Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Jane Watson le jeudi 27 septembre 2012, 21:15:40
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« On perd notre temps ici...
- Essaie d’être un peu plus optimiste, Jeanny, ça te fera du bien…
- Je déteste quand on m’appelle ainsi, Nellie ! »
Les deux sœurs se regardèrent avec comme des éclairs brillant dans chacun de leurs yeux. Nell Watson (http://img87.xooimage.com/files/8/1/f/nell-williams-376afc0.jpg) regardait silencieusement sa petite sœur, et soupira, appuyant son menton sur l’une de ses mains, avant d’hausser les épaules. Les deux sœurs étaient sur une table d’un élégant restaurant assez aéré, bâti dans une espèce de manoir victorien. Il y avait de grandes fenêtres, et même un bar. Une ambiance sombre qui avait attiré l’attention de Nell. Elle avait proposé à sa sœur d’aller au restaurant ce soir, et cette dernière avait refusé, préférant mettre à profit cette soirée pour tenter une invocation. Nell, en croisant les bras, lui avait répliqué que la jeune femme passait bien trop de temps à se concentrer sur ses invocations, et qu’elle devrait plutôt, à la place, se détendre un peu.
« Un ami à la fac’ m’a recommandé ce restaurant, alors...
- C’est qui ?
- Hein ?
- Cet ami… fit Jane sur un ton soupçonneux. Ne tourne pas autour du pot quand je pose une question, Nell ! C’est qui, ce type ?! »
Nell croisa les bras en souriant légèrement, comprenant que sa chère sœur était jalouse. Cette dernière, bien sûr, ne l’aurait jamais admise. Nell s‘était imposée, comme d’habitude, et avait conduit jusqu’à ce restaurant. Jane et Nell venaient juste de s’installer, et observaient les autres tables. Le restaurant était assez grand, et elle devait admettre qu’elle aimait bien l’ambiance qui s’en dégageait. L’établissement ressemblait plus à un manoir mystique, et elle se demandait si, dans le passé, cette maison n’avait pas abrité une communauté de sorcières. Jane se posait sérieusement la question alors qu’elle réfléchissait.
« Tu es calmée ? lui demanda Nell.
- A fond... »
Nell et Jane portaient toutes les deux de belles robes. Jane avait opté, pour sa part, pour une belle robe électrique verte (http://www.sparklingstrawberry.com/product_images/z/981/jv399M_Electric_Green_Back__15758_zoom.jpg) moulant ses formes, tandis que sa grande sœur, Nell, avait choisi une superbe robe violette (http://www.sparklingstrawberry.com/product_images/o/771/221259-3__59912_zoom.jpg). Les deux femmes étaient plutôt belles, et attiraient quelques regards curieux. Avec un peu de chance, elles arriveraient peut-être à séduire quelqu’un, et, ainsi, à prolonger cette soirée. Faire l’amour à trois ne dérangeait nullement les deux sœurs, bien au contraire. Séparément, elles étaient perverses, mais, ensemble, leur perversité décuplait de manière exponentielle.
Les deux femmes attendaient ainsi qu’un serveur arrive. Jane avait remarqué que les serveuses portaient de délicieuses tenues de maid.
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-SHION, POUR L'AMOUR DE DIEU!
-Pardon, patron, pardon!
Le patron n'était pas réellement fâché, mais surtout exaspérée; comment cette petite demoiselle pouvait-elle être aussi maladroite? Il en avait vue, des vertes et des pas mûres, mais normalement, il aurait dû la renvoyer. Le seul hic, c'était qu'elle était franchement adorable et que les clients qui étaient servis par elle ne cessaient de revenir (la plupart pour lui faire la cour et d'autres simplement parce qu'elle était ravissante). Les mains tremblantes, la jeune serveuse s'empressa de nettoyer son gâchis, des larmes d'embarras coulant déjà sur ses joues. Sa maladresse, par moment, était une véritable malédiction, surtout dans ce genre d'endroit; à chaque fois, elle était à quatre pattes en train de ramasser de la boisson ou de la nourriture, et elle était la victime de bien des blagues salaces. Elle poussa finalement un grand soupir puis elle ramassa les verres et les assiettes tombées avant de retourner à l'arrière, s'excusant auprès des clients auparavant, et elle revint avec les repas, prenant soin de faire une petite courbette polie avant de remonter à l'étage et aller rejoindre les cuisines. Une fois à l'intérieur, elle verrouilla un moment la porte et elle détacha son corset, prenant ainsi une très grande respiration. C'était affreusement douloureux à porter, en plus. Elle massa un moment ses seins depuis trop longtemps enfermés dans un étau et rougit en remarquant ses tétons érigés.
-Ah là-là... soupira-t-elle, découragée avant d'enfiler à nouveau sa robe et son corset, relaçant celui-ci. Ils sont trop sensibles...
Elle massa un peu ses épaules douloureuses et frotta ses mains avec une crème hydratante (une vraie, pas un truc qui sert à rien et qui ne fait que couvrir la peau d'une couche imitant l'hydratation! C'était une crème faite expressément pour les Néréides pour satisfaire leur besoin en eau pendant qu'elles ne pouvaient pas en ingérer) et du désinfectant; elle n'aimait vraiment pas du tout l'idée de trimbaler des cochonneries sur sa peau, puis elle prit à nouveau la porte. L'endroit recommençait à être animé; la Guest-Star de la soirée venait d'entrer; Evanescence. Shion n'était pas vraiment fan de l'artiste, mais elle savait au moins comment chanter, donc, elle ne fit aucun commentaire et se contenta d'aller ramasser les pourboires que les clients versaient pour remercier ce genre d'invitation. Kamui, le propriétaire et le patron de Shion, avait énormément de contact, et spécialement le gérant qui s'occupait d'elle, et la chanteuse devait une faveur à son manager, donc, de fil en aiguille, elle s'était retrouvée là. Après la cueillette, la jeune serveuse s'éloigna avec les billets dans un énorme bocal rempli à ras-bord et le déposa sur le comptoir où le jeune homme vint l'inspecter. Il renversa le bocal sans renverser le contenu et entama de compter les nombreux billets qu'il en tirait. Une fois qu'il eut fini de compter, il eut un visage satisfait et il se tourna vers son atout.
-Shion, il y a deux demoiselles qui viennent d'entrer. Va les voir, et pour l'amour du ciel, fais attention.
-Oui, patron...
-Fais pas cette tête d'enterrement, tu vas me faire croire que je suis un vieux ronchon...
-Vous l'êtes, patron...
-Pardon?!
La Nymphe des Eaux eut un énorme sourire en réponse à cette exclamation; son patron était si facile à taquiner que même elle, avec sa nature timide, ne pouvait pas s'empêcher de le faire. Elle s'approcha par la suite de son boss et lui colla un baiser sur la joue, ce qui eut pour effet de le calmer immédiatement. C'était une autre raison pourquoi elle n'était pas encore à la porte; il l'adorait. Il avait l'impression qu'elle était la fille normale et sans histoire qu'il n'a jamais eu; toutes ses propres filles sont déjà arrière-grand-mère et conservent le physique de jeunes femmes à peine sortie de l'adolescence. Shion était rafraîchissante, dans ce sens, car les Néréides, même si elles vivaient terriblement longtemps, n'étaient pas éternelles. Il lui adressa un beau sourire et elle s'éloigna vers les nouvelles invitées. Elle les trouva donc assise à l'étage, avec une très belle vue sur la scène et sur l'extérieur. Elle remarqua aussitôt leur étrange aura; pas difficile à faire en raison de sa nature mystique, mais tout de même. Elle ne s'empressa pas de les juger, se contentant seulement de se pencher sur elle en serrant les menus contre sa poitrine pour que son décolleté ne laisse pas voir quoi que ce soit d'embarrassant. Si Kamui les avait laissée entrer, c'est parce qu'il ne décelait rien de particulièrement menaçant ou impossible à gérer chez les deux nouvelles clientes.
-Bonsoir, mesdames. Est-ce que je peux vous servir quelque chose?
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« C’est... C’est pas Amy Lee ?
- Qui?
- La chanteuse, là! »
Nell fronça les sourcils, et regarda le groupe de rock qui était en train de s’installer dans le restaurant. Elle haussa rapidement les épaules, et Jane soupira devant l’inculture de sa sœur.
« Evanescence ! Daredevil, ça te dit rien ?!
- Mis à part une connerie hollywoodienne, nope...
- P’tain, c’est dingue... »
Ce restaurant devait être plus coté que ce qu’elle pensait, pour inviter des groupes comme Evanescence ! Bon, certes, Evanescence était un groupe occidental, et donc forcément moins connu au Japon qu’aux Etats-Unis, mais, même malgré ça, réussir à les avoir ici devait valoir une fortune... Jane hésitait presque à aller demander un autographe. En Californie, elle avait déjà été à un festival de rock, une fois, et avait dansé comme une hystérique avec des milliers de types en écoutant Bring My Life. Nell hocha la tête, et ce fut à cet instant qu’une serveuse s’approcha d’elles, permettant à Jane de sortir de ses délires sur les adaptations de comics. La manière dont la serveuse serrait les menus contre sa poitrine fuit remarquée par Nell, qui, étant plus ouverte que Jane, en déduisit indéniablement qu’elle était nerveuse, timide, et coincée.
Jane, de son côté, cligna plusieurs fois des yeux, avant de détailler la serveuse des pieds à la tête, puis de la tête aux pieds. Cette femme lui disait quelque chose. Nell se mit à parler.
« Une bière, s’il-vous-plaît. »
Elle attendit ensuite que Jane se mette à parler, mais cette dernière continuait à détailler attentivement la jeune femme.
« Jaaaaaane ? La Terre appelle Jane Watson, youhou... ! »
Jane sursauta, et regarda la femme.
« Shion ? C’est toi, Shion ? »
Nell eut un léger sourire. Jane la reconnaissait... C’était l’une des élèves de la classe ! Shion ! Incroyable ! Qu’est-ce qu’elle faisait comme serveuse, dans une tenue de maid ? Jane n’arrivait tout simplement pas à y croire. Shion était du genre... Du genre à faire sentir les coincés comme des individus libérés. Jane ne s’était quasiment jamais intéressée à elle, dans la mesure où elle était très timide.
« Tu travailles ici, alors ? C’est super cool, ça ! Dis-moi... C’est bien Evanescence qui se reproduit là-bas ?! Tu crois que je pourrais avoir un autographe ?
- Oh non... » soupira Nell.
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Oh non... se désespéra mentalement la pauvre Néréide, en écho avec la démonstration d'exaspération de Nell. Jane Watson était une des chipies qui n'arrêtait presque jamais de l'enquiquiner et de se comparer à elle pour montrer au reste du monde à quel point elle était sensationnelle, et qui se tapait presque tous les garçons du Lycée. Elle ne comptait plus le nombre de fois qu'un de ses intérêts romantiques s'était détourné d'elle pour aller rejoindre le lit de Jane, pour ensuite revenir après avoir été jeté pour essayer de "rendre ses sentiments à Shion"... mais le seul hic, c'était qu'une fois que Jane avait baisé un homme aussi facilement, celui-ci perdait étrangement tout son intérêt aux yeux de la Néréide. Shion n'était pas une femme capricieuse ou méchante, et elle était incapable de nourrir de l'animosité, mais il n'en reste qu'elle aurait vraiment souhaité éviter que cette gosse de riche ne se pointe sur son lieu de travail; elle était sûre de passer une sale soirée. Néanmoins, elle était forcée d'être serviable et aimable avec tout le monde, donc, elle nota la commande de Nell sur son petit carnet et entreprit de répondre à Jane.
-Mon patron m'a dit qu'elle resterait pour une séance d'autographes à partir de minuit, mais que cela ne durerait qu'une heure ou deux, donc, il vaut mieux être en file lorsque le moment viendra. Je vais aller chercher votre bière, mademoiselle, je reviens très vite.
Elle laissa les deux menus sur la table des clientes et se détourna en rougissant encore une fois; elle avait noté que les deux femmes l'avaient regardée, et encore une fois, elle se faisait des idées; qu'est-ce qu'elles regardaient? À quoi pensaient-elles? Est-ce qu'elle allait devoir surveiller tout ce qu'elle ingèrerait? Il lui fallut presque une dizaine de minute pour arrêter de se faire des idées dans le vide et entrer dans la cuisine, au rez-de-chaussée. Elle vérifia d'abord dans les compartiments réfrigérés où se trouvaient de très grosses bouteilles d'alcool et nota qu'il ne restait plus de cette boisson de malts fermentés. Elle ouvrit donc la très grande porte de la chambre froide et se mit à la recherche de la bière. Elle trouva la bière et la marque de celle-ci au bout de deux ou trois minutes. Il se trouvait sur une des étagères supérieures du frigo. Malheureusement, elle était trop petite pour l'attraper, même en se hissant sur la pointe des pieds. L'instant suivant, son patron apparut, chargé de trois caisses de différentes sortes d'alcool doux.
-Kamui... c'est trop haut...! geignit-elle, découragée.
-Oui oui, je vais aller te le chercher...
Plus grand que la belle demoiselle de deux têtes au minimum et étant plus qualifié qu'elle pour la tâche, le propriétaire déposa les caisses sur deux étagères puis il leva un bras pour s'emparer d'une très grosse bouteille de bière. Il remarqua alors la différence de taille entre lui et elle et se surprit à rougir en pensant qu'il devait exécuter exactement ce genre de tâche avec ses filles, quand elles étaient trop jeunes et dépendantes. Ce souvenir réchauffa un moment son coeur de glace avant qu'il ne revienne à lui et glisse l'alcool entre les mains de son employée, qui attendait patiemment qu'on lui donne la raison de sa venue et qui lui adressa un autre de ses sourires. Une si charmante jeune demoiselle, ne put-il s'empêcher de songer. Ce sourire se déforma en grimace lorsque la Néréide se rendit compte de son poids. Elle bloqua un instant sa respiration et lâcha un drôle de gémissement en le hissant de façon à être plus confortable.
-Merci, patron! parvint-elle à lancer avant de disparaître avec une énergie toute nouvelle, laissant l'homme tout seul derrière elle.
-Mais... de rien...?
Empressée, la jeune femme retira la bouteille déjà vite, puis la remplaça avec la bouteille pleine qu'elle trimbalait, s'empara d'un verre, tira sur le bouchon pour libérer le flot d'alcool qui s'écoula dans l'entonnoir avant d'atteindre le récipient. Une fois celui-ci bien rempli, elle prit la peine d'y glisser trois petits cubes de glace et rejoignit les deux étudiantes.
-Voilà... mais je vais devoir vous demander vos cartes, mademoiselle, avant de vous laisser consommer.
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« Qu’est-ce qui t’arrive ? T’as pété un boulon ? »
Tandis que Shion s’éloignait, Jane se remettait lentement de sa surprise. Shion en tenue de maid... Diable ! Elle était bien plus sexy que ce que la lycéenne pensait en la voyant habituellement en cours. La tenue lui allait bien, et la manière dont Shion était rapidement partie témoignait, pour Nell, d’une certaine nervosité (animosité ?) à l’égard de Jane. Nell était bien placée pour savoir à quel point Jane pouvait parfois être casse-pieds... A fortiori depuis qu’elle avait appris qu’elle avait des pouvoirs magiques. Elle était déjà intenable avant cette révélation, et apprendre qu’elle pouvait soulever les jupes des filles n’avait rien arrangé... Le pire était à craindre avec elle, Nell la connaissait suffisamment pour le savoir.
« J’ai bien le droit de saluer une camarade de classe, non ?
- Mouais... Et tu me fais tout un cinéma quand on tombe sur l’un de mes camarades... Je devrais dire quoi, moi ?
- C’est pas vrai !
- Oh que si…
- Si tu fais référence à ce gros con au fast food, j’ai rien à me reprocher !
- Hum-hum... C’est vrai que lui faire exploser son Big Mac en pleine figure, c’était… Très élégant… »
A l’évocation de ce souvenir, Jane eut un sourire... Et Nell sourit également. Nell avait du se mordre la lèvre pour ne aps exploser de rire, mais sa sœur avait raison. Tim la harcelait presque, et le revoir à un McDonald’s, alors qu’elle mangeait avec sa sœur, lui avait fortement déplu. Jane avait donc utilisé ses petits sorts-surprises pour se débarrasser de lui. Elle avait envoyé un sort d’Air sur le Big Mac, et, quand l’homme avait mordu dedans, le hamburger avait littéralement explosé sur son visage. C’était cruel pour le Big Mac, et, quand bien même les deux sœurs s’étaient jurées de ne pas (trop) jouer avec la nourriture, Jane avait explosé de rire. Tim avait foutu le camp, rouge de honte, et restait maintenant à bonne distance de Nell.
Comme quoi, la magie fait parfois bien les choses. Nell commença à feuilleter la carte, et Jane en fit de même. Elle avait bien mémorisé les informations de Shion sur Evanescence... Toute la question était de savoir si elles allaient tenir jusqu’à Minuit... Amy Lee en valait-elle la peine ? Pour Jane, c’était un sacré dilemme. Ceci dit, elle se voyait bien envoyer une photographie à ses copines de Californie, où elle poserait avec Amy Lee. Elle voyait déjà la légende qu’elle afficherait sur son portable : « Gros baisers de Seikusu, je commence à me faire des amies et à me tailler une réputation d’enfer ! L♥ve U ! »
« Et tu m’as toujours pas répondu... C’est qui, cette Shion ? Tu m’en as jamais parlé...
