Le Grand Jeu
Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Dictature d'Ashnard => Discussion démarrée par: Khaléo le samedi 06 novembre 2010, 23:17:32
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La guilde des mercenaires ressemblait à une taverne comme une autre, en plus classieux quand même, faut bien se dire que ces enfoirés se faisaient un paquet de blé sur les comissions de 60 % qu'ils arrachaient à nos contrats, autant dire que c'était mal payé mais j'avais toujours vécu comme ça, je savais à quoi m'attendre, aussi, je pouvais me permettre de faire mon difficille avec le tableau de chasse et les nombreuses missions que j'avais menée à bien, exit donc les chats coincés sur les corniches, la dératisation de maisons soit disant hantées, escorter la mère-grand qui sort ses poubelles chaque matin pour quelques pièces de cuivre, fallait parfois viser un peu plus haut, un peu plus... grand, ma réputation me précédait mais, si je ne faisais rien de spéctaculaire de temps à autre, j'allais me retrouver en perte de vitesse et d'autres jeunots allaient me supplanter et piquer une part de mon buiseness.
C'est donc dans cette taverne de haut standing, boiserie en chêne bien cirée et laquée, charpente neuve, murs beiges et design semi contemporain que je laissait trainer mes sales bottines d'assaut en cuir sur une des tables, assis de façon désinvolte en faisant voyager mon éternel brin de blé entre mes lèvres, je ne fumais pas de toute façon, je ne supportais pas l'odeur de la cigarette où des cigares qui me faisaient retrousser légèrement les lèvres en montrant les dents, j'attendais, au comptoir il y avait trois "serveuses" et elles ne servaient pas que des boissons, elles distribuaient aussi des contrats, faisaient des propositions aux aventuriers en les conseillant sur le choix de leurs missions, on se serait presque cru à l'Anpe... en mieux, des choppes, des femmes qui essayent presque de vous séduire en vous faisant accepter du boulot, franchement, que demandait le peuple ?
A vrai dire Khaléo n'en avait rien à foutre, il attendait l'heure de la fermeture, parce qu'il savait qu'il y avait toujours ces contrats qui étaient refusés par tout le monde, d'ailleurs il y en avait deux qui circulaient encore entre les mains trop hésitantes de vieux briscards à l'allure pourtant expérimentée, ils refusèrent, apparemment c'était trop risqué pour eux aussi, c'était le genre de contrats qui voyaient leur prix grimper en flèche durant la journée, comme une putain de cote en bourse, et celui là atteignait des sommets, il n'avait jamais vu une prime aussi élevée, parce que chaque mandataire fixait une prime minimum et un plafond maximum pour attirer les mercenaires, ces deux derniers contrats étaient appremment liés ensembles, Khaléo savait attendre, être patient, mais aussi battre le fer tant qu'il était chaud, alors que les derniers et pas des moins téméraires quittaient l'établissement en refusant cette dernière offre, Le tenancier, un vieux type portant un monocle en train de compter ses liasses de billet et ses pièces d'or releva les yeux sur moi, les "guichetières" étaient parties en emportant leurs affaires, plus que quelques minutes avant qu'il ne ferme boutique.
Il savait pourquoi j'étais là et pourquoi j'avais attendu tout ce temps avant de me lever de mon putain de siège, décroiser les jambes et marcher tranquillement dans sa direction, il me connaissait bien depuis quelques années maintenant, il suffit d'un regard, je pénétrais derrière le comptoir et m'approchais de sa table de comptes, il posa sa main sur les deux derniers papelars contenus dans des tablettes en métal, qu'il glissa au bout de sa table dans ma direction, il hocha sa vieille tête de vicelard en esquissant un sourire, donnant à ses traits une expression dépitée, je posais mes doigts sur les tablettes mais il y eut comme un instant d'hésitation, ses doigts ne lâchant pas encore leur emprise sur ces objets :
Allez tiens... te fais pas prier... Mais essaye de pas foutre la merde j'en ai assez des dommages collatéraux, c'est pas bon pour le buiseness, retournes pas un putain de cimetierre complet pour trouver la tombe d'un vampire où ne démolis pas une maison non plus pour retrouver un poltergheist où une connerie du genre, je me fais bien comprendre ?[/b]
"-Compris "chef" la prochaine fois je me laisse trouer la peau par une armée de goule, et je laisse un passe muraille violer des jeunes femmes sans rien faire, je suis sûr que ça aussi ça sera "bon" pour le buiseness."
Bon, j'avoue que de démolir une maison briques par briques du premier au dernier étage pour forcer un passe-muraille à sortir de sa cachette, si c'était une idée efficace elle était très... destructrice, et coûteuse pour la propriétaire qui ne passerait probablement plus jamais aucun contrat avec cette guilde, pourtant sur le moment ça avait parut être une très bonne idée de défoncer sa masure à la masse, très bon défouloir aussi.
Il lâcha enfin ses foutus papelards afin que je puisse prendre connaissance des conditions et objectifs de ces contrats, tous deux avaient pour cible l'armée de la dictature d'Ashnard, le premier d'entre eux consistait à saboter leurs divers campements et installations, surtout s'en prendre à leurs armes, c'était l'objectif secondaire, car le principal était bien plus précis que celà, il n'y avait pas énormément de détail sur la façon de s'y prendre mais je devais m'approprier une arme secrète utilisée par les Mord Sith, une sorte d'unité d'Elite de leur armée, Le contrat numéro un n'était apparemment qu'un leurre pour obliger cette garnison à sortir de son trou pour enquêter sur les destructions inquiétantes de leurs installations, afin... d'isoler "si possible" une Mord Sith et de s'emparer de son arme, mieux encore il semblerait que la prime puisse doubler si l'Agiel et son porteur étaient capturés vivants, puisqu'apparemment il serait difficille de séparer l'arme de son porteur, et vice versa.
Une note à la fin de ce contrat stipulait qu'il vallait mieux porter des protections autour des mains et même peut être du visage si par chance je tombai sur l'un de ces puissants artéfacts, il n'y aurait pas de prime si l'objet se trouvait déterioré.
L'empire d'Ashnard... J'avais malheureusement pas entendu grand chose à son sujet... Mais même si j'avoues être assez ignorant de la chose, la prime de plusieurs milliers de pièces d'or était une raison suffisante pour tenter le coup pour un mercenaire, et pour un chasseur de primes, rien de plus important que sa bourse, pas vrai ? Puis fallait surtout que je montres, aux petits jeunes, comme aux vieux mercenaires aguéris que ma réputation n'était pas usurpée, afin d'assurer ma pérénnité dans le métier.
Le monocle s'empara de mon poignet avant que je ne m'en aille, me fixant droit dans les yeux, enfin, de son seul oeil encore valide, l'autre était vitreux et aveugle depuis longtemps, le verre de son monocle grossissait pa deux fois la taille de son oeil et je peux vous dire que lorsqu'il vous fixe avec son oeil exorbité comme s'il s'agissait d'une grenouille, vous avez également l'impression qu'il à du sang aussi froid qu'un batracien.
Fais gaffe... c'est peut être l'une des rares fois où je vais te mettre en garde... tu as servi ici longtemps... ça fait quatre... ou cinq générations que tu bosses ici... mon père, le père de mon père... et ainsi de suite enfin, je vais pas te faire un dessin... ont toujours compté sur toi... Même si moi je peux pas dire que j't'apprécies des masses... t'avais compté pour eux, pour moi tu n'es qu'un chiffre, t'es un bon élément et tu fais rentrer l'argent... Alors je vais pas tourner autour du pot... si c'est une mission trop difficille... que tu le sens pas... laisses tomber ok ? Je le dirai à personne, je ferai même en sorte de dire que t'as accompli ta mission à tous ces petits gars, mais ne va pas faire de conneries pour te prouver je ne sais quoi, c'est clair ?
"-C'est sympa de te préoccuper de tes... "investissements" sur le long terme... mais je ne fais pas ce métier pour rouler ma bosse tranquille dans un coin en espérant me la raconter comme un vieux brailleur d'histoires nostalgique de ses gloires passées dans ce cloaque, et me mettre à regretter comme un vieux con aigri les choses que je n'aurai pas eu l'audace d'entreprendre..."
Il se dégagea de l'empoignade du vieux bonhomme et marcha à reculons jusqu'a la porte de son "bureau" effectuant un salut formel, millitaire bien sommaire, quelque peu emplie d'ironie, avant d'entammer une élégante et non moins amusante "révérance" finie bien bas, se relevant prestement en claquant si fort la porte que les diplomes et divers cadres accrochés aux murs tombèrent par terre en se brisant.
"-Bonne fin de journée à vous, j'espère que vous n'attraperez pas de gerçures au cul à force de rester assis à compter votre sale fric !"
S'exclammes t'il en clopinant, félin et léger du pas, presque enjoué jusqu'à la sortie, claquant une deuxième fois bien fort la porte derrière lui, qui fit tomber cette fois quelques bouteilles hors des étagères du comptoir, malgré celà, plusieurs mercenaires avaient pu poser les yeux sur le contenu de ce contrat, il fallait agir vite maintenant, parce que ce genre d'info ça se vendait également, et parfois les mercenaires ne se gênaient pas pour devenir des indics auprès des personnes concernées par ces contrats afin d'empocher de l'argent de façon peu honnête, en général ces types ne faisaient pas long feu dans la profession, on les repérait bien vite où ils étaient vendus par chantage et par les cibles même de leurs contrats.
Et ce contrat était particulier, c'était étrange qu'on puisse demander à quelques mercenaires isolés d'aller s'en prendre à une armée comme s'il s'agissait de "tester" son organisation, et sa vitesse de réponse quant à une menace indirecte... le caractère chaotique, disparate de ce genre de sabotage était aussi parfait pour créer une forme de diversion, ces ordres devaient venir d'un fin stratège digne d'un haut commandement, obéissant probablement à une des grandes puissances de ce monde où un seigneur qui, était interessé par les secrets que renfermaient la technologie et la magie de ces armes redoutables, dont la réputation précédaient même celles des Mord Sith, à vrai dire moi même j'en avais entendu parler, mais ça ne semblait être que des mythes, des histoires pour faire peur aux gosses afin qu'ils évitent de faire des bêtises et obéissent à leurs parents.
J'allais pas me poser trente-six questions, j'étais un mercenaire, j'étais payé pour ça, il était hors de question de laisser mes pensées s'égarer il fallait dors et déjà que je me concentre sur ma mission, nous y voilà donc, au moins je savais le minimum à savoir sur l'empire sombre d'Ashnard, l'un des pires recoin de tout Terra dirigé par un espèce de taré du nom de Mordret, c'est d'ailleurs à sa putain d'armée que j'allais foutre les boules, et m'amuser par la même occasion, il suffirait d'agir un peu comme un terroriste, saboter quelques engins de guerre pour les faire exploser, et foutre la pagaille dans quelques bivouacs pour animer un peu ces terres mortes, et voir grouiller des patrouilles qui, ne trouvèrent pas de trace de sa présence, tout ce bordel uniquement pour voir sortir cette troupe d'Elite des remparts de la capitale d'Ashnard, une grande forteresse - ville noire occupée à faire entrer les esclaves et entasser les cadavres dans des charniers avant de les incinérer quand ils n'en avaient plus usage, c'était d'une ambiance d'ici... "folklorique"...
Apparemment c'était bien plus difficille pour ces tocards de le repérer, lui, un homme seul foutant un bordel pas possible dans leurs bivouacs, les rateliers d'armes et parfois même quelques soldats disparaissaient pendant la nuit, qu'on retrouvait ligotés, nus, au centre de leur camp au petit réveil, ce n'était pas bien difficille pour lui qui à vécu plusieurs siècles sur différents champs de bataille de profiter des intervales entre les patrouilles, des moments d'inattention des sentinelles, afin de se faufiler dans les tentes furtivement, il possédait cette étonnante conscience de son propre corps, et non seulement de son corps mais des vêtements et plates d'armures, ou de maille qui le recouvrait pour en éliminer pratiquement 99 % des frottements en usant et abusant de l'agilité, la souplesse de chacun de ses tendons et ses muscles dans ses déplacements.
Bien sûr, c'était absolument jouissif d'être capable de foutre la merde, comme ça plusieurs jours de suite dans les campements les plus avancés et, qui, auraient du être les mieux renforcés au point de vue sécurité, ne causant que des dégats matériels, mais ce qu'il détruisait, ou planquait, ou enterrait afin qu'on les retrouve plus, ça commençait à revenir cher, et à long terme, si ça continuait comme ça, ça pouvait même considérablement réduire la puissance de feu de ces avant postes qui servaient à défendre la capitale contre les attaques d'éventuelles armées ennemies, les choses étaient devenues même plus faciles lorsqu'il revêtit l'armure d'un gradé donnant des ordres purement et simplement contre productifs, qui laissèrent des régiments d'armée entière dans la confusion la plus totale quant au but de leurs manoeuvres d'exercice, c'est à ce moment qu'il devint plus où moins clair qu'un, ou plusieurs intrus s'étaient infiltrés dans leurs rangs et que pour débusquer ces, ou ce dernier, il faudrait y mettre un peu plus de volonté.
Un soir comme un autre, Khaléo avait établi son propre campement sur le haut d'une colline, admirant en contrebas les effets "comiques" de son labeur de plusieurs jours sur le moral des troupes, se trouvant particulièrement "génial" et n'étant pas moins fier du résultat qu'il n'escomptait pas aussi efficace, et à vrai dire, tant qu'il agissait dans ces camps, il s'y sentait un peu comme un poisson dans l'eau, lui qui fut longtemps le grand général en chef de la Légion du Lion Blanc, sa propre troupe de mercenaire il y a de celà plusieurs siècles, il n'était pas bien difficille de comprendre que pour lui, les différents protocoles d'usage, l'infiltration de bases de ce genre n'avait presque aucun secret pour lui.
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Le jardin du peuple. Une fleur en plein milieu d’une gigantesque bouse faisandée et malodorante. C’était un coin de verdure somptueux qui jouxtait le sombre palais impérial de la grande capitale d’Ashnard ; métropole de l’empire éponyme. Son nom à lui seul était un honteux sarcasme puisque son entretien était financé par des impôts qui ruinaient le niveau de vie des citoyens de l’empire. D’ailleurs ce jardin n’appartenait en aucun cas au peuple qui n’avait aucun droit d’y mettre les pieds. Et même sans cela, aucune personne saine d’esprit n’aurait voulu se retrouver dans ce jardin. En effet, ce petit coin de paradis était habité par la progéniture la plus abjecte que l’empire ait jamais engendrée. C’était le lieu de villégiature des Mord-Sith. Des femmes qui auraient pu toutes, devenir des oasis de bonté et d’altruisme dans un monde qui en avait grandement besoin, mais qui avait été corrompue par la cruauté de la nation où elles avaient eu la malchance de naitre. Un tel gâchis était révoltant et répugnant, car si le mal existe, il faut encore pouvoir admettre qu’il peut également surgir du plus grand bien.
Denna était allongée dans l’herbe grasse, les paupières closes. Son visage serein caressé par la chaleur de l’astre, elle profitait d’un moment de répit bien mérité. La jeune fille avait appris à apprécier le contact de la vie végétale sous son corps, le bruissement des feuilles que le vent faisant tanguer, le coulis lancinant mais apaisant du ruisseau à deux pas d’elle, et même le parfum combiné des centaines de fleurs qui poussaient dans le jardin. Pourtant, comme si le sort avait décidé que ces moments de paix n’était pas pour elle, Denna entendit des pas s’approcher ; discordance énervante qui lui fit froncer les sourcils. Lorsque les pas furent suffisamment proches, ils cessèrent, mais la jeune fille ne daigna pas ouvrir les yeux pour autant.
-Maitresse Denna, s’introduit son visiteur. J’ai un ordre de mission pour vous.
La Mord-Sith reconnaissait la voix d’un lieutenant qu’elle connaissait bien – si on peut dire-. Un militaire pas très futé qui ne croit qu’en son épée et en la toute-puissance de l’empire. Il faut dire qu’on ne leur en demande pas plus. Il était également impressionnable et détestait autant les Mord-Sith qu’il en avait peur. Ceci dit, Denna était de bonne humeur et elle daigna taper paresseusement sur l’herbe sans pour autant ouvrir les yeux. L’homme sembla prendre ce geste d’impatience comme une invitation à continuer car il se racla la gorge et poursuivit.
-Je suppose que vous n’êtes pas sans savoir que nos avant-postes sur les frontières sud-ouest sont sujets à des sabotages.
Un point sur lequel le lieutenant se trompait. Denna n’avait jamais entendu parler de ça et elle s’en fichait comme de son premier cri de douleur. Ce genre de problème ne la concernait pas et ça n’avait donc aucun intérêt. Elle ne jugea pourtant pas nécessaire de le faire remarquer au militaire qui continua son explication.
-D’après les rapports, il s’agirait d’un groupe très restreint, voire d’une personne, qui sévirait. C’est un affront direct envers l’empire et malgré l’exécution des commandants des garnisons attaquées et leur remplacement, cela continu. C’est une humiliation que nous ne pouvons laisser passer et vous avez donc l’ordre de traqué cette vermine et de lui faire payer son audace. On ne peut…
-Hé ! Le luisant ! Tu ne vois pas que tu l’ennuies ? interrompit une voix féminine et haute perchée qui n’appartenait absolument pas à la jeune fille couché dans l’herbe.
Cette fois, mue par la curiosité, Denna ouvrit un œil et aperçut Berdine arriver dans le dos du militaire avec un sourire pervers étalé sur son visage anguleux. Elle regardait le lieutenant comme un chat observerait une souris qui s’est engagé dans un cul-de-sac. Des yeux bleus perçants, une longue natte brune qui venait s’achever dans le creux de ses reins et surtout l’uniforme de cuir rouge. C’était une Mord-Sith, mais quoi de plus normal puisque cet endroit est leur lieu de vie.
Denna observa le militaire se décomposer sur place. Ce qui était très naturelle lorsqu’on est entouré de deux Mord-Sith qui prennent leur plaisir dans les hurlements de douleurs et les sanglots de leur victime. Sous l’effet du stress, le crâne chauve de l’homme commençait à se recouvrir d’une fine couche de sueur qui reflétait parfaitement le soleil du midi, d’où le judicieux surnom que Berdine venait de lui donner.
-Vous partez demain avec le bataillon de votre choix où sera assigné un membre de l’unité sensorielle d’Ashnard, résuma le Luisant d’une voix qui se voulait ferme et assurée.
Denna qui n’avait toujours pas dit un mot et qui ne trahissait toujours aucune réaction, finit par se redresser, puis par se lever pour faire face à son interlocuteur. Elle le jaugea avec un mépris tout naturel et lâcha un de ses rares sourires à sa consœur qui se tenait juste derrière l’épaule de l’homme d’arme en faisant grincer les articulations de son uniforme.
-Vos histoires ne m’intéressent pas lieutenant, commença Denna de son habituelle voix détachée. Pire, elles ne me concernent pas. J’ai autre chose à faire que de courir après un bouffon qui s’amuse à émousser des épées et à fendre des arcs pendant que les vigies dorment.
Berdine fut secouer d’un petit rire de circonstance et souffla dans le cou du lieutenant pour lui arracher un frisson d’effroi. Pourtant, l’homme fit son possible pour garder un air imperturbable et foudroya Denna du regard.
-La situation semble être plus alarmante que vous le dite. On pense que votre bouffon s’est infiltré dans nos rangs. L’ordre de mission vient de l’empereur lui-même.
Ça, ça jetait un froid. Comment faire perdre sa morgue à une Mord-Sith ? … En incluant le mot empereur dans une phrase. Les propos du Luisant firent leur effet car le petit gloussement de Berdine cessa aussitôt et les traits de Denna se figèrent. Apparemment fier de ce retournement de situation, le lieutenant décocha à la Mord-Sith un sourire satisfait.
-File dire au 4e bataillon que nous partons demain, répondit-elle d'un ton glacial. Vite ou je te ferai couiner.
Il n’en fallut pas plus au soldat qui partit sans demander son reste mais en prenant soin de contourner Berdine et surtout de rester hors de portée de la blonde qui le regardait partir avec une lueur assassine dans ses jolis yeux noisette. Ce regard le suivit jusqu’à ce que l’homme disparaisse de son champ de vision. Elle se permit ensuite de pousser un long soupir découragé. Un moment de paix, ne pouvait-on pas le lui accorder…
-Tu viendras avec moi Berdine, lâcha Denna dont le regard s’était perdu dans le vague. J’aurais peut-être besoin de toi.
La petite brune acquiesça et la gratifia d’un petit sourire que Denna ne vit pas. Normalement, il n’y avait pas de hiérarchie entre les Mord-Sith et elles n’avaient aucune autorité l’une sur l’autre… Ceci étant posé, aucune n’avait jamais remis en question un ordre venant de Denna… Pourquoi ? Parce que les Mord-Sith étaient arrogantes, méprisantes et parfois imprudentes, mais ces défauts étaient compensés par une absence de stupidité…
* * *
Elias, un jeune homme dégingandé qui avait bien plus sa place dans une écurie ou en tant qu’apprenti chez un artisan, que dans une armure. Il avait l’air d’un gamin qui a volé l’uniforme de son père pour aller jouer avec une épée en bois. En résumé, un faible n’ayant rien à faire dans l’unité de Denna et qu’elle devait tout de même protéger. En effet, ce jeune freluquet qui mouille ses chausses lorsque la Mord-Sith fait l’erreur de le regarder trop longtemps dans les yeux, n’est autre qu’un membre de l’unité sensorielle d’Ashnard. Ceux sont des ESPer enrôlé de force dans l’armée et qui possèdent tous une faculté mentale utile pour récolter des informations, débusquer les taupes et révéler les traitrises.
D’après ce que Denna avait compris le gamin qu’on lui avait refilé a un don d’empathie et peut lire les pensées superficielles. Même avec ça, ça n’allait pas être simple de débusquer la vermine. Les taupes arrivent à rentrer dans leur rôle à la perfection et c’est plutôt difficile de capter une impression qui n’avait pas à être ressenti par leur personnage, comme la satisfaction devant les malheurs de leur soi-disant allié ou le stress lorsqu’on leur pose une question qu’ils doivent éluder par le mensonge. Elias n’allait pas rentrer dans le camp et pointé du doigt un quidam en déclarant « C’est lui ! ».
Denna chevauchait au côté de Berdine. Les deux femmes formaient la tête d’une colonne de plusieurs vingtaines de lances. Elias était perdu au milieu de la formation, bien content que Denna ait mieux à faire que de lui poser des questions sur son don. Les cavaliers progressaient sur un chemin de terre sec dont les nuages de poussières soulevés par les chevaux, leur agressaient les bronches. Au bout d’un moment, des constructions furent visibles. C’était les tours de guets du principal avant-poste des frontières ouest. On apercevait presque les palissades qui masquaient une mer de tentes, de boue et d’hommes. Une armée oisive qui passe son temps à s’entrainer, à boire et à jouer sa maigre solde aux cartes ou aux dés.
La colonne dut ralentir leur chevauché lorsqu’elle rencontra les portes fermées du camp. Une vigie se pencha sur la rambarde de la tour de guet et plissa les yeux pour reconnaitre leurs visiteurs. Il ne mit pas bien longtemps avant de voir les deux femmes en rouge qui se démarquaient des soldats tout de noir vêtus qui les suivait. Un ordre fut crié en contre-bas et les portes en bois s’ouvrirent dans un craquement sonore. Les cavaliers entrèrent dans le camp lançant des regards hautains sur tout ce qui croisait leur regard. Eux étaient des soldats d’élite d’Ashnard contrairement aux bousiers qui pourrissaient dans des avant-postes qui n’ont presque jamais connu la guerre. Un petit attroupement commençait à se former vers l’entrée du camp alors que tout le monde venait voir qui pouvait bien arriver par la porte est. Denna leva alors le bras et la colonne s’arrêta dans un ordre impeccable. Elle descendit ensuite de son hongre et s’approcha du soldat le plus proche.
-Convoque le commandant de cette… armée, ordonna Denna du ton le méprisant dont elle était capable.
L’homme la regarda furtivement - visiblement, ça faisait longtemps qu’il n’avait pas vu de femme – puis déguerpit en poussant ses camarades. La Mord-Sith se retourna vers ses hommes et donna quelques ordres afin qu’ils s’occupent des problèmes de logistique et d’organisation dont elle ne voulait en aucun cas entendre parler. Les hommes mirent alors pieds à terre et prirent leur monture par la bride pour les emmener aux écuries. Berdine qui ne s’était absolument pas sentit concerné par l’ordre de Denna observait les hommes qui la reluquait, avec un regard gourmand. Malheureusement pour eux, il y avait fort à penser que ses pauvres bougres prennent à contre-sens la signification d’un tel regard.
Avant qu’il ne disparaisse dans la foule, Denna attrapa Elias par le col et le ramena vers elle. Le garçon poussa un petit gémissement de désespoir et fut bien obligé de suivre sa charmante compagne qui se dirigeait déjà vers la tente du commandant.
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Se lever aussi tôt, ce n'était plus devenu l'une des habitudes de cette créature depuis qu'il n'était plus dans une armée depuis fort longtemps, mais alors que le mercenaire se prélassait félinement sur les fourrures de Lion blanc étendues dans son campement de fortune qui, se trouvait toujours sur le surplomb rocailleux d'une haute colline qui lui donnait une imprenable vue d'ensemble sur le campement qu'il venait d'envahir ces derniers jours en pénétrant dans la tente du commandant en personne afin de le séquestrer, donc Khaléo fut bien obligé d'ouvrir les yeux au son du clairon, ayant chargé l'un des sous commandants de cette tâche qui aurait du incomber à une simple fantassin, ensuite il avait fait tripler les tours de garde pendant la nuit en sorte que peu de soldats trouvent un repos convenable et qu'il soit devenu plus difficille pour eux de réfléchir à quoi que ce soit d'autre qu'un bon lit, et un repas copieux et chaud, duquel ils étaient privés puisqu'il les avait également fait rationner de façon trop strice et sévère, et quelques soldats étaient même de ce fait au bord de la "mutinerie" un rapide coup d'oeil sur ceux ci, leurs traits tirés, leurs cernes et le teint pâle pouvait facilement révéler à l'oeil averti la mauvaise santé de ces derniers, non content de seulement saboter le matériel, il sappait aussi le moral des troupes, envoyait des messager apporter des missives et de faux rapports d'invasion avec les différents sceaux, cachets et signatures des gradés qu'il avait accumulé pour mobiliser des troupes sur des lieux où il ne se passait strictement... rien, juste par petit plaisir bien sadique de les voir patrouiller dans le vide et éparpiller l'armée aux quatre coins du pays.
Facile... enfin... un peu trop facile jusque là justement... L'objectif principal de son mandat ne s'était toujours pas montré, et ça devait faire une, voir deux semaines qu'il prenait un malin plaisir à la tâche, grâce à des ordres, parfois même des contre ordres provenant soi disamment d'un commandant, puis de l'empereur et vice versa, il rendait complétement chèvre les gradés des autres campements qui en perdaient eux même leur propre latin, et lui il observait ça d'un oeil espiègle, malicieux en croquant à pleines de ses magnifiques dents acérées, pointues dans une pomme du haut de son perchoir, comme un gamin regardant de nombreux insectes où limaces se tortiller de douleur en leur balançant de fines et parcimonieuses pincées de sel sur leur chair à vif tous les jours, enfin, il n'était peut être pas aussi cruel quand même, de temps en temps il offrait d'extraordinaires permissions et même primes aux soldats trop usés afin qu'ils rejoignent leurs familles, permissions qui se multipliaient beaucoup trop d'ailleurs et avait vidé la moitié des camps, et par ailleurs vidé la moitié de la trésorerie accordée aux primes de ce mois.
Autant dire qu'il pouvait, sans jeu de mot, enfin "presque"... se considérer en ce moment comme le véritable "roi" de la colline, encore quelques jours comme ça et il pourrait peut être tenir une bonne partie de cette armée dans sa poigne de fer gantée de velours, et puisqu'il semblait si difficille de faire sortir ces fameuses Mord Sith et les corps d'Elite de l'empereur, peut être devrait il se résoudre à donner des ordres d'attaque sur la capitale, aussi étrange celà pourrait paraître aux soldats qui, de toute façon seraient assez démoralisés, fatigués, affamés mais surtout révoltés qu'ils ne chercheraient plus à faire la part logique des choses.
Le Clairon retentit une seconde fois ce matin, signe qu'il était plus que temps que je réintègres le camp car le commandant et son second étaient quand même sensés être les premiers à donner l'exemple et se présenter prêts, frais, et disponibles, il avait déjà revêtu son "déguisement" il avait choisi de remplacer le haut gradé de ce campement car c'était l'un des rares commandant à porter une armure bel et bien complète avec casque intégral, car il manquait un oeil droit à ce bougre et qu'une grande partie de son faciès avait été défiguré sur le champ de bataille par les débris qu'avaient provoqué une arme expérimentale qu'ils comptaient utiliser sur l'un des villages autour du Nexus juste pour faire quelques tests, j'avais sorti ces informations de la bouche de l'homme en question en sachant me montrer très persuasif, avant de me montrer généreux en épargnant sa vie mais le retenant captif, attaché par une chaîne autour du cou à un arbre sur le haut de ma colline, je lui rendait une petite visite tous les matins histoire de lui jeter quelques miches de pain, une gourde d'eau et du jambon, j'allais pas le laisser crever de faim même si, je savais que cet empereur ne le laisserait probablement pas vivre après ce fiasco, tout comme plusieurs autres gradés furent exécutés ces derniers jours, je commençai à m'impatienter et, à légèrement me sentir coupable de ces exécutions même si ce n'était quand même pas ma faute s'ils avaient un gros salaupard en guise d'empereur, qui ne tolérait pratiquement aucune forme d'échec.
Ce matin les soldats continuaient de badigeonner les murs d'enceinte qui n'étaient que des pallissades en bois avec un mélange d'huile et de caoutchouc assez collant et épais, mélange s'il est particulièrement imperméable à la pluie sous excuse de ne pas laisser pourrir le bois, était également hautement inflammable, de même que je leur avait fait creuser des rigoles parallèles et croisées entre toues les tentes jusqu'aux parois du camp, soi disant là encore pour délimiter chaque parcelle de terrain afin de faire un usage optimal de l'espace...
Tu parles... Ha ha... Conneries...
C'était juste pour que le surplus du mélange inflammable stagne dans ces rigoles, d'un bout à l'autre de l'enceinte, dans un but bien précis quand j'en aurais terminé avec cette mission afin d'assurer ma "fuite", aussi, s'il on faisait attention, une odeur très légère, fine, ressemblant à celle de l'essence stagnait dans l'air et donnait aussi parfois des nausées aux soldats, les cuivres, les boucliers les armures et les armes restantes étaient briquées et entretenues sans répit, sans le savoir, les soldats des différentes enceintes transformaient leurs propres camps en fournaises potentielles, j'avais donc plusieurs cartes dans mon jeu et j'agissais juste comme j'en avais l'habitude face à une multitude, en stratège, je n'avais pas d'autre choix, même si je pouvais m'en prendre à un grand nombre d'hommes et m'en sortir grâce à mes "dons" innés, mon endurance ma force et mon agilité dépassant largement la meilleure des conditions physiques "humaines", je ne m'en sortirai pas face à plusieurs dizaines d'hommes sans tête, sans chef, c'était encore gérable mais plusieurs centaines voir milliers d'hommes bien organisés je ne pense pas encore être à ce point adepte de la grosbillitude pour m'en sortir à moins d'un miracle où un fameux coup de génie me survienne, néanmoins j'étais préparé l'air de rien, je marchais tranquillement accompagné de mon second qui tenait un carnet, sur lequel il écrivait mes dernières directives et préparations, je m'occupai des ordres à envoyer aux autres camps lorsque j'étais dans ma tente, j'avais pu dérober leurs livres de voyage et aussi pris quelques uns de leur nom de code et appris à user du cryptage particulier avec lequel ils s'exprimaient à l'un ou l'autre corps d'armée.
On ne faisait pas les choses à moitié, les informations des soldats, et autres gradés me permirent surtout de me concentrer sur ma tâche à venir, j'avais donc pu apprendre plus ou moins sommairement, sans vraiment qu'aucun d'eux ne puisse entrer dans les détails mais en généralité, comment les Mord Sith étaient entrainées, la peur que leur nom prononcé instillait aux soldats, mais rien de plus, personne n'en savait très long sur elles par ici, j'étais moi même étonné qu'un tel ordre pouvait rester aussi confidentiel, secret, au sein même des armées de l'empereur, preuve qu'elles devaient être de sacrées professionnelles, oui "elles" car apparemment, aucun soldat ne put dire à ce jour avoir vu autre chose qu'une femme se présenter comme étant une Mord Sith.
Malheureusement bien inscrit dans un rôle et une routine qui devenait pratiquement la sienne dans ce camp, quand il ne passait pas son temps à entrainer les hommes jusqu'à épuisement en prenant lui même part aux échanges, aux poings où à l'arme, qu'il ne donnait pas d'ordres du type "Allez me chercher un seau d'ampères magiques et une poignée de clous éthérés pour réparer la palissade." à quelques jeunes recrues qui croyaient dur comme fer que ça existait puisque ça sortait de la bouche de leur commandant, quand il n'obligeait pas les soldats à pratiquer un jogging matinal, à jeun, l'extérieur de l'enceinte puis un autre le soir juste après les avoir fait manger histoire qu'ils régurgitent leurs remontées d'acides, il passait le plus clair de son temps dans sa tente à faire de la paperasserie administrative et envoyer ses messages.
C'est donc en s'étant installé dans cette routine qu'il s'était peut être aussi un peu trop pris au jeu, par nostalgie d'une époque révolue, il avait déjà été commandant, en fait il était déjà passé par tous les grades dans une armée, sauf celui auquel il aspirait tant à une époque... être adoubé et fait clairement grand chevalier, il l'avait touché des doigts ce rêve, mais comme beaucoup d'autres de ses espoirs il avait été anéanti par ce qu'il cachait sous cette armure complète... sa différence, pour plus de deux siècles il avait protégé les terres du millieu avec sa troupe de mercenaires, qui au départ n'avait aucun nom, nous étions juste de jeunes gens très, voir trop ambitieux, avec des rêves, des espoirs auxquels d'autres espoirs s'étaient aglutinés, formant finalement un énorme brasier vif où les rêves prenaient peu à peu forme, consumant nos adversaires qui, parfois eux mêmes se joignaient à cette grande flamme, la Légion du Lion blanc n'était plus qu'une légende aujourd'hui, un mythe, et c'est ce souvenir, cette nostalgie qui était en train de le prendre alors qu'il agitait sa plume à la lueur rougeoyante, tamisée d'une lampe à huile dans cette tente, cette fraternité entre hommes d'armes, la loyauté indéflectible et incorruptible des hommes pour leur supérieur hyérarchique, la confiance et leurs vie qu'ils mettaient entre ses mains, ça le touchait encore, un instant il eut un pincement au coeur et il relacha sa plume pour la laisser glisser sur le papier et répandre son encre, une lettre foutue ce n'était pas bien grave il recommencerait.
Mais c'est au moment de se saisir à nouveau de sa plume qu'il fut interrompu dans son ouvrage par un cri, trop absorbé par ses souvenirs et ce qu'il était en train de faire il n'avait même pas fait attention aux clopinements multiples des sabots des chevaux s'approchant au loin, pourtant il avait une ouïe extrêmement fine et surdéveloppée, il s'était relaché juste... quoi... cinq... peut être dix minutes, un jour comme un autre... et ça devait pourtant être aujourd'hui, sans doute, qu'il aurait du être plus vigilant, la suite vous la connaissez sans doute, un ordre crié retentit dans les airs repassant par la tour de guet, qui le cria à son tour aux soldats en faction devant la porte, qui l'ouvrirent séance tenante, on n'avait même pas jugé nécessaire de l'en aviser, il n'était pas stupide il savait que si l'on avait ouvert les portes sans même prendre soin de le prévenir, c'est qu'il venait de recevoir l'ordre d'une personne d'un grade supérieur au sien, il posa cette espèce de cagoule protectrice noire sur son visage que portait habituellement le commandant de ce camp, puis par dessus évidemment le casque intégral qui ne laissait percevoir que ses yeux, sa voix était forcée, et, filtrée par le tissus de cette "cagoule" qui n'avait sans doute jamais laissé l'occasion à un soldat d'entendre la vraie empreinte vocale de ce dernier, c'était millimétré pratiquement comme du foutu papier à musique et ça lui convenait parfaitement.
Il voulut prendre l'initiative de sortir, mais ce ne fut pas sans percuter de plein fouet à la sortie de sa tente le soldat chargé de venir l'avertir de la présence de deux Mord Sith et d'une compagnie d'Elite dans le camp, chose qu'il put constater d'un balayage analyste et détaillant sur l'arrière plan, il obligea le soldat à le saluer formellement comme la coutume le veut dans de telles circonstances avant de le laisser rompre et retourner à ses occupations, je n'avais pas d'autres choix que de laisser faire leur travail aux soldats qui accompagnaient mes Mord Sith, qui mettaient un entrain professionnel à secouer les hommes du camp, vider leurs tentes, et leur poser des questions, l'état du camp en lui même était impeccable, d'ailleurs c'était peut être bien ça le souci, c'était trop propre et rangé pour paraître honnête, toutefois il se pouvait très bien que certains commandants soient d'une sévérité exemplaire, à cheval sur l'éthiquette et limite un peu cruel avec leurs soldats, ici c'était un peu un entre deux.
Bref, je me présentait à la Mord Sith avec toute la solennelité et le respect qui était du à son rang supérieur, un salut donc respectueux, je faisait des efforts pour paraître plus empaté et vieillit dans mes mouvements que je ne devais l'être avec mon corps sérieusement entrainé et souple, fallait jouer aussi, et n'ommettre aucun détail, c'était bien trop important maintenant pour que je commettes une erreur, si près du but ça serait dommage, je n'ommettais même pas le jeu du regard terrifié et à la fois contemplatif sur elle puisque leur solide réputation sont sensé les précéder.
"-Bienvenue dans mon humble camp, ainsi nous avons l'honneur d'avoir la visite d'une Mord Sith..."
Je reposai les yeux sur le soldat qui semblait bien trop jeune pour en être un, je ne le reconnaissait pas il ne faisait apparemment pas partie des hommes en place, pour l'instant mes pensées restaient concentrées sur mon pseudo "devoir" de commandant, je penchai la tête dans sa direction avant de reposer les yeux sur ma supérieure.
"-Est-ce une nouvelle recrue ? Où un prisonnier déserteur que vous m'apportez ? Vous préférez peut être... que nous en parlions en privé ? Ordonnez et j'obéirais."
J'étais drôlement à l'aise dans ce rôle... en oubliant presque ma mission dans ce camp, le protocole voulait que je sois ouvert à toutes les demandes de la Mord Sith puisqu'elle était ma supérieure hyérarchique, enfin, du moins jusqu'à ce que je puisse la coincer d'une manière où d'une autre, il y aurait probablement quelques occasions mais ce n'était pas encore ma priorité, je devais... nous isoler pour tenter quoi que ce soit, agir en plein jour au vu et au su de tous signerait purement simplement ma mise à mort et je n'étais pas encore complétement dénué de bon sens... même si là, il m'aurait peut être été facile de la prendre en otage et de sortir d'ici.
Je me dégageais de son chemin d'un pas de quart sur le coté, lui présentant l'entrée de ma tente, et ça je le pensais bien en tant que telle, "ma" tente, à ce point engorgé dans mon rôle que je m'étais presque déjà approprié cet endroit.
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-Hééé ! Denna attend moi ! J’ai hâte de rencontrer l’abruti qui demande à ses hommes de creuser un damier géant sur le campement.
L’intéressée se retourna vers sa consœur – puisqu’il n’y avait qu’elle pour dire de telles choses sur un ton si léger – et la considéra avec un haussement de sourcil. Elle ne voyait pas ce que Berdine voulait dire mais par politesse, elle jeta un coup d’œil aux environs. Et ce, même si elle s’en fichait éperdument. Une erreur puisque Denna n’eut pas à observer bien longtemps pour voir ce qui clochait. On avait creusé des sillons entre les tentes impeccablement entretenues. Du coin de l’œil, elle avait pensé que c’était des latrines mais un examen plus poussé montrait que ces tranchées n’avaient aucunes utilités. En plus, il y avait du goudron dedans qui aurait pu passer pour des déjections au premier coup d’œil, mais l’odeur forte et acide du produit inflammable ne laissait aucun doute sur la question. Il faut vraiment être complètement stupide pour faire ça. Stupide ou mal intentionné… Denna était une blonde certes, mais elle comprenait bien ce qui allait se passer si quelqu’un décidait de jeter sa pipe dans une de ces rigoles.
Alors qu’elle regardait le camp avec une surprise non dissimulée, Berdine trottinait vers Denna avec un air enjoué. Visiblement, elle avait hâte de poser la question qui fâche au responsable de cette aberration. Pourtant, elle allait être déçue car la jolie blonde avait d’autres projets pour elle.
-Je vais voir le commandant seule, rétorqua Denna d’un air empreint d’ennui. Essaye d’obtenir des informations sur ce qui se passe ici. Si ça ne tenait qu’à moi, je mettrais le feu à ce charnier. Ashnard n’a pas besoin d’une bande d’imbéciles qui se sabotent eux-mêmes.
Berdine grogna son mécontentement mais ne semblait pas décider à pousser le débat plus loin. Ça ne servait à rien avec Denna, et elle n’avait pas de réels arguments à lui opposer, à part le fait qu’elle avait hâte de commencer ce pourquoi elle avait été formé.
-Bon, quand tu auras trouvé qui est responsable de ce fiasco, j’espère que tu ne m’oublieras pas, ma sœur, conseilla Berdine.
-C’est pour ça que tu es là.
Satisfaite de cette promesse tacite, Berdine tourna les talons et se dirigea à grands pas vers un groupe de soldats qui semblait rapetisser sur place alors qu’ils se rendaient compte qu’une Mord-Sith s’approchait d’eux. D’autres qui ne devaient pas bien connaitre la réputation des femmes en rouge reluquaient ses seins sans retenue. Une mauvaise idée, mais Denna n’avait pas le temps d’observer la façon dont Berdine allait se faire respecter. Elle poursuivit sa marche et avait presque oublié le galopin qu’elle tenait par le col. Elle finit par le lâcher et le poussa en avant.
-Je veux que tu sondes tous ceux à qui je parle et que tu me fasses signe si leurs pensées sont incohérentes avec ce qu’ils disent, ordonna-t-elle.
Le garçon hocha vigoureusement la tête et lâcha un « Oui maitresse Denna !» qui semblait ferme et assuré. Ça, c’était une mission pour lui et ce n’était pas trop compliqué. Au début, il avait eu un peur qu’elle lui demande de servir de détecteur de mensonge ou de déterminer ce que la personne qui est en face de lui à manger au petit déjeuner. Il en était malade rien qu’à s’imaginer le regard que lui lancerait la Mord-Sith s’il la décevait. Mais là, son rôle secondaire lui convenait parfaitement. Avec un peu de chance, il serait même utile et recevrait des félicitations de sa commandante. Un honneur et ainsi un certain… plaisir. Il faut dire qu’elle n’était pas désagréable à regarder. Elias secoua la tête pour chasser ses pensées inconvenantes et suivit la jeune fille qui remontait la petite éminence surplombant le campement. Là, une armure les attendait. Enfin, c’était sans doute un homme mais sa peau n’était pas visible. Son visage était masqué et l’armure ne laissait presque rien paraitre de sa silhouette. C’était plutôt choquant au premier abord, mais le commandant devait avoir ses raisons.
Lorsque le couple improbable fut arrivé devant l’officier. Denna joignit les talons et frappa son épaule du poing ; le salut militaire classique entre officier de rang élevé ou pas trop éloigné l’un de l’autre. Elias, le médium, par contre, posa un genou contre terre et baissa la tête pendant quelques secondes avant de se relever. Cette marque de respect effectuée, il se mit à fixer le commandant et fit le vide dans son esprit pour mettre en branle son don. C’était un peu comme écouter les conversations dans une taverne. Oui, la métaphore est presque parfaite. Il faut se concentrer pour pouvoir saisir le sens de brouhaha, ainsi on entend sans effort les braillards et parfois les discussions normales, par contre, il est impossible d’entendre ceux qui chuchotent. Le don d’Elias marche de la même façon. Le jeune homme s’immergea donc dans l’esprit de Khaléo, mais ne put s’empêcher de réagir lorsqu’il parla de lui en tant que déserteur.
-Soldat de seconde classe Elias Tremp, mon commandant, proclama l’intéressé d’une voix forte et claire. A vos ordres, mon commandant.
Le malentendu levé, il se concentra de nouveau, dardant de nouveau un regard qui transpercerait un sanglier, sur Khaléo. Heureusement pour sa vessie, il ne vit pas le coup d’œil meurtrier que lui avait lancé Denna au moment où il s’était présenté…
La Mord-Sith lâcha enfin le pauvre bougre du regard et préféra le pointer sur le commandant. Il était froid et suspicieux. D’ailleurs même s’il s’était agi du vrai commandant, elle l’aurait gratifié du même regard, car elle n’aimait pas beaucoup que l’on cache son visage lorsqu’on se présente devant elle. Bien entendu, elle ne savait rien de l’accident qu’avait subi le commandant et la raison de cette cagoule. Par un effort de volonté, elle parvint pourtant à faire fi de ce détail, car ce n’était pas le plus grave.
-Je ne sais pas si vous savez quel problème m’amène, commença la Mord-Sith. A partir de maintenant je prends le commandement de cette garnison jusqu’à ce qu’il soit résolu. Vous m’assisterez, et non, je n’ai aucune envie de converser en privé avec vous.
Denna fit signe à Elias de la suivre et se dirigea vers la tente de l’ancien commandant de la 5e armée de protection du territoire. Le jeune homme lança un regard désolé à l’officier dont le poste avait été « suspendu » pour une durée indéterminé et suivit la jeune fille. Cette dernière se retourna à l’entrée de la tente et lança un ordre à Khaléo.
-Réunissez votre état-major dans cette tente, nous allons faire une petite réunion exceptionnelle où nous parlerons du foutu bordel qu’il y a dans ce camp, tonna la jeune fille. Vous êtes également convié.
Sur ces mots, elle disparut derrière l’un des pans de la tente, suivie de près par Elias qui semblait marcher sur des œufs.
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Khaléo imita donc son salut avec la même énergie dans le geste que celle de la Mord Sith, Talons joints et frappe sur l'épaule avec son poing, le regard fixe et vide de son accompagnateur commençait à être légèrement dérangeant sur sa personne, il ressentit même un étrange frisson lui parcourir l'échine pour pénétrer ensuite son cerveau, il possédait un regard perçant qui semble vouloir sonder votre âme, enfin, il était chargé d'une bien moindre lueur sauvage, d'une séduction quasi-prédatrice que celui du mercenaire, mais tout de même il n'avait jamais ressentit cette... cette sensation froide dans la nuque quand on l'observait, une chose était certaine, je n'aimais pas son putain de regard, et c'est probablement l'une des rares choses que j'eu pensée sans doute assez fort pour qu'il le perçoives, et peut être deux où trois autres pensées dirigées vers la Mord Sith, évaluant juste sa condition physique d'un regard s'arrêtant à des points stratégiques de son anatomie sans aucune forme d'arrière pensée si ce n'est de constater l'excellent maintient de son corps en ancien soldat qu'il était, bien que c'était surtout par prise de contact visuelle afin de savoir à quoi il risquait d'avoir affaire plus tard.
Ma remarque le fit enfin parler, chose qui le rendait moins inhumain, moins étrange quand il ouvrait la bouche que lorsqu'il me fixait avec ses grands yeux de merle en frit, mais ce faisant il ne respectait pas un certain protocole qui, voulait qu'il soit introduit et présenté par sa supérieure et je doutais fort que celà lui plaise, mais elle n'en fit pas cas, enfin, pas tout de suite...
-Soldat de seconde classe Elias Tremp, mon commandant, proclama l’intéressé d’une voix forte et claire. A vos ordres, mon commandant.
"-Je vous remercie pour cet éclaircissement, Soldat de seconde classe, Elias... Tremp, mais à l'avenir vous ne prendrez parole que lorsque votre supérieur vous l'aura permis, je vous trouve bien jeune pour le terrain, vous devriez encore réviser vos classes et vous entrainer.Car ces membres que vous possédez semble encore manquer cruellement de tonus et de vigueur pour porter l'arme et l'armure."
Apparemment j'avais bien vu et ce n'était pas du goût de la Mord Sith qu'il prenne parole spontanément, le regard assassin qu'elle lui lança constituait une preuve imagée bien plus parlante que n'importe quel long discours, aussi ma remarque était pertinente, il n'y avait pas un seul soldat aussi jeune que lui dans aucun camp, soit il était le "préféré" de cette Mord Sith où le fils d'un noble bénéficiant d'un traitement de faveur afin qu'il fasse ses premières expériences de terrain, soit il était d'une quelconque utilité pour cette dernière, et à voir leur façon étrange de partager quelques regards entre eux, quelque chose me disait que je n'étais pas trop loin de la vérité même si j'étais à milles lieues de me douter qu'il était capable d'entendre mes pensées à la façon d'une radio captant très mal une station brouillée où parasitée.
Le regard glacial de la Mord Sith me détaillait, regard qu'il sentit aussi suspicieux quand elle ne put distinguer son visage qui était recouvert de sa cagoule sombre, un instant naquit une sueur froide qui prit donc naissance dans le haut de ma nuque, ruissella lentement vers le centre de mon dos passant sous le tissu pour que je la sente glisser sur les arabesques, les reliefs de la musculature de mon dos... ce regard était limite "grisant" pour lui, mais trouvait cette goutte de sueur froide plutôt désagréable et chatouilleuse, lui donnant envie de se gratter le dos.
-Je ne sais pas si vous savez quel problème m’amène, commença la Mord-Sith. A partir de maintenant je prends le commandement de cette garnison jusqu’à ce qu’il soit résolu. Vous m’assisterez, et non, je n’ai aucune envie de converser en privé avec vous.
Merde... je n'allais pas avoir droit à un tête à tête avec elle, ça contrariait un peu mes plans, il faudrait que je coopères jusqu'à ce que je perçoives une autre opportunité afin d'arriver à l'isoler, je n 'avais pas vraiment le choix et ne pouvait m'opposer à son commandement, il n'y avait aucune raisons valables à tenir pour ça, elle agissait comme si elle faisait partie de l'inspection des services millitaires, faire profil bas et continuer de jouer le jeu sans faire un pas de traviole me semblait la meilleure solution pour le moment, mais je n'étais pas peu fier d'avoir enfin réussi à foutre une zizanie telle que j'avais donc réussi à les faire sortir de leur trou, rien que ça c'était déjà une belle avancée et une petite victoire en soi, je jubilais intérieurement mais je n'en laissais rien paraître.
"-Ooh si, malheureusement j'ai eu vent des problèmes que nous rencontrions tous dans les différents camps, c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai pris des mesures "drastiques" dans mon campement..."
-Réunissez votre état-major dans cette tente, nous allons faire une petite réunion exceptionnelle où nous parlerons du foutu bordel qu’il y a dans ce camp, tonna la jeune fille. Vous êtes également convié.
"-Je vais donner les ordres immédiatement, sans conditions ni attente, j'espère que nous pourrons vous apporter tous les "éclaircissements" nécessaires afin que votre personne comprennes très bien ce qui se passe "ici"."
Il y avait eu... de très légères intonations sarcastiques dans ma phrase, je ne sais pas pourquoi, je n'avais pas su m'en empêcher, peut être un peu trop emporté par mon plan qui semblait se dérouler "presque" à merveille à quelques détails près qu'elle était capable de me mettre quelques batons dans les roues, fallait le reconnaître, elle était intelligente et son regard rigide et froid limite cruel prouvait qu'il ne serait pas facile de la "berner" et lui faire avaler des couleuvres, il faudrait être très persuasif et apporter des arguments de poids aux différents aménagements effectués dans le camp, je commençais à avoir la pression, j'en frissonnais autant de petite crainte que d'excitation, un peu comme lorsqu'on à le trac avant d'entrer sur scène.
Je m'approchais donc de mon aide de camp, et de mon second, munis de leurs éternels callepins, je demandais a ce dernier qui était déjà mon sous commandant, de réunir les lieutenants, et sous lieutenants dans son "ancienne" tente, il donna également d'autres directives à son second, comme celle de faire sortir quatre chevaux des écuries et d'en placer deux à l'entrée nord, et sud du camp, de donner des ordres de repos et de changement de tour de garde pour les soldats placés dans les tours de guet, espérant que son timing soit scrupuleusement respecté, d'entammer les entrainements habituels au centre du camp et de tendre les cordages attachés aux divers piquets des tentes réliés entre eux, qui, était sensée leur apprendre à bien tendre les bâches de ces dernières et les centrer minutieusement au centre de chacun des "damiers" créés par les sillons creusés dans le sol, qui, définissait des espèces de "trottoirs" en face de chaque tente, les cordages traversaient tout le camp, plongées dans les rigoles dans lequel stagnait le mélange inflammable, elles étaient également attachées au pied des tours de guet.
La lente procession de hauts gradés entrèrent dans la tente, j'espèrais que les derniers ordres que j'aille donné soient respectés à la lettre, j'avais eu tout le temps d'inculquer une certaine forme de loyauté et de respect à mes sous officiers et il y avait de bons éléments dans ce camps malgré la mauvaise réputation qu'on voulait bien faire aux armées d'Ashnard, il y avait même de bons gars ici, mais ce n'était pas le moment de s'attendrir j'étais en tête de la ligne et, une table fut dressée dans ma tente avec le nombre nécessaire de sièges pour que l'on s'asseye tous autour des différentes cartes, boussoles, compas, et dessins du camp en lui même sur lequel figurait diverses annotations et croquis, je jetais un rapide coup d'oeil sur ma couche, sous laquelle j'avais planqué les différents livres de voyage et les carnets des différents commandant de camp auxquels j'avais déjà rendu visite, une autre petite fine goutte de sueur froide glissa dans mon dos... à l'idée qu'on me "démasque" sans faire de stupides jeux de mots, bah... c'était tellement agréable, ennivrant cette prise de risque, et j'étais au paroxysme de mon jeu, là, devant cette assemblée, la Mord Sith n'ayant choisit aucun siège, moi non plus d'ailleurs je restai debout comme elle, un silence assez pesant s'était d'ailleurs installé quand les uns et les autres eurent finit de toussotter et de s'installer sur leurs sièges.
