Depuis son arrivée sur terre, Maeleria avait perdu pas mal de choses : son territoire, des membres de sa harde, sa capacité à offrir sans penser et sa tolérance des autres races. Et, avait également oublié certaines choses, plus ou moins importantes. Et, il se trouvait que cette chose qu’elle avait oublié lui tombait sur la tête comme un œuf de dodo sur le crane d’un canard : étonnement et sans prévenir.
Dans le grand ordre des choses, chaque chose à sa place et chaque place possède un but. Malheureusement pour Maeleria, il se trouve qu’elle avait la place d’une femelle mammifère - même si magique - et que cela lui demandait une forme de reproduction dans le “grand ordre des choses”.
Les chaleurs des licornes ne sont pas matière à rigoler - d’aucuns pourraient penser qu’en tant que créature de pureté, les femelles licornes se montraient douces et affectueuses durant l’acte. Mais rien n’était plus loin de la vérité - si en règle générale les licornes se montraient plutôt sympathiques, lors des chaleurs elles devenaient dominantes, fortes et exigeantes. Les juments magiques cherchaient des reproducteurs puissants, capables de produire des petits survivant à la grande magie qui les habitait et leur faisant honneur.
Le mâle recherché devait être puissant, fort et de préférence agressif durant la période de rute - ils se battraient entre eux, entrechoquant leurs cornes et se mordant avec toute la hargne habituellement réservée aux prédateurs. Quand le vainqueur se dirigerait vers la femelle, ils se battraient à leur tour et il lui faudrait vaincre la tentatrice s’il voulait pouvoir devenir père.
Bref. Tout ça pour dire que les licornes sont théoriquement « pures » et « gentilles » - mais que durant les chaleurs et les ruts, elles deviennent mauvaises. Et, là, non seulement Maeleria se retrouvait dans une situation de « besoin », mais il n’y avait pas un seul mâle à la ronde capable de la satisfaire - ce n’était pas comme si elle allait tenter de séduire les pauvres traumatisés de sa harde ; la plupart étaient encore considérés comme des jeunes.
Assise sur un banc, dans un parc, son corps couvert d’un fin linge bleuté - une couleur qu’elle portrait souvent - la licorne inspirait profondément pour se tenter de se calmer. Elle ne devait pas foncer sur la première bite venue et surtout ne pas tenter d’enfoncer le crâne d’un mâle juste pour prouver sa force - cela semblait réellement malvenu dans ce nouvel environnement. Se redressant lentement du banc en bois, son corps se dépliant comme un vieux livre craquant, elle fit une grimace - la magie en elle ruait comme un étalon prêt à galoper et si elle ne la laissait pas sortir, elle allait certainement exploser … et pas de plaisir.
“Haaa …” entre le gémissement et le soupir, le son qui sortait de sa gorge était entrecoupé de grondements qui n’avaient rien à faire dans la bouche d’un herbivore. Malheureusement pour qui s’y tromperait, la licorne n’avait jamais été de ceux qui mangent de l’herbe…
Dans un sursaut, elle put sentir son corps craquer, assailli de magie, et se transformer. Bientôt, ce n’était plus une humanoïde, mais une centauroide qui se trouvait à sa place. Baissant les yeux, une autre grimace déforma ses traits alors qu’elle croisait ses bras sous sa poitrine, la tenue qui la couvrait s’était déchirée sur le bas sous la transformation.
Levant les yeux, la centaure regarda autour d’elle avant de s’enfoncer dans les bois entourant le parc. Elle ne pouvait pas rester là, elle allait faire une bêtise.
Elle allait trouver un endroit isolé et tenter de surfer sur ses envies comme d’autres le faisaient sur des vagues déchainées. Les chaleurs étaient aussi violentes qu’elles étaient brèves et le lendemain, elle pourrait reprendre sa vie normalement.
Alors qu’elle entrait dans une clairière - un étrange cercle servant de puit à la lumière et uniquement habillé d’un grand rocher ressemblant presque à une table - elle regarda autour d’elle avant de se laisser tomber au sol en frissonnant et grondant entre ses dents.