- Bien que cela puisse te sembler surprenant, il arrive que je ne te parle pas de toutes mes copines... Ou plus... »
Nell fronça les sourcils, réprobatrice, et se racla la gorge.
« Ne te moque pas de moi, Jane, tu sais combine ça m’horripile…
- Hey, du calme, j’ai presque l’impression que tu es jalouse !
- Très fin, ça, très spiritual… De toute façon, elle n’a pas l’air de trop t’apprécier…
- Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Tout le monde m’adore dans ce bahut !
- Ça doit faire mal pour ton égo, ça, petite sœur… plaisanta Nell.
- Je t’emmerde, chérie. »
Shion revint alors, mettant fin à l’amicale joute verbale entre les deux sœurs. Elle avait amené un verre, et Nell la remercia, avant que la lycéenne ne demande leurs « cartes ». Les cartes de crédit ? D’identité ? Nell fronça le ssourcils, et sortit son portefeuilles, puis exhiba son passeport et sa carte d’identité.
« Vous faites un contrôle de police, Mademoiselle ? demanda-t-elle, mesquine.
- Rassure-toi, Shion, je suis bien Jane Watson... Tu sais, la fille qui est assise quelques rangs devant toi en cours d’histoire... Et qui t’a évité de faire une grosse erreur en répondant aux avances de Takeshi...
- Jane…
- Quoi ? Ce con était un gros macho ! »
Jane avait une réputation de redoutable veuve noire. Sa beauté californienne lui attirait bien des prétendants, et elle en séduisait parfois quelques-uns. Il y avait notamment eu Takeshi, un autre élève de la classe, un séducteur, une espèce de Don Juan raté, qui s’était mis, au défi, avec ses potes, de réussir à séduire la coincée du coin, Shion Sasaki... Dans un sens, Jane lui avait rendu service. Elle n’irait pas jusqu’à exiger des remerciements, mais, un peu de reconnaissance, ça ne pouvait pas faire de mal.
« Et, d’ailleurs... J’aimerais bien avoir un jus d’orange... Désolée de ne pas l’avoir dit plus tôt, mais j’ai été assez surprise de voir dans une tenue aussi...
- Jane ! soupira Nell, exaspérée.
- Quoi ? Sa tenue de serveuse lui va bien, j’ai bien le droit de la complimenter sur sa beauté ! »
Elle regarda à nouveau Shion, et continua à la séduire, avec un léger sourire :
« Cet uniforme te va bien mieux que ton uniforme scolaire... Comment tu trouves ma robe, d’ailleurs ? »
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Les deux sœurs formaient visiblement un couple très animé. Shion se surprit même à les envier; elle, avec ses sœurs, n'avait connu que des longues journées éreintantes à apprendre à chanter et à jouer de la musique, et accessoirement à danser, tout ce qui pouvait attirer vers les flots un mâle pour se reproduire. Or, elle n'était pas vraiment du genre à chercher l'amour par la tricherie. Elle n'avait jamais eu de complicité avec ses sœurs, ni chez les Néréides ou les Haliades, et cela avait cruellement manqué à son cœur. Malgré tout, elle prit les cartes, les examina un moment et nota la date de naissance de Nell et de Jane dans sa tête et hocha de la tête. Normalement, pour consommer dans les commerce, il fallait avoir au moins 21 ans, quoi que la vente d'alcool était permise à 18 ans, mais Shion n'avait pas envie de faire sa pointilleuse ce soir et se contenta de rendre les cartes à la jeune femme. Lorsque Jane parla de Takeshi, la Néréide se contenta de hausser des épaules. C'était une vieille histoire, mais quand même, elle aurait préféré ne pas se faire jouer dans le dos, peu importe si c'était pour le mieux ou pas.
-Ce n'est pas grave, mademoiselle Nell. Takeshi était un idiot et... un simple d'esprit.
Sans vouloir offenser Jane, c'était vrai. Takeshi s'était fait avoir comme un débutant parce que trop sûr de sa propre importance et de son physique. Ses parents étaient riches et il avait l'habitude d'avoir ce qu'il voulait simplement en faisant les yeux doux. Il était autrement très gentil, mais beaucoup trop imbu de lui-même pour que Shion eusse un jour été amoureuse de lui, bien qu'elle ne fut jamais au courant pour cette histoire de paris. À l'époque, Shion n'était pas aussi coincée, elle était seulement discrète. Ce n'était qu'après sa liaison avec Saïl qu'elle est devenue aussi réservée... et craintive. Elle prit la commande de Jane et s'absenta une nouvelle fois pour courir chercher un grand verre de jus d'orange, y glissant de la glace fragmentée pour la garder fraîche. Entretemps, elle devait aussi aller servir une bonne dizaine d'autres hôtes avant de passer à la commande de la sorcière. Lorsqu'elle revint, elle fut exposée à la question de Jane et ne put prétendre avoir d'autres personnes à servir, parce que tout le monde était déjà en train de festoyer ou alors complètement obnubilés par Amy Lee. Shion trouvait la voix de la jeune femme beaucoup trop résonnante pour être appréciable, mais bon, pour une femme qui pouvait trouver des défauts dans la voix d'Apollon, son jugement était beaucoup trop critique pour être considéré.
-Euh... je dirais que c'est... joli. À sa façon. Peut-être un peu trop court en bas, parce que tous les garçons n'arrêtent pas de regarder en cette direction.
Elle pointa directement trois hommes qui se trouvaient à deux tables de là qui ne cessaient de lancer des regards déplacés en direction de la base de la robe de la jeune femme, espérant probablement avoir droit à un panty-shot. Une chaussure à talon-aiguille vola alors droit dans la face d'un des pervers et une voix grognonne lança "Tu pourrais au moins payer, connard!", ce qui força Shion à adresser aux deux filles un sourire mal-à-l'aise. C'était la voix de Rika, une des habituées qui passait si souvent que si elle n'était pas à sa place, dans un coin du bar, on avait l'impression qu'il manquait quelque chose au décor. Elle alla rassurer les clientes quand un faux mouvement détacha brusquement une des jarretelles, qui relâcha le long bas noir de sa jambe droite. Avec une moue franchement découragée, Shion tira négligemment une chaise, remonta sa robe de façon à avoir une meilleure vue sur sa propre jambe, trouva les jarretelles, tira lentement le bas pour ne pas l'abîmer, dévoilant dans sa mégarde et son automatisme sa jambe blanche comme neige. Elle rattacha le bas à son soutien puis replaça sa robe en grommelant avant de se rendre compte de ce qu'elle venait de faire. Il y eut un petit moment de silence et les joues de la jeune Néréide se mirent à rougir dramatiquement. Elle avait encore cette sale habitude d'être lunatique et d'oublier qu'elle est en public quand elle fait ce genre de choses.
-... Faites comme si vous n'aviez rien vu, pitié... Si mon patron l'apprend, je vais me faire virer pour mauvaise conduite...
Elle semblait sur le bord des larmes.
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Shion alla chercher le jus d’orange pour Jane. La sorcière aimait bien boire de l’alcool, mais, dans la mesure où elle suivait un apprentissage magique, elle évitait ce genre de boissons. L’alcool lui embrumait l’esprit, et perturbait sa concentration magique. Il fallait savoir se sacrifier dans l’intérêt de la magie, et Jane le faisait en évitant de boire. Elle regarda autour d’elle, ses yeux explorateurs observant des individus. Elle triturait nerveusement ses doigts, les claquant entre eux. Nell, qui lisait dans l’esprit de sa sœur comme dans un livre ouvert, fronça les sourcils.
« Non, Jane...
- Mmmh ? fit-elle sur un ton faussement innocent.
- Je sais très bien ce que ce regard signifie, et je t’interdis très clairement de mettre à exécution tes petites idées...
- Mais de quoi est-ce que tu parles ?!
- Ne joue pas l’inncoente avec moi !
- Peuh ! pesta cette dernière en haussant les épaules. Comme si c’était mon genre d’envoyer un léger sort d’Air sur une serveuse pour la voir renverser son plateau sur un client... »
Nell ne dit rien, mais planta son regard dans celui de sa petite sœur, avec une moue réprobatrice. L’intéressée lui rendit son regard, et les deux sœurs se défièrent ainsi pendant quelques instants, avant que Jane ne lève les yeux au ciel en soupirant. Bon, d’accord, c’est vrai, c’était son genre ! Elle l’avait d’ailleurs fait au McDonald’s, et elle avait personnellement trouvé ça très drôle... La serveuse un peu moins... Il fallait dire que, de tous les sorts élémentaires, ceux d’Air étaient les plus faciles à utiliser. L’air, après tout, était partout, et il savait tout juste d’accentuer un peu les bourrasques de vent pour réussir le sort. Les sorts de Feu, d’Eau, et de Terre, étaient, par opposition, sensiblement plus difficiles à réaliser... Et Jane aimait bien se contenter de ce qui était simple. Elle était un peu paresseuse, parfois...
Shion finit par revenir, et amena à Jane son verre de jus d’orange, qui eut un grand sourire... Avant d’assister à un curieux spectacle. L’une des bretelles de s bas de Shion se dégrafa, et cette dernière, pour la remettre, souleva sa longue robe. Les yeux de Jane s’écarquillèrent de surprise, et elle vit les longues jambes fuselées et blanches de Shion.
*Wooh putain la vache ! songea-t-elle. Elle a des jambs de ballerine !*
Nell regarda Jane en fronçant les sourcils, et cette dernière haussa les épaules. Pour une fois, elle n’avait rien fait ! La grande sœur soupira, tandis que Shion, de manière très indécente, terminait de remettre son bas. Jane pouvait presque voir sa culotte, et regretta de ne pas avoir son téléphone portable à portée de main. Elle aurait pris une très belle photo ! Shion remit son bas, et un moment de silence, pesant, s’instaura autour de la table. A ce stade, même les remarques de Shion sur sa robe, qui avaient fait sourire Jane, étaient insignifiantes. Ce fut probablement pour Shion l’un de ces moments qui paraissent durer une éternité, mais qui ne s’étalent réellement que sur quelques secondes, un GMS (Grand Moment de Solitude) grandeur nature. Finalement, Shion sembla se décomposer sur place, et supplia les deux femmes de ne rien dire à son patron.
Elle se décomposa, en effet, et Jane fut assez surprise. Son regard larmoyant était fascinant, et, surtout, elle avait prononcé le mot magique : pitié. Pour une femme comme Jane, le mot « pitié » était une invitation à faire des bêtises, et à justement faire la pression. Jane ignorait totalement qui était le patron de ce restaurant, mais elle pouvait bluffer. Elle était Américaine ; les Américains étaient les rois du bluff. Ils avaient vaincu les Japonais en bluffant, après tout.
« Hum... Tu as l’air de tenir à ce boulot, Shion... Et tu as l’air incapable de savoir mentir, alors...
- Tu sais, nous venons de Californie, nous sommes issues d’une culture marquée par le puritanisme... »
Jane et Nell adoraient se disputer entre elles, mais, quand il s’agissait d’embêter quelqu’un, elles étaient instinctivement d’accord. C’est ce qui faisait d’elles des sœurs magnifiques. Jane se rapprocha un peu de Shion, et suça un peu de son jus d’orange, par le biais d’une paille.
« A combien estimes-tu mon silence, ma brave Shion ? Je veux dire... Well, tu as l’air de tenir à ce job, non ? Jusqu’à quel point ? Je veux dire... Si je te suggérais de me rejoindre dans les toilettes d’ici... Un quart d’heure... Pour discuter de ma capacité à me taire, tu dirais quoi ? Car tu sais que nous, les Américaines, on aime bien parler... »
La soirée venait tout d’un coup d’être bien plus intéressante que ce que Jane avait initialement craint !
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-Je... je, hum... Euh... D'...D'accord...
Rouge comme une pivoine, la serveuse se retourna et s'éloigna du couple de demoiselles. Lorsqu'elle fut enfin hors de leur vue, elle s'adossa contre un des murs de la cuisine pour se calmer et reprendre son sang-froid. "Me voilà encore dans de beaux draps..." soupira-t-elle en jouant nerveusement avec son plateau, le faisant pivoter entre ses mains pour se mettre l'esprit un peu ailleurs. Étrangement, Jane choisissait très bien ses moments; dans quinze minutes, Dieu seul sait comment, elle savait qu'elle finissait sa journée de travail. Ou alors un très bon instinct. D'une manière ou d'une autre, elle allait devoir user d'ingéniosité pour se sortir de son mauvais pas. En toute normalité, Shion était capable de remettre les pervers et perverses à leur place, mais sans vouloir l'admettre, la soeur de Jane la mettait dans un état de confusion qu'elle ne comprenait pas elle-même; elle se savait bisexuelle, mais elle ne savait pas qu'elle pouvait aussi se retrouver intimidée par les autres femmes. N'ayant pas l'habitude d'être confrontée à un cœur palpitant devant une personne du même sexe qu'elle, ses pensées se sont embrouillées et elle n'avait pas eu la réflexion intelligente de leur dire d'aller se faire voir et de les menacer de leur coller un procès au cul. Et maintenant qu'elle avait accepté, bah, elle perdrait aussi facilement ce procès qu'elle l'aurait collé, parce qu'elle pouvait être inculpé d'incitation et ça, c'est mauvais, surtout quand on était une femme dans une ville où les hommes étaient des pervers et où la perversion devenait une justification à tout.
Elle alla donc prendre sa pause quelques minutes à l'avance avant d'aller prendre une bonne douche dans la salle des employées. La tenue de maid avait beau avoir un excellent charme, il n'en restait qu'elle n'aimait pas nécessairement la porter après le travail à cause de son côté révélateur et léger; il suffisait d'une brise pour qu'un inconnu ait un petit coup d’œil à ses sous-vêtements, et cela, bah, c'était très gênant. Elle soupira en repensant à Nell. Elle était jolie, mais il faut croire que les mauvais côtés, c'était de famille; quand une était chiante, l'autre suivait le plus souvent. Cela lui rappela aussitôt une conversation avec son fiancé, quelques mois plus tôt, après qu’elle eut refusé d’emmener un garçon en cour de justice après qu’il l’ait harcelée pendant des semaines.
-Tu pardonnes trop! Tu vois toujours le bon côté des gens avant leurs mauvais côtés!
Ce simple souvenir suffit à arracher un soupir découragé à la Nymphe des Eaux; comment faisait-elle pour être suffisamment crédule? Pour croire qu’elle serait tranquille et protégée au travail. Elle savait que Jane ne voulait que la taquiner, mais elle savait également que si elle ne se prêtait pas au jeu, elle finirait par faire quelque chose de regrettable, comme un enfant privé de ses jouets pour X raisons; elle pouvait très bien lui faire du mal et faire de sa vie un enfer pour peu qu’elle soit irritée. Telles étaient les emmerdeuses lycéennes, ces salopes sans nom qui font toujours du mal aux autres. Elle finit par se lever et à refermer le robinet avant de se sécher et de sortir de la douche, enfilant au passage une culotte, un soutien-gorge, le tout en dentelle blanche, puis un jeans bleu ciel, un débardeur noir et une chemise blanche, enfilant également des chaussettes et des chaussures avant de se diriger vers la toilette des femmes et de s’y installer pour attendre. Combien de temps? Elle ne savait pas. Elle attendrait tant qu’elle n’aurait pas d’autre chose plus pressante à faire; ce n’est pas comme si quelqu’un l’attendait à la maison. Il n’y avait jamais personne pour elle, de toute façon. Elle était là, assise dans la seule pièce de tout l’établissement qui pouvait être fermement verrouillée et insonorisée pour une seule et unique raison; il y avait du monde qui mangeait, et entendre des prouts sonores, ça n’intéressait personne, et surtout pas des clients.
-
« Tu n’as pas honte ?!
- De quoi devrais-je avoir honte ? » répliqua doctement Jane.
Shion s’était éloignée, et Nell soupira, avant de poursuivre :
« Cette pauvre fille est complètement terrorisée ! Merde, Janny, on est venues ici pour manger, pas pour s’attirer des emmerdes !
- Hey ! Relax’, ma grande ! Je contrôle toute la situation ! »
Nell croisa les bras, et plusieurs secondes s’écoulèrent ainsi, avant que sa grande sœur ne baisse les bras. Jane, parfois, était une incorrigible tête de mule, et lui faire entendre raison relevait tout simplement de l’exploit olympique. Nell ne pouvait qu’espérer que les choses se tasseraient bien vite, et que Jane, peu importe l’idée qui puisse lui traverser l’esprit, saurait rapidement agir, avant que la situation ne dégénère...
« Je n’avais tout simplement jamais remarqué que Shion était aussi sexy...
- Tu sais, Jane, dans une soubrette, bien des gens sont sexy... »
Immédiatement, elle regretta d’avoir dit ça, mais il était trop tard. Jane fronça lentement les sourcils, comme si elle avait mal compris ce que sa chère sœur venait de dire. Il y eut un léger flottement, un moment de blanc, avant que Jane, lentement, ne se mette à parler :
« [color=purple[]b]Tu t’es déjà habillée en soubrette ?[/b][/color]
- Pourquoi cette question ? répondit prudemment Nell.
