jeter un coup d’œil, sans qu'elle s'en rende compte. Le jeune homme n'avait en réalité jamais vu de femme dans son plus simple appareil ; aucune humaine, aucune femelle terranide non-plus. Il se souvenait vaguement de sa sœur aînée, à peut-être cinq ou six ans, lorsqu'ils prenaient des bains ensemble, mais n'avait en mémoire rien de plus récent. Ses rares rapports intimes avaient été avec un autre garçon. C'était sa curiosité, en premier lieu, qui le tourmentait.

Il tenta de se concentrer sur autre chose, en se lançant dans une explication géographique. Il tendit le bras à droite.

« Ce fleuve coule jusqu'à Nexus. Nexus est la capitale de la région. C'est une cité-état humaine. Elle est immense de ce qu'on m'a dit, mais ils y réduisent les terranides en esclavage, et même les autres humains quelques-fois. Je n'ai donc pas vraiment envie d'y aller. »

Mais inlassablement, son esprit revenait vers Warda, dont les clapotis lui rappelaient la présence. Il pouvait sans mal sentir les remous qu'elle faisait en changeant de position dans l'eau. Il ne voyait rien, mais c'était encore pire. Son imagination était plus forte que la réalité. Lemme avait en effet une vaste capacité d'imagination, et beaucoup de difficultés à contrôler ses propres pensées. Aussi, au fur et à mesure qu'il continuait de se laver, malgré lui, celles-ci dévièrent encore, et se tintèrent de désir. Plus il tentait de les refréner, de les contenir, et plus elles revenaient fortes et obsédantes la seconde suivante.

Enfin, l'humaine sembla rencontrer une difficulté… mais elle n'était pas claire sur le sujet.

« Qu'est-ce qui se passe ? » interrogea Lemme, la voix un peu crispée par l'effort mental auquel il s’astreignait.

Juste un coup d’œil songea-t-il, juste histoire de voir quel est son problème. Il retourna ainsi une nouvelle fois son buste, rapidement, vers Warda. Avec une certaine déception, il constata qu'elle était assise dans l'eau, qui même si elle était claire, floutait certain détails. Il vit les épaules blanches, la jolie poitrine légèrement porté par les eaux, et un peu moins bien le ventre. C'est agréable à regarder, dommage que je n'ai pas plus de temps pour. Il vit, évidemment aussi, les vêtements trempés (mais propres), et comprit sans mal le défaut dans le raisonnement de la terrienne. Toutefois, la vision était assez troublante pour le faire hésiter.

« Hm… » il s'arrêta une seconde, contemplant toujours les habits. « Euh… je dois pouvoir vous en prêter d'autres, pas de problème, je vais… voir. »

Le dispositif de chauffage commençait en effet à faiblir, et l'eau perdait chaque seconde quelques dixième de degrés. Bientôt, elle aurait retrouvé sa température normale, et ils ne pouvaient pas se permettre d'attendre dans une eau aussi froide. Cependant, le jeune homme voyait une raison qui pouvait le dissuader de sortir… Tant pis. Je n'ai qu'à faire comme si c'était normal. C'est naturel, après tout. Ne pas faire de commentaire. Ça ira, tenta-t-il de se persuader.

« Je vais vous chercher ça. »

Il se retourna alors : ses deux verges, l'une sous l'autre, étaient complètement dressées sous l'effet de l'excitation. Elles étaient assez longues pour que les deux glands, à demi-décalottés, ressortent complètement de l'eau, jusqu'à son nombril. L'épiderme de son bassin était plus clair, car moins exposé au soleil, mais ses sexes, gorgés de sang, étaient beaucoup plus foncés. Un duvet de poils bruns tapissait l'intérieur de ses cuisses.

Au-dessus, il avait un ventre étroit où se dessinaient sous la peau les muscles abdominaux supérieurs. Son buste était assez plat, mais ses pectoraux formaient des lignes nettes et athlétiques. Il ne disait rien, mais ses joues avaient légèrement rougies, témoignage de sa gêne. Tout va bien, tout va bien, allez, vite.

Lemme ne resta pas longtemps en place, sachant qu'il ne pouvait cacher efficacement, en raison de leur nombre et de leur taille, même avec ses bras, ce qui aurait dû être caché. Il se dirigea directement vers son trotteur et ouvrit un des conteneurs. Il grimaça.

« Ah… En fait, je n'ai plus rien de propre. Je suis désolé, euh…  Tout ce que je peux vous proposer, c'est de mettre mes affaires en attendant que les vôtres sèchent. Sauf si vous préférez porter quelque-chose de mouillé… »
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mardi 29 juillet 2014, 00:21:00
Toujours allongée dans l'eau, Warda resta pensive. Elle venait d'assimiler un paquet d'information sur ce monde en une minute.

Premièrement, qu'elle n'était visiblement pas la seule humaine de ce monde, et que Lemme était visiblement un "Terranide", puisqu'il semblait s'identifier au peuple réduit en esclavage dont il avait parlé. Elle ne serait donc pas une bête de foire.

Mais bien plus intéressant à ses yeux : l'anatomie du jeune ingénieur ! Elle attendait secrétement depuis un moment déjà qu'il se retourne, afin de voir son intimité, mais elle s'attendait à tout sauf à ça ! A la façon dont les deux sexes étaient tendus, ce genre d'actes naturistes semblait bel et bien l'exciter. Elle ne réalisa qu'alors qu'elle se trouvait allongée sur le dos, le corps troublé par l'eau mais bel et bien exposé à sa vue. Jamais elle n'aurait pu se comporter ainsi sur Terre.

La frayeur rejaillit soudain en elle. Elle était seule, isolée de tout, avec un garçon que visiblement elle excitait… Non, Lemme semblait trop respectueux pour faire ça.

Toutefois, elle qui se bloquait toujours volontairement dans son monde de peur d’être prise pour une perverse, elle était maintenant en compagnie de quelqu’un qui n’avait pas d’avis sur la question, puisqu’il acceptait sans poser de question de se dévoiler nu devant elle… Elle allait peut-être pouvoir s’amuser…

Elle se retira brutalement de l’eau, se dressant debout face à Lemme, avant d’annoncer fièrement :

Pas de problème ! Je vais remettre mes vêtements… Tant pis si ils sont mouillés, la température est bien plus supportable que dans le marais.

Elle remonta sur la rive, dévoilant l’intégralité de sa peau nue et rasée à son acolyte. Elle sourit en voyant sa réaction. L’idée de pouvoir garder un œil sur sa sexualité si spéciale durant le reste du voyage l’intéressait, mais pas autant que d’avoir l’idée d’être en tenue mouillée et moulante devant lui.

Elle enfila lentement ses sous-vêtements. Elle jeta un œil sur sa poitrine, qui lui confirma son souhait : l’eau rendait son soutien-gorge translucide, laissant apercevoir ses tétons à travers le tissu.

Tout en remuant légèrement et sensuellement, elle enfila le reste de sa tenue, qui, une fois collée à elle, laissait apparaitre la silhouette de sa poitrine et de ses cuisses.

Elle rougit un peu, surprise elle-même de s’être comportée ainsi.

Voilà ! Je suis prête !
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le mardi 29 juillet 2014, 17:51:58
Le jeune terranide ne s'était certainement pas attendu à un tel comportement de la part de la petite humaine. De ce qu'il savait, les humains étaient en général plus pudiques et réservés que les hybrides, sans doute par le fait qu'ils vivaient en ville depuis plus longtemps. Même si lui-même venait d'une civilisation éloignée de ses racines tribales, la question de la sexualité était restée assez libre, surtout car il n'y avait aucun tabou religieux sur le sujet. Les couples étaient souvent hétérosexuels mais les relations homosexuelles n'étaient pas réprimées. Restait un certain interdis de l'inceste. La nudité, elle, était encore plus tolérée, surtout lorsqu'elle était dénuée de tout caractère sexuel… ce qui n'était ici clairement pas le cas.

Aussi intéressé qu'il était par le corps féminin, il ne pouvait pas se permettre de la regarder en face, et détourna ostensiblement la tête lorsqu'elle sortie de l'eau… il avait peur de l'outrager par son regard. D'abord, il se contentait de jeter des coups d’œil lorsqu'elle était concentrée sur l'enfilage d'un habit. Elle avait un corps entièrement glabre, ce qui n'était à sa connaissance pas courant chez ses semblables, qui développaient plus aisément une fourrure, ou du moins une pilosité particulière. C'est assez étrange. Mais c'est plutôt attirant. C'est peut-être plus pratique pour certaines choses. Mais je devrais arrêter de penser à ça.

Toutefois, il se rendit rapidement compte de deux choses : son excitation était encore plus forte lorsqu'il ne la voyait pas directement, car son esprit laissé à lui-même fantasmait plus intensément encore. Tiens, elle a les fesses un peu rouges. De plus, Warda elle-même ne paraissait pas particulièrement gênée. Au contraire, elle semblait jouer de l'effet que produisait ses formes sur Lemme. Ce dernier comprit qu'elle avait une pleine conscience de son charme au bout de quelques secondes. Il n'en resta pas moins captivé par ce corps qui se balançait tout en se rhabillant, qu'il n'avait plus aucune raison de se priver de contempler.

Woah, est-ce que c'est dans les mœurs terriens de se comporter comme ça ? Elle est beaucoup plus extravertie que je le pensais. Ils doivent être très ouverts, sur Terre songea le terranide, sans penser que son interlocutrice pouvait avoir le même avis sur son compte. Maintenant qu'il l'avait vu nue, son corps même habillé devenait désirable. L'eau, en mettant en valeur les formes, accentuait encore son émoi, aussi bien physique que psychologique.

Lorsqu'elle eut fini, il se rendit soudain compte que lui n'avait pas bougé. Il était resté dénudé et statique face à elle, l'expression songeuse et ses yeux vert lichen posés sur elle. L'état de ses sexes ne s'était pas amélioré. Ils étaient toujours droits, et vibraient même légèrement au rythme du sang qui y pulsait puissamment, et de leur propre poids. Quelques gouttes luisantes étaient apparues à leur sommet. La rougeur des joues de l'adolescente était presque étonnante.

« Pardon, je, mh, vais chercher mes affaires. »


Dans une telle situation, Lemme avait de vraies difficultés à marcher, car son organe double prenait beaucoup de place entre ses cuisses. Sa démarche était alors un peu ridicule, car il était obligé d'écarter légèrement les jambes, révélant davantage encore son anatomie. Il avait pensé à aller se soulager en prétextant un passage aux toilettes, mais une telle demande n'aurait pas fait illusion une seconde. Il prit alors ses habits à côté de Warda et les enfila sans tarder. Ses vêtements étaient incapables de camoufler totalement le volume de son entrejambe. Il ramassa la cocotte chauffeuse et la rangea.

« Bien ! Je pense qu'on peut repartir ! J'ai euh, constaté que vous aviez peut-être un peu souffert de la chaleur à l'arrière du trotteur… je pense qu'on peut mettre quelques linges sur la selle pour éviter ça. Et peut-être que ce serait mieux si vous étiez un peu plus proche de moi. »

Il n'y avait pas beaucoup de place sur le véhicule, et s'approcher de lui signifiait plus ou moins se coller à lui, voire l'enlacer. Il disposa quelques épaisseurs de toile sur la selle et remonta sur le trotteur, puis tendit à nouveau la main à l'humaine.

« Il y a une auberge à quelques kilomètres d'ici. Ce sera un endroit idéal pour dîner et pour passer la nuit. Nous pourrons sûrement vendre notre prise, ou la consommer sur place. »

Le petit sanglier avait été accroché à l'arrière de l'engin qui démarra. Au bout de quelques minutes, il n'y tint plus. C'est pas la peine d'éviter le sujet. Si elle agit comme ça, ça ne doit pas beaucoup la gêner.

« Est-ce que ça vous dérange de me parler des habitudes terriennes concernant les choses de l'intime ? Comment faites-vous pour choisir un ou une partenaire ? Vous êtes monogames ? Il existe des engagements obligatoires ? Est-ce que vous vous accouplez souvent ? Est-ce que vous-même… ? Ah et pour il y a quelques minutes… Je m'excuse pour… vous voyez, si ça ne rentre pas dans vos mœurs.»

C'était très maladroit, mais c'était la seule façon qu'il voyait pour dire les choses.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mardi 29 juillet 2014, 23:52:39
Warda fut décontenancée par la question du Terranide. Elle avait déduite de son attitude un peu nudiste que ce genre de choses n’était pas sa préoccupation. Pourtant, sa curiosité révélée pour le sujet prouvait le contraire. Mais pourquoi se demandait-il seulement maintenant si ça pouvait la gêner ? **Il est plus facile de demander pardon que permission** lui souffla une petite voix lubrique dans sa tête.

En revanche, ses questions sous-entendaient qu’elle était la première humaine à qui il adressait la parole… Et donc qu’elle était probablement la première à être vue nue, ce qui la gêna et l’excita à la fois.

Notre intimité… Euh… Elle réfléchit une seconde à comment expliquer cela à quelqu’un d’étranger à son monde. Il y avait beaucoup à dire ! Il y a de tout… La plupart du temps, les humains changent souvent de partenaire lorsqu’ils sont jeunes, puis s’engagent avec quelqu’un plus tard, dans le but d’élever des enfants… Mais c’est une moyenne. Certains ne s’engagent jamais, d’autres veulent garder un et un seul partenaire toute leur vie, attendant le bon et lui jurant fidélité. Mais personne n’est obligé de rien.

Elle marqua une pause, se souvenant plus précisément de son cas, obligé de masquer sa vraie personnalité et ses envies dans le seul but de bien paraître en société.

Enfin, du moins en théorie… En pratique, il est plutôt bien vu de vouloir s’engager. Ceux qui changent souvent de partenaire doivent parfois se cacher pour ça…

Elle se rendit compte alors qu’elle était en train de prendre en compte seulement le Japon. Elle rectifia rapidement :

Enfin, je vous prends l’exemple d’où je viens, mais les humains sont composés en de nombreux pays, et les règles sont différentes dans chacun. Certains interdisent un rapport sans engagement, d’autres l’interdisent seulement pour les femmes… Souvent pour une question de religion d’ailleurs.

Pour ce qui est de la fréquence… ça décroit avec l’âge… Et ça dépend énormément des gens. Tout existe, de plusieurs fois par jour à une fois par mois.

Elle repensa à sa dernière question… Devait-elle lui révéler son secret ? Certainement pas. D’une part, c’était sans doute déjà assez compliqué pour lui, et son secret était ce qu’elle avait de plus cher.

Pour ce qui est de mon cas personnel… Désolé, mais c’est un sujet trop personnel.
Annonça-t-elle dans un sourire. Navré aussi de m’être un peu laissée aller, habituellement, les humaines ne font pas ça… Mais comme vous n’hésitiez pas, j’ai juste fait comme vous…

Elle se demanda une seconde si il ne l’avait pas fait exprès d’ailleurs… Il semblait protecteur et timide, mais il avait prouvé que ça ne l’empêchait pas de ne pas apprécier la vue d’un corps féminin dénudé.

Et vous ? Vous êtes un « terranide » si j’ai bien comprise ? Comment vous le vivez ? Plutôt par engagement, souvent ? Les règles sont les mêmes pour tous ou vous avez des communautés différentes vous aussi ?

