Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Donna Troy le lundi 30 avril 2012, 22:49:59
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Encore une fois, c’était apparu. Cette sensation que quelque chose de nouveau allait arriver se faisait plus présente. C’était à chaque fois pareil : Donna ressentait une petite étincelle au fond d’elle, une flamme qui grandissait de plus en plus chaque jour. L’apparition des pouvoirs était aléatoire. Sa capacité à soulever plusieurs tonnes, elle l’avait découverte quand elle avait voulu grimper à un arbre, réussissant à déraciner l’arbre en question. Son endurance, développée à son travail, à faire plusieurs choses en même temps et durant plusieurs longues journées sans être fatiguée. Vitesse, un mot qui lui plaisait, et encore plus quand elle vit qu’elle rattrapait des voitures sur l’autoroute ! Et son agilité…Elle le découvrit, maladroite qu’elle est, en faisant tomber de nombreux objets cassants au sol et les rattrapa à l’aide de ses pieds et mains.
Encore une fois, c’était apparu. Ce petit bourgeon dans son estomac lui procurait un grand courage, une estime de soi qu’elle n’avait pas habituellement. Cela faisait déjà quelques jours qu’elle ressentait cette chose au plus profond d’elle. Mais qu’est-ce que cela allait être cette fois ? Des super-lasers dans les yeux ? Une super-voix à exploser toutes les vitres ? Rien de tout ça. Bizarrement, elle se sentait plus légère. Vraiment comme une plume. Elle s’était étonnée à être restée quelques secondes de trop en l’air, quand elle avait un saut de son canapé pour rejoindre sa cuisine. Cela l’avait perturbé, il faut le dire. La découverte d’un pouvoir est quelque chose d’à la fois tétanisant et par-dessus tout…Grisant. C’est le mot qui convient le mieux.
Ce soir, elle tentera bien des choses. Comme chaque soir depuis quelques jours, mais ici, sans succès. Quelques dizaines de minutes avant, elle avait enfilé sa combinaison noire, qui épouse son corps si bien, et une paire de bottes blanches. C’est l’heure de la chasse. Enfin, habituellement, il en est ainsi. Postée sur un toit d’immeuble, debout juste sur le rebord, elle observait la population de Seikusu qui pullulait encore à cette heure tardive. Elle pouvait rester là durant des heures, recherchant du regard la trace d’un ou de plusieurs de ses agresseurs. Des flashs du viol lui revenaient à l’instant, l’assommant presque, la déstabilisant. D’ailleurs, elle faillit presque tomber dans le vide. Presque…Mais elle continuait de regarder en bas, puis finalement, descendit du rebord pour reculer. Son objectif ? Le toit de l’immeuble en face, pas très proche d’ailleurs. Plusieurs pas en arrière, un élan rapide, un appui sur le rebord et un bon de plusieurs mètres. C’était dans ce moment-là qu’elle se sentait poussée des ailes. Son saut était plus important que d’ordinaire. Aurait-elle volé ?
Arrivée sur l’autre toit, accroupie, elle se mit à sourire fortement, comme un petit enfant super heureux d’avoir franchi une difficulté. Mais elle n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Elle recommença l’expérience une fois, deux fois, trois fois…Encore et encore, entre les deux toits. Elle sentait que cela pouvait venir. Cette sensation de voler n’était pas que pure imagination. Puis, elle s’arrêta, légèrement essoufflée, les joues rouges d’effort. Un sourire aux lèvres, elle se sentait capable d’y arriver. Elle se réinstalla sur le fameux rebord. Et si cette fois-ci, on essayait sans élan ?
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Je l'avais observée à chaque saut, depuis les airs.
Alors que je revenais d'une patrouille d'au-dessus de Seikusu durant laquelle il ne s'était rien passé d'extraordinaire, j'avais décidé de passer dans un des quartiers les plus reculés de la ville par...hm...acquis de conscience. Je n'avais eu jusque là qu'une envie : rentrer et me poser devant une série débile, un bon chocolat chaud et quelques cookies à portée de main. On pouvait avoir des pouvoirs phénoménaux et des envies somme toutes très terre à terre, vous savez ? Mais je ne pouvais pas esquiver les bas-fonds de la ville pour simplement passer un peu de bon temps. Pour être tout à fait sincère, j'espérais que je n'aurais à intervenir nulle part, histoire de passer plus vite par ma fenêtre et me foutre en boxer et tee-shirt. Ce soir, ma combinaison me serrait un peu trop, ce soir le vent sur le visage me semblait trop froid, ce soir je trouvais purement et simplement ridicule d'avoir la vingtaine bien tassée, pas de nanas et une vie privée désertique.
Bref ce soir, je trouvais la vie -la mienne- fadasse et désespérante.
Et puis alors que j'amorçais ma descente à une altitude plus raisonnable du sol, mes yeux l'avaient vue sauter d'un toit à l'autre. Au départ, j'avais crains à une tentative de suicide et je m'étais élancé dans l'idée de la secourir... Avant de la voir retomber et surtout flotter un instant durant son trajet en l'air. Sa tenue moulante (miam d'ailleurs, sacrée gonzesse, roulée comme une de ces filles de magasines !), ses essais répétés... Je sû à quoi j'avais affaire puisque tout en elle me rappellait mes propres débuts. Quelques mêtres en dessous de moi, une jeune femme tentait de tester ses limites et surtout celles de ses pouvoirs naissants. Oh, vous ne l'auriez peut-être pas interprété de cette façon ou seulement aussi vite, mais vous n'êtiez pas à ma place et n'aviez pas mon vécu. Ne vous en déplaise, je connaissais ma partie et savait reconnaître un "collègue", même débutant.
Et puis, les journaux évoquaient une silhouette sur les toits qui s'amusait à jouer les justicières.
En silence, je m'étais installé sur un toit un peu plus haut et l'avais regardée en m'asseyant les pieds dans le vie. Elle semblait aimer ce qu'elle faisait, pour sûr ! Héhé... Je me souvenais dans un sourire un peu niais de mes premiers vols. C'étaient des moments magiques, splendides et inoubliables. J'en gardais un trés bon souvenir, malgré des chutes très douloureuses. A l'époque, j'aurais adoré qu'on m'apprenne à battre des ailes.
Peut-être qu'elle aurait voulu des conseils ?
- Vous devriez essayer directement dans le vide, mais à une hauteur moindre.
Ma voix avait été suffisamment haute pour qu'elle puisse m'entendre et la suivre pour me trouver des yeux, bien que je n'étais pas caché, perché un peu au-dessus d'elle. Un sourire amusé et presque complice, voilà ce qu'elle trouva quand elle parvint à poser les yeux sur moi.
Continuant, je lui désignais le toit opposé tout en me levant de mon assise, faisant un pas puis deux dans le vide, y restant suspendu le temps d'une lente descente. Pas pour la rendre jalouse, mais plus pour la motiver, vraiment !
- C'est votre inconscient qui vous bride. Il sait que vous ne craignez rien et n'active pas correctement vos capacités. En revanche, si le sol est moins assuré, vous réagirez inconsciemment de la façon la plus appropriée pour vous. Un nouveau sourire, avant que je ne me désigne d'un petit mouvement de main. Vous pouvez me croire, je sais de quoi je parle.
Dans un tout petit bruit, j'atterissais sur son toit, dévoilant mon corps costumé à sa vue. J'espérais qu'elle se sente rassurée à cette vue, alors que je venais de l'accoster un peu à la volée.
- Je peux vous filer un coup de main ou deux, si vous voulez.
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Sautes, sautes et sautes encore…Son esprit lui dit de ne pas arrêter. Pourtant, elle savoure son instant de pause. Elle le déguste. Elle observa la distance qui séparait les deux toits, et elle souriait. Bêtement. Elle s’était même mise à rire doucement. Comme si plus rien n’avait d’importance en cet instant, pas même sa vie, l’adrénaline faisait que Donna voulait ne faire que cela désormais. La jeune femme ne surveillait plus les gens d’en bas, même pas pour y voir l’un de ses agresseurs. Non, ce n’est pas qu’elle n’en a que faire. Mais un nouveau super pouvoir, c’est comme donner un nouveau, tout propre, tout neuf jouet à un gamin. Il veut le tester, l’apprivoiser, voir tout ce qu’il peut donner. Même chose avec ce pouvoir. Donna ne savait pas réellement s’il ne servait que pour les sauts, ou alors, pour faire quelque chose de plus impressionnant. Mais telle une enfant, elle testerait son nouveau jouet jusqu’à comprendre le fonctionnement.
Malheureusement, alors qu’elle s’apprêtait à sauter sans élan cette fois-ci, elle entendit une voix. Derrière…Cela provenait de derrière elle. Sur le rebord du toit, elle pivota doucement sur elle-même pour se retourner. Mais son corps s’était mis à trembler. Une voix grave. Grave…Ce ne pouvait être qu’un homme. Or, depuis son agression, son coma et son réveil, elle en est allergique. Pire que ça ! Elle en est phobique. Les yeux rivés sur cet homme, elle découvrit celui-ci voler en l’air. Son regard se pétrifia. Un homme dans un costume moulant, qui vole, qui s’approche dangereusement d’elle, qui souriait bizarrement. Louche…Tout cela est louche. Et Donna prend peur. Son corps tremble, son visage traduit sa tétanie devant cette montagne de muscles.
Elle aurait bien voulu s’enfuir mais derrière, c’était le vide. Son pied en testa la texture d’ailleurs. Rien…Aucun échappatoire ? Dans sa petite tête, il était donc temps de faire ce saut sans élan, mais avec une envie totalement différente de tout à l’heure. Pas un mot à l’homme, sa bouche figée, les sourcils arquées de terreur. Elle plie les jambes et saute vers ce toit qu’elle a déjà testé. De justesse.Son saut, pas assez long ou haut, elle se retrouva pendue par les bras sur le rebord du toit. Un jeu de jambes, et elle se retrouva correctement sur ce sol en hauteur. Elle regarda l’homme encore sur l’autre toit, avant de courir. Fuis. Ses jambes l’emmènent loin, elle court, saute, d’immeubles en immeubles. Elle ne se rend même pas compte que ces enjambées sont grandissantes, même surprenantes. Elle ne fait que tourner sa tête, regardant par-dessus son épaule si on la suit. Elle saute, encore et encore. Puis se réceptionne mal, rate le bord du toit suivant, et tombe dans le vide. Cette fois-ci, c’est raté…
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Tout au long de ma jeune mais active carrière, j'ai inspiré bien des réactions.
Des éclats de rire, des moqueries blessantes, des attaques sans sommation, parfois des baisers passionnés de demoiselles (bon, pas souvent, triste monde), des attouchements pendant des sauvetages (de mecs parfois... Pas que j'ai quelque chose contre les moeurs homosexuelles, mais je crois que je ne m'y ferais jamais) mais jamais je n'avais lu la terreur dans un regard. Vous savez, même les bandtis et autres monstres ne me prennent pas au sérieux. Le costume moulant bicolore est plus sujet à plaisanterie qu'a des crises de terreur et pourtant, c'est ce que j'ai lu dans les yeux de cette fille quand elle à levé les yeux vers moi avant de me regarder me mettre à son niveau.
Son teint blème, la contraction de ses muscles, son regard écarquillé et sa réaction de proie prise au piège... J'ai rapidement compris que quelque chose n'allait pas. Lui avait-je fais du mal sans le savoir ? Alors que j'avais pris soin de m'annoncer en douceur pour éviter les réactions excessives, avait elle prit peur ? Mince, si elle voulait jouer les justicières, ce n'était pas de moi qu'il fallait se méfier.
Je l'avais observée mettre un pied en arrière, dans le vide. Et j'avais compris ce qu'elle voulait faire au moment où ses jolies jambes s'étaient détendues avec force, la propulsant dans le vide. Surpris, je n'avais eu que le temps de tendre la main dans un reflexe.
- Non !
Le saut manquait d'amplitude, bon sang ! Filant vers le rebord, je la vis suspendue dans le vide avant qu'elle ne se rétablisse de justesse sur le toit pour entamer une course folle afin de... m'échapper. Quelque chose clochait, mais je ne pûs m'empêcher de penser à Félicia. La souplesse, c'est quelque chose de foutrement excitant, en fait.
Bon ! Ne pouvant pas la laisser partir comme une voleuse, je m'élançais à mon tour dans le vide, la suivant depuis les cieux en l'interpellant sans trop oser fondre sur elle. Un mauvais pas était vite arrivé et dans l'idée, je n'avais rien à lui reprocher.
- Mademoiselle, attendez ! Je suis Sentinel Prime, je ne vous veux pas de mal ! Mademoiselle ! Mademoiselle ! Ah, la garce...
Adaptant ma vitesse de vol à sa vitesse de course, je me contentais de laisser une distance respectable entre elle et moi. Assez pour rester en vue et pour profiter des mouvements gracieux de ce superbe cul qu'elle présentait à chaque foulée. Miaaaaam ! Et puis, elle sautait sacrément loin, aussi. Bien plus qu'elle n'aurait dû pouvoir le faire ! Paniquée comme elle l'était, je doutais qu'elle s'en rende compte.
Et ce fût le pas de trop, le saut mal engagé. Avec effroi, je la vis disparaitre dans le gouffre séparant deux bâtiments et je n'eu d'autres choix que de foncer pour la rattraper, filant vers elle si vite que je produisis le son d'une détonation dans l'air.
- Je vous tiens !
De justesse. J'étais parvenu à l'attraper en passant un bras sous sa poitrine (superbes nichons, mes amis...) et à empêcher qu'elle ne s'écrase sur le bitume en contre bas. Pour moi-même, je poussais un sourire satisfait tandis que je nous remontais à une vitesse raisonnable, elle contre moi.
- Heureusement que votre plastique offre de quoi s'accrocher ! Un petit rire en réponse à ma propre remarque de lourdingue, avant que je ne continue. Vous n'avez vraiment rien à craindre de moi, vous voyez ? Je ne suis pas votre ennemi.
Doucement, je la déposais sur le toit et jetais un oeil aux alentours. Sans voler, pas moyen de filer de notre perchoir, les bâtiments étant plutôt éloignés de celui où nous nous trouvions. Bon, elle allait peut-pêtre me dire ce qui n'allait pas ?
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Il fallait bien que cela arrive. À trop courir, à trop regarder derrière elle si cet homme la suivait, Donna s’élança très mal du dernier toit. Pas assez haut, trop loin. Aucune réception, et elle sentit son corps sombrer dans le vide. Non, ce n’était pas possible. Un mauvais cauchemar. Qu’elle se réveille, pardi ! Mais non, elle était déjà réveillée, depuis quelques mois déjà. Mais son mauvais rêve est toujours présent, et sa chute le lui rappelle. Ce fameux jour où toute sa vie avait basculé. Elle ferme les yeux, elle se laisse couler dans les profondeurs de ses souvenirs. Ca vous est déjà arrivé ? Vous savez, qu’il vous arrive un truc dont vous croyez que c’est la fin de chez fin, et que vous avez ce petit film qui défile devant vos yeux ? Toute la vie de Donna se déroula alors que ses yeux étaient dans le noir complet.
Pour la jeune femme, elle se sentait flottée. Étrangement, elle trouvait sa chute bien longue. Pourtant, à l’ordinaire, cela ne dure que quelques secondes, au pire, quelques minutes. Mais c’est tout ! Alors pourquoi, elle ne sentait rien, n’avait pas cette douleur si représentative de la mort, la prendre entièrement ? Curieuse, elle entrouvrit un œil. Elle était toujours dans le vide, mais comme si le temps s’était arrêté, elle flottait. Seule ? Aurait-elle déclenchée un nouveau pouvoir ? Bien sûr que non. Elle put le voir, le sentir, ce bras qui la soutenait dans les airs pour ne pas qu’elle se transforme en un tas de chair et d’os désarticulé. Il lui parle, la rassure. C’est toujours cet homme. Mais qu’est-ce qui lui veut à la fin ? Elle ne bouge guère de toute façon. Elle a bien trop peur. Rien que le fait qu’il la touche la paralyse. Pourtant, il l’a sauvée non ? Bien évidemment, Donna le sait, d’un côté, elle le remerciera pour cela. Mais son esprit ne réveillait que sa phobie.
