Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Le parc et son sous-bois => Discussion démarrée par: Ellane Wels le lundi 06 avril 2009, 20:37:40

Titre: Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le lundi 06 avril 2009, 20:37:40
Ellane pénétra dans la forêt. Ombre noire parmi toutes celles qui peuplaient les bois à cette heure de la journée. Le crépuscule, le moment où le soleil se couche, avalé par l'horizon, qu'il soit liquide ou solide. En tout cas telle était l'idée que se faisait la jeune fille du passage du jour à la nuit.
Sa foulée était rapide, signe qu'elle voulait s'éloigner au plus vite du lycée, non qu'elle s'y ennuyait, mais le peu de solitude qu'offrait la forêt et ses arbres, couvertures de feuilles qui la dissimulait des choses volantes, était nécessaire pour le moment.
Sa respiration se fit plus forte, légèrement plus saccadée au fur et à mesure qu'elle accélérait pour laisser derrière elle la lisière et le monde urbain. Ses yeux turquoises fixaient les endroits ou son corps pourrait passer. N'étant pas d'une constitution robuste, mais au contraire normale et bien proportionnée elle détecta un grand nombre de chemins possibles. Elle choisit le plus sombre pour quitter le sentier et s'enfoncer dans le coeur de la forêt. Ses cheveux ébènes virevoltaient, soulevés par un vent dont elle ne percevait pas la source. Quand les jambes coupées par sa course elle s'arrêta enfin, elle se laissa glisser sur une motte de terre. Ses bas de pantalons en jeans étaient déchirés mais elle était heureuse. Cette petite escapade devenait inévitable au fur et à mesure que les journées passaient, et elle épousseta son corsage argenté d'un revers de main négligeant.
Ses yeux se fermèrent d'eux mêmes et elle se mit à réfléchir à ce qui l'entourait, mettant à profit les longues minutes de solitudes qui ne manqueraient pas d'être troublées un moment ou un autre par un élément naturel, qu'il soit le froid, la pluie, le bruit, le vent...
Elle passa une main d'une blancheur qui détonnait dans les contrastes fauves qu'offrait la forêt, dans ses cheveux bruns, choisissant ce moment là pour soupirer d'aise. Décidément, cette sortie apaiserait son esprit, d'autant que l'image de son ancien amour commençait à revenir hanter ses rêves les faisant virer aux cauchemars. 
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le lundi 06 avril 2009, 23:06:09
Hum… voilà quelque chose à quoi il ne s’était pas attendu.
Pourtant, tout avait commencé dans un environnement tout à fait familier -pour autant familières que pouvaient être les forêts des terres sauvages bien sûr- : sans pour autant reconnaître les lieux à l’arbre près, son excellente mémoire combinée à ses instincts encore relativement frais lui permettaient de s’orienter sans réel problème au milieu des épaisses frondaisons dont le caractère menaçant n’avait que peu d’effet sur un géant à la tête dure comme lui. Ainsi, c’était littéralement une promenade de routine pour lui que de s’aventurer dans le sein de ces bois épais et obscurs, de frayer avec un danger que ses capacités physiques minimisait considérablement. Normalement, la journée aurait donc dû se conclure par un retour sans problèmes à la maison avec une proie sous le coude à manger avant de se coucher, comme cela était arrivé bien des fois par le passé !

Mais voilà, la puissance qui régissait ce qui se passait en Terra, quelle qu’elle fût, semblait en avoir décidé autrement et avoir orienté les courants du destin de manière à ce qu’ils fissent un drôle de coup de Jarnac à l’homme-loup qui s’était rendu compte trop tard que l’environnement dans lequel il évoluait n’avait pour ainsi dire plus rien à voir avec la végétation arboricole qu’il arpentait quelques minutes plus tôt à peine. Paniqué, il avait cherché à retrouver son chemin, mais ni ses souvenirs ni aucun de ses sens n’avaient pu lui venir en aide pour faire le point, et il avait donc dû très rapidement se résoudre à concéder qu’il s’était perdu par un inexplicable hoquet de la réalité qui l’avait propulsé il ne pouvait savoir où.
Et en conséquence, se reposant sur l’aphorisme qui voulait que qui n’avance pas recule, il avait choisi une direction au hasard et avait progressé droit devant lui, aussi discret que possible et l’oreille aux aguets de manière à pouvoir apercevoir avant d’être aperçu, se doutant bien qu’une montagne comme lui n’irait pas sans causer une bonne frayeur à quiconque le croiserait tout à coup au détour d’un sentier.

La faune et la flore le laissaient perplexe, non pas parce que les espèces sur lesquelles il tombait lui étaient inconnues, mais au contraire parce qu’il se rappelait très clairement en avoir vu la représentation dans l’un ou l’autre manuel de botanique ou tout simplement dans sa vie d’humain : il ne voulait pas se donner de faux espoirs, mais à en juger par les computations qu’il pouvait faire, il n’était pas impossible que l’endroit où il se trouvait fût la Terre, pensée qui suffisait à lui faire tourner la tête, et qui requérait un rappel à l’ordre intérieur régulier pour ne pas qu’il se laissât enivrer par la perspective d’un retour au pays… mais d’ailleurs, au fond, qu’est-ce que cela lui apporterait-il ? Il ne pourrait en aucun cas se contenter de venir à la rencontre de la première personne venue pour lui demander de l’aide ou prendre tranquillement le chemin de son ancien laboratoire pour se remettre à travailler comme si de rien n’était ! Ces sombres pensées tempéraient sa griserie, et il tâchait d’ailleurs de ne se laisser submerger ni par un trop-plein d’enthousiasme, ni par une vague de désespoir, afin de garder les idées claires.

Il fit bien, car cela lui permit de repérer une forme indubitablement humaine à moitié camouflée par un robuste cerisier avant qu’il ne fût trop tard, et de se mettre à couvert alors qu’il approchait cette découverte nouvelle, son corps velu ramassé au sein des ombres, ses pattes embrassant le sol sans bruit, son odeur filant sous le vent : tout était mis en œuvre pour que cette inconnue ne le remarquât pas. Il était conscient que cela lui donnait parfaitement le rôle d’un traqueur, et cette idée le mettait quelque peu mal à l’aise, mais il la repoussait en se convainquant que ses intentions n’avaient rien d’ignominieux, et que les précautions qu’il prenait ne visaient qu’à établir un éventuel contact de la manière la plus pacifique possible.
De plus près, le corps à moitié tapi sous un épais feuillage automnal et seul un œil discrètement inquisiteur dépassant de derrière un arbre protecteur, il se laissa aller à détailler cette nouvelle rencontre inopinée non sans un émoi certain devant la vision qui s’offrait à lui. Une jeune fille qui ne devait pas avoir encore atteint ses vingt ans, et dont la posture méditative évoquait pourtant quelque chose que l’on pouvait résolument apparenter à une madone : yeux fermés, corps affalé comme en symbiose avec la terre sur laquelle elle reposait, elle semblait véritablement comme surgie de quelque tableau de Watteau dont le coup de pinceau aurait été extraordinairement modernisé. Sa peau était d'une pâleur telle qu'elle semblait due à un surnaturel froid glacial qui la pénètrerait en permanence, et qui aurait requis la chaleur d'une étreinte affectueuse pour trouver quelque réconfort.
Elle semblait si fragile, et pourtant si indestructible dans l'immortelle nublesse qui se dégageait d'elle qu'elle en suscitait chez l'homme-loup un attrait que ses récepteurs de phéromones trop développés ne faisait qu'amplifier, abîmant lentement mais sûrement son imagination dans une rêverie où il se voyait enlacer tendrement ce corps offert à des caresses qu'il rendait aussi délicates qu'il le fallait en dépit de sa force surdimensionnée, alors qu'ils se rapprochaient l'un de l'autre...

(Ridicule !)

L'interruption surgie des profondeurs bien ancrées de son self-control lui remit aussi sûrement les idées en place qu'une bonne claque qu'il méritait d'ailleurs certainement pour les idées qu'il se faisait, homme-loup ou non ! Qu'est-ce qu'il allait s'imaginer franchement, et à quelles fantasmagories stupides se laissait-il aller ? Voilà qui était bien indigne de la rigueur morale dont un savant comme lui devait faire montre, et il valait mieux pour son estime de soi qu'il fût plus fermement objectif dans sa vision des choses !

Et pourtant, même en envisageant la chose sous l'angle le plus exactement scientifique qu'il lui était possible, il ne pouvait nier une seule seconde qu'il avait devant ses yeux une réelle beauté: nez et yeux de Cléopâtre, cheveux d'ailes d'ange noir, peau de satin et prestance de princesse. Tout bonnement ensorcelant... effrayant presque.

Immobile, retenant son souffle, Khral observait, n’osant bouger d’un cil dans l’attente de ce que cette demoiselle pourrait bien se décider à faire, la pensée de se mettre en ce qui le concernait tout à coup à découvert se retrouvant bien aussitôt résorbée par sa timidité naturelle que sa terrible apparence n'arrangeait pas. Il se contentait par conséquent de regarder, son attention accaparée par cette ravissante inconnue apparemment inconsciente de sa présence, l'ensemble résultant en une scène que l'on aurait pu trouver comique à voir ce grand gaillard tout de poils et de muscles effrayé par cette jeune fille qui paraissait chétive comme une brindille en comparaison.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le mardi 07 avril 2009, 10:02:57
Le jour déclinait, la jeune fille était toujours assise sur le tronc d'arbre attendant un signe quelconque qui la ferait fuir. Certes la nuit qui s'annonçait allait être glaciale, mais elle préférait rester ici à écouter les bruits de la nature environnante plutôt que de rentrer pour s'enfermer entre quatre murs. Elle n'était pas claustrophobe mais elle préférait bénéficier d'une pleine amplitude de mouvement dans sa vie de tous les jours, une chose que même une chambre douillette ne pourrait jamais remplacer.

Elle rouvrit les yeux, cherchant de sa main droite l'une des fleurs tombées du cerisier qui se trouvait à côté d'elle, elle la ramena dans ses doigts, la faisant doucement tourner entre ses phalanges. La fleur était blanche, plus que sa propre peau, et elle la passa dans ses cheveux, un geste puéril digne d'une gamine de dix ans mais elle aimait bien ce genre d'enfantillages.
De toute façon elle se croyait seule, sans l'ombre d'une personne dans les parages. Il n'y avait ni odeur, ni la moindre parcelle d'être vivant dans les environs, qu'il soit homme, animal, ou entre les deux, pour elle.
Alors, la fleur toujours dans les cheveux elle se laissa bercer par le souffle du vent, cherchant au passage la moindre trace d'un éventuel inconnu qui viendrait la déranger malgré les affirmations données quelques secondes plus tôt. Rien, il n'y avait strictement rien dans la douce quiétude du soir, pas même le bourdonnement d'une abeille ou le bruit agaçant d'une mouche. À croire que tous c'étaient enfuis à la vue de quelque chose de plus fort et plus intelligent qu'eux. Ce fut ce qui lui mit la puce à l'oreille.

Elle écarquilla les yeux, balayant de ses iris turquoises le sol et les bosquets qui enveloppaient la clairière. Elle n'était pas trop bonne en pistage, et elle ne possédait pas une ouïe exceptionnelle malgré le fait qu'elle était déjà assez aiguisée. Toutefois elle maniait bien le couteau, ou plutôt elle pouvait le lancer et détaler ensuite. Sa main passa sous les bas de pantalon déchirés, accrochant au passage le petit poignard qu'elle gardait constamment sur elle. Le saisissant par le coté de la lame, se levant dans un même geste. Peut-être que la réaction était exagérée  mais il vaut mieux trop que pas assez, de toute manière si elle s'était trompée une excuse et se serait fini.
Pour le moment elle n'était pas paralysée par la peur, toutefois elle fixait tout de même derrière son épaule de temps en temps, s'attendant à une attaque quelconque. Sa main se serra plus autour de la lame et elle fut bientôt au centre de la clairière, devant elle, à peine dissimulé derrière une buisson se tenait un loup humanoïde, il respirait la force, pourtant il était affalé sur le sol, comme si il se cachait de quelqu'un à l'instant. La jeune fille s'arrêta de respirer pendant quelques secondes, cherchant une manière de s'enfuir qui ne lui venait pas à l'esprit. Ce n'était pas la morphologie de l'homme qui l'inquiétait, bien qu'elle soit impressionnante, mais plutôt l'idée qu'avec des muscles pareils il serait capable de la briser comme on casse brindille. Autrement dit si il avait décidé de la tuer elle était mal partie. Pourtant elle ne détectait aucun geste agressif dans ceux qu'il effectuait, et la jeune femme lâcha le couteau qui glissa entre ses doigts pour se planter dans le sol. Elle commença à reculer à tâtons, ne se retournant pas pour regarder où elle allait. Se contentant de ne pas quitter l'apparition qui bien que sans doute dangereuse, l'impressionnait et la fascinait au plus haut point. Lourde erreur de sa part, quiconque ayant vu un film dans sa vie pouvait être sûr que la victime se casserait la figure en essayant de fuir. Et elle ne fit pas exception à cette légende, se rendant compte du même coup qu'elle aurait du éviter de critiquer les princesses de contes de fées quand elle était plus petite pour ce genre d'erreur. Ellane se prit les pieds dans l'une des bosses qui forgeaient le sol de la forêt, se ramassant en arrière sans bruit tellement sa chute la prit au dépourvue. Elle se reçut lourdement sur le dos, les coudes et les fesses.
En temps normal elle aurait été hilare, aussi un rire nerveux sortit de sa gorge, faible mais parfaitement audible pour quiconque sachant écouter. Sa main fouilla à dans le sol, attrapant une pierre qu'elle tint dans sa main. Pour le moment elle ne parvenait pas à se relever, sans doute parce qu'elle était trop sonnée par le choc. Si elle devait mourir autant puiser dans ses dernières ressources de courage pour déclarer, bien qu'elle soit terrorisée d'une voix qui ne flanchait pas :

-Vous allez avoir pleins d'os coincés entre les dents si vous me mangez... je disais ça pour vous prévenir.

Certes la phrase dîtes à la va-vite n'était pas exceptionnelle, et il l'avait sans doute entendu de nombre de personnes. Mais elle ne pouvait pas rester là sans réagir, elle se mit sur les coudes pour paraître un brin plus grande, le reste de son corps étant encore douloureux.

(Magnifique ton message !)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le mardi 07 avril 2009, 16:03:54
Véritablement une insouciance de princesse : comme une monarque au sein d’un royaume dont l’obédience lui serait si naturellement acquise qu’elle estimerait ne pas avoir à se soucier d’un quelconque danger éventuel, elle se montrait si paisiblement pittoresque que Khral s’en demanda si tout ce qu’il avait vécu depuis son apparition en ces bois n’était pas le fruit d’un rêve trop beau pour être vrai, tout comme l’était cette jeune fille. Autour d’elle, rien ne semblait exister, ou plutôt tout semblait n’exister que pour elle, tel brin d’herbe n’ayant pour fonction que de lui faire un siège le plus doux possible, tel souffle de vent ne survenant que pour agiter délicatement sa longissime chevelure, tel rayon du soleil couchant ne frappant le paysage que pour souligner à quel point elle en était l’admirable focale. L’homme-loup lui-même n’osait pas se considérer autrement que spectateur : comme un jeune premier qui voit évoluer sur scène une splendide artiste, il se tapissait dans l’ombre des coulisses, craignant de briser le charme de la scène présente par son arrivée grossière et maladroite. Oui, s’immiscer dans l’aura de beauté qu’elle dégageait aurait été aussi criminel que de glisser une vilaine chenille poilue dans un beau bouquet de lys.
Pour ces raisons, le timoré loup-garou préféra rester terré là où il était, et se concentra avant tout sur la préoccupation de rester indétectable, ce qui lui fut préjudiciable car ses yeux voilés de fascination ne remarquèrent qu’à retardement que la beauté s’était rendue compte qu’il y avait anguille sous roche, et avait commencé à adopter une posture défensive. Zut, qu’avait-il fait de travers ?! Trouver la réponse à cette question aurait requis une analyse de la situation qui lui aurait pris un temps qu’il jugeait sage de ne pas s’accorder sous peine d’avoir encore un train de retard sur les réactions de la jeune femme. A son sujet, il se voyait toutefois forcé de concéder que la nature avait gâté ses propriétés intellectuelles autant que physiques pour avoir rassemblé sur le vif les éléments permettant de déceler la présence d’un chasseur en herbe comme lui, constat qui accrut encore l’émerveillement qu’elle suscitait en lui.