Elle n’avait pas vraiment hésité avant de lui demander ça. Elle s’était ouverte, chacun son tour.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le jeudi 31 juillet 2014, 03:26:59
« Nous ne vivons pas dans des mondes si différents, finalement. »

Lemme fut surpris de constater que sur de nombreux points, les humains avaient une vision de la chose très semblable à la sienne. Mais cela répondait après tout à une certaine logique. Dans une société où les individualités étaient mises en avant, il était normal que les caractères et les destins de vie de chacun soient différents. Quant à l'âge, il imaginait aussi sans mal que la plupart des personnes finissaient par perdre un peu de vigueur avec le temps.

Concernant son cas personnel, Warda fut plus évasive, et repoussa la question. Elle conservait une réserve. Il ne lui en voulait pas, bien au contraire. Il lui était reconnaissant d'avoir pris la question, dont le caractère osé ne lui était pas immédiatement apparu, avec bonne humeur (et un sourire qu'il ne put malheureusement qu'imaginer, la jeune femme étant derrière lui). Heureusement qu'elle prend tout ça bien. J'aurais été triste de la vexer ou de l’embarrasser.

« Ne vous excusez pas, j'aurais été surtout gêné dans le cas où vous l'auriez été… C'est juste qu'il est plus difficile pour un homme de cacher que, euh… son intérêt pour… enfin, qu'il n'est pas insensible » fit-il sur un ton bas.

Voilà quel avait été le problème, en réalité : que l'humaine croit qu'il allait lui sauter dessus, ou considère son comportement comme indécent. Pour le reste de ce qui se passait dans son esprit, il ne pouvait rien démentir, mais ne pouvait rien y faire non-plus. Je ne suis pas particulièrement pervers, c'est juste la nature, pensait-il.

« Peut-être vous devriez le prendre comme un compliment » plaisanta le jeune homme, détendu par la gentillesse de Warda. « Au moins, il n'y a pas de faux semblant. J'ai toujours trouvé les femmes plus difficiles à comprendre au premier abord… Est-ce que seulement vous avez des envies ? Sans signe physique, je ne sais jamais vraiment si elles les cachent, ou si au contraire elles font semblant. C'est pour ça que je ne les ai jamais vraiment approchées… Avec les hommes, c'est clair tout-de-suite. »

Il avouait sans trop de mal qu'il n'avait jamais eu de relation avec les femmes, ce n'était pas quelque-chose dont il avait particulièrement honte. Il n'avait pas vraiment conscience qu'il était simplement incapable de repérer ce type de signal physique, certes plus discret, chez les individus de l'autre genre. Cependant, il trouvait un peu ridicule de discuter avec une habitante d'un autre monde, et de ne rien trouver de mieux à lui parler que de son inexpérience avec la gent féminine. C'est stupide, je devrais plutôt lui parler de l'univers dans lequel elle vient d'apparaître.

« La société terranide n'est pas très homogène. La plupart des terranides que vous croiserez si vous restez dans le coin ne seront que des sauvages ou des esclaves. Les premiers ont des rapports et des types d'engagement assez primitifs. Parfois c'est juste le mâle qui va chercher la compagne qui lui plaît, qu'elle soit d'accord ou non, et qui la ramène chez-lui, et parfois, c'est plus ritualisé. Mais souvent, ils ne se posent pas de question. Ils le font simplement parce qu'ils ont envie. Je les envie un peu. Quant aux esclaves, ils sont soumis aux désirs de leur maître. L'esclavage sexuel est assez courant, surtout pour les terranides, parce que nous sommes réputés plus sensibles et plus facile à exciter. Ce qui est peut-être vrai d'un point de vue biologique. »


Il s'arrêta de parler un instant puis glissa :

« Mais n'allez pas croire que c'est pour d'autres particularités… anatomiques. Il y en a peut-être, mais je ne connais pas d'autres terranides dans le même cas que moi. À une époque, j'en avais même honte. »

Ce n'était pas d'excellents souvenirs que ceux où il tentait de cacher à tous prix sa particularité dès qu'il était susceptible d'être nu, et qu'il était terrifié à l'idée qu'on le découvre, même lorsqu'il était habillé. Mais il était à présent décomplexé à ce sujet, et pouvait le prendre avec plus d'humour.

« Je pourrais vous parler de Gora Moroz, la terre d'où je suis originaire, mais elle est si éloignée que vous n'y mettrez sans doute jamais les pieds. C'est un royaume où les terranides ont bâti une civilisation aussi organisée que celle des humains. Il est courant que les nobles, qu'ils soient de la famille princière ou de la petit noblesse, comme moi, se marient entre-eux. Je suis un peu parti à cause de ça. J'étais amoureux d'un garçon qui m'a préféré une femme. Mais enfin, c'est normal. »

Au loin, un petit bâtiment en torchis, avec un toit de chaume, se dessinait. C'était l'auberge « Du Repos Blanc » : elle était située à un carrefour des routes commerciales desquelles ils approchaient. Ce n'était pas une établissement très grand ou très prestigieux, mais son placement lui assurait une clientèle presque constante. En effet, il y avait sur le côté une petite étable dont on pouvait voir dépasser la tête de plusieurs chevaux. J'espère que nous aurons une place. Sinon nous sommes bons pour dormir dans l'écurie.

« C'est vraiment agréable de pouvoir discuter de sujets comme ça avec quelqu'un comme vous, en tout cas ! Qu'en penseriez-vous si nous nous tutoyions ? » demanda le jeune terranide.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mardi 05 août 2014, 16:46:30
Et bien soit, tutoyons-nous ! S’exclama Warda, de plus en plus souriante en suivant le flot de la discussion. Je suis ravie de même que nous parlions de ça. Entre humains, c’est parfois assez… Délicat.

Décidément, que de surprise de la part de ce monde et de son guide… Plus qu’un terranide, c’était donc un jeune noble homosexuel. Ou du moins, qui s’affirmait homosexuel… Mais il l’avait avoué lui-même : les charmes de la jeune humaine ne le laissaient pas insensible. Elle ne pût retenir une petite pensée lubrique sur l’anatomie du jeune homme, puis tenta de la garder au plus profond de son esprit. Ce n’était ni le lieu, ni le moment.

Les femmes peuvent te réserver bien des surprises, croie-moi ! Lui affirma-t-elle en lui tapotant l’épaule, toujours collée à elle sur le trotteur. Des signes, il y en a bien plus que tu ne le semble penser, il suffit juste d’être observateur. Renter ta chance avec elles est une bonne idée à mon avis. Surtout avec ton… Atout.

Mais alors qu’elle commençait seulement à croire ce monde plus accueillant qu’à son premier abord, les relations des terranides entre eux et avec les humains lui refirent penser le contraire. Viols chez les uns, esclavage chez les autres… En tant qu’humaine elle semblait ne rien risquer, mais ce genre de comportements étaient à l’encontre de son éthique de terrienne.

Je suis désolée pour la manière dont ton peuple est traité par le mien… Je n’ai pas la moindre idée au pourquoi de la chose. D’après le peu que j’ai perçu jusqu’à présent, vous ne semblez pas si différents.

Elle sentit que le véhicule ralentit. Elle tourna la tête pour voir leur destination : l’Auberge du Repos Blanc. L’ami de Lemme était visiblement loin : il fallait plusieurs jours pour l’atteindre.

C’est donc là que nous allons dormir ? Je suis un peu embarrassée de devoir t’imposer un gite de plus… Je n’ai pas vraiment d’argent pour te rembourser, et je doute que la monnaie terrienne t’intéresse.

Le trotteur s’immobilisa enfin, laissant sa passagère descendre. Elle remarqua que la chaleur de celui-ci avait suffi à faire sécher sa jupe, mais pas son haut, qui restait moulant et laisser bien voir son soutien-gorge et sa silhouette. En temps normal, cela l’aurait troublé au plus haut point, mais devant de parfaits inconnus qu’elle n’aurait aucune chance de rencontrer, ça l’excitait plus qu’autre chose.

Bon… Tu passes devant ? Je te suivrais sans rien dire, je suppose ?

Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le mercredi 06 août 2014, 19:47:47
Lemme hocha la tête en mettant le pied à terre. Il était content que Warda ait accepté plus de familiarité dans leur communication. Le vouvoiement commençait à devenir un peu étrange, alors qu'ils étaient collés l'un contre l'autre. Maintenant, le terranide aimait croire qu'il pouvait dire qu'ils étaient amis. Même si Terra devait paraître étrange à son interlocutrice, et qu'elle avait peut-être du mal à considérer normalement les relations qu'elle s'y faisait, lui s'était dors et déjà attaché à elle : l'humaine avait été une passagère agréable dont il avait apprécié les efforts, et qui semblait posséder une personnalité adorable.

« La monnaie terrienne m'intéresserait à titre de curiosité. Pour l'or, on va se débrouiller, ne t'inquiète pas. »

Avec une main, l'ingénieur dirigea son trotteur sous le porche de l'écurie. Sa monture ne prenait pas une place de box et n'avait pas besoin qu'on s'occupe d'elle. Il devait juste la mettre à l'abri de l'humidité qui exigeait, lorsqu'elle y était trop exposée, un entretient long et fastidieux. La porte du Repos Blanc était déjà entrouverte. Il s'en échappait une odeur de cuisine à l'ancienne, sans doute celle de légumes qui avaient bouilli dans une marmite. La salle principale était pleine de monde, et très bruyante. La plupart des clients avaient déjà terminé leur repas, et avaient commencé à boire et à jouer aux cartes.

Le terranide se fit un chemin comme il le put parmi tous les hommes ivres. La plupart tenaient encore debout, mais leur voix forte et leur visage rouge ne trompaient pas. Une forte majorité d'humains peuplait l'endroit, et l'immense majorité étaient des hommes en tenue de voyage. Dans un coin, une poignée d'individus portaient encore leur cotte de mailles, et leurs armes au côté, mais n'étaient pas moins saouls. Ils doivent être des mercenaires. Ou des voyageurs vraiment paranoïaques. Mais voir un gnoll n'est jamais rassurant, s'inquiéta Lemme.

En effet, parmi eux, il y avait un de ces grands terranides bestiaux et musculeux, le corps légèrement bossu couvert de fourrure et la face aux oreilles pointues et à la mâchoire puissante rappelant celle du hyène. Réputés pour leur extrême agressivité, presque tous étaient des sauvages ou des pillards, mais quelques uns savaient assez se tenir pour choisir de faire profiter ceux qui avaient les moyens de leurs indéniables talents de guerrier.

Il y avait quelques autres représentants d'espèces moins inquiétantes. Trois nains, particulièrement trapus et à la barbe très fournie, buvaient ensemble dans de grandes choppes qui leur étaient sans doute personnelle. Ceux-là ne feraient sans doute pas de problème. Un groupe d'humains avait avec lui le seul enfant. Enfin, dans le fond, il y avait un individu encapuchonné, seul, qui était l'un des derniers à encore manger. Lemme se fit tant bien que mal un chemin parmi cette masse buvant et jouant pour arriver jusqu'au comptoir ; il transportait avec lui la dépouille du petit sanglier.

« On arrive un peu tard voyageurs » fit une voix chevrotante.

C'était celle d'une vieille femme, plutôt petite, impression encore renforcée par le fait qu'elle se tenait courbée. Ses épaules dépassaient à peine de par-dessus le meuble en bois.

« Bonsoir, nous sommes deux. Nous voudrions passer la nuit ici. Nous avons aussi apporté notre propre nourriture, si vous nous permettez de la faire cuire. »

L'ancêtre renifla bruyamment la pièce de viande. Puis elle se détourna et cria, en direction d'une pièce secondaire qui devait être la cuisine :

« Bolon ! Montre au monsieur le grill. Pour les chambres, il nous reste plus rien, trop tard, je vous ai dit. »

Un homme assez costaud, d'une cinquantaine d'années fit son apparition. Il était chauve et portait un tablier. Lemme se retourna vers Warda avec un air désolé.

« Je vais me débrouiller. En attendant, tu peux essayer de trouver une place à table ? Euh… viens me chercher si on t'embête. »

Trouver une place ne serait en soi pas une tâche très aisée, car la plupart des tables étaient déjà prises. Mais surtout, parmi tous les clients sous l'effet de l'alcool, la terrienne était la seule jeune femme, et le moins qu'on pouvait dire, c'est que sa tenue n'était pas sans attirer l'attention. Les regards intéressés se portaient de partout sur sa jupe et sur son haut encore humide. Sachant qu'elle n'était pas arrivée avec un compagnon très impressionnant de prime abord, et il y en aurait sûrement pour tenter leur chance d'une manière plus ou moins distinguée. Lemme, lui, se dirigea vers les cuisines.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le vendredi 08 août 2014, 15:48:42
Warda aquiesca en silence. Elle gardait la tête baissée, intimidée par les regards des clients de l'auberge. Elle eût l'impression d'être le centre d'intérêt de l'assistance, sentant de nombreux regards peser sur elle. Elle avait vaguement balayé le sien dans la salle, tentant désespérément de voir un autre être humain féminin, en vain.

Elle avait rapidement perdue sa bonne humeur renaissante. S’assoir à présent… Mais où ? La plupart des tables étaient prises. Elle reparcouru l’auberge de ses yeux mi-clots. Elle aperçut alors dans un coin sombre une petite table pour deux personnes sans occupant. Seul problème : pour l’atteindre, elle allait devoir se frayer un chemin parmi d’autres tables, celles-ci bien remplies… Mais avait-elle vraiment le choix ?

Elle tenta d’ignorer sa tenue courte et moulante, et commença à slalomer doucement entre les tables et les ivrognes, lançant un petit « pardon » ou « excusez-moi » de temps en temps. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de serrer les dents lorsque l’un des clients tournait la tête vers elle et lui souriant lorsqu’elle passait à côté. L’un d’entre eux alla jusqu’à lui taper assez violement une fesse, ce qui la fit sursauter et crier de surprise, déclenchant un rire général dans la salle, achevant ainsi de se faire remarquer.

Elle tenta d’ignorer cette frappe comme le reste et atteint enfin sa table promise, s’asseyant, et soufflant un peu. Elle ne sut dire si c’était son imagination, mais pour elle, tous les clients la regardaient à présent, et les conversations à voix basse qu’elle ne pouvait percevoir en détail parlaient forcément d’elle.

Eh petite, t’as pas froid avec cette tenue ? Emana de la foule, la faisant légèrement rougir, et déclenchant une nouvelle vague de rire mesquin. De honte, elle tenta de se cacher le visage avec ses mains, regrettant rapidement :

Tu sais, te cacher les yeux ne nous empêche pas de te voir !

Elle rougit de plus belle, tentant de regarder dans le vide, sans répondre. Elle vit néanmoins du mouvement vers les hommes qui étaient accompagnés par l’homme-bête, et constata avec effroi que l’un des leurs, celui doté de l’armure la plus soignée, probablement leur chef, se frayait à son tour un chemin parmi les tables en sa direction, encouragés par les clients qu’il frôlait, et accompagné de la créature-hyène !

Elle tenta de faire comme si elle n’avait rien vu, et regarda dans une autre direction. **Pitié lemme** murmura-t-elle, **dépêche-toi…**
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le samedi 09 août 2014, 04:36:31
Rôtir un porcelet prenait bien sûr un certain temps. Selon le maître queue de la maison royale de Gora Moroz, il fallait au moins une bonne heure à la broche pour qu'une bête de cette taille soit bien à point…  Évidemment, à moins de vouloir manger à une heure impossible, Lemme ne disposait pas d'autant de temps. Il avait faim, et se voyait mal attendre soixante minutes entières. D'autant que la viande un peu saignante était loin de lui déplaire, chose qu'il fallait sans doute attribuer à des gènes animaux qui, après tout, étaient ceux d'un prédateur. Comme il doutait que Warda mange beaucoup, il ferait bien cuire une portion raisonnable du gibier, et se réserverait les parties les moins rôties. Pour quelque-chose de correct, je dois en avoir pour vingt ou trente minutes comme ça, estimait-il. Bolon le cuisinier, après lui avoir indiqué la broche et quelques ustensiles, le surveillait du coin de l’œil sans daigner l'assister.