- Putain, j’y crois pas ! »
Un grand sourire amuse éclaira les lèvres de Jane, qui se mit à imaginer sa grande sœur en soubrette. Quel garçon avait pu l’amener à se déguiser ainsi ? Elle n’en connaissait aucun qui ne soit susceptible de conduire Nell à se vêtir ainsi... Sa grande sœur, en soubrette ! Avouons que l’image ne manquait pas de ridicule, et une lueur espiègle, très amusée, traversa son regard. Nell dut le réaliser, car l’intéressée fronça les sourcils, et lui donna un coup de pied sous la table, parlant sur un ton terriblement sérieux :
« Si tu le répètes à qui que ce soit, je t’étrangle sur place !
- Oh, on dirait que j’ai touché la corde sensible !
- Je ne plaisante pas ! Déjà que c’est pas facile d’être sa sœur, alors, si en plus...
- Hein ? Quoi ?! Pas facile d’être ma sœur ? Ça veut dire quoi, ça ?
- Ça veut dire ce que ça veut dire, tout simplement. »
Jane croisa les bras, réfléchit un petit peu, et répondit sur le même ton :
« Tu sais, la réciproque est exacte... »
Nell soupira. Sa sœur avait cette sale manie de toujours vouloir avoir le dernier mot. La réputation de Jane au lycée n’était cependant pas la plus mauvaise qui soit. A dire vrai, dans l’ensemble, sa petite sorcière était plutôt bien appréciée, parce qu’elle était jolie, sociable, et intelligente. Cependant, elle était aussi très hypocrite, manipulatrice, et perverse... Même si, connaissant la réputation du lycée Mishima, Nell se demandait si cette dernière facette de sa personnalité n’était pas son meilleur avantage... A la fac’, où Nell étudiait, le lycée Mishima était bien connu, et les anciens de Mishima étaient généralement très côtoyés, car on était persuadé qu’ils avaient, sexuellement parlant, tout vécu. C’était très particulier. Si toute cette ville était spéciale, Mishima semblait être l’épicentre de toute cette bizarrerie. Et on disait les Américains cinglés...
Jane finit par se redresser, et lui promit de ne pas être longue. Nell espérait surtout qu’elle ne ferait rien de stupide, mais elle n’était pas spécialement inquiète. Il n’y avait que dans les films qu’on coinçait des toilettes pour faire l’amour. Dans ce genre de restaurants, des individus devaient venir aux toilettes constamment. Jane se rendit donc dans les toilettes pour femmes, et ne tarda pas à trouver Shion. Elle était assise sur le pot, et Jane, tranquillement, referma la porte derrière elle, et réalisa que l’endroit était insonorisé... Elle n’entendait plus rien venant du restaurant, et regarda Shion. Maintenant qu’elle la voyait de très près, elle réalisait, non seulement à quel point elle était belle, mais à quel point ses yeux étaient magnifiques. Deux belles perles qui l’hypnotisaient. Pourquoi diable ne s’était-elle jamais intéressée à elle ? C’est sur cette idée que Jane s’approcha du miroir dans la pièce, et tourna le lavabo, se nettoyant les mains, tout en regardant Shion par le miroir :
« Tu sais, tu devrais mieux t’exposer au lycée. Je n’avais jamais réalisé à quel point tu étais mignonne. Alors, dis-moi... Si tu ne veux pas que je dise à tout le monde que la timide petite Shion s’habille en soubrette dans un restaurant, tu as intérêt à répondre à mes questions, et... Disons que ce sera notre petit secret, hein ? »
Ne lui laissant pas vraiment le temps de répondre, elle enchaîna :
« C’est quoi, ton histoire ? Pourquoi tu bosses en tant que serveuse ? Les dortoirs à Mishima sont gratuits, alors... Qu’est-ce qui peut bien te pousser à travailler dans un restaurant ? Et, au fait... Ton patron sait que tu es mineure ? Je crois pas que ça soit forcément légal d’embaucher des mineures... Non ? »
Lui mettre la pression... Jane adorait ça ! Elle voulait acculer Shion, que cette dernière soit forcée de collaborer avec elle, et de satisfaire sa curiosité. Bien sûr, Jane bluffait... Elle ne comptait pas pourrir la vie de Shion. Non pas qu’elle en aurait des remords, mais elle avait de meilleures idées en tête pour passer son temps... Mais on disait que les Américains étaient naturellement doués pour le bluff. C’était le moment de le prouver !
-
Les questions de Jane la laissèrent perplexe. Au moins, c'était moins pire qu'une séance à la "Inquisition" qu'elle avait l'habitude de subir (une variante du Vérité ou Conséquence qui ne finit que lorsque le tortionnaire en avait marre, bien que la Vérité devenait ce que l'accusateur voulait bien entendre). Son histoire était banale, hormis la partie où elle passait une moitié de l'année immergée dans les territoires aquatiques de ses deux pères, Nérée et Poséidon... une équivalence de la garde partagée, quoi. Mais pourquoi est-ce que cela l'intéressait, pour commencer? Probablement pour causer des ravages plus tard. Shion fait de même pour se protéger elle-même; s'informer sur chaque interlocuteur pour finalement lui renvoyer chaque parole au visage, le troubler et l'éloigner d'elle si elle ne voulait pas l'avoir davantage dans les pattes.
-Je ne suis plus mineure. J'ai 18 ans depuis bientôt six mois.
En fait, en théorie, le japon autorise les jeunes hommes et femmes de 17 ans à entreprendre des carrières où l'âge majeur est requis pour travailler, en raison d'une certaine vieille loi et tradition qui disait qu'un enfant, au moment de sa naissance, était âgé d'un an. Mais il fallait absolument qu'à partir du moment où cette loi était invoquée, il fallait être mentalement préparé à ne pas avoir les traitements de faveur; ce n'était pas une loi qui s'adaptait aux caprices d'une personne; une fois qu'on se déclarait majeur sous cette loi, on l'était sous toutes les autres. Et ça, c'était pas nécessairement un avantage quand on se mettait dans la merde. Héhé.
-Les dortoirs de Mishima ferment pendant la nuit, empêchant les locataires d'entrer et de sortir à leur guise. J'ai besoin d'argent, de beaucoup plus d'argent qu'un simple emploi d'étudiante ne pourrait jamais me procurer. Et je travaille ici parce que j'ai une très bonne paie qui me permet de rembourser mes dettes sentimentales et financières.
Pour les incultes, une dette sentimentale est une dette imaginaire que les gens s'inventent, le plus souvent, mais d'autres fois, ce sont des dettes réelles liés à une situation amoureuse. Pour Shion, il s'agit de rembourser Saïl de toutes les dépenses qu'il a faite pour elles, à commencer par sa garde-robe, qui s'élève à plus d'un millier d'euros, puis la moitié du loyer, tel que convenu, et finalement pour rembourser les frais administratifs que leur séparation occasionnait; même fiancés, ils étaient déclarés comme un couple à part entière dans les fichiers du gouvernement. une dette financière était une dette complète que tous et toutes auront un jour ou l'autre, et elle se résume en un mot; carte de crédit. Tout ce qu'on se procure sans avoir les moyens devenait une dette qu'il fallait rembourser sous peine de passer un très sale quart d'heures avec quelques créanciers plus déterminés à récolter les intérêts que leur propre argent.
Pour une fois, Shion n'avait aucune honte à parler d'elle-même, pour ne pas dire qu'elle était fière d'être émancipée de la charité scolaire et parentale, en comparaison à tous les autres jeunes humains qui se prétendaient indépendant parce qu'ils ne vivaient plus chez leurs parents tout en touchant une allocation de leur part. Elle travaillait fort et assidûment, même si son argent se faisait lessiver par des mains avares qui se l'arrachaient. Si Jane cherchait une faille dans ses dires, Shion l'invitait bien à le faire, mais elle aurait bien du mal.
La Nymphe des Eaux fixa un long moment l'apprentie sorcière et se surprit à remarquer à quel point elle était effectivement belle, sans qu'elle ne puisse nier, dans son élan, son intelligence -elles avaient été dans la même classe pendant trois ans, après tout. Shion était une très bonne étudiante, et elle tapait des records, mais Jane semblait toujours la dépasser d'une dizaine de points ou plus- mais elle n'arrivait pas à s'oter sa méfiance de la tête; de un, quel genre de personne raisonnable et pleine de bonnes intentions forcerait une autre personne à l'attendre dans les toilettes? "À la rigueur, elle aurait pu m'inviter à manger un morceau, si elle voulait vraiment juste me parler!" songea-t-elle. Mais encore une fois, se rendant compte qu'elle avait des arrières-pensées derrière cette phrase mentale, elle secoua vivement la tête pour chasser ses réflexions parasites de son esprit; depuis Saïl, ses rêves romantiques et fantasmes n'avaient qu'augmenté, contrairement à ce qu'ils étaient supposé faire après une rupture si brutale liée à la trahison, l'adultère et le mensonge.
-Qu'... -elle toussa pour s'éclaircir la gorge et éviter de bégayer encore une fois- qu'est-ce que tu veux, Jane? J'ai rien à donner, rien de croustillant ou d'intéressant à te mettre sous la dent. Je suis épuisée, j'ai eu une grosse journée.
Ce n'était pas de l'arrogance que la jeune femme avait dans la voix, mais une vraie lassitude d'être debout. Elle avait vraiment envie d'aller s'installer quelque part, boire un verre et prendre un bon petit dîner avant d'aller se pelotonner contre sa peluche-placébo; c'était assez cocasse à dire, mais depuis qu'elle vit seule, elle n'arrive pas à dormir. Elle s'était donc acheté une très grosse peluche en forme de tigre légèrement anthropomorphe contre lequel elle se blottissait la n... bon, vous voyez, quand je dis que ses pensées vagabondent beaucoup!
-
Shion, lentement, se confia, et Jane écouta. Bras croisés, elle écouta cette dernière commencer par lui dire qu’elle était majeure. Tant pis, Jane aurait au moins essayé... Elle oublia cette idée, et la jeune lycéenne serveuse lui expliqua ensuite qu’elle travaillait ici pour rembourser une série de dettes qu’elle avait contracté. Jane en fut amusée... Elle n’était même pas encore adulte qu’elle était déjà endettée jusqu’au cou ! La jeune sorcière, prudemment, ne disait rien, jusqu’à ce que Shion lui demande ce qu’elle souhaitait. La sorcière était plongée dans ses pensées, se demandant effectivement quoi faire de cette femme. Elle était plutôt belle, et ses yeux... Diable, ses yeux étaient terribles ! Elle n’arrêtait pas de loucher sur eux, d’observer cette femme, et de se dire à quel point elle avait de beaux yeux. Ils étaient presque surréalistes tant ils étaient fascinants.
Revenant à la réalité, Jane se rapprocha un peu de Shion. Elle aurait sans doute du se sentir un peu compatissante pour cette brave fille, qui était obligée de jongler entre un boulot le soir et son travail au lycée. Ceci expliquait probablement pourquoi elle était si distante et si réservée en cours. Avec une vie comme ça, participer à des soirées, ou avoir une vie sociale, devait être difficile... Mais Jane n’était pas du genre à éprouver de la pitié pour les autres. Elle était Américaine, et les Américains étaient bien connus pour être des individualistes capitalistes par excellence. Ce n’est pas elle qui allait être l’exception à la règle. Après tout, si Shion était endettée, c’était très probablement parce que, soit elle avait fait des conneries il y a quelques années, soit elle s’était faite avoir quelque part. Dans tous les cas de figure, Jane en arrivait à la savante conclusion que Shion était responsable de sa propre situation.
*Pour autant, je n’ai aucun moyen de pression sur elle... Dire aux autres que Shion s’habille en soubrette, ça ne provoquera que des haussements de sourcils... Il y a bien d’autres rumeurs bien plus tordues à Mishima...*
La sorcière décida de changer de tactique, et offrit à Shion un léger sourire rassurant, ses yeux louchant brièvement sur sa belle poitrine. Une autre chose qu’elle n’avait pas remarqué au lycée, et dont elle prenait maintenant conscience. En somme, Shion était loin d’être aussi inintéressante que ce que Jane avait initialement craint. Elle se mordilla lentement les lèvres, étant un peu plus proche de Shion, et lui parla :
« Rassure-toi, Shion, je ne vais pas te pourrir la vie... Elle m’a déjà l’air bien compliquée comme ça... Je suis désolée de t’avoir abordée en te menaçant, mais, au moins, j’ai réussi à capter ton attention. »
Désolée, Jane ne l’était pas du tout, mais ça passait toujours mieux quand on le disait. Elle se racla lentement la gorge. Shion était si nerveuse qu’elle se voyait mal lui dire qu’elle la trouvait sexy en soubrette. Il fallait la ménager un petit peu, et elle parla encore :
« Je te propose de me pardonner en t’offrant un repas... Vu que tu travaillais, je suppose que tu n’as pas encore eu le temps de manger, non ? Ma sœur sera ravie de t’avoir à notre table, j’en suis sûre... »
Connaissant Nell, elle chercherait sûrement à obtenir des informations compromettantes et croustillantes sur sa petite sœur. Jane fit à Shion un sourire innocent, montrant ses belles dents blanches :
« On fait la paix ? »
-
Résumons Shion un instant avant de poursuivre cette histoire. Pour Shion, la vie se résume à trois choses; école, parfois, travail, tous les jours et nuits, et dormir, une fois de temps en temps. Si avant elle aimait bien le jeu de la souris, à chasser les prétendants pour trouver le meilleur du lot, son isolation forcée et le caractère peut honorable de son emploi en tant que serveuse dans un des bars à thème les plus populaire du vingt-et-unième siècle plus sa rupture avec Saïl l'ont transformée. Devenue discrète, silencieuse même, avec une peur phobique d'être à nouveau blessée simplement par sa propre naïveté et sa méconnaissance des êtres humains en général.
Revenons maintenant à notre petit problème; l'offre de Jane. En temps normal, après une bonne journée de travail, c'était rentrer chez elle et se pelotonner contre son polochon qu'elle désirait le plus faire, mais il y avait un détail qu'elle négligeait constamment; son estomac, un jour ou l'autre, aura besoin de beaucoup plus qu'une simple gorgée d'eau pour être satisfait. Comme pour l'appuyer dans sa réflexion, et approuver la demande de Jane, l'organe lâcha un magnifique rugissement dès la mention du "repas offert", comme une supplication à sa propriétaire d'accepter l'offre. Ce n'était pas vraiment pour faire la paix, elles n'avaient jamais été vraiment hostiles, simplement distantes, mais elle n'allait pas prendre la peine de la corriger; elle avait faim, et on lui offrait le repas. Comme quoi, à cheval donné, on ne regarde pas la bride.
-Oui... d'accord... si tu veux...
La jeune femme garda néanmoins la tête légèrement baissée, en signe de soumission partielle, cédant à sa nature timide et réservée, une main posée sur son ventre qui continuait de gargouiller. Une vraie marmite d'eau en ébullition, voilà ce qu'il était. Elle était néanmoins contente que Jane ne soit pas allée si loin que ça avec ses plaisanteries, bien que quelques parts, au fin fond de ses désirs secrets, elle avait eu envie de... enfin, bref, ce n'était pas le moment de penser à cela. Ce n'était pas arrivé, point à la ligne. Depuis Saïl, sa vie romantique et sexuelle avait été reléguée à un plan second, mais toute femme qui se respecte a des désirs, et malheureusement pour Shion, il n'était pas dans sa nature profonde d'être fine bouche; les Nymphes, autant des Eaux que des Forêts, étaient reconnus pour être des enchanteresses, des femmes qui ensorcelaient les hommes et femmes pour produire une progéniture supérieure... les dryades étant simplement plus enclines que d'autres à la tâche. Enfin, bref, tout cela pour dire que Shion avait, pendant un instant, fantasmé. Fait rare, mais c'était arrivé. Elle ne s'autorisait, normalement, pas même une caresse personnelle, alors, un fantasme...
La jeune femme se contenta de suivre Jane jusqu'à la table ou se trouvait Nell, en silence, et de prendre place, sans regarder la demoiselle, encore embarrassée par son attirance vers elle.
-
Shion accepta timidement l’offre de Jane, mais son corps la trahissait. Cette main qui se posait sur son ventre, et les petits gargouillements que ce dernier poussait... Elle avait faim, et Jane eut un léger sourire, relevant la tête vers Shion, lui faisant un clin d’œil.
« OK ! Let’s go, darling ! » lâcha-t-elle alors, avec un accent très américain.
Elle ouvrit la porte, et retourna vers sa table. Nell était en train de discuter avec un autre serveur, et leva deux doigts en l’air, le regardant avec un léger sourire. Jane se retint de soupirer. Était-elle en train de rêver, ou est-ce que sa sœur draguait le serveur ? Sacrée Nell... Toujours pareil ! Le serveur s’en alla, et Jane alla se poser devant Nell, Shion s’asseyant sur le rebord de la table ronde, entre les deux.
« J’ai invité Shion à manger avec nous...
- Dans la mesure où ce n’est pas toi qui paie, j’imagine que tu peux t’amuser à inviter qui tu veux », répliqua Nell en plaisantant, avant de tourner sa tête vers Shion.