A voir l’arme qu’elle dégaina bien rapidement, nouveauté à laquelle il ne s’était pas attendu, son échine tressaillit imperceptiblement, non pas de crainte de ce qu’une arme aussi dérisoire aurait pu lui faire, mais à la pensée d’un éventuel combat, car il savait très bien comment risquaient de tourner les affrontements s’il ne se tempérait pas suffisamment : comme Obélix qui défonce les portes au lieu d’y toquer, il risquait de lacérer les chairs de cette incarnation de la joliesse par un simple geste défensif, et à cette pensée, il referma instinctivement ses mains aux griffes si mortelles.
Et zut, encore une fois ! A voir avec quelle vivacité elle se déplaçait pour explorer du regard les alentours, il se demanda s’il n’y avait pas autre chose que l’attrait de son apparence qui dépassait le commun des mortels. En tout cas, il fallait qu’il revoie ses positions s’il ne voulait pas…

Trop tard : avec une corpulence pareille à celle qu’il possédait, toute cachette se voyait reléguée au rang de camouflage dérisoire, et avant qu’il eût pu ne fut-ce qu’amorcer un déplacement qui n’aurait de toute façon que plus efficacement signalé sa présence, les deux saphirs se posèrent sur sa fourrure brune, rendant désormais tout espoir de passer inaperçu futile. Avec une crainte vis-à-vis de lui qui était si commune que Khral aurait pu prévoir les réactions de la jeune fille uniquement par déduction et par expérience, elle se mit à reculer, très manifestement terrifié par ce qu’elle voyait, comme si elle avait dû faire face à une apparition cauchemardesque. Bien sûr, tout cela était blessant pour l’homme-loup au cœur d’artichaut, mais il aurait été bien hypocrite de se dire qu’il ne le méritait pas : il en était lui-même bien conscient, il avait tout à fait la dégaine d’un monstre, qualificatif qu’il s’était vu attribuer plus d’une fois par des voyageurs terrifiés.
En tout cas, point positif dans toute cette galère, elle avait lâché son arme blanche, ce qui signifiait qu’une lutte avait maintenant moins de chances de dégénérer, élément qui l’encouragea à réagir et à cesser de conserver cette immobilité pour le moins déstabilisante. Avec des gestes le moins brusques possible, il se releva donc, adoptant une position bipède plus humaine tout en se maintenant légèrement courbé de manière à ne pas non plus avoir l’air d’un ours furieux qui se dresserait sur ses pattes postérieures pour attaquer. Évidemment, cela ne rassura pas le moins du monde l’humaine qui lui faisait face, et dont l’attention était apparemment à ce point absorbée par l’extraordinaire créature qu’elle avait devant elle qu’elle ne prit pas suffisamment garde à ce qui se trouvait derrière elle, et sa manœuvre de recul se transforma donc inévitablement en une culbute qui la projeta les quatre fers en l’air au sol.

Au moins, elle était de cette manière dans l’impossibilité de décamper, ce qui aurait fâcheusement augmenté les chances qu’il se fît signaler auprès de la population locale comme une bête à abattre. Si cela apporta un certain soulagement à Khral, la victime, elle, semblait apprécier l’ironie de sa situation stéréotypique dans sa pleine mesure, son abdomen se voyant légèrement secoué sous l’impulsion d’un petit rire nerveux qui inquiéta le médecin qu’était Saïl, celui-ci espérant que cette hilarité n’était pas un signe annonciateur de folie comme cela était possible.
Sa perplexité se mua en une indifférence teintée de tristesse lorsqu’il vit la demoiselle en plein émoi se saisir d’une pierre de laquelle elle semblait le menacer, et dont il se souciait comme de sa première expérience chimique : même à supposer que la lanceuse possédât quelque insoupçonnable force, un caillou pareil aurait éclaté sur ses gros os plutôt que de léser son squelette, les faits passés ayant prouvé que son ossature pouvait supporter des chocs autrement plus violents qu’un jet de pierres. Pour autant, voir une si belle personne se préparer à lutter becs et ongles contre ce qui lui apparaissait manifestement être un animal cruel lui était déplaisant, mais que pouvait-il y faire après tout ? Il faisait peur (c’était un euphémisme !), et il pourrait s’estimer heureux si elle faisait ne fut-ce qu’écouter ce qu’il avait à lui dire.

Les paroles qu’elle lui décocha au visage en puisant manifestement dans ses ressources intérieures de courage dont elle ne semblait pas manquer le prirent au dépourvu autant par la bravoure qu’elles mettaient en relief chez leur énonciatrice que par la fausseté qui leur était inhérente compte tenu des intentions véritables de l’homme-loup. A vrai dire, la manger était une perspective tellement irréaliste qu’il se sentit d’en éclater de rire, ce dont il se retint heureusement car lorsqu’il tonnait, son rire ressemblait davantage à un rugissement bestial qu’à autre chose : c'était vraiment un rire de Méchant qui faisait s’envoler les oiseaux et décamper les animaux sur des dizaines de mètres à la ronde, aussi valait-il bien mieux qu’il se contentât d’une réponse posée et intelligente.

« Vous vous trompez sur mon compte. Je n’ai jamais fait de mal à un humain et je ne le ferai jamais. » Déclara-t-il avec un accent de tristesse non feint.

Bon, ce n’était pas exactement la vérité, mais en revanche il n’avait jamais causé la mort d’une créature pensante, et n’avait jamais eu recours à la violence qu’en cas de légitime défense. Cela dit, il avait toujours la déplaisante impression que de telles protestations rappelaient le « Je ne suis pas un animal ! » d’Elephant Man ; ses mots sonnaient-ils réellement comme le geignement pathétique de cette légendaire figure du cinéma ? Difficile à dire, et de toute façon, l’heure n’était pas à de telles considérations : plutôt que de rester les bras croisés, le mieux à faire était de venir en aide à cette donzelle, autrement les choses ne pourraient jamais évoluer !
Prudemment, évitant que ses mouvements n’aient l’air de ceux d’une bête de proie passant à l’attaque, il se rapprocha d’elle, gagnant sa position en quelques enjambées rapides à peine.

(Elle est aussi splendide de près que de loin…)

Pensée pour laquelle il se fustigea aussitôt, se remerciant au passage d’avoir eu la décence de couvrir la partie inférieure de son corps de son espèce de kilt de peau bariolé afin d’éviter que des réactions impulsives de son bas corporel ne se signalassent trop facilement. Certes, pour le moment, il arrivait à se contrôler, mais il se renfonça comme impératif dans le crâne de ne plus se laisser aller à des remugles mentaux trop lestes.
Avec déférence et attention, il mit genou en terre, position qui lui parut par coïncidence convenir particulièrement bien en présence de la preste beauté royale à laquelle il faisait face, bien que même ainsi sa taille fût tout de même supérieure à la sienne.

« N’ayez pas peur. Laissez-moi vous aider. » Dit-il en conférant à sa voix le timbre le plus apaisant qu’il lui était possible étant donné sa rugosité naturelle à laquelle s’ajoutait la nervosité présente.

Joignant le geste à la parole, il recueillit une des mains fines de l’adolescente dans sa grosse paluche gauche avec autant de précautions que s’il manipulait la substance la plus volatile qui fût, glissant la droite sous le dos délicat si élégamment dessiné qu’il semblait avoir été sculpté au moyen d’un ciseau d’une précision microscopique par un sculpteur de génie. Prestement, il la remit sur pied, hésitant ensuite à relâcher l’infime pression qu’il exerçait sur cette peau douce, contact qu’il aurait voulu prolonger des minutes durant pour mieux en garder le souvenir. Penaud, intimidé par cette superbe représentante de la gent féminine, il restait muet en fixant timidement ses prunelles opalescentes, ne sachant que dire ou que faire.

(Tant mieux alors : avec toi, ça fait ton sur ton !)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le mardi 07 avril 2009, 18:00:41
Ellane commençait à ressentir des douleurs au niveau des coudes dues au poids de son corps qui, même si la masse n'était pas trop importante, finissait tout de même par s'user sur le sol inconfortable. La terre était sèche, les cailloux nombreux, la jeune femme due bientôt s'asseoir pour retrouver une position agréable qui n'en demandait pas trop à ses muscles amoindris par la chute brutale. Certes la culbute avait sûrement été risible, mais elle s'inquiétait plutôt pour le moment de l'homme-loup aux dents pointues qui commençait à se relever de l'endroit où il s'était tapi.
La jeune femme ne parvenait pas à se dire qu'il était totalement dangereux, mais pourtant pour le moment, elle croyait bien volontiers qu'il eut put lui arracher la gorge d'un coup de griffes, et cela même si il était muni des plus belles intentions.
Elle tenta pendant un premier temps de reculer, ne serait-ce que pour s'écarter des objets tranchants qu'il avait au bout des doigts, puis elle se laissa tomber sur le sol, gardant sa main fermée sur la pierre trop coupante. Une bien piètre arme, mais elle ne pouvait se résoudre à lâcher le dernier espoir qui lui restait dans cet instant où elle se sentait totalement dépassée.

Il s'approcha d'elle, essayant tant bien que mal de prendre la voix de quelqu'un qui se montrait rassurant, sur le coup elle se demanda, prise de pitié par l'accent de tristesse qui teintait ses paroles, puis ses reflex humains reprirent le dessus et elle réfléchit à l'idée qu'il pouvait être en train de sa faire tout gentil pour mieux la manger ensuite. Bref, ça pouvait à la rigueur passer pour une rediffusion de La belle et la Bête dans le premier cas, ou pour le second, le Petit Chaperon Rouge convenait parfaitement. Certes, deux histoires pour gamins, mais les contes de fées étaient toujours plus agréables que la vérité.
Mais là ce n'était pas l'une de ces histoires qui se finissaient toujours par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants », au contraire, si sa première théorie se révélait juste, elle n'allait pas tarder à finir dans le ventre de l'homme loup. Une fin stupide qu'elle se refusait. Dans un geste de défense elle tenta de lever la pierre pour la jeter sur l'homme loup, s'asseyant dans le même mouvement. Mais elle ne parvint pas à finir son geste, voyant du coin de l'oeil qu'il s'avançait vers elle en tentant de se rendre moins imposant, beaucoup moins terrifiant, la démarche surprit la jeune fille et elle laissa tomber la pierre sur ses genoux.
L'homme loup se mit à genoux devant elle, lui tendant l'une de ses mains velues. Il lui parla en même temps, puis sans attendre la réaction d'Ellane qui tardait à venir, il lui saisit une main, toute petite dans celle de l'homme.

 La jeune femme le détailla avec une once de peur dans le regard, mais un soudain respect pour cet homme couvert de poil, il l'impressionnait vraiment, la fascinait, l'émerveillait par ces attitudes toutes plus bizarres les unes que les autres par contraste avec sa morphologie qui était celle d'une tueur. Vu de près il paraissait plus fort encore que lorsqu'il l'épiait à travers les buissons. Il la souleva comme si elle n'avait été qu'une gamine de deux ans qui pesait à peine dix kilos, puis il la remonta sur ses jambes,  une fois tenue en équilibre sur ses pieds, la jeune femme se rendit compte du fait qu'il n'avait pas encore lâché sa main. Il l'avait aidée, elle se voyait mal en train de le prier d'ôter ses pattes de sa mains, d'autant qu'elle n'en avait pas spécialement envie. Elle ne lui faisait pas entièrement confiance mais elle avait surtout peur de ses réactions, même si chacune de ses paroles avait été entièrement vraie.
Respirant un grand coup elle s'exclama, chassant de sa voix toute trace de terreur, évitant de bafouiller alors que son coeur qui battait la chamade quelques minutes plus tôt entreprenait la lourde tâche qui était celle de se calmer :

-Et bien, merci monsieur, et excusez moi pour le manque de discernement dont j'ai fait preuve en ayant peur de vous.

Elle se baissa ensuite, offrant la vue de sa nuque en signe de demande de pardon, puis elle continua, grommelant contre elle même dans son coin, bien qu'elle fut sûre du fait qu'il puisse entendre la moindre de ses paroles :

-Ça serait bien d'arrêter les films d'horreur ma chère, tu vas finir par voir des fantômes partout.


Puis la main toujours tenue dans celle de l'homme loup, elle releva la tête pour y joindre sa deuxième main. Geste qu'elle regretta quelques secondes après quand une vision la figea toute entière.Si elle lui faisait plus confiance avant, elle fixait maintenant avec effrois les griffes qui commençaient à ressortir, certes elles n'étaient pas bien grande pour le moment, mais elles la terrifiaient quand même. Peut-être qu'en fin de compte il avait décidé de la manger quand même. La jeune fille garda les yeux grands ouverts, fixant sans ciller les choses pointues qui apparaissaient peu à peu.

Son pied et son genou pourrait faire l'affaire en cas de problème mais elle pensait plutôt à se les briser en donnant un coup de pied dans l'humanoïde plein de muscles qui se tenaient devant elle, histoire de mourir évanouie si c'était possible. Tout ce stratagème mûrit dans sa tête, elle ne voulait pas passer de vie à trépas ainsi mais elle était dans une situation qui ne présageait rien de bon si il décidait de la tuer. Elle finie par reconnaître à contre-coeur que le plan était pourri et elle préféra utiliser sa voix pour éviter tout malentendu :

-Vous savez, les machins que vous avez au bout des doigts, ils peuvent me faire mal ou pire en cas de problème... Ça vous dérangerait si je vous demandait de les rétracter, j'ai pas du tout envie de finir en petits morceaux...

Elle ponctua cette phrase d'un sourire gêné, son équilibre plus que précaire dans certains moments pouvait être gênant, et en écartant la thèse du loup qui voulait la manger, il restait la possibilité où elle s'empalerait toute seule sur les griffes à la suite d'une chute malheureuse.


(Tu m'excuseras pour les références stupides de Walt Disney, je n'avais que ça sous la main -_-)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le mardi 07 avril 2009, 19:40:13
Etait-ce son imagination et ses espoirs qui le trompaient ou bien pouvait-il véritablement discerner autre chose que de la défiance et de la peur dans son regard, quelque chose qui aurait pu s’apparenter à de la considération ? Il ne savait pas s’il devait faire taire ces suppositions, mais en attendant, il n’en fixait pas moins ardemment le visage angélique de la jeune fille que l’air souffrant encore de quelques résidus de peur qu’elle arborait rendait encore plus irrésistible, la légère transpiration qui naissait à la base de son front accentuant son grain de peau d’une harmonieuse clarté. Si ses grands yeux brillants étaient miroir de l’âme, ils faisaient aussi dans le cas présent office de miroirs tout court, et Khral devait avouer qu’il ressentait un pincement aigu au cœur à voir son propre reflet dans ces pupilles pâles : comparé à elle, quel contraste offrait cet homme-bête issu d’un presque-ratage scientifique ! Même Saïl, qui pourtant n’avait rien de follement attirant, aurait eu plus de chances avec elle… et pour commencer, il ne lui aurait pas donné la peur de sa vie dont son physique de brute épaisse avait été la cause récente.
Mince fil de contact humain qui la reliait à elle, sa blanche main était toujours emmitouflée dans l’abri velu qu’offrait sa patte considérablement large, et la toison réchauffait rapidement de sa tiédeur épaisse le membre refroidi par la fraîcheur de la nuit naissante.

Lorsqu’elle prit la parole, il ne put s’empêcher d’être un moment surpris, notamment par cette appellation de « monsieur » qui lui fit lever les sourcils en un mélange d’étonnement et d’amusement, ce titre lui rappelant bien des souvenirs : « Ursoë », comme le nommaient ses confrères du bâtiment de recherches dans lequel il avait officié, passait très peu de temps le nez hors de ses expériences, se levant dans le bourdonnement des appareils pharmaceutiques, et se couchant dans le chuintement qui annonçait leur extinction. Oui, il s’était véritablement coupé de la vie humaine en se donnant corps et âme à ses recherches pour la synthèse du Terranis, et cela pour quoi ? Pour être désormais coincé dans ce corps sauvage qui provoquait le rejet et l’effroi chez toute personne dotée de bon sens… et pourtant, sans cet accident qui lui avait donné une pareille forme, son destin n’aurait pas pris la route qui l’avait conduit à la situation qu’il vivait en ce moment même, se tenant aux côtés d’un tel canon de beauté.
Quelle ironie ! Mais cela ne l’empêchait pas de savourer avec un sentiment de reconnaissance qui le laissait sans voix les excuses de l’adolescente, qu’il savourait dans un sens littéralement physique tant les mots qu’elle avait prononcés avaient agi sur son cœur qui s’était mis à battre légèrement plus vite sous l’impulsion de l’émotion. A voir sa nuque pour ainsi dire offerte, couronnée de ses longs cheveux, il ressentit l’espace d’un instant l’impulsion de se pencher à son tour pour baiser cet espace de peau satinée, mais se retint sèchement, tenant ses instincts en laisse, Saïl intimant à Khral de respecter les règles de la plus élémentaire tenue devant une si jolie demoiselle.

(C’est une femelle, et tu es un mâle ! Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?) Lui faisaient remarquer ses instincts de loup dans leur simplicité toute animale.

Mais résolument, furieusement presque, il les refoulait, se refusant catégoriquement à se laisser aller à de pareils débordements : il aurait préféré se ronger le cœur plutôt que de céder aux pulsions les plus basses que lui dictait sa testostérone.
Les paroles murmurées de la dame juvénile le ramenèrent à la réalité tandis que ses longues oreilles s’orientaient en direction de leur provenance, se penchant pour mieux capter les phonèmes aux harmonieuses tonalités aiguës qui lui soutirèrent un sourire en coin. Toutefois, il prit soin de ne pas se laisser aller plus loin, ne se souvenant que trop bien quelle dégaine effrayante avaient de telles expressions faciales chez lui. Embarrassé, flatté, il fit un effort pour répondre, balbutiant quelques secondes avant de pouvoir sortir d’entre ses lèvres des paroles cohérentes :

« Ne vous inquiétez pas. Vous…vous n’avez pas à vous excuser. »

Comme pour l’encourager à se débarrasser de sa gêne, la pittoresque humaine se redressa alors et, geste qui lui fit retenir son souffle, adjoignit sa seconde main à celle qu’il tenait déjà dans la sienne, geste qui lui paraissait avoir quelque chose de magique… geste qui malheureusement s’interrompit avec un effarement de la part de la donzelle qui trouva son explication dans les coupables tranchants longs de plusieurs centimètres qu’étaient les redoutables griffes de l’homme-loup. Leur propriétaire était bien forcé de le reconnaître, la peur dont elle faisait montre était légitime, car il savait bien ce dont ces griffes étaient capables : en vérité, il était lui-même rempli d’un mélange de fierté, d’étonnement et d’effroi à la pensée de leurs capacités. La preuve en était de leur longueur, il n’en avait jamais cassé une en s’en servant, ce qui montrait leur solidité, et même la roche ne pouvait opposer une résistance valable face à leur inestimable tranchant. Il avait pensé à se les couper, mais avait préféré les conserver pour leur grande utilité dans le milieu hostilement sauvage au sein duquel il vivait d’ordinaire… mais désormais, leur sacrifice ne lui apparaissait pas du tout comme inenvisageable.
En effet, ces « machins » comme elle les appelait causaient chez la jeune femme une terreur proprement viscérale, terreur que Khral n’était pas sans comprendre, et il concevait parfaitement qu’elle eût voulu les voir disparaître. Hélas, cela lui était impossible ! La grande majorité des quadrupèdes, du chien à la panthère, n’avaient pas de griffes rétractiles –le chat et le lion étant des exemples de notables exceptions-, et le loup ne faisait pas exception, pas plus que cette espèce unique en son genre qu’était l’homme-loup !

