Le Grand Jeu
Plan de Terra => Ville-Etat de Nexus => Discussion démarrée par: Cathleen Bakaar le samedi 27 août 2011, 18:12:18
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Le Calme avant la tempête...
Cathleen profitait de cette accalmie, ignorant encore ce que l'avenir lui réservait. Pour le moment, elle profitait d'une simple balade dans un marché, effectuant même quelques achats. Des habits neufs car les siens n'étaient même plus digne d'être portés par des mendiants ; des vivres, et elle s'offrit même le luxe de produits frais, pour changer de ses éternels repas à base de légumes desséchés.
Telle la souris habituée à être dans un labyrinthe sans sortie, Cathleen ne pouvait s'empêcher de toujours regarder par dessus son épaule, et son regard émeraude scrutait tout ce qui l'entourait, à la recherche de quelqu'un qui en aurait après elle. Mais aucun homme d'église, ou chasseur de démon. Personne pour tenter de la capturer pour tenter de prouver qu'elle était devenue une créature démoniaque.
Car la simple morsure d'un vampire avait changé la vie de Cathleen. Elle n'avait pas été transformée, mais pour les membres de l'Eglise où elle logeait avec son frère, étaient persuadés qu'elle était devenue une de ces créatures. Malgré l'ail qui lui ont fait manger, les douches d'eau bénites et les journées passées dans une cellule exposée au soleil. A croire qu'ils ne cherchaient qu'une excuse pour mettre à mort une innocente...
Cette journée de détente fit un bien fou à l'irlandaise, qui la termina en s'allongeant à l'abri d'un arbre sur une colline, à l'écart de la ville. Cathleen n'aimait toujours pas la solitude, et ne s'y faisait pas. Mais elle lui pesait moins qu'à une époque où elle était terrorisée par le vaste monde. Après plus de cinq mois de cavale... C'était le minimum.
Vêtue d'un ample pantalon noir et de l'une de ses éternelles vestes en queue de pie de scène et d'une chemise, Cathleen observait le ciel, et les nuages qui courraient. Un tel moment de répit était rare, et elle n'imaginait pas que quoi que ce soit puisse déranger sa soirée...
Sauf peut-être, l'arrivée impromptue de ceux qui la recherchaient.
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Alerick quand à lui recherchait encore des réponses, se mêlant à la masse grouillante d’individu que comptait la ville de Nexus. Il ne savait pourquoi, mais il pensait que c’était ici qu’il pourrait peut être trouvé des réponses sur cette non vie, qu’il supporte depuis si longtemps. Il doit pour cela rencontrer un magicien, mais personne ne veut le voir, du moins tous ceux qui peuvent contrôler la magie. Car si le commun des mortels peut voir un homme pratiquement normal, ce n’est pas le cas de ceux qui possède le don. Car on lui avait apprit à respecter les magiciens, des êtres au dessus des pauvres bougres comme lui, aidant la population et servant le bien contre les sorciers. Et bien, il pouvait témoigner aujourd’hui que ce n’était pas la vérité. Les mages étaient comme les autres, des hommes connaissant la peur, et cela il en avait eut rapidement conscience.
Pourquoi en était il arrivait là, mais parce que chaque fois qu’un mage le voyait, il prenait peur, et tentait de lui lancer une boule de feu. Ou bien de le renvoyer dans le plan infernal. Sauf que la magie de ceci était totalement inefficace. Alors, il s’enfermait chez eux, priant de tout leur être pour ne pas être dévoré par le pauvre mercenaire. Celui-ci les laissait donc, voyant qu’il ne pourrait rien faire pour les raisonner.
Plonger dans une sévère déprime, l’ex Homme s’était donc retirer. Il était monté sur une colline loin de la ville pour faire le point. Il n’avait jamais apprécié le monde, enfin il croyait. Car à vrai dire, il lui manquait de nombreux souvenir. Il ne lui restait que deux yeux. Deux yeux gravés dans son esprit, mais il n’arrivait même pas à ce souvenir à qui ses yeux pouvaient appartenir. Ainsi, il marchait au hasard, réfléchissant à ces deux yeux. Il arriva finalement prêt d’un grand arbre, ou il voulut rechercher un peu de réconfort. Son unique main frôlant l’écorce, même s’il n’y avait presque aucune sensation. Non, il ne sentait rien… Enfin si, une chose de dur, mais rien de plus. Voila qui le rappelait à son état. Un vivant aurait eut la chance de sentir les moindres recoins de l’écorce, lui il devait se contenté de la forme globale. Il n’avait ni gout, ni odorat… Le seul sens qui restait encore intacte était la vue.
Ce fut un cri qui le tira de ses réflexions. Ainsi, il n’était pas seul. Non, il y avait quelqu’un d’autre. Il regarda autour de lui, voyant une jeune femme qui tremblait. Elle voulait sans doute dire quelques choses. Mais il ne comprenait pas vraiment. Peut être à cause de la peur. Mais l’homme ne comprenait pas, qu’est ce qui pouvait lui faire peur à ce point ci. Il se retourna, encore et encore, avant de comprendre. Ainsi c’était lui qui lui faisait peur.
Il venait de comprendre, alors que les Humains normaux ne pouvaient pas comprendre qu’il était mort, à cause d’un sort d’illusion très efficace. Les magiciens, eut, pouvait percer celle-ci. Et alors, ce qu’il pouvait voir était effrayant effectivement.
Car devant eux se dressait un squelette, des os se mouvant à cause d’une force mystérieuse et incomprise de la majorité. Le pire était sans doute de voir ses orbites vides de vie vous fixer encore et encore. Ce noir, dans le regard, signifiant que vous êtes face à une abomination de la nature même si il manque à celle-ci un bras. Alerick en avait conscience. Et il n’était pourtant pas méchant, mais il provoquait cela. Il n’y avait que les nécromanciens qui acceptaient ce genre de créature. Et encore. Mais le pire pour la magicienne, serait sans doute de se rendre compte qu’elle ne pourrait pas se servir de ses sortilèges. Il était trop proche d’elle pour cela. Il avait dut prendre une précaution. Pour éviter que son esprit ne soit contrôler par un magicien, il avait gravé sur ses os, une phrase en rune, un langage puissant et ancien empêchant la magie d’agir sur, et autour de lui.
Il se rapprocha donc de la demoiselle pour la rassurer, mais cela ne sembla pas avoir l’effet voulu.
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# Je suis navrée, c'est court... #
Et Cathleen fut surprise. Etait-ce réellement le bon mot, pourtant ? Elle était terrorisée, en vérité.
Non pas par ceux qu'elle s'attendait à voir. En fait, elle cria avant même "d'avoir eu mal", comme le disait si bien sa mère quand elle était jeune. Cathleen avait vu quelque chose, et plutôt que d'attendre et de prendre le temps de voir ce qui voulai prendre du repos comme elle, l'irlandaise avait tout de suite crié.
Et elle avait bien raison. Un squelette, rien que ça. Qui avait parfois l'apparence d'un homme, mais l'image fluctuait, comme une illusion. Tétanisée en bonne peureuse qu'elle était, Cathleen ne savait plus quoi faire face à ce... Fantôme ? Esprit ? Les questions se bousculaient dans son esprit. Il n'avait pas l'air malveillant, mais le Père Supérieur de l'Enklaster Aferus était l'homme au visage le plus doux qu'elle ait connu aussi. Les apparences étaient parfois trop trompeuses.
L'esprit s'approcha, et la jeune fille recula, incapable de se relever pour courir, ou de prononcer autre chose qu'une espèce de gargouillis terrifié. Pourtant, il y avait quelque chose dans ses yeux, qui poussa Cathleen à murmurer :
- Je vous en prie... Vous n'avez pas l'air méchant, mais ne me faites pas de mal. J'ignorais que cet arbre... était, heu... Hanté ? Je ne voulais pas troubler votre repos, je suis confuse... Laissez-moi partir, s'il vous plaît..."
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Le squelette la regarda de ses orbites vides, l’homme quand à lui la regardait avec des yeux remplis de larme. Car ce sortilège avait la possibilité de montrer ce genre d’émotion. Certes, lorsque ces larmes coulaient sur le sol, elles ne le mouillaient pas. Mais mit à part ses détails, cette illusion était particulièrement réaliste, pour peu que comme quatre vingt quinze pour cent des gens on ne la regarde pas avec trop d’attention. Le squelette s’avança un peu avant de reculer, il ne voulait pas lui faire peur. Ce n’était pas son but. Il recherchait juste un peu de tranquillité.
La voix d’outre tombe du revenant était souvent coupé par une voix bien plus chaleureuse. En réalité c’était la même qui oscillait entre le réel et l’illusion.
-Je sais bien que je suis un monstre. Mais est ce une raison pour me le rappeler ? Bha, à vrai dire je vous comprends, qui n’aurait pas peur d’un squelette comme moi hein ? Qui ne voudrait pas le voir bruler sur un feu, le voir disparaitre à jamais. Faire que ce genre d’immonde créature ne foule plus la terre de ses pas impies. Alors rendez moi service, non rendez nous services. Si vous pouvez me voir c’est que vous êtes une magicienne non ?
Le revenant ne dit plus rien pendant une bonne dizaine de seconde. Oui, il était entrain de réfléchir, de pensé au fait que peut être bientôt avec de la chance, il pourrait disparaitre. Il arrêterait enfin de hanter ce monde et trouverait le repos éternel comme il le désirait ardemment.
- Alors je vous le demande, faite moi disparaitre. Mais définitivement, trouvez quelques choses pour que plus jamais je ne foule ce sol de mes pieds impies. Chassez-moi définitivement, je ne veux plus supporter ce supplice. Je veux mourir, mourir pour de bon.
Le pauvre squelette était bien pathétique, il ne souhaitait qu’une seule chose, et il ne pouvait pas l’obtenir. Quoi qu’il fasse. Il ne pouvait s’empoissonner, il ne pouvait se suicider et à chaque fois qu’il lui arrivait quelques choses, que par exemple on lui broyer les os, et bien il revenait au bout d’un mois. Toujours courir le monde à la recherche d’une chose qu’il ne puisse trouver.
-Aller y, vous pensez vraiment qu’un squelette infirme puisse vous tuez, il me manque un bras. Alors allez y, lancez ce sort et que l’on en finisse.
Il la regardait, l’implorant presque. Lui qui provoquait la peur chez cette pauvre enfant provoquerai sans doute désormais la pitié, et avec un peu de chance, elle lui ferrait contraire le repos éternel. Mais ce qu’il ne savait pas, c’est qu’elle en était incapable.
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Ce qui faisait face à Cathleen semblait triste de sa réaction, et Cathleen s'immobilisa rapidement pour mieux l'observer. Malgré l'appréhension qui lui nouait le ventre, elle se devait d'admettre que le squelette / fantôme n'était pas agressif, et la demoiselle pouvait au moins lui accorder cela.
D'ailleurs, sa réaction était tout à fait inattendu. Oh, bien entendu, avant le désastre qui brûla son village, Cathleen et ses deux frères étaient du genre à se raconter des histoires de fantômes qui font peu, cachés sous une couverture, et avec une bougie à la flamme tremblotante. Non, ce n'était pas très malin, mais fort heureusement, les trois enfants Bakaar étaient assez méticuleux pour ne pas avoir fait le moindre dégât, à l'époque. Quoi qu'il en soit, le fantôme qui lui faisait face n'était pas aussi terrible que celui qui vous passait au travers du corps pour vous congeler, ou celui qui pouvait vous tuer d'un simple regard. Cathleen finit par se relever, sans pourtant quitter Alerick du regard. Celui ci semblait plutôt triste de sa condition, et l'irlandaise passa sous silence les questions idiotes qui pouvaient lui traverser l'esprit.
Il lui demandait même de lancer un sort pour le détruire définitivement. Cathleen secoua la tête, et recula d'un nouveau pas, avant enfin de cesser de bouger, et même... D'avancer un peu, bien qu'elle gardât une distance raisonnable entre eux deux.
- Vous vous trompez... Je ne suis pas une "vraie" magicienne... Je fais des tours de cartes et d'illusion, mais pas de... Enfin, si, mais... J'allume des bougies et duplique certains objets. Je suis navrée, je ne peux pas vous aider..."
Désolée, elle l'était réellement. Car Mère lui avait toujours appris qu'il fallait aider son prochain, autant que possible, et tant que ça restait dans ses cordes. Pour l'esprit qui lui faisait face, Cathleen ne voyait pas quoi faire...
- Je ne souhaitais pas non plus vous blesser... Heu, messire Fantôme ? J'ai été surprise par votre présence et votre... Apparence. Comme beaucoup de gens, j'ai peur des fantômes, même si vous êtes le premier que je vois réellement."
Elle reprit son souffle, mais ne continua pas à parler. Comment était-il devenu un fantôme, pourquoi n'avait-il pas rejoint le paradis, autant de questions qu'elle garda au delà de ses lèvres scellées.
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Alerick ne disait rien, se contentant d’observer cette demoiselle qui, il l’espérait, pouvait peut être en finir avec cette non vie. Toutefois, il fut rapidement, très rapidement déçus, le fait qu’elle ne soit qu’une magicienne de bas niveau brisa ses pauvres illusions. Toutefois, il y avait peut être un dernier espoir : si elle était une apprentie, elle aurait surement un maitre capable de l’aider, oui avec un peu de chance tout n’était pas encore perdu. Toutefois, il devrait faire attention cette fois ci, s’il voulait que le magicien l’écoute, car il en avait eut encore la preuve son apparence faisait peur.
La demoiselle confirma encore une fois qu’il inspirait la terreur, faute aux nombreuses histoires de fantome, le plus souvent déformé ou inventé au fil des générations et du bouche à oreille. Mais d’un autre coté, il était normal voir même logique que les Humains se fassent peur grâce à cela. Car finalement avoir peur, c’est aussi ce sentir en vie non, surtout que les chances de croiser un fantôme ou un zombi sont très minces.
Donc, même si cela l’avait blessé que la jeune femme ait aussi peur en le voyant, et bien il ne lui en tenait pas rigueur. Alors voila il eut un petit sourire avant de dire tranquillement à la jeune demoiselle.
