Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Discussion démarrée par: Serenos I Aeslingr le mercredi 30 novembre 2022, 23:22:14

Titre: Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 30 novembre 2022, 23:22:14
« Votre Majesté, êtes-vous bien sûr que…
- Non.
- Pouvons-nous simplement retourner et…
- Non.
- Mais j’en ai plein les bottes !
- Comme dirait ta mère ; la ferme et marche.
- Je déteste le fait que vous connaissez ma mère. »

Parmi le groupe fortement restreint qui composait la Garde Royale, les protecteurs désignés du souverain de Meisa, le seigneur Darcil était l’un des trois qui n’étaient pas issu de la noblesse. Ce n’était pas grâce à la bourse de son père ou le charme de sa mère qu’une personne comme Darcil parvenait à gagner suffisamment de renom pour être invité au processus de sélection ; c’était grâce à leur talent brut. Il n’y avait en Meisa qu’une poignée de personnes pouvant battre Darcil au maniement d’une lance ou à la joute, et Serenos a toujours eu une affection particulière pour le talentueux, pour le génie et pour ceux qui persévèrent malgré toute l’opposition qu’ils doivent confronter.

C’était pour cette même raison que le seigneur Darcil n’avait pas reçu les leçons d’étiquette nécessaires pour savoir qu’il était inacceptable pour un subordonné de se plaindre si librement devant son supérieur hiérarchique. En contrepartie, le roi de Meisa n’en avait que faire, parce que contrairement à ses camarades, il n’occupait pas le poste assez longtemps pour avoir les bottes de marche qui lui auraient épargné des ampoules.

Maintenant, certaines personnes pourraient se demander pourquoi le roi de Meisa, un personnage qui était quand même réputé pour son pouvoir politique et ses vastes ressources, pataugeait dans la boue et les fourrés dans un petit sentier qui semblait mener nulle part depuis trois jours ? Eh bien, tout simplement parce que, pour une raison ou pour une autre, une bande de malfrats de grand chemin avaient profité de son arrêt à une auberge pour lui chaparder sa diligence et les chevaux qui y étaient attachés en prenant bien soin d’incendier l’auberge, cumulant tentative d’assassinat et vol de grande envergure dans la même soirée. Décidément pas une histoire que le roi raconterait une fois qu’il serait sorti de ce coin abandonné des grands esprits.

Certains pourraient même se demander pourquoi le Roi ne cherche pas à juste trouver un magicien ou un endroit propice à un sort de téléportation, tout bêtement. Eh bien, parce qu’il n’y a ni l’un ni l’autre à des lieues à la ronde, et qu’aucun n’était garanti de lui apporter son aide ou de réagir à sa forme de magie, ce qui risquerait de le frustrer davantage. De toute façon, ses vêtements avaient été fait pour l’aider à voyager incognito, donc il doutait que les magiciens capable de déplacer des gens et des objets sur une longue distance le reconnaîtrait comme une personne d’influence.

Son seul espoir, du moins pour le moment, se trouvait au sud-sud-est de sa précédente position. Une petite ville dissimulée au milieu d’une épaisse forêt semi-tropicale portant le nom de Lupanar, ou le Traquenard, où La Ville. Vraiment, pas un endroit que beaucoup de gens voulaient trouver, et cela leur convenait parfaitement. Le problème, c’est que comme tout regroupement dissimulé, le but étant de ne pas être trouvé, il n’y avait ni panneau ni indications pour aider un voyageur à trouver son chemin. Fort heureusement, cela était un problème mineur lorsque le voyageur était un mage, surtout quand les applications de la magie étaient si variées qu’avec le talent requis, la plupart des tâches apparemment difficiles devenait plus ou moins anodines avec le sort adapté. Pour Serenos, cela revenait à suivre l’ombre d’un précédent voyageur qui, lui, savait où aller.

Sa dernière visite l’avait cependant mentalement préparé au voyage. La forêt était horriblement large et même pour un chasseur expérimenté, il faudrait ni plus ni moins que deux semaines pour la traverser de part en part, ce qui en faisait non seulement une ressource à exploiter, mais également une épreuve fort décourageante pour les déplacements militaires. Et ce, sans compter les nombreuses maladies et saloperies venimeuses ou vénéneuses qui habitaient ces fourrés. La ville se trouvait plus ou moins près du cœur de la forêt, à son souvenir, avec quelques petits regroupements connexes répandus au travers de la forêt. Ces regroupements, cependant, il ne souhaitait pas visiter, simplement parce qu’il savait ce qui arrivait aux voyageurs de grand chemin qui s’y aventuraient, et il avait déjà perdu son mode de transport et ses chevaux, pas question de faire le reste du chemin tout nu.

C’est le soir de la troisième nuit, et Serenos souffre, tout comme ses gardes. Aelis halète comme si elle venait de courir un marathon, Darcil ne peut presque plus sentir ses pieds alors que Lockley et Bease se grattent furieusement, probablement en raison d’une réaction à une plante quelconque. Au bas mot, ils étaient tous absolument misérables. Leur seul réconfort était qu’enfin, ils voyaient les lumières de cette ville secrète, ce repaire de brigands et de va-nu-pieds, de voleurs et de menteurs, de filles de joie et filles de larmes. Et plus ils s’en approchaient, plus ils entendaient des cris enthousiastes, des rires et des applaudissements rythmés. À tous les coups, ces gens faisaient la fête.

Il n’y avait pas de garde à l’entrée. Après tout, ce n’était pas nécessaire ; pourquoi arrêter une victime potentielle d’entrer ? Non, tout au plus, ils avaient des sentinelles dans la forêt pour alerter les campements d’un mouvement de troupes ou d’une force de subjugation. Sans quiconque pour les arrêter, Serenos et son entourage entrèrent dans la ville. Il donna à ses soldats un peu d’argent, histoire de trouver quelque part où dormir et des médicaments si nécessaires. Serenos, pour sa part, n’avait qu’une envie, c’était de boire et d’oublier la misère du voyage.

Il fit son chemin directement à la seule auberge fiable qu’il connaissait. Elle appartenait à une vieille mégère qu’il connaissait du temps de la Grande Guerre, une femme dont le nom n’existait plus dans sa mémoire, mais qu’il savait être connue sous le titre semi-affectueux, semi-terrifiant de Mère, car s’il avait bien une matriarche dans cette ville, c’était elle. Un peu d’argent, une mention de Mère et le voilà capable de demander un bain et des vêtements propres pour remplacer ceux de son voyage. En moins d’une heure, il était sorti de nouveau, affublé d’un accoutrement de voyageur certes plus modeste, mais également plus propre et présentable, ce qui lui suffisait amplement.

Une fois présentable, Serenos quitta l’auberge et se dirigea vers le cœur de la ville, d’où les rires semblaient les plus forts. Il entendit bientôt la musique, les chants, et sentit même le sol trembler légèrement sous les pas de danse groupés et enthousiastes des danseurs. Dans un coin bien placé, un grand homme arborant une épaisse moustache et des sourcils tout aussi impressionnants, comme pour souligner l’absence de chevelure, distribuait la bière et le vin à quiconque le demandait, et le payait. Serenos fit son chemin jusqu’à lui et ils se dévisagèrent.

« Une bière, » réclama le Roi d’une voix forte et claire pour se faire entendre malgré la musique, les discussions et les cris.
- Quatre pièces, » répondit l’autre, de même.

Un vol, assurément, il n’y avait aucune bière qui pouvait bien valoir quatre pièces, mais Serenos n’en avait que faire. Il tira quatre pièces de cuivre et les posa sur le comptoir de fortune, et l’homme lui tendit une choppe. Le Roi agrippa la choppe de fer et la porta à ses lèvres. Il eut immédiatement envie de recracher l’alcool, car la bière était chaude, mais le goût n’était pas insupportable et il avait une grande soif. Il s’éloigna du bar et but un peu plus, avant de s’approcher d’un autre petit magasin vendant des grillades au feu. Voilà quelque chose qui pouvait réchauffer son cœur. Il agrippa quelques brochettes de bœuf et d’oignons, paya la dame un généreux montant et s’empressa de tout dévorer.

Une fois rassasié, le Roi se polit les mains ensemble avant de s’approcher des danseurs, et à peine eut-il fait les premiers pas dans le groupe qu’il fut immédiatement entrainé par une jolie rouquine au grand sourire dans une danse énergique. Habile danseur, le Roi n’hésita pas un moment la faire virevolter quelques minutes avant de la passer au suivant, enchainant les partenaires de danse avec une endurance notable, jusqu’à ce que sa main agrippe celle d’une jeune femme aux yeux d’un bleu profond. Leurs regards se croisèrent, et la musique changea presque soudainement, ralentissant pour un tempo soutenu, principalement ponctué de lents coups de tambours. Lentement, et sans briser le contact visuel, le Roi passa une main autour de la taille de la jeune femme et la rapprocha de lui, réduisant la distance entre eux le plus possible, avant de prendre les premiers pas de danse.

Demandez à Serenos de vous accompagner dans une valse ou un tango ou une autre danse de bal, il pourrait assurément tenir la cadence ou démontrer un talent notable, mais la danse populaire était moins organisée. C'était plus une forme de communication qu'une forme d'art, et Serenos n'était pas l'homme le plus... loquace qui soit. Surtout alors qu'il se perdait dans les yeux de cette étrangère aux cheveux bruns. Au début, le Roi se surprenait à devoir réajuster ses pas rapidement pour ne pas lui marcher sur les pied, et pour ne pas se faire marcher sur les pieds faute de ne pas avoir bougé assez rapidement, mais graduellement, il reprenait le contrôle de lui-même et parvint à compenser avec ses seuls réflexes et les mouvements de la jeune femme, et surtout un coup d'oeil occasionnel dans sa périphérie pour voir s'il suivait les bons pas, le tout avec la plus grande discrétion.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le vendredi 02 décembre 2022, 14:08:05
Quel que soit le moment où vous arrivez dans La Ville, elle sera toujours remplie et bruyante. Car c’est une ville qui ne se repose jamais.

Aucune notion de jour ou de nuit, de toute manière, il est difficile d’apercevoir le ciel lorsque vous vous trouvez en plein cœur de ce labyrinthe des péchés. Levez les yeux et vous risquez de ne plus savoir dans quelle rue vous êtes. Si vous demandez l’heure a un citoyen, il rira sûrement. Car par ici, on compte, mais l’argent. Quand on dit « Je ne compte pas mes heures » ce n'est pas une simple façon de parler…

Horreur vous direz vous. Où ai-je atterri ? Certainement pas un lieu de retraite silencieuse et solitaire. Dans La Ville, il faut accepter son prochain. Surtout que ce dernier sera peut-être un jour coincé avec vous dans un bouchon entre deux pâtés de maison. Protégez bien vos bourses…toutes.

Heureusement, il y a un endroit plus tranquille que les autres. Les alentours de « Chez Mère ». La bordel au Sud est surtout entouré de petits magasins. Il faut s’en éloigner un peu pour trouver les tavernes et autres lieux de jeux et d’alcool. Cela s’explique par le fait que Mère ne supporte pas les ivrognes. Si elle n’interdit l’accès de sa maison à personne, elle ne sera pas aussi maternant avec quelqu’un dont le comportement est altéré par de l’alcool qu’avec tout autre client.

Cependant, aujourd’hui le bordel semble agité. Des vociférations sortent du bâtiment aux vitraux colorés.

« Au Nom de tout ce qui existe, cette créature est une aberration ! Va te faire foutre saloperie et rend moi mon argent !!!!! »

Des coups sourds derrière une porte close. La plus grande pièce aménagée. Les employés et les clients se demandent ce qu’il se passe. Des personnes non croyantes se signent rapidement, essayant de faire remonter le souvenir de prière à un Dieu. N’importe qui, pourvu que les cris s’arrêtent.

«  Bordel à chier ! Sale merde…je vais t’arracher tes membres un par un ! »

Alice est nouvelle. Elle fait partie des recrues. Les poussins de Olympe. La pauvre est la seule, du haut de son mètre cinquante-sept, a osé frapper à la grande porte sculptée.

« Mère…tout…tout va bien ? Vous… »

Mais les vociférations et les coups couvrent totalement la petite voix chevrotante de Alice. Quelque chose est jeté contre la lourde porte et fait reculer la jeune fille, qui manque tomber et court aussi vite que possible, glissant dans les couloirs. Elle ne prête pas attention aux clients nus qui sortent des différentes loges. « que se passe-t-il ? »

Alice n’a pas le temps. Mère est âgée et a hurler ainsi, elle risque la crise cardiaque.

« Olyyyyympe !!!! »

À quatre pattes sur le lit, la prostituée lève ses yeux bleus sur Alice. Aucune colère, ni surprise sur ses traits. Cette même langueur sensuelle, égale à elle-même. Ce regard qui calmerait même un fauve.

« Alice. »

Le client, continue de besogner la prostituée, ne levant la tête qu’en entendant son amante prononcer un prénom autre que le sien. Et avant qu’il ne dise quoi que ce soit, Olympe échappe à ses mains.

« Olympe, je suis désolé de venir te déranger….vous déranger…pardon monsieur. Mais c’est Mère … »

La brune remet de l’ordre dans ses jupons, s'approche et caresse la joue de Alice, la rassurant doucement en lui disant qu’elle a bien fait. Seule Olympe possède un double des clefs et l’autorisation d’entrer dans les appartements de Mère sans y être invitée. Mère sait être tatillonne sur des détails parfois et faire des secrets où il n’y a rien. Une grande et vieille dramatique.

« Vous allez me laisser comme ça ?! »

Le client. Olympe, lorsqu’elle se trouve face à un de ses protégés, elle en oublie tout ce qui l’entoure. Elle se tourne alors doucement. Alice, entre fatigue et nervosité se retient de rire, par respect. La brune impassible, sourit à son amant. Pénis en érection, luisant d’humidité. La collerette de poil sur son pubis collée par leur rapport avorté, donne au tableau quelque chose de presque touchant. Car le propriétaire, cheveux frisés, collés de sueur, possède un grand et gros nez. Olympe se rend compte que telle queue, tel maître…heureusement, Olympe est réputée pour être la reine de l’impassibilité.

« Ne vous en faites pas…nous reprendrons. Mère à sûrement un souci que je saurai régler. Elle est si dramatique. »
« Hors de question…je veux finir. Elle a cas venir la petite jeune là ! »
« Alice est une recrue. »

Olympe demande tout de même si Alice est intéressée. La pauvre est rouge de se retenir de rire et détourne la tête, avant de disparaître dans le couloir.

« Je vais rassurer tout le monde…merci Olympe… »

Ses rires se perdent dans le couloir et se fondent avec les grossièretés de Mère. Olympe fixe son client dans les yeux et lui répète.

« Ne vous en faites pas, nous reprendrons… »
« J’ai une fête après ! »
« Finissez avec l’aide d’Onan et allez à votre fête. Je vous y rejoins. Mais pas de scandale. Il y a eu assez de grabuge ce soir. »

S’il veut ajouter quelque chose, le client se ravise. Il soupir et laisse Olympe fermer la porte et s’en aller.
Lorsqu’elle arrive dans la chambre de Mère, elle est accueillie par une salve d’insultes que même ses propres frères n’auraient jamais osé sortir. Soupir et lassitude. L’habitude de devoir faire face aux sautes d’humeur de Mère. Peu courante, mais volcanique.

« Mère. Qu’est-ce qui vous trouble. »

La voix de Olympe a cela d'intrigant, c’est qu’elle est basse et pourtant, elle vous parvient aux oreilles, même en pleine tourmente. Mère se calme, bien que son visage soit rouge lorsqu’elle se tourne pour regarder Olympe et chercher dans ses yeux, le calme après la tempête.

« Cette créature. Je la maudit sur ses sept prochaines générations…on finira par t’oublier, toi et tes boutons. Elle a mangé mon argent !!! »

Olympe fait un pas de côté, elle ne comprend pas ce que Mère raconte, car l’objet de la tourmente est renversé hors de sa vue. Un soupir s’échappede ses lèvres. S’approchant de Mère, elle rit, enlace son corps d’ancienne et lui embrasse la joue.

« Je vous avait dit de ne pas utiliser cette caisse lorsque je ne suis pas avec vous. A force, vous allez la casser et votre argent sera définitivement perdu. »
« J’ai compris comment l’utiliser, ne me prend pas pour une de tes recrues. Vraiment ! »

La brune ramasse la caisse enregistreuse en métal et la pose sur le bureau. Elle replace les boutons qui ont sautés durant l’altercation avec la maquerelle et après quelques manipulations, l’argent est libéré avec un petit bruit. Sans mot, Olympe prend la caisse, donne son argent à Mère et soupir en sortant, le soupir étant ses seules réactions aux bêtises des autres. Et surtout à leur impatience.

« Je vais sortir Mère. Afin de réparer votre bêtise. Rendez vous compte. Il y a un démon qui a prié Jésus tellement vous leurs avez fait peur. Mais tout est rentré dans l’ordre. Je vous fait monter quelque chose à boire… »
« Fort. »
« Fort. »

Olympe sort sur ces mots, pour aller se préparer afin de rejoindre son client. Lorsqu’elle arrive a la chambre, il n’y a plus personne, un simple mot sur le lit. Une fois parcouru les mots de colère inutile, Olympe note mentalement l’adresse et va prendre son bain, ainsi que se vêtir convenablement.