Je n'avais pas le droit de commencer "ceci" ni de prendre la parole en premier, puisque j'avais été démis de mes fonctions, par contre je savais que j'aurai à me défendre, et justifier certaines choses, j'invitai donc respectueusement la Mord Sith à s'exprimer en m'écartant de la table d'un pas vers l'arrière pour la laisser nous introduire la raison de sa présence, que je commençai à deviner, un deuxième pas vers l'arriète, et j'étais presque contre le pied de ma tente, qui n'étais pas une exception à la règle, il y avait ces cordages à moitié camouflés dans le sol enroulés autour de chaque pics, reliés aux autres tentes, et ainsi de suite dans l'enceinte, la raison de cette installation ne se révélerait que bien plus tard si je n'arrivai pas à faire bonne figure, si je me voyais donc mis aux arrêts.
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La réponse parsemée de sarcasmes de Khaléo ne fut pas relevée par la Mord-Sith. Elle n’en tenait pas compte, ou du moins, pas dans l’immédiat. De toute façon, il était dans la ligne de mire de Denna. En tant que commandant de ce camp, il était responsable de tout ce qui s’y tramait. Les sabotages, l’infiltration ennemie et tout ce qu’on pouvait reprocher à cet avant-poste stratégique étaient de son fait. C’était ça être officier et c’était d’autant plus vrai à Ashnard. Combien de braves officiers compétents avaient été exécutés ou mis en disgrâce pour une défaite – même s’ils n’y étaient pour rien- ou une mauvaise gestion de leur armée. Autant le dire tout de suite, l’ancien commandant était très mal parti, alors que Denna ne le soupçonnait toujours pas d’être un agent infiltré. Elle ne comptait plus les grands généraux déchus qui s’étaient tortillés sous l’effet de son Agiel. C’était sans doute les proies les plus retords et donc les plus amusantes à dresser. Mais bon… On s’égare. L’ancien commandant et son état-major avait sans doute une explication à lui fournir et son fantasme ne restera peut-être qu’à l’état de projet.
Denna tournait dans le pavillon de commandement. Ça ne lui venait pas à l’esprit de fouiner dans les affaires de Khaléo. Déjà que son rôle d’investigatrice l’ennuyait au plus haut point, ce n’était pas pour faire du zèle pardessus le marché. Alors que silence s’imposait, Elias décida de le briser en faisant un bref rapport sur le fait qu’il n’avait absolument rien perçu de la part de Khaléo. Il ne fit même pas part de la gêne du commandant quant au fait d’être fixé par un avorton. Ça, il en avait l’habitude et ce n’était pas une information qui serait utile à la Mord-Sith. Denna hocha brièvement la tête pour lui signifier qu’elle avait compris. Elle se doutait bien qu’Elias ne serait pas une pièce maitresse pour ce qui allait suivre.
Les officiers commencèrent à affluer dans la tente. Ils présentèrent tous leur respect à la Mord-Sith avec plus ou moins de bonne volonté. Denna voyait tous les profils. Le vieux briscard, vétéran de l’armée qui met un point d’honneur à ne pas être impressionner par une petite peste en uniforme, le jeune gradé qui affiche le plus grand sérieux pour monter à tous, qu’il a du talent à revendre, le capitaine d’unité blasé qui en a vu d’autres, et enfin, le pantouflard qui n’a aucune envie de se faire remarquer par la terrifiante Mord-Sith. Le dernier officier entra dans la tente d’un pas pressé comme s’il était poursuivi par un molosse qui menaçait de lui mordre les fesses à chaque instant. Ce comportement ne resta pas étrange bien longtemps puisque Berdine poussa un pan de la tente et entra avec un grand sourire, comme si elle avait réussi à rabattre tout un cheptel de moutons bien gras qu’elle n’avait plus qu’à achever. Denna lui jeta un regard neutre et lâcha un bref soupir. Signe de lassitude auquel la petite brune répondit en posant un doigt sur sa bouche ; la promesse qu’elle ne ferait pas de vague. Cependant, Denna savait très bien que ce genre de serment n’avait aucune valeur de la part de sa consœur. Elle ne fit pourtant aucun commentaire et embrassa l’assemblée d’un regard sévère. Denna allait commencer. Pour ne rien rater du spectacle, Berdine se cala dans un coin de la tente et l’observa avec un petit sourire amusé.
-Bonjour messieurs, commença la jeune fille sur un ton très neutre, voir même diplomate. Je suis maitresse Denna, membre de l’ordre des Mord-Sith, du corps de renseignement impérial. Votre régiment a été l’objet d’une attention toute particulière de la part de l’empereur, et ce n’est pas dû à vos faits d’armes. J’espère que vous comprendrez que nos généraux ont assez à faire avec le maintien de l’ordre sur le territoire, ainsi que tous les problèmes que notre armée d’occupation peut rencontrer. Ils n’ont ni le temps, ni l’envie de s’occuper de problèmes venant des avant-postes de nos frontières qui sont pacifiées depuis bien longtemps. J’ai donc été envoyé ici pour qu’Ashnard n’entende plus parler de vous… d’une manière ou d’une autre… - la jeune fille s’interrompit pour balayer l’assemblée d’un regard qui leur assurait qu’elle ne bluffait pas et qu’il n’y avait aucune ambiguïté dans ses propos -. J’espère toutefois que nous parviendrons à régler les différents problèmes qui surviennent dans ce camp d’une manière qui contentera tout le monde. Je vais donc essayer de vous les énoncer.
Pendant que Denna parlait, Elias sondait les esprits à tour de drôle. Campé derrière la Mord-Sith, il observait les gradés arbitrairement, captant chacun des effets que provoquaient les propos de la jeune fille. Berdine quant à elle ne pipait mot, écoutant avec une sorte d’ennui de circonstance, sa collègue faire le boulot fastidieux à sa place.
-Nous avons donc remarqué des sabotages du matériel militaire très probablement occasionné par des espions, un manque d’organisation évident avec des déplacements de troupes non autorisé et de fausses alertes. Quant à moi, j’ai également observé de graves incohérences dans la gestion de ce camp alors que je n’y suis que depuis quelques minutes. Vos hommes sont fatigués et malades. On dirait une armée en campagne. Et de plus, par simple curiosité personnelle, j’aimerais savoir pourquoi vous avez creusé des tranchées partout dans le camp et que vous y avez versé du goudron ? J’aimerais vos explications. A tous sans exception, et un par un.
Denna ne perdait pas de vu qu’il y avait peut-être un espion sous cette tente. Elle espérait que les différentes versions des officiers mettent en évidence la totale incohérence qui régnait sur ce camp. A moins qu’ils ne soient tous corrompu jusqu’à la moelle, il y en aurait bien un qui allait remettre en doute une décision de l’un de ses camarades. Ils ne pouvaient pas être tous d’accords sur le fiasco total incarné par cette garnison. Les défauts et les aberrations étaient si évidents que Denna pensait parfois halluciner. De toute façon, si tout le monde trouvait cela normal que l’un des principaux avant-postes de l’empire soit un vrai capharnaüm, Denna les considérerait tous comme des incompétents et mettrait sans remords sa menace implicite à exécution. Une épuration de tout le corps des officiers ferait un plus grand bien à l’armée et leur remplaçant venu de la capitale se ferait une joie de remettre les choses en ordre.
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Jusqu'ici je n'avais pas remarqué la présence de la deuxième Mord Sith avant qu'elle n'entre, après la procession d'officiers dans la tente, je me sentais de plus en plus mis sous pression, mais je devais avouer que ça faisait bien longtemps que je n'avais plus été dans une telle situation et... quelque part j'appréciais beaucoup, comme un cambrioleur, un voleur qu'on aurait presque pris la main dans le sac et, qui continuerait encore et encore de "tenter" le diable en ayant "presque" envie de se faire prendre, il y avait un peu de ce coté espiègle, "bandit", "pirate" chez le félidé, il se pinçait la lèvre inférieure du bout de sa canine droite tout en réprimant ses envies de démangeaisons dorsales à cause d'une ou l'autre sueur froide qui le chatouillait, c'était atroce, et divin à la fois, ça le faisait jubiler, exulter intérieurement tout ce cirque, mais ce n'était surtout pas le moment de partir en fou rire à cause du trac et du stress, pourtant ce n'était pas l'envie qui lui en manquait.
-Bonjour messieurs.
-Je suis maitresse Denna, membre de l’ordre des Mord-Sith, du corps de renseignement impérial. Votre régiment a été l’objet d’une attention toute particulière de la part de l’empereur, et ce n’est pas dû à vos faits d’armes. J’espère que vous comprendrez que nos généraux ont assez à faire avec le maintien de l’ordre sur le territoire, ainsi que tous les problèmes que notre armée d’occupation peut rencontrer. Ils n’ont ni le temps, ni l’envie de s’occuper de problèmes venant des avant-postes de nos frontières qui sont pacifiées depuis bien longtemps. J’ai donc été envoyé ici pour qu’Ashnard n’entende plus parler de vous… d’une manière ou d’une autre…
Ainsi les "problèmes" d'ingérance des camps qu'il avait prit un soin tout particulier à mettre en place depuis deux semaines étaient enfin parvenues aux oreilles de l'empereur, il lui avait quand même fallut le temps, faut dire qu'avec le bordel qu'il avait réussi à mettre les messagers étaient plus occupés à transmettre des ordres contradictoires, contre productifs aux autres camps que de communiquer les rapports de ces derniers au centre d'opérations, j'avais fait en sorte que ce soit le plus emmêlé possible, mais j'étais surpris que ce camp soit le premier à être visité, ça ne m'avait pas laissé le temps de peaufinner les derniers préparatifs.
Il y eut un temps d'arrêt durant lequel la Mord Sith Denna, adressa un regard empli de toute la "compassion" dont elle était capable à l'encontre des incapables qu'elle pensait avoir en face d'elle.
-J’espère toutefois que nous parviendrons à régler les différents problèmes qui surviennent dans ce camp d’une manière qui contentera tout le monde. Je vais donc essayer de vous les énoncer.
Khaléo était en train de penser à mi voix dans sa tête, qu'il risquait gros sur ce coup, qu'il aurait peut être du écouter les conseils de ce "vieil idiot" avant de s'embarquer là dedans, mais qu'on ne fait pas d'ommelletes sans casser les oeufs, que ce genre de prises de risques, et de décisions possédait son double tranchant, soit tu réussis et tu prends du galon, soit tu te plantes et tu le paies cher, il espérait donc ne pas s'être planté et que tout allait être expliquable, d'une manière ou d'une autre.
-Nous avons donc remarqué des sabotages du matériel militaire très probablement occasionné par des espions, un manque d’organisation évident avec des déplacements de troupes non autorisé et de fausses alertes. Quant à moi, j’ai également observé de graves incohérences dans la gestion de ce camp alors que je n’y suis que depuis quelques minutes. Vos hommes sont fatigués et malades. On dirait une armée en campagne. Et de plus, par simple curiosité personnelle, j’aimerais savoir pourquoi vous avez creusé des tranchées partout dans le camp et que vous y avez versé du goudron ? J’aimerais vos explications. A tous sans exception, et un par un.
J'allais commencer les explications, puisque j'étais le commandant et responsable des différents "aménagements" dans le camp, je m'avançai donc d'un pas soldatesque, impérieux vers la table, toujours bien droit et debout, saluant formellement et brièvement la Mord Sith pour la remercier d'avoir pris la parole.
"-Je vous remercie de nous avoir fait part de vos inquiétudes ainsi que de vos légitimes interrogations, Maitresse Denna, nous allons ici, tenter de vous donner les différentes raisons qui nous ont poussés à prendre des initiatives et décisions qui, à mon sens, auraient du à long terme nous aider à débusquer l'espion s'il s'était infiltré dans notre camp, tout d'abord nous placions nos tentes en cercles concentriques autour des barraquements, dont l'ouverture était dirigée vers le centre de l'enceinte ne nous permettant pas d'observer les diverses entrées et sorties, allées et venues des soldats, quand j'ai appris qu'un intrus sabotait les autres campements de nos postes avancés, j'ai pris une décision difficille avec mes sous officiers..."
Khaléo se pencha sur la table et, ramena vers lui les différents croquis du camp et les tracés du "damier" de rigoles dans le camp, le montre à tous en le passant devant les yeux de tous ses sous officiers et revient à sa place.
"-Comme vous avez pu le constater, nous avons donc optimisé ici... et là... l'espace et les voies d'accès dans le camp afin que les tentes ne gênent plus l'entrée, et, la sortie des chevaux et du bétail dans le camp, les rigoles que nous avons délibérément creusées servent à receuillir les trop plein du mélange goudronné que nous avons décidé, la semaine dernière en raison des fortes pluies de ces derniers jours, de répandre sur les pallissades, ainsi si vous..."
Traces des lignes avec une plume sur la carte, qui représentent les cordes qu'il à disposées et faites attachées entre les tentes, piquets de tentes, qui sont reliées entre elles et communiquent toutes avec des points stratégiques, des pilliers de soutient des palissades, des tour de guet et du camp.
"-...Si vous suivez ces tracés... vous vous rendrez compte que ces aménagements servent un double emploi au sein du camp, non seulement ils servent à optimiser l'espace et réapprendre aux soldats à faire attention à leurs déplacements dans l'enceinte, améliorant également la qualité d'observation visuelle espacée sur l'ensemble du campement, mais permet aussi de repérer rapidement les tir au flanc qui ne sortiraient pas assez rapidement de leur tente au son du clairon matinal."
Le commanant s'approcha de Denna, près, fort près, dans un excès de confiance qu'il espérerait "payant", lui murmurant à mi voix :
"-Maintenant que nous sommes tous enfermés ici et que votre garnison est dans l'enceinte, je vais pouvoir enfin révéler la véritable utilité de ces installations, qui ne figurent dans aucun autre camp, la raison également de l'affaiblissement volontaire de chacun de mes hommes, et j'espère qu'en tant que Mord Sith vous pourrez.. apprécier l'ingéniosité cruelle du plan que j'ai établi dans l'espoir... d'attraper ce petit salaud qui nous cause tous de sérieux problèmes..."
Putain... j'étais chaud là... et pouvait paraître drôlement audacieux et chargé d'ambition sur le coup, mais je savais que ça pouvait être efficace malgré les apparences d'auto-sabotage du camp qui, servait plusieurs desseins, je pouvais... peut être jouer sur plusieurs tableaux, pourvu que je ne m'embrouilles pas moi même dans mes propres explications, fallait être crédible, je revint à la table après ce petit "entracte" qui laissèrent l'assemblée se mettre à jazzer entre eux, les discutions entre les officiers allaient bon train quand je demandai le silence pour continuer de m'expliquer, certains d'entre eux étaient étrangement nerveux, surtout le type assis dans le fond qui tappottait son pied au sol en se rongeant les ongles, il avait l'air d'avoir quelque chose à se reprocher mais ça ne m'empêcha pas de continuer :
"-Maintenant que les troupes d'Elites et les Mord Sith ont pris possession de notre camp, Je peux dés à présent vous révéler en toute quiétude et sans risque de représailles, ou atteintes à ma vie de la part de notre intrus, que, ce camp à été volontairement transformé en piège par mes soins, et l'aide de mon sous commandant en qui j'ai entièrement confiance, offrant une opportunité unique a cet espion de se saisir d'un camp aux apparences affaiblies, sous gardée, où la sécurité pourrait sembler chancelante, je ne me serai pas permis de réduire nos effectifs, et jouer avec la vie de nos soldats à cause d'un agent double, qui, sème la zizanie parmis nos rang, agent, qui, devrait se trouver ici même dans cette tente, qui n'aura pas résisté à l'appel "facile" de ce camp en déroute, sachez que désormais ce camp sera votre dernier fait d'armes et que vous ne troublerez bientôt plus nos opérations, mais malgré mes efforts, je n'ai malheureusement pas su débusquer moi même cette personne avant l'arrivée fort appréciée de notre nouvelle commandanture."
Le type qui tappotait son pied au sol depuis tout à l'heure crispait ses mains ensembles, posant parfois sa main sur son sabre, je ne le savait pas mais cet homme détestait depuis longtemps le commandant de ce camp pour avoir fait exécuter sa famille, et depuis toujours avait rêvé de s'en venger, là il flippait parce qu'il avait l'impression qu'il avait deviné ses intentions, qu'il avait fait venir les Mord Sith pour lui, qu'il allait être débusqué, démasqué, que le rideau allait tomber, il faut dire que la pression était à son comble dans la salle et aurait pu faire péter un plomb à n'importe qui, surtout un mec qui à quelque chose d'aussi lourd sur la conscience.
"-Sachez qu'il est, dés à présent inutile de penser à vous échapper désormais, je n'ai qu'a retirer un des piquets de ma tente du sol et libérer la corde pour créer un effet domino qui, feront tomber les deux tours de guet nord, et deux tour de guet sud en face des portes pour bloquer leur accès, que le camp sera plongé dans un damier de mur de flammes qui vous empêcheront d'atteindre les pallissades en feu pour les grimper, que les diverses tentes, et ratelier seront emportés au centre du camp, au centre d'un brasier incandescent et vous laisseront tous désarmés... Je crois qu'il est inutile que..."
Je fus le premier surpris, je ne m'attendais pas à ce retournement de situation, l'homme se leva de sa chaise et me fonça dessus en se jetant sur la table avant de sortir son sabre et de gueuler "JE VAIS TE TUER !! SALAUD !!" se ruant sur moi pour tenter de me planter d'un coup d'estoc, j'eus juste le temps de faire un pas de coté et de protéger Denna d'un second coup que je pris dans la hanche, maintenant son arme en serrant mes mains sur son épée, c'était... c'était une occasion inespérée, si je m'attendais à un revirement aussi théatral qui, venait appuyer à point nommé ma "stratégie" j'avais le cul bordé de nouilles, une chance incroyable, je souriait alors que j'étais embroché, j'étais intérieurement euphorique, il tourna son sabre d'un quart dans ma hanche pour essayer de repartir dans l'autre sens et me causer des dégats internes plus important pour s'assurer de me tuer, chose que ma poigne impressionnante ne lui laissa pas faire, comme il venait d'essayer de me tuer en face de tout le monde j'avais le droit également d'intenter à sa vie, occasion que je ne ratais pas en sortant sa lame de mon corps, pour lutter contre sa propre force alors qu'il redressa la pointe de sa lame vers mon cou, que j'eus juste le temps de dévier en appuyant mes mains sur la garde de son sabre pour que son sabre s'enfonce dans son gloatre, transperce son palais et ne lui entre dans la boite crânienne avant de ressortir par le haut de sa tête, il choit à mes pieds, j'étais réellement choqué, parce que je ne m'y attendait pas, d'ailleurs j'en tremblais encore des jambes et des bras, observant mes mains ensanglantées.
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Denna n’était pas convaincue. Le plan lui semblait trop complexe pour en être un. On détache une corde et une réaction en chaine s’amorce pour faire écrouler la moitié du camp, désarmer d’éventuels ennemis et incendier tout le périmètre sous prétexte d’attraper un espion ? Ça lui paraissait trop haut en couleur pour elle, mais elle le laissa pourtant continuer dans son délire, sans s’énerver. La Mord-Sith ne faisait qu’écouter et c’est ce qu’elle allait faire jusqu’à ce que tous les officiers aient pris la parole. Pour l’instant l’avis de la jeune fille était que soit Khaléo était un espion qui se moque d’elle, soit c’est un commandant qui a trop lu de roman de stratégie irréaliste. A la guerre, plus un plan est simple, plus ses chances de succès sont grandes.
Toutefois, la donne fut changée lorsqu’un homme se jeta sur la table en hurlant. Aussitôt, l’Agiel avait sautée dans la paume de la Mord-Sith. Ses pupilles légèrement dilatées étaient le seul signe extérieur qui montrait que le contact avec cet artefact provoquait une douleur impossible à ignorer, même pour une femme comme elle. Denna n’eut pourtant pas à se battre, car l’homme se battait avec Khaléo, qui eut rapidement raison de son adversaire, le tuant sur le coup. Devant cette bagarre impromptue, les officiers commencèrent à s’agiter sous la tente, lançant des invectives qui se retrouvaient noyées dans un maelstrom de stupeur et d’incompréhension. Berdine mit vite un terme à l’anarchie en faisant rasseoir et taire les gradés de par son charisme, ou par des coups d’Agiel lorsque ça ne suffisait pas. La Mord-Sith laissa quand même le sous-commandant aider son supérieur à épancher sa blessure.
-Appelez les infirmiers, ordonna Denna au sous-commandant. Je n’aimerais pas que notre héros du jour succombe bêtement.
La grande blonde était restée calme dans cette anarchie. D’après ce que le fou furieux avait hurlé, ce n’était pas après elle qu’il en avait, sinon il aurait sans doute eu la décence de la qualifier de « Salope » plutôt que son équivalent masculin. Elle avait donc rangé son arme et s’était enfermée dans une réflexion silencieuse. Elias, à ses côtés, était pétrifié et n’avait pas lâché un son depuis l’incident. En attendant les infirmiers, Denna comptait bien poursuivre la réunion. Khaléo était peut-être blessé mais ce qui allait être dit l’intéresserait sans doute. Et puis, c’est un soldat d’Ashnard, ce n’est pas une petite blessure qui va le déconcentrer.
-Elias ? Qu’as-tu perçu ? Demanda Denna au jeune homme.
Le garçon mit un moment avant de répondre. Le silence se fit alors que tout le monde attendait de savoir ce que ce petit freluquet avait « perçu » - pour reprendre le terme de la Mord-Sith -. Ce dernier déglutit difficilement et commença à parler d’une voix qui était plus assurée que le laissait figurer sa mine choquée.
-Il y avait de la fierté, du stress et de l’excitation chez le commandant lorsqu’il a pris la parole, commença Elias. Je suis resté concentré sur lui pendant un moment lorsqu’une forte angoisse, venant de l’homme qui vient de mourir, ne me frappe de par son intensité. Cette peur augmentait tandis que le commandant parlait et elle a fini par se transformer en colère…
Denna resta songeuse devant l’analyse du jeune homme. Elle ne dit pas un mot jusqu’à ce que les infirmiers arrivent et proposent leurs soins à Khaléo. La Mord-Sith en profita pour lever la séance d’un « Rompez ! » net et autoritaire. Elle fut d’ailleurs la première à sortir de la pièce, mais prit tout de même le temps de lâcher quelques mots à Khaléo.
-Je garde le commandement jusqu’à ce que je sois intimement persuadée qu’il n’y a plus d’espion dans votre camp. Cependant, je suis un peu plus optimiste quant à vos chances de réintégrer votre poste, commandant.
Sur ces mots, elle sortit de la tente, suivie de près par Berdine qui lâcha un regard mauvais au commandant blessé. Elle eut tôt fait de rattraper sa collègue qui descendait la petite butte où était installé le pavillon de commandement. Cette dernière était impassible comme à son habitude alors que Berdine semblait à la fois outrée et furieuse.
-Tu ne crois tout de même pas à son charabia ? demanda la petite brune en secoua l’épaule de sa consœur. Monsieur « j’attache des bouts de ficelle entre eux pour capturer des espions ». Enfin Denna ! Tu vois bien que c’est complètement ridicule. Tu ne peux pas croire à ça.
-Et pourquoi pas ? Fit-elle en haussant des épaules. C’est un commandant un peu exubérant, mais je moque bien de la méthode par rapport au résultat. L’homme qui est mort était un espion. Elias l’a presque confirmé et il s’est trahi tout seul. Je regrette simplement qu’il soit mort. Nous aurions pu l’interroger.
-Et tu crois que c’est une coïncidence ? Tu vas me dire qu’il n’avait pas d’autre choix que de le tuer alors que la tente était remplie d’alliés ?
-Je pense que ce qui te chagrine dans l’histoire c’est que tu n’as plus rien d’autre à torturer qu’un cadavre. Je suis une Mord-Sith et non une foutue inspectrice. Je vais m’arrêter là niveau investigation, car je m’estime convaincu qu’un espion est mort et qu’un officier a prouvé sa loyauté à l’empire.
Berdine voulut rajouter quelque chose mais sa voix mourut dans sa gorge avant de pouvoir dire quoique ce soit. Denna fit donc volteface et s’éloigna de la tente de commandement pour prendre un peu de repos dans le petit camp au milieu du camp, qu’avait préparé les membres de son escouade. La nuit porte conseil et il fallait encore qu’elle décide combien de temps elle allait rester ici avant d’être sûr que cet endroit était définitivement débarrassé de l’ennemi.
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C'est vrai... son plan était tellement alambiqué, compliqué à comprendre et d'une ingéniosité qui dépasse probablement la moyenne de la compréhension d'un esprit d'une durée de vie centenaire, donc, humaine, que ça aurait non seulement pu paraître "énorme" mais, fait pâlir de honte Mc Guyver... Mais pourtant c'était bien le cas... Les cordages attachés aux nombreux piquets de tentes formaient une "nébuleuse" dépressionnaire, comme une énorme chateau de carte dont la base était soutenue par une centaine de ces dites cartes et que chacune avait son importance sur l'équilibre et le maintient du "tout" si une chute de pression, de force tendue à un endroit devait se produire, les piquets de tente s'en verraient arrachés, ils sauteraient les uns après les autres de plus en plus rapidement dans une formidable succession de réactions en chaine qui, entrainerait toutes les cordes au centre de cette "nébuleuse" qui, comme les jeux de cordages permettant à une baliste une force telle qu'elle propulse un madrier de plusieurs centaines de kilos, entrainer les divers points d'attache au centre du camp.
Points d'attache qui se trouvaient donc sur les tentes, quelques rateliers d'arme, et les tours de guet, tour de guet comportant des braséros remplis de charbon incandescent qui, une fois les tours fracassées sur le sol, se répandraient et mettraient donc feu aux rigoles qui répandraient les flammes jusqu'aux palissades.
Quoi qu'il en soit, c'est vrai qu'en y réfléchissant un peu, là, avec assez de recul c'était foutrement tordu et un peu trop méticuleux pour un commandant de camp, malgré moi qui pensait que c'était tout à fait "normal" j'allais sûrement passer pour un excentrique, un illuminé du bocal... tant auprès des Mord Sith que de mes sous officiers désormais...
Tant pis, le "mal" était fait et c'était trop tard... Mais par un heureux concours de circonstances je m'en était plus ou moins bien tiré, j'avais de la chance, une chance qu'il ne faudrait pas gâcher, qui n'allait sûrement pas me soutenir jusqu'au bout, c'était déjà pas mal j'avais fait avancer un pion très hasardeux sur l'échiquier et le résultat avait été bien improbable, quand on joue au poker il faut savoir aussi quand s'arrêter et j'étais allé déjà beaucoup trop loin, et à voir la réaction de l'autre Mord Sith, Berdine qui venait juste de sortir avec Denna, j'avais l'impression que j'avais tout interêt à agir, et m'emparer de ce que j'étais venu chercher ici, retoucher terre avec mes pieds et sortir de ce jeu, de ce costume qui, commençait à déteindre sur ma personnalité, comme dit Nietzsche, l'esprit n'est qu'un jouet pour le corps, le récipient qui le possède, et auquel il s'adapte, cette farce devrait prendre fin, j'en devenais moi même malade.
Malade du stress et de la tension que je venais de subir, j'étais blessé... même si ça pouvait paraître grave, pour une personne atteinte de tigranthropie latente, ce n'était pas grand chose, tous quittèrent ma tente sauf le médecin et mon second, à qui je donnai immédiatement congé d'ailleurs, je n'avais pas besoin de médecin pour ça, et, s'il avait vu la couleur de ma "peau" j'aurai eu des problèmes, en plus de celà, j'avais des documents à faire disparaître, je leur intimai donc prestement de me "foutre la paix" et de sortir de ma tente au plus vite, une fois que j'avais obtenu ce que je désirai et que tous furent enfin sortis, je me précipitai en dessous de ma couche pour m'emparer des différents carnets, et livres de voyage, que je jetais un à un, pas de précipitation, dans le braséro de ma tente, si je les faisait tous bruler d'un seul coup, non seulement celà aurait produit beaucoup trop de fumée, mais j'aurai pu tout aussi bien crâmer ma propre tente et enclencher le système vicieux que j'avais mis en place avec mes foutues cordes, et celà aurait fini d'attirer l'attention sur ma personne.
Celà prit un moment mais quand j'eu enfin détruit tous ces documents, je fit pareil avec les cartes et les annotations, comme je n'étais plus assigné à résidence, et donc confiné dans ma tente, je décidai de prendre l'air et, de faire un tour sur le chemin de ronde pour m'aérer l'esprit mais surtout, me permettre de repérer l'emplacement des soldats d'Elite et d'un petit campement "séparé" du reste, celui des deux Mord Sith, qui ne se mélangeaient même pas aux soldats d'Elite, même eux semblaient être à peine considéré par leur consoeurs, en repensant à la façon dont Berdine s'était chargé de calmer les officiers dans la tente, à coup d'Agiel sur la gueule à proprement parler, ces femmes n'avaient pas plus de respect pour un soldat que pour le moindre être humain, la froideur cruelle de leur regard ne reflettait pratiquement aucune autre forme d'émotion que celle d'une fierté et une volonté quasi inébranlable d'arriver à leurs fins peu importe les moyens.
Rester là et attendre que les choses se tassent ? Je pourrai... je pourrai probablement faire ça, m'évanouir dans la nature et, recommencer avec un autre camp en espérant que les Mord Sith se séparent pour s'occuper des différents camp de l'alliance, et avoir une autre chance de m'en prendre à l'une d'elle, mieux isolée, mais à ce stade, c'était prendre de gros risques pour rien, deux semaines que j'étais ici et que j'attendais qu'elles se montrent, il y avait de quoi être impatient d'en finir.
La tombée de la nuit... sur le camp ne restaient que quelques torches allumées, et le feu de camp au centre de l'enceinte, qui laissaient des tentes et de la sempiternelle sentinelle de nuit patrouillant entre ces dernières, danser de leurs ombres rendues irréelles glissant sur les rondins de bois formant la palissade, ombre parmis les ombres, Khaléo avait revêtu son armure sombre, sa longue cape munie d'une capuche noire déchirée et usée sur le bas, qui rendait imprécis, hachurés et indéchiffrable chacun de ses pas feutrés, silencieux, alors qu'il s'arrêtait derrière chacune des tentes, ses os... ses muscles et ses tendons souples de par sa subtile ascendance féline éliminaient par danse et jeu d'amortissement de ses pas de l'orteil, à la plante des pieds, de son tendon d'achile et muscles de ses pieds jusqu'a ceux de sa nuque et son visage, chacun de ses mouvements, frottements de tissus, ou de plate d'armure pratiquement inaudible, éliminé de l'équation a 99 % de leurs sons habituels, seule une oreille réellement attentive, concentrée et experte aurait pu déceler sa présence, si les crépitements des flammes, des hullulements d'oiseaux divers, du vent même dans la nuit en laissaient toutefois la chance.
Il s'approcha de la tente des Mord Sith, en passant toujours derrière les différentes tentes en opposition au regard et au passage de la sentinelle pour échapper à sa vigilance, espérant que les Mord Sith soient assez "consciencieuses" dans leur travail pour monter la garde tandis que l'autre peut se reposer, les chevaux étaient disposés comme il l'avait demandé, deux à l'entrée nord, deux au sud, il se trouvait désormais derrière leurs tentes, et par "chance" s'il on peut dire celà de cette façon, lorsqu'il arriva ce fut au tour de Berdine, réveillée par sa partenaire de monter la garde, arrivant donc pile poil lorsqu'elles échangeaient leurs rôles, il attendrait quelques minutes pour s'assurer du sommeil de "maîtresse" Denna.
Il découpa l'arrière de la petite tente de Berdine en sortant ses griffes de façon à la traverser et se retrouver "dos" à cette dernière, portant ses yeux prudemment sur la position de son Agiel à sa ceinture, il ne faudrait pas qu'il le touche, bien qu'il ne connaisse pas exactement l'étendue de la douleur qu'il provoque, il en à eu un aperçu tout à l'heure lors de la réunion exceptionnelle, et s'en méfie donc, si ce truc venait à le faire crier il réveillerait tout le camp, donc, il s'approcha près... très près du dos de la Mord Sith encore à moitié éveillée après l'interruption de son sommeil, pas donc encore très dégourdie ni vive d'esprit, il ne fait pas dans la dentelle, il plaques d'abord vivement sa main gauche sur sa bouche pour qu'elle ne crie pas et attrapes ses poignets l'un après l'autre, mais d'abord celui de la main se trouvant du coté de son Agiel, en clef de bras extrêmement douloureuse dans son dos, après s'être pris quelques coups de coudes dans la hanche encore blessée, ou dans sa mâchoire, il parvint à la maitriser, enroulant sa queue de tigre bien entrainée autour de la gorge pour l'étouffer, l'emmener dans sa propre tente et finir le savoureux travail de prédation sur son corps, continuer de l'étouffer en "caressant" sa gorge de bas en haut en resserrant petit à petit son étreinte, sentir... ses forces... la quitter progressivement... c'était quelque chose qui ravissait le coté prédateur, le tigre en lui, ses jambes s'enlaçèrent autour des siennes, pour les écarter, pour qu'elle ne fasse rien tomber aussi, il mit à mal la souplesse de son dos, bon dieu qu'elle résistait drôlement bien à la douleur de ses bras pliés en arrière à la limite de la rupture, il fallut de longues secondes, voir une minute, ou deux avant qu'elle ne s'étouffe assez pour tomber dans les vappes.
Une fois que ce fut fait, Khaléo traina son corps à l'arrière de la tente en la traversant, et ressortant par le trou qu'il y avait fait, s'arrêtant avant de sortir, la sentinelle était en train de passer, puis, une fois qu'elle dépassa la tente il sortit, lui, et le corps inanimé de la Mord Sith, elle n'était pas morte, juste inconsciente, il la traina jusqu'a la porte sud du camp et posa, ficela le "paquet" à l'arrière du cheval qui semblait le plus robuste des deux, malheureusement, lorsque la sentinelle, qui, était beaucoup plus alerte du moindre détail, puisqu'il s'agissait d'un soldat d'élite accompagnant les Mord sith dépassa la tente de Berdine, il remarqua qu'aucune des deux étant sensées monter leur propre garde n'était debout, il n'hésita absolument pas une seconde pour courrir jusqu'au porte-clairon et sonner les trois coups d'alarme qui retentirent dans la nuit.
"-Merde..." lachais-je simplement, détail qui, m'avait échappé, je me précipitais avec mon couteau de chasse près d'une tente avant que l'agitation ne soit à son comble, et fit sauter deux piquets de tente pour que le cordage soit libéré, entrainant chaque piquet de chaque tente dans son jeu de domino qui, s'accéllérait à chaque fois que l'un d'eux était arraché par la pression de la corde, les baches des tentes des soldats "normaux" du camp furent comme "aspirées" au centre de l'enceinte, enfermant ces derniers dans la toile de ces dernières comme s'il eut s'agit de sacs, les rateliers d'armes attachés également furent entrainés au centre de ce bordel, parfois une arme ou deux se détachaient du ratelier pour tomber par terre à l'emporte pièce, les cordes tournaient en continuant leur torsion instoppable pendant que les soldats d'Elite sortaient de leur propre tentes et campements épargnés par ce dangereux engrenage, ce furent les tours de guet nord, les premières à céder de leur pieds "tirés" par les cordes, brisant leur stabilité pour qu'elles se mettent à chanceler, et, finir par tomber donc au sol, répandant comme prévu le charbon brûlant des braseros qu'ils comportaient au sol, enflammant les premières tranchées de rigole dans le camp, qui mettraient quelques secondes à atteindre les palissades.
Mais, ça ne serait pas un plan s'il n'y avait pas quelques cafouillages, quelques petits ratés dans son éxécution, la seconde tour de guet nord tomba effectivement sur la première mais tant qu'elle ne brûlait pas complétement, laissait une ouverture, formant une sorte de "pont" sous lequel il était encore possible de sortir, Khaléo courrut jusqu'a sa monture et sauta d'un bond agile par dessus le corps de Berdine avant d'attérrir sur la selle, attraper les lanières en cuir et frapper les étrier sur les flancs de la bête, qui hénit épouvantablement en se redressant sur ses pattes arrières, effrayé par les flammes, ça non plus je ne l'avais pas mis dans ma putain d'équation, son hénnissement et son cabrage eurent tout le loisir d'attirer l'attention sur ma personne, et moi, idiot, "bandit" "pirate" que j'étais à cet instant, je n'hésitait pas à les saluer ironiquement, tel un comédien sortant de scène, secouant un chapeau imaginaire tenu dans ma main, en me courbant bien bas avant de me redresser prestement sur ma monture, quand ses pattes avant rejoignirent enfin le sol pour partir au triple galop, complétement emballé et stressé qu'il était ce con, les tours de guet sud se mirent à leur tour à s'écrouler, barrant cette sortie aux soldats qui, s'étaient précipités épées toutes brandies dans ma direction, j'eu juste le temps de sentir deux carreaux d'arbalète filer juste à droite, et à gauche de ma tête, avant que les tours ne s'écroulent, me signifiant à quel point j'avais eu de la chance, encore, jusqu'ici.
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Denna s’éveilla péniblement au son du tocsin. Elle venait juste de s’endormir et avait les sens engourdis par le sommeil. Ignorant comme d’habitude les caprices de son corps, elle réussit à se lever et sortir de sa tente, assez tôt pour voir un amalgame de toile et de ficelle être emporté comme par une immense bourrasque. Le feu se déclarait à plusieurs endroits du campement, se propageant dans les rigoles. Fort heureusement, le camp des Mord-Sith était épargné par cette catastrophe puisqu’il était à l’écart et que le premier qui se serait avisé de creuser une trancher au milieu, aurait offert à tout le monde un somptueux concert de râles et de cris de douleur, savamment orchestré par les femmes en rouge.
Denna n’avait pas besoin de la lumière des torches pour distinguer ses propres troupes, des idiots qui composaient la garnison. Eux, ils ne couraient pas dans tous les sens, cherchant désespérément leur arme où un officier près duquel s’organiser. La plupart était déjà en armure, d’un calme olympien, et en train de s’organiser pour faire face à la menace, quelle qu’elle soit. La Mord-Sith ne voyait pas sa consœur dans tout ce remue-ménage, mais elle était prête à parier qu’elle était un peu plus loin en train de brailler des ordres à tous ceux qui passaient à sa portée. Laissant donc Berdine à ses affaires, Denna avisa enfin ce qui avait provoqué le cataclysme. C’était un homme à cheval qui tentait de maitriser son cheval effrayé. Comme tout bon fuyard, il tenait un autre équidé par la bride qui portait ses affaires. La Mord-Sith ne voyait pas bien ce qui se trouvait sur la selle et n’y fit pas plus attention. Son regard noisette était fixé sur l’homme qui narguait les troupes. Sa silhouette fut le déclic qui lui permit de réaliser que seul le commandant avait pu prévoir l’effet de son piège et ainsi s’en servir. Le félon l’avait trahi et elle avait eu tort. Pourtant, La fureur ne prenait pas possession de Denna comme elle aurait dû le faire pour une femme normale – ou même pour une Mord-Sith normale -. Elle restait d’un calme froid. C’était un effet collatéral dû à son entrainement, lorsqu’elle a été brisée. Denna n’a pas de fierté ou d’amour-propre, même si elle le simule parfois pour se faire obéir de ses hommes. S’être trompé ne lui écornait même pas son égo. Seule la perspective d’une traque « l’ennuyait ». Oui… C’est le bon mot…
-Arbalètes ! cria Denna pour couvrir la cacophonie ambiante.
Suite à cet ordre, cinq hommes s’avancèrent, posèrent un genou au sol, et tirèrent une salve de carreaux qui se dirigeaient tous vers le cavalier en fuite. Aucune ne fit mouche et pour arranger le tout, la tour de guet s’effondra juste derrière le fuyard. Denna eut un semblant de grimace, seul signe extérieur que la situation la contrariait un minimum, et se retourna vers son second qui l’interrogeait du regard. La Mord-Sith se mit alors à distribuer ses ordres d’une voix forte mais qui ne trahissait aucune émotion. Concise, claire et efficace.
-Qu’un groupe rassemble nos chevaux et prennent des vivres. – Elle se tourna ensuite vers le reste de la troupe amassé autour d’elle - . Les autres trouvez de quoi faire un bélier pour abattre un morceau de palissade et éteignez le feu à cet endroit pour que nous puissions passer.
Pour rassembler les chevaux, cela allait être plus facile qu’on le pense. Ils s’étaient sans doute rassembler dans un coin et même s’ils avaient peur, ils étaient assez bien dressés pour ne pas cavaler au hasard en écrasant tout sur leur passage. Pour la palissade, ça allait être plus compliqué. Le temps qu’elle soit abattue et que le feu soit suffisamment maté pour que les chevaux acceptent de passer, Khaléo avait le temps de leur mettre plusieurs kilomètres dans la vue.
-Et cherchez-moi Berdine, ajouta Denna avant de l’oublier.
C’est alors qu’un arbalétrier se mis devant Denna, ne prenant pas le temps de la saluer vu l’urgence de la situation.
-Maitresse Denna, J’ai vu maitresse Berdine inanimée sur le cheval de l’ennemi… J’en suis sûr.
Vint alors un moment plutôt comique lorsque Denna se mit à fixer le soldat d’un air incrédule. Elle resta un instant sans bouger, assimilant ce qu’il venait de dire. C’est un peu comme si on lui annonçait que cet « ennemi » avait choisi délibérément de mettre un hérisson dans son pantalon et qu’il avait décidé de faire du trot en montant à cru.
-Il faut être cinglé pour kidnapper Berdine, se dit-elle à haute voix.
Le soldat acquiesça vigoureusement – un peu trop que ce qui lui était permis en temps normal – et partit se mettre dans un des groupes que Denna avait formés. La Palissade affaiblie pas le feu céda vite sous les coups vigoureux des soldats qui se servaient d’un tronc pour l’enfoncer. Par contre, comme Denna l’avait prévu, le bois imbibé depuis plusieurs jours de goudron, avait du mal à s’éteindre. L’autre groupe avait déjà rassemblé les chevaux et commençait à les seller en vitesse alors que les « pompier » commençaient à peine à gagner du terrain sur le brasier. Au bout de longues et précieuses minutes, la boue et l’eau aspergée sur la palissade abattue, avaient étouffé les flammes, permettant aux cavaliers de passer. Encore quelques minutes plus tard et toute la compagnie de Denna était sur un cheval et traversait le « pont » qui passait au-dessus du fossé en flamme. La chaleur avait de quoi roussir les oreilles des pauvres bêtes, mais les cavaliers expérimentés arrivèrent à faire obéir leur monture à force de coup de talon et d’apostrophes autoritaires. Toute la troupe se mit alors à galoper, laissant les chevaux donner libre court à leur instinct qui leur hurlait de s’éloigner des flammes. C’est alors que le second de Denna força un peu l’allure et se mit à sa hauteur pour lui faire part de son inquiétude.
-On ne sait pas où cette vermine d’espion a pu aller. Il fait trop noir pour pouvoir le pister.
-Je sais où il va capitaine, informa la Mord-Sith avec son éternelle voix ennuyée. Je ne pense pas qu’il sera assez fou pour s’enfoncer dans l’empire avec une Mord-Sith sur son cheval. Ensuite, s’il veut sortir de l’empire, il devra passer par les landes dévastées. Je ne pense pas que vous ayez vu assez de vivre pour une telle traversée sur son cheval ? Donc, il va faire une halte à Azrith qui est la seule ville lui permettant de ne pas rester trop longtemps dans nos frontières. Il se ravitaillera là-bas… Enfin je crois.
Denna haussa les épaules et donna un coup de talon pour distancer son capitaine, lui signifiant ainsi que le débat était clos. Malgré le peu d’intérêt que montrait la jeune fille, elle était sûre de ce qu’elle disait. Berdine allait être un fardeau bien plus lourd qu’une simple prisonnière. Il ne pourrait jamais passer inaperçu trop longtemps sur le territoire Ashnardois et se rendra compte qu’il doit absolument faire retraite. La plus proche cité libre était sans doute Nexus, mais il fallait traverser les landes, et on ne s’y aventure pas avec un quignon de pain et une gourde. Malgré la désinvolture avec laquelle elle avait été énoncée, la théorie de Denna tenait la route. De plus, le soleil allait se lever dans quatre ou cinq heures. Les éclaireurs de l’unité n’auront sans doute aucun mal à suivre les traces de deux chevaux chargés tout deux d’une personne.
La cavalcade dans un paysage d’ombre à nuance grise devint vite monotone. Seul les quelques étoiles qui parvenaient à percer les nuages d’ébène, éclairaient la route des chevaux qui tambourinaient le sol, leur poids rendu imposant par les hommes en armure qui les chevauchaient. Le bruit lancinant et hypnotisant n’était dérangé que par la respiration rauque des équidés, plongeant les cavaliers dans une léthargie ouatée. Dans cette transe où le temps perdait de sa substance, Denna se mit à réfléchir quant à l’enlèvement de Berdine. Au début, cela lui avait paru tellement improbable qu’elle ne s’était pas demandée « pourquoi ? ». La jeune fille ne voyait vraiment pas de quelle utilité pouvait être une Mord-Sith. C’était improbable que ce soit l’Agiel qui l’intéresse, car ce genre d’arme, même s’il est très rare, ne peut être utilisée que par quelqu’un qui a reçu un entrainement de Mord-Sith. Quant à Berdine elle-même, aucune torture ne pouvait lui faire avouer quoique ce soit. La thèse la plus probable est que quelqu’un souhaite se venger de Berdine. Oui, pour Denna c’était de loin la théorie la plus probable. Quelqu’un qui souhaite tuer la cruelle brune pour venger un de ses proches qui serait passé par ses bons soins. Si Denna avait raison sur ce point, alors la capture de sa sœur ne serait pas si grave, car inoffensive pour l’empire et donc pour l’empereur. Mais si elle pouvait sauver une Mord-Sith, si long et difficile à former, alors elle ne crachait pas non plus dessus. En fait, elle voulait surtout capturer Khaléo. Cet objectif passait bien avant celui de sauver Berdine.
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Un cavalier sombre dont le plastron noir de sa cuirasse taillée sur mesure semblait absorber la lueur de la lune par jeu de reflets huilés, ombres d'un métal rare, le tallum, malgré l'usure et les trop nombreuses entailles, lacérations de lames diverses, traces de réparations et de recabossage / reforge de cette cuirasse qui, à subi bien des perforations à l'aide de bec de corbins, à de trop nombreuses reprises, par nostalgie réparée, le guerrier noir traverse donc les vastes plaines d'Ashnard pendant dans la nuit, filant à une allure que seul l'effroi et la survie dicte à son destrier.
En pleine course le cavalier se penche, et détaches les éléments d'armure qui protégent mais aussi alourdissent sa monture, tout autour de la robe du canasson, laissant les plates d'armure tomber sur la route, la dernière trace de son passage sur ses terres fut le casque même de l'animal jeté par terre, libre, ils étaient libre, tous les deux, le cheval de son armure, lui, de son déguisement, de son "jeu" respirant à pleines bouffées l'air comme s'il respirait enfin pour la première fois depuis deux semaines, il se surprit même à se dresser sur ses jambes, se lever sur sa monture, droit et fier et rugir de plaisir, du plaisir de sa liberté et d'être enfin redevenu lui même, effrayant les animaux aux alentours sur une bonne mille, sa monture elle même fut la première surprise, paniquant en effectuant une ruade qui aurait bien pu le désarçonner, coupant court à son "cri" de joie pour qu'il remonte sur la selle, puisqu'il avait glissé sur le flanc gauche de la bête.
Derrière lui les flammes du camp ne ressemblaient plus qu'à de petits points lumineux dans l'horizon, son sourire se libéra au grand jour, son visage fouetté par sa capuche engouffrant le vent tandis qu'il tournait une dernière fois son visage vers l'arrière comme pour s'assurer que tout était fini. La cavalcade dura toute la nuit, sans répit pour sa monture, aussi puissante et endurante pouvait elle être, elle avait bien du mal à supporter le poids de presque trois personnes sur son dos, son corps bien bâtit laissait, au petit matin, apparaître toutes ses veines d'effort à la surface de son pelage, haletante, elle était épuisée, pourquoi avait je parlé du poids de trois personne à supporter sur son dos, déjà ? Ah... je m'en souvient... le poids de l'effroyable, monstrueuse lame qu'il portait dans son dos n'était pas négligeable pour l'animal, qui fut bien usé de sa nuit, de son stress et des os pratiquement douloureux de son dos à force de nous porter.
J'avais su fermer ma bouche, mes dents serrées, car je savais que cavalcade endiablée rimait également avec "langue coupée" lorsque vous forcez le cheval à s'emballer, je n'avais pas su ménager ma monture, Azrith était encore à quelques kilomètres et nous avançions désormais au petit trot, j'avais seulement voulu mettre assez de distance entre moi et mes poursuivants, si toutefois j'en avait, peut être avais je eu de la chance après tout, peut être n'avaient ils pas regardé dans quelle direction je m'étais enfui, mais je savais très bien au fond de moi que ce serait sous estimer une troupe d'Elite et, ces Mord Sith, même si j'en tenais une derrière moi, bien ligotée.
Khaléo n'avait pas d'autre choix que d'effectivement se rendre à la ville d'Azrith s'il ne voulait pas perdre trop de temps sur ce territoire, dernier arrêt avant la frontière et, de traverser les vastes plaines des dangereuses landes dévastées, il était parti sans provisions mais il n'avait pas eu le choix, si son entrainement et son organisme lui permettait de résister à une faim et une soif de quelques jours, il doutait que ce soit le cas de sa monture et accessoirement de la Mord Sith, traversant un petit bois aux abords du village à pied, tenant sa monture par la bride, il s'enfonça dans les arbres pour atteindre une petite clairière encerclée de buissons et d'assez de végétation pour cacher son cheval et la Mord Sith en montant un petit camp ici, Berdine commençait à se réveiller lorsque Khaléo était justement en train de la décharger de sa monture.
Elle se mit à se débattre, à hurler, lui jurer qu'elle allait lui arracher les yeux et tout un tas d'autres insanités que nous ne reporterons pas ici, mais que le mercenaire lui laissait proférer sans n'y voir aucun problèmes, elle avait le droit de se défouler, et puis nous étions encore assez loin de la ville pour que personne ne l'entende, mais, ce qui le surpris fut qu'elle arrive à dégager l'un de ses bras en se déboitant volontairement l'épaule et ce sans même qu'elle ne bronche, elle était déterminée à ne pas se laisser faire, j'avais compris ce qu'elle venait de faire, il m'était arrivé moi même d'avoir recours à ce genre de truc bien glauque pour pouvoir me sortir de situations périlleuses, mais voir une femme le faire sans broncher ça à de quoi vous laisser... interdit... le temps de quoi, quelques secondes ?
"-Alors comme ça, vous êtes réellement à ce point insensibles ? Je demandes presque à voir... Mais pour le moment tu ne me laisses pas vraiment le choix si tu ne restes pas tranquille et que tu ne fermes pas ta gueule, tu le sais, j'espère."
Si ce que j'avais entendu de la part des soldats à leur propos était vrai il faudra vraiment que j'uses moi aussi d'extrêmes précautions et solutions pour l'obliger non pas à obéir mais la forcer à rester tranquille, ça ne me plaisait pas de faire ça à une femme, mais comme elle était en train de m'y pousser je n'avais pas d'autres alternatives.
"-Comme je me doute que jamais tu ne te tiendra tranquille, je vais te faire regretter d'avoir sorti ton bras de là de cette manière."
Khaléo lui choppa son bras devenu à moitié invalide puisque déboité, et le tourna une fois sur lui même pour que ses nerfs et ses tendons s'emperlificotent au niveau de l'épaule et soient extrêmement douloureux, même si elle était une Mord Sith, une douleur pareille la laissa tout de même broncher, sans compter la torsion bien appliquée sur son poignet, et je ligotait son bras déboité comme ça, contre l'écorce d'un arbre, tordu, et en tension vers l'arrière, une personne normale se serait déjà évanouie sous la douleur, mais le visage de Berdine n'exprimait qu'un léger rictus de douleur en fronçant un rien les sourcils, si elle pouvait endurer ça, alors je n'osai imaginer le genre de trucs qu'il lui était permis d'endurer, même si, j'avais probablement assez d'imagination pour lui faire encore plus de mal, je répugnais à avoir à recourir à ce genre de méthodes elle était immobilisée et ça me suffisait bien comme ça, elle s'était calmée même, regagnant son expression froide habituelle, m'assurant gentiment que j'allais le payer tôt ou tard.
"-Permet moi de te débarrasser de "ça"."
Elle put donc ensuite comprendre que j'en avais après son Agiel, détachant avec précaution la ceinture qui maintenait son harnais, elle me cracha au visage, en visant dans les ombres de ma capuche, bien que ça me fasse autant d'effet qu'une brise légère effleurant la surface d'un lac, imperturbable je continuais donc mon oeuvre en prenant un soin particulier à ne pas mettre un seul doigt sur son "arme", loin de moi l'idée de toucher à cette saloperie, bien que la curiosité soit grande, je laisserai l'Agiel dans son harnais qui permettait de ne pas en ressentir les effets nuisibles inutilement, elle me demanda de lui rendre, que c'était le seul et unique qu'elle possédait, qu'elle y tenait plus qu'a sa vie, et bla bla bla, et bla bla bla cause toujours tu m'intéresses, je ne sais pas pourquoi, sur le coup j'avais envie de lui répondre un truc assez tordu, pour me marrer et qu'elle la fermes un petit peu.
"-C'est pour en faire un cadeau pour la princesse du Nexus, tu vois elle à tellement usé ses "jouets" qu'ils ne lui font plus aucun effet, elle voulait passer à la vitesse supérieure en s'offrant un nouveau god, un truc hardcore... Un truc dans ce genre..."
Dis-je en agitant son ceinturon et son Agiel face à son visage, retenant mal un sourire et un rire naissant, bien sûr c'était juste de belles grosses conneries que, je ne pensai même pas mais...