-Alerick, Alerick Neifel, ce sera déjà moins vexant que monsieur le fantôme, après tout j’étais humain avant d’être un mort. Même si le terme exact serait revenant car là où un fantôme ou un spectre sont condamnés à hanter un lieu précis, le revenant lui est libre de se mouvoir librement. Mais je vous l’ai déjà dit, je ne vous en veux pas. Je sais bien que les morts vivants inspirent la crainte. Il ne faut pas oublié que la majorité d’entre nous ne sont que des marionnettes au service de mage noir ou nécromant.
Il fit une petite pause, maintenant qu’il était claire la dessus, il pouvait ainsi arriver à ce qui l’intéressait, c’est à dire rencontrer le mage formateur de la demoiselle qui lui avec de la chance pourrait enfin en finir avec cela. Toutefois, il était surpris qu’elle lui ne lui en demande pas plus sur le fait qu’il n’était pas. Au ciel, au paradis, dans la paix éternelle… Il existe tant de mot pour ces co… Ces bêtises, parce que oui, quand vous êtes sur terres depuis presque cent cinquante ans. La vie éternelle est vraiment le cadet de vos soucis. Lui, il voulait juste mourir. Tomber dans le néant et ne plus avoir à penser. Enfin pour l’instant il en était encore loin. Mais le fait que la jeune femme soit dotait du don de pyromancie, et de télékinésie. La pyromancie était un domaine assez spécifique, ainsi le fait que la demoiselle connaisse ses deux pratiques laissait supposer qu’elle avait vraiment un don pour la magie.
-Il est extrêmement rare de voir un magicien pouvoir utiliser deux branches magiques aussi distinctes. Ainsi, votre mentor doit être fier de vous. Vous avez sans doute un très haut potentiel, j’espère donc que vous utiliserez vos dons avec fierté mais aussi avec le respect des autres. Mais j’ai une requête à vous soumettre si cela ne vous dérange pas. J’aimerais rencontrer votre maitre. Voyez vous, si vous êtes une apprentie, j’espère que votre maitre pourra en faire un peu plus pour moi.
Si le squelette ne pouvait pas sourire l’illusion quand à elle semblait assez heureuse, il avait même un sourire jusqu’aux oreilles. Si seulement il savait. Enfin, vu le service qu’elle allait lui rendre, il lui dit doucement.
-Je suppose que la raison de ma non vie vous intrigue n’est ce pas ? Après tout, un être tel que moi, on ne doit pas en rencontrer tout les jours. Et bien si vous voulez, tout savoir, je ne sais ABSOLUMENT pas pourquoi je n’ai pas trouvé le repos éternel. Et je ne me souvins de plus rien concernant mon ancienne vie. Cela fait maintenant 150 années que je suis mort. Dut moins, je pense, je ne tiens plus les comptes depuis un moment. Car finalement, le temps n’est plus un problème lorsque votre vie n’a plus de fin…
Il mentait. Il lui restait Un souvenir. Une paire d’yeux, les plus beaux qu’il ait jamais vus. Mais il ne savait plus ni ou, ni comment il les avait vus. Alors dire à qui, c’était impossible…
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Messire Fantôme avait donc un nom, et bien entendu, "Messire Alerick Neifel" sonnait bien mieux, et surtout, sonnait bien moins terrible. Cathleen sourit, bien que la demoiselle craignait encore cette étrange illusion fluctuante, à la voix qui sonnait comme des vagues. C'est qu'elle est peureuse, notre irlandaise traquée... Et on ne s'endurcit pas du jour au lendemain. En fait, elle n'imaginait même pas pouvoir devenir forte un jour : Cathleen n'avait pas assez confiance en elle pour cela. Jouer un rôle sur scène, c'était dans ses cordes, mais plus longtemps que la durée d'un spectacle, c'était déjà bien au dessus de ses forces. Alors, comment se retenir de regarder autour de soi quand un fantôme vous dit que la plupart sont contrôlés par des nécromants ? Un frisson, mais lorsqu'elle le fixe à nouveau, presque sure qu'il n'est effectivement pas sous l'emprise de quelqu'un, elle lui sourit.
- Je m'appelle Dana O'Hara... Heu, non, non... C'est le faux nom que j'utilise depuis... Enfin, bref : je m'appelle Cathleen Bakaar. "
Pourtant, la suite du discours de l'esprit lui paraissait insolite et parfaitement décousu. De quoi parlait-il ? De mentor ? De branches magiques ? Cathleen se sentit perdue et resta un instant bouche bée, incapable de prononcer le moindre mot pour le contredire. En fait, à son air heureux de la "savoir" apprentie, Cathleen n'eut pas le coeur à lui briser cette joie - il ne devait pas avoir souvent occasion d'être heureux... Oh, ce serait sans doute pire quand elle lui dirait toute la vérité.
Alerick aborda un autre sujet, si cher au coeur de la demoiselle. Car si les fantômes étaient des êtres démoniaques mais surtout imaginaires, il lui semblait impossible qu'un esprit ne puisse gagner l'Eden ou les Enfers... Sauf s'il n'avait pas reçu une sépulture décente et les derniers sacrements. Peu-être était-ce là la solution pour qu'il accède au repos éternel ? Cathleen ne posa pas la question, et se contenta de murmurer :
- Je suis triste pour vous, Messire Alerick... Je le suis d'autant de ne pas pouvoir vous aider..."
Après une courte hésitation, Cathleen baissa les yeux et s'assit au sol, ses mains caressant l'herbe du bout des doigts.
- Contrairement à ce que vous semblez croire, je ne suis l'apprentie de personne. J'ai appris en autodidacte des tours d'illusion avec des cartes, et développé une mémoire prodigieuse. La magie "véritable" dont vous parlez, je ne... La maîtrise absolument pas. En fait, je prononce un mot étrange, pensé dans la langue de mes parents. J'ai comme des fourmis au bout des doigts, et parfois, ça marche. Mais c'est rare. Comme je vous l'ai dit, je peux allumer des bougies et dédoubler des objets. J'ai essayé avec d'autres mots, mais en vain, hélas..."
Et sans le chercher, Cathleen acheva de remuer le couteau dans la plaie.
- Pour être honnête avec vous, même s'il est pratique de pouvoir allumer une bougie sans allumettes, j'ai... Peur de ces pouvoirs étranges. Je sais que je suis une grande trouillarde, mais... je crois que c'est contre nature... Ne le prenez pas mal, Messire Alerick. J'ai peur de tout ce qui sort de la norme que l'on m'a apprise. Votre "état" est peut-être du au fait que votre dépouille n'a pas été correctement ensevelie ?"
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Le fantôme soupira un long moment lorsque la jeune femme lui expliqua qu’elle n’avait pas de maitre. Bien sur, il aurait dut s’en douté, c’était bien trop beau pour pouvoir être vrai sinon… Mais d’un autre coté, ce n’était pas la faute de la jeune femme, alors il ne pouvait pas lui en vouloir. Non, il s’en voulait plutôt d’avoir put croire à une solution aussi simple. Par contre la pauvre jeune femme semblait assez perdue avec son baratin… Si elle était autodidacte, cela ce comprenait aisément. Mais le fait qu’elle ait peur de ses pauvres pouvoirs… C’était… Stupide. Oui, il était peut être dur avec elle, mais il trouvait cela vraiment stupide de ne pas profiter de ce don si extraordinaire, tout simplement parce qu’elle en avait peur.
Il la regarda un long moment, se demandant pourquoi ? S’il avait eut des pouvoirs comme elle, a l’époque ou il était encore vivant, peut être sa vie aujourd’hui aurait était différente… Non, il ne fallait mieux pas y penser, de toute façon, c’était trop tard désormais pour lui. Mais peut être pas pour elle. Il lui faudrait quelqu’un pour apprendre à maitriser cette partie d’elle-même qu’elle refusait de comprendre. Et si elle y arrivait, elle n’aurait sans doute plus peur de ce genre de chose. Car finalement, la peur n’est en faite qu’une forme d’ignorance. Il s’assit tranquillement au milieu de l’herbe, serein, enfin autant que peut l’être un revenant.
- Ainsi, vous n’avez pas de maitre… Je vois… Puis je vous dire toutefois un mot. J’ai beaucoup voyagé, j’ai vu de nombreuses choses qui dépassent la compréhension humaine et c’est pour cela que je vais sans doute être un peu brutale a votre égare et je m’en excuse donc par avance.
Il lui sourit tranquillement avant de reprendre.
-Vous avez un don mademoiselle Bakaar. On vous a donnez la possibilité de faire de grandes choses, de très grandes choses même. Si vous appreniez à vous servir correctement de vos pouvoirs, vous pourriez dompter votre peur, et surtout en savoir un peu plus sur vous. J’ai étudié pas mal de temps la magie dans l’espoir qu’un jour, je puisse trouver une solution a mon problème pourtant je suis incapable de la pratiqué. C’est un don, je ne sais pas de qui, mais je sais que ce serait du gâchis de ne pas en profiter. Imaginez ce que vous pourriez en faire. Résoudre des famines entières ou maitriser des incendies… Je ne veux pas vous influencez, mais il faut que vous compreniez une chose ma demoiselle. Cette magie fait partie de vous. Et peut être que grâce à elle, vous trouverez le courage de ne plus avoir peur.
Le squelette stoppa net son discours, il avait tout dit. Et n’avait rien de plus à ajouté. C’était à elle de prendre sa décision désormais. Mais elle avait soulevé un point intéressant… le fait qu’il n’avait jamais était enterré. Car comme beaucoup d’autre il était mort sur le champ d’honneur… Enfin presque…
-La seule chose que je me souvienne, c’est que je ne suis pas sous terre. Mon corps est devenu un champ de tulipe. Ou plutôt, elles ont poussé sur celui-ci. Mais je ne les lèverais pas… Elles sont trop belles pour que l’on y touche.
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Cathleen s'assit elle aussi, face à Alerick, les jambes repliée sur le côté gauche, les mains sur les genoux. Le dos droit, à peine courbé par sa position, son regard de cillait plus lorsqu'il fixait le fantôme. Malgré cette attitude fière et sans doute courageuse, l'irlandaise n'en restait pas moins une demoiselle terrifiée. Moins qu'au début, peut-être, mais la peur restait toujours présente malgré tout.
Alerick lui parla de son expérience du monde, des choses extraordinaires qu'il avait pu croiser. De la magie véritable, comme l'appelait Cathleen. De tout ce qu'elle pourrait accomplir si elle maîtrisait ce potentiel. Comme souvent, ces derniers mois, la jeune femme posa la main sur son cou, pour y cacher les deux points encore rouges malgré le temps passé. Accablée, elle lança dans un murmure :
- Messire Alerick... Je ne suis pas prétentieuse au point de croire pouvoir faire de grandes choses. Je n'arrive déjà pas à convaincre l'Ordre qui me poursuit que je ne suis pas un monstre... Alors si je fais de la magie véritable en plus... Imaginez vous quel péché cela peut être à leurs yeux ?"
Sauver des vies quand elle devait courir pour la sienne ? Cathleen pouvait paraître égoïste, mais pour le moment, elle ne pouvait concevoir aider qui que ce soit alors qu'elle ne pouvait se sauver elle même. C'est ce que Mère s'était évertuée à lui répéter lorsqu'elle était enfant. "Tu ne pourras pas aider les autres si tu ne vas pas bien toi-même."
C'était un débat qui tournerait en rond pendant longtemps. Cathleen voulait aider, bien entendu. Elle était la Sainte même, à vouloir venir en aide à tout le monde. Mais hélas, ce n'était pas dans ses cordes. Pas dans sa situation actuelle. Trouver le courage, et la force mentale de faire face à ses peurs... N'était pas non plus possible. L'ordre avait eu la preuve qu'elle n'avait pas été métamorphosée en vampire, pourtant, ils avaient continué à s'acharner sur elle.
Alors, quand Alerick parle de son corps envahi par un champ de tulipes, Cathleen pense qu'elle peut l'aider. D'ailleurs, elle le fixa et déclara résolument :
- Peut-être qu'en offrant les derniers sacrements à vos restes, cela suffira à vous garantir le repos éternel ? Mais sachez que quelle que soit la peur que j'éprouve à utiliser cette... Magie véritable, je suis encore plus terrifiée à l'idée qu'elle échappe à mon contrôle. Je tenterai de trouver un maître, alors... Mais occupons-nous de vous, d'abord."
Cathleen pouvait paraître résolue et sûre d'elle, ce qu'elle n'était jamais. Mais comme à chaque fois qu'elle entrait en scène, ce n'était qu'une façade, et un r ôle, qu'elle pouvait jouer quelques instants.
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Alerick observait cette pauvre créature, bien que cela ne l’étonnait pas vraiment. Pourquoi donc ? Parce que l’influence de l’ordre était de plus en plus puissante dans cette région. Il avait d’ailleurs eut quelques prises de bec avec eux. Il respectait leur conception d’un dieu unique, bien que pour lui cela était ridicule, mais le fait que l’on martyrise des jeunes hommes et femme pour qu’ils renient leurs croyances, il trouvait cela intolérable… Au certes, ce n’était pas le cas de tous les membres de cette organisation, il avait d’ailleurs rencontré des paladins très sympathique. Mais le plus souvent les sanctions qu’ils prenaient contre les gens étaient totalement injustifiées. Toutefois, le squelette était touché par le fait que cette jeune créature se décide malgré tout à l’aider. En avait-il vraiment envie ? Peut être, mais il n’était plus sur, pas tout de suite…. Pas avant que celle-ci ne réussisse à maitriser ses dons. Car après tout, il était sans doute plus apte que n’importe qui pour ce genre de chose. Les runes gravées sur ses os ayant la particularité d’inhiber la magie sur une zone de quinze mètres autour de lui.
- Je vous remercie, mais je pense que pour l’instant je vais repousser votre offre. Pourquoi ? Mais pour deux raisons. La première étant que mon corps se trouve dans un endroit dont j’ai oublié l’emplacement. Et la seconde c’est que je trouverais vraiment dommage que vous ne réalisé pas votre destiné à cause d’une timidité trop exacerbé.