………

Une fois arrivée, Olympe s’est vue emportée dans le tourbillon de la fête. Cela lui réchauffa le cœur, jusqu’à ce que le bras qui ne l’agrippe ne se trouve être son client. Henry Lacroix. Le frisé qui avait déversé sa colère dans une si petite missive.

« Te voilà ! Tu es honorable, pour une putain…hehe. »
« Vous êtes ivre… »

Le ton lascif fût pris par erreur pour une invitation, il bu une nouvelle rasade de sa choppe et embrassa goulûment Olympe qui regrettait déjà d’avoir accepté. Elle avait peur que sa tenue, une étoffe fine qui épousait ses formes comme si le tissu était humide. Pas totalement transparent, mais de quoi laisser percevoir les tétons caché par deux cache en or, pose à même la peau de ses seins blancs. Elle aimait cette tenue. Peu matérialiste, cette robe, elle y avait un attachement particulier. C’était dans la hâte qu’elle l’avait enfilée…

Si elle avait su.

Henry la collait, hurlait à qui voulait l’entendre que c’était sa femme. Puis il disparu, laissant du répit à Olympe.



Olympe commence a s’ennuyer. Depuis le départ de Henry, elle est restée dans son coin. Jusqu’à ce qu’un jeune homme ne l’attrape par la main et l’emmène danser. C’est ce dont elle a besoin et son cœur se réchauffe à nouveau, tandis qu’elle entre dans la danse. Elle sent des mains d’inconnus et même d’inconnues sur elle et elle aime ça. Les yeux clos, elle ne prend même plus la peine de regarder ses partenaires de danse. En toute confiance, elle se laisse porter par le flot. Olympe apprécie ces petits moments où elle n’est pas vue uniquement comme l’une des employées de Mère. Une femme dans La Ville. Juste ça.

Son partenaire la fait tourner et leurs mains se séparent. C’est à ce moment que Olympe ouvre les yeux et croise le regard d’un homme imposant. Elle ne cille pas, mais le bras puissant autour de sa taille et le contact brutal mais doux, de son buste contre le sien, la fait frissonner. Il ne fait jamais froid pourtant dans La Ville.

Jusqu’alors, Olympe avait dansé l’aveugle. La danse fait partie de sa panoplie de talents en tant que prostituée de Mère. Malgré qu’elle ne soit pas la plus âgée, elle occupe le statut « D’aînée ». Elle ressent la musique et ses mouvement, comme elle l’apprend avec son professeur. Mais en cet instant, elle ne veut pas détacher son regard de celui de son partenaire de danse. Et elle ne le regarde pas comme une putain cerné le client…elle le regarde comme une femme regarde un homme.

« Hey…c’est ma pute ! Viens salope. T’es pas payée à t'frotter. »

Les danseurs autour s’écartent face à l’ivrogne qui titube. Olympe sent une main lui attraper le bras, serrant ses chairs jusqu’à la douleur. Mais son regard ne se détourne pas du danseur. Elle se fiche du client.

« Demandez-lui de me lâcher. » Froide, elle reprend. «  je ne connais pas cet homme. »

Et là seulement, elle tourne son visage impassible vers Henry, qui a l’air pitoyable à gueuler pour qui pourra l’entendre et le croire, qu’elle est sa pute…
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 02 décembre 2022, 18:36:03
Le rythme s’accélère, comme les mouvements du Roi et de l’étrangère. Leurs corps se rapprochent, se séparent puis se cherchent de nouveau, tourbillonnant dans comme des feuilles dans le vent. Serenos en oublie pendant un petit moment l’objectif de sa visite, et encore plus les affres du voyage qui l’ont accompagnés jusqu’ici. Il ne savait pas si c’était la musique, la boisson ou la fatigue, mais à ce moment précis, l’idée de décrocher le regard de celui de cette inconnue lui semblait une tâche herculéenne, mais comme toute bonne chose a une fin, il fallut qu’un imbécile lui impose la sienne.

Un homme qu’il ne connaissait pas, donc un homme comme les autres, s’approcha alors. Il était ivre, au-delà de la raison et suffisamment pour ignorer le danger dans lequel il se trouvait, surtout à approcher un homme comme Serenos, qui le dominait aisément d’une tête et demie. Il balancait des obscénités, insultant visiblement sa partenaire de danse avec des termes peu inspirés et encore moins variés. L’ivrogne semblait aussi dénué de verbe que de raison.

Semblerait-il, cependant, que l’inconnue ne connaissait pas cet homme, le même qui venait de poser la main sur elle et cherchait à la lui arracher. Serenos ne tira pas à contresens, sachant que cela n’apporterait rien d’autre que de la douleur pour sa partenaire. À la place, il leva une main et agrippa, à son tour, le bras de l’ivrogne et resserra lentement l’étau de ses doigts.

Henry était un grand gaillard, et probablement que c’était pour cela qu’il avait survécu aussi longtemps dans cette ville, et il devait appartenir à un clan quelconque pour faire un tel pan de lui-même, mais devant le Roi de Meisa, ce gaillard aux airs fiers perdit lentement ses couleurs. En fait, presque au même rythme que sa main alors que la poigne de Serenos continuait de se resserrer. Au début, il lui intima de le relâcher, mais Serenos l’ignora. Puis, la douleur monta, jusqu’au point où il dût relâcher le bras de la prostituée pour réduire la pression, mais Serenos ne lâcha pas prise. La respiration d’Henry s’accéléra, et son visage vira au rouge, alors qu’il tentait de se libérer de sa main libre, agrippant les doigts de Serenos qui continuaient encore de se resserrer.

Henry fit alors la seule chose qu’il pensait à même de lui donner une chance de se libérer. Usant des forces qui lui restait et tentant d’ignorer la douleur, il tenta de frapper son adversaire au visage, et Serenos encaissa le coup. Le coup de poing heurta sa pommette avec assez de force pour fendre la peau. Le Roi soupira lentement, toucha sa joue de sa main libre, ce qui couvrit légèrement ses doigts de sang, avant qu’il ne tourne la tête vers Henry. Dans le bref moment où leurs regards se croisèrent, Henry entendit son instinct de survie entrer dans une panique totale. À ce moment, il savait exactement ce que ressentait le lièvre à l’approche d’un aigle. Fort heureusement pour lui, il n’eut pas peur assez longtemps pour perdre le contrôle de sa vessie ; après le coup de poing, les doigts de Serenos se refermèrent davantage, et fractura les os de son avant-bras. Pas assez pour briser l’os, mais assez pour que cet homme y pense à deux fois avant de poser la main sur une femme. La douleur était assez intense pour que le souffle lui manque, l’empêchant de hurler.

La poigne du Roi se desserra alors, et il prit la parole.

« Rentre chez toi, » fit la voix grave de Serenos. « Si je te vois encore ce soir, je briserai le reste. »

Henry se prit le bras, hocha nerveusement de la tête et prit immédiatement la poudre d’escampette.

Serenos ne se faisait aucune illusion ; à tous les coups, Henry irait trouver sa petite bande de malfrats et tentera de lui faire une représailles quelconque. Les règles l’empêchaient de s’en prendre directement à la prostituée, parce que cela mènerait sans l’ombre d’un doute à son exil, mais Serenos ? Ah, les règles ne protégeaient pas toujours les visiteurs, surtout si celui-ci s’était effectivement mis entre un local et une prostituée qu’il avait payé.

Serenos ramena alors son regard vers celle qu’il venait d’assister et lui prit délicatement les doigts, remontant lentement la manche de la robe pour examiner la peau, qui montrait déjà quelques bleus. D’un geste des doigts, le Roi suivit la blessure, qui se volatilisa au passage, comme si elle n’avait jamais existé, et la douleur qu’elle put ressentir s’estompa.

Comme la musique et la danse ne s’étaient aucunement arrêté pour une altercation aussi mineure, Serenos se pencha sur la demoiselle et lui dit d’une voix forte et claire :

« Veuillez me pardonner cet écart de violence, mademoiselle. Je ne voyais cependant pas les mots raisonner un homme qui n’a pas le sens du danger. Permettez-moi de me présenter, et de vous dédommager. »

Le Roi glissa alors une main dans la bourse et en tira une pièce d’or, qu’il dissimula juste assez pour ne pas attirer le regard du tout-venant, et la posa dans la paume de la prostituée, lui refermant prestement les doigts dessus pour qu’on ne voit pas l’or et risquer d’attirer une attention qu’elle ne désirait assurément pas.

La pièce n’était pas qu’une pièce de monnaie ; un œil avisé reconnaîtrait assurément la frappe de la monnaie ; elle portait les marques du Royaume de Meisa.

« Je me nomme Serenos, un voyageur, » dit-il avec un sourire et une révérence polie, qui pouvait sembler un brin comique pour la jeune femme, surtout considérant le sourire sur les lèvres du souverain. Il se redressa rapidement, néanmoins, pour ne pas la mettre mal à l’aise, et se rapprocha quelque peu. « Puis-je avoir l’honneur de connaître votre nom, et de vous demander une seconde danse ? »
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le dimanche 04 décembre 2022, 11:59:49
Olympe se laissait guider par son partenaire. Confiante. Le bras est puissant et s’il peut la briser d’une pression, en cet instant, il la sécurisait. Jusqu’à l’arrivée de Henry. Mais voilà. Justement, ce bras est épais et ne la lâchait pas.  C’est dans ce geste que Olympe trouva l’impulsivité de mentir. Elle qui déteste ça en règle général.

Henry est pathétique ainsi. A les regarder avec la haine stupide de l’ivrogne qui ne contrôle plus rien. Ses fripes débraillés, les gens qui commencent à chuchoter, pour celles et ceux qui ne sont pas simplement retournés à la fête. La main de Henry enfonce ses doigts dans la chaire tendre du bras d'Olympe. La fille de paysan , c’est du passé et ces derniers temps, l’exercice physique n'a pas été une priorité dans sa vie. Autant dire que si l’inconnu décide de la laisser là avec Henry, elle ne sera peut-être pas capable de se défendre face à sa colère. Il faut dire que si Henry est aussi détestable, il n’en reste pas moins, une fois sobre, un bon compagnon et il compte de nombreux amis dans La Ville. Jusqu’alors, Olympe acceptait sa présence. Mais en cet instant, elle n’est plus sur de rien.

Lorsque la main de l’homme saisi le bras de Henry, Olympe détourne les yeux. Elle fixe la mâchoire sous la barbe et tente de ne pas se laisser submerger par l’agressivité avinée de Henry. C’est qu’elle ne supporte pas la violence. Jamais elle n’aurait pensé qu’Henry reviendrait ou pire…qu’il oserait faire face à un homme de la taille de son danseur. Olympe a tout à coup là sensation d’entendre Mère « l’alcool les ramènent à leur état primitif de gland. ».

La dernière fois où Olympe a vu une altercation, c’était il y a plusieurs semaines déjà. En tant que prostituée pourtant, on se dit que la violence doit être son lot quotidien, surtout dans La Ville, mais non. Car n’aimant pas les conflits, elle a un certain talent pour les éviter. De plus, Olympe est une négociatrice hors pair, un calmant naturel. Aux abord du moins de la maison. Plus elle s’en éloigne, plus elle prend des risques, comme maintenant. Pourtant, malgré la douleur dans son bras, elle ne panique pas, rapproche son corps de l’inconnu  afin de s’éloigner un peu plus de Henry.

Pas assez rapidement cependant, car elle sent le poing passer près d’elle, frappant le visage sûr de Serenos. Un peu de sang. Les prunelles de Olympe, jusqu’alors perdue dans barbe, remonte à la pommette. Il saigne. Et elle se sent fautive. Mais ne laisse rien paraître, dans la simple attente que quelqu’un mette un terme à tout ça. Et comme en réponse, le bruit qui suit le coup ne laisse rien présager de bien pour Henry. Peu sensible, elle qui partait à la chasse avec ses frères, Olympe retient un sursaut et étouffé même un gémissement contre le torse de son partenaire. Ce bruit…le même que le cou d’un poulet qui craque.

« Rentre chez toi, » La voix est grave et fait vibrer Olympe. « Si je te vois encore ce soir, je briserai le reste. »

Peu adepte de la violence, rappelons le, Olympe ne peut empêcher quelque chose en elle, d’être attirée par les hommes de la stature de son sauveur. Il possède la largeur d’épaule et le dessin de la mâchoire des hommes qui travaillaient pour son père. Alors que ce n’est certainement pas le moment, tandis qu’elle entend Henry qui s’enfuit sans demander son reste, Olympe se prend à vouloir voir si la musculature est épaisse. Aussi épaisse que le contact de son torse n’a été rude contre son visage, malgré les vêtements.

Olympe a oublié la musique. Les gens autours. Pendant l’altercation qui n’a pourtant pas duré longtemps, pour elle, la musique n’existait plus. Seulement cet homme, grand et Henry. Entre eux deux, elle. Et la seule odeur, la sienne et celle de son partenaire de danse. Henry n’existe plus désormais. Elle aura des nouvelles, très certainement, mais rien que Mère ne puisse gérer au besoin. Henry parti, Olympe se décolle un peu, sans rompre totalement le contact. Elle va pour dire quelque chose, n'importe quoi, a commencer par des excuses, mais il lui prend les doigts. Elle fixe son visage viril tandis qu’elle sent sa main chaude, faire glisser le vêtement. Les yeux passent des gestes au visage, puis à nouveau à son bras. La marque que Henry y a laissé disparaît totalement. Et la douleur qui se réveillait lentement et l’aurait fait souffrir quelque temps (comme lorsque l’on se fait un bleu), n’existe plus.

« Veuillez me pardonner cet écart de violence, mademoiselle. Je ne voyais cependant pas les mots raisonner un homme qui n’a pas le sens du danger. Permettez-moi de me présenter, et de vous dédommager. »

Olympe veut répondre, mais elle le voit rapidement sortir une pièce d’or qui glisse dans sa main. Elle en sent le poids, professionnelle, elle n’a pas à regarder pour savoir que ce n'est pas de la pacotille. Mais la pièce paraît bien plus lourde que d’habitude. Parce que Olympe ne veut pas de cet or. Elle referme pourtant le poing dessus, déçue peut-être. D’être perçue comme une femme à dédommager ou à payer. Elle veut simplement être une femme.

« Enchantée Serenos…je m’appelle Olympe. Mais je ne veux pas de votre or… »

Olympe n’a pas besoin de parler fort. Sa voix grave, monte sagement malgré la déception ressentie en se voyant offrir cette pièce. Evidemment, elle n’en veut pas à Serenos. Un autre jour, avec quelqu’un d’autre, elle aurait fait disparaître la pièce dans une petite bourse accrochée à sa ceinture, cachée sous un morceau de tissu à sa taille. Mais elle ne le fait pas. Elle se contente de remettre l’objet dans la main de Serenos.

« C’est moi qui devrait vous dédommager. Après tout…vous n’êtes pas responsable de l’ivresse des autres. » Olympe fait des pauses parfois, entre ses phrases, qu’elle termine de temps en temps dans un presque chuchotement. « Reprenez votre argent et j’accepte cette danse. Vous êtes un excellent danseur et c’est rare de trouver…un homme de votre stature être capable d’autre chose que…briser des os ? »

Olympe sourit cette fois. Pour lui faire comprendre qu’elle n’est pas là par obligation auprès de son sauveur. Et elle veut au fond d’elle, qu’il ne la prenne pas pour une femme intéressée par sa fortune. Au vu de la pièce, elle doute qu’il ne soit qu’un simple voyageur. Mais qu’importe. Il se doute sûrement qu’elle n’est pas qu’une simple femme…
Olympe se permet d’effleurer la pommette de Serenos, où Henry l’a frappé. Le bout de ses doigts est froid, elle qui pourtant a chaud. Elle ose, descendre jusqu’à la barbe, dessine le contour de la mâchoire et arrête sa paume contre le torse qu’elle devine puissant.

« Avez-vous eu mal ? »

Olympe se cambre contre Serenos afin de lui permettre de reprendre la pose qu’ils ont abandonnée lorsque Henry est entré malgré eux, dans la danse.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 04 décembre 2022, 14:26:37
Il nota la deception qui passa dans le visage d’Olympe alors qu’elle reçut sa pièce, l’espace  de quelques minutes. Serenos n’étant pas accoutumé à ce qu’on lui rembourse un prix de sang, qui était simplement comment les Meisaens s’assuraient qu’une personne blessée recevrait les soins nécessaires à leur rétablissement.

Il nota immédiatement le ton doux et bas de sa voix, et pourtant, il parvenait à comprendre ce qu’elle lui disait. Peut-être était-ce parce qu’elle formulait les mots avec une clarté notable, ou alors parce qu’il était facile de lire ses lèvres.