Sous le coup de ce rappel soudain, il ramena à lui ses deux mains en une flexion automatique qu’il regretta bien vite amèrement, ce mouvement lui ayant retiré le contact si agréable des menottes humaines. Mais il était désormais trop tard pour faire marche arrière et, orientant ses paumes dans sa direction, il replia légèrement ses doigts devant lui pour exposer ces potentiels engins de destruction qui semblaient scintiller sous les derniers rayons de lumière solaire qui mettaient pleinement en relief les objets du délit tout en prenant ainsi garde de ne pas orienter ces pointes acérées dans la direction de l’être fragile qui lui faisait face.

« Je ne peux pas… j’ai essayé, mais je ne peux pas. Je ne suis pas un chat. » Murmura-t-il en guise d'excuse d’une voix rendue rauque par l’embarras, la tête légèrement baissée en signe de culpabilité.

Et c’était vrai : l’espoir était maigre, mais il avait tout de même fait des efforts pour vérifier s’il ne pouvait pas contrôler ses griffes, efforts qui s’étaient avérés des plus vains. Même lorsqu’il s’adonnait aux exercices de méditation les plus apaisants, se concentrant à ce point sur ses mains qu’elles lui paraissaient s’engourdir, il n’y avait pas eu le moindre résultat pour le récompenser de ses efforts : griffes il avait, griffes il devrait garder.
Cependant, il devait bien y avoir un moyen ; un expédient que les turbines cérébrales du bon docteur ne mirent pas longtemps à trouver et qui, bien que l’approche ne fût pas remarquable de subtilité, ferait très certainement l’affaire.

« Je ne peux pas les rétracter, mais les arracher ne me pose aucun problème. » Dit-il d’une voix plus posée tout en rapprochant ses mains de ses mâchoires pour accentuer la véracité de ses propos.

Oui, il était prêt à le faire. Certes, il souffrirait sur le coup de retirer ces longs appendices de sa chair, mais en bon habitant des Contrées du chaos, il avait connu bien pire, et de toute façon, les capacités de guérison rapide qu’il s’était découvert se chargeraient bien vite d’arranger ça. Quant à se priver de ces moyens de défense, ce n’était pas parce qu’il se départirait de ses griffes qu’il en serait moins apte à se protéger, sa force colossale étant bien suffisante pour ce faire : il se servirait de ses poings et ce serait tout ! D’ailleurs, ce ne serait peut-être pas plus mal étant donné que cela limiterait les risques de blessures létales en cas d’affrontement indésirable. Et puis de toute manière, il n’y avait pas de quoi minauder étant donné qu’elles reprendraient une taille raisonnable en quelques mois, voire quelques semaines à peine !
Tous ces arguments se valaient, mais au fond ils n’étaient là que pour appuyer le plus valable d’entre eux qui était que c’était là ce qui pourrait contenter la splendeur qu’il fixait des yeux en ce moment même.

(Bah, elle se valent tout autant que d’autres, et après tout, j’ai bien sorti Obélix pour ma part !
Au fait, si tu trouves qu’une réaction que je prêterais à Ellane ne convient pas, ou que la tournure des évènements que je décris pose problème, n’hésite pas à me le dire !)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le mardi 07 avril 2009, 20:58:43
Ellane tressaillit quand elle sentie qu'il retirait ses mains qui entraient en contact avec la jeune fille, délicieux contact d'ailleurs, chaleureux, emprunt d'un malaise dont elle ne discernait pas la provenance. Elle lui faisait peur ? La jeune femme contempla pendant quelques minutes son propre corps, certes son pantalon déchiré sur le mollet et son corsage pleins de poussière à l'arrière ne valaient plus rien mais jamais elle n'aurait dit qu'elle était horrible à regarder... Son manque de tact qui ressortait encore, à croire que la jeune fille ne vivait que de ça, de bourdes lancées de temps à autres qui faisaient mal sans le vouloir.

Elle regarda les grosses paluches poilues fermées, elle se doutait qu'à elle seule elle ne parviendrait jamais à les faire bouger d'un centimètre. Il était là le problème avec les humains, il étaient faibles, autant physiquement que moralement. Pour cette dernière partie elle en était la preuve. Elle aurait dû renoncer à son incroyable voisin bien avant de tomber dans les abysses qui bordaient le chemin de l'amour. Elle l'avait surnommé ainsi nombre de fois. Du moment où elle était tombée jusqu'à celui où elle avait recommencé à revoir le jour. Quand elle était rentrée dans cet endroit. Un bref instant d'espoir, un peu de lumière dans l'obscurité qui peuplait ses rêves. Elle apprenait à oublier.

Quand il se remit à parler, la sortant de ses rêveries, s'excusant pour ses griffes elle le laissa faire, plus étonnée qu'autre chose. Ce n'était pas sa faute, qu'avait-il à se reprocher là dessus. Il était tel qu'il était, elle commençait à bien l'aimer mine de rien, dans le genre monté comme un char d'assaut avec une âme d'ange. Il était dangereux, oui, très dangereux, mais aussi intelligent qu'un humain, pour ne pas dire plus que beaucoup d'entre eux, et il n'attaquerait sûrement personne. La jeune femme répondit à sa remarque avec un sourire étincelant, sincère, le ton qu'elle prenait était taquin :

-Franchement tu serais bien moins impressionnant si tu miaulais... Et je te vois mieux comme tu es avec pleins de muscles que comme un chaton tout maigrichon.

Elle était détendue, étrangement bien dans cette situation alors que quelques minutes plus tôt elle tremblait de peur. Un revirement dans sa situation à toutes épreuves. Une chose que même en étant de bonne humeur elle n'avait jamais fais toute seule. L'air de la forêt y jouait un rôle important, rassurant, protecteur. Mais elle aimait bien la compagnie de cet homme tellement bizarre, prêt à tout pour la satisfaire, une réaction qu'elle ne comprenait pas toujours mais bon, certaines personnes étaient faites ainsi.

La phrase qu'il prononça ensuite fit frémir la jeune femme, il n'allait quand même pas s'arracher les ongles parce qu'elle l'avait demandé. Ignorant tout de même son corps qui s'était une nouvelle fois figé, il avança ses doigts jusqu'à sa bouche. La jeune fille resta indécise, il voulait la mettre à l'épreuve ou il faisait vraiment le con ? Cette dernière possibilité étant plus vraisemblable la jeune femme chercha à s'accrocher au bras. Il était soit taré soit complètement fou, en tout cas il fallait qu'elle le résonne si il voulait rester dans son estime.
Priver un loup de ses griffes c'était le priver d'une chose qui faisait tout son charme. Et la jeune femme par pur égoïsme lui avait demandé de les rétracter. Elle se sentie honteuse et son premier reflex fut celui d'arrêter de chercher son poignet pour le prendre dans ses bras, rejoignant ses mains du bout des doigts derrière le loup, enroulée autour de son torse. Si ça ne suffisait pas à l'arrêter elle était mal partie, il était bien plus grand qu'elle, deux bonne quinzaines de centimètres, et elle avait tout juste réussit à atteindre son cou tout à l'heure:

-T'es complètement barjo, Ne fais pas ça c'est complètement idiot et ça ne sert à rien !

Elle se pressa   contre lui, cherchant par tous les moyens à arrêter l'action stupide qu'il entreprenait.
Sa respiration s'accéléra et elle tourna sa tête sur le côté pour éviter d'étouffer dans les poils qui recouvraient le torse de l'homme. Sous ses doigts elle sentait les muscles qui se dessinaient. Sans un poil de graisse l'homme loup était encore mieux bâti qu'elle ne l'aurait imaginé, même après s'être tenue à un ou deux mètres de lui. Elle aimait bien le contact mais elle redoutait la réaction de la personne qu'elle serrait dans ses bras. Dans le mouvement elle se sentie frêle mais elle ne recula pas, deux comme elle auraient put tenir sans problème derrière la stature de l'homme et elle se sentait de plus en plus petite en comparaison. Tout de fois elle s'était montrée égocentrique, si il la tuait elle méritait cette punition, oui elle grossissait le truc mais une personne qui la touchait sans permission pouvait en voir de toutes les couleurs, la teinture finale étant le noir du coma.

Au bout d'un moment ainsi la jeune fille souffla l'une de ses mèches brunes qui lui barrait le visage, il ne connaissait rien d'elle, elle savait qu'il était loup, ou du moins en partie, il lui serait sans doute agréable de mettre un nom sur le visage du lutin qui le serrait dans ses bras, aussi elle murmura une phrase qu'elle avait dit nombre de fois, ne troublant pas la quiétude du moment par un ton plus enjoué:

-Je m'appelle Ellane... Et toi ?

La jeune fille garda cette position, elle ne savait pas si il avait accomplie son geste, mais si tel était le cas elle méritait un bonne paire de baffes. Elle était peut-être humaine, d'une humeur changeante et lunatique, un brin gamine quand elle était seule ou presque. Enjouée ou paresseuse. Elle était elle, et elle avait un tact tellement inexistant qu'elle aurait put se taper la tête contre les murs.

(Non, tout va bien, et ce qui fait le charme des RP's c'est la tournure que prennent les évènements non ? =), en tout cas c'est ce que je préfère dans les jeux de rôles... ^^)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le mardi 07 avril 2009, 23:18:08
La réplique d’une taquinerie aiguisée frappa le colosse animal comme à retardement, la caboche de celui-ci ne prenant la peine de dénoter la plaisanterie que plusieurs secondes après qu’elle eût été mentionnée par sa délicieuse compagnie, mais pour autant, sa réaction n’en fut pas moins forte : s’il s’était agi de Saïl, ce scientifique d’une malhabileté sociale à faire peur, la timidité du pauvre l’aurait poussé à vouloir se terrer sans tarder dans un trou de souris, à bafouiller bien vite une excuse quelconque pour s’éloigner en rougissant jusqu’à la racine des cheveux d’avoir été l’objet d’une telle attention de la part d’une si jolie fille, et il fallait avouer que ce n’était pas le passage d’humain à homme-loup qui avait pu lui conférer beaucoup plus d’assurance, les évènements présents le prouvant lorsqu’au lieu de fournir une réponse digne de ce nom il émit une espèce d’inaudible grognement confus, sa voix étouffée par son caractère timoré viscéral.
Ainsi, s’il se sentait déjà mal à l’aise, un lecteur doué d’empathie pourra aisément concevoir à quel point l’étreinte soudaine de la Belle qui s’était jetée tête la première dans le poitrail de la Bête le mit dans tous ses états ! Il était plutôt doué pour lire le langage corporel et déchiffrer les réactions d’un être vivant, mais aucune formation scientifique n’aurait pu le préparer à se faire enlacer à brûle-pourpoint par une fille qu’il ne connaissait en réalité qu’à peine, et encore moins sous la forme d’un gargantuesque loup-garou ! Le bougre en avait pris des coups et subi des épreuves depuis un peu plus d’un an, mais la Créature la plus violente n’aurait pas pu lui porter atteinte aussi sûrement que le faisait cette chétive humaine en le gratifiant d’un contact aussi étroit. Pour preuve des dommages qu’il subissait, son cœur s’affola à un tel point que le sang lui monta à la tête, lui faisant perdre quelques secondes ses moyens alors qu’un très long frisson lui agitait le corps et que sa queue se dressait comme un piquet, mise en état d’alerte par un pareil dérèglement de ses sens. Si Khral avait eu un peu plus l’expérience des relations humaines, il aurait pu conclure de tout ce tourment intérieur qu’il avait le béguin pour cette jeune fille, mais l’auteur prendra la peine de rappeler que notre héros était tout de même sacrément empoté dans ce domaine, ce qui expliquera pourquoi il resta aussi tétanisé que s’il avait été victime d’un électrochoc aussi subit que puissant, les bras ballants, toute l’histoire des griffes ayant été pour ainsi dire oubliée devant ce soudain retournement de situation qui le faisait tomber des nues.

Désemparé, il s’efforçait de retrouver l’usage de la parole, mais les mots ainsi que les pensées se bousculaient dans sa gorge et dans sa tête, toute tentative d’expression cohérente résultant en un brouillamini aussi confus qu’incompréhensible que le linguiste le plus émérite n’aurait su démêler, et dont les causes étaient pourtant claires comme de l’eau de roche : le petit cœur de ce grand dadais était tout tourneboulé !
Cependant, si Saïl n’avait aucune piste sue ce qu’il devait faire, Khral avait bien une idée derrière la tête… ou plutôt des idées qui auraient fait rougir plus d’une personne par leur caractère franchement cru. Heureusement, avant que le loup ne s’y laisse aller, l’humain reprit précipitamment les rênes du contrôle de ses actes ; il avait déjà commencé à abaisser ses bras pour tâter de cette peau qui lui faisait tant envie, mais au lieu de laisser ces mêmes griffes qui s’étaient vues plus tôt menacées se venger sur la vêture de la princesse, il écarta les mains afin qu’elles ne se plantassent pas dans ses chairs fragiles, et les apposa avec une douceur impressionnante pour un costaud comme lui sur le dos délicat de l’adolescente. N’en restant pas là, il ne put davantage résister à l’envie qui s’était emparée de lui dès le premier coup d’œil qu’il avait jeté sur elle, et l’attira tendrement contre lui, ayant toutefois la présence d’esprit de ne pas appuyer sa douce trop brusquement de manière à ce que son enlacement ne se change pas en séance de torture pour elle.

Les idées toujours en un désordre qui ne permettait pas beaucoup de cohérence, il demeura dans cette posture, saisi d’une béatitude un peu sotte digne d’un amoureux transi, laissant les secondes s’égrener dans une indifférence que seul pouvait lui apporter le bonheur dans lequel il flottait en ce moment même, alors que rien ne semblait importer à part ce petit bout de chair animé d’une âme si bien trempée qu’il n’aurait jamais pu lever la main sur une si ravissante personne : ses mains pouvaient broyer le roc, mais il se serait tué plutôt que de lui faire du mal ; ses muscles et sa silhouette dynamiques lui permettaient de parcourir des kilomètres en un temps record sans se fatiguer, mais il avait l’impression qu’il n’aurait jamais pu parcourir des espaces assez vastes pour elle ; sa robustesse et sa résilience le rendaient capable de soutenir les assauts les plus destructeurs, mais une simple gifle d’elle aurait réduit sa résistance à néant.
Il n’avait probablement jamais autant été privé de sa maîtrise de soi qu’alors qu’il s’enivrait de la présence de l’objet de son étreinte, et pourtant cela lui apportait un bonheur qu’il n’aurait pas cru possible. De plus, grande première dans l’esprit d’ordinaire si méticuleusement et savamment organisé de ce savant jusqu’à la mœlle, il ne prenait même pas la peine d’analyser les différents processus chimiques qui tourneboulaient son organisme, alors qu’il y avait tant à dire sur la sécrétion d’endorphines ou l’accélération du rythme cardiaque ! Hé non, il passait outre toutes ces manifestations, se contentant de savourer avec avidité le contact si agréable qu’il vivait, et il avait bien raison de ne pas se soucier de détails aussi futiles que ces données scientifiques comme il avait trop souvent commis l’erreur de le faire dans sa vie. Le seul élément qu’il enregistra fut qu’il commençait à faire de plus en plus froid, mais cela, il s’en rendait à peine compte, protégé par son épaisse fourrure qu’il était, et cela devait être également le cas de l’oiseau de paradis niché contre lui.

La voix de la dame de ses pensées le fit émerger en douceur de sa rêverie, quelque peu confus de la posture dans laquelle il se surprenait lui-même, mais non moins envahi d’une douce quiétude. Sans avoir le cœur de se détacher de celle dont il venait d’apprendre le nom, il se pencha en avant pour porter sa bouche au niveau de son oreille, et chuchoter :

« Je me nomme Khral… »


Arrivé là, il laissa sa phrase en suspens, indécis quant à savoir s’il devait aller plus loin dans la confiance qu’il pouvait lui accorder… non, en fait ce n’était même pas une question de confiance, mais de prudence : il ne doutait pas que cet être féerique fût tout sauf animé d’intentions malveillantes à son égard, et c’était justement pour cette raison qu’il hésitait à lui transmettre sa véritable identité. S’il se trouvait bien sur Terre comme il le subodorait, il existait sûrement encore des personnes qui le connaissaient, et si jamais Ellane laissait transpirer son nom, Dieu savait quels ennuis elle pourrait s’attirer !
Et puis zut, pourquoi se faisait-il autant de souci ? Après tout, elle ne paraissait pas du genre à se glorifier d’avoir rencontré une espèce de loup-garou, et il ne voyait par conséquent pas par quel biais elle aurait pu évoquer avoir rencontré Saïl Ursoë, et encore moins comment le lien pourrait être fait entre cet homme-loup sauvage surgi de nulle part et ce scientifique de génie disparu dans des circonstances mystérieuses il y avait quatorze mois de cela !