Il s’assit tranquillement prêt d’elle. Attendant que celle-ci s’installe également. Elle avait encore de nombreuse chose à savoir sur la magie. Et sa première leçon commencerait aujourd’hui.
-Il vous faut comprendre une chose mademoiselle. La magie ne se soumet pas, elle se dirige, elle se respecte, et surtout elle n’est dangereuse que si on la maitrise mal. Je vais vous donner un petit exemple. La magie, est un peu comme une rivière. On ne peut la stopper, mais par contre, il est possible de la faire se diriger dans la direction que l’on souhaite si l’on creuse les bons canaux. Vous comprenez ?
Il sourit doucement, dut moins, s’il pouvait encore le faire, car un squelette n’a malheureusement pas de muscle ni de chaire, mais sur l’illusion ce sourire était visible. Bien que d’ici peu de temps, elle ne pourrait sans doute plus le voir.
-Quand au problème de l’ordre immaculé, je m’en occuperais. J’ai de vieux compte à régler avec eux… Je ne sais pas pourquoi ceci vous poursuive, mais si c’est comme les autres, il est fort probable que c’est uniquement parce que votre tête ne revint pas à un de ses grands dirigeants. Donc, ne vous en faite pas trop pour cela.
Il réfléchi un petit moment. Le meilleur moyen de se débarrasser de tous cela en même temps, était surement de la prendre pour apprentie. Toutefois lui-même n’ayant jamais fait de magie, il ne savait pas si oui ou non cette idée était une bonne idée… Bien, il n’y avait donc finalement pas trente six solutions, il s’en occuperait lui-même.
-J’ai une solution à vous proposez, je pourrais moi-même m’occuper de votre formation. Ainsi vous n’aurez plus à craindre l’ordre, et lorsque le moment sera venue, vous pourrez vous-même vous occupez de mon cas… A vous de voir si cela vous intéresse…
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Ce que Alerick ignorait, c'était que les poursuivants de Cathleen n'étaient pas l'Ordre Immaculé. Mais un Ordre plus secret, spécialisé dans la chasse aux vampires. Et c'était bien pour cela qu'ils étaient après Cathleen. Elle, la seule femme du Couvent, malgré tous ses voeux de pureté, représentait la tentation et le péché dans cette confrérie d'hommes. Elle ne devait l'acceptation de sa présence que grâce à son frère, l'un des meilleurs chasseurs de l'ordre.
Il avait suffit d'une morsure, qui ne l'avait pas transformée, pour que le Père Supérieur ne décide qu'il fallait l'abattre. Et malgré l'obéissance aveugle dont avait fait preuve Cathleen jusqu'à présent, elle n'était pas prête à se laisser torturer et tuer de manière stupide. L'irlandaise avait fait preuve de bonne foi, prenant des bains d'eau bénite, portant des tas de croix, restant au soleil trois jours durant... Mais non, cela n'avait pas suffit à prouver son innocence, et son frère était finalement parvenu à la sortir de là.
Et c'était depuis ce jour, si lointain, qu'elle était en cavale. Et elle n'aurait jamais pensé que ça allait s'arrêter, encore moins aujourd'hui, alors qu'elle était en compagnie d'un squelette. Cathleen frissonna, d'ailleurs, et détourna le regard. Il savait que son corps était dans un champ - de tulipes, qui plus est - mais tout en ignorant où se trouvait ce champ. Dommage... Elle aurait voulu l'aider, sincèrement. Quant à sa timidité, elle ne s'en défendit même pas : à quoi bon ? Elle n'était pas combattive à ce point. Cathleen ne pensait pas avoir une destinée. La seule qu'elle s'était imaginée, et bien... Sans doute quelque chose d'étriqué comme un mariage, des enfants, une maison à tenir, et avec un peu de chance, un mari qui la laisserait continuer à faire ses spectacles. Non, l'irlandaise ne s'imaginait pas de grande destinée héroïque. Son rêve secret ? Trouver "L'Irlande", ce pays d'où venaient ses parents, pour enfin se convaincre qu'ils ne lui ont jamais menti.
Pourtant, qu'importait qu'elle ne soit pas promise à une vie incroyable, Alerick lui expliquait déjà le principe fondamental de magie. Lui proposait de l'aide, avec "l'ordre immaculé", avant de suggérer qu'il pourrait être son maître de magie. Cathleen en resta bouche bée. Elle ne sait pas quoi dire, un long instant, avant de revenir fixer de son regard émeraude le fantôme qui lui fait face. Apprendre la magie véritable ? Pourquoi pas... Même si Cathleen ne voit pas trop ce qu'elle pourrait en faire...
- Messire Alerick... Je, vous... Vous vous trompez. Ce n'est pas l'Ordre Immaculé qui me poursuit, mais un ordre secret, dont je ne peux vous parler... Il ne me pourchassent pas à cause de cette... "Magie" que vous détectez en moi, et que vous voulez m'apprendre à utiliser."
Comme toujours dans ces moments là, elle posa une main sur son cou, comme si ça pouvait effacer les deux horribles cicatrices circulaires qui s'y trouvaient.
- Je vous remercie de votre proposition, Messire. Cependant, je ne sais pas si c'est une bonne idée. Mère disait souvent : "Il n'est pas égoïste de penser qu'être en sécurité et bien portant est la chose la plus importante : on ne peut aider quelqu'un s'il l'on va mal soi-même." Je ne vois pas... A quoi pourrait servir cette magie alors que je dois courir pour ma vie. Je ne souhaite pas de mal à ces gens là : ils ne font, après tout, que mener leur propre combat. Je ne peux les blâmer, même si je souhaiterai qu'ils comprennent qu'ils se trompent..."
-
Le revenant observait la jeune femme d’un air vide, l’illusion quand à elle la fixait tranquillement. Il réfléchi quelques instants, la situation ne devait pas être simple pour cette pauvre demoiselle sans cesse traquée, ne pouvant pas s’arrêter plus de quelques jours sous peine d’être retrouvée et brulée vive. Toutefois le fait que ce soit une brigade spéciale de l’ordre immaculé qui la poursuive était inquiétant. Très inquiétant même puisque cela voulait dire qu’il l’attraperait un jour ou l’autre. C’était d’ailleurs un miracle si elle avait réussit jusqu’à présent à leur échapper. Hum, il y avait toutefois un endroit ou elle pourrait être en sécurité, toutefois… Toutefois, il ne pourrait pas l’y conduire lui. Il fallait un sacré coups du hasard, ou bien… Ou bien un magicien capable d’ouvrir un portail. Hors, elle en serait capable pour peut qu’on l’y aide un peu. Enfin, ce serait quand même assez dur de la convaincre, mais pourquoi pas. Après tout, qui ne tente rien, n’a rien, alors que là, elle pourrait faire quelque chose pour elle…. Et pour lui peut être. Il continua donc, doucement.
-Je vois, Je comprends ce que vous voulez dire. Toutefois, il existe une possibilité. Si l’Ordre immaculé peut vous poursuivre sur toute la surface de cette planète. Il existe un endroit ou vous pourrez être en paix. Voyez vous, il existe des portails inter-dimensionnels entre Terra cette planète ci et une autre… Ainsi, vous pourriez reconstruire votre vie dans une autre planète ou l’ordre n’ose allait de peur de finir dans les enfers… Vaste blague au passage… Enfin, ce n’est qu’une idée comme cela… Il y a juste un petit souci… Pour pouvoir ouvrir le passage entre ces deux planètes, il vous faudrait maitriser la magie… Enfin moi je dis cela…
Il aurait eut un petit sourire s’il en était capable. Manque de chance pour lui, ce n’était plus le cas. Enfin, normalement son intervention devrait faire son petit effet. Normalement… Mais d’un autre coté, il avait un peu honte d’utiliser ce genre de pratique. Car soyons honnête, il le faisait surtout pour avoir une magicienne capable d’en finir avec ce fichu état de mort avancée. En réalité, il ne se souvenait même plus où il était enterré. C’était triste à dire c’était certain, mais il n’avait pratiquement aucun souvenir de ce qu’il avait vécut. Il lui dit cependant.
- Bien, toutefois il existe une seconde solution. Vous pourriez avoir un coup de chance et découvrir un portail. Mais ceci est aléatoire... Mais peut être ne voulez vous pas changer de monde… Après tout, c’est assez dur de perdre tous ceux que l’on aime. Toutefois il y a une chose qui me fait me questionner ? Dite moi, pourquoi une brigade entière de l’ordre vous en voudrez. Je ne veux pas être méchant, mais vous êtes plutôt du genre… enfin je vous vois mal en dangereuse créature… Pour moi vous êtes au contraire une jeune femme sans défense.
Effectivement, elle n’avait absolument pas la carrure d’une criminelle avec sa frêle corpulence et sa timidité maladive… Enfin, on ne juge pas un grimoire à sa couverture non ?
-
Voilà que Alerick lui parla, lui aussi, d'un autre monde, où l'Ordre ne la poursuivrait pas. Etait-ce réellement possible ? Lui parlait-il de ce monde dont ses parents étaient originaires ?Existait-il en fin de compte, et allait-il être un havre de paix pour elle ? Cathleen se prit à rêver d'une nouvelle vie, reprise à zéro. Où elle pourrait juste vivre en paix, de sa passion... L'idée était tentante, bien entendu... Et aussi égoïste que cela pouvait paraître, l'irlandaise se dit que c'était - sans doute ! - une excellente raison d'apprendre à utiliser la magie. L'offre était donc tentante...
Et tandis qu'elle se laissait manipuler de la plus stupide des façons, Alerick lui demanda des détails sur sa fuite. La raison pour laquelle elle était poursuivie. Cathleen inspire profondément, retient sa respiration, alors que ses doigts se posent sur les deux cicatrices encore rouges de son cou. Elle baisse son regard d'un vert émeraude éclatant, avant d'expirer :
- L'Ordre auquel mon frère appartenait est... Spécialisé dans la traque de démons, et surtout de vampires. Il y a quelques mois... L'un d'eux m'a mordue. Pas assez pour me transformer, juste de quoi... Et bien, boire un peu de sang."
A ce souvenir terrible, l'irlandaise voudrait fondre en larmes. Mais elle se fait forte, et elle ne fait que trembler. Elle sent la peur, que dis-je, la terreur qui l'avait submergée à ce moment abominable. Sa mâchoire hésite, avant qu'elle ne puisse continuer son récit.
- Je ne suis pas devenue une des ces... Créatures de la nuit, vous savez. Ils ont voulu s'en assurer, au Couvent, je ne peux les en blâmer ! J'ai mangé de l'ail, je me suis baignée d'eau bénite, je suis restée trois jours dans une cellule exposée au soleil du matin au soir ! J'ai accepté de souffrir en silence, juste pour leur montrer qu'ils n'avaient rien à craindre de moi. Mon frère m'a fait sortir, et depuis... Nous sommes traqués."
Elle ne s'était encore jamais confiée à qui que ce soit de sa situation actuelle. Pourtant, avec Alerick, elle l'a fait le plus naturellement du monde. Oubliant un instant leur précédente discussion, Cathleen le regarda, peut-être toujours un peu terrifiée, et murmura :
- Je vous assure que je ne suis pas un monstre... Vous me croyez, n'est-ce pas ? "
-
Alerick avait donc réussit, il avait réussit à la convaincre d’apprendre la magie. Alors oui, pour ce faire, il avait dut employer une ruse assez grossière certes, mais il n’avait pas mentit, et puis, cela semblait faire plaisir à la jeune femme de croire que ce monde existait. Pour lui, ce n’était que d’autres errances mais pour elle, cela ressemblait à un Eldorado. Ainsi, il agissait peut être de la bonne facon. Sans compté qu’avec elle comme apprentie, il pourrait sans doute en finir une bonne fois pour toute.
Vins ensuite le moment de son histoire, histoire qui secoua profondément le squelette, il écouta juste. Ainsi cette petite dame était poursuivie pour s’être fait mordu. Elle avait eut de la chance. Enfin, oui et non, car à vrai dire, pour devenir un vampire, il faut qu’il y ait un échange de sang. Si la victime est totalement vidée de son sang, elle devint alors une goule… Et il existait un troisième cas, mais il était inutile de le préciser, toutefois cette expérience l’avait sans doute traumatisé. Il y a en même temps de quoi… Car effectivement, l’étreinte peut être terriblement plaisante comme terriblement effroyable selon le vampire qui la pratique. Puis vint la suite de son histoire. Ainsi, après être torturé par un vampire, elle fut torturée par ses paires…
L’Ordre avait vraiment des pratiques barbares. Il imagina donc sans mal ce qu’elle avait vécut, et malgré l’image qu’elle donnait, il voyait bien qu’en réalité cette blessure était loin d’être cicatrisée.
Il fit un geste assez fou, enfin pour un être de non vie. Il s’avança avant de la prendre doucement dans son unique bras. L’étreinte de la mort ? Au non, plutôt un geste d’affection. Un geste qui voulait dire que cela était enfin fini.
Un geste aussi froid que chaud, froid parce que en tant que mort vivant, son corps avait déjà depuis longtemps refroidi mais chaud car remplie de compassion et de gentillesse, ce genre de chose que la jeune femme n’avait plus dut avoir depuis longtemps déjà si elle était toujours en fuite. Il ne savait pas par contre comment elle réagirait… Ainsi, il préféra se retirer avant que celle-ci ne le prenne mal.
-Je vois crois. Voyez vous, votre peau est encore chaude, signe caractéristique que vous vivez. Toutefois, la notion de monstre et bien subjective… Voyez-vous, je pense qu’il existe des humains bien plus monstrueux que moi. Et pourtant, je suis mort. Ainsi, l’on me traite de monstre sans même rechercher à comprendre ce que je suis, ou qui je suis. Je ne veux pas vous faire de morale ou quoi que ce soit, mais ne juger pas une espèce sur une mauvaise expérience. Enfin…
Le squelette se posa quelques instants contre une vieille souche d’arbre, il se demandait s’il pouvait poser cette question… Il n’en était pas sur, après tout cela concernait sa vie alors en avait il le droit. Il se décida toutefois enfin à poser cette question qui lui bruler les maxillaires.