« C’est moi qui devrais vous dédommager. Après tout…vous n’êtes pas responsable de l’ivresse des autres. »

« Non, » dit Serenos, sur le même ton. « Mais je regrette de ne pas être intervenu plus vite. »

« Reprenez votre argent et j’accepte cette danse. Vous êtes un excellent danseur et c’est rare de trouver…un homme de votre stature être capable d’autre chose que…briser des os ? »

Il regarda la pièce qu’elle lui rendit en se présentant et, avec désinvolture, la posa sur la tête d’un gamin passant par là. Celui-ci ne partageant pas les scrupules d’Olympe regarda le grand monsieur avec une bouche béante, révélant des dents manquantes. Il prit la pièce dans ses mains, la regardant avant de regarder Serenos de nouveau. Comme toute réponse, l’homme qui devait lui sembler être un géant haussa des épaules, puis ramena le regard vers Olympe.

Il passa lentement une main autour de la taille de la jeune femme. Qu’elle soit prostituée ou non, pour un homme de Meisa, cela n’avait aucune importance. Il ne niait pas le rôle qu’elle avait, ni les risques qu’elle prenait à prendre un ou une autre dans sa couche pour de l’argent, il déplorait seulement que ce soit dans des conditions aussi pauvres ; en Meisa, un homme ivre n’oserait même pas se balader dans le Quartier des Roses, il regagnerait la chambre de son auberge avant que quelqu’un n’intervienne. Après, il n’avait également aucune raison de croire qu’Olympe était une fille de la terre ; pour autant qu’il sache, ce Henry pouvait très bien l’avoir confondue avec une autre, ou alors être dans un état où sa misogynie ne se voyait plus voilée derrière un simulacre de raison.

Il ne recula pas à son toucher, son regard continuant de chercher celui d’Olympe alors qu’elle détaillait sa joue, puis sa mâchoire, et enfin son torse.

« Avez-vous eu mal ? »

« Non, » la rassura-t-il avec un sourire. « Les blessures font nettement moins mal quand elles sont anticipées. S’il ne m’avait pas frappé, je n’aurais pas eu le prétexte nécessaire pour répondre avec plus de force. Je suis d’ailleurs surpris d’être le premier à m’être interposé ; connaissant les règles de cette ville, je ne suis pas sûr qu’il rentera chez lui sain et sauf. »

Nul n’entrait dans la ville en ignorant qu’à tout moment, les yeux de la communauté au complet étaient rivés sur vous. Aucune action hostile dans la ville ne restait impuni pour longtemps, d’où la raison pour laquelle Serenos avait laissé Henry le frapper ; hormis sa propre bande, personne n’y verrait maintenant un acte d’agression s’il décidait de le passer à tabac, on y verrait simplement une réponse à un affront.

Il fut arraché à ses idées de violence quand le corps d’Olympe se rapprocha du sien, de nouveau, cette fois réduisant la distance qui les avait séparé pendant la danse précédente. À cette proximité, les odeurs de la demoiselle, de ses cheveux, virent chatouiller les narines du souverain, qui y décela les tons du bois de santal, une odeur muscée et fort présente, utilisée à deux fins ; soit elle s’en servait pour masquer ses propres odeurs, ou alors c’était à force d’être dans un endroit qui voyait beaucoup d’hommes et de s’en être rapprochée. Considérant le fait qu’ils étaient en train de danser avec multiples autres partenaires, la seconde option semblait la plus probable à ce moment-ci, considérant le peu d’information qu’il avait au sujet d’Olympe.

Le bras du Roi se referma alors sur elle, mais plutôt que de supporter son tronc, il posa la main au creux de ses reins, l’attirant contre lui, alors qu’il prenait l’autre entre ses doigts dans une position de valse populaire altérée. D’un geste, il lui donna le signal que la danse pouvait reprendre, mais lentement, le Roi l’attira un peu plus loin des musiciens, histoire de pouvoir avoir une conversation avec elle sans perdre de mots.

« Votre sang-froid est impressionnant, Olympe. Je connais nombre de gens qui se serait offusqué des outrances vociférées par cet ivrogne, ou qui aurait hurlé immédiatement. Pourtant, vous sembliez confiante que je vous porterais assistance. »

Il la fit lentement tourner sur elle-même d’un geste de la main, et elle se retrouva, après quelques tours, le dos calé contre le torse du « voyageur », qui posa sa large main sur son ventre, l’autre glissant les doigts entre ceux d’Olympe et lui serrant légèrement la main dans la sienne.

« Peut-être êtes-vous une excellente juge de caractère… Ou peut-être suis-je simplement prévisible. »

Il la fit de nouveau tourner sur elle-même, reprenant la position originelle, la regardant dans les yeux.

« Mais votre bravoure, je suis plus que surpris; je suis intrigué. »

Il ne connaissait rien d’elle, et elle ne connaissait rien de lui, et pourtant, elle était prête à lui confier sa sûreté. Évidemment, il ne cherchait pas à remettre en doute sa raison. Peut-être connaissait-elle suffisamment les hommes pour savoir lequel la protègerait et lequel l’aurait abandonné à son sort. Peut-être qu’elle avait perçu sa fascination de tantôt, ou peut-être qu’elle avait simplement oublié cette possibilité dans sa propre fascination.

Les questions étaient nombreuses, mais il ne voulait pas non plus la mitrailler de questions.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le vendredi 02 juin 2023, 00:23:51
La pièce disparaît rapidement. On la laisse glisser dans l’oubli, dans La Ville, comme Henry plus tôt. Pauvre Henry. Olympe ne peut s’empêcher de le plaindre tout au fond d’elle. Mère sera fâchée d’apprendre ce qu’il vient de se passer et bien évidemment, qu’elle va l’apprendre. Olympe aura droit à ses sermons sur le fait se s’éloigner de chez elle. Partir de son giron c’est prendre des risques inconsidérés. Mais Olympe ne veut pas faire la fête avec une escorte. C’est pourquoi elle est venue seule ce soir. Elle ne pensait pas que son client allait se comporter si mal, mais qu’importe. Elle est en sécurité contre Serenos, qui fait barrière de son corps.

«  Non, mais je regrette de ne pas être intervenu plus vite. »
« vous êtes intervenu. »

Olympe à souvent ce ton sans appel. Qui ne demande ni réponse, ni réaction. A quoi bon s’inquiéter de ce qui aurait dut ou pu être fait différemment ? Dans un monde idéal, les gens ne se comportent pas comme ils le font et l’ivresse est uniquement clef de l’amusement. Seulement, le monde dans lequel vivent Olympe et Serenos est ainsi fait et les catastrophes sont monnaies courantes. Mais il est intervenu. Et c’est tout ce qui importe au final.

Mais bien vite, on reprend la danse. Les représailles contre Henry n’auront pas lieu. C’est la magie de La Ville. Il aurait fallut qu’il la tue, sa petite catin, pour risquer sa propre vie ici. Mais les agressions sont quelque chose d’attendus et ce qui vient de se produire est bien moindre comparé à ce qui peut se produire ici, loin de tout et de tout le monde. Un monde à part. On fini par le comprendre à force de vivre ou même de venir dans le coin.

La valse reprend. La main de Serenos est chaude au creux du dos  et elle se laisse attirer sans aucune retenue. Les yeux mi-clos, elle garde le visage levé vers son sauveur. Elle profite de ce point de vue pour le détailler. Profite d’être celle que l’on conduit pour ne pas avoir à s’inquiéter des autres. Ne pas s’inquiéter des autres. Une sensation agréable pour une fille aux multiples responsabilités comme Olympe.

« Votre sang-froid est impressionnant, Olympe. Je connais nombre de gens qui se serait offusqué des outrances vociférées par cet ivrogne, ou qui aurait hurlé immédiatement. Pourtant, vous sembliez confiante que je vous porterais assistance. »

Confiante. Doit elle lui dire qu’elle a été imprudente ? Que sur le moment, c’est la chaleur au creux de ses reins et non son instinct qui lui a dicté sa conduite ? Non. Il l’a prendrait sûrement pour une femme impulsive et irréfléchi. Ce qu’elle n'est pas normalement. Même Mère serait choquée de son comportement. Mais elle ne peut lui mentir et lui dire qu’elle l’avait senti au fond d’elle. Cela arrive souvent. Que son instinct se révèle bon et qu’elle l’écoute prudemment. Mais pas ce soir. Ce soir elle avait vu un homme et l’opportunité de rester en sa compagnie. Plus tard elle dira que l’univers a mis Serenos sur sa route, tout simplement.

«  Il ne faut pas. Je vis ici depuis quelques années maintenant, aussi je connais bien le coin et les gens. Si je me laisse gagner par la peur au moindre souci, alors ici, je ne fais pas de vieux os… »

Olympe soupire ses mots. Ce simple constat. La Ville et sa faune. La Ville et ses dangers. La Ville et les mythes qui l’entourent. Tout ça et bien plus. Bercée dans les arts de la danse depuis son arrivée dans la maison, Olympe tourne avec souplesse et grâce, évitant habilement les danseurs et les danseuses alentours. Elle s’imprègne des mots de Serenos, sans répondre pourtant. Elle fait ce qu’elle sait faire de mieux, écouter. Calée contre son torse, elle sent les muscles dans son dos, devine le ventre ferme, le déshabille en imagination. Puis elle sourit lorsqu’il lui parle de son jugement.

«  Prévisible ? Je crois que rien ne l’est jamais complètement. Ni personne… »

Un chuchotement, avant de s’éloigner d’une pirouette pour se retrouver dos contre lui. Les bosses de ce torse épais, ce ventre ferme. La chaleur des lieux, tous ces corps qui s’approchaient et s’éloignaient. Les regards envieux de créatures qui auraient probablement aimé se retrouver contre Serenos à la place de Olympe. Bien plus enivrant que les concoctions vendues dans La Ville pour attiser les désirs. Contrairement à d’autres, Olympe n’a pas peur de laisser percevoir les signes de son désir. Elle ne cherche pas à camoufler les sourires et ne détourne pas les yeux en rougissant coquettement lorsque Serenos la regarde.

«  Intrigué ? Je vais faire de sorte de ne pas me dévoiler trop rapidement alors… »

Lorsque Olympe se retrouve à nouveau face à Serenos, elle rapproche ses lèvres de sa mâchoire, frôle le rugueux de sa barbe. La pulpe de sa bouche effleure le lobe de Serenos. Olympe doit se hisser sur la pointe des pieds pour pouvoir murmurer à son oreille sans rompre le contact de leurs deux corps.

«  Plus sérieusement. M’auriez vous laisser seule, plantée là, avec cet ivrogne pour compagnie ? »

Olympe s’éloigne de quelques pas, tourne sur elle et se colle à nouveau. Rapidement mais avec légèreté, comme par crainte de le voir disparaître, happé par la foule dont ils sont parvenus à s’éloigner quelque peu.

«  Après tout, tout cela aurait put être un piège pour vous détrousser…non ? Vous aussi…vous me faites confiance… à voir la proximité de nos deux corps… »

La putain se tourne d’elle-même cette fois pour venir plaquer son dos contre Serenos à nouveau.

Lorsqu’elle ne se trouve plus en face de lui, Olympe ferme les yeux et se laisse faire. Complètement. Elle aime lorsque son partenaire pose sa main contre son ventre, elle aime sentir les doigts effleurer la peau lorsque les mouvements de ses pas tire sur le tissu de sa robe et dévoile un peu de nudité moite. Olympe ne peut deviner les questionnements de Serenos à son sujet, mais sait il lui, qu’elle en possède également ? Des tas de questionnement ? Pourtant elle savoure l’instant, espérant avoir l’occasion d’obtenir certaines réponses.

Son corps ondule contre Serenos et elle se retrouve à nouveau face à lui tandis que la musique prend un rythme plus chaud. Une sorte de tango s’engage entre Les danseurs, les corps se pressent les uns contre les autres. Des groupes se forment, d’autres se déforment et se disperses. Cette musique ne plaît pas à tout le monde.

«  Je pourrais être un assassin… »

Elle dit cela dans un gémissement, sa cuisse remontant contre celle de Serenos avant de redescendre. A nouveau sur ses deux pieds, Olympe se replace dos à lui, guidant la main viril sur son ventre. Elle décale d’ailleurs le tissu de son vêtement afin de sentir les doigts contre sa peau directement. Le tissu rend le contact intéressant, mais Olympe veut juger des réactions de son danseur.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 02 juin 2023, 06:52:09
« Plus sérieusement. M’auriez-vous laissée seule, plantée là, avec cet ivrogne pour compagnie ? »

Il fit mine de réfléchir, quelques instants. Il se demandait vraiment s’il y avait un scénario susceptible de l’empêcher de venir en aide à quelqu’un qui pouvait en avoir besoin, surtout dans des paramètres similaires.

« Non, » admit-il finalement, entourant la jeune femme d’un bras alors qu’elle revenait vers lui. « Ce genre de personnage m’insupporte. Je lui aurais mis des bâtons dans les roues par principe. »

Un principe simple ; la dignité. Serenos abhorrait les comportements qui portaient atteinte à la dignité d’autrui, peu importe leur origine ou leur caste. Mendiant, putain, marchant, noble ou Roi, tous avaient une dignité qui méritait d’être défendue. Sans être un parangon de vertu, Serenos conservait les quelques principes que la guerre avait épargné chez lui, et il les défendait jalousement.

Il la fit virevolter, juste à temps pour éviter un impact douloureux avec un autre duo de danseurs. L’un d’entre eux sembla sur le point de témoigner un mécontentement avant de croiser le regard du Roi, et ce contact visuel, chargé de menace, suffit à le décourager d’agir en ce sens. Il maugréa quelque chose dans le sens d’excuses, puis retourna vers sa partenaire, qui sembla, elle, prête à en découdre, mais son compagnon l’incita à le suivre sans causer de problème. Visiblement, l’alcool rendait les gens braves, mais pas tous stupides.

« Après tout, tout cela aurait pu être un piège pour vous détrousser…non ? Vous aussi…vous me faites confiance… à voir la proximité de nos deux corps… »

Il referma lentement ses bras sur elle, la couvrant de ses muscles, dansant avec elle, maintenant que la musique ralentissait un peu, ses doigts suivant délicatement les courbes de l’étrangère.

« Peut-être, » répondit-il, encore une fois après une courte réflexion, un sourire flottant sur ses lèvres. « Mais comme vous avez refusé ma monnaie, vous auriez un procédé un peu contreproductif, dans ce scénario. »

La chanson ralentit, changeant pour une forme de musique à laquelle il n’était pas familier, mais il n’était pas le pupille préféré de ses précepteurs passés pour rien ; Irn Nessala n’aurait jamais laissé son élève incapable d’improviser sous un nouveau rythme.

Les pas du Roi sont au départ peu assurés, le laissant trainer au rythme pendant quelques échanges, avant qu’il ne comprenne le sens de la mélodie. À partir de ce moment, il se contenta de coller à l’ambiance et aux mouvements de la jeune femme, avant que les cuivres n’embarquent, suivi bientôt du son d’un luth, puis de claquettes.

« Je pourrais être un assassin… »

Voyant les autres danseurs se rapprocher et danser corps à corps, et les mouvements de sa belle étrangère, qui semblait également chercher sa proximité, le Roi adapta encore une fois son mouvement et cette fois entoura la taille de la jeune femme en la gardant contre lui. Après quelques mouvements de danse, il sentit la peau de la jeune femme sous sa main, et il caressa sa peau, sans se cacher de son intention, l’attirant contre lui dans un pivot contrôlé.

« Vous pourriez l’être, » convint-il d’un hochement de la tête. « Devrais-je vous fouiller, belle étrangère ? »

Il la faire fit vers lui d’un geste du bras, saisissant ses mains dans les siennes et la tirant vers lui, puis la repoussant, sans lâcher les mains, lui faisant renverser la tête vers l’arrière, offrant une magnifique vue sur sa gorge et son décolleté à l’audience, puis la ramena, et répéta l’opération dans une autre direction, la ramenant encore une fois, puis lâchant une main pour la faire virevolter, sa robe flottant sous l’élan et attirant les regards émerveillés de l’audience en révélant ainsi ses belles jambes. Serenos suivit le mouvement derrière elle, puis lui agrippa les hanches, pivote une fois avec elle, puis la soulève pour la finale d’un geste si élégant qu’il semblait presque pratiqué.

Bientôt, des applaudissements s’élevèrent, et le Roi participa de lui-même, avec un sourire, déposant la jeune femme avant d’applaudir à son tour. Il lui prit ensuite la main et, délicatement, posa un baiser sur la paume de celle-ci, puis il s’approcha d’elle, davantage, pour se retrouver de nouveau contre son corps, mais seulement parce qu’il était plus facile pour eux de parler s’ils n’étaient pas obligés d’enterrer le reste de la population pour s’entendre. Il se pencha doucement sur elle, histoire qu’elle puisse l’entendre sans effort.

« Avez-vous bonne connaissance des lieux, Olympe ? Je crains ne pas pouvoir trouver un guide pour en voir les plus charmants côtés. »

Et s’il pouvait en plus ne pas avoir de raisons de retrouver ses gardes du corps, il en serait tout aussi content. De toute façon, s’ils ne savaient pas profiter d’une journée de fête pour s’amuser sans lui, surtout dans une ville fortifiée, c’est qu’ils ne savaient plus comment profiter de la vie. Et s’ils devaient le retrouver, ou qu’il était en danger, ils savaient comment se regrouper.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le dimanche 11 juin 2023, 23:25:50
« Mais comme vous avez refusé ma monnaie, vous auriez un procédé un peu contreproductif, dans ce scénario. »

Courageux, de bons principes, gentleman. Si Olympe était au courant, elle comprendrait pourquoi Mère apprécie Serenos. Mais loin de soupçonner un lien entre eux deux, elle ne se doute de rien. Tout ce qu’elle sait, c’est que c’est appréciable d’avoir à ses côtés un homme qui soit fort de corps, fin d’esprit.

