Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Érogène Jones le mardi 02 février 2010, 03:52:06

Titre: Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le mardi 02 février 2010, 03:52:06
Érogène Jones pousse la porte du bar, et laisse la chanson remplacer le son de la pluie. Lumière orangée, douillette, sur la trentaine de têtes tournée vers la scène. Une scène sur laquelle une jeune fille blonde se trémousse en susurrant des mots d'amour devant un micro. Un endroit comme il les aime, loin des bars étudiants et leurs néons ridicule. Des tables, des nappes blanches, un mobilier juste assez délabré pour être respectable. Cette odeur de cigarette et de mauvaises pensées laissées à la porte, qu'il associe au confort d'un verre en fin de journée.

Il accroche son parapluie et se dirige vers le comptoir. Un siège pour s'assoir, un autre pour poser son imperméable. Il passe une main dans ses cheveux pour en faire tomber les dernière goûtes et attend que Niiro daigne le remarquer. Niiro le barman, avec ses yeux rieurs et ses grandes mains malhabiles, qui fait la conversation à quelques clients. Mais déjà, il tourne la tête, et affiche un demi sourire qu'Érogène lui rend aussitôt.

Une enjambée et ils se serrent la main. Pas de japonaiseries entre eux, juste une poignée cordiale, comme deux camarades qui ne se sont pas vus depuis des années. Ce qui est le cas.

-Érogène Jones en personne. C'est un honneur.

-Niiro. Arrête tout de suite de me faire marcher.

-Seulement si tu m'appèles Pablo. Les temps changent, tu le sais bien.

Le sourire de Niiro -Pablo- s'élargit. Jones remarque qu'il porte un complet crème, juste un peu trop clair comme à son habitude. Il l'a toujours apprécié. Des manières, de l'esprit et un franc parlé peu commun, un garçon bien trop chaleureux pour l'univers glacial du renseignement corporatiste. Sa reconversion est certainement une bonne chose. Un jeune homme dont les talents ne seront pas gâchés en vaines querelles budgétaires, et qui ne finira pas échangé contre une source plus précieuse. Une petite victoire sur le Dieu Profit, toujours bonne à prendre.

Mais déjà, le visage de Pablo se fend d'une grimace qu'il doit penser compatissante, alors qu'il détourne le regard.

-J'ai appris pour Effy. Sale histoire...

Le sourire d'Érogène ne vacille pas. Il lève le bras et désigne une bouteille de bourbon hors d'age, quelque part derrière le comptoir.

-Verse-en moi un, tu veux?

Pablo s'exécute, le visage fermé, et se sert lui aussi une rasade. Ils trinquent, yeux dans les yeux, aux amis trop tôt disparus. Un jeune homme en tablier a reprit les reines, et s'occupe de servir les clients. Ils peuvent parler en toute tranquillité.

Leur dernière rencontre, dans un karaoke quelconque d'une ville quelconque. Une fête post-débriefing durant laquelle ils avaient tous beaucoup trop bu. Cette nuit là, Effy était aux anges, et il avait chanté avec elle les paroles de paint in black, sous les applaudissement de toute l'équipe. Cette nuit là, il était jeune, stupide, et il avait rit avec Niiro, plaisanté sur la vie et la mort. Cette nuit là, ils trinquaient à l'avenir, et ils le faisaient avec allégresse.

La voix paisible de Pablo le ramène au présent.

-On se débarrasse d'abord des affaires?

Et Érogène d'acquiescer en silence. Ando et sa fichue dette (http://hentai.forum-rpg.net/index.php?topic=3020.msg56078#msg56078).

Son vieil instructeur l'a appelé il y a deux heures. Voix bourrue, alors qu'il lui répondait que non ça ne pouvait pas attendre. Érogène a été surprit -et il l'est toujours- de l'entendre réclamer si tôt son renvoi d'ascenseur. Ando étant Ando, il aurait été moins surprenant qu'il garde cette option sous le coude jusqu'au jour où il serait prit à la gorge, le jour fatidique où seul Érogène pourrait le sortir de la mouise... Peut-être que ce jour est arrivé. Ou peut-être qu'Ando n'estime plus vraiment sa valeur opérationnelle. Dans un cas comme dans l'autre, il a du soucis à se faire.

Pablo se baisse, et récupère quelque chose sous le comptoir. Une enveloppe de papier craft, sans étiquette, qu'il fait glisser vers Jones en silence.

A l'intérieur, un feuillet d'une vingtaine de pages.

-Le vieux a dit que tu pouvais le garder, Jones. Mais tu dois le lire sur place et me donner une réponse. Il devient prudent ces temps ci.

Ces derniers mots ont été prononcés d'une voix morne. Probablement pour faciliter sa lecture, Pablo lui verse un dernier verre avant de prendre congé. Érogène soupire et attaque la première page.

Des instructions, des plans, des photographies... Exactement ce à quoi il s'attendait. Il lit lentement, revenant parfois en arrière pour ne manquer aucun détail. Quelque-part à la frontière de sa conscience, une nouvelle chanteuse vient d'entrer en scène. Bien plus appréciée, sil en croit les exclamations des spectateurs. Il relève un instant la tête, intrigué par les étranges paroles et cette voix enchanteresse qui l'empêche de se concentrer. Dieu qu'elle est belle... Quel visage, quelle silhouette... Quel timbre chaleureux et lointain à la fois

Le jeune homme la contemple un moment, en sirotant son verre de bourbon. Il est presque sûr d'avoir croisé son regard, ce qui le trouble plus que de raison. Mais ce n'est pas le moment, Jones. De la discipline. Jusqu'à ce que tu en ais finit avec cette foutue dette, tu dois être d'une rigueur opérationnelle. Les proies attendront. A contrecœur, il revient au feuillet et finit sa lecture.

Voyant qu'il vient de terminer, Pablo est revenu le voir. Lui aussi à l'air d'apprécier la voix de Miya. Sourire appréciateur, qui rappèle à Jones qu'il adore la chanson. Le pourquoi de l'endroit, sans doute. Mais Pablo aussi a un travail à faire. Lorsque son regard revient sur lui, son visage est on ne peut plus sérieux.

-Alors?

-Alors Ando est devenu fou.

Le barman lève d'une main apaisante, tandis que l'autre leur sert une nouvelle tournée.

-Ne tire pas sur le messager, Jones. Mais tu me dois une réponse.

Il répond d'un sourire en coin, et avale son verre d'une traite, pour indiquer que ce qu'il vient de lire demande bien un remontant.

-Je ne dis pas que ce n'est pas dans mes cordes. Ça l'est, d'accord? Mais trois jours, sérieusement? C'est moins de temps qu'il ne me faut juste pour boucler l'enquête préliminaire...

-Le vieux pense que tu devras te passer d'enquête. Que tu devras choisir quelqu'un qui est déjà sur ton radar. C'est ce qu'il a dit, Jones.

-Mais pourquoi il n'utilise pas une de ses propres filles? Ou une indépendante? Les lanternes roses c'est pas ça qui manque, sur le marché.

Il se devait de poser la question, mais il connait déjà la réponse.

-Tu as vu le nom du chef de sécurité?

-Aoi Takahashi.

-Exactement. Un ancien lampiste du vieux, comme moi. Un bon. Très bon, même...

-Et Ando pense qu'il a gardé des contacts parmi ses gars...

Pablo hoche la tête, les traits empreints d'une gravité qui ne lui correspond pas. Toi, Pablo, tu es dans la confidence? Barman rangé mon œil.

-...Et il pense aussi que Takahashi a un œil sur le marché.

-C'est pour ça qu'il a besoin de toi, Jones. Tu devrais être content, c'est une occasion inespérée de te débarrasser de ta dette.

Sourire crispé. C'est une occasion inespérée... sauf que ce n'est pas aussi simple. Le vieux renard le sait parfaitement. Les filles "sur mon radar", je leur ai fait l'amour et les ai laissée derrière moi sans même me retourner. Pour une lanterne rose à usage unique, elle sont toutes utilisables, en théorie. Une théorie qui exclue malheureusement ma vanité. Même si je sais tout de la plupart d'entre elles, si je peux les manipuler, les mettre à ma botte sans le début d'une enquête préliminaire... Il est hors de question que moi, Érogène Jones, je m'abaisse à revoir une victime. Que je revienne à une ancienne proie poussé par le besoin. Pas dans cette vie, Ando, ni même dans la suivante...

La chanteuse a entamé une nouvelle chanson, et les deux hommes tournent la tête pour l'écouter un moment. Son corps magnifique ondule à la lumière des projecteurs, et son regard véron hypnotise l'assemblée. Elle est si pure, si leste... Et cette fois, il est certain qu'elle l'a regardé. Soudain, les affaires semblent bien lointaines. Les problèmes dérisoires... Jones a envie de velours, d'aller savourer ce délicieux bourbon à la chaleur d'un feu de bois, avec cette voix sublime soufflant sa chanson depuis un vieux gramophone.

Mais cela lui passe vite.

-Elle est belle Pablo.

-Ma meilleur recrue, tu peux me croire.

Il distingue une certaine fierté dans la voix de son ami. Soudain, un sourire étire les lèvres de Jones, alors que le frisson de la chasse traverse tout son corps

-Une recrue, hein? Alors tu dois avoir son dossier quelque part.

Il sent Pablo se raidir dans son dos. Il ne dément pas. Comme lui, il pense que ce dossier rend inutile toute enquête préliminaire. Mais c'est une idée qu'il n'aime pas.

-Dis à Ando que j'accepte, mais que j'ai quelques conditions. Rien que du très raisonnable. Remboursement des frais, tout d'abord. Et ensuite... je vais avoir besoin de jeter un coup d'œil à certaines tes archives.

Cette réponse non plus, Pablo ne l'aime pas.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le vendredi 05 février 2010, 22:50:58
Miya chantait. Pas pour son plaisir ou celui de la clientèle, mais parce que c'était tout ce qu'elle arrivait à faire encore à peu près correctement. Et surtout, parce que si Ryuga devait réapparaître, il viendrait obligatoirement la rejoindre ici... Oui, bientôt un an qu'il avait disparu, et elle était encore assez folle pour le croire en vie, sain et sauf, quelque part... En attendant, elle se lançait à corps perdu dans son boulot, faisant des heures sup qui aurait épuisé n'importe qui, surtout quelqu'un dans un état dépressif comme l'était Miya. Mais que faire, quand on est immortelle, avec un corps qui purge en quelques minutes tous les médicaments qui peuvent affecter sa santé ? Elle pouvait avaler une boîte d'anti-dépresseurs, et planer à peine...

De toute façon, Pablo avait bien vu, au bout d'une semaine, l'effet que la séparation avec Ryuga avait sur elle. Un soir, un client osa la demander en mariage, et elle lui avait ri au nez, l'avait traité en moins que rien. Après la fermeture du bar, Pablo était venu la voir, tandis qu'elle était censée ranger les bouteilles de la cave. Au lieu de ça, elle vidait sans modération une bouteille de Whisky -ce qu'il buvait quand il venait ici... -, une cigarette au bec -des Mild Sevens, les mêmes que lui... -, et quand Pablo lui fit remarquer qu'elle n'aurait jamais du agir ainsi, qu'il y avait des façons bien plus élégantes d'éconduire quelqu'un sans lui briser le coeur, Miya lui répliqua :

- Et mon coeur à moi, Pablo. Tu crois qu'il est dans quel état ?

Et le visage fermé de la demi déesse s'était, pour la première fois depuis la disparition de Ryuga, délié, soudain tordu dans une grimace de douleur pure, et elle fondit en larmes - et le problème avec cette foutue immortalité, c'est qu'elle remplaçait automatiquement l'eau perdue...

Alors, depuis, la demi déesse se donnait à fond dans son boulot. Elle ne s'accordait pas le moindre jour de repos, et quand elle en avait besoin, de toute façon, Pablo les lui accordait sans compter, puisque de toute façon, elle sortait juste le temps de faire un peu de shopping, et c'était hélas trop rare...

Et ce soir ne dérogeait pas à la règle : vêtue d'une robe longue, moulante certes, mais qui ne laissait que deviner ses courbes généreuses, parée de trois bracelets, quatre bagues et trois colliers - elle semblait loin, cette époque où elle s'amusait à mettre des robes courtes aux décolletés plongeants, et où elle se couvrait de dizaines de bijoux - Miya chantait. Et attendait. Que la porte s'ouvre sur ce beau brun qui faisait aujourd'hui saigner son coeur et torturait son âme. Et chaque soir, c'était la même déception, toujours, à la fermeture du bar. C'est à peine si elle remarqua, la première fois, cet homme qui semblait si bien connaître son patron... Pourtant, le lendemain, force lui fut de le remarquer... Miya chantait en première partie de soirée, toujours aussi pleine de cet espoir vain et futile, et commença par cette chanson (http://www.youtube.com/watch?v=WZMraAGlpwc) apprise lorsqu'une collègue de boulot l'avait trainée à l'opéra...

(HJ : et ce n'est pas pour rien que j'ai mis la version de Nightwish, j'ai toujours imaginé Miya avec la voix de Tarja Turenen ^^;; )
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le samedi 06 février 2010, 13:45:06
Et Jones est assis à une table. Il l'a choisit avec soin, en tenant compte de la lumière, du positionnement par rapport à la scène. Pas trop centrée pour que Miya ne s'imagine pas l'avoir remarqué par hasard. Car elle va le remarquer.

A la seconde où elle a fait son entrée, il a posé son verre de bourbon -décidément quel nectar, Pablo- et a croisé ses doigts sur la table. Il s'est habillé pour se fondre dans la masse des clients. Un chandail terne d'où dépasse le col d'une chemise blanche, un jean et des chaussures de ville. Pas plus que la position de la table, son accoutrement n'est pas ce qui attirera ton regard, chanteuse de mon cœur. Ma toute petite proie.

Elle commence à chanter. Une voix si douce, voluptueuse... Qui vibre entre les murs et fait tourner les têtes. Sauf celle d'Érogène Jones, car il la contemple depuis la seconde où elle est entrée. Alors que la mélodie s'emballe, il la sent de plus en plus concentrée sur sa chanson. Un genre un peu diffèrent de la veille, mais tout aussi maitrisé. Sa voix prend l'exacte mesure de la pièce, et la remplit jusqu'au dernier recoin. Et quelque part, indifferent à la musique le jeune homme darde son regard.

Il est assis dans la pénombre, le dos droit contre le dossier de sa chaise. Et la première chose que remarquera Miya est sa complète immobilité. Contrairement aux autres clients qui sourient, hochent la tête au rythme de la musique, le jeune homme se contente de la fixer. Il faudra le temps, le temps qu'elle remarque cette irrégularité. Mais alors elle réalisera sans en avoir encore tout à fait conscience qu'il n'est pas venu pour la musique. Il est venu pour elle. Et une fois cette certitude implantée, il sait qu'elle ne pourra plus retenir le picotement de son regard. Car il la fixe, presque sans ciller. Un œil perdu dans l'ombre de ses mèches, et qui pourtant brûle d'une passion contenue à grand peine, et non sans douleur. Un regard troublant, qui semble voir quelque chose que tout le reste du monde ignore. Mais, naturellement, elle s'imaginera que ce n'est que le fruit de son imagination, et une fois sa chanson finie, elle laissera la scène à sa collègue avec une pointe de soulagement. Et il sait qu'elle ira dans sa loge, et qu'elle se demandera si elle a rêvé. Si ce jeune homme dans la troisième rangée en avait vraiment après elle.

