Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Discussion démarrée par: Pirotess le samedi 15 octobre 2022, 08:26:09

Titre: L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le samedi 15 octobre 2022, 08:26:09
Cela faisait un an que Pirotess avait quitté les rivages escarpés de Marmo pour honorer la promesse faite à son ancien seigneur. Sa fuite de l'île maudite avait été dantesque et elle avait laissé dans son sillage nombre de cadavres des hommes envoyés à sa poursuite. La galère noire du défunt Ashram l'avait déposé sur les terres d'Ashnard avant de continuer vers le sud en quête d'un havre où les derniers fidèles du mage-guerrier pourraient se reconstruire. C'était le souhait de l'elfe noire de ne pas les accompagner. Elle voulait être seule et se libérer de la colère qui noircissait son cœur. Le temps viendrait où elle retournerait à Marmo pour faire payer à Beld sa trahison. Le roi était responsable de la mort d'Ashram et rien ne saurait effacer ce crime abject. Mais Pirotess savait que la précipitation n'apportait rien d'autre que  plus de tourments. Sa vengeance viendrait, glaciale et infiniment plus impitoyable que les maux que Beld avait abattu sur le fief de son maître. 

Elle avait donc trouvé refuge à Ashnard. La Dictature n'était pas regardante quant aux étrangers qui arpentaient leur territoire. Les mercenaires de tout genre y étaient les bienvenus, surtout depuis que la guerre contre Nexus s'enracinait pour durer. Les pertes des deux camps étaient conséquentes et toute viande fraiche était bonne à envoyer sur le front. Là, Pirotess s'était distinguée encore une fois par son efficacité, sauf qu'à ce moment, elle était payée à la tête ramenée. Et plus la tête avait de la valeur, plus la rémunération était élevée. Cela ne dura qu'un temps, celui d'engranger assez de bénéfices pour pouvoir voyager vers le sud. Elle avait à nouveau prit la mer. A la cité portuaire de Sin Anôn, elle avait embarqué sur un gros navire de commerce qui devait naviguer du grand Nord aux eaux plus tempérées situées loin au Sud de Nexus. Battant pavillon neutre, il n'avait normalement rien à craindre du conflit actuel.


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Le soleil descendait sur la ligne d'horizon, nimbant les eaux bleues de la mer occidentale de ses derniers rayons lumineux. L'activité sur le pont régnait et les matelots s'activaient à leurs tâches sous les ordres d'un vieux briscard à la barbe blanche. Le capitaine était un vétéran de la marine commerciale et il n'avait pas posé de questions quand une elfe noire s'était présentée pour embarquer à son bord. Elle avait payée son voyage et c'est tout ce qui comptait. Pirotess se tenait droite, près d'un bastingage, à l'écart, engoncée dans sa longue cape qui dissimulait ses origines. Elle restait discrète et ne rabaissait sa capuche que quand elle était seul. L'observateur moyen aurait pu la confondre avec une indigène des terres orientales s'il avait pu entrapercevoir son visage. Son regard dérivait à l'horizon, loin à l'Ouest, vers Marmo, l'île qui occupait toutes ses pensées. Le navire voguait depuis deux semaines sans avoir rencontré d'embûches. Le capitaine avait déjà ordonné quatre escales brèves pour embarquer des marchandises et de nouveaux passagers. Le gros bateau ventru n'était pas taillé pour la vitesse mais pour le transport de fret. il disposait de larges soutes et de nombreuses cabines allant des plus modestes au raffinement luxueux nécessaire à certains voyageurs. Pirotess occupait l'une de celle proposées à un tarif acceptable. Elle n'avait pas besoin qu'on lui apporte un verre de jus de pruneaux au réveil ...

L'air iodé se rafraichissait à l'approche de la nuit et le capitaine vint près d'elle.

"M'es d'avis ma p'tite dame qu'la nuit va être agitée..."

"Je le crois aussi capitaine."

Le trop beau temps de l'après midi passé augurait un orage voire une tempête en contrepartie. Ce n'était pas une surprise, cette région là était connue pour ses changements climatiques brusques. Ils n'échangèrent pas plus et le capitaine retourna brailler des directives. Pirotess le suivit du regard avant d'observer les autres passagers déambulant sur le pont. L'un d'eux la frôla, entrainé par mégarde par le ballant d'une vague plus grosse que les autres. Pirotess frissonna. Son aura magique, perceptible pour elle, était supérieure à celle de bien des mages chevronnés. Il s'agissait de ce jeune homme qu'elle avait déjà repéré, beau à se damner, mais aux manières tellement exigeantes qu'il peut en être insupportable. Ce jugement est le premier donc vraisemblablement erroné, elle le sait. Un bref instant, leurs regards se croisent et aussitôt deux forces s'opposent, le bien contre le mal, la lumière contre l'ombre, la vie contre la mort. Qu'importe les noms, le fait est bien là. La tension est telle, inutile mais bien présente, que les proches passagers en ressentent soudainement un malaise sans pouvoir expliquer pourquoi.

"GROSSE VAGUE!!"

L'alerte est tardive qu'une onde liquide de grosse taille vient frapper le bâtiment par la poupe. le choc est brutal. Un espar cède, libérant une poulie qui vient frapper un jeune mousse aux jambes, le projetant par dessus le bastingage vers une mort certaine. Un humain serait lent, une elfe aurait le temps. Pirotess jaillit pour saisir le cordage arraché et se précipite dans le vide. Le mousse n'a pas dix ans et son poignet est fin. Elle parvient à l'agripper et le ramène à elle alors que l'élan la ramène après un vol circulaire sur le plancher salvateur. Le gosse est en larmes et s'accroche à elle. Quand un marin le retire, le petit arrache la cape de l'elfe et la dévoile aux yeux de tous. Sa longue crinière blanche tranchant sur sa peau sombre se libère et claque au vent qui se durcit.

"Ah !Une sale oreille pointue!!"
"Une elfe noire! Elle va nous porter malheur!"

Les quolibets fusent, lancés par la masse ignorante que représente l'humanité.

"VAGUE!"

Le capitaine ne se trompait pas ...

Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le dimanche 16 octobre 2022, 19:35:45
La Mer, l’unique objet du ressentiment de tous ces misérables hères réunis sur ce vaisseau boisé fendant ses eaux troubles, administrait sa justice implacable : les remous qu’elle encoche avilissent sa coque, percent ses planches, rudoient ses échafaudages et dans les cas les plus funestes entraînent au plus profond de ses abysses les marins éperdus. Sous la houlette d’une maîtresse aux humeurs si massacrantes, les plus beaux ouvrages conçus par l’humanité ne peuvent que se résigner à leur destruction inéluctable. Quelle débâcle que cette traversée ! Sous les secousses, les planches se déclouent et déballent une ribambelle de projectiles rouillés fusant en tous sens, qui meurtrissent bien des chairs convulsées par cette catastrophe. Sur le pont se trémoussent alors autant de damnés avides de sauver leur peau. Les uns houspillèrent l’incurie des charpentiers, les autres tancèrent l’imprévoyance du capitaine et de son timonier, tandis que la majorité abominait les circonstances, circonstances qui favorisèrent un détestable « chacun pour soi ». D’antiques instincts de survie surgissent et l’on vit ainsi des hommes rongés pour certains par de vieux griefs et avides de régler d’anciennes querelles mesquines jeter leurs semblables dans ces eaux funestes pour s’emparer de la première barque disponible ! Du chaos, seulement du chaos, rien que du chaos… Et pour survivre à une telle déroute, il fallait de l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace !...

Emergeait des quartiers du capitaine – qui se distinguait par son absence curieuse – l’Italique aux lèvres de pulpes. Son visage était pâle, blafard, d’une sécheresse mortuaire. À cet instant, rien ne laissait présager la sensualité vorace du Néréide devenu grave. Ce dernier empoignant sa valise se dirigeait à grandes enjambées vers le gouvernail d’étambot ;  de sa main droite, Vittorio libéra un arceau de lumières bleutée qui déchira le voile de la réalité pour laisser croître en lieu et place une arborescence de végétaux qui sectionnèrent cette poupe améliorée, bientôt emmitouflé dans un nid de racines épaisses. Un observateur déduirait facilement des actions du magicien leur finalité : la construction d’un radeau de fortune.

Mais ce faisant, Vittorio commettait un acte de pur égoïsme qui compromit les chances de survie de l’équipage. En effet, sans cet élément essentiel de maintien, le voilier ne pouvait que courir à sa perte et les matelots – Ah, pauvres matelots trop pressés de s’entredéchirer, trop avides d’abattre leur ire sur l’unique femme à bord de race elfique de surcroît… ! – réalisaient sur le tard que cet homme en qui ils se fiaient pour la gestion de la micro-économie domestique du navire les avait trahis tous, sans vergogne aucune. Vittorio Vulcano, oui. Ce comptable à la voix si suave, si délicate et si réconfortante, qui conseillait habilement le capitaine, gérait le ravitaillement, le rationnement et les comptes, rédigeait et lisait leurs courriers, passait en revue leurs quartiers pour exterminer la vermine purulente. Ce médiateur qui, au cours de ces derniers mois, avait, par sa patiente diplomatie, avorté bien des velléités à la mutinerie… Ce magicien qui, tel un oncle de substitut, professeur et docteur, dispensait ses soins à l’équipage et prodiguait des conseils en hygiène de vie ne pensait qu’en définitive à lui-même. Quelle horreur, quelle damnation. Les marins avaient beau jeu de vouer cette mystérieuse Pirotess aux gémonies au cours de leurs conversations mesquines la nuit tombée et de tresser des louanges à « ce brave et gentil garçon qui leur veut leur bien ». Foutaises, foutaises, foutaises… Que les apparences sont trompeuses ! Si le Néréide échappa à la majorité des projectiles pointues et autres giclées d’eau qui assommaient les plus malchanceux, il fut quitte d’une courte estafilade sur son front et d’un filet d’eau croupie qui aspergeait d’un mauvais liquide salin sa chevelure éclatante dont la fraicheur frumentaire s’était ternie ; tandis qu’une vague scélérate anéantissait les derniers espoirs de l’escadre. L’épave du voilier tanguait en tous sens, puis se fracturait, à la façon d’un pitoyable édifice en argiles. Tout, tout se fissurait, tout, tout se craquelait et se désagrégeait ; au milieu de ce chaos subsistait une Pirotess dévoilée et effroyablement mal récompensée par son acte héroïque. Si le suroît seul se riait de la tragique ironie de cet instant… Un zéphyr salutaire caressait la peau chocolatée et la chevelure d’albâtre de l’Elfe. Une douceur providentielle qui l’incitait à tourner la tête et croiser le regard métallique et presque sentencieux de ce jeune homme qu’elle faillit percuter plus tôt dans la journée, à la faveur du roulis de poupe du vaisseau marin.

La même sensation se reproduisit. Des prunelles dorées pleines de ces vives émulations qui conduisent aux embrasements, fustigent l’hésitation et commandent la prise de décision. Pas un mot. Rien. Vittorio fixait Pirotess. Elle devait sauter par-dessus bord et le rejoindre dans les prochaines secondes qui succédaient à ce duel de regard.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le lundi 17 octobre 2022, 18:05:35
Le ciel bleu sous lequel ils s’étaient bercés toute la journée devint gris, puis plus sombre et très vite, l’horizon noir se zébra d’éclairs terrifiants. Le cauchemar de tout marin, ou plus encore de tout passager inexpérimenté, se réalisait. Le navire grinçait, souffrait, balloté et totalement désœuvré face à la fureur des éléments. Le pont se tordait, soumis à des pressions extrêmes et ses planches de bois explosaient en centaines d’échardes projetées comme des carreaux d’arbalète. La panique à bord engendrait un chaos indescriptible, chacun tentant vainement de sauver sa peau d’une manière ou d’une autre. Les hurlements du contremaitre s’éteignaient, balayés par les rafales de vent sifflantes et glacées.

Près de Pirotess, le mât de misaine céda et s’abattit dans l’axe du pont, achevant la résistance du grand mât qui lui aussi bascula, broyant ceux qui ne furent pas assez vifs pour s’écarter. Des corps gisaient désarticulés, donnant un rendu encore plus effrayant de la scène. L’elfe enjamba ce qui restait d’un homme d’équipage et tenta de rejoindre sa cabine pour y récupérer son sac de voyage. Sans être d’une importance capitale, il renfermait quand même le salaire de ses derniers mois de mercenariat. Mais trop tard ! Une crevasse vint fracturer le pont devant elle, avalant son lot de vies humaines. Pirotess bondit en arrière et recula. Un hurlement de gosse, tout proche, attira son attention. Elle n’eut que le temps de tourner la tête que le jeune mousse qu’elle avait sauvé disparaissait, happé par la crête d’une vague scélérate qui scella le destin du navire. Elle était trempée, impuissante face à ce déchainement de fureur liquide et peinait à garder son équilibre. Elle n’était ni amère, encore moins effrayée. L’appel de la Mort, elle le connaissait bien et était prête à y répondre, seulement, de cette manière … une pointe de colère lui pinça le cœur.

Et puis à nouveau, cette aura magique reconnaissable, halo nimbé d’énergie pure, émanant de l’inconnu au beau visage. Le mage était à l’œuvre et il ne fallut qu’une demi-seconde à l’elfe pour comprendre ce qu’il visait : comme tous, sa survie, mais même si dans une situation comme celle-ci, chacun pensait à soi, lui, démontrait ouvertement que l’avenir des autres ne comptait pas.  Leurs regards s’accrochèrent à nouveau et le rictus qui déforma le visage de l’elfe noir se passait de commentaires. Elle désapprouvait la médiocrité de cette attitude égoïste et aucun mot ne serait plus parlant que son expression à ce moment-là. Un brin de cordage fut arraché à une poulie et lui fouetta la joue, y imprimant une douleur cuisante et l’arrachant à ce triste spectacle de pure indifférence.

Une deuxième vague scélérate, encore plus tranchante que la première, vint sonner la fin du bâtiment. Elle le frappa par tribord avec une force que même un dieu ne saurait mesurer. Le navire bascula, agonisant et sa carcasse massacrée laissa échapper une plainte grinçante à peine couverte par les hurlements des derniers malheureux.  Puis il se brisa, simplement, comme broyé par la main d’un titan. Pirotess courait déjà sur la fine poutre d’un bastingage, vers le seul point d’ancrage à la vie qu’elle apercevait : le radeau de fortune du jeune homme. La proue du bateau se releva, en prévision d’une chute interminable vers les profondeurs de l’océan et l’elfe noire parvint à grimper sur le dragon qui y faisait figure. Elle plongea, après un dernier coup d’œil inutile derrière elle et sentit l‘enveloppe glaciale de l’eau l’enserrer. Elle battit des jambes pour remonter à la surface mais un enchevêtrement de matériel la suivait de près et l’entraina vers les abysses. Elle se débattit violemment, lutta contre les ténèbres, parvint à se défaire de ce fardeau et puisa dans ses dernières réserves d’air pour remonter. Elle émergea épuisée, et sans aucune dignité chercha à avaler de longues goulées d’air. Elle cracha de l’eau, toussa et tendit la main pour attraper la masse qui passait près d’elle. Sans savoir ce que c’était, elle s’y accrocha et tenta de s’y hisser sans y parvenir. Les embruns, la tempête l’empêchait de réfléchir et elle ne pouvait que penser à tenir, tenir, tenir, et ne rien lâcher. Elle subit ainsi peut être quelques minutes, peut être des heures mais l‘effort consuma ses forces. Elle crut s’être évanouit, en douta, s’arracha à sa fatigue et s’imposa à l’adversité pour enfin se hisser sur le frêle esquif végétal. Elle n’y était pas seule et en basculant dans un creux offrant un maigre refuge, elle s’écrasa sur un corps mou qui bougea sous elle. Elle avait toujours, par miracle, son épée à la hanche mais à cette distance, elle n’en avait pas besoin pour tuer un homme. Elle se redressa avec difficulté, voulut parler, fut presque noyée par une vague qui les submergea, en encaissa d’autres. Accrochée à des lianes, elle laissa faire les éléments et toute la nuit, ils attendirent le moment où les abysses les engloutiraient.


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Pirotess ouvrit les yeux. L’humain et elle étaient enlacés comme des amants trop amoureux. Un peintre aurait immortalisé la scène qu’elle en aurait représenté la passion incarnée. Le cœur de l’homme battait et elle se redressa, quittant le confort d’un torse bien proportionné.

Autour d’eux, plus rien. Aucune trace du naufrage. L’immensité de l’océan à perte de vue et un doux soleil comme seuls compagnons. Pirotess esquissa une grimace en se levant, tout son corps protestant contre l’horrible traitement qu’il avait subi. L’elfe noire put enfin voir ce qui lui avait sauvé la vie, piètre radeau mais qui contre toute attente, avait tenu. Un léger vent les poussait vers le Sud-Est pressentit-elle, vers les côtes. Il n’y avait rien d’autre à faire que d’attendre et elle tourna son visage couvert de sel vers l’astre du jour. Ses vêtements lui collaient au corps et elle retira ses cuissardes pour les vider de l’eau qui y macérait. Elle ne disait rien mais observait son compagnon d’infortune. Il était dans le même état qu’elle mais n’avait rien perdu de sa beauté. Ses cernes augmentaient même la profondeur de son regard.

"As-tu les capacités de nous faire rejoindre les côtes ?"

Que dire d’autre ? Regrettes-tu tes actes ? Inutile… Ils vivaient tandis que d’autres non. Tous les autres en vérité. Personne ne survivait à une tempête comme celle qui les avait emportés. Il n’était pas nécessaire de solidifier le radeau, la magie le retenait tant qu’elle restait sous le contrôle du mage. Qui était-il ? Et sa jeunesse n’était-elle qu’apparence, tout comme la sienne ? Pour une elfe, Pirotess était encore jeune oui, mais quelle vie d’expérience elle avait menée jusqu’à présent !

Mais avant d’en apprendre plus sur le mage, il fallait penser au plus pressant. Nourriture, eau … Le ciel était dégagé, une pluie légère aurait été appréciée, quant à de quoi se nourrir … à part sa rapière, elle n’avait rien.

Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le mardi 18 octobre 2022, 17:48:57
La pluie tombait drue, ajoutant à la désolation des alentours et aux cris des désespérés les larmoiements chagrinés des cieux, témoins de ces tristes événements. Les éléments se déchaînèrent, a fortiori après le déclenchement de la seconde vague scélérate, que la voûte céleste assombrie par un amoncellement de grossiers nuages grisonnants et noircis colorait d’une encre trouble et sale. Les prochaines minutes qui suivirent sonnèrent comme une oraison funèbre ; les solitudes abyssales trouvaient là de nouveaux résidents parmi les futurs macchabées ; le vaisseau décharné, perclus d’avaries, réduit à la portion congrue disparut, comme englouti pour toujours dans l’obsession égoïste d’un seul.

Cela aurait pu pourtant finir autrement. Pirotess était libre de haïr l’indifférence de Vittorio. L’indifférence, c’était après tout l’aboulie dans le cas présent et la force motrice qui engendre la méchanceté ; l’égoïsme, véritable hécatombe où croupissent toute grandeur d’âme et toute responsabilité individuelle ; le poids mort de l’Histoire, le marécage qui entoure l’antique cité et la défend mieux que les murailles les plus solides, mieux encore que les poitrines de ses guerriers  parce qu’elle engloutit les assaillants dans ses goulées de limon, parce qu’elle les décime et les décourage jusqu’à les faire renoncer parfois à leur entreprise héroïque ! La refuser, c’était alors opposer la sensibilité, la sagesse et l’imagination. La mercenaire semblait avoir la sensibilité pour percevoir les souffrances, la sagesse pour les analyser et sans doute assez d’imagination pour inventer les solutions qui y mettraient fin, mais bien des contraintes se seraient imposées à elle qui ne détenait ni magie puissante, ni influence sur ces esprits. Contrairement à Vittorio qui n’en fit rien. Rien ! Oui, Pirotess était libre de se déclarer hostile, impitoyable à l’égard de cet indifférent incapable de sympathie envers ses semblables, à l’égard de cet homme qui avait violé ses devoirs en tant qu’être humain et qui, manifestement, ne sentait battre dans sa conscience virile la nécessité de faire société jusqu’au bout… Spectatrice d’une injustice, la colère, sœur de la pitié, tenait peut-être lieu d’Apollon à l’Elfe noire qui se parait d’un rictus… Le voici donc, ce bellâtre si sûr de lui, si apprécié des flibustiers pour les nombreux bienfaits qu’il leur avait prodigués, si insupportablement parfait qui manœuvrait le plus froidement possible sur son rafiot en perdition pour se tirer hors d’affaire dans le triomphalisme de son orgueil tranquille.

L’indignation – nemesis ! – supposait alors dans le cas présent l’absence de tout intérêt personnel et la seule considération du prochain, ce qui était d’autant plus remarquable que la femme avait été traitée avec froideur par cet équipage maudit durant cette funeste traversée. Faisant fichtre de ces considérations morales, l’Océan et ses remous poursuivant leur chemin, s’emparait de leurs sinistres dus, épargnant néanmoins les vies des deux protagonistes enlacés l’un contre l’autre sur cet étoc noueux, foisonnant de racines compartimentées dans d’obscures fouillis. Au cours de cette nuit chaste mais effroyablement mouvementée, la belle étreignait le beau et le beau étreignait silencieusement la belle, malgré son forfait et son insensibilité ; les tragédies étaient parfois conciliatrices des tempéraments antagonistes, scellaient des rapprochements, dit-on. Le Néréide la vit ainsi positionner sa tête contre son muscle pectoral, n’opposait aucun refus, comme si sa curiosité la poussait à vérifier si l’homme avait bien un cœur qui battait là-dessous. Au milieu de la nuit, les grelots ne tardèrent pas à apparaître ; il faisait froid, très froid ; il fallait donc se réchauffer mutuellement, survivre en mutualisant leurs forces et leur feu vital et, par instinct, Vittorio introduisit quant à lui sa main dans sa longue crinière d’albâtre, caressant et flattant cette encolure qui lui tenait lieu d’édredon. Pirotess put dormir et trouver un semblant de repos, étendue de tout son long sur Vittorio, mais lui ne saurait se reposer. Il devait rester éveillé pour s’assurer que lianes et branchages restaient solidement associées et ne plieraient pas devant la première adversité – et les ronronnements de l’Elfe noire participèrent à cette alarme constante.




Lavée par le chaos, la matinée promettait une belle journée. Le couple avait survécu au pire et Vittorio, yeux mi-clos dont les cernes trahissaient la fatigue accumulée, sentit sa protégée se détacher de lui. Elle rompit ainsi cette courte accalmie et signalait par la présente le début des règlements de compte verbaux. Rien, pas même un mot de remerciement, pas une seule salutation. Une demande, sèche, qui donnait la couleur de ses attentes ; comme tous les Hommes, elle voyait en lui un moyen et non une fin. Un soupir s’élevait hors des lèvres charnues de l’Italique qui s’emmurait dans un silence rancunier ; lui revint alors en mémoire le rictus dédaigneux de cette Elfe noire et il lui fit savoir à quel point son attitude lui déplut en fixant un temps de latence avant l’élaboration de sa réponse. La voix chantante et mâtinée de cet accent naguère si chaleureux de l'Italique n'exprimait plus que défiance et, peut-être, un brin de remords.

« Je peux accroître mes chances d’atteindre la terre ferme, oui. »

Vittorio – en plein déni – tourna ensuite le dos à Pirotess et se saisit d’une liane puis d’une planche. L’Elfe ne le portait pas dans son cœur, comme l’attestaient son absence de formalités et la grimace de la veille. Très vite, ses gestes accélèrent leur cadence, une magie pourpre entourait ses doigts engourdis par le froid de l’humidité passée et une floraison de fruits goûteux réunissant pêle-mêle fraises, pommes et bananes apparut au creux d’un panier tressé à partir des matériaux locaux.

« Voici ton repas. Mange car tu as besoin de prendre des forces. Dans une heure, après que mes réserves de magie se soient restaurées, je te construirai une petite embarcation et je te doterai d’assez de vivres pour survivre quinze jours en mer. Après quoi, tu partiras de mon radeau... Bonne continuation, étrangère. »

La tension était palpable sur l’embarcation car la communication fut effroyable dès ses balbutiements. Il lui tendit alors le panier fruité puis retira son pardessus bleuté, dont il entendait se servir comme voilier afin de stabiliser sa traversée, avant de s’asseoir sur un petit lit de racines enchevêtrées, promenant son regard mélancolique sur cet horizon si paisible mais si incertain. Bouche bée, le damoiseau ne disait plus mot face au bruissement des vagues.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le vendredi 21 octobre 2022, 22:00:17
Ses chances? Alors qu'elle questionnait en leur nom à tous les deux, il répondait au singulier, le sien exclusivement. L'assassin sombre plissa des yeux. Si l'homme recherchait l'affrontement, ses chances de vaincre alors qu'ils se frôlaient étaient très minces. S'il comptait s'en tirer en l'excluant de toute initiative, Pirotess ne sombrerait pas seule. Ils se faisaient face, aussi fiers l'un que l'autre même si chez lui, cette fierté associée à un autre trait que l'elfe considérait comme peu flatteur, exsudait par tous les pores de sa peau claire. Chez la tueuse, tout se transcrivait dans son attitude, létale et incitant à la prudence.

Il avait le visage marqué, son combat nocturne contre la fatigue ayant altéré sa beauté. Néanmoins, la situation ne s'envenima pas et faisant preuve néanmoins de générosité, il usa de magie pour produire une nourriture dont l'apparition fut gâchée par son commentaire. Il l'abandonnait donc bien, c'est ainsi qu'il envisageait la suite. Ce mage avait la possibilité de survivre en appelant ses pouvoirs à la rescousse. Elle, ne ferait que dériver au bon vouloir des vents, destinée à sécher sur un radeau inutile. Plutôt mourir! Mais ... pas maintenant.

L'elfe noire saisit une pomme dans le creux de sa main et la tendit au mage. Elle était loin d'avoir son niveau, d'ailleurs, elle n'avait jamais appris à maitriser la magie. Cependant, les aptitudes propres à sa race lui permettait d'accéder à la toile universelle pour y puiser certaines compétences. Elle invoqua un toucher de putréfaction et la pomme se flétrit jusqu'à pourrir et couler entre ses doigts ... qu'elle posa sur une liane maintenant la condition de l'esquif. Si elle pourrissait elle aussi, une partie de leur frêle abri céderait. L'homme menaçait, elle aussi pouvait répondre.

Mais tout comme il avait accepté jusqu'à présent l'idée de sa présence. Elle fit de même et attrapa une autre pomme dans laquelle elle croqua à pleines dents. La chair ferme et sucrée, presque fondante une fois en bouche, lui arracha un sourire discret. Les elfes ne se nourrissaient pas d'aliments d'origine animale ou autres équivalents. Les fruits et légumes constituaient l'essentiel de leur alimentation et très vite, elle n'eut plus faim. Son métabolisme rapide s'adaptait à la difficulté et elle trouva dans ce réconfort onctueux de quoi satisfaire la demande pressée de son corps.

"Tu n'iras nulle part sans moi. Si tu as dans l'idée de m'abandonner à mon propre sort,  je m'assurerais que tu n'arrives à aucune destination, et que ta carcasse aille nourrir les poissons de cet océan."

Elle laissa errer son regard sur l'immensité liquide, tout comme lui quelques instants auparavant. Le soleil rendait l'eau scintillante et son reflet blessait les yeux de l'admirateur trop insistant. Un peu plus de vent aurait été souhaitable; à ce rythme là, on les retrouveraient momifiés dans des siècles.

"Ne surestime pas ta puissance, et ne sous-estime pas la mienne. Je ne ferais pas l'erreur de tes anciens -amis-."

A cet instant, et alors que rien d'autre que les vaguelettes ne troublait la surface de la mer, un choc  sous la coque de bois faillit les faire chavirer. Pirotess bascula aux côtés de l'homme pour rétablir l'équilibre du radeau, aux aguets. Un second choc, plus brutal, les secoua encore une fois. Autour de leur refuge, un remous surgit des profondeurs, annonçant l'arrivée d'un visiteur dont ils se seraient bien passés.

Les contes et légendes de la mer étaient tous basés sur des faits réels et bien que les marins du monde entier aiment à raconter des histoires terrifiantes, ils étaient eux-mêmes sujets à des peurs viscérales. Ce qui se cachait dans les profondeurs de l'océan avait souvent faim et rien n'était plus facile à chasser que des bipèdes maladroits à la surface des eaux.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le dimanche 30 octobre 2022, 23:44:01
À la vue des actes sacrilèges de Pirotess, Vittorio fit une moue, mi-figue mi-raisin. L’elfe noire avait du caractère, elle se défendait mordicus : sans démordre, elle menaçait d’entraîner son hôte dans son suicide si celui-ci s’attelait à sceller son départ hors de leur embarcation. Si la belle ne manquait pas de culot, elle était cependant prête à se battre comme une diablesse pour préserver sa vie des sinistres courants marins – et cela méritait d’être souligné. Le Néréide se tut quelques secondes durant, assis sur le rebord du rafiot, veillant à ce que le trognon jeté négligemment ne pourrisse pas l’ensemble de cet édifice aux fondations encore boiteuses. Comme l’attestait son empressement à dévorer une autre pomme, elle ne dédaignait pas le reste de sa production fruitière, toutefois. La hargne qu’elle mettait dans ses gestes symboliques était comme sapée par ses répliques qui empestaient la mitoyenneté du vulgaire… L’impavide roulait des yeux fiers, voire carrément hautains, peignant une colère froide. « Quelle erreur ? Qui es-tu au juste pour te permettre de me juger ? » rétorqua-t-il sèchement en arquant un sourcil, d’une voix dépourvue de la moindre aménité qui trahissait une sourde menace. Deux questions fusèrent en quelques instants : elle avait sans doute touché un point sensible, frappé là où le bât (sic) blesse. Ce sujet le tracassait, l’emplissait d’une irritation à peine contenue que ses grands yeux pailletés d’or illustraient toutefois à merveille, alors qu’ils dévisageaient la donzelle de long en bas puis de bas en haut. Elle était belle comme le crépuscule qui annonçait l’aube de jours meilleurs, mais elle le haïssait d’office en raison de son parjure et lui ne pouvait tolérer le regard accusateur qu’elle jetait sur lui ; en d’autres circonstances, peut-être auraient-ils eu l’occasion d’interagir en des termes plus accorts, mais tout semblait compromis : elle gardait quelque rancune de la veille ; il réprouvait son ingratitude et le zèle de ses jugements à l’emporte-pièce ; les présages s’avéraient orageux concernant leurs relations à bord de cet esquif.

En effet, les épaisses lèvres lippues de Vittorio s’humectaient déjà d’animosité face à cette odieuse insinuation et l’ironie grinçante qui enrobait le propos de cette bretteuse impudique. Cette paria osait le toiser !... Et si un visiteur impromptu ne fit son apparition, il aurait sans doute eu le loisir d’élaborer une odieuse imprécation. De l’écume alentours émergeait une kyrielle de tentacules gigantesques, soulevant une brève et puissante saccade qui renversa presque leur petit bâtiment, tout de lianes et de branchements constitués – et au milieu de laquelle apparût une créature superbe à la peau du plus pur azur marin (https://i.pinimg.com/564x/21/3f/80/213f80da24eaae178ffea2fa85d9a784.jpg), déchaînant les flots. Elle était grande, svelte, d’une race vigoureuse. Qui était-elle ? Peu importe la réponse à cette question, la puissance qui émanait de son être faisait d’elle une adversaire imprenable, au regard de l’affaiblissement de nos deux protagonistes. Alors que le tumulte menaçait de provoquer le chavirage de son rafiot, Vittorio, dont l’instinct de survie gagnait sur toutes autres considérations, étreigna aussitôt sa compagne d’infortune pour l’empêcher de tomber par-dessus bord. Yeux vissés sur l’omnipotente déesse marine, l’arrogant jouvenceau se fit humble et se tut, observant un silence pesant. L’équilibre des rapports de force ne jouant pas en leur faveur.

« Je suis Emestra, fille de la Glorieuse Eurydipe. Qui ose franchir les frontières du Reinaume de Kélamirā ? »

De ses doigts fins et raffinés, la furie des domaines marins brandit son trident au bout duquel pointait un arceau de lumières turquoises. La présence de ce mâle la troublait pour une obscure raison, alors qu’elle le dévisageait telle une lionne qui mesurait sa force à celle d’un rival. Celle de Pirotess munie de sa rapière exacerbait en revanche autant son hostilité que sa perplexité. « Etrangers… Quel est le dessein de votre venue ? » exigeait-elle de savoir séance tenante, son intonation était sèche et impérieuse. Bien qu’elle relevait le danger évident que représentait l’Elfe noire, la divinité pouvait compter sur la présence de son gigantesque céphalopode pour la supprimer le cas échéant.

« Je m’appelle Vittorio Vulcano, fils d’Augusto Politien. Noble émissaire parée de mille grâces, nous sommes un couple de naufragés fuyant l’ire de l’Océan. Loin s’en faut, nous ne souhaitons nullement troubler votre concorde mais se retirer de vos frontières et retrouver le chemin du foyer que nous chérissons », répondit-il après un court moment de latence.

Quelque chose ne la laissait pas indifférente en la personne de cet « étranger proche », par son allure et son aura. Elle le fixait de ses grands yeux courroucés, son instrument de guerre fermement maintenu contre sa poitrine. Il parlait d’une voix tendre et cristalline qui chatouillait les oreilles, offrant à cette déesse orgueilleuse toute la couleur réservée à son rang ; il connaissait fort bien les divinités marines pour savoir qu’elles devenaient dangereuses lorsqu’elle percevait la moindre offense infligée à leur statut. Et lorsqu’elle le vit enlacer celle qui, sans doute, devait être sa femme, l’étreindre contre son muscle pectoral et sans doute lui susurrer des paroles réconfortantes, la déesse sentit poindre en elle une vive émotion. Sous ses allures d’omnipotente, l’immortelle avait un cœur et ne put se résoudre à leur ôter la vie. Emue, troublée, elle détournait des yeux, une moue barrant son magnifique visage aux traits de marbre. Jamais la déité ne vit tableau plus harmonieux et discordant que celui que formait ce couple hors du commun ; pris séparément, elle aurait sans doute arraché le visage de cette femme et entraîné cet homme au plus profond des abysses…

«  … Ha ! Peu importe où se situe votre foyer, partez sans tarder à l’Est vers les rivages de la terre ferme. »

Une douce brise caressait les chevelures blondes et immaculées, tandis que le Kraken disparaissait sous l’eau, ses innombrables tentacules ceignant la coque du naviron pour le rediriger bien plus loin, à une cadence vive, vers la direction précitée. Bouche béante, l’orageuse Emestra haussait les sourcils, surprise par sa propre mansuétude, alors qu’elle rengainait son trident. Elle chuchota quelques mots dans une langue inconnue, provoquant l’apparition d’un puissant vent opportun qui guiderait plus tard ce jeune couple, lorsque sa bête lui revint enfin.  Vers le lointain, ses yeux verdâtres ne quittèrent les prunelles d’ambre de Vittorio, comme si entre eux deux, par le jeu des filiations sanguine, une hiérarchie ancestrale les liait qui amènerait à se recroiser peut-être dans une génération ou deux. La navigation se prolongea pendant une heure ou deux dans le sillage de cette rencontre jusqu’à ce que la vue d’une île occupasse leur champ visuel, comme extirpée d'une brume. Sur le pont du navire, Vittorio, qui croquait tendrement une pomme juteuse, se tourna aussitôt vers sa compagne puis plaça sa main sur son épaule. « Le destin semble nous sourire. Regarde devant nous (https://i.pinimg.com/564x/35/35/0f/35350f65b80053ca9f0d08ed94c4d517.jpg). »

Il se fit moins revêche qu’à l’accoutumée et tenta de se montrer plus amène, d'éluder les sinistres événements de la veille en affichant un sourire discret. Ce n’était pas de bon augure qu’ils se toisent mutuellement, après tout.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le lundi 31 octobre 2022, 12:39:16
C'est dans un bouillonnement de remous puissants que jaillirent autour d'eux les tentacules annonçant la présence cauchemardesque d'un kraken d'une taille faramineuse. Créature mythique, Horreur des contes de la mer, elle représentait l'une des pires aberrations de la création en terme de gigantisme et de terreur. Personne ne savait vraiment si ce monstre existait où bien s'il ne s'agissait que d'une légende antique au souvenir tenace. La jungle de membres mouvante  autour d'eux menaçait de les pulvériser, de les écraser d'un simple coup qui les broierait comme du menu fretin.