« …mais mon véritable prénom est Saïl. »


Après tout ce temps, prononcer son propre nom lui faisait un effet étrange. Etrange, mais pas désagréable, comme s’il avait ouvert une fenêtre dans une chambre longtemps laissée sans air et sans lumière qui commençait à s’emplir de senteurs de renfermé, ravivant ainsi la mémoire de ce locus longtemps laissé de côté.
Laissant sonner ce nom dans le presque-silence désormais nocturne, il se fit la réflexion qu’il aurait été de bon ton qu’il poursuivît à son tour la conversation, mais « Chassez le naturel, il revient au galop » : toujours aussi socialement peu doué, il ne voyait pas du tout que dire ! Il y avait bien des tonnes d’informations concernant l’endroit où ils se trouvaient qu’il aurait voulu obtenir, mais même lui était bien conscient qu’embrayer sur un sujet aussi peu…  romantique aurait été très inconvenant. Cela mis à part, la seule chose qui lui trottait en tête (l’auteur a la décence d’excepter les incitations des pulsions animales du débat) était une question qu’il finit par poser, par une sorte de politesse maladroite autant que par curiosité :

« Pourquoi tu as fait ça ? Je veux dire, je ne suis pas… enfin je suis… monstrueux ! »

Le mot avait été lâché dans un soupir qui révélait combien ce qualificatif lui avait pesé sur les épaules au fil du temps, combien de fois il avait été traité de tous les noms pour son apparence peu commune, le terme de monstre se faisant le plus récurrent. A le prononcer, ses épaules avaient été agitées d’un léger tressaillement nerveux, mais il n’en maintenant pas moins la même pression tendrement légère que précédemment sur sa partenaire, tout en se tenant prêt à l’amoindrir si jamais elle voulait se dégager de manière à ne la forcer d’aucune façon.
Il n’avait aucune idée de ce que serait la réponse, et l’attendait donc avec une curiosité mêlée d’une certaine appréhension à l’idée de la réaction que l’évocation de ce point sensible pourrait susciter chez la charmante donzelle. Sans s'en rendre vraiment compte, il était passé au tutoiement, mais même lorsqu'il le réalisa, il ne s'en formalisa pas : entre deux personnes qui se montraient de l'affection, pourquoi conserver un tel recul poli par l'usage d'une marque de politesse en leur cas si superflue ?

(Certainement, mais on ne sait jamais : il peut arriver que le(s) partenaire(s) de rp empiète(nt) un peu trop sur tes plates-bandes et ne te laisse(nt) que trop peu le choix, moment auquel il convient de mettre le holà ! Je préfère donc assurer les arrières pour éviter d’en arriver là par inadvertance.)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le mercredi 08 avril 2009, 11:52:25
Ellane entendit un mélange de mots sans queue ni tête qui aurait put la faire rire si elle n'avait pas été aussi tétanisée par le froid qui enveloppait son corps en dehors des poils chauds du  torse de l'homme loup. Sa phrase, si s'en était une, aurait put être dit dans une autre langue qu'elle n'aurait pas put faire la différence. Sa situation ne lui permettait pas de se moquer du tas de muscles qu'elle avait devant elle donc elle garda sa langue dans sa poche. Elle avait déjà prouvé qu'elle n'était pas très douée pour parler aux personnes qui avaient du mal à accepter leurs propres morphologies.
La peau et le poil de l'homme-loup se figea sous son étreinte, et pendant un moment elle fut blessée par ce soudain revirement de situation. Elle ne s'était que trop souvent fait rejetéer par un être humain, les pauvres garçons qui en avaient les auteurs avaient payé les pots cassés Une vengeance à la hauteur de l'esprit de la jeune femme dans de telles situations.
Pendant un moment elle hésita à s'écarter, pour voir l'expression de dégoût qui s'accrocheraøit sûrement aux lèvres de l'homme-loup, mais elle n'en eut le courage, au contraire elle enfonça encore plus son visage dans les poils de la bête, la tête tournée sur le côté, l'oreille à l'écoute d'un drôle de bruit qui la fit changer d'avis.
Une battement de coeur, puis un second et le troisième, irréguliers. Le muscle cardiaque de l'homme loup battait vite, trop peut-être, mais elle ignorait tout de cette « espèce », elle n'était ni médecin ni scientifique.
Elle sentie alors les deux grosses mains du loup qui se posaient derrières elle, sur ses omoplates, coupant ainsi le sentiment de froid qui s'emparait de tout son être, et qui était dû à la fraîcheur de la nuit qui s'annonçait. Alors que quelques minutes plus tôt elle était encore tétanisée par l'apparition de ce « monstre » qui n'en était pas un, elle se tenait maintenant dans les bras de celui-ci en ayant aucun gêne, aucune remarque, aucune envie de les quitter pour le moment même si il le faudrait bien un jour.
Elle sentie qu'il la pressait sur elle, tout doucement, comme l'aurait fait quelqu'un qui lui était cher, et elle apprécia cette première initiative, sans aucun doute l'une des seules qu'il avait osé effectuer aujourd'hui. Quand elle releva enfin le menton pour le regarder dans les yeux elle remarquait qu'il la fixait sans rien dire, les yeux perdus dans les vagues, ne semblant la voir qu'à moitié. La jeune femme baissa ensuite la tête pour regarder la taille de ses pieds qui auraient sans problèmes pus appartenir à ceux d'une grande poupée, cela dit en comparaison avec la taille du géant qu'elle avait sous les yeux.

Elle sentie qu'il s'approchait d'elle pour lui souffler quelque chose à l'oreille, un nom, de ceux qu'elle n'avait jamais entendu parler, mais elle le garderait en elle, précieusement, juste pour se souvenir de cette journée, de toute manière c'était la première information qu'il lui cédait aujourd'hui.
Il resta ainsi, perché au dessus de son épaule pendant un moment, comme si il prenait une décision très importante, elle n'en devinait pas la raison mais quiconque le verrait savait que sur cette terre il n'était pas bon de rester à découvert quand on avait la même apparence que lui. Peu de gens accepteraient qu'il vienne habiter près de chez eux. C'était dans la nature humaine, les humains détestaient ce qui était bien plus fort et intelligent qu'eux.
Quand enfin il délivra la suite de son message dans le creux de son oreille elle médita la réponse dans sa tête, il se prénommait Saïl, un nom qui lui était totalement inconnu. Mais agréable à entendre, elle se laissa bercer par le battement de son coeur avant d'être éveillée par sa voix qui lui demandait, inquiétée, comment elle pouvait supporter de le garder dans ses bras. La réponse ne se fit pas attendre et la jeune fille s'écarta légèrement, d'un pas, inquiète, il n'y avait plus rien qui le reliait physiquement à lui en cet instant. Et elle lui demanda d'une voix hésitante pendant quelques secondes et qui reprenaient un ton normal au fur et à mesure que la carapace qu'elle avait abandonné reprenait sa place dans son esprit :

-Je ne sais pas, peut-être que je t'aime bien, qui sait ? Quant à être monstrueux... Il faudrait que tu lises « le petit prince » de Saint-Exupéry, je crois qui il y a une phrase qui dit un truc comme «  On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. ». Je te laisse y réfléchir...

Elle s'éloigna de quelques pas, attrapa son poignard qu'elle glissa dans un fourreau spécial accroché à son mollet par des lanières en cuir souple. Elle revint vers son ami ensuite, lui déclarant d'une voix tout à fait sincère :

-Tu peux m'appeler Elly, ou encore Ella. Profites-en ce n'est pas donné à tout le monde de me prénommer ainsi.

Un sourire sincère se dessina sur son visage, puis elle nettoya la terre qui tâchait ses vêtements, enlevant les dernières traces de sa chute, elle aimait bien le loup-garou, sa carrure étant en parfait contraire avec ses sentiments, il était gentil, calme, attentif alors que son physique ne faisait pas du tout penser à ça au premier regard.
Décidément ses connaissances littéraires pourraient l'aider un petit peu pour détendre ce grand homme qui ne savait pas quoi faire en sa présence et elle se félicita un court moment pour cette lecture. Elle le fixa ensuite dans les yeux, le questionnant d'une voix amusée, joyeuse :

-Tu viens avec moi ? J'ai besoin de bouger un petit peu.

Elle le prit par la main, avec encore plus de douceur que si il avait été un enfant en bas âge, elle ne pouvait pas  rester trop longtemps à un même endroit, son caractère était fait ainsi, et la jeune femme se retourna pour le fixer dans les yeux et le tirer un peu plus fort. Il lui tardait de découvrir tous les recoins de l'étendue d'arbres.

*Surtout en une compagnie aussi sympathique*

(Non je te rassure ça n'arrive pas xD)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le mercredi 08 avril 2009, 14:34:02
Lorsqu’elle s’écarta de lui, son bonheur qui le faisait jusqu’ici planer dans un ciel sans nuages se ternit brusquement et s’achemina quelque peu abruptement vers des horizons plus terrestres mais non moins précaires. Certes, il n’était pas tombé d’aussi haut que ce qu’un brusque rejet de la part d’Ellane aurait pu provoquer, mais il se sentait tout de même déstabilisé par cette soudaine prise de recul et attendit sans trop oser espérer de ce qu’elle allait dire, comme un voyageur en une forêt obscure guidé par un feu follet aux intentions indiscernables : la créature fantastique allait-elle s’éloigner et le laisser dans les ténèbres de la végétation ambiante ou s’approcher de lui pour le gratifier de sa lumière si chaleureuse et lui montrer la voie ?
Tout yeux (tant il était vrai que le physique de cette jeune fille donnait aux organes visuels de quoi se ravir) tout oreilles, l’homme-loup en ce moment recalé à la position d’une espèce d’étudiant qui aurait encore du mal à comprendre la vie prêta à son professeur une attention digne d’un spectateur en amphithéâtre, inscrivant les paroles qu’elle prononça dans les registres interminables et interminés de l’impressionnante mémoire eidétique dont la nature autant que les efforts personnels l’avaient gratifié. Les premiers mots si affectueux le déstabilisèrent une fois de plus et auraient donné à son teint la rougeur d’une tomate bien mûre si sa peau n’avait pas été à ce point couverte de fourrure, mais il se rattrapa bien vite aux fondements solides de ses capacités de raisonnement pour méditer sur la leçon plus professionnelle qui l’attendait ensuite, et de laquelle il était familier. En effet, difficile de ne pas connaître une œuvre aussi magistrale que ce roman de Saint-Exupéry si l’on était un minimum cultivé, et bien que Saïl dût avouer ne pas avoir personnellement lu cet ouvrage, les souvenirs de références qui y avaient été faites dans tel cours de philosophie étaient encore assez distincts pour qu’il s’en souvînt. D’ailleurs, il estimait ne pas avoir eu besoin de se référer à ce livre pour toucher du doigt le sens de la phrase que sa charmante interlocutrice mentionnait : ne fut-ce que du point de vue scientifique, elle et lui étaient au fond constitués des mêmes éléments organiques, à quelques différences près qui ne devaient pas être si significatives ; à tel point qu’il estimait par exemple qu’ils auraient pu être des partenaires viable pour une reproduction…

A cette pensée incongrue mais qui révélait pourtant le cœur de certaines de ses envies qui n’étaient pour le moins pas parmi les plus chastes, il manqua de s’étouffer intérieurement et, voyant que la demoiselle semblait désormais encline à s’adonner à d’autres occupations, il en profita pour suivre le mouvement en se relevant à son tour et pour s’étirer d’un air qui se voulait détaché afin de masquer son agitation intérieure. Pour se donner une contenance, il essayait de s’intéresser à ce qui l’entourait, à cette végétation environnante riche d’une vie fourmillante, d’un écosystème si passionnant à étudier… mais le fait était que Saïl était à ce point versé dans de pareils savoirs que rien qui ne sortît véritablement de l’ordinaire ne pouvait l’étonner, et si les sciences naturelles avaient eu leur heure de gloire dans les préoccupations du jeune savant et leur part de fascination, cette fascination s’exerçait désormais sur cette représentante purement inédite d’une espèce jusqu’ici inconnue qu’était Ellane, ou plutôt « Elly » comme elle l’invitait à l’appeler. Etant donné que lui-même lui avait délivré l’essence véritable de son propre nom, on aurait pu estimer qu’il s’agissait d’un prêté pour un rendu, mais il ne voyait pas les choses de cette manière : le corps humain et ses réactions n’avaient plus de secret pour lui, et ses sens aiguisés ne détectaient ni hésitation dans la voix ni tremblement dans le sourire de la jeune fille, ce qui lui assurait sans aucun doute que ce qu’elle lui disait n’étaient pas des paroles en l’air. Ainsi, il considérait véritablement cette présentation sous un jour nouveau comme un don, un véritable cadeau de la part d’une princesse au sauvage qu’il était, comme une main royalement tendue pour lui donner la permission de la baiser avec tout le respect qui se devait d’être dû à une si insigne personne.

Et cette personne… il avait beau l’envisager sous tous les angles, toutes les approches possibles, il n’arrivait pas à lui trouver de réel défaut : esthétiquement, elle aurait mis en émoi n’importe quel artiste à la simple idée d’avoir l’opportunité de représenter cet être qui semblait concentrer dans son enveloppe charnelle d’innombrables canons de beauté ; moralement, elle ne faisait preuve ni de fourberie ni d’insolence ni d’impolitesse ni de condescendance, attitude inespérée pour quelqu’un à l’aspect aussi rustaud que Khral ; physiquement, elle avait un profil souple et athlétique dont la musculature ne pouvait certes pas tenir la comparaison avec lui, mais tout le monde ne pouvait pas être tête brûlée au point de s’injecter du Terranis…
Il n’y avait qu’intellectuellement que le docte personnage aurait pu trouver à redire, celui-ci se doutant qu’au niveau des connaissances, elle aurait un long chemin à faire si elle voulait parvenir à son niveau à lui. Or, même ce trait, il ne pouvait véritablement le juger comme étant un défaut car, loin de la faire paraître sotte, cela la départait sans l’ombre d’un doute de la morgue que possédaient trop de savants fats de leur savoir et de leurs capacités. Elle, au contraire, sembler embrasser ce qui l’entourait avec une simplicité et une charité admirable, comme si elle avait su à quel point elle illuminait ce qui l’entourait.

Encore une fois, Saïl était parti dans sa bulle qu’Ellane fit éclater de ses doigts fins lorsque ceux-ci se saisirent de la large patte griffue de l’homme-loup. Sans même faire d’effort, il aurait pu s’opposer à pareille suggestion, mais à chaque fois qu’elle le touchait, tout refus qu’il aurait pu opposer s’évanouissait, comme si son contact avait eu quelque chose d’émollient qui aurait pu nullifier même la résistance des pics d’un hérisson roulé en boule.
Pour autant, son caractère ne fut pas d’accord pour se plier à pareille exigence : le bougre avait une fierté qui dépassait parfois même sa timidité, et il supportait mal de se laisser guider comme un incompétent. Lorsqu’on prétendait pouvoir lui en remontrer dans un domaine où il avait la main haute, il s’empressait de démontrer qu’il ne l’entendait pas de cette oreille… et il se trouvait que la forêt était devenu au fil des mois l’un de ses environnements de prédilection !

D’un mouvement aussi vif et adroit que celui d’un chat qui attrape une pelote de laine, il tira d’un coup sec mais bien calculé sur les mains de sa compagne toujours accrochées à la sienne, la ramenant ainsi sans effort contre lui, position dans laquelle il la recouvrit de son bras gauche comme d’un harnais protecteur, prenant bien soin de s’assurer de la maintenir avec douceur mais fermeté au niveau de la cage thoracique tout en laissant son fessier prendre appui sur le massif bassin de son porteur avant de prévenir :

« Attention ! »

Injonction qui était davantage pour la forme qu’autre chose, car sans tarder, le loup-garou décolla d’une impulsion bien calculée de ses jambes puissantes, effectuant un bond qui les propulsa tous les deux à l’étage supérieur de la foule arboricole locale. Là, ses deux pattes postérieures griffues prirent un appui solide sur une branche suffisamment épaisse et robuste pour supporter les quasi deux quintaux que lui et sa passagère devaient lui imposer, se campant dans une position suffisamment stable et équilibrée pour marquer un temps d’arrêt.
En relevant un peu la tête, on pouvait distinguer un coin du ciel au sein duquel les étoiles commençaient à se profiler, la nuit se muant pour eux en une sorte de couverture protectrice. En bon loup, le tempérament de Khral était affecté par la présence de la planète nocturne, ses rayonnements lunaires galvanisant ses forces et dynamisant son humeur : sous cette influence astrale positive, et en compagnie d’Ellane, il se sentait prêt à soulever des montagnes, et c’est avec un regard brillant d’assurance qu’il se tourna vers elle, se retenant toutefois toujours de sourire :

« Alors, où est-ce que tu veux aller ? Tu n’as qu’à dire et je t’y emmènerai. » Proposa-t-il sans aucune hésitation, sa voix rayonnant de toutes les possibilités que son physique hors normes offrait.