Mais plus tard dans la soirée, elle devra revenir sur scène. Et cette fois, il balaiera ses derniers doutes. Elle le verra distinctement refermer son livre et le mettre dans sa poche. Et lorsque les lumières baisseront et qu'elle entamera les premières notes, elle se sentira traversée de part en part, dévorée par ce même regard ardent qui ne lui laisse nul part ou se cacher. Il pense qu'elle n'osera pas le regarder, car elle sait au fond d'elle que ce serait sa damnation, qu'elle aurait alors la confirmation de ce qu'elle sait déjà : Il est incroyablement beau. De cette aura, cette lumière intérieur qu'il fait briller tant qu'il la tient sous son charme. Une beauté terrible, dangereuse. Et alors elle ne saura plus où se mettre. Elle hésitera entre une tentative de soutenir son regard de braise, ou se concentrer sur sa voix, sur sa musique, et le bannir de son esprit. Lorsque viendra la fin de la chanson, elle quittera la scène avec sa présence lui brûlant l'échine. Et elle sera outrée car une part d'elle ne voudra pas que cela s'arrête.

Mais heureusement, les lumières de sa loges rompront le charme, et la ramèneront dans la réalité. Elle pourra se dire qu'elle est seule, fatiguée, au point que le premier beau garçon venu réveille en elle des échos étranges. Lui fait s'imaginer des choses délirantes qu'il vaut mieux oublier. Mais alors, elle remarquera le bouquet de rose. 6 aux total, avec un petit mot qui ne peut venir que de son jeune homme de la troisième rangée. Une belle écriture, leste et toute en boucles :

Retrouvez moi à la sortie des artistes. Je dois vous parler de Ryuga.

Et alors, elle sentira son cœur chavirer.

***

Jones est adossé au mur de brique, face à la sortie des artiste. Il a passé un pardessus noir boutonné jusqu'en haut, pour se protéger du froid mordant.

-Bonsoir, Miya.

Son visage est triste, empreint d'une d'une douce mélancolie. Mais son regard est toujours pénétrant.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le dimanche 07 février 2010, 00:50:21
Le Fantôme de l'Opéra... Miya se laissait emporter par sa propre chanson, attentive à la moindre intonation de sa voix, cherchant toujours malgré elle la perfection. L'ombre au tableau était que cette mer de visages satisfaits n'arrivait même pas à la convaincre que sa prestation était loin d'être mauvaise. Pourtant, son regard finit par capter un être étrange. Elle se rappela vaguement l'avoir vu la veille au comptoir, mais rien de plus. Elle l'ignore, son regard se reporte sur le reste de la salle... Pourtant, cette immobilité fait presque tâche, et attire son œil chaque fois qu'elle essaye de s'en éloigner. Miya le prend d'abord pour une sorte de défi, et se donne davantage dans sa chanson, pour que même lui ne remue ne serait-ce qu'un doigt... Et finit par comprendre, sans vraiment souhaiter qu'il soit là pour elle... Pourquoi, d'ailleurs, serait-il présent pour la voir, si ce n'était pour la chanson ? Mais déjà, la chanson est finie, et c'est une jeune femme blonde qui prend la suite.

Miya regagne sa chambre pour se changer, et troque sa robe noire contre une bleu clair, et y ajoute une veste blanche courte aux longues manches échancrées. Elle repense à cet homme, se demande ce qu'il lui voulait. Sans doute rien, essaye-t-elle de se persuader. Elle porte à son visage une rose qui est là depuis longtemps, en hume le parfum toujours intact, souvenir de cette première nuit merveilleuse avec...

Les larmes envahissent lentement ses yeux bleus, et elle repose la fleur. Avant de laisser la mélancolie trop l'envahir, la demi déesse descend rapidement, cigarette entre les lèvres, fredonne déjà les trois titres qu'elle va devoir chanter, et chasse les dernières brumes du souvenirs d'Erogène Jones... Pourquoi le garder en tête, il a du partir.

Pourtant, lorsqu'elle remonte sur scène en chantant "Think of Me", toujours de ce même opéra qui l'a enchantée quelques jours auparavant, ses yeux se posent immédiatement à sa place. Sa voix tremble sans doute un peu, et peut-être même que durant quelques secondes, elle ne fait que souffler ses mots. Que fait-il encore là ? Miya détourne les yeux, presque en colère contre elle-même de se laisser avoir par le charme de ce démon à la gueule d'ange. Qu'il aille donc au diable ! Miya se concentre sur ses chansons, posée à un endroit stratégique où son regard ne se posera pas sur lui, même inconsciemment... Pourtant, la curiosité, ce stupide défaut ! la dévore, et elle sait -elle le sent- qu'il ne la quitte pas des yeux... Elle se demande ce qu'il pourrait lui vouloir...

La demi déesse s'incline face aux applaudissements, et pourtant, elle est déçue de se prestation. Lorsqu'elle se redresse, elle ne peut s'empêcher de jeter un dernier coup d'œil à Jones, qui ne bouge toujours pas, ce regard sombre braqué sur elle. Elle serre les dents et quitte la scène, s'adosse à la porte qu'elle vient de fermer. L'habitude lui fait prendre une cigarette qu'elle allume dans un geste souple. Elle se masse les tempes en soupirant. Une larme coule sur sa joue, tandis qu'elle finit par se demander si ce n'est pas un signe qu'il est temps d'arrêter les frais. D'arrêter de se voiler la face. Oh oui, il n'y a a aucune preuve qu'il soit mort, il n'y en a aucune non plus pour lui prouver qu'il est vivant. Son cœur se serre dans sa poitrine, lui fait mal à lui couper le souffle - ironique pour quelqu'un qui ne devrait plus avoir besoin de respirer... Miya laisse tomber sa cigarette au sol et remonte quatre à quatre les marches jusqu'à sa chambre. Ce que son immortalité peut lui peser, en cet instant ! Il serait si simple de souhaiter mourir assez fort pour faire revenir La Mort en personne et l'emporte, enfin ! Miya ouvre la porte de sa chambre à la volée, et se plaque dessus dès qu'elle l'a fermée. La douleur dans sa poitrine est telle qu'elle a du mal à reprendre une respiration qui ne la ferait pas passer pour un poisson hors de l'eau. Il lui faut plusieurs minutes, et un oreiller imbibé de larmes  pour qu'elle reprenne un semblant de contrôle d'elle-même. C'est en relevant la tête qu'elle voit le bouquet de roses. Elle se se relève pour le saisir, ne prend même pas la peine d'en humer le parfum qu'elle s'apprête à le jeter par la fenêtre. Le petit mot glisse entre ses doigts, et elle le garde, le temps de le lire...

Miya lâche les fleurs qui s'éparpillent au sol, la porte ouverte claque contre les meubles, et dans sa course, elle aurait pu tomber dans les escaliers... Ce ne sont que quelques vieux réflexes d'acrobate qui l'empêchent dégringoler. Elle court jusqu'à la sortie et bouscule la porte si fort qu'elle claque contre le mur extérieur. Elle fait quelques pas dans la ruelle, le temps de ralentir sa course. Elle tient toujours le mot dans la main, et son regard plonge dans les yeux de Jones. Qui d'autre ? Pourtant, cette fois, elle refuse de fuir. Elle lève la main qui tient toujours le morceau de papier, et elle murmure :

- Il vaut mieux pour vous que vous ayez quelque chose de vraiment intéressant à me dire.

Et sa voix est moitié menaçante, moitié suppliante...
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le dimanche 07 février 2010, 23:56:53
-Sinon quoi?

Il a dit cela sans la moindre méchanceté. Pas une menace, pas même une provocation. Juste une simple constatation, une question rhétorique pour lui signifier son impuissance. Tu es celle qui pleure toutes les nuits, pas moi. Même si cette pensée ne me réjouit pas le moins du monde.

Il la toise un instant d'un regard un peu triste, comme s'il se détestait d'être ici, maintenant. Sa voix est basse, apaisante.

-Pas ici, Miya. Vous allez devoir me suivre.

Il se détourne, et s'éloigne d'un pas rapide. Lorsque Miya arrive à sa hauteur, il lui saisit le bras avec toute la douceur possible pour la forcer à suivre son allure, sans ralentir une seconde. Comme si ralentir pouvait être dangereux. Et l'immortelle réalise soudain qu'elle a affaire à un homme traqué.

Tout se passe très vite, comme dans un rêve qui refuse de glisser vers un réveil mérité. Il la guide, et ils longent les murs, Miya contre la paroi comme s'il voulait la protéger de son corps. Au croisement, elle le voit scruter chaque voiture de son regard perçant. Chacun de ses gestes est maitrisé, répété. Un professionnel qui sait ce qu'il fait, qu'elle le veuille ou non. Mais, elle le voit bien, cela ne l'empêche pas d'avoir peur... Peur de quoi? Peur d'être vu? Peur pour lui? Peur pour elle? Leurs souffles sont des nuages blancs dans la fraicheur du soir. Il sait que chaque seconde de silence est un supplice pour Miya. Elle veut savoir, l'arrêter pour le forcer à parler. Mais à chaque fois qu'elle essaye, il la tire de plus belle, avec l'autorité de celui qui est aux commandes, et qui se moque éperdument de ce que peut bien vouloir sa... sa quoi? Sa prisonnière? Sa complice? Est-ce qu'on force une complice à entrer à l'arrière d'une voiture?

Une simple voiture grise, à moitié engouffrée dans une ruelle. Il la fait s'assoir sur la banquette arrière, et il prend le siège du conducteur. Une image qui exaspère probablement la jeune fille. Oh, je sais bien que tu n'aimes pas te faire balader. Mais toi, tu sais que si tu te débats tu pourrais bien briser ta chance, ta seule chance de me faire parler. Car je suis un homme qui sait, pas un simple poseur. Cela au moins, tu peux en être sûre.

Une fois assis, il appuie sur le bouton. Verrouillage centralisé des portières. Avant que Miya n'ait pu protester, il s'est tourné vers elle et l'a cloué d'un regard dur, sans appel. Elle est presque surprise qu'il ne sorte pas une arme pour la menacer.

-Taisez vous et écoutez moi. Il faut que je vous pose quelques questions, et vous allez y répondre dans l'ordre. Je dois savoir si vous vous savez surveillée. Avez-vous repéré des personnes qui vous suivent dans la rues? Des clients suspects, un peu trop récurrents? Des objets déplacés dans votre loge? Votre appartement? Du retard dans vos courriers? Des appels suspects? Je veux dire, quelqu'un qui raccroche sans dire un mot? Des commentaires de votre entourage sur quelque chose d'inhabituel? Répondez!

Il se tait enfin, et il sent qu'elle va se rebeller. Peut-être même lui agripper le col pour lui hurler qu'elle veut des réponses, et qu'il peut aller se faire voir. Son regard se fait plus dur que jamais.

-J'ai prit un risque énorme en venant vous voir, Miya. Je ne vous dirai rien si vous refusez de coopérer.

Au son de sa voix, il est on ne peut plus sérieux.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le lundi 08 février 2010, 14:42:58
Miya fait un pas en arrière, s'apprête à lui dire qu'elle doit aller chercher une veste un peu plus chaude... Il faut dire que sa robe de scène n'est pas des plus épaisses... Mais déjà Jones s'éloigne, laissant un moment de flottement où la demi déesse réalise que si elle rentre, il disparaitra à jamais. Ce n'est pas tant la personne qu'elle regrettera - ce visage est trop beau pour appartenir à quelqu'un de parfaitement honnête... - mais les infos qu'il pourrait avoir... Et s'il savait vraiment quelque chose qui pourrait la mener à son amant ? Miya ne réfléchit pas plus et le rattrape rapidement. La dague qui bat sa cuisse est d'une fraicheur rassurante... Il lui prend le bras, avec douceur, et elle n'a d'autre choix que de le suivre. Tandis qu'ils avancent en silence, elle se pose enfin quelques questions : et si c'était encore un de ces fans légèrement dérangé ? Pourtant, elle est sûre de ne l'avoir jamais vu avant la veille... Comment aurait-il pu être au courant pour Ryuga ? Avec un numéro de charme auprès d'une des serveuses ? Elle aimerait tant l'arrêter d'un coup sec, le plaquer contre le mur et le faire parler, quelle que soit la méthode... Pourtant, la peur et l'angoisse lui tordent le ventre au point qu'elle repousse sa colère et son impatience au fond de sa conscience. Sa main se sert même un peu plus autour de son bras, elle pousse quelques soupirs, agacée par ce manège de bête traquée.

Et enfin, la voiture, dans laquelle elle s'engouffre sans poser de questions. Idiote ! hurle-t-elle intérieurement. Sa main commence à descendre le long de sa jambe, pour aller chercher la dague. Mais l'autre commence déjà son interrogatoire.

- J'ai pris un risque énorme en venant vous voir, Miya. Je ne vous dirai rien si vous refusez de coopérer.

La demi déesse sourit à ces mots. Oh non, tu n'imagines même pas à quel point tu joues à un jeu dangereux, si tu cherches à t'amuser avec mes sentiments. Elle n'a qu'une dague et toujours le morceau de papier, mais c'est largement suffisant. Ses mains commencent à trembler, et elle se cale au fond du siège, croise bras et jambes. Quelques secondes de silence où Miya hésite entre répondre et l'étrangler. Et une fois de plus, elle s'oblige à jouer la carte de la prudence. La demi déesse soupir, agacée de sa propre faiblesse et ferme les yeux quelques secondes avant de répondre, sans relever la tête pour le regarder :

- Oui, il y a des gens qui me suivaient quand je décidais de ne pas dormir dans la chambre que me laisse Pablo, mais rien de plus que quelques ivrognes du bar qui (elle lève les yeux au ciel et dessine des guillemets avec ses doigts) "avaient quelques exercices bien plaisant pour faire monter ma voix dans les aigus". Il y a toujours des habitués dans un bar, vous savez, ce n'est pas pour autant que ce sont des gens suspects, et personne n'a jamais eu l'audace de venir dans ma chambre ou...

Elle soupire. Pas question non plus de lui dire qu'il lui arrive d'aller dormir dans l'appartement de Ryuga... Elle hausse les épaules, cherche et allume une cigarette qu'elle sort d'une petite sacoche qu'elle porte au côté.

- Quant au courrier, ce ne sont que des lettres que des clients laissent à Pablo, et que je ne prends même pas la peine de lire. Et je n'ai pas de téléphone, puisque je n'ai personne à qui parler. Satisfait ?

Miya expire un nuage de fumée sur le visage de Jones, et elle se penche en avant, prenant appui sur les deux sièges.

- Maintenant, jeune homme dont j'ignore encore le nom, j'écoute ce que vous avez à me dire.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le lundi 08 février 2010, 17:07:12
Satisfait? A en croire le regard du jeune homme, pas le moins du monde. Il a toujours l'air tendu, anxieux. Il semble hésiter, peser le pour et le contre... Pendant un instant, elle croit qu'il va sortir de la voiture, ou lui reposer une nouvelle série de questions. Mais non. Il semble soudain se résigner, baisser sa garde en poussant un long soupire fatigué. Et Jones est réellement fatigué. Il a passé la nuit d'hier et la journée d'aujourd'hui à éplucher des dossiers, passer des coups de fils, demander des faveurs. Il a eut besoin de toute sa concentration et de ses meilleurs contacts en matière de contrefaçon pour être prêt dès ce soir. Une longue répétition devant la glace, et deux bonnes heures pour mémoriser tous les détails de son rôle. Normalement, il faut une semaine et toute une équipe pour monter un coup pareil sans laisser la moindre faille. Il espère seulement que son talent fera le reste.