La danse continue, les corps restent serrés, leurs pas les éloignent peu à peu des danseurs et de leur cavalière. La putain s’accroche à son sauveur, habile dans la danse, habile de ses mots. Cela lui change de la faune local, fait de criminels en tout genre et de déserteurs. Tous et toutes ne sont pas instruits, contrairement aux prostituées et aux gens de passage. Quelques érudits sèment leurs connaissances au sein de La Ville, mais on ne va pas mentir et faire croire à qui voudra l’entendre que La Ville est un endroit qui pousse à l’instruction. En somme, vous ne venez pas ici pour les bibliothèques ou les musées…

« Devrais-je vous fouiller, belle étrangère ? »
«  Cela vous plairait il ? »

Olympe est pareille à une poupée, se laisse guider par son cavalier. Elle semble avoir confiance et Serenos peut le sentir à la manière que la jeune femme a de le laisser mener. Lorsqu’il la repousse sans la lâcher, la putain tourne et virevolte, sensuelle, avant de revenir lorsqu’il la tire à nouveau. Lorsqu’il l’attire. Il lui arrive même de s’abandonner à lui au point de fermer les yeux, laissant la chaleur de leur corps la transporter.

La moiteur de leur peau qui entre en contact pour se séparer. Les souffles sont plus rapides, Olympe à quelque mèche qui lui colle au front. Grisée par sa danse, elle ne prête plus attention à ce qui les entoure et rit lorsque Serenos la soulève. Leurs corps semblaient fait pour se rencontrer ici. Sur un air de musique. Elle rit toujours alors que  les applaudissements se font entendre. Olympe n’est pas une femme qui aime particulièrement être le centre des attentions, mais ce soir, elle est d’humeur festive et cela lui fait du bien. Après l’altercation avec Henry, elle a bien besoin de ça. Faire la fête, car après tout, c’est pour ça que La Ville semble faite.

La respiration courte, Olympe se laisse à nouveau attirer par Serenos et laisse un peu plus qu’avant, ses formes se pressées contre lui. La chaleur humide de son baiser au creux de la paume. Elle réfléchit un instant à sa question. Doit elle accepter de le guider dans La Ville ? Cela va fâcher Mère, c’est certain, mais tant pis. Olympe accepte ce risque, si elle peut rester quelques heures de plus avec Serenos.

«  Je connais La Ville et elle me connaît. »

C’est là, toute réponse qu’elle donne. Olympe laisse sa main glisser le long du bras de son cavalier et saisit la sienne dans un geste doux. Elle se détourne de lui et s’éloigne, l’attire à sa suite pour sortir de la petite foule qui s’amuse. Parfois ils sont ralentis, mais Olympe semble savoir comment traverser cet amas de chaire en sueur. Ils débouchent dans une ruelle plus calme, où ils n’ont plus besoin de crier ou se coller pour s’entendre parler. Au-dessus d’eux, des lampions sur toute la rue empêche de voir le ciel. Il y a peu d’endroit d’où il est visible. Parfois ça manque à Olympe d’ailleurs. Elle lève la tête, se souvient qu’il n’y aura jamais d’étoiles ici et dévie son attention sur Serenos.

«  Qu’aimeriez-vous faire, peut-être voir, ici ? On peut absolument tout trouver dans La Ville Serenos…n’est-ce pas merveilleux ? »
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 12 juin 2023, 02:58:20
"Je connais La Ville et elle me connaît."

Magnifique, avec une aura envoûtante, Serenos ne put s'empêcher de hocher la tête en signe d'approbation face à la réponse intrigante d'Olympe. Son sourire, empreint de curiosité, resta fidèlement accroché à ses lèvres. Si Olympe cherchait à renforcer son image de potentielle menace, ses réponses évasives auraient pu éveiller une certaine méfiance chez le roi. Cependant, il était habitué à ce que les rumeurs et les idées farfelues circulent à son sujet. Observant attentivement Olympe, il ne perçut aucune animosité en elle, bien au contraire. C'est pourquoi le roi estima qu'il était tout aussi sage de rester à ses côtés que de prendre ses distances.

Il pouvait sembler téméraire pour le roi de se laisser ainsi entraîner par une inconnue dans les rues d'une ville qu'il fréquentait rarement. Cependant, il y avait une raison bien précise pour laquelle le roi évitait de se montrer en dehors de son palais. Il souhaitait maintenir le voile du mystère sur ses véritables capacités et préserver ainsi son avantage stratégique. Même les princes et princesses des Trois Royaumes, qui avaient le privilège de le côtoyer dans un cadre plus informel, ne connaissaient pas véritablement l'homme qui se cachait derrière le titre de père royal. Cette réserve lui permettait de garder une certaine distance et une influence discrète sur les intrigues qui se déroulaient au sein de son royaume.

"Qu’aimeriez-vous faire, peut-être voir, ici ? On peut absolument tout trouver dans La Ville Serenos…n’est-ce pas merveilleux ?"

Le regard du souverain esquissa un sourire amusé.

"De là où je viens, tout est plus ou moins à ma portée", admit-il en resserrant légèrement les doigts sur sa main. "De fait, tout semble facile d'accès, au point que j'oublie de vivre dans le moment. Plus tard, me dis-je, je pourrai m'y permettre plus tard, et à force de reporter, nombreuses sont les choses que je n'ai pas faite."

Plus ils s'éloignaient de la foule, plus son ouïe put se faire une meilleure idée de son environnement immédiat. Il commença enfin à entendre les sons de ses propres pas, ainsi que ceux, plus discrets, de sa compagne du soir.

"Par exemple, je n'ai jamais marché seul à seule avec quelqu'un dans les rues d'une ville étrangère."

En y réfléchissant davantage, le roi se remémorait une situation singulière où il s'était retrouvé traqué par des poursuivants dans une ville étrangère, accompagné d'une femme dont il ne connaissait que peu de choses. Cette aventure avait été marquée par l'urgence, l'adrénaline et le besoin de trouver des solutions créatives pour échapper à leurs assaillants. Cependant, il prenait conscience que comparer cette expérience à sa rencontre avec Olympe était comme confronter des mondes parallèles.

Le mode de vie du Meisaen moyen accordait une plus grande importance au bonheur individuel et aux plaisirs personnels, offrant ainsi une plus grande liberté de choix et d'exploration. En revanche, le rôle du roi était saturé de responsabilités qui monopolisaient son temps et son énergie. Il était constamment accaparé par les affaires de l'État, les décisions politiques et les préoccupations du peuple. Dans cette course effrénée, il ne trouvait que rarement des moments de répit pour s'adonner à de nouvelles expériences.

Être roi impliquait d'incarner l'essence même d'une nation, d'être reconnu instantanément et de devoir jongler avec les attentes et les exigences de son rôle. Malgré les avantages et les privilèges qui accompagnaient sa position, il était conscient des sacrifices inhérents. La renommée et la notoriété, bien qu'impressionnantes, rendaient difficile l'appréciation de chaque expérience avec la même innocence et spontanéité qu'un homme du peuple.

Ainsi, même s'il pouvait théoriquement avoir accès à tout ce qu'il désirait, l'encombrement de ses responsabilités et la pression constante qui pesait sur ses épaules limitaient son appréciation des plaisirs simples de la vie. Le roi aspirait secrètement à retrouver la légèreté et l'insouciance d'un homme ordinaire, mais savait que cette réalité lui échapperait toujours en tant que gardien de son royaume.

Évidemment, il n'en parla pas un mot à la jeune femme. De toute façon, il peinait à croire qu'elle ne lui adresserait pas un regard incrédule en se demandant si elle s'était acoquinée d'un fou bon pour l'asile s'il osait admettre son statut. Qu'est-ce qu'un Roi pouvait bien faire ici ? Pourquoi s'intéresserait-il à elle ? Et ce n'est pas comme s'il se baladait constamment avec les symboles de son statut.

Après un moment, le couple déboucha sur une place isolée, circulaire, illuminée par des torches, offrant un éclairage plus intime que celui du feu de joie. Une fontaine publique se trouvait au milieu.

Le souverain interrompit la conversation qu'il avait avec la jeune femme pour jeter un coup d'œil dans l'eau, croyant y trouver des pièces de cuivre ou autre, mais non, elle était parfaitement claire et le fond était immaculé.

"Étrange… je m'attendais à ce que les gens du coin y jettent de la monnaie. Pour la bonne fortune."

Après, c'était probablement peu hygiénique si le but était d'utiliser l'eau pour boire ou pour se laver.

Serenos s'arrêta sur le bord de la place puis regarda Olympe avec un sourire, avant de prendre place sur le rebord de la fontaine.

"La dernière fois que je suis passé dans cette ville, il y a quelques années… je me souviens qu'il y avait eu des sécheresses abominables, au point que les aqueducs s'étaient complètement asséchés à la source. On a fait déplacer des shamans d'Urthes pour appeler la pluie. Je crois qu'on y était allé un peu fort, parce qu'on a ensuite été forcé de creuser des tranchés sur la route du nord pour détourner l'eau qui commençait à s'accumuler dans la ville. Maintenant, la Ville est encore plus grande. Encore plus peuplée. Les temps changent rapidement."

Il sourit et ramena son regard sur Olympe.

"Vous avez toujours vécu dans cette ville, Olympe ?" demanda-t-il avant d’enchaîner avec : "Pas que cela me concerne. Ma curiosité est simplement forte."
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le dimanche 12 mai 2024, 23:53:06
«De là où je viens, tout est plus ou moins à ma portée...De fait, tout semble facile d'accès, au point que j'oublie de vivre dans le moment. Plus tard, me dis-je, je pourrai m'y permettre plus tard, et à force de reporter, nombreuses sont les choses que je n'ai pas faite.»

Olympe ne parle pas beaucoup, mais écoute. Comme toujours. On pourrait croire, c’est vrai, qu’elle ne s’intéresse pas à la conversation, mais il n’en est rien. On pourrait penser que peut-être, elle n’y a pas fait attention ou pas entendu, puisque le bruit les entours, mais non. Elle fait ce qu’elle sait faire de mieux. Elle écoute et s’imprègne des paroles, préférant se taire plutôt qu’user inutilement de sa voix pour sortir quelque banalité. Mais sa main, dans celle, massive, de Serenos ainsi que le visage souriant qu’elle lui offre lui prouve qu’elle entend parfaitement, l’invite à continuer.

«Par exemple, je n'ai jamais marché seul à seule avec quelqu'un dans les rues d'une ville étrangère.»
«C’est fou n’est-ce pas ? A quel point nous sommes capables, mortels, de reporter sans cesse...alors que nous savons que le temps nous est compté...»

Elle lâche cela dans un souffle, léger comme la brise qui parfois se fraie un chemin entre les bâtiments, passant sans réellement rafraîchir l’atmosphère, à travers les artères de La Ville. Puis Olympe se tait, laissant leur pas seuls, troubler le calme qui se fait peu à peu une place, au fur et à mesure qu’il s’éloigne de tout le monde.

«Étrange… je m'attendais à ce que les gens du coin y jettent de la monnaie. Pour la bonne fortune.»
«Vous pensez sérieusement que les gens perdraient ainsi leur argent ?»

Elle le suit, retire ses souliers qu’elle laisse tomber sur le sol tout en se hissant pour s’asseoir sur le rebord de la fontaine, près de Serenos. Tout en l’écoutant parler de La Ville, la putain lève les tissus qui masquent ses jambes et se tourne pour les glisser dans l’eau qui la rafraîchit, la fait frissonner de plaisir. Le frais chasse la chaleur que les danseurs et les fêtards ont laissés sur son corps, sa peau encore moite de leur étreinte festive.

«La dernière fois que je suis passé dans cette ville, il y a quelques années… je me souviens qu'il y avait eu des sécheresses abominables, au point que les aqueducs s'étaient complètement asséchés à la source. On a fait déplacer des shamans d'Urthes pour appeler la pluie. Je crois qu'on y était allé un peu fort, parce qu'on a ensuite été forcé de creuser des tranchés sur la route du nord pour détourner l'eau qui commençait à s'accumuler dans la ville. Maintenant, la Ville est encore plus grande. Encore plus peuplée. Les temps changent rapidement.»

Tout en se laissant porter par la voix profonde de Serenos, elle bouge ses jambes avec grâce, jouant à faire ondoyer l’eau claire de la fontaine.

«Vous avez toujours vécu dans cette ville, Olympe ?» Olympe quitte des yeux sa peau, si pâle sous l’eau, pour le regarder tandis qu’il ajoute «Pas que cela me concerne. Ma curiosité est simplement forte.»

La jeune femme balaie cette dernière phrase d’une main. Elle réfléchit sans en avoir l’air, ne sachant ce qu’elle doit lui dire. Qu’elle travaille comme prostituée dans un bordel ? Et si cela lui donne envie de s’en aller ? Après tout, il semble avec elle pour autre chose que payer pour des services. Il serait aller dans un bordel n’est-ce pas ? Car ici, les putes de rue ne sont pas monnaie courantes. Elle peut aussi lui dire qu’elle est juste une touriste...mais ne lui a-t-elle pas avoué qu’elle connaît La Ville et que La Ville la connaît ? Olympe n’aime pas mentir. Elle n’aime même pas maquiller la vérité, ayant peur de laisser croire qu’elle aurait honte de Mère et de son métier, alors que ce dernier ne la dérange pas et que Mère est une femme incroyable pour elle. Elle s’entend quand même dire.

«Ne vous en faites pas, ce n’est pas indiscret...» Gagne du temps, soupire et se décide à ne pas tout dire, tout simplement. «Je viens de la campagne. La Ville m’a accueillie...disons que j’ai préféré ses rues bondées à la prison dorée que mon père me promettait.» Elle a détourné les yeux pour les plonger à nouveau dans ceux de Serenos, devant pour cela levé légèrement la tête, lui dévoiler sa gorge pâle. Elle veut voir ce que sera sa réaction. «C’était La Ville ou le couvent...»

Et ce n’est pas un mensonge. Après tout, c’est là la stricte vérité. Son père l’aurait faite enfermée dans un couvent, préférant la voir malheureuse mais loin de lui et de ses propres vices, plutôt que libre, mais heureuse. «Tu ressembles à ta mère. Tu ressembles tellement à ta mère...» Et le ton qu’employait son patriarche pour le lui faire remarquer, n’était jamais gentil. En clair, ce n’était pas un compliment. A cette pensée, son visage aurait pu se fermer, mais il n’en est rien. Olympe a cette faculté de ne pas laisser transparaître ce qu’elle ressent au fond, n’affichant que ce qu’elle a envie que l’autre sache.

«Cela fait quelques années maintenant. Mais je ne suis pas d’ici réellement. Vous me croyez si je vous dit que je suis fille de paysan ? Et que je faisais un travail d’homme ?»

Elle sourit en coin, regarde ses mains soignées, ses rondeurs installées. Elle n’est plus la robuste paysanne aux mains abîmées désormais. Sa peau n’est plus agressée par le Soleil, les intempéries d’une campagne perdue quelque part sur Terra. Son odeur non plus, n’est plus la même. Celle, animale, de la ferme. La sueur mêlée de cette odeur qu’elle a mit si longtemps, lui semble-t-il, à débarrasser sa peau, chaque recoin, pli, muscle de son corps. Mère ne supportait pas cette odeur d’ailleurs. Sans la trouver dégoûtante, elle trouvait qu’elle n’avait pas sa place dans un bordel. «Tu dais trop péquenaude ma fille !» Quel accueil elle lui avait donné, cette vieille harpie…

«Et vous ? D’où êtes-vous ? Vous semblez connaître La Ville plus que certains qui pourtant, y vivent au quotidien...» Puis elle ajoute, joueuse «Pas que...cela me concerne...» Un nouveau soupir, presque lascif, le ton un peu plus bas, confidence au bord d’une fontaine. «Mon intérêt est simplement très fort.»
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 14 mai 2024, 21:35:03
Serenos ne se rendait pas nécessairement compte que sa compagne avait un air désintéressé. De fait, il ne parlait pas que pour elle. Certains avaient l'habitude de dire que le Roi appréciait simplement le ton de sa voix, et donc, même si Olympe était réellement désintéressée, il ne s'en serait peut-être jamais rendu compte. La réalité, cependant, était que le Roi de Meisa écoutait davantage les ondes qui émanaient de sa partenaire de discussion plutôt que ses expressions. Lui-même, et par extension la plupart de ses semblables, avaient développé cet art de cacher leurs expressions faciales, ne s'autorisant qu'à porter différents masques pour mieux contrôler le sens de cette discussion.