L'ingénieur s'inquiétait un peu pour la jeune femme, mais il avait toujours été d'un tempérament plutôt optimiste. Personne ne va oser s'en prendre à elle en plein milieu d'une auberge. Peut-être que l'on va un peu la regarder, mais les voyageur savent se tenir lorsqu'ils sont en société, ils en resteront là. Quant aux mercenaires, leur chef doit être capable de tenir ses hommes en place.

« C'est les gars du Morgenstern Doré.
– Le type, c'est Georg Boutefeu ? Le nordique ?
– Ouais, sûrement, et le monstre, avec lui ?
– J'ai cru entendre qu'il s’appelait Brok. Pas sûr »
entendait-on chuchoter dans la salle.

Ce qu'il ne savait pas, c'était que dans la compagnie du Morgenstern Doré, c'étaient plutôt les hommes qui devaient tenir leur chef que le contraire… ce qu'ils faisaient rarement, car le personnage était une brute. Pas une brute absolument dénuée de subtilité, comme l'était son bras droit, le gnoll, dans lequel cas il n'aurait jamais accédé au poste de chef, mais un individu pervers plein de violence et de susceptibilité. Ils avaient passé pas moins de quatre semaines à écumer des terres pleines de créatures immondes pour le compte de la princesse d'une cité-état. Cité-état pour laquelle ils devaient compter encore plusieurs jours de voyage pour recevoir leur paiement. Après un tel périple de chasteté, le mercenaire en chef était sérieusement à l’affut des demoiselles.

Dès lors que ses petits yeux gris d'homme du nord s'étaient posés sur la jeune femme, il avait été inutile pour ses hommes de tenter de le raisonner. L'alcool que Georg avait dans les veines le rendait incontrôlable. Il avait repéré sa nouvelle proie, celle avec qui il comptait bien passer la nuit. Heureusement qu'elle était arrivée ! La perspective de finir seul ce soir lui avait fait boire un peu plus que d'habitude. Car aussi affamé qu'il était, il ne se serait quand même pas payé la vieille, et encore moins un autre homme. Mais si ses subordonnés le laissaient faire, c'était aussi parce qu'ils étaient tout aussi avides que leur chef, et qu'ils savaient très bien que malgré son mauvais caractère, celui-ci était parfois partageur en la matière. Le viol de quelques paysannes, par le passé, leur avait prouvé.

Il avait pris Brok avec lui, histoire de faire un peu plus forte impression… même s'il n'en avait pas vraiment besoin, il aimait bien la terreur que le gnoll suscitait passivement chez ceux qui n'étaient pas habitués à la guerre. Lui-même était un homme plutôt impressionnant, massif dans son armure dorée, avec un visage large et dur dont l'arcade sourcilière était barrée de trois cicatrices comme la trace du coup de griffes d'une bête immense. Il avait au flanc la masse hérissée de pointes – morgenstern – qui avait baptisé sa compagnie. Arrivée à la table de Warda, il se racla très bruyamment la gorge pour obliger celle-ci à porter son attention sur lui.

« T'es sapée d'un torchon pas commun, t'es pas une greluche du coin, toi. Mais c'est aussi bandant d'ssous ou bien ? »

Sans demander de permission, il tira de sa main puissante sur la jupe de la jeune femme assise. Si celle-ci résistait, il tirerait quand même, quitte à la déchirer. Il était le genre de personne à savoir se faire respecter.

« D'où tu viens j'm'en cogne en fait. Mais dis jolie plante, moi et mon ami Brok on a fait un voyage genre vraiment long. Ça t'dirait pas de nous aider à détendre nos muscles ? On a un matériel beaucoup plus gros que ton pote le chat. J'suis sûr il nous en voudra pas si on te fais une démonstration. Et si l'miaou ou toi jouez les rebelles, nous on sait jouer les argousins, hein Brok ? »

Le gnoll se contenta de ricaner. Il avait le rire d'une hyène, mais beaucoup plus grave, et un peu enroué. Warda paraissait beaucoup lui plaire, et il avait du mal à tenir en place. Il se balançait bestialement d'une jambe sur l'autre. Le terranide alla jusqu'à sortir sa large langue et se pencher en avant pour tenter de lécher la joue blanche de la jeune femme.

« J'vais pas pouvoir l'tenir une éternité, Brok c'est un nerveux. Tu t'traînes là-haut avec nous et tu fais pas d'histoire ou on pète la gueule au crétin à grandes oreilles… et après j'lâche Brok sur toi devant tout l'monde. »

Brok ricana encore. Dans l'auberge, le brouhaha avait baissé de plusieurs tons. Certains clients paraissaient intéressés par la tournure que prendrait la scène, espérant sans doute que cela tourne mal, ce qui ferait un spectacle beaucoup plus distrayant. D'autres semblaient ne pas approuver, mais n'avaient à l'évidence pas le cran de s'opposer à Georg Boutefeu, le gnoll, et par extension toute le petit groupe de mercenaires, tous bien armés.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le dimanche 10 août 2014, 09:10:24
Warda tremblait de tout son corps. Des deux pervers qui l'avaient pris pour cible, l'un avait déchiré une partie de sa robe, et l'autre humecté sa joue de sa salive.

C'était maintenant un fait : la totalité de la taverne avait le regard braqué dans sa direction. La majorité d'entre eux, notamment les mercenaires sous le commandement de son agresseur, avait un sourire qui disait très clairement "vas-y, résiste, fais-le." Ils semblaient réellement assister à son viol juste devant eux.

Elle était pris au piège. S'enfuir ? Elle était dos au mur et face à la bête. Négocier ? C'était peine perdue. Elle en vint même à considérer la proposition qui lui était offerte. Ce serait douloureux, mais dans sa personnalité cachée, c'était l'un de ses fantasmes les plus inavoués que de se faire abuser. Mais une créature telle que l'homme-hyène qui lui bavait littéralement au visage l'imprégnait bien plus de terreur que d'excitation.

Elle balaya de nouveau la salle du regard, tentant désespérément de trouver quelqu’un qui était en posture de la défendre. En vain. Les seuls clients qui n’épiait pas la scène avide de la suite se contenter de l’ignorer, regardant leur choppe d’un air neutre. Elle n’avait vraisemblablement qu’un seul ami ici.

Mais Lemme serait-il capable d’affronter ça ? L’homme et le terranide qui étaient presque collés à elle semblait être, de par leur armure et leur musculature, de redoutables guerriers. De plus, il parraitrait logique que la petite troupe armée se joindrait à eux si ils étaient attaqués. Warda aimait bien l’ingénieur. Elle ne voulait pas lui attirer des ennuis inutilement.

Bon, tu te décides ou bien ? S’impatienta le chef de guerre. Brok va pas tenir très longtemps ! Alors monte avec nous, on te laissera dormir dans not’ piaule ensuite. Tu viens ?

Un flash survint dans l’esprit de la jeune fille : le combat de Lemme contre le sanglier géant ! Il avait déchiqueté ce monstre qui aurait sans doute eu le dessus sur les mercenaires, en comparaison, il serait surement capable de gérer cette troupe à moitié ivre.

Lemme ? appela-t-elle timidement. Ce qui déclencha un rire puissant et sadique dans l’assistance, qui avait compris le choix de la fille en détresse.

T’as fait le bon choix ma jolie, ça va plaire à mes hommes d’assister à ça après ce qu’ils ont endurés ! Il se tourna vers la hyène, qui bavait de plus en plus abondamment. Grok, elle est à toi… Mais attention, ne la blesse pas trop. Je veux pouvoir prendre mon pied à mon tour, une fois que je me serais occupé de son petit ami…

A ces mots, le prédateur bondit sur sa proie pour la plaquer au sol, d’un choc presque suffisant pour lui briser un os. Léchant frénétiquement le cou de sa prise sous l’effet de l’excitation, il utilisait l’une de ses mains pour bloquer ses bras, et l’autre, encouragé par les cris des clients se délectant du spectacle naissant, pour déchirer ce qui lui restait de sa jupe et envoyer les lambeaux de tissus sur l’assistance.

Cédant totalement à la panique, mais étant dans l’incapacité de faire le moindre mouvement hormis celui d’agiter inutilement les jambes, elle se mit à hurler LEMME, A L’AIIIDE ! en voyant l’une des mains griffues s’approcher de son chemisier.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le mardi 12 août 2014, 02:35:32
Le changement soudain de l'ambiance de la salle était à peine perceptible depuis les cuisines, mais il suffit à faire naître un mauvais pressentiment chez Lemme. Il hésitait, ne voulant pas ralentir une tâche qu'il était déterminé à terminer au plus vite. Mais lorsque les cris déchirants de Warda arrivèrent jusqu'à ses oreilles animales, il abandonna aussitôt son travail, et réagit assez rapidement. Bon sang, j'aurais dû la faire venir avec moi, ces humains sont des sauvages. Se ruant dans la pièce à toute vitesse, le terranide bouscula le cuisinier Bolon sur sa route, et déboula, arme en main.

Ses yeux parcoururent l'espace, un peu paniqués, à la recherche de son amie. Il ne la trouva pas immédiatement : entre sa position et la sienne, il y avait le corps gigantesque du gnoll, courbé sur elle. La créature lui avait saisi les deux poignets d'une seule main, alors que l'autre paluche réduisait, du tranchant effilé de ses griffes, son haut en charpie.

« Hey, stop ! » protesta l'ingénieur en pointant son pistolet vers le hyène. « Arrête ça ou tu exploses ! »

Le monstre ne daigna même pas tourner son regard vers lui, et continua, véhément à déshabiller la jeune femme, arrachant brutalement le sous-vêtement qui cachait sa poitrine. C'est seulement à cet instant que Lemme se rendit compte qu'un autre homme s'était levé. Il reconnu un autre mercenaire, son équipement de qualité supérieure en faisant probablement leur chef. C'était logique, toutefois, la constatation enterrait du même coup les espoirs du terranide de faire face à une crise de rage du gnoll isolée et récusée de tous.

Georg s'approcha de lui d'un pas lent, portant à peine sa main sur sa masse. Il n'avait certainement pas l'intention de brusquer les choses ; à chaque seconde qui passait, la vicitime de son bras droit était un peu plus humiliée. L'ingénieur, lui, ne pouvait s'accorder un tel luxe. Tirer sur le gnoll était trop dangereux, l'explosion risquait de blesser Warda. Comprenant que la créature était hermétique aux menaces, il tourna le canon de son arme sur l'humain.

« Dis à ton homme d'arrêter ça de suite, sinon tu vas payer pour lui.
– Eh, oooh. C'est qu'il en serait menaçant le minet. T'sais à qui tu t'adresses, chaton ?
– Isomère ! Je m'en fiche, dis lui d'arrêter ! »


Malheureusement, Lemme n'était pas vraiment habitué à ce type de joute, et ne s'y sentait pas à l'aise. À côté de lui, qui était nerveux et agressif, Georg posé et sûr de lui dégageait un charisme beaucoup plus grand. La situation pressait. S'il ne magne pas, je risque d'être obligé de le descendre. Le terranide ne tenant pas à tuer l'homme, mais le gnoll tirait le dernier habit de Warda, et sa gueule baveuse s'était portée sur un de ses seins, le couvrant d'une salive immonde. Et pendant ce temps, Georg se permettait une révérence amusée. Sa voix avinée donnait à ses paroles une dimension particulièrement vulgaire.

« Compagnie du Morgenstern Doré… au service de son altesse sérénissime la princesse de Castelquisianni. »

L'ingénieur tira en l'air. La détonation, violente, créa dans la pièce un silence… et dans le plafond, une crevasse d'un mètre de diamètre qui laissait apparaître l'étage supérieure. Lemme avait augmenté la puissance de son arme pour que l'effet en soit plus impressionnant. Le bois, sur les bords du trou, était encore rougeoyant de la chaleur de l'explosion. Georg regarda le cratère, et siffla d'admiration entre ses dents, sans paraître effrayé pour autant. Le coup avait au moins eu un mérite : le gnoll, surpris par le bruit, s'était retourné et temporairement interrompu.

« Ouaais, pas mal ta baguette chaton. Mais tu crois qu'on sait pas comment calmer les acolytes ? – il frappa du poing le plastron de son armure dorée – Présent de son altesse, mon p'tit corps invulnérable à la magie.
– 'pas de la magie. De la science. »


Pas si sûr, l'anargie est quand même inhibée par un régime arcanique… Lemme mit toutefois sa menace à exécution, ne visant cette fois pas le plafond. La balle partit dans une nouvelle gerbe d'étincelles colorées droit sur Georg. C'était son dernier recours, le terranide devait espérer que la mort de leur leader ferait réfléchir le gnoll et les autres mercenaires.

Au moment où le projectile, entouré d'une robe de flamme vertes, entrait en contact avec le métal doré, une déflagration aurait dû se produire, dispersant d'une manière peu prévisible les différents morceaux du nordique. Mais tout ne se passa pas exactement comme l'ingénieur l'avait espéré, car au lieu d'exploser, la balle perdit son halo surnaturel, et se contenta de pénétrer l'armure puis la chair. Georg serra les dents, alors qu'un fragment de chrome venait, contrairement à ses attentes, d'entrer dans sa poitrine. Un peu de sang coulait de sa bouche, signe qu'un de ses organes avait sans doute été touché, toutefois il était toujours capable de parler.

« Putain, putain, butez-le moi » beugla-t-il à ses hommes.

Deux mercenaires se levèrent et dégainèrent leur épées. Se sachant moins bien protégés que Georg, ils fondirent sur Lemme. Le terranide allait prendre au moins quelques secondes avant de s'en débarrasser. Les deux hommes d'arme qui restaient, pressentant le danger qu'ils courraient, préférèrent tourner les talons et s'éclipser sans demander leur reste. Ce fut aussi le cas de bon nombre de clients, dont certains avaient déjà commencé à quitter la salle dès la première explosion, jugeant probablement que la magie était une chose trop dangereuse et trop incontrôlable. Le nordique grogna :

« Putain de déserteurs. Eh, Grok… »

Tombant à genoux, il tourna la tête vers le gnoll, son regard commençait à se voiler. Georg toussa du sang, pourtant, il parvint encore à sourire à la bête. Ses dents étaient rouges de la vie qui le quittait.

« Baise bien sa copine pour moi. »

Et il s'effondra.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mardi 12 août 2014, 12:37:06
Warda sentit une douloureuse pression sur ses poignets et sur sa hanche, là où étais situées les mains de la bête qui la tenait. Celle-ci semblait devenir soudainement fou de rage de la mort de son ami. Mais plutôt que de tenter de le venger en attaquant le meurtrier, il préféra expulser sa rage sur le morceau de viande tendre qu'il avait en main. Etait-ce pour honorer la dernière parole de son ami ou bien était-il trop excité pour s'arréter ? La réponse ne viendra surement jamais.

