Sibylle remua son nez. Ce qu'elle faisait toujours quand elle était stressée, ou gênée. Un geste que son entourage avait adopté. Un geste qui la trahissait toujours. Elle ne pouvait rien faire sans qu'on se doute de ce qu'elle ressentait. Elle se regarda dans la glace, une fois encore.
Le soleil pointait délicieusement, le temps était frais mais pas mauvais. Regarder le ciel, devant la fenêtre était une expérience merveilleuse pour la jeune fille. Depuis peu, elle avait apprise à vivre la nuit, à dormir le jour, et son seul paysage était les étoiles et la lune, qui donnait de la vie au ciel bleu foncé, noir, qu'elle regardait sans cesse. Désormais, elle se reprenait. Et admirer les matinées était pour elle le plus beau spectacle sur Terre.
Les affaires allaient reprendre. Elle avait vendue un bon nombre de tableaux, et pouvait se permettre de se reposer pendant quelques temps. Mais bientôt, elle devrait refourger ce qu'elle possédait, et retourner en Italie pour fouiner. Sa collection était grande, mais pas éternelle.
Elle attrapa les différents tissus posés sur le meuble et les jeta avec délicatesse sur le lit qu'elle n'avait pas fait.
La flemme, direz-vous.
Elle attendait une merveilleuse petite visite qui, elle le savait, lui donnerait une envie plus forte de bosser et voyager. Quelqu'un qu'elle n'avait pas vue depuis longtemps déjà, une personne qu'elle souhaitait voir depuis longtemps d'ailleurs.
Elle eut un sourire discret, et ajusta sa robe rouge habituelle. Sa favorite.
Elle remua son nez une nouvelle fois, et se sentit heureuse de sa journée. Elle savait qu'elle passerait une journée inoubliable.
Sibylle ouvrit de grands yeux, se retournant violemment, sous l'effet de la surprise. Un grand sourire apparut son fin visage, et ses yeux scintillérent. Elle le voyait, là, devant la porte. Elle le reconnaissait malgré quelques changements. Les yeux ne changeaient jamais, et l'attitude non plus. Elle se mordit la lèvre inférieure, son visage couvert d'une expression de joie instantanée. Elle ne put résister à une pulsion de joie immense.
Ainsi donc, elle lui sauta dessus en émettant une sorte de cri aigu. Un cri de joie.
- Nevaaaaaaaaan !
Elle le serra trés fort contre elle, joyeuse, puis le lâcha pour le laisser ( tout de même ) respirer. Elle se recoiffa, gardant une constance minimum. Et releva les yeux vers lui.
- Tu parles, moi aussi je suis heureuse de te voir !
Tout dans son ton indiquait qu'effectivement, elle disait la vérité. Elle avait tout préparée pour la venue du jeune homme, du repas à la chambre. Tout était prêt, et fin prêt ! Et il était là, content de la voir, tout comme elle était heureuse de le revoir.
- J'ai préparé pleins de trucs à manger, en bas, si tu veux, proposa t'elle sans quitter son sourire.