...Je rigolais tout seul de ma propre bêtise alors que la Mord Sith avait, sans doute pour la première fois de sa vie, le bec cloué, ne savait plus quoi dire avant qu'une légère, toute légère et infime trace d'un sourire ne se dessine sur ses lèvres, presque imperceptible, ce genre d'humour bien tordu avait apparemment laissé son imagination cruelle et prolifique divaguer assez pour qu'elle torde légèrement sa bouche pour donner ce qu'on pourrait appeller une sorte de sourire pensif, moi, j'avais dit ça pour plaisanter, mais à la voir limite y réfléchir comme si c'était en train de lui donner des idées de torture... Elle me foutait les jetons, j'en venais même à lui jeter un drap sur la tête pour ne plus voir cette expression sur son visage.
"-Bon, si tu restes tranquille ici, que tu es une fille bien sage et que tu ne te déboites plus rien je penserais même à te ramener quelque chose à manger et à boire, ça marche ?"
Aucune réponse de sa part, alors je pris ça pour un "oui" à défaut d'autre chose, je libérai le cheval de ses brides, et de toutes ses armatures, sa selle, je n'allais plus me servir de celui là de toute façon, il était hors service, il en avait beaucoup trop bavé, il avait bien mérité un peu de liberté, ça lui ferait du bien et il y avait des herbes à brouter dans tous les coins dans ce bois, une claques sur son cuissot et je le laissai partir, non sans être conscient que si j'étais arrivé jusqu'ici vivant c'était quand même en partie grâce à lui.
Khaléo rejoignit les sentiers du petit bois, laissant Berdine attachée qui, criait de temps en temps dans l'espoir que quelqu'un l'entende, seule chose utile qu'elle pouvait faire dans sa situation, enfin, c'est ce que Khaléo croyait, puisqu'elle était déjà en train d'essayer de se déboiter l'autre épaule "aussi" pour dégager son bras, même si il se doutait qu'elle se libère de sitôt Khaléo avait bien serré les cordages... Enfin... peut être pas "assez" au goût de cette dernière, son regard demandait presque qu'il lui serre le corps si fort que ça lui comprimerait la chair, et l'étouffe presque, mais... il n''était pas d'humeur ni de moralité à aller si loin, et puis elle semblait bien plus "torturée" de ne pas être torturée que l'inverse, qui, semblait lui faire bien trop plaisir, de quoi rendre dingue cette espèce de sado masochiste qui hurlait à la mort.
Quoi qu'il en soit Khaléo approchait du hameau, une petite ville de campagne comme une autre, s'attardant d'abord ans une auberge pour aller chercher de quoi boire et manger, même pour la Mord Sith, c'était pas son genre de laisser mourrir quelqu'un inutilement, son contrat de mercenariat offrait une prime plus élevée si il capturait également une Mord Sith... Mais il n'était pas sûr de vouloir livrer un être humain à de parfaits inconnus pour qu'il fasse des expérimentations sur elle, elle lui paraissait déjà assez "perturbée" comme ça, même si elle lui avait craché sa haine au visage, il en avait pitié à vrai dire, comment un être pouvait il être à ce point inapte émotionellement... Pour lui en tout cas, ça ne pouvait découler que d'une fêlure de l'âme, un grand choc... lui même ayant déjà régréssé émotionnellement pour ne plus rien ressentir par le passé.
Il était encore loin d'imaginer ce que l'empereur d'Ashnard pouvait bien faire subir à ces créatures afin qu'elles deviennent des Mord Sith, et ce n'était pas sa principale préoccupation en ce moment, il devait trouver un nouveau cheval, un seul, il n'irait pas plus loin avec Berdine, il ne la livrerait pas, c'était optionnel par rapport à sa mission principale, même si l'appât du gain était bien alléchant, ce n'était pas obligatoire et il y avait des principes qui le poussaient à ne pas livrer une personne à un parfait inconnu, n'ayant aucune idée de l'indentité du mandataire de son contrat.
Pendant ce temps Berdine réussit à se démettre l'autre épaule, et ce faisant, déserrer un peu l'étreinte du cordage sur son corps, se faufiler contre l'écorce d'arbre et s'y écorcher un peu, elle n'en avait rien à foutre, ce n'était pas ça apparemment qui allait l'arrêter, une fois qu'elle réussit à se mettre debout après de longues minutes à raper la corde entre son corps et l'écorce, remontant petit à petit pour que le "cone" formé par les formes du tronc évasé, la corde tomba finalement à ses pieds, qu'elle put enjamber avant de foncer, son épaule gauche la première sur l'arbre afin de se la remboiter, et elle fit pareil avec son deuxième bras, si se faire déboiter une épaule était douloureux, la remboiter de cette manière l'était encore bien plus, elle ne put toutefois pas réprimer un petit grognement de douleur à chaque fois qu'un de ses bras fut remis en place, là où quelqu'un de normalement constitué aurait hurlé comme un damné.
Elle était donc libre, et ce, au moment où Khaléo était en train de s'occuper de faire empaqueter son colis au service des chevaucheurs et des messagers de métiers de la ville, lorsque la Mord Sith entra sur la place, enfants, parents, commerçants s'enfermèrent soudainement dans leurs maisons, où leurs boutiques, elle cherchait le mercenaire du regard bien décidée à récupérer son Agiel, ce ne fut qu'une fois le "paquet" terminé et confié à un messager qu'il sortit de l'établissement, se frottant les mains avant que son attention ne soit attirée par un bruit de pas, et de craquement de cuir qu'il connaissait bien depuis hier, le pas accélléré, prise en pleine course, il posa un peu tard les yeux sur la Mord Sith qui, fonçait déjà sur lui, pied en avant elle frappa son plastron du plat de son pied et l'éjecta à travers la porte en bois de l'établissement d'où il sortait pour qu'il se retrouve à nouveau à l'intérieur, porte démantibulée et éclatée par terre également.
Elle n'hésita pas à attraper Khaléo par le col afin de le relever, il répugnait à frapper sur une femme, mais il n'allait sûrement pas se laisser faire non plus, il aida donc gentillement Berdine à le relever en poussant sur ses jambes, lui offrant sa tête en coup de "bélier" -ou de boule à proprement parler- dans son visage, un petit craquement sinistre lui signala qu'il lui avait brisé le nez, mais malgré la douleur atroce que provoquait ce type de blessure, sans compter l'aveuglement produit par la remontée de liquides lacrymaux abondant dans ses yeux elle ne lâcha pas son col, pire même elle se mit à essayer de l'étrangler, elle me mit deux premiers coup de pieds bien placés dans l'entrejambe avant que les cuisses de Khaléo durent resserrer leur étreinte autour d'un troisième coup, emprisonnant la jambe lancée en direction de son entrejambe pour éviter qu'elle ne fasse défintivement des oeufs brouillés avec ses bourses, il sortit ses griffes au regard de la Mord Sith en prévention de ce qu'il risquait de lui arriver si elle continuait de l'étrangler, la peur semblait également absente de son vocabulaire, elle aceuilla juste cette "particularité" avec un sourire dément...
...Bien obligé d'en venir donc aux mains, j'enfonçais mes griffes dans sa poitrine puisqu'elle, s'était permise de viser mes valseuses avec son pied, même ça, ça ne lui faisait pas lâcher prise... j'avais essayé pas mal de choses pourtant, presser sa poitrine entre mes griffes, luis perforer les tétons avec ces derniers et les pincer pour leur faire faire presque deux tours complets sur eux mêmes, lacérant, déchirant sa belle combinaison en cuir rouge, lançant des coups de pieds de ma part également dans son entrejambe, du bout dur de ma bottine d'assaut, parce que ce n'était pas le genre de truc qui soit uniquement douloureux pour l'homme une fois bien placé, alors que mes yeux devenaient de plus en plus rouges, mais je n'étouffait pas complétement à proprement parler, la Mord Sith put se rendre compte que, la créature possédait une musculature d'une plus grande densité, plus compacte que celle d'une être humain, et rendait son étranglement assez difficille, au point où elle commençait à avoir des crampes aux poignets et aux mains en y allant de toutes ses forces, insatisfaite de ne pas être capable de lui faire assez mal pour le maitriser de ses simples mains.
Je n'avais pas envie de la tuer mais, là, je devais avouer qu'elle ne me laissait presque aucune autre alternative, et dire que j'avais prévu de lui ramener du poulet et du vin à cette sale petite garce... je l'emmenais face à un mur et j'y plaquai son dos pour qu'ensuite je n'hésites pas à frapper mon crâne contre le sien, une... deux... trois... quatre... fois... de plus en plus violemment avec une bonne partie de ma rage, empruntant de la force à la charogne rageuse tapie au fond de mon corps, à ma tigranthropie latente, elle se mit à loucher, signe que son cerveau déglingué avait finit par prendre son compte de chocs contre les parois crâniennes frontales, heureusement j'avais la tête bien dure, mais je ressentait aussi le contrechoc de mes coups de têtes qui m'étourdissaient aussi, je profitai du fait qu'elle soit sonnée donc, et désseres enfin ses mains autour de ma gorge pour... non... j'hésitai encore... je n'avais pas à la tuer... mes bons sentiments et ma conscience reprenaient le dessus... je n'étais pas une bête... j'avais réussi à ne tuer personne jusqu'ici... je n'avais pas envie de commencer, surtout si j'avais le choix.
Elle s'écroula par terre à nouveau inconsciente, tandis que mon messager partait déjà au triple galop, je ramassais le corps de la Mord Sith et le transportait jusqu'à l'auberge, qu'est ce que j'étais en train de foutre... n'aurais je pas du simplement la tuer ? Je ne sais pas... même si elle m'en avait mis plein la gueule j'avais l'impression de ne pas en avoir le droit... Etait ce parce que c'était une femme ? Non... non plus... Probablement parce que... quelque part... Je me persuadais stupidement qu'un jour elle aurait peut être droit à une autre vie que celle ci, et qu'elle aurait tout le temps de se repentir... J'en savais rien, je ne réagissais pas de façon rationnelle, mais ce que je savais, c'est qu'on avais toujours le choix.
Et j'avais choisi de ne pas la tuer, les clients me regardèrent de façon étrange quand j'entrai avec elle posée comme un sac de pommes de terre sur mes épaules, ma monture ne serait pas prête avant au moins une bonne heure, le Maréchal ferrant remplaçant et réajustant ses fers, après avoir attrapé les clefs d'une chambre sur le panneau, je grimpai les escaliers et entrai donc dans la numéro 88, tout en haut dans les combles, ici je serai plus tranquille et on ne l'entendrai peut être pas beugler, je l'étendit sur un lit, attachant ses jambes et ses mains aux quatres coins du lit, bien solidement ce coup ci, la corde entammant un peu sa peau, pas le choix pour qu'elle se tienne tranquille apparemment.
Lorsqu'elle se réveilla, elle ne me demanda pas pourquoi je ne l'avais pas tuée mais il y avait tout de même une lueur "perturbée" dans son regard, comme si elle était frustrée de toujours se retrouver, elle, dans une situation captive, soumise, qui ne convenait absolument pas à sa condition de Mord Sith, accompagné d'une autre sensation que je ne pouvais définir lorsque mon regard croisait le sien, entre un profond malaise et une fierté ébranlée, surtout lorsque je me mit à essayer de la nourrir, lui enfournant des morceaux de poulet entre les lèvres, elle me mordit les doigts, et elle recracha les deux premiers essais avant que je ne la force en me saisissant de sa mâchoire pour forcer son ouferture d'une main, mâchant le poulet pour en faire de la bouillie que, j'allais moi même enfoncer dans son oesophage, forçant l'ouverture de ce dernier avec mes doigts, c'était loin d'être tendre puisqu'il était toujours impossible de la faire coopérer simplement, mais après les deux premières "bouchées" forcées, elle secoua la tête comme pour dire "non", finalement elle s'était peut être résignée et était prête à faire les choses de façon "normale" pour changer ?
Elle finit donc par boire et se laisser nourrir plus ou moins calmement, ne relâchant jamais son regard cruel, froid qui essayait de détailler mon visage, qui attisait sa curiosité que je devinais probablement malsaine, puisque pendant la bagarre elle avait pu aperçevoir quelques parties de ce dernier, son regard me dérangeait, je détestais qu'on m'observes comme un putain de phénomène de foire, elle me demanda de voir mon visage pour qu'elle l'imprime bien sur sa rétine et qu'elle ne l'oublie jamais, à ses paroles je rétorquais avec mon tact et ma patience légendaire, c'est à dire en me servant de la teille de l'oreiller pour lui serrer le haut de la tête et devant les yeux histoire qu'elle ne puisse plus me fixer, et, un gant de toilette humide dans sa bouche, baillonnée par un essui autour de son visage également.
Pourquoi le gant de toilette bien bourré dans la bouche ? Parce que... je la sentai assez folle pour se mordre elle même la langue et en finir avec sa vie, apparemment son Agiel vallait bien plus pour elle que je ne saurai l'imaginer, et deuxièmement, je venais de la remettre deux fois de suite à sa place, si tout ce qui motivait sa vie après son Agiel était son propre sadisme et sa fierté, j'avais peur pour elle qu'elle ne pose un acte stupide avant que sa "copine" ne la retrouve.
Pffffiouuu putain j'avais enfin la paix... incroyable, je n'avais jamais vu un truc pareil, j'avais envie de me reposer, j'étais fatigué du voyage, je n'avais pas dormi, nuit blanche, mais... je n'étais pas tranquille à coté d'elle, dieu sait de quoi elle était encore capable même attachée comme ça... je préférais ne pas y penser, je redescendais dans l'auberge, posait quelques pièces pour la chambre et lançait les clefs au tenancier, signalant tout de même que si ma colocataire ne se réveillait pas d'ici deux où trois heures, il faudrait aller voir si elle se sent bien, je n'avais pas donné de précisions, il serait sans doute assez soucieux de sa survie s'il découvrait une Mord Sith attachée que pour la libérer afin de s'éviter bien des problèmes.
J'avais déjà perdu pas mal de temps dans cette ville, et je ne savais pas que l'écart entre les cavaliers de Denna et ma position avait été considérablement réduit de plusieurs heures puisque j'avais effectué les derniers kilomètres jusqu'a cette ville sur un cheval clopinant à peine plus vite qu'une course à pied humaine, lorsque j'ouvris la porte de la taverne, je ne fit pas attention au claquement de sabots lointains, réguliers... qui se trouvaient à peine à quelques minutes d'Azthril, avant que je ne me trouves au beau millieu de la route, entre la taverne et l'atelier du Maréchal Ferrant, et que je ne m'arrêtes... mes oreilles remuant légèrement pour m'avertir du danger imminent de ces sabots, que j'avais déjà entendu quelque part... que j'avais entendu, il n'y a pas si longtemps, mon regard se déporte lentement, plissé sur l'horizon, ma pupille se rétracte, s'ouvres, effectues une sorte de "mise au point" qui me permet de voir un peu plus loin, essayer de percer ce nuage de poussière quis'élèves à l'horizon...
...Lorsque je me rendis "enfin" compte de quoi il s'agissait, je fonçai à l'atelier du Maréchal Ferrant et refermais violemment la porte de son atelier, le vieux bonhomme releva les yeux sur moi alors qu'il était toujours en train de clouer les sabots de ma monture, me demandant si "ça va ?" et me confirmant qu'il n'avait pas encore terminé, j'avais choisi un cheval plus robuste, massif, un croisement entre un pur sang arabe et un cheval de trait musculeux, ce métissage était idéal pour qu'il supporte sans mal mon poids et qu'il ait assez de réserves pour traverser les landes dévastées, les chevaux de traits possédant un appétit très modéré contrastant de ce fait étrangement avec leur "corpulence" musculeuse bien saillante de par son pelage noir soyeux reflettant la lumière de façon chatoyante, croisement qui en font une monture robuste, sûre et d'une économie alimentaire appréciable, mais au rythme où allaient les choses, rien n'était moins sûr que je quittes cet endroit libre un jour.
"-Vous ne pourriez pas accéllérer la cadence ?"
-Vous êtes fou ? Et risquer de blesser votre cheval ? A quoi ça vous servirait s'il se foules les chevilles où se brise une jambe après quelques kilomètres à cause d'un mauvais équilibrage ?
P'tain il... avait raison, je n'avais pas le choix que d'attendre, me rapprochant d'une fenêtre couverte de poussière pour la nettoyer des bandages autour de mes poignets, histoire de jeter un coup d'oeil sur ce qu'il se passait dans la rue.
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Alors que le soleil renaissait dans une glorieuse débauche de rouge et de jaune à l’horizon, les contours du paysage devenaient de plus en plus distincts. Au sud, sous un amas de nuage gris, une frise de lumière vacillait encore, irisant de rouge l’étroite bande de ciel enchâssée entre cet ilot de jour et les premiers hérauts d’un très lointain orage. Les vents se chargeront d’éloigner cette menace de la petite troupe de cavaliers qui chahutait le sol dans un grondement furieux et menaçant, signe d’un courroux imminent. Les bêtes avalaient les kilomètres sans compter. Elles étaient trempées de sueur et l’écume qui se formait au coin de leur bouche étaient parfois arrachée lorsqu’ils secouaient la tête dans de vaines protestations, ignorées par leur cavalier. La horde, semblable à une ombre noir, défilait sur la plaine faiblement éclairée par les timides rayons de l’astre qui gagnait du terrain sur le voile ébène de la nuit. De cet amas d’armure, d’hommes et de chevaux, quelques éclaireurs se détachèrent de la masse, couvrant ainsi un terrain plus important. Ils scrutaient les environs au hasard, semblable à des électrons libres qui ne s’éloignaient jamais très loin du gros de la horde. Les satellites tournèrent pendant un moment avant que l’un d’eux rejoigne enfin la Mord-Sith, lanterne rouge qui menait la cavalerie.
-Maitresse Denna, j’ai repéré des traces fraiches qui semblent se diriger vers Azrith, s’exclama l’éclaireur qui s’était mis à portée de voix.
Denna ne fit rien qui donnait l’impression qu’elle avait compris, mais souffla intérieurement. Elle ne s’était pas trompée. L’ennemi allait sans doute faire une halte pour son ravitaillement et avec un peu de chance, son unité pourra l’intercepter avant qu’il ne parte. Voir même le surprendre alors qu’il venait juste d’arriver. Khaléo n’avait eu d’autre choix que de prendre les fichus canasson qui pourrissaient dans la garnison. La troupe de Denna chevauchait d’immenses étalons de guerre dont la force et l’endurance permettait de supporter la charge de leur cavalier en armure. La Mord-Sith n’avait pas jugé bon d’adoptez une allure prudente.
Ce qui devait arriver, arriva. Un cheval trébucha au milieu de la colonne, et prit de fourbure, n’eut pas la force de se rattraper, projetant son cavalier qui fit un roulé-boulé sur quelques mètres. Les hommes eurent le réflexe de s’écarter de l’accident pour ne pas être emporté dans un effet de carambolage catastrophique et héla l’avant-garde. Denna leva donc le poing pour arrêter la troupe, puis rompit les rangs pour voir ce qui se passait. Par miracle la bête qui était tombée se releva en hennissant de terreur, comme si elle était surprise de pouvoir encore tenir sur ses jambes après une telle chute. Un peu plus loin son cavalier grognait en se tenant la tête. Il arriva pourtant à se relever et à lever la main pour signifier qu’il n’était pas blessé. C’était un coup de chance pour la Mord-Sith. Son propre hongre n’étant presque pas fatigué de portée son poids plume, Denna avait négligée celle des autres. Elle était d’ailleurs bien tentée d’imposer une allure plus prudente à ses hommes et de partir seule vers Azrith qui ne devait plus être qu’à quelques lieus.
-On ralentit l’allure, lança Denna avant de reprendre la tête de la formation.
Les cavaliers reprirent donc la route à un trot soutenu. Décision saluée par les pauvres équidés qui lancèrent de légers hennissements de gratitude. La Mord-Sith, quant à elle, bouillait intérieurement malgré son masque d’impassibilité. Chaque seconde, elle était tentée de mettre un bon coup de talons dans les flancs de son destrier et de partir seul à la rencontre du félon, mais elle avait un mauvais pressentiment. Les exploits de cet homme resteraient pendant très longtemps dans ses souvenirs et elle ne le sous-estimerait pas deux fois. Denna allait l’écraser par sa puissance militaire et non tentez le diable en pariant sur le fait qu’elle pourrait triompher seule. Elle n’avait pas ce genre de fierté et ne voyait pas d’objections à lancer un bataillon sur un homme seul. L’honneur et son antagoniste - la lâcheté - sont des notions de faibles pour rendre glorieux ou honteux une chose qui est résolument dépourvue de tout bien. A quoi bon saluer son adversaire avant de le tuer ? Il n’y a que les hommes pour y voir une quelconque grandeur.
Les minutes défilaient, lentement chronométrées, par le soleil qui dépassait l’horizon. Le paysage changeait lentement. Les larges voies commerciales que l’on pouvait deviner sur le sol étaient remplacées par de vrais sentiers, scarifiés de profondes ornières, tracé par le passage incessant des chariots. Les landes désertes se changeaient en terre meuble et les premiers champs de céréales furent en vue. Puis enfin, les premiers bâtiments se dessinèrent au loin. D’abord simple tache grise et artificiel sur l’horizon, les bâtiments commençaient à se dessiner et la troupe de cavalier croisèrent les premières âmes depuis qu’ils avaient quitté le camp. Un garçon occupé à essayer de faire avancer son âne regardait avec des yeux ronds le superbe convoi de militaire qui semblait parader pour lui, avant qu’un adulte ne le ceinture et l’éloigne de la route comme s’il lui sauvait la vie. Ce genre de réactions n’était pas très surprenant. Lorsqu’une compagnie débarquait à cette allure dans un village, c’était pour le réduire à feu et à sang. Ainsi était puni ceux qui ne payent pas leur impôt ou qui ont des projets d’insurrection. Cette fois, les braves gens seraient sans doute soulagés lorsqu’ils réaliseront que la Mord-Sith qui menait les troupes n’en avait pas après la vie et les chaumières de ces braves gens.
Le bataillon arriva enfin jusqu’au village où les gens paniqués commençaient à s’enfermer dans leur masure. Un homme chauve et à la longue moustache en croc fut la seule personne à aller au-devant de la colonne de soldat. Il sortit d’un grand bâtiment qui semblait être l’auberge et se présenta devant la Mord-Sith. A part le fait que son crâne commençait à être recouvert d’une fine pellicule de sueur, l’homme ne semblait pas être impressionné par les troupes impériales. Denna savait qu’il était terrorisé en réalité, mais elle ne prit pas la peine de le montrer en gratifiant le bonhomme d’un regard méprisant.
-Maitresse Mord-Sith, commença le paysan en s’inclinant bien bas. Je suis Panon le maire de cette humble bourgade. Indiquez-moi les raisons de votre visite et je ferai le nécessaire pour que vous soyez satisfaite.
-Un étranger est dans votre village, répondit aussitôt la Mord-Sith. Il a dû arriver il y a quelques heures. Dites-moi où il est que je puisse repartir vite avec mes hommes. Mettre le feu à votre « humble bourgade » pour faire sortir celui que je cherche m’ennuierait profondément.
-Il a pris une chambre à mon auberge maitresse, répondit aussitôt le maire/aubergiste. Il a sans doute été chercher son cheval à l’écurie pour reprendre la route.
-Déguerpissez ! Fit la Mord-Sith en fixant le bâtiment que montrait le maire.
L’homme ne se le fit pas dire deux fois et s’inclina avant de se retirer d’un pas toujours très fier. C’était un homme intelligent, responsable qui savait garder une certaine dignité. Enfin, c’était l’avis de Denna en tout cas. La jeune fille fit quelques signes à ses hommes. Clair et respectant un code qui n’avait rien à voir avec le langage des signes, ils furent compris des soldats. Pendant, qu’une trentaine d’hommes sautaient de leurs chevaux pour se camper près de la Mord-Sith, une autre quinzaine tirèrent sur leur reine pour aller interdire l’accès à la sortir de l’écurie. Ils se tenaient prêt à harponner un quelconque fuyard qui tenterait de s’échapper par là.
La Mord-Sith attrapa son Agiel, aussitôt suivit par les soldats. Les hommes en cuirasse rouge et arborant une cape noir frappée des armoiries d’Ashnard, sortirent leur épée dans un concert de sifflement d’acier. Anonymes derrière leur casque d’un noir ébène, c’était les plus féroces soldats de l’armée régulière, prêt à donner leur vie pour l’empire et Mordret. Ils restaient des hommes, mais aucun ne rompra les rangs. Les traits durcis par la douleur, Denna s’avança ensuite vers l’office du maréchal Ferrand, suivit de près par une colonnade d’épées dressées vers le ciel.
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C'était la cohue dans les rues de la ville, les hommes, les femmes attrapaient leurs enfants, quand ils en avaient et disparaissaient derrière leurs portes, derrières leurs volets fermés, signes annonciateurs que le bataillon aux étendards de l'empire n'était plus très loin, Khaléo observait toute cette agitation depuis son poste d'observation, une petite volute de traces "propres" concentriques dans le coin d'une fenêtre poussièreuse, ne lui donnant pas un angle de vue des plus favorables sur l'évolution de la situation, James Fortwick, bon vivant dans la pleine force du plus bel âge essayait tout de même de forcer son oeuvre après quelques unes de mes supplications et une poignée de pièces d'argent en plus, les coups de marteaux rythmés par quelques gouttes de sueur provenant de son front, tombant par terre, passant de la lime au marteau, et du marteau à un trousseau de lammelles en métal d'épaisseurs différentes afin de mesurer la distance qui, séparait encore la surface du fer du sabot, restant consciencieux et concentré, même s'il commençait à comprendre ce qu'il se passait, les raisons de mon empressement, puisque nous étions maintenant tous deux capables d'entendre, et de ressentir dans le sol le tremblement provoqué par la quarantaine de chevaux là dehors, encerclant déjà la ville.
Ma petite Lucarne dépoussièrée ressemblait au vieux cadre d'un tableau mettant en valeur la scène qui se jouait dans la rue, en face même de l'atelier, des écuries du Maréchal Ferrant, la combinaison de cuir rouge... C'est ce qui frappait en premier, et ce qui avait frappé son esprit depuis leur première rencontre, il n'eut aucun mal à la reconnaître, il n'avait même pas besoin de lever les yeux sur son visage, entre Berdine et Denna, car c'est elle qui remplissait le mieux son uniforme de ses formes sculptées par une condition physique quasi irréprochable en plus d'une... somptueuse... Je m'égarais... je n'avais pas vraiment le droit ni le temps de penser à des choses de ce genre, les traits lisses, toujours calmes de son joli visage de marbre qui ne changeaient jamais d'expression, mais cela la rendait effroyablement inhumaine, d'une insondable frigidité émotionnelle pour le compte, une humaine capable de me faire produire des sueurs froides ? A moi ? Je... n'étais absolument pas d'accord... la "bête" infernale au fond de moi n'était pas d'accord... La créature dangereuse... c'était elle... Et celà la rendait jalouse... La frustrait que mon coté "humain" soit en train d'entrer en sidération redoublée d'une crainte admirative pour le coté efficace, très "pro" de sa traque, c'était l'élite de l'élite de l'armée d'Ashnard après tout.
Pour la première fois depuis qu'il à quitté sa bande de mercenaires, sa propre Légion du Lion blanc il y a plus de deux siècles, les mains de l'ancien soldat, du mercenaire tremblaient à l'idée d'affronter une garnison complète de soldat d'Elite d'un tel niveau... Ils étaient... une bonne trentaine... non... plus... il n'arrivait pas à compter les bruits de pas... ils encerclaient la seule entrée du batiment, le vieil homme avec qui la Mord Sith venait de discuter l'avait donné plus rapidement qu'il ne se l'était imaginé, il tenait bien trop à sa vie et à la vie des habitants, Khaléo ne pouvait que le comprendre dans sa situation... Quelques arbalestriers se tenaient en deuxième ligne et laissaient les hommes d'armes avancer vers la porte... Le Maréchal Ferrant terminait seulement de donner les derniers coups de marteau sur les fers du cheval, coups qui résonnaient encore dans le crâne de cette créature, comme le pas de la multitude à l'extérieur qui, marchaient comme un seul homme, l'air semblait lourd, chargé, le frisson de l'adrénaline montait, il vérifia consciencieusement que ses armes étaient bien à portée de ses doigts... que ce soient ses couteaux de lancer accrochés en bandoulière, la poignée de son arbalète légère à répétition, ses pochettes en cuir autour de ses ceintures tactiques... Il resserra d'un cran les diverses lanières, boucles métalliques, clips et toutes formes d'attaches de son équipement afin que le tout soit bien près du corps, serré, forme presque une deuxième peau sur lui.
Les trous dans le toit de l'atelier laissaient entrer quelques faisceaux lumineux produits par les rayons du soleil, dans lesquels virevoltaient d'épaisses particules de poussière, il faisait chaud et... le combat à venir s'annonçait long... Avant qu'un nuage ne cache le soleil... ont put clairement voir les doigts bandés d'une main se resserer sur le long manche d'une épée, accompagné d'un unique et long battement de coeur, comme si tout se passait au ralentit, la pénombre passe, le firmament se réaffirme dans le plafond céleste pour éclairer une autre scène, celle de la fin d'une bottine, d'un pied mis à l'étrier... et un autre battement de coeur d'une lenteur dérangeante s'éfface comme l'écho qui se perd longuement dans un coffre de résonnance appellé poitrine tandis qu'un cumulus à nouveau ne passe, les ténèbres semblent s'abattre à nouveau sur la ville pour quelques secondes, il règne ici un silence... un de ces silences immuables qui n'existe que dans certaines situations, dans une rigidité définitive, le silence de maisons abandonnées, de grandes étendues désertes, mais ici... c'était celui d'êtres qui n'ont plus rien à se dire mais tout à exprimer par le métal, et bientôt l'astre célèste nous aveugle une nouvelle fois alors qu'elle pose son dévolu sur la vérité présente, un battement de cil suivi d'un rétrécissement de la pupille éfilée, en amende de notre félin qui concentre vers lui les fibres de son iris, une goute de sueur s'applatit également sur un tapis de poussière, provoquant des ondulations similaires à la surface d'une eau calme...
Trop calme... Nous savons tous de quel calme il s'agit, un calme qui est capable de vous arracher le coeur de la poitrine, une tranquillité dans laquelle le calme lui même sait qu'il n'a d'existance que, pour laisser la fureur d'un brouhara épouvantable, infernal s'exprimer, qui pulvérisera l'existance même de toute notion de sérénité pour envoyer ces notions de paix pourrir dans le plus terrible des enfers, des cris de douleur, de rage et des armes, des actes qui résonneront encore longtemps dans l'éternité, alors que cette éternité semble vouloir figer l'instant... l'instant où le plat du pied de ce soldat qui semble devenu fou par attente défie la gravité pour s'abattre bientôt sur la porte de l'écurie et l'ouvrir...
...C'est alors que l'improbable se produit, tout soldat aurait capitulé, rendu les armes, à vrai dire... tous s'attendaient sûrement à ce qu'il se rende, une fois qu'ils seraient à l'intérieur, c'était une position impossible à tenir même les portes de l'établissement permettaient à plusieurs hommes d'entrer à la fois, alors que le pied de ce soldat donc était si près de percuter la porte suivi de quatre de ses camarades, et de l'enfoncer, La porte fut comme défonçée de l'intérieur comme si elle venait d'être fracturée par un bélier, autant vous dire que la jambe du premier soldat fut réduite en miettes et que les quatres soldat les plus proches se prirent le batant droit et gauche de la porte en pleine "tronche", les expulsant de ce fait loin en arrière.
Le fou avait bel et bien décidé de se battre, se jeter dans la mêlée à corps perdu sur son destrier noir, sortant de là en brandissant son épée démesurée, qui faucha du plat de sa lame la première ligne de soldats, les envoyant pêtre sur une dizaine de mètres en arrière, un chevalier noir à la cape hachurée sur une monture d'ébène, la puissante bête serrait elle même des dents en réprimant un hénissement étouffé d'épreuve de force et contre balançait le poids de son corps de son impressionnante musculature se striant sous son pelage noir aux reflets chatoyants lorsque la lame colossale du guerrier était maniée d'un coté à l'autre de son corps, les jambes même du mercenaire enserraient solidement sa monture pour assurer sa prise et ne pas tomber en effectuant des mouvements avec cette horreur, ce qui pouvait sembler dans l'imprécision de mouvements continus, être une vulgaire, énorme, "poutre" de métal aiguisée, il avait déjà utilisé des armes sur monture mais jamais cette dernière, il comprenait que son cheval non plus n'avait jamais été soumis à un cavalier de cet ordre.
Khaléo obligea la bête à foncer dans le tas, fendant la masse de soldats percutés par les pattes avant et les pectoraux massifs de ce cheval de trait, comme un brise-glace pourfendant une étendue gelée, ici il fendait la masse de soldats à vive allure, l'un d'eux passa sous les sabots, dont l'armure fut écrasée, broyée jusqu'aux os de la colonne vertébrale qui fut elle même brisée, inutile de vous préciser qu'il en est mort j'imagine, le mercenaire pensait pouvoir fuir, le cheval continuait d'avancer à une allure moindre, mais continuait d'avancer malgré les coups de lames qu'il recevait, car à défaut de vouloir atteindre le cavalier, ceux ci s'étaient résignés à blesser sa monture, les arbalestriers qui furent surpris par cette sortie avaient également décidé de viser le cheval, les ordres devaient avoir été donné de sorte qu'on puisse me capturer, probablement en vie j'imagine, c'était une brave bête, vraiment... j'avais... j'avais pitié pour elle, oui car elle luttait... malgré le nombre considérable de carreaux dans ses flancs, et même son fessier, courageuse elle continuait d'avancer de plus en plus lentement cependant, lardée de lacérations d'épées, de lames, je n'avais... jamais vu une âme guerrière et combattive, une volonté pareille dans un cheval, il m'était arrivé de placer le plat de mon épée pour la protéger d'une deuxième salve de carreaux au détriment de ma propre sécurité, je m'en pris une dans le bras gauche et un soldat put atteindre ma cuisse avec son arme, les soldats tentaient de former un rideau de bras et de lames pour embrocher la bête de tous cotés.
Dans un dernier sursaut et avec toute son énergie, la bête hénnit et se cabra bien haut, écrasant deux autres soldats sous ses sabots avants, lui permettant enfin de sortie de cet enfer de lames, d'épines qui l'avaient estocadés profondément de toutes parts, je m'abaissais et lui caressai le cou, il se mit à galoper... quelques mètres vers le soleil comme si la délivrance à ses douleurs s'y trouvait, mais il finit par s'étaler au sol... je regrettais ce que je venais de faire malgré tout, même si l'effet de surprise avait été plutôt réussi, c'était un cheval comme on n'en voit rarement chaque siècle, le Maréchal Ferrant lui, avait vu la scène depuis sa fenêtre, et lui non plus n'avait jamais vu ce genre de témérité, cette absence de peur face à la mort chez un cheval.
Oh celà... celà pourrit, et nourrit ma rage... une rage épouvantable qui me permit d'ignorer bien vite la douleur du carreau ayant transperçé mon bras, saisissant cette fois l'imposante épée à deux mains, les soldats m'invectivaient "Rends toi !" "C'est terminé !" "tu es fait !" "Toute résistance face à l'empire est futile !" Pas de mots... le mercenaire se tut, mais du fond des ombres formées par sa capuche qui en faisaient un être étrange, sans visage, dos au soleil et noyé dans sa propre ombre, la lueur d'un regard furieux d'une rage immémoriale la perçait... la perçait comme si tous ces soldats étaient déjà viande froide, il se jeta sur eux et abattit toute droite sa lame dans le premier venu, il tenta d'interposer sa lame régulière de soldat pour une parade à l'épée donc, épée qui se tordit en lui déboitant le poignet sous l'impact, continuant sa course éffrénée, sa "poutre" de métal s'abattit sur son casque, son casque qui fut "implosé" également sous la force du coup, expulsa ses yeux et leur nerf optique hors des interstices de sa visière, la base de son crâne sembla se faire défoncer toujours dans ce même mouvement rapide, parce que, sa tête, son casque fut obligé de rentrer dans sa cuirasse, qui fut fendue elle aussi à moitié, à la fin du mouvement il posa son talon sur le plastron de son armure pour s'aider à retirer l'imposante lame de son corps.
Les soldats restèrent interdits quelques secondes quand ils furent enfin à même de poser les yeux sur la taille de son épée, bien sûr elle avait la forme d'une lame conventionnelle... simple... mais drôlement efficace... son corps de lame était noir, tandis que ses tranchants d'un métal plus poli, plus clair, elle faisait ombrage aux cinq soldats qui me faisaient face, le reste de la troupe avançait encore et je finissais par être encerclé alors que mes pieds s'écartèrent pour m'assurer une base plus stable, qu'une de mes mains plongea dans ma pochette en cuir de droite, répandant des chausses trappes partout autour de moi, sur un cercle d'un diamètre d'environ six mètres, le reste je le jetais à la tronche des soldats pour les provoquer assez pour qu'ils avancent.
Les chausses trappes allaient rendre les prochains pas de ces soldats d'Elite qui, savaient probablement ce que c'est, plus lents, il leur faudrait traverser ce petit champ de "mines" de façon prudente avant de m'atteindre, ce qui me laissait une bonne marge avec l'envergure de ma lame pour les atteindre, un coup circulaire du tranchant de mon épée mis hors de service un soldat s'étant aventuré trop près, lui fauchant le bras qui tenait son épée, il tomba au sol et se roula dans les petits objets pointus en hurlant de douleur.
Mais j'avais sous estimé leur capacité à s'adapter à de nouvelles situations, c'étaient des soldats surentrainés et particulièrement intelligents, aucun d'eux ne se permit d'avancer en ayant compris pourquoi j'avais lancé ces trucs au sol, il ne leur fallut qu'un exemple, un seul, pour que quelques soldats s'écartent et laissent le champ libre aux arbalestriers, qui étaient déjà en train de recharger leurs armes, plantant mon épée dans le sol, presque aussi large qu'un "pavois" derrière lequel je pouvais me "planquer" ils se séparèrent pour qu'un groupe reste de face, j'avais compris ce qui se passait et, je m'étais saisit immédiatement de mon arbalète à mon tour, vu que j'étais sûr que le second groupe était certainement en train de se positionner de l'autre coté du cercle de soldats pour m'atteindre, mais j'étais prêt, arbalète au poing et déjà en train de viser lorsque le cercle s'entrouvrit à l'arrière, trois arbalestrier en train de lever leur arbalète pour viser.
Khaléo fut donc le premier à tirer, trois flèches et chacune atteint son but, le premier dans la gorge, le second dans l'oeil droit, et le troisième... le troisième tireur lui, tira dans la panique en entendant ses deux camarades tomber, nos carreaux se croisèrent en plein vol, le mien lui perforant la maille autour des clavicules, le sien... le sien se planta dans ma main... main levée in extrêmis face à mon oeil gauche... entrainé à capter les mouvements rapides des vampires lorsqu'ils usent de célérité, j'avais parfois quelques bons réflèxes... bien sûr, j'avais mal... mais ma rage bouillonnait encore dans mon corps, elle n'avait pas encore totalement éclaté, je la contenais... si je me laissais aller ça pourrait être un véritable carnage et je pourrai également tuer des habitants, chose que, malgré tout je ne permettrai pas, mes doigts se refermèrent autour du carreau, comprimant mes phalanges qui "claquèrent" sous la pression titanesque de ma poigne, brisant à elle seule, dans la compression de mes os, de la musculature de ma main, le bois du carreau fiché au centre de cette main, mais celà n'avait été qu'une manoeuvre pour me distraire, car quelques soldats s'étaient détachés du bataillon pour aller chercher les portes de l'atelier du Maréchal Ferrant et les étaler sur les chausses trappes afin de m'atteindre, formant quatre passerelles qu'ils pouvaient emprunter pour m'atteindre directement.
"-Allez... C'est ça... venez... venez jouer... approchez !"
J'eu la main perforante, et lourde avec le premier qui s'était approché, lui saisissant l'entrejambe avec la main perforée par un carreau, pointe ressortant bien évidemment par ma paume pour s'enfoncer dans ses... parties génitales... je me saisit de son casque ensuite pour le lancer contre le prochain sur ma gauche, et tirait deux careaux, un dans chaque jambe d'un troisième qui, avait tenté de poser les mains sur mon épée mais qui avait été incapable de la soulever ni même la déplacer dans le but qu'elle soit hors de ma portée, je m'en saisit à nouveau pour effectuer une série de mouvements très dangereux autour de mon axe avec son tranchant exposé, un peu à la façon d'une pale d'hélicoptère, l'épée d'un soldat fut coupée en deux avant que son casque ne suive le même schèma, c'est à dire que la partie supérieure de son casque se décalla un rien vers la droite, puis, continua de glisser jusqu'a ce que la moitié de sa tête ne se retrouve par terre.
Bien sûr... je n'avais pas les yeux partout, et je n'avais pas envie de "tuer" tout le monde, d'ou quelques blessures infligées aux jambes, je ne tuais que ceux assez débiles pour s'approcher trop près et tenter de me porter un coup que je jugeais trop audacieux, trop dangereux, mais même ceux la finissaient parfois par porter, je n'esquivais pas, je n'avais pas le temps... trop nombreux... ce que je me contentais de faire, c'est de laisser tourner les parties de mon corps atteinte par les armes dans le sens du coup donné pour amortir tant bien que mal le coup et réduire de façon importante la gravité de la blessure qu'elle aurait pu porter, lorsqu'il y avait trop de soldats autour de moi une violent coup de lame les repoussaient loin en arrière et on pouvait les voir voler derrière les rangées de soldats, c'était la mêlée, et je ne captais plus rien, je commençais à être lardé de coup de lames, lacéré à mon tour par des coups d'épées qui pleuvaient sur ma personne, a la nuque, aux bras, aux jambes, même sur le visage.
La créature semblait capituler... après avoir repoussé une autre vague de soldats par quatre... elle respirait profondément, son sang recouvrait le sol, elle n'était pas à terre, non elle était encore debout, sueur mélée a son propre sang, ses pieds raclèrent le sol pour élargir sa base, un instant les fantassins pensèrent qu'il allait s'agenouiller en signe de rédition et lâcher son arme, il n'en était rien, il repoussa son épée effectivement loin derrière lui, à l'horizontal par rapport au sol, contorsionnant son corps, depuis ses chevilles, à ses genoux, à ses cuisses elles mêmes mises sous pression d'une torsion et tention ossulaire et musculaire effroyable, qui, continuait comme ça depuis le bassin, aux premières de ses vertèbres comme les dernières, tordues au maximum de leur capacité, ses épaules jetées elles aussi très loin dans cette rotation lente, où on pouvait entendre "grincer" les différents bandages recouvrant son corps, certains bandages cédaient, se déchiraient même parfois sous la pression et torsion monstrueuse de la moindre parcelle de son corps.
Un rugissement tonitruant qui paralysa presque les soldats sur place, l'axe de son pied, de ses hanches, un élancement des épaules et... une tornade... une tornade de métal hurlant, rugissant, de chair, de sang mêlés à des étincelles, des grésillements de métaux que sa lame tournoyante frappait à plusieurs reprises avant d'entamer la chair, armure, épées, mailles, tout sembla voler en éclat sous la force destructrice de ce qui avait été relâché ici, une dizaine de soldats furent comme "aspirés" dans cette spirale infernale, des morceaux de leurs corps retombèrent au sol, quelques uns avaient eu la chance de survivre en tenant leur épée droite devant leur corps pour la voir se mettre à devenir rouge fonte à chaque fois que la lame percutait la leur, décidant de se coucher à terre pour ne pas se trouver à hauteur de "tranche" de cette bourrasque, le mercenaire finit par avoir la tête qui tournes, sa grippe sur l'épée faiblissait au centre des forces épouvantables en action, l'inertie, la force centrifuge, ses organes mêmes étaient secoués, sans parler de la surface de ses mains pratiquement "brûlées" par les vibrations de l'épée ayant vibré au dela du raisonnable en percutant les métaux d'armures et d'armes de ses assaillants...
...Il tomba sur les genoux, se les écorchant légèrement en trouant son pantalon en raclant le sol tout en tournant encore deux fois sur lui même, pointe d'épée râpant par terre, un bras déboité à cause du poids de l'arme... quelques muscles déchirés même... l'os du cubitus et du radius du bras déboité probabement... non... Aie... certainement fracturés... les soldats d'Elite restaient tout de même sur le cul, au sens propre, comme au figuré, ils s'étaient tous baissés, tombés par terre pour éviter que la majeure partie d'entre eux ne se fasse tuer, il y eut un battement de quelques seconds, durant laquelle leurs cerveaux comme le mien n'arrivait plus à comprendre ce qu'on foutait là, ce qui se passait réellement, des morceaux de bras, de têtes, des troncs, retombaient encore par terre autour de nous, comme après l'explosion d'un tir de mortier.
J'étais dans un sale état... j'avais forcé sur la dose... mais j'avais... j'avais réussi à me relever... titubant mais debout... m'aidant de mon épée pointe plantée dans le sol, j'en menais pas large, je le savais mais... je ne pouvais pas m'en empêcher, j'avais le sourire malgré mes blessures, je sentais mon corps meurtri entrer dans une phase que j'appellerai le stade de douleur ignorée, plus précisément... j'étais tellement amoché que mon cerveau produisait lui même une grosse quantité d'endorphine, anhestésiant la "vraie" putain de douleur que j'allais probablement ressentir d'ici quelques minutes... avais je encore une chance de m'en tirer... je ne savais plus ce que mon corps était encore capable d'endurer après ça... j'allais vite le savoir, puisqu'un de ces petits cons assis par terre me pointa du doigt en criant "Il doit être fatigué maintenant ! Ne reculez pas ! C'est le moment d'en finir !" Grossière erreur... c'est vrai je haletais... et j'avais détrempé mes bandages de ma sueur... j'avais l'air mal en point... mais j'étais pas "fatigué", la preuve avec ce coup du cul du manche de mon épée qui défonça le casque du premier abruti qui fonça vers moi, il se rétama au sol en crachant une bonne partie de ses dents.
Détail intéressant, et surtout pour parler d'autre chose soit dit en passant, la violence gratuite ça va deux minutes, le maire avait disparu depuis un bon moment de la rue, voyant que les choses tournaient légèrement au vinaigre il était allé libérer Berdine à l'étage, elle se doutait de ce qui était en train de se passer depuis un bon moment, elle voulait... sa revanche probablement, et profité de la confusion de la bagarre pour y mettre un terme elle même, elle sortit de l'auberge, lança un regard entendu à Denna qui, depuis un moment semblait profiter du spectacle, elle fit même signe à Berdine de ne pas s'approcher mais... Celle ci n'en fit qu'à sa tête cette fois, désobéissant directement elle s'approcha d'un cheval pour se saisir d'une dague et s'approcha dangereusement de l'attroupement, se mêlant à la vingtaine de soldats encore debout pour essayer de se frayer un chemin jusqu'a Khaléo, elle l'interpela, juste peu de temps avant qu'elle ne le "plantes", à peine le temps de tourner les yeux et ce fut un très moche coup de dague dans la... fesse droite... sérieusement, je sursautai de douleur en poussant un rugissement de douleur étouffé entre mes dents, avant de lui mettre un coup de coude au visage, elle ressortit sa dague pour la planter à nouveau un peu plus haut, cette fois dans mon dos, j'étais foutrement coriace et... elle pouvait s'en rendre compte, je n'avais pas encore posé le genoux à terre, malgré ses petites allées et venues sadiques avec la lame dans ma blessure, elle n'avait plus d'Agiel mais savait encore y faire, elle sortit sa lame, probablement pour la planter ailleurs...
Lorsque Khaléo lâcha son arme qui tomba à terre, dans un fracas assourdissant de par son poids et sa taille, il se retourna et attrapa le poignet de Berdine avec sa main valide, pour rediriger la dague vers son cou, et l'appuyer sur sa peau, il déroula finalement sa queue de tigre qui restait enroulée autour de sa jambe, dans son pantalon, qui était elle même blessée par quelques coups d'épée ayant lacéré ses cuisses, pour l'enrouler autour de l'autre poignet de la Mord Sith, enlaçant ses jambes à l'intérieur des siennes en croisant ses pieds par dessus les siens pour maintenir ses jambes écartées et ses pieds au sol, se méfiant de ses coups écraseurs de service trois pièces.
"-Ca suffit maintenant, je la tiens ! Je vais partir avec elle et vous allez gentillement me prêter un de vos chevaux... Vous n'oseriez pas mettre la vie de l'un de vos supérieurs en danger, n'est ce pas ?"
C'était probablement ma dernière chance de m'en sortir... la dernière carte que je pouvais jouer... j'avais perdu trop de sang, même si je n'étais pas "fatigué" à un moment où à un autre... si ça continuait à ce rythme là... je... j'allais mourrir... Peut être que c'était comme ça que ça devait se terminer... peut être que c'était celui là, le contrat... le combat de trop... dans mon regard... peu importe l'issue... ça se voyait que je n'avais pas peur d'y rester à cette lueur étrange dans mes yeux... je m'étais bien... battu... alors... peu importe... peu importe d'y passer maintenant... j'avais réussi à faire ce que j'avais à faire... L'Agiel était parti... si aujourd'hui je devais rejoindre ma famille... C'est qu'il en avait été décidé ainsi, mourrir par l'épée.
-
Denna observa ses hommes marcher lentement vers la vieille porte en bois grossièrement poncée et partiellement vermoulue. Soudain cette dernière explosa littéralement, projetant sur la Mord-Sith une volée d’échardes dont elle se protégea en mettant son bras gainé de cuir devant les yeux. Lorsqu’elle le retira, elle vit une véritable furie se jeter sur ses hommes. Un immense centaure portant une large épée adaptée à sa taille colossale. C’est du moins ce dont Denna avait l’impression en voyant la silhouette noire se découper devant l’astre aveuglant. L’épée balayait l’air qui se plaignait à chaque passage en vrombissant furieusement. Un son qui fut très bientôt recouvert par le fracas des os brisés et de l’acier malmené. L’étalon aussi faisait son cota de victimes, comme galvanisé par la folie meurtrière de son cavalier. Il écrasait les hommes sans retenu dans une soif de sang incontrôlée. Denna avait toujours été triste pour ces pacifiques herbivores qui se transforment en machine à tuer. Quel genre de dressage pouvaient-ils subir pour en arriver là ? En fait, la Mord-Sith préférait s’apitoyer sur le sort de cet animal plutôt que sur le sien car leur histoire était dangereusement similaire. Une créature douce et tendre, changée en monstre avide de sang.
La bête fut alors lardée de coups. Les blessures se multipliaient sur sa robe noire corbeau, faisant luire son beau pelage qui renvoyait des reflets pourpres, impossible à confondre avec de l’eau ou de la sueur. Elle se cabra une dernière fois, lançant un défi à la mort qui allait rendre son jugement puis tenta de fuir, jusqu’à ce que cette dernière fauche les pattes de la pauvre créature qui s’écroula sur le sol. Les soldats commencèrent alors à invectiver son cavalier pour qu’il se rende. Ils voulaient sans doute voir ce salaud qui avait massacré inutilement leur camarades, se tortiller au bout de l’Agiel de leur Mord-Sith. Comme Denna les comprenait… Sauf que ce n’était pas la vengeance qui animait la jeune fille en ce moment.
L’homme ne capitula toujours pas et se jeta, au contraire, dans la mêlée. Projetant son énorme épée vers un soldat qui malgré sa parade, fut broyer. Les autres restèrent médusé devant une telle… « Injustice ». C’était presque impossible qu’un homme puisse manier une épée aussi lourde, une épée qu’il fallait absolument esquiver sous peine d’être réduit en bouillie. Aucune armure n’était capable d’arrêter les dégâts contondants de cette arme. On se demandait même à quoi pouvait bien servir son tranchant.
Un peu de stratégie dans cette démonstration de force brute ; Khaléo disposa autour de lui des chausse-trappes. Ce genre de piège était plutôt utilisé pour entraver ses poursuivants mais le colosse ne semblait pas enclin à s’enfuir. Un soldat tenta donc le coup en s’approchant prudemment et fut fauché par la lame. L’allonge de cet homme combinée aux chausse-trappes faisait que c’était impossible de le toucher ou de le prendre de vitesse. Ce fut donc aux armes de jet de parler et le mercenaire fut également le plus rapide à ce jeu là. Il s’en tira tout de même avec quelques blessures.
Le combat continua pendant un moment, s’éternisant même. Mais Denna savait qui aurait le dernier mot. Vu l’état de l’homme, il y avait de grandes chances pour qu’elle puisse finir le travail elle-même. Pourtant, elle n’y tenait pas. Denna n’avait pas bougée depuis tout à l’heure. Un sourire était accroché à ses lèvres. Le sourire d’une petite fille à qui son père raconte une merveilleuse histoire de preux chevaliers, de dragons et de sorcières. Son bras tremblait légèrement, mais ce n’était pas de la peur. Elle était excitée à l’idée que bientôt, cet homme si impressionnant allait lui appartenir. Comme une donzelle qui observe un beau prince qu’elle ne pourrait jamais avoir, elle attendait le dénouement du conte de fée, car à la fin tout fini bien et les vœux les plus improbables étaient exaucés. Cet homme était pour elle. L’impatience et le désir lui enflammait les sens.
C’est alors qu’une prétendante vint tout gâcher. Denna sortit de sa semi-transe et aperçut Berdine qui se dirigeait vers Khaléo. D’après son regard, il était évident qu’elle voulait se mesurer à lui.
-Recule et laisse faire la bleusaille Berdine. Ce n’est pas digne de nous, lança Denna à sa consœur.
La Mord-Sith ne pensait pas un mot de ce qu’elle venait de dire, mais elle connaissait le caractère de la petite brune. Sa fierté l’empêcherait peut-être de se mouiller dans ce que Denna elle-même qualifiait « d’indigne » mais c’était sous-estimer sa rage. La tentative échoua et Berdine se rua sur l’homme blessé. La Mord-Sith fut presque plus efficace que les soldats en lardant de coups de dague son ennemi qui lâcha prise sur son énorme masse d’acier. Ce fut presque un soulagement d’entendre et de sentir le sol trembler sous le poids de la gigantesque épée. Par contre, la réussite s’arrêta. Berdine reste une femme et n’a pas la force d’un homme qui manie une épée de deux fois sa taille comme s’il s’agissait d’un morceau de bambou. Elle fut rapidement maitrisée et l’homme exténué la menaça de sa dague.