L'elfe noire tira sa lame qui scintilla d'un éclat sinistre. Tendue, Pirotess s'apprêtait à livrer son dernier combat. Elle planta ses doigts d'acier dans l'épaule de l'homme et s'apprêta à bondir dès que le monstre marin apparaitrait ... s'il apparaissait ... Il suffisait pour elle qu'il exhibe un œil ou la moindre faille même minime pour qu'elle puisse saisir sa chance de le blesser. Elle n'y survivrait pas, c'était certain. Elle périrait sous les crocs de la Bête ou entrainée dans les profondeurs, mais au moins, la Chose garderait d'elle un souvenir impérissable.

Mais l'homme s'accrocha à elle, pas par désespoir, elle l'aurait senti, pour autre chose. Et en lieu et place de la Mort annoncée, c'est une tout autre créature qui apparut, émergeant de ce maelstrom dont ils étaient l'épicentre. Qu'était-elle? Une divinité de la mer?  Elle se présenta mais tous les noms qu'elle employa étaient inconnus de l'elfe. Pourtant, sa culture était vaste, ses connaissances conséquentes. Mais jamais elle n'avait entendu parler ni Eurydipe, ni de Kélamirā. Les consonances rappelaient celles du panthéon des dieux olympiens mais elle les connaissaient tous. peut être s'agissait t'il d'une maison mineure du royaume de Poséïdon? Dans tous les cas, il n'était pas question de s'opposer par le verbe à cette nouvelle apparition. L'avantage de l'environnement n'était pas le leur et s'il existait une chance même infime de survivre, il fallait la saisir.

Et c'est l'humain qui apporta la lumière à leur situation précaire. Il s'exprimait noblement, mais Pirotess, pour l'avoir vu à l'œuvre, mesurait toute la viscosité de ses propos. Il dégoulinait de manières et aurait eu une place bien méritée sur une scène de théâtre. cependant, il capta l'attention d'Emestra et l'elfe rengaina sa lame, concédant un geste d'apaisement.

Ainsi donc, il s'appelait Vittorio Vulcano, étrange nom à prononcer même pour Pirotess qui maitrisait le commun. Sa langue naturelle était tranchante et rugueuse, au contraire de celle de l'homme dont l'identité chantante se superposait parfaitement à sa présentation. Elle observa la liaison s'établir entre la créature marine et le mage et frissonna quand une aura de pouvoir saisissante les enveloppa, crépitant d'incertitude et de curiosité. Il semblait qu'un affrontement, ou plutôt, qu'une exploration spirituelle s'imposait, et à la grande surprise de la guerrière, la puissante maitresse des flots accepta de les laisser partir, et même de les guider vers la vie.

Cet épisode resterait gravé à jamais dans la mémoire de Pirotess. Elle venait d'être témoin et actrice d'un évènement sans précédent: la rencontre avec un kraken et sa tutrice et surtout, en avoir réchappé.

Ils voguèrent peu, avant que l'ile émergea des brumes, tableau salvateur qui réchauffa le cœur sombre de l'elfe. Elle souriait malgré elle devant la vision qui s'offrait à leurs yeux. Une île, certes, mais avec un continent en arrière plan. Elle hocha la tête en réponse à l'homme, son animosité presqu'envolée. Quelques encablures plus loin, elle sautait dans l'eau jusqu'à mi-cuisses et avança sur une plage de sable fin. Elle dérangea une colonie de crabes qui claquèrent des pinces avant de s'enfuir en tout sens. Des oiseaux marins crièrent leur indignation mais ne bougèrent pas de leur nid, couvant leurs œufs précieux. Une mince mais riche végétation séparait la plage des contreforts de hauts pics élancés. Et mieux, un bassin naturel d'eau douce et fraiche n'attendait que sa venue pour scintiller sous le soleil.

Aucun danger n'était détectable aussi l'elfe se dévêtit gracieusement avant de se glisser dans l'eau froide. Quel bonheur de vivre! Elle passa ses mains sur son visage croûté de sel et baigna ses longs cheveux qui reprirent instantanément de leur blancheur éclatante. Elle but en petites gorgées et rit quand un petit oiseau colorié vint pépier tout près d'elle, complimentant surement sa beauté. Elle était une elfe noire, mais bien de la race antique des Elfes avant tout. Donc, attachée à la nature et hautement impudique.

L'homme avait prit pied sur la terre ferme lui aussi et bien que rien ne fut pardonné, tout fut momentanément diffus.  L'elfe avait faim et plutôt que de partir en quête d'une cueillette, lui, avait les moyens de remédier à ce problème. et puis, il avait fait preuve de ... presque d'empathie.

"L'eau est bonne et tu sens mauvais! Viens te laver et offre nous ces fruits qui sont si bons."
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le mardi 01 novembre 2022, 19:08:26
Regard perdu vers le lointain, jamais Vittorio n’oublierait ces deux journées durant lesquelles il survécut à un naufrage effroyable et à ces rencontres fortuites – l’étaient-elles vraiment ? – avec d’abord une elfe inquisitrice et une divinité maritime. Il ne croyait pas à l’absurdité du hasard. Il voulut bien au contraire y donner du sens, une pincée de sens, une sagesse à tirer qui devrait lui procurer une plus-value. Laquelle exactement ? Celle-ci restait à définir. Après cette inquiétante rencontre avec cette créature à la fois magnifique mais effroyablement dangereuse, sa première intuition lui commandait d’apaiser les tensions avec cette mystérieuse étrangère aux oreilles effilées si prompte à dénoncer son parjure. Cela sonnerait comme une lamentable vérité de La Palice mais… Que les Dieux savent à quel point la peur du lendemain constitue un ciment puissant ! L’intuition précitée, qui s’est révélée… judicieuse, semblait partagée. Opinant du chef, Pirotess se fermait moins, mieux, elle cédait à l’aplomb opportun d’un retour sur la terre ferme, enjambant le petit pont aménagé de ce vaisseau de fortune qui ressemblait, par ailleurs, davantage à un agrégat de végétaux diversifiés maintenus en place par diverses racines et lianes enserrées. Ce n’était pas la plus belle création artisane du Signore Vittorio Vulcano, ça non. À l’épreuve des faits, cette embarcation témoigna de sa résilience en partie due à la présence du gouvernail d’étambot dérobé à ses alliés de la veille.

Tandis que l’Elfe sans nom gambadait vers cette plage creusée dans la plus saine et la plus belle des veines minérales, Vittorio se fit la réflexion qu’il aurait très bien pu l’abandonner là égoïstement. Une part de lui était très rancunière, paranoïaque et même punitive : malgré sa tentative de la sauver, elle l’avait en contrepartie abreuvé de son dédain et de son dégoût ; ça n’aurait été donc que justice de lui infliger un sort pareil, ici, sur cette terre étrangère et qui n’a jamais été cartographiée au demeurant. Elle avait été témoin de sa traîtrise et de sa cruauté, elle se méfierait toujours de lui, le réduirait à la seule dimension de son parjure – et réciproquement, tout était compromis dès le départ… C’était pure vérité. Tout cela, ce n’était qu’une trêve, ce n’était qu’une courte accalmie, un interlude avant le début d’un long carnage… Mâchoire crispée, regard vitreux, doigts gourds, le damoiseau s’empara avec vigueur de la barre improvisée de son naviron. Il devait trahir avant d’être trahi une fois de plus. Pirotess et lui, ce n’était que du vent ! Tout au plus – et cela relevait de la gageure ! – noueront-ils une alliance circonstancielle et sans la moindre chaleur, comme deux mercenaires contraints, par la force des événements, à s’acoquiner ensemble pour un délai limité et à fin limitée. Les yeux ambrés de Vittorio promenèrent une œillade plaintive et peinée vers la surface réfléchissante de ces eaux si pures. Le reflet de l’onde aquatique produisait le mirage de son visage pâle ; il ne se reconnaissait plus, la fatigue le terrassait, l’homme qui se situait en face de lui n’était plus un homme…

Mais un tueur. Qui a rompu son serment. Une moue dédaigneuse déforma le visage du Néréide. Un tueur ? Un parjure ? Jamais ! Il ne pouvait être cela. Une furie froide animait ses traits d’albâtre, alors qu’il susurrait une malédiction. La faute à la cruelle Moïra ! Au loin, tandis que la silhouette de Pirotess disparaissait à travers les noues et les taillis, Vittorio devait prendre une décision, là, sous l’œil de l’Astre éternel. Partir de ce lieu, abandonner cette femme et ne vouer sa survie qu’à sa puissante magie et ses propres décisions… ou faire face à ses incertitudes, la rejoindre au cœur de l’inconnu. Le dilemme fut terrible, lui coûtant de longues minutes angoissantes.




Le Néréide s’était débarrassé de ses vêtements. Pirotess avait raison, il empestait la sueur citronnée, l’iode marine, le sel de mer et il devait corriger cela.

« Si tu veux quelque chose d’autre, n’hésite pas. »

L’impudeur était reine dans ce bassin, leur nudité symbolisant la transparence de leurs êtres, mais Vittorio était le dernier à s’alourdir de pudibonderies ; les femmes elfiques étaient ainsi, fidèles à leur nature, tout comme il était loyale envers la sienne. Comme tous ses semblables touchés par la grâce de la divinité, la pilosité ne le concernait que marginalement et certainement pas sur le reste de sa plastique musculaire, sèche, saillante, vigoureuse mais athlétique. Entre ses jambes, cependant, s’accrochait un puissant pilier en dessous duquel s’arrimait un couple tout en volume… L’eau était fraîche et vivifiante, hérissant tout son être. Elle lui coûta cependant un soupir. S’il exécutât la demande de la belle avec l’intention manifeste de pourvoir à tous ses besoins alimentaires – le buffet de ce soir étant composé de bananes, de figues, d’abricots et de délicieux melons, et même cosmétiques – puisqu’une crème vanillée avait été étendue sur le plateau en bois qui trônait sur un lieu de pierre, Vittorio ne voulut dire autre mot alors qu’il s’asseyait sur une rivière de galets qui courait sous son séant, enfouissant son visage dans ses mains ; cette situation le travaillait, c’était désormais plus qu’évident. Derrière eux, un couple d’oiseaux récitait leur cantinelle ancestrale, emplissant l’air d’une douce mélopée... « Avant d’aller plus loin avec toi, je voudrais au moins savoir qui tu es, quelle est ton identité, qu’est-ce que tu attends de moi. »

Sitôt cette phrase dite, il épia la demoiselle de ses yeux dorés, suspendant son attention autour des prochains mots qui sortiront de ses lèvres.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le vendredi 04 novembre 2022, 16:49:41
L'elfe se rapprocha de l'homme, ondulant comme une murène dans son élément. L'eau fraîche glissait sur sa peau, la faisant scintiller sous les rayons d'un soleil salvateur. Pirotess prit le temps de choisir une figue juteuse qui libéra toute sa saveur quand elle croqua dedans. Délicieuse! Elle secoua sa lourde chevelure pour la soulager du poids de l'eau et jeta un regard en coin à son compagnon. Il était beau, bien pourvu et paraissait être un homme tonique. Elle sourit au  piaillement, commentaire osé, du petit oiseau qui s'avérait être une femelle et la chassa d'un geste amusé.

"Je me nomme Pirotess, elfe noire de Marmo."

L'île maudite n'était pas une légende et rien que son nom suffisait à effrayer les plus courageux. L'homme n'était pas du genre à craindre quoique ce soit mais s'il connaissait la réputation de cette terre de malheur, il devrait fatalement se poser des questions légitimes quant à la noirceur du cœur de sa compagne d'infortune. Marmo signifiait souffrance et mort comme Nexus signifiait paix et prospérité. Mais le cœur de l'elfe n'était pas noir, il battait d'une envie de vivre pour accomplir une promesse qui elle, était teintée de sang.

"Je ne suis pas ton ennemie tant que tu ne me nuis pas."

Pour elle, le mage était un outil. Un outil destiné à mettre toutes les chances de survie de son côté. Bien sûr, elle pourrait s'adapter à n'importe qu'elle environnement terrestre mais ne sachant pas où elle était ni ce qui l'attendait sur ces rivages apparemment paradisiaques, elle préférait le conserver dans son giron pour l'instant. Qui savait? Si une créature terrifiante les attaquait, mieux valait qu'elle dévore un homme qu'une elfe? Il ne serait pas un fardeau, il avait démontré ses capacités à s'extirper de situations critiques mais elle n'en ferait pas les frais. Elle lui sourit, de toute sa froideur d'elfe noire.

"Pour l'instant, nous aurons plus de chances de rejoindre un havre de sécurité à deux plutôt qu'individuellement. Tes pouvoirs sont  utiles et mon épée te sera une bonne compagne si les rencontres que nous pourrions faire surpasseraient l'idée que tu te fais de toi."

C'était enfin dit. Dans un groupe, le collectif primait sur l'individualisme. Vittorio aurait au moins dû tenter d'aider ses camarades même si l'issue du naufrage n'aurait rien changé. Offrir l'espérance plutôt que le désespoir relevait d'une bonté d'âme qui serait toujours récompensée mais pour être assuré de cela, il fallait avoir des siècles pour l'accepter. Cela rappela à Pirotess que l'homme qu'elle côtoyait n'était pas commun. Pour un mage, il était puissant. Il aurait pu servir à la cour d'un roi. Mais d'ordinaire; les thaumaturges se spécialisaient dans des écoles de magies bien définies: la maitrise de la magie primaire des éléments, la divination, l'illusionnisme, l'enchantement ou encore la nécromancie. L'art mystique lié à la nature végétale dont l'homme avait fait la démonstration était une découverte pour l'elfe. Quel était intérêt pour un humain de se perfectionner dans ce domaine? Et où l'avait-il appris? Encore un mystère qu'il lui faudrait élucider.

Un papillon aux multiples couleurs vint se poser sur l'épaule de l'assassin. Pirotess l'invita à venir se reposer sur le bout de ses doigts et s'émerveilla de ce petit miracle de la création. Ses ailes translucides mais chatoyantes étaient aussi fines qu'un voile éthéré. L'insecte se sentit en sécurité avec elle. L'adjectif noir, d'ordinaire vulgairement jeté après le nom de leur race, ne se rapportait pas au mal même si leurs cousins de lumière aimaient à le dire. Une elfe noire aimait aussi la nature bien qu'elle soit capable de la tourmenter. Bien sûr, l'environnement acide d'un lac de souffre ou la présence basaltique d'un volcan éveillé lui était préférable mais dans cet écrin de paix où la vie simple pullulait, elle était bien. Le papillon voleta ensuite pour se poser sur le nez de Vittorio. Il n'y avait rien de risible, au contraire, l'être minuscule montrait la aussi sa confiance en l'homme. Curieux ...

Toujours impudique, Pirotess s'approcha de lui, se redressant dans l'eau et s'exposant dans toute sa splendeur. Un empereur aurait dépensé une fortune pour se l'approprier et n'importe quel mercenaire aurait inconsciemment attaqué une cité fortifiée si elle aurait été le prix de leur sacrifice. Elle voulait savoir qui il était et s'il ne voulait parler, elle pourrait l'y contraindre, d'une manière autre que par les armes. Sa réputation ne regardait qu'elle et sur cette ile isolée, qui viendrait la critiquer?

Elle se saisit de l'homme par sa virilité et d'une main experte, retroussa le capuchon de peau protecteur pour exposer ce qui pourrait l'intéresser.

"Et toi? Vittorio Vulcano, fils d'Augusto Politien, qui es tu réellement?"
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le samedi 05 novembre 2022, 20:56:14
Un joli papillon atterrit sur le nez aquilin de Vittorio qui ne sut mot dire dans un premier temps. Sous l’effet des circonstances, L’Elfe noire, renouant avec le plus simple des appareils, révélait quelques bribes – seulement – de son identité. Elle se nommait Pirotess, prénom que le Néréide jugea également peu commun mais pas nécessairement surprenant, était originaire de Marmo. Vittorio ignorait ce qu’était Marmo : S’agissait-il d’une contrée ? D’une ville ? D’un monde ? Hélas, l’épéiste se montra avare en informations et ne voulut pas s’épancher davantage sur la question. Cependant, un sourire plutôt froid et peu amène, qui poignait à la commissure de ses lèvres, que le damoiseau interprétait comme une seconde marque de défiance. C’était un élément remarquable du portrait de Pirotess qui entrait en discordance avec son discours délibératif ; son visage s’exprimait à sa place ; ses paroles déguisaient à peine ses pensées ; elle eût ainsi beau jeu de tresser des louanges aux vertus de la collaboration : cette risette désagréable lui fit remémorer ce rictus revu la veille, qu’il abhorrait de tout son être.

La femme s’empara de son membre phallique comme s’il s’agissait d’un sabre dont elle retirerait le fourreau, tel un dû avidement désiré. Elle ne manquait pas de culot, celle qui fustigeait allègrement son parjure et son immoralité. À quoi jouait-elle au juste ? En retour, Vittorio se saisit avec douceur du sein droit de l’Elfe noire, flattant tout d’abord son aréole avec son pouce puis avec son index, tout en délicatesse. La douceur du Néréide était réelle, telle une douce écume qui caresse sa peau endolorie, tandis que ses bras étreignaient sa taille. Tout semblait converger vers le début d’une relation charnelle, là, sous les roseaux d’une île inconnue, avec pour seuls témoins de leur union la nature seule. Elle se coucherait sur lui, il s’abolirait dans sa chair, folâtrant comme deux amants assoiffés dans cette source aphrodisiaque jusqu’au bout de la nuit… Là, ils investiraient tous deux une énergie considérable afin de récolter le maximum de plaisir dans le dessein de goûter aux délices du réconfort après ce séjour en mer traumatisant… Mais quelque chose de l’ordre de l’affectif dans l’attitude de la demoiselle repoussa viscéralement notre damoiseau. Le sourire froid de la donzelle gâchait tout, colorant leurs ébats naissants d’une nuance grise, noire, glauque. À ses yeux, Pirotess trahissait l’existence d’une absurde rancune qui restait toujours aussi vive. Si la fatigue émoussait la patience de Vittorio, elle le rendait d’autant plus irritable et suspicieux – et la mention du patronyme de son incapable de père, qui le renia, aggravèrent cet état d’âme.