Le jeune homme se retourne et se laisse aller dans le dossier de son fauteuil.

-Je m'appelle Jones. Je suis un ami de Ryuga.

Comme s'il était convaincu qu'elle allait lui demander des preuves, il sort de sa poche un protège carte de cuir et le tend à la jeune fille. A l'intérieur, une plaque de police. Inspecteur Jones, brigade criminelle dans une juridiction de Tokyo. Une vieille carte qu'il emmène dans tous ses voyages et qui lui a mainte fois sauvé la mise. Photo datant d'il y a quatre ans, avec un sourire en coin. Une date de naissance bidon qui le vieillit de deux ans.

-On s'est connu à l'école de police. Regardez la photo, le troisième sur la droite. Rangée du haut.

La photo est pliée dans le porte carte. Une batterie de jeunes policiers en uniformes, car c'est le jour de la remise des diplômes. Ryuga est au centre, un grand sourire sur les lèvres. Il n'a eut aucun mal à se la procurer, et encore moins à la trafiquer. Le visage de Jones est bien visible, à quelques largeurs d'épaules de Ryuga. Ils ont l'air de deux beaux jeunes hommes avec la vie devant eux.

-C'était deux ans avant la mort de son père.

Il tend la main pour récupérer le porte carte, et le fait disparaître dans une poche de son pardessus. Son visage est de nouveau tourné vers elle, fermé, impénétrable. Il baisse les yeux, ce qui ne saurait être bon signe.

-Il y a une boîte dans le sac. Juste à côté de vous. C'est... c'est tout ce que j'ai eut le temps de rassembler. Ouvrez-la, elle est pour vous.

Je sais que tu es affolée par ma voix. Elle est celle du mauvais page, qui apporte la nouvelle terrible dont tu ne te relèvera pas. Une voix vaincue, soumise à sa mission détestable, et pourtant teinté de dignité. Je suis loyal. Loyal envers Ryuga.

Il la regarde ouvrir sac de sport noir en en sortir une boîte en carton sans la moindre inscription. Miya soulève le couvercle, et il sent son coeur s'arrêter. Elle sort lentement une chemise froissée, qui a été pliée avec soin. Tu n'as pas l'air dans ton assiette, Miya. Serait-ce parce que cette chemise est du même modèle que celle qu'il portait le jour où il a disparut? Parce que tu sent dessus son odeur, que j'ai récupéré de son linge sale plus tôt dans la journée? Parce qu'elle est déchirée, brûlée d'au moins deux impacts de balle? Ou peut-être est-ce à cause du sang... Du sang coagulé, traité pour paraitre vieux de trois jour. La chemise en est pleine, tellement qu'elle en est presque rigide.

Au fond de la boîte, une montre un révolver, un porte feuille. Tous trois du même modèle que ceux de Ryuga. Soigneusement usés, et même tachés de sang dans le cas du porte feuille en feutre. Tous ces éléments, il en a trouvé la description dans le dossier ouvert par le commissariat lors de la disparition de leur cher inspecteur. Ce qui lui a demandé le plus d'effort, c'est la fausse carte de flic. Un travail de faussaire effectué à la hâte, et qui ne résisterait certainement pas à l'examen d'un expert. Mais Miya n'est pas une experte. Et il a adoré voir une part d'elle mourir au fur et à mesure qu'elle découvrait tous ces terribles éléments.

Mais il n'est pas là pour la briser. Du moins pas encore.

-Il n'est pas mort, Miya. Enfin... peut-être pas.

Il la fixe droit dans les yeux et attend que l'orage se déchaine.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le lundi 08 février 2010, 22:31:17
La cigarette se consume lentement entre les doigts qu'elle s'évertue de ne pas faire trembler. Miya l'observe, se prend parfois de pitié pour cet homme qui a l'air si triste ; le jeu d'EJ est si parfait qu'elle se laisse prendre au jeu. Pourtant, elle ne fera pas le moindre geste vers lui. Elle attend, et elle a tout le temps qu'il faut devant elle. Tandis qu'il parle, elle saisit le porte-cartes qu'il lui tend, regarde dedans, et ses yeux s'arrêtent sur la photo, ce visage si souriant. Elle voit, à la limite de son champ de vision, la main qui réclame sa propriété, et à contre cœur, elle ferme le porte-cartes. Il la regarde à nouveau entre les sièges avant de baisser les yeux. Le cœur de Miya rate un battement alors qu'elle prend conscience du sac à côté d'elle. Elle lui tend sa cigarette pour qu'il l'écrase dans le cendrier à l'avant, et extrait la boite en carton, lentement, sans un mot.

La voix de la raison aurait pu se manifester à ce moment-là. Lui dire qu'il y avait de nombreux problèmes chez cet homme, à commencer par sa prétendue amitié avec son amant. Pourquoi il s'est conduit ainsi entre le bar et la voiture. Et puis, à ce moment-là, elle soulève le couvercle. Son cœur cesse réellement de battre, où du moins, il le fera moins souvent, juste ce qu'il faut pour faire circuler le sang dans son corps d'immortelle. La voix de la raison aurait pu lui souffler : il est si facile de trouver des chemises comme ça...

Au lieu de ça, Miya se laisse complètement prendre au piège. Au-delà de l'odeur de sang, il y a celle de Ryuga. Elle prend la chemise, la soulève pour la déplier. Elle l'étale sur le sac, ses doigts effleurent, comme dans un cauchemar, les deux trous aux bords brulés, les limites de cette tâche de sang - Dieu, il y en a tant, au moins autant que ce qu'elle évacue chaque soir dans sa baignoire, lorsqu'elle plonge de désespoir ce poignard dans sa poitrine... A la différence que ce ne sera jamais un manque mortel pour elle. Ses yeux se remplissent de larmes. Elle baisse le visage, caché alors par quelques mèches de ses longs cheveux sombres. Il n'est pas mort, Miya... Enfin, peut-être pas. Plus qu'à l'accoutumée, elle souhaite disparaitre. Elle est trop fière, malgré la situation, pour pleurer devant un inconnu, quand bien même il ne peut voir son visage de profile figé dans une expression de douleur. Bien malgré elle, sa respiration siffle, et une énorme boule se forme dans sa gorge. Les mains serrées sur le tissu, ses derniers espoirs s'envolent.

Et je n'ai rien pu faire pour l'empêcher de mourir...

Les deux autres grandes tragédies de sa vie lui reviennent dans la figure, la mort de ses parents, puis celle de son frère jumeau... Et maintenant Ryuga ? Miya gémit de douleur, ses épaules s'affaissent, elle ferme les yeux. Et elle le voit : ce désert de glace qu'elle imagine chaque fois qu'elle doit monter sur scène... Lentement, elle laisse le froid l'envahir, la glace danser autour d'elle pour la geler jusqu'aux os, enserrer son cœur pour le protéger de tout sentiments parasites. Elle rouvre les yeux et se redresse. Miya se retourne vers Jones, décide d'ignorer la boîte qui pourrait faire fondre sa prison de glace et se retourne vers lui. Elle s'autorise une ébauche de sourire et allume une nouvelle cigarette ; le froid fait trembler ses doigts, rien d'autre. Là, ça y est, la voix de la raison arrive à se faire entendre maintenant que le maelström de ses sentiments est arrêté. Elle le regarde, droit dans les yeux, sans ciller :

- Jones-san, j'aimerai que vous me disiez quelque chose. Commençons par la vérité, voulez-vous ?

Elle tire longtemps sur sa cigarette, sans baisser les yeux. Ça y est, la colère commence à monter, et quelques paillettes dorées apparaissent dans son œil droit, une demi seconde seulement.

- Amis de longue date ? Pourquoi pas. Mais ça ? Si le moindre cheveux de Ryuga avait été retrouvé à l'autre bout du monde, j'aurai été la première au courant... Alors une chemise pleine de sang ?

Oublie qu'elle a son odeur, Miya, tu as trop d'imagination, tu n'as fait que l'imaginer...

Sa cigarette change de main, tandis que la droite glisse le long de sa cuisse pour sortir la dague à travers sa robe... Juste une précaution. Miya se penche en avant, les yeux légèrement plissés. Pense au froid, et à la glace qui doivent paralyser ton cœur.

- Alors, Jones-san... J'espère que vous avez une bonne raison d'avoir voulu ainsi jouer avec mes sentiments... Qu'est-ce que vous me voulez ?

Elle essaye de ne pas paraître trop froide, trop en colère. Et tandis qu'elle tire à nouveau sur sa cigarette, elle espère qu'il ne lui prouvera pas que cette chemise n'est pas vraiment recouverte du sang de Ryuga. Que tout ceci n'est qu'une mascarade. A nouveau, son œil droit se teinte de doré, couleur froide et inquiétante, signe de très mauvaise augure.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le mardi 09 février 2010, 01:40:40
En apparence, Jones est indiffèrent au regard, à la morgue de Miya. Il reste ce triste jeune homme qui s'acquitte de sa douloureuse mission.

Mais en profondeur, il est impressionné. A la fois par la réaction de la jeune fille, et par cette lueur dorée dans son œil droit... "Si le moindre cheveux de Ryuga avait été retrouvé à l'autre bout du monde, j'aurai été la première au courant.". Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire? Rien dans les dossiers de Pablo et dans les témoignages qu'il a recueillit religieusement ne lui permet de donner le moindre sens à ces paroles. Et cela l'ébranle sérieusement. Mais à cet instant précis, il sait que le moindre tressaillement pourrait bien le trahir. Donc il reste de marbre, puisant dans ce qu'un de ses instructeurs a appelé un jour son "sang froid monstrueux". Ce détail devra être étudié plus tard, mais tout de suite, il a un baratin à continuer.

Encore une fois, le beau jeune homme refuse de se laisser brusquer. Il va à son propre rythme, dit les choses qu'il a souhaite dire, et pas une de plus. N'en déplaise à son interlocutrice.

-Cette chemise n'a pas été... tachée à l'autre bout du monde, Miya. Tokyo, il y a trois jours, on lui a tiré dessus.

Soudain, elle remarque quelque chose qui lui avait jusque là totalement échappé : La culpabilité latente, tracée à même les sillons de se beau visage. Jones se sent responsable de ce qui est arrivé à Ryuga, quoi que cela puisse être.

-Il y avait du sang partout. J'ai réussit à le sortir de la voiture, et à le ramener à l'hôtel. Je l'ai déshabillé, mis dans la baignoire et j'ai bandé ses blessures comme je pouvais. Mais ce n'était pas suffisant, vous comprenez?

Son récit est décousu, mais sa voix est sûre, quoique lasse et amère. Il détourne un instant le regard, comme pour empêcher des souvenirs trop douloureux de remonter à la surface. Avec une retenue tellement tragique que même Miya ne peut s'empêcher de le voir un instant dans la peau d'une victime, il balaie ses émotions, et continue sa mission : dire la vérité à l'amour de son ami Ryuga, quoi qu'il en coute.

-Il lui fallait des soins, et on ne pouvait pas l'emmener à l'hôpital. Alors je lui ait dit que je revenais, et j'ai foncé chez un contact médecin. Je n'ai pas été assez rapide, Miya. Le temps que je revienne, ils étaient déjà passé, et ils avaient emmené Ryuga. Et aussi le rideau de douche, probablement pour l'enrouler dedans.

Il n'ajoute pas de "Si j'avais été plus rapide..." ou quoi que ce soit d'autre. Il n'en a pas besoin. Sa culpabilité silencieuse est mille fois plus éloquente.

-C'est pour ça que je vous dis qu'il n'est peut-être pas mort : Ils n'ont pas prit la peine de nettoyer la chambre. Pourquoi l'auraient-ils emmené s'il avait été mort à leur arrivée? Pourquoi en laissant tout ça derrière eux?

D'un coup de menton, il désigne la boîte et le reste de son contenu, que la jeune fille n'a pas encore remarqué. Enfin, il se décide à répondre à la question de Miya.

-Je n'ai pas l'intention de jouer avec vos sentiments. Pas une seconde. Ryuga est mon ami, et il m'a dit que s'il lui arrivait quelque chose, je devais venir vous voir. Vous dire qu'il vous aimait, et qu'il était désolé. Rien de plus. Pas de trémolos, pas de longs discours. Nous savons tous les deux que ce n'est pas son genre. Il a dit que je devais m'assurer que vous vous en sortiez bien... Mais que si il mourrait, il se faisait plus de soucis pour ma carcasse que pour la votre. Je ne sais pas pourquoi il a dit ça.

Un sourire mélancolique est passé sur ses lèvres, au moment de prononcer ces derniers paroles. Une petite improvisation hors planning, basée sur la pugnacité de la jeune fille. Elle a noté qu'il prend bien soin de ne pas parler de Ryuga au passé. Mais son effort est trop  laborieux pour être efficace.

-Comme je l'ai dit, il n'est peut être en vie. Il reste un endroit où je peux encore le chercher. Mais c'est un endroit très dangereux... Je déteste autant que vous cette incertitude, Miya. Si j'avais pu prendre ce risque, j'aurais attendu de l'avoir dissipée pour venir vous voir. Mais il fallait que je vous donne cette boîte.

Autrement dit : Cela ne pouvait pas attendre, car il y a de bonnes chances que je sois moi même bientôt mort. Mais il laisse Miya le déduire par elle même.

Il se détourne, et revient s'assoir face au volant.

-Voila, Miya. Ryuga vous aime, et il est désolé. Cette boîte est pour vous, et vous pouvez sortir de cette voiture. Je vous enverrai de l'argent.

Il se tait enfin, en sachant très bien qu'il laisse de nombreuses questions sans réponses. Il s'est montré très prudent, il n'a révélé aucun nom, aucun lieu précis. Pas même la plus petite indication sur la nature de ses ennemis.

Il appuie sur le bouton de déverrouillage des portières. Une invitation à descendre, même s'il sait pertinemment qu'elle n'en fera rien.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le mardi 09 février 2010, 15:57:43
Tokyo ? Mais qu'est-ce qu'il aurait été faire là-bas, sans même la prévenir, sans même l'amener avec lui ? Il sait qu'elle l'aurait suivi au bout du monde, et tout plaqué pour rester avec lui... Ils n'avaient presque aucun secret l'un pour l'autre -elle évitait toujours de trop parler de son passé, de son ancienne vie- et elle l'aurait su, s'il n'était pas qu'un simple flic...

Elle l'aurait su, n'est-ce pas ?

Miya se penche entre les deux sièges pour venir écraser sa cigarette. Le doute s'insinue dans son esprit comme du poison contre lequel son immortalité ne peut rien. Lorsqu'elle se cale à nouveau dans son siège, à l'arrière, elle se masse les tempes... La demi déesse repense à son désert de glace, qui fond, et les paroles de Jones résonnent dans ce vide qui se teinte peu à peu de rouge... Pire, elle imagine cette scène morbide à mesure qu'il la décrit. Son visage reste de marbre, et c'est une lutte à chaque seconde. Elle voit passer sur le visage du jeune homme l'ombre de la culpabilité. Et il continue de parler de Ryuga -s'assurer qu'elle s'en sortirait bien ? Pourquoi Ryuga aurait dit ça ?- et Miya secoue la tête, lève souvent les yeux au ciel pour s'empêcher de pleurer. Elle ne le croit pas une seule seconde, ou plutôt, elle refuse absolument que l'idée même qu'il puisse dire la vérité l'effleure.