D’un point de vue extérieur l’expression de Berdine fut très amusante pendant les quelques secondes qui suivirent les menaces et les exigences du « presque vaincu ». Berdine regardait les soldats avec une lueur d’espoir qui s’éteignit immédiatement lorsqu’à leur tour, les soldats se mirent à consulter Denna d’un coup d’œil interrogateur. En effet, Berdine était la supérieure hiérarchique de tous ces soldats, pourtant aucun regard ne convergeait vers elle. Ils étaient tous posés sur Denna qui adoptait une expression implacable. La Mord-Sith ne répondit pourtant rien, laissant les arbalétriers recharger leur arme et les autres soldats, à resserrer l’étau sur le preneur d’otage. Lorsque toutes les arbalètes furent levées et prêtes à tirer, Denna, l’Agiel au poing, s’avança vers l’homme et lâcha un « Tirez ! » avec si peu d’émotion qu’on aurait pu se demander si c’était véritablement un ordre.
Les soldats obéirent immédiatement dans un concert assourdissant d’acier qui se détend et de carreaux qui percent le manteau d’air dans un sifflement aigue. Berdine écarquilla les yeux lorsqu’elle fut transpercée de multiples traits. Secouées de violents tremblements, ses mains parcouraient sa combinaison de cuir et fut horrifié lorsqu’elle buta contre la hampe d’une flèche enfoncée dans son ventre. Une quinte de toux lui arracha un flot de sang et elle s’affaissa contre Khaléo, puis contre la terre compacte du sol, pour finir par ne plus bouger.
Le sort de Berdine n’intéressait pas la grande blonde qui n’avait pas ralentie alors que les carreaux sifflaient à ses oreilles. Avec désinvolture, elle attrapa au passage une épée que trainait par terre et arriva sur Khaléo qui venait juste d’encaisser la vague de carreaux. Peu importe qu’il puisse accuser un coup pareil ou pas. Denna n’allait surement pas lui laisser le temps de se remettre. Elle plaqua son Agiel contre son ventre et poussa pour le faire tomber à la renverse. Même au sol, elle continua d’enfoncer l’artefact dans son diaphragme, le clouant au sol comme un papillon sur du liège. Méthodiquement, avec une précision appliquée, elle commença à entailler la peau de Khaléo avec son épée. Ce n’était pas pour faire une joyeuse bouillie de chair. Elle tranchait cinq centimètres au niveau des articulations. L’intérieur des coudes, des genoux, les épaules et les jarrets. Les principaux tendons du corps humains y passaient, mais Denna évitait pourtant les grosses veines et les artères qui parfois côtoyaient dangereusement les tendons. Son office terminée, La jeune fille se leva et « décloua » enfin l’homme en retirant son Agiel.
-Tu bougeras moins comme ça, constata la jeune fille en souriant à sa victime.
Ensuite, avec une précision quasi chirurgicale, elle appliqua la tige de cuir sur la base de son crâne et attendit en comptant mentalement. Un crocodile… Deux crocodiles… Trois crocodiles… Quatre crocodiles… et un dernier pour être bien sûr… Cinq crocodiles. Voila ! Maintenant, il fallait retirer l’Agiel avant que son cerveau ne lui sorte par les oreilles sous forme d’une bouillie fumante. Elle rangea donc l’artefact à sa ceinture et se redressa pour contempler son œuvre. L’espion avait été neutralisé mais cela avait couté cher. Le tiers de l’escadron de Denna était soit mort, soit gravement blessé. Une goutte dans l’océan des effectifs d’Ashnard mais ça n’enlevait rien au spectaculaire de la chose. Et dire, que cet homme allait être rien que pour Denna. Elle en trépignait de gourmandise devant la difficulté d’un tel dressage. Il arriverait peut-être même à l’énerver… mais il y a quand même peu de chance.
-Creusez une fosse commune pour les morts et enlevez leur tabard avant de les y jeter, ordonna Denna. Mettez des fers à cet animal – elle désigna Khaléo d’un hochement de tête -, je ne veux plus qu’il puisse bouger le petit doigt.
La mord-Sith se massa les tempes entre ses doigts. Elle devait maintenant décider si elle rentrait immédiatement à Ashnard ou si elle attendait un peu ici. L’un comme l’autre ça ne faisait pas grande différence à part qu’elle préférait quand même dresser son prisonnier dans le jardin du palais. Le cadre était un peu plus agréable qu’un village de bouseux, mais pour cela, il fallait confier les blessés aux villageois et Denna n’avait aucune confiance en ces traine-misères, même si c’était une pure folie de s’attaquer à des soldats d’Ashnard.
-Maitresse Denna, héla l’un des soldats. Maitresse Berdine est vivante. Sa respiration est faible mais elle ne saigne pas tant que ça.
Voila une information qui changeait la donne et qui aidait Denna à prendre une décision.
-Installez un hôpital de campagne dans l’auberge. Nous allons rester ici quelques temps.
Le soldat salua et se fit aider par quelques collègues pour transporter la Mord-Sith dans l’auberge. Voyant le nombre de blessés affluant dans son établissement, Panon sortit et regarda avec désespoir les soldats emmener leur camarade dégoulinant de sang dans sa demeure. Le Maire se précipita vers Denna aussi vite que lui permettait sa bedaine, et prit un air alarmé en voyant le carnage.
-Que s’est-il passé maitresse Mord-Sith ? demanda-t-il d’une voix chevrotante.
-L’espion a été plus difficile à attraper que prévu, répondit-elle, platonique. Nous allons rester pendant quelques jours jusqu’à ce que nos blessés soit transportable. En attendant nous réquisitionnons votre auberge et j’aurais également besoin de… - elle balaya du regard les maisons de la rue et s’arrêta sur celle qui semblait la plus confortable – cette maison, là. Bien entendu, vous serez dédommagé par l’empire.
Le maire avait affiché une tête de deux pieds de long en entendant la Mord-Sith mais sa dernière phrase fut saluée d’un sourire rayonnant. Tout de suite, l’aubergiste fut soulager de savoir que son commerce n’allait pas couler. En fait, Denna avait menti honteusement, car l’homme ne recevrait pas une seule pièce de cuivre. C’était juste pour qu’il lui fiche la paix pendant toute la période où elle devra vivre ici.
* * *
Denna poussa un long soupir d’aise. Les bras en croix sur un lit moelleux, elle regardait le plafond de sa chambre sans le voir. La jeune fille avait fait une rapide toilette dans la bassine de cuivre qui était désormais rangée sous le lit, puis s’était vautrée dans les draps propres pour soulager ses muscles endoloris. Elle avait pris possession d’une petite maison en bois de chêne. La famille qui y vivait avait été gentiment prié de « foutre le camp » pour que Denna puisse s’y mettre. Bien entendu, aucun soldat ne rentrait dans cette maison. Eux, ils se débrouillaient avec l’auberge qui serait bien suffisante pour accueillir ce qui restait de la garnison. Ceux qui se sentaient à l’étroit n’avaient qu’à s’en prendre à Khaléo qui n’avait pas massacré assez de personne pour assurer le confort de tout le monde.
Enfin au calme, Denna observa sa nouvelle demeure d’un œil distrait. C’était à peu près l’image qu’elle se faisait d’une maison familiale de paysans. La maison avait été construite avec amour. Il y avait quelques erreurs presque imperceptibles. Un peu de jeu entre les portes et leurs cadrans, des trous que l’on avait comblé avec du torchis, mais ce n’était pas grave. Cela montrait juste que son propriétaire l’avait fait lui-même avec la volonté d’offrir le meilleur de lui-même à ses proches. En guise de décoration, de petites figurines en bois finement taillées trônaient un peu partout sur les tables et les rebords des fenêtres, représentant des animaux et parfois des personnages. Des fleurs séchées étaient clouées sur les murs. Certaines étaient banales et n’avaient pas vraiment de raison d’être mises en valeur… sauf si elles venaient d’enfants ?
Cette maison était embaumée d’amour. Denna le voyait. Elle le respirait même dans l’air parfumé par les divers pots que l’on avait rempli d’herbes odorantes. La jeune fille se sentait bien ici. Cet endroit lui rappelait des souvenirs et elle parvint presque à s’y immerger… avant que ses mires noisette ne se posent sur le mur en face d’elle. Aussitôt, elle abandonna son sourire et adopta son habituelle expression froide. Les sentiments de joies que l’on peut éprouver en étant entouré d’amour et de douceur étaient chassés par un courant d’air qui laissait entrer la cruauté et la malveillance comme un vent froid qui gèle tout ce qu’il touche.
Denna se leva du lit et s’approcha du mur qu’elle fixait maintenant sans ciller. Le mur de chêne avait été transpercé en cinq endroits pour enchâsser de lourds anneaux de fer. On aurait peut-être pu avoir pitié pour le mur s’il n’y avait pas un homme à plaindre. Khaléo occupait ces entraves d’acier. Ses poignets, ses chevilles et sa longue queue étaient fixés au mur, sans espoir de liberté. Distraitement, Denna passa une main gantée de cuir sur le torse nu de l’homme. Elle était fascinée par cette « peau » qui glissait si facilement sous ses doigts. Sauf que ce n’était pas de la peau... Quelle étrange créature ! Denna comprenait un peu mieux pourquoi il était aussi fort. Alors qu’elle continuait son examen, apparemment curieuse, elle entendit la respiration de son prisonnier, changer de rythme, signe qu’il s’éveillait. Denna ne s’interrompit par autant, laissant glisser ses doigts sur Khaléo comme des patineurs sur glace. Elle attendit simplement quelques secondes, pour être sûre que l’homme soit suffisamment éveillé pour comprendre ce qu’elle disait.
-Je m’appelle Denna, lui confia-t-elle sans pour autant le regarder dans les yeux. Je vais rester avec toi pendant le reste de ta vie. Il serait donc opportun que tu me donnes ton nom.
Une introduction peu originale, surtout pour une rencontre qui se passe alors que l’un des deux protagonistes est entravé contre un mur et que l’autre lui caresse la poitrine avec intérêt. Pourtant, ça semblait convenir à Denna qui n’ajoutait pas un mot.
-
Je n'osais... je ne voulais pas y croire... j'avais trop forcé sur mon insolente chance sur ma propension à toujours glisser entre les doigts du destin jusqu'ici il fallut qu'à un moment où à un autre... celà s'arrête, mais je fut plus "choqué" par l'ordre même qui fut donné ici, celui de Denna, les soldats obéissant aveuglément à ses ordres... elle était restée là a observer tout ce qui s'était passé, du début... à la fin, en ne levant pas le petit doigt, et lorsqu'elle le fit enfin, c'était pour montrer à quel point elle était implacable, froide... déterminée... monstrueuse en d'autres termes à ses yeux... Elle venait de faire abattre sans ciller sa consoeur Mord Sith juste pour être sûre de m'atteindre... Quelques carreaux avaient perçé ma cuirasse déjà bien trop abimée par les nouveaux coups de lame qu'elle venait d'encaisser pendant plus d'une... ou deux heures de combat incessant... je ne saurai le dire exactement je... je ne m'en rappellais plus tant cet acte m'avait profondément meurtri quelque part, je restai interdit, bouche entrouverte en croisant le regard de Berdine qui, s'écroulait au sol comme si une profonde empathie, l'instant de quelques secondes face à ce qu'elle croyait être sa propre mort nous avait uni pour quelques secondes, les quelques secondes où, elle glissa entre mes doigts, le long de mes bras pour tomber au sol... Me laissant seul finalement... Face à la cruauté de Denna.
Mes mains tremblantes passaient aussi sur les carreaux qui, étaient fichés un peu partout dans mon corps, trois dans le ventre, un dans le pectoral gauche, dans ma cuisse droite, et ceux qui avaient déjà transperçé mon bras droit et ma main gauche... sans compter les différentes fines lacérations de lames qui jonchaient mon corps, on aurait dit, avec le nombre de carreaux dépassant de mon corps, que j'avais été transformé en la moitié d'une passoire, pourtant je tenais encore debout, plus par résilience de l'âme et de la volonté qu'autre chose, mon coeur battait lentement, j'avais perdu beaucoup de sang, je le sentais... Denna avançait sur moi avec une épée ramassée à la volée et son Agiel et je croyais que tout était fini désormais, je n'allais pas acceuillir la mort comme Berdine... avec cette expression incroyablement confuse, et effrayée qu'elle avait eu, non... je... je souriai... j'esquissai un léger sourire sur mes lèvres, chaleureux en voyant presque la main tendue de Marianne m'acceuillir de l'autre coté... que ce soit au paradis... ou en enfer... on allait à nouveau être ensemble... un sourire...
...Qui prit fin alors que Khaléo ne pensait plus pouvoir réellement souffrir à ce moment, que plus rien ne pouvait l'atteindre que la mort, faux... complétement faux... Il l'apprit à ses dépends, lorsque la tige de cuir atteint son ventre, ce fut comme si toute la douleur des coups qu'il avait pris jusqu'ici n'avait été qu'une mise en bouche comparé à l'horreur de la douleur qu'il ressentait sur une aussi infime partie de son corps, c'est comme si on lui tiraillait les entrailles avec une centaine d'aiguilles chauffées à blanc dans la chair, je n'avais déjà plus beaucoup de force, même si la volonté de me battre était encore là, je ne pouvais plus rien faire si ce n'est serrer les dents quand je fut plaqué au sol par ce... cette incommensurable douleur, j'arquais encore mon corps des forces qui me restaient puis le contre-arquait dans l'autre sens dans l'espoir vain d'échapper au contact de... de cette chose abominable sur moi, pourquoi ne m'achevait elle tout simplement pas ?! Dans mon esprit et mes principes, c'était déshonnorant... les adversaires qui avaient voulu mourrir par l'épée étaient morts sans que je leur laisse le temps de souffrir, achevés pour le compte... On ne m'offrait pas cette même "chance" quand tu brandis l'épée tu prends également les risques qui vont avec, mais elle, avait brandi une toute autre forme d'arme.
Comment... comment je pouvais encore supporter ça... je gigotais au sol comme une personne prise de crise épileptique et de convulsions, spasmes musculaires douloureux, mon cerveau prenait trop de données à la fois, toutes mes blessures, mes perforations, l'Agiel... la découpe de mes tendons rapide, efficace et précise... pourquoi je... pourquoi je ne tombais tout simplement pas encore dans les pommes... Pourquoi n'avais je pas droit à la délivrance... n'avais je pas donné tout ce que je pouvais, n'avais je pas droit à une fin honorable et juste... Une précision cruelle épouvantable dans ses gestes et la douleur qu'elle distillait à mon humble avis à trop fortes doses, elle ne me ménageait pas, lorsqu'elle coupa dans ma chair avec son épée, elle put sans doute se rendre compte que malgré l'apparente souplesse et tendresse de ma musculature, elle était toutefois plus dense... d'environ trois fois par rapport à la densité "humaine", les fibres musculaires étaient bien plus fines, bien plus striées et tressées entre elles que la normale, malgré la propension à cette "chair" de bien se laisser "pétrir" et modeler par la main, elle n'en restait pas moins difficille à trancher, sa lame rencontra de la résistance avant d'atteindre des tendons qui, étaient eux aussi assez coriaces à trancher, mais elle y arriva en y mettant la force nécessaire, mes gémissements de douleurs avaient été éteints et étouffés par mes dents serrées, elle retira enfin cette saloperie de mon corps, je... j'avais déjà l'oeil vitreux, le regard pâle, et les lèvres tremblantes, je ne pouvais plus bouger mes membres... oh, j'essaya bien de tendre ma main vers la dague de Berdine tombée par terre, main dont les doigts ne bougeaient plus, trainant lamentablement au sol... glissant sur le manche de la dague sans espoir d'en saisir le manche.
-Tu bougeras moins comme ça
Ce n'était qu'un murmure... je n'avais plus la force... plus la force d'ouvrir convenablement mes lèvres pour "parler", mon regard devenait déjà flou, j'allais probablement bientôt "enfin" m'évanouir.
"-Achèves... moi... qu'est ce que... tu... attends..."
La mort devait être trop douce à m'accorder pour elle, et me laisser m'évanouir simplement ne semblait pas lui plaire non plus... je n'en demandais pas tant... Il aurait été facilement compréhensible que je préfères tomber simplement dans les pommes mais la Mord Sith s'approcha de ma tête avec sa tigre, je n'avais même plus la force de hocher de la tête négativement, sinon je l'aurai agitée en écarquillant les yeux, en refusant qu'elle me touches à nouveau avec "ça" surtout pas à un endroit comme...
C'était tout simplement atroce, à un endroit où la peau était si fine en face d'un organe aussi important que le cerveau, dans mon esprit il ne faisait aucun doute que j'allais y passer, mon liquide céphalo rachidien allait se mettre à bouillir, mes dents serrées... si serrées que j'en faisait saigner mes gencives, je crois... je n'en suis pas sûr mais... je crois qu'avant de sombrer... un détail dérangeant me frappa... ma vessie venait de lâcher et... comme lorsque j'étais gosse face à mes propres cauchemars... je m'étais fait dessus, elle eut raison d'insister un peu plus longtemps avec son Agiel, sinon j'aurai été foutu de rester conscient, et elle avait du prendre conscience rapidement de la différence de "solidité", et de souplesse des matériaux organiques dont j'étais fait, des larmes... des larmes de sang coulaient sur mon visage, et quelques filets hors de mes oreilles duveteuses, j'avais tant serré les muscles de ma mâchoire de mes oreilles, enfin, de mon visage entier que je m'étais éclaté quelques vaisseaux sanguins, d'où mes larmes de sang, mais j'avais enfin regagné des traits paisibles maintenant.
* * *
L'esprit s'égares... le bruit des chaînes... l'humidité, le froid d'une cellule où aucune lumière ne pénètres si ce n'est la flamme d'une torche trop éloignée pour distinguer... un corps... un corps étendu... le sien... à une autre époque dans un autre lieu... un corps qui, ne comporte presque plus que la peau sur les os.
Le sien.
Une maigreur à faire peur... Mais c'était bien lui... des cicatrices autour des poignets, des coudes... des jarrets et des chevilles... exactement comme Denna venait de lui sectionner les tendons, en fait... Il savait qu'il avait déjà vécu quelque chose de similaire, d'enfoui dans sa mémoire... juste après... juste après que le roi des terres du milieu ait annoncé le bannissement de la Légion du Lion blanc, son armée de mercenaire, banni de son ordre sacré, et de ses terres... Tout s'était passé très vite après la cérémonie d'adoubement qui aurait du faire de lui un chevalier, la cour avait été rassemblée dans la salle du thrône, le roi attendait et insistait avec sa cour pour qu'il retires son casque afin que la couronne de lis et que les trois touchettes cérémoniales scellent son anoblissement et fasse de lui un véritable chevalier... mais la réaction fut vive lorsqu'il retira son casque, et qu'il afficha sa différence à l'assemblée, ce furent d'abord les sujets qui, portèrent leurs mains à leurs bouches en ayant un geste de recul, avant que la peur ne se transforme en haine, en accusations, le pointant du doigt pour l'horreur qu'il était à leurs yeux, il n'avait pas été question de nous anoblir, moi et ma Légion, mais de faire enfermer et de traquer mes hommes à travers le pays.
J'avais été trahi par ma propre différence... par mon apparence que j'avais cachée durant de longues années, même à mes hommes, et c'est elle qui leur couta aussi leur vie... et ma liberté... j'avais été vendu a l'ennemi du royaume par ce "roi" roi dont je servai la famille depuis plus de trois générations, j'avais été vendu aux sombres, aux elfes sombres... qui m'ont ensuite étudié... j'étais... un véritable sujet d'étude "passionnant" pour eux, et surtout très rentable puisque chaque soir je régénérais, pour redevenir une table rase sur laquelle inscrire, graver, pratiquer de nouvelles tortures, prélever des bouts de chair, de peau, parfois même quelques organes, c'était pratique il n'y avait qu'a me donner de la viande saignante et ça repoussait presque immédiatement... Et j'étais en train de faire ce cauchemar... j'aurai sans doute pu en pleurer durant mon sommeil si je pouvais expulser quelques larmes mais mes canaux lacrymaux étaient déssoudés pour un bon moment.
* * *
L'esprit s'éveille... doucement... il reste confus... car il ne croit pas à sa survie dans un premier temps, surtout lorsque cette sensation délicieuse, cette caresse glissant sur sa poitrine, musucleuse, ferme haute et bien formée, comme toutes les formes de son corps d'ailleurs, toujours bien équilibrées entre la masse puissante et l'allonge athlétique, souple, subtilement lissées de toute part par une félinité légère... aucun angle brut sur ce corps... tout en courbes, qu'elles soient longues ou courtes, cette caresse donc laissent à son corps produire l'ébauche d'un ronronnement passant au travers de ses lèvres, un ronronnement rauque, suave, alors qu'il n'a pas encore les yeux ouverts, ça vient... il ne se précipites pas parce que l'âme est encore douloureuse, comme le corps, courbaturé et brûlant, il ouvres les yeux, sur une forme floue... alors que son ronronnement prends quelques hauteurs avant qu'il ne se rende compte qu'il est bel et bien vivant... un moment il eut presque crut que le paradis existait mais, son corps le rappellant à sa douleur physique, à sa chair meurtrie, il essayait déjà de secouer ses membres dans ses entraves pour se rendre compte qu'il était enchaîné au mur, d'autres battements de cils, rapides, pour dégager cette humeur vitreuse sur sa cornée, afin d'y voir plus clair, l'éveil à son corps et son esprit prend enfin "fin", l'odeur rassurante de cet endroit l'aide également à en terminer avec ses sens engourdis.
Avant de se concentrer sur le visage de Denna, il parcourut la pièce où il se trouvait de mouvements vifs de la tête et des yeux, respirant bien l'odeur de cet air doux, c'était... un endroit chaleureux, qui semblait appartenir à une famille heureuse, même s'il ne savait pas exactement ce que ça voulait dire une "famille heureuse" bien qu'il ait pu y goûter bien sommairement il y a fort longtemps, cette période lui avait paru bien trop courte à ses souvenirs, avant de tomber sur les yeux noisettes de la Mord Sith en face de lui, qui continuait de donner libre court à ses caresses qui, glissaient drôlement bien de son cuir sur le duvet dense et extrêmement fin qui recouvrait son corps, et détaillait son anatomie exactement comme l'aurait fait une "peau" il serra les dents entre ses lèvres à peine entrouvertes, fronçant les sourcils en plissant légèrement les yeux, laissant ce regard sauvage, d'une rare intensité, d'une prédation séductrice se perdre un moment dans le regard désinteressé de Denna, de nombreuses cicatrices jallonaient le corps du mercenaire, et de par la "densité" de ses tissus, rendaient celles ci fines, biseautées, qu'elles soient longues ou courtes, elles semblaient souligner les formes de son corps rablé, un corps d'une nervosité sauvage sous ses doigts, ces cicatrices parfois hachurées, et souvent estompées à des degrés divers selon leur ancienneté, en plus de donner l'impression de lécher sa musculature elles affirmaient ce coté brutal... guerrier... chasseur de cette créature, quelques unes de ces cicatrices étaient même présente sur son visage, signe qu'il n'avait même pas peur de se jeter parfois la "tête" en avant dans les problèmes, renforçant aussi la conviction d'avoir une sacrée tête brûlée face à elle.
Combien de temps était il resté ici ? Avait on pris soin de ses blessures ? L'avait on lavé ? la caresse des doigts de la Mord Sith contrastait avec la douleur qu'il ressentait encore dans son corps, les capoules de la chevelure de Khaléo, lui donnant cette allure d'une noblesse sauvage, entre le lion et le tigre pour les rayures sur ses joues, caressaient les cotés de son visage, tandis que le reste de sa chevelure hirsute, éparse, tenant moins en "brushing" que la facade, glissaient sur sa nuque et ses épaules quand il redressa la tête lorsqu'elle ouvrit la bouche :
-Je m’appelle Denna, lui confia-t-elle sans pour autant le regarder dans les yeux. Je vais rester avec toi pendant le reste de ta vie. Il serait donc opportun que tu me donnes ton nom.
Mes lèvres oscillaient nerveusement entre le sourire et l'appréhension, car je savais déjà que je n'allais ni être sérieux, ni très coopératif avec cette femme, affichant dans un sourire plus large, cette jolie dentition carnassière qui s'enchevêtrait parfaitement et dangereusement bien les unes sur les autres, la mâchoire du bas, sur celle du haut, je claquais des dents en avançant doucement la mâchoire, mon menton vers elle, je savais que je prenais des risques dans ma situation, j'étais enchaîné bien solidement... ils n'avaient pas lésinés sur l'épaisseur et la taille des fers... je n'allait pas sortir facilement d'ici... après tout elle avait bien failli me dézinguer le cerveau avec son Agiel, ça pourrait peut être "payer", ça ne lui servait à rien si j'avais l'air d'avoir perdu l'esprit de me retenir ici, d'un autre coté je craignais aussi qu'elle ait envie de me liquider rapidement si j'essayais de jouer aux cinglés, au type ayant perdu l'esprit, si je n'avais plus aucun interêt à ses yeux... Après tout qu'est ce que je perdais ou gagnais à lui donner mon nom... pas grand chose... mais par pur esprit de contradiction face à l'autorité, fallait absolument que je fasse le mariole, c'était plus fort que moi.
"-Je connais votre joli petit nom depuis plus de deux jours, vous avez du retard si vous ne connaissez pas déjà le mien, je vous soupçonnes même d'essayer de tricher en me le demandant directement, dans ce cas je suis déçu et je conserves mon "avance" même si elle est insignifiante."
Petit con, sur le ton de la plaisanterie et redoublé d'un sourire provocateur et d'un second claquement de ses jolies dents à la fin de sa phrase pour la ponctuer d'un point final, en plus, il avait l'air fier de sa bêtise l'idiot, il se demandait juste combien de temps il pourrait tester la patience de Denna avant qu'elle ne soit obligée d'en venir aux mains pour le faire parler, malgré son état déplorable il trouvait encore le moyen de faire l'abruti, il se pinça la lèvre inférieure avec ses dents, penchant la tête sur le coté en relevant les sourcils comme pour mieux observer sa réaction.
-
Lassée, Denna cessa d’ausculter sont nouveau compagnon. L’homme lui fit un sourire qu’elle jugeait goguenard mais cela ne la surprenait pas vraiment. On se doute bien que la jeune fille en avait vu passer des fiers guerriers qui se moquent de leur tortionnaire et essayent de les mettre en rogne. Tout cela pour s’arroger un semblant de contrôle sur la situation et un moyen de contrarier leur bourreau. Une tentative bien vaine et puérile selon Denna mais c’est tout ce qui restait au pauvre diable enchainé. En même temps, c’était difficile de déterminer qui était le plus pitoyable : celui qui se débat avec ironie ou celui qui supplie en permanence. La Mord-Sith préférait sans hésitation les hommes comme Khaléo, même s’il allait devoir se donner à fond pour ne serait-ce que provoquer un froncement de sourcil sur le visage angélique de la jolie blonde.
Denna qui s’y attendait un peu, écouta donc sans surprise la réponse de son prisonnier. Un sourire commença à fleurir sur son minois, mais intérieurement elle était un peu déçue. C’était presque une évidence que l’homme n’allait pas accéder à ses désirs mais elle avait tout de même entretenu le faible espoir qu’il lui donne son nom. C’était une simple curiosité qui n’était pas nécessaire à la suite des évènements, mais c’est vrai que Denna aurait bien voulu connaitre le patronyme d’un ennemi aussi respectable que lui. Il l’impressionnait. Ca, elle ne s’en cachait pas, et ça aurait été même hypocrite de ne pas lui vouer un semblant d’admiration.
Elle contempla donc l’homme attaché au mur comme Michel-Ange avait dû contempler la chapelle Sixtine avant de la transformer en ce qu’elle est aujourd’hui. Ses mires noisette étaient posées sur lui et semblaient brillées d’excitation à l’idée de ce qui allait se passer dans cette pièce. Pourtant, ni son sourire, ni son regard n’exprimait de joie perverse ou de sadisme. Ici, elle allait réaliser un chef-d’œuvre à partir d’une œuvre d’art.
-Tu as raison, admit-elle. On ne doit pas donner si facilement son nom à des inconnus. Je te le redemanderai quand nous nous connaitrons un peu mieux.
La Mord-Sith observa encore une fois le corps de Khaléo. Elle l’avait rapidement nettoyée et surtout, elle avait retiré les flèches qui étaient plantées dans son corps. Par contre, elle avait laissé les blessures comme telles car un détail l’avait marqué. Sa blessure au flanc qu’il s’était fait sous la tente des officiers avait complètement cicatrisée. Une capacité de régénération très intéressante qui lui épargnait d’avoir à soigner son prisonnier. De plus, elle n’aurait pas besoin de se retenir car il n’était pas vraiment fragile.
Denna s’approcha de lui par la droite, car elle n’avait pas vraiment envie de se prendre un coup de boule ou autres joyeusetés, puis remonta le long de son bras pour enfin poser sa tête contre l’épaule du tigranthrope. Elle se contenta ensuite de l’observer avec un sourire serein, comme si elle tentait de l’analyser par des moyens qui lui étaient inconnus.
-Tu es un dur à cuir, n’est-ce pas ? Fit-elle sans vraiment attendre de réponse. Tu vas me mener la vie dure et t’obstiner à garder tes secrets. Tu ne répondras à aucunes de mes questions ? Hé bien, sois tranquille, je ne compte pas t’en poser.
Sur ces mots, elle sortit son arme et enfonça la tige de cuir dans le nombril du mercenaire. Il est très difficile de décrire l’effet d’un artefact créé par un monstre de haine et de malveillance. Ce serait un peu comme essayer de décrire les couleurs à un aveugle, mais nous allons quand même essayer. Tout d’abord l’objet provoque la douleur au moindre contact, qui reste localisée sur l’endroit touché. Mais il demeure, cependant, une arme et peut provoquer des lésions en fonction de la pression exercée sur la cible. Comme une explication ne vaut jamais un exemple, prenons le cas de Denna qui appuyait son arme sur le ventre de Khaléo. Elle commença à la déplacer, progressant sur la peau centimètres par centimètres. La tige n’était enfoncée que de quelques centimètres au vue de la peau qui se déformait à son passage, mais c’était suffisant pour laisser une trainée violette qui suintait du sang, attestant que la plupart des veines avaient littéralement explosées au contact de l’arme et que la peau s’était ouverte à son passage. Un phénomène intéressant qui prouve bien que l’Agiel à également des propriétés létales. Ceci étant démontré, nous pouvons poursuivre l’expérience... A force de remonter sur le ventre sa victime, Denna arriva maintenant aux côtes qui n’étaient visibles que sur les flancs de sa victime. L’Agiel buta dessus, et Denna exerça une légère pression qui fut aussitôt accompagnée d’un craquement sourd. L’os venait de céder, libérant le passage à la tige qui se remit à glisser sur la peau jusqu’à ce qu’elle rencontre une autre côte. Inutile de préciser que l’opération se réitéra autant de fois que nécessaire. Si Khaléo ne savait pas combien de côtes possédait un corps humain, cette lacune était maintenant comblée grâce à Denna qui prenait un plaisir évident à les briser une par une et… lentement.
On a maintenant une vague idée des capacités de destruction de l’artefact de torture, mais la sensation à son contact restait quand même difficile à définir. Il brule, électrocute, perfore… et tout autre verbe qui serait adéquat pour définir la douleur. Pour résumer, les nerfs touchés par la magie de l’objet envoient toutes les informations possibles au cerveau qui traduit cela par une douleur atroce. Un savoureux mélange de tout ce qui fait mal sur cette bonne vieille terre.
Sans un mot, et ne laissant aucun répit à son condamné, la jeune fille continua diverses tortures de son cru. Elle s’amusait parfois à l’aiguillonner au hasard pour voir d’après ses réactions les endroits les plus sensibles. Lorsqu’elle en avait trouvé un, elle s’acharnait dessus pendant une bonne dizaine de minutes jusqu’à faire du petit bois des os qui se trouvaient en dessous et que la peau prenne un jolie teinte améthyste avec des nuances de noir. Ensuite, elle repartait à la recherche d’une autre oasis de peau intacte sur laquelle s’acharner.
Au bout de deux heures Denna commençait à fatiguer. Elle y allait avec un peu trop d’enthousiasme et elle commençait à trouver désagréable la douleur de son propre Agiel dans la main. La Mord-Sith fit donc une pause. Sans avertir Khaléo, elle rangea son instrument dans son étui et secoua ses doigts endoloris par la magie de l’artefact. La jeune fille s’assit ensuite sur son lit et poussa un profond soupir de soulagement. Elle observait son œuvre et attrapa à l’aveuglette une outre remplie d’eau qu’elle vida presque en une gorgée. Une fois rassasiée, elle secoua la gourde à l’attention de Khaléo.
-N’hésite pas à demander si tu veux de l’eau ou quelque chose d’autre, fit-elle sans la moindre ironie.
A aucun moment, Denna ne s’était moquée de son prisonnier. Elle ne le narguait pas, ne l’insultait pas et n’était pas haineuse. La seule chose qu’on pouvait lui reprocher était sans doute un sadisme un peu trop développé et un certain stoïcisme devant la douleur des autres.
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Ce regard... Contrairement à ce à quoi il aurait pu s'attendre, à corps ainsi dévoilé aux yeux pétillants de Denna, ce regard ne parcourait pas son être avec le mépris, où la haine qu'il aurait pu penser mériter de par sa différence et de la part d'un enemi, il s'était fait capturer parce qu'il avait commis quelques erreurs... dont celle de sous estimer la créature qu'il avait face à lui, donc pour en revenir à sa situation présente, ce regard curieux sur sa personne ne cachait pas une forme sous entendue de respect, ça faisait bien longtemps qu'on ne lui avait pas lancé ce genre de regard, pour peu il s'en serait presque senti "touché" s'il n'était pas attaché de ses cinq membres... Donc... du respect et une certaine forme d'envie... de "désir"... même, comme un gosse impatient d'ouvrir son cadeau de noel pour en découvrir plus... sauf que son emballage était d'une nature bien différente, à la limite, à cet instant si le language s'y était prêté, puisqu'une forme de respect croisé dans les regards un peu hésitants et plissés de Khaléo s'était instauré entre eux sans que les mots n'aillent besoin de le définir, il aurait sans doute été possible de lui dire son nom et peut être même, qui sait, d'entretenir une conversation plus ou moins "correcte" si elle avait pris la peine... disons... de "l'apprivoiser" par la parole et son respect, il y croyait c'était peut être naif de sa part... mais le respect entre deux ennemis avait quelque chose de sacré à ses yeux, il avait cessé de sourire bêtement, pourquoi pas... Lui aussi avait été impressionné par la poigne de fer avec laquelle Denna dirigeait sa garnison d'Elite, et fut incorruptible face à la menace qu'il avait brandie en dernier recours en prenant Berdine en Otage, elle n'avait pas plié, ni cédé de terrain.
L'instant de quelques secondes donc, il y eut cette rare alchimie que provoque le non mot et le ballet de quelques regards d'une indéchiffrable intensité , lui avait également l'impression d'être face à un être unique, presque trop rare pour exister, et trop étrange pour survivre, malgré l'absence de quelconque émotion sur le masque déposé sur son visage, ah... si... peut être ce sourire... Mais il se doutait que ce soit un sourire inspiré par sa réponse, malgré le ton plaisantin et son plus beau et grand sourire sur sa belle gueule sauvage, non c'était un sourire inspiré par la contemplation étrange qu'elle avait eu sur son corps, avant qu'elle ne prenne la parole, et réponde à ma petite provocation sur un ton et des hauteurs pratiquement neutres, sans aucune animosité où indices qui lui laisseraient imaginer qu'elle était le moins du monde atteinte par ce qu'il venait de dire, si ce n'est ce petite sourire toujours présent sur ses lèvres :
-Tu as raison. On ne doit pas donner si facilement son nom à des inconnus. Je te le redemanderai quand nous nous connaitrons un peu mieux.
Autant garder le rythme et cette étrange ambiance qui s'était installée, répondre au sourire par le sien, mutin, c'est tout ce qu'il lui était possible de faire de toute façon, toujours sur ce ton chargé d'ironie, il répondit :
"-C'est vrai... deux jours... ça ne fait que deux jours que nous avons eu le... le... Ah ! oui, voilà... le "plaisir" -insistant sur ce mot en penchant la tête sur le coté, accentuant de manière volontaire l'impression qu'il ait du "chercher" son mot.- Oui, c'est celà... le plaisir de se connaître... Loin de moi l'idée de vous offenser... je trouves que ça va un peu vite entre nous."
La fin de la phrase se termina par une moue de ses lèvres et une expression de son visage emplie de faux sentiments "désolés", comme un masque au théâtre, avant de regagner cette expression irritante d'assurance et son sourire moqueur.
J'attendais une erreur... même si j'avais du respect pour elle -jusqu'a présent- malgré les conditions discutablement et extraordinairement douloureuses de ma neutralisation, fallait dire que personne jusqu'ici n'avait jamais tenté de m'assomer, ou de me faire perdre conscience, je lui accordai donc encore le bénéfice du doute, un peu bonne poire légèrement naive, elle n'avait pas fait exprès de limite me griller la cafetière au point que je me pisse dessus, on fera passer ça pour un effet secondaire indésirable, une femme ayant un regard empli de respect et d'une forme d'admiration sur vous ne peut pas sciemment vous faire du mal... n'est ce pas ? Imbécile... il était loin de la réalité encore, il allait probablement bientôt tomber des nues, comme toute forme de ce "respect" à l'encontre de Denna, j'attendais donc quand même une erreur, un moment ou je pourrai lui attraper quelque chose, avec mes dents, lui coincer un bras entre mon menton et mon cou, un bout de main, de bras, des cheveux... son nez même... non pas le nez... pas un bout du visage quand même... quoique... si je n'avais pas le choix... mon regard parcourait la pièce, je m'imaginais déjà l'obliger à me détacher sous peine de la tuer d'une morsure à la jugulaire, ou de lui arracher la main, un bras qu'elle aurait laissé trainer inconsciemment à ma portée...
...Grossière erreur... Elle était plus consciencieuse... qu'un homme ne le serait jamais dans l'exercice de... de ses fonctions dont je ne connaissais pas réellement encore la "véritable" étendue, pour moi, c'était jusque là un officier, donc rompue aux codes millitaires et au respect du protocole concernant les prisonniers... Ah la farce que j'étais encore en train de me raconter à moi même... Bon ! Je me doutais qu'il s'agissait d'un interrogatoire... enfin là aussi c'est ce que je croyais, elle prit donc la précaution de s'approcher de moi sans jamais rien laisser trainer devant mon visage, quelle prudence... mais aussi... quel splendide... doux visage... posé sur le duvet de son épaule... bien ronde, où une rayure sombre entrecoupée de sa couleur ombrageuse par des cicatrices plus pâles, se finissait en dégradé spiralique soulignant sa rondeur depuis l'extérieur, vers l'intérieur ou la pointe de sa rayure s'estompait vers le blanc.
Il croisa son regard, un regard dérangeant, presque le même genre de regard qu'avait posé sur lui ce jeune et étrange soldat, il préféra ne pas lui laisser le temps de sonder trop longtemps ses yeux, par rébellion, il fixa le fond de la chambre, droit devant lui, laissant un souffle entre ses lèvres dégager une mèche pendante devant son visage, aussi rebelle que son regard plissé trahissait son sale caractère en cet instant.
-Tu es un dur à cuir, n’est-ce pas ? Tu vas me mener la vie dure et t’obstiner à garder tes secrets. Tu ne répondras à aucunes de mes questions ? Hé bien, sois tranquille, je ne compte pas t’en poser.
Il s'obstinait à regarder droit devant lui, sur un horizon si lointain qui semblait transpercer les murs même de cette chaleureuse maison, lorsqu'il entendit la main gantée de cuir de Denna se saisir de son "arme" il comprit vite fait ce qu'elle comptait à nouveau lui faire subir, je ne vous cache pas qu'il appréhendait grandement à nouveau ressentir le contact de cette saloperie innomable, il était loin d'être masochiste, il n'appréciait absolument pas souffrir pour rien quand même, ni pour le plaisir d'autrui, ça le répugnait qu'elle en vienne aussi rapidement a ce genre d'extrêmités, lui montrant qu'en fin de compte elle n'avait aucune forme de patience, ses yeux se fermèrent quand il sentit le bout de la tige s'enfoncer contre son nombril, contractant les muscles de son ventre, ses rebonds abdominaux pour les faire les plus épais et durs possibles, pour qu'ils forment une résistance à la pénétration et la propagation de la douleur, pour que ça n'atteigne pas non plus ses organes internes, il serrait les dents sous un sourire bien forcé et crispé sur ses lèvres, il tirait également sur ses bras et ses jambes dont les tendons avaient été sectionnés comme pour essayer de répartir cette putain de douleur à d'autres endroit dans son corps comme pour se distraire de celle là, peine perdue ! Elle n'avait aucune commune mesure avec ce qu'il pouvait raisonnablement s'infliger à lui même.
La tige... la tige restait... constemment... appuyée... sur... son corps... Ses paupières se plissaient plus fort, la ride du lion, et les muscles de son ascendance léonide / féline de rage, autour de l'arrête de son nez se mirent à se contracter pour être de plus en plus visibles, il tappait parfois l'arrière de sa tête contre le mur de rondins de bois en chêne massif, ça ne s'arrêtais pas... ça ne voulait pas s'arrêter... les notions de respect qu'il avait donc précédemment pour Denna s'envolaient petit à petit, éclatant et se fissurant à chaque fois qu'elle posait son horreur sur lui à un endroit différent, il ouvrait parfois ses yeux pour les planter dans ceux de la Mord Sith, un regard d'une rage insondable, redoublée de la frustration de sa salope de bête jalouse au fond des limbes de sa conscience, donnaient à ce regard plus qu'une impression simple de farouche rebellion et d'envie de meurtre atroce, celle... d'un léger dégoût naissant aussi, mais même ce regard mêlé de sentiments divers disposait de ce charme particulier qu'ont ces regards prédateurs, bouillants, fiévreux d'un désir mêlé d'envie de vengeance, de la voir aux prises entre ses griffes, et une lueur provenant de son sang chaud, de sa bête, mais aussi étrange celà puisse paraître pour en donner une autre définition peut être plus parlante, aussi assassin et séduisant à la fois pouvait l'être le regard d'une créature sud méditérannéenne, d'une bohémienne, d'une latine coriace à sang chaud et au tempérament enflammé, indomptable, ne se laissant faire d'aucune sorte, ni aucune manière possible, n'appréciant pas ne pas être aux commandes de ce peut lui arriver, c'est pourquoi il arrivait encore à forcer ses sourires d'un charme provocateur, qui avaient du mal à s'effacer de son visage, malgré d'interminables minutes de ce calvaire, oh ils étaient parfois déformés par la douleur qui tiraillait les muscles de son visage, mais ils restaient bien là.
Mais il y avait une chose qui le faisait pleurer "intérieurement", pour une raison qui remonte à des souvenirs qu'il à pratiquement oubliés... qu'il aurait préféré oublier en tout cas... Que faisais t'on à son corps ?
Qu'est ce qu'elle était en train de faire à son corps ? Plus encore que la douleur peut être... ça laissait une trace dans son esprit plus dure même que la douleur quand il... quand il posait parfois les yeux sur ce qu'elle avait fait à son ventre... Pas qu'il ait un amour propre réellement surdéveloppé... Mais quand même... il était profondément marqué dans sa chair, il le sentait, et même pouvait le voir en posant ses yeux sur son ventre... il n'en dit rien et, n'en laissa rien paraître, mais ce n'était ni beau à voir ni beau à penser, c'était une forme d'humilliation... pour lui... car partout ou passait l'Agiel... de très anciennes cicatrices se rouvraient... et avec elles le souvenir... le souvenir de chacune d'entre elles, et de son pourquoi... il n'allait pas en pleurer mais les revoir s'ouvrir et sentir leur douleur à nouveau ramenait les souvenirs des époques et des raisons de ces dernières avec elles, en plus d'en infliger un coup à son psyché.
Tant que lorsque sa première côte se brisa il avait ce regard vide... vitreux... comme si sa cornée était devenue soudainement plus opaque et réfléchissante à la lumière pour cacher sa pupille, il ne souriait plus, les traits de son visage étaient parfaitement lisses, sereins mêmes, d'une soudaine insensibilité aux premières côtes brisées par l'Agiel qui auraient pu laisser Denna pratiquement dégoûtée de la non réactivité de son sujet pour le compte, finis les regards d'une personnalité, d'un caractère et d'une intensité rare, il semblait choqué par quelque chose qui, laissait son esprit vagabonder et paraître handicapé de toute expression émotionnelle ou douloureuse de son corps pour une minute... une minute ou Denna put sans doute rester seule face à sa propre frustration d'être incapable d'extirper une once de rictus de douleur ou de spasmes musculaire sous le craquement donc, de cette deuxième côte, mais le regard de Khaléo reprit enfin sa "vie", elle devait se douter que quelque chose avait enclenché cet étrange phénomène mais n'avait pas encore d'indices sur le "quoi", donc son regard repris vie et les mouvements de son corps aussi, prenant conscience de la fêlure de ses premières côtes il réprima un rugissement en l'étouffant entre ses dents fermées, à nouveau si serrées qu'il en fit saigner ses gencives tant la pression de sa mâchoire pouvait être abominable, jetant des regards écarquillés de douleur au plafond, ou au sol, à chaque fois qu'elle lui brisait une nouvelle côte, ayant décidé de ne plus lui laisser le loisir de le regarder dans les yeux ou de reporter son attention sur elle, qu'elle "crève" c'était tout ce à quoi il pensait à cet instant, il imaginait la tuer de ses propres mains, de différentes manières possibles, cette garce, lui broyer la tête entre ses grandes paluches serait encore trop beau, non, il lui râperait la tête sur les échardes en bois du mur pour en faire un gros moignon de chair sanguinolante quand il en aurait terminé avec sa gueule, où il lui arracherait les yeux, la langue, lui clouerait ses propres ongles en perçant la fin de ses doigts avec ses dents, il imagina tout un tas de choses plus cinglées et plus retorses les unes que les autres qu'il aimerait lui faire subir pour se venger, n'ayant que ça pour se donner le courage à continuer d'encaisser, il sentait ses côtes lâcher les unes après les autres, sa cage thoracique tressauter à chaque fois qu'une côte était brisée, il respirait mal, de plus en plus mal parce que, vous savez, ce qui retient le sternum en place ce sont quand même les côtes, et si toutes vos côtes finissent par être sectionnées, brisées, eh bien... arriva ce qui devait forcément arriver ! maintenu contre la paroi par ces cinq fers, à la fin de son travail sur ses côtes, l'avant de sa cage thoracique n'était plus maintenu que par ses clavicules qui formaient une charnière, et, les... les organes maintenus dans sa cage thoracique glissaient peu à peu hors de... de leur cage en glissant sur le diaphragme qui n'avait plus le support de sa force abdominale puisque son ventre ressemblait à une aubergine qui transpirait du sang et puisque ses muscles avaient déjà été déchirés, il sentit donc ses poumons, ses intestincs s'affaisser légèrement, glisser un peu vers le bas, de pas beaucoup, mais assez pour lui donner l'impression constante qu'il allait mourrir, et rendre extrêmement peinible, douloureuses, chacunes de ses prochaines respirations qui étaient toutes forcées.
Malgré ça à aucun moment il ne supplia, non... plutôt crever... il à été tenté pourtant de dire un mot, juste pour l'empêcher ou l'arrêter histoire de souffler, d'obtenir une seconde de répit mais... mais ça aurait sûrement été encore trop cher la payer, trop de douleur... il en recevait trop... parfois ses yeux louchaient, se révulsaient, ratait une respiration, cherchait un endroit, une chose à fixer dans la pièce, son regard voyageait aux quatre coins avant qu'il ne s'arrête sur l'une des figurines singulières, probablement sculptée de la main d'un enfant et entreposée là par un père fier de son enfant, jamais... non... jamais il ne prendrait le visage de cette tortionnaire pour appui, pour soutient, et puis au moins... il pouvait presque s'égarer comme ça... juste imaginer l'histoire que renfermait cet objet... la patience de la personne qui l'avait sculptée... la passion qu'a mis cet enfant dedans même s'il à l'air plutôt banal... la fierté... la fierté de l'offrir, et le montrer à son père.
De la sueur... se mêlait à son sang... par "chance" elle n'avait pas réellement touché à son visage... mais son corps... quel chantier... il ne ressemblait plus à "rien" était méconnaissable... même lui aurait eu du mal à dire si tel ou tel muscle se trouvait bien au bon endroit, en tout cas elle ne l'avait pas râté et n'y était pas allée de main morte, elle avait même prit le temps d'apprendre où se trouvaient certains de ses points sensibles, encore heureux qu'elle n'ait apparemment pas pensé au contour hypersensible de sa queue de tigre accrochée à la naissance de la raie de ses fesses où ses oreilles, voir même de son service trois pièce, quand bien même, ses tripes étaient retournées, et un mélange de salive et de sang coulait depuis ses lèvres... haletant et le corps complétement détendu sur ses fers, de très belles veines, quand elles n'étaient pas toutes éclatées, d'effort à force de tordre, de tendre, son corps pour échapper vainement aux appuis de l'Agiel, apparaissaient sur la majorité de ses membres, Denna venait de s'arrêter... il ne savait pas s'il devait en être soulagé... il aurait préféré qu'elle y aille trop fort au point qu'elle le tue en fait, ça n'en était pas loin avec sa cage thoracique distendue, qui "voyageait" d'avant en arrière sur la charnière de ses clavicules selon l'inclinaison de son corps, corps qu'il devait désormais maintenir un peu incliné vers l'arrière pour éviter que sa cage thoracique ne "s''entrouvres" et que ses organes vitaux ne tombent tout simplement pas dans son ventre.
Même alors qu'elle avait fini de toute façon c'était encore atrocement douloureux à chaque seconde, il tenait encore sur ses jambes tremblantes, debout, comme là dehors quand il affronta ces hommes d'armes en surnombre, sa rage bullait aux coins de ses lèvres, de ses dents serrées, jamais ! jamais il ne... il ne se rendrait ! La volonté était encore malgré tout très forte dans son regard, volonté exacerbée par la foutue colère de ce qu'elle venait d'oser lui faire subir, il avait cru à du respect... mais ça ?! quel genre de respect ?! Pour finir comme ça... il était révolté... il était révolté mais impuissant... S'il avait su il aurait probablement mis fin à ses jours lui même quand il en avait eu l'occasion, il posa les yeux sur la "Mord Sith" cette fois il ne penserait même plus à son nom, ça allait être la "Mord Sith" et point barre, "ça" ne méritait plus de nom à ses yeux, et encore moins qu'il lui donne le sien. Putain de colère...
Elle secouait sa main ? Oh merde... Alors on était déjà fatiguée ? Il lui aurait bien craché au visage "t'en a une deuxième alors finis ton putain de travail de merde ! Feignasse !" juste pour l'irriter mais... mais maintenant il voulait quand même vivre, hein, ne serait ce que pour lui faire la peau de la belle manière qu'elle mérite, même son sang suintant et ruissellant à l'extérieur de son corps avait l'air chaud, chaud de cette révolte intérieure, le corps fumant de condensation, il ne faisait pas si chaud que ça, on se rapprochait de l'hiver, donc l'écart de température le laissait "fumer" dans son coin, attaché.
-N’hésite pas à demander si tu veux de l’eau ou quelque chose d’autre.
Son regard noir invectiva la Mord Sith, il disait parfaitement sans qu'il n'aille à prononcer le moindre mot "Est ce que j'ai l'air de vouloir encore quoi que ce soit qui vienne de toi ?" où "Tu peux garder ton poison, vipère." et encore "Si tu ne comptes plus me poser de questions sache que désormais ce n'est même plus la peine d'espérer m'entendre parler." jusque là elle n'avait réussi qu'une chose, à détruire l'image respectueuse qu'il avait d'elle pour faire naître une violente haine à son encontre, il ne disait rien, non... il lui sembla trop bon lui permettre encore d'entendre le son de sa voix, si elle comptait réellement le faire parler, cette méthode était, bien sûr à son humble avis, de loin la plus mauvaise qu'il ait subie de toute sa vie, les heures étaient passées et, malheureusement pour lui ses canaux lacrymaux s'étaient "reformés", c'est à cet instant qu'il put verser quelques larmes, plus des larmes de douleur que de tristesse, en retard, bien en retard donc par rapport à sa torture, c'était même plus dur de s'observer à nouveau dans une situation de ce genre que de subir la moindre douleur physique en vérité, il calla son visage contre ses épaules pour tenter de sécher ses larmes en frottant ses joues dessus, se jurant qu'il s'en sortirait, si ce n'était pas aujourd'hui, ce serait demain, dans une semaine, dans un mois ou un an, à un moment où à un autre on relâche toujours son attention, il y a toujours une faille à exploiter, du moins il l'espérait, donc avec cette envie de vivre pour se venger, l'espoir en était également né.
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Khaléo était très courageux et l’estime de la jeune fille envers lui grandissait de plus en plus. Normalement, il aurait dû hurler et casser les oreilles de la Mord-Sith mais on pouvait dire que de ce côté la, il est un invité très agréable. Oh bien sûr, Denna prenait du plaisir à entendre les hurlements inhumains qui sortaient de la bouche des torturés comme autant d’applaudissement qui saluerait l’efficacité de tel ou tel coup. Cependant, ce n’était pas nécessaire. En effet, seul les bourreaux de pacotille avaient assez peu de confiance en eux pour avoir besoin de cris, afin de savoir s’ils étaient sur la bonne voie ou si ce qu’ils faisaient était bien. Ces amateurs étaient des novices, des profanes qui prenaient seulement plaisir à se sentir supérieur par rapport à leur victime. Victime qu’ils finissaient par tuer à cause de leur incompétence ou parce qu’elles avaient l’intelligence d’insulter leur bourreau qui s’emportait et mettait ainsi fin à ses souffrances. Heureusement que l’ordre des Mord-Sith existait pour apporter un peu de savoir faire et de philosophie à un art qui mérite largement sa place dans le milieu spirituel au même titre que le yoga et toutes forme de contrôle du corps… Si, si… C’est vraiment ce que pense Denna. Et pour les mauvaises langues qui jugent trop vite et affirme qu’elle est folle, il faut rappeler que cette notion est purement subjective.
