Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Centre-ville de Seikusu => Gymnase en plein air et piscine => Discussion démarrée par: Shinzu Nakawa le mercredi 02 avril 2014, 19:43:33
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La vie reprenait enfin son cours... Nouvelle ville, nouveau lycée et nouvelles connaissances. J'avais déjà presque oublié ce qui m'avait amené ici. Je ne pris même pas la peine de ranger mes affaires une fois installé dans ma chambre, balançant mon sac sur le lit. Cette chambre pouvait visiblement accueillir deux personnes mais je n'avais pas encore de colocataires. Mais bref, hors de question de rester enfermé, le soleil brillait dans le ciel et il faisait plutôt bon. Un marcel, un short, des baskets et sans plus attendre je me rendis à l'extérieur du lycée faire un petit tour. Sur le trajet, je croisais pas mal de monde, des jolies filles à qui je n'hésitais pas à adresser un sourire charmeur.
Plusieurs indications m'amenèrent à rejoindre le gymnase en plein air. Il n'y avait pas vraiment cours, les étudiants semblaient se détendre. Certains faisaient des tours de terrains et à coté, un groupe semblait disputer un match de foot. A coté, les autres étudiant(e)s se doraient la pilule sur le gazon, profitant du beau temps.
Les écouteurs enfoncés dans les oreilles, j'attrapais une cigarette et m'installais non loin des sportifs. Oui, c'est certain, je ne devais pas être très crédible pour quelqu'un qui voulait se dépenser un peu...
Savourant ma clope, la balle arriva par inadvertance à mes pieds. Je la renvoyais aussi tôt d'un coup de pied avec un petit sourire, puis m'adressant à l'assemblée :
"Besoin de renforts ? Vous le regretterez pas !"
Les joueurs acquiescèrent, me proposant de remplacer l'un d'entre eux après leur pause. Je pris tout de même le temps de terminer ma cigarette, debout sur le gazon, sans me rendre compte que je faisais de l'ombre à une jeune demoiselle qui était installée depuis un petit moment...
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Il faisait beau. Le Soleil brillait tellement que je ne pouvais pas regarder dehors sans m’éclater les yeux. Alors j’étais sortie. Oui, moi. Andizia, celle qui n’était même pas censée exister aux yeux de la loi terrienne. J’étais sortie du corps de Terka, et puis j’étais sortie de la maison, me dirigeant machinalement vers le lycée. Mauvaise idée, me direz-vous. Je m’en moquais. J’avais envie de bouger.
Au lycée, il y avait un match de foot. Il ne me fallut pas longtemps pour me faire enrôler, une rapide démonstration de mes talents suffit amplement. J’étais douée en foot. Très douée. Après une dizaine de minutes à courir sur le terrain, je m’accordai une pause, m’installant dans l’herbe. Le point positif, c’est que personne dans les environs ne connaissait Terka, puisqu’elle était assez discrète pour ne presque pas se faire remarquer des autres. Le point négatif, c’était ce type qui venait de se mettre à côté de moi, me cachant le Soleil. Bon, c’était pas plus mal, mais quand même, il aurait pu faire attention…
"Eh, Andizia ! Si tu revenais sur le terrain, toi aussi ?"
"Mh ? Ouaip, j’arrive !"
Je bondis sur mes pieds et tapai dans la main du gars que je remplaçais. L’autre, le fumeur qui m’avait fait de l’ombre, était lui aussi invité à rejoindre le match, dans l’équipe adverse. Il avait intérêt à être bon, parce que je n’allais pas le laisser toucher le ballon. J'allais marquer un but avant même qu'il ait le temps de me voir, comme tous les autres d'ailleurs.
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En m'invitant à les rejoindre, le gars s'était également adressé à une personne derrière moi. Une fille. A ce niveau là, je n'étais absolument pas macho et au contraire, j'aimais bien faire un peu de sport avec les filles, ça permettait parfois un peu de contact... J'écrasais ma cigarette et me lançais au pas de course en direction du terrain, me trouvant visiblement de le camp adverse de la fille. Je lui adressai un petit sourire, me plaçant en milieu de terrain. Le coup d'envoi n'était pas encore donné, mais je ne pus m'empêcher de m'adresser à celle qui semblait s'appeler Andizia.
"Vas-y mollo sur le terrain, ne viens pas me péter une dent ! Tu as pas l'air d'une enfant de coeur."
Un petit clin d'oeil, avant que le coup de sifflet retentisse. L'engagement était pour nous et déjà les passes fusèrent. J'eus la balle un court instant, mais ne jugeant pas utile de prendre des risques, je rendis la balle à un coéquipier. Le ballon faisait des va et vient sur le terrain.
Andizia eut plusieurs fois le ballon, et sa dextérité était plutôt impressionnante. Une passe effectuée de sa part, amena presque un but à leur camp, mais la balle fut rattrapée par le gardien. Dégagement effectué, je récupérai le ballon et j'étais cette fois-ci prêt à faire une démonstration. Je n'étais pas un professionnel, mais j'étais plutôt doué pour dérouter mes adversaires. Au pas de course et après un drible, je réussi à approcher la surface mais me retrouva très rapidement en face de la demoiselle, en défense, à qui je m'étais adressé plus tôt.
"Allez ! Laisse moi marquer, je suis tout nouveau ici ! Histoire que les gens se souviennent de moi." dis-je avec un petit sourire.
Je tentais alors un coup de poker, en essayant de faire passer la balle entre les jambes d'Andizia pour ensuite la contourner sur un coté et tenter le but...
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Pas de bol, apparemment j’étais tombé sur un imbécile prétentieux. Ou a minima un prétentieux. Il se permit de me faire une remarque et un clin d’œil. Qu’espérait-il ? Que je lui ferais une fleur en jouant n’importe comment ? Certes, il avait un beau sourire, mais flûte ! Je n’étais pas ma sœur. Elle aurait peut-être été gentille, quoique, à la réflexion, elle n’aurait carrément pas joué.
La première action faillit sonner le premier but. Mais non, ce ne fut pas le cas. J’avais passé la balle à un coéquipier mieux placé que moi, et cette erreur nous coûta le point. Je ne jouais pas solo, mais là si j’avais gardé le ballon j’aurais marqué. Un boulet de canon by Double-Lune, ça ne s’arrête pas comme ça, à mains humaines.
