Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Nigel Barclay le samedi 09 juin 2012, 10:44:30
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Cramponné à la tasse mauvais café brûlant que lui avait servie Yamazaki, Nigel Barclay tentait désespérément de se concentrer sur ce que ce dernier lui disait pour ne pas céder au sommeil.
Le sergent Yamazaki était l'un des rares amis que Nigel se soit fait depuis son arrivée à Seikusu ; jeune et vif d'esprit, il faisait preuve de beaucoup d'humour pour survivre au sein de la Police Criminelle. L'analyste avait autrefois collaboré avec lui pour un profiling sortant des sentiers battus, avec succès ; Yamazaki avait bénéficié d'une promotion, et Nigel d'une réputation flatteuse au sein de la Criminelle, où il avait à présent ses entrées. Seul le psychologue attitré de la brigade lui vouait une rancoeur et une jalousie tenaces, ce qui n'avait guère surpris Nigel, habitué à susciter ce genre de sentiment autour de lui.
Nigel aurait envoyé au diable n'importe quel olibrius qui aurait osé le tirer du lit à trois heures du matin sans motif sérieux, mais Yamazaki lui était sympathique, et il semblait avoir un besoin urgent de ses services en tant que psy. Nigel avait donc traversé Seikusu pour venir écouter le récit du sergent au poste de police, devant un café franchement dégueulasse. Ce qu'il fit remarquer.
« - Votre café, il est dégueulasse à dessein ? C'est pour mieux vous réveiller, ou c'est une manière de forcer les suspects à parler ?
- C'est le seul moyen qu'on a trouvé pour que les gars des Moeurs cessent de venir nous en piquer en permanence. Bon, j'admets qu'il est vraiment mauvais, mais de toute façon, te connaissant, seul un verre d'alcool aurait eu grâce à tes yeux, pas vrai ? »
Touché.
« - Bon, et ton affaire, alors ? Tu me disais qu'une nana s'était faite serrer il y a une heure sur les lieux de ce meurtre dont les journaux ne cessent de parler ? Cet homme qu'on retrouvé quasiment étalé dans tous les coins de son séjour hier soir ?
Exactement. Et comme on n'a pour l'instant ni piste, ni suspect, ni mobile, tu imagines à quel point on est intéressés d'avoir coincé ce joli p'tit lot dans l'appartement de la victime tout à l'heure. Maintenant, il faudrait qu'on sache exactement ce qu'elle est venue y faire, et c'est pour ça que tu es ici.
Au risque de te paraître idiot, je ne saisis pas vraiment mon rôle là-dedans ? Tu penses que mon boulot de psy me rend apte à mener un interrogatoire ?
Quand on a pincé la fille, elle était en train de psalmodier à côté d'un cercle tracé à la craie, et elle avait placé divers objets ayant appartenu à la victime près d'elle. Elle a piqué une crise terrible quand mes collègues l'ont forcée à sortir de l'appartement, elle disait qu'il fallait qu'on la laisse finir, que c'était dangereux, puis elle a traité Yamato de crétin ignorant avant de lui coller un coup de pied dans la rotule suivi d'un autre dans les parties.
Si je te suis bien, cette fille était en train de simuler un rituel magique ? C'est du délire, là.
Précisément, d'où ta présence parmi nous ce soir.
Vous n'aviez pas un autre psy sous la main pour discuter avec notre fan d'occultisme ?
Si, mais il se trouve qu'aucun n'avait l'avantage d'être un gaijin comme toi, sans vouloir te vexer. On s'est dit que ce serait un plus si elle voyait une sorte de compatriote. C'est un raisonnement stupide, je te l'accorde, mais honnêtement, je préférais que ce soit toi qui la voies. Elle a l'air maligne et vicieuse, la petite sorcière.
Vous avez vérifié son identité ? Elle a donné une raison à sa présence ici ?
Snow Burton, 23 ans, journaliste. Elle dit qu'elle était là pour son boulot, et elle a refusé de nous expliquer son cirque à l'appartement.
Pas de lien avec la victime ?
Pas que l'on sache. Maintenant, si tu pouvais nous dire à quel point cette nana est folle ou pas, ça pourrait nous aider à décider si on la boucle pour de bon ou si on l'expédie à l'asile dans lequel tu bosses. »
Nigel regarda par la petite vitre dans la porte de la salle d'interrogatoire, et observa Snow Burton. Sacrément bien roulée, décida-t-il. Elle et lui auraient du se trouver au fond du même lit à cette heure, dans un monde parfait, et pas au poste de police pour une confrontation. La fille tourna la tête vers lui à ce moment, et Nigel eut l'impression fugitive qu'elle le voyait, ce qui était impossible. Il remarque qu'elle avait une forte rougeur qui allait de la joue gauche à l'arcade.
« - D'où lui vient ce coup à la tête ?
Le coéquipier de Yamato a réagi un peu vivement à l'agression de son collègue, il en a pris pour son grade, mais il paraît que cette fille est une vraie furie. «
Nigel soupira.
« - Ok, j'y vais, tu es le seul à suivre ça, on est d'accord ?
Tout le monde est au lit, sauf nous, mon vieux. Elle est à toi.
Si seulement … «
Nigel entra, son café toujours à la main, ferma la porte derrière lui et s'assit posément. La fille n'esquissa pas un mouvement, se contentant de le suivre des yeux avec une intensité perturbante.
« - Bonsoir, Mlle Burton, je me présente, Nigel Barclay. Je suis analyste, et je ne travaille pas pour la Police de Seikusu. Je viens simplement entendre ce que vous voudrez bien me dire sur ce qui s'est passé ce soir, si vous le désirez. «
Nigel baîlla, puis regarda la fille …
« - Café ? Mais je vous avertis, il est infect. »
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J'aurai du me douter qu'en mettant les pieds dans cette ville de demeurés, que je ne tomberai que sur des balourds à l'allure franchement douteuse et à l'esprit étriqué.
Déjà qu'un journaliste en temps normal peine à pouvoir faire son boulot convenable, il l'est d'autant plus dans cette cité qui n'abrite en son sein que des flics ignares dépourvus de toute évidence de matière grise.
Ce soir, j'ai eu la charmante petite idée d'aller faire un tour dans l'appartement de ce pauvre garçon ayant subit de toute évidence, le courroux d'un désaxé. J'avais pour intention, par quelques rituels bien trouvés, de pouvoir m'afficher de la scène dans son intégralité et ainsi, pouvoir mettre la main sur le taré qui officiait derrière tout cela. Aucunement dans le but de le livrer à la police, il ne manquerait plus que je fasse leur boulot alors que les frasques des ces déséquilibrés font mon gagne pain, mais tout simplement afin d'avoir dans l'optique par la suite, de me rendre chez lui et d'obtenir quelques informations juteuses que je pourrai publier dans le journal local.
Mon petit bardât en main, j'ai donc filé entre les hauts bâtiments de la ville et je me suis insinuée ni vue ni connu dans le sinistre appartement.
A peine avais-je mis les pieds à l'intérieur, que cette affreuse odeur me prit directement à la gorge. Prenant une forte inspiration en fermant les yeux, je cherche d'abord une éventuelle présence avant de m'atteler à la tâche.
Sur le sol, je dessine scrupuleusement le cercle de protection, dans lequel je rajoute quelques glyphes spécifiques à ma recherche et je dispose soigneusement des effets personnels de la personne sur les bords. Brosse à cheveux, vieux pantalons et chemisette, serviront aisément à créer le lien. Je suis donc prête à faire ma petite affaire et m'assied sur le sol en m'apprêtant à psalmodier mes quelques sortilèges, qui feront apparaître dés lors, les énergies nécessaires à mon bon vouloir. Le silence est de mise et je ne dois en aucun cas briser le cercle sacré avant que tout cela ne soit terminé, sous peine de libérer des forces néfastes à même les murs de cette sinistre bâtisse.
Mais voilà, parce qu'il y a toujours un mais, à peine prononçais-je mes mots que la porte s'ouvre à toute volée et entre toute une flopée de petits gendarmes. Et malheureusement, pas les insectes. Je jure alors qu'ils semblent éberlués de me trouver là. Et il y a de quoi...
- Merde ! Qu'est-ce que vous faîtes-là vous ?
Je me relève d'une traite, prête à tenter de me faufiler entre les mailles du filet, quand l'un d'eux m'attrape vigoureusement par le bras.
- Lâche-moi espèce de benêt ! Tu ne sais pas ce que tu fais ! Laisse-moi terminer !
Il me sort expressément du cercle et je pousse un nouveau juron avant de lui coller un bon coup de pied dans la rotule.
- Espèce de garce ! Putain, elle m'a fait mal !
Et avant même qu'il ne reprenne ses esprits, c'est un nouveau coup qu'il reçoit en plein dans les joyeuses. La chose faite, il me lâche dans l'immédiat. Mais c'est sans compter sur son ami fidèle qui dés lors, se voit obligé de lui porter assistance et me frappe tellement fort au visage que j'en perds connaissance. Foutu macho de m****.
Et voilà comment je me retrouve à errer entre les quatre murs de ce foutu commissariat, alors qu'ils s'animent tous derrière leur glace sans teint, pensant que je n'ai en aucun cas repéré leur présence. Tout bon cinéphile qui se respecte et qui aura vu suffisamment de films policiers, sait qu'ils sont en train de boire leur café tranquillement en déblatérant sur mon cas. Ou sur celui qui a la plus grosse... Au choix.
Sauf que moi, je peux en plus les voir. C'est l'avantage.
Une nouvelle personne vient d'ailleurs de faire son entrée et je plisse un instant le regard alors qu'il pose le sien dans ma direction. Je pousse un soupir d'agacement en posant mes doigts sur ma joue douloureuse.
Le con, il m'a pas loupé... Mais qu'il ne s'inquiète pas, je ne le louperai pas par la suite moi non plus.
La porte s'ouvre enfin et entre le dernier arrivé dans les rangs des toutes ces raclures. Il se présente et je lève les yeux au ciel.
- Un psy... C'est bien ma vaine. Voilà à présent que ces crétins me prennent pour une folle....
Il baille, me propose un café et je tends juste la main pour m'en saisir, ne lui accordant pas un mot.
Je pose la tasse prés de mon nez et fait la grimace. De la lavasse ! Il n'aura pas menti. Seulement, j'ai quelques tours en main qui changeront bien rapidement cette ignominie en quelque chose de potable. La tasse bien au chaud entre mes mains, je ferme un instant les yeux. Quelques bulles se forment à la surface et immédiatement, je replonge mon regard dans celui de Barclay avant de porter la tasse à mes lèvres.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Ce café est un délice.
Et je ponctue ma phrase par un léger sourire sournois au coin de mes lèvres.
Je prends le temps de l'analyser, sans dire un mot et je tire ma chaise légèrement vers l'arrière avant de croiser mes jambes dans un mouvement gracile.
- Alors qu'est-ce qu'il va se passer à présent ? On vous a tiré de vos rêves pour venir m'interroger et vérifier si je suis saine d'esprit ? Epargnez-vous cette peine, je suis aussi limpide que de l'eau de roche. Mais de toute évidence, les flics n'ont rien de mieux à faire que de malmener les jeunes femmes. Quelques fantasmes inassouvis certainement...
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La fille était sur la défensive, ce qui ne surprit pas Nigel outre mesure. Elle avait beau avoir sa carte de journaliste, sa situation restait mauvaise, et le coup qu'elle avait reçu au visage ne semblait pas lui avoir donné envie de coopérer. Nigel ne pouvait l'en blâmer.
Snow Burton jouait la carte du défi, jusqu'à croiser ses jambes dans une tentative inconsciente de mimer Sharon Stone dans Basic Instinct. Portait-elle une culotte ? se demanda Nigel, légèrement amusé.
L'analyste se leva et sortit un instant, revenant avec une poche contenant des glaçons, qu'il tendit à la journaliste. « Tenez », dit-il, et il se rassit flegmatiquement.
Il attendit que la fille se détende un peu, la regardant avec bienveillance. S'il fallait qu'elle passe ses nerfs sur lui pour se venger du coup que lui avaient administré les policiers, qu'il en soit ainsi. Il se sentait prêt à supporter un accès de mauvaise humeur, et se consolerait des paroles acerbes en profitant de la vue superbe que la journaliste lui offrait.
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De toute évidence, celui-là ne semble pas aussi stupide que toute la flopée qui trainent encore dans les couloirs, épiant mes moindres faits et gestes et, certainement, un petit dérapage de ma part. Ce ne serait que leur accorder trop d'importance de jouer les furies en cassant tout se qui se trouve dans cette pièce, au demeurant bien vide. Je préfère donc me concentrer sur l'homme qui se trouve face à moi et qui vient de quitter la pièce sous mes yeux, alors que je hausse un sourcil de surprise.
Il revient finalement, quelques secondes plus tard, une poche de glace entre les doigts, qu'il me tend obligeamment.
- Trop aimable...
Furent mes seuls mots avant que je pose la glace salvatrice sur ma joue bien amochée. Je fais la grimace sous le contact froid sur ma peau et ferme un instant les yeux, poussant un soupir d'aise. C'est que ça fait fichtrement du bien...
Je laisse une goutte d'eau glisser le long de ma joue avant que je ne la récolte du bout de mon doigt et je pose délicatement la poche sur la bureau avant de relever le regard vers le psy.
- Bien. Et maintenant ? Je suppose que le protocole veut que vous me posiez tout un tas de questions, je me trompe ?
Ses questions, je suis prête à les entendre. De plus, la vue est loin d'être désagréable, ce qui me pousserait presque à me montrer plus coopérative. Encore faut-il que ses questions ne me mettent pas dans l'embarras et ne tente pas à briser ma couverture. Tous les imbéciles environnants seraient bien trop heureux de m'entendre crier haut et fort ma condition et me faire passer de ce fait, le restant de ma vie dans une pièce capitonnée.