-Et votre frère qu’est il devenu ? Avez-vous des nouvelles de lui, ou bien …
Il préféra ne pas finir sa phrase, après tout, il pouvait toujours être en vie, ou même avoir réussit à quitter Terra par d’autre moyen, cela ne manquait pas après tout.
-
Cathleen se raidit lorsqu'elle sentit le squelette/fantôme s'approcher d'elle. Qu'allait-il lui faire ? C'était terrifiant. Pouvait-il la tuer d'une étreinte, la maudire, la hanter, ou n'importe quoi d'autre dans ce goût là ? Non, Alerick se contenta de l'étreindre, comme s'il avait cherché à la rassurer, à lui prouver de ce simple geste que quelqu'un était là pour elle.
Ce quelqu'un était un fantôme qui lui faisait encore un peu peur, qui voulait lui apprendre la magie afin qu'elle lui accorde le repos éternel... Mais aussi déplacé, décalé, que pouvait paraître ce geste, Cathleen en ressentit de l'affection. Toute sa peur de ce "monstre" avait disparu. Alerick finit par s'éloigner et se rasseoir plus loin.
- J'ai bien conscience que chaque espèce à ses monstres, et qu'il ne faut pas juger un peuple par rapport à quelques uns de ses membres. Cependant... Si j'espère qu'il y ait de bons vampires... Je n'ai eu que de mauvaises expériences avec eux. "
Sa famille et son village natal avaient été réduits en charpie par des vampires... Et c'est bien pour cela que son frère leur vouait une haine sans fin. Cathleen ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi il s'acharnait autant à les pourchasser. Que Alastor ne chasse les responsables de la mort de leurs parents et leur frère était... Normal. Ils devaient être jugés et punis pour leurs crimes. Cependant, il y avait - peut-être ? - des vampires qui ne méritaient pas de mourir. Mais cela, Alastor avait refusé de le comprendre... Alerick demanda d'ailleurs ce qu'il était advenu de son frère...
- Alastor...", murmura-t-elle, en baissant les yeux. "J'ignore où il est, comment il va. Nous devions nous retrouver, mais comme nous sommes tous les deux traqués... Je prie chaque jour pour qu'il se porte bien. Mais je n'ai hélas aucun moyen de savoir où il est, ni comment il se porte."
C'était hélas la vérité. Ca leur avait semblé une bonne idée de tenter de brouiller les pistes, de se séparer. Le seul avantage que ça avait eu, c'était de rendre Cathleen plus forte. Car il y a quelques mois encore, elle était terrifiée à l'idée d'être seule, sans son frère, dans un endroit inconnu de surcroît. A présent... Et bien, elle n'avait pas vraiment eu le choix... Et voilà qu'elle allait en plus apprendre à utiliser la magie que Dieu - sans doute - lui avait donnée. C'était terrifiant. D'ailleurs, elle demanda d'une voix timide, presque un murmure :
- Comment ça va se passer, pour apprendre à utiliser la magie, Messire Alerick ? J'avoue ne pas... Etre rassurée... "
-
Le squelette fut soulagé de voir que celle-ci ne le frappa pas, pas que cela lui aurait fait mal, mais cela aurait voulu dire qu’il avait perdu la confiance de cette jeune demoiselle. Et puis, il se sentait un peu comme… il avait du mal à mettre un nom sur cette fonction. Il ne pouvait pas être son frère au vu de son grand âge et de celui de cette petite. Pas non plus comme un maitre puisque techniquement il ne lui avait rien appris… Bha, il trouverait bien un jour. Mais une chose était sur, cette pauvre enfant avait vécut des choses horribles… Etre séparé de sa famille, cela devait être terrible… Mais lui, en avait il eut une de famille ? Il ne le savait même plus…
Il rechercha dans son vieux crane ce nom… Alastor… Mais rien ne lui était venu à l’esprit. Il en avait peut être déjà entendu parlait, mais n’avait jamais fait attention. C’était dommage parce qu’il aurait voulu réconforter cette pauvre enfant. Mais il ne voulait pas non plus lui mentir. Puis, elle vint lui confier ses inquiétudes. Elle avait peur, peur de l’inconnu sans doute. Mais lui aussi avait peur. Il avait peur de savoir ce qu’il trouverait après sa mort définitive. Pourtant, il était décidé à en finir. Malgré que ceci lui faisait peur. Il ne pouvait pas toujours rester ainsi. Mais il verrait son possible pour la rassurer. Ainsi, il eut une idée. Si elle avait peur de se servir de cette magie, il pourrait lui donner une chose. Mais avant. Il devait trouver….
Il fouilla longtemps les alentours. Puis, lorsqu’il trouva une branche de petite taille, il se dirigea vers elle, la prenant en main. Il l’examina sous tous ses angles, et apparemment celle devait convenir. Il soupira doucement, avant de prendre une grande inspiration. Retirant un de ses os, et y plaçant la branche. Ainsi, ce bricolage devrait tenir le temps que…
Il tendit donc l’os à la jeune femme. Lui expliquant ce qu’était cet os.
- Bien, je sais que ce que je vous donne n’est pas très ragoutant, pourtant c’est mon bien le plus précieux. Sur cet os, est gravée une formule runique ancienne. Celle-ci inhibera votre magie, et toutes les autres, dans un rayon de vingt mètre. Ainsi, vos pouvoirs ne vous échapperont pas. Il me servait à me protéger des sortilèges de possession. Toutefois, il vous sera sans doute plus utile à vous. Je vous demanderais par contre de ne pas le perdre, car il faudra me le rendre. Bien, concernant vos entrainements, dans un premier temps vous ne manipulerais pas la magie, mais plutôt des exercices pour pouvoir maintenir votre concentration d’accord ?
Il espérait qu’en commençant comme cela, la jeune femme serait plus ou moins rassurée. Normalement, elle ne devrait pas avoir trop de mal, et puis cela la rassurerait. De toute façon, avec ce qu’il venait de lui donner, elle ne pourrait pas en faire. Il se contenta de lui sourire avant de se souvenir d’une chose. Il devait lui dire encore une petite recommandation.
- La magie, est une chose qu’il ne faut jamais traité sans respect. Tant que vous la respecterait, il ne vous arrivera rien. Mais si vous venez un jour à lui manquer de respect. Alors… l’improbable peut se produire !
-
Effectivement, ce qui se passa arracha une légère grimace à la jeune femme. Cathleen hésita avant de tendre la main pour saisir l'os que lui donnait Alerick. C'était dégoûtant. Elle tenait un os, un morceau de mort qui ne trouvait pas le repos. Elle n'eut qu'une seule envie, creuser pour l'enterrer. C'était là que devait être sa place. Au lieu de cela, le fantôme lui expliqua la signification de ce cadeau des plus insolite. Cathleen l'observa et le vit à présent comme il devait être vu : un talisman.
Un talisman étrange et insolite, certes, mais un talisman quand même, qui allait les protéger tous les deux de la magie. Finalement, elle qui le tenait du bout des doigts en essayant de ne pas y mettre trop de dégoût, elle en vint à tenir de manière normale l'os, comme si elle tenait un bâton... La scène restait étrange, et si Cathleen pensa qu'il allait se passer quelque chose, il n'en fut rien.
A vrai dire, elle se demanda même si Alerick avait raison en croyant voir en elle un potentiel magique - de magie véritable en tout cas. Est-ce qu'il n'aurait pas du se passer quelque chose, même en elle ? Une vague où elle aurait du sentir sa magie partir, être neutralisée ? Les yeux rivés sur l'os, Cathleen eut un frisson malgré tout. cette situation la dépassait, tout simplement.
Alerick lui proposa de commencer par des exercices de concentration. Ce n'était pas une mauvaise idée en soi, même si du coup, elle ne comprenait pas trop pourquoi il lui avait donné cet os-talisman. D'ailleurs, avec une certaine déférence, Cathleen le posa près d'elle, au sol, et s'installa plus confortablement, le dos droit.
- Très bien. Je vous écoute. Que dois je faire ?
-
Alerick observait son apprenti, elle manquait de confiance en elle, mais cela viendrait petit à petit. Mais, il lui faudrait du temps, or heureusement du temps, il n’en manquait pas. Mais avant de lui donner une leçon, il devait lui montrer le pouvoir de la magie. Magie que désormais il devait être capable d’apprivoiser. Ainsi, même si la jeune femme était pressée de commencer, ce n’était pas encore le moment.
Le fantôme sortit de la zone d’inhibition de la magie. En dehors, il pouvait laisser libre court à ses pouvoirs de mort. Car oui, les morts possèdent des pouvoirs magiques acquis grâce à leurs âges. Mais il lui montrerait cela. Pour l’instant il devait la mettre en garde, lui expliquer que ce que la magie accorde peut avoir un coût. Il la regarde donc de loin.
-Bien. Je vais vous montrer une chose, une magie que peu de mortels ont eu la chance de voir. Il s’agit de la magie des morts. Mais je vous demanderais de ne pas bouger de l’endroit ou vous êtes.
Le squelette se concentra quelques secondes avant d’embraser un buisson. Mais ce n’était pas un feu normal, il s’agissait de ce que l’on appel un feu bleu. Un feu se nourrissant de la chaleur ambiante pour s’alimenter et de la vie. Mais cela la jeune femme ne pourrait pas le savoir. Toutefois ces belles formes dansantes invitent à venir près d’elles. Elles attirent les voyageurs perdus pièges létales et vicieux.
- Ce que vous voyez et ce que l’on appel un feu bleu, un feu créé par les esprits pour piéger les voyageurs dans les marais. Ainsi, malgré la beauté de ses flammes, ceux qui pensent pouvoir se réchauffer à leurs contacts se voient privé de leurs essences vitales. Ils finissent par mourir de froid ou bien par manque de forces. Si jamais vous en rencontrer une, ne vous laissez pas berner par leurs beautés. Et ce sera notre première leçon. Il va vous falloir résister le plus longtemps possible à leurs appels.
Bien, maintenant le plus dur commençait pour la demoiselle. Tout simplement parce ses flammes attiraient chaque personne qui avait le malheur de voir leurs danses. La jeune femme ne tarderait sans doute pas à vouloir se rapprocher de celles-ci. Elle devrait lutter, se concentrer et vider son esprit pour résister à leurs magies. Il avait confiance en elle. Même si cela serait sans doute extrêmement dur pour elle. De toute façon, il couperait le flux magique avant que celle-ci ne soit en danger. Il ne voulait pas se nourrir de son âme comme les autres spectres. Oui, les spectres se nourrissent des émotions négatives des individus, cela les renforces, mais en faisant cela, ils ne laissent qu’une enveloppe vide de toute trace d’âme.
Il regardait la jeune femme, espérant que celle-ci ne s’avance pas des flammes.
-Concentre toi, ne pense pas à leurs danses. Vide ton esprit. Et ne pense à rien.
-
Alerick s'éloigna, sans doute pour sortir du cercle d'annulation de magie du à l'os qu'il lui avait donné. Et les doutes de Cathleen se virent confirmés alors que celui qui s'est proclamé son maître de magie n'allume un feu d'une couleur inhabituelle, dont la danse des flammes la fascine. Elle entend à peine les paroles du fantôme, même si elle retient l'essentiel.
Résiste.
Mais depuis quand Cathleen était elle émotionnellement forte ? Avant même de pouvoir y mettre un peu de volonté, elle se leva et se dirigea vers le buisson enflammé. Un pas, deux pas, trois pas... Les flammes s'éteignirent alors qu'elles entraient dans le champ d'action du talisman. La jeune femme sursauta, secoua la tête...
- Excusez moi. Peut-on recommencer ?
Et ils recommencèrent, de nombreuses fois. Chaque fois, Cathleen réussissait à améliorer son temps de résistance. Mais ce n'était pas assez ! Et elle n'aimait pas cet échec répétitif. Il y eut un moment où elle demanda une pause, parce qu'elle commençait à se décourager. Elle ne fit pas part de ses états d'âme à Alerick - elle n'allait pas le faire mourir d'ennui en plus ! Assise à même le sol, elle avait sorti de son sac une bouteille de jus de fruits, qu'elle but avec avidité, avant d’essayer de se détendre d'un tour basique de magie, où la balle en mousse "changeait" de couleur, de main, atterrissait dans une poche... Un exercice qui l'obligeait à se recentrer en elle même, et à se concentrer.
Elle se tourna vers Alerick, et l'exercice reprit. Il y eut de nombreux échecs, à nouveau. Mais Cathleen ne se laissa pas découragée pour autant. Elle chercha, à de nombreuses reprises, le courage de se battre, et la force de résister. Et elle sentit quelque chose, ce qui lui manquait, et qu'elle appellerait désormais, "La Volonté". C'était comme le flux, ce fourmillement qu'elle ressentait quand elle allumait des bougies par magie. Et cela agit comme une caresse, qui l'apaisa. Une vois qui lui murmurait, "N'y va pas."
La Volonté.
L'après midi touchait à sa fin, le soir avait même commencé à tomber. Et Cathleen restait immobile, à fixer ce feu bleu devant elle. La jeune femme sourit, plutôt fière d'elle. Ses mains tremblaient un peu, à cause de la fatigue qui commençait à se cumuler, mais le résultat était là. Elle avait résisté. Demain, il faudrait sans doute recommencer, afin qu'elle s'y habitue. Qu'elle développe ce flux étrange qu'elle sentait en elle.
-
Le squelette observait son apprentie, certes le premier essai avait était, comment dire cela… Catastrophique ? Oui, c’était le mot qui convenait le mieux, face à un vrai mort vivant, elle serait sans doute morte depuis longtemps. Toutefois, elle ne désespère pas et continue encore et encore son entrainement. Il ne dit rien, se contentant d’observer, et de baisser la flamme lorsque l’humaine s’en rapproche. C’est aussi difficile pour elle que pour lui, car chaque fois qu’elle s’approche de la flamme, lui doit l’éteindre et la rallumer ensuite, chose qui demande beaucoup d’énergie et de volonté.