Olympe semblait partager cette pratique, ce qui le laissait croire qu'elle pratiquait peut-être un métier qui lui demandait ce genre de contrôle. La plupart des gens du peuple étaient plus… communicatifs, moins réservés, parce qu'ils ne craignaient pas les répercussions de leurs pairs, et surtout, leurs comportements n'étaient pas nécessairement lié à leur succès. Un fermier, même avec un comportement insupportable, allait quand même trouver des clients, parce que la nourriture est rare, difficile d'accès. Un marchand, cependant, surtout dans un milieu compétitif, pouvait se voir ruiné par son incapacité à garder son humeur sous contrôle.

Malgré lui, le Roi se surprend à observer la jeune femme alors qu'elle se trempe les jambes dans la fontaine, détaillant leur délicatesse. Sa peau semblait douce, chaude, et pendant leur danse, il avait pu le constater lui-même. Pendant un moment, il se demanda ce qu'il ressentirait à les toucher, les explorer, mais il chassa ces pensées. Pour autant qu'il sache, elle était peut-être déjà prise, et cette soirée n'était qu'un moment pour elle d'échapper aux attentes matrimoniales, et prendre un peu de plaisir platonique en présence d'autres personnes.

Elle lui parla un peu d'elle. De sa vie. De son passé. Il voyait qu'elle tâchait de rester vague, et il ne lui en tînt aucunement rigueur; entre étrangers, peut-être qu'un peu de discrétion était nécessaire, et étant une femme de plus, peut-être que c'était une façon pour elle de se protéger.

Elle lui demanda alors s'il pouvait croire qu'elle était une fille de paysan, et qu'elle faisait un travail d'homme.

"Hm…"

Il prit délicatement la main de la jeune femme, avec sa permission, et il en caressa la paume de son pouce. La main de la putain était fine, délicate, et n'arborait aucun cal ou durillons.

"Si vous aviez fait du travail manuel," dit-il doucement en examinant sa paume. "C'était il y a un bon moment."

Il releva la main, et entrelaça leurs doigts, serrant légèrement. La main de la jeune femme était beaucoup plus petite que la sienne, et si fine et délicate qu'il craignait presque de lui briser quelque chose qu'il serrait plus fort.

Elle lui demanda ensuite d'où il venait, et il lui sourit.

"Je viens d'Ayshanra," répondit-il tout simplement. "Mais j'ai passé beaucoup de temps sur le continent depuis le début des accords commerciaux et de défense mutuelle. J'ai passé du temps dans la ville, autrefois, portant assistance à une femme que, je crois, vous connaissez sous le sobriquet de "Mère". C'est une vieille amie. Malgré mon apparence et ma santé relative, j'ai déjà beaucoup vécu."

Et ce n'était pas un euphémisme; le Roi était assurément plus vieux qu'Olympe, même si, en raison de son héritage Meisaen, il ne se distançait pas de beaucoup par rapport à son âge apparent. Il regarda la jeune femme, puis décida aussi de déballer quelques demi-vérités.

"J'ai été soldat, pendant une grande partie de ma vie. J'ai vu beaucoup de choses, et j'en ai affronté la plupart. Ma vie a été menée par l'épée et des circonstances sur lesquelles j'ai toujours eu très peu de contrôle. Depuis peu, je tâche de me départir de ces influences externes, et de me départir des regrets de décisions que j'ai dû prendre. J'ai connu la solitude, la perte, la dépression, l'amertume, l'amour et la guerre si souvent que je ne vois presque plus la vie qu'en ces termes. J'étais sur le continent pour affaire, et maintenant, j'y suis coincé."

Il eut un petit sourire.

"C'est une drôle de coïncidence que notre rencontre ne tienne qu'à une diligence volée et un incendie d'auberge au milieu de nulle part, n'est-ce pas ? Et pourtant, j'ai envie de dire que c'est ainsi que j'ai fait les plus belles découvertes de mon existence. "
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le lundi 20 mai 2024, 18:22:15
Le contact des mains de Serenos la firent frémir. Et elle ne pouvait pas mettre ça sur l’eau fraîche dans laquelle ses jambes continuaient leurs rondes délicates. Sa paume chaude mais abîmée par la vie, contrastait avec la douceur de son derme délicat. Olympe le laissa inspecter et serra doucement de ses doigts fins et bagués, les siens, plus épais.

«Vous êtes doués...»

Ce fut dit dans un souffle, ses yeux bleus restant ancrés sur leurs mains jointes. Elle joua de ses doigts avec les siens, se retirant pour lui caresser la paume tout en l’écoutant se raconter. Les mots étaient enregistrés, tout comme chaque détail de sa peau, les petites cicatrices qui parcheminaient celle-ci. Des doigts épais, des mains qui étaient douces dans la gestuelle, mais qu’elle avait vu capable de gestes durs et violents plus tôt dans la soirée. Henry en garderait souvenir également. A la mention de Mère, Olympe failli retirer sa main comme si on la lui avait brûlée, mais se retint au dernier moment. Elle avait eu l’impression que par cet aveux  «Je la connais», il pénétrait violemment dans ce qu’elle tentait de cacher. Heureusement, la force de l’habitude, Olympe ne laissa rien transparaître et plongea le regard vers ses jambes qui bougeaient encore dans l’eau, machinalement.

«Mère ? Bien sûr...tout le monde la connaît ici.»

Son ton était presque un murmure, comme si elle réfléchissait à autre chose. La putain fini par rompre le contact pour placer ses doigts sur le bord de la fontaine et changer de position. L’air frais fit frissonner la jeune femme qui sortit ses jambes de l’eau, posant ses pieds sur le rebord, près des cuisses de Serenos. Elle utilisa le tissu de sa robe pour se sécher avec une grâce non feinte et loin d’être exagérée.

«C’est pour cela...que votre apparence est si...intrigante. Les gens qui ont un vécus riches, en déception autant qu’en joie, dégagent quelque chose de différents des autres...»

Olympe leva à nouveau son visage, tout en continuant de passer le tissu sur ses chevilles et ses mollets, tendant finalement une de ses jambe pour la déposer délicatement sur celles de Serenos. L’autre restait repliée et elle vint poser son menton sur son genou, pour continuer de regarder son interlocuteur.

« Je ne saurais pas dire quoi exactement...»

Les joues de Olympe s’étaient légèrement teintées à la mention des «belles rencontres». Elle se mordit la lèvre inférieure, détourna un instant ses prunelles du visage de Serenos, puis le releva en une simple caresse des cils sur l’anatomie «rugueuse» de l’homme. Sa respiration était légèrement plus rapide, mais elle gardait contenance en jouant avec le tissu de sa robe. Elle avait envie de lui demander comment il connaissait Mère exactement. Était-il client de sa maison de passe ? Mais si elle portait un trop grand intérêt à cet aspect de la vie du Meisaen, ne risquait il pas de se poser des questions et la pousser à avouer le métier qu’elle faisait ? Ses sourcils se froncèrent tandis qu’elle pensait à tout ça, mais la sérénité repris bien vite place sur son faciès.

« Mmm...Vous êtes un charmeur...Serenos.» Le prénom était comme savourer en sortant de ses lèvres pulpeuses et du même roses que certaines fleurs. «C’est un compliment...»

Et c’était vrai. Olympe n’avait pas dit cela comme on peut parfois le reprocher aux hommes à la langue bien pendue, au sexe bien tendu. En parlant, cette fois, elle avait osé glisser sa main jusqu’à sa barbe, frôlant de la pulpe de son index la blessure faites par Henry. Le sang avait commencé à sécher et elle en sentit la croûte sous son empreinte.

«Voulez-vous que nous continuions notre promenade ? Peut-être pourrions-nous aller boire un verre...je connais un endroit calme. Car oui. Avant que vous ne disiez quoi que ce soit, il y en a ici...peu...mais ils existent.»

Et Olympe avait ses entrées un peu partout, en tant que la protégée de Mère. Elle ne prenait pas trop de risque, car les gens extérieurs au quartier de son bordel, évitaient, lorsqu’il la voyait arrivé avec quelqu’un, de mentionner son travail. En sommes, lorsque vous étiez vu en dehors, malgré le fait que La Ville soit remplie de rustre, il y avait une sorte de code de délicatesse, qui fait qu’on ne mentionnait pas la vie des autres face à des étrangers. Ce n’était pas comme ailleurs, ou lorsque vous étiez une pute, on vous fichait comme tel. C’est aussi pourquoi, lorsque Henry avait fait mention de ce détail «C’est ma pute», personne n’avait tenté d’intervenir pour lui donner raison face à Serenos.

Olympe se contentait de bouger lentement sa jambe sur celles de Serenos, comme si c’était normal qu’elle soit ainsi, comme s’ils se connaissaient depuis plus que les quelques heures qu’ils venaient de partager. C’était le geste intime d’une épouse pour son époux et non pas d’une prostituée pour son client ou d’une amante pour son amant.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 20 mai 2024, 22:18:16
Olympe était manifestement une maîtresse de ses expressions faciales, car le Roi ne capta pas du tout son inconfort à la mention de Mère. De fait, son indifférence le laissa simplement supposer que le sujet était des plus banaux à son oreille, bien qu'elle affirme la connaître, comme tout le monde dans la Ville, probablement puisqu'elle était l'une des personnes les plus importantes et influentes de la ville.

Elle retira ses pieds de l'eau, et Serenos ne put s'empêcher de la regarder faire. À la discrète lumière de lune, la peau d'Olympe semblait être couverte de petits diamants, même si la jeune femme tamponna ses jambes de sa robe.

Elle lui dit qu'elle était intriguée par son apparence, ou par lui, il n'était pas bien sûr de ce qu'elle décrivait. Il semblait qu'elle lui trouvait quelque chose d'étrange, de différent et peut-être même, s'il se permettait un brin d'arrogance, d'attirant. Elle alla même jusqu'à lui dire qu'elle le trouvait charmeur, précisant que c'était un compliment, ce qui ne manqua pas de le flatter.

Il fut surpris de la voir passer la jambe sur ses cuisses; ce n'était pas vraiment le genre de chose qu'une femme du continent ferait avec un homme qu'elle connaissait à peine, et les intentions du duo semblaient commencer à se concrétiser. Serenos ne cachait pas que le mystère entourant la jeune femme avait capté son attention ; pas qu'elle semblait particulièrement chercher à lui cacher quoi que ce soit, mais elle ne cherchait pas non plus à lui étaler plus d'informations que nécessaire.

"Et pourtant, je ne saurais vous arriver en cheville en la matière, Olympe," dit-il avec un sourire en réponse à son compliment, posant délicatement un doigts sur la cheville humide d'Olympe, comme pour appuyer son propos.

Alors que la main de la jolie étrangère se posait contre la barbe du Roi, la sienne remonta lentement son mollet, et caressa son genou, tout en observant le regard d'Olympe, qui semblait l'observer avec une attention. Il ne recula pas, la laissant explorer librement son visage de ses doigts fins et délicats. Il crut pendant un instant qu'elle ferait un geste vers lui, mais à la place, elle lui demanda simplement s'il voudrait bien aller prendre un verre avec elle.

Déçu ? Non. Absolument pas. Pas beaucoup. Peut-être. Il avait l'impression que, plutôt que de sortir les rues, l'ambiance semblait se prêter aux jeux de la séduction, et le Roi avait un peu l'impression de s'être emballé pour rien, une émotion qu'il n'avait pas ressenti souvent, et qu'il n'était pas complètement sûr de pouvoir comprendre. Réprimer sa surprise lui demanda tout son contrôle sur son expression faciale, et il se contenta de sourire pour elle.

"Cela me semble être une bien charmante idée," dit-il.

Il se releva en déplaçant soigneusement la jambe de la jeune femme pour se libérer, puis il mit un genou en terre devant la fontaine, lui faisant face. D'une main, il chassa les petits cailloux laissés par le rebord de la fontaine sur ses pieds humides puis de l'autre l'aida à se chausser, toujours avec délicatesse, presque pour faire une reprise d'un de ces contes pour enfants alors qu'il faisait glisser.

Une fois sa compagne du moment bien chaussée, le Roi se redressa sur ses pieds et lui prit les mains pour l'aider à se relever à son tour, avant de galamment lui offrir son bras, à la manière des aristocrates, non sans un brin de comédie exagérée pour rajouter un peu d'humour à la situation.

"Pourriez-vous me faire l'honneur d'être mon escorte vers le lieu de débauche de votre choix, Dame de Laville?"

Certes, le sobriquet manquait d'imagination, et semblait assurément nigaud sur les bords, mais le Roi ne cherchait pas non plus à la mettre mal à l'aise à inventer de grands noms. L'aristocratie Nexusienne était l'une des premières raisons pour lesquelles les femmes de Nexus se retrouvaient à la Ville, préférant côtoyer voleurs et putains plutôt qu'être sacrifiées aux ambitions pécuniaires de leur famille, et donc il imaginait mal que le rappel de ces êtres pompeux et imbus d'eux-mêmes puisse être nécessairement plaisant, donc autant les faire tourner en blague.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le mardi 28 mai 2024, 23:57:26
Olympe se demanda s’il était judicieux d’être aussi tactile avec Serenos. Ce dernier, en effet, ne savait pas qu’elle était prostituée et la jeune femme se demandait si ses manières n’étaient pas un peu trop osé pour une femme qui n’était pas du milieu. Mais elle chassa bien vite cette pensée, se disant que les femmes de La Ville n’étaient après tout, pas comme celles d’ailleurs. A nouveau, cela ne fit qu’effleurer son esprit sans paraître sur son visage, égale à elle-même.

«Et pourtant, je ne saurais vous arriver à la cheville en la matière, Olympe.» S’il savait…

S’il savait que le charme était une seconde nature depuis qu’elle était adolescente et qu’elle avait parfait ses talents en la matière chez Mère, est-ce qu’il serait tout autant flatté ? Évidemment que Olympe n’en était pas moins sincère dans ses paroles, mais elle ne pourrait pas empêcher Serenos de potentiellement réagir comme n’importe quel homme en apprenant son véritable métier. Mais il n’était pas temps de se poser trop de questions sur tout ça. Olympe voulait profiter de cette rencontre, de sa nuit aussi, rare fois où elle pouvait faire autre chose qu’arpenter les couloirs du bordel, de chambre en chambre, s’assurer que les recrues apprennent pour devenir de bons éléments lorsqu’il serait temps de les faire monter en grade...etc...A dire vrai, bien qu’elle aimât beaucoup ce qu’elle faisait, sa profession et son statut d’aînée dans la maison de Mère, Olympe avait quand même besoin de sortir du milieu de temps en temps et cela faisait si longtemps…

«Cela me semble être une bien charmante idée.»

Le contact sur son genou, la fit frémir de manière délicieuse et elle fut ensuite ravie de l’entendre dire qu’il acceptait son verre. S’attendait-il à autre chose ? Il n’en laissa rien paraître et aida Olympe à se remettre sur pied, mit un genou à terre pour l’aider avec ses souliers. La douceur qu’il mit à retirer les petits cailloux sous ses pieds, ainsi que la délicatesse avec laquelle il l’aida à se chausser, la réchauffa. Olympe n’était pas habituée à ce qu’on s’occupe d’elle et elle se rendait compte à quel point cela lui était agréable. A quel point cela lui avait manqué.

«Merci...Serenos.» Elle ne semblait pas se lasser de prononcer son prénom, comme si c’était là quelque met délicat entre ses lèvres. «C’est avec plaisir que je serai votre escorte.» Olympe ne releva pas le petit surnom, se contenta de lui tendre la main pour saisir ses doigts avec délicatesse. Une caresse qui débuta à son poignet pour glisser à sa main.

«Suivez-moi...»

Énigmatique, elle lui fit signe de se taire, de ne pas poser de question, de ne pas parler. C’est dans un silence que leurs pas troublaient qu’Olympe le conduisit à travers des ruelles, parfois bondées, parfois totalement déserte. Elle prenait des raccourcis, s’arrêtant lorsqu’il y avait trop de monde, pour changer de direction. Elle n’avait pas envie de se coller à de nouveaux corps. Et toujours en silence, ils se perdirent dans les nuits de La Ville.

«C’est ici...»

Ici. Il n’y avait rien. Une ruelle entre deux hauts bâtiments, aux abords de la maison de Tatie. Cela se voyait que c’était un peu plus chic, les rues semblaient plus propres, les gens qu’ils avaient croisés, plus richement vêtus, plus discrets que l’endroit qu’ils avaient quittés. Face à la ruelle sombre, elle se tourna un instant vers lui.

«Vous me faites toujours confiance ?»

Ses yeux se plongèrent dans ceux de Serenos. Elle devait se hisser légèrement sur la pointe des pieds pour pouvoir le regarder avec aplomb, afin qu’il voie qu’il ne risquait rien. Une fois sa confiance ou au moins, son accord donné, Olympe, qui gardait sa main dans la sienne, l’attira dans l’ombre des deux immeubles, se guidant de sa main libre qu’elle avait posée contre un des murs. Elle comptait à voix basse, car ils ne voyaient rien et elle connaissait l’espace entre la rue et le lieu où ils allaient passer une partie de la nuit, au nombre de pas qu’elle devait faire et des petits globes qu’elle sentait sous ses doigts, tous les trois ou quatre pas. Puis elle s’arrêta. Son souffle et celui de Serenos étaient les seuls choses audibles. Olympe tendit la main et sentit du bois sous sa paume. Elle frappa trois petits coups et deux grands, attendit et frappa à nouveau trois petits coups. Sa main serrait celle de son compagnon qu’elle ne pouvait de toute manière pas voir. Un bruit, bientôt, se fit entendre. Des pas, suivit d’un son qui devait être celui d’un mécanisme. Bientôt, un raie de lumière se fit et une tête fardée apparu.

