Pour sa part, Voodoo ne revenait pas d'une salle d'arcade, même si l'endroit en question était malgré tout lié au monde vidéoludique : une convention d'animes, de mangas et de jeux vidéos. La plupart des participants y étaient venus déguisés, comme c'était souvent le cas durant ces évènements, car au Japon, le cosplay était carrément devenu un phénomène de mode alors qu'au départ cela avait commencé, comme c'était souvent le cas, par une blague de potaches.
Certains déguisements étaient réussis, d'autres moins. Mais le gros problème du cosplay ne tenaient pas tant dans le costume en lui-même que dans ceux qui les portaient. Mais dans l'ensemble, les participants ne s'en étaient pas trop mal sortis : Voodoo avait pu voir des clones de Mai Shiranui - dont l'une était la copie conforme de l'héroïne du jeu de baston, même si elle trouvait qu'elle avait les cuisses un peu trop grosses - cinq ou six Végéta, quelques Chevaliers du Zodiaque (elle avait même vu les douze Chevaliers d'Or entourant une Athéna aux cheveux violets), deux ou trois Guts ainsi que de quelques Griffith et ainsi de suite.
Voodoo n'avait pas été en reste puisqu'elle était également venue costumée. Mais au lieu de prendre un personnage connu - avec le risque de se retrouver face à quelqu'un ayant eu la même idée - elle avait préféré prendre un personnage secondaire et qui lui ressemblait plus ou moins. Après quelques recherches sur le net, elle avait fini par trouver son bonheur : Morgan Lisley (http://vignette1.wikia.nocookie.net/dragons-crown/images/b/b9/Witch-Morgan-Rizilia.gif/revision/latest?cb=20140215200621) du jeu vidéo Dragon's Crown.
Elle s'était donc rendue à un magasin spécialisé et avait acheté les accessoires adéquats (robe, bâton de magicienne, souliers, etc...). Son costume avait fait sensation puisque les participants, les hommes surtout - majoritairement composés d'ados - se retournaient à son passage, fixant sa poitrine, prenant des photos d'elle, l'invitant à venir boire un verre avec eux...
Elle avait décliné la plupart des invitations car elle désirait seulement passer du bon temps, préférant flâner entre les stands, feuilleter quelques mangas, mater les autres cosplayers, et ainsi de suite.
A présent il était tard et la nuit venait de tomber. Plutôt que de prendre le métro pour rentrer chez elle, elle avait préféré marcher un peu en passant par le parc de Seikusu. L'air était froid mais elle n'en avait cure tant son corps, grâce à ses pouvoirs innés de cryogénie, était capable de supporter des températures polaires.
C'est alors qu'elle entendit du bruit : on eût dit qu'on se battait. Intriguée, elle s'approcha davantage et c'est alors qu'un cri de douleur retentit dans les airs, la faisant sursauter : jamais elle n'avait entendu quelqu'un crier ainsi ; on aurait dit le crissement d'ongles sur un tableau noir. Elle s'approcha encore et put distinguer, éclairés par la lumière d'un lampadaire un jeune homme, un adolescent en fait, et une femme en train de s'affronter.
Elle fronça les sourcils : le gamin avait les ongles d'une taille démesurée et étaient tâchés de sang. Mais c'était surtout la femme qui était vraiment terrifiante : grande, avec un corps harmonieux, elle aurait pu être belle sans son horrible bouche sans lèvres et d'une taille démesurée, découvrant une rangée de dents acérées comme des poignards.
Elle poussa un cri terrifiant puis matérialisa une boule de feu dans la paume de sa main.
- Oulah, c'est quoi ce bordel ?! pensa-t-elle avant de faire jaillir de son bâton une cône de givre qui alla frapper la créature de plein fouet. Le bâton n'avait rien de magique bien sûr, mais elle pouvait aussi bien faire jaillir le froid de ses mains, de sa bouche ou d'un accessoire.
Elle n'aurait pas su dire pourquoi elle était intervenue pour aider le jeune homme mais une intuition lui murmurait qu'il était comme elle, c'est à dire une sorte de mutant. Quant à son adversaire, il ne faisait aucun doute qu'elle n'avait rien d'humain ; elle n'était pas très calée en surnaturel mais elle sentait qu'elle avait en face d'elle une sorte de démon.
Avec une certaine satisfaction, Voodoo vit la démone coupée en plein élan par sa décharge de froid intense qui avait également gelé l'herbe, les fleurs et recouvert d'une couche de givre quelques arbres sur son passage. La démone en question fut littéralement propulsée avec force contre un réverbère qui trembla sous la secousse.
De son côté le jeune homme la regarda avec incrédulité, comme si elle avait débarqué d'une soucoupe volante. Ce qui en un sens était vrai car avec sa démonstration de pouvoir et son accoutrement, elle détonnait par rapport aux humains que l'on peut croiser dans la vie de tous les jours.
Un hurlement la fit tourner la tête : la démone s'était relevée et fonçait vers Voodoo à la vitesse d'un doberman sur le point de vous boulotter les fesses. La jeune femme vit comme dans un rêve (ou plutôt un cauchemar) la gueule de la créature grande ouverte venir vers elle au ralenti... L'instant d'après, le jeune homme qu'elle venait de sauver la percuta d'un coup d'épaule bien ajusté, l'envoyant de nouveau valdinguer dans le décor.
- Merci [...] Maintenant, à moins que vous n'ayez un super-sort à balancer pour conclure, je vous propose de nous barrer !
Elle ne se le fit pas dire deux fois : ils détalèrent tous les deux comme des lapins, comme s'ils avaient le diable aux trousses, ce qui en un sens était le cas !