Alors qu’il la remonte sur un toit, elle comprend en regardant tout autour qu’elle ne pouvait pas lui échapper. Comme dans cette ruelle…Alors, cela recommence ? Ses yeux fixaient le toit, pour trouver un endroit où se réfugier. Mais quelle bêtise ! Il vole ! Il peut aller où ça lui chante, et qui sait s’il n’a pas d’autres pouvoirs en réserve. Alors qu’il regardait en bas de l’immeuble, Donna en profita pour s’éloigner de lui, se cachant dans l’ombre d’une pancarte publicitaire postée sur le toit. Elle devient boule, s’accroupissant, la tête dans les genoux et les mains sur la tête. Et elle pleure de peur. De peur que cela recommence. Un sanglot qui lui serre la gorge. Ouais, on dirait vraiment une justicière là…
- Vous tous…Vous…Vous m’faîtes peur…
À quoi cela lui servait de dire sa faiblesse à cet homme ? Il allait bien se jeter sur elle, lui faire autant de mal que les derniers qu’elle avait rencontré avant son coma…
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Un chaton affolé, voilà ce qu'était la jeune femme que je venais de sauver de la mort.
Profitant que mon attention soit portée ailleurs que sur elle, la demoiselle en collants joua les filles de l'air et fila se pelotonner dans une zone d'ombre, à l'exact opposé de ma position. Un peu comme une gamine qui aurait craint la dérouillée paternelle ou une nana qui ne voulait pas se prendre une rouste par son mec. M'étais-je mal comporté ? Je n'en avais pas l'impression, j'avais pris des gants avec elle dès l'instant où j'avais voulu entrer en contact. J'aurais pû penser qu'elle était une vilaine qui ne voulait pas que je la remette à la police... Mais non. Ce n'était pas ça. Le souci qu'elle avait à mon encontre, la peur qui se lisait dans ses yeux... C'était différent. Plus profond. Quelque chose de psychologique, peut-être ?
Mince, je n'avais aucune idée de la façon dont j'aurais pû gérer cette situation mais une chose était certaine : je ne pouvais pas la laisser là. Considérant que c'était de moi qu'elle avait peur, j'avais plutôt intêret à prendre des gants et à jouer de finesse.
Autant dire qu'on était mal barrés.
- Vous tous…Vous…Vous m’faîtes peur…
Nous tous ? Qui nous ? Les mecs en collants ? Au Japon, j'étais le seul. A moins que... Oh.... Les mecs... tout court ? Cette fille qui sautait de toits en toits craignait donc les couillus ? Si ma déduction était bonne, on risquait d'avoir du mal à s'entendre. Mais je ne pouvais décemment pas la laisser prostrée là, pas vrai ? Alors je pris ma voix la plus douce, m'approchant d'un pas ou deux sans mouvements brusques. Il fallait que j'arrive au moins à la calmer un peu.
- Ecoutez... Je ne vous veux vraiment aucun mal, d'accord ? Je ne vous ferais absolument rien, c'est promis ! Je suis venue vous parler parce qu'il m'a semblé que vous êtiez entrain de chercher à contrôler un pouvoir et j'ai bêtement pensé que vous apprécieriez quelques conseils, c'est tout ! Si je voulais vous nuire, je ne vous aurais pas rattrapée au vol, vous ne pensez pas ?
Un petit sourire que je voulais charmeur, espérant qu'elle m'accorde un peu de crédit. Et puis je décidais d'oeuvrer autrement et me laissais tomber assis sur le sol, ramenant mes jambes en tailleur sans la quitter des yeux.
- Voilà ce qu'on va faire. Tant que vous ne me demanderez pas de me lever, je resterais comme ça ! Vous voulez bien vous calmer un peu, mademoiselle ? Moi, c'est Sentinel Prime, mais vous pouvez m'appeler SP. Et votre nom de scène à vous c'est quoi, dites ?
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Anthropophobie, ou la peur des gens. Un de ces phobies sociales qui détruisent une personne, des vies. Elles surviennent beaucoup après un traumatise, à partir duquel la personne touchée n’est plus rationnelle. Pour Donna, les hommes étaient devenus sa plus grande peur. Bien sûr, elle ne pourrait les éviter éternellement, son boulot de serveuse n’aidant pas la chose. Mais bien souvent, elle restait cloîtrée dans son appartement, à regarder la télé, surfer sur le net durant ses jours de repos. Sa crainte et sa paranoïa lui pourrissaient la vie, c’est certain. On ne peut pas lui en vouloir d’être terrifiée devant cet homme. Le seul qu’elle pouvait approcher sans crainte était son père, qu’elle aimait plus que tout.
Folle. On aurait pu la décrire comme cela. Dans cette position de « boule », à se cacher, se renfermer sur elle-même, ses larmes ne cessaient de rouler sur ses joues rougies. Et elle entend l’homme s’approcher, mais n’ose regarder. Et elle qui s’attendait à prendre des coups et bien pire encore, elle n’eût…Que des mots rassurants, d’une voix qui se voulait l’être aussi. Surprise, elle retira sa tête embrumée pour voir ce mâle en costume s’asseoir près d’elle, mais restant tout de même à une distance raisonnable pour ne pas qu’elle se sente agressée ou mal à l’aise. Il ne veut rien et ne fait rien de mal. La petite voix intérieure de Donna ne cessait de lui répéter : Fuis ma jolie ! Il t’embobine. Un homme reste un homme. Ce sont tous les mêmes ! Pourtant, la jeune femme ne voulait pas rester ainsi, à toujours avoir cette boule au ventre, sa gorge serrée dès qu’un homme l’approchait. Elle souhaitait vaincre cette peur. Et puis, pourquoi avoir encore autant peur d’un homme alors qu’elle possédait des pouvoirs digne d’un héros ?
- Merci…
Ce fut le premier mot qu’elle lui adressa réellement. Merci pour l’avoir sauvée, pour l’avoir rattrapée, alors qu’elle le fuyait. Puis, après tout, il était différent. Différent comme elle ? Il savait voler du moins, et ce Sentinel Prime faisait référence aux pouvoirs de la jeune femme, comme s’il avait vécu cela également. Cette similitude calma la belle aux yeux bleus envoûtants. Le jeune homme s’était annoncé, il était temps pour elle de se présenter aussi.
- Wonder Girl…
Nom de scène, en effet. Mais bon, pour l’instant, elle n’avait pas encore fait ses preuves. Elle en était à tester ses pouvoirs, comme tout à l’heure avec ses sauts. Certains à mieux les contrôler, pour ne pas tuer non plus. Elle se calma, doucement, essuyant ses larmes de sa main droite, et affichant un léger sourire, même pas forcé. Qui était-il vraiment ?
- Vous aussi, on vous a « réveillé » au bromure d’éthidium ?
Les médecins lui avaient clairement expliqué à son réveil ce qu’ils avaient fait pour qu’elle quitte son état léthargique. Cet agent mutagène avait été mélangé dans un sérum et testé sur plusieurs personnes, alors peut-être que lui aussi ?
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Yes !
J'avais enfin réussi à marquer un point et je n'en étais pas peu fier ! Choisir de m'asseoir non loin d'elle en signe de non-agression avait été payant et la belle avait daigné relever les yeux sur moi, rouges de ses pleurs malgré leur superbe azur naturel. Tout n'était pas gagné et on était loin des accolades amicales et d'éventuelles séances de pelotage mais au moins, elle ne semblait plus avoir envie de fuir à travers monts et vaux. C'était déjà un pas, non ? Je ne me départissais pas d'un sourire doux tout en croisant les bras, toujours assis en tailleur face à elle. J'avais dis que je ne bougerais pas tant qu'elle ne me l'aurait pas demandé et je comptais bien m'y tenir pour ne pas l'effrayer ou passer pour un menteur.
Elle me remercia un peu timidement, mais avec sincérité. Je lui répondis en hochant la tête simplement, ce qui me semblait suffir amplement. Enfin, elle se présenta à moi sous son nom de code et je sû que le dialogue était correctement entamé entre nous. Bien qu'elle semblait avoir peur des hommes, j'avais comme elle quelques capacités particulières qui nous rapprochaient l'un de l'autre. Phobique des hommes, oui... Mais pas forcément des SURhommes. Ca l'aiderait peut-être ?
- Wonder Girl ? C'est joli. Il faudra le faire connaître, mais ça vous va bien !
Un petit clin d'oeil tandis que je la regardais sécher ses larmes et même me sourire un peu. A quoi pouvait elle penser ? Apparemment, pas à filer à l'anglaise. J'avais plutôt l'impression qu'elle voulait continuer la conversation avec moi et Wonder Girl ne tarda pas à me donenr raison, me demandant si j'avais moi-même été réveillé au "Bromure d'éthidium". J'affichais un moment un air un peu con, largué que j'étais. Puis je percutais qu'on parlait certainement boulot et qu'elle évoquait la façon dont elle avait obtenu les siens. Avec un produit chimique ?
- Hmm... Non. Tu as obtenu tes pouvoirs à l'ancienne, alors ? Physique douteuse et savant fou ? Je pris une mimique de cinglé, bouche tordue et regard louchant, avant de rire. Moi, j'ai obtenu mes pouvoirs depuis un autre. On a voulu l'en priver en me les donnant... Longue histoire.
Et un peu plus compliquée, aussi. Je n'allais tout de même pas tout lui dire maintenant ? J'avais décidé de la tutoyer. On partageait des collants moulants, des pouvoirs et des envies héroïques et je considérais que ça nous rapprochait plus que deux personnes qui se découvraient à peine. En plus, j'étais vraiment content de faire la connaissance d'une héroïne ! Enfin quelqu'un qui ne se moquerait pas de mes collants, qui comprendrait que je ne puisse ni ne veuille tout dire de ma vie, de mes vies. En bref, quelqu'un qui me comprendrait, en plus d'avoir de beaux et gros seins.
La femme idéale, si elle n'avait pas peur des hommes à ce point.
- Alors, tu essayais tes pouvoirs ? Tu ne les connais pas tous, encore ? Tu sais, si tu n'a pas peur... Enfin, si tu veux bien que je le fasse, je t'aiderais. Ca t'évitera une paire de soucis d'avoir quelques conseils, tu peux me croire sur parole !
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Un compliment. Quelques mots et ses joues redevinrent rouges. Deux belles tomates. Encore une fois, pour la rassurer, Sentinel Prime lui offrit un clin d’œil et un sourire tendre. Sans arrière pensée. Pourquoi Donna rougissait-elle ? Habituellement, elle aurait pris peur. D’ordinaire, même si ce n’était pas possible, elle aurait pris ses jambes à son cou et aurait sauté. Même si elle aurait encore une fois presque fini comme une crêpe sur le bitume. Mais, étrangement, elle se sentait un peu plus à l’aise avec cet homme. Pourquoi lui plus qu’un autre ? Sûrement parce que lui aussi était différent. L’homme en costume rouge et bleu avait des pouvoirs…
Mais pas obtenu de la même manière apparemment. Donna lui avait posé la question, s’il était un cobaye du bromure d’éthidium également. Son histoire semblait bien compliquée, et il ne souhaitait pas en parler. Normal. On a du le traiter de monstre, de tout, sauf d’humain. C’est pour ça que la jeune femme n’en avait parlé à personne, pas même à ses parents. Déjà qu’on la traitait différemment depuis l’incident, alors, si en plus, elle racontait qu’elle avait changé, que son corps subissait l’aléa d’étranges pouvoirs, que penseraient-ils d’elle ? Monstre. Immondice. Revenue à la réalité par la petite mimique de savant fou du jeune homme, Donna lâcha un petit rire, discrètement caché par l’une de ses mains.
- Je dirais plutôt…Science salvatrice.
Elle aussi gardait une partie de son histoire pour elle. Du moins pour l’instant. Peut-être qu’il en aurait entendu parler puisque l’essai sur certains patients étant concluant fit venir de nombreux médias. Grande découverte pour la science. La chose que redoutait Donna, c’est qu’on la rappelle sur les bancs de l’hôpital, juste pour une simple prise de sang, et que l’on remarque sa métamorphose. Devenir un rat de laboratoire ? Ca, jamais ! Elle avait déjà perdu trois années de sa vie, une partie de sa jeunesse. Elle ne voulait pas en perdre davantage à cause de cet agent mutagène qui l’avait sauvé.
Ses pouvoirs ? Ah oui, bien sûr qu’elle les testait. Enfin, du moins, elle essayait de trouver ce qui était en train de changer en elle. Pour sûr, un nouveau pouvoir, mais lequel réellement ? Elle ne savait pas. Néanmoins, elle esquissa un fin sourire lorsque Sentinel lui proposa conseil et aide pour tout ce qui concernait ses pouvoirs.
- Merci, c’est gentil de ta part…En fait, j’ai ce petit papillon dans l’estomac qui me dit que je possède quelque chose de nouveau. Sauf que je ne sais pas exactement quoi. J’avais cette sensation de flotter quelques secondes quand je sautais tout à l’heure. Enfin, tu…Tu dois m’prendre pour une folle !
Bizarrement, le tutoiement était venu naturellement. Après tout, il n’était pas si différent d’elle, ni guère plus âgé. Elle se mit à rire doucement, oubliant en grande partie sa peur et ses pleurs de tout à l’heure. Cette sensation de sécurité, de…Confiance…Tout cela lui semblait aller trop vite, pourtant, ce n’était pas pour lui déplaire que de parler avec quelqu’un qui pouvait la comprendre…
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J'avais l'agréable sensation que plus les minutes passaient plus Wonder Girl se sentait en confiance. Maintenant, elle se laissait aller à rire à mes blagues pourries et mes grimace de gamin, ce qui était plutôt bon signe. Bon ! Si notre démarrage avait été plutôt tumultueux, les choses avaient l'air de se tasser un peu et j'en étais ravi, bien que je ne perdais pas de vue que je devais continuer de me montrer prudent avec elle. Toujours pas de mouvements brusques, tout comme je me disais qu'il valait mieux éviter les allusions graveleuses lourdingue. Dommage, d'autant que je faisais un effort assez conséquent pour ne pas lorgner sur sa poitrine, préférant me concentre sur son visage. Ses yeux et surtout, SURTOUT ! Sa bouche... J'étais amoureux de ses lèvres pulpeuses et charnelles, pour ne rien vous cacher. Ca, couplé à son regard bleu et je devenais dingue. Comment une fille si désirable pouvait-elle avoir peur des hommes ? Non franchement, c'était du gâchis.
Quand elle parla de science salvatrice, je n'ajoutais rien. Je n'avais pas été très causant sur l'acquisition de mes pouvoirs, aussi n'allais-je pas l'accabler pour son silence. Et puis, quelque part, c'était un peu personel, tout ça.
A ma proposition d'aide, elle ne refusa pas bien qu'elle n'accepte pas clairement. Au moins n'étais-je pas repoussé et je considérais ça comme un acquis, surtout qu'elle m'expliquait comment ses pouvoirs semblaient se manifester. Inévitablement, ça me rappellait les premiers temps avec les dons de Sentinel, quand j'étais coincé dans l'Antiquité. Rapidement, je me demandais ce qu'Hera aurait bien pû penser de Wonder Girl, avant de lui répondre en secouant négativement la tête.
- Une folle ? Non. La première fois que j'ai volé, je n'ai pas sû bien me contrôler et j'ai fais une telle pointe de vitesse que je me suis senti mal.... J'ai manqué de m'évanouir en plein vol ! Il m'a fallu du temps pour maîtriser correctement. Tu sais, le vol n'est pas à prendre à la légère. Si tu n'arrive pas à contrôler, tu y perdra facilement la vie. Le truc au départ, c'est d'apprendre tes propres limites et de bien les connaître. Comme ça, tu sauras ce qui est à ta portée ou pas : le temps que tu tiens en vol, si tu peux faire des cabrioles, des accélérations ou au contraire de brutales décélarations... C'est tout un travail !
Je parlais comme un professeur, oui. Et pour tout vous dire, j'adorais ça ! Mon regard pétillant et mon sourire jovial ne trompaient pas sur mon état d'esprit, à tel point que j'en oubliais même de la mater. Les bras croisés, je continuais.
- Tu flottais, oui. Tu restais suspendue en l'air, même si ça ne durait pas longtemps. Ce qu'il te faut, c'est un "choc". Ton corps réagira de la façon la plus appropriée pour lui. D'un mouvement de menton, je lui désignais le vide non loin de nous. Le premier immeuble était bien à une vingtaine de mètres et le sol à tout autant de distance. Saute. Si tu me le permets, je te rattraperais en vol comme tout à l'heure, si je vois que ça ne marche pas. Une fois que tu auras flotté, tu auras déjà fait une grosse partie !