Le nouveau arriva bientôt devant moi, balle au pied. Je m’étais mise en défense, allez savoir pourquoi. Probablement parce que ça arrange la joueuse. Quoiqu’il en soit, nous étions maintenant face à face, lui et moi. Et là, le comble, il me demanda de le laisser marquer !
*Sérieusement ? Il croit vraiment que je vais faire ça ? Il a de l’espoir, le pauvre gars !*
Je laissai un ricanement moqueur s’échapper de mes lèvres, accompagnant un rictus dément.
"T’inquiète pas, on se souviendra de toi…comme le gars qui a cru pouvoir passer ma défense !"
Il lança le ballon vers mes jambes trop écartées. Malin, mais pas assez pour m’avoir. Le petit pont, ça ne passe jamais avec moi. Je rattrapai le ballon avant qu’il ne soit de l’autre côté et partis à tout vitesse vers les buts adverses. Une petite acrobatie me permit d’éviter les deux pauvres défenseurs, qui ne purent que me regarder effectuer un tir magistral vers la lucarne. Normalement, ça passait. Mais sait-on jamais, on pouvait toujours avoir une petite surprise…
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J'étais persuadé que ma manœuvre allait passer, alors que je m'engageais déjà pour la récupérer derrière elle. Mais je fus surpris de constater qu'elle arrêta la balle au dernier moment sans trop de peine. Tellement surpris, que j'en tomba sur le cul, - littéralement. Un peu ébahi au début, Andizia laissa échapper un rire accompagné d'une moquerie. Je ne pus m'empêcher de rire moi même (d'autodérision), en la voyant foncer droit sur les cages. Ca ne loupa pas, en quelques secondes, elle était déjà presque arrivée à la surface et un coup magistral envoya la balle au fond du filet. Le gardien y avait mis de la bonne volonté, mais la trajectoire était trop bien calculée. Les acclamations fusèrent, les coéquipiers ne manquèrent pas de féliciter la jeune fille tandis que dans mon camp on se dépêchait déjà de ramener la balle au milieu du terrain.
J'avais observé la scène depuis la surface adverse, toujours assis dans l'herbe. Je décidais alors de me lever pour rejoindre l'engagement. En passant, je ne pus m'empêcher de taquiner encore la jeune fille. Surtout qu'elle avait l'air d'avoir un sale caractère, c'était encore plus amusant.
"Bon bah, pas de cadeau alors !"
Engagement, encore. Cette fois ci, j'allais être un peu plus offensif. La balle revint à un adversaire, que je ne tarderai pas à récupérer avec un tacle bien placé. Mon opposant tomba au sol, mais le geste était règlementaire, - je n'avais touché que la balle. Je repérai vite un coéquipier en progression vers les cages, lui fit la passe, accéléra vers la surface avant de le récupérer. Sans hésiter, je tentais alors un tir avant que la défense puisse reprendre sa formation et... poteau !
"MERDE !"
Je ne pus m'empêcher de jurer, tant j'étais frustré d'avoir loupé une si belle action.
Le jeu se déroula encore pendant un moment, avec de belles actions, manquant à chaque fois de marquer un but pour chacun des camps. Je dus me retirer du terrain alors qu'un joueur me rentrait dedans avec violence, porté par son élan pour récupérer la balle. Le souffle coupé pendant un moment, mon équipe m'invita à prendre une pause sur le banc.
J'en profitai alors pour me rafraichir et reprendre mon souffle, observant les joueurs en action. Et notamment Andizia. Trop content de pouvoir encore la taquiner un peu, je ne pus m'empêcher de lui lancer des acclamations :
"Allez Andizia ! Fais nous rêver !"
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Là, tu exagères. Quoi, encore ? Je ne peux pas jouer comme ça, je fais vraiment trop personnage cheaté. Tu voudrais que je baisse ton niveau pour faire crédible ? C’est toi qui vois, mais ça me paraît mieux. OK, je vais faire ça.
*C’est passé, yes !*
OK, je l’avoue, c’était bien la première fois que je réussissais un tir en lucarne aussi parfait. J’avais eu de la chance, surtout qu’après une action comme celle que je venais de faire un but manqué aurait démoli tout l’effet.
L’autre idiot, qui était tombé à la renverse, se releva pour me signaler qu’il passait à la vitesse supérieure.
"Ah, tu me rassures ! Un instant j’ai cru que tu étais nul."
Et on peut dire que je m’étais bien trompé… Il faillit marquer un but. Il était bien plus doué qu’il me l’avait montré dans un premier temps. Mais bon, un poteau, ça pardonne pas. Pour ma part, je me calmais un peu. Avant mon instant de gloire, je m’étais dit que ça serait pas mal de me ménager pour ne pas risquer de me fouler une cheville ou autre joyeuseté. Je jouais donc maintenant un peu moins bien.
La collision entre les deux joueurs me stoppa net. Ils avaient dû se faire vraiment mal, ces deux-là. Et de fait, le gars de tout à l’heure fut obligé de quitter le terrain. Il peinait à respirer, il avait dû se faire percuter la cage thoracique avec une sacrée force pour se retrouver comme ça. Celui de mon équipe, par contre, s’en tira apparemment avec juste un petit mal de tête. Le match continuait.
Et bien sûr, à chaque fois que j’avais le ballon, j’avais droit à des remarques en bonus de la part du gars sur le banc de touche ! J’avais bien envie de lui clouer le bec au poignard, mais je n’avais pas très envie de me faire griller. La magie sur Terre, c’est pas l’idée du siècle. Par contre, je ne me suis pas privée de m’accorder une pause pour aller m’assoir à côté de lui.
"Dis donc, t’es pas censé encourager ta propre équipe, toi ? Oh, au fait, je connais même pas ton nom…"
C’était toujours mieux de connaître le nom du type qu’on voulait embêter.
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Je sentais bien que mes remarques titillait la jeune fille, mais en même temps, c'était l'effet escompté. Après quelques minutes de jeux, Andizia vint s'installer sur le banc pour prendre une pause. Je l'accueillis avec un petit sourire en coin, taquin mais pas méchant.
"Dis donc, t’es pas censé encourager ta propre équipe, toi ? Oh, au fait, je connais même pas ton nom…"
Je ne pus me retenir de ricaner. Elle avait pas tort mais en même temps, c'était bien plus rigolo d'embêter l'équipe adverse.
"Oh tu sais, je suis fair-play moi. L'idée, c'est quand même d'offrir du beau jeu et mon équipe se débrouille plutôt bien, même si je dois admettre que tu nous as collée un joli but."