Soit dit en passant, Khaléo réagissait plutôt bien au dressage pour l’instant, même si c’est difficile d’émettre un avis au bout de deux heures. Il semblait furieux contre Denna et la détestait cordialement… C’est un bon début et ça suit un schéma très commun de psychologie humaine. Tout le monde réagi pareil lorsqu’on est confronté à un grand malheur et vous pourrez d’ailleurs vous en rendre compte en prenant une de vos expériences de vie. Déni, Colère, Tristesse, Réalisation, Acceptation. Pour quelqu’un comme Khaléo, le déni n’avait dû durer que quelques secondes, car c’est un fataliste. Quelqu’un qui accepte sa situation et qui en a assez bavé pour ne pas fuir la réalité. Là, Il était en plein dans la colère. Combien de temps allait perdurer cet état ? Aucune idée, mais on finit toujours par se lasser d’une colère que l’on ne peut assouvir. Viendrait alors le désespoir face à un sort injuste que l’on ne peut influencer. Ensuite, ce sera le tour de la réalisation qui est une forme d’habitude à son malheur, puis enfin l’état que Denna visait et qu’elle attendait avec impatience. L’acceptation de ses souffrances. Une capitulation pure et simple de tous les codes qui régissent une vie humaine. On dit adieu à sa vie et on accepte de n’être plus rien. Une coquille vide sans honneur et sans émotion. Un pantin dont le bonheur n’est réalisé que par un mot gentil de sa maitresse ou une tape sur la tête. Voila, ce que Denna voulait créer. Vu de cette façon, on pourrait croire que personne n’échappe à ce schéma et que la chute de Khaléo est imminente, mais à aucun moment il n’est précisé que l’on doit passer par toutes ces étapes. On peut tout à fait bloquer sur une et ne pas passer à la prochaine étape ou bien la déjouer grâce à un sentiment qui n’a rien à faire dans un corps torturer. L’opposé même de la haine et de la souffrance…
La Mord-Sith haussa les épaules devant le regard de Khaléo qu’elle interprétait comme un « non », sans vraiment réfléchir plus loin, et but une nouvelle fois à sa gourde avant de la jeter un peu plus loin. Elle se leva et fit craquer ses doigts avant de prendre de nouveau son instrument de torture. Encore une fois, elle n’eut aucune réaction en prenant la tige de cuir qui équivalait à serrer de toutes ses forces une barre de fer en fusion. Seuls ses iris se dilataient légèrement pour prouver qu’elle restait humaine et que la sensation était présente, domptée et matée.
-J’espère que tu as pu récupérer, prévint-elle en s’approchant. Nous n’arrêterons pas avant ce soir.
Sur ces mots, le dressage reprit. Dans ces moments là, la jeune fille était totalement hermétique au monde extérieur. Elle restait concentrée sur les réactions de Khaléo, tant physique que psychologique. La jeune fille savait pertinemment ce qu’elle faisait, car elle avait déjà subit tout ce qu’elle était en train de faire en ce moment. Il n’y avait aucune chance que briser toutes les côtes de Khaléo ne le conduise à la mort. Ses organes allaient tenir. Le plus dangereux est qu’il ne s’étouffe car le diaphragme n’est pas le seul muscle qui permet la respiration. Il y aussi les muscles intercostaux mais ils n’ont rien de vital. D’ailleurs respirer sans ses muscles là, est appelé communément « respiration par le ventre ». Pas de soucis pour le tigranthrope donc. Il était entre des mains expertes qui ne lui feraient jamais le plaisir de le laisser mourir.
Pendant plusieurs heures, elle opéra une torture d’endurance. Il n’y avait plus vraiment de rythme. C’était une douleur continue qui ne s’arrêtait jamais, car le plus douloureux n’est pas de donner une série de coup mais bien essayer de faire durer la douleur sans aucun espoir de répit. C’est pourquoi Denna collait son Agiel contre un endroit sensible de Khaléo – sans négliger ses parties génitales – et restait sans bouger en le fixant pendant plus d’un quart d’heure. Elle voulait que sa résistance tombe, qu’il rende les armes devant la souffrance du corps, car pour ce dernier, l’esprit n’est qu’un jouet balloté par ses caprices.
La Mord-Sith ne lui parlait jamais et ne répondait pas à ses éventuelles invectives. Elle restait de marbre, concentré sur ce qu’elle faisait sans jamais vraiment considérer sa victime comme une personne à part entière dont elle pouvait avoir pitié ou même mépriser. Pas un seul regard sournois ou provoquant. Tout était fait avec un professionnalisme… révoltant.
La pièce commençait à s’assombrir. Les ombres s’allongeaient dans la chambre arrosée par les rayons rasant du soleil à travers la fenêtre. La lumière orangée du couchant remontait le long du corps couvert de sang de la Mord-Sith. Immobile lorsqu’on la regardait, l’empreinte lumineuse se déplaçait pourtant sur le cuir rouge au même rythme que le soleil tombait sur l’horizon. Ces divins rayons étaient le salut de Khaléo, ils englobaient sa tortionnaire lentement, jusqu’à ce qu’elle arrive sur son visage et lui donne une étrange expression biface. La jeune fille plissa les yeux pour accoutumé son iris et jeta un coup d’œil par la fenêtre.
-Je n’avais pas vu le temps passer, avoua-t-elle en repoussant une de ses mèches gluantes d’hémoglobine. Nous allons faire une pause.
Ca devait bien faire quatre heures qu’elle était en train de faire souffrir Khaléo. Pourtant, elle n’avait pas causé beaucoup d’autres lésions à son corps. Elle s’était servie de la magie de son arme sans faire trop de dommages. D’ailleurs ce dernier vint rejoindre son fourreau et Denna se permit de souffler un peu. Elle commençait à fatiguer mais ce n’était pas vraiment un problème car elle avait beaucoup de moyen pour faire souffrir son prisonnier tout en se reposant. L’endurance de Denna n’était pas un problème vraiment important.
La jeune fille fit quelques pas dans la chambre pour changer de son état statique et jeta un coup d’œil dans le salon. On lui avait déposé un repas de roi… Enfin, disons plutôt qu’il était copieux. Quelques poulets rôtis à la broche et des fèves. La portion de viande par an d’un paysan lambda était largement dépassée avec ce qui se trouvait sur la table. Denna alla chercher le plat en trottinant et prit beaucoup de précaution pour éviter de mettre du sang partout. Elle le posa sur une commode en poussant les petites figurines qu’elle réagença par la suite dans une configuration qu’elle jugeait tout aussi jolie.
-Tu as faim ? Demanda-t-elle en se tourna vers son invité.
Encore une fois, il n’y avait aucune ironie sur son visage et elle n’affichait absolument pas ce petit sourire pervers qui disait « Aller, dis oui pour que je te dise que tu n’en auras pas ». Ce comportement détaché et sans remord – ou cruauté qui ne sert qu’à étouffer la pitié -, Khaléo allait devoir s’y habituer. De son point de vue, elle lui rendait service en lui faisant l’honneur de lui consacrer beaucoup de temps juste pour lui. Denna s’investissait énormément, tant physiquement qu’émotionnellement, car il était évident qu’elle allait se rapprocher de plus en plus de lui. Lorsqu’on partage ce genre de chose avec quelqu’un on ne peut que mieux se sentir avec lui. Ca peut paraitre un peu fou de penser comme ça mais venant d’une femme comme Denna, ce n’était pas si aberrant.
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Le processus de régénération et de guérison naturelle des blessures de Khaléo, du à son métissage, n'était absolument pas "instantané" comme la plupart des lycanthropes "complets" pourrait l'être, non... quand bien même les tissus de son corps étaient bien plus résistants que la moyenne, trois fois pour être plus précis, ils demandaient aussi plus de "travail" à ses pouvoirs latents de récupération tigranthropiques, diluée dans ses gênes "hybrides" pour réparer tous les dégats qu'il subissait, aussi pouvait il choisir de concentrer cet effet à un endroit donné ou à un autre, il choisit de forcer pour ressouder quelques unes de ses côtes afin de s'aider lui même à respirer et se calmer un peu, si il y avait bien qu'une seule et unique personne sur laquelle il pouvait compter pour s'en sortir ici, c'était bien lui, il s'imaginait qu'a l'inexpression, à l'absence totale de réaction de souffrance de Denna à son égard ne devait signifier qu'une chose, elle avait perdu toute notion de sentiments humains un peu comme ces vampires millénaires qui, faisaient parfois souffrir les autres cruellement pour relire sur leurs visages les émotions qu'ils ont oubliées, qui devaient les forcer pour qu'elles soient intenses afin d'en capter l'essence et s'en souvenir, se souvenir de ce que ça "fait" d'être humain, c'était un peu ce qu'il se mettait en tête, Denna devait avoir été conditionnée ou entrainée durement, si intensément qu'elle n'était plus capable de réellement ressentir quoi que ce soit, à ce niveau même ses sourires et ses regards devaient être "émulés" imités, donc, par l'habitude de voir d'autres s'en servir, ce n'étaient pas les siens, peut être était ce des expressions qu'elle avait lue sur les visages de ses victimes, ces pensées fugaces passèrent brièvement dans son esprit à chacune de ses nouvelles respirations un peu plus aisées, une fois que quelques côtes brisées furent ressoudées, tout du moins, les côtes basses permettant à sa cage thoracique de se refermer et de ne plus s'entrouvrir, il concentra ses capacités régénératives sur son ventre qui, était un peu gonflé par ses hémorragies internes, juste de quoi faire passer cette couleur violacée sur ses abdominaux distendus à une plus rouge, chair à vif de toutes ces cicatrices rouvertes et distendues, à certains endroits la musculature était à découvert, la peau arrachée ou brûlée tout simplement s'était écaillée en croutes et recouvrait le sol à ses pieds après régénération tissulaire, il ne savait pas exactement combien de temps elle l'avait laissé là... il n'eut dont que le temps de s'occuper des points les plus critiques pour sa survie, sacrifiant même la guérison de ce qui était réellement le plus douloureux pour se concentrer sur ses organes vitaux, inutile de s'épancher sur des parties tellement détruites que, de toute manière les nerfs avaient été pratiquement détruits.
En ce qui concerne ses sentiments actuels... il en allait toujours d'une colère, d'une rage féroce que seule l'assurance de sa longévité de vie lui permettait de nourrir et d'assurer, surtout... Car lorsqu'on à déjà vécu plusieurs siècles de souffrance, peu importe les coups qu'on prends dans la gueule, le tout est de toujours pouvoir se relever peu importe l'épreuve qu'on traverse... Pour lui, Denna n'avait jamais su se relever, pour lui... elle était détruite, ce n'était qu'un pantin en fin de compte, un pantin vide, qui faisait ce pourquoi on l'avait formée, rien de plus, rien de moins... En se persuadant de celà c'était difficille de garder une quelconque colère à son encontre, non... non il en avait encore... mais à la fois dirigée vers elle... et les personnes "inconnues" qui, l'avaient réduite à "ça", à ce qu'elle est, car c'était impossible à concevoir pour lui qu'elle faisait bel et bien ça de son propre "chef", ainsi une sorte de déni des faits et de division de la colère en plusieurs branches et sous branches étaient en train d'animer son esprit, sa cafetière pressurisée qui réfléchissait à cent à l'heure aux raisons qui pourraient la pousser à lui faire subir "ça" puisqu'il ne voulait plus parler et qu'elle ne voulait plus poser de questions, la réflexion était la seule chose qui lui restait dans son mutisme.
Lorsqu'elle se saisit à nouveau de son Agiel il comprit que ça lui faisait mal également, à l'extension de ses pupilles à la douleur, donc elle n'était pas encore "complétement" inhumaine, elle savait encore ce qu'était la douleur et ce qu'elle lui faisait subir, mais quel genre de monstre était elle au final ? Il ne savait pas, il n'était plus sûr de rien, elle agissait de son propre chef, c'était vraiment sa volonté de le voir à ce point détruit ?! Qu'est ce qu'elle cherchait ?! Ce regard empli d'admiration et de respect n'avait été qu'une ruse pour le mettre en confiance afin de détruire toute forme de ce respect entre eux ?! Bien sûr qu'il avait soif... Mais il était toujours partagé entre libérer une colère monstrueuse et auto - destructrice, où se mordre violemment la langue et se l'arracher lui même pour se tuer, en perdant assez de sang même un tigrantrope finissait par mourrir d'exsanguination, supprimer toute forme de plaisir de cette tordue définitivement... Se venger plus tard restait la seule et ultime vérité à laquelle il s'accrocherait pour rester en vie et la seule chose qui, lui permettrait de résister à tout ça, il avait son temps, comme dit plus tôt... il pouvait encore vivre de nombreux siècles, si ce n'était pas aujourd'hui, demain, dans une semaines ou dans six mois et même un an... Il finirait par trouver un moyen... n'importe quel moyen sur le long terme... même peut être imiter si bien la soumission pendant plusieurs années qu'elle pense avoir terminé son travail et qu'il lui saute sur sa putain de gorge et la lacères en se repaissant de sa douleur lorsqu'elle crierait comme une truie... Et qu'il ne lui accorderait jamais la grâce d'une mort douce, non... il la mordrait... il la contaminerait et ferait d'elle ce qu'il était, à son tour elle pourrait profiter d'une éternité, de son immortalité dans la souffrance, il l'enchainerait dans sa tanière et chaque jour de sa vie elle regretterait mille fois avoir croisé sa route... Mais qu'était il en train de penser... C'est la bête... la bête qui, s'éveillait peu à peu et, lui susurrait ses images, ses pensées à son esprit, combien de temps... combien de temps ça faisait déjà depuis qu'il n'avait pas pris sa médication ? Ses fioles d'Aconit et de Belladone se trouvaient dans ses affaires, bientôt il céderait la place à cette charogne monstrueuse s'il ne prenait pas sa dose quotidienne.
-J’espère que tu as pu récupérer. Nous n’arrêterons pas avant ce soir.
Quand il la vit revenir, et à l'idée qu'il allait bientôt "céder" sa place à la bête, qui allait "subir" une partie de ce qui allait suivre à sa place, il eut un étrange sourire... un sourire satisfait, son magnifique regard luisait à nouveau d'une belle férocité prédatrice quasi séductrice, transformé et réduit à cet état par l'influence de sa bête en partie, et tout ceci à l'encontre de la Mord Sith dont il suivait chaque mouvement du regard, elle allait passer le reste de cette journée avec une créature particulièrement vulgaire et grossière, qui allait probablement lui faire regretter amérement d'y être allée avec autant d'enthousiasme sur son corps afin de faire "disparaître" l'humanité de Khaléo que la bête mettait à coeur de protéger, car elle n'était pas complétement folle, cette créature, elle avait besoin du libre arbitre de Khaléo, de son humanité, de sa bonté pour survivre dans ce monde, même si elle en était frustrée pour les trois quart du temps, elle avait appris à apprécier son "propriétaire" et limite l'en "remercier" pour lui permettre tout simplement de survivre... oui... car rares, trop rares étaient les tigranthropes passant l'adolescence, ils étaient tous incapables la plupart du temps de se contrôler, et mourraient rapidement, soit des douleurs causées par les premières transformation, la "bête" déchirant purement et simplement toute leur humanité et étaient incapables de "maitriser" leur nature intérieure, et finissaient chassés, tués par les autres espèces car dans les premières heures et années, la "bête" n'était qu'une bête après tout, elle était incapable de se dominer elle même, et laissait libre court à ses instincs... donc Khaléo avait été une exception pour elle, et lui avait permis de vivre assez longtemps pour "décalquer" une partie de cette humanité, juste assez pour être capable de "réfléchir", le minimum syndical parce que ça restait quand même une créature très virulente, ces changements étaient en train de s'opérer alors qu'elle était déjà en train de reprendre son "travail".
Aussi sa voix changeait légèrement, ses pupilles en amendes s'éfilaient, se rétrécissaient pour devenir aussi tranchante que des rasoirs dans ses propres iris fendues en deux, la couleur de son iris grise / argentée prit des teintes plus claires, plus brûlantes, difficilles à soutenir du regard dans un premier temps car le reflet d'argent irradiant de ce dernier était presque aveuglant, sa voix muait pour prendre des intonations plus rauques et surtout, très "irrégulière" dans le ton, gagnant parfois en hauteurs, en force, puis, revenant à une neutralité dérangeante, prouvant à quel point cette "chose" était rageuse, colérique, jalouse et pique à vif, pour le moment c'était un mélange de l'humanité de Khaléo et sa bête qui, se diluait à son esprit qui s'exprimait :
"-PROFitEs En BIEN !! J'EspEres quE je nE tE mANqueRAIS pas TROP, Je... JE Ne pEux PlUS la REteNIR... mAis... JE ne l'En BlâmeRAI PAS !! AmUses... Toi... BiEN !"
Son sourire devint plus "fier" comme si soudain, il avait "gagné" quelque chose, en tout cas, il était en train de céder sa place, ça s'entendait à sa voix, la bête, et lui même firent un dernier effort pour laisser s'exprimer son coté "humain", arborant presque une expression qui semblait, à la limite avoir perdu sa colère bestiale, mais qui était plutôt emplie de compassion, même pas pour lui, pour elle, dingue non ? De la pitié enjouée, pour elle, mais il savait à qui elle allait avoir affaire, alors il gardait tout de même ce sourire provocateur en coin :
"-Je te souhaites... bonne... chance... P... Passes... une bonne... soirée... avec... "elle"..."
Ses yeux se fermèrent et il se laissa aller sur ses fers, retenu par eux de tomber simplement au sol, ses battements de coeur devinrent anormalement "élevés" l'instant de quelques secondes, pas que sa pression sanguine et que son rythme cardiaque augmente, non, il était justement plus "lent" mais ses battements de coeur longs et lents se répercutaient dans la paroi du mur en bois et, sonnaient comme d'énormes coup de percussion, de "basses" sourdes dans la pièce, on pouvait sentir son coeur même sur le bois, s'il on posait sa main dessus, le sentir pratiquement "battre" comme s'il se trouvait dans la main, lorsqu'il rouvrit ses yeux la "bête" sentit la tige se poser sur ses bourses, de belles bourses rondes, bien remplies et hautes comme deux beaux petits melons d'eau bien remplis et bien fermes de leur "pression" interne, qui les rendaient moins facilement "maléables" au touché que des bourses humaines, comme si elles mêmes étaient des petits ballons en cuir tendu et tendre, mais même cette particularité n'allait pas les "sauver" de la souffrance, l'éveil de la bête à ce contact et cette douleur la rendit folle, elle se débattit violemment sur ses fers en frappant son dos contre le mur, qui se plaignait de la force de frappe de son corps contre ses fibres, qui grinçaient douloureusement sous le traitement de son corps nerveux, tendu à l'extrême qui frappait avec une rage effrayante, son propre corps contre ce dernier.
"-SalE PuTAIN ! JE Te CRevErAIs ! Je TE CrevERAis de mEs MaIns !! OOooh çaaaa... Ooooh OuI Je.... HA ha HA ha HA... JE... Te CREvErAIS ! TU m'EntEnds ?! TU m'ECOutES ?!"
Ses bourses prenaient une teinte, à leur tour, violacée, signe que tout ce qu'elles contenaient avait été réduit en bouillie par l'éléctrocution, les chocs et les brûlures de l'Agiel, même la bête tressautait de douleur à ce traitement, elle bulla et bava de rage en se perforant sa propre langue à coup de dents mais sans se la couper pour autant, elle révulsa les yeux en laissant son rire se faire entrecouper par quelques respirations douloureuses et chevrottées, irrégulières, elle tirait parfois sur ses fers, tellement que la chair autour de ses poignets s'abimait, et malgré la douleur elle continuait, elle finit par s'éclater les os des pouces afin de tenter de libérer ses poignets mais les fers étaient bien trop serrées et épousaient beaucoup trop la forme de ce dernier pour qu'il se dégage, il fit pareil avec ses chevilles, il secoua ses membres si fort qu'il s'écorcha toute la peau à la surface de ses chevilles et de son pied, puis éclata même quelques veines au dessus de ses tarses et métatarse, les griffes de ses pieds et de ses mains étaient complétement sorties de toutes leur envergure et longueur, il se secoua tellement sur ses fers qu'il se brisa lui même plusieurs os de sa propre queue de tigre, sa bête était complétement folle de jalousie et de rage.
"Elle" -la bête- reposa ses yeux sur ce qu'elle était en train de lui faire, Denna gardait son agiel constamment appuyé sur ses bourses, qui, commençaient même à se recouvrir de "cloches" et de plaies suintant du sang chaud, presque bouillant et du... de... pardonnez ce détail... de la semence cuite... ébouillantée à l'intérieur, qui supurait à l'extérieur et avait habituellement le goût et l'odeur de fruits rouges des bois dont il se gavait lorsqu'il en trouvait, plus qu'aucun autre fruit, l'aspect rouge/ violacé de certaines fraises, framboises, cerises rappellant la couleur du sang et parfois même la sensation d'une chair tendre qui, ravissait et calmait la "bête", c'est donc cette odeur de fruits "marinés", cuits, grillés, désormais que l'on pouvait sentir, aussi étrange que ça puisse paraître cette "semence" était légèrement rose pâle de par la haute teneur en ces "fruits" qu'il mangeait à absolument tous ses repas, même cette pourriture infernale ne croyait pas ce qu'elle voyait, elle avait du mal à l'accepter, a imaginer qu'elle ait pu... écarquillant ses yeux en se rendant compte de ce qu'elle lui avait fait, outrée, déconfite, enragée :
"-ARRETTES CA !! ARRETTES CA TOUT DE SUITE ! JE NE TE PERMETS PAS D Y TOUCHER !! DE QUEL DROIT ?! DE QUEL DROIT OSES TU TOUCHER A CE CORPS ?! CHIENNE, POURRITURE DE MORD SITH ?!"
L'afflux de sang et d'hémorragie à cet endroit laissa sa "verge" entrer en érection mais pas une érection plaisante loin de là, il n'y avait aucun plaisir, c'était une érection terriblement douloureuse de par la brûlure de son sang qui lançait de la base au bout de son sexe qui, lui aussi était en train de "gonfler" par trop plein de sang.
A la base sa verge était d'une belle et généreuse proportion et ce, même au repos, et au repos elle semblait lisse malgré quelques belles grosses veines tubeleuses qui la parcourait, et au fur et à mesure que le sang affluait dans cette dernière, des "excroissances" de chair "poussaient" tout autour de cette dernière, et, en rangées successives, une bonne soixantaine autour de son mandrin de la base au contour de la colerette rebondie de son gland, aussi lisses et beaux que des gros raisins finis en biseaux, pointes arrondies, assez souples, moelleuses à l'extérieur, et plus "fermes" en leur centre, aussi érectiles et durcifiantes rendues rigides, que le degré d'érection dans lequel il se trouvait, sans même parler du fait que la "peau" de son sexe soit similaire à la texture de sa langue, semi douce, semi râpeuse, une cicatrice à sa base prouvait que "quelqu'un" -qui n'était autre que son père, sa mère l'ayant empêché juste à temps- avait déjà essayé de la "couper" avec un ustensile tranchant... Mais bon, revenons en à la situation présente après avoir décrit cet "objet" pour le moment il avait l'impression qu'elle allait littéralement "imploser" de l'intérieur tant elle était pressurisée de sang, sang réchauffé par l'Agiel à sa base, ce n'était pas beau à voir.
"-Tu ne Vois pas ce que tu fais ?! TU NE VOIS PAS CE QUE TU FAIS ?! PAUVRE CONNE ! RRRRHOOOAaaaAAaaRRRRGHRRRRrrr !!!"
Au final, elle n'implosa pas, mais ce sont ces raisins de chair qui, les uns après les autres se mirent à "éclater" sous la pression sanguine, et finirent par se déchirer, et, expulser encore ce mélange de sang et de... soit... de semence "cuite" son sexe était littéralement "détruit" de sa trentaine de centimètres et ses six de diamètre ne restait plus que les vestiges de ce qui ressemblait beaucoup à un... une saucisse cuite trop longtemps au micro ondes, entrouverte et déchirée de son "emballage" la "bête" pleurait tout de même malgré le sourire jaune qu'elle affichait, un sourire dépité, et elle ne pleurait pas pour "elle" même, elle pleurait juste pour Khaléo et ce qu'on faisait de son corps, elle hochait la tête de gauche à droite, laissant ses larmes couler, sur son visage, n'exprimant là encore qu'une fureur abominable à l'encontre de Denna, ses lèvres étaient plaquées de filets de bave qui coulaient à leur tour lorsqu' "elle" s'exprimait dans un calme contrastant de façon dérangeante et inhumaine quand on se rendait bien compte de ce qu'elle était en train de subir :
"-JE vais te tuer... je vais te tuer..."
"-Je me libérerai... tôt ou tard... je te le promet... je te le jures... Tu paieras "ça", tu le paieras... je vais t'arracher à cette vie minable que tu mènes et tu comprendras à quel point ta perception de la douleur était bien étriquée jusqu'ici et t'apprendre ce que c'est... de souffrir pour de bon... je n'aurai pas de repos avant de t'avoir arraché tous les membres de ton corps pour faire de ce qui reste de toi un trophée, un médaillon de pointes perforant ton torse encore accroché à ta tête que j'arborerai fièrement chaque jour de ma vie pour t'exposer au monde entier, avec ton nom gravé dessus pour que chacun puisse savoir qui tu es, comment tu as fini et pourquoi, et ce pour les siècles à venir... On se rappellera de toi... ne t'en fait pas... Mais pas parce que tu étais "douée" pour les saloperies que tu m'as fait subir, ça non... ce "petit" passage de ta vie te semblera bien éphèmère, une goutte d'eau dans l'océan de tes tourments par rapport à ce qui t'attends !"
Un peu de bluff, des menaces, c'est tout ce qui lui restait, même si elle était tout à fait capable de mettre ce genre de menaces à éxécution pour se venger, mais malgré tout, elle n'avait jamais vu une cruauté pareille dans un être "humain" qui soit à même de rivaliser avec la sienne, il fallait lui reconnaître ça, et, ce qui agaçait également la bête c'est qu'elle ne réagisse pratiquement pas à ses invectives, à ses tentatives pour l'énerver, la mettre à bout, pourtant elle y allait de bon coeur, même si elle n'était pas encore arrivée aux extrêmes que son esprit noir était capable de produire, elle en était loin mais en dispensa tout de même un virulent et très vulgaire aperçu tout en secouant son corps et sa tête comme un possédé, en fait c'est bien ça, il était "possédé" par sa bête, et ça ressemblait à un remake plus trash et effrayant de "l'exorciste" :
"-LIBERES MOI SALOPE !! LIBERRRRRES MOIIII !! CATIN !! JE... VAIS... TE... TUER !!! JE VAIS FAIRE UNE PUTAIN DE TARTE A LA FRAISE DE TA BELLE GUEULE CONTRE LE MUR !! ET LE MAGNIFIQUE SUCRE GLACE BIEN BLANC DE CETTE PUTAIN DE TARTE SERONT LES OS DE TA MACHOIRE ET DE TES DENTS BROYEES POUR TOUTE DECORATION !! JE VAIS TE BAISER, TE DEFONCER JUSQU'A CE QUE TA VULVE ET TON CUL SOIT DANS UN ETAT ENCORE PLUS LAMENTABLE QUE CE QUE TU AS OSE FAIRE A SA QUEUE ! AVANT DE TE DECHIRER EN DEUX ET DE TE FAIRE GOBER TES PROPRES YEUX ! JE ME SERVIRAI DE TES INTESTINCS POUR T ETRANGLER ET TE LIGOTER A TON LIT DE MORT !! TU AURAS L IMPRESSION D AVOIR ETE CULBUTEE PAR LES LEGIONS DE SATAN AVANT QU IL NE TE RETOURNES TA PROPRE CHAIR SUR ELLE MEME EN PERSONNE !"
Le temps passait, la pièce s'assombrissait doucement... laissant les rayons du soleil devenus rougis et ternes au fil des heures s'éteindre sur les couleurs violacées d'un corps dont la surface était parfois boursouflée, très moche à voir, il était difficille à présent de distinguer la trace naturelle de certains muscles à la surface de son corps, puisqu'il était déformé par des cloches, des plaies boursoufflées, irritées et parfois brûlées par le passage continuel de cet objet de torture, mais pour une fois, pas sur "tout" son corps, elle avait presque été clémente... Même si tout du long, la bête avait craché son venin haut en couleurs et en malaise sur la Mord Sith elle n'avait pas "démordu" malgré l'inexpression de cette dernière, ne lui ayant pas accordé la satisfaction d'un cri, ou d'une seule plainte, mais uniquement l'expression de son dégoût, sa colère, parfois des pleurs de haine, mêlée d'une jalousie qui au final, s'était estompée et avait fait place à une étrange "rivalité", produite sans doute parce qu'elle avait l'impression de se sentir "défiée" par la cruauté sans bornes de Denna, et frustrée... tellement frustrée par sa condition, son impuissance, "elle" voulait que Denna la haisse du plus profond de son être, elle allait y arriver à force... elle en était sûre, même si elle faisait des efforts... pour ne pas sembler être atteinte, les mots pouvaient être plus blessants que n'importe quel coup donné qui finirait par guérir, car ils restaient eux, dans la mémoire, que ce soit à court, ou a long terme.
-Je n’avais pas vu le temps passer... Nous allons faire une pause.
"-"Tu"... vas faire une pause... moi je vais rester ici, à réfléchir, et à trouver les plus délicieux et délectables des moyens de te faire souffrir quand, un jour, je serai libre, et crois moi, par belle ou par laide, ce jour finira par arriver, c'est inéluctable... que ce soit dans ce monde où dans un autre... je t'aurai... et dire... qu'il avait presque du "respect" pour toi... Du respect... et de l'admiration... Pour une garce comme toi... Mais rassures toi... c'est fini... Il en avait "avant" que tu ne commences à massacrer son corps et que tu ne détruises toi même toute forme de "respect" et d'admiration de sa part... A vrai dire... j'en étais même jalouse ! yep' ... Je l'étais... Mais quand je vois ce que tu es, au fond, je n'ai plus à craindre qu'il ne te regarde jamais avec du désir, ni de l'envie dans ses beaux yeux... non... tu n'auras jamais droit qu'a sa colère, qu'a son dégoût pour ce que tu as réussi à devenir à ses yeux ! TU COMPRENDS ?! JAMAIS ! Jamais il ne sera à toi !"
Quatre heures... quatre heures et "elle" tenait encore debout, sur des jambes fragiles et tremblantes, cherchant son équilibre sur ses pieds, il était épuisé et ses paupières se fermaient parfois d'elles mêmes, il rouvrait les yeux subitement pour ne pas se laisser glisser dans l'inconscience, sachant qu'une fois endormie ce serait Khaléo qui, reprendrait le relais, car une fois la bête endormie le cycle s'inversait et elle restait "endormie" jusqu'a la prochaine "crise" en ne se mêlant plus au psyché humain du mercenaire, elle devait tenir bon malgré la grande fatigue physique de son corps, "elle" en arrivait à considérer les options auxquelles Khaléo avait pensées, dont celle de s'arracher la langue avec ses propres dents, elle voulait éviter à Khaléo de souffrir autant... Elle savait que si son esprit pluricentenaire qui, en avait déjà bien encaissé prenait encore de violentes doses de souffrance, son esprit allait défaillir, se renfermer et la Mord Sith n'arriverait à rien d'autre si ce n'est à en faire un "légume" à le faire régresser émotionnellement au stade d'une amibe protozoaire, ce qui veut dire qu'il n'aurait plus de "conscience" qu'il serait effectivement une coquille vide, mais incapable de comprendre ce qu'est un ordre, incapable de comprendre même le sens d'un mot. "Elle" doutait que l'esprit même de Khaléo soit capable de survivre à ce "dressage", la laissant "seule" dans ce corps elle ne survivrait pas longtemps à sa propre folie et sa fureur démoniaque, "elle" perdrait sa base d'humanité en perdant Khaléo, et c'est cette base d'humanité qui lui avait permis de survivre.
La "bête" était donc épuisée, mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'avait plus de volonté, son corps lâchait peu à peu, elle se laissa complétement "pendre" sur ses fers, n'en pouvant plus de se tenir bien droite, la douleur à ses poignets et ses bras était une donnée bien supportable par rapport à son degré de fatigue, elle fixait le sol de la chambre, sous elle, parcourue de goutelettes de son propre sang, elle laissait pendre sa langue aussi, une longue langue, trouée à quelques endroits, sur laquelle ruissellait aussi son sang, elle haletait lentement, on pouvait entendre sa respiration profonde, rauque dans toute la pièce, même si Khaléo avait déjà été torturé dans des Geôles Drow, ils étaient tout de même plus "modérés" dans l'intensité de leurs tortures, mais eux ils avaient le temps aussi, puisqu'ils étaient capables de vivre plusieurs centaines d'années, obtenir une information rapidement n'était pas leur priorité lorsqu'ils découvrirent les "particularités" régénératives de son corps ils se sont amusés à l'étudier tout en continuant de le torturer mais avec une patience et une finesse à couper les grains de caviar en cinq, puis il était resté trente ans dans leurs cachots, c'est là qu'il avait développé ce qu'il appellait "l'Apologie de la torture" chose qui, n'avait pas encore été déclenchée complétement jusqu'ici, mais lorsque celà arriverait Denna pourra s'en rendre facilement compte, "elle" entendait Denna se déplacer de la chambre au salon et en revenir... s'il y avait bel et bien un point faible chez un tigranthrope c'était la nourriture, elle crevait la dalle et ce ne sont pas les blessures et la perte de sang de ces dernières heures qui avaient réussi à calmer son appétit, lorsqu'elle sentit l'odeur de la viande provenir du salon, elle écarquilla les yeux en reniflant du bout de son petit nez à s'en faire éclater les poumons, respirant cette odeur comme s'il goûtait déjà à la viande, les griffes de ses mains aggripaient ses fers dans tous les sens, hystérique, tandis que celles de ses orteils déchiraient le tapis par terre avant de s'en prendre au plancher, n'ayant plus que ça dans la tête, comme une obsession, DE LA VIANDE SAIGNANTE !!!
-Tu as faim ?
Ce n'est que lorsque Denna se tourna vers elle pour lui proposer de manger qu'elle arrêta son manège, elle n'avait pas envie de "passer" par elle pour se nourrir, non, non ça serait trop humilliant à son goût, la bête chassait, la bête se nourrissait de ses proies, elle ne se faisait pas nourrir comme un putain d'animal domestique ! Allant même à l'encontre de sa propre nature elle détourna son regard qui, jusque là était planté sur la Mord Sith, et se laissa à nouveau s'affaisser sur ses chaines, n'ayant aucune envie d'être dépendante de son "aide", sa voix était redevenue calme même si elle était toujours empreinte de cette granularité rauque, sèche, qui n'était pas celle de Khaléo qui était plus claire et suave, moins "bestiale", cependant elle était "fêlée" et tremblante, de fatigue, de colère, d'une colère tempérée et fatiguée, aigrie, rancunière :
"-Je... je ne mangerai absolument rien... de ce que tu as pu toucher, ni sur quoi ton regard s'est posé, je préfères... encore milles fois crever de faim et de soif... plutôt que de t'offrir ce genre de "satisfaction"."
Ses paupières devenaient lourdes... si lourdes... celà faisait un bon moment qu'elle forçait à contre fatigue, ça faisait aussi deux jours qu'il n'avait pas dormi celui là, "elle" cherchait à lutter pour rester éveillée, ça se voyait à ses yeux qui luttaient encore contre leur fermeture, la bête avait peur de s'endormir... de laisser Khaléo seul a nouveau avec elle... Mais elle n'avait pas le choix, son corps réclammait le repos, elle baissa la tête et finit par s'endormir, versant quelques larmes pour le corps brisé de Khaléo, en espérant qu'il soit assez fort pour prendre le relais, en espérant qu'elle le laisse se reposer, elle sous estimait tout de même beaucoup les capacités de son "propriétaire" à encaisser la douleur, elle était juste "protectrice" autant qu'une mère pouvait l'être avec son propre enfant où une soeur avec son frère.
Aussitôt endormie, elle se blottit dans les limbes, les abysses inexplorées de sa conscience, qui était "sa" tanière à elle, en gardienne de ses secrets, de ses souvenirs les plus douloureux pour son âme, qu'elle retenait habituellement de ses griffes pour qu'ils n'envahissent pas les songes, les cauchemars et les souvenirs de Khaléo, là elle était épuisée, sa grippe ne tenait plus bien sur ces souvenirs enfouis, qui prirent bientôt le chemin sinueux de ses rêves... à commencer par celui de la location de son corps à de jeunes nobliaux pour quelques pièces alors qu'il n'avait que huit ans, et de ses lèvres on pouvait l'entendre gémir, murmurer ses plaintes, entendre... ce qu'il se passait dans son rêve, qui, n'était autre qu'un cauchemar, un souvenir qu'il était forcé de "revivre" pour l'avoir occulté aussi longtemps, on pouvait l'entendre clairement faire le reproche à son père "pourquoi, père, m'avez vous "loué" alors que je n'avais que huit ans." gémir de douleur, répeter "non, lachez moi" ou encore "Ne me regardez pas.... non, ne... ne faites pas ça, pas comme ça !" il gémissait, respirait et transpirait comme si on était à nouveau en train de le "violer", s'en suivit d'autres questions à son père, comme "Maman est elle vraiment morte à cause de moi ?" -chose que son père avait réussi à lui faire croire, le rendant responsable de cette dernière à force de le marteler de sa culpabilité chaque jour - suivi de ce qui semblait être des pleurs, il se perdit un long moment dans ce souvenir où, il avait coupé trois stères de bois pour l'hiver, espérant en faire la surprise à son père afin que, pour une fois, il recoives un encouragement, une félicitation, lui demandant "si il était fier de lui", l'expression de déception qui s'en suivi sur son visage dans son sommeil était bien plus explicite qu'un long discours.
Le cauchemar continua, et il était assez facile d'imaginer ce qui s'y produisait en l'écoutant et en observant ses émotions sur les traits de son visage, les secousses nerveuses qui prenaient parfois son corps, ou ses yeux paniqués roulant sous ses paupières fermées, à vrai dire ça aurait limite pu rendre jalouse la Mord Sith, ses souvenirs, ses cauchemars lui provoquaient plus de "malheur" et d'émotions de révolte / gémissements / plaintes / de douleur que la torture qu'elle avait pu lui infliger toute la journée, et étaient bien plus "révélateurs" également, s'en suivit quelques souvenirs du passage de sa vie avec Marianne et Louisa, des moments privilégiés comme simplement prendre un repas ensemble, aller chasser en pleine forêt avec sa fille qui lui ressemblait beaucoup, lui répétant à chaque fois qu'il lui en était l'occasion donnée de la féliciter "Je suis tellement fier... si fier de toi.", où encore "Tu es la plus merveilleuse des filles qu'un père puisse rêver d'avoir un jour. " contrastant avec la vie pourrie qu'il avait lui même vécue pour donner une autre forme de "chance" et de départ dans la vie à son propre enfant, qu'elle soit plus fière, même si elle la préparait quand même à être "armée" contre la cruauté du monde extérieur parfois en lui inculquant ses principes et ses valeurs sans jamais la forcer à prendre une voie, un chemin bien défini, tracé.
Jusqu'a ce que ce souvenir qui aurait pu passer pour un rêve jusque là ne se transforme en cauchemar à son tour, il hurlait leurs noms, "Marianne" et "Louisa" dans un décor où leur maison et une partie de leurs terres étaient en flammes, après avoir affronté un régiment qui se tenait encore en occupation sur ses terres, il avait été retenu trop longtemps par plusieurs seigneurs incapables de se mettre d'accord sur une négociation de protection territoriale, se battant entre eux pour définir les limites de leurs territoires, à coup de vieux traités signés par leurs ancêtres, quand il revint chez lui il courrut jusqu'a ce qu'il entre dans la cour, jetant son casque au sol avant de démantibuler et arracher diverses parties de son armure pour courrir plus vite jusqu'a sa maison, devant laquelle il découvrit l'horreur, sa femme et sa fille avaient été pendues par les pieds au dessus du seuil de sa porte, décapitées leurs têtes reposaient droites, sur les marches, les yeux grands ouverts dont on leur avait arraché les paupières, sachant apparemment pertinemment qu'il avait transformé sa femme en tigranthrope et que sa fille en était une, elles pourraient le voir accourir à elles et "survivre" assez longtemps pour observer son désarroi, le voir détacher leurs corps lardés de coups, à moitiés calcinés par les flammes ravageant la bâtisse, sa fille tenait encore l'épée en bois qu'il lui avait fabriquée dans sa main, avant qu'elles ne meurrent dans l'incapacité de lui dire adieu mais en observant tout le mal que ça lui faisait, c'était ainsi qu'elles étaient parties, incroyablement tourmentées. "Je ne "leur" pardonnerai jamais... je ne "me" pardonnerai jamais..." Après ce fut le noir complet, il avait vidé les dernières larmes que contenaient son corps.
Il ne savait pas combien de temps la Mord Sith comptait le laisser dormir... espérant que celà soit assez pour que son corps puise dans ses réserves et refermes toutes ses blessures, une bonne nuit de sommeil et il serait comme "neuf" le lendemain, oui, son "pouvoir" de rénération puisait aussi dans ses réserves puisqu'il était tout de même, un être "vivant" à part entière malgré sa tigranthropie latente, et donc, on pouvait se rendre compte que malgré les blessures guéries, comme si son corps était remis à "neuf", on pouvait donc remarquer qu'il comportait moins de "graisses" entre sa peau et ses muscles qui restaient volumineux, "assèchant" plus rapidement son corps, là il venait donc de puiser dans un bon tiers de ses réserves, et il créverait encore plus de faim à son réveil, et créverait encore plus de faim les prochains jours sans doute, et finira peut être par devoir également puiser dans ses muscles, les atrophier, et finir par être horriblement maigre et faible, au point où il pourrait en mourrir mais, ça ne serait perçu que comme une délivrance et il pourrait enfin rejoindre sa famille.
-
Il faisait presque nuit maintenant. La fenêtre qui laissait filtrer un peu de jour, était semblable à une magnifique fresque multicolore. Toutes les couleurs de la palette du splendide artiste céleste étaient utilisées pour créer ce coucher de soleil. La paysage ressemblait à un immense arc-en-ciel disloquée, comme si de grosses gouttes d’eau s’étaient écrasées sur cette peinture à l’huile et avaient dispersée les couleurs, imprégnant même les nuages victimes de la dérive des teintes. Denna, à califourchon sur le coin du lit, observait cette débauche de lumières. Dans la pénombre, on ne distinguait presque pas qu’elle pleurait. Les larmes roulaient sur ses joues, brillant d’une lueur rougeâtre, sans doute à cause des lueurs canalisées par l’astre mourant, ou bien tout simplement par le sang qui se mêlait à l’eau salée. La jeune fille ne cherchait même pas à cacher ce signe de faiblesse. Khaléo dormait et personne ne pouvait la voir. Elle se contentait donc de projeter son regard au-delà du sang et de la souffrance, à travers les vitres de la chambre.
Toutes ces choses que Khaléo lui avait dites… Ces horribles choses. Sur le moment, ça n’avait pas fait réagir la Mord-Sith, qui avait même sourit à certaines menaces. L’idée qu’un fou furieux puisse lui faire du mal était risible. La colère n’est jamais un bon conseillé lorsqu’il s’agit de faire souffrir quelqu’un. Ce n’est pas un art qu’on laisse aux profanes. Khaléo ne pourrait jamais lui faire ressentir un centième de l’angoisse, de la douleur et de la détresse qu’elle avait ressenti durant son entrainement, qui avait été réalisé sur une période de douze ans. Son esprit de petite fille avait été brisé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. La petite avait très vite appris à ne plus pleurer, car ces appels à l’aide n’était entendu que par ses bourreaux qui l’en punissaient. Elle dut alors supporter tout ce que son corps de petite fille était capable de supporter… et malheureusement pour elle, c’était déjà trop. Il n’y avait pas que de la torture et de la douleur à l’état pur. Les formateurs de Denna faisaient preuve d’inventivité en l’enfermant pendant des jours, sans rien lui dire et sans visite, dans un cachot plongé dans le noir total. Sa seule compagnie était les rats qui venaient régulièrement voir si elle était morte en la mordant, et lorsqu’elle était éreintée de repousser des assaillants invisibles, infatigables et supérieurs en nombre, elle se laissait envahir, en espérant qu’ils finiraient par la tuer. Mais lorsqu’ils commençaient à la bouloter vivante, une douleur panique l’obligeait à se relever et à se tordre dans tout les sens pour faire fuir les rongeurs. Ceci n’est qu’un exemple et celui qui l’a le plus marqué car depuis Denna à la phobie des rats, mais elle a subit bien d’autres choses toutes plus ingénieuses et effrayantes les unes que les autres. Lorsqu’il s’agit de faire du mal à son prochain, l’imagination de l’homme n’a pas de limites.
Une fois vide, on avait commencé à la remplir d’idées et de certitudes, sans jamais cesser les tortures et les épreuves de terreur. A force de lui rabâcher les mêmes concepts, elle avait fini par les assimiler, croyant même qu’ils venaient d’elle-même. Ensuite, Denna avait fini par étudier ce qu’elle ressentait. Elle ne se recroquevillait plus au simple contact de la douleur. Elle identifiait son ennemi et essayait de le comprendre jusqu’à ce qu’elle se rende compte que cet ennemi n’était rien d’autre qu’elle-même. C’était une sensation au même titre que le chaud et le froid. Il n’y a aucune raison d’en avoir peur. Alors Denna s’était mise en tête de trouver un moyen de dompter ce qui avait brisé sa vie et l’avait réduit à l’état de loque humaine. Rien de plus qu’un signal minable transmis par ses nerfs. Denna avait donc appris à contrôler la douleur. Son esprit disloqué ne la fuyait plus et essayait d’exister au même rythme que les souffrances, les assimilant au lieu de tenter de les repousser. Une fois que ce fut maitrisé, elle apprit très vite à inhiber les réflexes musculaires qui résultaient de la douleur. Les cris, les pleurs et les gémissements n’étaient plus nécessaire et disparaissait d’eux même. N’étant plus victime de la douleur, elle avait ensuite appris à s’en servir sur les autres en découvrant selon sa propre expérience, les effets incroyables que cela provoquait sur l’esprit humain. Cette puissance était incroyable pour la Mord-Sith en devenir… Un inoffensif signal. Il n’y avait plus d’horreur ou de cruauté, il n’y avait qu’un art. Une découverte magnifique d’une chose qui pouvait modeler la vie. La douleur pouvait créer et détruire. N’est ce pas la définition d’un dieu ? Mais si… C’est un dieu.
Revenons toutefois au présent. La petite fille avait grandi et maintenant elle pleurait. Tout d’abord, cela n’avait rien de rare pour la Mord-Sith qui essuyait ses joues humides à chaque fois qu’elle se réveillait. Les larmes faisaient parties de son quotidien mais jamais lorsqu’elle était éveillée. En fait, Denna se sentait démunie. Plus elle réfléchissait et moins elle voyait comment s’y prendre avec Khaléo. Elle n’était pas passée à côté du fait que la personne qu’elle avait torturé était quelqu’un de totalement différent. La jeune fille attribuait cela à une sorte de schizophrénie ou bien un effet de du métissage de son prisonnier. L’art de Denna était subtil et très fragile. La résistance de Khaléo à la douleur était déjà en soi un obstacle qui demandait tout son talent et sa concentration pour être surmonté. A cela venait s’ajouter une sorte de double qui prenait le relais pour soulager son hôte. Cela revenait à dresser deux personnes en même temps, dont une bête qui ne ressent presque pas la douleur et qui n’est rien d’autre qu’un concentré de haine. Denna n’en était pas capable. Elle n’avait pas l’égo nécessaire pour s’aveugler. La jeune fille essaierait mais elle ne pourra pas réussir. Au pire, elle pourrait peut-être lui arracher les informations dont elle avait besoin mais elle ne pourrait pas briser Khaléo. Ses projets et ses espoirs s’écroulaient dans un triste monticule de rêves effacés. Elle allait devoir le tuer… Quel gâchis !...
Ca devait faire une dizaine de minutes que Khaléo s’était endormi. Elle ne devait pas trop trainer, sinon il enterait dans une phase de sommeil réparatrice. Si le torturé avait cru pouvoir dormir cette nuit, il était bien loin de s’imaginer que le dressage ne s’arrêtait jamais. Il était sûr de ne pas fermer l’œil pendant au moins trois jours, au minimum. Le manque de sommeil était sensé le plonger dans une sorte de confusion. Un esprit privé de sommeil perdait ses facultés de raisonnement et ne pouvait plus prendre de recul sur ce qu’on lui faisait. De plus le trop plein d’information s’amoncelait dans le crâne de la victime sans espoir de pouvoir réfléchir clairement. La torture était autant psychologique que physique.
Denna essaya donc ses larmes d’un revers de sa main gantée et se leva. Elle farfouilla dans un coffre de la chambre. Les cliquetis de métal caractéristiques indiquaient qu’il n’était pas rempli de vêtements. La Mord-Sith sortit donc un objet aussi gros que sa main. Il ressemblait à un insecte en métal, une sorte de coccinelle qui au lieu d’avoir un côté bombé, avait une sorte de fixation pour attaché un objet. De l’autre côté, les « pattes » de l’insecte/instrument formaient des pointes acérées légèrement recroquevillés. Denna avait prit également deux glaives larges de la taille de son avant-bras. Ainsi armées, elle s’approcha de Khaléo et planta sans prévenir les deux lames de chaque côté de sa tête. Les deux lames enfoncées dans le bois à un poil – c’est le cas de le dire – des oreilles du dormeur, qui ne devait sans doute plus l’être. Denna n’avait pas raté son coup, les glaives immobilisaient la tête de Khaléo qui ne pouvait plus pivoter que d’avant en arrière. Puis, d’un coup puissant, elle abattit l’autre objet sur le sternum de l’homme, les « pattes » acérées en avant. L’insecte de métal plongea sans difficulté ses pointes dans le thorax, sans pour autant aller chatouiller les organes vitaux. Ainsi fixé, Denna le lâcha et sortit son Agiel. Le but de l’instrument ancré dans la poitrine de Khaléo était maintenant clair, car la partie supérieure était faite pour accueillir un objet de la taille d’une tige en cuir de façon à ce qu’elle soit dressée vers l’avant. La jeune fille inséra donc son arme dans l’encoche prévu à cet effet et régla la position jusqu’à ce que le bout de l’Agiel se profile sous le menton de sa victime, l’obligeant à se torde le cou de toute ses forces s’il ne voulait pas prendre une décharge.
Lorsque ce fut fait, Denna vérifia les attaches en fer, jugeant que le mur pouvait tenir et aussi les tendons de Khaléo. Elle voulait voir où en était la régénération et ne voulant prendre aucun risque, elle les sectionnerait de nouveau si elle voyait un quelconque début de cicatrisation. Puis, ignorant superbement son prisonnier qui n’allait pas fermer l’œil de la nuit, elle sortit de la pièce sans lui laisser la moindre lanterne. Denna allait se coucher mais elle sentait bien que son prisonnier n’allait pas être le seul à faire une nuit blanche.
* * *
Au matin, Denna se réveilla avec le soleil, un rayon ayant eu la bonne idée de se mettre en plein sur son visage. Elle avait l’impression de ne pas avoir dormi et cette impression était à peine exagérée. Elle avait réfléchi pendant une bonne partie de la nuit mais finalement rien n’était ressorti du remue-méninge nocturne. La jeune fille qui s’était débarrassée du sang qui la maculait descendit les escaliers en bois, émettant un grincement sonore à chacun de ses pas. Denna ouvrit la porte de la chambre illuminée par les rayons du soleil qui laissaient leur empreintes sur le grand lit et un partie des meubles, mais qui évitaient obstinément le jeune homme attaché, comme si le soleil lui-même se détournait d’un tel spectacle. Fidèle à son air impassible, Denna observa son œuvre pendant un moment, puis lâcha quelques mots… Ou plutôt un seul.
-Bonjour, fit-elle en toute simplicité.
Elle se dirigea ensuite vers lui et récupéra son arme. Elle tritura ensuite l’instrument de torture fixé à son thorax qui se désolidarisa de ses pattes dans une série de cliquetis. Denna n’eut ensuite qu’à retirer les pics de fer un à un avec une patience et une douceur qui permit de ne pas faire trop dégât. Lorsque ce fut fait, elle se positionna devant lui et l’observa encore une fois.
-Je suppose que tu ne veux toujours pas me dire ton nom ? Tenta-t-elle sans grand espoir. C’est juste par curiosité, ça ne changera rien de toute façon. Et puis on se connait un peu mieux maintenant, n’est ce pas ?
Même si elle s’attendait à un flot d’injures comme la dernière fois, Denna voulait essayer, ne serait-ce que pour voir l’état de son prisonnier.
-
Le son du fil d'une lame passant très près de chaque coté de son visage, avant de percuter le bois et d'y pénétrer, voilà le son qui, l'instant de quelques millisecondes dans ses cauchemar le rappella au fracas des armes sur un champ de bataille avant de rouvrir les yeux, le visage en sueur, et se rendre compte qu'il était encore en vie, Khaléo était encore en vie, il prit conscience également des nouvelles douleurs lançantes de son corps même s'il n'en avait pas subi la torture directement, la suite allait être pour "lui" malheureusement, une fois la "bête" endormie, qui ne se manifesterait pas avant plusieurs jours, avant d'être à nouveau assez "frustrée" pour montrer le bout de son nez, Khaléo allait reprendre les rennes, il posa les yeux sur ce qu'elle avait fait de son entrejambe, qui le lançait atrocement, et s'il avait eu ses mains libres, il les aurait probablement portées toutes les deux à son visage alors que ses yeux s'écarquillent et ses sourcils se tordent d'effroi, il n'avait jamais subi ni vu une chose pareille, il en était profondément choqué et bouleversé, qu'on puisse détruire son corps à ce point, imaginez vous simplement... déjà perdre une dent, ou vous faire arracher une molaire, c'est en quelque sorte une partie de "vous" que vous estimez importante, que vous regrettez avoir perdue, une dent ça ne se remplace pas...