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Ca y est. La discussion était engagée. Donna n’avait plus envie de fuir, bien au contraire. Elle voulait en savoir davantage sur Sentinel Prime et apprendre à maîtriser ses pouvoirs. À ses yeux, il apparaissait non plus comme un homme dont elle avait tant peur, mais plutôt comme un maître qui saurait lui dicter les leçons de super-héros. Il avait toujours ce ton rassurant qui allégeait l’esprit de Donna. Avec lui, elle pouvait lui dire qu’elle était différente, qu’elle avait des pouvoirs. Tout cela sans être prise pour une dingue. Folle ? Non. Et Donna lui offrit un sourire, bien plus lumineux que les autres de tout à l’heure. Sentinel ne pouvait qu’être le seul à la comprendre.
- Alors, mon nouveau pouvoir, ce serait le vol…
Et bien, d’après les explications du professeur Prime, ce n’était pas que de simples flottements dans l’air. Non, c’était bien plus grandiose que cela. Si l’on regardait dans les yeux azur de la jeune femme, on pouvait y voir des petites étoiles. Petites étincelles de joie et d’excitation. Et un sourire niais aussi, genre bécasse. Qui n’a jamais rêvé de voler ? Personne. Un rêve de gosse que de planer comme un aigle. Le visage de Donna traduisait bien son engouement, son envie d’essayer de voler directement.
Mais lorsque l’homme en costume lui montra le bord de l’immeuble, tournant sa tête vers le rebord, elle fut tout d’un coup moins enthousiaste. Elle se leva lentement, s’approchant du bord du toit. Ce vide…On pouvait facilement imaginer ce qu’il adviendrait de quelqu’un qui saute de ce toit. Une crêpe au sang, miam ! Ouais, non, mauvaise blague. Un petit Gloups s’échappa d’entre ses lèvres, ravalant un peu trop bruyamment sa salive.
- D’accord…
Si elle souhaitait apprendre à voler, elle devait sauter. De toute façon, Sentinel la réceptionnerait un peu plus bas. Pioup ! Petit frisson dans le dos à l’idée qu’il la retouche. Quand elle frissonnait ainsi, elle n’était guère discrète, ses épaules et le haut de son corps ondulant légèrement. C’est un homme ! Un homme pardi ! Il ne doit pas te toucher ! Raaah. Mais non, il était différent, comme elle ! Se tapotant le côté de la tête deux secondes, elle finit par se détacher un peu du bord. Visualisant le toit d’en face, Wonder Girl se demandait s’il se devait de prendre de l’élan ou non. Bon, autant couper la poire en deux, un micro-élan alors. Encore un Gloups qui lui traversa la gorge. Une petite lancée et Donna sauta. Mais peut-être pas assez loin encore une fois, car là, si je regarde bien, elle tombe dans le vide. Elle ferme même les yeux, de peur. Et bien, c’est pas gagné encore…
-
- Le vol, je suppose, oui. Je ne vois pas ce qui pourrait te maintenir autrement en l'air. Quand tu me fuyais, j'ai eu le loisir de t'observer et j'ai trouvé ça frappant. Il te manque le déclic !
Son sourire me fît vraiment plaisir tant il était sincère et originaire de son coeur. Je ne paraissais plus vraiment l'effrayer et je me sentais fier d'avoir réussi à "l'apprivoiser" un peu alors qu'elle me fuyait quelques minutes à peine auparavant. Le dialogue était installé sur des points communs que nous partagions et j'avais envie de penser qu'elle désirait un peu ma compagnie malgré tout. C'était assez curieux de parler avec un autre Super, en fait ! Les avocats parlaient sûrement procès entre eux, par exemple. Nous, nous parlions super-pouvoirs et ça nous aidait à tisser des liens qui, même si ils étaient fragiles, avaient le mérite d'exister. Bon, j'avais conscience de marcher sur une corde raide qui pourrait céder au premier dérapage de ma part et ça avait un côté un peu stressant, c'est vrai. Cette fille avait un côté attachant et ça valait la peine de faire attention à mes regards et à mes mots, aussi m'appliquais-je à rester correct. Je n'avais pas encore placé de blague vaseuse ou d'allusion sous la ceinture, ce qui tendait à prouver que j'avais envie de ne pas passer pour le gentil abruti de service. Tiens, je m'en étonnais moi-même, en fait !
Amusé, je l'observais tandis qu'elle s'imaginait sûrement fendre les nuages. Ce sourire de gamine, son regard plein de petites étoiles... Je les avais eu aussi, moi. Lors de mes premiers vols, mon attitude avait été incroyablement joviale et juvénile et je me souvenais parfaitement avoir hurlé ma joie à pleins poumons à chaque embardée que je faisais entre les courants d'air, la ville s'éloignant toujours un peu plus de moi. C'était foutrement grisant de savoir voler et je le redécouvrais presque à chaque fois que je quittais le sol pour vagabonder dans le ciel. Rien que pour ça, j'avais la sensation que ma vie -aussi décousue et plate soit-elle- valait la peine que je la croque à pleines dents.
La suivant du regard tandis qu'elle s'approchait du bord, je me décidais à me relever tout en continuant à conserver une distance "de sécurité" entre nous. Silencieux, je la regardais trembler, hésiter. Oui, c'était dur de se lancer, surtout quand on était pas sûr de ses propres capacités. Mais Wonder Girl ne manquait ni de courage ni d'envie et elle trouva la force d'embrasser le vide tandis que je m'élançais directement à sa suite... Pour m'apercevoir qu'elle chutait lamentablement. Bon.
Je la rattrapais sans difficulté et parvins à la prendre dans mes bras à la manière d'une jeune mariée, oubliant un moment sa phobie des hommes. Là, suspendus un peu au dessus du trottoir, je lui parlais en souriant.
- Ce qu'il te faut, c'est un peu plus de motivation, je pense.
Et doucement, je pris de l'altitude en lui laissant profiter de la montée. Bientôt, notre toit fûr réduit à un petit carré sous nos pieds et plus tard, la ville n'était plus qu'une guirlande de lumière qui s'étendait sous nous, qui flottions tout à côté de nuages épais et paresseux. Avec précaution, je fis passer l'un des bras de Wonfer Girl contre ma nuque tout en affirmant plus solidement ma prise sur son dos et sous l'une de ses aisselles, relâchant délicatement ses jambes qui pouvaient battre l'air sous ses pieds. Quant à la main qui maintenait ses gambettes, elle vint attraper son bras passé autour de moi. Ainsi bloquée pour éviter une chute, la belle pouvait goûter à la sensation du vide dans lequel elle ne chutait pas.
Lentement, je nous mis en route, nos corps s'allongeant naturellement avec la pression de l'air.
- Bientôt, tu seras capable de faire ça toute seule, j'en suis sûr. Et là, tu verra... N'importe quel souci te paraît bien lointain quand tu traîne parmis les nuages. Dompter le ciel est un privilège, un plaisir. Tu peux en jouir, toi aussi.
Hop, je nous basculais un peu sur la droite, nous redescendant vers Seikusu pour qu'elle puisse admirer la vue depuis cette place imprenable qu'était le ciel. Le voyage continuait tranquillement, tandis que je lui jettais souvent de petits regards.
- Ca te plait ?
-
Petit thème (http://www.youtube.com/watch?v=BnGdx40919M)
Elle saute, et plonge. Donna a l’impression de vivre la même scène que tout à l’heure. Une sorte de retour en arrière, flashback…Elle avait eu peur, mais elle savait que Sentinel allait la rattraper. C’est peut-être aussi pour cela que son pouvoir ne se déclencha pas. Elle était consciente qu’il y avait quelqu’un pour la secourir, c’est cela qui la bridait un peu. Le super-héros l’avait réceptionnée, comme une princesse dans ses bras, et commençait à prendre de l’altitude. Le réflexe de Donna fut de s’accrocher autour du cou, toujours un peu plus au fur et à mesure qu’ils prenaient de la hauteur. Plus de peur, enfin plus peur de Sentinel. Cela était déjà un grand pas. De la motivation, elle en veut bien, mais ce n’était pas un peu trop haut là ?
Qu’importe. Le spectacle que lui offrait Sentinel était des plus somptueux. La ville semblait parsemée de petites lucioles. Traversant certains nuages, les yeux azur de la jeune femme ne faisaient que pétiller encore une fois.
- Woaaah…
Elle avait toujours adoré ces images vues du ciel de paysages magnifiques. Elle s’était promis qu’un jour, elle ferait parachute ou un truc de ce genre, juste pour avoir la chance de voir un jour un tel spectacle. En quelques secondes, Sentinel venait de réaliser son rêve de petite fille : voler. Et même si ce n’est pas de ses propres ailes, la sensation est tellement grisante. Le jeune homme lui promet qu’un jour, elle serait capable de faire cela seule. Et en effet, ses soucis lui paraissent bien lointains. Elle sourit bêtement, comme une gosse. Le vent lui rafraichissait le visage, mais ce voyage était des plus agréables.
Alors quand Sentinel lui demandait si la ballade lui plaisait, elle ne put lui répondre par un sourire lumineux. Tout s’était effacé et plus rien ne comptait. C’est vrai, il y avait juste elle et lui, et ce paysage sous les yeux. Son cœur s’était mis à palpiter, battre rapidement. Son souffle se faisait profond et fort, toujours le sourire aux lèvres. L’excitation la prenait. Une vraie gosse. C’était magique. Elle se sentait merveilleusement bien, ses jambes flottant dans l’air. Regardant le jeune homme dans les yeux, elle osa lui demander un petit service.
- Sentinel, tu…Tu pourrais nous monter plus haut, s’il-te-plaît ?
Plus haut, encore bien au-dessus des nuages. Un peu comme Aladdin et Jasmine, dans la fameuse chanson « Ce rêve bleu ». Elle souhaitait disparaître derrière ce fin écran brumeux, se cacher de la ville. Mais pour quoi faire ?
- Et dès que l’on sera assez haut, je voudrais que tu…Me laisses tomber.
Ca paraissait stupide, voire suicidaire. Mais Donna ne le voyait pas ainsi. Cette descente pourrait réveiller son pouvoir. Elle avait cette confiance envers Sentinel Prime, elle savait qu’il la rattraperait au moindre souci. De toute façon, pourquoi n’y arrivait-elle pas ? We’re wunderkinds.
-
Quand elle me demanda d'aller plus haut, je me contentais de la prendre plus serrée contre moi. Sa poitrine s'écrasait contre mon torse et mes mains s'étaient refermées sur sa taille pour la ceinturer solidement mais sans douleur avant que nos corps ainsi unis ne filent de plus en plus haut tout en tournant très légèrement sur eux-même. Petit-à-petit, Seikusu se réduisait sous nos pieds et se confondait avec sa périphérie directe et le pays du Soleil Levant semblait s'étendre encore et encore, la mer le berçant quand elle venait caresser ses côtes sablonneuses de ses doigts d'écume. Tout au long de notre vol, j'avais observé ma partenaire de l'instant et j'avais dévoré son regard d'enfant, les sourires qui avaient étendus ses lèvres charnelles d'un agaçant et excitant rosé délicat. Après la peur, j'avais vu en elle la joie sincère, le plaisir fugace de la seule et vraie liberté : celle de l'esprit. Intimement, je réalisais que plus personne ne lui ferait jamais pareil cadeau. C'était un peu comme prendre sa virginité , d'une certaine façon. Vous qui ne pouvez pas voler, vous trouverez peut-être la comparaison énorme et déplacée, mais je suis certain que Wonder Girl n'aurait pas eu un avis différent du mien.
Je le savais, parce que j'étais persuadé qu'on partageait plus que ce qu'on ne s'était dit jusque là. C'était... Une sensation, une impression. C'était agréable, aussi.
Nous traversâmes un épais nuage au-dessus duquel je montais encore un peu avant d'arrêter mon vol, nous laissant en position stationnaire à plusieurs centaine de kilomètres du sol. L'air était plus rare, bien plus froid... Mais je savais que ça irait. Elle contre moi, je la regardais intensément.
- On y est, Wonder Girl. Au-dessus des nuages, juste au-dessous du Septième Ciel. Je tournais la tête pour contempler le curieux paysage qui s'offrait à nous, avant de revenir à ma partenaire, mon souffle se mêlant au sien. Cette fois, ce sera à toi de me rattraper, d'accord ? J'ai confiance en toi. Je ne rétablirais pas mon vol au dernier moment. Un petit sourire doux. Sauve moi.
Et je coupais toute alimentation à mes pouvoirs. Ni plus ni moins. La gravité planta aussitôt ses griffes dans nos chairs et la descente commença alors, puissante, enivrante, interminable et mortelle. Lentement, mes bras quittèrent son corps et lui rendirent sa liberté afin qu'elle vole -littéralement- de ses propres ailes. Je lui adressais un regard complice, presque tendre.
- J'ai confiance en toi.
Mes yeux se fermèrent, purement et simplement. En cet instant, je n'étais plus Sentinel Prime, j'étais un homme ordinaire qui filait à une vitesse folle vers une mort certaine. Et pourtant, pourtant... Je n'étais pas inquiet.
Il était temps pour elle se prendre son envol.
-
Donna avait formulé le souhait que Sentinel l’emmène plus haut dans le ciel, gentiment. Chose qu’il fit sans poser de question. Il ramena la jeune femme tout contre lui pour mieux s’élever dans les airs. Ce contact était un autre pas pour se sentir en confiance avec lui. Les joues de la demoiselle se mirent à rougir, aussi bien à cause de cette proximité dont elle n’était pas habituée, que par l’air qui se rafraîchissait. Passant un dernier nuage moutonneux, un fin filet brumeux les poursuivant pendant le vol, le super-héros s’arrêta enfin. Un sourire aux lèvres, Donna attendait alors qu’il daigne la lâcher. C’était son second souhait. Qu’il la laisse tomber, vibrer dans l’air, pour que son pouvoir se réveille complètement.
Mais rien ne se passe comme elle le présageait. Sentinel lui annonce que c’est lui qui tomberait, lui qu’il fallait rattraper. Non, non. Ce n’était pas comme cela que ça marcherait ! Et si elle ne le rattrapait pas à temps, il se tuerait ! À cette idée, le visage de Wonder Girl devint blanc, paralysé par la peur qu’il finisse en super-tas de bouillie au sol…Ses mains s’agrippèrent au costume rouge et bleu mais le jeune homme se défit de l’étreinte simplement. Lui était tout souriant, alors qu’elle était figée par la peur. Une toute autre peur que celle du début. Mais tout de même, il avait si confiance en elle ? Et si cela ne marchait pas ?
- Arrêtes…Tu me fais peur…
Elle se torturait l’esprit avec ses « si » alors que Sentinel Prime avait engagé sa folle course en direction du sol. Elle aussi ressentait cette pression sur son corps qui l’emmenait vers la Terre. Elle plonge, juste un peu derrière Sentinel, mais le corps de l’homme, étant plus lourd que le sien, s’enfonce plus rapidement dans les nuages. Pourtant, elle doit le rattraper. Le voilà, son saut en parachute, mais sans parachute. Elle doit prendre une accélération pour au moins être à la même hauteur. Rabattant ses bras le long de son corps, serrant ses jambes l’une contre l’autre. L’air vibre tout contre elle. Elle plonge, nage dans l’air. On dirait presque une torpille qui cherche à atteindre sa cible. Arrivée presque à sa hauteur, elle fronça les sourcils et essaya de l’attraper du bout de sa main. Impossible.
- Arrêtes ! C’est pas drôle, Sentinel !
Mais il n’entendait rien, ou plutôt, faisait semblant de rien n’entendre. Les corps de deux super-héros filaient de plus en plus vite dans l’air. C’en était assez douloureux pour les oreilles d’ailleurs. Mais ce qui horrifia Donna, c’est l’arrivée proche du sol, et en premier lieu, des toits de Seikusu. Que faire ? Elle ne ressentait plus ce petit papillon dans l’estomac, cette étincelle dans le ventre avait disparu. L’horreur remplissait les yeux de la belle. Le bitume, bientôt, serait joliment décoré du corps de Sentinel Prime et de Wonder Girl. Parce qu’un jeune homme a voulu joué au malin ! En rage, oui, elle l’était. Ce qui provoqua une légère poussée de vitesse, se rapprochant de super-héros. Mais les toits étaient devenus trop proches. D’instinct, elle plaça ses mains sous les aisselles du jeune homme, pour l’agripper et…Stoppa cette folle course dans les airs. Elle ne s’en était pas rendue compte mais elle flottait, comme Sentinel tout à l’heure. Tout cela à quelques mètres du sol d’un des toits de la ville. Elle passa davantage ses mains sous les bras de l’homme, pour le resserrer tout contre elle.