Et n'avais pas grand intérêt pour Warda d'ailleurs : dans tous les cas, elle étais sur le point de subir un viol d'une bestialité sans pareille.

La bête lâcha ses poignets pour placer ses deux mains autour de sa ceinture, la soulevant au dessus du sol. La jeune fille de 50 kilos se faisait soulever et déplacer comme un simple jouet par la puissante musculature de son agresseur. Jamais de sa vie elle n'avait ressenti une telle absence de contrôle de son corps.

Elle se fit brutalement plaquer au mur, ses jambes s'agitant toujours vainement dans l'espoir d'effleurer le sol. Sa tête face à la créature, elle eu un excellent apercu de la langue épaisse de la créature faisant un passage rapide mais rapeux entre ses seins, laissant derrière elle une ligne de peau rougeatre, douloureuse, et certainement parfaitement imberbe.

LAISSE MOI ! Hurla-t-elle. LEMME ! AU SEC... AAAH PAS CA !

Lui semblait déjà lassé des préliminaires. Il s'était encore rapprohé d'elle, collant sa fourrure à la peau délicatte de sa proie. Celle-ci tentait de pousser de ses bras mainteant libres sur ses épaules pour le faire reculer, en vain. Ses maigres bras de le ralentissaient même pas. Il semblait carrément l'ignorer, les yeux toujours rivés sur le magnifique joyau épilé qui était sur le point de se faire profaner.

**Les yeux !** Warda eut cette révélation dans son esprit en voyant le regard avide de sexe qu'elle avait en fasse d'elle. Lorsqu'elle sentit la première pression sur son entrejambe, elle lâcha les épaules du mâle et plaqua ses mains sur son visage, appuyant de toutes ses forces des pouces sur les yeux verts de la bête. Celle-ci lâcha brutalement prise et recula de deux pas, plaquant ses propres mains sur ses yeux et laissant sa proie tomber violement sur les fesses.

De nouveau libre, Warda se releva prestement avant de tenter tant bien que mal de courir nue à travers le dédale de tables et de chaises dont étais composé la taverne, sans se soucier du statut de Lemme. Il ne pouvait que s'en sortir de toutes façons. Mais après seulement quelques pas, un cri de hyène retentit derrière elle, et elle sentit bientôt les mains griffues la prendre de nouveau par les hanches, la projetant cette fois au sol face contre terre. Sa poitrine amortit légèrement ce choc, mais pas le coup de poing qu'elle ressut juste après sur le haut du crâne, Grok ayant visiblement estimé qu'elle gigotait beaucoup trop.

Ce coup avait été suffisant pour l'assomer. D'une oreille troublée, elle entendait encore les glapissements de jubilation derrière elle, sans doute provoqués par la paire de fesses sans défense bien exposée.

Dans un état de demi-conscience où elle ne pouvait remuer le moindre muscle, elle sentit la créature se placer derrière elle et soulever ses cuisses pour mieux exposer son entrejambes. Elle frémit lorsqu'elle sentit de nouveau le contact du membre masculin contre ses lèvres intimes. Celui-ci semblait peiner à rentrer. Pas étonnant, dans un sexe physiquement vierge et sans préparation. Ressentant la pression monter, elle comprit qu'il insistait. Elle ferma les yeux et serra les dents, prête à endurer cette défleuration.

Mais la pénétration ne se fit jamais.

Le monstre avait relâché son empreinte et sa pression d'un coup, s'effondrant à côté de Warda. Celle-ci ayant la tête tournée de l'autre côté, elle ne vit rien de ce qui venait de se passer.

Lemme ? Peina-t-elle à articuler, trop faible pour se retourner. Lemme, c'est toi ?
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le mercredi 20 août 2014, 04:54:40
Grok poussa un gémissement animal… étrangement aigu pour un être de sa taille, qui se transforma néanmoins rapidement en râle saccadé et plus profond. C'est une lame courte et plate qui ressortie, sanglante, du milieu de son dos. Le glaive avait commencé sa course entre ses jambes et était remonté, brisant quelques mailles de l'armure de la bête et surtout découpant tout ce qu'il avait trouvé sur le chemin. Une belle tâche de sang ne tarda pas à naître sur le sol, alimentée par le jet encore continu et fort de l'artère iliaque tranchée.

Alors que le monstre s'effondrait, c'était un minuscule personnage, en comparaison du gnoll immense, mais également en comparaison de n'importe quel humain. Sa silhouette aurait pu aisément être confondu avec celle d'un enfant : si elle ne dépassait pas le mètre vingt, elle était gracile et n'avait rien à voir avec le corps trapu d'un nain. Ses proportions étaient celles d'un homme adulte que l'on aurait rétrécit sans en altérer l'harmonie. Il avait un visage agréable et fin, avec un nez en trompette et des pommettes hautes ; son regard bleu particulièrement lui donnait un air rusé. Son âge était difficile à estimer, ses traits étaient intrinsèquement juvéniles, mais il portait un bouc bien taillé évoquant une jeune trentaine. Il était vêtu d'un capuchon de voyage gris-vert assez quelconque, duquel dépassait quelques boucles de cheveux roux.

Les petits doigts fins de l'individu attrapèrent un mouchoir blanc nettoya promptement le fil de son arme souillée de liquide rouge. Puis il se pencha vers l'humaine, et fit une petite révérence, stylistique uniquement, car il n'avait à l'évidence pas besoin de se pencher.

« C'était une vilaine bête. Permettez-moi de m'introduire. » Il sourit, s'amusant peut-être du double-sens. « Je me nomme Shauna Mixedec. »

Sa voix était trop fluette pour un humain mais on y décelait toutefois de la maturité, quoiqu'elle semblait toujours inclinée à une certaine espièglerie. Une détonation retentit dans l'auberge sans paraître le préoccuper le moins du monde.

« Si vous me permettez également de ménager votre pudeur… »

Mixedec alla chercher quelque-chose dans sa tunique, et comme par enchantement, un long drap blanc se déroula, sans qu'il soit possible de savoir où celui-ci avait été stocké jusqu'ici. Plus étrange encore, le tissu pouvait se fermer grâce à une petite broche en métal blanc – représentant un lièvre stylisé – à la manière d'une toge. Le semi-homme s'en servit aussitôt pour cacher le corps nu de la jeune femme, lui laissant loisir de l'ajuster. Il y eut une seconde explosion.

« Oh, je sais ce que vous pensez : Shauna, c'est un prénom de femme. Vous marquez un point, mademoiselle. Appelez-moi donc Mixedec, comme tout le monde. »

Sous son capuchon, Mixedec paraissait porter un pourpoint bien plus précieux, et vraisemblablement de nombreuses poches, mais qu'il cachait encore. Dans l'ombre de sa capuche, on pouvait deviner que ses oreilles étaient légèrement pointues. D'un geste à la fois vif et délicat, il attrapa les doigts de l'humaine, et les frôla de ses lèvres.

« Un honneur d'avoir pu être là au bon moment, mademoiselle.
– Warda ! Warda, ça va ? … Euh, bonjour. »


Après s'être défait de ses deux assaillants, Lemme avait courut jusqu'à son amie, pistolet toujours en main. Son dernier combat ne l'avait visiblement pas laissé indemne. Il était en sueur, essoufflé, et complètement couvert d'hémoglobine. Il avait une paupière fermée, la peau légèrement tuméfiée, et son avant-bras droit présentait d'une estafilade courant sur une dizaine de centimètres, difficile à remarquer à cause du sang qui maculait son épiderme. Il se mordait la lèvre inférieure, qui saignait aussi un peu. L'ingénieur faisait un peu peur à voir, cependant, il n'avait écopé d'aucune blessure grave.

« Excuse-moi… un de ces gars s'est approché… un peu trop… et je suis pas vraiment un… expert du contact… mais je m'en suis sorti… à peu près… »

Le terranide était encore manifestement dans la tension du combat, et son flux de parole n'était pas vraiment maîtrisé.

« Bonsoir camarade, oui. Eh bien, je doute qu'un mouchoir suffise à vous essuyer.
– …oui, vous avez raison… à l'évidence…  à qui ai-je l'honneur ?
– Mixedec. Pour vous servir camarade. »


Le ton du semi-homme était plus lapidaire que lorsqu'il s'était adressé à la jeune femme, sans perdre de sa malice, il était légèrement plus sec. L'ingénieur ne le trouvait pas particulièrement antipathique, mais en constatant sur le sol le cadavre du gnoll qu'il avait échoué à terrasser, malgré le fait qu'il ait constitué la plus grosse menace pour Warda, il sentit naître en lui un début de jalousie à son égard. Cela ne lui arrivait pas souvent, et le sentiment le prit un peu au dépourvu. Néanmoins, il s'en voulait plus à lui-même qu'à quelqu'un d'autre, tout aussi rival que ce quelqu'un puisse être.

« Est-ce que… ça va ? Dis-moi que ce monstre… n'a pas eu le temps de… Je… je ne me le pardonnerais pas. »

Je devrais faire de vraies excuses, bien sûr, tout est de ma faute, mais devant ce halfelin… Ce serait trop humiliant, je vais attendre un peu qu'il parte songea douloureusement Lemme, tiraillé entre sa culpabilité et sa fierté. Il n'en restait pas moins préoccupé et inquiet, et cela se ressentait dans ses mots.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le vendredi 22 août 2014, 16:39:02
Les voix de ses deux sauveurs se faisaient de moins en moins sourdes et lointaines derrière elle, signe que ses esprits revenaient peu à peu.

Le visage toujours contre le sol, elle ne voyait même pas ce qui se passait dans son dos, mais sentit le tissu qu'on lui donnait se coller à sa peau.
Elle tenta de se retourner doucement, curieuse de comprendre ce qui venait de se passer. La première chose qu'elle put percevoir fut le cadavre de son agresseur jonchant au sol à côté d'elle, l'odeur de son sang se mêlant à sa puanteur originelle aida Warda à s'extirper de son état de demi-sommeil.

Elle finit par se retourner complétement, se retrouvant à présent sur le dos, la tunique qu'on lui avait confiée la recouvrant du cou jusqu'aux cuisses. Tout en tentant de percevoir à travers sa vision troublée qui étaient les deux personnes se tenant devant elle, elle chercha de ses mains molles à ajuster son vêtement, ce qui fut assez aisé à faire.

Ses sens commencèrent à revenir à elle. Elle parvint à entendre Lemme s’inquiéter pour elle.

Non… Il n’a…
Se força-t-elle à articuler. Il n’a pas eu… Le temps. Je n’ai pas… été… Enfin… Je vais bien. Merci.

La taverne, qu’elle avait connue agitée et peuplée lorsqu’elle est entrée, était maintenant d’un calme absolu. Le trou que Lemme avait fait dans le plafond commençait à refroidir, sa bordure perdant de sa rougeur, et les meubles de la pièce était renversés un peu partout suite au combat de l’ingénieur et à la lutte de la jeune fille.

Elle écarquilla les yeux lorsque l’image fut plus nette. Elle vit alors l’état dans lequel était son ami : couvert de sang, visiblement partiellement du sien, un œil fermé.

Lemme… Tu es blessé !

Elle se releva brusquement, et manqua de déglutir en voyant de plus près la scène actuelle : en plus du visage balafré de son ami et de la créature puante qui baignait dans son sang à côté d’elle, trois cadavres de plus jonchaient de l’autre côté de la salle : le chef qui était couché sur le ventre, inerte mais propre, et deux de ses sbires, dont les corps étaient à plus de deux endroits à la fois…

Alors qu’elle venait tout juste de se remettre debout, elle s’écroula à genoux, plaquant ses mains sur son visage et se mettant à pleurer à chaudes larmes. Beaucoup de sang venait de couler, du sang de son ami et du sang d’humain.

C’est ma faute…
Sanglota-t-elle. Tout est ma faute !

**Pourquoi je n’ai pas simplement accepté de dormir avec eux ?** se hurla-t-elle en son for intérieur.  **Rien de tout ça ne serait arrivé ! J’aurais passé un mauvais moment, Lemme irait bien et tout le monde serait en vie !**
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le jeudi 28 août 2014, 03:45:47
Lemme poussa un soupir de soulagement à l'annonce de la bonne nouvelle. Je n'aurais pas su comment réagir, ou comment me faire pardonner, s'il avait été jusque là… Bon sang, je viens d'échapper à une situation vraiment terrible pensa-t-il, alors que le terrifiant spectre du viol de son amie s'éloignait. L'appréhension passée, il parvint à ralentir un peu sa respiration, et reprit son souffle. Le terranide fut surpris que ce soit Warda qui lui présente des excuses. Il ne comprenait pas vraiment sa réaction, et la prenait pour une conséquence du choc. S'il y a quelqu'un à blâmer, c'est moi, je ne vois pas ce qu'elle pourrait avoir à se reprocher…

Il regarda quand même son bras, qui le piquait assez pour qu'il s'en préoccupe. Il était difficile de savoir si celle-ci saignait vraiment beaucoup, ou si elle était simplement couverte par un autre sang que le sien. Elle paraissait assez fine et nette, mais mériterait au moins d'être un peu nettoyée. Il savait aussi que son œil avait pris un coup – de coudière en métal, en fait – et c'était peut-être ce qui lui faisait le plus peur. Ouvrir la paupière lui faisait mal… il supposait qu'avec un minimum de magie, cela pourrait guérir sans trop de problème.

« Oh, c'est pas si terrible, t'en fais pas, j'en ai vu d'autres… »  fit-il avec une désinvolture feinte.

C'était à la fois vrai et faux. Des blessures, Lemme en avait déjà eu quelques unes, même si en général, il s'agissait plutôt de brûlures causées par des expériences plus ou moins couronnées de succès. Il était d'ailleurs particulièrement performant pour ce qui était de soigner les abrasions. C'était par contre la première fois qu'une arme blanche entaillait sa peau. Toutefois, il avait également des connaissances suffisantes en médecine pour s'occuper d'une estafilade.

Il s'agenouilla près de Warda, se penchant vers elle sans oser la toucher. Il était couvert d'un liquide répugnant, et elle n'avait qu'une toge pour se couvrir ; il ne voulait pas la souiller. Il espérait qu'elle allait rapidement se remettre et sécher ses larmes, car il était beaucoup plus doué pour faire exploser des truands que pour réconforter les dames. Il tenta quand même de la rassurer par sa présence, en s'approchant d'elle et en essayant de saisir son regard.

« Hey, t'y es pour rien, j'aurais du arriver plus vite, je suis désolé… l'important, c'est qu'ils n'aient pas pu profiter de toi, ou t'emmener avec eux. Pour moi, ça ira, je me serais juste rétabli plus vite si j'avais pris alchimie médicinale à l'Académie…
– Justement camarade, il se trouve que l'alchimie fait partie des quelques talents que je possède.
– Je… n'ai pas les moyens de m'offrir vos services, sans doute monsieur Mixedec. De plus, j'ai déjà une dette envers vous.
– C'est vrai camarade. Mais à présent que votre échec à protéger cette demoiselle vous en a fait contracter une, il ne sera peut-être pas nécessaire de vous endetter davantage pour vous rétablir. Nous pourrions nous arranger très facilement. Il serait dommage qu'un visage comme le vôtre soit défiguré par un mauvais soin. »


Mixedec souriait toujours mais l'évocation de l'échec de Lemme s'était fait avec un peu de cynisme dans la voix. Le jeune homme y avait d'ailleurs réagit par une grimace. C'est vexant, mais il a parfaitement raison se dit-il pour ne pas être piqué plus au vif par la remarque. Le halfelin plongea une énième fois sa main sous sa cape, et entre ses doigts apparut une petite fiole remplie d'un liquide bleu. L'ingénieur regarda cette dernière d'un air méfiant.

