Des forêts immenses, infinies et de toutes les sortes, des lacs, des fleuves, des mers, des océans, des montagnes, des plateaux, des plaines, des steppes, des déserts, tout ce qui existe dans tous les mondes trouvent son équivalent dans le domaine. Tous les êtres vivants se trouvent également dans le domaine, exceptés ceux dont la conscience est trop développée. Ici, les odeurs et les bruits ont des équivalents parfaits de ceux qui est existent à l’extérieur du domaine. Il n’existe aucun sentiment de peur, de haine ou de d’agression, juste un calme, une quiétude irréel. Une nature à l’abri de toute souillure. Le domaine est éternel et sans fin, peu importe la direction ou le temps pris pour le parcourir, il est impossible de l’explorer en totalité.
Jardin éternel, paradis perdu, éden interdit, les mortels de tous lieux ne manquent pas de mot, de noms, de métaphores, voir de concepts pour expliquer ce qu’est le domaine où réside la matérialisation de toutes vie. Et pourtant, tout ce qu’un mortel peut imaginer ou appréhender est bien en-deçà de la réalité. Car, il est impossible pour aucun mortel, voir même pour quelques dieux de comprendre ou d’appréhender tout cela, cela les dépasse et de loin. Même s’ils pourraient vivre éternellement dans le lieu, ils ne pourraient le comprendre. Mais est-ce un lieu ? Une illusion issue de l’esprit de celui qui y vient ? L’illusion d’une divinité au-delà de l’explicable ? Une magie ? Un sortilège ? Une malédiction ? Ou juste un rêve commun ? Qui sait ? Qui peut savoir ? Et même quel intérêt de le savoir ? Une fois dans ce domaine féerique, où un calme inimitable règne, où l’âme trouve une paix inattendue, la recherche de sa réelle nature en devient presque impensable, voir blasphématoire, comme si un tel lieu devait rester un mystère, pour pleinement l’apprécier.
Mais les rares élus qui avaient pu pénétrer dans le domaine ne trouvaient pas ce qu’ils cherchaient réellement. Soit ils s’égaraient et alors leurs esprits finissaient par partir, laissant leurs corps flétrirent et rejoindre l’humus. Soit leurs esprits refusaient de ne pas trouver ce qu’ils cherchaient et leur colère se dirigeait alors vers le domaine. Leur expulsion est alors inévitable ou bien l’endroit idyllique devenait le pire endroit qu’ils pouvaient imaginer et leurs fins étaient alors bien plus cruelles. Certains se contentaient juste de partir, lasser de cet endroit ou désirant reprendre leur vie terrestre. Mais le temps passé dans le domaine est parfois bien différent du temps en dehors. Et le corps devient alors poussière. L’apparence change et le monde d’origine aussi. Mais l’hôte peut décider de préserver le corps de la flétrissure ou bien de le laisse disparaître pour des raisons qui n’appartiennent qu’à elle.
Son hôte est Akita. Du moins ce fut son nom dans une autre vie. Mais elle décide de le garder, comme pour avoir un lien avec le passé, son passé. Aussi douloureux, étrange ou fantastique, fut-il, il fait partie de sa vie, de son existence désormais. Mais cela lui semble un souvenir, si lointain, il est toujours aussi clair que le jour, mais la douleur qu’elle en ressent s’est lentement amoindri. L’être, incarnation de la vie, n’a plus à se soucier de son avenir proche ou lointain, n’avait plus à se soucier de sa survie ou de ses éventuels ennemis. Mais, pour autant, elle n’est pas aussi soumise à l’oisiveté ou à la paresse de nombreux autres être divins et qui seraient enclins à user des mortels comme des jouets, destinés à les divertir. Akita peut ressentir tout ce que ressente tout ce qu’un être vivant peut ressentir, voir par ses yeux, entendre par ses oreilles et tout un tas d’autres sens. Aussi, elle ressent également les mortels victimes de jeux cruels d’être qui les dépasse. C’est peut-être pour cette raison qu’elle préfère son domaine, à tout autre lieu qui puisse exister à travers le temps et l’espace.