- Non mais…T’ES UN ABRUTI ! Un abruti doublé d’un malade !
-
Je n'eu qu'une réponse pour elle.
De mon regard planté dans le sien, je l'invitais à baisser les yeux. Elle comprendrait d'elle-même le reste.
- Si avoir foi en autrui est une maladie, alors je suis en phase terminale. Je savais que tu me rattraperais. C'est tout. Pourquoi, je ne serais pas capable de te le dire, mais tu peux être sûre qu'à aucun moment je n'ai douté de toi.
L'épreuve que je lui avais infligée quelques instants auparavant avait été rude, c'est vrai. Un peu cruelle peut-être même. Nécéssaire pourtant, à mon sens. Dans l'esprit de Wonder Girl, je restais son filet de sécurité quand bien même elle m'avait demandé de son propre chef de me lâcher et ça ne l'aurait pas plus aidée à user de son pouvoir. J'avais donc pris la décision qui s'imposait et l'avait forcée à réagir, forcé son corps à s'adapter à la situation. Si je ne l'avais pas regardée durant la course folle vers le macadam, j'avais "ressenti" ses tentatives, senti sa masse approcher de la mienne, entendu ses vociférations à mon encontre. Ses doigts qui avaient tenté d'aggriper les miens n'avaient fait que les frôler et j'avais souris, appréciant ses efforts pour me sauver, moi dont elle avait eu si peur lors de nos premiers moments échangés sur un tout autre toit.
Et puis elle avait réussi. Elle ne l'avait pas réalisé tout de suite, encore paralysée par ce qu'elle estimait être ma bêtise. Son étreinte contre moi était forte, motivée par la peur. Avec tendresse, je tapotais sa main et tournais un peu la tête pour pouvoir la regarder afin de la rassurer.
- Tu y es arrivée, tu vois ? Bienvenue dans le monde des héros, Wonder Girl. Merci de m'avoir sauvé la vie, merci beaucoup.
Je réactivais mes pouvoirs tout en tournant dans ses bras pour lui faire face, mes mains sur ses hanches. Croyez le ou pas, il n'y avait aucune arrière-pensée dans mon geste, bien que vus de loin nous êtions très sûrement semblables à n'importe quel couple sur le point de s'embrasser.
- Excuse moi de t'avoir fais ça. Me laisseras tu une occassion de me faire pardonner ?
-
Abruti. Malade. Ce sont les seuls mots qui étaient parvenus aux lèvres de Donna pour décrire ce que Sentinel avait osé faire. Non mais quel con ! Les paroles du jeune homme surprirent Wonder Girl. Tout cela, J’ai confiance en toi, son cœur en palpita quelques secondes fortement. Elle n’avait guère confiance en elle, alors comment lui, qui la connaissait à peine, avait une confiance aveugle en elle ? Cela la déstabilisa un instant. L’homme en costume lui tapota gentiment la main, main qui le maintenait au-dessus du sol. Elle l’avait sauvé ? Pardon ? Ne sachant quoi dire, elle regarda tout autour d’elle et en effet, ils n’avaient guère posé pieds à terre. Alors elle volait ? Ses jambes flottaient, tout comme le reste de son corps, et celui de Sentinel aussi. Ca…Ca avait donc marché !
Un sourire, presque amusé, s’afficha sur le visage de la demoiselle. Elle était à la fois contente, et surtout, rassurée. Un souffle sacadé sortit de ses narines, comme pour casser un petit rire. Elle volait. VOLAIT ! Alors elle pourrait bien retourner là-haut, pour profiter de cette sensation de bien-être qu’elle avait eu avec Sentinel. D’ailleurs, celui-ci s’était remis à voler, faisant face à la demoiselle, encore dans les bras de la super-héroïne. Ses mains se posèrent sur les hanches de la jeune femme, alors que les bras de Wonder Girl étaient retombés dans le dos du héros. Il souhaitait se faire pardonner de la peur qu’il avait provoquée chez Donna. Elle fronça légèrement ses sourcils, avant de rapprocher son front de celui de Sentinel, et de lui offrir un minuscule coup de tête. Elle le regardait droit dans les yeux.
- Ne recommences…Jamais…Couillon va…
Ce n’était pas vraiment méchant. Elle était juste encore un peu sous le coup de l’angoisse et un peu de colère. Son visage affichait une légère mine boudeuse, les lèvres contractées, un peu comme une enfant le ferait. C’était horrible ce qu’il lui avait fait subir, mais d’un côté, c’était pour son bien. Lui faire découvrir ce nouveau pouvoir qu’elle testait tant.
- Mais…Merci…
Son visage se fit plus doux, rosé, et elle offrit au jeune homme un bisou furtif sur sa joue, en guise de remerciement. Il n’y avait là rien d’autres que de bons sentiments. Aucune arrière pensée ne lui avait traversé l’esprit. Ce n’était pas son genre. Et maintenant, on fait quoi ? Ils allaient rester là, en l’air, comme deux nunuches ? Non, bien sûr. Elle ne faisait que flotter. Ce qu’elle voulait, c’était réaliser les mêmes exploits que Sentinel. Voler, encore et toujours plus haut, galoper sur les nuages, et slalomer entre les gratte-ciels.
- Montres-moi…Apprends-moi, s’il-te-plaît.
Ses mirettes azur ne quittaient plus celles de son professeur.
-
D'accord, c'était rude. Mais Wonder Girl s'en est sortie avec les honneurs et grâce à elle mes aventures peuvent continuer. Le petit coup de tête qu'elle m'inflige en guise de protestation me tire un large sourire aux accents presque tendres. C'est drôle, j'ai l'impression d'être proche d'elle alors que je ne la connais que depuis une heure à peine. Déjà, nous voilà complices. Liés par un amour que j'ai souvent éprouvé et auquel ma belle s'ouvre à peine : celui du ciel. Repousser toutes les limites, faire sauter les frontières et les distances. Voilà ce dont nous sommes capables, nous qui épousons les cieux. Non, nous ne sommes pas des dieux malgré tout et c'est le regard de ma compagne de soirée qui me le crie. Les dieux ne s'amusent pas de ce genre de choses, alors qu'elle et moi garderont pour toujours au fond du coeur cette sensation magique du premier vol, de la première fois.
J'espère que le jour où je mourrais, j'aurais assez volé. De tout ce que je pourrais regretter au soir de ma vie, c'est cette idée qui m'obsédera. Ai-je assez volé ?
- Je te le promets.
Quand elle me remercie, je me contente de baiser son front. Je sais mieux que que quiconque ce que je viens de lui offrir et je suis heureux d'avoir été l'homme de cette première fois. Les mots seraient superflux et je préfère me taire pour la laisser apprécier, tant que je me montre surpris par le baiser de celle qui me fuyait peu de temps avant. Wondr Girl reprend la parole et je profite du fait qu'elle ne me lâche pas des yeux pour dégager mes bras de sa taille.
Lorsque je reprends la parole, elle vole de son propre chef, sans filet. Je ne suis d'ailleurs pas sûr qu'elle s'en aperçoive.
- Commence par y aller doucement. Ne cherche pas tout de suite à m'imiter... Je vole depuis longtemps et je connais mes pouvoirs et mes limites. Un sourire, alors que je monte de quelques mètres au-dessus de la scène. Rejoins moi. C'est un peu comme si tu poussais sur des jambes imaginaires, en fait !
Lors de mes premiers vols, je me dirigeais en... nageant. Avec le temps, j'ai abandonné les mouvements de jambes et de bras et laissé mon corps faire l'amour au vide, mon pouvoir servant d'intermédiaire entre l'air et ma masse. J'allais bien voir comment la jolie brune allait s'en sortir, maintenant.
-
Ne recommences jamais. C’était la seule chose qu’elle lui demandait. Ne pas se laisser de nouveau tomber dans le vide, et foutre une peur bleue à la demoiselle. Chose qu’il lui promit, tout en sourire, ajoutant à cela un baiser sur le front de Donna. Pauvre petite femme, d’abord surprise, ses joues se mirent à virer de la même couleur rosée de ses lèvres, avant que celles-ci ne s’étirent pour afficher un sourire sincère. Cette sensation, dans sa poitrine, qui a l’air d’être prête à exploser, c’est …Fantastique, magique, grandiose…Tous ces mots ne sont pas suffisants pour exprimer ce qu’elle peut ressentir à l’instant. Sentinel, lui, devait bien la comprendre, lui qui volait aussi. Cette liberté qu’offraient les cieux. Personne ne pouvait les atteindre. Cet étendu bleu, parsemé de brume, était bien plus beau qu’on ne se l’osait imaginer. Bien plus beau que ce que l’on pouvait trouver avec un pied au sol. Oh, ne pensez pas que Miss Troy n’aime plus les beaux paysages. Bien sûr que si. Mais…Mais…C’est une autre immensité qui s’étendait sous les yeux azur de la jeune femme, un autre monde à découvrir, et que peu, très peu de personnes connaissaient.
Et il y avait Sentinel. Lui dont elle avait eu peur tout au début, qu’elle avait fui de toutes ses forces, était désormais près d’elle. Proche d’elle dans tous les sens du terme. Il était le seul capable de comprendre ce que Wonder Girl ressentait à l’instant, alors que ses pieds flottaient dans l’air. Le jeune homme se détacha d’elle, la laissant voler de ses propres ailes, invisibles mais pourtant si grandes. Grandes de liberté, de joie, de…De…Je ne serais trop dire, c’est tellement confus dans sa tête. Elle est animée par un nombre incalculable d’émotions qui transpercent son cœur et son esprit tous en même temps.
Le super-héros se détacha finalement de Wonder Girl, la laissant seule dans les airs. Voletant juste quelques mètres au-dessus d’elle, il l’invita à la rejoindre. Tel un professeur, Sentinel lui enseigna comment faire pour se retrouver à sa hauteur. En effet, pour l’instant, la pauvre Donna ne faisait que flotter. Ne sachant trop quoi faire au début, elle battit des jambes comme pour nager. C’est un peu con comme tactique, puisqu’elle ne bougea pas d’un poil, mais rien que cela la fit rire. Sourire, les yeux étincelants, de voir qu’elle ne touchait guère le sol.
- J’ai juste à penser que j’vole vers toi pour que cela fonctionne ?
Il avait dit pousser sur des jambes imaginaires. Posant ses mirettes sur le jeune homme, elle resta un moment ainsi, à le regarder. Puis elle se mit à fermer les yeux. Et puis rien. Elle restait plantée là, sans bouger d’un cil. Pourtant, elle y pensait fortement. Bah, elle s’y prenait donc mal. Des jambes imaginaires, hein ? Essayons donc. Elle replie doucement ses jambes comme pour se propulser. Chose qui arriva…Une détonation se fit entendre. Elle avait forcé sur la puissance de son élan ! Filant à toute vitesse vers Sentinel, elle ne savait pas quoi faire pour arrêter sa course. Elle se retourna sur elle-même, histoire d’esquiver le jeune homme et éviter de le percuter de plein fouet ! Son vol accéléré devint incontrôlable, roulant sur elle-même, comme si elle faisait des tonneaux telle une voiture accidentée. Sa course ? Elle se termina, transperçant un nuage, réajustant son vol. Cachée derrière ce petit brouillard, elle essaya de rassurer le super-héros.
- C’est bon…J’ai…J’ai rien !
Pis, elle se mit à rire. Fort, très fort ! Passant juste sa tête dans le nuage, comme pour le traverser, elle avait le sourire aux lèvres et les yeux un peu larmoyants de sa bêtise.
- C’est pas encore ça, mais…C’est dément !
Si on vous donnait tout ce qu’il vous faut pour réaliser le plus fou de vos rêves, vous réagiriez comment ? Vous seriez sûrement sur un nuage. C’était le cas de la belle brune. Les cheveux un peu ébouriffés, elle se voyait dompter ces courants invisibles et frais de ce ciel aux couleurs de ses yeux.
- Viens !
C’était à son tour d’inviter Sentinel à la suivre. Ce qu’elle fit, pousser sur ses jambes imaginaires. Encore une fois, l’élan fut trop fort et elle s’éleva bien haut dans le ciel, voulant presque toucher les étoiles et la Lune. L’air frais rougit le visage de la belle, qui ferme les yeux et sourit doucement alors qu’elle file dans l’air. Elle n’apprendra pas en un jour mais elle ferait des efforts. Sauf là, on lui permettait de réaliser un rêve, elle allait donc en profiter, ne sachant pas si celui-ci durerait. S’arrêtant en plein vol, elle attendit que Sentinel la rejoigne, toujours le visage lumineux en regardant les alentours.
- Je crois que…Désormais, si je ne pouvais plus voler, je me sentirais trop mal. Je me sentirais trop vide si cela devait arriver un jour…
Son visage se tourna vers le jeune homme, attrapant ses mains dans les siennes, pour se rapprocher de lui.
- Si un jour, cela m’arrive, tu m’emmèneras voler avec toi, dis ?
-
- J’ai juste à penser que j’vole vers toi pour que cela fonctionne ?
- Voilà. En gros, c'est ça.
Au final, voler n'avait rien de compliqué et Wonder Girl comprendrait bien vite que c'était un peu comme apprendre à marcher : on peinait au départ, on tombait et pleurait, puis on se relevait pour accomplir un mêtre en plus. Dans ce domaine comme dans d'autres, il n'était pas interdit de tâtonner pour avancer et c'était la façon la plus sûre d'y parvenir. Les yeux rivés sur la redoutablement désirable brunette, je scrutais chacun de ses mouvements avec une pointe d'envie. Quel plaisir enivrant c'était, les premiers moments passés à voler ! La sensation s'était pour moi transformée depuis longtemps en souvenir, mais je la gardais au fond de moi et je la chérissais avec tendresse. Voir quelqu'un d'autre s'y ouvrir, c'était un peu comme...hm... voir un type flirter avec notre nana. Ca fout un peu la rage, même si on sait qu'elle ne partira pas avec lui pour autant puisqu'elle est déjà avec nous.
Je la vois filer comme une bombe et je m'écarte prudemment de sa trajectoire. Quelle balle ! Ah, Wonder Girl découvre que ce n'est pas aussi simple qu'on pourrait le penser. C'est un petit coup de main à prendre, mais je suis assez content que nous soyons à bonne distance de tout ce qui est solide. Trop près du sol et des immeubles, ses voltiges mal assurées pourraient se conclure en drame. Seulement à cette altitude, il n'y a que les nuages sur sa route et voilà d'ailleurs qu'elle disparait derrière l'un d'eux avant que sa voix ne m'assure de son état. Visiblement excellent, en plus !
Les bras croisés et la tête levée, je la regarde de loin le sourire aux lèvres. Je perçois son rire, je vois sa tête qui semble s'extraire du nuage qui l'acceuille dans un "plop" imaginaire et pourtant très sonore dans mon esprit. Cette fille est folle de son pouvoir, ivre de sa capacité à tutoyer le ciel. Ca fait plaisir à voir, d'autant qu'elle m'invite à la rejoindre avant de filer vers de nouvelles hauteurs.
Et je ne me fais certainement pas prier ! A mon tour de m'élever dans le vide, d'un vol plus assuré et gracieux que celui de ma drôle de partenaire. Je file vers elle à bonne allure et parviens finalement à sa hauteur, l'entendant alors qu'elle me confie sa peur que je suis le seul à pouvoir comprendre, certainement. Hochant la tête, je me mets en devoir de lui répondre d'un ton doux.
- Tu as sû le faire une fois, non ? Alors tu pourras le refaire une autre fois. Des millions d'autres fois.
Voilà qu'elle me saisit les mains grâce aux siennes, voilà qu'elle se rapproche de moi. C'est drôle... D'habitude, ce genre de chose me met horriblement mal à l'aise. Pourtant là, je me sens bien. En paix. Est-ce le vol, ou simplement sa présence à elle, sa façon d'être ? Je n'en sais rien, mais je profite de ce moment un peu particulier.
- Oui, bien sûr. Je t'ai aidé à goûter au ciel, je serais cruel de t'en priver, non ?
Un sourire, avant de lui asséner un petit coup de tête contre le front, semblable à celui qu'elle m'avait donné un peu plus tôt.
- Ceci dit, je mets une condition pour accepter ta demande. Je veux connaître ton prénom, le vrai.
