Il est aisé de s'approcher de cette fête et d'y participer, sans attirer ni l'attention ni le reproche de quiconque. Les inconnus sont nombreux, un de plus ou un de moins, ca ne fait pas grande différence. Tant que son accoutrement et ses manières ne dénottent pas trop, qui donc irait le remarquer ... ?
Il y a pourtant, un tout petit impair que le visiteur d'un autre monde commet. Une bévue qu'une jeune femme avenante, aux belles couleurs et au sourire charmant lui fait remarquer avec une bonne humeur résolue.
- Il n'faut pas boire de l'eau ! C'est connu pour rendre malade !
Marguerite avait remarqué l'inconnu.e boire dans ce pichet qui était là on ne savait trop pour quoi faire. Peut-être pour y acceuillir un bouquet de fleur si ca tombe. En ces temps moyen-âgeux, eau est synonime de maladie. On préfère boire des boissons, même très diluées, afin de s'affranchir de tout risque. Et puis aujourd'hui est un jour de fête, raison de moins pour bouder son plaisir.
- Vous en voulez ... ?
Partageuse, la jeune femme tend le godet dans lequel elle avait elle même trempé les lèvres il y a quelques instants à peine. Un godet que de toutes manières elle n'aura aucun mal à faire reremplir. C'est à ce moment, alors qu'elle regarde l'expression de l'étranger qu'elle se rend compte que l'allure de la personne en face d'elle est étrange. Est-ce un jeune homme, efféminé et imberbe ... ? Une jeune femme qui, c'est fort étrange, aurait décidé de ne pas porter de robe mais la tenue d'un de ses frères plutôt ... ? La voilà confuse un instant. Peut-être que l'alcool qu'elle a commencé à boire ne l'aide pas non plus à avoir les idées claires.
- J'm'appelle Marguerite
Tente t'elle de dire en espérant que l'autre se présente à son tour et qu'à sa voix ou à son prénom elle puisse determiner à qui elle à affaire.
- J'viens du village au delà d'Montsacré.
Deux informations nécessaires et suffisantes pour se présenter quand on vit dans une campagne si reculée. Tout le monde est un peu du coin, même si on ne se déplace et qu'on ne se croise que lors d'évènements exceptionnels.
- Et vous ... ?
Elle s'est arrêtée quelques instants pour se sustenter et boire un peu, Marguerite. Mais dans son dos, déjà les danses reprennent. Farandoles, gigues et autres danses de groupes où il est aisé d'y trouver place reprennent et la belle paysanne se retourne, regardant une foule de jeunes gens en pleine sarabande en train de passer dans son dos. Elle se retourne pour les regarder et quand elle se revient vers l'inconnue, elle lui adresse un sourire navré. Elle qui est une éternelle bavarde a pour une fois quelque chose de bien plus urgent et important à faire. Ca la démange de se joindre à leurs pas et ca se voit ! Mais pas au point de se montrer impolie.
- Vous êtes v'nu pour danser ? Moi oui ! J'vais y retourner d'ailleurs ...