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L'atmosphère semblant être plus propice à un dialogue, Nigel détourna son attention des courbes de la journaliste pour plonger ses yeux dans les siens.
« - Je ne ferai pas injure à votre intelligence en vous expliquant pourquoi vous êtes ici, Mlle Burton. Je suis ici à titre officieux, je ne ferai que donner un avis consultatif. La bonne nouvelle, pour vous, c'est que je ne suis pas de la Police, donc je n'ai pas vraiment à vous poser des questions, vous juger … Je suis là uniquement pour écouter ce que vous voudrez bien me dire, et me faire un avis sur ce qui s'est passé ce soir pour vous. «
Nigel fit une pause, puis reprit, sur un ton légèrement ironique qui semblait être davantage le sien au naturel :
« - De toute façon, je suis sans doute votre meilleure carte à jouer pour sortir d'ici avant qu'un policier trop zélé ne décide de vous garder au frais quelques jours, dans le doute. Par ailleurs, il est trois heures du matin, et nous sommes plus ou moins contraints, vous et moi, de faire ce qu'on attend de nous afin de rentrer chez nous pour aller au lit le plus vite possible, qu'en dites-vous ? »
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Je l'écoute patiemment dans sa première tirade et je fronce quelque peu les sourcils. Bien qu'il ne soit pas de la police, tout ce que je dirai aura un impact significatif sur le déroulement de la soirée et plus précisément sur le fait de me voir par la suite incarcérée ou pas.
- Ce qu'il s'est passé ce soir ? Je ne vois pas vraiment ce qu'il y aurait à raconter... Après tout, j'ai été prise en flagrant délit de... Comment ils disent déjà ? Sorcellerie, c'est ça ?
Je me penche légèrement sur la table, croisant les bras sous ma poitrine alors que mon regard sonde le sien, le tout agrémenté d'un sourire narquois.
- Mais nous savons vous et moi que les sorcières ça n'existe pas Mr Barclay. N'est-ce pas ?
Et je reprends ma place au fond de mon siège, au demeurant fort inconfortable pour mes frêles petites vertèbres et je reprends une gorgée de café tout en écoutant ses nouvelles paroles.
Mon regard se détache du liquide noir qui oscille docilement au fond de mon verre et je pose de nouveau le regard sur mon vis à vis. Ses mots me poussent à vouloir me montrer sarcastique et je saisis la balle au bond.
- Aller au lit le plus vite possible ? C'est une proposition ? - je souris - Mais soit. Vous êtes donc cette clé vers la liberté, alors je vais me montrer coopérative. Après tout, c'est ce que tout le monde veut ici. Si je me trouvais sur les lieux de ce crime, ce n'était juste que pour relever des indices qui me permettraient de dresser un portrait type de l'assassin. Vous voyez, pour mon prochain article. Et puis, le cercle et tout le tintouin autour de moi... ils étaient là avant mon arrivée. Etrange n'est-ce pas ?
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Cette fille risquait davantage de lui faire passer la nuit ici qu'au lit, que ce soit seul ou avec elle, comprit Nigel. Visiblement, elle n'était pas du genre à se rendre sans résistance, au moins pour la forme. Par ailleurs, elle semblait sérieusement suggérer qu'elle pouvait pratiquer la sorcellerie. Ce genre de patients était une plaie : intelligents, dotés d'une forte personnalité, ils avaient en général réponse à tout, et il était souvent difficile de les amener à se rendre compte du caractère illusoire des pouvoirs ou malédictions dont ils se paraient.
La journaliste cherchait clairement la confrontation, le provoquant, attendant qu'il mette en doute l'existence du surnaturel. Débattre de la théorie avec elle n'avait aucun intérêt, étudier la manière dont elle concevait la sorcellerie, en revanche, pouvait lui donner des indices pour l'aider.
Nigel dévisagea la jeune femme. Il allait miser sur son intelligence et lui donner une chance de s'en tirer à bon compte …
« - Bon, écoutez, Mlle Burton, n'étant pas policier, voilà mon conseil : vous êtes journaliste, vous avez peut-être accès à des informations ou des sources dignes d'intérêt pour la Crim'. Négociez vos tuyaux contre une remise en liberté rapide et tout le monde sera gagnant.
Par ailleurs, je serais curieux de vous voir réaliser un de vos rituels … Serait-il possible que vous puissiez le faire ici ? «
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Et bien, j'ai comme l'impression que je suis tombée sur aussi têtu que moi. Voir peut-être même plus. Mais n'est-ce pas dans les gênes de tout psychiatre, psychologue et autres charlatans ? Je pense malheureusement.
J'écoute ses paroles et pour dire vrai, elles ne me plaisent pas vraiment. Ce n'est ni plus ni moins que du chantage ou je m'appelle plus Snow Burton. Aussi, je fais une légère moue agacée alors que je glisse mes mains dans les poches de ma veste pour en tirer mon étui à cigarettes et porter l'une de celles-ci à mes lèvres. Je prends une profonde inspiration avant d'inhaler la fumée et laisse ma langue caresser mes canines alors que je me donne l'air de réfléchir.
- J'avoue que je ne vous suis pas, Mr Barclay. N'êtes-vous pas ici pour tenter de savoir si je suis bonne pour votre précieux asile ou pas ? Si je vous informais être effectivement une de ces demoiselles capables de manipuler les forces de l'ombre, cela causerait ma perte non ? Même si vous êtes curieux de me voir officier, il semblerait que vos petits amis derrière ce miroir, espèrent que justement, je ne sois pas une de ces envoyées de satan. Vous me mettez dans une situation bien inconfortable...
Etrangement, je me sens comme piégée et la cigarette entre les lèvres, je me relève doucement pour contourner le bureau et m'afficher dans son dos. Je reste un instant ainsi, le regard flanqué dans le miroir auquel je fais face, avant de faire un petit clin d'oeil aux mirettes qui doivent certainement être en train de profiter du spectacle.
Je pose donc une main sur l'épaule de Barclay et me penche jusqu'à son oreille.
- Il est hors de question que je fasse quoi que ce soit ici. Si vous êtes convaincu de ce que je suis, pourquoi devrai-je en faire la démonstration devant tout ce petit monde qui ne jure que par mon incarcération ? Ca serait signer mon arrêt de mort...
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Décidément, il était dit que le discours de la fille resterait classique … Déni de la réalité, complexe de persécution … Nigel songea un instant à lui rappeler que l'on ne condamnait plus personne pour sorcellerie depuis quelques siècles, mais préféra s'abandonner à la contemplation de Snow Burton évoluant avec une grâce féline dans la pièce. Son discours est banal, elle moins, mais elle ne s'en rend pas compte, se dit l'analyste. Ce qui est intéressant chez elle, c'est cette énergie et ce côté félin, indompté, même s'il s'agit probablement d'un style qu'elle se donne … Le personnage est attirant.
Il s'approcha de la fille, se pencha à son oreille et murmura : « - Bon, écoutez, Burton, je ne recrute pas pour l'hôpital psychiatrique dans lequel je bosse, croyez-moi, on manque de place, et je ne vous le conseillerais de toute façon pas, le paysage est assez déprimant. Maintenant, soyons clairs, vous me plaisez bien en tant qu'individu, mais les flics derrière la vitre vous laisseront sortir uniquement si vous leur donnez un os à ronger ; donc soit vous leur donnez des renseignements utiles, soit vous finissez la nuit en cellule, et très probablement les prochaines 48 heures qui suivront. A moins que vous n'ayez un joker en poche, comme faire vraiment de la sorcellerie, je pense qu'en vous obstinant, vous allez droit dans le mur. De mon côté, je suis venu ici juste pour vos beaux yeux, mais je retournerai dormir seul dans mon lit sans aucun regret si vous ne m'aidez pas un peu à vous sortir de là. A présent, faites votre choix, dormez en cellule ici, chez vous ou chez moi, mais décidez-vous. »
Nigel plongea son regard dans celui de la jeune fille, et ajouta : « Et oubliez cette histoire de sorcellerie, personne n'y croit ici, donc vous ne risquez pas grand chose. Vous n'aurez qu'à me faire une démonstration dehors. »
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Saleté de flics ! Non mais vraiment, y'a pas idée de créer pareille profession. Mais après tout, faut bien que les simples d'esprit aient de quoi gagner leur vie. Aussi, je pousse un long soupir à l'entente des mots du psy. C'est qu'il va finir par devenir agaçant lui aussi avec ses sempiternelles demandes.
Je m'approche donc de la glace sans teint et donne un baiser du bout des doigts à l'attention des hommes se dissimulant derrière et je refais face à Barclay, les mains sur les hanches.
- Oh ! D'accord ! J'avoue ! Si j'étais sur les lieux du crime, c'est tout simplement parce que je souhaite apporter assistance à notre chère communauté policière ! Ce crime est bien trop affreux pour qu'il reste impuni ! Un peu d'aide n'est donc pas la bienvenue ? Tout le monde sait que les journalistes ont le chic pour trouver les indices qui auraient échappé à l'esprit vif des policiers.
Je me rapproche de la table et pose mes mains obligeamment sur la table, le regard rivé dans celui de l'homme qui me fait face.
- Dois-je donner une allure plus dramatique à mes aveux ? Factices les aveux, je le consens.
Je reste un instant le regard rivé dans le sien et fronce les sourcils. Je ne ferai pas la joie de pratiquer quoi que ce soit devant ses empafés et j'ai encore moins envie de passer la nuit entre les barreaux. Le choix est mince. Je pourrai peut-être prendre ce garçon en otage ? Brisant la tasse gentiment offerte afin de me servir des morceaux de porcelaine comme d'une arme potentiellement dangereuse contre la peau fine de sa carotide. Hum... Idée stupide compte tenu du fait que les autres auront rapidement le temps de se ramener et cette fois-ci, je ne donne pas cher de ma vie.
Je pousse un soupir excédé et baisse un instant le regard, tapotant la table du bout de mes doigts.
- Je commence à être sérieusement agacée et vos précieux conseils me semblent tous plus confus les uns que les autres. Maintenant, parlez clairement ! Dîtes-moi comment me tirer d'ici, sans que je n'ai a dévoiler que je suis ce que je suis. Vous ne pouvez pas griffonné simplement sur un papier des mots dans le genre "Saine d'esprit. S'était perdue dans le noir et à vu de la lumière" ?
Je saute sur la table et croise les jambes avant de les laisser pendre dans le vide, avant de me pencher légèrement vers l'arrière et donner une pichenette sur le nez de Barclay.
- Et je ne dormirai pas chez vous... Ne vous accordez pas autant d'importance...
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Visiblement, la fille avait décidé de ne rien lâcher, peut-être sure de son impunité en tant que journaliste, ou confiante en des appuis extérieurs. En tout cas, Nigel voyait mal comment elle éviterait de passer les prochaines heures en détention préventive. Coincée sur les lieux d'un crime atroce en plein rituel étrange, elle avait résisté aux forces de l'ordre et refusait de s'expliquer, aggravant son cas en considérant ouvertement ses interlocuteurs comme des idiots. Quelques heures de cellule et la présence d'un avocat calmaient parfois ce genre de fortes têtes …
Quoiqu'il en soit, il ne pouvait plus faire grand chose pour elle. Restait son verdict en tant que psychiatre … Il ne pensait pas réellement que Snow Burton croie elle-même qu'elle disposait de pouvoirs surnaturels, mais en s'accrochant à son histoire pour se défendre, elle ne lui avait donné aucune preuve du contraire non plus.
Nigel sortit de la pièce après un dernier petit salut à Snow Burton, et vint se placer face à Yamazaki. Il expliqua que Snow Burton n'était pas folle, mais que sa personnalité excessive la conduisait peut-être à se persuader elle-même qu'elle disposait de dons occultes. Certaines personnes avaient besoin de se persuader qu'elles étaient extraordinaires pour donner le meilleur d'eux-mêmes, il n'y avait pas de quoi faire enfermer cette fille. Yamazaki et lui convinrent toutefois que la Criminelle n'aurait pas d'autre choix que de garder Burton en détention pour le moment. Ce fut le moment que Nigel choisit pour proposer un coup de poker à Yamazaki.
Son projet était de laisser sortir Snow Burton pour la laisser agir à sa guise. La jeune femme était suffisamment sure de sa supériorité pour ne pas faire grand cas d'éventuelles ruses de la part de Yamazaki ou de Nigel. En lui confisquant sa carte de presse, le sésame journalistique par excellence, et dur à obtenir, on s'assurerait d'un éventuel moyen de pression sur elle. Il conviendrait de lui demander de passer consulter un psychiatre pour reprendre son travail, quelques séances de routine devraient suffire. Et un ou deux mouchards assortis d'une ligne sur écoute pourraient peut-être mener la Criminelle à des informations que la journaliste refusait obstinément de donner.
Yamazaki était tenté mais circonspect, mesurant les risques de laisser sortir Snow Burton vu les circonstances. Nigel avait des doutes également, mais sentait que la jeune femme pourrait être assez entêtée pour faire perdre son temps à la Police Criminelle, uniquement par orgueil. Elle semblait d'ailleurs avoir de sérieux problèmes avec l'autorité et les forces de l'ordre.
Yamazaki donna finalement son accord, à condition que Nigel s'implique officiellement dans le processus. L'analyste repassa dans la salle d'interrogatoire et vint expliquer à Burton les conditions de sa sortie : interdiction d'écrire quoique ce soit sur les événements liés au meurtre, carte de presse confisquée en attendant un éclaircissement pour cette nuit, et obligation de voir un psychiatre pour reprendre le travail.