Hm... Je suis curieux et je sais bien qu'elle ne risque pas de me le donner. C'est trop important pour nous qui préservons nos identités mais... Pourquoi pas ? Pour ne rien vous cacher, je suis prêt à lui donner le mien sans mentir. Cette nana m'inspire confiance.
Pour lui faire plaisir et la tester un peu, je glisse mes doigts dans les siens et libère son autre main alors que je reprends mon vol en l'entraînant avec moi. Je ne la fais pas voler, attention ! Je lui donne juste la direction. Comme deux amoureux se baladant, en somme.
- Dis... Je t'ai fais peur, tout à l'heure ? Tu me fuyais comme si j'étais la pire chose qui puisse t'arriver...
-
Folle. Oh oui, c’est si enivrant de se laisser à sa folie du moment. Donna était piquée d’une joie de vivre comme jamais elle ne l’avait ressentie. Tout, tout n’était devenu que poussière dans son esprit. Voler, ciel, air, liberté, seuls ces mots hantaient ses lèvres et son esprit. Ses soucis ? Aujourd’hui, là maintenant, ils n’existent plus. Droguée de son nouveau pouvoir, pour sûr, elle ne s’en lasserait jamais. Chaque vol sera un moment de tranquillité, du corps et de l’esprit. Voler sera son échappatoire à ce monde de plus en plus sombre.
Pourtant, en ce monde, on y voit quelques pointes de lumière, des fois si intenses qu’elle vous brûle. Les yeux ? Non, elle vous brûle le cœur. Sentinel en était une. Immense, brillante…Le jeune homme avait ouvert son monde à Wonder Girl, et rien que pour cela, la belle lui en sera à jamais reconnaissant. C’est grâce à lui si elle pataugeait librement, les pieds battant les courants d’air. Insouciante, lumineuse de par son regard d’enfant qu’elle porte sur cet espace, son sourire jamais ne la quitte. Jamais ses yeux azur ne laissent échapper sa joie d’être là.
Même quand elle parla de ses inquiétudes vis-à-vis de sa capacité à voler, elle gardait le sourire. Il la rassura un peu, mais dans l’esprit de Donna, elle s’interrogeait encore. Et si ses pouvoirs disparaissaient ? Aussi vite qu’ils étaient venus ? Alors elle ne pourrait plus voler. De tous les pouvoirs qu’elle avait aujourd’hui, la perte de celui-là refroidirait son existence. Vie bien fade sans épouser les cieux…Pour doublement se rassurer, elle demanda à Sentinel s’il l’emmènerait avec lui, si un jour, oui un jour, elle ne serait plus Wonder Girl. Leurs deux corps proches, le jeune homme la cogna doucement, comme elle l’avait fait auparavant, signe qu’il acceptait la requête de la brune. Mais il y avait une condition. Son nom. Sourire toujours aux lèvres, elle avait assez confiance en lui pour le lui dire, même s’il était un homme.
- Donna. Jm’appelle Donna Troy. Et toi, petit homme ?
Aucune hésitation dans sa voix. Se cacher des autres pour se protéger, pour garder une vie privée, oui. Mais pas avec Sentinel. Tout ce qu’il pouvait ressentir, elle pouvait le comprendre. À quelques choses près aussi. Les doigts du jeune homme se faufilèrent entre ceux de Donna, chose qui fit surpris la belle. Réaction rougissante sur ses joues, elle se mit à suivre doucement le super-héros, son vol saccadé, hésitant. C’est bien plus facile de jouer la vitesse, la puissance. Maintenant, il fallait laisser place à la lenteur, à la douceur. Il y avait aussi ce côté grisant du vol. Épouser les cieux cotonneux, filant lentement sur les courants invisibles chauds ou glacés. C’était une autre façon de voir cette étendue azur, une autre façon de vivre. Doucement, prendre son temps d’apprécier les choses.
Autre question de Sentinel. Question qui surprit la jeune femme, s’arrêtant dans son vol. Elle resta muette quelques instants, secondes qui pouvaient paraître interminables. Le visage de Wonder Girl se fit désolé, avec un sourire plutôt triste cette fois-ci.
- Excuses-moi d’avoir réagi de la sorte…C’est juste que…Je suis phobique…Des hommes. Ca peut être fou comme peur, mais c’est depuis que…
Elle ne pouvait finir sa phrase. Un flash venait de lui parcourir l’esprit. Les voix de ces hommes résonnaient dans ses oreilles. Gorge serrée, elle baissa son regard, resserrant l’étreinte de ses doigts tout contre ceux de Sentinel. Elle restait vague, suspendue dans le vide, dans un vol stationnaire. Son souffle avait commencé à s’accélérer puis, aussi soudainement qu’il était apparu, se fit plus lent. Donna reposa ses yeux bleus sur le super-héros, se tirant vers lui, lui embrassant la joue, puis reprit la promenade, entraînant le jeune homme derrière lui. Son sourire était revenu, magnifiant son visage rosi.
- Mais toi…Tu es différent.
-
- Donna. Jm’appelle Donna Troy. Et toi, petit homme ?
- Mauvaise réponse, miss Troy. Là, tu es sensée me dire que tu ne donnes pas ton nom au premier venu et me rembarrer gentimment. Qui sait, je suis peut-être le pire salaud que tu puisse rencontrer ! Ton identité, Donna. C'est ce que tu dois protéger à tout prix. Tu comprendra rapidement que c'est ce que tu as de plus précieux, crois moi.
Je suis un peu hypocrite, pour ce coup là. Moi qui suis en perpétuel conflit identitaire, comment puis-je dire avec autant d'assurance que le nom est si important ? Plus ça va et plus le mien me sert d'excuse pour dissocier mes deux "personnalités", l'une rejettant toujours ses fautes sur l'autre et vice-versa. Certains appellaient ça le complexe du masque et je le vivais malheureusement pleinement. Le costume était d'une certaine façon ma malédiction et j'aurais été bien plus tranquille à dévoiler publiquement qui j'étais.... Mais j'aimais être le simple sieur Macross, avec tout ses défauts et son côté fadasse. Kyle ne plaisait pas aux filles, Kyle était perçu comme insipide. Et Kyle avait la paix et toute la vie devant lui alors qu'SP vivait à cent à l'heure sans prendre le temps de s'arrêter pour trouver une femme à chérir malgré ses activités remuantes.
Bon, c'était peut-être aussi parce que je parlais le japonais comme un sagouin. Mais j'avais rendez vous quelques jours plus tard pour des cours de langue, alors...
Secouant la tête, je chassais cette reflexion hors-sujet de mon esprit et me concentrait sur le vol. A vitesse réduite, nous filions pourant correctement à travers les cieux de Seïkusu et j'entraînais Donna avec moi lors de virages d'abor doux, puis un peu plus serrés. Les manoeuvres entreraient plus facilement dans son esprit, de cette façon.
Parti dans ce petit cours silencieux, je fûs surpris lorsque Donna s'arrêta un peu brusquement. Je l'imitais pour ne pas lui arracher le bras et me plantait devant elle, scrutant les traits de son visage tandis qu'elle m'expliquait les raisons qui avaient motivé sa fuite, un peu plus tôt dans la soirée.
Phobique des hommes ? C'était possible ? J'allais lui en demander plus mais sa tête et ses doigts plus étroits contre les miens m'enjoignirent à me taire, ce que je fîs. Finalement, la belle brune s'approcha de moi pour déposer ses lèvres sur ma joue. Ben mon vieux... La phobie des hommes ne semblait pas me cibler et pour le coup, je n'allais pas m'en plaindre.
La balade aérienne reprit et je lui laissais les rênes pour me contenter de suivre quand elle sembla achever sa phrase précédente dans une sentence plutôt agréable.
- Différent ? Sûrement, oui. Parce que je vole et que je porte un costume moulant. Pour le reste, tu sais, je ne suis qu'un homme comme un autre. La meilleure preuve, c'est que tu ne m'aurais pas adressé un regard si tu m'avais croisé dans la rue.
Hm. J'étais effectivement un peu amer, mais certaines choses étaient pour moi dures à avaler et la pauvre Donna faisait les frais de ce mauvais état d'esprit. En guise d'excuse, je décidais de lui glisser un petit cadeau dans la conversation, sorte de preuve de l'amitié qui naissait entre nous.
- Un jour Kyle Macross, un jour Sentinel Prime. Jamais personne ne prendra le lot pour ce qu'il est : moi, et moi seul. C'est un peu déprimant, pour ne rien te cacher.
-
Souriante. Elle l’avait été quand elle s’était présentée en bonne et due forme à Sentinel. Elle avait confiance en lui, alors pourquoi se cacher ? Et puis, pour elle, elle n’avait jamais été Wonder Girl. Elle n’avait sauvé personne, elle fuyait le danger, les hommes, sa phobie. Pour la brunette, elle n’était que simplement Donna. Oui, juste Donna. Mais apparemment, cela ne plu guère au super-héros qui sermonna la demoiselle de s’être livrée si facilement à lui. Il est vrai que délivrer sa véritable identité à quelqu’un que l’on connaît point était dangereux, fou même. Mais…Mais…
- Tu n’en es pas un, de salaud. Car tu sais ce que c’est, de se cacher derrière un autre nom. Et excuses-moi, tu sembles fâché par ma faute. Pardonnes-moi de te faire confiance.
Elle le cherchait ? Non, ce n’était pas son intention. Elle souhaitait juste lui faire comprendre que si elle avait été aussi directe, sans lui donner de faux nom ou quoique ce soit d’autre, c’était parce qu’elle n’avait plus peur de lui. Du tout.
- Tu ne me trahiras pas. Je le sais.
Tout comme elle, elle ne le fera pas. Ils avaient repris le chemin de leur promenade aérienne, Sentinel se laissant guider par la demoiselle. Même Wonder Girl ne se rendait pas compte qu’elle volait désormais un peu mieux. Son vol n’était plus saccadé, était devenu bien plus gracieux. Ce n’était pas aussi parfait que celui du super-héros, mais ce n’était déjà pas mal. Elle apprenait vite !
Donna avait complimenté le jeune homme, lui qui était si différent. Oh, elle ne faisait pas référence à son côté super-héros, avec ses supers pouvoirs ou de son costume. Non, vraiment. Mais Sentinel ne le perçut pas comme cela, et sa voix se fit un peu plus sèche qu’auparavant. Donna s’arrêta quelques secondes, une nouvelle fois, pour regarder celui dont elle tenait la main, avec un sourire, avant de finalement reprendre la route vers un ciel parsemé d’étoiles.
- Je pourrais dire la même chose. Je suis qu’une fille parmi tant d’autres, bien commune, bien pâle dans ce monde. Presque invisible même. M’aurais-tu remarqué dans une foule ? J’en doute. Ou alors, peut-être que si, mais avec les mêmes yeux terrifiés que j’ai pu avoir tout à l'heure, tout en essayant de ne toucher personne. Oui, tu m’aurais peut-être remarqué, et m’aurais prise pour une folle.
Son regard flirte sur la gauche, pour voir son compagnon de voyage, essayant de le rassurer. Souriante, ses yeux se posent aussi sur le paysage plongé dans l’obscurité de la nuit, mais pointillé de lumières de Seikusu.
- Et qui sait, je t’aurais peut-être remarqué. J’aurais réagi comme tout à l’heure, la peur au ventre, et tu m’aurais suivi, ou peut-être pas. Qui sait ce qu’il se serait passé après tout ? Et si vraiment, je ne t’avais pas remarqué, c’est parce que j’évite les hommes. Toujours ma phobie, et cela ne serait donc pas de ta faute. Donc, je considère que ta preuve n’est pas valable.
C’était sûrement un peu confus la façon dont elle s’était exprimée. Ce qu’elle souhaitait lui faire comprendre, c’est que ce n’était pas son côté super-héros qui le rendait différent. Après sa sortie du coma, quand elle comprit qu’elle était devenue phobique des hommes, quand l’un d’eux s’approchait d’elle, Donna était toujours apeurée. Elle fuyait des fois. Mais personne, ô jamais personne ne l’avait suivi pour la rattraper comme Sentinel l’avait fait. Tous les autres l’avaient pris pour folle à cause de cette maudite peur. Imaginez aussi, Donna mutante, qui se voit du jour au lendemain attribuer des pouvoirs dont elle ne sait que faire réellement. On la prendrait, en plus d’une cinglée, pour un monstre. Et Sentinel l’avait poursuivi, jusqu’à ce qu’elle cesse sa course. Il avait tout fait pour la mettre à l’aise.
Kyle Macross. Voilà un nom qui ne sonnait pas très japonais, plutôt même américain. Mais Donna trouvait qui lui sied à ravir. Mais le ton du jeune homme était toujours sec, presque découragé. Oui, il semblait l’être. On ne le prenait jamais entier. C’était soit l’humain, soit le super-héros. Donna sentait bien que Sentinel prenait le dessus sur Kyle, car dans ses paroles, son super côté semblait être plus mis en avant que l’autre. Un nouvel arrêt dans la balade, Donna tira sur le bras du jeune homme pour l’amener tout contre elle. Le visage de la brunette se fit plus sérieux, plantant ses mirettes azur dans celles de son compagnon de soirée.
- Je ne comprends pas…Car, que tu sois Kyle ou Sentinel, c’est toujours toi derrière. En Sentinel, tu as des supers pouvoirs. Oui et ? Qu’est-ce que ça change ? Tu restes Kyle, même avec une tenue moulante. Sentinel et Kyle ont des rêves, des peurs, des envies, mais par-dessus tout, ce sont les mêmes. Toutes identiques. Car tout cela t’appartient. Car tu es Sentinel et Kyle à la fois.
Le fameux coup de tête, sur le front. Le tout accompagné d’un sourire sincère, lumineux.
- Et il ne faut jamais dire « jamais ». Car, si tu considères que tu as deux faces, alors je n’ai vu que Sentinel. Et je rêverai de connaître ce Kyle…Et au final, je te connaîtrai TOI.
-
- C'est justement parce que je me cache derrière un autre nom que je suis un salaud, Donna. Crois moi, je n'ai rien à protéger qui en vaille la peine. Famille, amis... J'haussais les épaules, du moins en imitait le mouvement. Je n'ai rien que Sentinel Prime ne protège. C'était une façon de me mettre en avant. Un... hommage. A un autre salaud.
La brunette ne comprendrait pas le sens de mes mots, bien sûr. Ma vie était tellement compliquée et tellement simple à la fois que c'en était aussi limpide qu'opaque lorsque j'en parlais. Toujours était il que de fait, m'octroyer un pseudonyme et me cacher vaguement derrière une paire de lunettes factices n'était que de l'hypocrisie. Et une source de problèmes finalement pour moi qui peinait parfois à faire un distingo entre Kyle et son super alter-ego. "Nous ne sommes pas tout seul dans ma tête" était une petite phrase qui m'allait comme un gant et je n'en étais pas fier.
Enfin, je comprenais le sentiment de Donna et je m'en sentais flatté. Aussi, plutôt que de continuer à divaguer gentiment, j'allais plutôt rebondir sur sa petite confidence qui m'avait arraché un sourire gêné teinté de fierté.
- Non, effectivement. Je ne te trahirais pas, Donna Troy.
Un clin d'oeil amusé vint ponctuer les deux derniers mots que j'avais volontairement appuyé et je laissais davantage de manoeuvre à la belle, qui gagnait décidément rapidement en assurance et en maîtrise. Ouaiiiiiiis... Soit elle était foutrement douée, soit j'étais un foutu bon prof. Décidant de me savonner la planche un petit coup, j'optais pour la deuxième option et me calais sur sa course pour en épouser au mieux les variations. Sous nous, l'air frais du soir filait dans un petit sifflement et j'en profitais un moment tandis qu'elle parlait.
- Tu fais erreur, Donna. Je t'aurais vue. Je tombe généralement amoureux de toutes les brunes aux yeux clairs que je croise ! Je laissais échapper un petit rire avant d'enchaîner, du même ton léger. Je t'aurais suivie. Forcément. Pour savoir d'où venait cet air affolé, pour te proposer de te raccompagner. Pour jouer au héros, en somme. Et ta phobie n'excuse rien, crois moi : je suis invisible. C'est comme ça.
C'était sûrement un vestige de ma vie d'avant, celle ou je n'étais réellement personne, où je vénérais un homme volant qui se battait contre le Mal pour protéger les plus faibles que lui. L'ado discret et secret que j'avais été résidait toujours dans une part de mon âme, serrant fort ses bande-dessinnées en rêvant au jour où lui aussi irait caresser les étoiles. Quand je posais mon costume, que je retrouvais la solitude de mon appartement et que je me regardais dans la glace... Il n'y avait rien dont je pouvais être fier. Kyle n'avait jamais rien accompli.