Shion semblait assez gênée, comme en cours, où on avait l’impression qu’elle avait le sentiment que chaque individu allant lui parler avait envie de la frapper. Évidemment, nouer des relations était assez difficile quand on fonctionnait comme ça. Jane n’aurait même pas été surprise d’apprendre que Shion avait jadis été battue. Nell le comprit bien vite, fronçant lentement les sourcils, avant de parler.
« T’en fais pas, sweetheart, c’est pas parce qu’on est des Américaines qu’on va te manger toute crue ! Et ne t’inquiète pas au sujet de Jane, elle est sacrément chiante, mais on l’aime bien quand même ! »
Elle avait dit cela à voix basse, mais Jane avait entendu.
« Hey ! protesta-t-elle donc, faisant sourire Nell.
- Tu vois ? C’est une vraie gamine !
- Parce que tu te crois mieux, peut-être ?
- Dans la mesure où c’est moi qui paie les factures, je dirais que oui...
- Faire une signature, n’importe quel demeuré sait le faire ! »
Nell soupira, et haussa les épaules. Avoir le dernier mot avec Jane était très difficile, et elle s’écarta de Shion. Un serveur amena alors un panier de petits pains chauds, et Jane en prit rapidement un, croquant dedans.
« Alors, Shion... Dis-moi tout... »
Nell essayait de la regarder, tout en ménageant volontairement quelques moments de pause, avant de finalement poser sa question :
« Comment tu trouves les cours ? Et... Est-ce que c’est vrai que Jane est sage en cours ? J’ai du mal à le croire, vu son côté petite peste... »
-
Quand une néréide a faim, il y a normalement deux raisons à cela; soit elle n'a pas consommé suffisamment d'eau pendant la journée (et Shion étant une vraie maniaque du travail bien fait, allant jusqu'à se tuer elle-même pour faire son travail s'il le fallait, cela était parfaitement possible) soit elle n'a pas eu récemment un "partenaire". Pour expliquer le principe du partenaire, pensez au vache qui produisent massivement le lait pour une énorme population. Cette vache doit d'abord mettre au monde un petit pour pouvoir produire. Or, pour les Néréides, une fois la majorité bien entamée, il fallait que leur corps soit sustenté en une certaine hormone qu'elles ne peuvent produire qu'en cas d’extrême excitation sexuelle, ce qui requiert qu'une fois de temps en temps, elles se trouvent un "partenaire". Normalement, ce "partenaire" est un être qu'elle conservera un long moment, mais la différence entre la situation de Shion, actuellement, et celle des autres Néréides, c'est que ces autres nymphes s'accouplent et se lient avec une créature que l'on nommera les Nagas masculins. De part leur nature reptilienne, ces hommes-serpents ne sont nullement intéressés par les changements soudains de caractère, pour la simple et bonne raison qu'ils n'en ressentent pas le besoin. Pour trouver un Naga à leur goût, il existe de nombreux lieux de rencontres où les Néréides célibataires et les Nagas à la recherche d'une partenaire peuvent se rencontrer, souvent en bordure des ruisseaux où il était agréable de s'accoupler sous les rayons du soleil sans être trop loin de chez soi.
Bref, tout cela pour dire que non seulement Shion avait soif, mais en plus, elle était drastiquement en manque de saine relation physique avec des partenaires acceptables. Lorsqu'un serveur vint la voir, elle n'eut même pas besoin de prononcer un mot qu'il déposait devant elle un énorme pichet rempli à ras-bord d'eau glacée. Elle baissa honteusement la tête et le remercia à mi-voix avant de tremper ses lèvres dans le liquide dit le plus pur qui soit, et l'avala goulûment, vidant à moitié l'énorme contenant d'une généreuse traite. La voyant faire, trois jeunes hommes, sincèrement admiratifs et peut-être un petit peu moqueur, se mirent à l'applaudir bruyamment, lui faisant à nouveau monter le feu aux joues. Les humains étaient si exubérants, si... vivants que Shion avait du mal à s'y mêler, car ils étaient si différents des Néréides, ou des créatures de légendes, qui avaient un tempérament plus calme, réservé, peut-être même asocial et raciste.
C'est alors que Nell lui adressa la parole. Bien qu'en toute honnêteté, elle n'avait aucune difficulté avec l'anglais, leur accent mêlé avec leur janglais (nouveau mot alliant le japonais et l'anglais \o/) rendait parfois leurs conversations compliquées et difficile à comprendre. Elle faisait un énorme effort de concentration pour les écouter, et parfois, même, elle s'y perdait et devenait totalement concentrée sur les mots, oubliant tout ce qui se passait autour d'elle, juste pour écouter la façon dont elles prononçaient leur mot, de leur langage bâtard qui, en même temps, lui semblait beaucoup plus doux et chaleureux que le froid métal de la langue nippone, sec, précipitée et agressive.
-Hum... Jane est...
N'ayant jamais vraiment appris à bien mentir et se trouvant devant deux possibles bluffeuses professionnelles, elle réprima immédiatement son envie de tromper la soeur ainée de Jane et se laissa à l'eau. Elle préféra dire la vérité et la "tremper dans le miel".
-Jane-chan a son petit caractère bien à elle. Elle est excellente en cours, mais elle ne porte pas toujours attention aux enseignants et elle semble beaucoup aimer taquiner les garçons de la classe, et également les filles. Je ne peux dire si elle est sage ou pas, mais elle ne fait pas ou presque pas de raffut et elle ne se défile pas trop souvent de ses cours... moins que moi, du moins.
Les deux femmes ne s'en doutaient probablement pas, mais Shion constatait bien qu'il y avait entre elles un lien bien plus sentimental que celui de soeurs. Elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais aux regards complices qu'elles s'adressaient, il était difficile pour une personne comme Shion qui se plaisait à lire des livres sur la psychologie humaine et sur les différents réflexes "de vérité" que le corps envoyait à tout moment d'ignorer leur affaire. Une véritable mentaliste, voilà ce qu'elle était.
-
Les deux Californiennes furent éberluées en voyant Shion avaler presque à elle toute seule le pichet d’eau fraîche. Elle but goulûment, et on pouvait entendre les bruits de succion de sa gorge. Jane et Nell se regardèrent entre elles, ayant conjointement l’impression d’avoir affaire à une espèce d’affamée qui sortait du désert. Sur une table à côté, trois hommes qui la virent ne purent s’empêcher de l’applaudir. Il est vrai que c’était plutôt une belle performance.
*Ça, c’est ce qui s’appelle avoir une grosse soif...*
Jane ne commenta pas, et Shion, par la suite, parla d’elle. Elle la décrivit comme une femme ayant son « petit caractère bien à elle ». L’apprentie-sorcière se permit un léger sourire amusé devant cette remarque, tandis que Shion, visiblement nerveuse, poursuivait. Nell l’écoutait attentivement, souriant également. C’était, selon Jane, un portrait relativement honnête, même s’il était un peu édulcoré. Lorsque Shion eut terminée, Nell ne tarda pas à répondre :
« Ma petite Jane serait donc un exemple de vertu ? Well, pourquoi pas, après tout...
- Je ne vois pas ce que ça a de si surprenant, riposta cette dernière en croisant les bras, contrariée. J’ai toujours été une bonne élève...
- Avoir des bonnes notes ne suffit pas à faire de toi une bonne camarade, ma petite Jane. Son petit caractère... Je n’aurais pas dit mieux, Shion. »
Jane haussa les épaules, sans insister. Nell adorait la provoquer, et elle adorait aussi le faire. C’était leur truc. Les deux sœurs s’étaient toujours comportées ainsi, ce qui n’empêchait pas qu’elles soient très complices. Nell connaissait suffisamment Jane pour savoir que cette dernière était une camarade assez difficile à supporter, surtout dans un autre pays que le leur. Le monde entier semblait de plus en plus habité par une sorte de sentiment antiaméricain. Même les Français leur étaient de plus en plus hostiles, et ce sentiment commençait aussi à se développer au Japon, même s’il était plus restreint. Ce n’était clairement pas Jane qui allait renforcer l’attrait des Nippons pour les Américains. Elle était prétentieuse, suffisante, arrogante, mais c’est comme ça que Nell l’aimait. Elle n’était pas objective, mais comment aurait-elle pu l’être ? Elle avait connu Jane quand cette dernière était à peine plus grande qu’un double-centimètre.
Le serveur ne tarda pas à revenir, en demandant les plats. Nell et Jane commandèrent toutes les deux leurs plats. Pour Jane, ce fut une pizza, et, pour Nell, une entrecôte bien saignante. Jane adorait les pizzas, tout simplement. Et ce restaurant était plutôt varié.
« Et mettez-moi des frites à part, rajouta-t-elle.
- Bien, Madame.
- Et du jus d’orange, aussi !
- Bien sûr.
- Et… Hum… On pourrait ravoir du pain chaud ?
- Oui, bien sûr... »
Le serveur restait professionnel, et Jane se tut. Il ne restait plus qu’à Shion de commander, et Nell se mit à lui parler :
« Prends ce qui te ferait plaisir, sweetheart. Je me charge du reste. »
-
(Pardon, c'est court ><)
Visiblement, Nell et sa soeur n'étaient pas si indissociables l'une de l'autre, remarqua Shion après quelques minutes à les voir discuter. Shion eut même un petit sourire, suivit d'un rire mal couvert par sa main, lorsque Nell haussa les sourcils devant sa réponse au sujet de sa soeur; un modèle de vertu, c'est aller chercher un peu loin, car pour avoir de la vertu, il faut avoir le coeur à la bonne place, et elle ne doutait pas un seul instant de la malice qui habitait le coeur de Jane, prête à faire des farces autant que possible pour simplement se distraire. Pour avoir un modèle de vertu, il suffit de regarder Shion dans les yeux; humble, tendre, chaleureuse et autonome, elle avait tout de cette fille bien régulière qui ne veut qu'une vie paisible, sans rebondissement, et qui est toujours prête à sacrifier un peu de sa paix pour tendre la main à quelqu'un d'autre.
Ensuite, le sentiment anti-américain n'était plus d'actualité. En fait, Shion n'en avait rien à faire que les gens soient américains, arabes, chinois, européens ou même qu'ils soient religieux ou pas. Il y a des abrutis et des bonnes personnes dans tous les pays, il y a simplement certains pays qui ont eu la malchance d'élire un abruti à leur tête, qui ira jusqu'à lancer des croisades pour des représailles aux provocations qu'il a lui-même faite. Enfin, cela appartient à un tout autre plan et comme personne n'a rien dit, personne n'en parlera.
Lorsque Nell lui proposa de payer le repas, Shion ne sut que faire.
-Tu... tu es sûre? Par... parce que j'ai très très faim et... bon d'accord...
Elle songea d'abord à prendre quelque chose de peu coûteux, mais comme elle avait très faim, elle regarda le serveur et se mit à énumérer des plats. Au début, le serveur semblait calme et accueillant, mais plus la liste s'étendait et plus son regard se teinta d'étonnement, passant à la simple surprise jusqu'à l'horreur alors que la commande de sa cliente remplissait deux feuilles de son petit calepin. L'homme se sentit blémir un moment et alla même jusqu'à demander si Shion était bien sûr de sa commande, essayant de corriger un malentendu qui n'existait pas. Le jeune homme lanca un regard à la Néréide, qui détourna la tête avec embarras, puis aux américaines avant de s'éloigner, aussi surpris que si on lui avait dit que sa femme venait d'accoucher de quintuplés.
Le repas de Shion se composait essentiellement de fruits de mer, bien entendu, mais elle n'avait pu résister à l'envie de commander un filet-mignon saignant, des patates aux épices, une énorme bol de nouilles avec dedans de la viande, des carottes, des poivrons, des champignons et encore une dizaine de trucs. Plus, elle demanda également une bonne tranche de lardo, qui était en soit très long et relativement coûteux, puisqu'il réclamait une très lente et longue préparation. L'addition, au final, pourrait faire pleurer n'importe qui ayant un budget limité, mais puisque Nell lui avait dit qu'elle pouvait manger ce qu'elle voulait... et qu'elle n'avait rien mangé depuis un mois ou presque, c'était facile de se dire qu'elle avait très certainement une faim de loup.
Dans la cuisine, on entendit des complaintes de protestation qui la firent rougir davantage, causant même de petites larmes honteuses sur ses joues. Elle savait bien qu'il n'était pas normal d'avoir un tel appétit, mais... elle avait si faim...!
-
Nell allait sans doute comprendre, ce soir-là, qu’il y avait, à Seikusu, certaines formules de politesse qu’il convenait d’employer avec prudence. Vu la fine silhouette de Shion, elle s’était attendue à ce que cette dernière commande une salade. Au lieu de ça, la jeune et timide femme commanda de quoi alimenter tout un buffet. Le serveur plongeait peu à peu dans l’indécision la plus totale, surpris qu’une simple femme lui demande autant de plats. Il l’observa, se demandant si elle ne se moquait pas de lui, si ce n’était probablement pas l’un de ces gags dont les jeunes étaient friands, mais, à voir son expression très sérieuse et gênée, il fallait croire qu’elle était sincère. Encore une fois, leur table attira l’attention de plusieurs clients. Le serveur, étonné, se rendit vers les cuisines, et Nell vit Shion se mettre presque à pleurer. Jane elle-même était étonnée, ébahie. Elle observait avec suspicion l’estomac de Shion, se demandant probablement comment un estomac si maigre pouvait avaler autant de calories sans exploser sur place. Nell tendit alors sa main pour ébouriffer les cheveux de Shion, se penchant vers elle.
« Don’t worry, glissa-t-elle, tu as le droit d’avoir un sacré appétit... »
Nell se tourna ensuite vers Jane, et lâcha, plaisantant à moitié :
« Rappelle-moi de ne pas refaire ça tous les soirs avec tes camarades de lycée. A force, même la généreuse pension de nos parents n’y survivra pas. »
Jane haussa les épaules, ne répondant pas. Elle était étonnée, tout simplement.
« J’aurais jamais cru que tu pourrais caser tout ça... Tu cherches à concurrencer Obélix le Gaulois ?
- Ce serait dommage », rajouta Nell avec un léger sourire.
Cette scène rappelait en effet à Jane un lointain dessin animé lointain qu’elle avait vu, sur les deux Gaulois français. L’un des deux, Obélix, devait se rendre dans une auberge, afin d’en vider les cuisines, et mangeait de quoi nourrir toute une population. La comparaison n’était pas fameuse, mais elle pouvait quand même se tenir. Shion avait presque listé toute l’intégralité de la carte. Le temps que les premiers plats arrivent, il allait falloir attendre un peu. Jane était sûre que, si ce magasin avait une coupe pour le cllient ayant été le plus gros consommateur, Shion en aurait hérité.
Toutefois, une question turlupinait autant Jane que Nell. Si Shion avait un tel appétit, comment pouvait-elle avoir un corps si fin, et si harmonieux ? Et, surtout, comment pouvait-elle manger autant de plats en même temps ? Les Californiennes n’étaient pas complètement ignares. Elles venaient d’un pays où on mangeait beaucoup. Jane fréquentait assez souvent les fast food, et savait qu’elle serait personnellement à court de rythme avant d’atteindre le quart de tout ce que Shion avait dit.
*Elle compte sérieusement tout manger ? Comment compte-elle s’y prendre ?*
Jane, suspicieuse, fronça les sourcils, rapprochant son visage de celui de Shion.
« C’est quoi, ton secret ? Tu n’es pas humaine ? Si tu ressemblais à une baleine, je voudrais bien admettre, et encore, que ton corps, puisse avaler tout ça... Mais tu as plus le physique d’une mannequine de Vogue que d’un sumo... Comment tu comptes ingurgiter tout ce que tu as commandé ? »
Pour le coup, même Nell ne songeait pas à réprimer Jane, car elle était également sous le coup de la surprise.
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(Encore court, mais j'espère faire une belle suite après cela \o/)
Bon, se faire comparer à Obélix allait probablement complexer Shion sur son poids à vie, mais bon, elle n'avait quand même pas l'intention de sangloter en public, elle ravala donc ses larmes d'embarras, fit une femme d'elle et se contenta d'assumer les plaisanteries douteuses de ses nouvelles "amies". Elle sut alors que la seule explication qu'elle pouvait réellement donner à Jane sans mentir revenait à donner l'une des réponses la plus stupide qu'elle n'aurait jamais prononcé de toute sa sainte vie; "Une bouchée à la fois, bien entendu!". Elle se contenta donc de sourire gentiment à la jeune femme.
-Eh bien.. J'ai simplement très faim... mais peut-être exagère-je un peu sur la dose... Mais je vous rembourserai au moins la moitié quand j'aurai les sous, c'est promis...
Suite à cette promesse, elle dût forcer son cerveau à ignorer sa faim pour entrer dans ses calculs et son budget. Shion n'était pas fortunée. Elle n'avait l'équivalent que de cinquante euro à la fin de chaque mois après avoir payé ses dettes pour manger et pour renouveler sa garde-robe. En mettant de côté dix euros par mois, elle devrait, facilement, pouvoir rembourser au moins la moitié de ce qu'elle venait de se faire cuisiner en trois mois. Enfin, dans le meilleur des cas. Shion ne se faisait pas trop d'illusions à ce propos; elle allait morfler pour ne pas trop s'endetter. "Mais au moins la moitié... la moitié, ce n'est pas beaucoup, et peut-être que cela leur suffira..." tenta-t-elle de se persuader en jetant de petits coups d'oeil à Jane et à Nell. Malgré toute sa bonne volonté, Shion refusait de se laisser mourir pour qui que ce soit. Elle pouvait bien se passer de nourriture, mais si elle ne s'habillait pas correctement, elle pourrait facilement perdre un emploi ou deux, surtout si son hygiène devenait déplorable, et cela, bien qu'elle ne soit pas si orgueilleuse, elle refusait.
