Il y avait bien longtemps que j'avais eu des vu Narmacille. Malheureusement à l'époque, mon général me l'avait interdit. Les vierges se vendent bien sur les marchés aux esclaves. Je n'avais pas osé contredire les ordres de mon chef. A l'époque je n'étais qu’un sous-fifre sans grande valeur, et il aurait été facile pour lui de me tuer.
Maintenant c'est autre une autre affaire, une autre année. Je n'étais plus le petit sous-fifre à la botte d'un homme avare. Je m'étais retiré et je vendais maintenant mes services en tant que mercenaire. Il m'arrivait aussi de chasser.
Cependant je ne chassais pas de animaux simples. J'aimais le gibier intelligent. Aujourd'hui, la proie était celle dont on m'avait privé quelques années auparavant. Je me trouvais dans la forêt. Chênes, châtaigniers, sapins, ifs, noisetiers, tous ces arbres se côtoient dans un foisonnement inextricable de verdure, entourant des grottes et des ruisseaux, ainsi que de somptueuses clairières. Une route traverse cette forêt, aux frondaisons si épaisses que parfois le soleil y entre peu. Des bruits étranges résonnaient et de petites créatures se faufilaient dans les fourrés. J’avais laissé de l’avance à la jeune femme que je pistais. Je chantais joyeusement :
Vient chez moi, je te protégerais dans mes sous-bois...
Profite de moi, je te donnerais à rêver, tu vois un peu de moi....
Aime-moi, tu te retrouveras à travers moi....
Protège-moi, sans moi, tu ne seras plus jamais toi...
Fait de moi un peu de toi, fait que toi, je serais éternellement un de tes émois
Au loin je vis des cabanes aux arbres. Les cabanes étaient accrochées en haut d’un gigantesque arbre. De petits point reliés les cabanes similaires l’une à l’autres. Le soleil ne s’était pas encore levé alors que je scrutai les cabanes environnantes sans apercevoir une forme de vie quelconque. Aucun bruit ne retentissait. Où pouvait se cacher cette fripouille de Narmacille ? Je continuais à marcher, mon arc en main. Observant les traces de pas ici et là dans la boue. Elle ne devait plus être si loin.
Je m’arrêtai d’un coup. Je venais d’entendre un bruit suspect. Ca venait des buissons là bas. Je brandis mon arc. Puis j’encochai une flèche. Non ! Je devais pas tirer. Si c’était elle, je risquais de l’abîmer avec une flèche tirée au hasard voir de la tuer. Je devais faire attention. J’avais entendu tellement de temps pour satisfaire mes pulsions qui était né pour elle depuis le premier jour, que je l’avais vu.
Je grimpais sur un arbre pour avoir une meilleure vue. L’ascension fut assez aisé. J’avais l’habitude de faire ça maintenant. Je m’installai sur une branche épaisse. J’attrapai la longue-vue accroché à ma ceinture, puis la portai à mon oeil. A cause de la végétation relativement épaisse, je pris du temps avant d’arriver à la retrouver. Elle essayait de fuir vers ce qui ressemblait à une grotte. Elle devait bien connaître la région. Il y avait deux possibilités, ces grottes étaient un réseau de tunnel et elle pourrait très bien me perdre à l’intérieur. Ou c’était une seule grotte et espérait me combattre en face à face. J’avais un grand doute sur la dernière possibilité. Si elle se dirigeait vers là bas, c’est qu’elle pensait que son salut y était. Elle était encore suffisamment près.
Je décrochais l’arbalète de mon dos. Je l’avais un peu modifier. Elle avait une longue vue fixé qui servait de viseur. Les carreaux étaient plus fin. Ce qui permettait d’accélérer leur vitesse. Elle avait certe une moins bonne pénétration dans les armures, mais ce n’était pas le but. Je plongeai ce dernier dans un tranquillisant liquide. J’encochai le carreau et visa. Je prenais mon temps. Je n’avais qu’une chance pour la toucher et ne pas la tuer. Je visais la jambe, cuisse ou talon. Je ralentis mon souffle et tira ! Le carreau vola entre les arbres et vient entailler assez fortement la cuisse de Narmacille. Zut ! J’espérais lui planter le carreau dans la jambe. Mais le tranquillisant que j’avais mis sur le carreau devrait faire effet. Dans mes souvenirs c’était une soigneuse. Elle saura surement comment réagir à ça. Mais ça la ralentit ! Et je pourrais la pister avec le sang. Je descendis de mon arbre et commença ma traque. J’espérais qu’elle allait m’amuser un petit peu.