Et Kyle parfois voulait s'évaporer à tout jamais. Avant de se mettre à pleurer parce qu'il voulait qu'on l'aime, lui aussi.
Quand Donna me colla à elle, je m'aperçus que ma gorge était sèche, mon estomac noué et mon coeur à la dérive. Peut-être avais-je même un regard apeuré quand mon corps rencontra le sien ? Impossible pour moi de le dire. Tout ce que je compris, c'est que j'étais à présent celui qui s'enfuyait en sautant de toit en toit et elle celle qui cherchait à me rattraper pour me rassurer.
Je n'aimais pas le sentiment d'avoir besoin d'être secouru et l'espace d'un instant, je me crispais dans ses bras, réfractaire au dialogue. Et je laissais passer les premiers mots, qui fûrent rapidement suivi des autres.
- Non, non... Je n'ai pas les mêmes peurs. Sentinel Prime n'a peur de rien. Ca fait très théâtral, très poseur, je sais... Mais c'est comme ça. Si moi j'ai peur, si moi je recule... Qui fera ce qui doit être fait ? Personne. Sinon je ne serais pas à ma place. Ou alors disons que j'ai une seule peur : celle de faillir. Ce n'est pas... Je soupirais en cherchant mes mots, fuyant son regard, honteux de m'exposer de cette façon. C'n'est pas de la prétention, Donna, tu sais ? Je ne suis pas infaillible, je ne suis pas le plus fort. Mais je veux qu'on le pense, je veux rassurer et pouvoir aider. J'ai peur d'échouer.
Mais qu'est ce qui me prenait de me livrer comme ça ? Réveille toi, Macross ! Le bureau des pleurs, c'est la porte à côté, pauvre con ! Je ne comprenais pas pourquoi je lui débitais comme ça et j'aurais franchement préféré lui sortir une technique de drague à la con en jouant de mes muscles histoire de me dire que j'allais l'allonger sur le premier toit venu. Au lieu de ça, j'en étais à vomir ce que j'avais depuis bien longtemps sur le coeur.
Ce que jusque là personne n'avait sû prendre le temps d'écouter, parce que personne n'avait jamais pris la peine d'aller chercher un peu dans les fondations de mon coeur. Pour ça, j'avais envie de l'embrasser tout autant que j'aurais voulu la gifler.
- Kyle n'a pas peur de l'échec puisqu'on attend rien de lui. Kyle craint les araignées, les caleçons troués et la pénuries de nouilles instantanées. Kyle craint de ne jamais trouver de petite amie et de passer le plus clair de sa vie sur YouPorn. Tu vois ? La limite est claire, pour moi. Elle existe. Je suis le meilleur acteur de mon petit théâtre et mon seul spectateur. Parfois, ça me fait mal au coeur d'être deux personnes... Sans en être une seule des deux.
Je m'écartais doucement d'elle. Par instinct de protection, ni plus ni moins. Cette situation était plus gênante pour moi que si Donna m'avait surpris à me tripoter sur une photo d'elle et j'avais plus que jamais envie d'être ailleurs. Voilà, je devais être fou et je le clamais à une parfaite inconnue.
Au final, peu importait comme on pouvait présenter les choses : j'étais un fameux connard. Le King, même. Laissez place à l'Elvis de la bêtise les potes, surtout parce qu'il s'impose !
- Désolé, je parle trop. En attendant, tu apprends vite, Donna ! Joli galop d'essai !
Mon sourire était forcé. Mes propos étaient sincères, mais mon esprit était loin, un peu à la dérive et je cherchais à le sauver de la noyade en changeant de sujet, espérant que Donna mordrait. Au point où j'estimais en être, c'était tout ce qui me restait.
-
- Et cet autre « salaud », c’était quelqu’un que tu admirais, n’est-ce pas ? C’est grâce à lui que tu es devenu Sentinel, mh ? Et dis-toi que ce tu fais en tant que tel, c’est bien plus noble, car tu offres de ta personne, de ta vie, pour des personnes que tu ne connais guère.
Bien plus noble que moi, avait voulu dire Wonder Girl. Pardon, Donna, c’est mieux. Car c’était l’un des premières fois qu’elle se présentait comme telle à quelqu’un. C’était l’une des premières fois qu’on la voyait dans un costume noir, moulant et décolleté, accompagné de bottes blanches. Mais Wonder Girl n’existait pas encore. Et qui sait si elle allait exister un jour. Les nouveaux pouvoirs qu’elle possédait ? Un sourire orna son visage lorsqu’elle pensait à la réponse à la question. Elle n’allait pas s’en servir pour sauver le monde. Du moins, pas dans un premier temps.
L’hypothèse que Kyle eut, sur le fait d’une rencontre fortuite, autre que dans leurs costumes respectifs, revenait tout compte fait, au même scénario qu’il y avait eu quelques temps auparavant dans la soirée. Pas bien différente, sauf que cela aurait été, comment dire…Il n’y aurait jamais eu de masque de Sentinel Prime, ou de Wonder Girl. Juste Kyle et Donna. Donna qui fuit, et Kyle qui la rattrape. Wonder Girl qui avait fui, Sentinel Prime qui l’avait rattrapé moult fois. Sur ce point, en quoi Sentinel et Kyle étaient différents ?
- Invisible ? C’est toi qui le vois ainsi. Invisible, mais pas forcément inintéressant. Et dans la façon dont tu dis les choses, du moins, pour cet exemple-là, Kyle et Sentinel auraient réagi de la même façon. Comme toi, tu aurais réagi en fait.
Invisible. Donna se considérait comme telle aussi. On ne la regardait qu’à cause de ses formes, et peu, voire rares sont les gens qui ont voulu voir plus loin que le simple physique. Sois belle et tais-toi, c’est ça ? Dans sa tête, c’est peut-être, même sûr, que ce soit à cause de son joli minois qu’elle soit passer à la casserole, ce fameux jour…
Donna était persuadée que Sentinel et Kyle, malgré que le jeune homme fasse la distinction, ressentaient les mêmes choses, avaient les mêmes envies, ou peurs. Mais apparemment, la brunette se trompait. Sentinel avait peur de l’échec, alors que Kyle craignait la solitude. Mais…
- Mh…Pourquoi Sentinel se sent l’obligation d’aider tout le monde, sans l’aide de personne ? Pourquoi tout porter sur ses épaules, seul ? Parce qu’il a des supers-pouvoirs ? Ce n’est pas une excuse…
Donna laissait le jeune homme s’écarter d’elle. La situation le gênait ? Soit. Mais il fallait bien remettre les choses en état, dans l’ordre, et avec doigté.
- Kyle n’a pas peur de l’échec car on n’attend rien de lui ? Mais est-ce que Kyle attend quelque chose de lui-même ? Ne veut-il pas trouver cette chose dont il rêve tant ? Pourquoi faire attention aux regards et aux dires des autres, si avant tout, tu ne vis pas pour toi-même ?
La jeune femme ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie. Elle souhaitait juste savoir comment Sentinel avait pu se séparer de Kyle, et inversement. Alors oui, peut-être qu’aujourd’hui, il y avait distinction entre les deux, mais Donna était certaine qu’auparavant, ce n’était guère le cas. Et puis, peut-être que Kyle et Sentinel avaient au moins un point commun.
- Kyle a peur de finir seul. Sentinel aussi, je pense. Au fond, pourquoi faire la distinction des deux, alors que tu rêves d’être aimé juste pour ce que tu es ?
Donna se montrait-elle trop…blessante, en abordant des sujets qui fâchent ? Lui, ouvrait son cœur, sans retenue, à la demoiselle, mais il semblait gêner. Comme si c’était une faute, une tare…Qu’on arrête les bêtises là.
- Dire ce qui te blesse, te fait plaisir, te met en joie, t’attriste, te révolte…Tout ça sans retenue, à quelqu’un que tu ne connais pas forcément…Ce n’est pas un drame. Bien au contraire. Je suis là pour t’écouter, te réconforter si tu veux bien de mon aide. Ouvrir son cœur, montrer ses forces et ses faiblesses, c’est humain. Et ça fait du bien, autant pour la personne qui parle que pour celle qui écoute. Et, je me répète, si tu as besoin de moi, je serais toujours là pour soulager ta peine…
Donna ne mentait pas. Pas sur des choses qui lui prenait le cœur ainsi. Le vol reprenait son cours, et Sentinel…Pardon, Kyle copiait son vol à celui de la jeune femme. Et pour détourner la conversation, il se porta sur les efforts que Wonder Girl porter au contrôle de son nouveau pouvoir. Juste un sourire, rempli de simplicité. C’est ça qui est beau.
- Ah ! Tu trouves ? Sûrement parce que j’ai eu un bon professeur…
Un clin d’œil vers Kyle, alors que son cœur à elle battait bizarrement plus fort. Pourquoi ? Elle se sentait un peu mal à l’aise à vrai dire. Lui qui se découvre alors qu’elle…se cachait dans une carapace. Filant toujours tout droit, mais montant plus haut que les nuages, son regard azur se fit fixe, un sourire fin et triste sur ses lèvres charnues.
- Il y a de ça six années maintenant, j’ai pris la décision de venir ici, au Japon, pour faire mes études. Tokyo, c’était un peu mon rêve japonais ! Rêve qui se transforma en cauchemar. Cela fait quatre ans maintenant que je…J’ai…
Elle n’y arrivait pas. Une longue bouffée, une boule coincée dans sa gorge et son estomac…
- J’ai été battue à mort et violée…Puis laissée là, dans une ruelle, quasi-morte. Jusqu’à ce que quelqu’un me repêche, me ramène dans un hôpital. Mais mon calvaire ne sait pas arrêter là. Ce n’est que depuis peu que j’ai « repris » vie. Réveillée d’un long coma grâce à ce « truc » qui m’a donné les pouvoirs. Et je me présente à toi, comme Wonder Girl, alors que la première chose que je m’apprête à faire de mes pouvoirs, c’est de foutre en tôle ces enfoirés qui m’ont pris des choses que je ne pourrais jamais récupérer…Vlà un superbe début pour une future héroïne. Ou pas…
-
Le Sentinel original, un salaud ? Oui, il l'était devenu. Le pouvoir lui était monté à la tête et il avait sali le nom qu'il avait passé si longtemps à construire et à faire briller. Dans mon enfance, j'avais été son plus grand fan et je rêvais secrètement du jour où moi aussi je volerais dans le ciel et combattrais le crime. Ce type était devenu une ordure mégalomane mais j'avais gardé l'image du sauveur, du messie de la Justice. Et lorsque le temps arriva pour moi de choisir ce que j'allais faire de mes pouvoirs, ce fût de lui et de son âge d'or dont je m'inspirais. Que de chemin accompli depuis...
- Il s’appelait Sentinel. C'était... Comment dire ? C'était une sorte de super-star. LE héros, celui sur qui le monde s'appuyait. Le truc, c'est que ses pouvoirs lui ont fait penser qu'il pouvait tout se permettre. Et il a salement déconné. Mais à la belle époque, j'étais le premier à suivre ses aventures et c'est pour lui que j'ai pris mon pseudo. J'ai pas envie de finir comme lui. Si j'assumais de dévoiler mes deux identités, ce serait peut-être un bon moyen pour ne pas perdre les pédales, parce que des gens sauraient possiblement me raisonner.
A ceci près que moi, personne ne comptait vraiment sur mes actions pour aider à changer le monde. D'un côté, c'était frustrant. De l'autre, j'étais bien consciens que c'était un bien, que ça évitait de m'écraser sous des responsabilités trop lourdes pour mes pauvres épaules. Autant ne pas me le cacher, je n'étais pas vraiment un modèle à suivre.
Quand Donna évoqua l'exemple de la poursuite, je ne pûs décemment pas nier. C'est vrai, j'aurais agi de la même façon dans les deux cas. Elle marquait un point. Quant à sa question suivante, elle me fît réaliser que la belle brune ne comprenait pas ce que pouvait sous-entendre son pouvoir et je pris sur moi de lui faire saisir toutes les conséquences qu'auraient ses choix futurs. C'était mon devoir, vous comprenez ? Je prenais la chose très à coeur et j'espérais trouver les bon mots.
- Si, c'est une excuse. Une fois en possession d'une force te rendant différent, tes actes auront un impact. En bien, en mal... Ce que tu feras de tes dons aura une répercussion que tu devras assumer. Tu es capable de faire plus que le commun des mortels et même si tu n'as pas désiré tes pouvoirs il sera de ton devoir d'en orienter l'usage. Moi, j'ai choisi de les mettre au service du plus grand nombre. Parce que j'ai décidé que mes talents devaient protéger ceux qui n'en disposait pas. C'est mon combat, ma façon de vivre et je refuse qu'on me prête main forte parce que je ne veux pas que d'autres soient emportés pour moi, tu comprends ? Tant que je serais Sentinel Prime, ce sera ma ligne de conduite. Si tu décide de devenir Wonder Girl, il te faudra trouver et respecter la tienne.
Quelques petits mêtres nous séparaient, à présent. Rien de bien méchant, mais c'était ma façon de protéger ma sphère privée des intrusions d'une Donna qui n'avait que des bons sentiments à mon égard. Autour de nous, la nuit tombait d'un cran et le vent froid nous fouettait de plus en plus fort. Je pouvais m'en protéger, mais je doutais que Wonder Girl en soit capable. Baissant les yeux pour scruter la ville, je trouvais ce que je cherchais : un abri. Une vieille église abandonnée dans un quartier presque désert, au toit en partie défoncé. De quoi ne plus être victimes du vent. Dans un petit mouvement de tête, je lui désignais l'édifice tandis qu'elle parlait et amorçait ma descente vers ce dernier tout en lui répondant.
- Kyle veut qu'on l'aime pour ce qu'il est, c'est à dire un type parfaitement normal. Je n'ai pas de grandes ambitions, tu sais. Pour ce qui est de faire la distinction entre les deux... Et bien, je suppose qu'il faudrait trouver quelqu'un qui accepte tant Kyle que Prime pour ce qu'ils sont, avec les avantages et les inconvénients.
Une déclaration ? Non, même pas ! Avoir des amis, des vrais, ça me faisait défaut. Les petites amies aussi, mais trouver quelqu'un me semblait juste un défi d'une autre dimension à ce moment là. Et puis, l'amour ne faisait pas tout et l'amitié permettait de rattraper les conneries imputables au coeur, au moins un peu. Nous arrivâmes au niveau de la partie effondrée du toit et je l'invitais à entrer. Le grenier de l'église n'avait rien de très glamour ni de très acceuillant, je devais bien l'admettre. Mais il y avait de quoi s'arrêter un peu, ce qui n'était pas un mal. Bon, nous êtions à jouer les équilibristes sur de larges et épaisses poutres mais dans l'idée, nous étions tranquilles. Je décidais de m'asseoir et invitait Donna à m'imiter.
- Tu ne serais pas un peu dans le même cas que moi, toi ? A chercher quelqu'un à qui parler ?
Je lui souriais doucement et eut l'impression que son expression changeait un peu. Préférant ne rien dire, je laissais Donna s'exprimer et je découvris ce qui avait dû être le moment le plus difficile de sa vie. Mon Dieu... Elle avait eu courage dans cette épreuve. Beaucoup de courage. Et je n'en comprenais que mieux sa phobie des hommes. Comment espérer qu'elle fasse confiance à tout ce qui s'avérait être masculin, après ça ? J'hésitais un instant avant de me relever et de poser mes mains sur ses épaules, mon buste se collant contre son dos.
- La première chose que j'ai faite de mes pouvoirs, ce fût d'aller mater ma voisine au sixième, à l'immeuble d'en face. Ce n'est pas ce que j'appelle un début glorieux, moi. Je laissais vivre encore un peu mon sourire avant de le perdre. Ce qui t'es arrivé est malheureux, vraiment. De...désolé. Je ne sais jamais quoi dire ou faire dans ce genre de situation, mais je ressens sincèrement de la peine, Donna.
Tiens, à la reflexion, c'était une drôle de coïncidence. Il y a quatre ans, je venais de débarquer, grosso-modo. Hera venait à peine de m'envoyer dans l'époque contemporaine et j'avais débarqué à Tokyo un peu par hasard. Et ce fameux soir, en y repensant...