Mais voilà quelque chose qui attire la curiosité d’Akita, quelqu’un désirant entrer dans le domaine. Voilà très longtemps que personne n’avait ressenti ce désir. Pourquoi un tel intérêt ? Beaucoup d’êtres, avides de pouvoir, avaient tenté d’y pénétrer. Mais ils avaient échoués. Qui permettrait à des êtres mal intentionnés de rentrer chez soi ? Et il est impossible de tromper l’incarnation de la vie par des paroles trompeuses, des mensonges, des manipulations ou de sorts d’illusions. Elle qui sait, ce que chaque être a pu ressentir au cour de sa vie. Magicien voulant contrôler un pouvoir qui le dépasse, nécromancien avide de souiller ce qu’il qualifiait "d’origine de toute vie", démon agissant seul ou par l’intermédiaire de mortel, divinité voulant trompée son ennui, malgré toute leur puissance, toute leur connaissance, l’usage effréné de rituels, ils n’ont trouvé qu’une porte close. Est-ce pour cela que l’hôte du domaine est perçue comme solitaire ? Avec le temps et son attitude, considérée comme recluse, beaucoup de civilisation ont oubliés son existence et celle de son domaine, jusqu’à la nier et considérer son évocation, comme un blasphème de leur propres croyances. Alors pourquoi ce soudain intérêt de son visiteur ? Un elfe avait déjà été intéressé pour rencontrer et Akita et cette dernière lui avait donné accès au domaine. Il était resté un moment. Il pensait qu’en venant ici et en la rencontrant, il pourrait découvrir les secrets de la vie et devenir un druide bien plus sage. Mais malgré sa détermination et sa sagesse, il comprit bien vite qu’aucun être vivant ne pouvait concevoir de telles choses. Et plutôt que de prendre le risque de perdre son esprit à tenter de comprendre quelque chose au-delà de sa compréhension, il a préféré partir, même si des siècles s’écouler depuis le départ de son monde. Sa vie avait bien changé et son esprit semblait avoir été atteint d’une certaine manière par son séjour. Mais rien de nocif et rien qui ne puisse être changé.
Mais ce nouveau visiteur est différent. Akita peut le sentir, il ne devrait même pas être vivant. Son existence est tenu par un fil, un fil contre-nature, un fil d’origine mystique. L’entité pourrait s’en sentir outragée et pourtant, seule sa compassion s’exprime. Bien qu’elle connaisse ses choix, le jeune femme ne pouvait en mesurer les conséquences. Mais malgré cette compassion, l’entité veut savoir ce qu’elle pense vraiment, ce qu’elle veut vraiment, quel est son véritable but dans la vie. Bien qu’un instant se soit écouler entre l’exécution du rituel et sa réalisation. Il a duré bien plus longtemps dans le domaine, ce qui a permis à son hôte de tout savoir sur son visiteur et autorise son entrée. Après avoir refermé le passage juste derrière elle, l’entité observe la nouvelle venue un moment, le temps pour elle d’avancer un peu dans le domaine. Elle s’adresse alors à elle, d’une voix calme et douce, très maternelle. Cette voix semble, à la fois, émané de tout le domaine et, même temps, résonné dans tout l’être nouvellement venu.
"Bienvenue, jeune être."
Une brume prend la forme d’une femme entièrement nue aux formes opulentes et se tient à quelques pas de la jeune femme. (https://www.zupimages.net/up/22/35/x720.jpg)
"Je t’en pris prend le temps de parcourir le domaine. Parcoure les chemins, perds-toi dans les détours. Et quand tu auras trouvé la véritable raison de ta venue, viens par delà le lac, par delà la grotte, par delà les buissons."
L’étrange brume semble sourire à la visiteuse.
"Et ici l’apparence n’a aucune importance. Seul compte le cœur, même si celui-ci n’est pas né de la nature."
Sur ces paroles, la brume se dissipe alors lentement. Et un courant d’air semble caresser la joue de la nouvelle venue. La nature laisse à la visiteuse du domaine le soin d’apprécier sa sagesse sans chercher à l’influencer. La divinité sait qu’elle venue pour elle, mais la nature prend toujours son temps.