...Alors imaginez ce sentiment d'avoir perdu quelque chose qui vous est propre, qui vous est cher ou qui définit en partie ce que vous êtes, pour peu qu'il ne soit pas réellement "fier" de l'allure générale de son sexe ça n'était pas moins tout de même un bout de sa personne, qui, avait l'air d'un vieux torchon brûlé et dépenaillé, il ne savait même pas s'il serait jamais capable de régénérer ça dans l'état où c'était, pourquoi... pourquoi ?! C'est ce qu'il se mit à répéter en voyant la Mord Sith revenir vers lui, dans un mélange de colère et de déni, et de pleurs emplis de haine :
"-Pourquoi ?! Pourquoi.. Pourquoi ?! Pourquoi !! Pourquoi ?! ... pourquoi... ... ... pourquoi..."
Il fut bien obligé de se taire lorsqu'il sentit l'objet insectoidal venir lui perforer le thorax, elle dut y mettre une sacrée force quand même c'était pas de la tarte, il sentit les "pattes" de cette saloperie de merde d'instruments lui entrer dans les intestices de ses côtes autour du sternum, il n'était également plus libre de tous les mouvements de sa tête, une des rare choses qu'il lui restaient pour s'affirmer, il était plus sensible a ce traitement qu'il ne le laissait paraître de toute façon, le savoureux travail de sappe sur sa volonté avait légèrement commencé, mais donnait bien le change, il restait tout de même "humain" sous cette forme, même si la douleur il en connaissait un rayon on n'avait jamais osé lui faire un truc pareil, ce... cet instrument diabolique pour l'empêcher de dormir... Il espérait en avoir assez bavé pour qu'on lui accorde au moins un peu de sommeil, c'était... était ce trop demandé ? Devait il le demander ? Non... oh non ce... ça lui ferait trop plaisir qu'il... qu'il se laisse aller à lui demander... Elle... ne méritait pas qu'il lui demande... même si il crevait d'envie de lui demander à quoi ça lui servirait de le détruire au point où il ne pourrait plus lui être d'une quelconque "utilité" si tant est qu'elle cherchait quelque chose à exploiter chez lui, il n'en savait rien... il n'avait pas à se repentir de ce qu'il avait fait, ces hommes d'armes étaient morts comme des soldats ! En croisant le fer bon sang ! Elle ne lui posait pas de questions non plus... Alors quoi ? Qu'est ce qu'il foutait là ?!
Il suivait du regard les différentes étapes du "montage" de cet instrument infernal dont il comprit rapidement l'utilité, il se pinça la lèvre inférieure, fronçant les sourcils en appréhension de la nuit qu'il savait déjà longue, ça faisait mal... même si on pouvait se targuer d'être insensible à la douleur "physique" ça faisait mal c'est tout, point, mais il en avait tellement pris aujourd'hui que cette douleur là dans son thorax semblait bien peu de choses, vraiment, depuis quand Khaléo en arrivait à "banaliser" une douleur par rapport à une autre... C'étaient là les premiers signes d'un "changement" dont il ne voulait ni entendre parler, ni le subir, il n'offrit pas des regards suppliants à la Mord Sith, mais plutôt un regard impérieux, sévère, invectivant Denna d'une façon étrange qu'il ne s'expliquait pas à lui même pour le moment, comme un père face à un enfant qui faisait une "énorme" connerie, encore partisan du "regardes toi et ce que tu es en train de faire".
"-Tu vas me retirer ça... Et pas plus tard que tout de suite tu m'entends ?!"
Ses tendons avaient eu le temps de se régénérer légèrement puisqu'elle les avait sectionné au petit matin, donc elle fut bien obligée de lui trancher à nouveau, lui laissant comprendre qu'elle n'oublierait jamais ce détail, réduisant ce petit espoir de s'en sortir plus tôt que prévu à néant.
"-Retires le ! Retires moi ça ! J'ai le droit de dormir ! T'en a pas déjà assez fait ?!"
Le noir... j'étais plongé dans le noir complet après celà... Elle n'avait pas daigné me répondre... ni faire le moindre geste... aucune compassion... je ne devais m'attendre décemment à aucune forme de pitié de sa part... Qu'est ce que j'allais faire ?! Qu'est ce que je pouvais faire... je tirai un peu sur mes fers, je regardai autour de moi... mes yeux s'adaptaient facilement à l'obscurité, beaucoup moins "bien" et vite que mes confrères lycans puisqu'a nouveau sous cet aspect, je n'étais qu'une sorte de sang mêlé, donc, il me fallut quelques minutes pour que mon regard s'adapte, mais le noir d'une pièce n'était pas réellement un problème, je distinguais les formes des choses et leur taille, j'aurai bien donné mon nom pour un lit en ce moment, Ah non hein ! Pas de ça ! Pas question... Alors que mon menton piquait et que mes yeux se fermaient, je me pris un court - jus assez violent dans le menton, qui me crispa tous les muscles de la mâchoire en faisant se claquer mes dents en relevant la tête... Oh tu parles d'une... d'une sale nuit... en perspective... merde... ma tanière... pourquoi j'avais abandonné ma tanière pour effectuer cette mission à la con, était ce ici que m'avaient amenées mes ambitions... Tu parles d'ambition... faire la sale besogne pour des connards jamais content et quelques pièces d'or qui n'en valent pas le coup en définitive... Mais je commençais à douter sérieusement que je verrai l'argent qui m'avait été promis pour celui ci, je doutais aussi que je reverrai jamais mon doux chez moi... Cette belle mine abandonnée devant laquelle ruissellait une magnifique rivière, j'étais en train de m'évader un peu de cette prison de métal et de bois en imaginant retourner là bas, profiter d'un bon bain à la base de la chute d'eau qui tombe à quelques mètres à peine de l'entrée de la mine, et que je pouvais à nouveau goûter aux fruits, à l'humus frais, au crépitement des feuilles mortes et des herbes entre mes doigts de pieds et mes griffes...
...Avant qu'un autre coup d'Agiel dans le menton me ramène encore, et encore... et encore à la dure réalité que ce "présent" m'offrait, oh, j'avais été curieux, un peu trop peut être parce que je trouvais le temps long, je louchais sur la tige de l'Agiel, me demandant quel goût - à part le sang - ça pouvait avoir, était ce fait exclusivement de cuir ? Oh, je n'allais pas tarder à le découvrir, en fait j'avais fait l'abruti surtout, le bout de ma langue était resté "collé" dessus comme si j'avais mis celle ci sur un glaçon et il fallut que je tires un bon coup sec pour me décoller et hurler de douleur, ça, je ne m'en était pas privé, parce que cette fois ci, ça ferait double emploi si je hurlais, j'avais peut être des chances de faire en sorte que l'autre en haut devienne folle, et c'est ce que je fis une bonne partie de la nuit puisque j'allais être forcé à tenir debout y avait pas de raisons ! hé hé ! J'allais lui en faire baver aussi !
Et que je te cries, et hurles, et rugit exprès jusqu'au petit matin ou j'avais d'ailleurs une petite extinction de voix, ah ça, je m'étais bien dépensé, par miracle au petit matin j'avais quand même pas mal récupéré, et ce que j'avais entre les jambes semblait à peu près... intact à nouveau ! Youpie... Ou pas... il aurait presque préféré qu'il soit resté en charpie afin qu'il ne soit plus capable d'éprouver de la douleur à un endroit pareil de toute son existance, c'était à prendre où à laisser mais il était tout de même soulagé et impressionné par ses propres facultés régénératives.
Donc, il s'était donné à coeur joie pour l'emmerder toute la nuit, et à voir le spectacle qu'offrait le visage de Denna ce matin il y avait de quoi le mettre de "bonne" humeur, ouaip m'dame, elle avait l'air d'avoir passé une sacrée nuit, surtout à sa coupe matinale et peut être quelques cernes, mais pour lui, ça avait l'air plutôt réussi ! ha ha ! Il en était content même si lui, ses yeux étaient massacrés d'un noir charbon qui donnait l'impression qu'il avait du "maquillage" noir ou du mascara trop appuyé ainsi qu'un fond de teint légèrement foncé autour des yeux, c'était étrange, ça lui allait presque "bien" d'être fatigué... Enfin, au point où parfois il louchait encore et fermait ses yeux, pour aller toucher l'Agiel - encore - une fois avec son menton et se réveiller une seconde plus tard.
Donc il avait l'air content de la voir, mais c'était plus parce qu'il voulait se payer sa vieille tête de fille mal endormie, et mal réveillée, au moins tout autant qu'il l'était, et d'en rire, ça, oui... un rire bête et fatigué, mais un rire quand même, après tout autant rire de la situation plutôt que d'en pleurer, et malgré son air impassible et cruel, froid, ça renforçait le coté drôle de la chose de la voir, comme toute personne, déconfite des traits de son visage au petit matin après une nuit qui s'est très mal passée.
-Bonjour.
Malgré tout ce matin, comme il se sentait d'une drôle d'humeur, et que sa fatigue ne lui permettait pas de bien faire les connections entre ses synapses et ses neurones, que sa colère s'était évanouie pour une bien étrange... hilarité et euphorie, il répondit avec un beau grand sourire et une voix mielleuse à souhait :
"-Bonjouuuur ! Est-ce le frabieux jour ?"
Euh, oui... il pétait un peu les plombs aussi, puis à ses yeux injectés de de veines rougies ça lui donnait presque une allure psychotique, il l'observa s'approcher de lui, et à ce moment là il sortit sa langue pour lui montrer le résultat de ses "stupides" expérimentations, pas peu fier pour le compte...
"-J'ai cru que vous m'aviez offert une glace... Quelle ne fut pas ma déception en apprenant que je m'étais... fourvoyé !"
Ses yeux voyagèrent rapidement sur les mains qui s'affairaient à détacher l'insecte planté dans sa poitrine, poussant tout de même quelques gémissements de soulagement à chaque fois qu'elle retirait un pic de fer, avec une douceur qui contrastait étrangement avec la façon dont elle s'était "occupée" de lui enfoncer dans le corps, ses yeux voyageaient depuis ses gestes doux aux yeux inexpressifs de la Mord Sith... Non... alors ça n'avait rien de réel... Encore une fois ça lui semblait bien "imité" mais ce n'était pas ça... ça n'avait rien de la tendresse ni de la véritable douceur, c'était juste pour ne pas trop l'abimer physiquement en retirant son machin, qu'est ce que ça pouvait être d'autre, qu'étais je en train de m'imaginer ?
Elle se posa devant lui et put s'aperçevoir que durant la nuit il avait effectivement pu beaucoup récupérer, qu'il était à nouveau bien "formé" et que plus aucun de ses os n'étaient brisés, mais elle put noter un léger amaigrissement du sujet, une perte notable de "graisse" fine entre le duvet et ses muscles, qui rendait plus saillant ces derniers, comme expliqué précédemment, il puisait dans ses réserves, ses calories pour régénérer, et il avait faim ce matin... terriblement faim.
-Je suppose que tu ne veux toujours pas me dire ton nom ? C’est juste par curiosité, ça ne changera rien de toute façon. Et puis on se connait un peu mieux maintenant, n’est ce pas ?
Il s'éclaircit la gorge papillonnant des yeux avant de se mettre à chanter, sur un air très enjoué :
"-Vous avez... perdu... perdu ! ♫ Elle l'a perdu ! Elle à perdu sa tête !♪ Et mon nom et sa tête ! Et mon nom parce que sa tête... n'a plus le moindre boulon ! ha ha ha ! Mon nom... Oh... Mon nom ?! Si.. si nous nous en rappellions...♪"
Il observa un moment l'air impassible de la Mord Sith à ses pitreries, il se racla la gorge, puis reprit un air sérieux, solennel.
"-Je ne vous connais pas. Non. Je ne connais pas "cette" Denna, J'en suis désolé, le masque n'est pas tombé ! Je n'ai rien appris de vous ces dernières 24 heures, mis à part cet air impassible, non merci, je ne manques pas d'air, mais c'est agréable de votre part de me l'avoir demandé...
Non, non... Elle... n'avait rien demandé... C'étaient là juste quelques signes "hilares", l'euphorie de sa fatigue.
"-...Hmmm... mais je m'égares... où en étais je déjà... Ah oui ! Ce masque émotionnel qui, vous permet d'être une créature bien plus amorale que la moyenne... Quand il n'y a plus moyen de moyenner nos menus efforts modérés...- Il secoua sa tête pour reprendre le fil "normal" de la conversation-"-Alors non, je n'oserai dire que nous nous connaissons d'aucune façon, vous persistez à être une parfaite inconnue si ce n'est, que j'ai toujours votre nom, et que vous n'avez le mien... le mien, le mien est bien plus beau que le vôtre je vous signales ! Oui, oui oui parfaitement... Cependant, cette information est comme vous le précisez si bien... "inutile", et comme ça ne changera absolument rien, comme vous le dites... Je n'ai aucun interêt à vous le donner, de toute façon même si vous l'aviez, il resterai mien !"
Il effectua une moue boudeuse du bout de ses lèvres, en louchant vers le plafond, avant qu'il ne sourie de sa petite victoire insensée qui avait peut être, jusque là... trop duré, ses phrases étaient parfois alambiquées, juste parce que la fatigue le rendait flou et parfois même... un peu fou !
"-Si vous aviez fait au moins l'effort de fouiller mes affaires, mais non... Mais non ! Ah bah non ! Que de barbarie, de boucherie sanguinaire et d'acharnement pour obtenir un simple nom... De la bouche d'un pauvre bigre de bougre ! Il va sans dire... Dire que j'avais admiré votre répartie armée et la stratégie mise en place par vos soldats... votre... indéflectibilité et incorruptabilité... ça... ça se dit vraiment ça ? - fit il en louchant sur son propre nez, l'instant d'y réfléchir deux secondes avant de continuer - face à votre objectif, Sacrifiant toute forme de compromis face à la menace... votre intelligence, que j'ai sur - estimée... Vous auriez su, dites donc... en fouillant un peu mes affaires, MES affaires ! Ce sont mes affaires, Attention... personne n'a le droit d'y toucher, surtout pas vous ! Vous auriez su que je m'apelles Khaléo, mais c'était hélas... trop vous demander ? Est ce le pied qui blesse le bas ou le bas qui blesse le pied ? Avez vous obtenu satisfaction, dodelinon ? Quelle est la prochaine question ?"
Parfois, une élucubration, une ineptie, absurdité venait se glisser dans ses phrases même lorsqu'il essayait d'être sérieux, preuve de sa grande fatigue, fatigue dont il s'amusait bien finalement, elle lui permettait des phases de 'rêve' à moitié éveillé, et d'être plus... plus "fantasque" dans ses réponses pour le moins... étranges...
"-Et si nous prenions un peu de thé ?... J'ai grand soif..."
Dit il en regardant autour de lui, il en avait presque oublié sa condition en essayant d'avancer comme s'il était libre vers le salon, avançant son visage, suivi du mouvement de ses épaules et de son torse, puis, de ses bras et ses poignets douloureux, irrités qui lui rappellèrent qu'il était encore attaché, son visage pencha sur le coté, incompréhensif sur le coup, ou le contre coup de sa captivité, il regarda à gauche, et à droite comme s'il "redécouvrait" son état, il soupira d'exaspération en reprenant leeeentement sa position d'origine, dos contre le mur comme si la redescente vers la réalité entre deux âneries était dure à concevoir, à cet instant il avait un peu l'air d'un "pierrot" très affecté émotionnellement par sa situation, une tristesse étrange qui pouvait paraître un peu "surfaite" s'empara des traits de son visage, sa voix était également fêlée par son constat :
"-Oh... vraiment ? Voilà qui est dommage... voilà... qui est bien dommage... oui... vraiment... Quel dommage... Nous ne pourront prendre... le thé ensemble... Pourtant c'aurait été bien, n'est ce pas ?"-Dit il subitement tout sourire à la Mord Sith, penchant sa tête vers elle avant de regagner doucement cet air triste quand il s'aperçut de l'absence de réactions de cette dernière.- "-Oh non... Vous ne saurez jamais à quel point... à quel point celà peut l'être... non... votre visage... votre visage et vos yeux ne savent pas ce que c'est..."- Ajoute t'il en secouant négativement l'index pour ajouter au hochement de tête vif, s'assurant que non elle ne pouvait pas "savoir"- "-Vous ne saurez jamais... Et c'est bien dommage... Pas pour moi... Pour vous... Vous n'aurez jamais d'amis avec qui partager quelque chose... d'aussi doux qu'un biscuit, une boisson, un thé ou un fruit !"
Puis ce fut un large sourire qui ponctua la fin de cette phrase pour terminer par cette conclusion, se rendant bien compte qu'il pétait un peu une case par fatigue :
"-Je suis content, bien content de ne pas être comme vous !"
-
C’est… fatigant. Denna n’est pas compétente pour dresser des fous. Il n’y avait d’ailleurs aucun intérêt. Ce qu’elle prenait pour du courage n’était peut-être que de la folie pure et simple. Les propos de cet homme étaient incohérents. Certes, il avait quelques moments de lucidités et la réussite de sa mission révélait une certaine intelligence, mais la folie peut très bien être accompagnée d’un certain génie. Les deux notions ne sont pas incompatibles. Et on ne pouvait pas tout mettre sur le dos de la folie. Habituellement, aucun prisonnier n’aurait parlé à Denna de cette façon sans se faire réduire au silence avec un Agiel au fond de la gorge, mais là, Denna restait observatrice, comme on regard un fou déblatérer ses délires sans vraiment faire attention à ce qu’il dit. C’était totalement ridicule…
De temps en temps, la Mord-Sith hésitait à le tuer pour ne pas perdre son temps. De toute façon, il ne devait rien savoir. Un mercenaire complètement suicidaire envoyer au casse-pipe en échange d’une miche de pain. Pas de chance pour Ashnard, le fou s’était révélé brillant dans son domaine, mais il y avait fort à parier qu’il ne savait pas grand chose sur ses employeurs. Pour une mission aussi grave qu’un sabotage des forces armées d’une autre nation – qui plus est, reconnu comme très agressive – il était préférable que les agents ne sachent rien. Et qui accepte une mission sans rien savoir des valeurs qu’il défend ou simplement connaitre le pourquoi ? Hé bien, il y avait les fous et ceux qui ne sont intéressés que par l’argent. Dans les deux cas, il se fichait pas mal de ne rien savoir de leur employeur. De toute manière, Denna avait bien une petite idée. Qui voudrait réduire les défenses d’Ashnard sur sa frontière sud-ouest, à part Nexus ? Cependant, la jeune fille aurait aimé avoir plus de précision quant au plan de l’ennemi héréditaire de l’empire. Elle sentait que ce genre de confidence ne pourrait pas être extrait du mariole qu’elle avait en face d’elle. Finalement, ce qu’elle prenait pour un grand soldat, fin stratège, n’était autre qu’un cinglé-génie. La jolie blonde aurait presque pleurée si elle avait été toute seule, tant elle était déçue. Heureusement, il subsistait l’hypothèse, qu’il simulait la folie pour qu’elle l’exécute avant qu’il ne craque. A ce stade, Denna ne considérerait même pas cet acte comme une tromperie. C’était ce qu’elle espérait de tout son cœur. Un espoir qui l’empêchait d’abattre son Agiel sur la poitrine de Khaléo et de faire imploser son cœur. Grace à ce doute, elle pouvait encore rêver, et ce même si les mots de Khaléo la blessait beaucoup plus qu’il ne le pensait. Pas par leur contenu mais parce qu’ils détruisaient le rêve de Denna.
Au moins, elle avait son nom. C’était une bien piètre consolation mais elle saurait s’en contenter. Cette information n’avait rien d’une victoire. Comme elle l’avait dit hier, c’était purement facultatif et n’en avait pas besoin pour son métier. Ca ne lui fit pourtant pas aussi plaisir qu’elle le prévoyait. Sans doute la façon dont cela avait été amenée… Il la détestait… Vraiment ? Oui c’est normal, mais pourquoi à ce point ? Denna avait du mal à se rendre compte. Peut-être parce qu’elle l’avait un peu trop abimé en se fiant trop à sa régénération naturelle. La Mord-Sith n’aurait pas été contente non plus si on avait laissé des marques sur son corps, mais la Mord-Sith n’avait rien fait qui laisserait une cicatrice sur un tigranthrope. Décidemment, cette haine envers elle la choquait. Elle était trop virulente.
Les attaques maladroites et parsemés d’incohérences propres à la folie s’enchainaient sur Denna. Elle fut cependant attirée par la dernière qui semblait un peu plus construite. C’est bien la seule qui lui donnait envie de se défendre. Khaléo l’accusait de ne pas avoir de sentiments et de ne pas avoir d’amis. Ce n’était pas totalement faux, mais c’était loin d’être vrai.
-Tu te lances dans des accusations hasardeuses sans même me connaitre, coupa-t-elle. Tu l’as dit toi-même, nous ne nous connaissons pas. D’ailleurs ça ne risque pas tant que tu continueras à jouer les cinglés et à me détester. Ce n’est pas moi qui me suis introduite dans un camp militaire pour le réduire à sac. Et maintenant, tu t’étonnes de recevoir le retour de bâton ? Tu t’attaques à l’empire d’Ashnard et tu pensais que je te traiterais avec déférence et respect ? Ou bien alors, tu croyais que nous allions parler et se taper dans le dos autour d’un verre en se congratulant mutuellement pour nos faits d’armes ? La guerre n’a rien d’un jeu ou d’un sport. C’est dommage que ce soit moi qui doive te l’apprendre.
Denna n’avait pas tout à fait raison, et ce n’était pas le but. Elle voulait l’énerver un peu en le faisant passer pour un gamin irresponsable qui ne comprend même pas ce qu’il fait. Ce qui était peut-être vrai, mais comme on vient de le dire, on s’en fiche. Elle avait besoin de se défouler sur lui, de se venger pour le temps qu’il lui faisait perdre et les espoirs qu’il avait brisés. Seul son esprit professionnel l’empêchait de le tuer sur le champ au cas où il détiendrait vraiment des informations sur son commanditaire. Ce petit doute/espoir était le fil qui le maintenait en vie.
-Quant à ton stock d’amis, je me doute qu’il ne doit pas être plus impressionnant que le mien, constata Denna en le jaugeant du regard. Ceux de ton espèce sont méprisés et traités comme des bêtes. Ici, ceux sont nos esclaves, alors laisse moi douter du fait que tu sois très populaire. Et sache que…
« J’ai des sentiments !!» avait-elle envie de hurler, mais elle ne voulait pas se justifier sur ce point, elle se tut avant de finir sa phrase et se rembrunit. Cela aurait été se rabaisser au plus bas niveau. Elle n’avait pas à prouver par A + B qu’elle pouvait ressentir toute la palette d’émotion humaine. La jeune fille était même persuadée d’avoir déjà ressenti de l’amour… Enfin, c’était ça n’est-ce pas ? Personne ne nous dit ce qu’est l’amour donc on essaye de prendre un sentiment déjà ressenti et qui se rapproche le plus de la définition en supposant que c’est ça… C’est bien ça ?
C’est dans ces moments là que Denna voyait la faiblesse de son système de pensée. Elle le savait. Elle savait qu’il y avait quelque chose qui clochait. Son raisonnement n’était pas… beau. Comme lorsqu’on regarde un dessin raté et qu’on ne peut pas vraiment dire pourquoi. Pourtant, c’était la seule chose à laquelle Denna pouvait se raccrocher, alors elle fermait les yeux.
-
L'esprit, ne s'enchaine pas même si le corps n'est plus libre, Denna avait l'air de douter, pour la première fois, et c'était bien son but... Il n'avait pas eu besoin de poser des questions, il usait, et abusait d'affirmations sous entendues et cachées dans des phrases tordues, ni par génie, ni par folie, mais pour l'instant sans qu'elle ne s'en rende compte, en jugeant de ses réactions aux différents "stimulis" émotionnels que ses phrases "ridicules" lui envoyaient, il commençait à en savoir un peu plus sur elle, il essayait de la cerner, d'en apprendre plus sur elle, et aussi, accessoirement de gagner du temps... Car l'air de rien, il n'était absolument pas "pressé" que la séance reprenne, aussi, les réactions de Denna étaient fort intéressantes à observer, s'il avait été plus direct et s'il s'était mis à poser des questions, elle se serait probablement braquée tout de suite, car trop fière, car trop méfiante... Et l'aurait fait taire d'un coup dans la tronche, la fatigue n'était qu'un tremplin finalement, lui permettant d'être d'une euphorique incohérence enjouée dans ses propos, afin de les amener en petites rimes et chanson, qui provoquaient déjà leur amusant travail de sappe sur le moral de la Mord Sith, celà se traduisait par des silences tendus chez Denna, où il était facile pour Khaléo de comprendre que ce qu'il racontait provoquait au moins quelques "émois" et réflexions chez son bourreau.
Tant mieux... Qu'elle y réfléchisse pendant ce temps là elle me... foutait un peu la paix avec son Agiel, elle n'y était pas allée de main morte avec moi, j'avais de la chance d'être encore lucide et de pouvoir échaffauder des stratégies de ce genre, je n'avais rien à perdre de toute façon, pas vrai ? Et en plus mon babillage incessant, me concentrer sur elle dans mes flots de paroles incongrues ça m'aidait à tenir éveillé.
Mais une chose étrange était en train de se produire... Si ma colère était encore vive pour cette créature hier, aujourd'hui elle se transformait presque en "pitié", c'était sur ma gueule qu'on frappait pourtant, et parce qu'elle savait très bien ce que j'étais elle n'y allait pas avec le dos de la cuillère, hier j'avais eu une bonne partie de mes os réduits à l'état de copeaux, de sciure d'os, a se demander comment ma chair meurtrie par l'Agiel avait réussi à me retenir sur mes fers, et pas une seconde cette ordure n'avait eu le moindre regard compassionnel à mon encontre ni pour ce qu'elle me faisait subir, j'étais encore un peu en colère donc, mais une partie s'était déjà transformée en pitié, et c'était pour elle, que j'éprouvais de la pitié.
Le but inavoué était donc d'irriter Denna, pour déceler quelques "failles"... C'est vrai que ses phrases, ses intonations et sa façon de s'exprimer changeaient radicalement d'un paragraphe à l'autre, essayant d'emboiter des pièces d'émotions et de sentiments différents dans chacunes de ses phrases pour essayer de les emboiter dans un puzzle... Dans les cases qu'il considérait vides du puzzle de Denna, parce que pour lui cette absence même d'émotions sur son visage, ce n'était qu'un masque... un masque de glace, une carapace frigide posée et scellée sur ce qu'elle devait réellement être... Il le savait il était comme ça lui aussi... Mais des coups de piolets précis fendaient puis brisaient parfois la glace.
Cette fois c'est en reprenant son sérieux, juste après avoir fermé ses yeux pendant dix secondes et passé sa langue rapidement sur ses propres lèvres tandis qu'un grondement d'estomac retentissait, il avait faim... drôlement faim... C'est en reprenant son sérieux qu'il rouvrit les yeux et prit une expression neutre, dégagée de toutes les émotions précédentes, dégagée de toute émotion même.
"-vous ne m'apprendrez rien que je ne sache déjà de la guerre et même de la défaite sur un champ de bataille, vous voudriez m'apprendre un métier que je fais depuis plus de cinq ou six de vos courtes vies humaines ?" - Affrontant la Mord Sith du regard, pas d'un regard haineux où méprisant ce matin, juste un regard vertueux empli d'une drôle de force d'âme inquisitrice -
-Quant à ton stock d’amis, je me doute qu’il ne doit pas être plus impressionnant que le mien, Ceux de ton espèce sont méprisés et traités comme des bêtes. Ici, ceux sont nos esclaves, alors laisse moi douter du fait que tu sois très populaire. Et sache que…
"-Quoi ? Qu'est ce qu'il y a avec des "créatures" de mon espèce ? Ca n'avait pas l'air de vous déranger lorsque vous me "caressiez" le torse hier... Aujourd'hui subitement à vos yeux je serai méprisable ? A vos yeux je ne serai donc bon, qu'à être un esclave ? L'oppression, la peur de la différence ? Mais t'as pas vu ma gueule ? C'est l'histoire de toute ma vie."
Il cracha par terre, pensant finalement qu'elle devait être "raciste" ce devait être la raison pour laquelle elle ne lui posait aucunes questions, et se contentait de le faire atrocement souffrir sans l'once même d'un remord dans le regard, sans réel but, sans qu'elle n'en ait exprimé les raisons, à vrai dire ça devait lui faire plaisir de s'en prendre à une monstruosité dans son genre, il pensait qu'elle devait juste autant être fascinée que dégoutée, et que peu importe ce qu'il dirait elle le ferait souffrir par envie de le voir souffrir, point, parce qu'il avait malheureusement déjà connu des bourreaux mais ils ne mettaient pas autant de "passion" et de hargne dans leur "métier", Elle était consciencieuse et ne lui épargnait rien, même pas ses parties les plus intimes et plus sensibles, si elle avait été capable d'un peu de compassion avec la hauteur des choses qu'elle lui avait déjà fait subir, ça aurait limite rendu les choses bien pire encore, plus glauques, malsaines, nauséuses, ça lui aurait donné l'envie de vômir, heureusement donc qu'elle donnait bien l'air de ne rien ressentir de toute manière une créature capable de compassion n'aurait jamais pu aller aussi loin.
Mais alors qu'il s'enfonçait dans le renouvellement de sa rage et son petit syndrôme de persécution "raciale", un signe... un petit signe... les yeux clos... de sa tortionnaire... l'incompréhension... le silence... à nouveau pour quelques temps... Khaléo s'en mordit la lèvre inférieure... Souffrait elle ? Bon sang... Pourquoi... pourquoi ressentait il de la pitié pour elle ? Elle ne lui paraissait même pas "humaine" ! Pour quelque chose qui n'était pas dit, elle l'effrayait de par quelque chose qui semblait lui manquer, qu'elle n'exprimait pas, il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais il semblait que c'était quelque chose d'essentiel, qui empêchait à cette belle jeune fille d'être... simplement... ...elle ? Il cogitait probablement trop, bien que ce soit la seule chose qui lui soit permise, mais ce vide de ce "quelque chose" lui était effrayant.
"-Et sache que ? Et sache que... Laissez moi finir cette phrase pour vous... Vous qui n'avez plus en place l'alène qui tient la mécanique de votre coeur en haleine, l'outil caché qui retient les vieux engrenages d'une horloge brisée, manquant d'huile, a qui votre visage pétrifié depuis longtemps, ne rend plus hommage, Et sache que... Et sache que, Denna, et sache que tu cherches bien trop longtemps après quelque chose qui devrait te sembler bien évident ! "
Il n'y avait pas de sourire, juste un regard très, voir trop sérieux, désarmant de compassion pour elle, oh, il craignait bien que cette attitude allant complétement à l'encontre de la crainte qu'il devrait ressentir pour elle après torture, irait peut être jusqu'à la foutre en colère, mais si la rage la gagnait, il ne devait pas être loin de la vérité, il aurait touché... du bout de ses doigts une corde, sensible.
"-Mais sachez une chose quand même... à votre encontre... Ce matin... Je n'ai plus de haine... Non ! Plus de haine ni d'aversion... Juste un peu... de compassion."
"-De la pitié ! Oui... parfaitement... De la pitié, et j'en aurai pour deux puisque vous n'en n'avez, je vous pardonne d'être ce que vous êtes... Je... -il hésita, puis la tutoya sur un ton famillier - "-Denna... Je te plains."
Il ferma les yeux en fronçant les sourcils, anticipant, appréhendant le prochain coup dans la gueule, oh ça... Malheureusement il s'y attendait... parce qu'il y avait trop de "fierté" chez cette femme, elle n'allait pas laisser passer ça... A moins qu'il ait réellement réussi à l'ébranler... Mais même si c'était le cas, il ne croyait pas en sa clémence après la nuit qu'il venait de passer, à moins d'un miracle elle recommencerait, peut être prendrait elle la peine d'essayer de lui prouver quelque chose, où qu'il à tort, et passerait à autre chose pour une fois, mais encore loin était le jour où elle comprendrait peut être le sens du mot "pitié" et "compassion" dont sa conscience avait été apparemment déchargée.
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Denna aurait bien aimé cracher à son tour, mais pas sur le sol. Qu’on la taxe de racisme aussi facilement était tellement énorme. Khaléo déformait son argumentation pour l’orienter sur le bon vieux et efficace sujet du racisme. Ce qui n’était qu’un exemple de la façon dont on traitait les terranides dans son pays, pour illustrer le fait que ses rapports avec les humains ne devaient pas être amicaux, était déformé pour l’accuser d’une quelconque xénophobie imaginaire. En même temps, c’est pratique d’invoquer le racisme… à condition qu’on soit dans un pays qui sache ce que ça veut dire.
Mine de rien, Khaléo avait raison. C’est un esclave et donc méprisable par nature. Pas à cause de sa race, mais parce qu’il est l’ennemi d’Ashnard. Qu’il se bombarde martyr, c’était ça qui énervait Denna. La jeune fille bouillait intérieurement et imaginait déjà les tortures qui pourraient lui faire ravaler ses mots. Bien sûr, cela allait correspondre avec la nature de l’affront. Elle pensait à lui arracher la queue, ses oreilles, lui faire sauter ses dents et lui raser les poils en l’écorchant vivant. Bien entendu, Denna ne le ferait pas. C’était simplement pour se donner un os à ronger et se calmer. D’ailleurs malgré le concentré de haine qui s’infiltrait dans ses veines comme un poison, Denna restait relativement calme. Un masque d’impassibilité sur le visage, la colère avait du mal à filtrer, s’exprimant surtout par ses yeux noisette.
Pourtant, la colère disparut presque aussi vite qu’elle était venue. Khaléo la regardait sans haine, pour la première fois depuis qu’elle avait commencée à faire son dressage. Elle n’arriva pas pour autant à identifier ce regard, tout comme elle était incapable de saisir cette chose qu’elle cherchait et qui devait lui sembler évident, d’après les dire de l’homme.
Denna ne s’était jamais définie comme un monstre. Lorsqu’elle n’était pas en service et qu’elle quittait son uniforme, elle arrivait presque à se fondre dans la masse. La jeune fille avait déjà essayé par curiosité. Elle y était parvenue mais tout ces gestes étaient forcés, ses expressions n’étaient que des mimiques, et elle devait se concentrer sur la moindre de ses réactions pour ne pas paraitre étrange. C’était un peu comme une mission. Rien n’était naturel, il n’y avait qu’un objectif ; se prouver qu’elle n’a rien d’un monstre et qu’elle pouvait très bien être normal quand les gens ne savent pas qui elle est au premier regard. Alors ? Mission accompli ? … Bien sûr que non.
C’est alors que Khaléo lui révéla implicitement avec quel sentiment son regard fauve était illuminé. De la compassion… Pourquoi faire ? Et de la pitié. Dans quel but ? Denna se sentait salie par ce regard. Il n’y avait aucune raison de la prendre en pitié. D’après elle en tout cas, car il y avait en réalité toute les raisons du monde. Par contre, Khaléo avait tort sur une chose. Une petite chose qui n’avait pas de réelle importance. Denna n’avait aucune fierté ou égo. Elle n’allait pas frapper Khaléo par vengeance ou débattre de ce qu’il affirmait pour ne pas perdre la face. La seule raison pour laquelle elle aurait fait cela, ça aurait été pour faire croire qu’elle avait du caractère et ainsi asseoir son autorité sur lui dans le but de le dresser, mais dans l’immédiat, elle n’y pensait presque plus.
La Mord-Sith se contentait de regarder son prisonnier en cherchant les raisons de sa pitié mais ce n’était que de la poudre aux yeux car elle le savait déjà. C’était une évidence, mais elle préférait rester étonnée, voir incrédule, que de subir l’affliction de la réponse qu’elle connaissait déjà. Denna s’était souvent demandée ce qu’elle serait devenue si les Mord-Sith ne l’avaient pas choisi. Une femme d’une grande douceur et d’une grande sensibilité. Elle n’aurait pas eu beaucoup de mal à trouver un mari et aurait une tripoter de marmots… Quelle horreur ! Elle n’aurait jamais connu la plénitude spirituelle de pouvoir contrôler sa douleur. Elle n’aurait pas servi Ashnard, ni connu l’amour que l’on ressent pour la personne que l’on dresse. Certes… Mais elle aurait été heureuse. Et il n’y a rien au-dessus du bonheur.
-Je vais… te chercher à manger, fit-elle au bout d’un moment, d’une petite voix songeuse.
Elle resta sans bouger un temps après sa déclaration, puis se décida enfin et quitta la pièce d’un pas assuré qui était presque calculé.
La jeune fille ne s’arrêta pas en si bon chemin et sortit même de la maison. Pourtant, les restes d’hier que Denna avait à peine grignotés étaient sur la table du salon, enveloppés d’une serviette. Le tigranthrope pouvait très bien le voir puisque sa tortionnaire n’avait pas refermé la porte.
Dehors, la fraicheur matinale fit frissonner la jeune fille, lui donnant une excuse pour trembler exagérément et se débarrasser symboliquement des paroles de son prisonnier. De petits nuages de vapeur s’échappaient de sa bouche, signe que le prélude de l’hiver avait commencé. Les passants avaient sortit leur laine et avançaient dans les rues en silence, la tête baissée. Cependant, Denna soupçonnait que ce n’était pas la morsure du froid qui leur faisait courber l’échine, mais plutôt la présence d’un escadron impérial dans leur village. Sans se soucier des regards inquiets qu’on dardait sur elle, elle franchit rapidement les quelques mètres qui la séparait de l’auberge et entra dans ce qui avait été transformé en véritable logement de fonction. Les soldats, fidèles à eux-mêmes, semblaient avoir promu Panon l’aubergiste, au rang de cuistot et s’affairait près d’énorme chaudron pour nourrir les militaires. La plupart des hommes étaient dispersés dans la taverne et jouaient aux cartes ou aux dés, accompagné d’un pichet de bière généreusement cédé par l’aubergiste. Quand ils virent Denna, la plupart se leva et tapa du poing sur leur imposante poitrine, suivit de près par ceux qui n’avait pas vu leur supérieur et qui ne faisait que suivre leur compagnon. Ceci fait, tout le monde se rassit et le brouhaha reprit de plus belle. Plus personne ne se souciait de la Mord-Sith à part un officier qui attendait visiblement l’attention de la jeune fille pour faire le rapport qu’elle était sans doute venu chercher. Pourtant, ce n’était pas pour cela que Denna était ici.
-Ou est Berdine ? Demanda-t-elle à l’officier qui lui indiqua immédiatement la chambre où elle se reposait.
La Mord-Sith remercia d’un signe de main et suivit les instructions de son lieutenant. Elle trouva Berdine allongée sur un lit dans une chambre individuelle. La Mord-Sith brune aux traits anguleux semblait en bonne santé mis à part le fait que le haute de son corps était serré par des bandages. Les deux femmes se regardèrent sans un mot pendant quelques secondes qui semblaient être des minutes. La colère grandissait dans les yeux de Berdine tandis que Denna lui renvoyait son habituel masque d’impassibilité. Puis, comme s’il y avait eu un déclic, les yeux de Berdine s’adoucirent, comme si sa haine ne visait plus la personne qu’elle avait devant les yeux.
-Dis-moi que tu l’as fait couiner cette vermine, demanda-t-elle d’un ton haineux.
-Sa nature rend le dressage complexe, mais oui, si tu veux tout savoir, je travaille depuis 24h.
Berdine sourit de plaisir et de cruauté en imaginait ce que sa consœur avait fait subir à celui qui l’avait capturé, battu à mort, et s’était servi d’elle comme bouclier humain. D’ailleurs, elle ne semblait pas en vouloir à Denna sur ce point… Elle aurait sans doute fait la même chose.
-Je pense à en finir, avoua Denna. Je ne sais pas si j’arriverai à le dresser. Il réagit trop différemment. Je crois qu’il a déjà été brisé auparavant. Je pense que je n’y arriverai pas.
Suite à cette déclaration de faiblesse, Berdine écarquilla les yeux comme si elle était surprise que de telles paroles sortent de la bouche de sa consœur. Puis, elle éclata de rire…
-Ma pauvre Denna, fit-elle sur un ton faussement compatissant. Tu es encore plus faible que je ne le pensais. De toute façon le tigre est à moi. On verra s’il est si différent des autres quand je lui aurais cloué ses propres bourses sur la langue. Tu pourras regarder et apprendre. En attendant, cesse de venir gémir dans…
Un Agiel venant s’écraser sur la gorge de Berdine l’empêcha de finir sa phrase. Remplie d’une fureur froide, la jolie blonde regardait sa consœur étouffée sous la poigne de l’artefact et de son propre sang qui commençait à affluer dans sa gorge. Pourtant, il lui restait assez de self-control pour ne pas la tuer. Elle retira enfin son arme, libérant le larynx de Berdine qui toussa pour extraire le sang qui l’obturait. Lorsqu’elle fut enfin capable de crier sa colère à l’encontre de Denna, cette dernière avait déjà quitté la pièce.
Bizarrement, Denna était plus triste que furieuse. Khaléo avait en effet raison. La jeune fille n’avait pas d’ami. Elle avait voulu se rassurer de cette accusation en pensant que Berdine était ce qui se rapprochait le plus d’une amie, mais ce n’était pas le cas. D’ailleurs à quoi s’attendait-elle de la part de la brune ? Si cette dernière était venue l’ennuyer avec ses problèmes, il y avait de grande chance pour que Denna lui réponde de la même manière.
C’était donc encore plus découragé qu’elle s’en alla de l’auberge, laissant ses hommes à leur oisiveté coutumière. Dehors il faisait toujours aussi froid, et il n’y avait pas vraiment de raison que ça change. Le ciel s’était donné le mot et annonçait une figure aussi maussade que celle de la Mord-Sith. Un ciel de plomb masquait l’aube, laissant tomber sur la terre un crachin vicieux qui s’infiltrait dans les vêtements des passants, recroquevillés pour laisser le moins de surface à la merci des intempéries. Denna en totale symbiose avec la météo, se laissa allégrement fouetter le visage pendant le court trajet de retour.
Elle entra dans la petite maisonnée et referma la porte au nez du froid et de la pluie. Elle appréhendait le fait de revoir Khaléo et dut attendre de souffler quelques instants hors de sa vue, dans un coin du salon. Lorsque la jeune fille s’était un peu remise les idées en place, elle attrapa le plat plein de pièces de poulet et rejoignit Khaléo dans la chambre.
-Si tu refuses de manger je te creuse un trou dans la gorge et j’y enfonce les morceaux de poulet, fit-elle d’une voix d’outre-tombe qui laissait présager que ça n’avait rien d’une menace en l’air.
Ceci étant dit, Elle attrapa le plat dans ses bras et prit une cuisse de poulet qu’elle mit à une dizaine de centimètres de la bouche de Khaléo. Denna avait beau être malheureuse, déprimée et fatiguée, elle restait tout de même vigilante en obligeant son prisonnier à tendre le cou pour atteindre le poulet, ce qui l’empêchait de le tendre un peu plus et de lui arracher les doigts.
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Le silence... un silence à nouveau... C'est fou ce que les silences en racontent parfois bien plus long que n'importe quel mot filtrant à travers les lèvres... Khaléo s'était attendu à une réaction "violente" de la part de la Mord Sith, d'ailleurs il rouvrait les yeux puisque son visage n'avait pas été assailli de coups qui auraient sans doute pu le défigurer, mais ce à quoi il avait droit était peut être encore pire que ce à quoi il s'attendait, puisqu'il s'agissait d'une silencieuse et étonnamment profonde... réflexion murée dans le silence après ses maladroites accusations et ses tentatives imprécises de cerner sa geôlière, qui, apparemment avaient réussi à faire mouche, continuant de lui faire penser qu'il ne devait pas être loin d'une ou l'autre vérité, donc... c'était bien pire parce qu'en jouant à ce jeu, il s'était prit à celui ci, et finalement... finalement il éprouvait bel et bien de la pitié pour cet être qu'il devinait tellement torturé que le masque de glace inexpressif sur son visage semblait n'être qu'une carapace émotionnelle créée par sa grande sensibilité afin d'écarter tout sentiment blessant, afin qu'aucun n'atteigne plus son âme...
...C'était également effrayant de se rendre compte jusqu'où l'esprit était capable de se rendre pour s'éviter la torture de ses propres sentiments.
Mais ce qui sembla arrêter Denna dans ses élans, c'est bien plus la pitié que j'exprimai à son égard, elle lui laissait l'expression remue méningiale d'une torpeur stupéfaite et figée sur son visage, incompréhensive, tandis qu'elle me fixait toujours et que je la regardai encore, mais bon, j'étais toujours bien cloué de mes cinq membres contre le mur en bois, et ça n'avait pas l'air d'être une situation qui risquait de changer de sitôt, sur le moment, même si elle arborait encore la moitié d'un visage figé dans le marbre son incrédulité et son étonnement bien expressif pour une fois, craquelaient enfin, la surface d'une vieille toile à la peinture croutée, séchée, terne... Ayant absorbé trop de poussière et qui ne dévoilait pas encore ses vraies couleurs, l'impression également que, dans l'état où devait se trouver son esprit il devait également nécessiter une complète et longue "restauration" des vestiges de sa véritable personne, là, quelque part, perdu dans le néant de ses yeux, de ses grandes pupilles noisettes toujours plus dilatées par cette horreur.
-Je vais… te chercher à manger.
Ce fut au tour de Khaléo d'afficher un regard que seule la surprise évoque, l'espoir d'un sourire naquit a la commissure de ses lèvres, qu'il réprima tout de même bien vite pour ne pas indisposer la Mord Sith qui... semblait encore figée et réfléchir quelques secondes, là, sur place... Ce serait tellement dommage de la mettre hors d'elle maintenant alors qu'elle semblait en plein "travail" silencieux, en intense conflit intérieur qui lui imposaient des regards longuement prostrés.
"-V... vraiment ?"
Elle traversa ensuite le salon d'une traite, sortant carrément de la maison, comme si elle avait eu besoin de se "jeter" à l'extérieur de la bâtisse et de se débarrasser de l'ambiance un peu pesante et remplie de silences bien trop... révélateurs, et il en était soulagé... Il n'en oubliait pas sa condition, et il n'oubliait pas non plus que Denna le ferait encore souffrir malgré tout, c'était encore bien trop tôt pour parvenir à réellement la déstabiliser... Peut être que s'il s'y prenait bien... il serait capable de la mettre assez dans le doute bien fondé de la voie qu'elle avait pris dans l'existance afin de gagner sa confiance ? Gagner sa confiance pour qu'elle ouvre elle même ses fers, dans un excès de confiance justement et s'évader.
Ce n'était là que les balbutiements d'un mince espoir, un peu trop mince à son goût... s'il y avait une autre opportunité, plus directe, moins longue et surtout moins hasardeuse, c'est vrai, Denna pourrait très bien se braquer un jour où l'autre et lui faire regretter amérement avoir ouvert le couvercle de sa boite de pandore et lui faire revivre des choses si douloureuses que seule la vengeance sur lui pourrait apaiser... Donc si une solution plus radicale, plus viable se présentait à lui, Il la saisirait probablement à la place de celle-ci.
Elle était sortie donc, Khaléo déporta ses pupilles éfilées sur l'entrouverture de la porte, penchant et inclinant son visage pour mieux y voir, il y avait encore beaucoup à manger sur la table, sortir pour aller chercher encore plus à manger alors qu'il y avait encore l'équivalent d'un an de viande pour une famille paysanne moyenne, là, étalé sur la table du salon ? Celà prouvait bien qu'elle était sortie pour s'aérer l'esprit, essayer de faire le vide et se reconcentrer sur ce qu'elle avait à "faire" aussi moche soit son travail.
C'est en croisant son poignet en tournant la tête à droite pour analyser la pièce qu'il put constater un oubli... Après tout elle était plus humaine qu'il ne le pensait... Il avait réussi à la troubler assez ce matin, pour qu'elle oublie quelque chose d'e-ssen-tiel... Ses poignets... ses chevilles... avaient eu tout le temps de se refermer durant la nuit, et ce matin en ayant "gagné" autant de temps en palabres, il était à nouveau maître de son corps, en pleine possession de l'agilité de ses doigts, de la force titanesque de sa poigne et de ses bras, oui, il souriait, et rouvrait un peu les yeux malgré la fatigue, d'un second souffle, d'un nouvel élan énergique, il claqua les os de ses poignets contre les fers et commença à se débattre, à tordre un peu ses épaules dans l'un, puis l'autre sens pour tirer sur ses mains attachées, tant et bien, si fort qu'il s'en déboita les phalanges des deux pouces s'arrachant un peu la peau à la surface des plus gros muscles de ce dernier, meurtrissant sa chair sans y réfléchir à deux fois, avec la fureur de l'envie de vivre et de se retrouver libre, on fait n'importe quoi, et avec une énorme poussée d'adrénaline due à cette envie, à cette opportunité unique, il dégagea sa main droite, une main bien abimée dont il avait presque arraché le muscle abducteur et fléchisseur du pouce et du petit doigt, et déboité leur carpe des os du poignet, pour ça il avait fallut qu'il taise son rugissement de douleur scellé entre ses dents serrées et ses lèvres.
Il fit de même pour l'autre main... Mais ceci n'allait pas être la chose la plus douloureuse qu'il allait devoir s'infliger pour sortir de là... Puisque ses chevilles étaient bien prises également... Le plus dégueulasse à ses yeux restait à venir.
Autant y aller d'un coup sec non ? Après tout... pourquoi faire durer la chose de toute façon ça allait forcément être atroce et ça allait lui demander une volonté incroyable pour en finir avec cette saloperie de supplice, jamais il n'avait été exposé à "ça" mais c'était pas le genre de truc qui lui faisait peur, pas dans l'état d'esprit où il était, fallait qu'il sauve sa peau et il n'avait sûrement pas le temps d'y réfléchir à deux putains de fois !
Ce fut d'abord le tendon d'achille qu'il fallait abimer... et c'était pas un petit tendon à la con celui là, puisqu'il tenait directement aux muscles du mollet... Mais, a raison de tirer sur sa jambe comme un forcené et ce, en s'aidant même de ses deux bras, crispant ses muscles à l'extrême en empoignant fermement sa cuisse pour la tirer vers le haut, Mais rien qu'à y penser... BRrrrrr... rien qu'a penser au fait de devoir se sectionner "ce" tendon là, ça lui foutait la chair de poule, il tira donc d'un coup sec en fermant les yeux, fronçant les sourcils, le fer de son entrave commençant à pénétrer sa chair, et puis - SCRAKR - Le calcanéum ou "os du talon" était délesté de son tendon, et bien plus "libre" de ses mouvements, quand bien même il dut percuter plusieurs fois cet os contre le rebord de son entrave afin de déssouder le cartilage qui le soudent encore au péroné, à l'astragale et au cuboïde... Tout ça uniquement dans le but d'être capable de sortir son pied de son entrave.
Il pleurait... Mais d'une rancoeur et une rage qui n'était dirigée que vers lui même, un dégoût de sa personne face à ce spectacle et cette douleur atroce, et ce qu'il était encore capable de se faire subir pour s'en sortir, sa voix tressauta, ses lèvres tremblèrent :
"-Pauvre... pauvre con... Quelle putain d'idée de génie, Merci ! Merci bien !"
Il s'essuya les yeux tout en s'autocongratulant bien ironiquement lui même, après tout il n'y avait qu'à lui même qu'il pouvait s'en prendre pour ce qu'il s'infligeait.
"-A la limite ça aurait été moins douloureux de se couper le pied tu ne crois pas non ? "
Mais tout en continuant de se parler à lui même avec une rage bien présente dans la voix, il posa son pied au sol, enfin sorti de son entrave... mais dans quel état... l'os du talon pendouillait au bout d'un lambeau de chair, il dut s'y reprendre à deux fois avant d'être sûr de reposer le pied au sol et que son os vienne s'emboiter à nouveau contre le péronné, il ne put cette fois pas retenir un rugissement de douleur, un vrai, un puissant et rageux cette fois, tandis qu'il s'empoignait l'autre cuisse en y enfonçant en partie ses griffes.
"-Ah, non j'imagine que, sans pieds... je n'aurai pas pu m'enfuir sinon, c'est ça ? C'est ça... ça doit sûrement être ça..."
Non, ce n'était pas réellement de la schyzophrénie, c'était plus pour se donner du courage qu'autre chose.
Il tira sur sa jambe gauche, donc, pour le même résultat, quand il eut finit il tenta de se dresser sur ses deux pieds, mais vous le devinez bien, avec des appuis aussi stables que deux os de talons arrachés et leur tendons d'achilles, il n'y avait pas de grandes chances pour qu'il puisse marcher, et encore moins courrir... Mais s'il était allé aussi loin dans la douleur dans sa démarche d'évasion afin de "garder" ses pieds plus ou moins sur lui, c'est qu'a quelques pas... à quelques pas de là il y avait ce festin royal qui l'attendait... plus de viande qu'il ne lui en faudrait pour réparer ses conneries, c'est un premier essai de pas en avant, glissant par terre sur l'appui mal formé par son talon voyageant "mal" contre son péroné, formant une vraie patinoire contre la surface de ses propres os, qu'il se "rétamma" au sol comme une vulgaire carpette.
"-Je... je ne tomberai pas plus bas de toute façon..."
C'est en rampant sur les coudes les cuisses et parfois les genoux qu'il s'avançait dans le salon, vers le salut également, ses "moignons" de ce qu'il restait de ses mains déboitées et en partie décharnées tâtèrent aveuglément sur la table là où il était sûr d'avoir vu toute cette viande, il coinça une de ses griffes dans la dentelle de la nappe et tira le tout par terre, au sol... avec ses pouces déboités il ne pouvait pas prendre la viande entre ses mains, il passa donc quelques secondes à essayer d'attraper quelques morceaux de faisan un peu trop "lisse" de leurs cuisses, un peu comme lorsqu'on essaye de mordre dans une pomme d'amour tendue à un fil, presque insaisissable lors d'une fête foraine, ça donnait plus ou moins le même spectacle, au bout de quelques secondes il se résoud à maintenir le gibier entre ses poignets pour manger, manger à terre... pas vraiment l'envie ni le temps de penser à faire des manières.