On aurait pu s’étonner de le voir aussi entreprenant, mais aussi timoré qu’il fût, il savait ce dont il était capable, et se fiait ainsi à tout le panel d’actions possibles que son corps de Terranide poussé à l’extrême lui offrait pour éviter et écarter tout danger qui pourrait éventuellement survenir.

(Bon, hé bien tant mieux dans ce cas !)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le jeudi 09 avril 2009, 10:01:29
Ellane sentie qu'il tirait sur ses mains pour la faire revenir en arrière. Un geste calculé, elle n'eut pas mal mais pendant un temps elle crut à la présence d'un problème dans l'enchevêtrement d'herbes qui recouvraient le sol. Un piège ? Un trou ? Une chose que ses pauvres  sens d'humaines ne pouvaient comprendre peut-être ? Toujours fut-il qu'elle se retrouva rapidement contre Saïl, celui-ci maintenait la pression sur son corps pour la soulever en l'air, passant sa main sous sa poitrine pour la prendre dans ses bras. Les yeux de la jeune femme qui fixaient le sol de terre se fermèrent presque automatiquement quand elle sentie la poussée exercée par l'homme loup sur l'herbe pour sauter sur une branche plutôt haute. Un court voyage, rapide, elle n'avait pas le vertige pourtant la brusque intervention du loup l'avait prise au dépourvue. Un saut spectaculaire quand elle osa redescendre sur la branche qui soutenait leurs poids à tous les deux. Un arbre magnifique d'après ce qu'elle pouvait en voir, deux à trois bons mètres les séparaient tout de même de la cime de l'arbre majestueux. Elle se laissa tomber sur la branche, à califourchon pour passer ses doigts dans les rainures du bois. L'écorce était épaisse, rugueuse au toucher mais la jeune femme la contemplait émerveillée, cet arbre en supposant qu'il soit toujours en vie, avait  dut vivre nombre de choses, et assister à la vie quotidienne des homme dans toute leur splendeur, ou au contraire dans toute l'horreur qu'un être vivant pouvait faire.

La jeune fille exerça une légère poussée sur le bois pour se relever, admirant le ciel, d'un noir d'encre maintenant, où la lune brillait de milles feux, aussi belle qu'un petit soleil et tellement plus agréable sur la peau. Ellane en avait conscience, elle n'aimait pas trop l'immense étoile or, mais plutôt la couleur argent de la lune qui s'accordait parfaitement à celle de ses vêtements. L'homme-loup restait dans son coin, la regardant faire, elle et l'astre. Il s'exprima d'une voix tout à fait normale, dépourvue d'agressivité et en y repensant la jeune femme remarqua qu'il n'avait jamais voulut la menacer, que se soit dans ses paroles ou dans ses gestes. Ellane s'arrêta dans sa contemplation pour  l'écouter, puisant dans son être un lieu qu'elle avait remarqué qui serait plus beau que celui là. Sa pauvre mémoire d'humaine ne comprenait pas toutes les choses qu'une vie avait put stocker, et elle était nouvelle, cette sortie était la première de sa nouvelle vie. Rien d'exceptionnel en ce qui concernait le lieu mais elle se commençait maintenant en beauté. 

Sans regarder en bas elle revint au point de départ, choisissant des endroits sur le bois qui retiendrait une éventuelle chute, en cas de problème surtout. Elle n'avait pas un sens de l'équilibre intéressant, tantôt elle marchait sur des barres souples sans tomber, et quelques minutes après elle tombait sur le sol dur et froid d'un endroit parfaitement plat et dépourvue de toutes bosses ou crevasses qui la ferait éventuellement chuter avec un peu plus d'intelligence.
La respiration de la jeune fille s'accéléra quand elle s'approcha de Saïl, si menue et si gamine par moment. Elle lui demanda taquine :

-Il t'arrive de sourire ? Je te dis ça parce que l'on ne vit qu'une fois... Et ça me ferait vraiment plaisir si tu souriais, j'aurais l'impression de ne pas être toute seule à profiter de cette soirée...

Elle laissa de côté sa question pour le moment, se penchant au dessus du vide, fixant de ses yeux bleus le sol qui était bien trop loin à son goût. Rien de bien méchant dans sa phrase, et elle se retourna bien vite pour regarder le loup et lui adresser un regard amusée suivit d'un sourire. Elle rigolait de tout, de la vie comme de la mort, elle avait vécu nombre de choses heureuses dans sa vie, mais rarement d'aussi intéressantes.
Sa main agrippa la fleur qu'elle tenait toujours dans ses cheveux puis elle s'avança vers le loup, le lui posant dans les mains, s'attardant à côté de lui en se posant sur le tronc de l'arbre, se grandissant imperceptiblement d'une petite demi-douzaine de centimètres en se mettant sur la pointe des pieds :

-Je sais, ce n'est qu'une fleur mais j'espère que notre amitié ne sera pas éphémère comme elle.

Une comparaison bien étrange, mais elle signifiait ainsi qu'elle commençait à l'apprécier. Et la fleur ne tarderait pas à se faner, telle était la loi de la nature, mais la jeune femme espérait qu'au contraire ils pourraient se revoir un jour, dans d'aussi bons termes, de toute manière la soirée n'était pas terminée et elle comptait bien lui faire promettre de revenir, ou inversement, elle viendrait le voir un jour.
À cette pensée elle parvient à chercher une réponse à la question qu'il lui avait posé, rien de bien sorcier en somme :

-Où tu veux, tant que tu ne me ramènes pas chez moi pour le moment.

La main de la jeune fille alla se poser dans celle de la montagne de mur alors qu'elle laissait tomber sa tête sur le côté, fermant les yeux. Elle se sentait bien dans les poils chauds de l'homme loup, il lui procurait une sensation de bien-être qui se diffusait dans tout son corps, chassant les dernières traces de fatigue.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le jeudi 09 avril 2009, 12:31:47
Une fois de plus, elle se détacha de lui, mais la séparation fut quelque chose d’encore moins déchirant que la dernière fois, et bien qu’il éprouvât encore l’envie de la serrer contre lui, il se doutait bien qu’elle préférait une position où elle pourrait davantage revendiquer une sorte d’indépendance innocente et farouche qui accompagnait tous ses gestes plutôt que de rester dans les bras du géant qu’il était comme une vulgaire poupée de chiffon, même si, de l’avis de Khral, cette magnifique jeune fille n’avait en commun avec ces tristes simulacres d’êtres vivants que leur poids plume tant elle était légère à soulever. D’ailleurs, qu’elle fût près ou loin, il ne l’en admirait pas moins : dans le cas présent, en croupe sur une des branches de l’arbre sur lequel ils avaient bondi, aussi altière qu’une cavalière sur un ancestral et placide destrier, elle donnait toujours autant cette impression de princesse, de fée… ou plutôt de dryade tant elle semblait en symbiose avec ce majestueux végétal qu’elle honorait du toucher de ses doigts fuselés. Saïl aurait presque été jaloux s’il n’avait pas à ce point approuvé le geste de sa protégée ; ayant été lui-même en contact étroit et prolongé avec la nature brute et sauvage des Contrées du chaos, il savait à quel point la flore aussi bien que la faune pouvait pulser d’une vie sourde, antique et puissante, et était familier de la sensation d’étrange familiarité que l’on peut ressentir par un simple contact physique avec un vieux domiciliaire de la forêt comme celui sur lequel ils étaient perchés. Il ne pouvait être réellement sûr qu’Ellane éprouvait cette proximité avec la même intensité que lui conféraient ses sens surdéveloppés et sa nature animale, mais si ce n’était pas le cas, il avait tout du moins la certitude qu’elle savait embrasser en une grandiose simplicité le cœur de ces bois par le simple biais de son toucher.

Pour sa part,  l’attention de l’homme-loup était partagée entre la contemplation du ciel nocturne au-dessus de lui et celle de la nymphe vespérale  à ses côtés, jambes légèrement arquées, les coudes ramenés sur ses genoux, ramassé pour le moment en une attitude de spectateur. La lune était si majestueuse, si bienveillante et si froidement lointaine à la fois qu’il aurait pu passer son temps à l’observer jusqu’au lever du jour… mais tel était aussi le cas de celle qu’il avait le privilège de pouvoir appeler Elly, avec l’exception qu’elle était bel et bien là à ses côtés, vivante et pétillante, tangible, d’une grâce insouciante qui faisait passer l’astre de Diane pour un gros roc dépourvu de toute magie.
Donnée plus prosaïque, ses connaissances appliquée à l’astrologie lui démontrèrent que, d’après la disposition des étoiles, il se trouvait bel et bien sur Terre : d’un simple coup d’œil, telle ou telle constellation lui revenait en mémoire et, signe suprême qui parachevait ce tapis de preuves, Vénus, l’Etoile du berger, scintillait dans le ciel noirci de tout son éclat. La planète de la Déesse de l’Amour avait-elle toujours été aussi brillante ? Saïl ne pouvait s’empêcher d’avoir l’impression du contraire et, bien qu’il se demandât un instant si ce ne pouvait pas être là une sorte de signe quant à cette soirée, il repoussa bien vite avec embarras cette idée dont la lubricité faisait perdre de sa pure beauté à l’expérience inédite qu’il vivait.
Ainsi il était bien sur terre… et que faire maintenant ? Comment pourrait-il faire en sorte de concocter un contre-Terranis, à supposer qu’un produit pareil existât ? Le… le voulait-il réellement d’ailleurs ? Voulait-il seulement retourner définitivement sur Terre alors que Terra paraissait si riche en possibilités en dépit de ses dangers ? Ah, s’il pouvait y avoir un moyen de contrôler le passage d’un monde à un autre !
Oui ! C’était ça ! Il devait y avoir un moyen ! Il ne pouvait qu’y avoir un moyen et, foi de Saïl Ursoë, il le trouverait comme il avait trouvé le moyen de synthétiser les caractères génétiques d’un Terranide ! Il y arriverait !

Pour mieux se concentrer, il avait fermé les yeux, et les suppositions, les théories, les idées, les projets, les prévisions s’étaient mises à défiler dans sa tête, mais il redescendit un peu soudainement sur Terre au sens figuré du terme à entendre la douce voix de sa compagne qui le plongea une fois de plus dans l’embarras : pourquoi fallait-il qu’elle à qui il pouvait obéir plus qu’à personne au monde lui posât une question pareille, qui était pour lui comme si elle lui avait demandé de la caresser alors qu’il aurait eu les mains couvertes d’épines ? Se frottant le dos des mains en un geste d’embarras qui lui était coutumier depuis bien des années, il répondit d’une voix coupable :

« Mon sourire… mon sourire est repoussant. C’est un sourire de loup. Un sourire de carnassier. »

L’auteur prendra ici la liberté d’intervenir une fois de plus en espérant que cela ne dérangera pas le lecteur pour lui signaler que Saïl exagérait : certes, le voir dénuder ses crocs comme l’impliquait un sourire provoquait au premier abord un certain sentiment de malaise, mais une fois celui-ci passé, on pouvait retrouver tout ce que cette expression faciale avait d’attendrissant chez l’humain qu’il avait été, et qui n’avait pas disparu avec sa métamorphose, quoi qu’il en pensât.
Cependant, alors qu’il se morfondait, il sentit quelque chose de doux et de frais au creux de sa paume, et baissa les yeux pour découvrir qu’Ellane lui faisait cadeau de cette même fleur qu’elle avait glissée dans ses cheveux, un peu fripée par l’agitation récente, mas toujours de la même élégance fragile.
Murmurant un « Merci. » ému, le loup-garou à la mentalité de scientifique referma ses doigts sur la tige de l’herbacée pour l’examiner sous différents angles et faire son diagnostic : un lys blanc. Aurait-il pu en être autrement ? L’enchantement qui irradiait de cette demoiselle à la peau pâle semblait influencer la nature même des choses, et il était donc logique que cette fleur s’avérât être cet emblème royal d’un blanc si immaculé qui seul pouvait faire honneur à celle qui s’en était orné sa si noble tête.
Sur le coup, il regretta de ne rien avoir véritablement à lui offrir en échange pour lui témoigner sa gratitude, se sentant ingratement benêt de son incapacité présente. Toutefois, il se fit la réflexion que ce n’était pas une question d’échange, mais de reconnaissance : « plaisir d’offrir, joie de recevoir » comme on dit, et cette adorable humaine n’aurait jamais été hypocrite au point de lui donner quelque chose dans l’espoir d’être remboursée, il en était sûr. Même s’il n’avait rien de matériel à  « troquer », il lui restait ses connaissances et ses capacités, et il pouvait s’en servir pour rendre la soirée d’Ellane aussi agréable et inoubliable qu’il en était capable ; c’était là le mieux à faire.
Au passage, il aurait pu lui démontrer qu’elle se trompait en pensant que ce lys était condamné à être éphémère, car il avait connaissance de plus d’un procédé de conservation qui permettrait de garder cette fleur en bon état, fut-ce sous une forme séchée, et ce même avec des moyens de fortune… mais heureusement pour les jolies oreilles de la jeune fille, il se retint de se lancer dans un exposé fort docte qui l’aurait certainement bien vite lassée comme bon nombre de personnes.
A la phrase qu’elle prononça, il ressentit des émotions contrastées : bien évidemment, il était éminemment touché par cette amitié qu’elle affirmait avec une candeur aussi sincère, mais si enthousiasmé qu’il fût à cette idée, son cœur –ainsi que d’autres parties moins…romantiques- ne pouvait s’empêcher de lui faire éprouver un soupçon de regret à la pensée que cette relation ne pourrait sans doute pas aller plus loin.

Bah ! Qu’aurait-il pu espérer de toute façon ? Aussi magique que fût pour lui l’atmosphère, ils n’étaient pas dans un conte de fées, et ce rappel devait lui faire revenir en tête le rôle d’ami et de protecteur auquel il devrait très manifestement se cantonner, sans chercher à pousser ses attentes dans de délirantes suppositions.

Pensivement, alors qu’il glissait la fleur au creux de son oreille, endroit de son corps le moins susceptible aux chocs, il réfléchit aux désirs de l’adolescente qui étaient pour lui des ordres : voilà des instructions qui étaient pour le moins floues, surtout qu’il ne connaissait rien du lieu, et encore moins celui où elle pouvait habiter… pour l’instant !
Se concentrant, il abaissa ses paupières et replia ses oreilles, se maintenant dans une immobilité presque catatonique alors qu’il fermait un à un ses sens d’autant qu’il lui était possible, les bloquant tous sauf un afin d’accroître au maximum l’acuité de ce dernier : l’odorat. En se focalisant sur l’odeur d’Ellane, il pourrait retracer son parcours des quelques dernières heures, et ainsi déterminer d’où elle venait… et donc où elle ne voulait pas aller.
Gonflant sa cage thoracique par le biais de ses amples canaux nasaux, l’homme-loup laissa les odeurs riches en informations diverses affluer jusqu’au plus profond de ses centres cognitifs où sa mémoire tria tout ce qui pourrait lui être utile, véritable trieuse d’une performance surnaturelle, pour restituer le tout sous forme de connaissances utiles. Conclusion : non seulement il savait maintenant que sa douce venait d’une école à en juger par le bon nombre d’autres senteurs juvéniles qui lui parvenaient en bordure de ses perceptions, mais il s’aperçut en plus que la taille du bois dans lequel ils se trouvaient était bien plus considérable qu’il ne l’aurait cru, celui-ci s’apparentant davantage à une forêt, promesse d’un long vagabondage sans risque d’être dérangé au sein de cette étendue végétale par endroits à peine touchée par la main de l’homme.

Galvanisé par cette perspective, et encore plus par la sensation si agréable du corps rafraîchi par le froid ambiant de la presque-adulte, il l’enveloppa à nouveau de son bras protecteur, et fit face aux immensités obscures qui se profilaient devant eux.

« C’est parti ! »

Une fraction de seconde, il eut la tentation d’adjoindre ses paroles d’un baiser au sein de cette chevelure fine, abondante et si plaisamment odorante, mais il se retint à regret, se contentant de fixer son parcours à venir avec détermination alors qu’il se préparait à bondir.
L’impulsion des jambes le fit jaillir de la grosse branche qui fut secouée momentanément par un tel choc, le bras feuillu de l’arbre s’agitant un moment comme le poing menaçant d’un vieillard aigri avant de reprendre son immobilité première alors que le duo s’éloignant à grande vitesse, Khral bondissant d’arbre en arbre avec cette agilité que seul un loup pouvait posséder, ne se maintenant sur tel point d’appui qu’il trouvait que quelques secondes avant de repartir de plus belle, toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus vite, tel un invincible esprit de la forêt. Il espérait que le spectacle était du goût d’Ellane, mais craignait de détourner son attention de la continuité de ses mouvements de peur d’occasionner une mauvaise chute qui aurait pu se finir mal pour elle, aussi il gardait ses yeux dardés droit devant… enfin dans un premier temps, car à un moment, il crut entendre une exclamation étouffée de la part de sa partenaire, et détourna une fraction de seconde son regard de son point d’atterrissage pour vérifier que tout allait bien pour elle.
Ce manque de vigilance lui fut préjudiciable, car s’il ne manqua pas sa cible, il se réceptionna fort mal et, alors qu’il faisait son possible pour regagner son équilibre en des mouvements malheureusement trop désordonnés, leur support rendit les armes et sa détacha de son tronc avec un craquement aussi rapide que percutant, précipitant les deux randonneurs en chute libre.

« Meeeerde ! » Ne put s’empêcher de jurer Khral alors qu’il tendait son bras libre pour trouver un point de support.

