Oriana aimait se promener dans le parc de Seikusu à la nuit tombée : il y avait moins de gens, pour ainsi dire personne, et on ressentait mieux la présence de Dame Nature. Même si cet endroit n'était pas à proprement parler une forêt, il était assez vaste et dense pour que l'on puisse se croire dans un bois.
Donc, tandis qu'elle déambulait au milieu de la végétation, son esprit se mit à vagabonder...
(Certains esprits chagrins vous diront que se balader dans une forêt, la nuit, tout en rêvassant, est le meilleur moyen de, par exemple, se prendre un arbre en pleine poire mais, étant une Fée, donc une créature surnaturelle, Oriana n'était pas soumise à ces menus désagréments.)
... revivant une rencontre mémorable avec Thomas le Rimeur, un galant chevalier de France qui avait charmé ses oreilles avec un chant qu'elle s'amusait à fredonner de temps à autre :
...Oncques ne vit plus belle demoiselle
Aussi pure et douce qu'une jouvencelle
Pour un peu on lui verrait pousser des ailes...
C'est alors que quelque chose la fit choir de son petit nuage : une odeur. Une odeur qu'elle avait déjà senti auparavant mais dont elle n'arrivait pas à déterminer à qui ou à quoi elle appartenait. Malgré elle, la Fée se mit à frissonner car cela évoquait la tombe et les ténèbres. Elle jeta aux alentours des regards apeurés car l'odeur devenait de plus en plus forte, signe que l'être ou la chose s'approchait d'elle...
-Bonsoir mademoiselle, vous devriez rentrer ce n'est pas prudent de se balader seule dans un endroit comme celui-ci surtout à cette heure si de la journée.
Elle sursauta et poussa un petit cri de frayeur en entendant ces paroles. Tournant la tête dans toutes les directions, elle finit par apercevoir un jeune garçon suffisamment séduisant pour qu'une femme se retourne si jamais elle le croisait dans la rue.
Mais Oriana ne ressentait pas vraiment de l'attraction envers lui : au contraire, elle avait envie plus que jamais de fuir face à cet inconnu qui répandait tout autour de lui une odeur aussi macabre.
Malheureusement, tétanisée par la peur, ses jambes refusaient de lui obéir. Elle eut néanmoins assez de courage pour demander d'une voix balbutiante :
Qu... qui êtes-vous ?