Beaucoup de choses avaient été dites. Beaucoup trop pour qu’elle retienne tout. C’était impossible. Elle apprendrait et ce qu’elle oubliait maintenant serait appris plus tard, à n’en pas douter.
Elle prit un peu de temps pour ouvrir à nouveau la bouche, le temps d’encaisser sans doute. Je le comprenais et je ne commentais pas le moins du monde. Il fallait bien qu’elle digère, non ? Alors qu’elle prenne un peu de temps pour ça ne choquait pas le seigneur des lieux. Il était prêt à lui laisser un peu de temps pour qu’elle puisse se mettre un peu au diapason. Tout simplement, mais il fallait qu’elle sache qu’il ne pourrait pas lui laisser du temps ainsi.
Son avis sur les soldats était cependant comique.
« On voit que tu n’as jamais été soldat… il n’y a que deux choses que les soldats vénèrent : la paye et leur propre vie. Aussi habités qu’ils soient par une cause, envoie-les gratuitement à la mort, et ils se barreront. Ne les paye pas, et ils se payeront sur ton cadavre. Le reste, ce n’est que de la pure foutrerie de bonne femme. Ah et avoir l’occasion de foutre un peu la gueuse, ça aussi ça aide. »
Quant au reste… La noblesse là-dedans était sans importance. Il s’agissait moins de faire comprendre aux humains que ce qu’ils faisaient été mal que de donner leur vengeance aux terranides qui le souhaitaient, pourrait-on dire. Il fallait des boucs émissaires dans toutes les armées. C’était important. Il lui fit un sourire entendu avant de finalement hausser les épaules quant au reste. Eh bien cela lui arracha un sourire.
« A la bonne heure ! Nous sommes sur la bonne voie alors. Peut-être pourra-t-on faire quelque chose de toi… »
Il éclata d’un grand rire qui ne fit rire que lui avant de finalement revenir au dernier point, quand elle se releva. Elle avait eu une bonne façon de faire les choses jusque-là, et il fallait bien reconnaitre que les choses se passaient bien jusque-là pour elle.
Quant à savoir ses taches quotidiennes. Eh bien c’était surprenant, mais si elle ne savait pas … il s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule. Amical.
« Il s’agira réellement d’un rôle de domestique : porter mon linge aux lavandières, en ramener du propre, laver, repriser, servir mon repas, possiblement me tenir compagnie pendant que je mange, tenir la tente rangée avec l’aide de mon aide de camp qui est occupé pour le moment, préparer mon bain, et ainsi de suite. En somme des taches basiques. Quant à savoir ce qu’il ne faut pas faire… c’est assez simple : tu peux aller n’importe où dans le camp, mais pas en sortir sans mon autorisation. Tu en apprendras la configuration bien assez vite. Tu es ici au centre névralgique du camp. Si tu ne sais pas où aller, demande à ceux de ta race. Les autres pourraient de te vouloir du mal. »
Autant être honnête.
« Quand tu auras fait tes preuves, si tu les fais, je te marquerais et là, tu seras pleinement en sécurité. Ah et pas touche à ce qui se trouve sur cette table. »
Il désigna la table d’état-major remplie de cartes.
« Ne joue pas à essayer de tourner autour, ils n’aimeront pas ça, ce sera le meilleur moyen de passer pour une espionne… »
Et par « ils », il était question des deux gardes dans la tente qui ne perdaient par une miette au spectacle qu’elle offrait.
« Bien maintenant que tout ça est réglé… »
Il commença à défaire sa ceinture.
« Tourne-toi, penches-toi en avant et écarte les cuisses, que je teste une dernière chose. »
Le ton ferme était là pour lui faire comprendre qu’elle devait obéir et n’avait pas le choix.
La voyant s’exécuter, il éclata de rire et lui asséna une claque sur le postérieur ainsi offert.
« Ce n’était qu’une plaisanterie. Trouve Li-mu,c’est une femme aux cheveux noirs très long, aux yeux bridés et elle possède une marque faciale. Elle devrait être dans une des tentes d’approvisionnement et demande lui une tenue pour entrer à mon service, ainsi qu’un nécessaire de toilette pour toi. Quand tu seras de retour, tire la grande cuve qui est dans le coin là-bas et remplis la d’eau. Il y a un dispositif magique qui la fera chauffer quand tu la mettras à l’intérieur. Allez, au travail ma belle ! Quand je serai dans mon bain, nous parlerons de ce que tu sais et ne sais pas faire. »