Je ne donna pas mon nom immédiatement, prenant d'abord la peine d'extirper une cigarette de mon paquet pour l'allumer aussitôt. Je laissa le paquet ouvert à l'attention de la jeune fille, l'invitant à se servir si cela lui chantait.
"Je m'appelle Shinzu. Je suis arrivé aujourd'hui, de Tokyo. Besoin de prendre un peu de vacances !"
Alors je me tournais vers Andizia, en profitant pour la dévisager rapidement un peu plus en détail. Elle était plutôt jolie mais assez banale dans le genre. Par contre, elle n'avait pas l'air de se laisser marcher sur les pieds, et ça, ça me plaisait bien.
"Et toi Andizia ? Tu es ici depuis longtemps ? Où est-ce que tu as appris à jouer au foot ?"
Cette fois-ci j'étais bien tourné face à elle, n'hésitant pas à soutenir son regard, un petit sourire toujours dessiné au coin de mes lèvres, faisant apparaitre cette petite fossette sur ma joue qui avait tendance à faire craquer les filles.
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Il parlait de fair-play, mais dans le fond j’étais certaine qu’il voulait juste se payer ma tête. J’aurais pu le mettre à terre et le traumatiser à vie pour le faire payer, mais étrangement je n’en avais pas plus envie que ça. Non, discuter avec lui était amusant, malgré les piques qu’il me lançait à longueur de temps. En fait, ça faisait longtemps que je n’avais pas parlé à quelqu’un qui me donnait la réplique de cette façon.
Il me tendit un paquet de cigarettes. Je secouai la tête. Je ne fumais pas, et je n’allais pas commencer de sitôt !
"Je m'appelle Shinzu. Je suis arrivé aujourd'hui, de Tokyo. Besoin de prendre un peu de vacances !"
Là, il me tendait le bâton pour le battre. Je notai une réplique moqueuse dans un coin de mon esprit pour la lui ressortir. Mais d’abord, répondre à sa question :
"Je vis à Seikusu depuis une dizaine d’années, je crois. Je sais plus trop."
En vérité, le fait d’habiter le corps de Terka ne m’avait pas aidée à prendre mesure du temps qui passe. Je ne savais donc réellement pas depuis combien de temps nous étions ici.
"J’ai appris le foot en regardant les autres. Et en m’inspirant de quelques autres sports, comme ça j’ai pu développer ma propre technique."
Les autres sports en question étaient en fait tous les arts martiaux auxquels j’avais été initiée. Mais ça, Shinzu n’avait pas besoin de le savoir… En attendant, je crois que c’est le moment de placer ma pique, non ? Ouaip.
"Dis, puisque tu viens de Tokyo… Qu’est-ce que monsieur le citadin pense de notre petite ville paumée ?"
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Refusant sa cigarette, je n'insistais pas et rangeais le paquet au fond de ma poche, prenant la peine de tirer une longue bouffée sur ma blonde. Petit détail, qui pourrait avoir son importance, je pris quand même la peine de ne pas recracher la fumée sur mon interlocutrice, - je pouvais parfois être un peu débile mais respectons avant tout les non-fumeurs.
"Je vis à Seikusu depuis une dizaine d’années, je crois. Je sais plus trop."
"Dix ans ?! Mais alors on doit pas trop d'ennuyer ici, ça fait beaucoup la fête ici ?
Bon, ok. J'avais un peu des à priori sur le reste du Japon, imaginant que hors de Tokyo, il ne se passait pas grand chose. D'ailleurs, elle ne tarderait pas à me le faire remarquer non sans une once de taquinerie...
Apprendre à jouer au foot juste en observant ? Avec son niveau ? J'étais un peu sur le cul. Je ne pouvais pas vraiment me prétendre "excellent joueur", mais j'avais quand même pas mal arpenté les terrains de mon enfance, jusqu'à la fin de mon adolescence. C'était curieux, mais pourquoi pas. Peut-être avait-elle un don.
"Dis, puisque tu viens de Tokyo… Qu’est-ce que monsieur le citadin pense de notre petite ville paumée ?"
Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Évidemment, j'étais venu avec la tête rempli de clichés. Des vaches, des rizières, des tracteurs, des paysans... Si les alentours de Seikusu étaient un peu dans cet esprit là, la ville avait quand même l'air plutôt animée. Quand bien même je n'avais jamais encore jamais mis les pieds là bas, j'avais le flair pour repérer les lieux un peu divertissants.
"Bon ok, j'avoue tu m'as grillée. Je ne pensais même pas que le train allait jusqu'ici !"
Puis n'en loupant pas une pour continuer sa provocation gratuite, je n'hésita pas à lui balancer, en total second degré :
"Du coup ça m'étonnes pas trop que tu vives ici depuis dix ans. T'as l'air chiante, et tu vis dans une ville chiante."
A ce moment là, je ne m'étonnerai même pas de me prendre une claque en pleine gueule. Mais il fallait parfois savoir titiller un peu les gens jusqu'à leurs limites... pour révéler leur vraie personne.
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"Dix ans ?! Mais alors on doit pas trop s'ennuyer ici, ça fait beaucoup la fête ici ?"
*Crétin, va…*
Je ne dis pas ça, évidemment. Non, je me contentai de rire doucement, pour ne pas montrer qu’il m’agaçait. Une bonne paire de claques, voilà ce qu’il méritait, le Shinzu. Mais pas tout de suite. J’allais d’abord discuter encore un peu avec lui, et après je lui ferais payer ses remarques. Surtout celle-là :
"Du coup ça m'étonne pas trop que tu vives ici depuis dix ans. T'as l'air chiante, et tu vis dans une ville chiante."
Là, il venait de dépasser les bornes. Ma réaction ne se fit pas attendre. En un éclair il était allongé par terre, et j’étais au-dessus de lui, tenant un poignard contre sa gorge. Ce poignard, je l’avais fait apparaître de façon à ce que tout le monde croit que je le tirais d’une quelconque poche.
"Ne t’avise plus jamais de m’insulter, Shinzu. Compris ? Tu peux te permettre beaucoup de choses, mais m’insulter, ça je ne le tolère pas."
J’avais parlé d’une voix très douce, très posée, mais l’expression de mon visage était la colère. Je foudroyais le pauvre garçon du regard. Il était allé trop loin, il devait payer. J’allais peut-être le traumatiser, mais il ne l’aurait pas volé.