Soudain, le papillon s’envole, comme refroidi par l’attitude de cet homme muré dans son silence hautain, qui repoussa brutalement cette femme splendide aussitôt rejetée dans cette eau fraîche. Un geste que personne ne pouvait prédire, aussi foudroyant qu’une vague scélérate. Peu importe si le cadre était magnifique et propice aux ébats sexuels, il ne voulait pas s’unir avec elle, du moins pas comme ça. Dressé sur ses jambes altières, sa virilité splendidement érigée, s’il voulut chasser le naturel, il revint au galop : Vittorio toisait de nouveau l’Elfe, malgré ses bonnes résolutions. « C’était donc à ce moment précis que tu voulais utiliser tes charmes pour parvenir à tes fins… Tu me prends pour l’un de ces perdreaux écervelés qui se laissent mener par le bout de leur petit asticot, Pirotess ? demanda-t-il en levant ostensiblement le menton, le visage indigné. J’ai peut-être trahi ces matelots que tu plains mais qui te haïssaient par ailleurs du plus profond de leurs êtres, mais toi, tu es prête à coucher avec leur bourreau, quitte à salir leur mémoire. En fait, tu ne vaux pas mieux que moi. » 

Il lâcha un soupir de dépit, puis secoua la tête afin de chasser cette vision d’une femme en proie à la plus terrible des dissonances cognitives, avant de s’emparer de cette crème vanillée et d’en appliquer quelques filaments sur sa chevelure dorée qui luisait à présent de mille feux. Un sourire goguenard apparut à la commissure des lèvres lippues du damoiseau, rouges de passion...

« Tu te fiches bien de savoir qui je suis, hypocrite. Tu veux juste t’assurer que je te nourrisse et que ma magie soit tienne. Rien de moins. Vous êtes toutes pareilles et toi, avec tes grands atours de diva, tu ne te distingues clairement pas du lot. Quelle déception. »

... Car quoiqu'on en dise, les germes du désir avaient été semées.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le vendredi 11 novembre 2022, 16:40:27
Le rire cristallin de l'elfe noire effraya une bête qui détala dans les buissons bordant le point d'eau. Venue s'abreuver, la petite créature perçut dans cet éclat toute la cruauté dont cette race était capable. Et bien que délicieusement mélodique, le rire sentait le piège à plein nez. Pirotess se laissa repousser et son corps fendit l'eau vers son point précédent, le visage à demi immergé, ses yeux d'or scintillants tels ceux d'un crocodile s'éloignant d'une proie méritant de vivre un peu plus. L'objectif de l'elfe n'était certainement pas de s'adonner  à des ébats crapuleux sur les rivages paradisiaques de leur point de chute. Elle n'avait pas un besoin irrépressible de satisfaire une envie quelconque ni celle de s'offrir à un presqu'inconnu. Non, elle le testait, lui et ses tares masculines directement imprégnées dans son génome humain. La faiblesse des mâles de cette espèce était risible et sujet à plaisanteries pour les races supérieures, ou tout du moins plus sages.

Elle l'avait offensé, ou alors il était bon acteur. S'éloignant de quelques mètres, elle profita qu'il la regarde pour lécher la paume de sa main, celle qui s'était aventurée à l'ausculter. Oh comme ce geste était obscène, provocateur et d'une teneur érotique digne d'un bordel de Nexus. Elle rit encore et plongea sous l'eau limpide pour se prélasser une dernière fois. Elle s'approcha de lui, anguille sombre et curieuse, ne s'arrêtant qu'à quelques centimètres du sexe fort qu'elle avait tenu. Elle émergea comme une nymphe et essora sa crinière avant de rejoindre la berge couverte de galets où ses vêtements l'attendaient. Elle les lava soigneusement et plongea également sa lame enchantée dans l'eau douce. Les tissus elfiques étaient d'une finesse remarquable et ils séchèrent au contact de sa peau chaude dès qu'elle les mit. L'acier de sa rapière était à l'épreuve du temps et ne s'userait que longtemps après elle.

La tueuse mit fin à cet instant de plaisir, il était nécessaire pour eux de continuer leur route.

"Tes paroles contredisent ce que ton corps exprime Vittorio. Tu aurais dû te laisser aller non? Et profiter de ce que mon corps pouvait te proposer."

Elle enfila ses longues jambières.

"Je ne suis ni hypocrite ni la personne que tu viens de décrire. Tu tentes de noyer tes actes en critiquant une attitude qui serait la tienne si tu étais femme."

Le terme noyer était parfaitement approprié. Un équipage entier avait péri de la sorte.  Et puis elle scella l'accusation d'un "Tu es humain ..." qui définissait clairement les standards qu'elle ne supportait plus. Ashram, son ancien maitre, avait été le meilleur des êtres pour elle mais n'avait d'humain que son enveloppe charnelle. L'esprit tenait de la divinité tellement elle l'avait vénéré. Il était temps qu'elle aussi crache son venin, elle en eut assez des critiques.

Mais au moment où son beau visage se durcissait et qu'elle s'apprêtait à lancer un commentaire cinglant, elle se figea, tous ses sens en alerte. L'air portait l'odeur âcre d'hommes transpirants, une douzaine au moins. Ils s'approchaient martelant le sol de leurs lourdes bottes. Des cliquetis métalliques indiquaient qu'ils étaient porteurs d'armes. Les oreilles de l'elfe s'orientaient pour capter plus d'informations et elle humait l'air comme une véritable chasseresse. Et puis, elle fit une grimace. Une nouvelle effluve, beaucoup plus dense, plus sournoise, plus immonde la prit aux narines. Un mauvais rictus remplaça les lignes fines de sa bouche et l'assassin de Marmo prit la place de Pirotess la querelleuse.

"Des hommes approchent, une troupe nombreuse. Des pirates surement, armés. Une hydre ... des marais les accompagne."

Une ligne magique imperceptible vint crever la toile magique de la création à l'orée opposé de leur point d'eau.

"Elle est apprivoisée, ou dominée par un mage."

Et effectivement, le monstre poussa un hurlement qui brisa tout l'enchantement de l'endroit. Pirotess disparut dans les branches d'un arbre vénérable et fourni et guetta le premier signe d'apparition de leurs nouveaux ennemis. Nul doute que l'hydre les avait détecté. Ces créatures avaient constamment faim et disposaient d'un odorat performant. Toujours attentive, elle perçut un changement dans l'attitude des intrus qui s'éparpillèrent. Elle murmura à l'attention de Vittorio et laissa un souffle d'air lui porter son message.

"Ils savent que nous sommes là. Prépare toi à te battre. Je serais toujours derrière toi même si tu ne me vois pas."

Alors que tout les opposait, le destin les rapprochait à chaque fois qu'ils atteignaient le point de rupture.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le dimanche 05 février 2023, 21:53:18
Il n’était pas sûr de comprendre où Pirotess voulait en venir, si bien qu’il se contenta de soupirer dans un premier temps, sans arborer autre chose qu’une expression mi-confuse mi-désapprobatrice. Quelque chose, de l’ordre de l’instinct peut-être, incitait la femme elfique à adopter, non sans hypocrisie, une attitude moralisante alors que ses actes trahissaient un manque de vertu considérable. Disons le plus synthétiquement, Vittorio était incapable de comprendre Pirotess et la logique qui guidait ses actes. Dans un premier temps, elle vouait aux gémonies son grand égoïsme qui le conduisit effectivement à trahir cet équipage composé de rustres patentés, rustres patentés vouant en revanche un doux mépris envers elle et tout ce qu’elle incarnait en tant qu’étrangère aux oreilles pointues. Dans un second temps, elle n’avait pas eu l’heur de lui plaire en lui témoignant non seulement son dédain – par conséquent absurde – mais aussi son ingratitude dès leur première interaction alors qu’il lui sauva la vie. De façon presque mécanique, il soupira – derechef – en écoutant la boutade qu’elle lui décocha. Dénudée, déboutée, éconduite, l’Elfette toute trempée tentait de lui injecter de son venin, ce qui n’atteignait nullement le Néréide. Sa nuit fut mauvaise et peu reposante ; il convenait de ménager ses forces comme la suite des évènements l’exigeait ; il ne lui servirait à rien de s’énerver et vitupérer l’impudique transie de rancune. Cependant, Vittorio accordait davantage d’attention et d’intérêt à l’avertissement que cette dernière lui prodigua, à savoir la venue imminente d’une bande de flibustiers aux dents pourries chapeautée par un magicien domptant une hydre. Ça, c’était du concret.

La native de Marmo lui confessa ensuite qu’elle quittait les lieux tout en s’assurant de l’assister si besoin. Vittorio ne parût pas convaincu mais sitôt ses paroles égrenées, Pirotess était partie grimper au sommet d’un arbre, ce qui arracha au bellâtre à la toison dorée un sourire matois, volontiers railleur. Elle renouait ainsi avec cette vieille image d’Epinal qui voulait que les Elfes éprouvassent une affinité particulière envers le monde sylvain ; il aurait sans doute ajouté qu’elle se montrait lâche et opportuniste en lui confiant ce sale boulot. Elle avait quand même intérêt à lui prouver son utilité concrète au lieu de s’improviser courtisane et de lui témoigner de ses considérations moralistes et malvenues, par ailleurs… assommantes. Le Néréide enfila ses chausses, son pantalon en toile puis son pardessus aux teintes bleutées. Une fois qu’il s’était vêtu avec ce qui lui restait parmi ses bagages, il fendit les taillis, les noues desséchés par l’air torride ambiant, la pelouse clairsemée par d’infâmes cratères d’aridité sous l’ombre des cocotiers, puis traversa la plage. Là, il trouva un petit lit de pierre – ou quelque chose qui s’en approchait – trapu, couvert en partie d’une épaisse mousse brunâtre virant vers des teintures dorées. Vittorio se saisit d’un modeste petit bâton qui traînait par-là, d’une pâleur qui évoquait celle d’un fémur humain, avant de l’examiner sous tous les angles.

Là-bas, un groupe de flibustiers, qui furetait dans les environs, s’approcha de sa personne. C’étaient de rudes gaillards aux peaux cuivrées, balafrés, empestant la vinasse, l’hypocras et la bière de mauvais goût, dépourvus de toutes les hauteurs de l’esprit, dénués de toutes largeurs de vues, appartenant à la maudite race des brutes cupides. Armés de lances et de cimeterres, ils aperçurent une silhouette qu’ils ne connaissaient que trop bien… Ils hélèrent aussitôt un Vittorio qui semblait tout entier consacré à son curieux ouvrage. Certains avaient même l’écume aux lèvres…

« Qu’est-ce que cela signifie, sorcier ? rugit l’un d’entre eux. Où est passé l’autre navire ? Qu’as-tu fait de notre capitaine ? »

« Choisissez vos mots avec soin, matelots, rétorqua le Néréide en feignant de pointer rageusement l’extrémité de son bout de bois vers ses assaillants. L’autre navire, comme vous dites, je l’ai quitté en catastrophe à la faveur d’une éclaircie dans le chaos marin. Du reste, j’ignore ce qu’il en est du capitaine Alrik. Au lieu de gaspiller votre temps en m’interrogeant, vous devriez poursuivre vos recherches dans ce chapelet d’îlots ; je ne suis pas forcément mieux informé que vous... »

Un silence feutré accueillit les propos du Demi-Dieu ; son assurance et son détachement vis-à-vis des naufragés les décontenançaient ; les pirates s’observaient mutuellement, pesaient le pour et le contre dans cette affaire. « Tu devais t’assurer qu’ils entrent à bon port, tu ne t’en sortiras pas comme ça ! » s’exclama un mousse dont les dents étaient aussi affûtées que des poignards. Ils hésitèrent à l’offenser, aussi suspect soit-il. L’un d’eux, fustigeant la morgue de ce « maudit sorcier », tourna immédiatement les talons, avertissant le mage et son hydre de la présence de Vittorio.

La ribambelle de têtes que comptait la créature susdite aboya mille et une lamentations ; son dompteur était un jeteur de sorts venus des contrées lointaines de l’Extrême-Orient, un certain Zhan Yan, celui-ci descendit, prestement, du harnais de sa bête odieuse afin d’aller à la rencontre de son confrère disciplinaire, presque aussi immobile qu’une statue sur son trône de basalte. La voix lourde de sous-entendus, celui-ci prit la parole face à ce dernier.

« Vous voilà. Vous avez mauvaise mine, Messire Vittorio, mais vous avez survécu à cette intempérie. Des félicitations s’imposent, mais… »

« Epargnez moi vos gracieusetés hypocrites et allez droit à l’essentiel, Zhan Yan », rétorqua l’Agromancien sans ciller.

« Soit. Comme je l’ai dit avant que vous me coupiez la parole, vous avez survécu et notre flotte ne peut que se réjouir de compter encore sur vos services pour retrouver notre capitaine. Cependant… Nous avons aussi pris la liberté de saisir la ‘’barque de fortune’’ sur laquelle vous avez vogué… seul ? Sur les flots déchaînés ? » interrogea cet homme aux yeux bridés avant de s’approcher, de trois pas, de son interlocuteur. Qu’est-ce que cela signifie au juste ? » enchaîna-t-il d’un ton accusateur, lançant au pied du blond ce qui devait être un sous-vêtement féminin, appartenant à Pirotess, qu’elle avait dû retirer lors de leur nuit mouvementée sur ce rafiot afin de se prémunir des démangeaisons provoquées par l’humidité rampante.

Était-ce le dessous d’une concubine à bord ?... Concubine qui aurait provoqué une rixe brutale sur le pont ? La présence d’une femme à bord ne pouvait qu’être suspecte et provoquer la ruine d’un vaisseau, car elle ne pouvait qu’être source de tensions sexuelles. Vittorio fit, benoîtement, mine d’examiner ce qui devait relever des effets personnels de la belle Elfe, maudite soit-elle et son impudicité !, avant de darder un œil circonspect vers Zhan Yan. « De quoi êtes-vous en train de me soupçonner, au juste ? » répliqua presque aussitôt le Néréide alors que les faces de cette bande de flibustiers n’affichaient plus que des yeux assassins – et cette fois-ci, l’écume aux lèvres n’était plus colère mais concupiscence !

« D’avoir emmené, par inconséquence, votre prostituée sur notre navire et… »

Le magicien adverse jamais ne conclut son camouflet, qu’un trait de bois perfora sa bouche, à présent sanguinolente, et autour de laquelle une gerbe vermeille apparut. Un geste aussi brutal qu’inattendu, à mille lieues des jugements en huis-clos dont les pirates se faisaient les thuriféraires. Le sang du mage arrosa l’hydre épouvantée et la bande des flibustiers dégaina aussitôt leurs sabres…

C’était à ce moment que Pirotess devrait intervenir…
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le mercredi 22 février 2023, 16:16:20
Marmo était un monde minéral. Les hautes falaises dominant les flots tumultueux entourant l'île n'avaient pour égales que les pics escarpés du centre du royaume. Ente eux ne s'étendaient que des plaines sèches, balayées par des vents froids et parsemées de citadelles aussi lugubres que la teinte des pierres noires utilisées pour leur édification. Aucune forêt, aussi sombre soit elle, ne venait égayer la tristesse de ces sols déserts et arides. Les habitants de l'île étaient aussi durs que l'omniprésent basalte et aussi tranchants que les cruels silex parsemant les chemins. Et parmi eux, les elfes noirs, trop peu nombreux pour représenter un peuple, étaient ceux auxquels cet univers géologique convenait le mieux. Ils évoluaient dans d'interminables galeries souterraines, utilisaient la noirceur minérale pour se camoufler de jour comme de nuit et entretenaient avec la pierre la même relation que les nains avec leurs joyaux; car le cœur des drows était aussi froid qu'un cristal de roche. On disait cette race frappée de malédiction et bannie des panthéons elfes bienheureux, adulant les lumières. Leur bannissement forcé dont la véritable raison avait depuis longtemps été oubliée les avait arraché à leurs racines sylvestres et leur amour initial du végétal s'était mué en une haine viscérale de l'esprit vert.

Pirotess n'y avait pas échappé puisqu'elle était née bien avant ce schisme et que les traits particuliers de sa race étaient ancrés dans ses gènes. Sa fuite de Marmo l'avait bien entendu arrachée à son environnement lunaire et dès les premières escales de son navire renégat sur des terres plus méridionales, elle avait été surprise de constater que la nature provoquait en elle un sentiment de bien-être qu'elle ignorait pouvoir ressentir. Bien entendu, elle restait une elfe noire, meurtrière et sans scrupules, et brûler du bois jeune pour se réchauffer ne la perturbait pas, mais avec le temps, elle s'était adoucie, comme enivrée par l'odeur palpitant d'une sève vigoureuse. De profonds changements s'opéraient en elle. Il fallait qu'elle les accepte et aussi qu'elle les comprenne car aussi âgée et sage soit elle, elle n'en restait pas moins un être considéré comme maléfique. Et inconsciemment, elle s'en persuadait toujours un peu malgré une évolution évidente.

A cet instant, loin des considérations inhérentes à son changement de cap racial, la paume de sa main était appuyée contre le tronc d'un arbre épais. Le végétal murmurait une incitation à la prudence. Pour lui, nul besoin de chercher à discerner une couleur de peau. Une elfe était une elfe, point! Donc, une alliée à préserver. Les racines de l'arbre s'étendaient sur une vaste superficie et captaient les présences indésirables. Il renseignait en bruissant sa nouvelle amie et lui indiquait la position des intrus et surtout de la chose immonde aux multiples têtes, erreur de la création.

Dissimulée dans les frondaisons, Pirotess suivit le déplacement de son compagnon, passant instinctivement en infravision quand il disparut de sa présence immédiate. Elle voyait son cœur battre sereinement, nullement inquiet de la tournure que pourraient prendre les évènements. Quel homme curieux et intriguant ... L'arbre le considérait comme un ami lui aussi, ce qui démêlait certains doutes le concernant mais en impliquait donc d'autres. Les rangers et les druides étaient bien évidemment considérés comme amis de la nature mais lui n'était ni l'un ni l'autre. Son comportement allait à l'opposé de ce que sa nature pouvait déterminer. Oui! Elle se figea ... sa nature. Rien n'indiquait qu'il put être autre chose qu'un humain mais il existait tant de races dans ce monde que rien ne put être impossible. Elle sourit. Il existait bien un moyen assez peu puritain de découvrir ce qu'il en était. Elle gloussa discrètement, s'imaginant putain de circonstance pour obtenir une information qui somme toute ne changerait pas le cours de sa vie.