Il est peut-être en vie... Un endroit dangereux... Il vous aime, il est désolé.

Elle a vu Jones s'installer correctement dans son siège, déverrouiller les portes. Miya se penche en avant, ses mains se serrent autour de ses tempes. Son regard dévie bien malgré elle vers la boîte, à nouveau. Et contrairement à ce que EJ pensait, Miya sort de la voiture, même si elle ne fait que s'appuyer sur la portière dès qu'elle l'a claquée. Ses poings se serrent sur ses yeux, et elle étouffe les cris de détresse qui lui tordent la gorge.

Tout ceci n'est qu'un cauchemar... Et je n'arrive juste pas à me réveiller...

L'immortelle finit par se demander si elle doit le croire - mais pourquoi lui aurait-il menti ? Son désert de glace qu'elle imagine chaque jour ne lui fait pas le moindre effet, et Miya a la possibilité d'avoir une preuve tangible... Peut-être même de revoir son amant, après presque un an sans la moindre nouvelle. Miya pleure quelques secondes, le visage tourné vers le ciel, et fait le tour de la voiture pour venir s'installer sur le siège passager, à la gauche de Jones. Elle regarde droit devant elle, croise ses longues jambes - il peut voir la silhouette du fourreau et de la dague sur sa cuisse droite.

- Dites-moi, Jones-san... Si je devais croire votre histoire, vous seriez avec Ryuga depuis un peu plus de dix mois... Sur quoi travailliez-vous au point qu'il n'ait jamais pu me donner la moindre nouvelle ? Je veux dire... Tokyo est à quoi, trois heures en train ? J'aurai très bien pu faire l'aller retour dans la journée pour qu'on se voit. Et je serai aussi très curieuse de savoir ce qu'il a pu vous dire sur moi...

Sa voix n'est qu'un souffle tremblant. Intérieurement, Miya espère qu'il fasse une erreur, même infime. Parce qu'elle ne veut croire, ni imaginer se retrouver face au cadavre de son amant.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le mardi 09 février 2010, 16:29:40
Sans hâte, Jones tourne la tête vers Miya. Il n'a pas cru qu'elle allait partir. Pas une seconde.

-Tout d'abord, je ne suis pas avec Ryuga depuis plus d'un mois. Ce qu'il a fait avant, il a refusé de me le dire. Il était devenu réellement paranoïaque, et il avait ses raisons.

Il parle d'une voix patiente, apaisante. Parce qu'il veut la soulager du plus de peine possible, et parce que cette dague lui fait extrêmement peur. Il se souvient de Sibylle, sur la plage... Peut-être que les deux filles ont un lien quelconque? Il n'espère pas, car Sibylle est folle à lier.

-Pourquoi il ne vous a rien dit? La même raison qu'il avait de me laisser dans le brouillard, je suppose, et la même raison que j'ai de ne rien vous dire de plus. Il voulait vous protéger. Plus que n'importe quoi d'autre. Vous devez comprendre qu'il s'attaquait à quelque chose qui aurait pu vous bouffer toute crue, Miya. Si vous aviez été mise en danger, il ne se le serrait pas pardonné.

Il a dit cela en la regardant droit dans les yeux. Cet aspect de Ryuga, il le comprend et le respecte. Peut importe ce que Miya peut bien penser.

-Vous savez, moi non plus je n'ai rien dit à ma femme.

Une lueur de défi traverse son regard, avant de disparaître aussitôt. Il reste une question à laquelle il doit répondre. Ensuite, peut-être, il sera libre d'aller se faire tuer pour sauver son ami Ryuga.

-Je suis désolé, mais il n'a pas beaucoup parlé de vous. Seulement une fois, pendant une planque. Il m'a dit comment vous trouver, et ce que je devais faire s'il lui arrivait quelque chose. Cela, je vous l'ai déjà dit. Vous savez aussi bien que moi qu'il n'est pas du genre à s'épancher sur ses problèmes de cœur. Pas même auprès d'un ami.

Il la fixe droit dans les yeux, déterminé. Encore une question, où je peux me mettre en route?
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le mardi 09 février 2010, 19:56:29
(HJ : désolée, c'est court  ::) je ferai mieux la prochaine fois, promis ^^ )

La voix de Jones est douce et... un brin apaisante. La respiration de Miya se calme, comme pour s'accorder avec son ton. Et puis, Jones fait une erreur, l'erreur que la demi déesse amoureuse attendait. Elle se laisse aller contre le dossier du siège, lève un peu la tête, et tout dans son attitude peut laisser croire qu'elle s'est enfin résignée à croire à l'histoire du jeune homme, couronné d'un soupir qui pourrait avoir une sacrée touche mélo-dramatique.

Miya aimerait pleurer de soulagement. Il est vrai qu'elle ignore encore si Ryuga est mort ou vivant, et où il peut être, et s'il l'aime encore, même. Pourtant, là, elle est sûre que Jones ne lui a jamais parlé, ou qu'il n'a pas passé un mois avec lui comme il le prétend. Parce que Ryuga savait qu'il était inutile de protéger Miya. Elle ferme les yeux et pousse un nouveau soupir. Le soulagement est tel qu'elle oublie qu'elle voudrait sortir sa dague et "s'amuser" un peu avec Jones, qui a eu l'audace d'utiliser ses sentiments envers Ryuga pour...

Pourquoi d'ailleurs ? Miya tourne la tête et le regarde, droit dans les yeux, à la faible clarté des réverbères. Ils s'observent quelques secondes et elle finit par demander :

- Et vous attendez quoi de moi, au final ? (Elle a un petit sourire moqueur, pourtant teinté de tristesse.) Que je fonce vers ce danger duquel il voulait me protéger ? Dans cette tenue ?
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le mardi 09 février 2010, 20:51:50
(Aucun problème avec les posts courts, loin de là ^^)

Une expression de surprise sur les traits du jeune homme.

-Certainement pas, Miya. Je ne veux rien de vous. D'ailleurs, si vous n'avez plus de questions, vous feriez mieux de retourner au bar avant que votre absence ne soit remarquée. J'ai fait attention, mais si quelqu'un nous repère, vous pourriez être en danger.

Érogène Jones n'est pas un idiot, et il est parfaitement capable de se rendre compte quand une femme le mène en bateau. Du moins quand elle est autant submergée par ses sentiments que ne l'est Miya. C'est une des raisons de toutes ses provocations. La chemise, le sang, tout le reste. Il voulait lui faire suffisamment mal pouvoir lire dans ses yeux si elle croyait ou non à son histoire. Et elle n'y croit pas. C'est une catastrophe, mais cela ne change rien à son plan. Il faut continuer dans le mensonge, et essayer de repérer ce qui la dérange dans son récit. Car c'est forcément un élément qui cloche, il est convaincu que son jeu est parfait.

Le jeune homme répond à son sourire, avec la même mélancolie.

-Inutile trop vous inquiéter tout de même. Ryuga avait surtout peur que vous ne soyez utilisée comme moyen de pression contre lui. Si vous ne faîtes rien d'insensé, je pense qu'ils vous laisseront tranquille.

Il la regarde un instant avec pitié.

-Vous lui manquiez, vous savez. Vous devez lui en vouloir de vous avoir mit à l'écart. C'est parfaitement naturel. Moi aussi je suis en colère après lui...

Il a l'air de savoir qu'elle sera bientôt partie, et il se force à vider son sac, à lui dire ce qu'il faut pour qu'ils puissent se séparer sans regrets.

-Cet idiot était très secret. Je vous mentirais si je vous disais que je comprenais toujours ce qu'il voulait, pourquoi il le voulait... Mais je peux vous dire une chose : En ce qui vous concerne, Miya, il avait toujours les meilleurs intentions du monde. Il vous plaçait en toute première priorité. Toujours. Quand j'étais avec lui, je voyais bien qu'il crevait d'envie de venir vous voir. Ou au moins vous écrire un mot. Mais il savait qu'il ne pouvait pas se le permettre, et il a prit sur lui tout du long. Une force de caractère incroyable.

Il la fixe droit dans les yeux. De ce même regard brûlant qu'il avait dans le bar.

-Quand vous le reverrez, dans cette vie ou dans l'autre, ne soyez pas trop dure avec lui. S'il vous plait.

Il s'incline respectueusement, et ses lèvres restent closes. Il a déjà beaucoup parlé. Trop pour son habitude, manifestement. Il s'enferme dans son silence, et attend qu'elle sorte.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le mardi 09 février 2010, 21:50:01
Et effectivement, Érogène Jones joue son rôle à la perfection. Si seulement il avait su que Miya était immortelle, sans doute n'aurait-il commis aucune erreur, et que la demi déesse l'aurait suivi n'importe où, persuadée qu'il l'amènerait jusqu'à son amant disparu. Seulement, cet élément si important n'est connu que des deux tourtereaux... Et il est à parier que Jones n'arrive pas à lui arracher son secret... Miya abandonne le soulagement, et son regard se refroidit à mesure qu'il persiste dans son mensonge. Jones n'a pas idée du jeu auquel il joue. Énerver la jeune femme est la pire chose à faire ; jouer avec ses sentiments l'est davantage. Miya plonge la main dans une fausse poche de sa robe, et d'un mouvement vif, saisit sa dague, et l'arrête entre les deux yeux de son interlocuteur. Étrange sourire sur ses lèvres, froid. L'éclat doré réapparaît dans son œil droit pour disparaître aussitôt.

- Jones-san. Je vous prierai d'arrêter de parler de Ryuga comme si vous le connaissiez. Je me rends bien compte que ce n'est absolument pas le cas. Au moins, arrêtez de faire comme s'il vous avait parlé de moi. Il me connaissait suffisamment pour savoir...

... que je ne craignais pas la torture, encore moins de mourir. Imbécile. Ca a failli lui échapper. Elle secoue la tête et soupire :

- Je ne lui en veux pas le moins du monde, contrairement à ce que vous croyez.

Menteuse ! Les premiers jours, elle était persuadée qu'il l'avait abandonnée, qu'il était peut-être reparti à ses vieilles histoires de flirts d'un soir... Qu'il avait fini par se lasser d'elle ! Elle, Miya, la magnifique (et modeste, hein -_-) qui se tuait chaque jour pour paraître chaque fois plus belle et plus désirable, rien que pour lui ! Elle l'avait maudit, à travers ses larmes, un nombre incalculable de fois ! Mais c'était la colère du début... L'absence de toute trace paraissait si suspecte qu'elle avait fini par se persuader qu'il n'avait pas eu le choix mais de la à être en mission secrète, sans pouvoir lui envoyer le moindre message... Non, ça, c'était trop. Si Ryuga avait été vivant, il le lui aurait fait savoir, même si sa vie était en danger. Parce qu'il devait savoir que Miya aurait pu le soutenir envers et contre tout. Et qu'à force d'avoir côtoyé des lionnes dans son enfance, elle était devenue aussi protectrice que ces fauves. La demi déesse soutient encore quelques secondes le regard brulant de Jones, et finit par ramener la lame de son poignard le long de son avant bras.

- Je crois que nous en avons fini ? Ou vous allez finir par être un tant soit peu honnête ?
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le mardi 09 février 2010, 22:39:22
Jones secoue lentement la tête, l'air déçu et perplexe.

-Le déni n'est pas la plus intelligente des réactions, Miya.

Alors ça, il ne l'a pas vu venir. Pas une seconde. Lorsque sa proie inoffensive a sortit ses griffes et a brandit son poignard entre ses deux yeux, il a bien cru que sa dernière heure était venue. Elle aurait pu le tuer. Avec le recul, elle aurait du... A présent, elle le cloue de son regard doré qui lui donne des frissons dans l'échine. Du sang froid, Jones. Je ne veux pas te voir ciller. Il faut que tu réfléchisses, c'est ta vie qui en dépend.

Elle rejette son histoire en bloc, avec cette même certitude... Mais qu'est-ce qui cloche, bon sang? Qu'est-ce qui peut bien te rendre si sure que je ne connais pas Ryuga? Tout ce que je t'ai dit sur lui, je l'ai pioché dans du renseignement de première main. Pablo le connait, il m'a tout dit sur lui, et j'ai décrypté toute sa vie administrative, ses rapports, les appréciations de ses supérieurs... Même un bilan psychologique après la mort de son père. Dis moi, Miya, qu'est-ce que j'ai bien pu rater? Et toi, tigresse, qui es tu en réalité? J'ai toujours su que tu avais de la ressource, c'est pour cela que je t'ai choisit. Un passé trouble dans le monde du spectacle, une vie décousue sous les radars de la société... Mais un poignard? Vraiment?

Il soutient son regard, l'œil plus ardent que jamais.

-Si vous voulez vous voiler la face, c'est votre problème. Je vous ai dit ce que j'avais à dire, et je vous ai donné la boîte. Si quelque chose ne vous parait pas compréhensible, je peux peut-être vous l'expliquer. Mais je vous en prie, épargnez moi votre crise d'hystérie.

Il hésite un instant à tenter de la désarmer. Dans un environnement aussi confiné, il a peut-être sa chance après tout... Mais il ne connait pas ses talents de combat et de quelles autres armes elle dispose. Autant jouer jusqu'au bout. L'idée de mourir menteur ne l'a jamais dérangée.

-Écoutez, si vous voulez me tuer, allez-y. S'il existe encore une chance de sauver Ryuga vous la détruirez à jamais. Je n'ai pas peur de la mort, Miya. Pas de vos mains. Tout ce que je vous demande s'est de rentrer au bar et de faire profil bas.

Sa passion a une faille, car il ment sur un point : il a peur de la mort. Et c'est un mensonge dans le mensonge... Alors qu'il la défie du regard, Jones a tout le temps d'imaginer l'acier déchirer sa gorge. Et en réalité, une part autodestructrice de lui même brûle d'envie qu'elle le fasse. Il s'agit seulement de lui donner un ascendant, d'essayer de l'amadouer... Dans le reste, il a mit toutes ses tripes, tout le poids de son talent transcendé en une conviction sans faille. Il martèle les mots juste au bon rythme, et juste avec la bonne intensité. S'il s'en sort, il pourra repenser à cette tirade comme l'un de ses chefs d'œuvre. S'il s'en sort...

Fais le, Miya. Égorge l'agneau apeuré. Ma main est prête à bloquer ta lame, et à t'entraîner dans un combat qui me sera surement fatal. Fais le. Et son regard dit : ne le fais pas.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le mercredi 10 février 2010, 00:21:49
Mais Miya ne le tuera pas. (parce que la joueuse adore le perso de Jones XD) Parce qu'après tout, elle ne voit pas quelle fierté elle pourrait en tirer. Après tout, il ne lui a pas fait "tant" de mal que ça, avec du recul. Elle ne décolle pas son regard du sien, et elle l'écoute à peine.

- Je ne me voile pas la face, Jones-san. Je ne suis qu'une amante désespérée qui attend un signe de l'homme de sa vie. Des tas de gens n'ont cessé de me dire d'abandonner tout espoir de le revoir en vie. Pourtant, l'espoir est la seule chose qu'il me reste.