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En voilà une nouvelle expérience dont je me serais volontiers passé... En une fraction de seconde, je m'étais retrouvé cloué au sol, un couteau contre ma gorge. Je me sentis pâlir aussitôt et je ne pus m'empêcher d'avoir la main tremblante en essayant de l'approcher du couteau pour l'inviter à le retirer, et à ne pas faire de connerie.
"Hé... du calme... Je déconne, faut pas prendre les choses au sérieux comme ça."
J'essayais de parler avec le plus d'assurance possible, mais ma tête se trahissait d'elle même : j'avais déjà des sueurs froides.
Bien évidemment, la scène n'avait pas échappé à certaines personnes, qui ne comprenaient pas trop bien ce qu'il se passait. Pour autant, ils n'essayèrent pas d'intervenir...
"Ecoute, désolé si je suis allé un peu trop loin, je voulais pas te blesser. J'te taquinais."
En tout cas, je n'avais plus envie de sourire maintenant. Putain, mais elle était folle ou quoi ?! Si j'avais du me faire poignarder à chaque fois que je lançais une boutade, j'aurai été six pieds sous terre depuis bien longtemps.
Désormais ma main se trouvait presque contre la sienne, mais sans pour autant essayer de la repousser franchement. Je l'invitais juste à le faire d'elle même, en lui montrant que je ne faisais pas de gestes brusques.
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Il était mort de peur. Il tremblait, son visage était blanc comme un linge, tout dans son attitude trahissait la peur. Et pourtant il essayait de ne pas perdre la face, il faisait tout pour cacher le fait qu’il était terrifié à l’idée que je lui tranche la gorge. Ceux qui nous avaient vus n’osaient pas intervenir. Personne n’ose intervenir quand il y a une vraie arme dans un camp. La couardise humaine…
Shinzu rapprocha sa main du poignard, comme s’il espérait l’enlever.
"Ecoute, désolé si je suis allé un peu trop loin, je voulais pas te blesser. J'te taquinais."
Ose me dire que je suis méchante à ce point… Sans mentir ? Non, je ne dirai rien. Tu me rassures. T’inquiète, j’aime pas jouer les monstres.
Un tout petit sourire, presque imperceptible, fit son apparition sur mes lèvres. Puis il s’élargit progressivement, très lentement. Ce n’était pas un sourire sadique comme vous vous y attendiez sûrement, bande de lecteurs givrés, mais un sourire moqueur. Puis vint le rire. D’abord j’essayais de le retenir, mais rapidement je me rendis compte que ça ne servait à rien et, me jetant en arrière pour libérer Shinzu et m’assoir, j’explosai de rire.
"Par tous les dieux, tu devrais voir ta tête, mon pauvre ! Désolée, mais c’est trop tordant !"
J’étais incapable de garder mon sérieux devant une tête pareille. En temps normal j’aurais simplement achevé ma victime, mais là je n’avais aucune raison de le tuer, alors autant rire un bon coup.
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Une blague ? C'était juste une blague ? ... Mais qui était cette pauvre tarée ? Pendant ce temps là, la jeune fille se marrait bien après m'avoir libéré. Évidement, j'étais loin d'être remis de mes émotions. En me redressant, je récupérai la cigarette que j'avais du coup fait tomber lorsqu'elle s'était jetée sur moi.
"Tu as un bien drôle sens de l'humour... Je m'en souviendrai la prochaine fois qu'on essayera de m'égorger."
Une fois levé, je pris la peine d'épousseter mes vêtements. Je me sentais quand même bien humilié. Décidément, cette première journée au lycée laissait présager le pire pour la suite... En espérant qu'il n'y avait pas que des psychopathes.
Les personnes autour avaient fini par se détourner de la scène en constatant que cela était une blague. Ils ne cherchèrent pas à en savoir davantage. Je commençais à me demander si ils avaient bien vu qu'elle avait essayée de me planter un couteau dans la gorge quand même...
Ma bonne humeur s'était envolée. Sans piper mot, je m'éloignais alors de la jeune fille pour m'installer un peu plus loin. Je ne me sentais absolument plus en confiance à ses cotés et j'avais encore dans la tête l'image de ces yeux meurtriers plantés dans les miens. A mon passage, un type qui avait aperçu la scène de loin, ne put s'empêcher de me lancer une pique.
"Hé bien ! Ca doit pas rigoler au pieu avec ta copine !"
Les personnes qui l'accompagnaient ne purent s'empêcher de ricaner. Je ne pris même pas la peine de leur répondre et en profitai même pour m'installer un peu plus à l'écart de ces gens là. Je plantai alors les écouteurs dans mes oreilles, essayant d'utiliser la musique pour faire retomber un peu la pression. J'avais le sentiment que mon coeur allait exploser dans ma poitrine et mon taux d'adrénaline ne semblait pas prêt de retomber. En plus de cela, je ne pus m'empêcher d'apercevoir que la fille que j'avais fuis continuait de me harceler par message...
*Fais chier.*
Je me laissai alors tomber dans l'herbe, l'avant-bras posé sur mes yeux pour me protéger du soleil.
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"Tu as un bien drôle sens de l'humour... Je m'en souviendrai la prochaine fois qu'on essayera de m'égorger."
Et un contresens, un ! Mais je n’ai même pas eu le temps de le lui indiquer qu’il était déjà parti. Un peut embêtée, je regardai Shinzu s’éloigner. Tout à coup, j’entendis un gars balancer une remarque sur…
Non. Me fais pas faire ça. C’est dans ton caractère, j’ai pas top le choix.
D’un geste tellement rapide qu’il pouvait paraître invisible, je lançai le poignard que j’avais toujours à la main, droit vers le type qui venait de parler. L’arme lui effleura l’oreille dans un sifflement, le faisant taire immédiatement. Il y a des sujets qu’il ne fait pas bon aborder en ma présence… Et celui-là en faisait assurément partie.
"Le prochain te fera un tatouage rouge sur le bras si tu ne la boucles pas."
Au bout d’un moment, peut-être que quelqu’un se rendrait compte que le poignard avait disparu, puisqu’en me relevant je le renvoyai. J’avançai tranquillement, sans prêter attention aux regards des gens, jusqu’à Shinzu qui s’était allongé un peu plus loin. Je vins m’installer à côté de lui et lui enlevai doucement un de ses écouteurs pour qu’il m’entende.