A force d’entrainement et de persévérance, elle réussit finalement à résister à l’appel des flammes bleues. Il fait pratiquement nuit et elle est épuisée quand elle y parvint enfin, mais elle à réussit, elle a fait ce premier pas vers la magie. Et son mentor est fier d’elle, car elle a appris la leçon la plus difficile. Il lui sourit, tranquillement. L’illusion encore flottante passant du jeune homme au mort.
-Bien, je suis fier de toi. Aujourd’hui tu as appris La leçon. Celle-ci est la plus importante de toute. La volonté. Il faut que tu comprennes que tu devras essayer encore et encore jusqu'à ce que tu réussisses. Il n’y a que comme cela que tu réussiras à te servir de la magie. Mais pour l’instant tu as bien mérité une soirée de repos, nous reprendrons demain. J’ai cependant une question pour toi ? Est-ce que tu as un abri pour la nuit ? Ou bien tu comptes te cacher pour dormir un peu ? Car sinon je pense pouvoir te fournir un abri pour cette nuit.
Alors que le squelette était entrain de parler avec la jeune femme, le bout des doigts de celui-ci disparaissait lentement. Maintenant quelques soit la forme sous laquelle, la jeune magicienne pouvait le voir, elle ne verrait que les phalanges du revenant. Oui, il n’y avait plus de chaire pour couvrir le bout de doigts de l’unique main du squelette, preuve que la jeune femme avait fait d’important progrès. Effectivement si la jeune femme avait un peu de mémoire, et bien, elle se souviendrait sans doute que cela voulait dire qu’elle avançait sur les voies de la magie. Car il lui avait dit, les magiciens confirmés ne le voyait que sous sa forme de squelette.
-
La journée avait été pleine d'émotions trop vives, et très éprouvante, psychologiquement et physiquement... Cathleen n'était pas contre l'idée d'un peu de repos, il fallait être honnête ! L'irlandaise s'était massé les tempes un moment, comme si cela pouvait faire disparaître le début de migraine qui lui vrillait le cerveau. Elle observait Alerick, devant elle, et remarquait que son corps "fluctuait" moins, préférant l'apparence du squelette à celle de l'homme... Allait-elle finir par ne le voir qu'ainsi, en squelette ambulant ? C'était bien triste pour Alerick, non, bien que rien ne puisse être plus triste que la mort et l'incapacité à rejoindre le paradis.
Cathleen se leva et enleva l'herbe de son pantalon et de sa veste. Avec un geste machinal qui la rassurait, elle mit son haut de forme et le vissa fermement sur le dessus de son crâne. C'était étrange comme une simple tenue de scène et quelques accessoires suffisaient à lui donner confiance en elle, un peu plus en tout cas, et pour une durée sensiblement limitée. Mais les faits étaient là : quand elle portait sa tenue de scène, l'irlandaise se sentait mieux.
Elle regarda le paysage autour d'elle, la nuit qui s'assombrissait. Les lueurs de la ville, un peu plus loin, lui donnèrent un frisson... Il ne fallait pas qu'elle oublie qu'elle était en fuite... N'était-ce pas dangereux de rester dormir ici ? Cathleen se frotta les bras, pour se réchauffer, et murmura :
- Je préfère aller trouver un abri quelque part, plus loin... Dormir à la belle étoile ne me dérange pas, c'est hélas une habitude que j'ai été contrainte de prendre ces derniers mois. Je vous suis, si vous connaissez un endroit abrité, Messire Alerick.
Cathleen étouffa un bâillement à ces mots. Elle espérait secrètement que cet abri n'était pas loin. Mais elle n'allait pas non plus se plaindre... La jeune femme ramassa son sac, vérifia que toutes ses possessions y étaient, et elle marcha à la suite du fantôme.
-
Le squelette se contenta d’attendre que la jeune femme lui donne sa réponse, mais à vrai dire, il s’attendait déjà à avoir une invitée ce soir, et ceci tout simplement parce qu’il y avait peu de chance pour qu’une fugitive trouve un endroit ou dormir a Nexus. Bien que, dès lors que on a de quoi payer, rien n’est impossible dans cette cité étrange mais cela ne semblait pas être son cas. Enfin, elle lui dit qu’elle préférait dormir plus loin, et qu’elle le suivrait jusqu’à sa cachette.
Depuis le temps, le fantôme avait pris soin de s’aménager un endroit dans une des grottes proches de la ville. Il la conduirait donc vers celle-ci, et elle pourrait s’y reposer le temps d’une nuit. Il marcha donc d’un pas assez rapide durant quelques minutes avant de se rendre compte que derrière lui, la jeune femme était entrain de trembler de froid. Lui, il ne le sentait plus depuis bien longtemps, mais ce n’était pas le cas des vivants. Il prit donc la décision de se séparer de sa cape pour la placer sur les frêles épaules de la demoiselle, au moins, elle aurait un peu plus chaud, le temps de cette marche.
-Nous sommes bientôt arrivé, il ne nous reste plus qu’une petite centaine de mètres à faire.
Effectivement, la grotte était juste là, à une centaine de mètre cachée dans un renfoncement, il s’agissait de l’endroit parfait pour le mort, puisque ainsi, il n’était pas loin de la ville, mais éviter les ennuis. La grotte avait était aménagé par l’ex homme lui-même, il y avait dans un coin, un peu de nourriture, juste de quoi nourrir une personne. Effectivement, si les morts n’ont pas besoin de manger, ils peuvent convertir de la matière organique en énergie. Mais la demoiselle en aurait de toute facon plus besoin que lui.
Il y avait aussi un lit très artisanal, constitué de bout de branche et de feuille. Cela pouvait ce voir, le mort n’était absolument pas bricoleur, mais en attendant cela tenait la route…
-Bienvenue dans un de mes nombreux chez moi. Et aussi le temps de cette nuit ton chez toi.
-
Cathleen suivit Alerick. Marcher, elle en avait l'habitude. Elle parvenait même à accomplir l'exploit de le faire sans bruit, malgré ses chaussures à hauts talons. Et il n'était pas question qu'elle commence à se plaindre, d'ailleurs. Pas alors que cet homme - enfin, on se comprend... - était doté d'une patience infinie envers elle qui n'était pas une élève facile. Du moins voyait-elle sa faiblesse constante ainsi... Elle avait conscience qu'elle ne pouvait pas tout réussir du premier coup, mais ça n'empêchait pas la perfectionniste en elle d'être déçue de ce demi échec.
Demain, elle ferait mieux. Cathleen en faisait le serment. Elle devait être une élève sans défaut, pour accorder enfin à Alerick le repos auquel il aspirait tant. C'était le seul but de Cathleen. Maîtriser sa magie ? Ah non. Elle ne voyait pas ce qu'elle en ferait, de tout ça. Et Alerick serait sans doute le seul fantôme qu'elle rencontrerait, donc elle n'aurait pas à réutiliser cette magie.
Cathleen se contentait donc de le suivre, pas tout à fait consciente du chemin qu'ils prenaient, ou de la distance. Elle remercia le fantôme lorsqu'il posa une cape sur ses épaules, un des rares moments où elle fit preuve d'un peu de lucidité. Ca faisait bien trois jours qu'elle n'avait que très peu dormi... Ce soir, elle risquait de tomber de sommeil, sans aucun doute. Elle bâilla d'ailleurs encore une fois, jusqu'à ce que Alerick la fasse entrer dans une grotte dont elle n'aurait pas vu l'entrée sans lui. Une bonne cachette... Cathleen sourit, et s'assit à même le sol.
- Merci Maître Alerick. J'espère que d'ici à demain, je trouverai un autre endroit pour dormir, et ne pas abuser de votre hospitalité... Vous êtes déjà bien gentil de m'apprendre la magie..."
Elle avait murmuré les derniers mots. Pas par fausse humilité, mais par fatigue. D'expérience, Cathleen savait qu'il était mauvais de se coucher sans rien n'avoir mangé auparavant, aussi ouvrit-elle son sac de voyage, une besace élimée, de laquelle elle sorit une couverture plutôt épaisse, un morceau de pain, des barres de viande séchée, et un morceau de fromage qui avait du prendre un léger coup de chaud... Mais Cathleen s'empressa d'engloutir le tout. Elle ne se changea pas - car de toute façon, qu'aurait-elle mis pour dormir ? Son sac, et sa garde robe, ne contenait que des vêtements identiques à ceux qu'elle portait déjà. Elle retira simplement ses chaussures, et s'allongea. L'irlandaise lutta un instant contre le sommeil, le temps de sourire et bâiller.
- Merci encore... Bonne nuit si vous dormez..."
Ce qu'elle fit presque aussitôt, elle...
-
Le squelette ne dormirait pas, toutefois il était surpris de voir comment sa jeune protégée venait de s’écrouler. Elle devait tomber de sommeil pour en arriver là… Peut être lui demandait il trop ? Il avait honte de la manipuler comme il était entrain de le faire, mais d’un autre coté avait il le choix ? S’il voulait mourir, il se devait d’avoir recours à ce genre de technique. Mais cela le gêné… Enfin, bon, pour l’instant il laissait cette petite demoiselle se reposer, elle en avait besoin. D’ailleurs, elle pourrait faire une grasse matinée, il serait là pour veiller sur elle, elle ne risquait rien ici.
Le squelette resta dans un coin, des flammes bleues dansantes dans ses orbites vides. La rune de protection n’étant plus la pour annuler ses pouvoirs, il avait besoin d’utiliser le surplus de magie qu’il avait désormais acquis. Toutefois, il fallait le dire, ce genre de sort était tout simplement effrayant… Alors il préférait attendre que la jeune femme dorme. Lui, il veillerait encore cette nuit, montant la garde, et contemplant cette petite gamine dormir…
Elle avait de la chance, elle avait de la chance de pouvoir rêver. Rêver à un avenir, à un demain moins glaciale… Car bien qu’il ne partageait pas la vision des autres esprits, lui aussi ne pouvait pas s’empêcher de ressentir de la colère et de l’envie quand il voyait la jeune femme. Sentir son cœur battre… Sentir le soleil qui vous réchauffe… Tout cela, il ne le pouvait plus…
Mais d’un autre coté, elle apportait un peu de sang neuf à la vieille carcasse qu’il était, elle le fessait presque revivre… Ou du moins, elle lui donnait envie de repartir, de continuer comme cela…
- Bonne nuit petite Dame.
Il la laissa dormir jusqu’à tard dans la mâtiné, la laissant récupérer de l’effort intense qu’elle avait du subir hier, lors du test de volonté. Et puisqu’elle avait sans doute besoin de reprendre des forces, le squelette avait fait un tour en ville, ou il avait acheté des fruits frais, et un peu de viande pour la jeune femme. Ainsi, elle pourrait commencer le repas par un bon petit déjeuné avant de se remettre en route vers des exercices plus difficile encore qu’hier.
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Cathleen n'était pas une adepte de la grasse matinée. Simplement parce qu'elle considérait que c'était une perte de temps monumentale de trop dormir, et qu'il valait mieux se lever tôt, pour faire un maximum de chose. Et puis, quand on est en cavale, on n'a pas le temps de dormir. Mais voilà : elle était dans un endroit calme, à l'abri de la lumière du soleil, et surtout, en sécurité. Et quand on est sûre de ce genre de chose, forcément, on dort bien.
Cathleen sursauta. Et se réveilla d'un seul coup. Les yeux grand ouvert dans la semi prénombre, elle se trouva un moment déboussolée, avant de réunir ses souvenirs de la veille. Il faisait déjà chaud, et après un rapide coup d'oeil vers l'extérieur, Cathleen se rendit compte... Que la matinée était terminée. Que de temps perdu, elle s'en voulait d'avoir en plus, sans aucun doute, fait attendre son maître de magie ! Pour l'instant, il n'était pas là, et après une énième hésitation, elle se décida à manger les aliments frais posés près d'elle, non sans une certaine gêne. Alerick n'était pas obligé de prendre soin d'elle ainsi, mais il fallait avouer que ça la changeait de ses repas à base d'aliments qui n'étaient pas de première fraicheur... L'irlandaise mangea rapidement, et avait fini au moment où Alerick réapparaissait - à moins qu'elle n'ait pas fait attention à lui au début ?
- Oh ! Bonjour, Maître Alerick ! Je suis navrée, je n'aurai pas du dormir aussi longtemps... Quelle est la leçon du jour ? Il me tarde de pouvoir vous aider comme vous le faites pour moi..."
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Alerick était présent ici depuis le début, il avait donc put voir la jeune femme se lever en trombe totalement déstabilisé. Cela était normale, puisque hier elle n’avait pas put prendre le temps d’étudier les lieux, s’étant endormie comme une masse. Il la salua d’un signe de la main. Avant de s’assoir tranquillement dans un coin plus éclairé de la grotte. L’humain avait le teint blême, et le squelette bha… Il n’avait pas une plus mauvaise mine que d’habitude pourtant… Enfin c’était difficile à dire.
Il se contenta de lui sourire avant de lui dire pour la rassurer.
-Tu avais besoin de dormir. C’est pour cela que j’ai décidé de ne pas te réveiller. Tu n’aurais pas tenu le choc sinon. La magie peut te tuer, si tu ne te repose pas et que tu ne prends pas soin de toi. Ne l’oublie pas. Bien, la leçon d’aujourd’hui… Laisse-moi réfléchir. Je pense qu’il serait bon de refaire dans un premier temps l’exercice de la flamme. Après, nous verrons ce que nous allons faire. Mais je pensais que nous pourrions voir ensemble, ces mots qui te permettent d’invoquer les flammes ou de multiplier les objets. Qu’en penses-tu ?