Elle baisse les yeux, sa voix s'est légèrement éteinte. Au contraire de son interlocuteur, elle est honnête sur ce point. Après avoir suivi des yeux les lignes de la lame, elle finit par poser la dague à côté d'elle, et rallume une cigarette. Une longue minute s'écoule avant qu'elle ne se retourne vers Jones pour plonger dans son regard dans le sien. Un filet de fumée plus tard, elle s'autorise un sourire.

- Je n'ai pas l'intention de vous tuer. Il n'y a aucun intérêt dans un simple meurtre.

Comprend ce que tu veux, Jones, si c'est là ton véritable nom. Mais si tu continues à m'agacer c'est toi qui finira par me supplier de te tuer. Ce n'est pas parce que je fais joujou avec une dague que je vais simplement te trancher la gorge ou te l'enfoncer dans le coeur. C'est trop rapide. Je te ferai goûter la souffrance, la même que celle dans laquelle tu m'as fait mijoter en me parlant de Ryuga.

- Je ne pense pas que sauver Ryuga dépende une seule seconde de vous. Cessez donc de vous donner tant d'importance. Je ne vais pas non plus changer mes habitudes parce que... (elle hésite quelques secondes sur le mot à employer.) disons, un fou, a décidé que je devais soudain me sentir aussi traquée qu'il pouvait croire l'être. (Elle écrase sa cigarette à moitié consumée et reprend sa dague pour la ranger dans son fourreau.) ... Allez-vous enfin me dire ce que vous voulez, ou bien nous disons-nous adieu ?

Elle pose une main sur la poignée pour ouvrir la porte, un sourcil légèrement arqué. Elle a une ébauche de sourire et murmure :

- A moins que vous n'ayez l'amabilité de me déposer... ?

C'est ta dernière chance. Ne la gâche pas en continuant à me parler de Ryuga. Je pourrais non pas avoir envie de te tuer, mais te faire passer l'envie de revenir me tourmenter... Et personne ne te croira, quand tu diras à qui veut l'entendre que je suis un monstre.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le mercredi 10 février 2010, 02:05:19
-Miya, vous êtes ridicule.

Il a dit cela d'un ton cinglant, incisif. Pendant qu'elle le tournait en dérision, il l'a observé, sans bouger le moindre cil. Les muscles de sont visage se sont raidit, et son regard s'est injecté d'une hargne teinté d'indignation. Le déni n'excuse pas tout, disent à présent ses yeux accusateurs. Il y a des choses dont on ne rit pas. Ryuga et moi avons risqué nos vie, et il a peut-être même fait plus que cela. Personne n'a le droit de se moquer. Pas même toi, Miya.

Ils se fixent en silence, comme deux dangereux serpents qui se préparent à frapper. Jones ne baisse pas les yeux, malgré tous les anneaux dorés de la terre. Et même si elle ne peut pas le savoir, son dos est trempé d'une sueur glacée.

Mais soudain, il semble se souvenir d'où il est, et avec qui. La colère quitte lentement son visage.

-Je... je suis désolé. Ce n'est pas votre faute.

Le jeune homme détourne enfin la tête. Il semble triste, honteux de s'être emporté. Lorsqu'il revient enfin à elle, son regard est chargé d'une pitié sans borne pour cette pauvre fille qui refuse de voir la vérité, au point de s'inventer toute sorte de choses. Mais qui es-t-il pour la juger? Pour lui en vouloir? Je regrette réellement de vous faire subir tout ça, Miya. Je n'aurais peut-être pas du venir...

Jones est totalement prit par son propre jeu. L'idée de céder, de dévoiler sa main à Miya pour s'entendre entre personnes civilisées ne lui a même pas traversée l'esprit. Cette fille est folle, et il ne pourra pas négocier avec elle. Qu'est-ce qu'elle a dit? "Il n'y a aucun intérêt dans le simple meurtre." . Il a mal fait son travail, il l'a mal jugée. Cette proie ne correspond pas aux critères... A présent les seules options sont de retirer ses billes, et de faire le maximum pour trouver une lanterne rose dans les deux jours qui lui restent, ou bien de s'accrocher au plan, et de sortir d'ici avec un ascendant sur elle. Elle est trop sure d'elle. Il est convaincu que son histoire est  suffisamment délirante pour être crédible, et que la grande certitude de Miya ne repose que sur un infime détail, auquel elle se raccroche de toutes ses forces. S'il parvient à trouver lequel, il pourra peut-être le tordre, faire rentrer cette pièce tordue dans le puzzle. Et alors, la partie sera gagnée...

Tout à son personnage, il poursuit sur le même ton éteint.

-Je ne peux pas vous raccompagner, désolé. Mais vous devriez prendre la boîte. Si un jour vous décidez d'accepter la vérité, vous pourrez toujours faire analyser le sang. Ou vérifier s'il y avait bien un Jones dans la promotion de Ryuga...

Du pur bluff. Même si le sang correspond au groupe sanguin de Ryuga, pour rallonger toute analyse de ce genre, et qu'il peut passer quelques coups de fils pour bidouiller les archives de l'école de police, il sait bien que sa couverture est pleine de trou, et que si Miya s'y met sérieusement, il lui faudra moins d'une semaine pour la démonter entièrement.

Pour l'instant le jeune homme la regarde d'un air inquiet.

-Mais même si vous ne me croyez pas, promettez moi de faire ces recherches avec la plus grande discrétion. Et de ne pas crier sur tous les toits que cette conversation a eut lieu. Ces gens sont dangereux. Vraiment dangereux, vous n'avez pas idée.

Il ne fait pas un geste pour la retenir. Malgré son inquiètude, il paraît même quelque peu soulagé qu'elle le libère de sa douloureuse mission.

Jones compte sur l'irritation de Miya. Il espère la pousser à bout au point de lui faire lâcher sa version de l'histoire juste pour lui rabattre le caquet... Mais si elle ne le fait pas, il espère tout de même prolonger cet entretient grâce à sa curiosité, son besoin de réponses. Quelque chose t'empêche de croire à mon histoire. Soit. Mais tu me vois sûr de moi, avec des objets ayant peut-être appartenu à ton amant. Tu vas vraiment partir sans essayer d'en apprendre davantage? Sans t'assurer qu'une partie de mon "mensonge", de ma "folie" n'est pas teintée de vérité? Es-tu vraiment si sure de toi que tu veuille fermer sa porte pour toujours? Je me suis donné du mal pour toi, Miya. Ne me déçois pas, ne choisit pas la voie de la lâcheté...

(merci pour le compliment :-[)
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le mercredi 10 février 2010, 22:04:21
Les mains de Miya se resserrent si fort sur le manche de sa dague que les articulations en deviennent blanches. Elle écoute ce qu'il a à dire. La colère monte, et parfois, il lui arrive même de grogner... Elle ne comprend pourquoi il fait ça, et lui n'a pas l'air d'avoir saisi à quel point elle pouvait être dangereuse. Sa respiration s'accélère légèrement, et ce qui devait arriver arriva.

Ces gens sont dangereux. Vraiment dangereux, vous n'avez pas idée.

Sa main droite ressort la dague tandis que la gauche vient saisir Jones par la gorge, et dans son élan, elle cogne sa tête contre la vitre. La lame tremble autant que la main qui la tient, si près, peut-être un peu trop, de l'oeil d'EJ.

- Et toi, pauvre fou ! hurle-t-elle.

Une larme roule sur sa joue. Elle serre les dents quelques secondes, à peine de quoi se calmer, que son œil lui fasse moins mal. Sa voix est un peu plus posée, teintée de cette rage à présent non contenue :

- Sais-tu seulement à quel point je peux être bien plus dangereuse que tes gus ?! Depuis tout à l'heure, tu ne cesses de torturer mes sentiments, d'essayer de réduire tous mes espoirs à néant...

Miya resserre un peu l'étreinte autour de la gorge de Jones, pas suffisamment pour qu'il manque d'être, mais avec assez de poigne pour lui prouver qu'elle peut le faire n'importe quand. Elle a légèrement avancé pour dominer l'homme de sa hauteur, autant que le permet l'espace restreint et doucement, la pointe de son arme se pose sur la joue de Jones. Son œil droit est à présent entièrement doré, il brille d'une folie meurtrière dans la nuit. Aucun intérêt dans le simple meurtre, lui a-t-elle dit. Vraiment. Pourquoi le tuer ? Les cadavres ne parlent pas.

- Parle, Jones. Tant qu'il en est encore temps.

La lame dessine un sillon carmin tandis qu'elle descend, comme si elle suivait le trait d'une larme. Elle ne le quitte pas des yeux une seule seconde.

Que vois-tu là, Jones ? Tu me pensais si fragile, si vulnérable, n'est-ce pas ? Tu croyais que j'étais une veuve éplorée sans défense ?

Miya détache la dague de la joue de Jones et pose le plat de sa lame sur son front. Elle sourit :

- Heureusement que tu n'as pas peur de la mort. Maintenant, je veux que tu me dises la vérité, rien que la vérité.

La pointe de son poignard se fait menaçante sur sa tempe droite. Nouvelle ligne rouge qui traverse son front. Au fond de son esprit, l'espoir n'est pas mort, elle veut s'accrocher au fait qu'il peut avoir connu Ryuga, au moins ça. Qu'il pourrait la mener à lui. Mais pourquoi ne pas lui présenter les choses ainsi ? Pourquoi il n'est pas venue la voir pour lui dire seulement : "Je peux vous mener à lui, mais j'ignore s'il est encore vivant." ? Pourquoi tout ce bazar, dans cette boîte, pourquoi...

- Pourquoi avoir prétendu que Ryuga voulait absolument me préserver de tout danger ? Il savait que je ne craignais rien, ni personne. Lui, si protecteur, est tombé amoureux de la seule femme qui n'a absolument pas besoin d'être protégée.

De nouvelles larmes coulent de ses yeux si froids, sans expression, et le sang qui tombe devant les yeux de Jones doit commencer à lui brouiller la vue. Mais il ne dit rien, accentuant un peu plus la rage de la demi déesse. Sans crier gare, elle enfonce à la verticale sa lame dans l'épaule du jeune homme - mais HURLE, bon sang ! et appuie davantage sa main contre sa gorge.

- Dis-moi la vérité, gamin ! Je te tuerai des centaines de fois s'il le faut, et je te ramènerai autant de fois à la vie, mais arrête les mensonges, pour ton propre bien ! As-tu réellement vu Ryuga une seule fois dans ta misérable vie de mortel ? Mais qu'attends-tu de moi !

Et elle tourne le couteau dans l'épaule.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le jeudi 11 février 2010, 17:08:10
Cette fois, le jeune homme ne peut réprimer un cris de douleur. Il soutient son regard d'un œil injecté de sang, et lâche entre ses dents serrées :

-Vous êtes folle. Vous êtes complètement folle.

Pour la première fois depuis le début de leur entretient, il pense avoir dit la vérité.

Jones a été entrainé à résister à la torture. Répéter toujours la même chose, son nom, son matricule, sa date de naissance... Il se souvient de la fois où du "personnel de sécurité" de Monsanto l'a capturé dans un de leurs laboratoires. Le sol humide, la lumière crue lorsque le gardien ouvre la porte. Ils l'ont laissé croupir pendant deux jours avant de venir le chercher, et se souvient avoir mit ce temps à profits pour ériger des barrières, des défenses mentales contre l'interrogatoire qui, il le savait, ne manquerait pas d'arriver. Comme un oignon, Jones. Il faut que tu sépare la vérité en couches, et que les donnes en pâture à tes interrogateurs. Il souvient de son plan, d'abord s'accrocher à sa couverture, je fais partie du personnel de maintenance, on m'a appelé pour l'ascenseur du bâtiment 7. Ensuite, il reconnaitrait avoir été payé par un homme louche pour aller poser un micro, rien de plus monsieur, je vous le promet. Je ne suis qu'un lycéen qui voulait se faire de la thune... Ensuite, il avouerait avoir déjà travaillé pour Hosaka. Mais rien qu'une fois ou deux... Et ainsi de suite, puis ils s'arrêterait, en espérant les avoir convaincu d'avoir pelé la dernière couche, et peut-être avoir une chance de sauver le noyaux, la pépite qu'ils allaient chercher à lui arracher... Mushida, Karenson, De Silsky... Toutes les taupes placées par Hosaka, et dont la vie ne tenait qu'à un fil. Le fil de son silence. Quoi qu'ils lui fassent il devait tout faire pour ne pas les trahir.

Ils étaient venu, et ils l'avaient trainés dans cette pièce aux murs verts pâles. Lumière électrique qui lui brûlait les yeux. Et ils avaient commencé à le frapper, sans lui poser la moindre question. Il lui avait fallu du temps pour réaliser qu'ils savaient déjà tout. Que Mushida et Karenson étaient morts, que De Silsky les avait tous vendus.

Ils l'avaient réduit en miettes. Consciencieusement, doigt par doigt, membre par membre. Ce type, un russe, qui passait parfois sa main sur son menton avant de le frapper... Il a vécu la pire semaine de sa vie, jusqu'à ce que les arrangements d'Effy parviennent enfin à le faire libérer. Ses tortionnaires lui ont donné une tape amicale dans le dos avant de le laisser monter dans la voiture.

Mon dieu, une dague dans son épaule. Et qui tourne. Il grogne, et essaye de toute ses forces de retrouver le contrôle de sa respiration.

Elle est folle à lier. Mais il est aux anges, car il a sentit le doute dans sa voix. C'est une occasion de racheter sa souffrance, dans ces cellules humides. Les coups, les insultes. Cet interrogatoire, il sait qu'il peut le tourner à son avantage... D'un autre côté, cette fille est encore pire qu'il ne l'imaginait. Une folle dangereuse à l'ego démesuré qui s'imagine trop intouchable pour avoir besoin d'être protéger. Dans le monde d'où vient Jones, ce raisonnement n'a tout simplement pas de sens... Il faut en apprendre plus. Titiller ce nerf sensible.

-Alors c'est ça? Vous êtes vexée parce que votre copain vous a jugée trop fragile?

Il tente un rire, qui se termine en plainte déchirante, alors que Miya retourne encore une fois la lame dans sa chair. Une larme de pure douleur coule le long de sa joue.

-Miya... Je vous l'ai dit... Je... Je ne sais pas tout... Je ne peux pas vous dire quel danger exactement Ryuga croyait vous épargner... Mais vous ne comprenez pas... Ce n'est pas ce que vous craignez, qui compte... Ce qui compte c'est qu'il savait ce qu'il faisait...

La main de Jones se referme sur celle de sa tortionnaire, dans une tentative désespérée de l'empêcher de tourner de nouveau la lame dans sa chair..

-Il avait peur... Peur de vous mêler au meurtre de son père... Peur que vous de fassiez quelque chose d'insensé qui vous mènerait à votre perte... et maintenant je comprends très bien pourquoi... Arrh!...

Le souffle court, il s'emploie une fois encore à soutenir son regard, ce terrifiant cercle doré.

-Qui êtes vous pour douter de lui? Pour vous croire hors d'atteinte? Réveillez-vous, Miya, Personne n'est hors d'atteinte!