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Nous sommes dans une drôle de situation. Je n'obtempère pas et je n'obtiens pas non plus ce que je désire, à savoir, la liberté. Nous finirons l'un et l'autre par sentir la fatigue nous étreindre et bientôt, c'est la colère qui prendra le dessus. Lui, serait susceptible de me faire passer la nuit ici, rien que pour me punir de mon impertinence avant de partir comme si rien ne s'était passé, déclarant mon cas comme étant perdu et moi je serai susceptible d'utiliser la sorcellerie à mauvais escient. Très mauvais escient... Ce qui ne serait pas pour arranger mon cas et me vaudrait de nombreuses nuits au frais.
Néanmoins, j'ai presque envie de faire étalage de mon savoir faire devant leurs yeux ahuris. Ils en resteraient certainement bouche bée et conviendraient de l'utilité que je peux leur apporter. Il n'a finalement peut-être pas tord ce charmant psy de pacotille...
Je croise les doigts sur mes jambes en réfléchissant, jetant par instant quelques regards vers le miroir sans teint, refoulant la furieuse envie qui me prend de le faire sauter en mille éclats. Je pousse un long soupir et m'apprête finalement à sortir quelques mots de ma bouche, qui m'aideront finalement à ficher le camp d'ici. Mais déjà, Barclay me salue de quelques politesse et j'en fais de même, reléguant au placard, mes idées de coopération, bien que je me sente tout à coup perdu. Il ne m'a fait part aucunement de sa délibération et à présent, ils sont en train de débattre de mon cas sans que je puisse me défendre. Mouais... J'ai peut-être joué les fortes têtes devant les mauvaises personnes. L'heure tardive ne m'a pas aidé à analyser la situation avec plus de mesure.
Je patiente donc dans la salle quelques instants, faisant les cents pas, regardant par les barreaux ce qu'il peut bien se passer au dehors, jouant du bout de mes pieds avec un morceau de gomme qui traine par là et finalement, il revient. La mine grave mais néanmoins semblant avoir en tête quelques idées qui devraient contenter tout le monde. Je prends une profonde inspiration, quelque peu nerveuse mais tout de même calme.
Je le laisse donc reprendre sa place près du bureau pendant qu'il m'énumère ses possibilités et je garde la bouche ouverte comme un poisson qui manquerait d'air.
Oublier l'existence même du meurtre de hier soir ? Je fais une légère moue, mais j'acquiesce. Après tout, dans cette ville miteuse, ce n'est pas les assassinats qui manquent. Mais ce qui me plait moins c'est d' avoir à remettre ma carte de presse et devoir suivre de maudites séances de psychiatrie.
Je m'assieds sur la chaise en plantant mes coudes sur la table, la tête enveloppée par mes mains et je pousse un soupir.
Après tout, ma carte ne m'a jamais vraiment été d'une grande utilité. Je n'avais qu'à me trouver un autre moyen d'entrer sur les scènes de crimes, mais effectivement, ça sera tout de même contraignant.
Je relève alors la tête vers lui.
- Ces séances, seront-elles avec vous ?....Je n'accepterai que si c'est le cas.
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Décidément, cette fille ne devait pas avoir souvent l'habitude qu'on lui tienne tête, se dit Nigel. En dépit de la situation, voilà qu'elle se permet d'avoir des exigences … Bah, après tout, il y avait bien une chance sur deux pour qu'elle le désigne comme psy, les gens sont souvent plus à l'aise en continuant à voir la même personne. N'empêche que Nigel fut traversé par le désir d'administrer une bonne fessée à cette journaliste un peu trop sure d'elle, avant de reconnaître avec une certaine lucidité et humour qu'il aurait probablement été aussi insupportable qu'elle dans sa situation. Le fantasme des fesses nues de Snow Burton revint à la charge un bref instant, puis l'analyste reprit son sérieux, un léger sourire aux lèvres.
« - Entendu, Mlle Burton … Je ne peux pas vous recevoir à l'hôpital dans lequel je travaille, mais vous pouvez passer à mon domicile quand j'aurai fini ma journée, disons vers 19 heures 30 tout à l'heure ? Je vais prendre votre numéro de téléphone, afin de vous rappeler au cas où je serais contraint de rester plus longtemps que prévu sur mon lieu de travail. Voici mes coordonnées personnelles … »
Le Dr Barclay griffonna quelques mots sur un bout de papier, le tendit à la journaliste, qui put y lire son nom, son adresse et son numéro de téléphone, ainsi que l'heure du rendez-vous.
« - Si vous ne pouvez rentrer par vos propres moyens chez vous, mon ami le sergent Yamazaki vous fera appeler un taxi. Rentrez, et tâchez de vous reposer un peu. »
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A mes exigences, j'obtiens satisfaction. Et un rendez-vous pour le soir même qui plus est. Les séances donc, commencent bien rapidement. Je me retiens de soupirer une fois de plus, mais saisis le bout de papier qu'il me tend, admirant un instant la typographie de son écriture. Sèche, penchant légèrement vers la gauche. Une écriture de médecin en somme.
Je prends soin de lire l'adresse et souris en constatant qu'il vit dans les beaux quartiers. D'ailleurs, nos adresses respectives ne se trouvent pas loin l'une de l'autre. Je glisse le papier dans le fond de ma poche et je me relève de ma chaise, silencieusement, avant de remettre ma veste sur mes épaules.
- Bien. Je vois que vous ne perdez pas de temps. J'y serai.
Et je le salue brièvement d'un signe de la tête avant de passer la porte. Je reste un instant appuyée contre le chambranle avant de lui adresser un dernier regard, comme s'il s'agissait de la dernière fois que nous nous voyons. Je souris légèrement et m'engage dans le couloir.
Evidemment, je suis bien rapidement rattrapée par le chien de garde qu'il m'a semblé entendre être nommé Yamazaki et le stoppant dans ses paroles d'un seul geste de la main, je m'exprime à mon tour.
- Je peux me débrouiller seule pour rentrer.
Je peine à garder quelques réflexions plus cinglantes que je voudrai lui adresser, mais je garde la mesure et me contente juste de lui tourner le dos pour quitter ce lieux sordide que j'exècre tout particulièrement, pour rentrer de ce pas dans mon appartement, dans lequel je me prélasserai dans un bain bouillant avant d'entamer une courte nuit de sommeil.
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Les rayons du soleil dardent de leurs rayons, entre les stores de ma chambre et je cache expressément mon visage sous l'oreiller en râlant. Une envie irrépressible de passer la journée au lit me prend les tripes et je m'étire telle une chatte entre les draps et ouvrant les yeux. Je tourne la tête vers le réveil et m'assieds sur le matelas aussi rapidement que s'il avait été rempli de chardons ardents. 18H ?! Par Merlin, je crois bien qu'il s'agit de la plus longue grasse matinée que je n'ai jamais faîtes.
Je saute hors de mon lit et m'empresse de filer sous la douche.
L'eau glisse docilement le long de mon corps et je termine de me réveiller en plongeant un regard hagard dans le carrelage. Ma première séance avec un psy. Si un jour on m'avait dit ça, je crois bien que je ne l'aurai jamais cru. Encore aujourd'hui, j'ai du mal à croire que je vais sagement obéir. Mais après tout, si je veux que les flics me fichent la paix, je vais bien être obligée de me montrer docile.
Inutile de décrire les sempiternelles même choses lors de la préparation d'une jeune femme avant de sortir, nous passerons ce couplet on ne peut plus ennuyeux.
Toujours est-il que je termine à l'heure, l'estomac dans les talons de n'avoir pu me restaurer de toute la journée et jette un oeil au dehors pour constater de la météo. De nuages sombres sont à l'approche, je ferais donc mieux de me munir d'un parapluie. Et comme si quelques dons de médium avaient eu raison de moi, voilà qu'à peine posé le pied dehors, le ciel laisse échapper une trombe d'eau.
Je m'empresse d'héler un taxi et l'informe de l'adresse pendant que je me recoiffe dans mon miroir de poche. Geste superficiel mais nécessaire tout du moins et j'arrive rapidement à destination. Je m'empresse de grimper les quelques marches qui me séparent du hall d'entrée et zieutant une dernière fois le petit bout de papier, je me dirige vers son appartement.
Devant la porte, je prends une profonde inspiration. Les psy ont toujours eu le don fâcheux de m'ennuyer au plus haut point et je me pose encore les mêmes questions, à savoir, qu'est-ce que je vais bien pouvoir avoir à lui dire.
C'est en haussant les épaules et en me disant qu'après tout que c'est son travail de faire parler les gens, que je frappe à sa porte.
-
Nigel poussa un soupir déconfit en entendant que l'on frappait à sa porte. Snow Burton était ponctuelle, ce qui signifiait qu'il n'aurait vraiment pas eu le moindre instant pour souffler dans cette fichue journée. Il inspira un bon coup, se recomposa un visage plus professionnel, tout en faisant le tour de son appartement du regard. Il n'avait pas eu le temps de faire trop de ménage, mais cela irait …
L'analyste ramassa néanmoins une pile de livres et revues diverses, dans lequel on trouvait pêle-même des ouvrages traitant de l'oeuvre de Freud, un programme de concerts de musique classique, la trilogie des Millenium et un roman de Murakami. Il posa le tout sur une étagère, et se résigna à aller ouvrir.
Snow Burton l'attendait sur le seuil, tenant avec grâce un parapluie. La jeune femme ne semblait guère à son aise, mais fidèle à elle-même, tentait d'afficher une certaine assurance. Il faudrait vraiment qu'il la mette en confiance pour qu'elle baisse des défenses, celle-là, sans quoi son travail promettait d'être difficile.
Il salua la journaliste, la fit entrer et lui offrit de s'asseoir sur le canapé, tandis qu'il s'adjugeait le fauteuil. Il proposa à la jeune femme un verre, et lui demanda si elle avait déjà mangé. Lui-même n'avait rien mangé de la journée, et il songeait à se faire livrer par un magasin de sushis.
Il s'assit ensuite, adressa un sourire chaleureux à la jeune femme, et entreprit de lui expliquer le principe de son travail ici. Il ne posait que rarement des questions, orientant ou recadrant son patient, ce dernier pouvant parler de ce qui venait à l'esprit. Snow n'était pas forcée de lui parler d'hier soir ni de sorcellerie, à elle d'aborder les sujets qui lui tenaient à coeur ou lui paraissaient pertinents. Nigel pressentait que ce genre d'approche déstabiliserait la jeune femme, visiblement adepte de la confrontation directe. Cette méthode la mettrait face à elle-même, elle ne se sentirait plus forcée de s'affirmer par rapport à lui, et son agressivité tournerait court. Nigel attendit de voir comment Snow allait réagir ...
-
Il ouvre la porte et je sursaute légèrement avant qu'il ne m'autorise à entrer. Je m'exécute, attendant qu'il s'écarte un peu de l'encadrement de la porte pou que je puisse passer et je prends un instant pour admirer les lieux. Il n'a visiblement pas eu le temps de faire le ménage, mais seul quelques livres ça et là pouvaient réellement constituer un désordre. L'homme semblait plutôt ordonné.
Il m'invite à m'asseoir sur le canapé et j'acquiesce. Je pose mon parapluie dans le coin de la pièce et ôte mon manteau en le faisant glisser délicatement le long de mes bras, dévoilant une robe près du corps, aussi sombre que mes yeux, que le styliste n'a pas jugé bon de couvrir de nombreux mètres de tissu puisqu'elle n'épouse mon corps que jusqu'à mi-cuisse.
Mon manteau déposé élégamment sur l'accoudoir du canapé, je m'assieds avant de croiser lentement les jambes en m'adossant contre les épais coussins. Fort confortable au demeurant ce canapé, je serai presque susceptible de m'y assoupir.
Sa voix résonne de nouveau à mes oreilles et à sa demande, je jette un coup d'oeil à l'horloge contre le mur. 19h45, oui, j'ai faim. Très faim même.
- Non je n'ai pas diné et j'avoue que...hem... je mangerai bien un petit quelque chose. Un verre ne serait également pas de refus.
Je fronce un instant les sourcils après mes mots en gardant cet inconditionnel tic lorsque je suis nerveuse, celui de me mâchouiller l'intérieur de la joue. Je trouve étrange la façon dont se déroule cette séance. Tout d'abord, elle se passe dans son appartement lui-même, n'a-t-il pas de cabinet ? Ensuite, je suis invitée à prendre un verre et quelques victuailles, est-ce une pratique courante chez les psy ? Après tout, si la chose me permet de supporter plus facilement le moment, je devrai m'en contenter.
Il prend le téléphone et commande au Sushis du coin. Excellent choix ! Pensai-je en patientant nerveusement qu'il me serve mon verre et que l'on commence rapidement la torture.
Je le suis du regard silencieusement à mesure qu'il vadrouille dans son appartement et le regard à présent dans le vide, je joue avec l'ourlet de ma jupe, sifflant délicatement un petit air de musique, en battant l'air du pied. Ce n'est que lorsque je vois de nouveau une masse dans mon champ de vision qui semble s'agiter que je sors de mes pensées et pose le regard sur le jeune psy qui vient de reprendre sa place dans son fauteuil, ayant déposé un verre devant moi.
Je lui rend brièvement son sourire et m'empresse de me saisir du verre que je porte à mes lèvres. L'alcool me brûle les papilles mais je soupire de contentement en m'enfonçant de nouveau au fond du canapé, le verre posé sur ma cuisse alors que je recentre mon attention sur Barclay.
Sa méthode de travail me pousse à faire la moue. Que je me livre de moi-même ? Mais qu'est-ce qu'il veut que je lui raconte ? Ce n'est pas moi qui ai choisis de venir ici ! Je n'ai rien à raconter sur ma vie !
- Comment voulez-vous que je sache quoi vous dire ? C'est absurde ! Je vais parfaitement bien, c'est vous et vos petits amis du commissariat qui avait décidé qu'il était préférable de faire ça. C'st à vous de me poser les questions. Si je suis là, c'est que je consens à y répondre non ? - je pousse un soupir - faut-il que je m'allonge comme on voit dans les films ? - je m'apprête à la faire lorsqu'une nouvelle question me vient à l'esprit, me faisant me redresser sur le champs - OH ! Et combien ça coûte tout ça ?!