-Je... je parle beaucoup de moi, mais... j'aimerais bien savoir... où vivez-vous, toutes les deux? Est-ce que vous travaillez? Est-ce que... vous sortez souvent, comme ça?
En effet, les filles n'arrêtaient pas de la questionner, mais elle n'osait pas poser de questions. Mais plus le temps entre elles s'étirait et plus elle était curieuse de savoir à qui elle avait affaire, en dehors des apparences qu'elles donnaient. Mais elle était également consciente qu'elles n'étaient pas nécessairement au meilleur lieu pour parler vraiment.
-Je... je suis peut-être un peu trop trop rapide, mais.... est-ce que vous voudriez qu'on continue à parler chez moi? Après avoir manger... je vie à deux rues d'ici et... enfin... c'est si vous voulez... Ah, le serveur!
Elle ne se faisait pas vraiment de souci au niveau de la propreté, puisqu'elle n'était presque jamais chez elle. Une fois son repas devant elle, Shion se met à manger, s'attaquant d'abord à son bol de nouille. Elle le consomma en facilement trois minutes, puis elle s'attaqua à la viande, qu'elle mâchonna tout en attendant la réponse des filles. En dix minutes top chrono, elle avait tout manger, et comble de la surprise, son ventre restait aussi plat que si elle n'avait rien manger. Elle se retint à grande peine de réclamer un dessert, qui aurait certainement frustré Nell. Et elle ne lui en voudrait certainement pas d'être fâchée; c'était beaucoup trop, maintenant.
-
Shion répondit rapidement, un sourire effacé sur les lèvres. Elle ne répondit pas directement à la réponse de Jane, et promit de les rembourser. Nell en sourit lentement, et secoua la main négativement, avant de rapidement lui répondre :
« Il n’en est pas question, lâcha-t-elle. C’est moi qui offre, tu n’as rien à me rembourser. »
Nell, pour le coup, était sérieuse. Elle ne voulait surtout pas que Shion se sente redevable de quoi que ce soit vis-à-vis d’elle. Jane connaissait suffisamment sa sœur pour savoir qu’elle ne plaisantait pas. L’apprentie-sorcière retourna à son assiette. Ce restaurant, en tout cas, était assez sympathique. Elle risquait probablement d’y retourner sous peu. Les Watson ne manquaient pas d’argent. Leurs parents étaient fortunés, versant mensuellement sur le compte de Nell une somme d’argent suffisante pour leur permettre, non seulement de payer le loyer, mais aussi de faire des sorties. Il pouvait sembler assez curieux que les parents aient si facilement accepté que Jane et Nell aillent à l’autre bout du monde, mais les parents de Jane étaient beaucoup en voyage d’affaires. Ils se rendaient fréquemment au Japon, et Nell avait réussi à trouver de bons arguments. On pouvait toujours compter sur elle.
Alors que les femmes attendaient les plats, Shion se mit à leur poser une question sur leurs activités. Avant qu’elles n’y répondent, le serveur arriva. Il tirait un chariot comprenant tous les plats, et le laissa à côté de la table. Il tendit à Jane et à Nell leurs plats, mais la table n’était pas assez grande pour contenir tous les plats de Shion. Par conséquent, ce dernier laissa le chariot roulant à côté, et s’écarta. C’était une méthode peu orthodoxe, mais il fallait aussi dire que la commande de Shion était originale. Jane prenait de l’inspiration pour satisfaire la curiosité de la jeune femme, mais fut boiuche bée en voyant la vitesse à laquelle cette dernière mangeait. La comparaison à Obélix était sans doute insuffisante ; elle avait plutôt impression d’avoir en face d’elle la fille cachée de Sangoku. Elle mangeait à toute allure, comme une espèce d’affamée, ne prenant même pas le temps de respirer. Lorsqu’elle eut terminée, Jane et Nell n’avaient même pas eu le temps de toucher à leurs plats. Les deux sœurs se regardèrent entre elles, écarquillant les yeux. En mangeant, elle leur avait proposé de venir chez elle après avoir fini de manger, mais ce ne fut qu’une fois qu’elle eut terminé que les Watson sortirent de la torpeur dans laquelle ce repas hors norme les avait plongé.
« Ben putain ! s’exclama Jane. T’avais une grosse faim, toi ! »
Nell ne put s’empêcher de pouffer, et secoua la tête. Elle commença ensuite à manger son plat, et Jane en fit de même.
« On vit dans l’un des gratte-ciel du centre-ville. Un simple appartement, sans excès. L’avantage est qu’il est proche de la station de métro, et qu’il y a un parking souterrain.
- Nell étudie à la fac’, et moi, au lycée... On bosse parfois pendant les vacances, des petits jobs, mais c’est assez rare. »
Avec un léger temps de retard, les deux femmes répondaient aux interrogations de Shion, mangeant avec appétit.
« On visite la ville de temps en temps... C’est ce qui nous a amené dans ce restaurant. Un pote à la fac’ m’en a parlé... Je crois qu’il voulait m’inviter... »
Jane fronça les sourcils, et les deux sœurs se défièrent mutuellement du regard. La petite lueur espiègle qui brillait dans les yeux de Nell agaça au plus haut point de Jane. De manière désinvolte, elle haussa négligemment les épaules.
« Et ? Qu’est-ce que ça peut bien me faire ?! lâcha-t-elle, sur un ton légèrement contrarié.
- Oh, rien... Je crois que je lui fais de l’effet... »
Jane grogna, et choisit d’écourter cette conversation.
« Je serais enchantée d’aller chez toi, Shion. Et, à moins que ma sœur n’ait un rencard de prévu, je suis sûre qu’elle se fera également une joie d’accepter.
- Oh, mais je ne laisserai jamais ta brave amie toute seule avec toi ! Je n’ai pas envie qu’elle se pende ! »
Jane se contenta de lui tirer la langue, un geste très mâture qui fit lever les yeux au ciel de Nell.
« Bon... Est-ce que tu as encore la place pour un dessert, Shion ? Comme tu connais mieux le restaurant que moi... Qu’est-ce que tu nous recommanderais ? »
-
Une grosse faim? Oui, c'était probablement ce qu'il y avait de plus fidèle à son appétit. Malgré tout, elle mangeait proportionnellement à ce qu'elle n'avait pas mangé; la valeur de deux semaines de jeûne. Bien qu'elle ressentit encore le contrecoup de sa gourmandise en se martyrisant l'esprit d'injures, elle devait bien admettre que, pour une fois, son estomac était satisfait et ne gronderait pas avant un bon moment, ce qui lui laisse le temps de penser à autre chose qu'à sa faim. Elle était, pour le moins, satisfaite de cette rencontre. Pour le reste, elle ne savait pas grand chose du porte-feuille de Jane et de Nell; elle savait simplement que quoi qu'elles fassent, elles ne seraient jamais dans le besoin, contrairement à elle. Oh, elle aurait pu demander des perles et des bijoux marins de ses pères, mais aucun des deux n'aurait eu l'idée de lui donner le moindre sou; pour eux, la monnaie moderne n'était qu'un pet dans la mer.
Nell lui demanda alors s'il y avait un dessert qu'elle recommandait, probablement parce qu'elle était une employée dans ce bar. Maintenant qu'elle y pensait, il y avait bien ce sorbet sucré que tout le monde adoraient. C'était une glace, en apparence à la vanille, à laquelle chaque personne arrivait à y trouver un gout surprenant. À trop grande quantité, il était hautement addictif, ce pourquoi le propriétaire limitait les quantités à de très petites portions, par pur sécurité. Non pas qu'il y ait glissé de la drogue, Shion s'en serait rendu compte bien avant, mais le goût incroyable de cette glace suffisait à donner envie d'en manger encore et encore. Elle prit donc la commande pour eux, et le serveur leur annonca que cela était placé sur la note de la maison, parce que Shion était une employée. Elle dégusta donc la petite glace, malgré son manque visible d'appétit en raison de son gavage volontaire, se délectant simplement de ce goût sucré qui lui rappelait qu'elle avait déjà bien mangé.
Après le dessert, le serveur vint apporter l'appareil de facturation débit, et la jeune femme le tendit, en rougissant, à Nell. Elle ne payait pas, elle n'avait pas d'argent. Elle n'en aurait pas avant un bon moment, en plus, puisque toutes ses paies passaient entre les doigts avares de ses créanciers. Une fois le repas payé, Nell put remarquer que Shion avait prit soin de commander tous les repas les moins chers , n'élevant sa facture qu'à peine une vingtaine de dollars/euros de son montant d'origine. La jeune femme les guida donc à sa suite vers sa demeure, compte tenu du fait qu'elles avaient tous les deux accepté de la joindre chez elle. Malgré tout, elle se demandait pourquoi elle avait cette envie étrange de les inviter à la maison. Pas qu'elle ait de quoi se vanter ou des babioles sans intérêt à faire baver, mais en même temps, elle avait l'impression que la soirée se terminerait beaucoup trop rapidement autrement, donc, elle avait, encore, agit sur un coup de tête.
L'appartement était situé au dix-huitième. C'était encore une chance d'avoir un ascenseur en état de marche, parce que Shion détestait devoir prendre les escaliers. Eh oui, les jambes à baver, c'est pas dû à des séances de gym; c'est du travail forcé. Ainsi que les fesses à claquer. Mais ca, on en n'a pas encore parlé, donc, chut. Elle discutait avec ses invitées tout au long de l'ascension, les mains éternellement là où on ne pouvait pas les voir, donc, soit derrière son dos, dans ses poches ou les bras croisés. L'appartement en tant que tel était simplet; faiblement décoré, avec une nette disposition; le salon à la droite, la cuisine devant, un petit couloir menant à la chambre et à la salle de bain à la gauche. Le salon n'arborait qu'un simple canapé, probablement obtenu par internet sur un don, vu la qualité potable mais juste du meuble, une table, un petit téléviseur et une lampe à pied. La cuisine n'avait aucune fourniture propre aux gens ayant un peu d'argent; un petit frigo, un vieux modèle de cuisinière, un micro-onde et une petite collection de couteaux. La chambre arborait trois meubles; une armoire à moitié pleine, un lit "king" et une table de nuit (et encore, le lit n'était pas le sien, c'était celui que son propriétaire lui avait cédé au long de sa location).
Elle regarda ses invitées, rougissante.
-Bien...venues dans mon petit-petit chez moi...
-
Shion leur recommanda un sorbet, qui, effectivement, était très bon. Jane et Nell l’avalèrent avec appétit, et la joie de Nell fut éphémère, s’évanouissant un peu quand on lui offrit l’addition. Elle cilla en voyant la note, mais réussit assez rapidement à masquer sa surprise, de manière à ce que Shion ne se sente pas trop coupable. Dans tous les cas de figure, elles ne retourneraient pas au restaurant de sitôt. Shion avait du engloutir la moitié de la cuisine. Nell paya avec sa carte de crédit, et le trio sortit ensuite hors du restaurant.
« La prochaine fois qu’on tombe sur une de tes copines au restaurant, glissa Nell en aparté à Jane, assure-toi qu’elle n’ait pas un trou noir dans l’estomac. »
Jane ne répondit rien, toujours un peu surprise. Shion avait avalé de quoi caler un sumo, et, pourtant, elle marchait très bien. Soit c’était une blague, soit ça sentait la magie. Étant une apprentie-sorcière, Jane en savait un peu sur le monde obscur de la magie, et savait que tout, ou presque, était possible dans le monde de la magie. Il y avait certes des règles à respecter, mais ces règles n’interdisaient pas d’accomplir l’impossible. Était-il possible que Shion soit aussi une magicienne ? Jane maudit son incompétence dans ce domaine. La magie était vraiment quelque chose de difficile... C’était un monde fermé, hostile, et elle avait énormément de mal à s’imposer, à réussir ses formules. Elle s’attendait intuitivement à détecter quelque chose chez les autres sorciers, quelque chose qui, indubitablement, lui dirait que ce type en face d’elle avait la Force, mais elle n’était pas une Jedi. Et elle n’avait jamais lu que les sorcières détectaient intuitivement la magie. Peut-être manquait-elle encore d’expérience dans ce domaine...
Le trio rejoignit l’immeuble dans lequel vivait Shion, au cœur de la ville. Un long building à l’occidental, avec une vingtaine d’étages, un peu similaire au leur. Curieusement, Jane et Shion vivaient d’ailleurs dans le même quartier, presque dans le même bloc. Au Japon, on ne se repérait pas en fonction du nom des rues, car les rues n’avaient pas de noms, mais en fonction de chiffres délimitant des secteurs géographiques, chaque immeuble ayant un numéro précis. C’était bizarre, mais, honnêtement, qu’est-ce qui n’était pas bizarre, venant du Japon ? Les trois femmes montèrent par le biais d’un confortable ascenseur, qui les amena dans le petit appartement de Shion.
Tout en étant petit, cet appartement était néanmoins assez confortable pour une seule personne. Les trois femmes en firent rapidement le tour, se retrouvant dans la chambre de Shion. Pour le coup, Shion ne s’était pas privée, car elle avait un lit « King Size », le genre de lit énorme où ne pouvait en voir le bout. Là où la taille standard d’un lit deux places était de 140*200cm, le lit King Size faisait au minimum 180*200cm.
« Et ben... siffla Nell. Pour une jeune fille qui n’a pas de quoi se payer le restaurant, tu as un très bel appartement ! »
Jane ressentit une pointe de jalousie. Même elle n’avait pas un lit King Size ! Elle avait sa propre chambre, certes, avec un lit 2 places, mais Jane était ce genre de personnes qui enviait volontiers ce que les autres avaient, et que elle n’avait pas. Elle tendit sa main vers le rebord du lit, le caressant avec ses doigts, puis regarda Shion.
« Et tu dors toute seule dans un lit comme ça ? Je suis sûre qu’on pourrait toutes les trois dormir dedans sans aucun problème ! »
Le lit était en effet assez grand, et sa dernière remarqua amena Nell à tourner la tête vers elle :
« Tu as envie d’essayer ? » suggéra-t-elle, sur un ton qui semblait à mi-chemin entre le sérieux et l’humour.
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(Pardon pour la petite taille de mes posts. J'essaie de reprendre ma qualité d'antan, mais c'est beaucoup moins évident que ce que je croyais ><)
"Faites comme chez vous" était une loi que, visiblement, les deux invitées respectaient sans le moindre mal. Bien que Shion avait bien pris la peine de leur montrer les lieux, elles avaient déjà envahi la chambre et se mettaient à la piquer de petites allusions plus ou moins claire. L'embarras de la jeune femme était tel qu'elle détourna timidement les yeux pour fixer le seul et unique vase de l'appartement, qui contenait de fausses roses, sculptées de bois par des mains de maître, que son fi... son ex-fiancé lui avait offerte car elles étaient "comme [son] amour pour [elle], aussi éternel et beau qu'au premier jour". Elle avait voulu les jeter, à une époque, mais elle devait bien admettre une chose; c'était de très jolies décorations, et les seules qu'elle avait et qu'elle n'avait pas à mettre un sou pour entretenir. Enfin, bref. Alors qu'elle allait répondre à la pique des deux demoiselles, une petite boule de poil blanche jaillit brutalement d'un tiroir et babillant un cri de victoire. Surprise et surtout inquiète, Shion poussa un cri et tendit les mains pour réceptionner ce petit agresseur tout touffu, qui y atterrit avec la souplesse de l'habitué.
-Weiss! Petit chenapan, qu'est-ce que tu faisais là-dedans?
La boule de poil nommée Weiss était un tout petit lapin tout blanc, dont le poil touffu était aussi lisse et doux que possible. Autrefois, Shion avait cru pouvoir le conserver simplement dans une cage, mais l'animal était d'une intelligence infinie; peu importe ses méthodes pour le garder consigné quelque part, il finissait par trouver une façon de s'échapper. Finalement, elle l'avait laissé libre d'aller où il le voulait dans l'appartement et l'avait dressé pour qu'il s'habitue à faire ses besoins sur un piquet placé dans la salle de bain. Se rendant compte que l'attaque de l'animal pouvait (aussi bien que ne pouvait pas) avoir surpris ses invitées, la maîtresse des lieux s'empressa de le présenter aux deux jeunes femmes, évitant sans s'en rendre compte l'invitation à poursuivre leurs discussions dans les draps chauds du lit. Elle prit donc le lapin en dessous des aisselles et le montra aux jeunes femmes. La simple réaction du rongeur est un regard à la fois étonné et attentif, ainsi que ses mouvements de nez propre à sa respiration.
-Je vous présente Weiss. Je l'ai trouvé quand il était plus petit dans un élevage.