« De quelle façon monsieur ?
– Voyez-vous camarade, un alchimiste se doit d'être en perpétuelle recherche, toujours chercher à inventer, à explorer de nouvelles voies, à découvrir les nouvelles possibilités de son art.
– Oui, je comprends bien, je crois que je partage votre philosophie.
– Formidable camarade. Alors je crois bien que vous comprendrez que les effets de ce breuvage ne sont pas absolument définis. Oh il est curatif, c'est à peu près certain, mais je n'ai jamais eu l'occasion de l'utiliser sur un humanoïde, vous seriez le premier a disposer de cet honneur. En revanche, il fait des merveilles sur les lapins. Je l'ai appelé silnédafil. Voulez-vous une démonstration ?
– Tout-de-suite ? On n'en a pas vraiment le temps, à moins que vous avez un lapin sous votre cape.
– Bien deviné, camarade. »


Et c'est en effet une petite créature blanche que Mixedec sortit de son habit. Les deux oreilles longues, les moustaches, le faciès remuant sans paraître paniqué, il s'agissait bel et bien d'un lagomorphe. Le halfelin le tenait sous le ventre.

« Sachez camarade qu'il ne faut jamais saisir un lapin par les oreilles, cela les fait souffrir terriblement » ajouta-t-il doctement.

Il prit la fiole entre ses dents et son autre main saisit son épée courte. Avec la pointe de celle-ci, il dessina un sillon rouge sur le ventre de l'animal, qui se mit à s'agiter et à battre des pattes pour tenter de s'échapper. Le lapin poussa une plainte aiguë alors que sa fourrure blanche se maculait de sang. Mixedec ne le laissa pas trop souffrir, et rangea sa lame, puis fit boire au lagomorphe seulement une goutte de sa potion.

« Une petite dose, c'est un petit animal. » commenta-t-il. « Regardez, camarade ! »

Les effets du breuvage ne se firent pas attendre, et quelques secondes plus tard, la plaie cessa de saigner, et le lapin se calma. Il alla même jusqu'à émettre de petits « honk honk » graves et vifs.

« Voyez, c'est le bruit que fait un lapin heureux. Alors, qu'en dites-vous ? » fit Mixedec, en rangeant sous sa cape le petit cobaye.

Lemme jeta un regard à Warda, comme pour lui demander son avis. Cependant, il savait que la décision finale lui revenait. L'expérimentation scientifique le rendait particulièrement enthousiaste, même lorsqu'elle impliquait des risques pour sa propre personne. C'est très excitant, ça va me faire du bien… et ce halfelin a l'air honnête.

« C'est d'accord, monsieur Mixedec.
– Cette merveille ne vous coûtera donc rien ! Elle est à vous. Puis-je quand même vous suggérer de vous nettoyer avant cela ? Il serait regrettable que vos plaies se referme sur de la saleté. »


L'ingénieur hocha la tête. Il avait entendu parler d'un nain qui, dans l'urgence, avait bu une telle potion alors qu'une flèche lui traversait encore la gorge : la chair cicatrisée autour, on avait jamais pu lui retirer le projectile, et il était ainsi devenu incapable de parler. Le terranide attrapa la fiole après l'avoir un peu soupesée et observée de plus près, il la rangea dans une de ses poches.

« Merci Mixedec.
– Un plaisir. Informez-moi des très éventuels effets secondaires, surtout.
– Je n'y manquerai pas. »


Bon, est-ce qu'il s'en va, maintenant ? C'est difficile de parler à Warda avec ce type dans les pattes, aussi utile soit-il... Lemme se pencha néanmoins vers son ami, pour lui glisser :

« Je ne veux pas te laisser de nouveau seul, s'ils n'ont pas eu assez peur ils pourraient revenir pour se venger…  mais il va falloir que je prenne au moins quelques minutes pour me débarrasser de mes blessures. Ils ont une bassine pour la toilette, sans doute. Ça ne te dérange pas de m'accompagner ? Ou alors, tu peux rester avec Mixedec, peut-être… Il a l'air d'être quelqu'un de bien, et il a su te protéger. Je comprendrais que tu lui fasses plus confiance qu'à moi… »

Sa discussion avec le semi-homme lui avait inspiré une certaine sympathie (après tout, il allait tester son produit expérimental), mais il n'était pas certain que la jeune humaine ressente la chose comme lui. Du reste, il n'était pas absolument certain que le si petit halfelin soit de taille à la défendre contre une autre agression… toutefois, il avait déjà terrassé un gnoll, ce qui n'était pas rien, et Lemme ne pouvait honnêtement se permettre de douter de lui sur ce point.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le vendredi 29 août 2014, 14:36:01
Warda resta à genoux un moment, encore légèrement sous le choc. Ce qu'elle venait de voir - Son ami acceptant une potion sans être certain des effets - confirmait que la philosophie de l'expérimental n'était pas propre à Lemme, mais bien au plan tout entier.

Elle était quelque peu rassuré par les paroles de Lemme : le fait qu'il était en moins mauvais état qu'il n'y paraissait principalement. Mais une bonne nouvelle ne semblait jamais arriver sans une mauvaise aujourd'hui : les types qui venaient de tenter de la violer pouvaient revenir.

Elle pesait la proposition de son ami. Bien que finalement sauvée par la créature de petite taille, elle gardait quand même une plus grande confiance en l'ingénieur. Elle le connaissait mieux, et lui aussi c'était bien battu pour la secourir après tout. Et une petite partie d'elle, à la pensée qu'il allait se laver, ne pouvait s'empêcher de lui souffler d'aller avec lui, ne serait-ce que pour revoir la particularité de son anatomie. Elle se tourna vers Mixedec, dont la tête était au même niveau que celle de Warda, lui debout et elle à genoux.

Mer... Merci monsieur Mixedec prononça-t-elle d'une voix tremblante. Vous m'avez sauvé la vie... Et plus encore... J'ai à jamais une dette envers vous. Du fond du coeur... Merci.

Elle s'inclina maladroitement, pensant que ce genre de geste devait bien exister dans ce monde. Mixedec lui rendit son salut en une petite révérence, en y ajoutant :

Je ne pouvais laisser un tel acte se produire mademoiselle. Gardez la toge, je crains que vos anciens habits ne puissent plus vous servir comme tels à présent.

Elle jeta un coup d'œil à ce qui restait de son uniforme scolaire : quelques lambeaux de tissus. Elle se releva péniblement, regardant Lemme s'éloigner d'eux. Son seul désir était de le suivre, mais comment le faire sans vexer son sauveur ? Son regard passait de l'un à l'autre, cherchant vainement une solution. Comme si il avait exactement compris ce qu'il y avait dans son esprit, le halfelin reprit d'un ton cynique :

Eh bien quoi ? Vous n'attendez quand même pas ma permission tout de même ? Son sourire presque hilare était étrange compte tenu de la situation. Ne vous gênez pas pour moi ! Allez donc rejoindre votre ami, je vais juste rester là au cas où il y aurait un ennui avec ma potion. Il prit un tabouret et s'assit dessus, devant presque sauter pour l'escalader, avant de retourner ses yeux sur Warda. Ne faite pas cette tête ! J'ai dit "Au cas où". Il ne risque pas grand-chose qu'il n'ait pas déjà.

D'accord... Je vous fais confiance. Encore merci pour tout.

Elle se précipita alors vers le passage de son ami, manquant à deux reprises de trébucher sur un meuble renversé par la bagarre qui avait précédé en ces lieux. Ce qui la mena vers une pièce à part, muni d'une bassine, où Lemme semblait sur le point de se débarrasser de sa saleté. La jeune fille ferma la porte derrière eux, s'assura du regard qu'ils étaient bien seuls, puis retira sa toge, la posant délicatement sur une table-basse.

Elle appela son ami pour qu'il se retourne, puis se jeta dans ses bras, le serrant de toutes ses forces contre elle.

Oh Lemme... Soupira-t-elle. Lemme... Pardon... Pardon...

Elle ne pouvait s'empêcher de se blâmer pour ce qui venait d'arriver. Après tout, si elle n'avait pas été là, aucun incident ne serait survenu à l'auberge.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le lundi 01 septembre 2014, 05:27:25
L'on ne tuait pas les deux tiers d'une bande de mercenaires dans une auberge sans s'expliquer un minimum auprès des propriétaires du lieu. Lemme était donc rapidement retourné au comptoir. Derrière, la petite vieille l'avait regardé, sans expression particulière. Il était difficile de savoir si elle approuvait ou non ce qu'il venait de faire. Peut-être voulait-elle simplement éviter les ennuis. L'ingénieur avait remarqué que de sous le meuble en bois, elle avait sortie une arbalète. Difficile de savoir, là aussi, sur qui elle aurait souhaité tirer. Tout ça aurait pu tourner au carnage… enfin, encore davantage avait-il songé.

« Je suis désolé pour les dégâts. Je crois que vous pourriez largement vous rembourser sur ce qu'il reste des morgensterns, n'est-ce pas ? J'ai un ami qui pourrait vous racheter l'armure, peut-être. »

On lui avait répondu par la positive. Il était vrai que les artefacts s'arrachaient à prix d'or, et qu'un objet aussi précieux valait sans doute plusieurs fois le prix de l'auberge elle-même. La valeur des choses devenait disproportionnée dès lors qu'elles étaient enchantées. S'ils parvenaient à l'écouler, les tenanciers feraient une affaire qui les mettrait à l'abri du besoin pour longtemps. Sans compter que le chef avait sûrement sur lui un pécule conséquent, considérant les clients prestigieux qu'il servait. De ses complices, à l'exception du gnoll dont l'équipement était presque intact, il ne restait en revanche plus beaucoup de substance, en revanche…

Il avait également demandé à ce qu'on s'occupe un peu de la nourriture qu'il était en train de faire cuire, et bien sûr, si l'endroit disposait d'une salle de bain. On lui indiqua une pièce située derrière les escaliers. C'était un local plutôt petit, preuve que la plupart des voyageurs n'en avaient pas l'usage. En revanche, le jeune terranide avait un peu de chance : quelqu'un devait avoir prévu de se laver dans la prochaine heure, car l'eau avait été chauffée. Pas très haut, en réalité, car le seul moyen dont disposait l'auberge d'augmenter la température de l'eau à moindre frais était d'installer un bouilleur près du foyer. Celui-ci permettait de récupérer la chaleur des cuissons.

Mais ça n'avait après tout pas d'importance. Sale comme il était, Lemme se serait volontiers lavé dans un bain glacé, et surtout, il n'avait pas vraiment le choix. Même si la potion empêcherait certainement que sa blessure s'infecte, il ne fallait pas trop attendre pour la nettoyer. Le jeune homme se débarrassa de ses gants en cuir et de ses bottes. J'aurais pu penser à leur demander des habits pour la nuit, le temps de nettoyer les miens. Je vais avoir l'air malin en sortant. Il posa le flacon sur le rebord de la bassine de telle façon à ce que dans le pire des cas, il tombe dans l'eau.

L'entrée de Warda, alors qu'il défaisait sa tunique, le fit presque sursauter. Il avait sérieusement pensé qu'elle choisirait de demeurer sous la protection de Mixedec, et fut touché par la confiance qu'elle lui portait. Torse-nu, le terranide se retourna. Il estimait que les événements avaient été trop traumatisants pour son amie pour s'autoriser à sourire, toutefois, la joie se lisait sur son visage. Je ne devrais peut-être pas m'en réjouir, elle aurait peut-être été plus en sécurité avec le halfelin, mais… je crois que je suis content qu'elle préfère rester avec moi. Il s'attendait encore moins à ce que, dans son plus simple appareil, elle se jette dans ses bras.

« Eh, Warda… Tu ne m'en veux pas trop, alors ? » balbutia-t-il, pris au dépourvu.

Ça, c'est une question idiote : c'est elle qui est en train de s'excuser. Bon, ça ne vaut peut-être pas le coup de se renvoyer éternellement la culpabilité, après tout. Il avait eu un peu peur que l'humaine soit en situation de choc… après avoir failli être violée par une hyène géante, elle aurait eu toute la légitimité de l'être. D'ailleurs, peut-être que cette affection explosive et soudaine était en quelque sorte une manifestation d'un choc psychologique. En matière de psychologie, Lemme n'était pas très calé.

Ce qu'il savait, en revanche, c'est que l'enveloppe dévêtue de Warda causait chez-lui une réaction psychologique certaine. Elle le serrait vraiment fort, et le terranide pouvait sentir sa poitrine se presser contre son torse. C'était une sensation étrange, assez différente de celle que procurait la caresse d'un corps d'homme : plus voluptueuse, moins dure. Elle n'en était pas moins engageante, et le jeune homme ne savait pas vraiment comment se comporter. Au moins, il n'avait plus à avoir peur de la salir ; c'était déjà fait.

Doucement, Lemme passa alors les bras dans son dos pour l'enlacer à son tour contre lui. Étant un peu plus grand, il baissa légèrement la tête pour compléter l'étreinte, frôlant sa joue de la sienne. Elle ne m'a jamais donné l'autorisation de faire ça… mais elle a besoin de tendresse, peut-être se justifia-t-il. Il n'y avait alors plus que le bas de leur corps qui n'étaient directement pas en contact l'un contre l'autre. L'ingénieur resterait dans cette position tant que son amie voudrait. Depuis qu'il était parti à l'aventure, il n'avait pas eu un quart de cette l'affection qu'il recevait à cet instant. Des coups, des blessures, de la fatigue, il y en avait tellement. Mais il avait presque oublié à quel point une étreinte pouvait être agréable.

« Je crois que je suis en train de te salir, excuse-moi. Est-ce que tu veux passer avant moi ? L'eau serait plus propre » demanda-t-il à voix basse, pour ne pas rompre trop brutalement le moment. « Je t'attends à l'entrée ? »

La bassine, ovaloïde, était de la taille d'une baignoire assez petite et plutôt prévue pour une personne. Lemme avait bien retenu que Warda s'était sentie coupable de s'être trop exposée, lors de leur dernier bain, et qu'elle lui avait dit que les humaines tenaient en général assez à leur pudeur. Je ne sais pas ce que ça vaut, elle est quand même en train de se serrer nue contre moi… Enfin, je ne vois rien, c'est vrai. Il pourrait toujours attendre un peu avant de s'occuper de lui, les conséquences n'en seraient pas dramatiques, et ce serait beaucoup plus galant.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le samedi 20 septembre 2014, 12:43:47
Elle resta un moment contre lui, savourant chaque seconde de ce moment de répit. Elle tremblait encore un peu de ce qu'elle venait de subir. Son ami lui rendit son étreinte alors qu’elle se serrait contre lui, ce qu’elle apprécia fortement. Une marque de reconnaissance et d’amitié, c’était la seule chose qu’elle désirait en l’instant.

Certes elle se salissait, mais c’était le dernier de ses soucis. Elle sentit son stress la quitter peu à peu alors que sa peau restait collée contre celle de son ami. Ses inquiétudes et ses angoisses laissaient peu à peu place aux sentiments de sécurité, de confort. Puis de gêne. Elle ne commençait qu’alors à réaliser qu’elle se collait nue sur un homme qu’elle connaissait depuis moins d’une journée.