A chaque foulée, ses seins tressautaient, menaçant à chaque seconde de sortir à l'air libre. Mais Voodoo n'en avait cure et elle ne pensait pas que le garçon s'en préoccupait également. Une boule de feu frappa le sol, juste derrière eux et ils pressèrent l'allure, courant comme des dératés. Ils finirent par atteindre la sortie du parc, toujours poursuivis par la démone qui balançait de temps à autres des rafales d'énergie. Fort heureusement elle tirait comme un chasseur du dimanche tant il était difficile de viser correctement tout en se déplaçant.
Ils traversèrent la rue, évitant de justesse un poids-lourd. La seconde d'après, ils entendirent un crissement de pneu, suivi d'un choc sourd : se retournant, Voodoo vit que la démone avait été percutée par une voiture.
- Eh ben, c'est pas son jour à celle-là ! dit-elle d'une voix ironique.
La main refermée sur le poignet de la sorcière, Eiji courait comme un dératé sans se retourner, de peur de voir l'immonde gueule dentelée de la démone s'ouvrir non loin de sa gorge qu'elle aurait croqué sans mal. Le souffle court et le coeur battant, le jeune homme n'avait même pas l'occasion de regarder les imposants seins de sa compagne d'infortune remuer ostensiblement au gré de ses pas rapides. Sans nul doute, comme n'importe quel mâle, aurait-il apprécié de contemplier ce spectacle sensuel et excitant... Mais les atouts physiques de l'inconnue n'étaient pas assez convaincants comparés à la menace que représentait la démone acharnée qui leur collait au train et menaçait de les rattraper.
Des boules de feu lancées par la créature infernale, Eiji sentait la chaleur et entendait les impacts. Fort heureusement pour les fuyards, la démone était aussi peu adroite au tir qu'un stormtrooper, ce qui leur permit de conserver leur avance sans prendre un coup en traître. Presque la main dans la main, la magicienne et le mutant franchirent la rue et manquèrent d'embrasser le pare-chocs d'un camion. Ils arrivèrent saufs sur le trottoir opposés et purent se féliciter de leur action, d'autant que la chose aux crocs avait été percuté par une voiture alors qu'elle remontait vers eux.
- Eh ben, c'est pas son jour à celle-là !
Eiji ne répondit pas tout de suite, reprenant son souffle tout en détaillant sa partenaire. Quel corps elle avait ! Tout en délicieuses courbes rondes et excitantes, qui titillèrent très vite les appétits du jeune homme, surtout mis en valeur dans cette robe flatteuse.
- En revanche, c'est le mien... Waouh, acheva-t-il en balayant la généreuse poitrine du regard.
Si bien des idées lui venaient à ce moment là, il fallait en revanche penser à prendre la poudre d'escampette. L'inconnue attirait les regards -à raison !- et Eiji craignait que la voiture n'aie pas suffit à exclure le démon du jeu. Avec la dégaine ultra-sexy de la magicienne, le couple improvisé serait vite repérable, vu les gens qui se retournaient sur le passage de Voodoo. Alors quoi ? Aller chez lui ? Ils étaient trop loin et sans moyen de transport. Il fallait trouver une échappatoire le temps qu'ils se débarasse du démon. L'étudiant chercha à se repérer dans la rue où ils se trouvaient et repéra... Un Love-hotel, un de ces endroits prévus pour les petits moments coquins rapides et tranquilles, souvent dans des chambres à thèmes.
- Venez, miss. On va se cacher le temps que ça se tasse !
Et il l'entraîna à sa suite une nouvelle fois, déambulant dans une rue assez animée pour l'heure tardive, jusqu'à arriver au Love Hotel qu'il visait. Eiji se présenta à l'acceuil une fois la porte passée, s'adressa à la personne qui gérait les chambres. Une courte discussion, un regard amusé du gérant à la tenue de la sorcière et un passage de carte bleue plus tard et l'étudiant se retrouva en possession de la clef de la chambre 1038 au second étage.
L'escalier fut aisé à grimper, la chambre à trouver aussi. Eiji en poussa la porte, découvrant en même temps que la magicienne de classe l'étonnant décor de l'endroit.
(http://img11.hostingpics.net/pics/712740castleroomview1byredheadgirl32.jpg)
- Au moins, on reste dans l'ambiance délirante...
La chambre était aménagée de façon à évoquer une pièce de château de fantasy. Un effet bloc de pierre sur les murs, des meubles en bois, un lit aux lourds baldaquins de velours, un petit écritoire sur lequel reposait un "grimoire" qui dévoilait un hentai mettant en scène une elfe et quelques orcs, des "tableaux" (en fait des posters encadrés à l'ancienne) où se trouvaient belles demoiselles à la plastique avenantes et messieurs aux corps d'Apollon et aux membres chevalins... Une sex-fantasy accordée à la tenue de la magicienne et à l'envie qu'Eiji sentait davantage croître et qui formait une bosse dans son jean's. Peut-être dûe aussi au reste du décorum, mettant en scène des tentacules lisses et adaptés à la pénétration, qui sortaient de l'un des murs pour mimer l'attaque d'un monstre sur le prétendu donjon. Rester calme dans ces conditions allait être difficile, mais il se promit d'essayer.
Il se massa la nuque en se retournant vers la jeune femme, l'air navré.
- Je suis désolé, j'ai pas eu d'autre idée sur le moment. On a le forfait deux heures pour être tranquilles. La démone va se casser ou mourir pour de bon pendant qu'on se reposera ici et ensuite, je vous raccompagnerai... enfin, si vous voulez.
Un sourire gêné mais se voulant sympathique et il tendit la main à l'inconnue dans une volonté de passer pour autre chose qu'un pervers -ce qui, au vu de l'enflement perceptible de sa queue était probablement raté.
- Eiji. Désolé pour tout ça, même si je ne comprends tout ce qui se passe.