Si tu gobes mon histoire, il Sera temps de passer à l'étape suivante... Celle où tu me pose les vrais question, et où tu finis par me manger dans la main. Celle tu me supplies sans le savoir de te laisser devenir ma marionnette.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le vendredi 12 février 2010, 00:50:25
Folle ? Folle d'amour, folle de chagrin, mais non, Miya n'est pas folle au sens où Jones l'entend : "rancunière" serait sans doute un peu plus approprié... Tu t'es joué de moi, tu m'as fait mal à un tel point que je veux te voir souffrir.

Cette haine, c'est la troisième fois qu'elle l'éprouve au point que sa tête lui fait un mal de chien. La première fois, elle l'a oubliée, mais elle a vu la dépouille du cheval qui a piétiné à mort ses parents. Elle avait neuf ans, et la pauvre bête n'était même plus en état pour la boucherie.

Et puis, la seconde fois, si claire dans sa tête. Il y avait ce monstre qui souriait - peut-être n'est-ce que son imagination... Ou les deux joues tranchées dans une grimace de sourire éternel... -, et la voix du fantôme de son frère jumeau qui lui ordonnait d'arrêter. Pourtant, Miya se souvient parfaitement de la façon dont elle a crucifié sa victime - c'est quand même bien pratique, ces pistolets à piques qui servaient à planter le chapiteau du cirque... - et puis, le sang, partout. Le cœur qu'elle tient dans sa main, qui bat si fort, et qu'elle écrase sans le moindre effort... et qui se reforme dans la poitrine ouverte, ramenant par magie le clown à la vie. Le rire démentiel de Miya tandis qu'elle tranche dans la chair, qu'elle s'amuse à lui griller les entrailles. Elle l'aura torturée cinq longues heures, sous le regard terrifié de ses compagnons de voyage - Elle, Miya, l'acrobate toujours de bonne humeur, qui se bat avec une panoplie de yoyos... qui torture quelqu'un ? L'assassin de son frère, certes, mais... La torture ? Ce n'est que lorsqu'elle se rendra compte que son frère ne la supplie plus d'arrêter, qu'elle ne l'entend plus, et qu'en fait, il a tout simplement disparu, qu'elle vient de le perdre une seconde fois, qu'elle donnera le coup de grâce.

Mais là, il n'y aura personne pour m'arrêter. Ni Jhun. Ni Ryuga.

La dague tourne une nouvelle fois dans l'épaule. Comment ose-t-il ? De nouvelles larmes brouillent ses yeux, et elle gémit comme si elle souffrait autant que Jones. La main du jeune homme se referme sur son poignet meurtrier, et la pression de la main sur sa gorge se relâche peut-être légèrement. Miya baisse la tête. Et s'il avait raison ? La dague s'enfonce légèrement avant qu'elle ne la retire d'un coup sec. Elle essuie sa dague sur sa robe, et replonge les yeux dans ceux de sa victime. Un coup il prononce les mots qui manquent de la faire flancher, et tout de suite après, il ravive la flamme de la haine qu'elle a pour lui. Et puis, une idée folle lui traverse l'esprit : et si lui, là, ce Jones... avait tué son Ryuga ? Son œil droit devient entièrement doré, et la brule au point qu'elle plaque sa main et la manche du dague tout contre son visage, et à un râle de douleur. Pourtant, lorsque la brulure cesse dans son œil, il n'a pas changé de teinte, et reste de ce doré si froid. Ses larmes ont fait tombé la lentille de couleur. Regarde-moi, et dis-moi que ce regard d'or ne te fait pas peur.

Personne n'est hors d'atteinte, hein ? Tu ne pourras jamais me blesser physiquement, Jones, mais tu es en train de me détruire mentalement.

Et sans réfléchir davantage, Miya enfonce son poignard dans la cage thoracique de l'homme, jusqu'à la garde. Elle reprend le petit mot qu'il avait glissé dans ce détestable bouquet de fleurs, regarde les mots inscrits. Ah, mon amour, j'aimerai tant le croire, être sure qu'il t'ait vraiment envoyé... Miya reprend le manche de son arme, la baisse pour ouvrir entre les côtes de sa victime -regard gelé, léger sourire de plaisir- et elle retire la lame pour s'entailler jusqu'à l'ongle le bout du doigt, sans même sursauter de douleur -et pourtant, elle est douillette... Consciencieusement, et avant que la plaie ne se referme, Miya dessine un étrange symbole sur le carton et murmure :

- Je te l'ai dit, tu ne mourras pas. Ce n'est pas drôle, comme ça...

Elle le regarde, toujours avec ce sourire en coin. Et elle agit rapidement. Sa main droite plonge dans le trou qu'elle a taillé dans la chair pour saisir le cœur battant de Jones ; la main gauche colle le papier sur sa gorge. Lentement, ses blessures se referment dans un fourmillement qui pourrait soulager le jeune homme... S'il n'y avait pas cette main dans sa poitrine. Et il peut sentir ses ongles autour de son cœur. Miya semble satisfaite, et se penche vers le visage d'EJ.

- Continue à parler. Si ce que tu dis ne me plait pas, j'écrase ton cœur, et on recommencera.

Ce qu'elle fait déjà. La douleur est telle qu'il s'évanouit, et Miya lui envoie une gifle magistrale pour le réveiller.

- Tu vois ? Ça marche comme ça.

Miya va même pousser le vice à lui tendre sa dague  :

- Veux-tu vérifier à quel point je me moque du danger ? N'oublie pas que j'ai ton cœur dans la main. (Elle fait une pause, et peut-être que l'éclat de ses yeux d'or se ternisse légèrement.) Je ne doute pas de Ryuga. Pas un seul instant. Je suis t'interdis de le prétendre. Quoi qu'il arrive, il savait qu'il aurait pu m'en parler, et que jamais je ne l'aurai trahi. Trouve autre chose, Jones.

Sa main se serre sur la lame qu'elle tient, et un mince filet de sang coule entre ses doigts. Pourtant, si Jones prend l'arme, il n'y aura aucune plaie ouverte, ni même la moindre trace d'une cicatrice.
Sans doute n'aurait-elle jamais trahi l'homme qu'elle aimait... Mais la situation présente prouvait bien qu'elle était parfaitement incapable d'avoir des idées censées dans ce genre de situation, et... Miya tremble. Dieu, elle se rend compte que ce qu'à dit Jones pourrait se tenir, et elle baisse les yeux. Et puis, peut-être que Ryuga l'a tenue à l'écart parce qu'elle était sa faiblesse ? Allons, Jones, je t'ai suffisamment fait mal pour voir si ta version des faits est vraie... Si la douleur ne va pas te faire changer ton mensonge... Parce que c'est un mensonge, je t'en supplie, ne me dis pas que ma bêtise est en train de nous faire perdre un temps si précieux...
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le samedi 20 février 2010, 13:01:08
Une douleur insupportable qui le traverse de part en part. Jones contemple, incrédule, ce bras plongé dans sa poitrine. Il peut ressentir chaque doigt de Miya posé sur son coeur, et chaque battement le met au supplice... Jones a suivit des cours d'anatomie, de vulgarisation médicale. Et il est raisonnablement sûr qu'à l'heure actuelle, il devrait être mort ou au moins dans les vapes. Cette souffrance... Le russe et sa clique peuvent aller ce rhabiller...

Cette pensée lui arrache presque un petit sourire. Cette situation est tout simplement impossible, et son cerveau est saturé de douleur, incapable de penser. Mais Jones, comme tous les grands acteurs a son rôle greffé à ses tripes. Comme tous ceux qui ont été entraînés à la torture, il sait s'y raccrocher même lorsqu'il ne peux plus y penser, même au delà des limites de la raison...

-Qu'est-ce... qu'est-ce que vous êtes?

Il la contemple, et son regard n'est qu'incrédulité mêlée de souffrance pure. Naturellement, Miya ne répond pas et se contente d'accentuer la pression sur son cœur. Elle est obligée de le gifler de nouveau pour le ranimer. Pas une seule seconde il n'envisage d'attraper cette dague qu'elle lui tend. Ce que cette femme lui fait n'est pas naturel, et le papier qu'elle a collé sur sa gorge le terrifie encore plus que son terrible regard... Des larmes de douleurs roulent le long de ses joues, alors qu'il la sent trembler. Sa platine, sa merveilleuse platine qui bondit en avant et prend le relais. En s'entendant parler, il réalise qu'au fond de lui, il sait avoir une chance. Une chance infime de sauver sa peau. Comme s'il en avait quelque chose à faire à présent...

-Vous... vous êtes une idiote...

Il ne sait pas s'il lutte pour sa survie, ou si c'est son orgueil de professionnel qui parle pour lui. Probablement un peu des deux. Probablement. Ce genre de pensée le détache du regard doré et de la main dans sa poitrine, et l'incite à continuer. Sa merveilleuse platine...

-La loyauté... La trahison... Mais ça n'a rien à voir là dedans!... Vous ne comprenez donc pas?... Vous vous moquez du danger, vous êtes prête à tout sacrifier, à souffrir pour Ryuga... Je... je sais que vous pouvez souffrir, Miya...

Oh oui, tu peux souffrir... Je le vois dans chaque parcelle de ton visage. Cette souffrance absolue qui vaut bien la mienne, et que j'attise sans le moindre scrupule. Et tu l'as bien mérité.

-Je ne sais pas ce que vous êtes... Probablement très dangereuse... Mais si Ryuga savait pour vous, alors il a jugé ses ennemis plus dangereux encore... Comment est-ce qu'il faut que je vous le dise, Merde!

Sa voix s'éraille avec un art consommé. Il hurle presque.

-Arrrh!... C'était... C'était sa mission... Sa responsabilité... le meurtre de son père... Il ne voulait pas... Il pensait... Il ne se donnait pas le droit de vous mettre en danger, bordel! Comment pouvez-vous connaître Ryuga et ne pas comprendre ça!

Cette fois, il hurle complètement.

-Vous n'êtes qu'une malade hystérique! Je... qu'est-ce que je dois vous dire, encore? Laissez moi crever, qu'on en finisse! Laissez-moi crever!

Dans son regard, la hargne et la résignation, déchirées par la douleur. Il pleure, et plus seulement à cause de sa blessure. Je suis Jones le loyal inspecteur, et cette colère est celle de celui qui va mourir pour rien. Je ne vous pardonnerai jamais, Miya.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le lundi 22 février 2010, 22:42:47
Et Jones ne peut pas savoir à quel point Miya souffre, du moins le croit-elle. Pas de ce qu'elle lui fait, ça non ! Bien au contraire, il est une sorte de défouloir qu'elle a bien l'intention de laisser en tous petits morceaux. Non, je parle de cette souffrance qui lui tord le coeur, qui la rend ivre de chagrin... Comme un deuil qu'elle n'arrive pas à faire. Oh oui, elle souffre chaque minute qui la tient si éloignée de son amant, dans cette incertitude de le savoir mort ou vif. Et comme à son époque, Miya n'arrive pas à passer à autre chose, et pire : elle entretient et se complait dans sa souffrance. Tout comme son oeil gauche doré est la punition, sans doute inconsciente, qu'elle s'inflige, comme si elle s'interdisait d'oublier ce qu'elle avait fait à celle qui a tué son frère jumeau... Pour Ryuga, ce n'est rien d'autre que la dague dont elle tient la lame dans sa main gauche, qui lui écorche les doigts, et qui chaque soir, trouve fourreau dans sa poitrine, dans un espoir vain et insensé d'assourdir la douleur de son coeur.

- Je ne sais pas ce que vous êtes... Probablement très dangereuse... Mais si Ryuga savait pour vous...

Miya entend à peine la suite. Son regard doré perd de l'éclat, et son coeur meurtri fait un bond dans sa poitrine. Les hurlements de Jones n'arrivent même pas à la satisfaire pour le coup. Elle baisse la tête, les yeux équarquillés sous la douleur, et de nouvelles larmes envahissent son champ de vision.

Mais si Ryuga savait pour vous...

Elle n'a jamais eu le moindre secret pour Ryuga... Sauf, justement... Elle a toujours cherché à le préserver de ce côté sombre de sa personne. Elle n'a jamais eu le courage de lui avouer qu'elle avait été, deux fois par le passé, le genre de monstre qu'il chassait. Comment aurait-il pu imaginer, une seule seconde, que sa demi déesse, si amoureuse, si douce, puisse être si cruelle ?

Mais si Ryuga savait pour vous...

Miya arrache d'un coup sec sa main de la poitrine de Jones. Une main tremblante. Jones s'évanouit à nouveau, la plaie se referme lentement. Pourtant, cette fois, elle ne le réveillera pas. Petite boule de douleur pure qui se roule en boule sur son siège.

Mais si Ryuga savait pour vous...
Et je viens de détruire la seule personne qui pouvait m'aider à le retrouver. Le seul qui partait pour le sauver, et...

Elle hurle, elle pleure, son corps secoué par de violents spasmes. Son oeil droit retrouve son éclat azur, la dague se plante dans le sol de la voiture. Miya entoure ses jambes repliées de ses bras, et telle une gamine, se balance d'avant en arrière, et récite comme une litanie "Mais qu'est-ce que j'ai fait..?"

Lorsque Jones se réveillera, il pourra se demander si tout ceci n'était pas un rêve, tant il se sent étrangement bien, particulièrement en forme... Mais tout le sang qui macule les restes de sa chemise, et les mains de Miya, ne tromperont pas. Pourtant, aucune cicatrice -même celles qu'il avait avant auront disparues... Et devant lui, le triste spectacle de la demi déesse dévastée par l'énormité de ses actes envers le seul homme qui, elle en est à présent persuadée, peut l'amener jusqu'à son amant pour le sauver.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le vendredi 26 février 2010, 23:49:07
Le sommeil de Jones est sans lumières, sans rêves, sans consistance. Son esprit a lâché prise et s'est décroché de son corps. Il plane au dessus de sa tête, juste le temps de se convaincre qu'elle est de nouveau habitable et que cette douleur fulgurante qui lui a déchiré la poitrine s'est décidé à s'en aller. Chaire arrachée, sternum perforé, une bonne dizaine de côtes brisés... Avec un détachement artificiel, le jeune homme songe que son esprit manque de lucidité : Il n'est pas concevable de survivre à une blessure pareille, pas sans soins d'urgence. Et selon les circonstances de son évanouissement, déclare le fin analyste, des soins sont plus qu'improbable.

Mais il réalise soudain que s'il est capable de penser, et manifestement de raisonner. Et si c'est le cas, indéniablement, alors il n'est pas inconscient du tout. Merde. Son esprit se tend vers ses sens, près à se rétracter (en vain, il le sait) au moindre signe de douleur. Doucement, Jones, tu n'as aucune raison rationnelle de brusquer les choses. D'ailleurs, dans ton état mental actuel, le temps est une abstraction. Hochement de tête collégial.

Mais rien. Pas de douleur.

Seulement sa respiration régulière, le contact de sa joue sur une surface lisse et froide. Une vitre de la voiture. Un goût de métal dans la bouche, et, bien plus tard, le bruit de la pluie qui s'abat sur le toit. Un bruit en partie couvert par un autre qu'il ne comprend pas. Ah, si. La voix d'une jeune fille.

-Mais qu'est-ce que j'ai fait?...

Alors il se réveille, mais ne bouge pas. D'après Effy, le réveil est un moment très dangereux. C'est le moment où le masque n'est pas ajusté, où les menteurs se trahissent. Un esprit embrumé qui a connu trop d'identités et ne sait plus laquelle vêtir alors qu'il se hisse à la conscience, sous le regard attentif de la proie de la veille. Voilà ce qui causera un jour ta perte, Jones, si tu ne fais pas ce que je dis. Oui, Effy.

