- Allez viens, tu dois venir, allez ce ne sera pas si ennuyant que ça !
- Non.
Jamais, je ne voudrais aller à une de ses soirées, cocktail, appelez cela comme vous voulez. Vous savez, les genres de soirées avec des gens que l'on ne connaît pas, avec des tas de gens qui vous demandent votre avis sur un sujet quelconque. Ou il y a un petit buffet bien sage avec de la nourriture que personne ne veut gouter qui finit par pourrir à la fin de la soirée, quelques sortes de boissons ou il y a un homme ou bien une femme saoule qui finit par vous vomir dessus. Un mot, je ne donnais qu'un mot pour ce genre de soirée. Grosse connerie. Bon d'accord, c'était deux mots. Mais alors ? On s'en fiche. Un jeune succube (pas si jeune en fait) comme moi ne devrait pas mettre les pieds là-dedans. Mais en ce moment, il y avait ma sœur, Amelia, qui me suppliait presque à genoux en me faisant les yeux doux.
- Allez dis oui !
- Non.
- Juste cette fois ! Et peut-être deux autres ...
- Non.
- Mais je te tiendrais compagnie !
- Non.
- Très bien, voyons ce que maman va en penser.
- Non !
Je lui bloquais l'accès à la porte dès qu'elle arrivait pour en sortir en grande enjambée pour prévenir ma mère. Pourquoi tant de volonté à lui empêcher ? Simplement car je ne voulais pas subir les sévices de ma mère qui devenait très violente dans ces circonstances. Les circonstances en ce moment ? Moi refusant de venir à une assemblée de congénère et autres bestioles de mon espèce. Amelia avait trouvé la façon de me faire accepter une proposition comme celle-là et je détestais ça ! Je grognais intérieurement, mais mes yeux brulaient de haine envers cette soeur. Bien, je l'aimais quelquefois, lorsqu'elle était moins enfantine. Après tout, c'est elle l'aînée ! Elle devrait agir d'une façon plus mure ! Vous n'êtes pas d'accord ? Enfin, je la dévisage en produisant un long soupire désespéré.
- Bien ... Je vais venir ! Mais, tu ne vas plus voir mère pour lui raconter ?
- Bien sûr ... que non sœurette. Après tout, je pourrais pas te faire de mal mon sucre d'orge ...
Elle affirmait tout cela en me tirant la joue comme si j'étais un bébé. Je la projetais donc dans le fond de ma chambre avec un élancement de bras, j'avais une folle envie de lui arracher les yeux avec mes dents blanches et droites. De quoi lui remettre les idées en place ! Du moins, j'espérais lui faire un peu de mal mais non, elle souriait de pleines dents !
- Oh oui, donne-moi ta rage sœurette ! Oh oui, vas-y ma belle ! Plus fort ! Haaan ! Haaan ! Riait-elle, en se frottant contre mon mur sensuellement mais tout de même immaturément, comme d'habitude.
- Mais sort putain ! Que je dis, enragée.
- Sinon quoi ? Tu sortiras tes grosses griffes de tigresse et tu rugiras ? Petite chatte ... Miaou ! S'esclaffait-elle, en sortant de la chambre lorsque je lui lançais un vase à proximité, le faisant éclaté sur le bois. Je chuchotais un petit "oups" en allant chercher mes vêtements habituels et me changeant, portant les mêmes collantes noires avec le même trou au même endroit ! Pourquoi me mettre en grand apparat pour une soirée entre compagnons des enfers dites-moi ? Pour moi, ce n'était pas nécessaire. Surtout, je suis sûre que les autres seront encore plus provocateurs ! Les incubes et succubes sont tous pareils. Enfin, moi, je suis un peu différente d'eux. Disons une centaine de point de Q.I en plus peut-être ? Je regardais ma tenue dans le miroir. Parfait.
Il fallait dire qu'il était quand même honteux pour moi d'aller dans un endroit où il y avait beaucoup de gens dans cette tenue limitée. Oui, j'avais séduit dans cette tenue ... Mais des humains ! Un à la fois ! Pas une centaine ou certainement plus à la fois ! Je ne voulais pas que l'on me prenne pour une catin et que l'on parle dans mon dos toute la soirée ! Mais le mal était fait, nous entrions maintenant, ma famille et moi dans le palais infernal. Au moins, tous les regards ne se retournèrent pas vers moi ! Il y en avait habillé plus chic, mais il y en avait comme moi ! Oh ouais ! Je me sauvais les fesses. Enfin, les heures passent et moi je m'ennuie follement, je crois que je suis à mon deuxième verre d'alcool ! J'ai pris un cocktail de couleur rouge sang, il est très bon ! Il goûte la fraise et la cerise, mes fruits préférés. Bon très bien, ce n'était qu'une petite information lancée comme ça, ne vous inquiétez pas. Je regarde les gens, ennuyée et tout en baillant. Ma queue de succube frivolant dans l'air comme une plume qui ne se poserait jamais sur le sol. J'attends, je poirote, je m'ennuie, le temps passe-les gens aussi-, quelques-uns me parlent mais je n'écoute pas, j'observe, je m'endors ... Les soirées que je déteste.
