L’accent d’Olympe, roulant sur son nom comme le son du tambourin frappé de la main d’une artiste, fit frissonner, à deux reprises, l’épiderme du grand souverain. Il n’avait que trop rarement entendu son nom appelé avec désir, avec simplicité, car trop longtemps étouffé par la déférence vouée aux hommes de statut. Son nom était synonyme de pouvoir, de là où il venait, et personne n’oserait jamais l’appeler sans précéder au moins la chose par un titre, ou un quelconque sobriquet de respect auquel, malgré lui, il s’était habitué à voir associé à son nom. Oh, comme il les avait détestés, ces termes, et encore à ce jour, il les détestait d’autant plus ; de ne plus voir dans les yeux de quiconque ce regard adressé, non pas aux souverains, mais aux hommes. Aux vrais.
Sous les mains habiles de la jeune femme, la tunique simple de voyageur que le Roi portait lors de ses expéditions au sein du peuple dévoila peut à peu le tronc de l’homme, y trouvant un torse aux muscles saillants, fermes, et comme le reste de sa personne, couverts de cicatrices. Certaines étaient petites, la longueur d’un doigt, d’autres étaient plus profondes et plus longues. Certaines étaient plus difformes, créées à l’époque où son corps n’était pas encore aussi développé qu’il l’est aujourd’hui, témoins d’anciens combats et accidents d’entraînement à l’époque où il était éduqué à la cour de l’Empereur Echtryème.
Serenos, le Roi, dans Meisa, aurait peut-être simplement laissé la jeune femme le servir. Assouvir ses désirs. Cela aurait été digne de leurs rangs respectifs ; lui un Roi, elle une putain. Mais Serenos n’était pas un Roi, comme nous l’avons dit à nos lecteurs un peu plus tôt. Serenos, tel qu’il était à ce moment, était un homme, et un Meisaen qui plus est, donc un homme formé par les plus grandes courtisanes du peuple libre aux arts sensuels. Certes, il avait été un bien piètre étudiant, mais il avait appris plusieurs choses au contact de ces pédagogues, notamment comment son propre corps fonctionnait, déjà, et également comment celui d’une femme fonctionnait. Et il comptait mettre ce savoir à la disposition de la belle bourgeoise, le dernier terme étant utilisé dans son sens le plus littéraire plutôt que l’usage que nous en faisons normalement.
Utilisant son physique avantageux, et d’une main placé derrière les reins de la jeune femme, il la fit basculer, habilement et prudemment, dans les coussins moelleux, se retrouvant donc au-dessus d’elle, son corps placé entre les jambes de la jeune femme, et il se redressa sur les genoux, arquant un peu le dos et saisissant les pans de sa tunique et il la retira de son corps, la faisant tomber dans un coin de la tenture, se retrouvant donc torse nu devant elle, la laissant donc admirer, non sans un petit indice d’orgueil, son physique guerrier et viril. Il assouplit son cou d’un mouvement de la tête, qui fit danser ses cheveux noirs, et posa de nouveau son regard bleu roi sur elle, un sourire sur les lèvres.
Il fit trois pas vers l’arrière sur les genoux, et s’empara de la cheville droite d’Olympe et la releva jusqu’à son visage et, délicatement, posa un baiser dessus. De l’autre main, il caressait l’autre jambe, de la dame, remontant les doigts jusqu’à ses cuisses, puis sa hanche. Il abandonna la première jambe, mais fit courir les doigts de sa main jusqu’à sa hanche, de la même façon qu’avec la seconde, et il s’avança de nouveau pour revenir vers elle, et s’emparer de ses lèvres pour un baiser passionné, langoureux. Et il lui rendit exactement le même traitement qu’elle lui avait adressé ; il embrassa sa joue, puis sa mâchoire, puis sa gorge, son buste. Il fit passer une main sur son dos, et délicatement, joua avec le cordon qui tenait sa robe ensemble, mais sans tirer dessus, d’une part pour la narguer et la faire attendre, de l’autre pour lui demander la permission, car tout homme digne de la tendresse d’une dame se doit de respecter celle-ci, de lui retirer ses vêtements à son tour.
– Je veux sentir ta peau contre la mienne, Olympe. Ton souffle sur mon visage, ton sein contre mon torse, ton ventre contre le mien.