-
J'avais oublié d'aborder la question des honoraires la nuit dernière, il est vrai. Snow Burton étant vraisemblablement américaine, je lui proposai des séances pour un équivalent de 50 Dollars, ce montant pouvant être dépassé en cas de demandes exceptionnelles. Ca ne devrait pas poser de problème à la fille, qui ne semblait pas précisément dans le besoin. En revanche, elle était encore nettement sur la défensive, à croire qu'elle avait eu une mauvaise expérience avec des psys et les forces de l'ordre par le passé. Il était vraiment urgent qu'elle se détende, sans quoi elle allait exploser. L'idée traversa Nigel de lui administrer un léger sédatif, mais outre le fait qu'il était dangereux d'en ingérer en même temps que de l'alcool, ça ne changerait rien à l'affaire dans l'immédiat. Cette fille était paniquée, il fallait qu'elle parvienne à exprimer ses angoisses quant à la situation.
« - Vous pouvez vous allonger si cela vous convient, ou rester assise, à votre convenance, ça n'a pas d'importance réelle. Je tiens par ailleurs à préciser à nouveau que je ne travaille pas pour la Police Criminelle, je ne vous accuse de rien, et je ne vous jugerai pas. Je suis ici pour vous aider ; c'est vous qui avez choisi de me voir, d'ailleurs, mais si vous craignez que je ne vous convienne pas, je peux vous adresser à un collègue.
Essayez de vous détendre, et dites-moi ce qui vous pose tant de problèmes avec la police ou les psychiatres ? Vous avez déjà eu des rapports avec les uns ou les autres ? »
Nigel se renfonça dans son fauteuil, attentif aux langage corporel de Snow.
-
50 Dollars ? Bien, c'est correct. Bien que je persisterai toujours à dire que c'est de l'argent jeté par les fenêtres.
Mon verre entre les mains, je fais cliqueter les glaçons contre les bords en plongeant mon regard dans le liquide dorée qui miroite dans le fond. J'écoute ses premiers mots et forte de moi-même, je décide de m'allonger. Non pas que je trouve que la situation le préconise, mais je me sens lasse et j'ai comme à l'esprit que les choses que je pourrai dire, seraient susceptibles de me pousser à le faire par la suite. Autant le faire dés à présent.
Je m'allonge donc entièrement, prenant soin d'enlever mes escarpins vernis pour plus de confort et étends mes jambes en poussant un soupir d'aise, mes pieds caressant l'accoudoir à mesure que je laisse mon regard se perdre dans le plafond. La situation me parait vraiment étrange et je sens comme une tension dans mes épaules qu'il faut rapidement que j'évacue. Je prends une nouvelle gorgée de mon verre, ferme les yeux un instant et écoute sa première question.
Elle me fait sourire et je tourne la tête légèrement sur le côté pour plonger mon regard dans le sien.
- Des rapports ? Définissez rapports ? - je secoue la tête - Non... jamais de rapport avec un psychiatre. Enfin... si mais... - je fronce les sourcils et change de sujet - mais les forces de l'ordre... - je fais la grimace - déjà adolescente, je les avais toujours à mes trousses. En Angleterre, les règles sont bien plus strictes que partout ailleurs et étant une adolescente plutôt... particulière, il ne se passait pas un jour sans qu'ils ne viennent frapper à la porte de mes parents.
Et je me tais, le regard froid sondant de nouveau le plafond alors que je serre les dents avant d'avaler une nouvelle gorgée de mon verre. Je joue un instant avec les glaçons du bout du doigts, glissant par la suite celui-ci entre mes lèvres pour en récolter la saveur amère du malt et je tourne de nouveau la tête vers lui.
- Oh et puis bien sur, c'est sans compter sur le fait que je ne peux à présent plus faire mon boulot sans les avoir constamment sur le dos, sans mauvais jeux de mots - et je hausse un sourcil en esquissant un sourire - Pourquoi avez-vous choisi de faire ce boulot vous ?
Poser une question pour éviter d'avoir à en approfondir une autre. Une grande maîtrise des journalistes et aussi parce que j'ai comme la désagréable sensation que la colère en référence avec mon enfance, pourrait bien refaire surface.
-
Contrairement à ce qu'avait cru Nigel, Snow Burton s'étendit sur le canapé, se mettant à l'aise. L'analyste aurait parié qu'elle resterait assise, face à lui, dans une attitude de conflit. Elle avait également accepté le verre et les sushis, ce qui paraissait de bon augure. Peut-être commençait-elle à se détendre, ou à l'accepter dans son environnement humain immédiat – du moins pour le temps de la séance. Sa manière de lui répondre restait fortement teintée d'ironie, mais Nigel crut percevoir également une forme de souffrance lorsqu'elle évoqua son adolescence. La fille pouvait très bien être en train de lui raconter n'importe quoi, pour avoir la paix, mais il pensait qu'elle était sincère et jouait le jeu, en un sens. Tout de même, son allusion à une adolescence qu'elle qualifiait de particulière le laissait penser qu'elle essayait de lui dire « mais je suis bien une sorcière, même si tu n'y crois pas ». Elle y croyait vraiment, il faudrait creuser la question plus tard.
Par contre, de manière surprenante, Snow Burton semblait avoir effectivement eu de mauvaises expériences avec la police comme un psychiatre. C'était très prévisible, et justement pour cette raison, Nigel était surpris, l'expérience lui ayant appris que les choses étaient rarement aussi caricaturales qu'on le croit. Son instinct lui soufflait qu'il y avait plus qu'une adolescente délinquante ou une excitée se prenant pour une sorcière.
Snow exprima ensuite sa mauvaise humeur relative à son arrestation d'hier soir et la confiscation temporaire de sa carte de presse par la Police. Elle ne l'avait quand même pas volé et s'en tirait même à bon compte, mais il ne la blâmait pas : elle voyait les choses à sa manière, et elle avait l'habitude de penser que ses choix étaient souvent meilleurs que ceux des autres. Exactement ce qu'une fille avec qui il s'était envoyé en l'air alors qu'il faisait sa spécialisation en médecine lui avait dit, et cette fille était plutôt perspicace. Snow et lui semblaient avoir quelques points communs. Il sourit, amusé. Elle avait d'ailleurs l'esprit aussi mal placé que lui, également, ou alors, elle le provoquait. Nigel aussi usait de la provocation pour s'imposer, déstabiliser et séduire. Cette fille lui renvoyait un peu de lui … effet miroir. C'est surement pour cela qu'elle m'attire et m'agace en même temps, se dit-il.
Snow lui demanda pourquoi il avait choisi le métier d'analyste, visiblement mal à l'aise après ces quelques paroles. Une femme forte, peu habituée à se livrer, mais plutôt sensible sous ses dehors de dure à cuire. Sa diversion était tout de même un peu trop évidente …
« - Normalement, je ne devrais pas vous répondre, Mlle Burton ; le sujet, ici, c'est vous, pas moi. Vous essayez semble-t-il d'éviter de vous souvenir de choses douloureuses. Vous n'avez pas à le faire, si c'est trop dur pour vous, vous pouvez parler d'autre chose. Allez à votre rythme.
Toutefois, à titre exceptionnel, et parce que vous êtes une patiente un peu particulière, je vais vous répondre : je suis devenu analyste car le fonctionnement de l'être humain me fascine. Je n'ai pas une grande foi en l'homme, et pourtant, la complexité, les nuances du comportement humain exercent sur moi une fascination incroyable, je continue à être surpris et à apprendre, alors que tant d'autres domaines me paraissent … limités.
Et en vous aidant, j'apprends moi-même. »
Nigel regardait à présent Snow Burton avec une intensité inattendue. « Continuez à parler comme vous le faisiez à l'instant, vous vous débrouillez très bien. »
-
Je crois bien, depuis les 23 ans années de mon existence, que c'est bien la première fois que je me montre sincère face à un parfait inconnu qui m'interroge sur ma vie personnelle. D'ordinaire constamment sur la défensive et jugeant que je n'ai à me dévoiler qu'après de longues années en ma compagnie, je me pare de mensonges divers et tromperies de plus ingénieuses. Et là, par cette fichue soirée pluvieuse, voilà que je m'ouvre comme un coquillage, pour laisser perler une once de mon existence. Etrange tout cela... Qu'est-ce qu'il y a dans les coussins de son canapé ? A croire que le fait de se trouver chez lui aide à délier les langues.
Contre toute attente, il répond à ma question. Pour être honnête, je ne pensais pas qu'il le ferait, mais je suis ravie qu'il joue le jeu. Ca ne me permet que de me sentir plus en confiance et me poussera par la suite à me montrer plus conciliante. Un juste retour des choses, comme je le qualifierai. Je ne donne rarement rend sans rien, il est même rare que je donne après que l'on m'ait offert, mais les circonstances de ce soir, appellent à une toute autre chose. Il n'y a pas lutte, pas intérêt quelconque. Juste un médecin qui fait son taff, parce qu'on lui a demandé. Après tout, il aurait très bien pu passer outre la demande du flic concernant ces séances et laisser croire que je les avais bien effectué. Mais non, il y tiens vraisemblablement. Le corps médical et leur foutu serment, j'vous jure.
Je suis de nouveau invitée à continuer, j'aime même droit à un pseudo compliment qui me pousse à rouler les yeux au ciel. Je me débrouille bien... Parce qu'il y a peut-être une autre raison de faire que celle d'ouvrir simplement la bouche ? Tiens, étrangement c'est une pensée on ne peut plus déplacée qui me vient à l'idée à peine pensai-je ces mots et je souris en avalant une légère gorgée de mon verre. Ce n'est pas le moment que je me mette à avoir des pensées douteuses, je risquerai de bien laisser tomber mes bonnes intentions, pour jouer sur chacun de ses mots.
- Que je continue à parler donc. Et bien, j'ai apporté réponse à votre question. Je ne vois pas quoi dire de plus. Je hais la police et, ne le prenez pas mal, les mecs dans votre genre ! Sous vos airs de je sais tout, vous ne savez rien de rien et tentez pourtant à le faire croire aux yeux de tous. Vous vous contentez de griffonner sur votre foutu calepin pendant qu'on perd notre salive en balivernes qui n'ont ni queue ni tête et vous pensez avec cela pouvoir discerner si nous sommes oui ou non, sain d'esprit ?!
Je prends soudainement conscience que le ton de ma voix a augmenté et que j'ai serré les bords de mon verre si fort, que je pourrai presque entendre le verre crisser sous ma peau. Un rapide regard au plafond me fait prendre conscience que le lustre oscille dangereusement et je prends sur moi de me calmer immédiatement en m'éclaircissant la gorge, poing devant la bouche. Si je me laisse aller, il se pourrait bien que quelques objets se mettent subitement à traverser la pièce. Donc, de la mesure.
Je lui jette un regard dans lequel il peut voir des excuses. Ce n'était pas à proprement parlé pour lui que ces mots s'adressaient, bien qu'il soit exactement comme tous les autres, il reflète un peu moins cette aura guindée et détachée qui me met hors de moi. Le fait qu'il soit si jeune aussi peut-être...
Je pousse un long soupir destiné à laisser la tension que j'accumule, se répandre hors de mon corps et tout en m'étirant sur le sofa, je glisse un bras derrière ma tête et replie une jambe sur l'assise.
Je recommence ma petite manie en me mordant l'intérieur de la joue et je passe ma langue sur mes lèvres avant de continuer.
- Je me laisse bien rapidement m'emporter. Et ça, vos congénères et ces gentils messieurs de la gendarmerie, n'apprécient que moyennement... -et je continue dans une voix si basse que je pense être la seule à l'entendre - alors que je pourrai tous vous réduire en cendres à la seule force de ma pensée.
Et j'arque mon corps un instant pour faire craquer mes articulations qui deviennent soudainement douloureuses sous le stress avant de faire cliqueter les glaçons de mon verre devant mes yeux, dépitée de constater qu'il est à présent vide. Un rapide regard vers mon psychiatre et un sourire en coin l'informant que je souhaiterai vraiment voir celui-ci se rendre utile en le remplissant quelque peu. Le verre, hein !
-
Cette fille a l'air en colère contre le monde entier. Lorsque Nigel lui avait parlé pour la première fois la nuit passée, il pensait que la journaliste était furieuse de s'être faite prendre sur les lieux du meurtre et qu'elle se servait de cette histoire de sorcellerie pour éviter de de voir répondre à des questions gênantes. A présent, il songe que Snow Burton semble avoir de sérieuses difficultés à digérer certains épisodes de son passé, et que la sorcellerie est devenue une des illusions dont elle se sert pour conserver un équilibre dans sa vie. C'est sa manière à elle de survivre à des événements qui seraient insupportables pour elle autrement, en quelque sorte. Sera-t-elle capable de parler des origines de cette rage qu'il entend ce soir ?
La lumière au plafond vacille. Curieux. Nigel n'a rien perçu qui pourrait expliquer cela. Peu importe, au fond … Il se concentre à nouveau sur la fille, dont il perçoit le tic nerveux – elle se mord l'intérieur de la joue. Cela prouve certainement qu'elle joue franc jeu dans cette séance, ce dont il ne peut que se réjouir.
La voilà qui évoque à nouveau ses pouvoirs surnaturels, cette fois en menaçant tout le monde de mort par simple pensée de sa part. Un fantasme révélateur … Snow tend son verre à son intention. Soit, il la ressert, attention tout de même à ne pas la laisser s'enivrer, la situation serait difficile à gérer. Le livreur arrivera bientôt avec les sushis, un peu de nourriture l'empêchera d'être trop sous l'emprise de l'alcool. Nigel se sent saliver à la simple pensée des sushis, il meurt de faim.