Il n’y avait qu’à espérer que cela passerait vite - et qu’aucun pauvre mâle esseulé n’allait passer par ici. Elle n’était vraiment pas sûr de pouvoir se retenir, car elle pouvait déjà sentir la brume de l’Envie immiscer ses mains vicieuses dans son esprit.
Mais comme on dit, un malheur ne vient jamais seul. Car alors qu’elle se retenait de toutes ses forces, elle entendit un bruit venir des bois sur sa gauche. Tournant lentement la tête - grinçante presque - elle figea ses yeux bleus sur l’origine du bruit.
Il s’agissait de …
La chose qui était sortie des bois pourrait en surprendre plus d’un, mais Maeilera était née en Faerie - et les monstres étaient légion en ces contrées. Aussi, la seule réaction qu’elle a après avoir vu la Bête est de se redresser, afin de ne pas être au sol, vulnérable, alors que la chose s’avance vers elle.
La regardant de haut en bas, ce n’était pas la créature la plus immonde qu’elle ait jamais vu - même si elle était loin d’être la plus belle. C’était quelque chose entre le lycan, le loup des ténèbres et le Fenrir - un colosse poilu et grondant.
Plissant des yeux, un grondement s’échappe de la gorge de la licorne, prévenant le prédateur que s’il s’approche, il risque la ruade. Mais cette bestiole ne semble pas intéressée par sa viande - les mots qui s’échappent de sa gorge, dans une voix gutturale et grondante, ne laissent pas d’illusion quant à ce qu’elle désire - si les yeux brulant d’envie de la créature n’avaient pas été assez clairs.
“Mâle.” le mot est répondu avec tout le dédain que sa station de reine lui permet, alors qu’elle croise ses bras sous sa poitrine et redresse la tête, le port altier. Si ce gros loup croit qu’elle va se mettre à genoux et lever la croupe juste parce qu’il le demande, alors il se fourre son doigt griffu dans l’œil jusqu’au coude.
“Non.” ce n’est pas un refus de dégout face à l’acte, après tout Maeilera est dans une période d’envie - non, c’est un refus face à l’inconnu. Il a l’air puissant, mais ce n’est qu’un visuel - elle ne l’a pas vu se battre, elle ne sait pas de quoi il est capable. Son instinct lui demande peut être de se reproduire, mais son instinct lui dit également qu’elle ne connaît pas la valeur de ce mâle et qu’elle ne doit pas se soumettre à n’importe qui.
Le regardant de haut en bas, les joues rouges sous la chaleur de ses Chaleurs, le regard brumeux d’une envie plus que charnelle - elle imagine. Il a l’air grand, et fort, et puissant - s’il y avait eu un autre mâle, le combat aurait été magnifique. Mais là, il n’y a qu’elle et lui, il va donc falloir qu’elle jauge sa valeur par elle même.
Glissant une main lentement contre son cou, elle la laisse lentement se glisser le long de ses seins, entre monts et valons, avant de se terminer au niveau de son nombril, la main ouverte en éventail.
“Si tu veux toucher cette femelle, prouve ta valeur, mâle.” la voix de la licorne est rauque, alors qu’un sourire mauvais et presque pervers s’étend lentement sur ses lèvres. La bataille pour la dominance qui va s'ensuivre est un rituel particulier - le male doit être assez fort pour la maitriser, mais pas si brutal qu’il la blaissera ; elle doit se soumettre volontairement face à sa puissance, pas être la victime d’un viol. S’il dépasse les borgnes, ses sabots s’enfonceront dans sa tête jusqu’à l’écraser - elle n’est pas une pouliche née d’hier.
Écartant progressivement les sabots, elle les plante au sol et ouvre ses bras, ses mains se fermant graduellement sous forme de griffes. La Lutte qui va venir est autant pour l'émoustiller que pour la fatiguer et elle ne peut que fixer le loup avec une lueur presque folle dans le regard.
Elle espère qu’il pourra la satisfaire.