"Désolée."
Ce seul mot avait été difficile à prononcer. Ça me coûtait vraiment de m’excuser envers quelqu’un, et ça devait s’entendre.
"Tu sais, j’étais sérieuse, mais je t’aurais pas tué. Je n’ai pas de raison de le faire. Et si je riais, c’est à cause de la tête que tu faisais."
Comme ça, j’avais mis les choses au clair. À lui de voir s’il voulait continuer de fuir ou s’il comprenait que ça ne servait à rien.
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Heureusement que j'avais le dos tourné lorsqu'elle s'attaqua au type qui s'était foutu de moi. D'ailleurs, celui-ci pris immédiatement ses jambes à son cou.
Brusquement, la musique avait disparue d'une de mes oreilles. En ôtant mon bras, je failli sursauter en constatant que c'était encore Andizia. Venait-elle pour m'achever ?
"Désolée."
Je me redressai alors doucement sur l'herbe, pour pouvoir fixer la jeune fille. Là, maintenant, j'avais envie de laisser exploser ma colère et de lui dire que ce qu'elle avait fait était stupide et qu'elle aurait davantage sa place en prison ou en HP. Mais j'ignore pourquoi, - peut-être la peur de me retrouver à nouveau avec une lame sous le bout du nez, - je ne dis rien, hochant simplement la tête pour lui montrer que j'acceptais ses excuses. D'autant plus que ça avait l'air sincère et pas facile à dire, pour elle.
"Tu sais, j’étais sérieuse, mais je t’aurais pas tué. Je n’ai pas de raison de le faire. Et si je riais, c’est à cause de la tête que tu faisais."
*Bon bah ça va. Si elle cherchait pas à me tuer, après tout...* pensais-je ironiquement.
Je notais dans un coin de mon esprit qu'elle était quand même vachement susceptible...
"Bref, oublions..."
Ca se voyait quand même que ma fierté en avait pris un coup.
"Mais... Qu'est-ce que tu fous avec un truc pareil ? Le quartier est si dangereux que ça ?"
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Pour l’instant, il ne disait rien. Il se contentait de me regarder, comme s’il évaluait la vérité de mes paroles. Son hochement de tête m’apprit qu’il me croyait. Le pauvre, je lui avais quand même foutu un sacré coup à l’amour-propre… Voire directement à sa fierté, de ce que j’en lisais dans son regard.
"Mais... Qu'est-ce que tu fous avec un truc pareil ? Le quartier est si dangereux que ça ?"
Il me fallut deux secondes pour comprendre qu’il faisait allusion au poignard de tout à l’heure. J’eus un sourire gêné.
"Ah, ça, euh… Eh bien en fait…"
Je ne savais pas trop comment aborder la chose. J’allais lui dire partiellement la vérité, mais je ne voulais pas non plus risquer de me griller.
"Le quartier est dangereux, oui, mais pas assez pour garder une arme sur soi. Non, moi j’ai toujours un poignard à portée de main parce que, euh…parce que j’ai un boulot à temps partiel qui, lui, est dangereux."
Et maintenant, il ne me restait plus qu’à prier pour qu’il ne me pose pas trop de questions sur ce fameux « boulot ».
Non mais sérieusement, comment je peux lui dire ça et espérer qu’il passera à autre chose ?
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Visiblement, ma question l'avait laissée perplexe. C'était si difficile de trouver une justification au fait de se promener dans un lycée avec un poignard ? Et la réponse qu'elle m'apporta était peut-être même encore pire...
"[...]Non, moi j’ai toujours un poignard à portée de main parce que, euh…parce que j’ai un boulot à temps partiel qui, lui, est dangereux."
"Quoi, tu es un ninja ?"
Brusquement, je me rappelai ce qu'avait entrainé ma boutade un peu plus tôt alors je fis immédiatement des gestes de la main pour lui montrer que je plaisantais.
"T'énerves pas, je déconne, hein ! En fait, je suis même pas sûr de vouloir savoir ce que tu fais comme boulot..."
Mais quand même, j'étais un peu resté sur l'interrogation : quel boulot pouvait demander à se promener avec un poignard ? Tueur en série ? Parce qu'effectivement, la lame ne ressemblait pas au genre de couteau dont on se sert pour couper des pommes de terre. En réalité, j'étais curieux de savoir ce qu'elle faisait pour vivre mais n'osais pas trop insister sur la question, de peur de finir un soir découpé en rondelles dans une ruelle sombre...
"Mais tu es étudiante ici quand même ?"
Je n'étais même pas sur de savoir si cet endroit était exclusivement réservé aux lycéens ou non...
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Et voilà qu’il me prenait pour un ninja… Je n’avais même pas eu le temps d’avoir l’air surprise qu’il essayait déjà de se « rattraper » :
"T'énerves pas, je déconne, hein ! En fait, je suis même pas sûr de vouloir savoir ce que tu fais comme boulot..."
J’ai éclaté de rire. Il avait vraiment des réactions amusantes quand il paniquait, ce pauvre garçon ! Je riais tellement que je me suis carrément retrouvée couchée par terre, les bras croisés pour plaquer mes mains contre mes côtes. C’est à peine si j’entendis la question suivante. Quand je parvins enfin à retrouver mon calme, j’avais tout de même les larmes aux yeux.
"Excuse-moi, je devrais pas rire comme ça, mais…ça fait des semaines que je me suis pas amusée alors j’en profite."
Je me redressai, essuyant mes yeux humides, puis me tournai vers Shinzu.
"Bon, alors déjà, non je suis pas un ninja. C’est bien la première fois qu’on me sort cette idée d’ailleurs. Mon vrai métier est bien plus dangereux en fait."
J’hésitai un instant à tout lui dire. Oh, et puis… Merde l’anonymat, hein ! OK, si tu veux.
"Je ne suis pas dans ce lycée, mais ma jumelle y est. Du coup je triche un peu… Dis, je peux te confier un secret ?"
J’étais redevenue sérieuse, si sérieuse qu’on aurait pu légitimement douter que quelques secondes plus tôt je riais aux éclats.
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Même pas énervée, elle semblait même plutôt amusée. J'aurai pu me sentir blessé mais en même temps quelque part, je préférais la voir se marrer plutôt qu'essayer de me tuer... D'ailleurs, la voir se tordre de rire comme ça réussi même à m'arracher un sourire. Cette nana était quand même plutôt étrange.