Alors il suit sa leçon, et ne remue pas d'un cil. Attention à la respiration, Jones, pas d'accoup, pas de changement de rythme avant d'avoir fait le point et retrouvé tes repaires. Ne lutte pas, laisse simplement tes souvenirs remonter à la surface et se ranger par ordre chronologique. Ton cerveau fais cela très bien tout seul, Jones... Le bar... Une chanson, Ando... Une voiture, une enveloppe avec dedans un plan annoté qui est suivit par d'autres, accompagné de fiches, de rapports concernant Ryuga... Lumière du jour sur son visage, alors qu'il se rase tranquillement, en pensant à Miya. Miya. Miya qui est assise dans la voiture, et qui gémit avec douleur. Miya sa proie qui ne l'est pas vraiment. Miya la lanterne rose... Mais surtout Miya le monstre, et le bras planté dans sa poitrine. Paroles décousues, déchirantes... Larmes de douleur alors que sa main tremble et que son regard se dérobe. Alors qu'elle commence enfin à croire à son histoire...

Lentement, Jones ouvre les yeux. Miya n'est plus que la petite fille recroquevillée sur la banquette arrière. Il se refuse à faire l'erreur de la trouver moins dangereuse. Mais au fond, cela ne change absolument rien.

-Vous allez me laisser partir?

Rien que du très naturel. Après tout, quoi qu'il décide de faire cette question se doit d'être posée. Cependant, il sait déjà qu'il ne partira pas. Pas s'il découvre, comme il le soupçonne, qu'il a dompté le monstre et l'a mit sous sa coupe. Pas si, contre toute attente, la partie est gagnée... Son esprit embué se rend compte de sa propre irrationalité. Peut-être est-elle due au souvenir de la douleur, qui tranche avec son corps si... vivant. Si étrangement débordant d'énergie. Mais encore une fois, cela n'a pas d'importance.

Le regard de Jones le policier, l'ami de Ryuga. Un beau jeune homme courageux qui ne sait pas ce qu'il doit croire, ni s'il est finalement sortit d'affaire. Répondez-moi, Miya.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le dimanche 28 février 2010, 00:26:21
Miya s'est enfermée dans sa bulle de douleur. Le monde autour d'elle n'existe plus. Car au-delà de l'image qu'elle pouvait donner, de la demi-déesse à la confiance en elle démesurée, elle reste avant tout une jeune femme qui a un besoin obsessionnel d'affection. Et ce désir permanent avait été plus que comblé par l'inspecteur de son cœur, puis si brusquement arraché qu'elle était à présent complètement perdue, au point qu'il ne lui restait réellement que l'espoir de le revoir, la mascarade qu'elle jouait au bar, et qu'elle s'y accrochait de toutes ses forces.

Et parce qu'elle avait les nerfs à fleur de peau, parce qu'elle était facilement irritable, et que par-dessus tout, elle ne supportait pas qu'on se moque d'elle, Miya avait perdu la tête. Elle avait laissé la colère l'envahir, elle avait laissé les voix du passé la convaincre... Et elle avait torturé le seul homme qui avait la possibilité de la mener à Ryuga. De mettre un point final à la tourmente infernale dont elle ne sortait pas depuis sa disparition. A force de crier, de pleurer, sa voix finie même par être enrouée.

Tout ceci cesse lorsqu'elle entend Jones. Plus de pleurs. Plus de cris, plus le moindre son ne provient de la petite fille qui vient de faire la plus grosse erreur de sa très longue vie. Les larmes ne cessent pas, sa bouche, tour à tour, est hermétiquement fermée, ou sa mâchoire s'ouvre sur un hurlement silencieux. Elle ne bouge même plus. Les minutes défilent, longues, silencieuses, et Miya voudrait relever la tête, fuir cet homme - ah, ça la fuite, elle connait, elle a lutté contre cet instinct vicieux pour rester avec Ryuga... Elle n'a pas non plus l'intention de présenter des excuses à Jones, il est tellement trop facile de demander un pardon qu'elle ne méritera jamais.

Alors Miya garde les bras autour de ses jambes, la tête sur ses genoux cachée par sa crinière désordonnée. Elle se racle la gorge, et un léger murmure se fait à peine entendre. Elle s'éclaircit à nouveau la voix, consciente de ne pas avoir été entendue la première fois.

- Laissez moi une chance de me racheter. Emmenez-moi.

Elle lève un visage misérable et défait vers Jones. Si son œil droit à retrouvé une couleur humaine, le gauche est toujours de ce doré froid et inexpressif - pourtant, Jones peut avoir l'intuition que c'est le vestige d'une colère et d'une haine qui ne datent pas d'hier, que cet œil n'est plus jaune pour lui. Miya se recroqueville un peu plus sur elle-même, l'image même du désespoir personnifié. Elle se sent si misérable qu'elle en vient même demander :

- Je vous en supplie. Je me ferai toute petite, je vous gênerai pas, je... ferai ce que vous voudrez. Emmenez-moi, je sais que je vous serai utile. (et elle rajoute en baissant les yeux) Je ne vous ferai plus aucun mal, je vous le jure.

Miya la fière, l'arrogante, qui se montre désespérée au point d'en implorer un homme de la prendre avec lui ? Elle en entendrait presque son frère jumeau en rire dans l'au-delà... Pourtant, elle est effectivement prête à beaucoup de chose pour le seul espoir de revoir Ryuga.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le vendredi 03 décembre 2010, 18:21:12
La jeune fille au cheveux roses calcule mentalement la trajectoire de la boule, fait coulisser la queue de billard une fois, deux fois, entre ses petits doigts vernis, et frappe de toute ses forces. Choc élastique entre la boule et la suivante, les autres rebonds étant couverts par les exclamations de ses amis autour de la table. Elle sourit timidement et viens se blottir dans les bras du jeune homme à lunette en s'excusant d'avoir manqué son coup.

Erogène Jones, assis un peu plus loin, détourne le regard. Derrière la vitre du bar, la pluie continue de tomber.

-Vous devriez retirer ce manteau, Miya. Il est complètement trempé.

Il a parlé d'un ton faussement détaché, sans oser faire face à son interlocutrice. Sa voix ne la fait même pas tressaillir. Recroquevillée sur la chaise en face de lui, elle ressemble toujours à une petite fille abandonnée sur le bord de la route, avec ses cheveux dégoulinant de pluie et les trainées de mascara qui embrument son regard lointain, plein d'une tristesse sans limites. Un petit démon malsain continue d'y danser son cercle de feu. Le manteau dont il parle est le sien. un imperméable terne qu'il a glissé sur ses frêles épaules lorsqu'il l'a fait sortir par la portière, une main fermée sur son bras. Ferme, mais sans violence, comme plus tôt dans la nuit. Une fois sortie de l'habitacle, elle s'est arrêté un instant, comme si elle n'était pas sûre que ses jambes puisse la porter. Puis elle a levé la tête et regardé le ciel et ses nuages ténèbreux.

Ca aurait pu se passer plus mal...

A vrai dire, ça aurait DU se passer plus mal. Même s'il ne comprends toujours pas la nature de Miya, un instinct primaire, reptilien le lui souffle à l'oreille... tout comme il lui soufflait de prendre ses jambes à son cou, tout à l'heure, sous la pluie. Dans le silence irréel de cette impasse, alors qu'elle le contemplait désespérément derrière le part-brise embué.

Oui. Lorsqu'elle lui a parlé de cette toute petite voix, son premier réflexe a été de sortir de la voiture. A crai dire, il a même bondit comme s'il avait le diable à ses trousse... Pour ce qu'il en sait, c'était peut-être le cas. Mais est-ce que le Diable aurait sursauté de cette façon lorsqu'il a claqué la portière avec tant de violence? Elle l'a fixé avec cet air si humble, si suppliant pendant qu'il marchait de longs en large sous la pluie, ses mains serrées sur ses tempes, prit de la frénésie de celui qui devient fou et qui songe à s'ouvrir le crâne pour que les vents mauvais des temps anciens s'en échappent, retournent se perdre quelque part dans la nuit...

Une main dans sa poitrine, qui perfore ses os et ses chairs. Il la sent encore à présent et ne peut retenir un frisson.

Assis sur sa chaise, Jones prend une profonde inspiration, comme il l'a fait alors, debout dans cette allée. Et comme il l'a fait alors, il lève les yeux vers Miya. Qu'est-ce qu'il a bien pu penser? Il se rappel s'être arrêté, l'avoir fixée, immobile, pendant d'interminables minutes. Son souffle était d'abord court, dangereusement court, puis, peu à peu... Peut-être qu'Erogène Jones s'est souvenu qu'il était Erogène Jones... Peut-être qu'il s'est souvenu qu'il avait déjà connu le danger, sentit la lourdeur de la mort passer au dessus de sa tête, faire frissonner son échine. Qu'il s'est souvenu qu'il convient de l'ignorer, de l'oublier pour se concentrer sur l'instant présent. Une bonne idée, vraiment? Ou peut-être qu'il s'est souvenu qu'il savait lire les gens, leurs émotions, et aussi qu'il pouvait faire bien plus que les lire... Alors il a compris que cette petite chose dans la voiture, les épaules secouées de sanglots était folle et très dangereuse... mais qu'elle avait encore plus peur que lui. Plus peur de le perdre qu'il n'avait peur de se perdre lui même.

A ce moment, il croit avoir réprimé un sourire. Quelque part derrière son épaule, le fantôme d'Effy l'a traité de cinglé.

Mais il l'a laissé a la porte, avec tout le reste de ces folies. Non? Ils ont marché en silence, et elle s'accrochait à lui car elle avait peur qu'il s'enfuie comme un possédé. Elle était revenue à un état trop primitif pour savoir marcher avec des talons aiguilles, et il l'a empêchée de tomber plus d'une fois. Pas un mot échangé, juste ces petits doigts crispés sur sa manche...

Puis ils sont entré dans le premier endroit ouvert, avec de la lumière et de la chaleur. Un lieu calme, fond sonore de boules de billards qui s'entrechoquent, de rires discrets et d'une petite musique insipide qui meuble le silence de banalité en conserve. Tranquille, rassurant. Un parfait compromis pour s'assoir, respirer, et peut-être discuter.

Vraiment?

Il est assis droit sur sa chaise, ses mèches ténébreuses collées sur son beau visage. Croiser son regard n'était pas si difficile, n'est-ce pas, Jones?... Alors le jeune policier, l'ami de Ryuga qu'il n'a jamais cessé d'être, pose les mains sur la table et se penche en avant.

-Miya... Il faut tout me dire, maintenant.

De l'autre côté de la table, il la regarde sortir doucement du brouillard. Bien. Un homme au comptoir paye pour sa bière, et à la jeune fille aux cheveux roses choisit une nouvelle boule. Erogène Jones, lui, attend une réponse.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le samedi 04 décembre 2010, 18:37:00
Un bar. Qu'elle ne connait pas. Miya est presque soulagée que Jones ne l'ait pas ramenée "chez elle", en un endroit où elle était connue et où elle serait apparue, pour la première fois depuis toujours, misérable aux yeux de tous. Ce n'était pas tant les apparences qui la tracassaient, mais les conséquences... Si elle avait été ramenée chez Pablo, la demi déesse serait sans doute montée dans sa chambre, se serait réfugiée sous sa couette, et y aurait pleuré pour le restant de l'éternité, roulée en un petit tas de misère et de détresse pure...

Tout ce qui l'entoure lui semble... Irréel. Jones n'aurait pas du réagir comme ça. Il aurait du s'enfuir loin d'elle, ou la tuer. Il n'aurait pas du la garder, même si techniquement, il aurait fini par ne plus avoir le choix... Miya l'aurait supplié, et jusqu'à son dernier souffle s'il l'avait fallu, pour qu'il la garde avec lui. Pour revoir Ryuga... Mais il ne l'avait pas abandonnée dans cette voiture garée dans une ruelle sombre, alors qu'elle n'a fait que l'implorer en silence, d'un regard misérable et défait - il aurait pu, il aurait du... Mais Miya n'avait pas à dire comment Jones devait agir ou non... Le principal est qu'il allait... Tolérer sa présence. Et qu'elle avait enfin un espoir réellement tangible de revoir Ryuga - du moins en était-elle persuadée, maintenant... Fermement accrochée au bras de cet homme qui a sans doute cru rêver tout ce qui lui était arrivée, Miya le suit, les jambes très peu sures et le regard dans le vide.

Une erreur, tout cela avait été une terrible méprise. Miya savait se montrer patiente, normalement. Elle ne se laissait pas aller ainsi, pas aussi rapidement en tout cas. La demi déesse se rend compte pour la première fois de l'état dans lequel elle est réellement. Sa propre faiblesse pitoyable la fait se mépriser elle-même. Mais elle n'arrive pas à lutter - le veut-elle seulement... - et elle suit Jones, l'adorable Jones, jusqu'au bar chaleureux encore ouvert ; et dès qu'il la lâche à l'intérieur, il lui faut de longues minutes pénibles avant que son cerveau n'arrive à lui envoyer la suggestion qu'elle pourrait s'asseoir par elle-même. Elle est loin, la superbe créature qui fait chavirer les coeurs, au bar de Pablo... Elle a terriblement froid, dans sa longue robe mouillée, et il faut que le jeune homme, assis en face d'elle, lui dise d'enlever le manteau pour qu'elle ne se rende compte que c'est une bonne idée. Lever simplement les mains au niveau des épaules pour faire glisser l'imperméable sur le dossier de la chaise lui semble déjà un effort immense. Elle aurait besoin d'un immense café fort et brulant pour se réveiller et reprendre un semblant de force... Mais même cela, la demi déesse en est tout bonnement incapable. Son regard se lève vers Erogène, et il prend la parole :

- Miya... Il faut tout me dire, maintenant.

Regard misérable, elle secoue légèrement la tête et renifle. Non, elle n'a rien à dire, elle ne peut rien dire... Elle ouvre la bouche et essaye de parler avant d'arrêter dans un soupir à fendre l'âme. Miya reprend la contemplation des lignes dans la table vernie pendant de longues secondes, avant qu'un détail ne lui revienne en mémoire. Elle sursaute, et son regard reprend vie alors qu'elle fixe à nouveau Jones. Elle tend la main vers lui, et se lève même à moitié pour toucher son cou. Elle semble le griffer légèrement mais en réalité, elle enlève le morceau de papier qu'elle avait collé plus tôt, et seulement visible d'elle. Une fois retiré, il tombe en cendres grises sur l'épaule du jeune homme, et peut-être ne sent-il plus la douce chaleur que cette immortalité temporaire lui a conféré.

- Vous n'êtes plus... Je... ... Café.

Miya ramène ses jambes contre sa poitrine, et les entoure de ses bras, posant son menton sur ses genoux joints. Son regard se fait à nouveau lointain, et ne retrouvera d'éclat qu'une fois la tasse de café devant elle. Elle la saisit timidement, s'imprègne de sa chaleur bienfaitrice et en boit une gorgée qui lui brule la langue. Elle finira sa tasse d'un trait, d'une seconde gorgée, qui la revigore un peu plus. Pourtant, Miya repassera ses bras autour de ses jambes toujours repliées, cachées dans les plis de sa longue robe trempée, avant de parler d'une voix terriblement basse.