Le psychiatre regarde Snow Burton avec un sourire encourageant, et lui demande :
« - Vous semblez déborder de colère, pourriez-vous me dire à quoi elle est due ? Quelles sont les origines de cette colère ? »
Nigel se demande quand même si ce qu'il fait va aider d'une quelconque manière Yamazaki. Au fond, le sergent et lui pensaient que Burton jouait la comédie et irait tôt ou tard tenter de reprendre ses investigations, ou encore prouver qu'elle avait un lien avec l'affaire du meurtre atroce commis dans l'appartement où elle avait été arrêtée. Au lieu de ça, Snow Burton laissait tomber l'affaire, en apparence du moins, et semblait jouer le jeu sur cette séance avec lui. Soit elle était plus forte qu'il ne l'avait cru pour jouer la comédie, soit elle était sincère et elle avait sérieusement besoin qu'on l'écoute un peu. On allait bien voir ...
-
Comment puis-je être une personne et en être une toute autre au même moment ? Moi qui mesure mon tempérament à celui des orages, je me vois me montrer aussi conciliante qu'on puisse l'être face à un psychiatre, sans que l'on exerce sur moi la moindre pression particulière. Je trouve ça étrange et... fort désappointant.
Il répond à ma demande muette de remplir mon verre et je m'en trouve soulagée. Je ne suis pas femme à aimer sentir les volutes de l'alcool embrumer mon esprit au point de le rendre inefficace et à vivre avec deux frères que l'alcool n'effraie pas, m'a appris à savoir garder les idées claires en n'importe quelles circonstances. Je sais donc mettre un terme à mes beuveries avant qu'elles n'atteignent le point de non retour. C'est donc par un regard que je le remercie et me rassies pour boire une gorgée, avant que je ne pose le verre sur la table, signifiant que j'allais parler.
- Je ne déborde pas de colère. Je suis la colère. Et ça me ronge de ne pouvoir laisser exprimer tout cela comme ça me chante. Voyez-vous, même si vous restez silencieux face à mes aveux, vous n'en êtes pas moins comme tous les autres.
Je me relève, écartant mes escarpins du bout de mon pied alors que je fais quelques pas dans la pièce, les bras croisés derrière mon dos. Je laisse mon regard parcourir le salon, constatant du nombre incalculable de livres sur les étagères et sans me retourner, je continu de m'exprimer.
- Oui j'ai été voir différents psychiatres. Oui je porte la police en horreur. Et pourquoi ? Toujours pour les mêmes raisons qui me poussent à me trouver chez vous ce soir. Toujours les mêmes sempiternelles accusations. Je suis folle n'est-ce pas ? Regardez cette femme qui pense pouvoir appeler à elle les forces obscures de la nuit ? Regardez comme elle se persuade d'être capable de faire toutes ces choses ? Simple d'esprit qu'elle est... C'est bien cela que vous pensez ? Avouez-le....
Non de se montrer menaçante, ma voix prend une teinte rauque et déterminée. Mon regard ne quitte plus le sien alors que je me suis rapprochée de sa grande table de salon, dont je tiens fermement les bords dans mes poings pour canaliser ma colère. Ma respiration se fait désordonnée alors que je laisse mon regard se poser sur la lampe qui trône sur le chevet à côté de son fauteuil. L'ampoule grésille un instant, puis se rallume, avant de nouveau grésiller et de s'éteindre dans un tintement strident.
J'avance alors de nouveau dans la pièce, faisant quelque pas d'une démarche lente et précautionneuse, comme si je marchais sur des oeufs et je m'approche du fauteuil du psychiatre, prenant appuie sur ses deux accoudoirs et rapprochant dangereusement mon visage du sien.
-Vous ne croyez en rien de ce que je peux bien raconter, n'est-ce pas Mr Barclay ? - J'esquisse un sourire - Un homme tel que vous dans ce monde, devrait apprendre à avoir l'esprit plus ouvert.
Et je me penche légèrement vers l'avant pour faire claquer mes dents proche de son oreille, avant de me redresser d'un mouvement leste et de partir de nouveau m'asseoir sur le canapé. Je reprends mon verre entre mes doigts et jele porte à mes lèvres pour avaler une gorgée de son contenu. Je lève de nouveau le regard vers Barclay et montre la porte d'un geste du menton.
- Allez ouvrir, le livreur est là. Il peine visiblement à trouver la sonnette.
Et un sourire illumine mon visage alors que la sonnette retentie à l'instant.
-
Tout en se levant pour aller recevoir le livreur de sushis – sur ce point, il était convaincu que l'intuition de Snow Burton était fondée -, Nigel se posait quelques questions sur la qualité de son installation électrique. D'abord la lumière du plafond, ensuite la petite lampe, le hasard faisait bien les choses pour accréditer le petit numéro de la journaliste. Visiblement, elle n'aurait de cesse de mettre en avant ses talents occultes tant qu'il ne relèverait pas ses allusions à ce sujet. Soit, il allait lui demander d'être plus convaincante qu'en salle d'interrogatoire.
Nigel ouvrit la porte, paya un livreur de sushis trempé jusqu'aux os par une pluie qui devenait torrentielle. Peut-être fallait-il chercher l'explication des perturbations électriques de son appartement dans les aléas de la météo. A moins que Snow Burton ne soit la réincarnation d'Ororo Monroe alias Storm des X-Men, se dit-il en souriant. Il referma la porte, s'assit et partagea les sushis avec sa patiente.
« - Bon, avant que nous ne continuions la séance, Mlle Burton, je souhaiterais vous dire quelques mots, et que vous y réfléchissiez sincèrement quelques minutes avant de vous mettre en colère ou que vous me répondiez. Tout d'abord, je suis loin de vous prendre pour une idiote : vous me paraissez au contraire être douée d'une certaine vivacité d'esprit. Le fait que vous croyiez être douée de pouvoirs surnaturels ne fait en aucun cas de vous une sotte, des gens très intelligents ont flirté avec l'occultisme par le passé, comme le Comte de Cagliostro, ou Leonard de Vinci … Je vous accorde que mon expérience ne m'a toutefois jamais mis en présence de phénomènes de cet ordre. Ceci dit, si vous pouvez me faire une démonstration claire, indiscutable de vos pouvoirs, j'en reconnaîtrai l'existence avec plaisir.
Comprenez bien, en revanche, que le fait que vous soyez une sorcière ne change pas le fait que vous soyez un être humain, et que la colère terrible que vous manifestez finira par vous consumer tôt ou tard. De même, il semble que vous ayez mal vécu des épisodes de votre adolescence, et je pense qu'il serait utile que vous vous déchargiez de ce poids en analyse avec moi. C'est cette colère qui vous fait frapper un agent de police, le rituel que vous sembliez vouloir mener à bien à l'intérieur de l'appartement ne dérange personne … En tout cas aucun représentant des forces de l'ordre.
Je ne suis pas ici pour vous juger en tant que pratiquante des arts occultes ou non. Si vous souhaitez me faire la démonstration de vos talents, n'hésitez pas, cela m'ouvrira des perspectives ; mais en séance, je m'intéresse à votre personnalité, à votre côté humain. »
-
Les sushis sur la table, mon ventre se met à gargouiller et je pose ma main dessus en sentant mes joues rosir légèrement. Il me tend ma part et je lui adresse juste un regard avant de le remercier et d'ouvrir la boite. Je prends le temps de regarder ce qu'elle me propose et pousse un soupir de satisfaction. Je meure littéralement de faim mais je trouve la situation presque inconfortable. Combien de patients peuvent se vanter d'avoir partagé une assiette de sushis en compagnie de leur psychiatre, lors d'une séance ? Je ne dis pas être la première, mais je suis certainement l'une des rares personnes qui se trouve dans ces circonstances.
Je glisse un sushi entre mes lèvres à l'aide des baguettes et je ferme un instant les yeux en appréciant le goût on ne peut plus raffiné de ce met de choix. Je repose ensuite mes instruments sur la table et l'écoute patiemment parler.
- J'avais compris effectivement qu'ici, tout était neutre, que vous ne cherchiez pas à me juger, mais n'êtes vous pas là non plus pour établir un "diagnostic" ? En d'autres termes, un jugement. Permettez-moi de rester septique sur cela, ce n'est guère simple de raconter sa vie à un inconnu le plus total lorsque l'on ne dispose pas de trois grammes dans le sang en étant accoudé à un comptoir de bar.
Et je reprends une gorgée de mon verre, en faisant la grimace en avalant un morceau de glaçon.
Je comprends que tout ce qu'il cherche à faire, part d'une bonne intention, je ne peux pas l'en blâmer. Mais mes expériences passées me laissent toujours un goût amer dans la bouche et je ne peux m'empêcher de penser qu'il se passera exactement la même chose. Cependant, je m'adosse plus confortablement dans le canapé et croise les jambes en posant mes mains sur mes cuisses, prête à continuer.
- Etant adolescente, j'ai souvent eu à me retrouver devant des personnes comme vous. Je voyais des choses, je faisais des choses, que moi-même je ne comprenais pas. Au lieu de me croire, de m'aider à comprendre, tout ceux de votre espèce n'ont cessé de me traiter comme une simple d'esprit, considérant mes allégations comme pure fabulations. Ils étaient stupides de penser cela - je baisse les yeux, serrant les dents - stupides de ne pas me croire.
Mon regard se fait fuyant alors que je me remémore mes diverses entrevus avec les forces de l'ordre suite à cela. Les longues nuits passées entre les murs glaciaux des cellules, les regards inquisiteurs et suspicieux, l'odeur du café vieux de plusieurs jours. Ils avaient raison pourtant de se méfier. J'étais bien coupable des crimes qu'ils me reprochaient, mais une fois de plus, ils ne me pensaient pas capable de commettre de telles choses, alors pourquoi leur en donner la preuve.
- J'ai passé ensuite de nombreuses heures au commissariat car... ces psychiatres, imbéciles et prétentieux psychiatres, n'ont soudainement plus donné signe de vie. Certainement se sont-ils lassé ? - Je laisse un sourire mauvais se pâmer sur mon visage - J'ai donc été la première suspecte. Mais encore une fois, personne ne pensait que j'étais capable de quoi que ce soit, alors sans preuve, pas de suspect... Pas de punition. Mais peut-être voulais-je justement être puni pour mes méfaits. Vous comprenez ? Vous, me croirez-vous si je vous montre....
Mon regard se perd dans la sien, je ne me dépeins pas de mon sourire et un souffle léger viens balayer ma chevelure, laissant mes cheveux virevolter devant mon regard. Ce même souffle caresse la peau de la joue de mon vis à vis et il peut à présent sentir comme une main se faufiler dans ses cheveux, massant son cuir chevelu comme le ferait une demoiselle dans un salon de coiffure. Une deuxième main invisible se pose sur son ventre et remonte doucement le long de ses pectoraux, effleurant à peine les boutons de sa chemise et se logeant contre sa gorge avant d'y exercer une légère pression.
La main dans sa chevelure tire sa tête vers l'arrière d'une poigne solide, tandis que la seconde, caresse sa carotide du bout des doigts en maintenant sa pression.
Je me relève alors, mon sourire toujours aux lèvres et avance de quelques pas vers lui, repoussant la table basse d'un geste du pied, avant de poser celui-ci sur le bord du fauteuil, entre ses jambes. Mon verre entre les mains, j'avale une gorgée brûlante, ne le quittant pas du regard.
- Me croyez-vous, Nigel Barclay ? - la main dans ses cheveux le contraint à tirer plus fermement sa tête vers l'arrière - ou faut-il que je me montre plus persuasive ?
-
Victime pour la première fois de sa vie d'un vrai maléfice, lancé par une vraie sorcière, Nigel paniqua un instant. Il tenta de faire lâcher prise aux mains d'air qui semblaient le tenir, en pure perte . Il essaya de se dégager en force, mais ce qui lui maintenait la tête en arrière, quoi que ce soit, avait une poigne de fer, résolument inhumaine. Pendant ce temps, la sorcière s'approcha de lui et le nargua, goûtant sa vengeance contre l'ordre établi, cruelle et dominatrice – encore que son discours dénote un désir tout autre, mais Nigel n'avait guère envie de continuer à jouer les analystes en cet instant.
« Ca ira, Burton, je suis convaincu que vous êtes une sorcière ! A présent, de grâce, arrêtez ça, je pense que vous vous êtes suffisamment vengé sur moi de ce que vous avez subi par le passé ! Et si c'est une punition que vous cherchez, je vous la donnerai avec grand plaisir, croyez-moi ! Mais dans l'immédiat, arrêtez votre sort et souvenez-vous que je ne vous ai rien fait, je vous ai même tirée de prison, moi, contrairement aux autres dont vous avez parlé ! »
Le regard calme que se composait Nigel en tant que professionnel avait fait place à une lueur flamboyante mêlant peur et une colère violente, inquiétante même – mais le psychiatre lui-même aurait douté que cela seul suffise à faire pencher la balance en sa faveur. Nigel Barclay tenta, dans un dernier élan, de saisir Snow par sa robe pour la forcer à se pencher vers lui. Il sentit confusément un bruit de tissu qui craque ou se déchire alors qu'il tirait des deux mains et entrevoyait le visage de la sorcière, surprise et furieuse, face au sien. Il commençait à perdre conscience à cause de la pression sur sa carotide qui s'était accentuée lorsqu'il avait agrippé la sorcière. Nigel se mordit convulsivement la langue, la douleur lui donna un dernier sursaut d'adrénaline et il raffermit sa prise sur la femme.