Shion rayonnait comme une petite fille dès qu'elle voyait la petite bête, qui était encore l'un de ses rares réconforts; qu'elle soit encore capable de trouver quelque chose adorable ou mignon lui rappelait que, malgré tous ses malheurs, elle était encore capable de trouver quelque chose d'agréable à ses yeux. En dehors du travail, qui lui permettait de s'évader, elle n'avait rien qui lui rappelait qu'au fond, sa vie n'était pas si désagréable; quand elle rentrait chez elle, elle jouait avec le lapin, lui caressait les oreilles, brossait son pelage et s'assurait qu'il soit impeccable. Enfin bref, vous aurez compris qu'elle aime cette petite bestiole.
Shion baissa alors le lapin juste pour voir que les deux demoiselles étaient couchées sur son lit; elle les avait bousculé pour récupérer son animal. Elle rougit immédiatement encore plus.
-Euhm... Dé...solée?
-
[HRP – Aucun problème.]
Jane et Nell se tenaient ensemble près d’un lit royal. Seriously, à quoi fallait-il s’attendre ? Elles se regardaient brièvement, la même idée les traversant. Il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre, tout simplement. La seule question qui les faisait encore hésiter, c’était la participation de Shion à ce jeu. En d’autres termes, la petite timide était-elle suffisamment candide et naïve pour inviter deux filles dans sa chambre sans arrière-pensée ? Hum... En temps normal, Jane aurait d’emblée su quoi répondre, mais il fallait bien dire que Shion la perturbait. Aussi renfermée que le cul d’une nonne en cours, elle était serveuse le soir, un métier qui supposait d’être un minimum ouverte aux autres. Et elle avait avalé de quoi nourrir toute une caserne... Cette fille n’était pas normale, aux yeux de Jane. Aux yeux de la faune de Seikusu, la conception de la normalité avait bien des interprétations.
Jane réfléchissait à la manière d’inviter Shion dans son lit, lorsque cette dernière poussa un cri paniqué. Les deux Américaines sursautèrent, légèrement surprises, avant que Shion ne leur présente une petite boule blanche avec de longues oreilles. Un lapin ! Sous le coup, elles étaient tombées toutes les deux sur le lit, clignant des yeux en se redressant.
*Ma parole, cette fille vit à cent à l’heure...*
Weiss. Son lapin. Soit. Jane cligna lentement des yeux, regardant le petit lapin. Elle ne saurait dire s’il était mignon ou non, elle préférait les chats. Une sorcière qui n’aimait pas les chats, après tout, ce n’était pas vraiment une sorcière. Elle vit Shion reposer le lapin, réalisant alors qu’elle avait fait tomber ses deus invitées. Ses joues se teintèrent à nouveau de rouge, et Jane et Nell, encore une fois, se regardèrent, communiquant ainsi, sans avoir besoin de parler. Il y avait un espace vide entre elles, un petit creux dans lequel une femme aurait volontiers la place. Jane se redressa alors un peu, et attrapa la main gauche de Shion. Nell fit de même, l’attrapant par la main droite, et, sans rien dire, les deux femmes tirèrent, et Shion tomba entre elles, s’étalant sur son lit.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce lit était très confortable. Shion finit entre elles, et se tourna sur le flanc, devant Nell, qui lui fit un sourire en posant une main sur sa joue. Leurs seins se rapprochaient, et Nell planta son regard dans celui de Shion, afin de s’assurer qu’elle captait bien toute son attention. Aucun son ne s’échappa de ses lèvres pendant quelques secondes, tandis que Jane se rapprochait également, ses mains se posant sur les hanches de la jeune femme.
« Pourquoi être si nerveuse, Shion ? Tu es chez toi... Ne me dis pas que nous t’impressionnons...
- En tout cas, rajouta Jane, tu as un lit très confortable. Il me tarde de l’essayer. »
Le doute n’était désormais plus vraiment permis sur les motivations des jeunes femmes.
-
Complicité ou télépathie, même le propriétaire du restaurant n’y aurait pas vu de différence. Les deux sœurs partageaient un lien, et quel que soit les pensées de l’autre, sa contrepartie la captait immédiatement. Shion ne put qu’entre apercevoir le regard que ces deux beautés s’étaient lancés avant de l’agripper et de la tirer brusquement vers le lit. Et on connait tous cette seconde, qui semble durer une éternité, quand quelque chose d’inévitable est supposé se produire; Shion, entre le temps où ses pieds se décollaient du sol sous la traction des filles et celui où elle se retrouva sur le lit, allongée sur le dos par quelque moyen que ce soit, eut le temps de se souvenir que ses chaussettes n’étaient pas à sa taille et elle les vit s’envoler alors qu’elle s’écrasait contre le matelas prêté. Les deux vêtements tombèrent ainsi sur le sol et s’y laissèrent choir, pendant que Shion, le cœur battant à toute vitesse, se retrouvait à demi sous Nell et l’autre à demi sous Jane.
Elle ne s’était jamais retrouvée dans cette situation, ou plutôt elle n’avait jamais laissé cette situation arriver jusqu’à elle, donc, elle ne savait pas exactement comment elle était supposée se comporter, mais aussi rouillé que soient ses sens de Nymphe, elle capta avec intensité les intentions sensuelles des sœurs dès le moment où Nell posa sa main sur sa joue, et toute sa naiveté, ou plutôt sa candeur, prit rapidement le bord. Mais pour une fois, elle ne tenta pas de se défiler, bien au contraire; elle se laissa tout simplement faire, appréciant, sans le montrer trop ouvertement, le poids des belles demoiselles contre son corps. Dans cette circonstance, elle s’attendait presque à ce que son rongeur vienne ruiner l’ambiance.
Et elle n’a jamais été aussi crédule.
Le petit animal se contenta simplement de quitter la chambre en exécutant ses petits bonds de pattes arrières, l’air de dire « Vous avez mon approbation pour continuer ce que vous faites. S’il vous plait, baisez cette engourdie et débarrassez la de cette chasteté ridicule». Niveau « fuck given », c’est très, voire trop, près du zéro.
La main de Jane sur sa hanche acheva de lui faire passer le seuil de l’embarras. Elle ferma instinctivement les yeux pour lâcher un petit minaudement, sentant ses muscles se crisper et se détendre. « Ma parole, je me comporte comme une vierge! » se reprocha-t-elle en se mordant les lèvres pour se taire. « À quand remonte mon dernier moment d’intimité? » Et c’était une excellente question; elle n’avait pas eu droit à un tel rapprochement depuis des mois au bas mot. Et c’était avec Sail, avant leur rupture, après qu’il l’eut trompée avec une autre. Elle se reprocha même son engagement aussi prématuré; elle n’était pas réfractaire aux relation féminines, mais elle n’avait jamais eu l’opportunité d’exploiter cette facette de sa propre orientation sexuelle; autant dire que si Nell et Jane la convoitaient et la voulaient là maintenant, elles ne pouvaient pas savoir à quel point Shion elle-même sentait naître en elle une grande impatience. Elle se la reprochait, bien sûr, mais elle ne se refusait nullement. Mais il valait mieux pour elles toutes qu’elles sachent qu’elle n’avait aucune expérience. Ne pouvant de toute façon pas décrocher ses yeux de ceux de Nell, elle passa aux aveux.
-Je… je suis un peu intimidée… je n’ai jamais… enfin… je n’ai jamais pu… avec des femmes… vous comprenez?...
Le penser et le dire, c’était tout à fait différent, et ces mots la firent rougir de honte. Pourquoi, demandez-vous. Eh bien, tout simplement parce qu’elle n’était pas habituée le moins du monde à se mettre à nue devant les gens. Croyez-le ou non, elle était du genre à facilement accepter de boire un verre avec des clients et même de danser à l’occasion lors des soirées à thème, et au niveau purement social, elle se débrouillait magnifiquement. C’est dès que cela allait au-delà du social, dès qu’elle se laissait aller à ses propres envies, c’est là où elle bloquait, et elle le savait. Elle n’avait jamais été capable de se dégourdir, de s’abandonner à ses élans avec d’autres personnes, mais Nell et Jane ne lui avaient pas vraiment laissé le temps de penser, seulement d'agir.
Tout à coup, par impulsion plus que par envie et par consentement plus que par affection, Shion parvint à décrocher les yeux de ceux, beaux comme des astres, de Nell pour se tourner vers les malicieux de Jane. Elle se mordit un instant la lèvre pour penser à ce qu'elle allait faire, puis elle posa avec douceur et timidité ses lèvres contre les siennes. Pour elle, embrasser une personne dont on n'était pas amoureuse était une marque de consentement beaucoup plus que d'amour, et Jane pourrait le prendre mal autant qu'elle le voulait, c'était ainsi que Shion prouvait son implication. Elle se surpris à trouver les lèvres de Jane beaucoup plus douces que ce à quoi elle s'attendait. Elle ne sortit néanmoins pas la langue, non pas par dédain, mais les baisers langoureux, pour elle, devaient être dans le feu du moment, et pas au tout début... Car elle trouvait la chose une pointe envahissante. Après ce baiser_ elle se tourna vers Nell et lui montra également son accord d'un baiser un brin plus passionné car elle prit la peine de saisir entre ses lèvres l'inférieure de sa deuxième partenaire. Quitte ou double, c'était ainsi que Shion jouait.
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La petite Shion semblait toute gênée, ce qui, à vrai dire, pouvait se comprise. Prise en tenaille entre Jane et Nell, elle était piégée, vaincue. Il n’y avait rien à faire, elle était prise, et, à moins d’un miracle, les trois dormiraient ensemble dans ce lit, toutes nues. Shion ne savait plus où donner de la tête, amusant les deux sœurs, qui s’amusaient à lui caresser son corps. Jane écrasait ses seins contre le dos de la femme, savourant ce contact. Au lycée, elle n’aurait jamais cru que Shion puisse être aussi belle, aussi intéressante. Comme quoi, l’aperçu qu’on donnait de soi était parfois très éloigné de la réalité. Elle en était un bon exemple, cette petite Shion. Si belle dans sa tenue de maid... Il était dommage qu’elle ne l’ait pas sur le corps. Sa tenue lui allait plutôt bien, mais, en maid... Il n’y avait pas à dire, ce serait bien plus sexy ! Jane lui embrassait la nuque, avant que Shion ne leur avoue, à voix basse, n’avoir jamais pu le faire avec les femmes. Nell, qui la regardait, lui fit un délicieux sourire, et caressa sa joue chaude et bouillante. Qu’est-ce qu’elle pouvait être mignonne, quand elle était timide comme ça !
« Il n’est jamais trop tard pour commencer, ma petite Shion. »
Nell et Shion se regardaient silencieusement, et la tentation était de plus en plus forte d’aller l’embrasser, mais Shion, à sa surprise, se retourna lentement, et vint d’elle-même embrasser Jane. Surprise, cette dernière accueillit toutefois le baiser, savourant ce contact. Shion avait de magnifiques lèvres, et l’embrasser était un vrai régal. Elle était nerveuse et timide, mais ça ne la rendait, aux yeux de Jane, que plus attirante. Leur baiser fut agréable, et Shion, comme si elle avait peur de rendre Nell jalouse, se retourna vers elle, et l’embrassa à son tour. Les sœurs ne purent le constater, car c’était un peu trop pointilleux, mais le baiser de Shion sur Nell fut un peu plus appuyé, et cette dernière posa l’une de ses mains sur le crâne de la femme, répondant à son baiser. Shion lui mordilla la lèvre inférieure, et elle fit de même, échangeant ainsi de longs baisers, qui ne se résumaient pas qu’à de simples glissements de lèvres. Leurs nez se frottaient, et son autre main vint caresser le haut de sa jambe.
C’était un baiser qui dura plus longuement que celui avec Jane. Soit Shion préférait Nell, soit son baiser avec Jane lui avait ouvert l’appétit. Le baiser continuait avec de délicats gémissements, et Nell finit par s’allonger sur le dos, amenant Shion sur son ventre, où elle continua à l’embrasser, offrant une belle vue de son baiser à Jane, qui se rapprocha d’elles, et embrassa Shion sur la joue, avant de lui caresser le dos.
« Elle embrasse bien, non ?
- Mhhhhhmm... » répondit Nell.
Elle interrompit son baiser avec Shion, avant de le reprendre encore, continuant à lui caresser la nuque. Jane se redressa un peu, et s’imagina la belle femme en maid... Oui, cette tenue lui irait bien plus, vu sa timidité. Elle était rouge comme une pivoine, affreusement gênée, une petite timide qui n’avait encore jamais fait l’amour avec une femme. Elle agissait presque comme une espèce de vierge, et Jane, en réalité, se demanda si elle ne l’était pas réellement. Elle avait précisé qu’elle ne l’avait jamais fait avec des femmes, ce qui, inversement, signifiait qu’elle avait déjà du coucher avec des hommes. Les hommes aussi aimaient les femmes timides, c’était une valeur ajoutée assez délectable.
Leur baiser finit par s’arrêter, et Nell frotta son nez contre celui de Shion, puis l’amena à s’allonger à nouveau sur le lit, contraignant Jane à s’écarter légèrement. Les deux femmes vinrent alors successivement l’embrasser, l’une après l’autre, optant pour des baisers un peu plus rapides.
« Tu es un bel hôte, Shion... Mais tu serais tellement plus belle dans ta tenue de maid. »
Nell sourit, et hocha la tête.
« C’est une bonne idée, en effet. Aurais-tu une tenue de maid, Shion ? Une belle tenue à enfiler ? C’est vrai que tu es plutôt sexy, dans cet uniforme... »
Les deux femmes lui caressaient le corps, allongées de part et d’autre de son corps, et Nell caressait les lèvres de la jeune femme avec son doigt, les faisant glisser dessus.
« Alors... En aurais-tu envie ? »
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Les baisers s’enchainaient, et le feu qui enflammait le ventre de la jeune femme ne cessait de flamber avec encore plus d’intensité. L’air, chargé des phéromones des deux femmes, et leurs peaux qui se touchaient, leurs lèvres sur elle, tout lui faisait perdre ses sens, et elle crut un moment qu’elle ne pourrait pas supporter autant de stimulation, mais elle s’en tira, en fait, plutôt bien. Sous invitation, Shion accepta sans trop de problèmes de grimper sur le ventre de Nell, ses jambes soutenant tout de même la plupart de son poids pour ne pas écraser la belle dame, puis elle se laissa tomber, ventre contre ventre et lèvres contre lèvres, sur Nell. Parler de préférence était un peu fort; Shion avait simplement une plus grande chimie avec Nell qu’avec Jane, mais elle ne la favorisait pas; elle n’avait jamais été capable de préférer quelqu’un de toute façon. Elle avait simplement l’impression que au niveau du sexe, Nell était beaucoup plus compréhensive que Jane, malgré leur complicité naturelle. Puis vint cette demande, toute innocente; porter sa tenue de Maid. Il lui était impossible de rougir davantage, donc, inutile de mentir sur un supplément, mais moralement, elle sentit encore sa gêne monter d’un cran… ou deux. Non pas que cela l’embarrassait de porter une telle tenue devant des gens, car elle en avait fait son métier, mais elle n’avait jamais pensé à en faire un accessoire pour ses soirées olé-olé. Pour faire sa décision, elle dût regarder sérieusement les deux jeunes femmes pour savoir si elles n’étaient pas en train de la taquiner simplement pour la faire rougir ou si elles avaient sérieusement envie qu’elle enfile ces vêtements. Et la deuxième hypothèse était la bonne.
-D’accord… mais attendez-moi ici, alors…
À contre cœur, elle se sépara des filles pour se tirer hors du lit. Elle se leva donc et se dirigea vers la porte. Avant tout, elle se dirigea vers le salon, malgré ses jambes flageolantes, et s’empara du protège-manteau dans lequel elle conservait son uniforme (parce que le repasser à chaque fois qu’on sort son uniforme d’un sac à dos, c’est une vraie plaie, et l’auteur peut en témoigner) puis elle alla s’enfermer dans la salle de bain, le souffle court par la faute de sa timidité. Elle ne voulait pas faire attendre trop longtemps les deux autres demoiselles et donc, elle s’empressa de retirer son jean, sa veste et son chandail, se retrouvant rapidement en sous-vêtement. Elle frissonna sous la morsure du froid de cet appartement non-chauffé, puis prit son courage à deux mains pour faire glisser sa petite culotte le long de ses jambes, puis de retirer son soutien-gorge, révélant des tétons pointant d’excitation. Par pur réflexe, elle les cacha et regarda vers la porte pour s’assurer qu’elle l’avait bien fermée en entrant. Cette simple et stupide précaution lui arracha un soupir de découragement avec la mention lourde de « Crétine » sur le crâne. Elle enfila rapidement la culotte en dentelle blanche, attachant les cordons de chaque côté de sa taille, puis elle agrippa le corset blanc et entreprit de l’attacher. Elle aimait bien les corsets, malgré ce qu’en disait les autres femmes sur l’inconfort; tout en relevant un peu la poitrine, cela permettait aussi d’enfiler d’autres vêtements sans ressentir d’inconfort dû à la tension du tissu. Malgré tout… elle ne put s’empêcher de se plaindre quand elle resserra les cordons; si les corsets lui allaient bien, ce n’est pas pour autant qu’elle n’était pas consciente de la compression de sa poitrine et ses côtes. Elle enfila ensuite son porte-jarretelle, puis ses longs bas blancs, avant de fixer les jarretelles de chaque côté des bas pour maintenir la tension. Finalement, elle passa la robe sur elle et enfila une paire de gants de dentelles blanches. Comme vous l’aurez compris, le blanc est sa couleur avantageuse, et mettait grandement en valeur sa peau immaculée, ses cheveux et yeux rosés.