C'était "magique" enfin non, c'était une réaction plutôt naturelle pour un tigranthrope, chaque fois qu'il avalait une bouchée de viande, on pouvait voir les fibres musculaires se "tisser" d'elle même, croître, et par mémoire de forme, mémoire cellulaire, venir s'enrouler comme un lière autour de ses os, pareil pour quelques petits vaisseaux sanguins éclatés à la surface de ces derniers, il sentit les os de son pied s'auto concasser entre eux pour se remettre en place, il lâcha sa viande lorsque celà arriva et frappa sa tête plusieurs fois contre le plancher, c'était aussi douloureux que de se les être foutu en l'air, de quoi bien le dégouter, cette putain de mission... pourquoi il avait accepté ça déjà ? Hein ? ça semblait flou dans son esprit... ah ouais... ça lui revenait... Plus par interêt un peu trop chauvinard de conserver sa place en tant que mercenaire numéro un aux yeux des nouveaux p'tits cons qui convoitaient sa place que pour l'argent en vérité, histoire de conserver sa réputation... Quelle connerie ça lui semblait bien idiot à présent... Il espérait bien ne plus JAMAIS avoir à s'arracher les talons, à refaire un truc pareil de toute sa foutue existance.
Khaléo était libre... et à nouveau sur ses pieds... La porte était là... Mais il était à poil, il se mit à fouiller la pièce et trouva quelques unes de ses affaires, mais il continuait de réfléchir ce faisant, en sortant ses armes les unes après les autres... En posant les yeux sur sa petite arbalète légère à répétition, une idée lui traversa l'esprit... Ils étaient encore beaucoup dehors... Ils n'obéissaient apparemment qu'a Denna... sa seule chance de s'en sortir vivant... C'était de la prendre "elle" en otage non ? Parce que là, même s'il sortait... maintenant... il se ferait trucider... Il ne fallait pas gâcher non... pas gâcher sa seule chance de s'en sortir par une précipitation irréfléchie... Fallait vite remettre quelques unes de ces choses en place, comme... hmm... la nappe, le tas de viande au sol pour le réagencer plus ou moins comme il était sur la table, il avait une bonne mémoire visuelle donc ça ne posa pas trop de problèmes, "achalandant" les bouts de viande pour que le plateau ait l'air tout aussi "rempli" que précédemment, nettoyer vite fait les traces de sang à terre, bien que ça ne soit pas obligatoire de s'y attarder longuement y avait déjà du sang à lui seché partout au sol, autant en goutelettes que dans les pas imprimés, sanglants de Denna par terre.
La clef... La clef de ses fers était là, parfait... Il repartit vite dans la chambre pour placer son arbalète sous le lit, après quoi, il fit le tour de la chambre en marchant rapidement pour éveiller un peu ses muscles à la marche qui avaient été figés dans une position désagréable et se débarrasser de cette sale impression de fourmillement dans ces dernières, il ouvrit ensuite tous les fers, replaçant la clef ensuite parfaitement où elle se trouvait, en n'oubliant pas de réduire l'ouverture de la porte menant au salon avec la même ouverture que lorsqu'elle l'avait laissée entrouverte, il vérifia les détails plusieurs fois de suite pour être sûr qu'il n'avait rien oublié et que tout était parfaitement en place, comme elle l'avait laissé avant de partir, lorsqu'il entendit le son particulier des pas de Denna, de sa démarche se rapprocher de la porte, le bruit reconnaissable du gravier humide et boueux que formait la route, le stress l'envahit et il se précipita sur ses fers afin de se replacer "dedans" fermant ses entraves sans pour autant les verrouiller.
Maintenant il fallait qu'il arrive à se calmer, il respirait encore un peu rapidement suite à ce qu'il venait de faire, à la petite montée du stress du risque de se faire prendre, il ferma les yeux en essayant de contrôler sa respiration en faisant l'un ou l'autre profond exercice de respiration et de relaxation, soufflant fort avant de finalement se reprendre, la porte du salon se rouvrit enfin pour afficher la silhouette sanglante de Denna, son regard semblait avoir ostensiblement changé, se demandant si elle avait déjà "remarqué" quelque chose.
-Si tu refuses de manger je te creuse un trou dans la gorge et j’y enfonce les morceaux de poulet.
"-Puisque tu me le proposes d'une façon aussi agréable il faudrait sûrement être... d'une effroyable impolitesse pour refuser, n'est ce pas ?"
Il observa le morceau de poulet tendu à bout de bras et de doigts par Denna... Ayant apparemment peur qu'il lui morde quelque chose, laissant voyager ses yeux du morceau de viande a ceux de la Mord Sith, effectuant une moue désapprobatrice entre temps.
"-Eh bien... La confiance règne... Je croyais... Qu'on avait dépassé ce stade... dans notre "relation" quoique très restrictive entre... toi et... moi. "
Jouant un peu sur ses fers pour signaler qu'il était encore et toujours "attaché" comme un animal à ses yeux, puis, il se résigna à tendre le cou, les lèvres, pour être... d'une infinie douceur lorsque ses lèvres happèrent la surface de la chair du poulet, souriant à Denna pour lui afficher sa jolie dentition bien acérée et laisser sa langue faire un long et agréable "voyage" sur ses propres lèvres, affichant toute la longueur, la texture et la dextérité de cette dernière avant de.. "mordre" leeeentement et tendrement dans la chair, tirant un peu sur la patte vers lui comme s'il cherchait à "jouer" avec la force du bras de Denna, arrachant finalement un bon morceau qui, passa là encore un long et savoureux séjour, massé de toute la longueur de la fibre charnelle, sensuellement entre ses lèvres roses jusqu'a ce qu'il engloutisse finalement son "morceau", s'amusant à plisser un regard des plus... suggestifs et malicieux, tout en se plaisant d'afficher l'infinie finesse et douceur dont il était aussi "capable" avec ses charmants instruments qui pouvaient sembler, de prime abord aussi dangereux que mortels.
Il mordit une seconde fois dans la "patte" de poulet, en élançant un peu ses épaules, son cou, et sa mâchoire vers l'avant, tirant cette fois la Mord Sith vers lui en "serrant" l'os entre ses crocs, d'une belle force de la mâchoire et de la nuque tout simplement inhumaine, si bien qu'elle fut déséquilibrée vers l'avant et se colla contre lui, il continuait d'avoir ce sourire et ce regard d'une séduction terriblement prédatrice sur la Mord Sith, pénétrant le regard de cette dernière comme deux lames tranchantes coupant en deux ses iris, là, plaquée contre lui pour quelques secondes, il se contenta de finir de "couper" l'os, avec ses dents comme s'il s'agissait de vulgaire "beurre", pourtant il n'en profita pas encore pour s'échapper... non... il pourrait pourtant... il pourrait la prendre dans ses bras... la tordre... lui faire ravaler toutes les horreurs qu'elle lui a fait subir des heures, voir des jours durant, ici même... Oh bien sûr... La tentation était grande... tout autant que la pitié qu'il ressentait à son égard, foutue conscience humaine de merde ! En avait elle eu, elle ? En avait elle eu ne serait ce qu'une goutte, de la conscience et de la pitié ? Non... parce qu'elle ne savait pas ce que ça voulait dire de toute façon... Oh pourtant ça bouillait à l'intérieur, son corps nerveux, sauvage en tremblait et en crevait... de mettre à éxécution sa vengeance... Et aussi, de façon étrange il avait commencé à ressentir une certaine "attirance" pour cette "pauvre" créature... Mais elle était bien barricadée et barbelée autour des images affreuses de son visage impitoyable et impassible face aux atrocités qu'elle lui avait fait subir ! C'était encore beaucoup trop "frais" dans sa mémoire !
C'est donc en se contentant de visions du magnifique... corps de Denna couvert de griffures plus ou moins profondes, tracées parfois en volutes ou comme des dessins sur son dos ou son ventre, ses cuisses, de sa langue trouée, perforée, mâchée et mastiquée par ses dents lorsqu'il lui aurait mordu la bouche d'un baiser furieux, de ses délicieuses courbes pétries trop durement par sa puissante poigne qui lui auraient laissé plus d'un hématome griffé, de ses muscles relâchés, de la sueur et du sang la recouvrant totalement abrutie de son esprit par des heures et des jours d'une culbute bien trop intense et raclante pour son petit corps, de ses yeux révulsés, de sa langue pendante qui, semblait lui demander grâce à chaque nouvelle seconde, qu'il parvint à faire fi de cette envie de mettre à exécution son "plan" d'évasion beaucoup trop tôt... Il attendrait qu'elle soit épuisée... après de longues heures à s'être défoulée sur lui... Elle ne se doutait pas qu'il venait de faire un sérieux festin de chair, et elle lui en donnait d'avantage... Il serait donc plus qu'en forme aujourd'hui même si elle se donnait à "fond" pour le faire souffrir.
Mais revenons en à la situation présente... il venait de terminer d'avaler son os dont il avait fait de la petite sciure entre ses dents, il attrapa le pouce de la main de Denna entre ses lèvres, l'enroulant autour de sa langue puis mordillant la surface du cuir plus d'une caresse "jouette" et chatouilleuse, que d'une réelle envie de la mordre pour faire "mal", dardant son regard dans le sien, lorsqu'il relâcha rapidement son pouce il posa un baiser sur le bout de son menton, puis sur sa joue, prouvant là aussi qu'il aurait très probablement pu aussi s'en prendre à son visage et la lacérer, la défigurer violemment... Mais... il n'en fit rien, aussi étrange celà puissa paraître à la Mord Sith... Il aurait même pu en profiter pour la tuer également, mais ça l'excitait à nouveau cette prise d'audace... Qu'il espérait payante pour... qu'un autre pas soit franchi afin d'ébranler un peu plus les convictions de sa geôlière.
"-MoRrrdre... où ne pas... mordre... Ce seRrrait tellement dommage d'avoir à abimer un si joli visage..."
Il longea l'os du menton en partant sur le coté droit du visage de Denna, glissant de ses douces lèvres un peu tremblantes, sur le satin pâle de sa peau, jusqu'a atteindre doucement son oreille :
"-Et pouRrrtant... tu dois... t'en douter que... j'en aurrrai eu l'opportunité... même l'envie... là... Maintenant... J'auRrrai même pu te tuer... te dévorrrer... n'oublie jamais ce qui vient de se produire, jamais, d'accord ?"
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Denna comme d’habitude ne répondit pas aux bravaches de son prisonnier. Elle se contentait de le regarder d’un air neutre, qui se plissa légèrement quand l’homme testa la force du bras de Denna. Dans cette position, le coude relevé, elle n’avait pas beaucoup de force car son seul appui ce trouvait 1m70 plus bas, au niveau de ses pieds. Elle oscillait donc dangereusement, tentant de se stabiliser en les écartant un peu. Ce ne fut pourtant pas suffisant lors de la deuxième bouchée. Denna décidée à ne pas céder un pouce de terrain avait resserré sa prise au moment même où Khaléo donnait une violente impulsion. La jeune fille fut suffisamment déséquilibrée pour qu’un seul pas suffise à lui faire retrouver l’équilibre, sauf que son prisonnier était trop près d’elle.
Elle se posa comme une fleur sur le torse du tigranthrope. Il pouvait alors la tuer à tout moment, en lui arracha la jugulaire, pourtant il n’en fit rien. Denna se figea, un peu surprise de ne pas avoir été blessé. Lorsqu’elle réalisa qu’il ne comptait pas lui faire de mal, elle se resserra tout naturellement contre lui. Un geste presque réflexe, résultant d’une frustration trop longtemps contenue. Denna avait un élan de tendresse et d’amour presque systématique pour ceux qu’elle torturait. C’était sans doute une substitution à la compassion ou la pitié. Quoiqu’il en soit, Khaléo était un prisonnier très difficile qui passait son temps à se moquer d’elle et à lui promettre mille tourments. Ce qui ne favorisait pas les moments de complicité et d’échange. De plus, le fait qu’elle ne puisse pas le libérer de ses chaines ou même l’approcher n’arrangeait vraiment rien. Elle succomba donc à sa proximité, se blottissant contre lui avec une lenteur qui semblait même tromper sa propre vigilance.
Alors que l’esprit de Khaléo était rempli des divers vengeances qu’il pourrait faire subir à la femme en rouge, elle, les yeux mi-clos, profitait de ce qui ressemblait plus pour elle, à un câlin, qu’à une façon de lui faire comprendre qu’il pouvait la tuer à n’importe quel moment. S’il avait voulu la tuer, il l’aurait fait bien plutôt. Denna ne creusa donc pas plus loin et se contenta de profiter, fermement agrippée à l’une de ses épaules.
Un violent tremblement remonta le long de sa colonne vertébrale lorsque les dents effilées se refermèrent sur son pouce. Ce n’était pas un frisson de peur, mais plutôt d’excitation venant de l’inconsciente jeune femme. Elle soutint le regard de Khaléo, la bouche entrouverte pour faciliter sa respiration qui s’accélérait crescendo. Ses yeux noisette légèrement écarquillés appuyaient un léger sourire de contentement. L’homme eut ensuite la bonté de libérer la main de Denna qui partit elle aussi se loger sur une épaule. Le corps de la jeune fille se resserrait de plus en plus, comme un étau diaboliquement lent qui allait compacter le corps de son prisonnier. Bien entendu, il ne faisait que se presser, épousant parfaitement et avec souplesse le corps masculin.
Une bouche se profila sur le menton fin de Denna. Un baiser… et un autre sur sa joue. Cette fois ses paupières s’étaient définitivement scellées pour apprécier ces douceurs humides. Il n’y avait pas vraiment de mot pour décrire ce que ressentait Denna en ce moment. Sa déception et sa frustration commençait à être gommée par les tendresses de Khaléo, même si celui-ci pensait peut-être la menacer ou lui montrer qu’il contrôlait la situation. C’était peut-être vrai mais elle s’en fichait totalement. Elle répondit d’ailleurs à la question de Khaléo par un léger hochement de tête distrait. Tout pourvu qu’il ne s’arrête pas. Il pouvait la tuer, la défigurer, ou tout ce qu’il lui passait pas la tête, le danger ne faisait qu’exciter la Mord-Sith qui émettait un maintenant un petit ronronnement aigue ; simple gémissement qui venait mourir au fond de sa gorge dans un roulement incessant. Son visage vint se coller contre celui de Khaléo, joue contre joue, comme si elle ne venait de s’apercevoir à l’instant qu’elle pouvait ajouter un nouveau contact à sa collection déjà presque complète. Ensuite, sans vraiment avoir conscience de ce qu’elle faisait, ses lèvres parcoururent le fin duvet qui la mena jusqu’à la mâchoire puissante. Ses lippes se refermèrent sur la peau ferme qui lui échappait à chaque succion, jusqu’à ce qu’elle trouve une jumelle à laquelle s’agripper. Sa bouche se présenta donc aux commissures de ses lèvres, son souffle chaud inondant la joue de Khaléo d’un nuage torride qui mourrait rapidement pour être remplacé par son successeur. Les lèvres de Denna hésitaient à s’agencer parfaitement avec ses sœurs, captant d’abord le goût et les agaçant afin qu’elles rejoignent une danse que toutes deux connaissaient. Mais alors qu’elle commença à croquer la lèvre rosée, la Mord-Sith se réveilla. Elle réalisa ce qu’elle était en train de faire et surtout ce qu’elle ressentait. Elle s’écarta subitement comme si Khaléo l’avait mordu et mit une certaine distance entre eux. Sans le regarder, elle posa la main sur son Agiel qui lui dispensa une douleur presque curative. Le feu de la passion s’éteignait progressivement, chassé par la douleur.
Qu’était-elle donc en train de faire ? Ce n’était pas elle qui était sensé être en quête de tendresse ou d’affection, mais bien celui qu’elle torturait. Elle s’était totalement fourvoyée avait fait plus d’erreurs en quelques minutes qu’elle ne l’avait jamais fait dans toute sa carrière. Tout d’abord, elle s’était mise à la merci de son prisonnier. Ensuite, elle avait acquiescé à une de ses questions alors qu’elle aurait due le cogner jusqu’à ce qu’il ne puisse plus rien demander. Et enfin, l’erreur la plus grave, elle avait été demander un baiser. Au pire, elle aurait dû le prendre de force, mais ce n’était même pas le cas. Le baiser était un signe de domination qui montrait que son prisonnier lui appartenait corps et âme. Ce qu’elle avait fait était totalement dépourvu de symbole. C’était l’acte d’une adolescente aux hormones en effervescence.
La situation n’était plus rattrapable. Denna ne savait plus quoi faire. Si elle pensait avoir peu de chance, elle savait maintenant qu’elle n’en avait plus aucune. Ca devenait même très dangereux pour elle si elle ne se contrôlait pas ; les rôles risquaient de s’inverser. Il n’y avait donc qu’une seule solution. Le prisonnier était perdu, elle avait échoué à sa tache. Il fallait bien une première à tout…
Denna adopta un air sinistre en fixant les yeux fauve face à elle. Elle sortit délicatement son Agiel et le serra si fort que le cuir sous ses mains émit une série de grincement. Des mains qui ne supporteraient bientôt plus la magie de l’artefact. Si la mince couche de cuir de sa combinaison l’empêchait d’avoir des hématomes superficiels suite à l’utilisation de son arme, elle ne protégeait en rien, non seulement de la douleur, mais d’un effet trop important.
C’était la force avec laquelle était appliquée l’arme sur sa cible qui déterminait la puissance de l’impulsion envoyé par l’arme. Cette subtile façon de doser la magie prouvait qu’il s’agissait en priorité d’un instrument de torture avant d’être une arme.
-Je renonce à essayer de te dresser, déclara-t-elle. Tu as été un ennemi doué et je regrette que nos allégeances soient opposées. Tu voulais être traité avec honneur. Je t’accorde donc ce droit.
Denna salua brièvement l’homme qui allait mourir. Selon les principes guerriers de Khaléo, l’honneur consistait sans doute à tuer ses adversaires en leur rendant hommage. Eh bien, ça ne mange pas de pain. Denna était bien capable de faire ce plaisir à une personne qui l’a plus ou moins troublé. Elle devait toutefois en finir avant qu’il ne la trouble de manière irréversible. La jeune fille savait quand elle avait perdu et acceptait la défaite sans problème. Mieux vaut cela que mettre sa précieuse pile de principes et de règles en danger. L’empire passait avant tout.
Denna arma ensuite son bras et le propulsa avec force sur la poitrine de son prisonnier à l’endroit où était son cœur. C’était plus de force que nécessaire pour lui faire imploser la cage thoracique avec une déferlante de magie. Vif et rapide, même si la Mord-Sith l’avait plus ou moins prévenu, ce coup était impossible à esquiver… par quelqu’un d’attaché.
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Peu à peu... au fil des contacts infiniment sensuels entre leurs corps, épousant les formes féminines de Denna sur son anatomie athlétique, sauvage, lissée par sa félinité latente, sa pitié... sa colère... même la fierté bien guerrière d'être arrivé à lui résister jusqu'ici s'envolait, pour être remplacée par des choses aussi furieuses que la haine, ou l'envie de vengeance... Après tout... Il en avait besoin aussi, quelque part... Après en avoir encaissé autant... il avait le droit d'en profiter un peu... Le cuir rouge de la tenue de la Mord Sith glissait drôlement bien contre les lignes de ses cuisses, de ses hanches, et elle répondait bien a cette demande, a ce ballet de membres entremêlés, il ferma les yeux à son tour lorsque leurs lèvres s'unirent timidement, les traits de son visage rendus doux et lisses par une envie grandissante, une envie farouche, exotique des mouvements, des ondulations de son corps contre celui de Denna, laissant sa musculature rouler sous son duvet contre le corps de la Mord Sith, cette tension, cette nervosité sauvage qui raffermissait son corps en le faisant trembler d'excitation, fut accompagnée par quelques ronronnements légers, envolés, dont les savoureuses vibrations étaient transmises par le contact de leurs lèvres.
C'était dur de garder le "contrôle" pour ne pas sortir de ses fers et la prendre, dépenser sa colère pour la "punir" de bien délicieuses façons, la pitié qu'il éprouvait lui aurait sans doute permis de la laisser en vie après avoir fait un véritable... "festin" érotique, irritant, vif, abrasif de ses chairs, elle le méritait... au moins "ça" à ses yeux elle méritait tout de même une certaine forme de torture après ce qu'elle lui avait fait... Il ne se lasserait certainement pas de l'entendre supplier que ce soit pour continuer et ensuite, supplier qu'il s'arrêtes... ses griffes en sortaient et se rétractaient sans cesse rien qu'à en faire le simple songe, il la pénétrerait jusqu'à lui "ronger" le corps de l'intérieur avec la "monstruosité" qui lui servait de sexe, si en temps normal il en aurait eu honte et aurait été "délicat" avec "ça", ici il pourrait en faire une utilisation bien "appropriée" en n'ayant pas peur de se "lâcher".
Comprimé par le corps de la Mord Sith il n'en restait pas moins "mobile" en striant, roulant ses différents muscles contre son corps, écrasant sa poitrine contre la sienne, son vit s'était dressé assez "facilement" durant ce contact, ses lèvres cherchaient encore les siennes dans le vide lorsqu'elle se sépara de lui, il rouvrit doucement les yeux en sortant des méandres de son imagination, redescendant de son petit nuage en plissant ses lèvres l'une sur l'autre quand il l'entendit déclarer :
-Je renonce à essayer de te dresser. Tu as été un ennemi doué et je regrette que nos allégeances soient opposées. Tu voulais être traité avec honneur. Je t’accorde donc ce droit.
Il se mit à rire en laissant ses épaules tressauter, le dresser ? Lui ? Quelle... étrange et improbable idée... Il riait vraiment de bon coeur, ayant du mal à se reprendre, si dresser un humain lui semblait une chose difficille mais possible, dresser un tigre... même les meilleurs prestidigitateurs se méfiaient toute leur vie de leur bête, une seconde d'innattention même avec ce qui pouvait sembler être le plus docile des tigres et il se peut que vous n'ayez plus de main ou de pied...
"-"Me" dresser ? Vraiment ? C'est ça que tu cherchais ? "
C'était sûrement une blague idiote, mais il posa les yeux sur son sexe érigé, trouvant ça assez drôle pour qu'il sourie en coin, faisant pulser sa verge à quelques reprises "volontairement" en forçant un peu dessus, laissant ses pointes de chair s'ériger et se redresser, érectiles à chaque nouvelle impulsion qui, rallongeaient l'ardeur et la virilité de ce membre tendu.
"-C'est une bien "maigre" consolation, je sais que ce n'est pas ce que tu essayais de "dresser"... Mais ne soit pas déçue... Sur ce point, au moins, ce fut un succès !"
Le tout fini par un clin d'oeil et une mine enjouée qui, apparemment laissaient penser qu'il ne mesurait pas toute l'étendue de la gravité de la situation, mais ses poignets et ses chevilles se tenaient prêtes en poussant légèrement sur ses fers, comprenant que lui "accorder" le seul honneur qu'elle pourrait lui rendre dans cette situation signifiait sans doute mettre un point final à ses souffrances, dans d'autres circonstances il l'aurait accepté sans même broncher ni ciller, il trouvait ça rapide quand même... Elle n'avait pas beaucoup insisté pour tenter d'en faire sa "chose" à peine une journée et une demie et elle abandonnait déjà tout espoir... Elle était défaitiste, où trop réaliste, même si ce qu'elle lui avait fait subir fut d'une douleur physique intense elle avait peut être ommis de jouer avec ses propres sentiments pour lui rabattre son caquet, le pousser à bout en le traitant de façon méprisante comme le dernier des monstres qu'il croyait être, ça... à force... ça aurait très certainement pu fonctionner.
Ses yeux ne quittèrent plus les mouvements de l'Agiel alors que Denna s'était reculée d'un pas, il lui suffirait d'un pas... rapide sur le coté... il s'écorcherait probablement un peu la peau en sortant rapidement de ses fers mais, ça restait jouable... Pourvu qu'il ne soit pas trop engourdi, il avait bien fait de se dégourdir les jambes en tournant en rond dans la pièce, il levait les talons, se tenant prêt, en anticipant son prochain geste, qui ne tarda pas lorsqu'elle se tourna subitement vers lui, quand ses épaules se redirigèrent vers lui c'était le signal, elle allait frapper, d'une agilité et une rapidité qui n'avait pour justification que sa félinité latente, Khaléo s'extirpa de ses fers en s'écorchant la peau des chevilles et des poignets, juste assez vite pour esquiver le plus gros du choc, l'Agiel avait tout de même glissé sur le profil de ses pectoraux échappant à la trajectoire de justesse, l'un de ses bras s'enroula autour de celui qui tenait son arme tandis que ses jambes cherchaient déjà à s'insinuer entre les siennes.
La torsion infligée à son bras et son poignet par sa main n'était pas seulement douloureuse elle tordait également ses tendons qui, permirent d'entrouvrir ses doigts et laisser tomber son Agiel par terre, sa seconde main était partie se saisir de l'autre membre de Denna, les joignant toutes deux dans son dos pour effectuer une clef de bras assez classique et simple mais, toujours très efficace.
"-GRrrr... Ce n'est pas passé loin... Tu comptais réellement me tuer ?! Et tu n'aurais pas hésité une seconde n'est ce pas ?"
Le félin ne lésinait pas dans la force déployée pour lui restreindre les mouvements de ses membres ou les lui tordre, à la limite de la rupture ligamentaire, il frappa son talon contre ses pieds entre ses jambes afin de les écarter avant d'enlaçer ses propres jambes autour de ses cuisses, repassant avec ses pieds par l'intérieur de ces dernières pour que la tranche extérieure de la plante de ses pieds touche et, écartes souplement ses jambes, le supplice n'était pas tant dans l'écartement de ses jambes, mais l'était plus dans la "torsion" de ses cuisses par rapport à ses hanches en plus d'être écartées.
"-Ca se voit à ton regard de cinglée que tu as vraiment... un... putain de problème, malheureusement je n'ai peut être pas le temps... de m'en occuper sérieusement."
Il commençait à apprécier cette étreinte restrictive et douloureuse pour Denna, qui se voulait d'une sensualité sous entendue tant par le contact serré de ses différents membres qui en résultait que par la poigne ferme et puissante qui la retenait, s'amusant à raffermir ou adoucir tantôt sa poigne, tantôt la souplesse qu'il imposait à son corps de suivre avec le sien, tordant même son dos parfois vers l'arrière, il lui arrivait d'ajouter la caresse sillonnée des griffes de sa main gauche sur le cuir de son ventre tendu à l'extrême lorsqu'il savait qu'il la tordait aux limites que la souplesse de son corps lui imposait, il n'arrivait pas à croire encore, qu'il l'avait, là... Entre ses griffes... dans ce qu'il appellait l'étreinte du "tigre"... Il se faisait dure violence et raisonnable pitié pour ne pas s'en prendre à elle et épancher toute sa colère, même si la "bête" cette foutue charogne en lui, lui susurait à l'oreille bien des idées de vengeance.
Il approcha son visage de son oreille, un sourire satisfait sur ses lèvres, et une voix mêlée de ronronnements qui rendaient sa voix bien plus suave et rauque a l'écoute de Denna :
"-Qu'est ce que tu en dis ? Si je te fais donner des ordres afin qu'on te laisse tranquille jusqu'a demain... Il y a de fortes... chances... que..."
Sa queue de tigre s'ajouta au ballet des membres fermement aggripés, il lui arrivait aussi de laisser les griffes de ses orteils glisser sur ses chevilles en remontant parfois l'une, puis l'autre jambe entre les siennes, usant et ... abusant parfois de son propre poids pour la faire "plier" et se tordre sur le coté, ou vers l'arrière, mais jamais vers l'avant afin de ne pas lui offrir du répit, savourant la sappe de force physique qu'il lui imposait en jouant, en défiant sa force musculaire, sa souplesse avec la sienne, en menant une danse aussi dangereuse et épuisante qu'exotique, donc c'est un peu à la manière d'un serpent accompagnant les diverses contorsion de son corps, épousant le cuir de son entrejambe pour glisser, épouser les formes grâcieuses, les vallons et les rebonds de son bas ventre, les lignes de son ventre avant de rebondir sur ses côtes... hésitante elle semble chercher un chemin quand elle se trouve confrontée aux rondeurs de ses seins, elle peut continuer gentiment entre ceux ci pour enfin atteindre ce qu'elle cherche vraiment... sa gorge.
"-...Que je puisse... RRrrhâââwRr... Te dispenser toute la "gratitude" que m'inspires les atrocités que tu m'as fait subir..."
"Elle" continua son oeuvre, comme si elle possédait sa volonté propre, sa queue de tigre s'enroula autour de sa gorge, la caressant de la base... aux coins de sa mâchoire, se délectant de sentir sa respiration se raréfier lorsqu'il resserres peu à peu l'étreinte de cette caresse, millimètres... par millimètres... Ooh... le doute... Il ne savait pas... Il n'était pas sûr... c'était sa seule chance de s'échapper... Devait il tenter le diable encore une fois ? Il finirait par l'user, cette chance... Il n'en aurait peut être pas d'autre non plus... les griffes de sa main gauche qui, caressaient jusque là ses hanches se dirigèrent vers sa bouche, vers ses propres lèvres pour qu'il mordille celle de l'index, indécis... impatient aussi... posant doucement sa joue sur celle de Denna, resserrant d'avantage l'étreinte de tous ses membres sur son corps, plaquant son corps complétement contre son dos, ses hanches contre ses fesses, son... "engin" remontant entre ses jambes, si dur qu'il arrivait à obliger le cuir à épouser les formes de son chibre quand il glissa de toute sa terrible longueur et épaisseur, et "monstrueuse" apparence, qui laissait rebondir ses rangées de belles pointes de chair, ses grappes de gros "raisins" râpeux contre son intimité qui, put soudainement lui sembler bien mal protégée de l'imposante "chose" et de ses aspérités, ses excroissances.
Si bien qu'elle pouvait aussi sentir la nervosité, la tension exacerbée dans le corps de Khaléo dans ses vaisseaux palpitants sous sa peau mais encore plus dans l'écho répercuté des jolies et épaisses veines tubeleuses qui, pulsaient si fort que par contact appuyé entre ses jambes elle était capable de sentir son coeur par répercussion qui mourraient en écho dans son corps, depuis ses lèvres qui accusaient le plus gros de chaque coup lourd de cette "basse" à ses hanches, à son ventre chatouillé par la réverbération de ces pulsations, jusqu'a ses seins, qui, recevaient encore le moinre battement de son coeur de tigre, mais "filtré" par ses chairs, par la longue remontée depuis son intimité traversant son cuir, ses muscles, ses organes, battements puissants qui mourraient donc dans sa poitrine, comme finissent par mourrir les ondulations, les volutes à la surface d'un lac provoquées par la chute d'un énorme rocher en son centre, ce qui, donc, résultait en une remontée tardive, nette et visible de sa poitrine différée d'une seconde sur chaque "coup".
C'était dur de garder les idées claires alors qu'elle était juste... là... Il prit d'ailleurs une bonne grande bouffée de son odeur, frénétique, en posant son petit nez frais à différents endroits dans sa chevelure, il s'en rappellerait de cette odeur... de ce visage... il l'imprimait dans ses sens et, se jura qu'il l'aurait... sa douce vengeance.
"-Je vais partir d'ici... Si, si... tu m'as... bien entendu... je vais partir mais je ne vais pas le faire seul... non... Tu vas venir avec moi... Je suis loin... d'en avoir fini avec toi... Alors... Nous avons deux solutions... Soit tu es une femme intelligente et tu me suis sans faire d'histoires... Ou tu me verrais..."
Il resserra l'étreinte de sa queue de tigre autour de sa gorge pour ne plus lui laisser que l'envergure d'une vulgaire "paille" fine pour respirer, et leva un genoux dans le centre de son dos pour lui mettre douloureusement à mal ce dernier, la laissant buller un peu entre ses lèvres et révulser les yeux pendant cette flexion et cet étranglement qu'il s'amusa à laisser trainer en longueur, s'amusant à attraper le lobe de son oreille entre ses jolies dents pointues et l'y faire délicatement "rouler" entre les dents du bas et celles du haut, ajoutant un frisson étrange à la "prise" qu'il lui imposait.
"-...Obligé de t'étrangler jusqu'à ce que tu en perdes conscience afin que tu sois docile, et vu ta tolérance à la douleur ça pourrait prendre longtemps... bien que tout un chacun ait besoin à un moment où à un autre d'oxygène, tu finirais quand même par tomber dans les pommes..."
Il relâcha doucement, et progressivement son étranglement sur sa "proie", mais n'oubliant à aucun moment de rassurer et sécuriser ses prises, toujours en opposition à la force des hanches, du ventre, du dos, des cuisses et des bras de sa "victime", qui perdait peu à peu ses forces.
"-...Si tu coopères... Tu as... la promesse que tu en sortiras vivante... et tu sauveras probablement beaucoup de vies, et qui sait... tu pourras même sauver la face en racontant que tu as été obligée de m'abattre loin des regards pour qu'on ne remette pas en question l'efficacité des Mord Sith... Nous serons... tous les deux gagnants, non ?"
-
Denna fut surprise par l’attaque. En fait « surprise » était un mot bien faible devant l’effarement qui l’avait statufié au moment où son arme avait râpé contre la poitrine de l’homme qu’elle pensait condamné. Il s’était libéré… Impossible. Aussi sûr que le feu brule, il n’avait pas pu se libérer de ses fers. Sur le moment et malgré sa situation, elle aurait tout donné pour savoir comment il avait réussi ce coup là. Ses yeux écarquillés, ayant bien du mal à extérioriser ses émotions, vit Khaléo se jeter sur elle. Sa force était bien supérieure à la sienne et dans un corps à corps direct, elle avait peu de chance de triompher. Si on ajoutait en plus l’effet de surprise, elle n’avait strictement aucune chance. L’homme la mit donc rapidement sous son pouvoir, tordant ses articulations pour s’assurer sa soumission.
Elle émit un léger cri qui était plus dû à la surprise qu’à la douleur qui lui vrillait les nerfs. Elle sentait les os de son épaule qui commençaient à se démettre légèrement, dû à la tension qu’on leur infligeait. Cette prise servait non seulement à l’immobiliser mais aussi à lui faire mal. Khaléo infligeait d’ailleurs le même traitement à ses jambes. La douleur était intense, mais la Mord-Sith en avait vu d’autre. Elle n’émit aucune plainte et se contenta de fermer les yeux aussi forts que possible, ne prenant même pas la peine de répondre à son tortionnaire. Elle l’aurait tué sans hésitation d’aucune sorte, et il aurait dû lui en être reconnaissant pour ça. La mort est douce lorsqu’on est un ennemi de l’empire et on devrait l’accueillir avec gratitude… à moins que l’on parvienne à s’échapper bien sûr.
Khaléo continuait de la tordre dans tous les sens comme une poupée de chiffon. La Mord-Sith était très souple, mais souple ou pas, lorsqu’une articulation plie dans le mauvais sens, elle se brise. Le cuir de son uniforme émettait de longs grincements qui se faisaient les portes paroles des ligaments torturés. Denna poussa un soupir forcé alors qu’elle était tiré en arrière, de façon à se que son dos se torde. Ce ne fut pas la position la plus douloureuse car la Mord-Sith est une combattante qui mise tout sur sa souplesse, par contre sa respiration s’accéléra pour restreindre ses douloureux mouvements au minimum. Elle haletait presque, prenant de petites goulées d’air qu’elle recracha immédiatement.
Son tortionnaire voulait se venger. Il ne semblait pas pressé de la tuer et ses paroles étaient on ne peut plus clairs. C’était largement compréhensible, mais torturer une Mord-Sith n’était pas ce qu’il y avait de plus simple et de plus gratifiant. Denna avait plus peur d’avoir échoué à sa mission que de mourir ou encore d’être torturé.
La grande blonde sentit alors quelque chose remonter le long de son corps, ce n’était pas les mains de Khaléo qu’elle sentait se promener ici et là. C’était sans oublier la queue de tigre dont était pourvu le tigranthrope. Elle s’enroula autour de sa gorge et se mit à serrer. Finalement, peut-être qu’il voulait en finir vite avec elle, car Mord-Sith ou pas, elle avait autant besoin d’oxygène que tout le monde pour vivre. Pourtant, la mort ne venait pas. Un mince filet d’air s’infiltraient toujours dans ses poumons, la maintenant en vie de la façon la plus désagréable qui soi.
Denna dans sa lente suffocation, sentit quelque chose qui venait se caler sur son entrejambe. La chaleur, la position et la forme ne laissait aucun doute sur l’identification de cette « chose ». Elle fut alors secouée d’un frisson glacé et tenta de se débattre. Un geste très symbolique car Denna ne pouvait pas bouger un millimètre de son corps sans se démettre une articulation. Sa mince combinaison de cuir ne la protégeait pas du contact de cette masse turgescente. La chaleur dispensée donnait même l’impression qu’elle touchait directement son intimité. La jeune fille se sentait nue, faible et profanée. Elle ne voulait pas être violée par une sale ordure de nexusien – la nationalité à laquelle elle pensait que Khaléo appartenait -. « Plutôt mourir que subir cet affront » se promit-elle tout en se débattant de plus belle. Ensuite, elle poussa finalement un petit gémissement de frustration et de désespoir, puis cessa enfin de se débattre, reconnaissant que ça ne servait à rien à part abimer ses membres.
Denna avait les larmes aux yeux alors que Khaléo respirait en toute impunité sa chevelure. C’était des larmes de rage, car elle ne pouvait rien faire que subir. Cette impuissance la rendait furieuse et même les larmes n’étaient pas un exutoire suffisant. Pourtant, elle continuait à garder le silence. La jeune fille n’était pas du genre à hurler et à couvrir son bourreau d’insultes. S’il voulait abuser d’elle, il le ferait, et il n’aurait alors droit qu’à son mépris et son indifférence. Ce n’est pas comme si Denna en était à son premier viol, n’est-ce pas ? Elle pouvait bien en supporter un de plus dans cette longue série. C’est en effet ce qu’elle allait faire mais ça ne changerait rien au fait que c’était quelque chose d’avilissant et de dégradant. Mord-Sith ou pas, c’était un acte qui la marquait et qui la brisait toujours.
Avec un peu de chance, Khaléo allait se contenter de la torturer. Peut-être qu’elle avait raison en pensait que c’était un homme droit et bon, mais elle ne se faisait pas trop d’illusion. Il n’avait aucune raison de se priver de ce qui pourrait blesser Denna plus profondément que n’importe laquelle de ses tortures vengeresses.
C’est alors que les choses se compliquèrent par la jeune fille. La queue se resserra autour de sa gorge, à tel point que non seulement, elle ne pouvait presque plus respirer mais aussi que son sang peinait à se frayer un chemin dans sa jugulaire compressée. Khaléo lui proposa son marché qui pouvait se résumer très simplement : Soit elle le suivait comme une gentille fille, soit elle l’obligeait à la mettre hors d’état de nuire. Même pour un cerveau mal irrigué, la réponse ne faisait aucun doute. D’ailleurs, le corps de la jeune femme commençait à se ramollir entre les bras de Khaléo, ses paupières vacillaient devant ses yeux inutiles qui étaient constellé d’étoiles blanches dû au fait qu’ils n’étaient plus approvisionnés en sang. Denna sombra lentement jusqu’à ce que la prise se libère et qu’elle commence à se sentir un peu mieux. Elle ne semblait pas avoir perdu connaissance et reprenait peu à peu contact avec la réalité.
Khaléo tentait de la convaincre de coopérer alors que sa décision était déjà prise. Elle ne croyait pas un mot de ce qu’il disait. Cet homme ne la libérerait jamais. C’était une tactique efficace pour s’assurer de sa bonne coopération, grâce à la promesse d’une liberté future. La Mord-Sith savait très bien qu’il la tuerait lorsqu’il aurait enfin assouvi ses envies de vengeances. Il n’y avait pas d’illusion à se faire sur ce point. Quant à sauver beaucoup de vie, elle s’en fichait pas mal.
-Je me tiendrai tranquille, fit-elle d’une petite voix déformée par sa position. Mais cesse tes boniments. Ce n’est pas ma consœur que tu as capturé cette fois-ci. Je t’écraserai une fois de plus.
Sur cette promesse, Denna se tut de nouveau. Malgré qu’elle ait assuré sa coopération à son ancien prisonnier, elle profitera de la moindre occasion « réelle » de pouvoir s’échapper. Finalement, il aurait mieux fait de l’assommer, elle aurait été beaucoup moins dangereuse. Cependant, elle tint tout de même sa promesse et évitait de trainer les pieds en hurlant à la garde. Par contre, elle était curieuse de la façon dont il allait l’obliger à donner des ordres à ses hommes. Elle préférait mourir avec Khaléo plutôt que l’aider directement à s’échapper. Le mercenaire avait plutôt intérêt à sortir en toute discrétion.
-
-Je me tiendrai tranquille, Mais cesse tes boniments. Ce n’est pas ma consœur que tu as capturé cette fois-ci. Je t’écraserai une fois de plus.
"-Charmante... une fois de plus... C'est un véritable "plaisir" - mot chargé d'ironie - que d'entendre à nouveau votre voix."
Khaléo relâchait peu à peu la pression sur ses membres tordus, les ramenant progressivement à leurs positions d'origine, doucement... sans brusquerie... laissant également le dos de Denna se redresser depuis la courbure qu'il lui avait imposée, soulageant son corps de toute cette mauvaise tention, il dégagea même son "chibre" d'entre ses jambes, même si, après tout c'était bel et bien sa faute à elle s'il était nu, elle n'avait qu'à s'en prendre à elle même si elle s'estimait salie par le contact de cette partie de son anatomie sur son corps, lui faire confiance ? Eh bien disons qu'il n'avait pas d'autre choix en ce moment, il se mit à réfléchir, et tandis qu'il était en proie à ses raisonnements sa colère s'estompait, ses doigts s'entrouvrirent, ses jambes glissèrent entre les siennes pour enfin lui rendre sa liberté.
"-...Contrairement à toi mes paroles sont rarement vaines... et je les pèses. Vous avez la mémoire drôlement courte, J'aurai pu vous tuer... Tout comme j'aurai pu tuer Berdine malgré les sacrés "problèmes" qu'elle m'à causé, je ne peux pas vous offrir de meilleure "garantie" sur ma bonne foi et vos chances de survie."
Il prit son poignet et l'emmena d'un pas décidé dans le salon, posant les yeux sur ses affaires, bien... déjà... il allait exiger qu'elle lui "rende" quelque chose... Puisqu'elle s'était permise de le déshabiller et le déposséder de quelque chose d'important tout de même à ses yeux, il voulait qu'elle pose un acte symbolique avant d'aller plus loin, mais celà servait deux buts, celui d'une petite revanche bien légitime, et l'autre, la tenir occupée et sous sa surveillance, il la retourna vers lui en empoignant ses épaules, une mine ombrageuse, sérieuse et sévère sur le visage :
"-On va commencer par me rendre une chose importante que tu m'as arrachée... même si je ne suis qu'une créature méprisable à tes yeux, je veux que tu me rendes ma putain de pudeur et ma dignité ! Tu as bien compris ?!"
Dit il en la secouant énergiquement en la maintenant de ses deux mains sur ses épaules, ça avait eu l'air d'une sévère engueulade, presque "paternelle" sur les bords, mais il ne rigolait absolument pas, il la poussa ensuite vers ses affaires, sa voix était brisée par la colère, une colère juste, de droit.
"-Parfaitement... Tu as compris, inutile de faire ces yeux là, donc, avant toute chose, tu vas me rhabiller."
Son pantalon était déjà au sol, parfait, il l'enjamba pour poser chacun de ses pieds dans l'ouverture de chaque jambe du pantalon, il n'en ferait pas plus, elle devrait faire le reste, son regard était toujours sérieux et posé sur ses yeux, il n'y avait pas de sourire, ça n'avait rien de drôle ni d'un caprice ou quelque chose d'excentrique pour lui, la présence impérieuse et sévère de son regard en disait long sur l'état d'esprit dans lequel celà avait été demandé, il voulait qu'elle lui rende au moins "ça" pour qu'il puisse à nouveau rétablir une partie du respect et de la dignité qu'elle lui avait volée en le torturant.
"-Ne me fait pas l'affront de te plaindre, n'ose même pas prononcer un mot pendant que tu le feras... Je veux que tu le fasses, point, n'y cherche pas d'autre signification que celle de me rendre ce que tu m'as pris."
Il attendit là, écartant légèrement les bras au cas où ils la gêneraient dans sa tâche, comme dit précédemment, c'était plus symbolique pour lui qu'autre chose, peut être que celà écorcherait un peu la fierté de Denna, mais qu'en était il de la sienne ? Elle n'y réfléchissait pas, bien sûr la souffrance d'autrui n'avait absolument aucune importance à ses yeux, lui avait on jamais demandé d'essayer de "réparer" ce qu'elle avait fait un jour à un homme qu'elle avait détruit ? Non... C'est sans doute bien la première fois qu'on lui demandait quelque chose de cet ordre... En espérant que celà provoques un quelconque "déclic" dans son cerveau, que ce geste la fasse réfléchir, c'était peut être trop demander, mais pour lui, c'était la moindre des choses, vraiment, après ce qu'elle lui avait fait, c'était le moindre respect qu'elle pouvait lui rendre, quelque part, on aurait pu dire que c'était également motivé par une partie de sa "pitié", peut être était ce pour lui l'un des seuls moyens à sa disposition pour essayer de lui faire comprendre la gravité des actes qu'elle avait pu poser, c'était beau de rêver, peut être un peu trop "idéaliste" sur le coup.
"-Ne me fait pas trop attendre... Où tu rateras peut être la seule occasion qui te sera offerte d'apaiser un peu ma colère."
[ Désolé, un peu court mais c'est du domaine de l'interaction. ]
-
[ Tout à fait ]
Denna sentit avec soulagement ses articulations se libérer. Doucement et sans geste brusque, comme un serpent que se désintéresse subitement de sa proie, Khaléo relâcha son étreinte. Une fois libre, elle hésita à ramasser son Agiel et à se battre, mais elle avait peu de chance de gagner. Son adversaire était sans doute aussi souple qu’elle, bien plus fort et plus rapide. Le combat était trop inégal. Elle abandonna donc cette idée mais ne pu lâcher son arme des yeux.
Les propos de Khaléo piquèrent quand même la curiosité de la Mord-Sith. Qu’avait-elle pu dire qui soit vain ? Elle contait bien le tuer à la première occasion et il ferait une grossière erreur s’il ne la prenait pas au sérieux sur ce point. Pour Berdine, elle ne l’avait pas vu de ses propres yeux, mais elle n’avait aucune raison de mettre sa parole en doute en ce qui la concerne. Pourtant, elle était plus encline à le croire même si elle refusait de s’empoisonner l’esprit avec des espoirs ridicules et sans réels valeurs. Quelle importance qu’elle meurt ? Ce n’était pas aussi grave que ça finalement.
Denna fut emportée dans le salon, offrant une résistance symbolique, comme si un aimant invisible la retenait dans la chambre. Elle gardait les yeux fixée sur la tige de cuir abandonnée et déglutit difficilement en voyant qu’elle s’en éloignait. La jeune fille dut cependant accorder son attention à Khaléo qui la secouant comme un prunier en exigent qu’elle lui rende sa pudeur et sa dignité…
C’était compréhensible, mais elle lui jeta tout de même un regard surpris. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il voulait qu’elle fasse. Sa dignité, elle avait voulu la détruire, alors la lui rendre c’était au-delà de ses compétences. Mais Denna n’eut pas à chercher longtemps car Khaléo lui donnait déjà la solution de l’énigme. Sa surprise s’accentua d’autant plus. Le rhabiller ? Pourquoi faire ? Il n’avait qu’à le faire lui-même. La Mord-Sith ne voyait pas comment il pouvait regagner sa dignité en prenant la sienne, car pour elle cet acte n’avait d’autre but que de l’humilier.
Habiller un homme, ce n’était pas la première fois qu’elle le faisait. On le lui demandait parfois pour qu’elle garde à l’esprit qu’elle n’est qu’une esclave sans valeur, qui était tout aussi bonne en tant que servante docile que tortionnaire ou commandante. La symbolique de l’acte passait bien au-dessus de la tête de Denna. Elle si pragmatique et hermétique, ne pouvait pas comprendre ce que « refaire ce qui a été défait » pouvait signifier pour un homme torturé. Elle s’attela pourtant à la tache sans un mot. Quant à sa fierté, la jeune fille en avait vu d’autre.
Elle s’agenouilla donc sans gêne devant Khaléo, sans que cela lui arrache un rictus de mécontentement. L’humiliation était monnaie courante pour elle et elle se félicitait intérieurement qu’il n’exige que cela pour le moment. La servante attrapa les bords du pantalon et se releva en le faisant glisser sur les jambes musclés, mais pourtant tout en longueur. Une fois sur les hanches, elle serra délicatement et le boutonna. Ses gestes n’étaient pas agressives et désagréables pour montrer une quelconque rébellion quant à son travail peu prestigieux. Elle était au contraire plutôt douce, mais rapide et efficace, les yeux toujours baissés sur ce qu’elle faisait, comme elle le ferait avec son seigneur.
Denna prit une pile de vêtements qu’elle posa sur la table du salon et commença à les enfiler dans l’ordre. D’abord le chainse en lin qui servait de sous-vêtements, puis un fin doublet de coton qui faisait office d’écran anti-froid. Elle s’attaqua ensuite aux divers pièces de cuirs avec une dextérité née de l’habitude. Canons, tassettes et plastron furent fixés sans doute trois fois plus vite que si Khaléo avait dû le faire seul. Denna s’activa ensuite à disposer les différentes pièces de métal, les identifiant d’un seul coup d’œil et les assemblant avec toujours la même habileté. Lorsqu’elle eut attaché les spallières de plates, elle recouvrit le tout d’une longue cape noir aux bordures usées. Elle passa ensuite ses mains sur le col pour réajuster le tout, plus par soucie de provocation que par volonté de bien faire. Pourtant, elle ne disait toujours rien et lorsque ses mires noisette passaient accidentellement sur les yeux fauves de Khaléo, elle était toujours la première à détourner le regard.
-C’est fait, constata-t-elle lorsque tout était en place.
Son office terminé, elle recula d’un pas et observa Khaléo. Il était très élégant mais la Mord-Sith avait autre chose à penser en ce moment. Elle n’avait toujours pas oublié que son artefact trainait par terre. S’il y avait bien quelque chose à laquelle elle tenait sur cette terre, c’était ce morceau de cuir, mais pas pour une raison évidente qui serait qu’un soldat ne se sépare jamais de son épée, non. L’Agiel avait une valeur sentimentale. C’était lui qui avait servi à la briser. Pendant toute sa formation, elle l’avait haï, combattu et finalement vaincu. On le lui avait donné et elle était enfin devenue Mord-Sith pour symboliser sa victoire sur la douleur et la domination de cet art. L’Agiel était la seule chose qui restait d’elle. Sans lui, elle n’était plus une Mord-Sith, et si elle n’était plus une Mord-Sith alors elle n’est plus rien du tout, car on s’était bien assuré qu’il ne reste rien d’autre.
-Je ne partirai pas sans mon arme, déclara-t-elle d’une voix ferme.
Tout en parlant, elle s’éloigna de Khaléo pour qu’elle puisse avoir un temps de réaction avant qu’il ne choisisse de lui sauter dessus plutôt qu’écouter ce qu’il pouvait, à juste titre, qualifier de caprice. Pourtant, ce n’en était pas un.
-J’ai fait ce que tu voulais sans rechigner, plaida-t-elle. Je refuse d’abandonner mon Agiel. Prends-le avec toi si ça te fait plaisir, mais je préfère mourir plutôt que le laisser là.
Si Khaléo pensait toujours que les paroles de Denna étaient vaines, il n’avait qu’à lui imposer un refus. Malheureusement pour elle, il ne savait pas ce que la tige de cuir représentait au-delà du fait qu’elle était maléfique, et il y avait de forte chance qu’il pense que Denna faisait un caprice ridicule ou qu’elle tente de s’armer pour lui échapper plus tard. Pourtant, ses yeux brillaient de détermination mais aussi de peur à l’idée que cet homme puisse l’éloigner de son précieux symbole.
-
De la surprise de la part de la Mord Sith, et pour lui... Plutôt... De la consternation dans l'expression de son visage, qui, d'après cette réaction de la part de Denna lui prouvait qu'elle ne comprenait absolument pas ce qu'il voulait dire, pire même elle s'en fichait et prenait apparemment celà pour de l'humilliation, se fichant pas mal de ce que ça pouvait bien représenter à ses yeux, il observa l'horizon, droit devant lui, ce n'était pas pour la "regarder" le rhabiller et s'en réjouir qu'il lui avait demandé ça, non... C'était juste la symbolique du geste, et ça n'avait absolument rien à voir avec une quelconque envie de vengeance pour cette demande, aussi il était resté silencieux en fixant un point loin... très loin devant lui, comme s'il n'était plus "ici" dans cette pièce... Elle... n'était donc pas capable de comprendre l'importance de ce qu'elle était en train de faire pour lui, tout ce qu'elle savait faire c'était exactement l'inverse de ce qu'il venait de lui demander.
Elle ne savait que détruire... Etait-ce si difficille et humilliant que celà d'essayer de reconstruire ? Dans l'état d'esprit de Denna ça ne faisait aucun doute, et sa stupéfaction était encore un indice supplémentaire de son conditionnement et de son "handicap" émotionnel, de son incapacité à éprouver une quelconque compassion ou empathie à l'égard d'autrui, lui, dans sa pitié ne commençait qu'à y voir une "pauvre" créature, dangereuse cependant, comme un chien qui, n'aurait été dressé que pour tuer et n'a jamais connu autre chose, qui ne vit que pour et par "ça".