Une brise légère venant de la mer passa le rempart des hauts branchages et diffusa l'odeur immonde de l'hydre et des pirates qui à leur tour, avaient rejoint la proximité du rivage et sûrs de leur force, encerclaient le mage arrogant. L'elfe noire courut le long d'une branche épaisse, bondit à son extrémité pour se rétablir sur une autre, s'élança dans le vide pour descendre d'un niveau et atteindre les basses ramures encore capables de supporter son poids. Elle dominait presque la scène en cours et pouvait entendre les explications de l'un et les accusations des autres.

Ainsi donc, ils se connaissaient. Vittorio choisissait bien ses compagnons ...; de vrais poètes à son image ... Quel plaisir devait-il tirer de leur proximité nauséabonde... Curieux mélange surement nécessaire pour lui mais oh combien déplacé. Que cherchais t'il à leur contact? Fortune? Exil forcé? Encore des confessions à recueillir sous l'oreiller puisque l'homme restait hostile à une conversation honnête avec sa nouvelle compagne.

Et puis, tout dérapa, ou plutôt, ce qui devait arriver arriva. Un mot de trop, une erreur de langage, une provocation inutile ...; le mage oriental paya de sa vie son excès de confiance et Vittorio surprit la bande de flibustiers par la violence mortelle de sa réaction. Un vent de panique balaya l'aplomb de la troupe qui s'égaya partiellement avant de se regrouper, lames au clair et presque prête à en découdre. L'hydre vrilla aussi, le sortilège de domination du thaumaturge mort se diluant dans son esprit primal. Elle hurla de toutes ses gueules et retrouvant sa liberté, et un appétit décuplé, elle se jeta sur Vittorio.

Une hydre était un adversaire redoutable mais ce jeune spécimen n'avait encore jamais eu à se mettre une drow sous les dents; elle en ignorait même l'odeur ou l'existence. Une sphère d'une noirceur insondable enveloppa la bête, lui intimant un arrêt sec, sa vision annihilée. La seconde d'après, une lame perçait le cerveau de sa tête principale tandis qu'une autre égorgeait l'aspérité voisine. L'elfe noire avait usé de cette capacité innée qu'elle avait d'invoquer les ténèbres sans que cela ne provoque plus qu'une cécité due à un plongeon dans la nuit. Puis elle avait bondi dans les airs et l'élan de ce saut lui avait permis d'embrocher l'hydre, perçant sa peau épaisse et poisseuse. Les lames de Marmo ne permettaient pas la régénération et quand Pirotess boula de côté et que la sphère se dissipa, le monstre avait perdu deux de ses arguments mortels.

Les pirates hoquetèrent, horrifiés devant l'apparition d'un monstre réputé aussi dangereux que le leur, voire plus, et le premier tomba sous les coups précis de Pirotess avant qu'ils puissent se ressaisirent. Avec une mimique amoureuse jetée à Vittorio, elle s'élança dans un gracieux ballet mortel avec les humains, le laissant aux prises avec la créature diminuée.

Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le mercredi 22 février 2023, 22:45:03
Il lui rendit un regard intense en retour, révélateur de son âcre désir pour elle. Elle avait beau jeu de l'avoir offensé ; elle lui plaisait, c'était évident, pas seulement pour sa beauté sombre mais surtout pour sa puissance. Tandis qu’une Pirotess surgie du néant menait un âpre combat, Vittorio fondit vers la créature désemparée, sujette au triple traumatisme d’avoir perdu son maître, la majorité de ses fonctions cérébrales et l’usage de sa seconde gueule dont l’égorgement la privait de précieux nutriments sanguins indispensables à son fonctionnement. Cette double-mutilation, aggravée par l’estafilade béante défigurant le poitrail de la bête, présageait d’une mort imminente, que le Néréide ne put cependant permettre en raison des gains potentiels associés à sa capture. Pareil bestiau, manipulée par de bonnes mains habiles, constituerait un avantage comparatif considérable face à d’autres assaillants – et une garantie plus sûre de voguer sur des eaux troublées qu’une embarcation seule fendant l’écume mouvementée de cette mer tumultueuse. Aussi, à cette fin, le Demi-Dieu, en lieu et place d’une exécution, joignit perpendiculairement les doigts graciles de ses mains fatales, scellant la capture de l’Hydre. Des pilons de ronces acérées comme des rasoirs l’empalèrent de toutes parts, sauf en ses parties vitales, soumettant ses membres, supérieurs et inférieurs, aux pires des entraves boisées. « Tu es nôtre à présent », observa Vittorio dont le regard chancelait, tantôt vers la troisième tête menaçante du reptile légendaire, tantôt vers la danse macabre de l’effroyable elfe noire. Il fallait agir vite et prendre vite une décision, ce que les circonstances favorisaient outre mesure. Pirotess se montrait grâcieuse et digne au combat ; elle n’aurait que faire de son aide immédiate qui n’aurait pour seule finalité que de meubler ses rares temps morts dans sa danse aussi sensuelle que mortuaire.

Naquit alors de la paume du Néréide ce qui devait être une dague sacrificielle ouvragée dans le plus pur bois de chêne blanc ; d’un geste vif, il s’entaillait le poignet, immaculant l’extrémité de lame de son sang divin ; l’hémoglobine jaillissant de la veine dorait sous l’œil ardent du soleil ; trois secondes suivantes, Vittorio arma son bras et jeta la lame sur le crâne endommagé de la tête principale, irriguant sa cervelle en bouillie de sa puissante magie réparatrice. Un éclair bleuté traversa aussitôt ses yeux entrouverts mais éteints, comme si cette carcasse mutilée avait été animée par une nouvelle âme. Les larmes de Marmo, qui empêchent tout processus régénérateur d’agir conformément aux lois naturelles qui régissent les hydres, provoquèrent cependant un résultat fâcheux. Forte de sa nouvelle allégeance, la chimère monstrueuse, nourrie du sang d’un descendant des Océanides et ne pouvant se résoudre à sa propre mort, entama sa mue, sa renaissance (https://i.pinimg.com/564x/c6/ca/d0/c6cad0cd3d94d3f23d96c26165304f71.jpg) : douze mètres de hauteur, une rivière d’écailles cuirassées, six gueules béantes et garnies de crocs, une allure qui assumait désormais ses origines maritimes… L’Hydre vittorienne manifesta son intention d’apaiser sa faim en reportant sa vindicte sur le groupe de pirates contre qui la native de Marmo menait, tambour battant, une lutte de tous les instants.

« Pirotess ! Ecarte toi ! Ecarte toi ! L’hydre prendra le relai ! » s’exclama-t-il en levant sa main ensanglantée vers sa direction. Mais cette nouvelle conquête – et le maintien d’une domination psychique totale sur une créature aussi puissante et ragaillardie – occasionnaient un coût considérable sur les réserves magiques du Néréide, soustraites, à présent, d’un tiers.

Après avoir poussé un hurlement carnassier, la bête chargea vers les flibustiers et les nouveaux fantassins que ce concert de ferraille et d’animosité bestiale avait attirés ici, près de cette langue de sable. Les nombreux baisers sulfuriques que cette abomination des marais s’apprêtait à infliger aux assaillants, ajoutés à sa faim dévorante, promettaient un spectacle de cruauté.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le vendredi 10 mars 2023, 18:06:02
La lame de Pirotess traçait de fins sillons sanglants, infligeait une mort précise, ciselant des gorges et perçant des cœurs flasques. Elle ne s'interrompait pas dans sa danse et aucun geste parasite ni une fausse note ne vint gâcher la grâce de ce ballet. Elle pivotait, s'abaissait pour se redresser plus vite en tournoyant tel un souffle de vent, inatteignable mais si vive que les pirates semblaient patauds et lents. Pourtant, les flibustiers n'étaient ni incompétents au combat, ni faibles physiquement. Ils ne faisaient tout simplement pas le poids face à une maitresse du meurtre. Ils s'effondraient l'un après l'autre et on pouvait leur reconnaitre une certaine forme de courage car pas un ne fuit.

Des renforts survinrent et engagèrent eux aussi un âpre combat face à l'elfe noire. Les coutelas des hommes fouettaient le vide, toujours avec un temps de retard sur l'agilité de la tueuse et ils ne s'apercevaient de leur infériorité qu'au moment où leur âme s'engageait sur le chemin de l'éternité. L'un d'eux, peut être un vétéran habitué aux coups durs, hurla un ordre de rappel et un cercle de baroudeurs se forma autour de Pirotess. Elle gardait sa rapière tendue, à bout de bras et tourna sur elle-même pour les désigner un par un. Même le sang des morts dont elle était partiellement couverte, ne parvenait pas à entacher sa beauté sombre. Elle souriait, sachant bien qu'aucun d'eux n'était en mesure de l'atteindre.

Une attaque coordonnée était bien évidemment la meilleure des tactiques à adopter mais les assaillants n'eurent pas le loisir de s'y essayer. Un rugissement terrifiant attira l'attention de tous, suivi de l'avertissement du mage.

"Pirotess ! Ecarte toi ! L'hydre prendra le relais !"

Et quelle hydre! La créature initiale n'était plus, disparue pour laisser la place à une monstruosité à l'aspect encore plus terrifiant. Le cauchemar écaillé qui s'élevait face à eux présentait des rangées de crocs aiguisés aussi longs que des cimeterres. Pirotess invoqua une nouvelle sphère d'obscurité dont elle s'enveloppa. Les pirates perdirent leur cohésion tandis que l'elfe en profitait pour rouler en dehors de leur cercle. L'homme près de qui elle passa s'évapora en hurlant, frappé par un geyser d'acide. Celui d'après n'eut pas le temps non plus de réagir que deux gueules se le disputèrent, propageant alentours des bouts de viande sanguinolents. Le sol tremblait sous les pas appuyés de la Bête qui sur terre, ne se déplaçait pas aussi souplement que dans l'eau croupie de ses marais puants. Sa queue aussi représentait une menace mortelle et dans sa fuite, Pirotess évita de justesse un retour cinglant de l'appendice. Le carnage était édifiant et les tentatives désespérées des marins de se défendre échouèrent toutes lamentablement. Les quelques projectiles qu'ils réussirent à lui lancer ne passèrent pas la muraille coriace de ses écailles épaisses.

Rapide, l'elfe noire contourna l'arène naturelle pour se placer aux côtés de Vittorio qui, virtuose de la survie, avait œuvré à la transformation de l'hydre. L'effort paraissait coûteux et Pirotess passa son bras sous le sien pour le soutenir. Il s'agissait peut être du premier geste sincère qu'ils échangeaient même si dans le feu du moment présent, ce ne fut que peu perceptible. Ils reculèrent de quelques pas.

"Tu as un contrôle total sur l'hydre? Que se passe t'il si tu relâches ta sphère de domination? Elle continuera à te considérer comme son maître où elle se retournera contre nous?"

Courir et s'éloigner n'était pas la meilleure des choses à faire, la concentration mystique du mage amenuisant son énergie physique. Dans cet état où force et vulnérabilité se frôlaient sur une tangente tellement fine que l'on en définissait pas le fil, il était beau, intensément. Cela, Pirotess ne put pas le manquer et elle affirma sa prise sur le jeune homme.

Il ne fallut pas plus de deux minutes pour que la créature les débarrasse de la bande d'écumeurs des mers dont seulement deux parvinrent à s'enfuir. Cela n'était pas bon, il aurait été préférable que tous meurent et emmènent avec eux les circonstances de leur mort. Là, si les fuyards retrouvaient d'autres pirates, la nouvelle de leur présence se transmettrait et des mesures adéquates seraient surement prises.

Mais cela viendrait après. L'hydre dont les gueules laissaient échapper des fumerolles acides se tournaient désormais vers eux et sa multitude d'yeux jaunes les fixait intensément.

"Si elle attaque, tu fuis. Je m'occupe d'elle et je te rejoindrais plus tard."

Le discours était maintenant différent. Il ne recelait pas d'une autorité protectrice mais il imposait une intonation plus ... impliquée dans l'éventuelle survie du mage.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le mercredi 12 avril 2023, 22:10:39
“Elle se trouve sous mon pouvoir désormais”, rétorqua sans ambages un Vittorio à bout de souffle d’une voix qui tentait de faire bonne figure. L'hydre, autrefois forte et indépendante, était maintenant emprisonnée dans une toile de domination mentale tissée par ses soins. Les chaînes de son sortilège se resserraient peu à peu sur son esprit primitif, l'emprisonnant dans une spirale sans fin. Sa résistance initiale s'affaiblissait au fil du temps, cédant progressivement à la volonté implacable du Néréide. Au début, elle se montra capable de lutter contre cet homme, mais elle ne tarda pas à se sentir vaincue. Chaque affrontement était un pas de plus dans la descente aux enfers de son assujettissement. Bien malgré la fatigue, le magicien était impitoyable, usant de toutes les méthodes possibles pour étendre son emprise sur elle. Le fléau des marais, comme une proie sous l'emprise de son prédateur, était incapable de résister à sa puissance mentale.

La douleur devint une compagne constante, un rappel brutal de sa propre impuissance. Des visions effrayantes et cauchemardesques torturaient cette créature, la plongeant dans un abîme de peur et de terreur. Son esprit était devenu un champ de bataille, où le mage menait une guerre sans merci pour la possession de sa volonté. La pression s'était accrue, de plus en plus intense, jusqu'à ce qu'elle soit devenue insoutenable. Les barrières de son esprit s'effondrèrent, laissant la domination de l’héritier de Nérée intacte et incontestée. L'hydre était devenue sa chose. Une créature sans volonté propre, soumise à son pouvoir arbitraire. Dans cette obscurité ténébreuse, elle ne pouvait rien faire d'autre que de subir, comme une âme perdue dans les limbes. Sa défaite était totale, victime de son propre orgueil, celui d’une créature devenue trop sûre d'elle-même et qui avait sous-estimé ses adversaires. Mais quel était le prix de cette conquête au juste ? Une fatigue s'empara de Vittorio comme une griffe acérée, transperçant sa chair et lacérant son esprit. La perte de sa magie le laissait vulnérable. Il sentait chaque battement de son cœur comme un rappel douloureux de son sacrifice, tandis que l’éreintement le submergeait, telle une vague puissante. Il se résigna toutefois à endurer la souffrance.

Il fixa ensuite Pirotess de ses grandes prunelles dorées où flambaient toujours, malgré tout cela, une lueur de fierté insoutenable. Elle était là. Elle se tenait devant lui, comme désireuse de connaître de nouvelles instructions. “Je sacrifierai un tiers de ma magie pour la garder sous notre emprise ; elle constituera une caution de survie face à nos ennemis et sa force de travail nous sera amplement utile pour plus tard”. Il ne put s’empêcher de la mater, oui. Le visage de cette femme était d'une beauté glaciale, ses traits fins et délicats lui donnaient l'apparence d'une sculpture vivante. Ses yeux pâles à la fois captivants et effrayants dégageaient une aura mystique qui envoûtait et terrifiait même. En d’autres circonstances, le Néréide s’imaginait ses lèvres, d'un rouge vif, ourlées d'un sourire en coin qui révélait une pointe de sarcasme et de malice. Une véritable murène. Elle aussi devait être une créature fascinante et dangereuse, qui attire et repousse à la fois, dégageant une aura de pouvoir et de mystère. Ce qui, soyons franc, la rendait attrayante aux yeux perçants, scrutateurs et altiers de Vittorio, bien qu’elle suscitait quelque peur instinctive. Avec ses talents de bretteuse et sa magie noire, elle incarnait bien la dualité de la vie et de la mort, du bien et du mal, et son regard perçant semble scruter l'âme de Vittorio, comme s'il était nu devant elle, comme s'il était livré à un abîme béant et mystérieux, dont il ne pouvait deviner ni la profondeur ni les secrets cachés. Nerveusement, il affichait un sourire déformant sa bouche lippue avant de proférer les mots suivants, tandis que la bête s’affaissait enfin sur son propre poids, percluse de souffrances. “Maintenant… Ne t’occupe pas de moi, maudite courtisane des ténèbres… Il faut que tu abattes les deux derniers. Il le faut ! Je compte sur toi.”
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le mercredi 17 mai 2023, 16:36:37
Maudite courtisane des ténèbres? Cela sonnait comme un compliment pour n'importe quelle elfe noire. Venant de la bouche de Vittorio, cette tirade impliquait bien évidemment une part de vérité mais le ton employé, lourd de fatigue, impliquait déjà autre chose qu'un reproche ou qu'une moquerie. Pirotess releva l'esquisse de cette fissure mais n'en fit pas mention. Ce n'était ni l'instant ni l'endroit pour faire preuve d'une énième provocation et de toute manière, elle n'en avait pas envie. Encore une fois, la difficulté rapprochait malgré les antagonismes initiaux et la nécessité de rapidement mettre un terme à cet épisode sanglant coupait court à toute velléité de querelle. Aussi, l'elfe noire opina et se détourna du mage pour s'élancer derrière les fuyards, en prenant bien soin d'éviter la proximité immédiate de l'hydre, monstre toujours terrifiant malgré son attitude soumise. un coup d'œil par dessus son épaule permit à l'assassin sombre de voir un Vittorio se relâcher, au bord de l'épuisement.

La peur et leur instinct de survie donnaient des ailes aux deux derniers brigands, survivants d'une boucherie atroce qui hanteraient leur esprit jusqu'à leur trépas ... très proche, même s'ils ne s'en doutaient pas. Pour eux, le mage pincé et le fléau sombre étaient trop occupés pour s'attarder sur leur misérable condition. Ils courraient sans se retourner, leur avant poste ne se situait qu'à deux kilomètres du lieu du combat et ils pensaient avoir toutes les chances de l'atteindre pour prévenir la troupe de leur effroyable déroute. Avec un peu de bagou, ils pourraient même faire passer leur dérobade pour un acte de courage destiné à alerter le maitre-pirate et s'éviter de sévères représailles.

Le premier, un homme de grande taille à la peau brune et couturée de cicatrices, n'eut pas le temps d'exprimer sa surprise quand la lame aiguisée d'une rapière jaillit de son gosier en pointant devant ses yeux ronds. Il s'effondra après quelques pas maladroits et vomit un geyser de sang avant de s'étouffer, le corps secoué de spasmes. Le deuxième, plus petit et à l'aspect de fouine, fit aussitôt volte face, son coutelas brandit face à ... rien.

Un rire mauvais et acide le fit se retourner, et encore, et encore.

"Petit homme, il est vain de fuir quand la mort te talonne. Agenouille toi face à ta maitresse ..."