« Snow … Stop … Pas ton ennemi, bordel ... »
-
Je crois bien que c'est la première fois que je fais part de mes prouesses face à quelqu'un tout à fait disposé à les croire. A les croire ou justement à me prouver que je fabule. Et pour l'heure, les fabulations sont bien loin, les faits étant là. Mis en évidence autour de sa gorge et au dessus de sa tête, bien ancrés dans sa chevelure - au demeurant soyeuse. Je sens cette adrénaline monter en moi, cette excitation qui me submerge alors que son regard ne quitte pas le mien et que je pourrai à tout instant, porter atteinte à ses jours. Mais je ne le veux pas. Plus après ses premiers mots.
De simples mots, ceux que j'avais besoin d'entendre. "Je suis convaincu que vous êtes une sorcière". Non prononcés en levant les yeux au ciel sous l'exaspération comme nombreux ont été à même de le faire, non prononcés avec dédain pour me cracher en plein visage la folie dont je fais preuve de nouveau en proférant pareilles sornettes. Non. Prononcés avec sincérité.
Aux termes, punition, je manque de perdre le fil et de mes pensées et relâcher la prise sous l'étonnement mais je sens qu'il tire sur ma robe et le craquement que j'entends me fais reprendre court à mes occupations, accentuant la prise que j'ai sur sa gorge à mesure que mes dents se serrent l'unes contre l'autres. Je ne constate pas encore des dégâts, mon regard focalisé dans le sien alors que je ne décolère pas. Mais voilà, il prononce les mots qui signeront sa délivrance. Le mot, plus précisément. Mon prénom. Tout simplement. Je crois bien que c'est la première fois qu'il le prononce. Certes dans un élan désespéré, mais il est bien là. J'échappe la tension contenu dans mes épaules et j'ôte mon pied de l'assise de son fauteuil, le délestant par la même occasion des forces invisibles qui le maintiennent à ma merci.
Je m'écarte d'un pas, le laissant reprendre son souffle alors que mon regard ne le quitte pas. Je sens comme étrange rougeur me monter aux joues. De l'excitation de l'avoir traité ainsi ? Une étrange situation qui ne s'est encore jamais produite. Généralement... Je ne leur laissé pas reprendre leur souffle. Je baisse le regard, hagarde et me détourne de lui, faisant quelques pas sur le côté avant de m'arrêter proche du canapé, la main sur le dossier que je caresse nonchalamment du bout de mes doigts, perdue dans mes pensées.
Pour une étrange raison, je n'ose pas me retourner. Comme si je considérai le travail inachevé, la crainte de reprendre où j'en étais restée me vrille les entrailles. Pas mon ennemi... Hum.. en effet. M'excuser ? Hors de question. Il voulait une démonstration, c'est chose faîte. Je retrouve alors de ma superbe et relève la tête, non sans me retourner vers lui et finalement, je retrouve mon sourire qui peut aisément se sentir dans ma voix.
- Ravie de constater que vous concédiez à me croire en tant que tel à présent, "docteur". J'espère que vous ne manquerez pas dans informer vos semblables si le besoin s'en faisait sentir...
Un souvenir me revient soudainement en mémoire et je baisse immédiatement la tête. Et merde ! Ma robe ! La pauvre se voit flanquée d'une grossière déchirure sur tout le pan droit, de l'ourlet au haut de la cuisse. Je tape du pied par terre, bien décidée à faire part de mon mécontentement quand il aura recouvré ses esprits.
-
Au moment où il commençait à perdre connaissance, Nigel sentit l'étreinte se relâcher. Il aspira désespérément une grande goulée d'air, sentit une douleur quand il traversa sa gorge. Son champ de vision revint peu à peu à la normale, sans que Nigel fut capable d'associer ce qu'il voyait à quoi que ce soit de cohérent pour le moment. Sa seule pensée était que la magie existait, que Snow était une sorcière, et qu'elle pouvait tuer sans prévenir. Elle était dangereuse, et il lui faudrait soigneusement peser ses paroles comme ses actes pour espérer se tirer de ce mauvais pas. Un psy hors pair aurait tenté de discipliner ses mauvais instincts – il devait être possible de se servir de la magie de manière positive et non pour persécuter ou tuer son voisin, après tout, non ? - mais dans l'immédiat, Nigel pensait surtout à survivre et éventuellement à faire payer à Snow la frayeur qu'elle venait de lui occasionner.
Snow était revenue près du canapé, les joues rouges et les yeux brillants, l'air excitée. Elle remarqua alors l'état de sa robe, et Nigel se souvint du craquement entendu lorsqu'il avait désespérément tenté d'agripper la sorcière. Il ne l'avait pas ratée, cette robe, au moins, et il se sentit empli par un sentiment de satisfaction vengeresse aussi mesquin que réconfortant.
« -La prochaine fois, Snow, si vous pouviez vous contenter d'une démonstration moins agressive de vos talents, je vous en serais extrêmement reconnaissant. Vous m'avez fichu une sacrée trouille ! »
Nigel se servit un verre plein à ras bord, au diable la modération, il avait bien besoin d'un petit remontant, d'un sacré remontant, même ! Il se leva et ôta sa veste, la jetant sans cérémonie sur le sol, avant de déboutonner le haut de sa chemise. De l'air, de l'air !
« - Que vous vous serviez de sorcellerie ou d'un .357 Magnum, Snow, c'est pareil pour moi, le problème, ce n'est pas la méthode, c'est votre intention meurtrière. J'espère que vous comprenez ça. Vous avez des dons qui font de vous un être d'exception, mais ça ne vous dispense pas de respecter la vie d'autrui ! Je vous sais gré d'avoir épargné la mienne à l'instant, mais franchement, vous mériteriez que je vous inflige une bonne correction après ce coup-là ! Du reste, c'est bien ce que vous-même suggériez à l'instant, me semble-t-il ? »
-
Je lui tourne toujours le dos, tentant au mieux de redevenir maîtresse de moi-même. Cette sensation étrange que l'on ressent lorsque l'on se voit dominer une personne par une force quelconque, est à la fois grisante et effrayante. Mon esprit me hurle de poursuivre jusqu'à ce qu'il hurle sa soumission, tandis que mon coeur me somme de me modérer et de lui accorder délivrance. Ce que j'ai consenti à faire puisque je peux l'entendre à présent reprendre son souffle et se servir un verre qu'il avale d'une traite, cherchant certainement à réhydrater sa trachée et reprendre ses esprits.
Je me retourne alors, non confuse pour le moins du monde. Satisfaite même d'avoir pu prouver enfin de quoi j'étais capable à quelqu'un qui sera encore en mesure de le raconter à qui veut bien l'entendre. Une sorte d'empreinte que je laisse demeurer dans son esprit à jamais, une preuve de mes agissements comme je tentais depuis toujours à apporter à ces autres congénères sans qu'ils ne m'en laissent l'occasion. Je lui octroie alors le titre de messager de mes plus viles pensées.
Il se lève, enlève sa veste et se déleste de quelques boutons de sa chemise, cherchant certainement le réconfort d'un air salvateur qu'il semble avoir étrangement perdu depuis quelques minutes. Je suis clémente n'est-ce pas ? Mais qu'aurai-je donc retiré de ce nouveau meurtre ? Peut-être la certitude que cette fois, la police fonderait de réels soupçons contre moi et reconnaitraient mes actes à leurs justes valeurs . L'incarcération demeurerait alors la chute inévitable à cette histoire, mais étrangement, il semble que ce soit ce que je recherche, comme une étrange pulsion qui me pousserait à vouloir être réprimandée pour mes actes.
Je secoue la tête et la redresse aussitôt sous les mots qu'il prononce. J'avance de quelques pas dans sa direction, pestant intérieurement en sentant l'air caresser ma cuisse par la déchirure qu'arbore à présent ma pauvre robe et je m'arrête à sa hauteur, relevant légèrement la tête pour que mon regard croise plus intensément le sien.
- La punition donc ? Vous allez donc me dénoncer à la police ? Me faire interner peut-être ? - je le contourne à présent, d'une main sur son épaule je laisse mon regard détailler sa personne comme si je cherchais à en imprégner mon esprit afin de pouvoir redessiner les contours plus tard - Ca ne serait que justice après tout. Depuis le temps que la police cherche à identifier la réelle personne derrière toutes ces étranges disparitions de psychiatres - je me hisse sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille - alors qu'ils l'avaient sous les yeux depuis le début de leurs investigations.
Et je regagne le sol de mes pieds, réapparaissant dans son champ de vision, me tenant à présent face à lui, le regard noir de nouveau, mais dont la lueur meurtrière a su rapidement laissée place à une lueur de défi. Un mélange de vengeance occasionnée par la déchirure de cette robe hors de prix et le défi de le contraindre à mettre son plan à exécution en allant la dénoncer à la police.
Elle tend la main vers la gorge précédemment meurtrie, l'encerclant doucement de mes doigts et laisse apparaitre un sourire carnassier.
- Vous aurez même les preuves nécessaires à mon inculpation... docteur !
-
Nigel avait à peu près retrouvé ses esprits et un peu de sang-froid lorsque Snow se mit à fanfaronner de plus belle en clamant être responsable des disparitions de nombreux confrères. Une sorcière serial psychiatrist killer, où va le monde ? Si c'était vrai, il était urgent d'arrêter Snow Burton, avant de devenir le prochain sur la liste.
La fille semblait en pleine crise d'hystérie, visiblement incapable de se dominer, allant et venant près de lui en alternant menaces et défis, tous dans le registre de la punition et du châtiment. Le discours tout entier faisait penser à celui d'une personne qui accumule les grosses bêtises afin d'obtenir l'attention qu'elle réclame, assortie d'une preuve d'autorité. Jusqu'ici, rien de trop grave … En revanche, le fait que la patiente soit une sorcière capable de meurtre risquait fort de poser problème, et encore, c'était un euphémisme. La seule bonne nouvelle, au fond, c'était que cette excitée de Snow avait épargné sa vie, pour l'instant en tout cas. Vu son état de stress, elle pouvait très bien changer d'avis dans les secondes à venir et tenter de repeindre la pièce en rouge. Comme pour la scène du crime sur laquelle elle s'était faite pincer, songea Nigel … Ce meurtre était-il imputable à Snow Burton ? Pourquoi serait-elle revenue sur place, en ce cas ? Pour des raisons occultes ? Par défi, ou pour se faire « punir » ? Ou y avait-il d'autres personnes ou êtres baignant dans ce monde de l'occulte dont il admettait soudain l'existence ? Un esprit, ou un autre sorcier … ?
Nigel était en train de se demander s'il aurait le cran et l'occasion de mener une enquête sur un meurtre tout en essayant de soigner une sorcière potentiellement coupable de meurtre sans finir lui-même en charpie, quand Snow vint poser sa main sur sa gorge encore douloureuse. La provocation que lui lança Snow Burton à ce moment fit déborder l'agressivité jusqu'alors contenue de Nigel. Furieux, motivé par un désir de revanche sur Snow, il eut aussi peur qu'elle ne finisse par le tuer s'il ne prenait pas le contrôle de la situation, d'une manière ou d'une autre.
« -Vous voulez être punie, Snow ? Je vais vous donner satisfaction, et immédiatement, encore ! » rugit l'analyste, les traits déformés par la rage et la peur. Il saisit la sorcière par sa chevelure à l'arrière du crâne, la força à se mettre à genoux en un clin d'oeil avec une grande brutalité, et dans le même mouvement, finit de lui arracher sa robe. Sans s'attarder à contempler la nudité de Snow, il commença à lui administrer une fessée retentissante, tapant sans retenue sur le postérieur de la sorcière, qui poussa des cris de surprise et d'indignation tandis que ses fesses rougissaient à vive allure.
« -C'est ça que tu veux, hein, Snow ? Ca te plaît ? »
-
Les traits de son visage se déforment. C'est bien de la colère que je perçois en cet instant non ? Alors, le calme et posé Docteur Barclay, est susceptible lui aussi de se laisser aller à ces sombres sentiments ? Bien étrange pour une psychiatre, qui devrait au demeurant, rester un modèle de vertu face à ces clients. Tels qu'ils soient. Et d'autant plus lorsqu'ils se révèlent être dangereux. La colère provoque la colère. Lorsque l'on se trouve face à un miroir, nous n'avons de cesse que de reproduire les mêmes gestes, aussi, je comprends à présent parfaitement que la lueur de son regard change et qu'il en vienne à laisser de côté son calme olympien.
Mais ce n'est pas tout. Il n'y a pas que la rage que dépeint son visage. Je peux clairement y voir, de la peur. Comme dans ces regards autrefois, de ces hommes qui m'ont supplié de leur accorder la vie sauve, supplications auxquelles je n'ai jamais apporté suite favorable. Ce sentiment, provoqué chez les autres, réveille en moi des sensations de domination extrême, de pouvoir dans limite. Une envie d'apposer mon joug à qui serait susceptible de croiser mon chemin. Mais il faut que je me calme, que je taise ces pulsions qui ne feraient que raffermir ma prise sur sa gorge, alors que je ne faisais que mimer les traces qu'elle arbore déjà.
Et c'est là que tout dérape. Que je perds le fil des choses.
La colère mélangée à la peur offre un constat étonnant de bravoure. La colère pousse à la puissance, la peur à l'audace et alors qu'il prononce ces premières paroles, je lâche sa gorge, les doigts en suspend et tente un mouvement de recul. Sa main empoigne alors ma chevelure et par un appui forcé, je me vois contrainte de gagner le sol durement, mes genoux heurtant le tapis alors que je m'apprête déjà à me relever. Mais une nouvelle manoeuvre me pousse à hoqueter de surprise. Il déchire ma robe comme un vulgaire morceau de tissu, laissant les pans se répandre à même le sol et déjà une main s'abat durement sur mes fesses, me poussant à pousser un premier cri de surprise. Les choses se passent tellement vite que j'ai peine à réaliser, mais bientôt, une nouvelle claque me remet les idées en place et c'est dans un souffle que je pousse un nouveau cri, mon front heurtant le moelleux du tapis.