«Qui va là ?»
«C’est Olympe...»
«Bonsoir...tu es seule ?»
«Non. Je suis avec...un ami.»
«Entrez vite.»

La voix était chantante, mais comme un murmure. Tout comme Olympe qui chuchotait. Elle tira un peu Serenos par la main, afin de le faire entrer dans une salle illuminée par des multitudes de bougies protégées par des photophores colorés. La pièce semblait baignée dans une sorte de prisme arc-en-ciel. La personne qui leur avait ouvert n’était pas une femme, mais ce n’était pas non plus un homme. A dire vrai, il aurait été difficile de lui donner un genre. Maquillée, mais avec un corps de sylphide, longiligne, un peu plus grande que Olympe, légèrement plus petite que Serenos. Elle toisa le couple avec sympathie et amusement et tapa dans ses mains.

«Bienvenue en ce lieu qui n’a pas de nom...ou alors qu’on aura vite fait d’oublier.» Elle partit d’un rire qui paru tout à coup tonitruant dans la salle où il n’y avait pas de meuble. Une porte en alcôve au fond qui conduisait à des escaliers.

«Olympe, je te laisse guider monsieur. Vous n’avez pas besoin de moi je pense...» Elle rit. Un petit rire joyeux, avant de s’éloigner derrière un rideau où se trouvait sa place qu’elle avait quitter pour accueillir les nouveaux venus. «Profitez de votre nuit, comme si c’était la dernière surtout !»

Olympe secoua la tête à l’attention de Serenos, comme pour lui dire «Ne faites pas attention à ses bavardages.» Puis, lentement, Olympe dirigea leurs pas vers la petite porte, sans lâcher cette main qu’elle n’avait pas lâchée depuis le début. «Venez, Serenos.»

Ces quelques mots et les voilà qui ouvre la porte. Olympe attrapa une lanterne multicolore et ouvrit plus grand pour que les deux puissent passer dans l’escalier qui semblait descendre à l’infini. Mais ce n’était qu’une impression, car ils arrivèrent bien vite à une autre porte que la jeune femme poussa, sur une vaste salle au plafond fait de voûte de Pierre. Il y avait des couples, qui bavardaient dans une ambiance feutrée, fumait de l’opium et d’autres qui s’embrassaient dans la discrétion de leurs tentes. Car oui. Si vaste était la salle, qu’il y avait de nombreuses tentures qui offraient à qui voulait, toute l’intimité nécessaires. Olympe et Serenos ne pouvait voir que des ombres se mouvoir. Elle ne laissa guère le temps à son compagnon de parler ou de s’attarder, car elle savait déjà où les diriger. Tout au fond, il y avait un endroit que personne ne semblait occuper. Elle repoussa des tissus safran et se glissa derrière. Là, il y avait de nombreux coussins entourant une table basse et ronde, finement ouvragée.

«Installez-vous, je vais demander que l’on nous apporte à boire...et à manger.» Sur ces mots, Olympe repartit, laissant Serenos seul dans la niche de tissu.

Elle revint bien vite pourtant, lui offrant un charmant sourire.

«On va venir nous servir.» Elle s’installa sur des coussins, après avoir fait le même geste que plus tôt dans la soirée, elle retira ses souliers. «Ici, la seule règle est de parler à voix basse...» Elle dit cela en déposant la lanterne sur la table entre eux. «Pardonnez toutes ces cachotteries, tout ce mystère, mais je n’avais pas envie d’affronter les ivrognes dans les tavernes...m’en voulez-vous ?»

Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 03 juin 2024, 05:54:06
Serenos ne ressentait pas souvent de l'inquiétude. De fait, suivre Olympe vers sa destination ne lui suscita absolument aucune méfiance, pour la simple raison qu'il n'y avait pas grand-chose sur le territoire qui puisse le menacer. En même temps, une part de lui n'aurait assurément pas rejeté l'opportunité d'une bonne bousculade. Il devait admettre que si Olympe avait pour but de le mener dans une embuscade, elle était très, très douée pour ce travail. Que ce soit dans sa façon de parler, de le regarder, de le toucher, si elle pouvait feindre cet intérêt dans le but de le débourser ou pire, il lui aurait peut-être même offert un travail, après avoir brisé les os de ses partenaires.

Mais Olympe n'en avait aucunement l'intention. Du moins, il n'en détecta aucune provenant d'elle. Comme elle lui avait demandé de ne pas parler, il ne dit pas un traître mot en la suivant, se contentant de garder un œil sur leurs environs au cas où quelqu'un aurait eu, pour leur part, des intentions néfastes à leur encontre. Après tout, il était de l'extérieur, et elle était une femme. Il n'arrivait pas souvent que les truands s'en prennent aux résidentes, certes, mais parfois, certains oubliaient où ils étaient, et il se faisait un devoir de le leur rappeler, à sa façon.

Elle le guida vers une ruelle, et lui demanda s'il lui faisait confiance, et pour maintenir sa parole de ne rien dire, il lui prit sa main, et y déposa un baiser sur ses doigts, et de l'autre, lui fit signe de procéder, et qu'il la suivrait, le tout avec un sourire. Malgré la noirceur presque complète, les yeux du Roi s'adaptèrent rapidement au manque de lumière, lui permettant de discerner les formes du mur et du sol, marchant aussi confortablement dans le noir absolu qu'en plein jour, bien que cela requiert un peu de concentration. Ils arrivèrent bientôt à une porte dissimulée dans une ruelle sombre, et elle frappa à celle-ci. Manifestement, elle était connue, puisqu'en quelques mots, la personne derrière la porte ouvrit, sans demander de mot de passe ou de poignée de main secrète, ce qui sembla presque décevoir le Roi, qui se plaisait à lire les rapports de la garde et le démantèlement des organisations criminelles ou leurs interactions avec des sociétés secrètes. Mais il n'en fit pas de façon, bien sûr.

L'individu derrière la porte ne lui dit rien du tout. De fait, à bien l'observer, il était surpris de tomber sur une personne qui avait un physique aussi similaire au stéréotype askandr Meisaen; une apparence masculine et pourtant très féminine à la fois. Il se laissa guider par Olympe, se contentant d'un geste de la tête envers leur hôte, qui sembla presque insinuer quelque chose de particulièrement sulfureux, mais Olympe s'empressa de lui dire de l'ignorer.

"C'est déjà oublié", l'assura-t-il avec un sourire, avant de la suivre dans les ténèbres.

Après un long, presque interminable voyage, ils se retrouvèrent dans un… hm… pour une fois, Serenos ne trouva pas un terme pour décrire cet endroit. Un repaire ? Un refuge ? Difficile à dire. Il reconnut rapidement l'odeur de l'opium et les rires délirants qui y étaient associés. Son nez, trop fin pour ce genre d'endroit peu aéré, ne négligea pas de détecter les odeurs du plaisir charnel. Il suivit Olympe, en faisant bien attention de ne pas marcher sur la jambe de quelqu'un ou de trébucher sur les tentures, la suivant jusqu'au fond de la pièce, où elle l'attira sous une d'entre elles, bien isolés.

Elle lui dit de s'installer avant de disparaître, sans laisser au Roi l'opportunité de lui poser des question. Il soupira et, après avoir jeté un coup d'œil à la pièce, haussa des épaules et réarrangea un peu les coussins, et par souci d'hygiène les nettoya d'un sort, qu'il soit ou non nécessaire, avant d'y prendre place.

Elle revint bien vite en l'informant que quelqu'un allait revenir avec de la nourriture et des raffraichissements. Considérant l'endroit, Serenos n'était pas complètement sûr d'avoir envie de manger ou de boire ce qu'on allait lui apporter, mais il n'allait pas non plus vexer la demoiselle. La voyant retirer ses souliers, il en fit de même pour ses bottes, qu'il plaça dans un coin.

Les pieds du Roi étaient enrobés dans des bandelettes de tissus rappelant vaguement des pensements. Débutant sous les orteils, la bande était passée autour du pied jusqu'à la cheville, avec trois épaisseurs. Comme le Roi était un grand voyageur, c'étaient ces bandelettes qui protégeaient ses pieds des inconforts de la route.

Il observa la jeune femme, qui lui demanda s'il lui en voulait de son silence.

"Du tout," dit-il avec un sourire. "Je me suis dit que, peu importe ce qu'il pouvait arriver, cela était surement plus intéressant que de rester seul dehors. Et bien que je n'ai aucun problème à rectifier le caractère d'ivrognes, j'apprécie davantage un moment de quiétude avec vous."

Il regarda autour pendant un moment, puis ne voyant rien de bien significatif, dû à la tente qui leur procurait cette intimité, il posa de nouveau son regard sur Olympe.

"Je dois vous avouer, cependant, que je suis surpris. Si on m'avait dit que je me retrouverais, ce soir, dans un repaire souterrain avec une jeune femme rencontrée quelques heures plus tôt, je crois que je ne l'aurais pas cru."

Ceci dit, il marqua une pause, réfléchissant un moment.

"… Et ce n'est même pas vrai, en plus, c'est exactement le genre d'embrouille dans lesquelles je me trouve…"
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le samedi 29 juin 2024, 18:59:40
«Je me suis dit que, peu importe ce qu'il pouvait arriver, cela était sûrement plus intéressant que de rester seul dehors. Et bien que je n'ai aucun problème à rectifier le caractère d'ivrognes, j'apprécie davantage un moment de quiétude avec vous.»
«J’ai cru remarquer cela.»

Ce fut dit dans un murmure chaleureux. Olympe se positionna confortablement dans les coussins, habituée et à l’aise. Elle laissait ses yeux caresser la physionomie de Serenos, s’attardant sur certaines parties de son visage, parfois de son corps, sans s’attarder. Ses pupilles revenaient inlassablement aux yeux de son partenaire. Elle n’avait pas besoin d’observer des lieux qu’elle connaissait pour ainsi dire, par coeur, à force d’y venir. Cependant, elle n’emmenait pas toujours, voir rarement, des gens qui ne soient pas des amis proches. Peut-être que dans une nuit d’ivresse, il lui était arrivé de venir avec quelqu’un qu’elle venait tout juste de rencontrer, mais c’était vraiment à cause de l’alcool et non par envie de s’isoler avec, comme c’était le cas ici. Ce serait donc mentir totalement que dire que Serenos était le premier qu’elle emmenait ici. Mais cela en serait un également de dire que c’était une chose habituelle.

«D’embrouille ? Vous pensez qu’il y aura embrouille ?»

Olympe ne lui reprochait pas ce terme. Elle en riait plutôt, un sourire en coin. Mais il n’eut pas le temps de réagir, car une main baguée passa entre les tentures qui s’écartèrent sur deux créatures au corps de rêve, quasiment nue, vêtue par l’ombre et la lumière douce que projetaient les lanternes. Elles s’inclinèrent sans parler, déposèrent les boissons et des plateaux de quelques denrées, entre le couple, avant de s’éloigner, sans qu’un seul mot ne fut échangé. Olympe observait toujours Serenos. Une fois les serviteurs partis, elle se pencha pour remplir leur coupe, tout en expliquant.

«Elles sont aveugles et ne parlent pas. C’est pour ça qu’on les engage. Certains trouvent cela cruel, d’autres...eh bien ils jugent plutôt bénéfique que des êtres ainsi handicapés puissent travailler quelque part.» Elle tendit sa coupe à Serenos et prit la sienne. «Entre nous, je pense qu’à l’extérieur, elle ne survivraient pas...» C’était fou de voir la facilité et l’habileté avec laquelle elles avaient effectués les gestes du service, ainsi que le fait qu’elles n’aient rien renversé. La force de l’habitude. «Je crois qu’elles ne sont pas malheureuses ici.»

La putain, sur ses mots, leva son verre pour faire un santé silencieux, trouvant que les mots que l’on sort normalement pour trinquer seraient bien trop futiles pour être dit ou entendus. Le regard pesait plus que les paroles. Elle bu une gorgée de l’alcool doux, mais piquant qu’on leur avait servi, une spécialité de La Ville, et fit tourner son verre lentement, tout en continuant d’observer son vis à vis. Au bout d’un moment, elle reprit.

«Donc, vous avez dit «embrouilles». Pensez-vous qu’il y en aura ?» Olympe aimait parfois reprendre les propos de l’autre, pour le pousser à s’expliquer.  Elle pensait bien que Serenos avait dit cela sans penser au sens exact de ce terme, comme souvent, les gens employant des termes génériques sans que ce dernier ne signifie réellement ce qu’il veut dire. Elle qui s’exprimait si peu, tentait toujours d’être précise. «Ou est-ce là un terme que vous avez utilisé sans y penser ?»

C’était d’ailleurs toujours fascinant pour elle de voir des gens capables d’aligner des tas de mots, des phrases qui n’avaient parfois pas de sens ou au contraire un sens profond, sans sembler se fatiguer. Elle-même se savait peu capable de cette prouesse. Comme si elle avait peur d’user sa voix ou peut-être était-ce de noyer son interlocuteur de babillage. Olympe serait probablement incapable de dire pourquoi elle était si peu bavarde. Pourtant, ce n’était pas une femme muette ou ayant été forcée de l’être. Mais c’était vrai que le fameux «les femmes sont bavardes» ne s’appliquaient absolument pas à elle et contrairement à ce que certains clients avaient pu penser par le passé, ce n’était pas due à l’éducation qu’elle reçut, que ce soit de Mère ou de son père. Bien que dur envers elle, ce dernier n’avait en effet jamais imposé le silence à sa fille. Cela ne signifiant pas pour autant qu’il l’écoutant assidûment.

De temps en temps, Olympe se penchait et attrapait une noix, un fruit, un morceau de pain, qu’elle grignotait en écoutant Serenos. Elle appréciait sa voix, l’éducation qui transparaissait dans son langage et la puissance qui se dégageait de son corps. Et s’il était vrai qu’elle avait envie de connaître le goût de ses lèvres et de sa peau, la putain était patiente et n’en montrait rien, si ce n’était ce regard qu’elle laissait glisser sur lui, ses yeux qui s’attardaient sur sa bouche lorsqu’il parlait, sur sa gorge, sur ses mains.

« J’ai rarement eu l’occasion de me trouver avec un homme tel que vous dans cet endroit. A dire vrai, un homme comme vous tout court.»

Elle avait parlé après un long silence que seuls leurs souffles perturbaient, ainsi que les bruits qui émanaient des «niches» alentours. D’une main, elle tenait toujours sa coupe qui se vidait lentement lorsqu’elle la portait à ses lèvres, de l’autre, elle écartait les bouteilles de la petite table entre eux. Ils étaient servis en quantité, de sorte à ce que personne ne viennent les déranger. Ici, en ce lieu, les gens ne débarquaient pas dans votre tente à l’improviste. Il fallait qu’une des personnes présentes sortent pour inviter, que ce soit les serviteurs ou quelques amis ou inconnus. C’était en grande partie pour cela que Olympe avait choisi ces lieux. Parce que la tranquillité et l’intimité y était totale.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 01 juillet 2024, 06:25:23
Serenos portait fièrement sa retenue comme un étendard; désensibilisé par une vie marqué de périodes où la débauche était commune, surtout dans ses moments les plus sombres, il n'était pas du genre à sauter sur une opportunité ou sur la vulnérabilité d'une personne pour satisfaire ses pulsions. Et cela s'accompagnait par sa capacité à être exposé à la sensualité sans y réagir aussi fortement qu'un autre. Pendant un instant, il suspecta que les demoiselles, aveugles et muettes, lui étaient présentée, mais alors qu'une étincelle de révolte le poussa presque à réagir, il comprit par le contexte qu'elles étaient là pour servir le repas.

Olympe lui expliqua leur rôle et, réalisant son erreur, le Roi hocha de la tête, comprenant rapidement le concept. Même les infirmes devaient trouver un moyen de survivre, alors si leur infirmité pouvait être utilisé pour améliorer leur qualité de vie, c'était un avantage. Elle lui dit alors qu'elle suspectait que ces pauvres âmes ne pourraient pas survivre en dehors de cet environnement

"Pas sur ce continent, du moins", confirma Serenos.

En Meisa, il aurait peut-être pu faire quelque chose. Avec la magie, beaucoup de problèmes autrefois considérés permanents et sans solutions avaient trouvé remède. Son propre fils, Aldericht, aveugle depuis la nuit qui lui avait ravi sa mère et l'enfant qu'elle portait, avait appris à utiliser d'autres méthodes pour percevoir le monde qui l'entourait, notamment avec son talent surnaturel. Pour les autres, des traitements existaient, voire l'usage d'objets enchantés ou un système de runes qui leur permettait de se repérer aisément.

Elle lui demanda s'il s'attendait à rencontrer des embrouilles. Des problèmes. Des ennuis. Serenos réfléchit un bon moment. Il utilisait parfois ce terme à tort et à travers, comme beaucoup de gens, mais dans son cas… Il lui semblait que c'était le bon terme.