Pirotess apparut, sortant de l'ombre d'un grand saule que l'on ne trouvait que sous ses longitudes marines. Des gouttes écarlates perlaient encore de sa lame qu'elle tenait face à son adversaire. L'homme se sut condamné mais eut le courage de ne pas obéir à l'injonction de l'elfe. Au lieu de cela, il se rua sur elle en hurlant. Une simple rotation du poignet pour amener les lames à s'aimer et le coutelas tomba dans la poussière. Pirotess leva le coude en se désaxant légèrement et la pointe mortelle de son arme perça l'œil du manant, l'empalant jusqu'à la garde. Elle repoussa le cadavre du pied et laissa le vent rafraichir sa peau. D'ici, elle pouvait sentir l'odeur forte des humains, portée par la bise. ils étaient encore nombreux et assez proche. Peu de temps passeraient avant qu'ils n'envoient une patrouille voir ce qu'il était advenu de la première. L'elfe décida donc de rejoindre Vittorio plutôt que d'aller chercher du renseignement sur les pirates restants.

L'hydre n'avait pas bougé, elle semblait même dormir ... si ces monstres en étaient capables ... Le mage aussi était là, bien entendu. L'elfe s'approcha de lui, sombre courtisane des ténèbres, et elle en joua. Savait-il seulement ce qu'étaient les ténèbres? Elle lui en fit une démonstration qui magnifia en splendeur sa silhouette mortellement parfaite. Ses mouvements avaient l'assurance de la tueuse d'excellence et sa grâce, celle d'une créature façonnée par les dieux. Elle était Pirotess l'elfe noire et Vittorio avait le privilège d'être son compagnon. Elle n'eut pas besoin de mentionner la mort des deux fuyards, cela allait de soi.

L'assassin posa une main sur l'épaule de l'homme et l'y attarda volontairement, prolongeant ce contact honnête.

"Allons nous-en, emmène nous ailleurs, pour trouver un lieu où nous pourrons nous reposer et réfléchir à la suite."
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le dimanche 21 mai 2023, 23:08:20
Le carnage réalisé par Pirotess laissait une empreinte sinistre sur le paysage baigné de sang. Alors que l'horizon s'embrasait dans les tons ardents de l'approche nocturne, le coucher de soleil se profilait, comme si la nature elle-même cherchait à apaiser les tourments qui avaient précédé. Les derniers rayons du soleil déclinèrent doucement, caressant les contours déchirés de la terre avec une lueur dorée. Le ciel, autrefois bleu azur, s'illuminait de teintes ambrées, orangées et roses, créant un tableau saisissant de beauté contrastant avec la cruauté des actes commis. Les nuages, jadis blancs et innocents, se transformaient en toiles de maîtres où les nuances s'entremêlaient avec une grâce mélancolique. Des volutes de pourpre dansaient avec des touches écarlates, tandis que des reflets dorés se fondaient dans des dégradés de violet profond. Une palette céleste dévoilait une symphonie de couleurs à la fois envoûtante et troublante. La lumière tamisée qui baignait maintenant le paysage en deuil amplifiait les contrastes entre les ombres allongées des arbres et les éclats mourants du soleil. Les silhouettes déchiquetées des cadavres jonchaient le sol, se fondant dans le crépuscule, devenant des silhouettes fantomatiques dans cette atmosphère lourde de tension et de regret.

Pourtant, malgré la scène macabre qui se déployait, le coucher de soleil persistait, inébranlable dans sa splendeur. Les couleurs flamboyantes se mêlaient à l'obscurité grandissante, révélant une poésie troublante dans le contraste entre beauté et destruction. C'était une toile vivante où les derniers souffles de lumière se mêlaient à l'ombre grandissante, rappelant l'éphémère et la fragilité de la vie elle-même. Dans cet instant suspendu, le coucher de soleil offrait une lueur d'espoir, une promesse de renouveau malgré les ténèbres qui s'étaient abattues. Il témoignait de la persistance de la beauté et de la grandeur, même dans les moments les plus sombres, offrant ainsi une lueur d'apaisement et de réflexion après le tumulte de la violence. Le coucher de soleil, témoin silencieux du carnage, peignait un tableau saisissant et chargé d'émotions contradictoires, rappelant ainsi la complexité de l'âme humaine et des événements qui la façonnaient.

Cette maudite courtisane des ténèbres revint vers Vittorio… Bien, son pas mesuré résonnant sur le sol meurtri, l'ombre de la nuit commençait à s'étendre, enveloppant le paysage dans un voile ténébreux. Les derniers éclats de lumière cédaient la place à une obscurité croissante, soulignant le contraste entre la scène macabre qui venait de se dérouler et la présence imposante de l'elfe noire. Vittorio remarqua que sa démarche était empreinte d'une grâce sinistre, ses mouvements fluides révélant une confiance inébranlable, digne d’une guerrière invincible. Chaque pas était empreint de l'assurance d'une tueuse d'élite, tandis que ses yeux perçants scrutaient l'horizon avec une intensité calculée. Pirotess traversa les dernières traînées de lumière mourante, son visage impénétrable ne laissant rien transparaître de ses pensées. Elle approcha silencieusement de Vittorio, laissant derrière elle les vestiges sanglants de sa mission accomplie. L'air était chargé d'une tension palpable, mêlant à la fois la satisfaction de la victoire et le poids des actes commis. La silhouette de Vittorio se dessinait dans la pénombre, une présence à la fois protectrice et mystérieuse. Pirotess s'approcha de lui, son aura sombre et énigmatique enveloppant la scène. Elle posa ensuite une main délicate sur l'épaule de Vittorio, son toucher à la fois ferme et apaisant. Ce contact intime témoignait d'une relation qui avait évolué au-delà des antagonismes initiaux. L'elfe noire, fière et puissante, reconnaissait manifestement en Vittorio un compagnon précieux, un allié dans ce monde dangereux. En effet, dans cet instant de retrouvailles, il y avait un mélange subtil de respect et de confiance. Le Néréide remarqua que Pirotess ne ressentait pas le besoin de mentionner les détails sanglants de son récent exploit, sans doute qu’elle se doutait de l’étendue de sa clairvoyance. Ils partageaient peut-être un lien tacite, une compréhension mutuelle forgée au fil des épreuves traversées ensemble ? Alors que l'obscurité enveloppait le paysage dévasté, Pirotess et Vittorio savaient qu'ils devaient se retirer, trouver un endroit où ils pourraient se reposer et réfléchir à la suite de leur périple. La nécessité de se protéger et de planifier leur prochain mouvement les guidait, tandis que leur connexion particulière les rapprochait malgré les immenses différences qui les séparaient. Pirotess et Vittorio formaient un duo improbable mais complémentaire. Ils se lançaient désormais ensemble dans l'obscurité, prêts à affronter les défis à venir, portés par une alliance forgée dans le sang et les ombres.

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À ses pieds la bête avillie. Le Néréide fixa l'horizon obscur, sa voix se mêlant aux murmures du vent nocturne :

"Pirotess, notre voyage ne fait que débuter. À présent, nous devons trouver refuge, loin de ce carnage. Un endroit où nos esprits fatigués pourront se reposer et où nous pourrons tisser les fils de notre prochaine stratégie."

Son regard se posa sur l'hydre, symbole de leur pouvoir partagé, et un sourire énigmatique se dessina sur ses lèvres. "Cette créature redoutable sera notre gardienne, notre arme dans l'ombre. Ensemble, nous formerons une alliance indomptable, prêts à défier tous les obstacles qui se dressent devant nous." Un éclair d'entente passa entre eux, scellant leur complicité dans l'adversité. Sans plus attendre, Vittorio se dirigea vers l'horizon avec la fatale, la superbe, l’impudique Pirotess à ses côtés, alors qu'ils laissaient derrière eux le champ de bataille ensanglanté. Leur duo ténébreux se fondit dans l'obscurité grandissante, prêt à inscrire leur empreinte sombre sur le monde qui les avait tant meurtris. Un peu plus loin, derrière les talus rocailleux, Vittorio érigea son fortin, une forteresse émergeant majestueusement du sol. Sous les lueurs crépusculaires, le fortin se dressait comme un joyau de pierre et de verdure, une fusion harmonieuse de la magie de la terre et de la végétation. Les murailles étaient formées de roches solides, agencées avec précision pour résister à l'assaut du temps et des ennemis. Les contours du fortin semblaient se fondre naturellement avec le paysage, comme si la nature elle-même avait façonné cet édifice imposant. Des tourelles de pierre, gracieusement enveloppées de lianes verdoyantes, s'élevaient fièrement vers le ciel. Les lierres, animés par la magie de Vittorio, se déployaient en une danse organique, conférant au fortin une aura de vie et de protection. Les douves étaient comblées d'une végétation luxuriante, des plantes grimpantes s'entrelaçant pour former une barrière impénétrable. Les fleurs sauvages, éclatantes de couleurs, semblaient saluer les occupants du fortin, apportant une touche de beauté à cet ouvrage de force.

À l'intérieur, les coursives étaient bordées de parterres fleuris et de vignes grimpantes, créant une ambiance paisible et mystérieuse. Des arbres centenaires, mêlant leurs branches entrelacées, formaient une voûte naturelle où la lumière tamisée jouait avec les ombres dansantes. Les chambres, aménagées avec simplicité mais avec un souci du détail, offraient un havre de quiétude et de repos. Les murs étaient parés de tapisseries représentant des scènes de nature, tandis que les fenêtres encadrées de plantes grimpantes permettaient aux rayons du soleil de pénétrer et d'éclairer délicatement l'intérieur. Au sommet du fortin, une tour de guet se dressait fièrement, offrant une vue panoramique sur les alentours. Des créatures de pierre, sculptées avec minutie, montaient la garde, leurs regards de pierre scrutant l'horizon. Le fortin de Vittorio était un mélange harmonieux entre la force de la terre et la vitalité de la végétation. Il témoignait de sa maîtrise des éléments, de sa capacité à façonner la nature à sa volonté. C'était un refuge solide, imprégné d'une aura protectrice, où Pirotess et lui pourraient se reposer, méditer sur leur prochaine étape et préparer leur ascension vers de nouveaux sommets d'ombre et de puissance.

Un peu à l'écart du fortin, le Demi-Dieu veilla également à offrir un abri approprié à son fidèle compagnon, l'hydre. Entre les talus verdoyants, une grotte naturelle s'ouvrait ainsi, ses parois lisses et humides témoignant des siècles écoulés. Vittorio y aménagea un nid de mousse douce et de feuilles, un havre de quiétude où l'hydre pourrait se reposer et se régénérer. De retour près de sa forteresse et de sa donzelle, Vittorio observa avec satisfaction l'ensemble de son œuvre, un sourire énigmatique illuminant son visage exténué. La fatigue de la veille… La domination qu’il exerçait constamment sur l’Hydre… La construction de ce puissant ouvrage défensif… La fatigue qui avait progressivement envahi Vittorio atteignit finalement son paroxysme. Ses paupières, alourdies par les épreuves endurées, s'abaissèrent lentement. Son corps, alangui par l'épuisement, se relâcha entre les bras protecteurs de Pirotess. Un geste étonnant de la part de cet homme si fier de son indépendance. Telle une muse des ténèbres, l'elfe noire soutiendrait sans doute avec grâce et fermeté le corps affaibli de Vittorio. Ses doigts agiles, aux caresses délicates, parcoureraient peut-être déjà doucement son dos, cherchant à soulager chaque tension accumulée. La chaleur de sa présence envelopperait le mage, l'apaisant dans un étreinte empreinte de quiétude, sauf s’il ne s’agissait que d’un songe ou d’une pure hallucination ?...

La pénombre de la nuit caressait leurs visages, et l'épuisement céda peu à peu la place à une quiétude salvatrice. Et ainsi, dans cette étreinte solennelle, Vittorio trouva refuge dans les bras de Pirotess. La fatigue le submergea complètement, l'emportant dans un sommeil profond et réparateur. La sensualité de l'instant se fondit dans une tendresse silencieuse, symbole d'une connexion mutuelle au-delà des mots échangés, quoique parfois très durs mais qui trahissaient une violente passion à peine contenue. Là, dans cette étreinte protectrice, Vittorio se laissera bercer par la tranquillité de la nuit, confiant son être épuisé à la puissante guerrière de Marmo. Le monde s'effaça autour d'eux, ne laissant place qu'à la douceur du repos et aux promesses voilées d’un futur incertain.

Et tandis que Vittorio s'abandonnait au sommeil, une lueur mystérieuse traversa ses traits fatigués. Comme si les échos de son propre pouvoir s'étaient inscrits dans les plis de son visage, une simple phrase s'échappa de ses lèvres, murmurée à l'obscurité bienveillante :

"Quand paraîtra l’aube aux doigts roses, nous reprendrons le chemin de notre destinée..."
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le mardi 06 juin 2023, 17:53:39
A Marmo, la pierre dominait sur toute autre matière. La géologie naturelle de l’ile était celle de toutes les terres issues de la colère des grands volcans anciens. En des temps oubliés, ces monstres de fureur avaient façonné le monde tel qu’il était aujourd’hui. Les vestiges d’éruptions titanesques s’étaient tassés, masqués par des millénaires de calme et de sommeil de ces géants dont les noms n’étaient à présent connus que des dieux. Sur terre fertile poussait végétation luxuriante, comme sur l’île enchanteresse sur laquelle les deux héros s’étaient échoués. Mais à Marmo, l’île noire balayée par les vents, l’évolution de la terre semblait s’être figée depuis les grands cataclysmes. La végétation y était triste, dominée par un basalte noir, dur et tranchant. Le palais d’Ashram, l’ancien maitre de Pirotess, rappelait l’obscurité tant ses remparts, ses tours et ses murs sombres absorbaient la lumière. Même les feux magiques de puissants archimages ne permettaient pas d’illuminer l’architecture marmonéene. C’est dans cette antre déchirée par des pics acérés et des vallées déchiquetées qu’avait grandi Pirotess. Son âme était aussi dure que l’aspect minéral de son île et ses instincts primordiaux d’elfe, noire ou pas, n’avaient pas pu s’éveiller au contact de cette sécheresse visuelle.

Aussi, la création magique de Vittorio l’enchanta. Le fortin n’était pas une œuvre d’art comme les autres. Outre son aspect défensif, il alliait une réelle beauté végétale à laquelle l’elfe n’était pas insensible, à une architecture savante. Elle laissa le mage à sa créativité, s’interdisant de l’interrompre tant qu’il n’aurait pas terminé, admirant le jeu complexe des lignes thaumaturgiques maniées avec dextérité par son surprenant compagnon. Celui-ci termina alors que la dernière étincelle de luminosité s’éteignait loin à l’horizon. Aussitôt, la vision de Pirotess passa de normale à nocturne. Ses pupilles se dilatèrent à l’extrême en modifiant leurs capacités d’absorption et s’ouvrirent à un autre type de rayonnement. Ainsi, elle voyait comme en plein jour, seules les couleurs changeant pour s’harmoniser sur des tons sombres et clairs teintés d’un vert luminescent.

"C’est … très beau."

Peut-être l’entendit-il mais il s’effondra et elle le rattrapa de justesse, le pressant contre elle. L’homme avait tout donné et son corps le rappelait définitivement à l’ordre après qu’il eut pris le temps d’octroyer à l’hydre un abri à sa taille. Sa dernière affirmation fit frissonner la belle elfe noire. Vittorio ne posait pas de questions. Quand il parlait, il affirmait. Son assurance n’avait d’égale que celle de sa compagne qui ne doutait absolument pas de ses capacités à pouvoir s’acquitter de son destin … du destin qu’elle choisirait de suivre. C’est pourquoi elle frémit en le ressentant si fort et déterminé. Un seul homme dans sa vie avait eu cette puissante détermination : Ashram, son grand seigneur. Mais il était mort à présent et elle, était seule. Or, aussi indomptables, orgueilleux et mortels que pouvaient être les elfes noirs, ils avaient un besoin irrépressible et profond, racial, de trouver une force égale si ce n’ai supérieure à laquelle se soumettre. La nation elfe noire n’existait pas et n’avait jamais exister. Les drows étaient des individus servant un maitre et la logique s’arrêtait là, alors qu’ils auraient pu fonder le plus terrifiant des empires.

Cette ressemblance de force de caractère entre Vittorio et Ashram était évidente et quand elle le prit contre elle, Pirotess ressentit au plus profond d’elle ce long appel à la servilité aveugle qui pour beaucoup résonnait comme une tare de faiblesse. Elle en eut le souffle coupé et vacilla avant de se reprendre et de trouver définitivement la protection des murs du fortin. La tueuse était sonnée et elle peina à installer Vittorio dans l’une des chambres de l’édifice. Quand ce fut fait, elle resta longtemps agenouillée sur le lit à l’observer. Elle s’était occupée de lui et il apparaissait vulnérable, endormi, nu, lavé, presque fragile. La gravité du visage de l’elfe indiquait une profonde réflexion. Elle retraçait leur court parcours commun et la nature de l’homme lui apparaissait plus claire à présent. En tout cas, il n’était pas un homme au sens naturel du terme, c’était certain. Sa magie spéciale, liée à la nature, était bien différente de celle des druides mais pouvait y ressembler. Pirotess reprenait l’ensemble de ses connaissances du monde pour éliminer une à une les espèces connues jusqu’à n’en conserver plus que deux. L’une était hideuse et peu probable tandis que l’autre paraissait plus adéquate.

"Je sais qui tu es Vittorio … Quelle … étrange rencontre. Qu’est-ce qu’un néréide pourrait vouloir d’autre qu’un havre de paix végétal ? Qu’est-ce qui te rend si fort ?"

 Elle se pencha sur lui et laissa ses doigts suivre les arêtes de ce corps masculin. Elle s’attarda sur des muscles fatigués, palpa sans gêne des attributs qui la firent sourire, caressa des cheveux fins avant de se décider à quitter la chambre. Rien ne perturbait la quiétude de la nuit et elle sortit s’asseoir sur la margelle de marbre d’un bassin où foisonnaient de petits poissons multicolores dans une eau cristalline. L’elfe avait un objectif premier, celui de tuer Beld, l’empereur maléfique de Marmo, responsable de la mort d’Ashram. Mais, presque immortelle, comme ceux de sa race, elle avait le temps. Elle décida qu’elle développerait les arcanes de sa vengeance sur de longues années afin que, quand le moment viendrait, elle puisse s’extasier des supplices qu’elle infligerait au souverain maudit. D’ici là, la vie ne s’arrêtait pas et elle venait d’y trouver un nouveau sens.