Il était le maitre, normalement il n’avait même pas à lui demander son avis, mais c’était la façon de faire de Alerick, de toute façon, il ne pouvait rien faire si elle, elle n’en avait pas envie. C’était d’elle que devait partir l’envie, et sans cela, lui il ne pouvait rien faire. Il espérait juste qu’elle comprenne que la magie pouvait être un outil formidable, et qu’elle ne se contenterait pas de s’en servir pour lui avant de l’oublier définitivement. Enfin, bon…
Il y avait cependant quelque chose qui le perturbait, il devrait y repenser ce soir, pour l’instant il n’y avait rien de sur, et ce n’était pas la peine d’inquiéter la jeune femme. Mais si ce qu’il pensait était juste, cela risquait d’être embêtant… Bref, de toute facon, il trouverait un moyen d’éviter ce contre temps.
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Elle avait besoin de dormir, oui... Cathleen ne pouvait lui donner tort sur ce point. Cela n'empêchait qu'elle avait perdu une matinée, à ne rien faire. Une matinée précieuse, où elle aurait déjà pu travailler sa concentration. Une chose était sure : elle devait se donner à fond.
Prête à se relancer dans l'exercice des flammes bleues, Alerick lui demanda pourtant de commencer par ce qu'elle savait faire, cette magie qu'elle ne maîtrisait pas, et qui était instinctive. Prise au dépourvue, Cathleen hésita un moment, avant de se rasseoir. Elle mit un moment à agir... Comme si elle cherchait ses marques, qu'elle ne savait pas par où commencer.
Après quelques minutes de flottement, la rouquine sembla se décider. Assise en tailleur, elle a sorti de son sac une bougie, déjà bien entamée, et la posée devant elle. Un regard vers Alerick, vers la bougie, vers Alerick, vers la bougie. Si elle n'est pas à l'aise ? C'est un euphémisme.
Cathleen essaya de se concentrer, quelques minutes, avant d'essayer de faire jusqu'à présent. Avec une certaine désinvolture. Pourquoi stressait-elle autant alors que jusqu'à présent, elle le faisait sans problème ? L'irlandaise tenta d'occulter la présence du squelette, agita la main comme si elle chassait, d'un coup, un moustique. Elle murmura quelque chose d'incompréhensible. rehtona. D'un simple souffle. La bougie se dédoubla, et emportée dans son élan, Cathleen enchaîna par un "pu thgil" qui alluma les deux bougies en même temps.
Etait-ce "à cause" de son entraînement de la veille ? Cathleen sentit en elle ce courant, ce qu'elle avait décidé d'appeler la "volonté", se mouvoir en elle, et modéliser ce que son esprit voulait. A nouveau, la jeune femme pensa dans la langue natale de sa mère, pour faire "apparaître" une troisième bougie, qui était du coup, déjà allumée, car elle était une copie. Lorsque Cathleen cessa de se concentrer, c'est comme si elle sentit quelque chose "s'affaisser" en elle. Elle secoua légèrement la tête, et se retourna vers AlericK, attendant son verdict.
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Le squelette était tout simplement bluffé par ce que pouvait faire la jeune femme. C’était à son gout hallucinant pour quelqu’un qui n’avait jamais eut de formation. Elle arrivait à matérialiser sa volonté et ceux-ci sans effort… Elle avait vraiment un don cette gamine, et cela, le squelette ne le laisserait pas passé. Dire que toutes son ancienne vie, il avait admiré les magiciens, il avait aimait voir leurs tours de passe-passe. Et aujourd’hui, il était entrain d’en former une, une vraie. Une qui maitrise la vrai magie et qui laisserait sans doute son emprunte dans le monde actuelle. Il sourit en se disant que si elle réussit, il pourra sans doute s’en aller l’esprit léger et le cœur heureux… Mais Alors… Pourquoi y a-t-il dans le cœur fleuri du spectre de l’envie ? Pourquoi ?
- JE suis… je suis époustouflé… Tu sais, ce que tu vins de faire, est généralement très difficile, car cela demande beaucoup de concentration. Créer de la matière a partir de rien, ce n’est réservé qu’au plus grand et au plus puissant magicien de ce monde… Généralement, on transforme qu’elle chose qui existe en ce que tu veux … J’en suis… J’en suis jaloux… Ce qui m’inquiète de plus en plus.
Effectivement, c’est lorsque la jalousie, l’envie, le désir s’installait dans le cœur d’un mort qu’il avait le plus de chance de sombrer dans la folie et de provoquer alors des dégâts irréparables, voir de tuer… C’est malheureusement souvent le cas, les plus dangereux fantômes étaient, de leurs vivants, les plus gentils humains… Mais dans la mort, les choses changent extrêmement. On en oublie qui l’on est… Et au final, il ne reste plus rien… Il ne reste que l’envie de détruire, de détruire tout ce qu’il ne nous ait plus disponible… Alors, oui, il s’inquiétait pour elle, car en pensant cela, il savait qu’il venait de faire le premier pas vers un chemin dangereux…
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Le fantôme inquiéta Cathleen. Son discours était décousu, et ... Il l'enviait ? Et ça l'inquiétait ? La rouquine ne savait pas trop comment interpréter ces paroles... Mais oui, elle en avait un peu peur, bien qu'elle essaya de cacher cette inquiétude. L'air de rien, elle avait commencé à ramasser ses affaires, pour ne pas trop s'étaler dans la grotte. Cathleen n'aimait pas faire ce qu'elle venait de faire, cette magie véritable. Oui, c'était pratique, bien entendu, de faire apparaître de la lumière quand elle en avait besoin. Mais il ne lui serait jamais venu à l'esprit, par exemple, d'utiliser ces flammes pour attaquer quelqu'un - pas encore en tout cas.
- Croyez-moi, j'ignore comment ça marche, et pourquoi - comment - je me suis retrouvée affublée d'un tel pouvoir. Croyez-moi, ça ne tiendrait qu'à moi, je vous le donnerai, si je pouvais."
Ce n'était peut-être pas une bonne idée de dire une chose pareille. Ca attiserait peut-être davantage la jalousie du fantôme, et elle ignorait ce qui se passerait, en fait, si elle le poussait trop loin. Cathleen se releva, en tout cas, et l'os gravé de runes était toujours aux pieds de la demoiselle. Au moins, Alerick ne pourrait pas lui lancer le moindre sort, tant qu'elle resterait à l'abri de ce champ d'annulation de magie. L'irlandaise eut un sourire doux.
- Voulez vous que nous commencions à travailler ? Je veux pouvoir vous aider, Messire Alerick. Vous savez, je suis heureuse de pouvoir allumer une flammèche quand j'ai besoin de m'éclairer, c'est tout ce dont j'ai besoin. Inutile de perdre votre temps à m'apprendre autre chose... Concentrons nous sur ce sort qui peut vous aider, voulez-vous ?"
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Alerick ne disait rien, se contentant de réfléchir. Lui donner ce don, c’était impossible, les magiciens étaient des élus, des hommes et des femmes choisis par les dieux pour accomplir leurs dessins. Alors le fait qu’elle veuille lui donner ces pouvoirs était impossible, surtout qu’il était mort. Et puis, même s’il l’envie, il n’en est pas encore à se jeter sur elle pour lui faire du mal, loin de la. Mais il se doit de faire attention. Pour ne pas que la situation dégénère.
Il soupire doucement lorsqu’elle lui demande de lui apprendre ce sortilège, il n’y a qu’un seul souci. C’est qu’il ne le connait absolument pas ce sort. Elle devrait se débrouiller seul de ce coté là, lui, il pouvait la former au départ, mais pour la suite, elle devrait se débrouiller seule.
Enfin, il soupire doucement avant de lui sourire, dut moins son illusion humaine.
-J’aimerais bien, mais je ne le peux pas. Je ne sais pas comment l’on fait pour ce sort. Il faudra donc que vous vous débrouillez sur ce point la. Moi, je peux vous aidez à apprendre à vous concentrer, à mobiliser la volonté nécessaire pour créer, je peux aussi vous aider pour les sort mineurs, et vous apprendre à vous défendre face à un autre magicien.
Voila, c’était sur ces seuls points qu’il pouvait l’aider. Il ne pouvait pas plus pour elle. Mais d’un autre coté, il ne serait sans doute pas un bon professeur sur les exorsismes. Elle devrait trouver un vrai être humain. Pas un spectre. Mais passons.
-
Cathleen fut déçue, bien entendu. Elle n'avait accepté l'enseignement de Alerick dans le seul but de pouvoir l'aider. Mais il ne connaissait pas ce sort qui lui accorderait le repos éternel. Elle ne pouvait même pas lui donner, ou a défaut, lui prêter ses pouvoirs, pour qu'il puisse essayer quelque chose lui même. Cathleen tenta de réfléchir. Elle ne connaissait pas de magiciens, de vrais magiciens. Peut-être...
... Que les gens de l'Enklaster connaissaient quelque chose à ce propos ? Le Père Supérieur possédait une telle bibliothèque, de recueils rares et parfois insolites. C'était une secte spécialisée dans la chasse aux vampires, mais après tout, pourquoi n'auraient-ils pas quelques livres qui traitaient... Et bien, d'exorcisme, d'une certaine manière ? Cathleen leva le visage vers Alerick. Etait-elle seulement prête à prendre le risque de retourner au Couvent pour lui ?
...
Bien entendu.
- Messire Alerick. Le Couvent dans lequel je vivais est composé d'un ordre spécialisé dans la traque des vampires. C'est une confrérie secrète, je ne peux pas trop vous en dire plus. Cependant, il se pourrait qu'ils possèdent quelques ouvrages qui traiterait de magie, ou d'exorcisme. Je crois... Pouvoir y aller. Fouiller dans la bibliothèque du Père Supérieur, afin de trouver, peut-être, un tel livre. Qu'en pensez vous ?
-
Le mort aurait sans doute pleuré s’il avait put. Malheureusement ce n’était pas le cas, alors il ne peut que dire une seule chose.
-Non, j’irais moi, je vous demanderais de m’y guider, mais ensuite, vous resterez en sécurité. Dehors.
Effectivement c’est une drôle façon de montrer sa gratitude n’est ce pas. Mais d’un autre coté son comportement était juste extrêmement logique, il savait que la jeune femme lui avait dit cela pour lui faire plaisir et l’aider à passer dans l’autre monde mais il ne pouvait cependant pas lui laisser prendre autant de risque, il y irait donc lui-même, pour ne pas que celle-ci prenne de risque. D’une part parce que contrairement à lui, elle, elle pouvait mourir. Mais surtout parce qu’il ne pourrait pas vivre avec la mort de la seule jeune femme qui n’avait pas fuit en le voyant et avait accepté de l’aider pour l’éternité. Il tenta alors de s’expliquer.
- S’il vous arrivait du mal, je ne pourrais rien pour vu, surtout que d’après ce que vous m’avez dit, en faisant cela, vous risquez votre vie. Moi c’est différents, ce n’est pas comme si j’ai quelque chose à perdre. Alors s’il vous plait, laissez-moi faire.
Il ne voulait pas qu’elle prenne autant de risque pour lui, au pire, si jamais il se faisait exorciser, il tomberait dans les limbes, un endroit ou durant sept jours, les esprits souffrent pour ensuite reprendre une consistance normale dans le monde des vivants. Alors oui, les exorcismes ne sont que des attrapes pigeons. Mais bon, c’est aussi un bon moyen de ce faire de la tune, alors…
Enfin bref, il espère que la jeune femme à compris ce qu’il avait voulu faire, il ne souhaitait pas la vexer, mais d’un d’autre coté, c’était quand même vrai, elle ne devait pas prendre de tel risque pour lui.
-
Il voulait y aller. Cathleen ne s'attendait pas à une telle réaction de la part de Alerick, à vrai dire, et elle resta un moment bouche bée. Le fantôme se justifia, même, sur sa décision. Cathleen secoua la tête. Elle ne pouvait pas le laisser faire.
- Ne dites pas cela. Je ne risque pas ma vie... Juste de... Me faire attraper, et enfermer en cellule..."
Elle frissonna. Elle ne pouvait pas laisser ça arriver.
- De plus, c'est un endroit censé être secret. Je ne peux pas trahir leur confiance et vous révéler l'endroit de leur quartier général. Je sais que vous devez pense qu'ils m'ont fait du mal, que je ne devrai avoir aucun remord. Cependant, je n'oublie pas que durant des années, ils ont veillé sur moi, ils ont respecté mon statut de femme, et mes choix de travail. Je suis navrée, Messire Alerick. Je ne peux les trahir ainsi. J'irai. Il ne m'arrivera rien de fâcheux, je vous assure."
Cathleen crevait de trouille à l'idée d'être prise la main dans le sac, bien entendu. Mais elle était déterminée. D'ailleurs, elle se leva sur ces dernières paroles, après avoir mis certaines affaires de son sac dans ses poches.
- J'irai seule, Messire Alerick. Ne vous en faites pas."
Elle lui sourit, et sortit de la caverne. Elle ne voulait pas savoir si Alerick la suivait ou non, et s'éloigna à grands pas. Cathleen resta en dehors des axes des grandes routes, et gagna très vite une bâtisse à l'écart de tout. Il y avait un bois, à proximité, et l'après midi était déjà bien avancé. Cathleen décida qu'elle devrait peut-être passer la nuit...
[HJ : J'arrête là, si jamais tu veux que je continue, tu me dis ^^ ]
-
Alerick eut un grand, un très grand soupire. Décidément elle était presque aussi têtue que lui, mais lui, il avait quand même le bénéfice de l’âge. Remarquait, elle irait loin sans doute, car normalement elle devrait s’en sortir, si il était derrière lui. Oui, il la surveillerait de loin, et la suivrait donc pour être sur de pouvoir la tirer d’un mauvais pas si elle s’y enfoncer. Et malheureusement, il avait ce pressentiment étrange. Il la suivit donc, se moquant parfaitement de ce qu’elle lui avait dit sur l’endroit secret et toutes ses bêtises de pseudo sectes mystiques…
Ainsi, lorsque la jeune femme faisait un pas, lui, il la suivait discrètement dans les ombres. Il n’avait pas besoin de boire, ni de manger, ni même de repos. Donc cela n’était pas trop compliqué pour lui de ne pas se faire distancer. Mais, l’endroit ou s’arrêta la jeune femme l’étonna un peu. Trouver un monastère dans un endroit si… Ce n’était pas le fait que l’endroit soit reculait qui l’embêtait. Non… C’était le malheur qui se trouvait dans ses lieux. Il y avait des traces d’esprits. Il pouvait les sentir d’ici grâce à sa nature. La mort sent la mort. Et ici, ce n’était pas un, mais des dizaines d’âmes errantes qui séjournaient dans ces lieux maudits. Pour la première fois le squelette avait peur, non pas pour lui, mais pour la jeune femme qui prenait tant de risque, mais surtout pour ce qu’il pourrait trouver ici. Qu’est ce qui avait put entrainer tant d’énergie négative pour engendrer tant de fantôme. Il ne savait pas vraiment, s’il devait l’ignorer, ou bien plutôt tenter de résoudre ce qu’il y avait là-dessous.