Ses paroles atteignirent tardivement son esprit, qui commença à les juger avec plusieurs secondes de latence. Un bain… Pourquoi pas après tout ? Tant que l’eau était chaude, ça ne pouvait lui faire que du bien.

Euh… Oui… Passer avant toi… Bonne idée, oui…

Elle dit ça sans bouger, n’ayant pas vraiment la volonté de rompre leur étreinte. Mais plus le temps passait, plus la situation devint gênante. Elle se força finalement à rouvrir ses bras, et posa machinalement une main entre ses jambes, pour économiser un semblant de pudeur.

Tu… Peux m’attendre à l’entrée si tu veux… Je ne serais pas longue.

Après avoir laissé Lemme sortir, elle gouta l’eau d’une jambe. tiède, mais pas chaude : l’idéal. Elle rentra la deuxième jambe, puis le reste de son corps suivit promptement. Elle ferma les yeux, s’abandonnait à cette chaleur qui l’enveloppait comme un cocon.

A présent détendue, elle fit un point en son for intérieur sur ce qui lui était arrivé. Elle était à présent dans un monde inconnu, rempli de créatures ses films et livres préférés de fantastique n’avaient rien à envier. Un point. Elle venait de manquer de peu de se faire violer par un monstre et avait été sauvé par son nouvel ami, qui avait par la même occasion été blessé. Elle s’en mordit la lèvre, se jurant de ne plus jamais avoir à le forcer de faire ce genre de choses, même si ça devait impliquer d’offrir son corps à une bête sauvage.

Ses pensées restaient focalisées sur Lemme. Aucun doute : elle l’appréciait de plus en plus. Sa timidité et sa maladresse avec les femmes était attachante, sa fougue pour la défendre attirante. Et son avantage anatomique très intriguant.
Lorsqu’elle sentit qu’un nouveau type de chaleur l’envahissait, elle réalisa subitement qu’elle provenait de l’une de ses mains qui était en train de s’aventurer sur ses lèvres intimes. Elle la ressortit hors de l’eau, légèrement déboussolée par elle-même.

**Mais je suis folle ou quoi ? Il n’est même pas humain, et je fantasme sur lui ? C’est définitivement pas le moment de penser à ça !**

Elle commença à se frotter le corps, gardant à l’esprit que Lemme attendait son tour, et tentant tant bien que mal de chasser ses idées lubriques de son esprit. **Deux verges… Moi qui aie toujours rêvée d’un plan à trois avec deux mecs… Je pourrais l’avoir avec un seul !**

Soupirant en comprenant qu’elle ne pourra jamais se convaincre complétement qu’y penser serait une mauvaise idée, elle sortit du bain pour attraper l’unique serviette qui s’y trouvait près. Après s’être séchée, elle renfila la toge que Mixedec lui avait confié.

Marquant une pause après l’avoir attachée, elle la défit légèrement, laissant le devant de son corps – en particulier ses seins et sa fleur – nu pour quiconque viendrait.

Lemme ? J’ai finis, tu peux venir.

Elle encercla le reste de son corps avec son vêtement à la seconde où son ami entra, s’assurant qu’il l’ait vu nue une fois de plus. Elle rougissait malgré elle, s’étonnant de jouer ainsi avec ses désirs, mais qu’est-ce que qu’elle aimait ça !

Elle sortit en tentant de ne pas croiser son regard, les joues toujours rouges d’excitation et honte.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le lundi 22 septembre 2014, 21:51:42
Aussitôt Warda eut relâché son étreinte, et eut acceptée sa proposition, Lemme ne détourna d'elle. Il attrapa le flacon, toujours posé sur le rebord du bain, puis, sans trop la regarder, il hocha la tête et sourit amicalement :

« D'accord, on fait comme ça. »

Allez, tu as mal depuis déjà cinq minutes, tu vas bien en tenir cinq de plus se dit-il. Il était vrai que la douleur de son bras commençait à sérieusement le tirailler, mais la sensation restait encore raisonnable. Il n'était plus aussi vif que quand la lame avait entaillé sa chair, à présent, elle se contentait de l'élancer par vague. Sorti de la pièce, il s'adossa contre le mur, décidé à ne laisser entrer personne. Il avait encore son pistolet à la ceinture, et même blessé, il était toujours capable de tirer.

Le terranide pressa sa blessure dans sa main, au risque de la salir. Le mouvement presque réflexe, en comprimant le nerf, lui procura un soulagement temporaire. Il eut un soupir douloureux. Bon, il faut que je pense à autre chose. Un peu de self-control. Les idées, contrairement à l'habitude, ne lui virent pas facilement. Il se résolut donc à faire quelque-chose d'utile : comme il n'avait pas de chaussures, qu'il était toujours torse-nu et qu'il ne se permettait pas de quitter l'entrée de la salle de bain des yeux, il fit seulement quelques pas en avant. Puis il demanda en levant un peu la voix.

« Est-ce que vous auriez des habits de rechange à notre taille ?
– Ça sera pas gratuit, spadassin
, lui répondit la vieille femme, depuis le comptoir.
– J'entends bien !
– Bolon t'apporte ça quand il aura sorti ton cochon du feu. »


L'intéressé remercia l'aubergiste, puis retourna s'appuyer contre la cloison. Peu après, Warda le prévint qu'elle en avait terminé. Ayant hâte d'enfin boire le remède qui ferait cesser sa souffrance, Lemme ne perdit pas de temps et entra aussitôt. Il comprit qu'il était peut-être entré une seconde trop tôt lorsqu'il aperçut que l'adolescente n'était pas encore totalement couverte.

« Hm. »

Il tressaillit, mais eu cette fois assez de vivacité pour rapidement en venir à fixer le sol. Il avait compris la leçon, et était décidé à être bien sage. Les minutes qui suivent une tentative de viol ne sont pas les plus appropriées, songea-t-il, pour gêner une personne avec un regard mal placé. La rougeur des joues de l'humaine et son attitude fuyante portait quand même à confusion. Il ne savait en fait pas trop à quoi s'en tenir, et préférait être prudent.

« Je pense que tu devrais pas trop t'éloigner d'ici, c'est plus sûr. Je ne vais pas être long » annonça-t-il. « On a un sanglier tueur qui nous attend ! »

En effet, le jeune homme ne se fit pas prier pour se déshabiller complètement dès lors que Warda fut sortie, déposant ses derniers habits sur le sol, et son pistolet à une distance respectable  (thermoarcanisme et eau ne faisaient que rarement bon ménage). Puis il enjamba la bassine, et s'y assit. L'eau avait un peu refroidie, mais ça ne le dérangeait pas. À peine eut-il pénétré dans l'onde que des volutes rouges s'élevèrent lentement vers la surface. Le bain rendait l'écoulement de sang plus impressionnant. Avant de souiller complètement le bassin, il s'y plongea complètement.

Puis il remonta, écartant les mèches de cheveux trempées qui tombaient maintenant sur ses yeux. Sans trop savoir pourquoi, il appréciait l'idée que Warda se soit baignée dans la même eau. Je me demande ce que sentent les terriennes. Elles sentent moins fort que les terranides, je pense. Il plaça son nez au niveau de la surface, tentant de renifler un quelconque résidu odorant. Son inspiration fut assez puissante pour qu'il aspire un peau d'eau par les narines, buvant la tasse. Il se redressa soudainement et toussa quelques secondes pour expulser le liquide intrus de ses poumons. Bon sang, parfois, j'arrive encore à me surprendre.

Lemme utilisa les secondes qui suivirent pour enlever le plus gros de la saleté qui lui couvrait le corps, et en particulier le bras. N'y tenant plus, il déboucha finalement le flacon, et le bu d'une traite. Tiens, il n'a pas vraiment précisé la dose, au fait. Contrairement à ses attentes, le breuvage n'était pas si dégoûtant à avaler. C'était un fluide légèrement visqueux, un peu poivré, qui une fois dans la bouche, adoptait des saveurs plus mentholées. Presque de quoi réhabiliter la réputation culinaire des alchimistes. Ce Mixedec est très doué.

Ce qui suivit sembla lui donner raison. Presque aussitôt, la douleur disparue, et un instant plus tard, sa blessure commença à se refermer. Émerveillé, Lemme ne pouvait quitter des yeux le travail qu'effectuait le remède… yeux que la potion répara également. Sa vision, qui était floue d'un côté, retrouva sa netteté. L'ingénieur se passa encore un peu d'eau, puis se leva.

En sortant, il était en aussi bonne santé qu'au premier jour, et – merveille ! – il n'y avait a priori aucun effet secondaire à déplorer, du moins pour l'instant. Il attrapa la seule serviette, celle avec laquelle Warda s'était elle-même essuyée. Ce partage ne le gênait pas davantage que le précédent. Quand il eut terminé, il se présenta sur le seuil de la pièce, montrant brièvement son avant-bras. Son œil avait aussi très bien guérit, et il était impossible de savoir qu'il était encore blessé une poignée de minutes avant.

« Plus rien, magique ! Enfin, il faudra demander sa version à Mixedec. Ah, au fait, on t'a bien apporté des vêtements ? »

Les cheveux encore humides, le terranide tenait sa serviette un peu au-dessus de son nombril, la laissant tomber pour cacher le principal.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mercredi 15 octobre 2014, 20:10:39
Tout en patientant, Warda avait longuement pensé au regard qu'elle venait d'échanger avec Lemme lorsqu'il l'a aperçue nue. Un regard intéressé mais géné. Après ce qu'elle venait de subir, c'était exactement ce qu'elle souhaitait : qu'on lui prouve qu'on puisse s'intéresser à elle tout en la respectant.

L'aubergiste arriva tandis que Lemme était encore dans son bain, tenant sous chacun de ses bras une tenue complète. Il lui tendit l'une d'entre elle, une robe verte ni neuve ni usée, accompagnant le cadeau d'un simple "tenez, elle vous accompagnera mieux que votre toge". Elle lui offrit un remerciement muet de la tête, et presque aussitôt, la porte se rouvrit, pour faire ressortir son ami, torse nu et parfaitement indemne.

Lorsqu'il lui montra fièrement son bras, une idée lui tiqua la tête. Plutôt que de simplement le regarder, elle prit son bras d'une main et frotta doucement de son doigt sur l'endroit où était autrefois la plaie.

Vraiment impressionnant... Heureuse de voir que tu vas bien en tout cas. Ah et... Oui, on m'a bien apporté des vêtements. A toi aussi d'ailleurs. Tu permets que je rerentre pour me changer ?

Sans vraiment attendre de réponse, elle retourna dans la salle, refermant la porte derrière elle et obtenant un léger haut-le-cœur à la vue de ce qu'était devenu l'eau du bain. Il avait sans aucun doute était très utile.

Sans raison, elle se déplaça au centre de la pièce, et défit rapidement sa toge, la plia proprement et la déposa sur une chaise. Elle déplia ensuite la robe qu'on lui avait offerte pour y découvrir un soutien-gorge et une culotte en tissu, épais et rêches. Elle hésita un instant avant de décider de les poser sur sa toge, bien en évidence, afin que Lemme comprenne qu'elle n'aura rien dessous.

Son comportement la faisait pouffer d'elle-même. Il y a encore une heure, elle se sentait intimidée par cet environnement nouveau et sauvage, mais avoir frôlé le pire semblait l'avoir maintenant fait reprendre confiance en elle, et réveillé quelque peu sa vraie nature. Le simple fait que Lemme comprenne qu'elle serait sans sous-vêtements la faisait frissonner.

Une pensée vint soudainement, l'excitant davantage : et si Lemme était en train de regarder par la serrure ? Se forçant à ne pas regarder en sa direction, elle se tourna néanmoins vers la porte, offrant une vue dégagée sur ses seins et son entrejambe nu à quiconque serait en train de tenter de l'observer. Etant donné le caractère respectueux de son ami, il était peu probable qu'il soit effectivement en train de l'espionner, mais la simple idée de son regard sur elle faisait monter en elle une vague de chaleur.

Toujours face à la porte fermée, elle commença à passer doucement ses mains sur son corps. Elle ferma les yeux, imaginant le terranide installé confortablement sur une chaise devant elle, son regard dévorant la moindre de ses courbes. Sans qu'elle s'en rende compte, ses mains lui caressaient les seins, les fesses, un doigt s'aventurant parfois à la surface de ses lèvres, ou taquinant le bout d'un de ses tétons.

Après plusieurs minutes de pensées érotiques, elle réalisa soudainement que rester aussi longtemps juste pour enfiler une robe risquait de paraitre suspect. Elle se stoppa net, enfilant rapidement et assez maladroitement sa nouvelle robe. Elle flottait en elle, ne laissant ressortir aucune de ses formes, et étant longue et haute, elle cachait le moindre grain de peau qui n'appartenait pas à son cou, ses mains ou ses pieds. Ce n'était pas vraiment le style qu'elle préférait, mais il fallait bien admettre qu'un vêtement plus chaud semblait plus adapté à la région.

Elle ressortit un sourire aux lèvres.

Voilà, je suis prête ! Et je commence à avoir faim... Tu te changes aussi, qu'on attaque ce sanglier ?

Sou sourire s'accentua lorsque l'image de ses sous-vêtements encore dans la salle lui revint à l'esprit.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le dimanche 16 novembre 2014, 23:04:46
La peau de Lemme avait beau s'être parfaitement recomposée en l'espace d'une minute, elle était toute neuve et un peu plus sensible que la normale. Le contact des doigts de la jeune fille était assez troublant, ce qui se lut brièvement sur le visage de l'aventurier. L'étreinte, ça... ils sont très tactiles, on dirait, sur Terre.

« Je t'en prie, vas-y. »

Le terranide attendit docilement que Warda se change. Il noua sa serviette autour de ses hanches et appuya une nouvelle fois son dos à la cloison. Heureusement que l'endroit était encore assez discret, car rester aussi découvert, debout pendant plusieurs minutes n'était pas particulièrement digne. Il aurait presque pu se changer sur place, se rendit-il compte. Warda prenait visiblement son temps, ce que Lemme se garda bien de lui reprocher, songeant qu'elle avait sans doute besoin d'un délais. Elle a peut-être envie d'être un peu seule, je devrais me faire discret.

Finalement, la porte se rouvrit sur l'adolescente désormais décemment habillée. Malgré la modestie de l'étoffe et la pudeur de la coupe, l'ingénieur se surprit à trouver la terrienne très élégante. Comme elle n'avait pas vraiment l'air troublée ou confuse – il était toujours possible qu'elle cache son traumatisme, mais elle le faisait très bien – et que sa tenue était très décente, il s'autorisa à poser un bref regard sur elle et à sourire.

« Ça te va très bien » osa-t-il simplement. « Je me dépêche, tu dois en avoir assez d'attendre. »

Ses vêtements en main, il entra une dernière fois dans la salle d'eau et défit sa serviette avant d'évaluer ce qu'il avait à sa disposition. Les affaires qu'on lui avait données n'étaient probablement pas celles de Bolon, dans lesquelles il ne serait pas rentré, car le cuisinier était beaucoup plus imposant que lui. Peut-être étaient-ce celles d'un adolescent, de son fils peut-être ; la coupe était un peu courte, même si Lemme n'était pas très grand. Le principal soucis résidait dans les dimensions de la pièce d'entrejambe qui n'était clairement pas taillée pour l'anatomie du terranide. Les humains… petits gabarits, s'amusa-t-il. Il l'enfila tout-de-même, tant bien que mal, sachant que les frottements du tissu peu délicat, en cas d'absence de protection, seraient plus désagréables encore, d'autant que le pantalon était assez ajusté lui aussi.