- Ce que je vais vous dire, Jones, vous ne devrez le répéter à personne. Si vous en parlez à qui que ce soit, surtout à Pablo... Ce qui s'est passé dans la voiture vous semblera avoir été le Club Med.

Mais rien dans sa voix n'est menaçant, même si Miya le pense vraiment. Elle baisse le regard, et le murmure n'est plus qu'un souffle.

- Je suis immortelle. Ryuga le sait. Il savait que je n'aurai pas été en danger... Pourquoi il m'a abandonnée, Jones-san... Quelle est la véritable raison derrière tout cela ?
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le mardi 07 décembre 2010, 00:02:11
Jones la contemple, pensif. Il laisse s'engrainer les secondes.

Lorsque le serveur est passé, il lui a fait signe qu'il ne voulait rien. Il songe qu'en d'autres circonstances, il aurait prit un remontant, ou peut-être qu'il aurait dit "la même chose" avec un petit sourire pour créer le début d'un sentiment d'intimité avec son interlocuteur... Mais il ne veut pas d'intimité. Au contraire, il veut marquer sa retenue, lui faire comprendre que même s'il ne s'est pas enfui, elle a encore beaucoup à faire pour gagner sa confiance. Et c'est exactement ce qu'exprime son beau visage à cet instant : une retenue instinctive, presque involontaire. Surtout depuis qu'elle lui a arraché cette... chose qu'il avait collé à son cou.

Elle aurait du le prévenir, prévenir qu'elle allait le toucher encore car il a bien faillit bloquer sa main par pur réflexe, ce qui aurait pu aurait pu avoir des conséquences tragiques. Qui sait? Un cœur qui fait un bond dans sa poitrine, une nuque qui se couvre de chair de poule, l'angoisse qui lui grimpe le long de l'échine...  Elle a plus peur que lui. Peut-être. Mais durant cet instant il a eut très peur tout de même.

Miya aurait aussi du le prévenir pour ce qui s'est passé ensuite, une fois le "charme" brisé. Une prise qu'on débranche... Un poids qui revient se poser sur ses épaules, une boule qui gonfle à nouveau dans sa poitrine. Cette sensation que toute la lumière, la couleur vient de couler le long du décors, et se rassemble au sol dans un mélange boueux, sans joie, terne à lui faire monter les larmes aux yeux.

Sans le répit que Miya lui a offert en buvant son café, il n'aurait peut-être pas le courage de lui répondre.

Long soupir.

-Je ne suis plus tout à fait sûr, Miya. Je suis plus sûr de rien. Et même si je l'étais, je ne vous dirais rien. Pas tant que je ne saurais pas qui vous êtes.

Le jeune homme secoue la tête, mystifié et inquiet à la fois. Il serre les dents, et se force à chasser l'apathie qui le guète, à remettre son cerveau, sa platine en marche. Du tonus, Jones!

-Je veux dire... Tant que je n'aurais pas compris ce que vous êtes. Si je vous parle, je dois pouvoir vous faire confiance sur ma vie, vous comprenez?... Au moins, je dois pouvoir essayer.

Même s'il garde une touche de peur primaire qui n'est pas entièrement simulée, son regard devient presque suppliant, l'espace d'un instant. Miya n'a qu'à regarder ses mains crispées pour se rendre compte qu'il est à bout, et son beau visage, si juvénile en cet instant,pour se souvenir d'une chose qu'elle avait presque oublié : ce Jones n'est qu'un homme. Un homme exténué qui est manifestement seul contre tous, et qui prend énormément sur lui pour ne pas flancher, car les conséquences pourrait être terribles pour son ami Ryuga. Vulnérable mais courageux, probablement le meilleur moyen de lui faire baisser sa garde, Jones, pour peu qu'elle ait encore une garde à baisser.

Naturellement, l'instant d'après le beau jeune homme a puisé dans ses réserves et a reprit (douloureusement, sans aucun doute) le visage impassible de celui qui ne veut pas se laisser brusquer. Érogène le maître des masques, qui en sourirait presque.

-Vous en étiez à "Immortelle".

Immobile, alors qu'il se prépare à retenir chacune de ses paroles.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le mardi 07 décembre 2010, 23:49:13
- Immortelle, oui...

Elle répète ce dernier mot dans un murmure. Les événements lui font l'effet d'être de retour à une bien triste époque. Miya se sent terriblement vide, terriblement lasse, et, pire que tout, terriblement seule. Elle ferme ses yeux vairons, et amène des doigts tremblants masser ses tempes, d'un geste nonchalant.

Jones était un sacré chanceux. Si on pouvait dire les choses ainsi... Il ne lui avait fallu qu'une toute petite soirée pour voir Miya l'arrogante, Miya la désespérée, Miya l'amoureuse de la torture, et Miya la toute petite chose fragile. Même Ryuga n'avait pas tout vu d'elle, et pourtant, ils en ont passé, du temps ensemble... La, recroquevillée en un petit tas de misère sur la banquette usée, Miya n'arrive plus à parler. Elle en a sans doute déjà trop dit, de toute façon.  Nouveau long moment de silence. Elle tente désespérément de recoller ensembles les poussières de sa confiance en elle, mais n'arrive pas à grand chose pour être honnête. Elle frissonne, de froid et de peur. Son regard bleu et or apparait à nouveau pour fixer Jones ; pas la moindre animosité, juste... Rien. Comme elle doit inspirer la pitié, cette pauvre demoiselle qui, il y a seulement quelques heures, brillaient sur la scène de son bar...

- Oui. Immortelle." répète-t-elle un peu pathétiquement. "Vous savez pas ce que ça veut dire ?"

Elle hausse les épaules : elle se fiche de la réponse, en fait... Fermant à nouveau les yeux, posant le front sur ses genoux repliés, elle murmure, et tant pis s'il n'entend rien.

- Je ne vieillis pas. Je ne peux pas mourir. On ne peut ni me droguer, ni m'empoisonner, me noyer, ou que sais-je encore. Je ne crains pas les balles. Et je guéris très vite.

C'était ce qu'elle avait dit à Ryuga, aussi. Miya n'avait pas la force d'expliquer tout dans les détails au beau brun devant elle - ça lui aurait servi à quoi, de toute façon ? Elle se contenta seulement de préciser :

- Mon monde a été détruit il y a longtemps. Ryuga est le seul - avec vous, maintenant - à connaître ce secret. Je m'étais promis de ne pas trop m'attacher aux gens ; et je suis tombée amoureuse d'un mortel. Ryuga est...

Miya étouffe un sanglot, alors que ses doigts jouent avec l'anneau à son annulaire gauche. C'était une bague qu'ils s'étaient échangés sans la moindre promesse, et c'était tout ce qui lui restait de lui...

- ... Il est tout ce que j'ai. Je dois le retrouver, Jones-san, vous comprenez mieux ?

Non, il ne pouvait pas comprendre. La notion d'éternité était difficile à cerner pour ceux qui ne pouvaient goûter qu'à une seule vie. Miya réussit l'effort surhumain de saisir sa tasse, et de la vider d'un trait. Son regard vairon se fait suppliant :

- Vous êtes mon seul espoir de le revoir. Le seul espoir jamais tangible que j'ai jamais eu, Jones-san. Je ne serai pas un poids mort, je vous promets. Je sais me battre, et je ne crains pas de mourir, et encore moins la torture. Laissez-moi venir. S'il vous plaît.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Érogène Jones le jeudi 09 décembre 2010, 22:20:32
C'est au tour de Jones de se perdre dans les méandres du bois. Il assimile, phrase par phrase, mot par mot les nouvelles informations de la petite Miya. Chanteuse. Bohémienne. Lanterne Rose en recrutement. Immortelle aux pouvoirs surnaturels.

Soit.

Enregistrement effectué, perspective modifiée. Froidement, par dessus son envie de vomir, EJ pèse et analyse.

Et une fois de plus, il secoue la tête.

-Je ne vous crois pas.

Déglutir avec difficulté... parfait.

-Je veux dire... Je crois que vous êtes immortelle, mais ce n'est pas tout, c'est-ce pas? Tout à l'heure, vous étiez convaincue que personne ne pouvait vous faire de mal. Absolument personne, je me trompe? D'après ce que vous me dîtes, rien n'empèche un fils de pute comme Larsen...

Il ferme les yeux, comme frappé de sa propre stupidité. Laisser échapper un nom aussi important... Il dois vraiment être à bout. Effort de concentration, rassembler ses esprits pour pouvoir continuer. Hé hé hé.

-N'importe quel fils de pute avec des moyens... Rien ne l'empêche de vous couper en une dizaine de morceaux et de les enterrer aux quatre coins du Japon. Ou a la limite, de vous couler dans le plomb et vous balancer dans une faille océanique. C'est ce que je ferais, moi.

Il secoue la tête, incrédule. Raconte, Miya. Vide ton sac, révèle-moi tes faiblesses...

Effy sur le rebord d'un toit, ses yeux passionnés braqués sur les étoiles. Jones ne peut pas la regarder, car ses jumelles sont braqués sur l'appartement, de l'autre côté de la rue. Un transfuge en attente, rien de bien mémorable.

Hey, Jones. Imagine que des extraterrestres arrivent en orbite, et jettent un coup d'œil à la Terre. Ils veulent trouver l'espèce la plus évoluée, pour pouvoir discuter avec elle. Tu penses qu'ils choisiraient qui? Les fourmis? Les humains? Jones ne répond pas, car il voudrait qu'elle se concentre sur la mission en cours. Et parce-qu'il a sentit dans son ton qu'elle ne fait que le provoquer, qu'elle a déjà sa réponse. Comme prévu, son ton est cinglant. Tu aurait tord, Jones. Ils choisiraient les zaibatsus... Eux et leurs semblables, amas compact d'argent, d'actions et d'esclaves. Créés et mus par l'avidité la plus brute, ils grandissent, fusionnent, se divisent et s'entre-déchire dans un balais tellement complexe que l'esprit humain peut à peine le concevoir. Un chef d'œuvre de l'évolution.

Effy les trouvait beaux, et Jones la trouvait cinglée. Mais il pensait qu'elle avait raison, et cette idée l'avait emplie d'une peur irrationnelle.

Miya est effrayante, mais est-elle plus effrayante qu'un zaibatsu? Est-elle la forme de vie la plus évoluée de la terre? A la voir hésitante, épaules voutées sur sa chaise, il lui semble entendre le fantôme d'Effy éclater de rire à cette idée. Vas-t-en, ma belle. Tu obscurcit mon jugement.

J'ai créé ton jugement.

Pas le jugement dont j'ai besoin aujourd'hui. Dans ton infinie arrogance, tu pensais connaître le monde mieux que personne. Avoir vu son côté sombre, vulgaire, pervertit par l'argent. Le bourdonnement des ruches, le zonzon du marché, grand temple du Dieu Profit. Un monde d'esclaves, à tous les niveaux. D'esclaves et de types comme nous.

Tu pensais et tu avais tord. Peut-être.

Il pèse et analyse, calé dans le dossier de la chaise. Retenue, toujours gravée dans ses beaux yeux noirs.

-Miya... Il faut tout me dire. D'où vous venez, ce que vous m'avez fait dans la voiture. Tout.

Il a faillit ajouter "c'est ma seule condition", mais il ne la croit pas assez idiote pour gober un mensonge aussi éhonté.
Titre: Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]
Posté par: Miya Diablo le mardi 14 décembre 2010, 12:16:01
Larsen. Le nom s'imprime au fer rouge dans l'esprit de Miya, et y brule longtemps de ses lettres de feu. Elle tombe bêtement dans le piège de la mise en scène incroyable que lui offre Jones, persuadée qu'elle peut lire dans ses expressions aussi facilement qu'il peut lire en elle en ce moment. Ce Larsen, qu'elle accuse déjà de lui avoir volé son Ryuga, va payer. Dans son regard vairon, un éclair de folie. Et quand Jones  lui demande de tout lui dire, sa folie éclate, un bref instant.

Elle rit. D'un rire démentiel, déserté de toute raison. Son visage toujours enfoui dans ses bras, sa voix ne porte pas assez pour être entendue partout, mais pourtant, la folie reflue très vite, pour redevenir ce désespoir poignant, cette faiblesse que Miya déteste tant. Larsen... Cela suffit juste à lui redonner les forces qui lui faisaient défaut jusqu'à maintenant. D'un geste brusque, Miya se redresse, vide d'un trait la tasse de café devant elle et se lève. Très vite, peut-être trop.

- Pas ici, Jones. Retournons dans la voiture.

Un simple murmure, d'une voix rendue rauque. Miya remet l'imperméable froid et humide de l'homme sur ses propres épaules, et d'un pas lent et trainant, elle repart vers l'extérieur. Et la demi déesse déboussolée ne reconnait pas l'endroit où ils sont, et doit suivre le jeune homme jusqu'à la voiture. Elle se remet sur le siège passager, ramène les jambes contre sa poitrine, et elle les entoure de ses bras. Comme une petite fille, encore une fois. Miya aurait pu en profiter pour se poser des questions, se demander pourquoi Jones voulait absolument tout savoir, et trouver ça louche. Pourquoi il réagissait aussi bien au fait qu'elle soit immortelle. Non, non. Pour Miya, il fallait juste qu'il soit en confiance - après tout, elle avait failli lui arracher le coeur il y a moins d'une heure... Alors non, pour l'instant, elle ne se pose aucune question, et si elle est hyper réticente à l'idée de se confier ainsi, on ne lui laisse pas vraiment le choix. Si elle doit tout dire à Jones pour qu'il ne l'abandonne pas sur le bord de la route et qu'elle renonce ainsi à sa seule chance de revoir Ryuga.

- Il était une fois...", commença-t-elle.

Et elle lui parla de tout : du stupide dieu Gitan Harumiya qui se fit couper en deux, et qu'elle était son immortalité incarnée. Que son monde avait été détruit. Qu'elle avait survécu au vide de l'espace, jusqu'à se retrouver ici, où sa régénération avait prit du temps. Elle explique à demi mot qu'elle cesse de vieillir et que chacune de ses blessures se régénère, qu'elle qu'en soit la gravité. Et si Miya ne parlera pas de sa faiblesse face à l'électricité, elle avouera tout le reste : qu'il la découpe autant qu'il veut, elle finirait toujours par se régénérer autour du "plus gros morceau", les autres tombant en poussière.

- Je ne peux pas mourir noyée, mais ça ne veut pas pour autant dire que je ne souffre pas. Quoi qu'il arrive, je reste consciente. Et je peux rendre les gens immortels, en inscrivant des symboles sur un bout de papier avec mon sang. Ce... Que je vous ai fait tout à l'heure.

Nouvel instant de silence. Ce qu'elle va dire ensuite, c'est ce qu'elle n'a même jamais dit à Ryuga. Dans un murmure à peine audible, Miya avoue aimer torturer les gens - ou du moins, ceux qui lui font du mal... Rancunière et revancharde, cela lui a souvent couté cher, par le passé... Pouvoir rendre ses proies immortelles lui permet juste de prolonger le jeu plus longtemps, tant que le "talisman" - le morceau de papier - reste intact... La demi déesse frissonne, presque dégoutée d'elle même en cet instant. Mais on ne peut se renier, n'est-ce pas ?

- Je vous fait peur, Jones ? Vous n'allez pas m'abandonner pour autant, hein ? Je vous en supplie. Ce Larsen... Je le veux.