- Je suis passé déposer une petite brune à l'hôpital général de Tokyo. Je l'avais vu agonisante dans cette ruelle et j'avais été bien paniqué, d'ailleurs. J'ai attrapé un drap qui séchait dans une rue à côté et je l'ai couverte avant de filer pour qu'elle soit soignée. Mais... Je ne suis pas resté, je ne parlais pas un mot de japonais et je n'avais pas de costume.
Est-ce que je parlais pour moi ? Pour elle ? Je n'en savais rien. Mais cette histoire faisait écho à celle de Donna et bien que je l'avais enterré sous une masse de souvenirs du même genre, elle était revenue à mon esprit. Après tout, je n'avais pas été souvent à Tokyo.
- Excuse moi. J'aurais sû, je serais resté, ce soir là. Mais tu étais mon premier sauvetage, si c'était bien toi.
-
Sentinel Prime s’était donc bien inspiré d’un autre Sentinel. Héros devenu l’ombre de lui-même après bien des bêtises de sa part. Mais Sentinel Prime n’était pas ce « salaud » à qui il rendait hommage. Lui-même le disait, il ne voulait pas finir comme lui. Un sourire naquit sur les lèvres charnues de Donna quand le jeune homme aborda la question de la double-identité.
- Tu sais pertinemment que si tu dévoiles ta véritable identité, cela te causera plus de problèmes au quotidien, aussi bien en Kyle qu’en Sentinel. Et cela pourrait avoir des répercutions sur ceux qui te connaissent également en tant que Kyle Macross. Enfin, tu connais ce refrain bien mieux que moi, je pense.
Wonder Girl. Une identité qu’elle devra adopter comme seconde nature, comme seconde peau. Mmh, plutôt comme carapace. Épaisse, blindée, pour pouvoir protéger les seules personnes qui lui restent : ses parents. Eux qui avaient passé toutes ces années à son chevet d’hôpital dans l’espoir de la voir s’éveiller à nouveau, leur vœu avait été exaucé grâce à ce fameux bromure d’éthidium. Mais quel calvaire ils ont du vivre durant tout ce temps. Alors Donna s’était promis de toujours être là pour eux, comme eux l’avaient fait depuis toujours. En devenant Wonder Girl, un autre entité, elle les protégeait. Ou du moins, elle l’espérait très fortement.
La nuit tombait de plus en plus, et alors que Sentinel expliquait clairement qu’avoir des pouvoirs était bien une excuse pour porter tout le poids d’un monde en danger sur ses épaules, le corps de la jeune femme se crispa légèrement, parcouru d’un long frisson. Frisson du au froid. Donna ne ralentissait pas sa course, restant à une distance convenable, car elle voyait bien que certaines paroles touchaient et gênaient le jeune homme.
- Mais j’ai déjà tout choisi. Je protégerai ceux qui en ont besoin, comme tu dis, ceux qui n’ont pas de pouvoirs comme nous. Je comprends tout à fait pourquoi tu souhaites « travailler » seul. Mais dis-toi qu’à un moment ou à un autre, tu m’auras dans les pattes. Même si on sera chacun de notre côté, tu ne seras plus vraiment…Tout seul.
Décider de bosser seul pour éviter le plus de dégâts possibles. Bien sûr, Donna y avait songé aussi, et comptait bien protéger les autres de la même manière que Sentinel. Moins tu impliques de personnes avec toi, moins il y aura de répercussions négatives…Mais Seikusu, le Japon même, parait si petit et si grand à la fois. Il se pourrait bien que plusieurs fois, les deux héros se rencontrent sur une même affaire. Avoir un coéquipier, c’est signer son arrêt de mort. C’est donner un putain d’avantage à ses ennemis. C’est envoyer quelqu’un à la morgue. Mais avoir un coéquipier, c’est savoir qu’on a quelqu’un sur qui comptait, dans toutes les circonstances. C’est quelqu’un qui vous tendra toujours une main lorsque vous n’arriverez plus à vous relever seul. Est-ce que Donna voyait Kyle ainsi ? Elle ne le savait pas vraiment. Et l’inverse ? Mh, non. Sentinel Prime a toujours fait seul…À moins que… ?
Frisqué. Vraiment, la course aérienne n’était guère très rapide, mais la nuit bien plongée dans l’obscurité, le vent se faisait glacial. Et bien que la jeune femme avait l’habitude des hivers rudes, elle n’était pas vraiment en tenue pour rester longtemps en l’air. Le visage de Donna s’était fait plus rouge au niveau des joues, et aussi son nez. On aurait presque dit qu’elle avait picolé. Ou bien, un petit clown. Oh, y’avait de quoi rire, peut-être. Et sûrement que Kyle l’avait remarqué, qu’elle commençait à geler sur place. La pauvre fille. D’un geste de tête, Sentinel indiqua le toit d’une vieille bâtisse, une église abandonnée. Oui, il avait bien vu que la demoiselle mourrait de froid, et que s’ils continuaient ainsi, elle attraperait la mort. Lors de la descente vers le sinistre endroit, le jeune homme s’ouvrit davantage, avouant qu’il souhaitait être aimé, tout autant en étant Kyle que Sentinel…
- Et tu trouveras. Tu trouveras cette personne qui t’acceptera tel que tu es. Nul besoin de la chercher, elle viendra à toi, simplement, et peut-être même, sans t’en rendre compte. On trouve toujours chaussure à son pied.
Et pour Donna ? Elle avait beau dire certaines choses vraies, elle ne les pensait pas forcément quand il s’agissait de sa propre personne. Qui voudrait d’une fille comme elle ? Était-elle toujours la même qu’avant le drame ? Elle ne savait pas vraiment. Il y avait bien évidemment sa phobie qui n’allait pas vraiment l’aider à trouver quelqu’un. À vrai dire, pour elle-même, elle n’en avait plus l’espoir. Sa phobie et ses nouveaux pouvoirs n’allaient vraiment pas aider la chose. Et puis, Donna n’y connaissait rien à l’Amour. Elle n’avait jamais aimé dans sa vie. Si, mais seulement d’amitié. Et comment reconnaître que l’on aime vraiment, alors ? Donna secoua légèrement sa tête, histoire de faire taire toutes ces pensées.
Enfin, ils passèrent par le trou dans la toiture pour se mettre à l’abri du vent, Sentinel laissant d’abord le passage à la demoiselle. Quel galant. Atterrissant gracieusement sur l’une des poutres du grenier, elle s’amusait à faire quelques sauts de biche, lui rappelant l’époque des épreuves de sport au lycée, jouant l’équilibriste. At…ATCHOUM ! Un petit sursaut dans cet éternuement, rien de glamour. On entendait encore l’écho dans le reste de la bâtisse sinistre. Sentinel, lui, s’installa sur la dite poutre, invitant Wonder Girl à faire de même. Un petit sourire niais se dessinait sur le visage de la jeune femme. Ses mirettes azur posées sur le super-héros, elle posa ses fesses au bord de la poutre, proche de Kyle. Elle se mit doucement à faire balancer ses jambes, dans un léger tempo, parfois irrégulier. À la question de Kyle, Donna le regarda doucement, toujours ce petit sourire étirant ses lèvres pulpeuses.
- J’ai cette personne juste à côté de moi…Mais oui, je suis exactement comme toi. J’avais des amis autrefois, mais avec mon coma, ils sont tous partis. Les rares exceptions, je les ai fuis…Qui pourrait comprendre ce qu’il m’est arrivé, et m’arrive encore aujourd’hui ? Personne n’est au courant pour les pouvoirs. Personne à part toi, bien sûr…
Elle soupira, profondément. Aujourd’hui, il ne lui restait que ses parents. Oh, quelques « amis » d’enfance aussi, mais voilà bien longtemps qu’elle ne les avait pas vu. Elle devrait retourner un jour dans l’Iowa, ça lui ferait du bien. Mais qui, qui à part Sentinel, pouvait comprendre cette solitude dans laquelle les plonger les pouvoirs qu’ils avaient eu ? Personne. Enfin, personne à sa connaissance.
Soudainement, sans qu’elle ne comprit pourquoi au départ, Sentinel se posta dans son dos, se collant légèrement à elle, posant ses mains sur les épaules fraîches de la belle. Ah ? Il avait de la peine pour ce qu’il était arrivé à la demoiselle quand elle était sur Tokyo ? Oh…
- Tu n’as pas à être désolé. Tu n’y es pour rien. C’est passé maintenant…
Mais c’est encore douloureux. C’est encore trop frais et, sa phobie et sa paranoïa le lui montraient quotidiennement. Comment oublier ? Jamais malheureusement. Cela s’atténuera avec le temps, mais cela n’effacera rien. Jamais. Jamais…Pour rassurer le jeune homme, elle plia doucement l’un de ses bras, pour pouvoir y déposer sa main gauche sur l’une de Sentinel qui tenait son épaule. Elle la caressa d’une infime douceur, sans arrière pensée, la tête légèrement ailleurs, dans ses souvenirs.
Et puis, et puis…Les yeux de Donna s’écarquillèrent de surprise à ce que disait Kyle. Attends ! Quoi quoi quoi ? La bouche légèrement ouverte, aucun mot ne voulut sortir d’entre ses lèvres. Il était en train de dire qu’il avait sauvé Donna. Mais était-ce vraiment elle, ou non ? Presque tout coïncidait…Brusquement, la brune voulut se retourner vers Sentinel, mais trop proche du bord de la poutre, chuta, passant à travers le plancher miteux du grenier de l’église, se retrouvant à l’étage en-dessous, dans l’église quoi. Quelques lamelles de parquet vinrent accompagner la chute et recouvrir Donna. Énervée par la maladresse dont elle faisait preuve, elle se releva brusquement, couverte de poussière par-ci par-là, envoyant valser les morceaux de bois qui la recouvraient à l’autre bout de l’église vide. Son regard s’était reporté sur Sentinel, encore choquée. Tellement choquée, qu’elle se mit à tomber sur ses genoux, balbutiant quelques mots…
- Bleu…
Relevant son visage vers le super-héros, elle s’égosilla fortement.
- Il était bleu, n’est-ce pas ? Le drap…était bleu…
Le fameux drap qui avait servi à recouvrir la jeune femme, lors de son rapatriement à l’hôpital, était resté dans sa chambre durant toute la durée de son coma, aux vœux de ses parents. Un souvenir de ce quelqu’un qui l’avait repêché. Alors, c’était vraiment Kyle ? Elle rêvait de pouvoir retrouver la personne qui l’avait secourue, et s’était répétée maintes fois la scène de quand elle pourrait enfin le remercier. Et là enfin, qu’elle l’avait sous les yeux, Donna devint poisson. Muette comme une carpe. Aucun son, aucun mot ne trahissait le silence du lieu. Donna, tu n’es qu’une gourde…
-
♫♪♫ (http://www.youtube.com/watch?v=0JpLwVFEDGA&feature=related)
- Tu sais pertinemment que si tu dévoiles ta véritable identité, cela te causera plus de problèmes au quotidien, aussi bien en Kyle qu’en Sentinel. Et cela pourrait avoir des répercutions sur ceux qui te connaissent également en tant que Kyle Macross. Enfin, tu connais ce refrain bien mieux que moi, je pense.
- Plus de soucis ? Pas vraiment. Au moins, je n'aurais pas à jongler entre les deux, ce qui m'éviterait de me foutre dans des situations pas possibles... Mais effectivement, il y aurait des répercussions. Là, je ne peux pas te contredire.
Si je venais à trouver une nana, à accepter de partager ma vie avec quelqu'un étant à même de la comprendre, j'en viendrais à mettre cette personne en danger. Ceux qui voudraient s'en prendre à l'homme derrière le costume auraient tôt fait d'aller chercher la plus vulnérable des failles. C'était effrayant, pour moi. C'était aussi pour ça que je n'avais jamais daigné donner suite aux quelques amourettes qui avaient ça et là parsemé ma route, me contentant d'être un "coup" d'une nuit ou d'un jour. Je le regrettais, parce que j'avais de l'affection à transmettre et à recevoir et que le cul - aussi bon soit il - n'était pas capable d'une réelle tendre lorsqu'il était partagé pour le simple plaisir immédiat. Selina avait été une bouffée d'air dans cet étouffant constat, mais elle était partie en coup de vent.
- Je ne fais pas équipe, Donna. Maintenant... Tu pourras toujours compter sur moi. Les amis sont là pour ça, non ? Mais ne t'avise pas d'abuser, je saurais te dégager proprement !
Un clin d'oeil complice, voilà ce qui acheva ma phrase. J'avais envie de Donna dans ma vie. Comment vous dire ? Je sentais qu'elle y avait naturellement sa place et qu'elle avait à m'apporter. Nous étions seuls tout les deux et nous connaissions à présent nos identités respectives, ce qui aidait au rapprochement. Amusant.... Elle était belle comme un coeur, très bien foutue et férocement mise en valeur dans sa tenue mais je n'arrivais pas à avoir des pensées déplacées en la regardant. En revanche, sa bouche m'obsédait.
- Donna... Si la femme parfaite existait, je serais déjà avec elle, tu sais ? Et puis, j'ai de grands pieds.
Le toit de l'église nous avait acceuillit et d'emblée, je m'y étais senti bien. Comme si avec elle, j'avais trouvé un refuge, un petit coin rien qu'à moi ou je pouvais être qui je voulais, le nom et le costume important peu. Sa petite révélation me tira un sourire gêné et je toussais pour chasser mon agréable malaise tout en détournant les yeux. Amis. A ce moment, nous l'étions. Pour longtemps, me souffla mon coeur dans un murmure ému.
- Tu ne fuiras jamais assez loin pour m'échapper. Et je ne te tournerais pas le dos non plus, pouvoirs ou pas. Tes dons ne te coupent pas du monde, Donna. Ils le rendent simplement différents, un peu plus sombre parfois, c'est vrai.
Debout contre elle, je fis passer mes bras autour de ses épaules pour la ceindre dans mon étreinte, ma tête venant se poser délicatement au creux de son cou.
- Bien sûr que non, ce n'est pas passé. Ca viendra, avec le temps. Et j'aurais aimé être là pour t'éviter ça, simplement.
La suite la fît se retourner brusquement dans mes bras et sous l'impulsion qu'elle y mit, je ne pû la retenir. Quelle force ! Ca me surprit tellement que je ne parvins pas à l'empêcher de chuter à travers le sol pour qu'elle se retrouver dans le coeur même de l'édifice dans lequel je sautais à mon tour en un vol lent, m'assurant qu'elle allait bien. Heureusement, Donna se relevait déjà et j'affichais un regard amusé en faisant un petit looping de satisfaction, descendant me mettre à son niveau la tête à l'envers et les pieds vers le plafond, un petit sourire aux lèvres. J'allais lui dire qu'il fallait qu'elle adopte une vigilance de tout les instants pour éviter ce genre de boulette, mais elle tomba à genou en parvenant à peine à parler tandis qu'elle me fixait comme si j'étais un spectre revenu d'entre les morts. Elle évoqua un drap bleu et je ne compris d'abord pas, avant de faire le lien avec notre conversation précédente.
- Oui, il me semble. Enfin, bleu... Je crois qu'il y avait aussi un petite fleur de lotus rouge dessinée dans un coin et je me souviens avoir pensé que ça évoquait trop le sang.
Finalement, je me posais devant elle, à l'endroit, l'aidant à se relever doucement.
- J'avais ramassé une des boucles d'oreilles, aussi. Une étoile argentée. J'ai pas trouvé le courage d'aller la rendre, alors je l'ai gardée chez moi en souvenir. Ca va, toi ? T'es toute pâle.
-
Donna avait parfaitement compris Sentinel. Il ne souhaitait pas travailler en équipe. La peur que quelqu’un prenne à sa place, de sa faute…Il ne le supportait pas. Était-ce déjà arrivé auparavant dans la vie de Kyle ? Donna n’osa pas demander et préféra rester muette. Dans tous les cas, elle comprenait son choix, l’approuvait même. Encore novice, elle risquerait de mettre Kyle dans de beaux draps s’il la prenait avec lui.
- Ne t’inquiètes pas. J’apprendrais à me débrouiller toute seule. Mais si besoin, je t’appellerai, Kyle.
Un sourire de Donna accompagne le clin d’œil de Kyle et leur descente vers l’édifice abandonné. La femme parfaite ? Exister ? Lui, des grands pieds ? Un instant, Donna regarda en effet, les pieds du jeune homme, et rit de sa propre bêtise. Ah, il faisait référence à ce qu’avait dit la jeune femme. Quelle idiote !