Son métier était encore plus dangereux que ninja? Franchement, j'avais de l'imagination, mais rien me semblait plus dangereux que ça...
"Je ne suis pas dans ce lycée, mais ma jumelle y est. Du coup je triche un peu… Dis, je peux te confier un secret ?"
A ce moment là, j'étais clairement partagé entre deux sentiments. L'envie d'en savoir plus ou de ne pas me mêler des affaires des autres. En fait, je me pris même à me demander si elle n'était pas entrain de se foutre un peu de moi, parce que tout cela semblait un peu trop gros pour être vrai. Je la fixais droit dans les yeux, essayant d'y repérer une trace de malice ou tout autre chose qui pourrait me mettre sur la piste.
*Putain, si c'est une caméra caché, je vais avoir l'air stupide...*
Je ne répondis pas immédiatement, prenant d'abord le temps de m'allumer une cigarette, recrachant presque aussitôt une bouffée de fumée dans un soupir. Je sentais que j'allais le regretter mais ma curiosité était bien trop forte.
"Bah je ne sais pas trop à qui j'irai le raconter... tu es, en fait, la seule personne que je connais... mais oui, je ne dirai rien. En fait, je ne préférerai même pas risquer de te mettre en colère parce que j'ai pas su tenir ma langue..."
Alors, je tirai une nouvelle bouffée sur ma cigarette, sans quitter Andizia des yeux, lui montrant qu'elle avait désormais toute mon attention.
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Mon fou rire l’avait peut-être vexé, mais ça ne se voyait pas. Au contraire, lui aussi riait. Plus je passais du temps en compagnie de ce gars, plus je l’appréciais, malgré le début difficile. Il était plutôt sympa. Et drôle, aussi, mais ça il ne le faisait pas vraiment exprès.
Avant de répondre à ma question, il alluma une autre cigarette et s’empoisonna un peu les poumons avec. Personne n’est parfait, hein…
"Bah je ne sais pas trop à qui j'irai le raconter... tu es, en fait, la seule personne que je connais... mais oui, je ne dirai rien. En fait, je ne préférerai même pas risquer de te mettre en colère parce que j'ai pas su tenir ma langue..."
"Je te fais confiance, alors."
Je me rapprochai de lui pour chuchoter à son oreille :
"Mon métier, c’est mercenaire. Avec spécialisation dans la chasse aux monstres."
Me reculant, je mis un doigt sur ses lèvres pour qu’il ne m’interrompe pas.
"Je sais que ça peut paraître difficile à avaler, mais c’est vrai. Je fais un boulot très dur, et c’est pour ça que j’ai besoin d’être constamment armée, pour le cas où je devrais me battre."
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"Je te fais confiance, alors."
Je hochais la tête en tendant l'oreille, l'invitant à ce qu'elle me révèle son secret.
"Mon métier, c’est mercenaire. Avec spécialisation dans la chasse aux monstres."
What ? Heureusement qu'elle avait immédiatement mis son doigt contre mes lèvres, parce que autrement j'aurais ressorti une autre connerie qui m'aurais encore davantage attiré ses foudres. Je jetai quand même un rapide coup d'oeil autour de nous, pour m'assurer qu'il n'y avait rien de louche et que ce n'était pas juste une mauvaise blague.
"Monstres ? Quels genres de monstres ? Des prédateurs sexuels, des criminels, des gars comme ça ?"
Evidemment, j'avais d'abord pensé à des fées, des lutins et autres trolls mais ce n'était tout simplement pas possible... Restons sérieux tout de même, nous n'étions pas dans un monde fantastique...
Je regrettai presque d'avoir posé cette question, car si les "monstres" en question n'étaient tout simplement pas des hors-la-loi, alors je redoutai la réponse qu'elle allait m'apporter.
Soit c'était une blague, soit elle était vraiment givrée...
"Tu es sure que tu ne te moques pas de moi... ? Enfin je veux dire, oui, tu m'as plus ou moins démontrée que tu étais douée pour te défendre, mais quand même... enfin tu ne ressembles pas à une tueuse..."
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Et maintenant, je passe pour une folle ! Non mais franchement, tu peux pas arrêter de me faire dire des conneries ? Non, sinon le RP n’aurait aucun intérêt. Oui mais… La ferme. C’est moi qui décide.
Shinzu était abasourdi. Il regarda si quelqu’un nous épiait ou je ne sais quoi, puis me demanda à quel genre de monstres je faisais allusion. Il eut pour toute réponse un regard vaguement embêté. Il n’avait pas l’air de bien comprendre. En fait, il avait même l’air de ne pas comprendre du tout, mais j’étais persuadée qu’il avait mieux saisi que ce qu’il laissait transparaître.
"Tu es sure que tu ne te moques pas de moi... ? Enfin je veux dire, oui, tu m'as plus ou moins démontré que tu étais douée pour te défendre, mais quand même... enfin tu ne ressembles pas à une tueuse..."
Je soupirai et me laissai tomber à nouveau dans l’herbe, une main sur mon ventre et l’autre coinçant une mèche de mes cheveux pour jouer avec.
"Est-ce que tu crois aux hybrides, Shinzu ? Des créatures mi-humaines, mi-animales. Ou aux démons ? Ou encore aux dragons ? Tout ça, c’est mon quotidien. Je protège les gens contre ce type de créatures."
Je parlais à voix basse, mais suffisamment fort tout de même pour qu’il m’entende.
"Oh bien sûr, je ne fais pas ça ici. Il n’y a pas de bestioles de ce genre à Seikusu. Enfin, s’il y en a, elles ne se sont pas assez fait remarquer pour qu’on m’appelle."
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Mais le pire, c'est qu'elle avait vraiment l'air sérieuse ? Comment pouvait-elle penser que j'allais gober tout ça ? Bon enfin maintenant, j'étais à peu près sur qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond dans sa tête, et franchement je commençais un peu à flipper.
Mais je ne pouvais pas lui dire ce que je pensais, et encore moins lui mentir en faisant semblant de croire à tout ce qu'elle pourrait me raconter au sujet de ces créatures sortant tout droit d'un compte de fée.
Alors, j'optai pour adopter la méthode dis de "l'agnostique" :
"Ne le prends pas mal mais... Je ne crois que ce que je vois."