Ce point, il le trouva en la présence d’une grosse branche qu’il agrippa sans difficulté de sa large main griffue, mais le soulagement qu’il ressentit de ce rattrapage in extremis fut de courte durée lorsque, à l’apex de la courbe ascendante de son balancement, cette bouée de sauvetage à laquelle il s’accrochait se brisa également, propulsant ses passagers en plein élan.
Et cette fois, foin de choses auxquelles se rattraper, car le parcours que l’homme-loup avait choisi sur le vif les avait conduits en bordure d’une mare dont le pourtour n’était peuplé que par des buissons, des rochers, et des arbustes de faible taille.
Heureusement, voyant ce qui allait advenir, il eut la présence d’esprit de ramener son autre bras contre Ellane pour la protéger, et d’imprimer une torsion à son corps qui lui fit présenter le dos au point de crash alors qu’il serrait étroitement son amie contre elle comme si elle avait été faite de cristal.

Le terme de crash s’avéra exact étant donné le bruit que la chute provoqua : un mélange de l’impact du corps immense contre la terre humide auquel se mêla le craquement presque furieux d’un buisson fracassé par la masse de Khral, ainsi qu’un *Flosch* provenant de sa tête qui était elle tombée dans les premiers centimètres du point d’eau.
Lui n’avait rien, et les risques qu’Elle ne s’en sortît pas tout aussi indemne étaient minimes, mais il resta tout de même dans cette posture de repli quelques longues secondes le temps que la tension retombât et que de l’ordre se refît dans ses idées, après quoi il redressa la tête, sa crinière dégoulinante d’eau, son faciès animal un peu ahuri faisant face à celui de la pauvre malmenée.

« Elly… » Souffla-t-il instinctivement, ses pensées encore un peu confuses.

Toutefois, une certitude primait : elle allait bien, et c’était au fond le principal. Si elle allait bien, tout allait bien… tout allait bien.
Comme frappé de cette idée, Saïl fut pris d’un mouvement d’hilarité inattendu, sa bouche se plissant en un sourire incontrôlable alors que de sa gorge sortait un irrésistible rire nerveux, mélange du soulagement et de l’embarras qu’il éprouvait en ce moment même. Le loup n’avait jamais ri ainsi, et bien qu’il ne fût pas un pince sans rire, s’amusant volontiers d’une blague ou d’une plaisanterie, l’humain n’avait jamais éprouvé quelque chose d’aussi positivement incongru que cet élan d'amusement qu’il présentait dans toute sa spontanéité et toute sa splendeur à la donzelle de ses pensées.
Ainsi, il resta à rigoler bêtement pendant un moment, puis, dès qu’il s’aperçut de ce qui était en train de se passer, son visage se figea en une expression de honte penaude : il avait souri, il avait ri ! Quel odieux spectacle cela avait dû être… il s’en mordait les doigts !

« Je suis désolé…je ne voulais pas…c’est… je suis désolé. » Prononça-t-il, confus, baissant la tête en attendant la réaction de celle qu’il avait si mal traitée.

Il l’avait conduite à travers un endroit qu’elle ne connaissait pas à toute allure sans lui demander son avis, avait mis sa vie en danger, et lui avait en prime imposé le spectacle de son effroyable sourire ! Mais quel imbécile… il aurait fait n’importe quoi pour se rattraper tant il tenait à elle, mais craignait qu’il ne fût déjà trop tard pour ça.
Aussi silencieux et honteux qu’un criminel pris en flagrant délit, il attendit son jugement au milieu du clapotis tranquille de l’étendue d’eau paisible avoisinante et du bruissement introublé de la forêt. Et pourtant, il ne relâchait pas son étreinte.
Il ne voulait pas la perdre...
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le lundi 13 avril 2009, 18:12:02
Ellane soupira une nouvelle fois quand la réponse de l'homme loup tomba enfin. Sans aucune raison valable. Certes le physique importait un petit peu, mais d'une façon tellement superficielle que quiconque ayant un minimum de jugeote pouvait passer outre. De plus, la jeune fille ne parvenait pas à trouver le loup repoussant, impressionnant, fascinant, ces adjectifs convenaient plus et maintenant qu'elle le connaissait mieux, elle pouvait dire que son mental donnait à son physique les caractéristiques d'une peluche. Une très grosse peluche peut-être mais quelque chose de très doux, autant dans le moindre de ses gestes que pour les poils de son torse qui étaient très agréables au toucher.
La jeune fille toujours accrochée à son bras se pressa encore plus contre lui, cherchant la chaleur qui lui faisait défaut à cette altitude. Ses yeux se fermèrent d'eux mêmes et elle se posa plus confortablement sur l'arbre. Elle parla d'une voix simple, franche :

-Je ne te force pas, mais moi je trouve que tu devrais sourire...

De toute façon, si elle imaginait son point de vue elle devrait constamment se retenir. Les vaches, les cochons, les poulets et autres animaux qu'elle mangeait pour sa propre survie devaient trouver qu'elle avait un sourire « carnassier » à chaque fois qu'elle les croisait... Après, si on poursuivait sa vision des choses il n'y avait plus beaucoup de chose en dehors des humains devant lesquels on pouvait sourire.

Laissant de côté la question elle changea la position de ses pieds, plaçant ses deux mains sur le tronc qui se trouvait derrière elle. Rendant ainsi la tâche qu'il entreprit plus facile, passant un main derrière son dos, reprenant la place qu'il avait prit à l'allée, il l'attrapa dans ses mains. Puis il sauta dans le vide, la vision du sol qui défilait devant ses yeux tira un glapissement à Ellane qui battit des yeux plusieurs fois. Rougissant quand elle remarqua que le loup la fixait, s'inquiétant pour elle alors qu'ils étaient tout deux en l'air.
L'impact de leur double poids contre l'arbre tira un gémissement au bois et elle fut parcourue d'un frisson qui la traversa toute entière. Ses pires craintes se trouvèrent fondées quand elle remarqua  loup agitait son bras de façon trop irrégulière et pas assez réfléchie pour que la branche ne cède pas. Quand ce fut le cas, paralysée par le vide qu'elle sentait sous ses pieds la jeune fille ne hurla pas, elle ressentie juste plusieurs sentiments différents, le premier étant la peur, le second l'angoisse. Allait-elle avoir mal ? Telle était la question que se posait la jeune fille, désespérément accrochée au bras de Saïl. Un choc plus sourd la parcourue quand il attrapa puis lâcha leur deuxième support.
La jeune fille sentait son coeur qui battaient un peu trop vite, sous l'effet de l'appréhension du choc à venir. Quand elle sentie les deux bras du loup autour d'elle et qu'elle vit le ciel au dessus de sa tête elle se prépara au pire.

L'arrivée fut brutale, mais moins que tout ce qu'elle avait put penser. Sans aucun doute que le choc avait été atténué par le corps robuste de Saïl, celui-ci la tenait toujours dans ses bras, les yeux hagards. La jeune femme se retrouva nez à nez avec le loup et elle écarquilla les yeux, le souffle qui sortit de la bouche de son ami la prit au dépourvue et elle ne chercha pas à répondre dans l'immédiat. Elle était tombée de haut, sur un « matelas » certes, mais d'une hauteur qui aurait tué n'importe quelle humaine, et il était normal qu'elle eut les idées un peu confuses. Fermant ses paupières sur ses iris bleus la jeune femme essaya de faire le vide quand elle sentie que la poitrine du loup se contractait au niveau de ses propres épaules. Elle n'eut pas peur et elle se pelotonna dans les poils doux du loup. Levant les yeux vers la créature fascinante, la jeune fille compris qu'il riait et un sourire se peignit sur ses traits. Reflet de son âme en cet instant.
Bercée par ce rire si inattendu la jeune fille  resta ainsi un long moment, sortant de sa transe pour capter l'un de ses sons joyeux qui ne revenaient plus.
La réaction de la jeune fut plus brutale qu'elle ne l'aurait espéré, se relevant elle se cogna au bras du géant, s'affalant de tout son long sur le loup. Légèrement agacée par cette vision de l'humour la jeune femme se releva, le fixant dans les yeux :

-Pourquoi tu t'es arrêté ? Je ne vois pas en quoi ton rire est abominable...

Ne voulant pas le voir protester elle posa son doigt, ou plutôt sa main, sur sa bouche, un sourire espiègle sur le visage. Repliant son bras sous sa poitrine la jeune femme rougit légèrement en pensant à ce qu'elle allait faire. De toute façon l'envie la taraudait depuis quelques minutes déjà et la situation s'y prêtait. Avant de parler elle détailla le cours d'eau, le buisson écrasé et les autres qui subsistaient. En oubliant le bois brisé on pouvait dire que le lieu était féerique. Sa respiration s'accéléra et elle demanda, ravie :

-Tu as fais exprès pour le lieu ? En tout cas il est magnifique... Ça te dérange si je fais ça ?

N'écoutant, ou plutôt n'attendant pas sa réponse elle se rapprocha, posant délicatement un baiser sur la joue du loup. S'éloignant tout de suite après en se cachant le visage dans ses cheveux. Une esquisse de sourire sincère restait gravé sur ses lèvres et elle joua avec un mèche jais pendant quelques secondes, mal à l'aise pour plusieurs raisons. La première étant que peut-être qu'il n'avait pas apprécié. La seconde qu'elle s'était passée de son accord.
La jeune fille s'exprima d'une voix franche, désolée:

-Excuse moi, je ne t'ai pas la permission.

( Voilà (enfin) mon texte ^^)
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le lundi 13 avril 2009, 21:36:42
Croyez-le ou non, mais en quelques minutes à peine, la perception des choses de Saïl ainsi que son humeur furent littéralement transfigurées. Plutôt embarrassant pour un scientifique de génie qui aurait prétendu sans se démonter tout savoir du monde, non ? Et le plus étonnant dans tout cela était que la personne qui provoqua un tel désordre dans son être fut une jeune fille qui avait presque dix ans de moins que lui. Par quel sortilège cela se produisit-il ? Que le lecteur prenne quelques instants son mal en patience le temps que l’auteur lui dise tout cela en s’excusant au préalable de le faire sans doute trop attendre.

Le trouble de l’homme-loup au cœur d’artichaut s’ébaucha à la réplique de sa chère et tendre qui sonna comme parfaitement incroyable à ses oreilles tant il s’était attendu à une réaction de dégoût, de rejet ou tout au moins d’agacement, se retrouvant au lieu de cela face à la bouderie taquine dont cette ravissante créature qu’il avait entre ses bras semblait coutumière. De l’incrédulité ou de la joie, il n’aurait pas su dire quelle émotion primait en lui, mais n’eut de toute manière pas le loisir d’approfondir cette question, ni de répliquer d’ailleurs, car avant même qu’une pensée cohérente eût pu se former dans son esprit et qu’une ébauche de son eût pu sortir de sa bouche, la menotte gracieuse de la gracile fée des bois à l’apparence humaine se posa avec une douceur qui n’excluait pas une indomptable fermeté sur l’orifice buccal de son compagnon, lui coupant tous ses effets : il aurait pu recevoir une injonction divine qu’il n’aurait pas été réduit au silence plus efficacement tant ce qu’il ressentait pour cette jeune humaine l’emplissait d’un mélange sans limites de dévotion et d’affection presque douloureuse. Il ne cessait d’être déstabilisé par l’assurance d’une innocence inconsciente qui se dégageait d’elle, et qui lui donnait l’ascendant sur lui en dépit du gouffre entre leurs formes respectives : avec sa puissance, il aurait pu d’un coup de dents arracher cette main, et la faire passer de vie à trépas d’une simple pression de ses gros bras… mais il en aurait été tout bonnement incapable car lui causer le moindre mal lui aurait déchiré le cœur, comme s’il s’était ainsi rendu coupable du plus odieux des sacrilèges.

Et en ce moment même, ce qu’il éprouvait envers elle ressemblait à une faim ; il avait faim d’elle, de tout ce qui la faisait, de tout ce qu’elle dégageait, il buvait ses paroles et la dévorait des yeux : il voulait s’imprégner de son essence toute entière et partager la sienne propre avec elle de manière à ce que chacun pût la garder avec soi en toute circonstance, comme pour qu’ils n’eussent jamais à se séparer l’un de l’autre. Ce sentiment bouillonnait en lui, tout juste retenu par une soupape de raison et de maîtrise de soi qui se soulevait de manière inquiétante sous les élancements d’une émotion dont il craignait de découvrir la signification, n’osant croire que quelqu’un comme lui pourrait être digne de quelque chose qui lui apporterait une telle félicité.
Même déréglés par son remue-ménage intérieur, ses organes sensitifs fonctionnaient toujours très bien, et il détecta que le rythme respiratoire d’Ellane augmentait, autant par les sons de ses inspirations qui se faisaient plus précipitées que par la sensation de sa cage thoracique qui se soulevait à une fréquence accélérée. Curieux et même un chouïa inquiet, il porta un regard préoccupé vers sa poitrine, pour détourner aussitôt les yeux  devant le surgissement d’émotions qui déferla en lui à la vision de ces deux globes d’albâtre si dangereusement attirants, surtout pour un homme-loup facilement enclin aux plaisirs de la chair comme lui, faiblesse qui trouva sa vérification dans la turgescence aussi agréable qu’embarrassante qui se mit à naître sous son pagne, et qu’il mit toute sa volonté à réprimer, tout en priant avec ferveur tout ce qu’il pouvait trouver à prier pour que la demoiselle ne remarquât pas une manifestation aussi grossière de ce qu’il éprouvait pour elle.
Malheureusement pour lui, la donzelle en question n’allait pas dans le sens de ses efforts… ou tout du moins elle parut le faire au premier abord lorsqu’elle fit porter le sujet de la conversation sur les alentours que Saïl s’empressa d’examiner pour trouver de quoi s’occuper les idées au lieu de les laisser vagabonder vers des horizons trop grivois. D’un simple coup d’œil, il put confirmer le jugement de l’adolescente en se rendant compte du spectacle qu’offrait cette mare tout bonnement édénique : une étendue d’eau si limpide et calme à la simplicité naturelle proprement merveilleuse, dont l’aspect divulguait pourtant une telle impression de mystère qu’on se serait presque attendu à en voir surgir la Dame du Lac et qui semblait d’une telle limpidité qu’elle était une invitation à une baignade au clair de lune à elle seule ; cela cerné par des arbres qui paraissaient un rempart contre une éventuelle intrusion du monde extérieur, et à travers lesquels le vent soufflait non pas comme un triste hululement nocturne, mais comme une mélopée complice et apaisante.

Si une ambiance qui frôlait tant le surnaturel était faite pour redonner une certaine tranquillité à Khral, tel n’était pas le cas de sa charmante compagnie dont l’initiative le surprit et le choqua à un point qu’il n’aurait pas cru possible : à peine un petit bout de chair rosé posé l’espace d’une seconde sur son visage poilu ; en quoi y avait-il dans cela de quoi s’émouvoir ? Mais voilà, ce petit bout de chair était les lèvres d’Elly, et cela transfigurait complètement la scène en un véritable rêve pour lui : jamais il n’aurait pu espérer une semblable manifestation d’affection de la part de cette si adorable humaine, et un moment, il se sentit jaillir de son corps, transporté de l’extase momentanée que lui procura ce baiser dont il chérirait le souvenir à sa juste valeur.
Et pourtant… et pourtant, il en voulait plus : les vannes qu’il avait jusqu’ici maintenues étroitement fermées se voyaient soumises à l’épreuve d’un flot de désirs démultipliés par cette ouverture qui lui avait été présentée, et comme on pourra aisément le deviner, la partie animale du loup-garou se faisait d’une insistance redoublée qui rendait ses instances perturbantes :

(La femelle est consentante ! N’attends plus ! Vas-y ! Possède la !)


Qu’est-ce qu’une part de lui le voulait ! Il s’imaginait déjà le corps nu d’Ellane offert à ses caresses, à la passion qui brûlait en lui, et la pensée qu’il suffirait de quelques coups de griffes bien ajustés pour faire tomber les fragiles vêtements qui la couvraient ne rendait ces perspectives que plus tentatrices… mais lorsque le loup menaçait de s’élancer pour la culbuter, l’humain s’interposait de toute sa résolution galante et de toute sa décence, repoussant la soif bestiale de l’animal dans ses retranchements, le forçant à se tenir à carreau tandis qu’il faisait son possible pour garder le contrôle de la situation et ne pas se laisser aller à de regrettables gestes envers l’ange de douceur qu’il tenait contre lui. Non, il ne la forcerait pas, non il ne serait pas brutal envers elle ! Il était Saïl Ursoë, et tout homme-loup qu’il fût devenu, il conservait l’état d’esprit de ce gentil jeune homme qu’il avait été, et le resterait envers et contre tout, contre les privations, les sacrifices et les retenues !
Mais dans le cas présent il n’avait pas à se retenir n’est-ce pas ? Elle se montrait bien encline à des contacts physiques plus intimes, et semblait de toute évidence craindre un rejet de sa part plutôt qu’une réponse à ses avances, aussi était-il tout à fait légitime de la détromper !