"Je crois que cela pourrait bien être mon lot dans cette vie, Olympe," admit le Roi en saisissant une coupe de vin à son tour. "Je n'ai que rarement mis le nez hors de chez moi sans que les problèmes ne me retrouvent, d'une façon ou d'une autre. J'ai fait beaucoup, beaucoup d'ennemis sur ce continent, et la plupart saisirait la moindre opportunité pour m'égorger, ou payer une coquette somme pour ma tête. De fait, si vous étiez un assassin et que vous en venez à me poignarder au cours de la soirée, je serais outré, certes, mais beaucoup plus surpris qu'outré. Je pourrais compter sur les doigts de la main ceux qui ont réussi à m'entraîner dans un endroit aussi isolé de mon propre chef."

Il ne l'accusait pas ni ne la soupçonnait d'un tel niveau de duplicité, mais il lui démontrait un certain niveau de fatalisme; la plupart de ses rencontres n'étaient que rarement dû à la coïncidence, et plus souvent qu'autrement étaient orchestrés par des gens qui voulaient soit nuire au Roi, soit s'assurer de sa collaboration. Jusqu'à maintenant, ces deux cas avaient été amèrement déçus par le manque abyssal de sympathie du Roi pour les manigances politiques et de patience pour ceux qui cherchent à le tuer. Bien loin était l'époque où le jeune homme optimiste et idéaliste laissait ses ennemis vivre en espérant qu'ils trouvent une nouvelle voie.

Le silence qui s'installa s'alourdit un peu, comme en réponse à ses paroles. Il se sentit un brin… tendu, et corrigea un peu sa position sur son coussin. Il remarqua alors qu'elle l'observait. Qu'elle l'observait attentivement. Très attentivement. Sans être d'un naturel craintif, c'était la première fois que le Roi voyait quelqu'un le jauger ainsi, comme un maître-boucher devant la carcasse d'un bœuf de première qualité.

" J’ai rarement eu l’occasion de me trouver avec un homme tel que vous dans cet endroit. A dire vrai, un homme comme vous tout court. "

"Encore heureux," dit-il dans une voix discrète. "S'il y avait plus d'un seul moi, ce serait probablement insupportable."

Il se redressa en position assise et droite, et sa main se posa doucement sur celle d'Olympe, qui ne tenait pas la coupe, et le Roi lui sourit.

"Olympe, j'espère que vous ne me trouverez pas discourtois," dit-il en prenant sa main et en la portant à sa bouche pour un délicat baiser sur ses doigts. "Mais je voudrais goûter à votre vin."

Et pas à la coupe.

Pour un homme qui était normalement si réservé, faire un pas aussi franc était une chose qu'il ne s'attendait pas à faire. Pourtant, les regards et l'ambiance, surtout l'isolation et l'intimité, lui donnait l'impression que la jeune femme ne l'avait pas emmené ici pour boire ou pour manger. Bien qu'il soit parfaitement conscient qu'il était possible qu'elle prenne offense à son approche, il espérait vraiment ne pas avoir mal lu les signaux et les regards qu'elle lui envoyait.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le samedi 04 janvier 2025, 23:22:17
«Je crois que cela pourrait bien être mon lot dans cette vie, Olympe...Je n'ai que rarement mis le nez hors de chez moi sans que les problèmes ne me retrouvent, d'une façon ou d'une autre. J'ai fait beaucoup, beaucoup d'ennemis sur ce continent, et la plupart saisirait la moindre opportunité pour m'égorger, ou payer une coquette somme pour ma tête. De fait, si vous étiez un assassin et que vous en venez à me poignarder au cours de la soirée, je serais outré, certes, mais beaucoup plus surpris qu'outré. Je pourrais compter sur les doigts de la main ceux qui ont réussi à m'entraîner dans un endroit aussi isolé de mon propre chef.»

Olympe se prit à laisser un petit rire lui échapper «Allons bon. Un assassin...»

Elle s’imagina dans ce rôle et se rendit rapidement compte qu’elle serait bien incapable d’ôter la vie à qui que ce soit. Tout comme par le passé, elle avait été incapable de prendre la vie à une simple poule, ce qui lui avait valu d’ailleurs les moqueries de ses frères et le regard déçu de son père. Non. Olympe n’était pas de la trempe de celles et ceux capable de vivre avec du sang sur les mains.

Après quelques confidences lâchées, gorgées de liquide pourpre et regards échangés, le silence devint plus long, mais pas pour autant lourd pour la jeune femme, qui se rendait compte qu’elle savait les apprécier tout autant que les conversations. La main que Serenos posa sur la sienne ne se fit pas éconduire, mais la jeune femme ne fit pas un geste invitant à plus. Pourtant, Serenos laissa entendre que lui désirait plus que cela. Cette simple phrase en aurait fait rougir plus d’une, mais pas Olympe, qui se trouva partagée. Accepter et accéder à la requête de son invité ou se cacher derrière un nouveau rire ou un sourire énigmatique. Elle se contenta tout d’abord de reprendre un peu de vin et déposa la coupe sur la table, sans détourner le regard des lèvres de Serenos.

«Vous savez Serenos...» Bien sûr, Olympe aurait pu jouer sur l’humour ou la fausse naïveté et lui tendre sa coupe ou lui faire remarquer qu’il avait du même vin dans la sienne, mais elle n’était pas d’humeur joueuse. Tout ça était très sérieux. «...Si j’avais été un assassin...» Elle parlait lentement, entrecoupant ses propos d’un souffle sensuel tout en déplaçant les objets sur la table pour pouvoir rejoindre son partenaire en passant dessus. «J’aurais empoisonné mes lèvres.» Elle était désormais devant lui, agenouillée sur la table. Sa main était toujours prisonnière de celle de Serenos, l’autre s’appuyait sur le rebord de bois qui les séparait il y avait tout juste un instant. Elle n’attendit pas d’invitation pour retirer ses doigts de sous ceux de l’homme et se glisser sans gêne à califourchon sur lui. Elle avait pour cela légèrement soulever ses jupons afin d’être libre de ses mouvements. «Quitte à mourir dans un dernier baiser.»

Olympe soupira ses mots contre la bouche de Serenos, mais ne l’embrassa pas. Non. Ses lèvres se glissèrent dans sa barbe, glissèrent à son oreille et elle huma son odeur, près de cette dernière. « Et là, vous n’auriez pas le temps d’être outré...ni même surpris.» Elle minaudait, mais ce n’était pas la putain en cet instant. C’était la femme. Ses désirs à elle et non encouragés par quelque accord peccunier. Olympe en tremblait presque, tant cela faisait longtemps qu’elle n’était pas sortie de son rôle de coureuse de rempart. Ses doigts maintenaient toujours ses jupons sur ses cuisses qu’elle avait dénudées sans timidité, mais sans vulgarité. C’était simplement par confort. Elle sentait le rugueux des vêtements de Serenos contre sa peau. Sa bouche embrassa le lobe de celui qui serait son amant s’il y consentait et recula son buste afin de le regarder à nouveau dans les yeux.

«Et là...nous pourrions parler de problème...pour vous.» Son sourire se perdit dans un baiser légèrement fruité, qu’elle offrit sans s’attarder de trop. Elle ne savait si elle était aller trop loin en se rapprochant ainsi ou si elle avait provoqué le destin en avouant ainsi comment elle le tuerait si elle avait été payée pour. «Est-ce que vous m’en voudriez ? A moi de demander...est-ce que vous êtes offusqué ? Pensez-vous...que je le sois par votre requête ?»

Enfin, Olympe lâcha ses vêtements pour saisir les poignets de Serenos et conduire ses mains épaisses sur sa taille, puis les faire descendre à la naissance de ses fesses, sans les y presser. C’était comme elle lui faisait effectuer les gestes qu’elle désirait qu’il fasse ardemment, sans le forcer. Sans le laisser réellement toucher cependant. Il ne pouvait que frôler de ses paumes, accompagner et peut-être encouragé par le souffle un peu plus rapide d’Olympe. Elle ne voulait pas paraître pressée, mais c’était un peu malgré elle que son corps se tendait et son coeur s’accélérait, trahissant un appétit grandissant. Car c’était une chose, que de coucher pour de l’argent. Peut-être même que les gens seraient surpris d’entendre dire qu’une prostituée qui ne manquait pourtant pas de client, pouvait à ce point manquer de sexe. N’était-ce après tout pas son travail ? Et pourtant...pourtant, ce n’était pas pareil du tout. Autrement, peut-on se demander si un boulanger prend encore plaisir à manger du pain ? Si un cuisinier à la même passion lorsqu’il cuisine pour des proches ou des convives ? Olympe savait pertinemment que pour beaucoup une pute restait une femme de mœurs légère, probablement nymphomane, qui se fichait parfaitement de la qualité tant qu’il y avait de la quantité. Et cela avait le don de l’agacer. Peut-être était-ce en grande partie pour cela si, bien que n’ayant aucune honte de son statut de fille de joie, elle n’en avait pas fait mention durant leurs conversations. Ce n’était pas des cachotteries, simplement…

Olympe n’avait pas envie que Serenos la croie là par intérêt autre que pour sa personne.
Et s’il avait pensé ça, alors oui. Oui, elle l’aurait trouvé discourtois.

«Désirez-vous plus de vin ?»
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 05 janvier 2025, 03:13:29
Nul ne pourrait dire que Serenos, dont l’histoire se rappelle encore le stoïcisme que nos lecteurs ont l’habitude d’attribuer aux hommes justes et bons, n’avait pas également ses failles. Devant Olympe, simple putain des rues d’une Ville au nom oublié, le Roi n’était plus Roi. Il n’était plus souverain, il n’était plus soldat, et encore moins était-il noble. Alors que le jupon de la courtisane, qu’il ignorait être une courtisane, se soulevait et que ses cuisses devenaient son nouveau siège, il restait bluffé, comme le jeune homme mené pour la première fois aux soins d’une fille de la Terre. Il n’était qu’un homme, et un homme dont les yeux et le cœur, parfois, s’égaraient au gré tumultueux des rencontres.

Sa voix, comme le miel, faisait couler ses mots au creux de son oreille, poussant sa plaisanterie un peu plus loin, mais le Roi, bon joueur, ne s’en offusqua pas. Il n’y avait, dans cette personne qui siégeait sur lui, aucune malice, et ses sens, tout surnaturels qu’ils étaient, ne détectaient aucune intention malveillante, et donc, il ne s’en offusqua pas.

Le premier baiser échangé entre le Roi de Meisa et la fille des villes était une chose qui, dans son intensité, s’apparentait à de la magie, car comme nos lecteurs le savent, Serenos de Meisa, depuis fort longtemps à cette époque, conservait précieusement ses baisers comme ses attentions. La bouche d’Olympe vint à la sienne avec la fraicheur du fruit interdit, ainsi que son allure et son charme. Serenos savait qu’il se laissait gagner, et il lui était maintenant fort difficile de se faire violence, car maintenant, c’était entre les mains de la petite femme que reposait tout le contrôle de la situation. Et cela ne l’effrayait pas du tout. De fait, il n’avait pas envie de se faire violence. Bien au contraire. Il voulait être ici, là, maintenant.

– Est-ce que vous m’en voudriez ? A moi de demander...est-ce que vous êtes offusqué ? Pensez-vous... que je le sois par votre requête ?

Les grandes mains du Roi se posèrent enfin sur les hanches rondes et délicates de la princesse des villes, guidé par celles, douces et élégantes, de celle-ci. Il était de ces hommes qui, lorsque l’opportunité de goûter, ne serait-ce que pour une nuit, aux fruits sucrés du bonheur, oubliait même où il était. Il en oubliait l’odeur du hashish fumé dans les tentures voisines, les rires enivrés par les vapeurs et les vins forts, les gémissements et les soupirs qui appelaient à l’un des participants les caresses de l’autre. En ce moment, Serenos n’avait qu’un seul et unique objet pour son écoute, sa vue, son goût, son toucher et son odorat ; il n’y avait qu’Olympe, et le tissu qui, dans sa cruelle indifférence, les maintenait épart l’un de l’autre.

Il dût faire appel à toute sa raison, toute sa volonté, pour répondre à une question pourtant si simple.

– Offusqué, vous dites, Olympe ? Je ne me sens même pas la force de m’insurger, encore moins de m’enflammer, sinon de désir, de colère. Si votre baiser est, à vous, le geste d’un acquiescement, alors, permettez-moi de baiser vos lèvres, encore et encore, car je ne saurais m’offusquer de vous.

Venant de Serenos, ces paroles pouvaient sembler un brin naïves, et l’on pourrait se tromper et le croire un simple homme, dirigé par ses pulsions, comme tous les autres ; les demiurges qui les ont mis sur Terra, ou du moins qui ont peuplé celle-ci de leurs prédécesseurs, les avait fait ainsi, après tout. Mais Serenos était, ou du moins se croyait, d’une nature toute autre. Dans les bras d’Olympe, dans son geste comme dans ses yeux, il ne voyait pas une femme cupide, stupide ou fourbe, mais une dame, élégante, chaleureuse, douce et, pour la première fois depuis fort longtemps, qui n’avait pour lui aucun intérêt autre que celui d’une femme pour un homme. Pas de titre, pas de statut, pas d’argent ou même de privilège ; simplement le bonheur d’être seule, avec lui, et à ce sentiment trop étranger depuis qu’il avait, pour la première fois, prit le titre de Roi, il n’était que des plus réceptifs.

Les lèvres du Roi vinrent, à leur tour, se poser sur les lèvres d’Olympe, comme toute réponse à sa question ; il ne désirait plus réellement le vin, car il avait, sur lui, une drogue plus puissante encore que l’alcool ou le hashish que leurs voisins consommaient, et alors qu’il l’attirait plus près encore, pressant le corps de la jeune femme contre le sien, sa main droite grimpa jusqu’au centre de son dos, alors que l’autre, grimpant plus haut, se faufila dans sa chevelure noire comme la nuit, venant délicatement y glisser les doigts, et dans cette étreinte voluptueuse, Serenos abandonnait les faux semblants et leur statut ; dans l’ombre de cette tente, il ne voulait qu’être Serenos, et qu’elle soit Olympe.

Le baiser se brisa, forcément à regret pour le Roi, mais il ne s’arrêta pas là. Il vint à l’assaut de sa joue, de sa mâchoire, et de son cou, qu’il gratifia de quelques baisers délicats, et sensuels.

Il s’arrêta après un moment, se rendant compte qu’il se perdait de nouveau dans son désir ; une fille de la Terre l’aurait gentiment rabroué de ses rustres manières ; une femme n’était pas un buffet qu’un homme se pouvait de dévorer. Elle était une pêche juteuse qu’on se devait de déguster et d’apprécier à sa juste valeur.

Il recula doucement, et s’adossa aux coussins moelleux, avant de lever les yeux vers Olympe, et de lui sourire doucement, avec un air navré.

– Pardonne mon… enthousiasme, Olympe, dit-il sur un ton fort plus… camarade que précédemment, abandonnant le vouvoiement qui avait ponctué leurs phrases jusqu’à maintenant pour se rabattre sur les termes plus complices de la familiarité. Le voyage et la sauvagerie des grandes routes semblent pas avoir creusé que mon appétit pour la bonne chaire et le bon vin, et voilà trop longtemps que je n’ai pas eu à contenir mes élans.

La main qu’il gardait dans ses cheveux se décala doucement et vint plutôt caresser la joue de la demoiselle, son pouce effleurant avec tendresse la haute pommette de cette femme qu’il connaissait si peu, mais qu’il voudrait connaître davantage.

Il s’approcha de nouveau, mais cette fois, il contint ses élans, et il vint de nouveau l’embrasser, tendrement. Puis encore. Et encore une fois. Et une dernière fois. La bouche d’Olympe, aussi douce que le miel et bien plus savoureuse, épousait si bien la sienne qu’elle lui semblait presque avoir été modelée pour lui. Une arrogance, assurément, car Olympe n’appartient qu’à Olympe, et que nul ne pouvait prétendre qu’elle avait été créé pour assouvir ses désirs, mais il y avait quelque chose, dans ce corps, dans cette âme, qui faisait enfler son cœur et embrasait son corps.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le lundi 20 janvier 2025, 23:27:29
«Offusqué, vous dites, Olympe ? Je ne me sens même pas la force de m’insurger, encore moins de m’enflammer, sinon de désir, de colère. Si votre baiser est, à vous, le geste d’un acquiescement, alors, permettez-moi de baiser vos lèvres, encore et encore, car je ne saurais m’offusquer de vous.»

Cette réflexion fit sourire Olympe. C’étaient là de beaux mots, une belle manière d’acquiescer à ce qu’ils étaient en train de faire. Serenos signait le pacte du plaisir, scellait son sort à celui de la putain qui se faisait pour cette nuit, simple femme. Serait-elle mal à l’aise si elle avait su qu’il était roi ? Aurait-elle été plus intéressée ? Moins peut-être ? Effrayée ? Par le statut de Serenos ? Nous ne le saurons jamais. Car Olympe était là, femme face à un homme, rien de plus, rien de moins. Son corps répondait favorablement à chacun des contacts entre eux. Les paumes chaleureuse sur ses hanches, les lèvres douces et légèrement humides de son amant, qui était précédemment, il y a tout juste quelques heures en somme, un inconnu dans la nuit éternelle de La Ville.