Elle prit une grande inspiration, puis se regarda dans le miroir. Elle passa les mains dans ses cheveux pour les arranger, se remit un peu de rouge à lèvres (rose, bien entendu), s’examina le visage et, une fois satisfaite, prit son courage à deux mains pour sortir de la pièce et se diriger vers la chambre a coucher, où ses deux amantes devaient probablement l’attendre. Se doutant qu’elles s’attendraient à un peu de « jeu de rôle », elle se reprocha de n’avoir jamais été plus intéressée que cela par le travail de servante de l’ère victorienne, aussi ne prit-elle même pas la peine de faire semblant de savoir se comporter en servante et se présenta dans la chambre. Elle regarda les deux femmes en rougissant et tira légèrement sur un pan de la robe pour qu’elles puisses en admirer tous les motifs.
-A… alors? Est-ce que cela vous plaît?...
Elle l’espérait; cela devait bien lui avoir pris une trentaine de minutes pour enfiler ce fioutu ensemble, et il n’était pas question qu’elle ait fait tout cela pour rien.
-
Shion accepta l’offre de Jane, celle de mettre une tenue de maid. Cette demande la fit furieusement rougir, ce qui était assez difficile à concevoir, puisqu’elle était déjà toute rouge. Une véritable usine à sang ! Elle se releva, et fila lentement. Les deux sœurs se regardèrent, et Nell s’allongea à côté de Jane, lui caressant la joue opposée à la sienne, tout en la plaquant lentement contre la couverture.
« Une tenue de maid, hein ? rigola cette dernière.
- Ben quoi ? Ça m’a toujours excité… » avoua-t-elle.
Cet aveu fit sourire Nell, qui embrassa Jane sur les lèvres. Un délicieux baiser, qui ne choquait nullement l’apprentie-sorcière, qui avait après tout perdu sa virginité avec elle. Leurs nez se caressèrent, et elle répondit ainsi à son bref baiser, avant que Nell ne retire ses lèvres.
« Et pourtant, tu n’as jamais voulu que je t’en achète une...
- Tu m’imagines vraiment, en tenue de maid ?
- Hum... C’est vrai que ça porte à réflexion... »
Jane fronça légèrement les sourcils, et se retourna, avant de se relever, sentant son dos craquer délicieusement. Elle poussa un léger soupir.
« En tout cas, ce lit est superbe...
- Ta camarade dissimule bien des surprises, n’est-ce pas ? »
Il fallait bien le reconnaître. L’apprentie-sorcière regarda autour d’elle, et fit ce qu’elle savait faire de mieux : fouiner. Elle se redressa, et ouvrit les tiroirs, regardant les affaires de Shion, tandis que Nell restait allongée sur le lit, posant sa tête sur l’oreiller, savourant ce contact.
« Je me verrais bien dormir ici, moi...
- Hey, elle nous doit bien tout ça, après avoir vidé ton compte...
- Putain, la vache, c’est vrai qu’elle me coûte chère, ta copine !
- C’est pas ma copine !
- N’empêche que tu as quand même prévu de lui faire un long câlin nocturne avec toi... Alors, si c’est pas quelque chose qu’on appellerait une copine, je vois pas trop ce que ça pourrait être... »
Jane sourit. Nell avait raison. Après avoir terminé sa petite visite, elle retourna sur le lit, savourant ce contact, et s’étira. Nell avait encore raison, le lit était très bon. Il était grand, et assez confortable, dur et propre. Elles entendirent des bruits de pas, et Shion ne tarda pas à revenir. Les deux femmes l’observèrent avec envie se présenter devant le lit. Jane ne s’était pas trompée non plus. La femme était terriblement mignonne ! Sa tenue de maid lui allait à ravir ! Elle avait de longs gants blancs fin et délicieux, une belle robe, des collants... Elle était superbe, tout simplement. Nell fut la première à se redresser, attrapant l’une des mains de Shion, et l’embrassa à nouveau sur les lèvres. Les deux femmes avaient des robes assez sexys, tandis que Shion optait pour une tenue plus complète, et très intéressante.
« Tu es une véritable beauté, Shion... Si j’avais plus d’argent, je t’aurais embauché comme servante chez moi... »
Nell l’embrassa une nouvelle fois, et l’amena à se rallonger sur le lit, relevant un peu sa robe. Jane tendit l’une de ses mains, caressant ainsi ses longs collants.
« N’est-ce pas qu’elle est belle, Jane, hein ?
- Une vraie beauté, oui... »
L’apprentie-sorcière l’embrassa sur les lèvres, caressant la robe de la femme.
« Tu es très jolie dans cette tenue, Shion... Je suis sûre que tu dois aimer être dans cette tenue, non ? Elle te va tellement bien... »
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(Parce que tu parles incessamment d’une apprentie sorcière, j’ai presque envie de la prendre comme apprentie de Kah’mui… avec Nell comme employée dans sa grosse compagnie °^°.. et j’aimerais préciser que Shion ne leur a pas ruiné le portefeuille… elle a sélectionné les repas les moins chers de la liste, et si on compte un rabais-employé, ca coupe le tout de 50% \o/ Simplement en large quantité)
La fouineuse nommée Jane en eut un peu pour son argent à fouiller dans les tiroirs de Shion; elle put donc constater que la jeune femme avait une formidable collection de sous-vêtements de tous les genres, possédant même une petite culotte ouverte au niveau de l’intimité. Son ex-fiancé avait certains penchants au niveau sexuel qu’elle aimait bien satisfaire, et même si elle aurait normalement dû se débarrasser de tout ce qui lui était rattaché, de près ou de loin… bien, elle devait, malgré ce qu’elle en pense, admettre que la plupart de ses vêtements avaient été achetés par lui. Il y avait aussi quelques autres tenues de tout genre, passant du pyjama à une belle robe de soirée qui, tout en étant aussi moulante que celles des jeunes femmes, avait un charme dans le fait qu’elle couvrait de son noir tissu tout le corps, à l’exception de la cuisse droite de la porteuse. Dans la commode, Shion avait conservé une seule et unique robe blanche; sa robe de mariage, qu’elle n’a jamais eu la chance de porter devant des amies et de la famille… à condition que ses sœurs prennent le temps de quitter leur Miroir de Narcisse pour célébrer avec elle un événement supposé être le plus heureux de sa vie… enfin, bref, sa commode recelait le seul rêve fou de la Néréide, et son plus gros regret dans la vie, son rêve brisé. Heureusement que Jane avait pris soin de tout refermer, sinon Shion aurait probablement fait une scène; elle détestait qu’on révèle des parties de sa psychologie qu’elle voulait garder secrète; ce pourquoi elle nie avoir des fantasmes, entre autre, et qu’elle est prompte à s’agacer si on l’interrogeait trop à ce sujet.
L’apparent émerveillement des filles fit détourner le regard de la jeune femme, dont les joues s’enflammèrent de honte et d’embarras (heureusement que Mélinda n’est pas dans le coin, juste voir Shion lui aurait donné une faim de loup), mais cela ne l’empêcha pas de rejoindre les demoiselles dans le grand lit, accueillant chaleureusement les lèvres de Nell sur les siennes. Les compliments fusèrent et elle réprima son humilité, flattée de ces petits mots pourtant si charmeurs à ses oreilles. Elle frissonna de plaisir, pinçant les lèvres sur la lèvre inférieure de Nell pour ne pas laisser passer son gémissement d’excitation et d’impatience, avant de les quitter et de se laisser embrasser par Jane, baiser qui devint plus intense que leur premier. Elle manqua de se laisser aller à l’envie de venir caresser sa langue de la sienne, motivée par la nature langoureuse des demoiselles, et brisa juste à temps le baiser. Les phéromones des dames, tels de l’essence sur ses propres hormones, enflammèrent ses sens, la rendant légèrement instable et incohérente dans sa façon de penser et d’agir. Elle pouvait mettre cela sur son impatience dû à une chasteté forcée par son subconscient, sur les phéromones ou même sur le charme naturel des deux sœurs, mais comme toutes les réponses étaient bonnes, ce serait dommage d’en blâmer une seule. Les caresses sur son corps la rendaient dingue, et elle trouvait presque dommage qu’elles lui fassent porter un vêtement plutôt que simplement lui demander d’être nue. Mais bon, elle n’avait pas le droit de faire de caprices; elle serait patiente, juste un peu plus longtemps que ce à quoi elle s’attendait, c’est tout.
Elle ne considérait pas la question de Jane comme une véritable question. Comme le comprenait Shion, l’Apprentie ne voulait pas vraiment de réponse, elle voulait simplement la flatter, et dans le bon sens du poil. Mais puisqu’elles avaient pas mal tout touché ce qui pouvait bien la faire rougir au niveau des mots, elle ne se sentait pas embarrassée de se voir ainsi complimentée. Pour la remercier, elle l’embrassa une nouvelle fois, osant même à caresser la cuisse de la jeune femme, juste à la base de sa robe; elle avait des jambes douces, terriblement douces, malgré sa langue nettement plus ingrate (au sens figuré, pas littéraire, je précise, elle a simplement un étrange vocabulaire pour une fille de bonne famille!) et ses yeux plus audacieux que permis. Elle était un peu plus envahissante qu’auparavant, mais il ne fallait pas se faire de fausses idées; Shion n’avait pas une once d’énergie dominatrice en elle, ce qui rendait ses caresses plutôt maladroites. Elle avait beaucoup de mal à « provoquer », donc l’art de créer de l’excitation, mais elle pouvait aisément « donner » le plaisir, qui s’obtient dans un état d’excitation déjà existant.
La Néréide se sépara alors des deux jeunes femmes et se mit à reculer vers le fond du lit, où se trouvaient ses oreilles. Elle prenait soin de frotter ses bas l’un contre l’autre dans le but d’attiser ses « prédatrices », repliant suffisamment en alternance ses genoux pour laisser entre-apercevoir sa culotte. Pour avoir vécu avec un homme facilement séduit par l’érotisme, elle s’y connaissait quand même un tout petit peu. Elle usa d’une pincée de son influence sur l’eau pour donner à ses lèvres une apparence humide et miroitante, levant ses doigts, ceux qui avaient touchés la cuisse de Jane, pour les frôler sensuellement de sa petite langue rose, presque artificielle, parfaite.
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[HRP – C’est normal que j’en parle, Jane est une apprentie-sorcière ^^]
Jane avait été légèrement surprise en voyant le contenu de la garde-robe de Shion. Ses vêtements lui avaient donné l’impression d’avoir une femme qui soit à la fois romantique et perverse... Ou uniquement perverse. Quand on avait un sous-vêtement avec une fente au niveau de l’intimité, le doute n’était pas permis, tout comme la robe moulante. Le côté romantique, en revanche, semblait venir de cette robe, mais Jane savait que certains réalisateurs de films pornographiques aimaient bien placer comme scène un mariage. Il était toutefois aussi possible que Shion ait jadis eu un fiancé, et qu’elle ait été sur le point de se marier, avant que tout n’échoue. Ceci expliquait peut-être sa curiosité maladive. Jane ne ressentait nullement de pitié pour elle, estimant que, de toute façon, se marier pour amour était stupide. Elle ôta toutefois ces pensées de son esprit quand Shion vint les voir, et ne pensa plus qu’à une chose : lui faire l’amour. Dans sa tenue de maid, Shion était terriblement sexy, d’une beauté incroyable. L’homme avec qui elle avait été tentée de se marier jadis ne savait probablement ce qu’il avait raté en l’abandonnant.
Elle eut droit à deux longs baisers de la part des sœurs, délicieux et onctueux, qui amenèrent Shion, non seulement à rougir encore plus, mais également à se remuer un peu. L’une de ses mains vint ainsi caresser la cuisse de la belle Californienne, qui sentit un frémissement la parcourir, avant que Shion ne s’écarte. Le sexe avait ce pouvoir sacré de détruire les barrières qu’on se fixait, d’annihiler la timidité. Il n’y avait quasiment rien de mieux que de voir une timide succomber progressivement aux voies de la luxure, comme Shion semblait être en train de le faire. Prise entre les deux femmes, elle entreprit ainsi de s’écarter d’elles, et se recula vers les oreillers, frottant ses jambes les unes contre les autres. Ses bas se caressaient, et Jane sentit sa gorge se dessécher, avant de voir, sous les mouvements de sa jupe, un aperçu de sa culotte. Sa langue passa brièvement sur ses lèvres, tandis que Shion se replia sur les oreillers, près des deux sœurs, qui ne dirent pas un mot en l’observant. Elles étaient sous le charme, tout simplement. Une nouvelle facette de Shion semblait se dévoiler.
*Je me demande si ça ne vient pas de sa tenue... Je suis bien placée pour savoir que, sous une tenue différente, on peut devenir totalement différent.*
C’était la grande théorie des comics. Sous le masque, Peter Parker l’introverti, le paumé, le raté, devenait un super-héros balançant des blagues à la vitesse d’une mitraillette, et capable de prouesses incroyables. Une tenue, ça pouvait réveiller en vous des capacités que vous pensiez ne pas avoir. Jane et Nell continuaient à l’observer, et virent la bouche de Shion se transformer, ses lèvres semblant devenir un peu plus humides. Shion alla même jusqu’à les aguicher avec sa langue, léchant ses doigts, une lueur de malice dans les yeux. C’était particulièrement excitant, un mélange de sensualité et de timidité, car elle était toujours rouge. Jane et Nell se regardèrent à nouveau.
« Je crois qu’elle veut nous exciter...
- Elle s’y prend plutôt bien.
- Tu comprends ce que ça signifie ? »
Jane ne répondit pas à cette question, connaissant déjà la réponse, et s’approcha lentement de Shion, Nell faisant la même chose. Chacune s’attaqua à l’une des jambes de Shion, et Jane vint embrasser son bas, à l’emplacement de son pied, optant pour un peu de fétichisme. Elle posa l’une de ses mains sur l’arrière de la jambe de Shion, caressant son bas, et fourra sa langue entre ses doigts de pied, appuyant sur le bas, avant d’embrasser ce tissu, de le mordiller, puis de tourner son pied, en léchant la plante, l’embrassant. Nell faisait la même chose, les deux sœurs agissant de concert à la perfection. Jane prit son temps, et remontait progressivement le long de la jambe de la femme, jusqu’à retourner ensuite sur son visage, passant de ses bas à ses lèvres. Elle embrassa ses lèvres pendant un certain temps, s’affalant sur elle, tandis que, de son côté, Nell vint désormais suçoter les doigts gantés de Shion, attrapant ainsi l’une de ses mains.
L’apprentie-sorcière constata que les lèvres de Shion étaient bien plus humides, bien plus délicieuses, et elle continua assez longuement son baiser, gémissant de plaisir, avant de rompre brièvement le baiser, frottant le nez de Shion contre le sien.
« Ma belle petite Shion... Je n’aurais jamais imaginé que tu puisses être aussi excitante... »
Jane retourna l’embrasser, avant que Nell ne se réveille, et ne la pousse.
« Laisse-moi profiter un peu... »
Souriant légèrement, Jane s’écarta, et Nell vint à son tourt embrasser Shion, s’allongeant sur elle, tandis que Jane, de son côté, s’attaqua à l’autre main de Shion. Les deux sœurs enfermaient la maid dans une espèce de cocon de douceur et de sexe. Jane s’amusa à lécher consciencieusement chacun des doigts de leur hôte, les fourrant dans sa bouche, embrassant ensuite sa paume. Nell caressait, quant à elle, les cheveux de Shion, écartant proprement les mèches de cheveux de son visage, les glissant dans le creux de son oreille, rompant son baiser pour mieux le reprendre. Nell termina ensuite son baiser, et posa un doigt sur les lèvres de Shion, les caressant délicatement.
« Oui... Je crois que nous sommes contagieuses... »
-
Jane croyait qu’elle était différente à cause du costume? Eh bien, c’est totalement faux; Shion est naturellement compétente pour le sexe et sait instinctivement comment séduire, que cela soit pour les femmes, les hommes, les asexués ou les hermaphrodites. Shion était, à la base, une créature qui n’avait absolument aucune barrière au niveau du sexe. Sa timidité et son insécurité provenait de son intégration à une race terriblement changeante. Le contraste entre la séduction des femmes fatales, qu’elle a appris à imiter pour la soirée à thème sensuel du restaurant, et sa nature candide et timide suffirait, elle l’espérait, à les attirer à elle. Mais vu la réussite de cette tentative, Shion se surprit à avoir envie de prendre ses jambes à son cou à voir ces deux paires d’yeux dardés sur elle, pleins de surprise. Un peu plus et elle jurerait qu’elles auraient éclaté de rire. Au contraire; les filles se mirent à s’attaquer à ses pieds, dans un commun accord.