Laissant libre cours à l’attrait qu’elle exerçait sur lui, il approcha son visage du sien, lui rendant la pareille aussi tendrement qu’il le put, tendant précautionneusement les lèvres pour éviter de la blesser de ses crocs acérés, laissant sa large bouche semi-animale baiser avec ferveur la joue blanche rosie par le froid qui s’offrait à ses avances. Chose qu’il avait manqué de prévoir, son museau très sensible se vit empli des odeurs d’Ellane de manière redoublée à cause d’une telle proximité, et des fragrances aussi enivrantes eurent vite fait de tournebouler le cerveau de Saïl qui ne put se retirer comme il avait prévu de le faire, et embraya au lieu de cela une légère descente qui le conduisit au niveau du cou si lisse et si attirant de sa partenaire. Comme il voulait goûter, savourer, mordre presque cette gorge délicieuse !
A défaut, il se contenta de se délecter de cette chair tendre par le biais de sa longue langue râpeuse qu’il passa avidement sur elle en un mouvement lascif et amoureusement gourmand, se délectant des sensations diverses qui s'imprimèrent sur ses papilles gustatives, après quoi il remonta au niveau de son oreille pour lui murmurer :

« On est quittes… et ça ne m’a pas dérangé du tout, au contraire. »

Ses idées se faisaient confuses, embrouillées, et perdaient de leur rigueur de manière exponentielle, mais pour autant une notion primait de manière très claire, celle qu’il aimait au plus haut point ce moment qu’il échangeait avec sa compagne, et n’aurait pour rien au monde voulu en rester là. Il voulait rester avec elle longtemps, très longtemps, pour pouvoir lui montrer toujours plus fortement à quel point il tenait à elle… plus rien ne semblait avoir d’importance, tout ce qui comptait était qu’Ellane était là, dans ses bras, contre lui…
Elle.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le mercredi 15 avril 2009, 15:41:19
Ellane sentie qu'il se raidissait sous elle. Peut-être qu'après tout il n'avait vraiment pas apprécié, que son initiative avait été trop ambitieuse et ses raisons erronées. Sans le vouloir elle se crispa également, s'arrêtant de respirer pour attendre la suite des évènements. Allait-il rester doux et gentil ou se mettre dans une colère noire qui la déstabiliserai aussi sûrement que si il la jetait au sol pour s'enfuir sans un regard pour la pauvre humaine qu'elle était.
Elle plissa les yeux, guettant une quelconque réaction trop brusque de l'homme loup qui restait figé sous le poids de la jeune fille. Allongée sur le ventre, les bras tenus sous sa poitrine elle ne valait pas grand chose, il pourrait la briser comme il le voudrait bien qu'elle doutait du fait qu'il s'y risquerait. Sans s'en rendre vraiment compte elle déplaça ses mains, les plaquant sur le sol. La joue tournée vers Saïl, les yeux également fixés sur l'homme-loup.
Quand il lui rendit son baiser, du bout des lèvres pour ne pas la blesser avec ses crocs qu'elle devinait pointus. Ceux-ci auraient sans problème put déchirer sa peau et arracher sa chair si leur porteur l'avait voulut. Elle goûta à cette sensation en frémissent de bonheur. Le souffle chaud du loup la réchauffa un peu et sa peau blême se réchauffa légèrement.
Il poursuivit son geste en descendant dans son cou, le parcourant un petit peu du bout des lèvres avant de venir la lécher de sa langue. Celle-ci, muscle rose et râpeux parcourue la peau de la jeune fille qui émit un petit rire joyeux.

Quant il interrompit son geste, la laissant un sourire béat au lèvre pour parler elle se surprit à en vouloir plus. En papillonnant des paupières pendant un court instant elle chercha une réponse à ce qu'il avait dit, fouillant dans les méandres de sa mémoire une phrase plausible. Mais encore sous le choc de cet acte qu'elle avait apprécié elle ne put que prononcer quelques mots dénués d'intérêts dans un sourire ravit :

-De rien, contente de savoir que ça t'as plu.
 
Puis se rallongeant sur le torse musculeux elle joua avec un poil de la poitrine de l'homme loup. Le tortillant dans sa main alors qu'elle écoutait les battements du coeur du loup. Fixant de ses yeux bleus le visage poilus mais pourtant pas si terrifiant. Dans un soupir elle lui demanda, avançant ses son index et son majeur comme si ils étaient une vraie paire de jambes et que sa main était le corps :

-C'est étrange, mais je suis mieux avec toi qu'avec nombre de personnes...

Elle fit grimper ses doigts jusqu'au cou du loup qu'elle enserra à l'aide de sa main, faisant glisser sa seconde menotte sur le faciès de l'homme loup qu'elle caressa tendrement, avec toute la douceur dont elle était capable. Fermant les yeux elle posa sa tête sur le cou du loup, enfouissant son propre visage sur la clavicule. Sa main qui détaillait le visage du loup descendit pour toucher le contour de ses épaules, essayant de donner une limite à tous ces muscles si bien dessinés.
Elle aimait bien ce contact. Et cet homme loup qui ne ressemblait à aucune autre personne était devenu plus proche d'elle en une dizaine de minutes que beaucoup de personne en plus d'une douzaines d'années, seuls ses parents et sa famille ne rentrait pas dans cette catégorie.
Ses cheveux d'ébènes formaient un matelas brillant autour de son corps jusqu'à sa taille, mettant en valeur la pâleur de a peau et la couleur argentée de son corsage. Ce dernier était très facile à ôter, un coup de griffe de l'homme-loup en son milieu, là où le lacet était tenu par un noeud, et il serait tombé. Elle lui était reconnaissante d'une chose qu'elle ajoutait à la beauté de son caractère; il n'avait pas encore tenté de lui sauter dessus, comme l'aurait nombre de représentant de l'espèce bizarre qu'était celle des hommes.

Dans un soupir de contentement elle se roula sur le côté, calquant sa propre respiration sur celle de l'homme-loup. Elle se sentait bien, elle l'aimait bien. C'était tout ce qu'il importait, qu'il soit là avec elle pour le moment.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le mercredi 15 avril 2009, 20:42:15
Félicité : tel aurait été le mot qui aurait le mieux pu qualifier l’état d’esprit de Saïl en ce moment même, alors que la douce dame d’albâtre répondait à ses avances câlines par un rire qui aurait pu venir de la gorge d’un chérubin tellement il résonnait magnifiquement, s’égrenant en trilles légères, claires et sans défauts qui rendaient l'homme-loup toujours plus admiratif et attaché à cette jeune personne si unique. Il ne parvenait toujours pas à en revenir de la merveilleuse empathie dont elle faisait montre envers lui, comme si elle avait pu lire directement à travers ses yeux qu’il n’avait en réalité rien de bestial, qu’il restait un jeune homme timide au grand cœur dont les larges mains étaient faites non pour maltraiter mais pour étreindre comme elles le faisaient en ce moment, posées le long du dos si agréablement lisse d’Ellane dont elles épousaient les formes souples et attirantes… une attirance qui se portait aussi sur la croupe de la gente demoiselle dont il aurait également été enclin à sentir les formes s’il ne s’en était pas rigoureusement abstenu, conscient qu’un tel geste aurait été parfaitement digne d’un mufle.
De son côté, sa partenaire paraissait tout autant aux anges que lui, son humeur se reflétant sans laisser beaucoup de place au doute sur le large sourire qu’elle affichait, et qui diffusait un sentiment d’accomplissement teinté d’un bonheur supérieur à tout ce qu’il avait connu jusqu’à maintenant : ce sourire, plissement harmonieux de cette bouche désirable aux dents perlées, lui paraissait la chose la plus merveilleuse au monde ; une splendeur de féminité et de spontanéité qu’il aurait été vain de vouloir égaler ou même reproduire. En même temps qu’il était pénétré de joie, il ne pouvait empêcher de sentir l’arrière-goût d’une émotion plus insidieuse que le contact incomparable de cette humaine instillait en lui : la jalousie. Il se sentait comme un alpha qui se serait vu accordé le privilège incommensurable de la compagnie de la plus splendide louve au monde, et de pair avec la conscience de la valeur de cela venait le désir d’une possession réciproque sans partage, d’un cocon d’harmonie fusionnelle qui aurait pu exclure le monde entier. Oui, comme elle le disait, ce qu’ils échangeaient lui plaisait, elle lui plaisait, et il sentait déjà une profonde accoutumance qui s’emparait de lui ; il avait beau savoir que cela avait très scientifiquement trait à la production d’endorphines provoquée par un jeu complexe de réactions hormonales entre Ellane et lui, il ne se jetait pas moins corps et âme dans cette sensation nouvelle, acceptant avec une audace sans réserve tout ce qui pourrait y avoir trait. Tant que c’était avec Elle, il se sentait prêt à tenter n’importe qu’elle aventure, si risquée fut-elle, tous les obstacles éventuels ne lui apparaissant que comme des complications mineures qu’ils pourraient surpasser sans effort du haut du nuage sur lequel ils semblaient flotter.

Il était ravi ; ravi au sens le plus littéral du terme qu’elle se resserrât contre lui avec si peu de réserve, qu’elle se laissât aller à toucher avec un tel naturel ce corps qui en avait empli plus d’un d’effroi, cette masse de puissance brute dont toute la puissance destructrice ne semblait qu’un souvenir incongru lorsque l’adolescente y passait ses doigts fins, contact le plus étroit que Khral eût jamais connu, et qui ne manquait pas de lui faire éprouver une certaine vulnérabilité dont l’importance se voyait fortement diminuée par celle qui promenait ainsi ses mains sur sa fourrure : si c’était elle, il n’avait rien à craindre. Elle avait toujours ce couteau accroché à sa jambe, mais quand bien même elle aurait été capable de lui percer le cœur de cette lame sans coup férir, il ne se serait jamais méfié d’elle. Après tout, elle accordait bien une considérable confiance à la machine de guerre potentielle qu’il était en restant ainsi à ses côtés, alors le moins qu’il pouvait faire en retour était de baisser ses défenses pour la laisser le détailler autant qu’elle le voulait, d’autant plus que ces attouchements étaient tout sauf désagréables, chaque parcelle de son corps où les pseudo-jambes passaient dégageant comme un bref et délicieux frisson électrique. Quand elle mentionna sentiment d’aise qu’elle éprouvait à son égard, il crut un moment éclater d’une joie incrédule tant il n’aurait pas cru possible que quelqu’un puisse lui dire une chose pareille un jour : lui le rat de laboratoire qui était aussi à l’aise en société qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine était parvenu à trouver une telle réciprocité dans ce qu’il ressentait envers une personne de sexe féminin ! Cela dépassait toutes ses attentes… décidément, cette nuit avait un caractère de rêve, et il caressait l’espoir de ne pas avoir à s’en réveiller avec le lever du jour.
A la fois extraordinairement détendu et intimidé, il la laissait faire sans opposer aucune résistance ni manifester aucune réaction particulière, se contentant de la maintenir tendrement contre lui,  ses yeux marrons plongés dans ceux à la profonde couleur marine de la beauté dont les appendices manuels fuselés avaient pris prise sur sa gorge, geste contre lequel sa partie animale se montra un instant réticente avant d’en concéder l’exclusivité à cette jeune fille pas comme les autres. C’est que pour un loup, présenter sa gorge à quiconque était la plus grande marque de confiance ou de soumission concevable et, qu’elle en fût consciente ou non, Ellane pouvait se dire qu’elle se voyait accordée là une proximité peu coutumière pour cet homme-loup chez qui la réserve primait en plus de la méfiance.

Docile, il savoura pleinement les caresses qu’elle offrait à son large visage velu, rappel quelque peu douloureux de sa condition de paria bestial, mais cela revêtait peu d’importance avec elle, en la présence de qui il se sentait recouvert par une bulle protectrice, par l’aura apaisante qu’elle dégageait. Il sentait qu’elle explorait le haut de son corps, chaque parcelle de sa peau semblant soumise à un examen d’une innocente transcendance, comme si aucun de ses muscles ne lui aurait pu être méconnu. Bien entendu, tel était aussi le cas de Saïl, pour qui le corps humain n’avait aucun secret, mais chez cet être adorablement candide, une telle connaissance semblait instinctive, tout ce qui l’entourait semblant se dévoiler dans tout ce qu’il pouvait révéler à cette princesse à la peau pâle, lui le premier : il voulait ne rien avoir à lui celer pour lui montrer à quel point elle était spéciale à ses yeux.
Il n’en revenait pas de l’harmonie qu’il se sentait avoir avec elle, et qu’elle semblait réciproquement se sentir avoir avec lui d’après la façon dont elle se lova contre lui comme pour chercher une protection qu’il était plus que prêt à lui offrir et que lui-même trouvait d’une certaine manière chez elle : il avait peut-être largement la main haute en matière de force physique, mais niveau force psychologique, elle avait incontestablement l’ascendant sur lui, balayant ses craintes, chassant ses peurs, raffermissant sa confiance en lui...

Il se souvint à ce moment du désir qu’il avait éprouvé lorsqu’il l’avait vue pour la première fois quelques minutes auparavant à peine. A ce moment, de telles aspirations paraissaient éminemment chimériques, mais rien ne semblait désormais pouvoir s’interposer entre leur idée et leur réalisation…
Doucement, aussi précautionneusement que si Ellane eût été en verre fin, il se ramassa en position fœtale, réservant un creux contre son abdomen de manière à ce qu’elle pût y être installée le plus confortablement possible tandis que les longs bras du loup-garou raffermissaient leur enlacement sur elle jusqu’à la maintenir si étroitement que seul un creux la laissait encore apercevoir, tache blanche au sein de ce sécurisant abri rembourré vivant. Il aurait voulu pouvoir l’étreindre plus fortement encore, mais, conscient de sa puissance démesurée, il se contenta de ce resserrement tendre qui lui apportait de toute façon un incroyable bonheur. Son museau désormais au niveau du sommet de son crâne à elle, il ne put cette fois-ci résister à la tentation et embrassa amoureusement et à plusieurs reprises cette étendue de cheveux lisses qui recouvraient une tête si magnifiquement faite, aussi bien extérieurement qu’intérieurement, tandis que ses grandes paluches habituées au manipulations délicates frottaient habilement le dos de sa chère et tendre en des mouvements d’une douce précision qui n’omettaient aucun muscle, ses doigts s’appuyant là où le fallait pour que ce massage exécuté avec une précision toute chirurgicale apportât toute la relaxation possible à celle qui méritait toutes les attentions du monde.

Lorsque son envie de baiser l’odorant chevelure fut –momentanément- rassasiée après une demi-douzaine de bises pleines de chaleur, il s’arrêta un moment sans pour autant cesser de vouer ses bons soins aux parties dorsales de sa douce. Toutefois, une autre pulsion insatisfaite continuait de cogner dans sa poitrine ; quelque chose qu’il redoutait de demander de peur de se le voir refuser tant il était conscient de ce que cela pouvait exiger comme dévoilement de l’intimité tout en sentant qu’il ne pourrait le refouler éternellement. Pour cette raison, il s’enhardit et, sans oser hausser le ton pour éviter que sa grosse voix ne rompît l’harmonie sonore des lieux, prit son courage à deux mains pour demander ce qu’il n’avait presque jamais osé demander à une fille :

« Elly…est-ce que tu serais d’accord pour… »

Sous un élan soudain de timidité, sa résolution vacilla un instant. Qu’allait-il lui demander là ? Quelque chose qu’elle aurait été bien en droit de refuser étant donné qu’ils se connaissaient depuis si peu de temps ; d’autant plus qu’il était un énorme loup-garou, et se livrer à pareil exercice aurait par conséquent été pour le moins inconfortable…
Et pourtant, la certitude sourdrait dans son âme que s’il voulait le faire avec quelqu’un, c’était bien avec Ellane, et que, peut-être, elle en avait elle aussi envie. Il ne se sentait plus de reculer davantage le moment d’une telle proposition, comme si le désir qu’il en avait eût été sur le point d’exploser : il le voulait à ce point qu’il ne pouvait faire autrement que s'essayer à telle suggestion, même au risque d’essuyer un refus !

« …pour que je t’embrasse ? »
Termina-t-il en un murmure embarrassé.

Hé oui, Saïl était fleur bleue ! Qu’aviez-vous cru ?
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le jeudi 16 avril 2009, 21:35:04
Ellane sentait les muscles de la poitrine se contracter sous son corps au rythme de ses respirations. Avec le sourire d'une enfant qui vient de trouver un marchand de glace, quelqu'un qui a gagné le gros lot, elle s'émerveillait silencieusement de tous ce qui l'entourait, de l'homme loup à la rivière dont l'eau claire clapotait. Le paysage était digne d'une représentation d'un havre de paix, un endroit où une personne comme elle pourrait sans problème vivre pendant des années, ne s'exposer qu'à la lumière agréable de la lune. Si elle avait put elle serait restée là pour l'éternité, dans les bras de cet homme qui la préservait aussi bien de la chaleur que des craintes qui entouraient sans doute la clairière fantastique. Elle était aussi à l'abri de ses cauchemars et autres tristesses qui peuplaient ses rêves. Elle ne voulait plus partir, plus du tout pour le moment.

Quand l'homme loup la souleva pour se mettre assit, elle enveloppée dans ses bras, elle soupira d'aise, enfouissant son visage dans ses bras poilus. Aucune ou presque des parties de son corps restaient apparente, la vie des alentours ne voyaient plus trop la jeune femme blanche dans les bras musclés de l'homme-loup. Recroquevillée au milieu de cette protection charnelle la jeune fille ouvrit les yeux, fixant cette parois de chair qui la dissimulait à la face du monde. Un souffle chaud parcourut ses cheveux et elle remarqua que le loup y posait son museau. Les boucles brunes luisaient faiblement grâce à la lumière de la lune qui s'y reflétait vaguement. Le sentiment qu'on touchait à sa chevelure n'inquiéta pas la jeune fille et elle s'appliqua au contraire à rester stoïque, refermant ses paupières pour apprécier dans toute sa plénitude le présent que lui offrait ainsi cet être fantastique. Elle capta un mouvement dans son dos et elle ressentie le va et viens des mains de Saïl qui entreprenait un massage. Celui-ci était agréable, il savait y faire, ces caresses données par un être cher lui faisait vraiment plaisir. Si elle avait été un chat ou une toute autre espèce étant capable de manifester son contentement autrement que par des paroles ou des expressions elle aurait ronronné de joie et de bonheur.