Pirotess se dévêtit et entra dans le bassin sous le regard de statues figées. L’eau était glaciale et les oreilles de l’elfe frétillèrent adorablement. Elle s’immergea longuement, se débarrassant des miasmes de cette longue journée et ne s’extrait de l’eau que quand elle ne sentit plus ses doigts. Glacée et nue, elle rejoignit la chambre de Vittorio et se glissa sous les draps de satin, à ses côtés. Elle se colla à lui, ténébreuse et polaire, retrouvant en un geste indécent une prise qu’elle ne lâcha pas avant de plonger dans une reposante rêverie.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le jeudi 06 juillet 2023, 17:15:45
Là, aux premières lueurs paisibles de l’aurore dans cette chambrette qui sonnait comme un cocon d’intimité, un écrin d’amour et douceur, se nouait une savoureuse étreinte entre les deux rescapés. Malgré son sommeil qui devrait endolorir sa conscience, les doigts nacrés de l’homme donnaient déjà la réplique aux douces caresses de la native de Marmo ; la belle, la fatale Pirotess sentit, graciles, fines mais audacieuses, fermes, les phalanges de Vittorio rendre hommage au galbe de ses hanches et à sa paire d’orbes remarquablement fermes. Les mains du magicien étaient blanches, ses ongles fins, coupés et bien entretenus ; une assassin telle que Pirotess s’apercevrait aisément que chacun de ses doigts avait une présence distincte, proportionnée et agile : la magie nécessitant l’usage d’incantations digitales, cela coulait donc de source que pareilles articulations soient légèrement courbées, offrant une flexibilité qui permettait auxdits doigts de se mouvoir sur la silhouette élancée de la dame avec une fluidité naturelle. Chaque mouvement était rapide, rigoureux, précis, exécutant une partition invisible qui ne pouvait être perçue que par les yeux attentifs de la donzelle. Avec une application qui évoquait celle du professionnel des arts de l’amour, les doigts du Néréide serpentèrent jusqu’aux épaules souples et toniques de la sinistre épéiste, ils glissèrent avec délicatesse sur sa peau sombre et cacaotée, son derme crépusculaire qui intimait aux baisers les plus dévots et les plus lovés, pianotant là une symphonie en l’honneur de la sensualité. Enfin, ils se déployèrent, franchement, mais avec l’implacable minutie de l'artisan qui s’amourachait de son ouvrage, exerçant la pression requise, dansant avec fluidité, prodiguant des effleurements tendres le long de sa nuque avant d’épouser son menton, telle une saisie de velours sans violence aucune. La poigne de l’homme était d’une douceur maîtrisée, comme s’il tâtait une œuvre d’art, comme s’il craignait d’égratigner cette créature captivante qui s’étendait de tout son long sur cette magnifique rivière de draps aux teints rouges chatoyants.

Les prunelles mordorées, vives et crépitantes, de l’héritier de Nérée s’ouvrirent. Intenses, elles dédièrent un regard pétri d’estime envers la guerrière de Marmo, où perçait également une lueur de passion indicible. C’était indubitable, Pirotess plaisait à Vittorio, et celui-ci lui fit sèchement savoir et l’amplitude et la profondeur des remous fiévreux de ses puissantes émotions en pressant soudain ses lèvres sur les siennes. Telle une simple bise, comme cela, sans sommation préalable, sans un avertissement, qui rappelait la brise du grand large, prélude à leurs amours déchaînées ; elle avait gagné son respect, il la jugeait digne et il savait qu’elle le jugeait digne également, et désormais, cette nouvelle donne ouvrait de nouvelles perspectives si bien qu’il prit lui-même les devants cette fois-ci.

L’autre main du mage s’affairait quant à elle à caresser cette opulente crinière d’une blancheur virginale. Cette délicatesse, songea le Néréide, pouvait peut-être surprendre l’Elfe, mais à l’issue de cette succession de péripéties mouvementées, elle constituait sans doute un baume réconfortant, tout comme les mots tendres qu’ils s’échangeraient bientôt, censés prendre le relais à leurs discussions, orageuses et terriblement terre-à-terre. L’empathie du damoiseau le conduisit à penser qu’une femme aussi forte et impitoyable avait dû subir plus de balafres que de caresses et susciter plus de ressentiment que de pitié. Tel était le fardeau des êtres puissants et hors-du-commun lorsqu’ils ne sont pas perçus comme des adversaires à abattre ou des êtres à dépouiller : on ne se souciait jamais de leurs états d’âmes, ni de leurs besoins profonds, une réalité dont le Demi-Dieu était plus que conscient. À ce titre, ce ne serait que justice élémentaire de rendre grâce à la belle sinistre.

« Parle-moi de toi, Pirotess. Tu m’intrigues. » Quelques syllabes, une parole sincère et feutrée, une haleine fruitée où se mêlaient les fragrances de l’iode marine, un sourire énigmatique esquissé à sa lippe généreuse… Mais il fut difficile de décrire la nature de l’intonation que prenait la voix de Vittorio, une voix qui semblait surgir des abysses ou quelques profondeurs maritimes insondables ou indiquer tantôt une supplication, tantôt une injonction.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le mercredi 02 août 2023, 17:11:24
Les rêveries de elfes n’étaient pas comparables au sommeil des humains. Un elfe ne dormait jamais, il laissait son esprit s’évader dans des strates de spiritualité qu’eux seuls pouvaient atteindre. Là, ils régénéraient leur conscience, berçaient leur âme, échangeaient avec leurs Dieux et autorisaient leur corps à se soulager du poids de la vie terrestre. C’est durant ces rêveries que les elfes prenaient les décisions les plus importantes et qu’ils confrontaient leurs doutes ou leurs peurs. Etres sages et réfléchis, ils faisaient confiance à cet instinct qui avait permis à leurs peuples de survivre aussi longtemps face à toutes les adversités du monde. Comme tous ceux de sa race, Pirotess ne fermait pas les yeux quand elle s’évadait ainsi. Son beau regard se parait d’UN voile trouble qui disparaissait dès qu’elle revenait de son voyage intérieur.

Cette fois-ci, ce ne fut pas elle qui décida de cesser son nécessaire repos mais des caresses prolongées et une délicate présence humide contre ses lèvres. Le brouillard de la rêverie s’évapora et ses prunelles iridescentes se plongèrent dans celles de feu de Vittorio. Elle ne le repoussa pas ni n’eut de geste de rejet. Au contraire, elle aussi se laissa aller à une exploration du torse du néréide et sa réponse au baiser fut aussi douce que celle donnée. Il régnait sous les draps une chaleur doucereuse et confortable. Leurs jambes étaient emmêlées et leurs corps s’imbriquaient à la perfection.

Elle sourit, un rien mutine, car elle tenait encore un objet précieux dans sa main et s’adonna encore à une caresse très personnelle qui provoqua un grossissement conséquent de l’objet de son attention. Elle était naturelle et décomplexée et s’était servie comme si elle prenait une pêche juteuse dans une coupe de fruit. Elle ne répondit pas tout de suite à Vittorio et prit le temps de le faire grandir entre ses doigts avant de repousser l’homme sur le dos et de s’agenouiller sur ses cuisses. Ainsi, il pouvait la regarder faire et elle, admirer le beau visage de son amant.

"Tu aimes mes caresses Vittorio ?"

La question n’était pas une provocation. Elle s’enquérait tout simplement du plaisir de l’homme parce que ça lui importait. Elle resta plusieurs minutes à le satisfaire ainsi, raffermissant sa prise à la remontée et la relâchant à la descente. Son pouce marquait de pressions et de stimulations la collerette du gland quand il y passait et elle n’hésitait pas si nécessaire à utiliser ses ongles. Elle n’était ni novice ni débutante et savait bien tout le plaisir qu’elle était capable de procurer. Mais sa question devait être posée car quand une elfe noire aimait, elle devait être rassurée.

En attendant qu’il lui réponde, elle se pencha sur lui et amena le sexe de l’homme au contact de sa peau, à la naissance du creux de sa poitrine, tout en continuant à le masturber. Elle voulait voir son visage de près et découvrir les détails qu’elle aurait pu manquer, bien qu’aucun ne lui ait échappé.

"J’ai envie de sentir ta semence sur ma peau."

L’invitation était claire et aucune catin n’aurait pu être plus érotique que l’elfe noire çà ce moment-là. Pirotess s’activa donc jusqu’à ce qu’elle obtienne satisfaction et laisse l’homme se tendre et lui offrir une abondante projection de nectar masculin. Elle soupira d’aise et passa le bout de son index dans la masse collante qui contrastait en couleur avec sa peau et y dessina des lignes, instinctivement, sans motifs particuliers, juste pour le plaisir de sentir cette part de Vittorio sur elle. Il ne s’agissait pas de perversion mais juste d’une envie comme elle pouvait en avoir. Certaines étaient beaucoup plus mignonnes et raisonnables, d’autres frôlaient le domaine de Lilith et de ses succubes.

"Ma vie n’est pas passionnante Vittorio. Je suis une elfe noire, ce qui signifie soumission et acceptation, parce que ce sont les traits de ma race. Je suis née à Marmo et n’en suis partie qu’une seule fois ; c’est là que tu m’as rencontrée. Nous ne sommes pas nombreux. Les miens vivent en solitaires ou en très petites communautés, au service d’un seigneur généralement. Je ne parlerai pas de mes parents. Nous ne sommes pas élevés comme le font les humains avec leurs enfants. Notre éducation est plus brutale puisque nous sommes amenés à tuer dès que nous le pouvons. Quand le jeune elfe noir est prêt, il cherche et trouve un maître qui le mérite. Nous sommes ainsi. Mon maitre se nommait Ashram. Il était juste et puissant, trop même puisque Beld de Marmo, l’empereur, en avait peur. Ma relation avec cet homme était fusionnelle et quand il a été assassiné sans que je puisse le protéger, une part de moi s’est volatilisée. La Maisonnée d’Ashram a dû fuir l’île maudite car Beld ne voulait laisser aucune trace de son acte odieux. Beaucoup sont morts sous les coups de ses spadassins mais j’ai pu quitter cette terre de malheur, et tu m’as trouvé … Reste à voir ce que tu vas faire d’une encombrante elfe noire qui ne passe pas inaperçue."

Elle acheva son récit ainsi sans mentionner la suite, ses projets de vengeance et son désir profond de rendre à Beld la monnaie de sa pièce accompagnée de tortures atroces et de tourments inhumains.

On disait l’empereur maudit immortel mais c’était exagéré. Simplement, il avait passé des alliances avec les cercles infernaux et des mages maudits qui amplifiaient ses pouvoirs et sa longévité. Pour l’affronter, Pirotess devait être encore plus mortelle qu’elle ne l’était.

Ashram était mort, Vittorio était vivant. De nouvelles règles s’érigeraient s’il l’acceptait pour ce qu’elle était et s’il comprenait les attentes de ses instincts raciaux. Etre un bon amant ne suffisait pas. Il lui faudrait être fort et implacable s’il la désirait, mais tout en laissant à l’elfe sa place et son autonomie, ce que beaucoup pensaient être inutiles. Une elfe noire contrainte n’hésitait pas à assassiner un maitre trop prompt à se croire supérieur…

Pirotess glissa à nouveau sur les cuisses de Vittorio et s’inclina jusqu’à ce que ses lèvres viennent happer la virilité de l’homme pour y délivrer une succion bruyante puis un baiser appuyé. Elle fit courir sa langue le long du membre revigoré tout en l’observant le regard du néréide intensément.

"Dis-moi que tu en as envie …"
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le lundi 28 août 2023, 16:21:18
Une promesse d’aube se lovait dans le crépuscule de l’Elfe noire et du Néréide. La tournure plus intime – et infiniment plus positive – de ses interactions avec Pirotess commençait à plaire au descendant des titans primordiaux. Bien malgré les conditions accablantes de leur première rencontre, un naufrage insensé contraignant le Demi-Dieu à réaliser un calcul froid qui déplut à l’Elfe noire, le fatum avait triomphé, scellant cette union dans leurs chairs, là, dans cette antichambre végétale.

Le discours de la belle intrigua Vittorio, peut-être sut-il même l’émouvoir..., bien qu’il resta sur sa faim face au refus de la belle de décrire ses parents. S’il la perçut d’abord comme une femme fière, forte et indépendante, il découvrait aujourd’hui une créature fragile et délicate comme une porcelaine, une héroine tragique, et, plus encore, une femme seule et isolée sans la moindre famille ou patrie susceptible de la soutenir. Une étrangère ignorant sans doute tous des mœurs des pays qu’elle pourrait traverser, mais sachant assez pour se douter que sa condition raciale l’empêchait d’être tenue en odeur de sainteté où qu’elle passe. Et la solitude rendait fébrile, vulnérable, susceptible. Loin s’en faut, non, l’histoire de la funeste péronnelle n’était clairement pas ennuyante. Le parcours qu’elle décrivit, son histoire d’amour avec cet obscur foudre de retinrent son intérêt, captivèrent sa curiosité. La dame avec laquelle il avait naufragé fut donc une veuve éplorée et abandonnée par son défunt maître… Ashram. À la mention de ce prénom, Vittorio affichait une moue toute en demi-teinte, comme si son intuition le poussait à mesurer toutes les implications de cette confession sur l’oreiller ; Ashram était un homme, accompli, dont il avait déjà entendu les prouesses, trois ans auparavant. D’après les racontars audibles dans les ports et les cercles intellectuels accessibles au Néréide, cet Ashram représentait bel et bien l’épitomé du guerrier froid, roué, sans scrupules moraux, mais efficace. Un homme inflexible, impitoyable et diablement doué pour la violence ; un homme qui avait prouvé sa valeur. S’il ressentait une pointe de fierté d’être considéré comme le successeur de ce personnage hors du vulgaire, pour un peu toutefois, Vittorio crèverait de jalousie envers ce défunt combattant au palmarès martial incontestable. Même si sa morgue l’empêchait de s’en rendre compte consciemment et nettement, la crainte de devenir un substitut à Ashram risquait fort de le contrarier.

Par conséquent, il perçut dans cet appel à la servilité un appel à l’aide, purement et simplement. L’humain Vittorio n’était pas dupe des conditions du marché que lui proposait Pirotess, une dame de guerre sans nulle autre horizon que la servitude volontaire pour remplacer celle qui la fit jadis vibrer. Le tissage d’une relation entre un Maître et une Soumise, aussi séduisante soit-elle, générait également des contraintes et quelques arrière-pensées philosophiques et morales. Dans le cas de figure ici présent, cela revenait, néanmoins, à reconnaître de jure une situation fixée de facto ; par sa puissante magie agromancienne, le Demi-Dieu assurait déjà à sa belle, en plus de sa protection, tous les moyens de subsistance nécessaires pour survivre sur terre et sur mer. Mais ailleurs gisait l'embarras de Vittorio. Le bellâtre craignait, sans vouloir se le reconnaître franchement, de rester dans l’ombre d’Ashram pour toujours ; d’être un pâle facsimile de sa personne, un homme sans éclat(s) aux yeux de sa concubine ; et, pire encore, de n’être qu’un instrument sexuel et romantique destiné à maintenir la mémoire du défunt pour une splendide veuve incapable de faire son deuil. « Que sais-je ? Le regard aimant qu’elle me jette ne m’est peut-être pas destiné. C’est d’Ashram dont elle est éprise, pas de moi. C’est d’un conquérant dont elle s’est follement amourachée, d’un personnage historique dont Marmo se souviendra pour l’éternité, un homme qui a fait l’histoire. » Cette perspective écornait l’égo du magicien. En effet, il se remémorait les mots durs de sa désirée toute murène, toute acerbe, vexée d’avoir été éconduite la veille : « tu n’es qu’un humain ». Une parole au vitriol qui témoignait de sa colère et sans doute de ses pensées les plus intimes, du dédain explicite d’une femme éprouvée par les armes et la rude école d’une vie de labeur martial entre les mains d’instructeurs cruels.

Mais un autre Vittorio étudiait cette proposition avec une lentille toute autre également. À l’appel à la servilité qui frémissait la chair de Pirotess répondait, au plus profond des abysses, l’appel à la divinité. Une divinité qui brûlait d’acquérir sa première fidèle, d’obtenir son amour, son adoration. Dans l’âtre de l’âme de Vittorio, ni tout-à-fait homme ni tout-à-fait dieu, brûlait une passion qui chassait ses craintes, ses doutes, du moins à l’heure de ses ébats avec la ravissante native de la nation chernosolienne. Le regard passionné de son amante traduisait un degré d’engagement émotionnel intense et, au surplus, par ses questions ingénues, elle témoignait d’un désir de validation irrésistiblement adorable ; il ne saurait décevoir cette créature aux oreilles pointues, aux multiples contradictions si fécondes, dominante dans leurs interactions intimes mais désireuse de se soumettre à lui. Disons-le sans ambages, lorsque l’obélisque du Néréide céda à la poigne de l’Elfe noire, ce ne fut ni une goutte, ni un écoulement, ni un ruissellement, ni même une écume, un giclement ou un jaillissement, mais un déversement, une cascade, un torrent, une tempête ! L’assassine risquait fort de boire la tasse ! Ses courbes fermes et voluptueuses étaient trempées, la semence étalée, toute blanche et crémeuse, de l’homme formant des perles qui contrastèrent ô combien avec sa ravissante peau d’ébène. Les mains, toutes convulsées, de Vittorio s’agrippèrent aux pans des draps face à l’acharnement de Pirotess qui jouait en prime de ses lèvres pour obtenir le fruit défendu de ses désirs. Une puissante exclamation sortit de sa bouche lippue, un simple « Ah ! » cathartique, qui illustrait à merveille le plaisir et le soulagement que lui procurait l’avènement du déluge – ou qui sonnait comme une demande de grâce. Il hoqueta, soupira d’aise, puis effleura doucement ses boucles solaires, révélatrices de la sueur citronnée qui imbibait sa crinière dorée. Un large sourire coquin ornait les lèvres pulpeuses du damoiseau songeant aux paroles licencieuses de sa dame. « Oh oui, tu es sur la bonne voie… Mais ne te méprends pas, ma belle Pirotess, ce n’est qu’un répit avant le tumulte et la furie. » Fierté mâle oblige, le bellâtre rompit l’emprise qu’exerçait sa concubine sur sa virilité, se saisissant d’elle par sa hanche pour l’étendre sur le dos. Le Demi-Dieu sursauta presque de joie en sentant la chaleur inouïe qui émanait de la silhouette chaloupée de sa concubine, laissant à croire que celle-ci couvait un volcan susceptible d’entrer en éruption. « Tu es une démone de femme terrifiante, sache-le. »

Vittorio admira ensuite la beauté sinistre de Pirotess de ses immenses prunelles mordorées durant de longues secondes contemplatives, comme si elle constituait une récompense méritée pour une traque victorieuse, voire un symbole de conquête sauvage. « Une beauté funèbre en bonne passe d’obtenir son Caesar, oui, si elle se montre capable. » Elle était là, faite du marbre le plus sombre, splendide dans sa captivité. L’envie de l’étreindre, de lui arracher un baiser langoureux, s’unir sans tarder avec elle en forçant les portes du castel de l’amour tarauda son esprit, mais il préféra attendre que sa belle peau d’encre boive sa semence, sèche les écoulements, s’acclimate à l’âpreté de son essence masculine. La frustration de la femelle insatiable le servirait, de toute façon, pour la suite de leurs étreintes passionnées.