Le fétichisme des pieds, ahlala. Sail avait le même. Mais Shion avait un tout petit défaut riquiqui de rien du tout mais tout de même embêtant; elle était affreusement… chatouilleuse. Les filles qui s’attaquaient maintenant à ses pieds n’avaient probablement aucune idée de ses sentiments, mais elle pinçait solidement les lèvres, les yeux fermés avec force et les muscles bandés pour résister à l’envie de se débattre. « Ca chatouille, ca chatouille, ca chatouille! » hurlait-elle mentalement, sa respiration s’accélérant rapidement, ses yeux bordés de petites larmes de désespoir et de plaisir à la fois; qui n’a jamais eu du plaisir à se faire ainsi torturer?
Malgré tout, elle ne us s’empêcher de ressentir une excitation grandissante tant qu’à être ainsi taquinée; le feu de son ventre commençait à devenir encore plus intense, et comme preuve, son sexe devint un peu plus moite. Les filles tournaient beaucoup trop autour du pot, et elle tremblait déjà d’anticipation plus que d’excitation; son imagination, très fertile, lui envoyait des dizaines de dénouement possibles à la chose, et aucune ne semblait fidèle à ce qu’elles semblaient lui réserver.
-C.. Ca chatouille, les f-filles…! Protesta-elle entre deux gémissements.
Assaillie sous les baisers. Nell et Jane la rendaient folle, elle n’arrivait pas à garder son esprit. Leurs lèvres se touchaient, et en passant sur ses lèvres, les leurs devenaient également humides, glissantes, délicieuses. Elle avait du mal à respirer, car si elle n’embrassait pas Nell, elle embrassait Jane, et vice versa, mais plus elles s’attaquaient à elle, et plus elle avait envie qu’elles recommencent. Sa respiration devenait rauque, son regard avare, et les baisers devenaient si intenses qu’elle s’était vue contrainte de se servir, malgré elle, de sa langue pour satisfaire son envie de profondeur. Ses mains se glissèrent donc sur les joues de ses deux amantes, après qu’elle eut rompu le baiser avec Nell, et elle approcha le visage de Jane.
Cette fois, elle l’embrassa passionnément, sa langue sucrée venant caresser la sienne avec avarice, puis, elle se tournait vers sa sœur pour l’embrasser à son tour, sa main quittant l’arrière de sa tête pour descendre sur son épaule et faire glisser la bretelle de sa robe, fondant dessus pour parsemer de baisers cou et son épaule, plus spécifiquement à l’endroit où se trouvait la bretelle quelques instants plus tôt, puis elle se tourna vers Jane et, sensuellement, elle revint conquérir ses lèvres. Elle ne voulait pas favoriser une des deux filles au détriment de l’autre. Soudain, elle les repoussa doucement et elle recula à nouveau. Cette fois, elle s’adossa contre la tête du lit et glissa une main contre son décolleté, et dénoua le cordon qui maintenait le corset en place, sachant que cela suffirait à leur faire comprendre ses envies.
-S’il vous plait… touchez-moi…!
Elle se lécha les lèvres, pour attiser les dames plus que pour se les humecter. Puis, pour le plaisir de leur laisser le choix, elle fit une nouvelle proposition, cette fois se penchant sur Jane, elle lui caressa la lèvre inférieure de son index alors que son visage se retrouva à quelques centimètres du sien.
-Ou je peux te toucher…
Elle se tourna ensuite vers Nell et elle lui prit la main pour l’attirer contre elle, l’embrassant à nouveau langoureusement.
-Ou toi… ou toutes les deux… Ca ne me gêne pas…
Même pour Shion, ces mots lui donnaient l’impression d’être un peu trop entreprenante pour le genre de personne qu’elle était au naturel. Se rendant compte qu’elle pouvait avoir peut-être surpris, dans le mauvais sens du terme, ses amantes, elle rougit avant de s’arrêter dans son élan et de les regarder. Bien que ses gestes et ses mots étaient des plus sincères, elle se disait qu’elle devait avoir l’air bizarre de changer ainsi trop directement de comportement.
-Est-ce que j’en fais trop?... s’embarrassa-t-elle, penaude. Je… je me suis un peu laissée emporter… pardon…
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Quand elle était petite, époque qui remontait à loin, Jane avait été le souffre-douleur de Nell. Pas dans la mesure où elle la battait, mais dans la mesure où Nell, profitant de son léger ascendant physique du fait de son âge, s’amusait à lui sauter dessus quand elle dormait pour la bombarder de chatouilles. Ce souvenir afflua à l’esprit de Jane quand Shion se plaignit d’être chatouillée. Jane frotta alors son nez contre les doigts de la jeune femme, et pencha sa tête vers elle. Ainsi, elle était sensible ? En d’autres circonstances, Jane l’aurait volontiers torturé, comme Nell avait pu le faire, et comme elle le faisait encore de temps en temps sur sa sœur, mais le fait est qu’elle était bien trop excitée pour se permettre ce petit coup. Au lieu d’agir, et de l’attaquer à nouveau, Jane choisit donc de rester sage et calme, retournant embrasser Shion. Elle était vraiment belle, belle et attirante. C’était un tout autre visage de la jeune lycéenne qui apparaissait aux yeux de la femme. Shion recommença à les pousser, et les deux sœurs se regardèrent entre elles, avant de regarder Shion. L’apprentie-sorcière se demandait ce qui pouvait bien lui traverser l’esprit.
Le dos de Shion heurta le lit, et elle les observa, dans une position très sensuelle, avant de faire jouer les bretelles de son corset, tirant sur un cordon, ce qui défit légèrement cette dernière, le rendant moins solide. Jane et Nell, naturellement, bavèrent sur le décolleté très intéressant de la maid. Elle déglutit, tandis que Shion recommença à jouer avec ses lèvres, les léchant, avant de se rapprocher de Jane. Méconnaissable, la discrète Shion se transformait en une sorte de prédatrice sexuelle, une tentatrice qui se mit à caresser délicatement, et plutôt sensuellement, la lèvre de Jane. Elle lécha le doigt ganté de la jeune femme, qui implorait qu’on la « touche ».
*Elle a craqué ou quoi ? Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?*
Jane laissa Shion embrasser Nell, qui répondit à son baiser, le regard de la grande sœur croisant brièvement celui de la petite, partageant la même incompréhension. Il se passait quelque chose que les deux femmes n’arrivaient pas à comprendre, quelque chose qui, en toute logique, les perturbait. Shion redevint alors toute cramoisie, et s’excusa de son comportement. Cette fille était définitivement bizarre... Bon, Jane et Nell n’étaient pas franchement une référence de normalité spirituelle, mais, tout de même... Shion avait presque l’air schizophrène, oscillant entre une jeune fille renfermée sur elle, terriblement nerveuse, et une femme plus mûre, plus passionnelle, plus dominante. Tous les timides étaient-ils comme ça ? Oscillant entre le petit enfant nerveux et l’adulte affirmé ? C’était troublant. Les sœurs se regardèrent, et, sans rien dire, s’avancèrent alors vers Shion, chacune l’embrassant sur une joue, Nell à sa gauche, Jane à sa droite.
Ce fut Nell qui posa ensuite ses lèvres sur la bouche de Shion, tournant sa tête avec l’une de ses mains, tandis que Jane, de son côté, embrassa le torse de Shion, puis ses seins, les embrassant à travers le corset, s’étalant pour cela sur le corps de cette dernière. Elle sentit la pression du sein de la jeune femme, sa poitrine comprimée à travers le corset, et s’en félicita, ne pouvant s’empêcher de jouer avec ce morceau de son corps. Elle léchait son corset, tandis que Nell rompit son baiser avec Shion pour caresser ses lèvres du bout des doigts :
« Tu es vraiment une femme incroyable, toi... Et tes lèvres sont... Elles sont si tendres... »
Elle enfonça un doigt dans la bouche de la jeune femme, caressant sa belle langue, restant près d’elle.
« Je suis bien heureuse d’avoir pu te rencontrer, jeune femme. Pour le reste... Nous ne sommes pas des Anglaises, Shion, mais des Californiennes, aussi chaudes que des Espagnoles. Et nous avons une relation incestueuse, qui plus est. Alors, autant te dire que, pour nous choquer, il faudrait vraiment placer la barre haute. N’aie pas peur de laisser tes sentiments s’exprimer, laisse-toi tout simplement aller. »
C’était tout ce que Nell lui demandait, car, en l’état, c’était la seule chose qui, dans le fond, avait une quelconque importance.
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Il y a toujours eu deux parties en Shion. La première, celle que tous rencontrent, est une jeune femme timide, réservée et surtout facilement embarrassée par les compliments et les flatteries. Une femme simple, qui ne se démarque que par son incroyable beauté rehaussée par ses formes. Sans être potelée ou grassouillette, les formes de Shion sont arrondies par une légère couche de viande qui lui donne un air vivant qui attire facilement les regards. La seconde partie, par contre, est une femme que bien peu ont eu la chance de rencontrer, une entité qu’elle surnomme son « héritage », un leg laissé par sa nature de nymphe qui veut que lorsqu’elle se retrouve dans une situation particulièrement excitante, elle puisse procurer autant de plaisir qu’on ne lui en donne. Or, le changement se fait souvent sans le consentement de Shion et même à son désagrément. Shion essayait simplement de balancer entre les deux sans se laisser envahir par son côté plus sensuel, de peur de ne plus être capable de redevenir celle qu’elle est. Enfin, voilà en gros pourquoi elle passe de « petit bout de femme timide qui se sauve » à « prédatrice méchante qui vous attire dans un piège ». Et pour répondre à la question secrète des deux femmes; ouais. Derrière toutes les timides, il y a un petit tigre qui crève d’envie d’en découdre.
Au moins, elles avaient arrêté de lui chatouiller les doigts et les pieds. Non parce que franchement, cela risquait de finir dans un coup de pompe dans la gueule, si ca continuait. Elle rendit le baiser de Nell, malgré le fait qu’elle manqua de s’étouffer quand Jane s’attaqua à ses seins. Dotée d’une peau naturellement sensible, vous n’imaginez qu’à peine l’enfer que c’était de revêtir des vêtements pour Shion. Au cours de la journée, elle finissait bien par s’habituer aux frottements, mais il suffisait d’augmenter un peu la pression pour que cet effort ne soit réduit à néant. Pour s’empêcher de gémir, elle pressa plus fortement ses lèvres contre celles de Nell, transformant le gémissement en un soupir de complaisance. Le baiser, néanmoins, se brisa, à la grande déception de la participante aux cheveux rosés
- Tu es vraiment une femme incroyable, toi... dit la belle blonde. Et tes lèvres sont... Elles sont si tendres...
Shion ne put s’empêcher d’ouvrir la bouche lorsque le doigt fin de son amante se glissa contre ses lèvres pour venir trouver sa langue. Guidée par son instinct, elle lécha et suça cet index qui lui semblait pourtant, à ce moment-là, si indécent, inquisiteur et envahissant.
-Je suis bien heureuse d’avoir pu te rencontrer, jeune femme. Pour le reste... Nous ne sommes pas des Anglaises, Shion, mais des Californiennes, aussi chaudes que des Espagnoles. Et nous avons une relation incestueuse, qui plus est. Alors, autant te dire que, pour nous choquer, il faudrait vraiment placer la barre haute. N’aie pas peur de laisser tes sentiments s’exprimer, laisse-toi tout simplement aller.
Une partie de Shion, toute petite, cria sa victoire; elle avait effectivement deviné leur relation. Comment? Le joueur dirait « Bah, c’est LGJ, si tu ne te tapes pas ta sœur, t’es une sainte », mais le personnage, lui, savait simplement ce que c’était d’avoir le cœur avide, le corps émoustillé par la seule présence d’une autre personne. Entre Jane et Nell, il y avait une si grande chimie qu’à ses yeux, leurs sentiments semblaient aussi vifs et clairs que des éclairs en pleine nuit. Elle ne prit cependant pas la peine de leur dire « Je le savais », de crainte de causer un malaise. Elle cessa de lécher le doigt de Nell pour la regarder droit dans les yeux. Elle prit un moment pour peser ses mots, puis lui embrassa les doigts, avant de regarder Jane et lui relever le visage pour l’embrasser à son tour, d’un baiser léger, avant de se tourner vers Nell, glissant une main dans ses cheveux, pour l’attirer plus près et poser ses lèvres sur les siennes, puis encore une fois vers Jane.
-Je veux simplement participer…
Bah oui, même pour une soumise comme Shion, faire plaisir à ses compagnes était une partie importante de la sexualité. Ses lèvres étaient avides des leurs, son corps aussi, mais… elle avait surtout envie de les sentir contre elle, de les embrasser, et les caresser. Mais ces filles n’étaient pas pressées le moins du monde, et cela la rendait dingue; en temps normal, après trois minutes, elle n’aurait déjà plus de vêtements sur le dos, en train de subir les caresses les plus torrides et plaisantes du monde. Mais là, ce n’était que cette appréhension grandissante et injuste qui lui conférait un plaisir qu’elle ne comprenait pas. Elle était masochiste, en fait, probablement. Mais pas physique, hein, c’était purement psychologique; l’attente, l’impatience, le désir, voilà la torture qui lui faisait vraiment plaisir.
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Deviner que Jane et Nell avait une relation incestueuse n’était pas vraiment compliqué. Il était rare que deux filles se partagent un même amant, ou amante, sans avoir entre elles une relation particulièrement fusionnelle. Nell continuait à remuer son doigt dans la bouche de Shion, savourant ce contact. La petite Shion était une créature très intéressante, une femme qui semblait extrêmement sensible au toucher, presque autant qu’elle était nerveuse et timide. La décoincer était difficile, et ce mécanisme s’opérait progressivement. Résister aux sœurs Watson n’était pas une mince affaire, comme Shion devait être en train de le réaliser. Elle jouait avec les doigts de Nell, une expression de plaisir dans le regard, et vint ensuite embrasser Jane, qui répondit avec plaisir à son baiser. Shion alterna ainsi avec les deux sœurs, avant de leur avouer qu’elle désirait simplement « participer ». Participer ? Voilà une demande bien énigmatique... Que voulait-elle dire par là ? Jane ne comprenait pas trop, mais ce n’était pas surprenant. Il y avait beaucoup de choses qu’elle ne comprenait pas sur cette Shion. Elle était une énigme ouverte, une question à laquelle Jane n’avait aucune réponse précise à formuler. Timide, sensible, elle se révélait sous un autre visage. Jane n’aurait jamais cru la voir serveuse dans un restaurant, et encore moins vivre dans un tel appartement. Elle réalisait qu’elle ignorait beaucoup de choses sur cette femme, et que les apparences étaient trompeuses. Elle qui trouvait généralement les autres insignifiants, avec leurs petits problèmes, et leurs petits plaisirs, cette femme l’invitait à remettre bien des choses en perspective.
*J’ai moi aussi ma part d’ombre...*
Jane, après tout, était une sorcière, même si elle se considérait plutôt comme apprentie. Shion les regardait toutes les deux avec une certaine forme d’impatience, et ce fut Nell qui se mit à sourire. Elle était juste un peu plus expérimentée que Jane, mais avait toujours eu le rôle de dominatrice lors de ses ébats sexuels avec Jane, étant plus âgée qu’elle. Elle lisait donc dans le regard de Shion quelque chose qui lui rappelait celui que Jane faisait quand elle savait que Nell s’amusait avec elle afin de la titiller, de l’exciter.
« Toi, ma chérie, tu as envie de baiser », résuma donc Nell, en souriant légèrement.
Ses vêtements devaient commencer à lui peser, mais elle était tellement mignonne, dans sa tenue de maid. Oui, Nell lui aurait presque proposé un contrat dans leur appartement, si elle avait un peu plus d’argent pour se permettre d’embaucher à temps partiel une femme de ménage. Cette idée la tentait de plus en plus, au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de cette femme, et qu’elle découvrait toutes les facettes de sa personnalité. Nell s’écarta d’elle, et commença à se déshabiller, souriant à Shion. Elle n’eut aucune difficulté à ôter sa robe violette, qui tomba sur le lit, révélant la nudité de son corps, à l’exception d’une culotte. Jane la regarda en frémissant, et embrassa Shion sur la joue, se lovant à côté d’elle.
« N’est-ce pas qu’elle est belle, hein ? »
Nue, on pouvait voir que Nell était un peu plus maigre que Jane, et qu’elle avait de très jolis seins. C’était sa sœur, après tout, et Jane l’aimait. Sur ce point, elles ne s’étaient jamais senties coupable à l’idée de faire l’amour ensemble. Ce n’était qu’une expression physique d’un amour moral inconscient et profond. Où était le mal de se faire mutuellement plaisir ? Il leur était donc très facile de montrer cette relation particulière à leurs partenaires, qui, de toute manière, s’en plaignaient rarement. Si les Etats-Unis étaient le pays du puritanisme, il y avait aussi bon nombre de contradictions, et Jane ne se souvenait pas d’amants qui avaient été horrifiés en voyant les deux femmes s’embrasser. On avait plutôt eu tendance à les insulter, mais, dans le feu de l’action, les jurons formaient comme des bouts de bois alimentant le feu de leurs passions.
Toute nue, Nell attrapa l’une des mains de Shion, et la posa sur l’un de ses seins.
« Viens, Shion, participe... Caresse mon corps, embrasse-le… Tu peux même m’ôter ma culotte, si tu le souhaites… Après tout, nous sommes tes invitées, alors nous devrions nous plier à tout ce que tu désires. »