La frontière entre le médecin et son patient vient de voler en éclat et alors qu'il s'adresse de nouveau à moi, occultant la bienséance du vouvoiement, je serre les dents de colère, mes poings serrant à présent un des morceaux de ma robe qui jonchent le sol
Je cherche au plus profond de moi les énergies nécessaires à la rébellion mais la colère qui devrait me caractériser se voit trop rapidement rongée par la honte et la surprise. Je serre les dents sous la nouvelle claque retentissante, sentant mes ongles infiltrer ma peau alors que je tente encore de me relever, sans succès. Des larmes de frustration pointent au coin de mes yeux et je garde un instant le silence, poussant de longs soupirs entremêlés. Mon regard se porte sur ces poings que je serre toujours fermement et je trouve la force de me redresser, les genoux tremblant, ressentant une douleur lancinante sur mes fesses, celle-ci pourtant toujours couverte de mon shorty. Je me sens humiliée et avilie et la punition que j'attendais depuis si longtemps, laisse un goût amer au fond de ma gorge. Je ne m'attendais pas à ça ! Je pensais punition correctionnelle. Juridique ! Mes mots laissaient-ils à penser autre chose ? Aurai-je sans m'en rendre compte, ouvert une porte dans son esprit lui laissant croire qu'il pouvait me soumettre à ses pulsions correctrices ?
Une nouvelle claque me fait pousser un nouveau cri, plus strident alors que je resserre immédiatement les dents, rageant de ne point trouver cette énergie, d'ordinaire dévastatrice en moi, comme si celle-ci sommeillait, consciente qu'il faille que je subisse la chose.
- Arr... Arrêtez ! Arrêtez ça ! Je.. Aahh... Je vous le ferai payer !
Ses mots me tordent les entrailles alors que je cherche à ne pas les entendre et malgré tout, j'arrive à glisser sur le tapis, légèrement hors de sa portée, tentant à présent à me remettre debout.
-
Légèrement haletant, mais plus serein qu'avant suite à ce rituel cathartique de fessée opéré sur une Snow qui l'avait amplement mérité, Nigel se releva lui aussi pour faire face à la sorcière, se plaçant à quelques centimètres d'elle à peine, autant pour marquer la puissance qu'il essayait d'afficher face à elle que pour pouvoir tenter de la saisir si elle se mêlait de lui lancer à nouveau un sort. Il savait qu'il la dominait nettement physiquement, mais en cas de nouvelle crise de rage de la part de la sorcière, il ne se donnait pas gagnant. Il avait vraiment intérêt à asseoir sa domination sur la fille pendant qu'il en est encore temps, il le savait.
Aussi Nigel prit-il fermement Snow par les épaules, l'empêchant de se relever tout à fait ; tout en lui faisant éprouver sa force physique, il la jaugea de la tête aux pieds, comme une proie conquise, espérant qu'elle se sente déstabilisée par son regard lubrique sur elle. Il faut bien dire que sa robe n'était plus qu'un lointain souvenir, et les restes qui pendaient offraient un spectacle plutôt minable ; son shorty était à présent bien en vue, et le jeune psy s'en amusa, le shorty avait à son avis un côté un peu sage qui ne correspondait guère à Snow, il l'aurait davantage imaginée en string. Espérant qu'elle était au moins un tout petit peu déstabilisée, Nigel reprit :
« - Et maintenant, écoute, Snow ! Oui, tu es une sorcière, mais ça ne te donne pas le droit de faire n'importe quoi ! Je ne vais pas te balancer aux flics ou te fourrer à l'asile, ça, c'est toi qui en parle pour la provocation. Ce dont tu as besoin, c'est d'être cadrée, et punie le cas échéant, puisque c'est ce que tu cherches. Tu veux expier tes fautes ? Tu veux être écoutée, reconnue comme celle que tu es ? Alors ouvre-toi à moi, et je te promets de te traiter avec équité ; mais en échange, témoigne-moi ton respect ! »
Nigel saisit Snow par les bras et la força à le regarder droit dans les yeux, attendant sa réponse.
-
Je sens qu'il bouge derrière moi, je sens son souffle, sa respiration haletante marquant une pause dans ses agissements et je ne ressens plus la pression qu'il exerçait pour me maintenir en place. Quelques secondes plus tard, il réapparait dans mon champ de vision et il peut voir à présent toute la colère qui illumine mon regard. Je peux sentir que mes joues sont confusément rouges et je n'ose qu'à peine bouger alors qu'il reste là, planté de toute sa stature, cherchant certainement à prouver qui porte la culotte, pour employer des termes polis, bien que ce soit plutôt les autres qui me viennent à présent à l'esprit.
Je pourrai le tuer à cet instant si je m'en laissais les moyens. Le clouer sur place, le laisser s'effondrer sur le sol alors que la peur, que dis-je la terreur, se lirait sur son visage alors que je le surplomberai de toute ma hauteur, que je lui démontrerai clairement qui commande, avant de lui assainir le coup fatal. Mais pour une raison qui m'échappe, je ne le fais pas, patientant seulement sagement, les dents serrées au point que je pourrais en sentir craquer l'émail et les poings comprimés à m'en faire blanchir les phalanges.
Je relève un bras pour couvrir ma poitrine qui demeure savamment cachée sous mon soutien gorge et je soutiens son regard emplie de pensées perverses, que je peux aisément deviner.
Il parle un instant et je tourne la tête, agacée par ses jérémiades paternalistes et ce n'est que lorsqu'il me prend vivement par le bras, m'obligeant à siffler entre mes dents, que je capte de nouveau son regard. Cette fois, s'en est trop. Je ne peux pas contenir la colère qui me submerge et je me défais de sa prise d'un seul coup d'épaule avant de me relever à l'aide du canapé, grimaçant sous la douleur lancinante que je ressens dans l'arrière train et le repousse violement, les mains à plat sur son torse.
Cette proximité soudaine m'agace. La droiture de son corps, les centimètres significatifs qui laissent clairement voir que debout, il me domine aisément, me mettent hors de moi. Je le repousse alors encore, plus fermement, le faisant chanceler jusqu'à ce que ses mollets heurtent la table basse et d'une nouvelle poussée, il en perd l'équilibre et tombe les fesses sur la table, renversant au passage tout ce qui s'y trouvait.
Je me retourne alors rapidement, attrapant mon sac et fouille à l'intérieur avant d'en retirer un bracelet d'or, sertie de rubis étincelants. Je rejette le sac sur le canapé derrière moi et je regarde mon trésor un instant, faisant rouler mes dents entre elles avant de finir, dans un geste irréfléchi, par le glisser à mon poignet.
Immédiatement, le bijou, comme animé de volonté propre, enserre ma peau et je fais légèrement la grimace sous la pression. Je replonge mon regard dans le sien.
- Tu veux de l'équité ? En voilà de l'équité ! Ca te vrille de voir qu'une femme qui dispose de certains pouvoirs puisse avoir le dessus sur toi, toubib ! Mais voilà, regarde, je me mets donc à ta hauteur en me privant de toute magie avec cela !
Ma voix arbore un timbre impérieux et prétentieux et j'avance des quelques centimètres qui me séparent de lui, posant un genou sur la table à côté de sa cuisse, tandis qu'une de mes main se pose sur son épaule avant que l'autre ne prenne le col de sa chemise dans une poigne solide. Je rapproche mon visage du sien, n'arborant plus aucune expression et mon regard défi le sien avec autorité.
- Etre cadrée ? Cesse donc de t'adresser à moi comme à une gamine ! Il n'y a que moi qui décide de ce que je veux et personne d'autre ! Et le respect t'a déjà été suffisamment accordé en te laissant la vie sauve, tu n'es pas d'accord ?
Mon corps se presse contre le sien alors que je ne peux desserrer la poigne que j'exerce sur le col de sa chemise tandis que je pose mon second genou sur la table me rehaussant de toute ma taille, le surplombant ainsi de quelques centimètres, le corps légèrement arqué, devant baisser le regard pour capter le sien.
- Et au lieu de prendre un air autoritaire en me contraignant à me dévoiler à toi, à m'ouvrir à toi, commence donc par accepter le fait que te voir me punir ne révèle qu'un désir malsain d'assouvir toi-même quelques fantasmes insatisfaits de domination ! Cesse donc de te mentir à toi-même avant de me voir moi-même le faire !
-
Lorsque Nigel entendit Snow Burton déclarer que le bracelet qu'elle venait d'enfiler la privait de sa magie, il se demanda ce que la sorcière avait à gagner à lui faire part de cette information, à supposer qu'elle fut vraie, et pour quelle raison elle le passait à son poignet. Si c'était uniquement par orgueil, Snow avait un ego démesuré … Elle voulait l'empêcher de dire qu'elle ne luttait pas à armes égales contre lui ? Ou plutôt, elle se donnait ce prétexte pour continuer à lui permettre de la dominer, s'il faisait l'effort de le faire ? Chaque mot du discours de la journaliste semblait être un défi, une provocation de la part d'une femme incapable d'admettre tout simplement qu'elle le désirait. En voici une qui a besoin de se sentir presque forcée pour s'épanouir pleinement, se dit l'analyste. Parfait, ça lui convenait à merveille. Si c'était ce que Snow voulait, elle allait être servie.
« - Ne t'en fais pas, Snow, je ne me suis jamais caché l'envie que j'avais de toi, et je compte bien te satisfaire en assouvissant mes envies de domination sur ta personne. Ainsi, nous aurons tous les deux ce que nous voulons ! »
Nigel attira Snow contre lui et l'embrassa sauvagement, tout en faisant remonter ce qui restait de vêtements pour lui couvrir la poitrine vers le haut, dévoilant ainsi deux seins d'un galbe parfait, qu'il se mit à pétrir doucement, avant de titiller ses tétons puis de venir caresser son corps avec de grands mouvements sensuels, chacune de ses mains semblant pouvoir couvrir le dos de sa partenaire. Il enfonça sa langue dans la bouche de la fille, lui maintenant la nuque d'une main, avant de passer son autre main sous son shorty et de venir lui enserrer la fesse, d'un geste possessif et plein de désir. Un de ses doigts passa près du sexe de Snow, et il la sentit déjà furieusement excitée, au point qu'il eut envie d'expédier les préliminaires et d'entrer directement dans le vif du sujet, sujet éminemment désirable par ailleurs.
Pivotant sur lui-même, il entraîna Snow à sa suite, la faisant passer sur le dos, finit de lui ôter le haut avant de faire glisser son shorty le long de ses cuisses. Nigel roula ensuite le sous-vêtement et le lui enfonça dans la bouche, ce qui sembla à la fois raviver sa colère et décupler son excitation, cette dernière prenant le pas lorsqu'il déboutonna son pantalon pour exhiber un sexe dur et gonflé, dont il se servit pour lui donner des tapes sur le mont de vénus, jouant avec ses sensations.
« - Tu en as envie autant que moi, hein, ma belle ? »
-
Décidément, je crois que c'est dans leurs gênes. Les psy ont décidément cette petite enzyme, certainement développée à l'extrême dans leur corps, qui me fait hérisser les poils sur les bras. Ils arrivent toujours à trouver les mots qui me mettrons hors de moi et laisserons une colère sourde se répandre à travers mes veines. Barclay est du même acabit, bien dans son regard, faute d'y voir du déni ou de l'ennui, j'y vois de la fureur et du désir. Et cela, provoque une drôle de sensation dans le creux de mon estomac.
Il parle, je fronce de nouveau les sourcils avant qu'il ne m'attire fermement contre lui et ne me prodigue une baiser sauvage. Au début, j'ai comme un mouvement de recul, mais bien rapidement ses mains viennent caresser ma peau, ôtant dés lors leur prison de coton à mes seins et je me laisse aller à toute l'excitation qui me dévore. Je noue mes bras fermement autour de sa nuque, gémissant contre ses lèvres lorsque ses doigts titillent à présent la pointe de mes seins et je laisse ma langue entamer une dance endiablée avec sa semblable tandis que ses mains ne cessent de parcourir mon corps en de libidineuses caresses.
Sa main enserre ma nuque alors qu'il ne cesse d'approfondir le baiser, sa langue caressant l'intérieur de ma bouche alors qu'une de ses mains vient enserrer ma fesse d'une poigne solide, me faisant pousser un hoquet contre ses lèvres.
En quelques secondes, il fait volte face et voilà que je me retrouve sur le dos, sa petite personne entre mes cuisses, achevant de me délester de mon dernier sous-vêtements, qu'il roule en boule avant de me l'insérer dans la bouche. Je fronce de nouveau les sourcils et alors qu'il brandit son sexe fièrement dressé devant moi, je sens que l'excitation pointe à son maximum.
Je varis entre l'envie soudaine de lui cracher la petite culotte en plein visage et celle d'osciller de la tête avant de le supplier de me prendre sur cette table. Mais j'agis autrement. La main tremblante, je glisse mes doigts dans ma bouche pour ôter l'objet et je rejette par terre. Je me redresse d'un coup de hanche, mon visage à proximité du sien, mon sexe frôlant le sien outrageusement et une de mes mains attrape cette hampe qu'elle serre alors entre ses doigts, laissant la pulpe dessiner quelques arabesques sur la peau tendue. C'est bien trop simple mon garçon, bien trop simple...
Je glisse sur la table, me rapproche d'autant plus de cette queue tendue à l'extrême qui frôle mon intimité et j'entrouvre la bouche avant de laisser échapper un soupir. Et, lâchant mon trophée, je pose les mains à plat sur son torse et le renverse au sol, m'empressant dés lors, de prendre place sur son bas ventre. Je laisse mes fesses se poser sur sa peau, celles-ci caressant son sexe tendu, me mordant la lèvre sous l'excitation et je me penche sur lui, les mains sur sa chemise, que j'ouvre d'un coup sec, déchirant quelques morceaux ça et là. Injustice que je me trouve nu devant lui, alors qu'il se dissimulait encore sous sa chemise.