Et alors elle mentionna le fait qu'il n'y avait pas ce genre de "bestioles" à Seikusu. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Qu'elles étaient ailleurs au Japon ou qu'il existait une sorte de dimension parallèle ou que sais-je encore.
"Et si tu ne fais pas ça à Seikusu, tu fais ça où?"
Puis aussitôt, je rebondis sur une autre question :
"Et ta soeur, elle sait ce que tu fais ? Si vous êtes jumelles, tu devrais aussi aller à l'école..."
Tout devenait très confus tandis que j'essayais d'évaluer le degré d'aliénation de mon interlocutrice.
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"Ne le prends pas mal mais... Je ne crois que ce que je vois."
Je l’avais bien compris. Et je comptais l’embêter un peu avec ça, mais pas immédiatement. Il me demanda alors deux autres choses. Et ces questions-là, il m’était plus difficile d’y répondre sans me trahir complètement, c’est-à-dire sans parler de ma double-vie, entre ma sœur et Terra. C’est pourquoi je m’accordai quelques secondes de réflexion, toujours allongée, les yeux fermés.
"Ma sœur sait toujours ce que je fais. Ou plutôt, elle sait tout dès que je reviens vers elle. Je ne vais pas en cours parce que je n’ai pas le temps et surtout pas la patience. C’est pourquoi je me débrouille pour rattraper avec elle. Tout ce qu’elle apprend, je l’apprends aussi."
Pour l’instant, ça allait. Je n’en avais pas trop dit, et avec un peu de chance il ne chercherait pas la petite bête Restait à aborder le « où ».
"Je travaille loin. Je t’aurais bien montré, mais ça t’attirerait trop d’ennuis alors je vais m’abstenir."
Je me gardai bien de lui dire que les ennuis en question étaient plutôt les monstres cités auparavant et non les problèmes scolaires. Une fois ma courte explication terminée, j’ouvris les yeux et adressai à Shinzu un sourire malicieux.
"Si tu crois ce que tu vois, crois-tu à ceci ?"
Sans bouger, je fis apparaître un arc entre nous deux, puis le renvoyai aussitôt. Je fis ensuite la même chose avec successivement un katana, une masse et une lance.
"Si tu racontes ça à qui que ce soit, je risque ma peau."
Je n'avais pas dit ça sur un ton d'avertissement, mais plutôt comme on fait un constat, voire presque une supplication, sauf que ce n'était pas mon genre. J'avais vraiment pris un gros risque en lui montrant mon pouvoir. Heureusement, je m'étais assurée que personne d'autre ne le verrait.
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La journée n'allait pas tarder à s'achever. Le soleil était encore là pour une petite heure encore, pas plus. Les étudiants commençaient petit à petit à déserter le stade et ses alentours
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Bon, au moins, son explication sur sa frangine semblait cohérente.
"Je travaille loin. Je t’aurais bien montré, mais ça t’attirerait trop d’ennuis alors je vais m’abstenir."
Bonne chose, je n'étais pas vraiment sûr d'aller me foutre dans le pétrin.
Puis alors, j'observai quelque chose de tout simplement... ahurissant. Quelque chose mon cerveau n'était pas capable d'interpréter ça autrement que comme un tour de passe-passe. Ce qui me fit exploser d'un rire, quelque peu nerveux.
"Comment est-ce que tu fais ça ? C'est quoi le truc ?"
Non, non, non. J'avais déjà vu des trucs qui sortait de l'ordinaire et il y avait toujours une explication. Après tout, un magicien ne dévoile jamais ses secrets... Mais je suis sûr qu'elle avait déjà prévu de faire ça. Elle commençait sérieusement à mettre en doute ma raison.
"Si tu racontes ça à qui que ce soit, je risque ma peau."
Et pourtant, elle restait premier degré, tout à fait sérieuse. Je ne savais plus quoi faire très honnêtement ou lui dire, ni quoi penser. Sa démonstration plus tôt m'avait laissé perplexe.
"Ecoute, je suis navré, mais je ne sais pas comment te croire..." Il soupira, tirant une dernière bouffée sur sa cigarette avant de la jeter, avant de poursuivre. "Ouais, ok, tes tours de magie étaient impressionnants... mais... putain, comment t'as fait ?"
Tout cela dépassait clairement mon entendement et je crois que c'était moi, en fait, qui était en train de devenir fou. D'ailleurs, la confusion se faisait clairement entendre dans ma voix.
"Mais je dirai rien, t'inquiète pas. De toute façon, quoique je dise, on me prendrait pour un taré et je finirai dans un asile."
Je me frottai le visage, soudainement frappé par la fatigue.
"J'suis désolé, mais je pige pas..."
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Il n’y croyait pas. Il ne croyait pas que j’avais fait de la vraie magie, il était persuadé que ce n’était qu’un tour de prestidigitation, une vulgaire arnaque de charlatan. J’aurais pu me sentir vexée, mais il était de la Terre, et de Tokyo en plus, pour lui la magie n’avait strictement aucune raison d’exister. Il riait, convaincu que j’avais fait un peu de passe-passe.
Mais, voyant que j’étais sérieuse, il se calma et sembla réfléchir un peu.
"Ecoute, je suis navré, mais je ne sais pas comment te croire... Ouais, ok, tes tours de magie étaient impressionnants... mais... putain, comment t'as fait ?"
"Tu veux vraiment le savoir ?"
Il m’assura de son silence quant à ce qu’il venait de voir. Il perdait pied, il commençait à douter. La fatigue mentale le gagnait.
"Il n’y a rien à piger. C’est de la magie. De la vraie magie, pas des conneries de magicien de cirque. Je comprends que tu aies du mal à l’admettre, ceci dit. Ici à Seikusu, la magie n’est pas courante mais pas rare non plus. Et là où je travaille, il y en a partout. J’imagine que c’est là-bas que j’ai « appris » à invoquer des armes. Comme le poignard de tout à l’heure, d’ailleurs. Tu sais, celui que je ne suis pas allée récupérer ?"
Je me redressai et tentai de remettre un peu d’ordre dans mes cheveux, que j’avais complètement emmêlés.
"Prends ton temps pour assimiler ce que je t’ai dit. Et si tu as une question, pose-la, mais ne pars pas du principe que tout n’était que de la poudre aux yeux."
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De la vraie magie... ? Franchement, elle avait beau avoir l'air extrêmement sérieuse, cela semblait toujours aussi peu concevable pour moi... Même si je commençais un peu à douter maintenant.