La main qui plus tôt avait frappé un homme ivre, se faisait douce dans son dos, chaleureuse dans ses cheveux sombres. Elle sentait qu’il éprouvait la soie de ses longues mèches brillantes et rompit le baiser pour laisser sa tête aller en arrière, l’inviter à glisser ses doigts contre sa nuque diaphane. Elle avait le sentiment que ses sens se décuplaient sous le désir, tandis que sa respiration devenait plus profonde. S’enivrer de l’odeur de Serenos, plutôt que d’alcool. Son coeur battait plus rapidement tandis qu’il se permettait des baiser sur sa mâchoire, descendre le long de sa gorge. Pouvait il sentir son émoi ? Son sang qui battait dans la veine de ce cou ? Pouvait il le sentir comme elle avait l’impression de le faire ?

«Serenos...»

Olympe soupira son nom, revenant à sa bouche, lui offrant cette fois sa langue habile qui glissait contre la sienne. De tendre, elle devint un peu plus passionnée. Ses gestes, eux, par contre, restaient chastes. Ses mains avaient lâchées les poignets de son amant pour glisser le long de ses bras, remontèrent ses épaules larges et vinrent se perdre à leur tour dans sa barbe. Elle lui griffa avec douceur les mâchoires. Ses doigts frôlèrent ses oreilles sans s’y attarder, empoignèrent sans le blesser, sans tirer, ses cheveux. Comme si une douce mélopée de leur désir naissant les accompagnait, Olympe se mit à faire de lent mouvement de ses hanches contre lui, sans rompre le baiser. Lorsqu’elle le fit, ce fut à nouveau pour chuchoter son prénom, comme si cela le rendait plus réel sous elle encore. «Serenos...» C’était dit de manière plus chaudes, ses dents se plantèrent dans la lèvre inférieure de Serenos et ce fut à son tour de descendre le long de son menton, puis venir picorer de baiser et de petits coups de langue, sa gorge. Le sel de sa peau avait une saveur aphrodisiaque. Elle humait son odeur, tout en cherchant son torse de ses mains, les accroches de son vêtement. Elle voulait voir la puissance de ce torse, sentir la peau chaude et peut-être...lire du bout des doigts, ses cicatrices s’il en avait. «J’ai envie de vous...» C’était idiot de le dire à haute voix, mais elle avait besoin qu’il sache que son corps entier avait faim de lui.

Alentours, les créatures présentes continuaient de festoyer à leur manière, dans leur propre jeu d’ombre et d’intimité. Leurs gémissements, leurs cris, leurs conversations étouffées leur parvenaient encore et cela ne faisait qu’accroître le désir d’Olympe. Cela lui rappelait les couloirs du bordel et elle aimait ça. Le silence rendait les choses parfois trop inconfortable et à défaut de musique, la mélodie des plaisirs charnels d’étrangers dans cet endroit était une symphonie de luxure aux oreilles aguerries de la putain. Putain qui, de ses doigts habitués, cherchait à dévêtir Serenos, bien qu’elle resta totalement habillée. Seules ses cuisses étaient dénudées, le tissu dévoilant un peu plus de peau à chacun de ses mouvements de bassin langoureux contre le roi.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 24 janvier 2025, 04:34:17
L’accent d’Olympe, roulant sur son nom comme le son du tambourin frappé de la main d’une artiste, fit frissonner, à deux reprises, l’épiderme du grand souverain. Il n’avait que trop rarement entendu son nom appelé avec désir, avec simplicité, car trop longtemps étouffé par la déférence vouée aux hommes de statut. Son nom était synonyme de pouvoir, de là où il venait, et personne n’oserait jamais l’appeler sans précéder au moins la chose par un titre, ou un quelconque sobriquet de respect auquel, malgré lui, il s’était habitué à voir associé à son nom. Oh, comme il les avait détestés, ces termes, et encore à ce jour, il les détestait d’autant plus ; de ne plus voir dans les yeux de quiconque ce regard adressé, non pas aux souverains, mais aux hommes. Aux vrais.

Sous les mains habiles de la jeune femme, la tunique simple de voyageur que le Roi portait lors de ses expéditions au sein du peuple dévoila peut à peu le tronc de l’homme, y trouvant un torse aux muscles saillants, fermes, et comme le reste de sa personne, couverts de cicatrices. Certaines étaient petites, la longueur d’un doigt, d’autres étaient plus profondes et plus longues. Certaines étaient plus difformes, créées à l’époque où son corps n’était pas encore aussi développé qu’il l’est aujourd’hui, témoins d’anciens combats et accidents d’entraînement à l’époque où il était éduqué à la cour de l’Empereur Echtryème.

Serenos, le Roi, dans Meisa, aurait peut-être simplement laissé la jeune femme le servir. Assouvir ses désirs. Cela aurait été digne de leurs rangs respectifs ; lui un Roi, elle une putain. Mais Serenos n’était pas un Roi, comme nous l’avons dit à nos lecteurs un peu plus tôt. Serenos, tel qu’il était à ce moment, était un homme, et un Meisaen qui plus est, donc un homme formé par les plus grandes courtisanes du peuple libre aux arts sensuels. Certes, il avait été un bien piètre étudiant, mais il avait appris plusieurs choses au contact de ces pédagogues, notamment comment son propre corps fonctionnait, déjà, et également comment celui d’une femme fonctionnait. Et il comptait mettre ce savoir à la disposition de la belle bourgeoise, le dernier terme étant utilisé dans son sens le plus littéraire plutôt que l’usage que nous en faisons normalement.

Utilisant son physique avantageux, et d’une main placé derrière les reins de la jeune femme, il la fit basculer, habilement et prudemment, dans les coussins moelleux, se retrouvant donc au-dessus d’elle, son corps placé entre les jambes de la jeune femme, et il se redressa sur les genoux, arquant un peu le dos et saisissant les pans de sa tunique et il la retira de son corps, la faisant tomber dans un coin de la tenture, se retrouvant donc torse nu devant elle, la laissant donc admirer, non sans un petit indice d’orgueil, son physique guerrier et viril. Il assouplit son cou d’un mouvement de la tête, qui fit danser ses cheveux noirs, et posa de nouveau son regard bleu roi sur elle, un sourire sur les lèvres.

Il fit trois pas vers l’arrière sur les genoux, et s’empara de la cheville droite d’Olympe et la releva jusqu’à son visage et, délicatement, posa un baiser dessus. De l’autre main, il caressait l’autre jambe, de la dame, remontant les doigts jusqu’à ses cuisses, puis sa hanche. Il abandonna la première jambe, mais fit courir les doigts de sa main jusqu’à sa hanche, de la même façon qu’avec la seconde, et il s’avança de nouveau pour revenir vers elle, et s’emparer de ses lèvres pour un baiser passionné, langoureux. Et il lui rendit exactement le même traitement qu’elle lui avait adressé ; il embrassa sa joue, puis sa mâchoire, puis sa gorge, son buste. Il fit passer une main sur son dos, et délicatement, joua avec le cordon qui tenait sa robe ensemble, mais sans tirer dessus, d’une part pour la narguer et la faire attendre, de l’autre pour lui demander la permission, car tout homme digne de la tendresse d’une dame se doit de respecter celle-ci, de lui retirer ses vêtements à son tour.

– Je veux sentir ta peau contre la mienne, Olympe. Ton souffle sur mon visage, ton sein contre mon torse, ton ventre contre le mien.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Olympe Polyxena le mardi 28 janvier 2025, 17:40:26
Olympe se laissait emportée par le désir tendre de cette nuit sans fin. Elle avait la sensation de redécouvrir le sexe, elle qui en avait fait son travail au point, parfois, d’oublier ce que c’était que se laisser guider par la chaire et non l’argent. Bien qu’elle soit le genre d’employée à le faire gracieusement, cela ne changeait pas la nature profonde de l’acte. Un service rendu. Rien de plus qu’un service. Du plaisir, oui, mais avec ce côté obligation qui parfois pouvait peser sur ses épaules de femme ayant des besoins également. Mais le client est roi chez Mère et ces derniers le savent parfaitement. Tout comme Olympe ne se permettrait pas de réclamer quoi que ce soit, se pliant simplement aux attentes de l’autre. Alors c’était...oui. C’était un réel délice que de sentir autre chose. Cela faisait si longtemps, qu’elle en avait oublié qu’elle était capable d’attendre elle aussi, qu’on lui rende un peu de cette sensualité qu’elle donnait sans égoïsme, aucun.

Lorsqu’il la saisit et prit le dessus, Olympe se sentit fragile. Légère entre les mains puissantes de Serenos. Elle émit tout juste un long gémissement lorsqu’elle atterrit en douceur dans les coussins, ses cuisses autour de son amant. Mais elle ne les laissa pas longtemps ainsi, les écartant pour qu’il puisse à loisir venir contre elle. Sa cheville embrassée, elle frissonne et cambre son pied, tendant l’autre jambe sous les caresses. Une main rugueuse et ferme, mais capable de tant de tendresse qu’elle en rougirait, notre belle dame. Mis à nu, le torse massif était pour elle un ravissement. La virilité exacerbée des cicatrices qui étaient comme autant de mots racontant une histoire. Elle voulu y toucher, mais trop tard. Serenos venait en quête de sa bouche, de sa peau. Elle lui offrit sa gorge, sa poitrine, laissant la main venir jouer à la frustrer avec les cordons de sa robe.

- Je veux sentir ta peau contre la mienne, Olympe...ton souffle sur mon visage, ton sein contre mon torse, ton ventre contre le mien…

Et elle de continuer la requête d’une voix chaude :

- Mon sexe autour du tien…

Sans donner son assentiment pour qu’il la déshabille, elle se cambra pour l’inviter à le faire sans attendre, laissa de la place à ses doigts pour qu’il tira et ne laisse le tissu glisser le long de ses bras. Elle le poussa d’une main pour pouvoir s’asseoir, sa cheville glissa le long de son flanc chaud. Et pendant qu’il irait découvrir son corps, laisser paraître des tétons caché derrière de l’or, Olympe, elle, lisait le braille de sa peau. Elle effleura les cicatrices de ses ongles, d’une main seulement, l’autre relevant un peu plus ses jupes afin de dévoiler une intimité qui n’était pas protégée par un quelconque tissu. Mais elle ne la dévoila pas totalement, gardant une main presque chaste sur les tissus cachant encore cette zone intime. Comme si elle désirait le faire patienter avant de tout dévoiler. Sa main quitta les cicatrices et sa lecture de ces dernières pour glisser plus bas, s’arrêtant sous le nombril, jouant de la pulpe juste au-dessus de la ceinture. Elle griffait sans blesser et se faisait à nouveau caresse l’instant d’après. Serenos était ce qu’elle aimait chez un mâle. Des muscles puissant, bestiaux, mais des manières nobles et un verbiage agréable. A croire qu’il était de naissance royale...si elle savait.

- Votre vécu à dût être riche...Serenos…

La putain dit cela tout en effleurant la bosse dans le pantalon, esquissant plus qu’elle ne toucha réellement, ce membre qui semblait serré dans le tissu qui l’habillait encore. Mais elle ne fit rien pour le délivrer et dévoiler sa toute puissance. Non. Elle se contentait de savourer, comme elle l’avait fait des fruits précédemment, lentement, du bout des doigts seulement. Une fois ses seins mis à nu, Olympe se cambra en retirant ses mains du corps de Serenos, afin de les poser sur les oreillers et lui offrir à loisir la vue de son opulente poitrine. Ses orbes charnus qui tombaient légèrement, lourd de féminité, ses tétons érigés sous l’or qui les voilaient à la vue de son amant. Une petite chaîne reliaient les deux cache téton, une fine chaîne également en or, qui tintait lorsqu’on la touchait. Ou même lorsqu’on l’effleurait tout à peine. Une douce mélodie juste avant la symphonie de cri qu’elle espérait jouer avec Serenos.
Titre: Re : Fille de la Terre et Fils des Astres [Olympe]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 10 février 2025, 01:57:16
- Votre vécu à dût être riche...Serenos…

– Ne t’en déplaise, Olympe, je crois que nous pouvons dispenser des marques de politesse.

Il eût fallu être aveugle pour ne point discerner, dans le regard de sa belle, l’émotion ardente que sa partielle nudité éveillait en elle. Or, aveugle, le Roi de Meisa ne l’était point. Aussi, dès lors, quelle importance accordait-il encore aux usages diplomatiques ? Les conventions n’étaient que des ombres vaines, des chaînes que l’on brisait d’un souffle, lorsqu’un désir plus impérieux s’imposait. Après tout, n’avait-il pas déjà posé ses lèvres sur le pied nu de cette jeune femme ? Et ces mains, fines mais audacieuses, n’avaient-elles pas déjà parcouru une chair que seules ses amantes – ou ses bourreaux dans d’autres contextes – avaient eu le privilège, ou le malheur, d’effleurer avant elle ?

Avec un sourire fendant ses lèvres et sa barbe, Serenos parla de nouveau :

– Mais de nombreuses histoires je saurai te raconter. Mais…

Il s’interrompit brièvement, le temps de poser sur les lèvres de la jeune Olympe un doux baiser, avant de poursuivre sa phrase.

– Ce sera pour plus tard. Avec ta permission, je veux seulement penser à toi, n’entendre que toi, ne goûter que toi.

Et il la débarrassa donc du tissu qui, jusque-là, gardait jalousement la pudeur de la jeune femme, son esprit ne s’arrêtant que d’un instant des plus brefs pour apprécier, ou admirer, le détail de l’étoffe. Conformément à ce qu’il aurait pu attendre de la favorite de Mère, s’il avait sû qu’Olympe était une des filles de joie sous la protection et tutelle de son amie d’autrefois, le vêtement était soyeux, d’un matériau choisi presque seulement pour son talent à marier les formes de sa porteuse. Il dût cependant ce décrocher de ce produit de maître pour recentrer son attention sur son amante qui, fort patiente, lui accordait ces petits moments de réflections, et revint à la charge pour d’autres baisers de plus passionnés, cette fois parsemant son buste de baisers et de suçons qui nécessiteraient, au matin, force de maquillage pour les cacher.

Avec un geste presque révérencieux s’il n’était pas clairement dicté par un désir ardent de la goûter encore plus, il passa les doigts sur le sein droit de la jeune femme et joua du doigt autour de la petite pièce d’or qui cachait son mamelon, taquinant la chaine du bout de l’index, alors qu’il revenait s’emparer de ses lèvres, alors qu’une main inquisitrice quitta le flanc de la jeune femme pour redescendre sous son jupon. Ses doigts, habiles, caressèrent la fleur de la princesse des rues de la Ville, du bout de ses ongles remarquablement propres et nacrés, l’effleurant juste assez pour qu’elle ressente le contact sur sa peau, mais pas suffisamment pour lui prodiguer un plaisir plus que superficiel. Ce qu’il voulait d’elle, plus encore que son plaisir, c’était ce frisson insaisissable, ce tressaillement à peine perceptible sous sa main, ce soupir d’impatience arraché à ses lèvres vermeilles — ces lèvres qui, même en cet instant, semblaient appeler les siennes. Un appel auquel, malgré cette discipline de fer qu’imposait sa nature militaire, il ne put se soustraire. Alors, d’un mouvement aussi impérieux qu’inévitable, il revint s’en emparer, avide de cette chaleur humaine qui, contre sa bouche, lui semblait plus enivrante encore que le plus capiteux des nectars.

Mais Serenos ne comptait pas la laisser languir bien longtemps ; en amant passionné, il se refusait de laisser sa belle brûler trop fortement sans étancher sa soif, et donc s’empara de la chaine dorée avec les dents et tira dessus d’un petit coup. Les deux caches-mamelons en or se séparèrent donc de leurs protégés avec un petit « pop » sonore, dévoilant à la vue du Roi deux magnifiques tétons érigés et impatients de goûter à ses caresses. Il se pencha sur celui de droite, et souffla doucement sur la pointe en dévorant sa belle des yeux, avant d’y donner un coup de langue circulaire, le contact rugueux de cette langue stimulant cette arrogante pointe mammaire de ses milliers de petits points de contact, avant qu’il n’ouvre les lèvres et qu’il ne le happe complètement, mordillant le téton, qu’il trouva dur et sensible.

Alors que les lèvres du Roi étaient autrement occupées, ses doigts, cependant, ne restèrent pas en reste. Délicatement, un majeur s’inséra en elle, mais à peine, coulissant doucement de haut en bas entre ses lèvres intimes alors que le pouce du Roi faisait délicatement jouer la bille rose de la jeune femme.

Il ne sépara ses lèvres de son sein qu'après une à deux bonnes minutes de ce traitement, mais il n'attendit pas plus longtemps avant de faire glisser son visage contre le corps presque nu de la princesse sans couronne, embrassant son corps de milles baisés, jusqu'à ce qu'il arrive à sa hanche, relevant son jupon pour que sa tête y disparaisse, ne devenant qu'une bosse sous le vêtement, alors qu'il s'approchait de sa féminité. L'instant suivant, les doigts du Roi furent remplacés par des lèvres et une langue brûlantes, toutes chargées d'un devoir que seul le plus sincère refus découragerait.