Le résultat final n'était pas trop grotesque, faisant simplement passer Lemme pour un homme d'extérieur à la condition assez modeste. Le maillot blanc, sans manches, avait un peu tendance à remonter jusqu'à son nombril lorsqu'il relevait les bras. Le bas vert-gris était court, mais ample au niveau des mollets, il passait bien pour une pièce d'été volontairement écourtée, et, une fois ses bottes enfilées, cela ne se remarquait plus.

C'est en récupérant ses autres affaires, dont son pistolet, qu'il se rendit compte que Warda avait laissé ses sous-vêtements dans la pièce. Il s'interrogea en saisissant la culotte. Pour Nexus et cette classe sociale, le tissu était absolument standard, cependant… Peut-être est-elle habituée à quelque-chose de plus délicat. Les étoffes qu'elle portait en arrivant paraissaient très fines. J'espère qu'elle n'est pas trop indisposée, il faudra que j'essaie de lui trouver quelque-chose de plus doux. Le jeune terranide rangea tout dans son sac, accrocha son pistolet à sa ceinture et sortit, retrouvant son amie.

« Ton premier repas dans cette dimension, alors ! »

Arrivant dans la salle principale, il chercha Mixedec du regard, mais ne le trouva pas. Il entreprit donc de passer rapidement dans la cuisine, questionnant la vieille tenancière au passage :

« Le halfelin qui était là est parti ?
– Quel halfelin ?
– Vous ne l'avez pas vu ?
– Non.
– Laissez tomber, c'est pas important »
abandonna-t-il en haussant les épaules.

Parfois, les semi-hommes passaient assez inaperçus, même si la situation avait quelque-chose d'étrange. Après tout, Mixedec était quand même responsable du trépas d'un gnoll, et l'exploit aurait dû lui valoir un minimum d'attention. Lemme eut soudain un mauvais sentiment, mais passa outre. Lorsqu'il arriva dans la cuisine, le porcelet était déjà découpé, et la viande rôtie avait été répartie dans deux plats. Bolon avait ajouté aux assiettes quelques haricots bouillis. Il y avait probablement plus de nourriture qu'ils ne pourraient en manger.

« On se trouve une table pas trop exposée ? » proposa Lemme, se saisissant de sa part.

Depuis l'incident, tous les clients n'étaient pas encore revenus, d'autres étaient partis se coucher, et ils n'avaient plus que l'embarras du choix. Fidèle à ses propos, l'ingénieur sélectionna une table dans un coin de l'auberge. Après avoir déposé son assiette, il se leva pour aller chercher des couverts, et les disposa à leur tour.

« Est-ce que tu as envie de parler, ou tu préfères être un peu tranquille ? » demanda-t-il en souriant gentiment.

Je lui ai déjà fait assez de mal comme ça, il ne manquerait plus que je l'importune alors qu'elle a juste envie de calme et de silence se dit le terranide, très conscient de sa volubilité. Par politesse, il attendit que Warda commence à manger pour le faire à son tour.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le lundi 01 mai 2017, 20:12:07
La vue du sanglier rôti rappela à Warda une information importante : elle n'avait pas simplement faim, elle était affamée. À peine son ami eut le temps de poser les couverts à son assiette et de s’asseoir en face d'elle qu'elle attaqua son assiette pour remplir son estomac grondant.

Une fois les premières bouchées passées, elle se retourna vers Lemme, pour lui répondre en s'essuyant la bouche avec sa serviette :

En fait, oui... J'aimerais bien parler d'un sujet en particulier... J'aimerais bien... Savoir si tu connais un moyen de rentrer chez moi ? Ne le prends pas mal, mais... Entre le marais, les sangliers, et... Certains gens... Elle tenta de cacher le frisson qui lui parcouru l'échine en repensant à ce à quoi elle venait d'échapper. Enfin... J'aimerais juste rentrer dans ma dimension.

Elle reprit une autre bouchée, tentant de trouver également une solution de son côté.

Tu as dit que j'étais rentré par un portail ? Dans ce cas, est-ce qu'il n'y a pas simplement des portails qui fonctionnent dans l'autre sens ? Et un moyen d'en trouver ?

Elle tenta de faire un point sur le peu d'informations qu'elle avait compris de ce monde... Nexus, les terranides, les créatures... Les humains ? Après-tout, les personnes en mesure de l'aider le plus sont peut-être simplement ceux qui lui ressemblent le plus ? Peut-être même que certains viennent de la Terre, et savent peut-être comment y retourner. Mais Lemme ne semblait pas très attiré par le fait de se rapprocher de Nexus... Et c'était amplement légitime, si cela pouvait le réduire en esclave.

Ou sinon... Est-ce que tu saurais où trouver des gens qui pourraient savoir ? Nexus par exemple... Je sais que tu n'as pas l'air pressé d'y aller, mais si c'est un tel rassemblement d'humains... Ils doivent bien y en avoir quelques-uns là-bas qui doivent savoir ? Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de... De justifier la présence d'un terranide là-bas, pour y chercher quelqu'un ?

Elle parlait presque la bouche pleine, trop heureuse de savourer ce sanglier qui avait manqué de peu de la tuer quelques heures avant.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le mardi 02 mai 2017, 22:06:56
Lemme sourit de voir Warda manger de bon cœur. Au final, tout ne c'était pas si mal passé. Bien sûr, il avait eu des soirées beaucoup moins animées que celles-ci. Il n'était également jamais heureux d'avoir à tuer, même des individus aussi abjects que les soldats du Morgenstern Doré. Pour autant, ils s'étaient jusqu'ici tirés avec des dégâts minimes d'un nombre conséquents de dangers : le mystérieux coléoptère que la jeune fille avait écrasé, l'échauffourée avec le sanglier géant, l'invention un peu hasardeuse du lac, et enfin la confrontation avec les mercenaires. Je ne suis pas le meilleur des protecteurs, mais ça aurait sans doute été pire sans moi, se dit l'ingénieur dans un élan d'autosatisfaction.

Sa main se porta vers son pantalon, tirant un peu dessus pour le rajuster. Le vêtement était vraiment très serré, à l'évidence taillé pour quelqu'un de plus petit que le terranide. À vrai dire, cela lui semblait encore pire que lorsqu'il l'avait enfilé. Mais il était trop enthousiasmé lui-même par la nourriture pour y prêter réellement attention. La graisse chaude du porcelet coulait avec bonheur dans sa bouche, efficacement déchirée par ses dents, qui, à la manière de celles des mammifères prédateurs, étaient plus pointues que n'importe quelle dentition humaine.

« Oh, je ne t'ai pas dit ? Je t'emmène à la tour du mage de Locmirail. Sophomyn est un ami et estimé collègue. C'est pour lui que j'étudiais le phénomène qui t'a amené ici… il aura peut-être une solution pour toi. »


Il était en réalité très surpris de ne pas encore avoir évoqué le sujet avec elle. Ils avaient été trop occupés, à l'évidence, pour aborder des questions complexes dont lui-même n'avait pas toutes les réponses.

« Désolé de t'avoir tenue à l'écart de ça, mh. Ce que je peux te dire, c'est que tu es venu ici par ce qu'on appelle un portail. Les portails sont des phénomènes singuliers qu'on ne sait pas très bien prédire… et leur durée est aussi très variable. Leur fonctionnement est assez simple à comprendre cependant, enfin, conceptuellement. Ils sont capables de transporter des individus, ou des choses, d'un plan – d'une dimension – à un autre. Bon, c'est ce qui t'es arrivée, euh, vraisemblablement. »

Le terranide eut une petite grimace, non en raison du contenu de la discussion, mais à cause de l'inconfort de son entrejambe. Il lui était impossible de l'ignorer maintenant, la pression du tissu grossier et abrasif devenait réellement douloureuse. La raison en était en apparence simple : sans qu'il s'en soit rendu compte, ses deux sexes étaient entrés en érection… et ils étaient loin d'avoir la place nécessaire pour s'épanouir de manière agréable. À la place, ils étaient fortement compressés l'un contre l'autre. Pourtant, cette fois, Lemme aurait pu jurer n'avoir aucune pensée particulièrement déplacée. Encore heureux qu'il fut assis.

« Dans l'idéal nous n'aurons pas besoin d'aller à Nexus, et si nous voyageons bien, nous serons à la tour demain… »

Il s'interrompit, incapable de se concentrer sur le fil de la situation. Il se retourna, hélant de loin la tenancière du Repos blanc.

« Vous avez une chambre de disponible maintenant ?
– Après ce désastre, c'est sûr
, lui répondit la vieille femme de sa voix éraillée. Prenez n'importe laquelle d'ouverte, à cette heure, s'il n'y a personne dedans, c'est qu'elle est libre.
– M… merci… »


Lemme se leva, prenant garde à être directement de dos à Warda.

« J'ai un truc à régler, euh, OK… ? À… à plus tard… »

Haletant, le terranide se précipita vers l'escalier qui menait à l'étage, et aux chambres. Sa course semblait très handicapée, et il avait maintenant une main rivée sur son entrejambe qui lui donnait l'impression de gonfler. La montée des marches fut plus difficile encore, et il manqua de trébucher à mi-chemin. Avec un gémissement de douleur, il accéda à l'étage. La toile lui produisait l'effet d'être brûlé avec un tison ardent, et au mauvais endroit. Claudiquant, il trouva une porte ouverte, mais se sentit trop fébrile pour la claquer derrière lui.

« Cl... hrr. »

Enfin, il tomba à genoux sur le sol. L'étoffe de son pantalon venait de craquer.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le vendredi 05 mai 2017, 21:34:28
Warda resta immobile quelques secondes sous l'effet de l’incompréhension. Quelle mouche avait bien pu piquer Lemme ? Elle lâcha sa fourchette. Et si c'était la nourriture ? Il avait une mine assez gênée au moment de se relever... Et si le sanglier lui avait noué les intestins ? Alors son tour viendrait bientôt... Elle en avait mangé presque autant que lui. Mais son ventre ne lui envoya aucun signal, sinon le fait qu'il était rassasié de ce repas. Alors pourquoi Lemme était-il partit si soudainement ?

Elle regarda timidement autour d'elle. L'absence de son protecteur lui procura une désagréable sensation de malaise. Il n'y avait plus beaucoup de personnes dans la salle, mais toutes la troublait. Non pas que l'un d'entre eux semblait l'observer, bien au contraire : aucun ne semblait lui prêtait la moindre attention. Mais à quelles apparences pouvait-elle se fier, dans ce monde qu'elle comprenait si peu ? La dernière fois qu'elle s'était retrouvée seule dans cette salle, ça s'était très mal fini. Elle guetta les autres clients, s'attendant à ce que l'un d'entre eux lui saute dessus à tout instant. Dans l'angle de la pièce, elle avait une vue assez dégagée, mais se sentait aussi bien plus isolée... Et vulnérable. Elle regretta amèrement de ne pas porter de sous-vêtement en l'instant.

Un des clients posa un instant son regard sur elle, entre deux bouchées, avant de recentrer son attention sur son assiette. Ce fut suffisant pour lui donner un frisson. Elle souhaitait retrouver Lemme au plus vite. Mais est-ce que c'était vraiment réciproque ? Il avait vraiment eu l'air gêné. Peut-être souhaitait-il juste rester seul un instant ? Elle ne l'avait pratiquement pas quitté de la journée après tout. Ça ne devait pas être dans son habitude de rester si longtemps en la compagnie d'une humaine. Alors que c'est ce dont elle tentait de se convaincre, la pesante présence des autres clients l'angoissait de plus en plus. Non, il lui serait impossible de rester plus longtemps ainsi toute seule.

Elle se releva, laissant la moitié de son repas dans son assiette. Qu'importe, elle en avait fini de toutes façons. Elle marcha timidement et silencieusement entre les tables pour suivre son ami, s'attendant à tout moment qu'un client l'attrape ou lui claque une main sur ses fesses. Mais il n'en fut rien, elle parvint à l'escalier sans le moindre encombre. Elle le grimpa rapidement, et vit les portes menant aux chambres se succéder dans un couloir. Elle se mit à marcher timidement et doucement, apeurée de réveiller qui que ce soit. Le bruit de la salle principale, qui s'était progressivement calmer tout au long de la soirée, se faisait presque inaudible ici. Elle jeta un œil discret à l'intérieur de la chambre ayant une porte ouverte la plus proche, pour y découvrir enfin son ami, de dos, immobile.

Lemme ?

Elle entra et referma la porte derrière elle, achevant de tuer le bruit de l'auberge, ne laissant plus que ses paroles pour seul son dans la pièce :

Lemme... Ça va ? Pourquoi est-ce que tu es parti si vite ? Tu sais, si ta blessure te fait mal, tu n'as pas à t'en cacher...

Puis elle écarquilla grand les yeux. Elle venait de comprendre.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le jeudi 11 mai 2017, 00:28:14
La chambre de l'auberge était décente, sans être luxueuse. Elle était rectangulaire et relativement petite ; un des murs étaient en pierres blanches, incrustées irrégulièrement, les trois autres étaient des cloisons de bois clair. Le sol était un plancher nu de nature semblable. Au milieu il y avait un lit, vraisemblablement rembourré de laine et assez haut. Deux personnes devaient pouvoir dormir sans se heurter dans leur sommeil, mais pas pour autant être très éloignées l'une de l'autre.

Toutefois, la disposition de la pièce était une préoccupation très secondaire pour Lemme en cet instant. Toute son attention était, comme c'était prévisible, portée sur son entrejambe. Le tissu s'était largement déchiré au niveau de la couture centrale, et, comme il ne portait pas de sous-vêtement, ses deux pénis dépassaient maintenant ostensiblement du vêtement. L'habit étant serré, ils surgissaient même sur une longueur assez impressionnante.

« Je pense que… la potion de Mixedec… vraiment pas… dans mes habitudes… » s'excusa le terranide, entre plusieurs profondes inspirations.

Bien sûr, ce n'était pas tout à fait vrai, puisque l'ingénieur avait déjà eu un problème proche, lors de l'escale au lac, et il avait été évident déjà à cette occasion qu'il n'avait aucune difficulté érectile, bien au contraire. Cependant, c'était cette fois sans commune mesure. Il ne s'agissait pas d'une excitation passagère et qui ne gênait que les apparences : son érection était brutale, agressive. Sa respiration était anormale – peut-être à cause de la panique – et surtout le terranide sentait son cœur battre bien plus vite qu'il ne l'aurait dû. Conséquence de l'augmentation de sa pression sanguine, de petites tâches lumineuses naissaient et disparaissaient en périphérie de sa vision, le laissant désorienté.

D'à genoux, Lemme bascula à quatre pattes. Il s'avança ainsi, péniblement, sur le demi-mètre qui le séparait du lit. Puis, les bras fébriles et fourmillants, il se hissa sur le matelas. Même si elles n'étaient plus soumises à la compression du pantalon, ses verges demeuraient vecteurs de sensations qu'il ne pouvait ignorer. En réalité, à peine fut-il sur le lit qu'il ne put s'empêcher de saisir son sexe inférieur de sa main droite. La suite se fit naturellement : ses doigts glissèrent le long de sa propre hampe, et il aussitôt débuté le mouvement devint incoercible.

« Je peux pas… m'empêcher. »

Mais alors qu'il aurait pu se contenter de se masturber de dos, préservant une pudeur très minimale, sa libido, sans doute artificielle, lui en fit oublier toute notion. Aussi se retourna-t-il, à présent assis sur le rebord du lit, faisant face à Warda.