- Bof. La femme parfaite n’existe pas. Et puis, c’est tellement ennuyeux la perfection. Mais tu la trouveras, cette femme qui ne brillera qu’à tes yeux. Même si tu as des grands pieds !
Elle se remit à rire, mais ce n’était en aucun cas moqueur. Il fallait au moins avoir foi à trouver quelqu’un qui nous guidera, main dans la main, toute la vie. Au moins ce rêve-là, oui. La descente faite, le couple d’amis s’était installé sur l’une des grosses poutres qui ornait le grenier de l’église. Donna avait évoqué qu’elle n’avait plus vraiment d’amis, qu’elle en avait fui certains. Sentinel la rassura, avouant qu’il ne la laisserait pas, et ce fut chaud au cœur à la demoiselle. Malheureusement, il n’avait pas réellement compris le pourquoi de sa fuite. Il avait mis cela sur le dos de l’apparition des pouvoirs chez la brunette.
- Je n’ai pas fui certains de mes amis à cause de ces pouvoirs… Mais pour cette chose que j’ai vécu pendant plusieurs années. Dans leurs yeux, il n’y avait plus de l’amitié. Juste de la peine, et par-dessus tout, de la pitié. Et je ne pouvais plus supporter leur regard sur moi…
Et puis boum…Donna avait lamentablement transpercé le plancher du grenier, se retrouvant couverte de poussière au milieu de l’église même. Ce qu’avait dit Sentinel l’avait gravement troublée, son corps à genoux, son esprit perdu dans un lointain inconnu. Ce drap qui l’avait enveloppé, comme une protection blindée. Lui qui l’avait ramené à l’hôpital, pour qu’elle puisse continuer à vivre. Était-ce vraiment lui ? Dans les souvenirs de Kyle, oui, il était bien bleu, avec un détail qui fit ouvrir en grand les yeux azur de la belle. C’est…possible ? Ce genre de chose, ce genre de coïncidence, plusieurs années après ? Et cet autre détail que lui annonce le jeune homme, cette boucle d’oreille si spéciale. Oui, Donna les portait quotidiennement à l’époque, à Tokyo.
Voyant la jeune femme dans un drôle d’état, bien pâle, Sentinel l’aida à se relever, mais dans son élan, Donna se jeta sur lui, les bras en avant. Leurs corps tombèrent assez fortement sur le sol. Les bras de Wonder Girl s’enroulèrent autour du jeune homme, plongeant son visage dans son torse. Non, elle ne pleurait pas, même si l’envie folle la prenait. Mais son corps tremblait d’émotions. Tous ces sentiments qu’elle n’arrivait à décrire. De la joie ? Sûrement. Elle avait rêvé de cette ombre salvatrice de ce fameux soir, durant de nombreuses nuits. Elle n’avait jamais su la distinguer clairement. Mais…C’était bien lui.
Et elle en avait la preuve. Se décollant doucement de Sentinel, tout en restant au-dessus de lui, sa main fila sur son visage pour caresser la joue de Kyle. Et dans un sourire profond et les yeux brillants, elle cessa le contact de sa main sur sa peau. Cette main plongea sous la combinaison noire de Donna, sous son sein gauche, donnant l’impression qu’elle se touchait. Mais non, du tout. Elle en sortit quelque chose. Ses doigts s’étaient refermés sur cette chose. Délicatement, elle attrapa le poignet gauche de Kyle, le forçant doucement à ouvrir sa main, et y déposa cette chose. Cette chose ? C’était un vulgaire bout de tissu bleu déchiré mis en boule, avec un lotus rouge dessus. Et si le super-héros prenait le temps d’ouvrir et de voir ce que contenait le tissu, il y trouverait une étoile argentée. Une boucle d’oreille, oui.
- Tu ne m’as jamais laissé à cet hôpital, Kyle. Tu as toujours été avec moi. Tout contre mon cœur…
Ce souvenir, même si cela lui rappelait son viol, cela lui rappelait également que quelqu’un avait pris le temps de prendre soin d’elle, alors qu’il ne la connaissait pas. Cette personne lui avait offert une nouvelle chance de commencer une vie. Une nouvelle chance de vivre. Il l’avait sauvé, point. Les yeux doucement fermés, Donna inspira profondément, ce petit sourire aux lèvres, sincère, avant de tendre de nouveau sa main, cette fois-ci pour ébouriffer les cheveux du jeune homme. Et la main retombe, glisse, frôle son oreille, et caresse cette joue lentement, avec plein de tendresse. Main qu’elle ramena sur son cœur, qui battait à cent à l’heure. Les joues de Donna prirent une couleur carmin, avant de rire doucement, quelques secondes.
- Des milliers de mots voudraient sortir d’entre mes lèvres pour te montrer ma gratitude, mais je n’ai qu’un simple « Merci » pour toi, là, de suite. Tu m’as donné une chance de continuer ici, et je ne peux que t’en remercier…
Ce qu’il lui avait offert, c’était un nouveau départ…
-
Quand elle me sauta au cou, je fûs si surpris que je ne pûs nous empêcher de tomber à la renverse. Dans un bruit sourd, mon dos rencontra le sol poussièreux et défoncé ça et là de l'église et je me retrouvais allongé et vaguement sonné après le choc de ma tête, Donna lovée contre moi comme si sa vie en dépendait. Je dois avouer que je ne savais pas trop comment réagir, parce que je ne comprenais pas tout à fait la situation. J'attendais des larmes qui pourtant ne vinrent jamais et mes bras dressés de part et d'autre de son corps hésitèrent à se refermer sur elle pour lui signifier que tout allait bien et que j'étais bien là, contre elle, pour elle. Finalement, pour ne pas rester comme un con, je me décidais à poser mes mains sur son dos et me retrouvais à les faire glisser naturellement sur ses reins et la naissance de ses fesses lorsqu'elle se releva enfin pour me caresser le visage. Bon sang, il se passait quoi ? Le corps fuselé de Wonder Girl était parcourus de légers tremblements dont je ne saisissais pas l'origine et le silence qu'elle laissait planer m'étouffait de plus en plus.
Finalement, Donna bougea. Sa main fila dans l'ouverture pectorale de sa combinaison et je vis ses doigts s'activer au niveau de son sein gauche tout en me demandant si c'était vraiment le moment de se tripoter. J'allais lui en faire la remarque quand elle cessa enfin et m'attrapa le poignet pour me faire ouvrir la main, y déposant ce qui semblait être un morceau de tissu bleu un peu passé par le temps. D'un haussement de sourcil, je me retrouvais à interroger du regard la jolie brune avant d'entreprendre de découvrir le contenu de ce qu'elle venait de me faire partager. Le tissu dévoila un dessin évoquant un lotus rouge, contre les pétales duquel brillaient faiblement les branches d'une petite étoile argentée montée en boucle d'oreille. Alors...
- Tu ne m’as jamais laissé à cet hôpital, Kyle. Tu as toujours été avec moi. Tout contre mon cœur…
- Donna, je...
Je ne trouve rien à ajouter. Que pouvait il bien avoir à répondre à cela ? Rien qui en vaille la peine, rien qui soit à la hauteur de la signification de ces deux petits éléments qui résidaient dans ma main. Son regard se retrouva caché par ses paupières closes et ses doigts grâcieux retrouvèrent le chemin des traits qui couraient le long de mon visage. Elle se mit à rougir, à rire et parler. Et là, dressée au dessus de moi et bercée par le rayon de lune qui pointait depuis le toit crevé, Donna m'apparut comme une Madonne immaculée. Si les anges s'avéraient avoir une face humaine, ils auraient le visage de mon amie. Là, en cet instant suspendu dans l'irréelle clareté lunaire, elle était tout simplement la plus belle chose que j'avais jamais vue.
Une larme émue roula sur ma joue, gravant profondément cette scène dans mon coeur.
- Ne me remercie pas. Pas encore, pas tant que tu ne t'es pas accomplie pleinement. Et quand bien même ce sera un jour le cas... Conserve ta gratitude intacte.
Ce fût ma main qui -dans un léger frisson dû à l'émotion- vint trouver son visage. Mais pas pour le parcourir de mes doigts, non. Pour filer jusqu'à son oreille, y jouant rapidement pour refermer sur les contours de son lobe l'attache de la petite boucle étoilée, qui retrouva la place qu'elle n'aurait jamais dû quitter ce trop triste soir. Lorsque je fûs assuré qu'elle ne bougerait pas, j'abandonnais la tête de Donna non sans y faire glisser le bout de mes doigts.
- Considère que tu as une dette envers moi, Donna. Et si un jour je dois être sauvé, si mon ciel se couvre de nuages d'orage où qu'il m'est interdit... Sauve moi. Fais moi pousser des ailes.
C'est dur à expliquer. Je ne crains pas de tomber un jour, parce que je considère que c'est quelque chose qui arrivera fatalement. Comme la mort. Non, ce dont j'ai peur c'est de tomber seul. Si personne ne vient m'aider à me relever... J'en mourrais sûrement, laissant les miettes de mon coeur se répandre aux quatre vents pour s'éparpiller à tout jamais. Toucher le fond, moi ? Non, jamais. Pas si Donna est là. Je le sais, je le sens. C'est tout.
Mais je suis Sentinel Prime, pas vrai ? Rien ne pourra jamais m'empêcher de faire tourner le monde sur son axe.
Mais si jamais ça arrive, Donna, si je ne deviens qu'une ombre errant dans les ténèbres... Viens me chercher. Ramène moi la lumière, laisse moi me raccrocher à ton sourire.
Ne me laisse pas seul, petite soeur.
-
Ce n’était qu’un simple bout de tissu, un vulgaire morceau délavé, mais qui contenait une étoile. Alors Donna ne s’était pas trompée : c’était bien Kyle qui l’avait sauvé ce jour-là. Elle le comprit une fois de plus lorsqu’il ouvrit le tissu, histoire de voir ce qu’il renfermait. La surprise dans ses yeux ne pouvait pas tromper la jeune femme. Le fameux drap et la boucle d’oreille, toujours contre elle. Kyle, toujours avec elle depuis ce jour. Et une larme apparut sur le coin de l’œil de Kyle, poursuivant sa course sur sa joue. Dans un sourire, la jeune femme brune approcha son pouce de la joue du super-héros, effaçant le chemin humide de cette larme. Trop de larmes avaient été versées pour elle, et elle ne supportait pas voir les autres pleurer, que ce soit pour elle ou non. Même si c’était dû à l’émotion.
Une main de Kyle s’approcha de Donna, pour trouver le chemin de son oreille. Qu’allait-il faire ? Ah, elle sentit une petite résistance au niveau de son lobe. Il était en train de lui remettre cette étoile argentée qu’elle gardait dans son précieux tissu. Et cette main disparait, effleurant la joue de Donna qui, souriante, se releva doucement et tendit une main pour aider Kyle à faire de même.
- Une énorme dette, même. Tout ce que je te promets, c’est d’être toujours là quand tu auras besoin de moi. Dans les bons moments comme dans les mauvais. Tu pourras toujours compter sur moi.
Parce que c’est ça, être amis. il ne faut pas croire qu’un ami est là seulement durant les bons moments. C’est sûr, on peut s’éclater avec, rire, bagarrer gentiment, faire les fous, faire décidément plein de choses…Mais un ami sait aussi être là lorsque tout va mal. Il vous aide à vous relever, tendant sa main, lorsque vous n’êtes plus capable de le faire seul. Un célèbre dicton dit bien : « L’amitié double les joies et réduit de moitié les peines. » Alors oui, Donna sera ce genre d’amis pour Kyle, celle qui ne le laissera pas patauger n’importe comment si cela tourne mal. Et qui sera là également pour passer d’agréables moments, en patrouille, dans les airs, ou bien juste devant une bière et un film, tranquille dans le salon, à profiter de la vie simplement.
Donna vint porter sa main sur son autre oreille, restée vierge de tout bijou. Jouant un peu avec son lobe libre, elle se mit à rire doucement, ses lèvres pulpeuses s’étirant dans un magnifique sourire.
- Peut-être que bientôt, elle retrouva sa jumelle…
Un petit clin d’œil à Kyle. Elle ne le forcerait pas pour qu’il lui rende sa boucle. Après tout, c’était un souvenir pour lui. Son premier sauvetage, la première fois qu’il avait vu Donna, cette jeune brune qui désormais se tenait devant lui, et partagerait sa vie en tant qu’amie. Doucement, elle reprit le bout de tissu d’un bleu fade, de la main de Kyle, et reposa ce souvenir contre son cœur, sous sa combinaison de Wonder Girl.
-
Et Donna d'accepter, soulevant une charge de mon coeur. C'est une drôle de chose, la vie ! Il y a une heure à peine, Donna aurait donné n'importe quoi pour me fuir et éviter que je la touche. Voilà que maintenant, elle repose sans crainte contre mon corps et me promets d'être là quoi qu'il arrive. Vous pensez que ça va trop vite ? Ma foi, je le pense aussi. Mais contrairement à vous, je ne doute pas de ses mots et de l'avenir de notre amitié. Elle est...allez, j'ose...elle est mon âme-soeur. Pas la femme qui portera mes enfants où même mon nom, ni la femme qui me promettra l'amour éternel entre deux baisers fiévreux. Donna est davantage une partie de moi, une sorte de complément. Elle fait partie de la famille et croyez moi : j'ai confiance. Je sais que je ne me trompe pas et je sais que nous resterons ensemble très longtemps, à tout partager. Si c'est de l'amour, c'est peut-être le plus solide de tous, celui qui ne s'encombre pas de jalousie ni ne souffre de mensonges ou de faux-semblants. Ce n'est plus de l'amitié, mais ce n'est pas de l'amour au sens le plus commun du terme.
- Comme tu pourras compter sur moi. Pour le meilleur et pour le pire, sans la bague ni le contrat de mariage.
Doucement, je propose à Donna de se relever et bientôt, nous nous dressons l'un face à l'autre dans l'église. Je m'époussette alors que la brunette se met à rire et évoque la partie de la paire de bijoux que je garde précieusement à la maison. Je me contente d'un sourire et me penche pour attraper un petit éclat de bois sur lequel je pose mon doigt. Doucement, un filet d'énergie échappé de mon doigt se met à luire et décrire des arabesque sur ce qui reste de cette latte de parquet, dessinant une suite de chiffre. Une fois l'énergie bleue dissipée dans une une petite poussière, je lui tends la plaque gravée.
- Je n'ai pas mon portable sur moi, mais voilà mon numéro. N'hésite pas, surtout. Après tout, si tu veux compléter tes boucles... Il va falloir que tu passes à la maison chercher l'autre. Sans compter qu'il va falloir que je surveille tes progrès en vol, p'tite tête.
Bing ! Mon front tapote le sien sans violence et je lui désigne en levant le pouce l'ouverture du toit nous ayant mené à l'intérieur de l'édifice. Pas question d'emprunter une autre sortie et elle doit bien s'en douter.
- Juste, je ne serais pas là demain soir. Je travaille la journée et le soir, j'ai mon premier cours de langue. Remise à niveau du japonais. Je soupire en haussant les épaules, l'air las. Franchement, c'est pas comme si un cours où deux allaient changer ma vie, hein. Allez, je file. Attention à toi, Donna. A très vite !
Je lui cogne une nouvelle fois le front avant de déposer un petit baiser délicat sur sa joue, puis je décolle comme pour lui montrer l'exemple, lui prodiguant quelques rapides conseils supplémentaires avant de filer hors de l'église en la saluant de la main et de m'éclipser dans le ciel nocturne de la ville.
Demain serait un autre jour, mais je serais plus serein. Donna appelera, je le sais. Elle m'aidera à faire passer le mauvais goût que me laisseront dans la bouche les propos du prof' de japonais. Je le sais, c'est toujours pareil : je suis mauvais à l'école et ce n'est pas maintenant que ça risque de changer. Bah, je veillerais à ne pas trop me faire remarquer par le pauvre type chargé de remettre à niveau des boulets.
Comment s'appelle t'il, ce professeur... Ah, ça me revient, c'était marqué sur les papiers d'inscription que j'ai remplis. Yamagashi. Je devrais l'appeler Yamagashi Sensei, peut-être ? On verra bien.
De toutes façons, une chose est sûre : ce n'est pas Yamagashi sensei qui pèsera sur ma vie, pas vrai ? Bien sûr que non, je suis Sentinel Prime ! Personne ne peut me briser.
Personne.