-
La nuit de Cathleen fut courte, bien entendu. Le soleil se levait à peine quand elle se décida de passer à l'action. Elle profiterait, honteusement, de la prière du matin, et du petit déjeuner, pour agir. La cloche sonna, et Cathleen se donna du courage en une inspiration profonde. Intérieurement, ses prières demandaient pardon...
Elle marcha rapidement, les yeux fixés sur son objectif. Et l'irlandaise fit preuve d'une agilité et d'une discrétion qui ne lui étaient pas coutumières. Elle croisa quelqu'un et se réfugia derrière un pilier d'un mouvement souple et fluide... Elle resta invisible et gagna l'intérieur du bâtiment. Cela lui rappela des souvenirs, des moments, quand elle habitait encore ici. Son pas se fit moins pressé, ses yeux verts scrutent ces lieux longtemps familiers, mais maintenant si hostiles. Cathleen frissonna... Elle devait se concentrer sur son objectif.
D'ailleurs, elle changea de direction brusquement, alors qu'elle prenait celle de son ancienne chambre. Le Bureau, et la bibliothèque du Père Supérieur, étaient de l'autre côté. Cathleen reprit un rythme de marche soutenu, et gagna assez vite le bâtiment. Au rez de chaussée, il y avait ce qu'elle cherchait. Plus loin, on pouvait entendre des cantiques puissamment chantés par un choeur d'hommes. Ses lèvres remuèrent d'ailleurs, alors qu'elle chantait avec eux dans un murmure. Elle ouvrit la porte sur une pièce déserte, un bureau, et se dirigea prestement vers la bibliothèque. Elle continuait à murmurer les chants, comme si cela allait lui donner le temps qu'il lui restait.
Cela marcha plutôt bien. Mais ses recherches furent infructueuses. Les livres étaient nombreux, les étagères hautes... Elle n'aurait jamais le temps de lire tous les titres, seule. Et elle ne le fut d'ailleurs bientôt plus.
- Demoiselle Cathleen ?
Elle sursauta et fit volte face, prise en faute. A son grand soulagement, ce n'était pas la Père Supérieur, mais un des novices avec qui elle s'entendait bien. Mais ça, c'était à une autre époque, quand elle n'était pas recherchée... Elle lui sourit pourtant.
- Joshua, quelle joie de vous...
- Mais qu'est-ce que vous faites ici ?
Et il referma la porte. Cathleen en fut soulagée, car cela signifiait qu'il n'allait pas donner l'alerte. Alors, tout en continuant à parcourir les titres du doigt, elle résuma sa situation au novice, lui jetant de temps à autres un coup d'oeil. Il semblait comprendre. Et il l'aida. Et ils trouvèrent quelque chose, que Cathleen se dépêcha de recopier. Le papier trouva une place dans sa besace - c'était inutile, elle avait déjà mémorisé le sort... En espérant que cela puisse aider Alerick. Elle sourit à Joshua, le remercia, mais il la retint.
- Je ne peux pas te laisser partir, Cathleen.
- Et pourquoi pas ? Laisse moi un peu d'avance avant de donner l'alerte...
Elle le remercia une nouvelle fois, avant de s'enfuir rapidement. Sauf que personne ne se lança à sa poursuite. Il fallut à Cathleen une nouvelle journée de voyage pour regagner la grotte... Un voyage plus long, plus difficile... Se retrouver entre des murs familiers, en sécurité, ça faisait du bien, l'air de rien...
(HJ : je te laisse décider du sort qu'elle a trouvé si tu veux bien. Si tu voulais que ton personnage intervienne entre temps, je modifierai mon post ^^ )
-
Alerick préféra choisir la situation qui lui parut la moins dangereuse, c'est-à-dire la fuite, il ne pouvait malheureusement pas restait ici. Il le sentait, s’il commençait à rester dans ce lieu maudit, il y avait de forte chance pour qu’il lui arrive la même chose que les esprits errants qui avaient eut le malheur de traverser ces lieux. Il soupira donc avant de rentrer dans sa grotte, attendant avec angoisse que la jeune femme et priant tous les dieux qu’il connaissait pour qu’il ne lui arrive rien. C’était sans doute idiot, mais il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire d’autre. Dans tout les cas, il lui était impossible de retourner dans ce lieu malsain qu’était le monastère.
Il soupira, attendant comme elle le pouvait le retour de la jeune femme. Il soupira de soulagement lorsque celle-ci revint finalement, apparemment elle semblait être en un seul morceau. Il eut un petit sourire voyant que la jeune femme avait dans ses mains un morceau de parchemin. Ainsi elle avait trouvé. Il eut un petit sourire, il était vraiment stupéfait. Non pas qu’il pensait que la jeune femme ne pourrait pas le faire… Mais il avait attendu cet instant depuis si longtemps. L’heure de la délivrance était proche, il le savait.
- Merci… Merci pour tout. Je n’aurais jamais dut vous faire prendre de tel risque, mais grâce à vous, je vais enfin pourvoir en finir avec cet état. Mais je veux tenir ma promesse, je vous conduirais sur Terre, et je pense que vous y serez en sécurité.[/color]
Il ne pouvait pas le croire, bientôt, oui bientôt il aurait enfin accès au repos éternel, il pourrait rejoindre sa femme et ses ancêtres… Alors pourquoi… Pourquoi avait-il si peur tout d’un coup ?
-
Cathleen fut chaleureusement accueillie par Alerick. Son voyage avait été éreintant, et difficile, mais elle sourit au fantôme en arrivant. Elle surprit, dans l'illusion de l'homme qu'il avait été, son regard vers le papier qu'elle sortit de son sac, et elle s'assit en tailleur au sol, et tendit la formule à Alerick. Après tout, son excellente mémoire l'avait déjà retenue, et d'une voix fatiguée, Cathleen exposa son avis.
- J'ai pris cette formule, car il y avait quelques mots parlant de mort, et de transférer une âme dans une autre monde... Que j'imagine être le royaume des morts. La formule n'a pas l'air de requérir beaucoup de concentration... Cela ressemble à une prière...
C'est là que Cathleen fut gênée. Elle baissa les yeux, et peut-être rougit-elle un peu - ou peut-être était-ce le feu qui donnait cette impression.
- Messire Alerick, vous savez... Ma mère croyait en un Dieu unique. J'ai vu des temples, et des cultes, pour d'autres Divinités... Je ne suis pas particulièrement croyante, mais Mère m'a toujours appris le respect des anciens, et à se souvenir des morts. Par respect pour les esprits de Père et Mère, je continue à prier ce Dieu unique... Je ne peux pas... Prononcer cette prière.
C'était stupide, peut-être, mais Cathleen n'en démordrait pas. Elle laisserait le soin à Alerick de prier cette divinité, afin d'obtenir le repos auquel il aspirait tant. Elle releva la tête et sourit au fantôme, désolée :
- Vous ne m'en voulez pas, je l'espère... ?
-
Le squelette ne dit rien, se contentant de sourire, elle avait déjà fait tant de chose pour lui, il ne pouvait pas lui imposer cela. D’ailleurs il respectait totalement les convictions de la jeune femme et se contenta de lui dire.
- Ne vous en faite pas pour cela, vous avez déjà fait tellement pour moi Mademoiselle Baakar. Je ne vous demanderais pas de bafouer la mémoire de votre mère, car je sais l’importance que peut avoir les ancêtres… Du moins… J’ai cette impression. Enfin, je vais donc prononcer cela. En attendant aller vous mettre à l’abri dans l’aura antimagique provoqué par mon os. On ne sait jamais ce que peut provoquer une formule magique dont on ne connait pas les effets, et je m’en voudrais s’il vous arrivez quelques choses.
Il attendit donc que la jeune femme soit en sécurité dans le périmètre de la zone d’antimagie provoqué par une vieille formule runique. Une formule qu’il avait apprit grâce à une dizaine d’année d’étude acharnée. Il espérait donc que cette fois si ce soit bien moins long. Enfin, bon il fallait donc maintenant commencer à réciter la formule. Il gardait cependant son épée à porter de main, on ne savait jamais. Il pourrait également se servir de la magie des morts. Des arcanes interdites et que seuls les morts connaissaient.
-j’invoque la gardienne des âmes. Que celle qui guide les guerriers du Nord protège ceux qui se battent avec honneur. Qu'elle les guides jusqu'au royaume des dieux.
Le squelette restait septique sur l’efficacité de cette formule ? Elle était vraiment sensé le conduire dans l’autre monde ? Et bien cela semblait assez… Comment dire. Assez foireux. Parce qu’il ne s’était absolument rien passé…
Il soupira un moment avant de lâcher le bout de papier et de le jeter de frustration et de dépit dans le feu.
Et ce fut à ce moment que tout commença.
-
Cathleen en était reconnaissante à Alerick de se montrer aussi compréhensif. Elle avait donc pris l'os, gravé de symboles runiques, et s'était collée contre la paroi, tout au fond de la grotte.
Ailleurs, sur les murailles gelées d'un palais, deux yeux d'un turquoise surnaturel s'ouvrirent sur l'horizon, avant que ses paupières ne se plissent. Quelqu'un, ou quelque chose, prononçait des paroles, comme une prière, ou une litanie. La femme entendait souvent ce genre de complainte, mais cette fois ci, l'intonation était différente. La femme était curieuse... Et après avoir jeté un coup d'oeil alentours, elle leva simplement la main droite. A ses côtés, un loup immense, blanc aux extrémités rouges. Au dessus d'eux, un corbeau. La femme effectua un mouvement souple pour chevaucher le loup, tandis que dans une lumière froide, se matérialisa sur son corps une armure superbement sculptée. Son regard turquoise fixa le château enneigé, et ses lèvres pâles murmurèrent quelque chose. Et elle disparut.
Cathleen, elle, attendait. Elle était fatiguée, bien entendu, à cause de ce voyage. Mais elle comprenait l'impatience d'Alerick à trouver ce repos auquel il aspirait. La rouquine se rendit alors compte qu'elle ignorait depuis combien de temps il était mort... Depuis quand il errait ainsi. Cathleen pria, pour que cette sorte de prière fonctionne. Parce que tout le monde devrait pouvoir aspirer au repos de son âme, une fois trépassé.
La jeune femme utilisa sa maigre magie pour allumer un feu à ses côtés - jusqu'à ce qu'elle se souvienne que l'os qu'elle tenait l'en empêchait. Elle avait soudain froid, sans pouvoir se l'expliquer, mais très vite, Cathleen connut la raison de cette fraicheur soudaine...
Il y eut un courant d'air, et une colonne de lumière. Quand Cathleen cessa de se protéger les yeux de son bras, elle vit d'abord... Des flocons de neige, au sol. Et des pattes, immenses et blanches. Et tandis que ses yeux se dirigeaient lentement de bas en haut, elle finit par découvrir le trio improbable. Un loup, bien trop immense et aux couleurs trop étranges, pour être... Et bien, normal. Et le regard que la bête lui jeta lui montra combien il devait aussi être intelligent.
Puis, il y avait la femme, avec un corbeau sur l'épaule. L'animal de mauvais augure poussa d'ailleurs son cri lugubre, mais il était aisé de l’interpréter comme de la frustration. La femme était, elle, source de mille fascinations. Et elle le savait, vu qu'elle ne cilla pas une seule fois pendant qu'elle était inspectée de haut en bas par les deux protagonistes.
Cathleen était subjuguée par cette femme d'une beauté troublante, froide. Des cheveux d'une longueur rare, striés d'un blanc qui ne témoignait surement pas de sa vieillesse. Un regard perçant, d'un bleu clair fascinant. Un position droite, et fière - qui ne le serait pas, dans une telle armure brillante ? Cathleen se rendit compte qu'elle était bouche bée, et qu'elle avait cessé de respirer. L'irlandaise cligna plusieurs fois des yeux.
La Walkyrie, elle, n'avait pas quitté des yeux le squelette qui lui faisait face. Elle le sentait, c'était celui qui l'avait appelé. Moqueuse, la déesse aurait pu en rire. C'était ça qui l'avait faite sortir de l'enceinte du château d'Odin ? Silke n'y avait pas été contrainte, mais sa curiosité avait été piquée par cette prière si étrange. Pas étonnant ! Ce n'était pas un guerrier, ni même un mage qu'elle avait devant elle. Ce n'était pas une personne agonisante, mais quelqu'un de déjà mort depuis longtemps. Answald croassa à nouveau, avant de prendre son envol. La Walkyrie démonta de son loup, son regard clair ne quittant pas Alerick.
- Qui êtes vous, et pourquoi m'avez vous convoquée ?
- Seigneur Dieu Tout Puissant... Etes vous une... Déesse ?
Silke tourna son visage vers la jeune femme au fond de la grotte. La rouquine était terrifiée, et fascinée, et l'asgardienne en eut presque pitié. Son expression ne changea pourtant pas, ni son ton autoritaire.
- Je suis une Walkyrie, une déesse de Mort.
Cathleen en eut le souffle coupé. Une ?! Parce qu'il y en avait plusieurs ?! Mais déjà, Silke reportait son attention sur le fantôme, attendant sa réponse. Et elle avait intérêt à être satisfaisante...