Je me penche toujours plus, ma poitrine frôlant de mes tétons sa peau, la moiteur de mon entrejambe narguant le gland de son sexe brûlant d'excitation.
- Oui je veux que tu me baises ! Et tu vas même le faire tout de suite... Mais comme tu le vois... c'est moi qui prends les rênes ! Elle est où ta punition là, hum ?
Et je continue de narguer la chose en oscillant légèrement du bassin, mes lèvres se posant de nouveau obligeamment sur les siennes alors que je les lui mordille avant de lui donner un bon coup de dents.
Il me rend dingue ce type, que je lui en déchirerai la peau. J'ai envie de ses mains sur mon corps autant que je voudrai le brûler vif. Je veux le sentir me posséder comme une bête autant que je veux dominer la situation. Je suis complètement perdue.
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Exaspéré par les contradictions de Snow Burton, qui semblait osciller en permanence entre colère et désir, ainsi qu'entre soumission et domination ( le psychiatre songerait par la suite qu'il y avait quelque chose à creuser dans les symboliques de la vie et de la mort, mais pas à cet instant ), Nigel choisit de satisfaire ses pulsions en dépit de cette dernière. La journaliste experte en mauvais sorts s'étant à nouveau adjugée la position dominante dans leur partie de jambes en l'air qui avait des allures de conflit, il s'arc-bouta tout en saisissant les hanches de sa partenaire, lui imprimant un petit mouvement vers l'avant tandis qu'il réussissait à s'enfoncer en elle d'un coup de reins sauvage. Snow était suffisamment excitée pour qu'il coulisse en son intimité sans l'ombre d'une difficulté, elle mouillait même comme une folle, d'après les sensations de l'analyste. Il émit un grognement bestial pour ponctuer son effort physique, auquel la fille fit écho par un cri plus aigu de surprise et de jouissance mêlés. Son visage exprimait une gamme d'émotions variées, mais Nigel se persuada que le plaisir et le désir y prédominaient, car c'était après tout bien ce sur quoi il misait.
Il commença à la prendre par petits coups rapides, se fiant à ses halètements pour le rythme, et lorsqu'elle commença à s'y habituer, ralentit la cadence pour venir en elle plus lentement mais de toutes ses forces, ce qui fit qu'elle le gratifia de gémissements plus rauques et plus forts. Elle lui évoquait une panthère venue pour se mesurer à son mâle dans une joute physique des plus intenses. A lui de se montrer digne d'elle. Il vint lui pétrir le sein gauche, enserrant son téton dressé entre le pouce et l'index, accompagnant le mouvement des reins de Snow en la guidant de son autre main, plaquée au creux de ses reins. Elle ne lui facilitait pas la tâche, peut-être obnubilée par son désir de garder un semblant de contrôle, et se déhanchait avec frénésie, comme si elle en voulait plus, plus vite, plus fort. Il lâcha son téton, et la maintint fermement par les hanches, la pilonnant alors avec autant de vitesse que de force, lui arrachant des gémissements de plaisir rauques.
Nigel la sentit se déchaîner sur lui pour compenser ses envies de domination comme pour exprimer son plaisir, lui labourant le torse de ses ongles, pour un peu, elle l'aurait mordu à pleines dents, elle le ferait d'ailleurs très probablement si elle en avait l'occasion, songea-t-il. Il lui administra une tape sur la fesse pour l'inciter à onduler de la croupe avec encore plus d'énergie, s'attirant un regard aussi enthousiaste que courroucé – pas question pour mlle Snow de mettre de côté son orgueil aussi vite, se dit-il.
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La lutte de pouvoir se précise en un duel du regard. Alors que je suis à califourchon sur lui, la croupe demeurant à quelques millimètres à peine de ce sexe érigé à ma gloire, je patiente quant à sa réaction. Qui ne tardera pas à venir, j'en suis certaine, à en juger par la rage qui le consume secrètement au travers de ses veines.
Mais dominer ne signifie pas forcément être au dessus. Que se soit dans le sexe ou lorsque vous vous trouver face à face avec un éventuel adversaire. Aussi, la vipère, sous le joug de l'aigle, au demeurant son assaillant, la surplombant de toute sa hauteur, se fera bien rapidement mordre et il se verra dés lors subir les affres de ce venin amer qui s'écoulera dans ses veines, pour lui apporter une défaite au goût macabre.
A cet instant, je joue le rôle de ce rapace aux serres acérés, tentant d'intimider le reptile qui me nargue de son corps appétissant et tout comme lors ma précédente histoire, ce n'est pas des crocs qu'il plante en moi, mais une verge gorgée de sang qui me transperce de part en part. J'échappe un cri de plaisir, auquel se mêle bien rapidement le sien, ses mains enserrant mes hanches avec force pour m'imposer un rythme brutal et concupiscent.
Je ne râle pas, ne me plains pas, subis la chose avec le plus grand ravissement, laissant échapper de plaisants petits hoquets à chaque immixtions, alors que mes mains se meurent sur la peau de son torse, tantôt labourée par l'acidité de mes ongles. Ses coups de reins se font irréguliers, alternant la mesure lente et profonde à la brutalité des coups de butoir tandis que sa poigne ne cesse de s'intensifier sur mes hanches. Je rejette la tête en arrière, subissant chaque assaut comme si j'y étais contrainte alors que c'est avec le plus grand plaisir que j'accueille, chacun de ses coups de reins.
C'est alors qu'une de ses mains vient gagner ma poitrine, triturant dés lors mes tétons durcis par le plaisir tandis que je grince des dents en sentant une décharge fulgurante me traverser de part en part. La frontière entre le plaisir et la souffrance est si mince, que dans ce genre de circonstances, nous accueillons les deux avec tout autant d'enchantement, même si nous tentons toujours de faire croire le contraire.
Je m'abandonne totalement au traitement qu'il m'inflige, mon corps se faisant dés lors guimauve entre ses mains expertes, frottant mon bassin contre le sien avec plus de témérité, comme si chaque mouvements dépendaient de ma survie. J'en veux toujours plus, mais je n'ose l'admettre et comme si mes pensées avaient été si fortes qu'elles pouvaient être entendus de tous, il reprend mes hanches derechef et me pilonne littéralement alors que mes seins tressautent à chaque fois que ses hanches puissantes frappent mon bassin.
- Aaaahh... Oui... en... ENCORE !
Des mots bien loin de la raillerie habituelle, des suppliques presque qui signeraient la réédition que je refuse de lui accorder et lorsqu'il claque de nouveau mes fesses, je laisse de nouveau échapper ce cri de surprise qui ne laisse que peu de place à l'imagination face ce qui anime à présent mes pensées. Encore ! Encore ! Ne cesserai-je de hurler si je n'étais pas occupé à tenter de garder un semblant de contenance mais je finis par retomber à plat sur lui, ma poitrine s'écrasant sur son torse alors que dans cette position outrageuse qui offrirait un spectacle mémorable à qui se trouverait derrière, je remonte et abaisse moi-même mes reins, m'empalant toujours plus sur cette queue qui me rend littéralement folle.
- Humm.. Plus !... Est-ce ... HAN... Est-ce le lot... de.. de chacune...AAH oui... de vos clientes ?
Mes mots sonnent dans mon esprit et je cache mon visage dans le creux de sa nuque, mordant sa peau pour me contraindre à garder le silence. Je ne cesse d'en réclamer plus, comme une vulgaire petite garce, il faut que je garde de la mesure. Ne pas rendre les armes ou il saisira sa chance.
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Voyant que Snow Burton continuait à jouer la carte du défi, Nigel résolut de tirer avantage de son obstination. Elle avait réagi à la tape sur ses fesses en venant d'elle-même s'empaler sur lui ; Nigel décida donc de continuer à l'encourager à mener la danse, se servant de ses mains pour donner le tempo à l'arrière-train de Snow, lequel suivait avec un grand enthousiasme. Peu à peu, il accéléra la cadence, le souffle de Snow se fit plus lourd. Nigel prenait plaisir à la sentir comme à la voir aller et venir sur son sexe, la sorcière se montrait aussi avide de le sentir en elle que de manifester sa colère quelques instants plus tôt. Et entre une Snow en colère et une Snow qui prenait du plaisir, il savait nettement où allait sa préférence.
La main de Nigel frappait à présent le postérieur de Snow avec frénésie, encourageant cette dernière à donner des coups de reins de plus en plus rapides pour tenir l'allure. Elle haletait, et fut bientôt à bout de souffle. Lorsqu'elle ralentit, Nigel en profita pour sortir d'elle, se mit à genoux derrière elle en l'incitant à rester comme elle était en posant sa grande main sur son dos. « - Récupère un peu, je te relaie un instant. » Terminé, le vouvoiement, elle était sa partenaire et rien d'autre, à présent. Lui maintenant la croupe vers le haut et la tête vers le sol, il se positionna confortablement avant de venir la prendre en levrette, sans hésitation, la pilonnant d'emblée. « - Tu aimes me sentir comme ça? » lui demanda-t-il, serrant ses hanches entre ses mains. A voir la réaction de Snow à ses coups de boutoir, la réponse était évidente, mais il fallait qu'il l'entende l'admettre, pour le plaisir de Nigel comme pour qu'elle le reconnaisse comme amant – et non ennemi. Il déplaça ses mains des hanches de Snow vers ses épaules, lentement, pétrissant le corps de cette dernière avec un appétit féroce. Il changea sa jambe droite de position, s'appuya sur son pied et non plus son genou, afin de venir en Snow avec une plus grande force. Ses mains lui maintenaient solidement les épaules, quand il vint en elle avec un monumental coup de reins, deux fois plus fort qu'auparavant.
« - Tu aimes ça, Snow ? »
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Comment en sommes-nous arrivé là ? Nous n'étions pas en train de converser sagement quelques minutes auparavant ? Ah oui, j'ai essayé de le tuer... C'est vrai. Et susceptible comme il est, il a prit la mouche. C'est un monde ça tout de même !
Cependant, bien que la séance ait pris dés lors une drôle de tournure, dans laquelle je sentais que j'allais perdre ma condition de dominante - et la face par la même occasion - je constate avec le plus grand ravissement, que le terme "punition" ne semble plus être de mise. N'est-ce pas ? Ou alors je me plante en beauté, mais quelque chose me dit que la tension accumulée dans les épaules de ce cher Docteur, a su s'estomper en même temps qu'il a vu son membre se dresser. Il ne m'inculque alors pas une punition, mais assouvie simplement ses pulsions en répondant aux miennes. Léger sourire. Je suis certaine qu'il ne s'attendait pas à ça. C'est moi qui reste maîtresse finalement.
Ses mains enserrent mes fesses, imposant un rythme plus rapide auquel je me plis volontiers et je ne cesse de fantasmer sur cette queue puissante qui me dévaste littéralement. Il claque par instant ma peau de la paume de sa main, me poussant à chaque fois à pousser quelques petits cris stridents et curieusement, on peut noter dans ces sons mélodieux, un étrange contentement. Qui aurait cru que j'aimerai autant recevoir la "fessée". Cet acte qui semble si avilissant, demeure dés à présent un aphrodisiaque des plus puissants.
C'est alors que je sens qu'il se retire et je ne peux réprimer un soupir frustré, lui adressant un regard courroucé mais alors qu'il prononce quelques mots, je comprends son intention. Il passe à genoux derrière moi, m'impose une position outrageusement indécente en rehaussant mon postérieur tandis que sa main m'intime de courber l'échine, la tête demeurant sur le plancher avant d'entrer de nouveau en moi d'un violent coup de reins, qui n'aurait pas manqué de me faire perdre l'équilibre s'il ne m'avait pas maintenue solidement par les hanches.
-AAAAh ! Oui... Oh oui j'aime humm ! C'est hummmm....
Je serai toujours fasciné par l'éloquence soudaine dont je fais preuve dans ce genre de circonstances.... Pitoyable... A croire que mon vocabulaire fleurie se voit prendre la place de celui que j'arbore actuellement. Et encore, aucune once de vulgarité pour l'instant, seulement divers synonymes marquant mon contentement.
Ses mains agrippent alors mes épaules tandis que je sens qu'il arbore à présent une position plus à l'aise en prenant appui sur l'un de ses pieds, donnant certainement une vue imprenable sur son charmant fessier que je devine musclé à souhait et lui permettant de ce fait, d'entrer toujours plus profondément en moi.
Un hoquet me surprend lors d'un coup de reins démesuré et ma poitrine se meure ostensiblement sur le plancher alors que je tente de ne pas me mordre la langue, son membre coulissant en moi avec une ferveur telle que je pourrai m'en meurtrir les genoux.
Ses mots tonnent de nouveau d'une voix suave de laquelle transpire toute la luxure et la perversion qui coule dans ses veines et je me surprends à garder le silence un instant, comme si je voulais laisser planer le doute. Un sourire au coin des lèvres, je ravale bien rapidement ma fierté alors qu'il m'assainie un nouveau coup de reins, contraignant ma gorge à laisser échapper un nouveau râle de plaisir que je n'arrive plus à contenir.
- Ou... OUI ! MAIS OUI PUTAIN ! J'ai..ahhhhh ! J'aime ça !!! Ne t'arrête pas... Je t'en...ahh...
Mais je ne termine pas ma phrase, refusant de supplier quoi que ce soit, remuant le bassin derechef en cherchant moi-même à recevoir les coups de reins avec plus de fermeté, tandis que ses doigts enserrent tellement la peau de mes épaules que je suis certaine de sentir celle-ci se teinter de rouge. Je suis prise d'une excitation anormale, comme il ne m'a été rarement donné de vivre et je me mords la lèvre alors que je sens ce pieu me pilonner toujours d'avantage, un bruit excitant de succion résonnant à travers la pièce à chacune de ses immixtions.