*Jason
Parcours les hautes régions éthérées du ciel, porte témoignage que, là où tu passes, il n’y a point de dieux*
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Marine referma son livre. Elle venait de terminer la tragédie de Sénèque : Médée. Elle aimait la bibliothèque et la richesse de ses collections. En ce moment, elle se faisait une intégrale des pièces d’auteurs antiques du plus classique, Homère, à Euripe, Sophocle, Aristophane ou encore Eschyle. Ces œuvres, souvent des tragédies, lui rappelaient sa propre vie comme un destin auquel il est impossible d’échapper. Mais ces pièces étaient bien plus dramatiques que ses malheurs à elle. A la différence de Médée, si sa vie n’a pas toujours été une partie de plaisir, elle n’en était pas devenue pour autant une folle furieuse commettant un infanticide et des meurtres. Bon, meurtrière, oui, ça elle avait déjà tuée.
*Personne n’est parfait !*
Elle contempla le livre qu’elle venait de fermer. Une couverture de cuir rouge avec le titre et le nom de l’auteur écrit à la peinture dorée. Ce n’était pas un ouvrage du genre livre de poche mais un ouvrage ancien, une édition du XIXe. Elle préférait lire des ouvrages anciens, sentant l’encre et le vieux papier. Cela la faisait d’autant plus voyagé dans un autre univers.
Elle leva la tête vers l’horloge en face d’elle. 18h45.
*J’ai encore du temps. Je vais pouvoir m’en choisir un autre*
La bibliothèque du campus ne fermait pas avant 22h. Elle se leva et repoussa sa chaise contre la table en bois. Elle prit le livre à la main et le plaça contre son sein comme elle aurait pris un enfant contre elle. Elle traitait le livre avec autant de précaution. Elle se dirigea alors vers le bureau de la bibliothécaire. Elle passa dans plusieurs rayons avant d’atteindre celui-ci. Le fauteuil était vide.
*Elle a du s’absenter*
Marine appuya ses fesses contre le bureau en attendant le retour de la jeune femme. Elle jeta un coup d’œil à la salle immense. A cette heure-ci, il y avait peu de monde. La plupart des gens étaient rentrés chez eux pour le dîner. Moins d’une dizaine de personnes restait dans la pièce. Le calme et le silence étaient de rigueur. Elle appréciait ça.
Un bruit de talons aiguilles brisa le silence et une jeune femme en tailleur marron approcha du bureau. Marine se redressa. La bibliothécaire se mit derrière son bureau mais resta debout.
« Terminé ? »
« Oui, oui, merci »
Marine tendit le livre à la jeune femme. Elle le prit et le feuilleta.
*Elle vérifie si je ne l’ai pas abîmé. Précaution normale avec un livre de plus d’un siècle*
La bibliothécaire hocha la tête après son inspection et le posa devant elle.
« C’est parfait »
« Je voudrais en prendre un autre. C’est possible ? »
Marine savait que théoriquement ces livres n’étaient pas en libre-service. Trop fragiles. Mais elle avait été des plus persuasives. Et depuis qu’elle avait accès à la réserve, elle avait toujours pris grand soin des ouvrages.
« Eh bien… Si vous voulez »
La jeune fille lui tendit à nouveau le livre.
« Comme vous allez dans la réserve, pouvez-vous y remettre ce livre ? Je ne peux pas laisser la salle principale sans surveillance »
Marine prit le livre.
« Bien sur, aucun problème »
Elle fit demi-tour et se dirigea vers une porte située à une des extrémités de la pièce. Elle l’ouvrit et se retrouva en haut d’un escalier en métal plongé dans le noir. Elle appuya sur l’interrupteur et l’obscurité se fit lumière. Elle descendit les marches en faisant attention avec ses bottes à talons hauts. Elle se félicita de ne pas avoir de jupes longues aujourd’hui. Elle aurait risqué de se prendre les pieds dedans et de tomber dans les escaliers. Sa jupe noire bordée de dentelles était courte devant, elle lui arrivait juste au-dessus des genoux, et plus longue derrière. Son chemisier rouge et son corset noir complétaient l’ensemble.
Plus elle descendait, plus la température baissait. Quand elle arriva au premier sous-sol, l’air avait bien perdu 2 degrés. Elle reprit sa descente afin d’atteindre la réserve des livres anciens. Une porte se trouvait en face d’elle. Elle l’ouvrit et alluma la lumière. A la différence de celle de l’escalier, celle-ci était beaucoup plus faible, tamisée pour éviter d’abîmer les livres. Elle entra dans la salle et referma la porte.
Elle parcourut quelques rayons avant de retrouver celui d’où elle avait prit la pièce de théâtre. Elle la remit à sa place et commença à étudier le rayonnage afin de trouver un nouvel ouvrage.