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Alerick ne senti pas le froid, mais il vit les flocons tomber sur le sol. Il se contenta de soupirer, en constatant que encore une fois, il avait échouait. Toutefois, son avis changea bien rapidement à l’écoute de la plainte du corbeau, quelqu’un venait de pénétrer son sanctuaire, et cela, il avait du mal à le tolérer.
Il vit ainsi la jeune femme sur le loup, ce n’était pas une humaine, il en était sur et certain, mais il lui était impossible de dire ce qu’elle était. Par contre, il se souvenait d’une chose. Le corbeau… Oui, il avait déjà lu quelque part, lors de ces études pour le runique, que ces animaux étaient sensés guider les morts jusqu’à l’autre monde et protéger leurs âmes. A cette pensée, le squelette eut un grand sourire, il avait donc réussit. Il était proche de la fin, enfin. Il se contentait de regardait la jeune femme qui descendit enfin de sa monture. Il ne dit rien, attendant que celle-ci lui fasse ce qu’elle devait faire. Il s’attendait à une libération rapide. Il se moquait bien honnêtement de la lumière, des anges, du ciel, et de tous cela. Il voulait mourir, pour de bon, ne plus être une éventuelle menace pour lui ou pour les vivants.
La jeune femme ne fit cependant rien, ce contentant de lui demander qui il était. Alors que elle, elle se présentait comme une déesse de la mort… Une walkyrie. Son sang n’aurait fait qu’un tour s’il en avait encore. Elle venait le narguer ou quoi ? Il resta droit, durant un long moment, avant enfin de lui dire.
-Mon nom est Alerick, Alerick Neifel, Revenant de classe majeur âgé de presque 200 ans aujourd’hui. Quand à vous dire déesse de la mort, je trouve cela bien prétentieux. Je doute qu’un dieu ne sache vraiment ce que c’est que mourir. L’étreinte froide de celle-ci, ce n’est rien en comparaison de votre petit jeu de flocon. Mais si vous voulez vraiment savoir ce que je veux. C’est simple… Je veux que vous m’accorder ce à quoi j’aspire. LA MORT. Ce ne devrait pas être très compliqué.
Le squelette avait un grand sourire, que pouvait-elle faire, rien. Elle ne pouvait pas le tuer, et elle ne pouvait pas non plus le condamner à la non vie. Cela voudrait dire fragiliser le passage entre la vie et la mort, et donc, conduire à la destruction de toute forme de vie. Il savait que la jeune femme était dans l’obligation de lui accorder ce qu’il voulait, et il allait en profiter.[/i]
- Après vous êtes bien sûr libre de ne pas vouloir accepter, mais dans ces cas là, sachez que je peux être vraiment persuasif. En tant que mort vivant, je pourrais bien passer le reste de l’éternité à vous poursuivre jusqu’à ce que j’obtienne enfin ce que je veux.
Il devait jouer le tout pour le tout, s’il voulait être prit au sérieux et donc que la jeune femme le libère enfin de ses chaines.
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Cathleen assistait, impuissante, à ce qui se passait. Elle était terrifiée, oui, par ce qui se passait. Elle n'arrivait pas à croire que ce qu'elle avait trouvé avait fonctionné. Il y avait là, près d'eux, une déesse. Une déesse que Alerick narguait. l'irlandaise n'aimait pas ça du tout.
Et Silke non plus, à vrai dire. Sans mauvais jeu de mot, elle gardait un sang froid à toute épreuve. Du moins le pensait-elle. Le fantôme se présenta comme tel, un esprit majeur qui la trouvait prétentieuse. C'était très mal la connaître, mais de toute façon, la Walkyrie n'allait pas s'en formaliser. Il la menaça. Et Silke, finalement, perdit patience. Son faciès inébranlable mua brusquement, alors qu'elle bascula la tête légèrement en arrière, et qu'elle éclata de rire.
C'était une réaction tout à fait inédite, même pour elle. Son Loup, lui, ne trouvait pas cela drôle du tout, et montrait les crocs à Alerick, sans gronder. Mais il n'en restait pas moins terrifiant. Sa courte hilarité passée, Silke toisa à nouveau de son regard turquoise le fantôme qui lui faisait face. Elle n'était pas amusée, contrairement à ce qu'on pouvait s'attendre ; mais sa colère était toujours palpable.
- Regardez moi ça. Une pauvre âme qui pense m'apprendre ce que je suis, qui pense me faire peur ou m'apprendre mes limites. Imbécile arrogant ! Tu crois me faire peur ? Tu remets en doute ce que je suis ?
La main partiellement gantée d'argent de la Walkyrie caressa le cou de sa monture blanche. C'était un geste pour la calmer, avant toute chose. Parce que nul doute que la guerrière, en elle, aurait déjà tranché dans l'âme de cet idiot. Silke en aurait déjà presque regretté ses champs de bataille, et ces guerriers qui refusaient de mourir...
- Je n'ai pas à me justifier auprès de toi. Tu n'es rien, et ce n'est que par mon bon vouloir que je suis ici. Tu veux des réponses ? Bien. J'ai été mortelle, tout comme toi, avant que Odin ne décide de me prendre à son service. Je connais la douleur de la mort. Et quand bien même tu ne me prends pas pour une déesse, c'est ce que je suis. J'ai le pouvoir de prendre les âmes, de les guider jusqu'au Valhalla. Avant de te prétendre "revenant majeur", peut-être aurait-il fallu être autre chose qu'un pauvre humain de ton vivant."
Silke se sépara de Olrik, son loup, pour faire un pas en la direction du fantôme. Elle effectua une torsion du poignet droit, vers Cathleen, et la rouquine eut un sursaut, un mouvement de recul, alors qu'elle pensait que la Déesse allait faire quelque chose contre elle. Au lieu de cela, une longue hallebarde apparut entre ses doigts, sans bruit, seulement accompagné d'une vague de froid. La vierge guerrière s'arrêta à trois pas de Alerick, et le toisa de toute sa hauteur.
- Tu me menaces ? Toi, qui n'est rien ? Toi, qui pleure de ne pas avoir trouvé le chemin de l'au delà et qui prétend pouvoir me harceler ? Ta prière m'a interpelée parce qu'elle était étrange. Tu veux la mort ? Tu l'as déjà. Tu veux me harceler ? Je serai curieuse de voir cela. Prouve moi ta valeur. Donne moi une seule bonne raison de m'occuper de ton âme.
A ces mots, Cathleen paniqua. Pas pour elle, mais bien pour Alerick. Elle bondit sur ses pieds, et fit quelques pas, timidement. L'irlandaise hésita quelques secondes, avant de prendre la parole :
- Divine Dame... Je vous en supplie, ayez un peu de bonté pour Messire Alerick... Il n'aspire qu'au repos éternel... Et si vous pouvez l'aider, n'est-il pas de votre... Devoir, de déesse, de le guider ?
La Walkyrie toisa la rouquine du regard, l'intimidant encore plus. Cathleen aurait voulu ajouter quelque chose, mais elle en fut incapable. Les yeux d'un turquoise de glace de la déesse la clouait sur place. Avant qu'ils ne transpercent à nouveau Alerick.
- Je te propose un marché. Tu me prouves ta valeur - en tant que guerrier, ou en tant que mage, et je te guiderai jusqu'au Walhalla. Tu échoues, et j'emporte la magicienne.
Le sang de Cathleen se glaça, et elle fixa, terrifiée, Silke. Elle allait mourir ? Etre tuée par cette femme, ou pire, même : déchiquetée par ce loup géant ? Les jambes de la demoiselle se dérobèrent sous son poids et elle tomba au sol, à genoux.
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Les paroles de la walkyrie laissait le squelette totalement de marbre, elle avait vécut, très bien. Mais il y avait une grande différence entre vivre et être durant deux cents ans entre la vie et la mort. De ne plus ressentir ni le froid ni le chaud, de ne pouvoir plus pleurer, de ne plus pouvoir juste sentir une fois dans sa vie le parfum des fleurs. Alors le fait qu’elle soit une déesse, il n’en avait mais alors absolument rien à faire et encore plus qu’elle était une des élues d’Odin. D’ailleurs, le fait qu’il ne soit qu’un pauvre humain dans sa vie n’était pas vrai. Il avait beau ne plus rien savoir de son passé, il savait qu’il n’y avait pas de pauvre humain. Car sans eux, les dieux n’étaient plus rien, sans les humains, les dieux n’étaient rien d’autre que des larves, sinon ils s’en seraient déjà débarrassaient non, de ces pauvres humains.
Mais le fait qu’elle s’attaque à Cathleen, s’en était trop. Le squelette était un homme d’honneur. Et en sa présence personne ne s’attaquerait à une civile, surtout qu’elle n’y était pour rien dans cette histoire. Non, personne ne la toucherait, fois d’Alerick. Cette espèce de déesse nordique allait connaitre ce que c’était de provoquer la furreur d’un revenant. Il la fixa, ses yeux vides, mais pourtant il y avait une puissance improbable dans ses mots.
-Tu la laisse en dehors de cela. Elle n’y est pour rien. Et je ne laisserais jamais personne s’attaquer à des innocents.
Le squelette, libéré de son entrave magique, pouvait maintenant utiliser toute sa puissance. Depuis près de deux cents ans, il avait acquis du pouvoir encore et encore, pouvoir qu’il était maintenant temps d’utiliser. Il laissa doucement sa rage, son amertume, sa colère, sa haine, sa tristesse refaire surface, il la canalisait dans un puissant cri. Le fameux cri de la banshee, une onde de choc si puissante qu’elle pouvait tuer en un seul coup. Sauf que cette fois ci, ce cri si redouté allait sauver la vie à la jeune femme.
Le cri était tellement puissant qu’il repoussa la déesse loin de la jeune femme, brisant au passage l’arme de celle-ci, cette arme magique ne l’était sans doute pas définitivement, le mort le savait, mais il avait déjà neutralisé les principales menaces qui planaient sur la jeune femme. Le cri envoya balader également le loup contre un des murs de la grotte. La pauvre bête allait sans doute le sentir passer. Cela ne calmerait sans doute pas la déesse, au contraire, mais c’était le but. En faisant cela, il attirerait sa haine contre lui, espérant que la déesse oublierait la magicienne qui en profiterait pour fuir. Il avait un sourire, elle voulait se battre, et bien voila… Elle l’avait son combat.
- Déesse de pacotille, cela t’apprendra à t’en prendre à une innocence.
Le squelette dégaina son arme, se plaçant maintenant entre la déesse et la magicienne. Personne ne toucherait à la demoiselle, personne. Il avait déjà perdu trop de chose, il ne la laisserait pas tomber. Quitte à s’attirer la colère de tout le panthéon grec, personne ne toucherait à cette gamine en sa présence. Qu’importe que le rapport de force le donne perdant quoi qu’il arrive, il se battrait de toutes ses forces pour protéger ceux qui lui étaient chers, comme il l’avait toujours fait. Bien, il n’y avait plus qu’à attendre la contre attaque de la déesse. Et à encaisser le coup à la place de la jeune mortelle, si jamais cette nordique osait s’en prendre à elle.
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Silke avait espéré éveiller un esprit combatif en Alerick. Quelque chose de noble, ce sentiment que certains des guerriers les plus barbares ressentaient à la toute fin : non une envie, mais un besoin de défendre quelqu'un, quitte à y laisser sa vie.
Au lieu de cela, le fantôme continua à insulter la Walkyrie. Et il attaqua. Avec de la fureur pure. La colère, le pire sentiment sur un champ de bataille. La colère vous aveugle, vous rend plus fort, mais devient votre pire point faible. Sans même vous en rendre compte, vous exposez tous vos points faibles. Cathleen n'en revenait pas, que quelqu'un rencontré à peine la veille, cherche ainsi à la défendre, de toutes ses forces. Elle aurait presque pu en être émue.
Le cri de banshee frappa Olrick de plein fouet. Le loup avait été surpris, oui. Mais pas la Déesse. Pas entièrement. Ses cheveux blancs brillèrent un court instant, jusqu'à la fin du cri en fait, créant un fin mur de glace pour se protéger. Puis elle disparut. Téléportée derrière Cathleen, en fait. La rouquine avait sursauté, terrifiée à l'idée d'être aussi proche d'une divinité. Et elle n'aurait su expliquer comment, mais en regardant simplement Silke, Cathleen sut ce qu'elle voulait dire. N'ait pas peur. Il ne t'arrivera rien. Une sorte d'extase donna la chair de poule à l'irlandaise, qui se retrouva tétanisée. Silke posa une main sur ses yeux, et attira son dos contre elle. La magicienne se retrouva dans une sorte de transe léthargique, et ignora tout de la suite des événements dans la caverne.
Le regard d'un turquoise surnaturel scruta Alerick, quand il se rendit compte qu'elle n'était plus derrière la fine barrière de glace. Rien dans son attitude ne laissait croire qu'elle était hostile, même le fait qu'elle semble contraindre Cathleen contre elle. Silke reprit la parole.
- Je t'ai demandé de me prouver ta valeur : tu continues à m'insulter. Très bien. Tu aurais pu me provoquer simplement en un combat singulier, et tu as décidé de frapper mon loup. Un marché est un marché : j'emporte la magicienne.
Le loup, Olrick grogna en passant à côté d'Alerick, sans le regarder, et il se plaça entre sa maîtresse et le fantôme. Silke monta, Cathleen en amazone devant elle ; la rouquine semblait être montée de son plein gré... La Walkyrie toisa à nouveau Alerick de haut :
- Il n'y a aucune noblesse en toi. Tu voulais la protéger, et cela aurait du éveiller en toi autre chose que cette haine farouche, cette colère, et ce dédain à mon égard. Prend moi pour une divinité capricieuse si tu le souhaites, à l'égo bafoué. Nous avions un accord. Tu n'as pas la noblesse d'âme que j'attendais. Tu vas errer encore longtemps.
Et elle n'attendit pas de réponse de sa part, pour disparaître dans un grande colonne de lumière aveuglante. Au sol, l'os qu'Alerick avait laissé à Cathleen, parsemé de quelques traces de givre.