Même avec cet air faussement absent, ce regard lointain... sentir les vêtements lentement et doucement glissés sur ses membres lui fit du "bien", pas tant par le frisson léger et caressé sur sa "peau" qui, en rajoutait un peu à cette "cérémonie" que par le sentiment d'un poids qui, était délesté de ses épaules, plus elle le rhabillait et plus il se sentait "léger" mais pas d'une légèreté physique ou corporelle, mais bien celle de l'âme, ça ne suffirait pas pour qu'il oublie bien entendu, ça ne suffirait pas pour lui pardonner non plus... Mais en fermant les yeux tout en continuant d'apprécier quelques frissons parcourant son corps soumis à la tendresse de cet acte, cet endroit n'existait plus... Et sa foutue, profonde colère s'évanouissait avec elle, et celà se voyait aux traits de son visages qui se "défroissaient" redevenaient plus calmes et sereins, même si toutefois encore un peu tendus et tirés par la fatigue.
En rouvrant les yeux pendant qu'elle fixait les différentes armatures métaliques par dessus ses vêtements, restant silencieux, le silence était important pour que ce geste prenne toute son ampleur, son importance, enfin, pour lui ça l'était, il apprécia ouvrir les yeux sur une femme concentrée sur son ouvrage, consciencieuse de chacun des gestes posés, efficace même si parfois rapide, il plissa son regard lorsqu'elle se mit à réajuster son col, ceci fut fait avec une certaine... tension... dans ses mains et une provocation du regard qui vint perturber le calme cérémonieux, tout l'effet du "rituel" qu'elle venait jusque là d'effectuer sans accroc, si ce n'est cette dernière touche rebelle, irrespectueuse qui venait tout "gâcher", à la limite il aurait préféré qu'elle continue de regarder ailleurs et qu'elle ne pose pas ce dernier geste, ça n'aurait pas dénaturé le labeur salvateur et spirituel de la chose en lui rappellant qu'elle... n'en avait absolument rien à foutre et qu'en plus d'être incapable de compassion, elle ne savait pas non plus ce que se "racheter" ou payer ses dettes voulait dire, non, tout celà devait être bien abject à ses yeux, comme à un enfant trop gâté sans perception du "bien" ou du "mal" et du gaspillage.
-C’est fait.
Il hésita à prononcer merci... Pourquoi la remercier... De toute évidence elle n'avait absolument rien compris, et avait même réussi à bacler tout ce travail d'un simple geste et d'un regard qu'il eut jugé irrespectueux et totalement hors du contexte dans lequel cet acte aurait du se placer, qui, en d'autres circonstances, auraient sans doute valu une bonne gifle à Denna, mais avec sa maitrise de la douleur, une gifle ne lui apprendrait rien, il n'y avait que des exemples comme ceux ci, qui pourraient... peut être... encore la faire réfléchir... Après cette brève hésitation et, pour lui prouver et se prouver qu'il en était capable, malgré tout ce qu'elle lui avait fait, choses qui, au simple souvenir lui faisaient grincer les dents, il prononça quand même, avec toute la sincèrité dont il était capable malgré sa rebellion :
"-Merci."
Denna... Son propre esprit était sa seule prison et son seul "mal" contre lequel elle devait lutter face à des situations comme celles ci, sa réflexion son unique piège composé d'engrenages bloqués, bloqués sur des sentiments qu'elle ne comprenait pas, qui, lorsqu'ils lui étaient imposés donnaient ce résultat, comme au premier regard lorsqu'il lui demanda de lui rendre sa dignité : j'ai donc nommé la surprise et l'incompréhension, la remercier sincèrement était encore un geste posé dans cette optique, dans ce sens... Essayer de débloquer quelques engrenages au marteau et au burin de par la confrontation directe à des situations peu "communes", même si ça se sentait qu'elle avait de l'expérience dans le rhabillage, jamais on ne lui avait demandé pour ces raisons et, peut être qu'on ne l'en avait jamais remerciée.
Malgré celà ça n'avait eu que la moitié du quart de l'effet escompté pour lui, elle posait les gestes et ne savait pas pourquoi, de quoi encaisser de profondes vagues d'amertume et une rancoeur impossible à rediriger vers cette humaine qui n'était pas capable de "comprendre", mais redirigée donc uniquement sur lui même pour le moment.
-Je ne partirai pas sans mon arme.
Khaléo la suivit pied à pied et cheville à cheville, presqu'entre ses propres pas, il la tallonait donc en la rattrapant par le poignet pour la ralentir, il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche avant qu'elle ne continue :
-J’ai fait ce que tu voulais sans rechigner. Je refuse d’abandonner mon Agiel. Prends-le avec toi si ça te fait plaisir, mais je préfère mourir plutôt que le laisser là.
"-C'est vrai... que tu l'as fait, mais tu l'as simplement "fait" et pire même... avec une touche finale si irrespectueuse qu'il n'est pas difficille de comprendre que tu n'as AUCUNE idée de l'importance qu'un être humain accorde à ses valeurs, ses principes... A son libre arbitre, à sa dignité... A sa propre personnalité... MA personnalité... MON caractère... Et toi ? Qu'est ce que tu as mis à part ce baton de merde avec lequel tu détruis tout ça ?! Tout ce qui fait d'une personne ce qu'elle est, pour lequel tu te damnerais, tu donnerais ta vie ?"
"-Je devrai peut être t'abattre... tu as probablement raison... il vaudrait mieux que tu meurres... Comme le chien malade et enragé que tu es..."
Sur ces mots Khaléo ramassa la tige de cuir par terre, il put se rendre compte à quel point c'était aussi, très... douloureux, ne serait ce qu'en s'en emparrant, pourtant ses doigts se crispèrent autour du manche qui grinça sous la poigne titanesque du tigranthrope, mais le cuir n'était pas la seule chose à grincer, ses dents produisaient quelques sons grattés entre elles alors qu'il présentait l'objet au regard de la Mord Sith, entre ses dents serrées il continua :
"-C'est donc ça ton "os" ? Et tu le veux, n'est ce pas ? Tu crèverais vraiment plutôt que de voir cet objet dégueulasse hors de ta portée, c'est bien ça hein ? Trrrès bien !"
Il s'approcha de Denna en levant la tige de cuir en l'air en la tenant comme un poignard, grande était la tentation de lui mettre un coup si violent dans le visage que cela lui aurait probablement arraché le bas de la mâchoire, il prit un élan terrible sur ses trois prochains pas en écarquillant les yeux, imitant bien une rage effrayante qui ne peut s'exprimer que par la folie meurtrière sur les traits de son visage, lorsqu'il abattit cet objet de malheur dans sa direction, à une vitesse et une force telle que si elle touchait un de ses membres... n'importe lequel... il s'en verrait...
...broyé...
...éclaté ?...
... Implosé même par la puissance de l'artéfact.
...En fait non, il attérit tout simplement en sécurité dans son harnais, mais avec une force et un élan t'el que celà emporta Denna au sol, lui fléchit les genoux et l'obligea à choir par terre sur son fessier, ce n'était pas tant pour la blesser que pour lui prouver que d'être si dépendante de cet instrument de torture la faisait chuter plus bas que terre dans le peu d'estime qu'il à déjà d'elle, il réfléchit quelques secondes en l'observant, penché sur elle alors qu'elle était encore au sol.
"-A bien y réfléchir... Et puisque tu ne m'accordes aucune confiance... Je ne vois pas pourquoi je te rendrai une réciproque qui n'existe pas."
Il détacha donc le harnais du corps de Denna, défit les boucles de sa ceinture pour le lui arracher de force, et l'attacher à sa propre ceinture.
"-Sans compter que ça te ferait encore bien trop "plaisir" de poser tes doigts dessus en laissant ton imagination vagabonder sur les choses que tu pourrais faire avec, ça pourra te permettre de réfléchir, je suis sûr qu'a force cette saloperie agit comme une "drogue" qui te permet d'occulter un peu trop de choses, je serai curieux de voir quelle tête tu feras lorsque tu en seras privée assez longtemps pour en être partiellement "seuvrée" "
A force de douleur répétées le cerveau produit de l'endorphine et même de l'adrénaline, il était probable qu'a force de le toucher et de s'en servir Denna soit souvent dans un état "second" ne lui permettant que trop rarement d'être sa propre proie, autant celle de ses pensées que de sa façon d'être, et ça lui ferait les pieds en plus d'être une certaine forme d'assurance-vie pour lui.
"-Quoi qu'il en soit, on a assez discuté... Et maintenant que je suis sûr que tu te tiendras tranquille, nous allons monter à l'étage pour nous échapper par les toits, les dames d'abord..." - Lui présentant les marches menant à l'étage, il gardait ses yeux rivés sur elle et les doigts de sa main gauche gravitaient toujours autour du manche de son arbalète légère, histoire de s'assurer qu'elle soit toujours bien à portée.
-
Denna dut reculer encore devant la violence du discours qu’on lui tenait, jusqu’à ce que son talon cogne contre le mur derrière elle et qu’elle ne puisse plus bouger. Décidemment, Khaléo n’était pas du tout sur la même longueur d’onde qu’elle. La dignité et le respect avait peut-être un sens pour un humain, mais ça ne concernait pas l’ennemi d’Ashnard. Non pas parce qu’il est un hybride, mais par ce que c’est un prisonnier. Enfin… était. Il n’était donc plus humain. Seulement un corps sans valeur qui attend d’être dépossédé de tout ce qui semble utile, avant d’être précipité dans le néant. Denna était une fidèle servante de l’empire. Un officier qui servait dans l’un des corps le plus important de l’armée ; celui de l’information. Ce que Khaléo était en train de lui dire, c’est comme si on reprochait à un soldat de tuer en invoquant qu’il faut respecter la vie et ne jamais la détruire. Ces arguments sont légitimes, mais la réalité est tout autre. Ce n’est jamais simple de défendre une noble cause par des moyens qui ne le sont pas. Et c’est encore plus difficile de justifier ces moyens. Voila pourquoi Denna bouillait intérieurement face à ces accusations injustes. De quel droit une saleté de mercenaire sans allégeance, qui se bat pour des causes inconnues en échange d’argent, lui faisait la morale !
La Mord-Sith n’eut pas le temps de répliquer, l’homme avait saisi son précieux artefact comme s’il s’agissait d’un bout de cuir. La jeune fille était réellement impressionnée et ça la confortait dans son choix de ne pas avoir poussé le dressage plus loin. Khaléo ne ressentait presque pas la douleur. Normalement, l’utilisation d’une telle arme était impossible pour un profane. Son pouvoir irradiait le bras de celui qui le prenait et le contractait sous l’effet de la douleur, rendant son maniement maladroit et assez ridicule. Et encore, ça, c’était simplement pour ceux qui ne lâchaient pas aussitôt l’Agiel en hurlant de douleur.
Denna avait peur. L’homme ne savait pas s’en servir et pouvait la tuer involontairement – à moins que ce ne soit le but-. Il brandit l’arme et la jeune fille se protégeait instinctivement le visage de ses bras. Elle attendait le choc qui allait sans doute faire imploser ce que l’arme allait toucher. Et ce fut à la hanche, que Denna sentit le choc. Elle crut un instant que son bassin s’était fracturé en deux et s’écroula sur le sol, mais finalement, Khaléo n’avait fait que ranger l’arme dans sa gaine, la faisant chuter sous la violence du choc.
La Mord-Sith décocha un regard haineux à son ravisseur. Une formalité pour ses yeux noisette qui avaient l’habitude d’exprimer ce genre de sentiment. Le bout de ses doigts effleura légèrement le manche de son arme, et lui envoya une succession de petites décharges qui la calma progressivement, l’empêchant de se jeter à la gorge du tigranthrope. Mais ce moyen de garder son sang froid lui fut vite retiré lorsque Khaléo l’obligea à se défaire de sa ceinture sur laquelle était fixée l’Agiel.
La tirade suivante du mercenaire l’obligea à se remettre en question pour la première fois. Pas par rapport à ses convictions mais plutôt par rapport à son comportement vis-à-vis de l’Agiel. Denna touchait son arme à chaque fois qu’elle était triste, en colère ou contrariée. La puissance de la douleur balayait ces sentiments qui n’étaient pas grand-chose face au torrent dévorant qui s’écoulait de l’arme. C’était peut-être devenu une drogue. Le fait est que c’était la première fois que son Agiel n’était pas à portée de main depuis qu’elle avait fini sa formation. C’était angoissant. Terriblement angoissant alors qu’il n’était pas si loin que ça. Denna plaignait sincèrement Berdine qui ne savait même pas où était le sien à l’heure qu’il est. Ce devait être horrible, et elle en frissonnait rien que de l’imaginer.
La Mord-Sith se releva lorsque Khaléo l’invita « galamment » à prendre la tête. Il voulait s’échapper par les toits. Peu importe son plan, il fallait rejoindre l’écurie pour prendre des chevaux. S’échapper à pieds était un suicide, il n’aurait pas fait deux kilomètres que les troupes de Denna les auraient déjà rejoint. Passer de toits en toits était sans doute la meilleure chose à faire, pour accéder à l’écurie. La charpente de l’étable avait sans doute une faiblesse ou un défaut qui leur permettrait d’y pénétrer sans avoir à passer par l’entrée qui était gardée. Ensuite, ce serait facile de préparer deux chevaux et d’entrainer les autres dans une grande débandade qui désorienterait tout le monde. De plus, ils perdraient du temps à rassembler les montures éparpillés aux quatre vents.
Denna passa à côté de Khaléo et ralentit. Elle n’avait pas oublié le « Merci » qui même si elle avait eu du mal à passer les lèvres de Khaléo, avait tout de même réussi à être sincère. Une force de volonté que Denna respectait et qu’elle voulait reproduire. Elle jeta un regard éloquent à son Agiel, pour que l’homme comprenne bien la raison de sa gratitude et prononça enfin le mot avec une sincérité à toute épreuve.
-Merci.
Elle fit ensuite glisser son regard sur lui au cas où il voudrait le sonder pour y déceler une quelconque ironie inexistante, et commença à monter les marches de l’escalier deux par deux. Le vieux bois de chêne grinçait en faisant un boucan du diable malgré le poids plume de la jeune fille, elle n’eut donc pas à se retourner pour savoir que Khaléo la suivait. Elle entra ensuite dans une chambre d’enfant d’après les poupées en paille qui s’alignaient sur la commode et le petit lit sculpté à la main. Denna ouvrit ensuite la fenêtre et plissa les yeux quand une bourrasque humide vint lui chahuter sa chevelure, faisant voltiger ses mèches comme autant de serpentins furieux qui cherchent à s’arracher de sa tête. Elle brava toutefois les intempéries et glissa son corps hors de la chambre. Ce qui n’était que du crachin il y quelques heures, c’était transformé en une pluie fine et vicieuse. Les vents tourbillonnants donnaient l’impression que l’eau n’était plus soumis à la gravitation ; elle venait d’en haut, d’en bas et de toutes les directions. Le ciel était d’un gris uniforme et semblait déborder sur la terre, dont on ne distinguait plus l’horizon, masqué par une grisaille qui semblait envelopper le village d’un linceul humide. Même si c’était désagréable, le vent était capricieux mais pas si fort que ça, et le semi-brouillard provoqué par la pluie rendrait le pistage difficile pour les éclaireurs d’Ashnard. Une aubaine pour Khaléo. La jeune fille se tourna d’ailleurs vers lui et le transperça un regard acéré.
-Nous avons quelques jours devant nous avant que nous ayons à nous inquiéter de nos poursuivants, déclara Denna d’un ton morose. Les soldats ne nous suivront pas au-delà de la frontière. Ce qui ne sera pas le cas de Berdine lorsqu’elle se sera remise. Elle te traquera où que tu ailles tant qu’elle n’aura pas retrouvé l’Agiel que tu lui as volé. Elle le cherchera jusqu’à ce qu’elle en meurt. Il aurait été charitable de la tuer puisque je suppose que tu as donné l’arme à tes employeurs… A propos, j’espère pour ta conscience que celui qui détient l’arme de Berdine ne parviendra pas à la copier et qu’il n’aura pas la bonne idée de faire sa propre armée de Mord-Sith. Après ton discours sur la valeur de la dignité humaine, ce serait un comble que tu sois à l’origine de la création de monstres de mon acabit… surtout pour quelques petites pièces d’or…
Denna avait prononcé ces derniers mots avec le plus profonds mépris. Il y a pire qu’un soldat : Il y a le mercenaire, car ce dernier ne peut même pas se targuer de défendre une cause, seule sa petite personne l’intéresse.
Et non… Denna n’avait toujours pas digéré les propos que Khaléo lui avait tenus dans le salon et elle n’était pas prête de le faire. La jeune fille détourna donc son regard et progressa accroupie sur le toit pour éviter d’être vu par les quelques imbéciles qui auraient la bonne idée de patrouiller par un temps pareil. La jeune fille aurait pu se jeter sur le côté, s’écraser quelques mètres plus bas quitte à se briser les membres, puis appeler à l’aide, mais il en était hors de question. Khaléo avait la vie de la jeune fille attaché à sa ceinture. Son Agiel en otage était plus efficace que n’importe quelle entrave.
Enfin, le couple arriva sur le toit de l’écurie. Comme Denna l’avait prévu, le toit qui correspondait à l’étable avait été fait à la va-vite. Il était plat et fait de planches en bois légèrement inclinés vers la rue pour évacuer l’eau. Le système peut évoluer laissait quand même filtrer un peu d’eau qui avait commencé à ronger le bout des planches. Denna jeta rapidement un coup d’œil par un trou et vit avec soulagement qu’il n’y avait pas de gardes. Son ravisseur n’avait donc pas à tuer ses hommes gratuitement. Elle s’arcbouta sur un morceau de planche vermoulu jusqu’à ce qu’il cède dans un craquement étouffé par le sifflement du vent qui s’infiltrait dans le bâtiment mal isolé. Elle passa ensuite dans le trou sans se soucier si le tigranthrope pourrait lui aussi passer et se laissa « délicatement » tomber sur le sol trois mètres plus bas. Ses chevilles lui faisaient mal mais elle n’avait rien donc autant dire que la jeune fille s’en fichait comme d’une guigne. Elle aida ensuite Khaléo à sceller les chevaux ; plus vite, ils seraient partis, moins ils auront de chance de tuer ses soldats. Elle rassembla aussi les maigres vivres qui étaient glissé dans les sacoches. Elles étaient là au cas où les cavaliers devraient prendre leurs montures en urgence et que leur chevauché durait plusieurs jours. Une fois cumulées, ces maigres rations suffisaient pour deux personnes.
Lorsque Khaléo fut prêt, les portes de l’étable furent fracassées à coup de sabots et le capharnaüm commença.
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Nous sortions... Ce n'était pas trop tôt... même si ça ne faisait que deux jours... deux bien trop longues journées entre les mains de cette frigide créature qui avait presque failli me faire revisiter toute l'étendue des pires châtiments qu'un esprit humain était capable, ou même inconcevable de faire subir à quelqu'un d'autre... Bon... peut être que j'exagèrais un peu sur ce dernier point... Mais c'était difficille... Ouais... C'était ranse... là dans le fond de ma gorge, ranse et amer... Parce qu'on a beau dire ce qu'on veut même si elle n'a pas l'air d'être tout à fait "elle" même, il y a tout de même des choses qui ont du mal à passer... presque inexcusables... Presque... Non en fait ici je n'avais pas le choix... Je n'avais pas le choix que de me la trimballer pour le moment elle aurait vite fait de me dénoncer, non seulement ça mais... je tenais quelque part à prendre ma "revanche" d'une façon où d'une autre sur elle... Ca ne pouvais pas se passer comme ça, je saluais l'étrange altruisme dont elle faisait preuve en me mettant au parfum d'un fait bien établi, les soldats ne repéreraient pas nos traces boueuses s'il on prenait la fuite sous ce fin crachin qui annonçait, par delà un horizon ayant pris des teintes d'un gris poussièreux inquiétant, qu'une bonne grosse pluie chargée sinon pas d'éclairs allait battre le sol pour nous et effacer toute trace de notre passage sur ces terres.
Parfait... Le regard de Khaléo se perdait sur le rouge sanglant du dos de Denna tandis qu'il la suivait sur le toit, son "merci" avait fait echo au sien, quelques minutes plus tôt, malgré ses propos loin d'être élogieux sur le "travail" qu'elle accomplissait et sa façon d'être, elle avait su rester calme... Comme d'habitude, rien ne semblait l'atteindre de toute façon, s'égosiller était inutile, mais c'est lorsqu'elle fit une remarque sur son éthique, sur ses principes en prenant l'exemple de son propre mercenariat elle fit mouche, il observa en temps les tuiles en plissant les muscles situés autour de ses yeux en signe de réfléxion, perdant d'un pas ou deux en augmentant un rien sa distance avec celle de Denna.
"-Je doute fort qu'on puisse en faire un usage plus destructeur que celui que vous en faites déjà, j'imagines que c'est la peur qu'un autre empire puisse un jour être assez puissant pour marcher sur le vôtre qui motives tes paroles, ou même peut être es tu juste horripilée qu'un simple "soldat", seul qui plus est, ait su mettre en déroute vos petites armées de pantins écervelés obéissant aveuglément lorsqu'on évoque votre présence ou le simple mot "Agiel" dans leurs rang... Où encore que j'ai pu filer entre les doigts de soldats d'élite aidés par les "légendaires" Mord Sith elles mêmes... Deux... fois... de suite... Dans tous les cas... je m'estime libre... Et plus libre que jamais... Plus libre qu'aucune créature de ce monde... ne le sera sans doute jamais... Je n'ai de compte à rendre à personne si ce n'est moi même... N'essaye pas de me parler de conséquences, de principes, ou même de "conscience", en faisant semblant de comprendre ce que ça veut dire..."
Puisque Denna n'eut pas daigné élargir le trou pour lui permettre de passer c'est en y allant du talon en éclatant de façon presque colérique quelques tuiles et des planches au passage, qui, s'ils sont entendus, passeront pour des tuiles arrachées et tombées à cause du vent, l'énergie qu'il mit à défoncer une partie de ce "trou" du pied prouva sans doute à quel point elle était parvenue à l'atteindre avec sa tirade sur ses principes, elle n'avait pas tout à fait tort, il le savait, travailler pour de parfaits inconnus parfois, sans connaître les conséquences exactes d'un tel contrat... La plupart du temps il pouvait se permettre de "choisir" les contrats qu'il prenait, mais ici, il n'avait pas su résister à l'appel du gain, mais pas uniquement ça... son égo de mercenaire en aurait pris un coup s'il n'avait donc pas pu remettre à leur place les jeunots qui tentent parfois de lui bouffer de la place, fallait constamment se prouver et prouver aux autres qu'on était à la hauteur dans ce métier, autrement les autres te "bouffent" tout cru et tu te retrouves à faire les courses pour les vieilles dames du quartier ou les aider à traverser le passage pour piétons... la grande "classe".
La loi de la jungle quoi.
Et pourtant... pourtant ça lui arrivait de ravaler sa fierté pour en revenir aux sources... aller rammasser d'la merde de loup ou de troll... Parce qu'il ne faut jamais renier son passé ni d'ou on vient... ni ce par quoi on est passé pour en arriver là... Alors, une fois de temps en temps... Il lui arrivait d'aller décrocher un chat d'un foutu arbre pour aider une mère grand... Khaléo roula des yeux vers le plafond, croisant les bras, encore en intense réflexion et remise en question par rapport à ce que Denna lui avait dit, quand il s'en rendit compte !
"-Plus un mot... Je ne veux plus t'entendre jusqu'à ce qu'on soit sorti et très loin d'ici... T'as compris ?! De toute manière t'as aucun droit au chapitre après ce que tu m'as fait subir je ne veux même plus t'écouter."
Bah ouais... Maintenant de "sa" faute... il se demandait bien lui aussi "qui" était son mandataire "secret"... Oh ben franchement, merci hein, comme s'il n'y avait pas déjà assez de "problèmes" dans sa caboche, elle venait de soulever la seule putain de question qu'il n'aimait pas se poser lorsqu'il effectuait ses contrats de façon no-brain jusqu'au bout avant de recevoir sa récompense... D'ailleurs il effectuait les cent pas en posant distraitement les yeux sur Denna qui fouillait les sacoches des montures de l'écurie, se mordillant parfois la griffe du petit doigt entre les lèvres, de toute façon... l'adresse qu'il avait refilée au messager n'était nulle autre que celle de sa guilde de mercenaire... Le paquet était à son nom... Il pourrait peut être le récupérer "avant" que le gros enfoiré de propriétaire et de chef de la guilde ne pose ses grosses papattes dessus et ne l'ouvre...
...Parce que ce gros paranoiaque, depuis que sa femme s'absente souvent et qu'une fois il est tombé sur du courrier... enfin... le courrier d'un de ses nombreux galants, il ouvre donc le courrier de tout le monde, et de tous ses employés pour savoir avec qui elle correspond... Puis de toute façon c'est pas difficille de comprendre pourquoi sa femme est infidèle avec la tête qu'il se paie... mais je m'écartes à nouveau du sujet non ?
Donc, en moins de temps qu'il ne le faut pour préparer un sandwitch aux concombres, j'étais en selle, me demandez pas comment je suis arrivé en haut de mon cheval je m'en rappelle plus, peut être est ce Denna qui m'y a gentiment déposé, ou que pendant que je réfléchissais a mon patron... - mine de dégout - j'ai sans doute mis fièrement le pied à l'étrier tel un chevalier paladin sacré avec toute la noblesse que l'acte impose, avec passage oblige de la cape par dessus l'étalon façon "je le vaux bien" et un sourire étincelant, non mais ça, ça va bien deux minutes l'ironie, j'ai juste enfourché la bête de la façon la plus sommaire et presque brutale qui soit, d'ailleurs les chevaux ils m'aiment pas trop ils ont toujours tendance à hénnir en m'voyant débarquer, ils ont une peur instinctive de ce que je suis et c'est difficille de trouver un canasson qui me "tolères" sur son dos, bah celui là devait avoir trop peur que je le morde pour m'envoyer valser.
Quoi qu'il en soit, nous étions dehors, les portes volèrent en éclat comme si elles avaient été faites en frigolite, d'ailleurs je crois qu'elles l'étaient parce qu'on avait plus beaucoup de budget pour les effets spéciaux, même la pluie semblait être produite par un vulgaire tuyeau d'arrosage, nous chevauchions donc en direction des landes dévastées qu'il nous faudrait traverser de part en part avant d'atteindre les frontières du nexus et... accessoirement... être "enfin" tranquille... Du moins pour ma part... Je me demandais ce que je ferai de Denna une fois arrivé de l'autre coté... La livrer aux autorités, à la "justice" ? Il n'y avait pas de justice qui soit la bonne et encore moins de jugement qui le soit, il le savait bien, même pour un être aussi abject qu'une Mord Sith... De toute façon on en était pas encore là.
L'eau... Il la préférait pour se laver... Même si ça ressemblait un peu à une douche... il n'aimait pas la pluie... Et comme il l'avait craint, le plafond céleste s'étant obscurcit, le ciel grisâtre déchargea ses trombes d'eau, en grosse gouttes bien grasses et filantes comme autant de cordes humides hachurant l'horizon, tantôt en bié vers la droite, ou la gauche, le mercenaire éternua, mais tenait bon la bride, ainsi que la corde attachée à la monture de Denna, il restait derrière son cheval pour la simple et bonne raison qu'il voulait la garder à l'oeil, même s'il avait son Agiel qu'il était fatigué et maintenant probablement enrhumé, il n'était pas encore assez débile pour lui tourner le dos elle menait donc le galop, moins lourde que lui et son bardas, l'obligeant à aller à "son" allure quand la corde se tendait, mais s'ils trouvaient tous deux qu'il faisait "froid" sous la pluie, il n'oubliait pas qu'une partie des landes dévastées formaient un glacier... d'ailleurs c'était amusant de se rendre compte à quel point cette zone était "déréglée" au point de vue climatique.
Le nord était complétement recouvert de neige et de glace, le centre ressemblait à une oasis perdue, une forêt tropicale avec des animaux sauvages et dangereux tandis que le sud ressemblait à un désert aride, avec un sol crevassé regorgeant de bandits, et d'autres saloperies à épaisse carapace vivant dans ces lieux, il était peu probable qu'on ne rencontre pas de "difficultés" sur la route, et ça allait sans doute prendre deux, voir peut être trois semaine pour faire la route... Autant dire que nos maigres rations n'allaient pas suffir, il faudrait "chasser" et se débrouiller... Et l'autre folle n'allait sûrement pas lui rendre la tâche facile.
Après plusieurs heures de galop Khaléo décida de tenir une allure de "croisière" plus raisonnable pour les chevaux, ayant retenu la leçon d'il y a deux jours de façon bien "émpirique" avec son canasson exténué, sur les rotules, la pluie avait enfin cessé depuis quinze minutes, Denna n'était pas chaudement habillée... Enfin... Il n'en savait rien... Le cuir c'était imperméable mais elle n'avait rien sur la tête, elle pourrait très bien tomber malade et il devrait la trainer le reste du voyage, mais l'abandonner serait aussi une bien douce fin pour elle à ses yeux également, Mais non... non non, elle lui rappellerait qu'il a des "principes" bien évidemment... Et il ne pourrait pas la laisser crever là... Bon dieu que c'était chiant d'avoir une conscience.
Ce fut lui qui "rétablit" le contact "visuel" en premier en s'avançant à sa hauteur, monture parrallèle à la sienne, visage difficille à distinguer une fois de plus dans les tréfonds de sa capuche, si ce n'est, à sa grande "habitude" la lueur de son regard sauvage pénétrant, perçant les ténèbres formées par cette dernière, il l'observa un moment, balloté au gré des déplacements de son cheval, assouplissant son corps des pieds à la tête pour amortir chaque pose de sabot sur le sol accidenté et humide, il ne savait pas trop quoi lui dire, et ne savait pas non plus s'il avait ne serait ce "envie" de lui parler, mais il fit un effort, prenant un temps et une respiration profonde, presque exaspérée avant de demander :
"-Pourquoi cet Agiel semble être si "important" aux yeux des Mord Sith au point ou Berdine risquerait sa vie pour lui ? "
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Denna avait espéré que son petit discours, semblable à un pic, soit perçu comme une manière de se défendre de ce qu'avait dit le mercenaire à propos d'elle. A la limite, elle ne voulait même pas avoir raison ou faire réfléchir Khaléo sur le mercenariat - dans l'absolu, elle s'en fichait totalement – mais elle voulait qu'il prenne conscience qu'elle avait des sentiments, qu'elle savait ce qu'est la morale même si elle décidait de l'ignorer. En fait, la Mord-Sith voulait qu'il sache qu'elle était humaine. C'est toujours plus simple de qualifier quelqu'un de monstre lorsqu'il fait preuve d'une cruauté qu'on ne comprend pas. Ce procédé permet d'exclure le rebut hors de l'immaculée espèce humaine et surtout de ne pas se remettre en question en ne s'imaginant pas un seul instant que « on aurait pu devenir comme ça nous aussi ». Ça comptait beaucoup pour Denna. Plus que ça ne devrait. Comme si elle voulait rentrer dans le club très privé des gens dont on peut se soucier, ceux pour qui on peut éprouver toute la palette de sentiments réservés à ses égaux.
La Mord-Sith parviendrait à lui prouver qu'elle était comme lui. Que ce soit par la rhétorique ou la démonstration... Mais ce n'était pas pour aujourd'hui, car Khaléo la renvoya dans les roses en prétendant qu'elle était incapable de comprendre des concepts tels que la conscience et les principes. Denna ne tenta pas de se défendre même si ces nouvelles accusations la touchaient encore une fois, elle n'était pas assez inconsciente pour commencer un débat en pleine manœuvre d'évasion.
D'ailleurs, cette manœuvre fut un franc succès. Les hennissements terrifiés des chevaux que Denna éparpillait obligeamment dans le village, faisait écho au tonnerre qui déchirait parfois le sifflement éraillé de la pluie. Quand les soldats commencèrent à sortir de leur retraite pour aviser ce qui se passait, Khaléo et sa prisonnière était déjà à la sortie du hameau où les sentinelles s'écartèrent pour ne pas être piétiné par une horde d'étalons furieux et terrifiés. Denna poussa un petit rire d'excitation qui était plus nerveux qu'humoristique. Ce n'était pas forcement la réaction la plus adéquat lorsqu'on se fait enlever par un ennemi de l'empire qui allait surement la tuer après l'avoir torturer, mais la jeune fille avait l'habitude de faire ce qu'elle voulait, notamment dans l'expression de ce qu'elle ressentait. Là, c'était l'excitation.
Au bout d'une heure, l'humeur de Denna s'était pourtant considérablement assombrie. Recroquevillée sur son cheval, elle tentait de soustraire le plus de parcelles de son corps, à la tyrannie de la météo. Sa combinaison de cuir était imperméable mais les mouvements répétés de son corps qui épousaient ceux de son destrier, permettait l'infiltration de l'eau dans les interstices. Ses cheveux blonds étaient totalement plaqués sur sa tête et venait se fixer sur ses épaules comme des algues recouvrant un rocher. Totalement trempée, elle ne tentait pas de maitriser les violents tremblements qui la secouaient, chauffant naturellement ses muscles et son corps.
Ce fut avec soulagement que Denna accueillit la fin de la pluie. Lorsqu'elle fut certaine que l'enfer humide était bien terminé, elle pencha la tête sur le côté, peigna ses cheveux pour qu'ils dégringolent dans le vide, puis les essora. Une trompe d'eau en sortit et vint s'éclater contre un rocher saillant de la piste. Elle secoua ensuite la tête, pour remettre sa crinière en place et se sentit un peu mieux, même si elle risquait d'attraper une maladie à cause du froid.
Pas une seule seconde elle ne craignait d'arriver à Nexus. Si elle pointait le bout de son nez dans la capitale ennemi avec son uniforme, elle serait sans doute torturée à mort. Enfin autant dire qu'elle allait mourir, car ces loqueteux de nexusien étaient trop stupides pour parvenir à lui arracher ne serait-ce qu'un gémissement de douleur.
Khaléo donna un petit coup sur les flancs de sa monture qui se mit au niveau de celle de Denna.. La jeune fille ne fit pas un geste pour signifier qu'elle l'avait vu, si ce n'était ce petit coup d'œil à la dérobé qu'elle lui lança. Elle ne voyait pas grand chose sous la capuche, aussi elle s'en désintéressa rapidement.
La question qu'il lui posa était très intéressante. Elle se décida à fixer son regard sur lui et prit son temps pour lui répondre. La jolie blonde repoussa une mèche mouillée qui s'était collé sur sa joue et qui semblait serpenter comme une rivière entre ses sourcils, jusqu'à sa joue légèrement rosie par le froid. Ensuite et ensuite seulement, elle daigna éclairer Khaléo.
-Un jour un empereur d'Ashnard a décidé de créer une unité un peu spéciale au sein de l'armée. Il a émis l'hypothèse assez brillante que seul ceux qui ont déjà subit la douleur, sont capable de la dispenser efficacement. Les Mord-Sith ont donc été créées à partir de ce principe et des améliorations ont été apportées au fur et à mesure - en ne prenant que des filles et en les choisissant selon des critères stricts, par exemple -. Les enfants capturés sont ensuite soumis à une torture intense pendant plusieurs années, visant à modeler leur jeune esprit et à les obliger à dominer la douleur. Celles qui n'y arrivent pas sont condamnées à l'autisme. L'Agiel que tu portes à ta ceinture a servi à me briser. C'est un symbole, un outil et une raison d'être. C'est notre seule propriété et la seule chose matérielle qui ait une véritable valeur pour nous. Berdine le cherchera toute sa vie, car sans Agiel, c'est somme si elle n'en avait pas.
Denna espérait que son explication à rallonge satisfasse Khaléo, même si elle se doutait que son esprit obtus convienne qu'il s'agissait encore d'une dévotion de pauvres folles envers un objet monstrueux. Pourtant, l'Agiel n'avait rien de démoniaque en soi. Ce n'est qu'un outil et comme tout les outils, le seul mal qui peut en ressortir est la façon dont on s'en sert. Les Mord-Sith sont des esclaves, privé d'enfance, d'amour, de liberté et de tout ce qui a une quelconque valeur pour un être humain. Ce n'était pas aberrant qu'elles attachent une certaine importance au seul objet qui fait que leur vie à un sens, aussi petit soit-il.
Elle marqua ensuite une pause, faisant la transition entre un sujet et un autre.
-Je te demanderais bien ce que tu vas faire de moi mais je suppose que tu ne le sais pas toi-même, fit-elle lui jetant un regard hautain. En tout cas, je ne compte pas m'associer avec toi pour faire du mercenariat, si c'est ce que tu espérais.
Un rapide coup d'œil sur le visage malicieux de la jeune fille suffisait à s'assurer que ce qu'elle venait de dire était une sorte de … blague, même si la situation ne s'y prêtait pas. Ce qui la rendait d'autant plus amusante pour la Mord-Sith, et qui montrait à quel point elle se moquait royalement de ce qui allait lui arriver.
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Des cliquetis.
Metalliques, il va de soi... provenant autant des harnais, que des étriers, de l'arrière de l'armure du mercenaire cognant parfois contre le plat de sa lame, qui, frottait, usait le cuir de la selle de son tranchant à chaque nouvel amorti de son corps, tout ces petits bruits ajoutés les uns aux autres formaient, au final une cacophonie devenue monotone à force d'avaler les kilomètres sous nos sabots... Des cliquetis... humides ? Oh... Parfois une goutte... Une... perlait du bout de sa capuche depuis un trop plein des fibres gorgées d'eau, et tombait sur l'arrête de son nez, pour qu'un 'plic' régulier se fasse entendre... Longeant le contour de ses lèvres avant de gouter du bout du menton, chatouilleux... ça démanges... l'envie de se frotter un visage rendu sensible par le froid le pousse à poser sa main discrètement sur son visage afin, de l'essuyer... en vain.
L'air est plus dense... plus chargé... Les premières esquisses de vastes plaines, de steppes glacées poindent d'un blanc immaculé à l'horizon, recouverte d'un manteau fin de bruine, une bruine de cristaux verglaçants déposés sur les végétaux, lorsque nous aurons pénétré cette frontière opaque, ce fin film de brouillard, la température chuterait radicalement d'une bonne dizaine de degrés pour que nous nous retrouvions proche du zéro, ou de l'unité sous ce chiffre, prenant conscience de notre "état" pour le moins humide, il serait irréfléchi de franchir cette frontière maintenant.
AAaaah eh bien... revenons en à ma question... Question qui, il faut bien le reconnaître... Semblait motiver une réponse très complète de la part de Denna :
-Un jour un empereur d'Ashnard a décidé de créer une unité un peu spéciale au sein de l'armée. Il a émis l'hypothèse assez brillante que seul ceux qui ont déjà subit la douleur, sont capable de la dispenser efficacement. Les Mord-Sith ont donc été créées à partir de ce principe et des améliorations ont été apportées au fur et à mesure - en ne prenant que des filles et en les choisissant selon des critères stricts, par exemple -. Les enfants capturés sont ensuite soumis à une torture intense pendant plusieurs années, visant à modeler leur jeune esprit et à les obliger à dominer la douleur. Celles qui n'y arrivent pas sont condamnées à l'autisme. L'Agiel que tu portes à ta ceinture a servi à me briser. C'est un symbole, un outil et une raison d'être. C'est notre seule propriété et la seule chose matérielle qui ait une véritable valeur pour nous. Berdine le cherchera toute sa vie, car sans Agiel, c'est somme si elle n'en avait pas.
"- Des enfants..."
Le mercenaire posa alors ses yeux sur le harnais à sa ceinture, plissant son regard comme s'il pouvait "comprendre", non... il ne pouvait pas comprendre toute l'étendue des dégats qu'on pourrait causer au psyché d'un pauvre gosse en le martyrisant pour la durée de toute son enfance avec cette chose plutôt que de "vivre" une vie bien normale et bien vécue... Mais bordel, de toute façon... Il n'en avait pas vécu une, lui, de vie bien "normale" ni bien vécue alors... d'où pouvait il bien tirer une comparaison viable ? Etait ce mieux d'être livré à soi même et de survivre comme un sauvage, sans aucun encadrement, où d'être élevé par des personnes qui vous torturent pour votre "bien", vous éduquent d'une certaine manière... Si ce qu'elle lui disait était vrai alors, Denna n'avait connu que "ça"... Vécu pour "ça", s'imposait à sa conscience un autre dilemne désormais, "comment" lui en vouloir de mettre en pratique la seule chose qu'on lui ait apprise, qui lui donnait un "but" dans sa vie.
"-...Je... ne te ferai pas l'affront de te dire que je peux "comprendre"... c'est faux... Tu vis dans une perception du monde qui, doit être bien différente... Mais ça ne veut pas dire que ce soit "sain" pour autant... On ne devrait pas avoir le droit de faire autant de mal à une personne jusqu'a ce qu'on détruise tout ce qu'elle est... Es tu au moins consciente, ne serait ce que "bêtement" du fait... que c'est "mal" ? "
Elle vivait dans l'assurance de faire ce qu'elle "doit" faire... Un peu comme une... fourmi ouvrière ? Appartenant à une ruche... Non... ça ne pouvait pas être aussi réducteur, Elle avait tout de même son libre arbitre et ses "désirs" bien personnels sur pas mal de choses qu'elle m'avait fait subir... C'était plus retors encore que ça... Une philosophie ? "Ca" Cette... cette confrérie d'élite, de Mord Sith... Cette perception de la douleur et de la souffrance comme un but ultime à atteindre faisait presque penser à un courrant philosophique sinon, une espèce de religion à l'instar du boudhisme ou tout autre religion cherchant à atteindre un niveau de conscience plus "élevé"... Etait ce ça ? La douleur stimulait des régions du cerveau bien différentes de celles qu'on peut atteindre par la méditation ou la prière... De là a en faire... un crédo... une manière de vivre... C'était dur à avaler.
-Je te demanderais bien ce que tu vas faire de moi mais je suppose que tu ne le sais pas. En tout cas, je ne compte pas m'associer avec toi pour faire du mercenariat, si c'est ce que tu espérais.
"-Hmmmm..."
Dit il, prenant la plus fausse et théatrâle des allures de réflexion en se caressant le menton entre l'index et le pouce, le ton de la Mord Sith était clairement chargé d'un humour légèrement sarcastique, il passa son regard sur elle de bas en haut, un sourire en coin empli d'une malice perceptible dévoilant l'un de ses fins croc pointu, avant de déclarer sur un ton léger :
"-C'est dommage... Il faudra que je révises mes plans te concernant... Et puis le rouge sanglant ce n'est pas très efficace pour rester discret, ça attires les monstres, en plus de faire fuir les clients, non, tu serais... une très mauvaise affaire dans ce domaine... Mais à bien y réfléchir tu pourrais t'avérer utile si tu pouvais torturer quelques types qui me doivent encore pas mal d'argent."
Khaléo posa pied à terre subitement, descendant donc de sa monture il retint celle de Denna par la bride et ralentit leur allure, au pas, le cuir trempé des vêtements du Mercenaire grinçait par humidité, Denna commençait à trembler de froid, les chevaux montraient déjà leur premier signe de fatigue... Il était temps de s'arrêter, de monter un camp, là, près de cette petite rivière qui, passait entre une poignée de grands arbres, s'arrêtant derrière deux rocs assez hauts pour leur couper un vent glacial venant du nord, attachant les chevaux au tronc d'un arbre en faisant peut être l'erreur de ne pas poser les yeux dix secondes sur Denna pour nouer les cordes :
"-Je ne comptes pas te tuer... Même si je ne te caches pas que l'envie à pu être grande et que la douleur de ce que tu m'as fait subir... Est encore vive malgré ma guérison rapide... Je le ressent encore dans ma chair... Non... Je ne vais pas te tuer... J'aurai aimé que tu subisses un châtiment au moins aussi grand que celui que j'ai pu subir... Mais ça n'arrivera jamais... Tu ne ressents plus la douleur à des niveaux qui soient raisonnables et de toute façon tu ne comprendrais pas de "quoi" je me venges... C'est comme si tu possèdais une "culture" et des valeurs bien différentes des miennes, et je ne peux malheureusement pas t'en vouloir de te comporter comme on te l'a... toujours appris."
Un autre bout de corde était encore entre ses mains... Il se mordit la lève inférieure en se demandant s'il était réellement nécessaire de lui attacher les mains et les jambes... Peut être pas maintenant... Mais pour la nuit il faudrait qu'il prenne des précautions... Il s'approcha de sa monture en replaçant les cordes dans la sacoche.
"-Quand ce sera fini, tu partiras... Tu retourneras là où tu te sens le plus utile... Là où on a besoin de toi, en attendant essayes... de te sécher un peu... tes vêtements et tes cheveux sont trempés, je ne voudrai pas avoir à me trainer ton cadavre dans la neige et la glace."
En ce moment il ne rêvait que d'une chose... Lorsqu'il aurait rejoint le Nexus et touché sa prime, il retournerait dans les profondeurs vierges de sa forêt pour plusieurs années, loin de ces horreurs, pour profiter du comfort bien simple mais tellement efficace de la nature, c'était ce à quoi il pensait actuellement, à son petit nid douillet, son coin de paradis, il détestait avoir froid et être détrempé qui plus est, partie féline oblige, il se mit en quête de bois le plus sec possible en se promenant entre les arbres, faire du feu à partir de rien, avec la force qu'il avait dans le corps et les bras, aidé par sa tigranthropie latente... Ce n'était même pas un challenge mais une simple formalité, Il ramassa un peu de tout, des bouts de bois, d'écorces épargnés par la pluie, de l'herbe restée sèche à la base des deux énormes rochers, un feu de camp fut vite monté en rassemblant assez de pierres pour former un cercle, ils disposaient d'une tente, puisque les soldats d'Elite se balladaient avec tout leur matériel de bivouac sur leurs chevaux, il ne s'attendait pas vraiment à de l'aide de la part de la Mord Sith, d'ailleurs, ça se voyait qu'il vivait seul, faisant tout lui même, sans chercher à se plaindre ni poser un geste imprécis, tout était... toujours effectué avec une rigueur et une précision qui ne pouvait être que celle de l'habitude, du conditionnement, d'une vie passée à ne compter que sur soi même, à être son propre flambeau éclairant sa route dans les ténèbres, c'est à peine si Denna existait lorsqu'il s’exécutait.
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« Des enfants... »
Cette remarque sourde échappée des lèvres entrouvertes du mercenaire exaspéra Denna. Bien entendu « des enfants ». On n'apprend pas à devenir une éminente membre du corps d'élite d'Ashnard avec une formation en trois ans. A l'instar de l'éducation nationale, il faut un travail de long haleine et sur des élèves juvéniles pour arriver à les formater. Dans ces conditions seulement, on peut leurs inculquer un ensemble de valeurs plus ou moins arbitraires qui serviront les intérêts de l'empereur ( de la société, dans le cas de l'éducation nationale dont la mise en comparaison ici est des plus cynique, je vous l'accorde). Malgré cette irritation chronique chez Denna à chaque fois que Khaléo s'étonnait de ce qu'elle considérait comme une évidence, elle ne fit aucun geste d'humeur. C'était heureux puisque la remarque n'était pas destinée à faire partie de la conversation. Ce qui n'était pas le cas de la suite, où une question des plus incongrues parvint jusqu'aux oreilles de la Mord-Sith.
C'était manichéen au possible. Le champ lexical du bien et du mal se retrouvait dans un mot sur deux. Denna ferma les yeux et secoua la tête en signe de résignation. Il n'y a pas de mal, ni de bien. Il n'y a que des objectifs visant à concrétiser des rêves de grandeurs et de victoires. Mais comment expliquer cela à un apatride tel que Khaléo?
-Tu remets en doute le principe de mon ordre? Demanda-t-elle par pure rhétorique. C'est compréhensible. Un étranger ne peut pas comprendre ce genre de chose. Vous autres êtes trop individualistes pour admettre que l'on peut sacrifier sans remord une minorité pour le bien d'un plus grand nombre. J'ai conscience que j'aurais sans doute été plus heureuse avec un époux en gâchant mon temps à torcher des marmots – Denna lâcha une exclamation de dégout – mais à la place, je protège mon pays et contribue à étendre son influence sur des peuples trop faibles pour l'arrêter. Au lieu de geindre, le perdant devrait toujours apprendre du vainqueur. Nous sommes fort car nous sommes « un ». Le « mal » et le « sain » ne sont que des mots sans substance. Tu ne vois pas que ce que l'empereur construit rend négligeable les vies éphémères de quelques enfants?
La voilà! La tirade grandiose de la propagande. Ça, Denna en avait eu plus qu'il n'en faut. La jeune fille était sans doute assez intelligente pour comprendre que ce qu'elle venait de dire était bancale, mais ces idées étaient bien ancrées dans son esprit. On les lui avait inculqués à coups d'Agiel et dans un état de souffrance physique qui faisait que les fausses doctrines d'Ashnard se gravaient dans son esprit sans passer par le filtre de la raison et du bon sens.
Heureusement, la conversation dévia sur un sujet un peu plus léger – si on peut dire – dans le sens où le trait d'humour de la jeune fille fit mouche. Elle se permit d'ailleurs de glousser suite au rejet de sa candidature en tant qu'apprentie mercenaire. Ce petit échange ne servait pas à grand chose, mais il adoucissait les esprits. C'était agréable, car ennemi ou pas, c'était toujours préférable de détendre l'atmosphère.
Quelques temps après, Khaléo décida d'arrêter la chevauchée. Là, dans ce qui semblait être une oasis de végétation au milieu du désert. Sauf que les palmiers étaient remplacés par de grands saules squelettiques, et que l'eau de source charriait de la glace pilée qui perdait de sa valeur du fait que les voyageurs transits n'avaient aucune envie de se jeter dedans pour se rafraichir.
Quoiqu'il en soit, Denna enjamba sa monture avec une grâce née de l'agilité et sauta sur le sol aussi dur que la pierre. Son mercenaire, et également écuyer à temps partiel, se chargea des chevaux. Au moins, ici, ils seraient à l'abri des vents. En effet, deux rochers couverts de mousse et ressemblant étrangement à des dents, étaient plantés dans le sol. Denna leva logiquement les yeux à la recherche d'une quelconque falaises ou flancs de montagne d'où de tels rocs auraient pu tomber mais il n'y avait rien. A croire qu'ils étaient tombés de la mâchoire d'un hypothétique géant de pierre qui se serait battu ici. Il y avait de quoi écrire tout une mythologie, mais heureusement Denna se contenterait de l'imaginer pour elle-même, sans faire subir aux autres, les péripéties fantastiques que lui contait son imagination débordante.
Elle fut cependant arrachée à ses pensées lorsque Khaléo lui révéla ce qu'il comptait faire d'elle. C'était peut-être la troisième fois qu'il lui disait qu'il n'allait pas la tuer, et Denna est comme tout le monde lorsqu'on lui répète les mêmes choses, finit par y croire. Disons simplement qu'elle accordait le bénéfice du doute aux affirmations de son geôlier. Tout cela sans lâcher des yeux la corde dont Khaléo hésitait encore quant à ce qu'il allait en faire, jusqu'à ce qu'il la range dans sa sacoche. La jolie blonde ne le montra pas, mais elle était soulagée qu'il décide de ne pas l'attacher pour le moment. C'était toujours un confort de plus.
Le mercenaire lui demanda ensuite de se sécher pour qu'elle ne lui claque pas entre les doigts. C'était légitime, même s'il sous-estimait quelque peu la constitution de sa prisonnière. Denna acquiesça donc et lui laissa le soin de monter le camp. Une corvée dont elle se passerait volontiers. Pendant ce temps, elle s'approcha de la rivière et commença à défaire les divers attaches qui maintenaient en place sa combinaison de cuir. Il ne lui fallut guère longtemps pour en arriver à bout. Une fois que ce fut fait, l'uniforme rouge glissa de lui-même sur le corps de la jeune fille, révélant ses formes à quiconque poserait ses yeux sur elle. Elle se glissa ensuite dans l'eau glacée qui s'écoulait sur un lit de galets glissants, et s'immergea dans la rivière peu profonde. Le froid ne semblait pas la gêner, ou du moins pas plus que la sueur désagréable qui lui avait collée à la peau pendant toute la chevauchée. Denna laissa au courant le soin de nettoyer son corps et tenta d'ignorer le froid, malgré le danger qu'il représentait.
La Mord-Sih ne se souciait pas de sa nudité non dissimulée. Khaléo pouvait la regarder tout son saoul si le cœur lui en disait, ça n'avait pas d'importance pour elle. Ou plutôt si, ça en avait, mais ce n'était en rien nuisible. C'est fou comme le corps d'une femme pouvait adoucir un homme. Ça pouvait tout aussi bien le gêner que le remplir de désir, et il se trouvait que ces deux sentiments jouaient en faveur de Denna, même si provoquer une réaction chez Khaléo n'était pas le but premier de la manœuvre. Quant est-il de la pudeur? Pitié... Lorsqu'on sert en permanence de jouet sexuel pour un souverain libidineux et que l'on vous rappelle en permanence que vous êtes insignifiante, ce genre de considération vous passe bien au-dessus de la tête.
Denna ne resta pas bien longtemps dans l'eau, car elle n'était pas non plus décidé à mourir bêtement d'une pneumonie ou d'une vilaine fièvre. Elle sortit donc de la rivière et attrapa son uniforme. Elle ne l'enfila pas, mais prit quand même la peine de le prendre dans ses bras et de cacher sa poitrine – histoire de dire qu'elle n'est pas une sauvageonne -. le morceau de cuir semblable à une mue de serpent tombait jusqu'à ses cuisses cachant quelques points stratégiques mais laissant tout de même de quoi faire travailler l'imagination. Denna s'approcha ensuite du feu et s'accroupit devant sans un mot, permettant à sa chaleur l'envahir. Ses yeux fixés sur le rougeoiement de la braise, attisée par le maigre souffle de vent qui la faisait pulser comme le cœur incandescent d'une quelconque créature de feu. Des étincelles brisaient parfois la monotonie en explosant dans un crépitement de lumière, puis se mêlaient ensuite à la fumée opaque du bois humide. Il y avait quelque chose d'hypnotisant dans ce spectacle, mais Denna s'en désintéressa bien vite pour poser ses mires noisettes sur Khaléo. Elle se prit alors à sourire.
-Tu comptes m'attacher pour la nuit? Demanda-t-elle avec une innocence feinte. Ou bien tu pourrais trouver un moyen de m'avoir à l'œil... et moi de mon côté, je ferai en sorte que ce moyen te soit agréable.
Non... Denna ne plaisantait pas. Le tout était de savoir s'il s'agissait d'une stratégie visant à exploiter la plus flagrante et célèbre faiblesse des hommes, ou bien si c'était simplement... une envie?