« T'es pas obligée de regarder faire… mais… si tu pouvais au moins fermer la porte… »


La formulation était particulièrement maladroite – elle donnait même l'impression qu'il souhaitait se donner en spectacle… et peut-être était-ce d'ailleurs le cas. Il sentait comme naître le désir d'être vu, d'être exhibé dans toute sa nudité et toute son excitation remarquable. Son indécence le troublait, sans vraiment le déranger, en ce moment particulier. Il ne pouvait cependant se résoudre à faire face à son exhibitionnisme, et son regard se détourna de l'adolescente, fuyant.

Le visage du jeune homme avait rougi, mais évidemment, ce n'était pas ce qui attirait le plus l'attention. La scène était en effet particulièrement indécente, et elle le devint encore davantage lorsque son autre main attrapa son autre sexe, et se joignit au mouvement de la première. Ses verges étaient particulièrement épaisses, comme Warda avait pu le constater, toutefois, il n'était maintenant plus du domaine de l'hypothèse que leur volume ait gonflé avec les effets de la potion. Elles étaient plus gorgées de sang et plus brunes qu’auparavant, si bien que le prépuce semblait supplicié, complètement étiré, exposant deux glands violacés. Les doigts du terranide parvenaient tout juste à en faire le tour.

Un « Mmmh... » discret mais audible s'échappa des lèvres de Lemme, alors qu'il accélérait les va-et-vient sur ses virilités. « Désolé… »

Il était au-delà de toute convenance : à chaque descente, les frictions assez véhémentes entre ses deux mains et son pubis – encore partiellement recouvert par l'étoffe du pantalon – provoquait un petit claquement. Heureusement, il sentait que cette situation ne devait pas se prolonger trop longtemps. La pression commençait déjà à monter dans son bas-ventre brûlant. Pour lui, la délivrance ne devrait sans doute pas tarder à arriver.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le samedi 27 mai 2017, 18:31:24
Warda resta silencieuse et passive devant la scène, partagée entre la surprise, la peur et la fascination. Elle ferma la porte derrière elle d'une main, sans quitter son ami du regard. Elle peinait même à cligner des yeux devant ce spectacle. Lemme semblait comme pris d'une folie passagère, se masturbant ses sexes gonflés avec des pulsions qu'il ne semblait même pas contrôler.

Elle s’interrogeait... Était-ce possible qu'elle l'ait excitée à ce point ? Lui affirmait que c'était la potion qu'il l'avait mis dans cet état. La potion... Oui... Bien sûr... Elle n'en croyait pas un mot. Elle voulait rester persuadée que c'était bien elle qui l'as mis dans cet état.

Elle observait silencieusement, ne laissant dans la salle que les bruits des frottements des mains et celle de la respiration saccadée du terranide. Sans s'en rendre compte, sa propre respiration s’accélérait aussi, son excitation grandissante alors que le spectacle se rapprochait de sa fin. Un homme se masturbait là, devant elle, et tout portait à croire que c'était bien pour elle. Est-ce que c'était simplement parce qu'il avait vu ses fesses quelques minutes plus tôt ? Ou simplement l'idée qu'elle n'avait pas de sous-vêtements ?

Dos à la porte, elle plia ses jambes tremblantes pour s’asseoir, effrayée. Elle n'avait jamais vu Lemme avec un tel regard. Plus les secondes passaient, plus elle s'inquiétait de le voir perdre encore plus le contrôle. Il n'en était qu'à se soulager tout seul pour l'instant, mais elle craignait de le voir devenir si enragé qu'il puisse lui sauter dessus. Sentant son corps trembloter, elle n'aurait su dire si cette possibilité l'effrayait plus qu'elle ne l'excitait ou l'inverse. Elle voulut se demander si lui dire quelque chose pouvait l’encourager ou le décourager à le faire, mais elle fut trop absorbée par ce qu'elle voyait pour y réfléchir correctement.

Mais il n'en fut rien : Lemme resta assis du début à la fin. Et quelle fin... Alors que la bouche de Warda était restée légèrement entrouverte en rond, sans émettre le moindre son, du moment où elle s'est assise jusqu'au relâchement final, elle ne put s’empêcher de sourire en voyant et en entendant l'orgasme qui avait lieu juste en face d'elle. Elle lui laissa quelques secondes pour reprendre son souffle, avant de déglutir pour reprendre enfin la parole :

Je... Je suis vraiment désolée... Je ne voulais pas te mettre dans cet état... Il fallait me prévenir, si c'était grave à ce point...

Elle failli ajouter "j'aurais pu faire quelque chose pour t'aider", mais se retint au dernier moment. Après ce qu'elle venait d'assister, elle préféra ne pas le tenter davantage. Du moins pas tout de suite. Elle restait encore silencieuse et immobile, contemplait la traînée de liquide qui avait été expulsé sur le plancher, juste en face d'elle. Après une courte attente, elle finit tout de même par extérioriser son inquiétude :

Est-ce que tu te sens mieux maintenant ?
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le lundi 05 juin 2017, 14:36:02
Les muscles du ventre de Lemme se crispèrent, en même temps qu'il émit un gémissement cette fois à peine étouffé. Il s'arrêta complètement de bouger pendant une demi-seconde, qui lui parut beaucoup plus longue. Enfin, des jets d'un épais liquide blanc jaillirent presque simultanément de ses deux pénis. La pression était importante, et les premières giclées manquèrent d'atteindre Warda, qui pourtant était à l'autre bout de la pièce. Heureusement, elles étaient essentiellement dirigées vers le haut. Les yeux fermés, le terranide se vida entièrement. Il éjaculait en fait bien davantage qu'un humain en quantité, peut-être dix ou quinze fois plus, mais également en durée. Le déversement semblait ne pas finir, quoiqu'il perdait progressivement en puissance.

Ce ne fut qu'une bonne minute après que les spasmes de son bas-ventre s’arrêtèrent, laissant devant lui un sol largement souillé. Le jeune homme lâcha la prise sur ses verges et s'affaissa un peu en arrière.

« Ça va… je crois… »

Il était essoufflé, et en plus de sa poitrine qui se levait péniblement, tout son corps s'était recouvert d'une pellicule de sueur, et il tremblait légèrement, comme s'il avait eu froid. Il attendit un bref instant pour retrouver sa respiration, et aussi pour trouver quelque-chose qui ne soit pas trop stupide à dire.

« Je… je sais pas tellement ce qui s'est passé… » bégaya-t-il. « Mixedec… il aurait pu me prévenir. Je ne l'ai pas vraiment senti venir. »

Un peu de colère pouvait s'entendre dans sa voix, mais Lemme était encore trop confus pour tenter quoi que ce soit. Les particules lumineuses qui parasitaient sa vision mirent plusieurs secondes encore à se dissiper après qu'il n'ait finalement rouvert les paupières. Un sentiment de honte monta alors en lui, maintenant qu'il était pleinement conscient de ses actes, ses joues toujours rouges. Il jeta un œil perplexe au volume de sperme qu'il avait expulsé… mais il n'osa pas regarder Warda. Jamais elle ne me prendra au sérieux après ça… s'inquiéta-t-il, ou pire, elle va avoir peur de moi.

« Je vais nettoyer… »

Il se redressa, mais réalisa bien vite qu'il n'était pas dans une tenue correcte pour descendre chercher de quoi éponger.

Ce qui l'inquiétait un peu, c'est que son excitation ne retombait pas exactement de la manière habituelle. Les pulsions s'étaient calmées, mais après plusieurs secondes ses verges étaient toujours bien droites, sa semence dégoulinant de tout leur long… s'il avait été seul, il aurait eu encore envie de s'en occuper. Au moins arrivait-il à faire passer sa libido au second plan à présent. Il espérait simplement que l'excitation ne remonte pas de manière imprévisible.

Le jeune homme essaya d'appuyer un peu sur ses sexes pour les faire rentrer dans le pantalon déchiré, mais c'était peine perdue. À défaut, il les couvrit de ses mains, pour retrouver un peu de pudeur ; comme si son interlocutrice n'avait pas déjà tout vu.

« Peut-être que je devrais trouver un autre pantalon » fit-il. La situation n'était peut-être pas si grave, elle avait même quelque-chose d'insolite. Il prit une grande inspiration et retrouva assez de confiance pour lancer sur un ton badin : « celui-là ne m'aura pas fait une demi-heure. »
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Warda Ralixar le mardi 20 juin 2017, 22:12:06
Warda resta immobile, stupéfaite devant la marre de semence qui s'était accumulée devant elle. Le terranide venait de lui prouver qu'il était réellement supérieur aux humains en tous points. Elle n'osait toujours pas bouger, partagée entre la fascination et la terreur pour le spectacle dont elle venait d'être témoin.

Elle se força à avoir un petit rire nerveux à la dernière phrase de son ami. Celui-ci tentait d'agir comme si il ne s'était rien passé d'exceptionnel. Était-ce réellement le cas pour lui ? Peut-être ce genre de comportement était-il quotidien dans ce monde... Ce qui l'inquiétait encore plus pour la suite des événements. Il s'était montré très respectueux envers elle jusqu'à présent, mais si il avait autant de mal que ça à contenir ses désirs, le pire pouvait toujours être envisageable. D'un autre côté, il semblait tout de même assez gêné. Peut-être était-ce vraiment la potion après tout ?

Pas de problème, je... Je comprends... Je ne t'en veux pas...

Elle tentait de trouver des mots rassurants, afin de le calmer, peu importe son état... Mais elle n'arrivait pas à articuler quelque chose de convenable, encore sous le choc.

Sur la pointe des pieds, elle contourna la flaque entre elle et le lit, sans quitter Lemme des yeux. Son regard se portait machinalement sur son entrejambe, et ses deux longues queues qu'il tentait péniblement de dissimuler. Elles étaient toujours raides. Il n'était donc toujours pas rassasié ? Malgré la quantité qu'il avait éjaculé ? Elle contourna le lit, souhaitant mettre un peu de distance entre elle et lui. Tandis qu'il nettoyait, elle s'assit doucement sur le rebord du lit, tentant de reprendre ses esprit en détachant son regard de la scène.

Le lit semblait confortable. Entre ça et son épuisement accumulé de la journée, elle savait qu'elle allait dormir à poings fermés en moins d'une minute de toutes façons.

Un détail pourtant la gênait... Sa tenue. Devait-elle la garder ? Le lit semblait chaud... Mais elle n'avait rien dessous. Et Lemme semblait plus intéressé qu'il ne le laissait paraître. Dans un petit tremblement, elle finit par se résoudre. **Si ça doit arriver, autant que ça arrive dans les meilleures conditions.** Elle retira sa robe, et la laissa tomber à côté du lit. Puis elle s'allongea rapidement sous la couverture. Un peu hésitante, elle se retourna vers Lemme qui semblait avoir finit, pour lui annoncer :

Au fait, je... Je dors nue... J'espère que ça ne te... Dérange pas.

Elle ferma les yeux en même temps que sa phrase, trop effrayée d'observer sa réaction. Elle ne bougea plus, tentant d'apprécier le confort du lit qui semblait l'attirer vers un sommeil tant attendu.
Titre: Re : La singularité du mage de Locmirail [Warda]
Posté par: Lemme le dimanche 02 juillet 2017, 19:36:04
Par chance, la chambre disposait d'un petit compartiment avec des linges, sans doute destinés à servir de change lors des périodes d'affluence. Ce n'était pas idéal, mais c'était amplement suffisant pour que Lemme puisse nettoyer les dégâts qu'il avait fait. Il n'avait certainement pas envie de descendre nu, ses sexes en érection, pour chercher un matériel plus approprié. Il trouverait bien une explication le lendemain à donner pour justifier qu'on les lave, et il demanderait peut-être à Warda d'aller lui chercher un pantalon. Épongeant avec le tissu, il s'en servit aussi discrètement pour essuyer ses pénis, qui dégoulinaient encore. Son labeur terminé, le terranide roula le linge en boule et le jeta dans un coin de la pièce : l'odeur qu'il dégageait était assez forte pour qu'il préfère l'éloigner.

Il s'assit de nouveau sur le lit, dos à la terrienne, cette fois. L'adolescente, ayant retiré sa robe, avait glissé sous la couverture.

« Non, ça serait étrange que ça me gêne, après… ça » répondit Lemme, sans beaucoup de sérieux.

Il baissa les yeux sur son pantalon. Le vêtement ne valait plus rien du tout, et il souhaitait bien du courage à celui qui serait chargé de le recoudre. Il jugea stupide d'être serré dans un habit aussi inutile. Il entreprit alors de se déchausser, puis de défaire sa ceinture, à laquelle pendait son arme. Il la posa délicatement par terre, puis se débarrassa finalement son bas. Après une hésitation, il fit passer son tee-shirt par-dessus ses épaules, se retrouvant nu à son tour. Il souleva la couverture juste assez pour se coucher dessous. Il gardait une distance raisonnable avec Warda, ne voulant pas l'effrayer.

« Bon, j'espère que Mixedec ne nous a pas réservé d'autres surprises. Je n'ai pas envie de recommencer à me masturber en plein milieu de la nuit » plaisanta-t-il. « …même si je m'en sens capable. Je n'ai jamais ressenti ça de toute ma vie. »

Son excitation n'avait pas disparu, à l'évidence : jamais il n'aurait employé directement le terme masturbation, ou n'aurait ajouté qu'il était toujours en état de la pratiquer en temps normal. Pour l'heure, il gardait simplement sa libido sous contrôle. Il priait pour trouver le sommeil avant qu'elle n'ait l'occasion de croître de nouveau, même s'il ne savait pas si cela arriverait.

« Dors le temps qu'il te faut, on est pas pressés » furent ces derniers mots avant que l'obscurité gagne la pièce et son esprit, ce qui heureusement ne tarda pas.

Au dehors, une nuit noire et particulièrement fraîche s'installait. Elle était complètement silencieuse, à l'exception du cri de quelques oiseaux nocturnes qui, à cette heure crépusculaire, devaient chasser.


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Hélas pour les voyageurs, le repos fut de courte durée. Ils n'étaient pas couchés depuis plus de quatre heures que plusieurs « AU FEU ! » vinrent déchirer la tranquillité des ténèbres. Lemme ouvrit les yeux, encore somnolent. Cependant, l'alerte et la forte odeur de brûlé qui agressa ses narines lui firent prendre conscience à toute vitesse du danger. Il se redressa, l'organisme soudainement saturé d’adrénaline. Au plus profond de la nuit, tout était d'une obscurité absolue. Même ses yeux de terranides, un peu plus aptes à voir dans le noir que ceux des humains, ne lui permettaient pas de distinguer quoi que ce soit à plus de dix centimètres.

À tâtons, il chercha le corps de l'adolescente à côté de lui, et posa rapidement les mains sur elle. Dans la panique, il ne chercha même pas à savoir où : une fois une prise trouvée, il la secoua vivement. Il n'avait pas de temps à perdre, la cécité n'allait pas aider.

« Warda, réveille toi, il faut qu'on bouge, vite. »

La température de la pièce avait augmenté de plusieurs degrés, et l'air semblait déjà considérablement plus lourd. L'incendie avait probablement débuté à l'étage inférieur, mais il ne tarderait pas à embrasser tout entier l'auberge qui était partiellement en bois. Mais bien avant cela, des fumées noires auraient sans doute envahi la chambre, asphyxiant toute personne trop lente pour s'enfuir à temps.