Brusquement, il écarta les superbes cuisses galbées de la native de Marmo, révélant à la lumière du jour son intimité irrésistible. Et brusquement encore, il déposa sa bouche sur ses petites lèvres, déposant une lichée de baisers d’abord tendres, puis de plus en plus torrides à mesure qu’il sentit la respiration de Pirotess se déchaîner. Les mains de Vittorio prirent ensuite le relais, serpentant doucement sur le bassin puis sur le ventre ferme de l’Elfe noire. L’une d’elles s’aventura jusqu’à l’un de ses seins, l’un de ses orbes perlés si savoureusement arrondis, dépliant ses doigts afin d’effeuiller cette douceur de peau chocolatée qui hurlait aux baisers les plus lovés ! Des doigts fins, graciles, mais hardis, qui se déployaient avec la minutie de l’artisan prenant le plus grand soin de son ouvrage, exerçant la pression juste et requise. Flattant avec délicatesse l’aréole qui s’érige, non sans une pointe de taquinerie explicite, le damoiseau jugea judicieux de mobiliser sa seconde main afin de s’emparer de la rondeur sculpturale de son autre sein, dansant avec une fluidité proverbiale, prodiguant parfois des effleurements tendres et envoûtants. Telles des notes de musique, les doigts dansaient même avec une précision remarquable, suscitant une mélodie silencieuse et captivante. Leurs extrémités fines, sans fioritures et bien entretenues glissaient délicatement sur les délicieux tétons de la belle, semblant presque caresser sa surface avec une tendre délicatesse. Chacun de ses doigts avait une présence distincte, parfaitement proportionnée et agile, témoignant de son habileté et de sa maîtrise de la magie. Leurs articulations étaient légèrement courbées, offrant une flexibilité qui leur permettait de se déplacer avec une célérité naturelle. Leurs mouvements étaient prestes et précis, exécutant une partition invisible qui ne pouvait être perçue que par les yeux attentifs d’une bretteuse aussi aguerrie que Pirotess.

Après cette démonstration de douceur, Vittorio reprit derechef les rênes, cessa ses baisers timorés sur la fente délicate pour introduire crûment sa langue de lion dans l’origine du monde de la belle, promesse incarnée de leur passion charnelle. La douce intimité rasée et satinée s’offrit à la lubricité de l’être demi-divin, si bien que ce fut le met qui dévora l’affamée ; une affamée qui put sentir darder sur elle l’œil prédateur de son Caesar qui ne la quittait plus du regard.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Pirotess le vendredi 06 octobre 2023, 14:25:36
Les elfes noires n'étaient pas réputées pour leur talent de courtisanes. On ne passait pas une robe à une guerrière et on ne lui imposait pas des manières contraires à leur état. On ne trouvait pas non plus d'elfes noires dans les bordels, qu'ils soient de luxe ou des bas-fonds. Imposer une relation à une drow ou la prendre de force signifiait signer son arrêt de mort dans des conditions longues et douloureuses. En revanche, l'art de faire l'amour et de s'adonner aux joies du sexe entraient parfaitement dans les compétences de Pirotess. Tactile, physique, entreprenante, malicieuse, elle savait user de son corps à merveille pour son propre plaisir et celui de son partenaire. Il n'existait aucun secret qu'elle ignora dans ce domaine là. Il ne s'agissait pas pour elle de faire un gros effort pour transcender le désir de Vittorio ; il était semblable à tous les hommes et sans que cela soit commun, péjoratif ou rabaissant, elle savait qu'il n'y avait aucune chance qu'il la repousse comme il l'avait fait beaucoup plus tôt.

Elle avait ri quand il avait déversé sur elle sa semence, ouvrant exagérément la bouche et tirant la langue pour exacerber le plaisir et l'imagination de son amant. L'elfe ne s'était pas arrêté à cette simple douche. Bénéficiant toujours de son emprise sur le membre viril de Vittorio, elle l'avait tapoté contre sa poitrine trempée, en pressant l'extrémité pour s'assurer qu'elle ne manquerait aucune goutte ni perle de nectar. D'épaisses coulures blanchâtres dégoulinaient de ses joues et de son menton, terminant en longs filaments se balançant au rythme des mouvements de sa tête. De son index, elle en préleva quelqu'uns et les goûta, gourmande, sans pour autant cesser de fixer le beau blond de ses prunelles violine.

"Ton goût me plaît Vittorio.Je pourrais y revenir … souvent."

Une démone de femme terrifiante … Oh non, elle était une elfe noire de Marmo et représentait bien pire que cette allusion. Mais pour cela, il fallait être son ennemi et Vittorio en prenait assurément le chemin inverse. Son remarquable sens du partage couvrait Pirotess d'une pellicule odorante et l'elfe minaudait entre ses cuisses, prête à assurer la suite de leurs ébats. Oh, elle ne le laissait pas faner, loin de là et ses doigts agiles s'employaient à ne tolérer aucune mollesse mais, enivrée par cette première partie, elle ne voulait pas que l'entracte s'éternise. Aussi elle se redressa devant lui, liane sombre à la fleur éclatante, et se caressa le corps pour s'enduire de cette semence presqu'aphrodisiaque.

"Haaaannnnn Regarde Vittorio … ce contraste sur ma peau t'excite ?"

Il résistait le bougre mais leur petit jeu n'en était que plus délicieux. L'elfe creusait son ventre, comprimait sa poitrine, mimait un spasme de désir, et plus sincèrement, plongeait sa main entre ses cuisses pour se tourmenter en l'attendant. L'homme venait de la faire basculer sur le dos et elle se cambra, poussant sur ses épaules pour lui offrir son bassin. Ainsi, il lui était plus simple d'y plonger pour se délecter d'un fruit dont peu connaissaient le goût exquis. Pirotess exhala, juste avant d'hoqueter, les yeux révulsés et de plonger ses doigts dans la crinière d'or pour s'y agripper. Sa respiration s'emballa sous les caresses précises, les intrusions franches et les explorations intrépides. La guerrière, très égoïstement, ne permit pas à l'homme de prendre une éventuelle pause et l'obligea à la combler jusqu'à ce qu'elle explose de plaisir. Son orgasme fut brutal, intransigeant, dominateur, et tout son corps se crispa autour de la tête de Vittorio. La langue du magicien, ses lèvres et son aspiration perforèrent les défenses de la belle qui laissa échapper un râle expressif avant de s'effondrer dans ses draps et de relâcher son emprise. Sa poitrine se soulevait alors qu'elle reprenait son souffle puis se mettent à rire, satisfaite.

"Oh ça oui, je suis capable … Capable de tout …"

L'un comme l'autre s'étaient noyés dans leur douce luxure et ils n'avaient entamé que des préliminaires élémentaires. Sans effort, Pirotess parvint à son tour à basculer Vittorio sur le dos et lui fit don de sa bouche. Vorace, elle le pompa à le faire grimper au mur. Elle avalait son précieux membre jusqu'à la garde, venant en butée verrouiller ses lèvres à la base du sexe tendu. L'obstacle de sa luette n'en était pas un et elle le garda comprimé dans sa gorge jusqu'à ce qu'elle le sente craquer. Elle cherchait le point de rupture, le moment où il abdiquerait. S'il cherchait à réagir, elle le maintenait, le contraignait. Elle était plus forte que lui et sa débauche de perversité momentanée lui donnait un avantage certain. Sa fellation, non, sa gorge profonde , ne laissait aucune chance à Vittorio et elle se montra implacable dans son application. En elle, dans son gosier, le long membre subissait une activité débordante de compression et de déglutitions bruyantes. Encore une fois, l'elfe noire allait se régaler et si elle se montrait si tenace, c'est qu'en retour elle espérait bien subir des assauts rugueux.
Titre: Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
Posté par: Vittorio Vulcano le lundi 23 octobre 2023, 10:42:03
Sourire lippu accroché aux lèvres, l’amant fier et exigeant darda sur sa concubine toute trempée un regard défiant, tandis qu’elle exécutait la plus farouche des fellations sous son œil juge. « Gare à ce que tu dis, ma chère. Je suis très tenté de te prendre… au mot. » Il en était ainsi de la nature orgueilleuse de ce Demi-Dieu arrogant et plein de suprême assurance, il jugeait, estimait ou méprisait, et il était rare qu’il s’épanche dans l’administration de ses jugements ou fasse dans la nuance timorée.  En l’occurrence ici, l’exilée de Marmo était plutôt estimée. Le cas échéant, il ne s’ingénierait pas à lui procurer du plaisir. Un étalon digne de ce nom, conscient de son haut-lignage, s’abaisserait-il à monter une ânesse ? Non. Par inférence, Vittorio traitait-il Pirotess comme une vulgaire putain ? La réponse à cette question était plus qu’évidente : c’était un non absolu, catégorique. Elle lui ferait grande offense si elle le suspectait d’abriter de telles intentions à son endroit.

La vue de cette splendide créature en train de lui dévorer goulûment l’obélisque lui arracha un émoi mâle, puis même un hoquètement de plaisir ; et soudain, ce fut comme une révélation, l’inspiration s’insuffla en lui comme une évidence par les actions de l’amante vorace ; les doigts du Néréide s’agitèrent, confectionnant à partir du creux de sa blanche main un petit billet en papier de chanvre qui faisait la paire avec une belle plume noire à l’encre orientale. « Mais oui, pour te répondre, il me plaît de te voir ainsi, toute nue, imbibée de mon essence. C’est ta façon commode et symbolique de sceller ton allégeance. » Sans dire un mot, le Titanide composait son cantique poétique, les premières lignes noircirent la feuille, enfantant ultimement un petit texte.

« Quand la Passion t’interpelle, suis-là, bien que ses chemins soient sombres, raides et escarpés. Si elle t’enveloppe de ses noires ailes, livre-toi à elle, même si le fil acéré de son pennage lacère ta chair. Et quand elle te parle, accorde-lui foi. Lors même que sa voix casse tes rêves comme la Bora saccage ton jardin. Comme la passion te couronne, elle peut te crucifier ; comme elle est croissance, elle peut t’embrancher. De même qu’elle se hausse à ton altitude et joue avec tes branches le plus finement frémissantes au soleil, de même elle peut te rabaisser jusqu’à tes racines et les ébranler tandis qu’elles s’agrippent à la terre. Comme brassées de blé, elle te ramasse et te rassemble en elle. Elle se battra pour te dénuder. Elle te passera au crible pour te libérer de ta vieille mue ; elle va te moudre jusqu’à la blancheur ; elle va te pétrir jusqu’à te rendre tendre. Puis elle te balancera en son feu sacré, jusqu’à ce que tu sois pain bénit pour le festin sacré des Dieux. » Et Vittorio jugea opportun d’ajouter ce sinistre avertissement à lui-même, histoire de se provoquer : « Mais si, dans ta pusillanimité, tu réclames seulement de la passion les plaisirs et la sécurité, mieux vaut cacher ta virilité et déserter le champ de bataille pour rejoindre un monde sans saisons en qui tu riras, mais point tous tes rires, en qui tu jouiras, mais point toute ta jouissance. »  Il en était ainsi du tempérament de Vittorio ; il avait besoin d’un défi à sa hauteur, d’une épreuve à sa mesure pour se fortifier et devenir le conquérant qu’il aspirait être depuis la montée aurorale de son existence. Et cette belle Elfe noire en proposait un, à juste titre.

Elle détenait une immense expérience martiale, une proximité avec certains cercles de pouvoir et un passé visiblement prestigieux, mais elle avait sa part de faiblesses qu’un être semi-divin et partiellement affranchi des préoccupations terrestres comme Vittorio avait repérées. Ce n’était cependant pas un problème ; il voulait l’assumer comme il l’avait trouvée au premier jour et ne pas la dénaturer pour des raisons qui lui appartiennent. Aussi s’était-il soumis au fantasme de Pirotess, malgré tous les conflits identitaires que cela occasionnait pour lui, le parfait hybride coincé entre deux mondes, entre mer et terre et terre et ciel. Le mortel Vittorio aurait sans doute désiré une relation plus conventionnelle avec la belle, le divin Vittorio s’impatientait plutôt de son esclavage et la fin de son libre-arbitre. Il fallut trancher – et nous devinions aisément à quel point il était contradictoire pour lui de faire dans la nuance – la poire en deux : elle deviendra sa concubine, libre de se soumettre à lui, traitée avec ménagements, sans jamais friser le funeste tabou de l’abus, mais tenue en sujétion. Par contre, il ne ressentait pas non plus l’envie de se perdre en envolées lyriques et lui chanter la sérénade à tout bout de champ ; les mièvreries, très peu pour lui, sauf si l’occasion s’y prête. En l’occurrence ici, pour l’heure, il n’avait aucune envie de la caresser dans le sens de son pelage : elle le cherchait, elle le provoquait, elle s’ingéniait à exercer sur lui une insupportable emprise physique, notamment par cette maudite gorge profonde qui sonnait comme une pompe funèbre. Elle se prenait pour une guêpe qui butinait allègrement une rose appétissante ; trop, c’était trop ! La donzelle méritait de recevoir un châtiment approprié à cette « offense ».

Calmement, dans un silence de cathédrale strié par ses frissons de plaisir, le Néréide déposa, avec une tendre solennité, sa courte poésie en prose libre sur la douce surface de sa table de nuit en osier tissé. Un dessein coupable montait à ses lèvres facétieuses, tandis qu’il proférait d’une voix mi-fâchée, mi-sournoise, la savoureuse menace suivante : « Pirotess, tu t’es suffisamment amusée avec moi. Il est temps d’assumer. » La cérémonie des préliminaires s’était achevée ; il était l’heure de passer à la seconde phase du rituel, la plus torride d’entre toutes ; et le beau mâle, sans coup férir, leva sa jambe roide et altière, telle une spire adressée aux divinités du stupre : prélude au nouveau torrent, un nouvel épanchement de générosité, honora le palais assoiffé de l’amante primesautière comme une offrande trop belle pour être vraie. Un jappement sortit aussitôt de la bouche de Vittorio, plus sincère qu’à l’accoutumée dans l’expression de ses orgasmes. Le bellâtre se tut, laissant croire que sa hargne s’assoupissait…

Mais nenni, voyons. Il devait se montrer cruel avec son amante. La jambe du Néréide, par le biais d’une contorsion inhumaine, s’abattit sur l’Elfe noire comme une guillotine, sapant l’emprise de cette dernière. Ainsi la demoiselle bascula, de nouveau. Et bien vite, l’arrogant Vittorio remonta à la surface de cette marée de douce luxure pour toiser sa concubine d’un air hautain et jubilatoire, tel un monarque victorieux. « Idiote, je ne suis pas un vulgaire jouvenceau que tu dévores. » Là, bercés tous deux dans la chaleur du zénith, seuls quelques rideaux de soie protégeaient cette pièce des lames ardentes de l’astre solaire, mais nullement Pirotess des prunelles mordorées de son maître et amant qui la foudroyaient à cet instant. Deux sourcils froncés de rage au sommet de deux yeux sublimes lui faisaient face. « Mais tu me plais horriblement… J’aime ton audace, Pirotess ! » Il s’empara ensuite de sa douce main droite pour la gratifier, d’une ribambelle de baisers fous. « J’adore ta peau noire », susurra-t-il comme une confession, guignant sur elle l’un de ces regards de mauvais garçon… avant de la fixer d’un œil passionnel. Il se redressa alors, ne laissant à la donzelle aucune issue salvatrice. Elle fut ainsi purement et simplement plaquée sur le sol, tandis que le Titanide lui offrait la plus belle des vues plongeantes : sous la lumière dorée du soleil levant, son torse qui se dévoilait comme une œuvre d'art sculptée par les dieux eux-mêmes. Sa peau, d'un hâle profond, semblait caressée par les doigts délicats du soleil, révélant des nuances dorées qui dansaient à la moindre variation de lumière. Chaque muscle, chaque sinuosité de ce torse était une déclaration silencieuse de force et de virilité. Ses pectoraux, ces montagnes de puissance, se dressaient fièrement, telles deux collines majestueuses dans un paysage vallonné. Leurs contours se dessinaient avec une précision saisissante, évoquant la perfection d'une sculpture classique. Les ombres et les reflets dans la pièce accentuaient leur fermeté, créant des jeux de lumière qui semblaient les animer, comme si une énergie mystique les habitait. Chaque muscle ondulait en harmonie, comme une symphonie de puissance et de grâce. Les lignes définies des abdominaux s'étiraient vers le bas, formant un sentier d'admiration vers des hanches mâles énergiques. Tout cela évoquait une force à la fois sauvage et maîtrisée, une promesse d'aventure et de protection pour le plus grand plaisir de la veuve d’Ashram. « Jure-moi que tu me seras fidèle, jure-moi que tu m’appartiens désormais. » lâcha-t-il avec cette outrecuidance qui le caractérisait, tandis que ses doigts entrelaçaient ceux de l’assassine afin de la maintenir en respect, dans cette posture soumise, par leur force implacable. Puisque l’hubris s’emparait d’un Vittorio en pleine incandescence, il fallait s’y attendre, qu’elle subisse les conséquences de ses actes à présent ! La suite des événements se déroula avec la grâce et toute la minutie qu’on imaginait d’un être comme lui, qui traita cet acte sexuel comme une guerre à mener rondement. Puisque son opposante, ne sachant pas où se trouve exactement sa place, redoublait d’orgueil, il n’y alla pas de main morte, infligeant à cette dernière le savoureux supplice du pal au plus profond d'elle-même : ce fut alors une succession de rageuses embardées qui eut lieu dans cette aspérité féminine tant convoitée, comme si cette dernière était une place-forte dont il devait défoncer la porte à grands coups de bélier ô combien vigoureux ! ô combien nombreux !...