Lorsque je descendis les interminables escaliers menant jusqu'aux sous-sols du palais infernal, je maudissais ma sœur. Pourquoi m'avoir emmené dans un tel endroit ? Ce serait d'un ennuie mortel, me disais-je, soupirante et regardant le plafond lorsque nous descendions toujours, moi et ma famille, les escaliers du style colimaçon. J'allais finir par être étourdie tellement il y en avait ! Au début, je me disais que je pouvais faire un petit jeu pour passer le temps : compter les escaliers que je passais. Mais, un moment venue, je me las de ce jeu, il y en a beaucoup trop et en plus, j'avais perdu le fil. Je n'avais pas été dérangé par le bruit, puisque mes parents et ma sœur ne pipaient mot. Amelia affichait un grand sourire plein de malice. C'était à son habitude, mais c'était louche je devais dire, ce sourire n'avait jamais été aussi fendu. Enfin, c'est une façon de parler, ça aurait été très effrayant si ça aurait été la réalité. Vous savez, le sourire de Chesire dans Alice au pays des merveilles . Eh bien, le même sourire de ce chat fou, sur le visage de ma sœur. Enfin, ma mère me sort de mes pensées, en me prenant par le bras.
- Tu es mieux de bien te conduire Amaryllis, c'est clair ? Je ne veux pas que tu ne me déranges non plus, cette rencontre entre succube/incube et ainsi de suite est très importante pour moi.
- Maman, tu me fais mal au bras putain, tu veux bien me lâcher, comme si j'avais envie d'aller te déranger dans vos sujets de conversation débile !
- Quels sujets de conversation ?
- Mais c'est bien une rencontre distinguée entre adultes ... N'est-ce pas Amelia ?
- Eum, ouais, on arrive ! Dit-elle pour nous interrompre lorsque nous arrivions devant une grande porte. Grande porte vous dites ? Elle était gigantesque ! De quoi accueillir deux fois la taille d'un géant ! Sincèrement, j'espérais ne pas croiser quelqu'un de cette taille ou de me cogner à son petit orteil. Deux chevaliers en métal sont disposés sur chaque côté de la porte. Une belle décoration je devais dire. Mais je sursaute lorsque les deux dites statuts bougent pour nous ouvrir la porte. J'ai les yeux plissés. C'était réel ? Ou pas ? Enfin, je ne peux pas m'attarder sur ses deux personnes -si c'était vraiment des personnes- car nous entrons enfin dans la salle de réception ...
Réception ? Vraiment ? Je regarde tout abasourdi et mes oreilles ne croient simplement pas. Les gémissements, la luxure, les cris, les bruits de fouet qui claquent, autre cochonnerie ! Je deviens blanche comme un drap et je me retourne vers ma sœur qui rigole en voyant mon expression, je me sens de moins en moins bien et je fonce vers elle, lui chuchotant à l'oreille, paniquée.
- Une petite soirée avec des personnes qui parlent ... C'est ce que tu m'avais expliqué non ?! Alors pourquoi il y a du sexe partout ?!
- Han, je dois m'avoir trompé de soirée ... Pauvre petite, tu m'as l'air effrayée !
- Maman... Enfin, mère, je dois me retirer.
- Pour aller où ? Je te l'avais dit, tu restes ici ! Sinon ... Tu sais ce qui se passera. Elle me fit un regard froid et je compris. Punition. Alors j’obtempère, contre mon gré et je m'en vais au bar me prenant un cocktail. Effectivement, on essaye de me parler à plusieurs reprises et je n'écoute pas ... Il y avait des humains/humaines attachés au mur ... Ils vont pouvoir créer une nouvelle communauté de petit monstre s'ils ne se protégeaient pas ! Enfin, une nouvelle communauté pourrait continuer ses petites soirées stupides à notre place lorsque nous ne serions plus disponibles pour ce genre de connerie.
Je n'avais qu'une envie en ce moment. Prendre mes jambes à mon cou et retourner dans ma chambre. C'est plus que malaisant pour moi mais je reste indifférente du regard, regardant le sol. J'allais finir par devenir sourde, l'écho des gémissements et compagnie restait dans ma tête ce qui me produisait un mal de crâne phénoménale. Enfin, je me prépare à partir, je me détourne enfin pour pouvoir ne plus sentir cette odeur infâme de sexe, de sueur et de toute sorte d’arôme. Mais quelque chose m'en empêche. Enfin, deux choses, plutôt dix choses en fait.
Dix doigts, s'entourant contre mes hanches, les caressants, sans vergogne. Je rougis d'une traite en déglutissant ce qui provoquait un petit gémissement faible mais clair, je secoue la tête et enfin, je me ressaisis. Il ne fallait pas que je paraisse faible enfin ! Amaryllis, tu as un fort caractère, sert toi en ! Et c'est ce que je fis. Je me retourne, les sourcils froncés, mon visage tout aussi enragé que je le suis. Je me décolle de cet homme que je ne connais pas. Enfin, je connais son nom. Alastar.
- Eh bien, monsieur Alastar, enchanté, et au revoir d'ailleurs. Va te faire voir enfoiré. Fiche moi la paix !
Enfin, je lui vide mon verre sur la tête, tiens, il sentait mieux que le sexe maintenant ! Puis, je lance mon verre contre le sol, ce qui ne dérange personne puisque les gémissements couvrent le tout, le verre éclate au sol et moi, je m'en vais. J'étais furieuse. Pourquoi me toucher ainsi sans mon consentement. Eh bien, j'espérais qu'il avait compris la leçon. On ne se prend pas à Amaryllis Hill de cette façon.