Aujourd’hui est une belle journée. Le soleil brille dans un ciel Seikusien dénudé de nuages et on peut même entendre quelques oiseaux quand le va-et-vient des camions se calme dans la zone industrielle. Une après-midi somme toute agréable, mis à part le fait qu’il s’agit d’un lundi condamné à être observé par les fenêtres des usines et bureaux...
Un peu à l’écart des voies les plus fréquentées se trouve un bâtiment faisant l’angle, similaire à tant d’autres aux alentours. À part un coup de peinture récent sur la façade et une cheminée qui laisse s’échapper de temps à autre une bouffée de fumée, rien ne le différencie de ses voisins. Pour accueillir les passants, une petite plaque d’acier toute simple annonce la nature de l’établissement. "Forge Yasuda. Entrée libre, en cas d’absence, utilisez la cloche sur le comptoir". D’après les registres commerciaux, l’endroit n’a ouvert que depuis quelques semaines tout au plus.
En entrant, c’est une chaleur presque étouffante qui accueille les visiteurs. Une atmosphère chargée de l’odeur des métaux chauds, du feu et de l’huile. Divers bruits d’outils se font entendre régulièrement en provenance de l’atelier. L’accueil en lui-même n’est pas très grand, quelques dizaines de mètres carrés tout au plus, décoré dans un style simple qui frôle le spartiate. Le regard est plutôt dirigé vers la baie vitrée donnant sur la forge derrière le comptoir. Le dit meuble en bois est d’aspect rustique, dépourvu de fioriture inutile, comportant simplement la caisse et une petite cloche fixée sur le côté. L’objet est décoré de motifs abstrait, muni d’un petit marteau de fer suspendu à une cordelette et semble de fabrication artisanale, probablement de la main du maître des lieux.
(https://i.imgur.com/4udVOb9.png)
Takahiro, vu que c’est de lui qu’il s’agit, est d’ailleurs en plein travail près du brasier rougissant ses pièces d’acier. On peut l’apercevoir de dos en travers des vitres, torse-nu et simplement vêtu d’un pantacourt complété d’un tablier de travail dont on aperçoit les liens autour de son cou et de ses hanches. Un lourd marteau qu’il semble manier avec aisance dans une main, un épais gant tenant l’objet de ses attentions de l’autre, l’homme ne semble nullement importuné par la chaleur des lieux alors qu’il passe de l'âtre à l’enclume, puis au bac de trempage ou l’établi. Il est aisé de constater l’imposante présence qu’il forme dans l’espace de son atelier avec sa carrure large et sa taille haute. Takahiro à parfois des faux airs de forgeron des temps anciens dans ses moments-là, dans cette forge qu’on pourrait croire hors du temps si on oublie les quelques outils modernes discrètement ranger çà et là.
Une journée banale qui s’écoule comme bien d’autre avant elle et sans doute bien d’autres après elle en somme. Quoique, allez savoir qui franchira la porte de la forge aujourd’hui...