"[...]Comme le poignard de tout à l’heure, d’ailleurs. Tu sais, celui que je ne suis pas allée récupérer ?"
Et en plus, elle l'avait fait de nouveau réapparaitre devant mes yeux un peu plus tôt. Je me pinçai les lèvres, ne sachant pas si je devais (pour une fois) faire preuve d'un peu d'ouverture d'esprit et croire que ce genre de phénomènes pouvaient exister. Mais j'étais loin d'être quelqu'un de superstitieux, donc autant dire que c'était mal parti.
"Prends ton temps pour assimiler ce que je t’ai dit. Et si tu as une question, pose-la, mais ne pars pas du principe que tout n’était que de la poudre aux yeux."
Pendant un instant, j'hésitai. J'avais peur de me tourner au ridicule en acceptant de jouer le jeu, surtout si il y avait une sorte de caméra caché ou quelque chose comme ça. Mais j'avais finalement pris ma décision et trois situations pouvaient éventuellement se présenter à moi : ou tomber dans le panneau d'une blague, ou lui démontrer qu'elle nageait en plein délire ou... être confronté à une situation complètement absurde...
"J'aimerai que tu m'emmènes avec toi quand... tu travailles".
Elle avait évidemment parlé de risques, mais j'étais prêt à les prendre si cela pouvait me fixer une bonne fois pour toute de savoir si ce qu'elle me racontait était totalement faux ou non.
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J’avais la vague impression que Shinzu commençait à me croire, mais rien de plus. Aucune certitude, et à vrai dire je ne savais même pas sur quoi je me basais pour me dire que je réussissais peu à peu à le convaincre.
Et là, ce fut le drame. Encore une fois. Il dit exactement la chose qu’il ne fallait pas dire :
"J'aimerais que tu m'emmènes avec toi quand... tu travailles".
Sous le choc de cette demande des plus irréfléchies, je ne répondis pas, restant bouche bée quelques secondes, essayant de lire dans le regard du garçon s’il était sérieux ou non. Mais l’était, ça ne faisait aucun doute, et ça me faisait un peu peur.
"Tu…tu te rends compte de ce que tu me demandes ?"
Je n’en revenais pas, j’étais vraiment face à un inconscient !
"Par tous les dieux, je vais tabasser des monstres et des magiciens, et toi tu veux m’accompagner ?! Je ne suis même pas sûre de pouvoir de protéger, andouille !"
Je criais, maintenant. Peu m’importait qu’on m’entende, il fallait vraiment que cet imbécile comprenne à quel point il avait dit une bêtise.
"Tu as au moins une chance sur deux d’y perdre quelque chose, que ce soit un bras, ta santé mentale ou ta vie !"
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Vu comment elle le prenait à coeur, j'avais bien compris que j'avais touché un point sensible. Elle était presque en train de m'engueuler, visiblement atterrée que je n'aie pas conscience des risques qu'elle pouvait me faire courir en la suivant. En effet, je ne réalisais pas vraiment, mais cela tenait surement au fait que j'étais encore un peu persuadé que c'était juste un canular. Je la laissais s'exprimer, attendant qu'elle se calme un peu pour pouvoir rétorquer
"Je pourrai me défendre seul."
A vrai dire, je ne m'étais jamais battu et n'avais jamais pratiqué de sport de combat. Mais devant le danger, j'avais tendance à réagir de façon plutôt raisonnée, - tant que je n'étais pas pris au piège...
Désormais, un mélange d'excitation et de prudence semblaient se diffuser en moi. La réserve dont faisait preuve Andizia me donnait envie d'en savoir davantage.
"Ecoute, si ce que tu raconte est... vrai... Alors je veux en savoir plus. Après tout, tu savais très bien qu'en m'en parlant, tu avais conscience que ça éveillerait ma curiosité."
Puis la fixant droit dans les yeux :
"De toute façon, si ce n'est pas avec toi que j'y vais, je me débrouillerai pour apprendre plus par moi même..."
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Il me laissa gueuler sans rien dire. Ce ne fut qu’après qu’il reprit la parole, avec un mensonge éhonté. Ça crevait les yeux qu’il n’arriverait pas à se défendre. Il voulait peut-être me convaincre de l’emmener, mais ce n’était pas avec ce genre de méthode qu’il allait y parvenir.
Et maintenant, il me reprochait d’en avoir trop dit et de ne pas assumer les conséquences. J’étais abasourdie. J’hésitais entre me dire qu’il était complètement idiot ou me dire qu’au contraire c’était l’un des hommes les plus intelligents que j’avais rencontrés de ma vie. Aucune de ces deux hypothèses ne l’emporta.
"De toute façon, si ce n'est pas avec toi que j'y vais, je me débrouillerai pour apprendre plus par moi-même..."
Et bim ! Un ultimatum, un ! Dans mes dents ! Dents que je serrais d’ailleurs de dépit. Une main sur le visage, tête baissée, les yeux fermés, je réfléchissais à toute vitesse. L’emmener avec moi était une folie, c’était signer son arrêt de mort à 60% de chances, mais d’un autre côté il venait de menacer de s’y rendre autrement, et là c’était plutôt 95%...
"J’espérais que tu serais assez idiot pour oublier rapidement ce que je t’ai dit, mais bon…"
Oui, c'était un compliment. Après ça je relevai la tête, un air blasé sur la figure.
"Tu as gagné. Mais je te préviens, moi j’ai toujours un moyen de m’échapper en cas de pépin, ce qui n’est pas ton cas. On part quand ?"
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"Tu as gagné. Mais je te préviens, moi j’ai toujours un moyen de m’échapper en cas de pépin, ce qui n’est pas ton cas. On part quand ?"
Je me levai alors.
"Maintenant, si c'est possible. Et ne t'inquiète pas, je me débrouillerai tout seul."
Plus ça allait et plus je commençais vraiment à croire que j'allais voir des choses surnaturels en l'accompagnant... En fait, j'avais l'impression de commencer à sombrer dans la folie.
*A la différence qu'un fou ne se rend pas bien compte lorsqu'il le devient... Enfin je suppose.*
"Je te suis."
Même si j'étais un peu craintif à l'idée de ce que j'allais pouvoir découvrir là bas, j'avais besoin d'avoir le coeur net. Et qui sait, peut-être cela pouvait il me faire découvrir de nouvelles choses incroyables ? Cela pourrait être une nouvelle façon de changer sa vie.
(To be continued)