Depuis combien de temps Hisara chassait-t-elle les esclavagistes ?
Elle ne saurait pas vraiment répondre à la question, mais maintenant qu’elle avait des alliés pour l’épauler les choses étaient devenues plus concrètes, efficaces même. Katsuo avait récemment torpillé un réseau de fournisseurs de l’intérieur, d’autres avaient libérés des personnes récemment kidnappées… et pourtant, Hisara a bien conscience que le monde de Terra est vaste et qu’il y a des endroits où ils n’ont encore jamais mis les pieds.
Et parmi ces endroits, il y a Tekhos.
Hisara n’avait eu que très peu d’informations sur ce qu’elle venait réellement chercher ici, des esclaves, mais les choses s’annonçaient très différentes des autres lieux. Déjà par l’avancée technologique du pays, qui est bien au-delà de celle des autres, mais aussi parce que les rumeurs veulent que les esclaves de Tekhos sont en réalité très heureux de leur sort. Pour elle, cela cache nécessairement quelque chose !
Alors elle explore cette cité futuriste, se disant qu’elle devra très certainement y revenir hors affaire, jusqu’à trouver une boutique qui correspond à ce qu’elle cherche. Pas une échoppe ni un type sur un marché qui partira dans l’heure non, un vrai magasin physique qui doit probablement être là depuis un moment. Sans chercher à se manifester physiquement, elle y entre pour observer ce qu’il s’y passe : elle voit bien quelques personnes en vente, mais le cadre est effectivement bien différent des marchés des autres pays… étrange…
Hisara finit par se décider à se faire passer pour une cliente. Le mieux pour obtenir des informations a toujours été de venir les demander, et ensuite creuser si besoin est. Une de ses formes physiques finit donc par entrer dans la boutique, faisant sonner une petite cloche pour indiquer au commerçant qu’il a de la visite.
« Bonjour. »
Hisara fait mine de découvrir la boutique, bien qu’elle l’étudie déjà depuis de longues minutes. Le but est de laisser le vendeur se préparer, tandis qu’elle-même réfléchit à comment se présenter et poser ses questions.
« Dites-moi, c’est la première fois que je viens dans une boutique comme la vôtre… »
Elle marque une légère pause devant l’une des jeunes femmes en vente, une neko, essayant de percevoir comment elle se sent à travers son regard émeraude.
« … je me demandais d’où proviennent ces charmantes créatures ? J’ai entendu un peu tout et n’importe quoi à ce sujet, alors je préfèrerais avoir l’information directement d’un professionnel. »
Et une autre question se pose : est-ce qu’elle va tenter de faire sortir ces personnes d’ici ? Ça serait bien de réussir à échanger avec l’une d’elle, idéalement plusieurs même, mais ça serait sans doute bizarre si elle les achetait toutes d’un coup…
Hisara étudie la boutique avec soin. Ce n’est pas tous les jours qu’elle a l’occasion de voir ça… et elle a même plus l’impression d’être dans une boutique d’animaux que dans une boutique d’esclaves. Dire que les choses ont l’air très différentes à Tekhos qu’ailleurs serait pointer l’évidence, et elle doit bien admettre que, pour une fois, elle n’est pas totalement sûre de quoi penser.
Heureusement, il y a une employée et des nekos qui seront certainement ravies de lui répondre… alors la voilà, en train d’arpenter la boutique et de poser ses premières questions à la vendeuse qui n’a pas l’air différente d’une vendeuse de magasin lambda. Elle lui répond même rapidement et sans la moindre gêne, ce qui laisse penser à l’ange désincarnée que tout ça doit être très normal ici… et ça l’est certainement.
« Merci mademoiselle. Donc ces petites ne sont pas… je vois. »
Elle s’attarde face à l’une de ces ‘petites’, une jeune femme tout à fait charmante d’ailleurs. Même si elle n’a pas été kidnappée et a été créée artificiellement, est-ce pour autant qu’elle mène la belle vie ? La question se pose, car malgré le cadre agréable elle reste vendue comme un animal dans d’autres pays… et le discours commercial lui donne d’ailleurs cette impression, malgré les ‘talents propres’ mentionnés.
« Vous voulez dire que toutes ici ont déjà eu des rapports sexuels et peuvent s’occuper de l’entretient d’une maison ? Et si elles sont autonomes, qu’est-ce qui pourrait les empêcher de fuir lorsque l’occasion se présentera ? »
Hisara se dit que l’entreprise doit certainement avoir mis en place quelque chose pour éviter de telles situations. Après tout, vendre des esclaves qui prennent leurs jambes à leur cou à la seconde où une opportunité de le faire se présente ne ferait pas long feu. C’est peut-être du conditionnement, ou un implant ?
« Un cadre familial… ? »
L’ange est étonnée d’entendre de tels mots dans un lieu comme celui-ci, mais aussi d’apprendre qu’elles n’ont pas trop d’attaches. Elles doivent forcément en avoir un minimum, non ? Alors qu’elle observe la neko occupée à lire, elle demande à la vendeuse :
« Et entre elles, elles doivent avoir un minimum de liens non ? Même en étant chacune de leurs côtés, elles doivent réussir à communiquer un minimum… »
Si elle se pose la question, c’est qu’elle se dit que tant qu’à acheter – ou plutôt adopter – quelques-unes de ces filles, ça serait bien qu’elles s’entendent. Elle a déjà une idée d’à qui les confier, et par conséquent des qualités qu’elle pourrait leur chercher, mais l’objectif final serait de laisser ces nekos faire ce qu’elles souhaitent de leur vie ensuite. Elle continue d’observer toutes les jeunes femmes, en particulier celles qui regardent son enveloppe physique, puis revient à Yumi.
« Par exemple, est-ce qu’elle semble intriguée ou attirée par d’autres filles ici ? Si je vous pose la question, c’est que je pense en adopter plusieurs. »
Autant aller droit au but. Poser trop de questions sans parler achat serait le malvenu, et la vendeuse pourrait commencer à se poser des questions sur ses motivations… et cela reste tout de même la prochaine étape.