Ellane sursauta quand il mit fin à son massage et en même temps à son temps d'extase par une simple demande. Coupée en deux certes, mais elle se doutait maintenant qu'il voulait quelque chose de sa part. Pas un quelconque bien immobilier elle le savait, quelque chose de certainement plus dur à demander sans son accord. Dans un sourire elle l'encouragea à continuer, y mettant du sien pour qu'il se sente plus à l'aise en s'exprimant sincèrement :

-Je serai d'accord pour ? Après ce massage et cette balade je ne pourrais vraisemblablement rien te refuser. Surtout à toi...

Il fini sa phrase dans un soupir et elle resta un moment sans rien dire, faisant mine de réfléchir tandis qu'elle contemplait l'homme loup d'un regard scrutateur, une lueur amusée dans l'oeil qui montrait sa bonne humeur et la joie qu'elle tirait de cette demande. Se redressant légèrement elle murmura en tendant son visage vers celui de Saïl, amusée par cette situation où elle dominait de peu la situation alors qui)'il faisait quelques dizaines de kilos de plus qu'elle :

-Pourquoi tu as demandé ?...

Elle s'arrêta, appliqua sa bouche sur l'une des joues du loup, baiser tout simple destiné à le tenir en haleine pendant quelques secondes avant qu'elle ne continue, charmée par cette entrée en matière qui était bien meilleure que toutes celles qu'elle avait connu :

-Franchement, je ne vois pas ça tous les jours...

Elle se retira pour poser ses lèvres sur l'autre joue du loup faisant cette fois durer le plaisir quelques secondes avant de continuer, telle une gamine qui jouerait à son jeu en montant d'un niveau à chaque fois :

-Pourtant je dois  reconnaître que ça m'a fait plaisir.

Et elle planta un bisou sur les lèvres du loup, fermant les yeux, ne s'enlevant pas, attendant qu'il fasse lui même le geste qui lui ferait arrêter. Et en son fort intérieur elle aurait voulu qu'il s'en passe.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le vendredi 17 avril 2009, 20:27:08
Humph, il n’avait encore jamais envisagé la situation sous cet angle, envahi qu’il était d’un bonheur extatique à la teneur jusqu’ici méconnue, mais à y réfléchir, il était indubitable que la relation qu’il avait tissée avec sa compagne il y avait quelques minutes à peine et qui pourtant résultait en un lien si étonnamment étroit revêtait quelque chose qui était du domaine de la contrainte ; contrainte qu’il devait tout d’abord et bien entendu imposer à ses instincts primaires pour éviter que ceux-ci ne prissent le dessus sur sa volonté et le poussassent à culbuter fort peu galamment la gente dame qu’il tenait en ce moment si tendrement entre ses bras, mais contrainte qui s’exerçait aussi dans l’ascendant presque coercitif qu’elle pouvait exercer sur lui. Qu’il voulût se l’avouer ou non, les faits étaient là : ce qu’il ressentait pour elle avait un caractère résolument émollient sur sa volonté, et il n’était pas improbable qu’il eût exécuté sans broncher ses quatre volontés par égard pour elle tant il tenait à la rendre heureuse. Et c’était justement dans cela que résidait la compensation d’une telle obligation qu’il se sentait : la voir contente le rendait content ; même le simple fait de pouvoir la côtoyer nourrissait en lui un bonheur hors normes qui valait pour lui toutes les privations du monde. D’ailleurs, qui parlait de compensation ? Il ne s’agissait en aucun cas d’une transaction entre commerçants, mais de quelque chose qui surpassait tout concept d’échange, ou plutôt qui reposait à ce point sur la réciprocité qu’elle transcendait cette notion par son caractère plus beau, plus fort, plus inconditionnel : Ellane était une humaine et Saïl était une espèce bâtarde à mi-chemin entre l’homme et le loup renforcée par un cocktail biochimique… et ? S’il y avait une relation de cause à effet qui pût établir que ces deux êtres ne pouvaient en aucun cas s’entendre, le scientifique n’en avait pas connaissance, et quand bien même elle pût exister, elle aurait de toute façon été invalidée par le contre-exemple que les deux tourtereaux représentaient à eux seuls : comment la posture dans laquelle ils se trouvaient en ce moment même, savant mélange de sensualité et de douceur câline, aurait pu laisser le moindre doute quant à ce qu’ils partageaient et quant à sa véracité ?

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos agneaux, animal qui conviendra parfaitement comme comparant pour cette scène car bien que l’homme-loup en fût morphologiquement tout le contraire, il en avait en ce moment même toute la douceur entre les mains de sa chère et tendre ; « entre les lèvres » aurait-on pu dire à voir la façon dont la magnifique femme d’albâtre cerna la bête d’une paire de baisers : paralysée au premier coup par les lèvres de groseille, on aurait pu croire que le gaillard serait déçu de recevoir « seulement » une bise alors qu’il avait demandé à embrasser celle qui lui faisait si vaillamment face, mais ce geste n’avait au contraire rien perdu de sa magie, et son effet se révéla tout aussi efficace que la première fois, tétanisant sur place Khral qui aurait été prêt à concéder sa profonde satisfaction après ce délicieux bisou. Toutefois, il s’avéra bien rapidement que la jeune fille à la mutinerie à revendre n’avait pas l’intention d’en rester là, la suite des évènements s’annonçant par une phrase qui laissa Saïl perplexe : que voulait-elle dire par là ? Son cerveau engourdi par l’effet que lui faisait Ellane avait plus de difficultés que d’habitude à comprendre et interpréter, mais si délicatement émoussée que sa vivacité fût, il put saisir que la remarque ne s’adressait pas au loup-garou à proprement parler (car il semblait que la merveilleuse demoiselle eût plus ou moins dépassé le stade de s’étonner de son apparence peu commune), mais plutôt au caractère de sa requête. En effet, il était pour ainsi dire de connaissance commune que la gent masculine ne faisait que peu souvent montre de galanterie, de patience et de romantisme avec le beau sexe, qualifiant bien facilement la réticence des belles de minauderies… et allant malheureusement parfois jusqu’à arracher par la force ce qu’elles ne voulaient pas leur concéder. Ces données en main, on pourra comprendre ce que le tempérament paisiblement accommodant et affectueux de ce génie du bien en fait sinon en puissance qu’était Saïl pouvait avoir de surprenant à procéder de manière si respectueusement prévenante envers celle à laquelle il vouait une si grande admiration, admiration qui le tint à la merci d’Ellane lorsqu’elle le gratifia d’un second baiser sur son autre joue qui se prolongea cette fois-ci d’une telle manière qu’il sembla à l’homme-loup qu’un incroyable arrêt sur image avait été exécuté, enfermant les sensations à l’infini dans un espace d’à peine quelques secondes durant lesquelles il put s’imprégner de toute la douceur merveilleuse de cet instant avant qu’il ne semble éclater tout en légèreté lorsque les lèvres se retirèrent dans un petit bruit semblable à une bulle qui éclate, le laissant ravi.

Et pourtant, il n’avait pas tout vu, ou plutôt tout senti, car sans crier gare, la fée qu’il avait devant lui mit soudain en branle la percée qui conclut la prise en tenaille buccale qu’elle avait jusqu’ici échafaudée lorsqu’elle se projeta littéralement en avant vers le loup-garou qui ne put piper ni mot ni pensée cohérente à partir du moment où leurs deux bouches entrèrent en contact. Sa première réaction instinctive fut de protester, mais avant même que le moindre phonème pût émerger de sa gorge enrouée par l’émotion, le plaisir que lui procura un tel toucher s’empara de lui comme un fourmillement d’une intensité délectable contre lequel il se trouva bien incapable de lutter (non pas qu’il l’eût voulu) et dans lequel il se jeta à corps perdu, attirant justement celui d’Ellane contre lui pour mieux appuyer ces lèvres si délicieuses contre les siennes. Rien ne semblait désormais plus exister hormis les consciences de ces deux êtres pressées l’une contre l’autre en une symbiose qui excluait jusqu’à l’endroit où ils se trouvaient, jusqu’à toute autre sensation qu’il pouvait ressentir, jusqu’à toute autre préoccupation que de prolonger ce baiser le plus longtemps possible. Comme pour chercher à maximiser la proximité qu’il avait avec elle, ses mains se baladaient sur son dos, caressant l’étoffe du corsage de dépit de ne pouvoir se frotter directement à la peau que ce vêtement masquait. Il ne se décolla de sa partenaire que lorsqu’il sentit qu’elle commençait à manquer d’air, mais il suffit qu’il entrouvrît les yeux un instant pour lui donner aussitôt l’envie irrésistible de recommencer de plus belle :

« Elly. » Prit-il juste le temps de prononcer avant de l’embrasser à nouveau plus passionnément qu’il n’avait jamais embrassé quelqu’un.

Bien sûr, on pourrait supposer que cela avait trait à sa nature en partie animale depuis quelque temps qui l’aurait poussé à être plus prompt aux démonstrations affectueuses de ce genre, tout comme on pourrait supposer que c’était tout simplement Ellane qui le mettait dans un état pareil… mais pourquoi toujours chercher des raisons à tout ? Parfois, il faut juste laisser la magie des choses se faire sans accorder tant de valeur que cela à une explication sous peine de rompre un certain enchantement à vouloir casser le vernis d’inconnu qui recouvre quelque chose. Par exemple, on pourrait dire que ce furent encore une fois les hormones animales qui firent que Khral se mit à défaire les attaches du haut de l’adolescente ; et l’on pourrait aussi dire que c’était à cause de l’habitude de Saïl de faire et de défaire des nœuds à vitesse éclair qui fit que lorsque ses doigts tombèrent sur les agrafes de l’habit, il les délia prestement.
Qu’importe ? De toute manière, le résultat fut qu’à force, le corsage finit par relâcher l’étreinte qu’il avait maintenue jusqu’ici sur la donzelle, et que ce fut à ce moment là que ce fut le déclic dans la tête de l’homme-loup, qu’il se rendit compte de sa manœuvre pour le moins hardie et qu’il se détacha précipitamment d’elle dans un accès de culpabilité qui le fit ramener ses mains contre lui qu’il observa d’un air on ne peut plus contrit alors qu’il les tortillait maladroitement, babillant :

« Je-je ne l’ai pas fait exprès. Je…enfin…je… pardon. Pardon. »

Là, même s’il ne rougissait pas, on pouvait facilement se rendre compte que le sang lui affluait à la tête et aux joues proportionnellement à sa confusion.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le samedi 18 avril 2009, 09:59:34
Ellane n'eut pas à attendre longtemps avant qu'il ne réponde à son baiser. Celui était d'ailleurs fort agréable, la bouche du l'homme loup pressée contre la sienne lui donnait un sentiment de bonheur tel qu'elle se sentait à la limite de lui sauter au cou pour prolonger cet acte dont elle avait plus ou moins prit l'initiative. Sentant qu'il se raidissait légèrement sous elle, la jeune femme entrouvrit un oeil, suffisamment longtemps pour voir que les grosses mains de Saïl se rapprochait de son dos, jusqu'à se poser dessus et la presser sur lui. La jeune femme muée par un reflex fit glisser ses mains sur les épaule du loup, les attrapant pour se maintenir à la hauteur de ses lèvres. Sentant de fines caresses dans son dos la jeune femme serra plus contre son corps celui musclé de l'homme-loup.
Elle se sentait encore mieux que quelques minutes à peine plus tôt. Cette douce ivresse de bonheur l'aurait sans doute fait chanceler si elle n'avait pas été tenue aussi fermement par son compagnon. Elle adorait se sentir aussi près de cet homme -elle ne parvenait pas vraiment à le trouver plus loup qu'homme-, apprécier les  bienfaits de ce corps si bien taillé sur sa peau blanche, le bonheur de lire la joie, ou une chose du même genre, dans les pupilles chocolat de Saïl.

Il interrompit son baiser pour la laisser respirer, ce qu'elle s'empressa de faire car le souffle commençait à lui manquer, bien qu'elle ne l'ait pas remarqué toute occupée à embrasser son compagnon. L'ouïe de la jeune femme captura un son qui ressemblait à son surnom, puis elle n'eut pas le temps de plus évaluer la situation car il l'embrassa une nouvelle fois, y mettant tout ce qu'il pouvait, ou plutôt tout ce que la jeune fille aurait pu donner elle en temps qu'humaine.
Elle était sûre du fait qu'il se retenait pour ne pas l'écraser.  Elle aurait eu la même attitude avec un chaton nouveau né ou une autre espèce du même genre qui viendrait tout juste de naître et qui était assez délicat pour ne pas avoir à être trop fermement pressé contre soi.

Elle continuait à savourer ses baisers quand elle sentit qu'on touchait aux attaches en cuir de sont corsage, les noeuds étaient défait rapidement, à croire que l'homme loup l'eut fait toute sa vie. Elle ne fit pas un geste pour l'arrêter dans un premier instant, trop occupée ailleurs et prête à se donner, mais pas dans l'immédiat non plus, à l'homme-loup qui se stoppa quand il remarqua qu'il avait faillit enlever l'habit de la jeune fille. Celui-ci tombait mollement, retenu par la poitrine de la jeune fille qui restait pressée contre le torse de l'homme-loup, dernière attache avant que le vêtement ne tombe. La jeune fille faillit lui rire au nez, il interrompit leur baiser pour s'excuser en bafouillant d'une manière qui attendrie considérablement la jeune femme, celle-ci continuait un bref instant à délibérer silencieusement quand il la rejeta expressément en arrière, se tortillant les mains. Celle de la jeune femme se porta obligatoirement sur son haut qu'elle maintient quelques secondes avant de lancer d'une voix étrangement moins calme :

-Pourquoi tu me jettes à terre ? Je n'ai encore rien fait de mal...

Puis sans se soucier du haut qu'elle maintenait d'une seule main, ce qui ne cachait pas grand chose à son corps d'une blancheur éclatante, elle s'approcha à quatre pattes,  une lueur interrogatrice sur le visage. La situation lui échappait en grande partie, il avait commencé à la déshabiller, ce qui était peut-être mal mais elle était en grande partie d'accord, de plus, il la rejetait maintenant à terre avec l'air si embêté qu'elle se demanda si il ne regrettait pas son choix pendant quelques minutes. Si elle devait se fâcher se serait sans mal pour la deuxième partie de l'évènement. Elle n'aimait pas être rejetée, mais quelque chose dans l'homme-loup l'empêchait de tourner les talons pour ne plus jamais revenir.
Dans un soupir elle se laissa choir sur le sol, attendant une réponse du loup qui ne venait toujours pas. Dans un murmure agacée elle lui demanda, la tête entre les mains, sur le ventre :

-Tu m'expliqueras ce geste ? Quant à ce pourquoi tu t'excuses... je n'étais pas fâchée...
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le dimanche 19 avril 2009, 14:19:58
Plus confus, plus tourneboulé que s’il avait été bombardé d’une cascade de sons cataclysmiques après vingt-quatre heures complètes de veille, tel était l’état d’esprit de Saïl en ce moment même, la cavalcade d’émotions et d’impressions diverses qui déferlait en lui donnant l’impression d’avoir à se débattre contre elles dans une lutte sans merci dont le résultat était qu’il était laissé à moitié hagard, encore plus confus qu’après son premier baiser dont l’intensité ne semblait avoir rien de commun avec ce que ceux échangés avec Ellane lui avaient fait ressentir. Que faire ? Que faire, que faire, que faire ? Voilà une question à laquelle il ne put trouver de réponse malgré tout son génie : il était compétent, doué, voire expert dans bien des domaines, mais celui de la mécanique du cœur lui était malheureusement inconnu, aussi ne sut-il comment réagir alors que le sien s’emballait d’une manière qui faisait craindre pour sa santé pourtant d’une robustesse exemplaire. Concevez plutôt : la fille pour laquelle il éprouvait plus d’amour qu’il n’en avait jamais éprouvé se tenait devant lui avec plus grand-chose pour camoufler les harmonieuses courbes aguicheuses de sa poitrine (et le fait que cela résultât de son propre fait à lui ne faisait rien pour le mettre plus à l’aise), apparemment bien piquée de la maladresse gourdasse de l’indigne partenaire qu’il se voyait être pour elle ; et, élément parachevant le capharnaüm de ses pensées, elle se tenait à quatre pattes presque contre lui, posture typiquement animale qui lui donnait l’impression d’avoir le cerveau en ébullition.

(Dépêche toi imbécile ! Tu ne vois pas à côté de quoi tu passes ?!)

Il n’était pas impossible que cette remarque plutôt leste ne fût dénuée d’une certaine part de bon sens, mais un homme à la timidité telle que celle de Saïl ne prête que trop peu d’attention au bon sens lorsqu’il se retrouve à devoir lutter contre le double assaut de son embarras et de son excitation, et ce cri intérieur pas plus que les propos courroucés de celle qu’il chérissait tant ne parvinrent malheureusement à le secouer de la presque-torpeur digne d’un enfant pris dans une faute parmi les plus graves qu’il pût concevoir dans laquelle l’homme-loup était plongé : encore une fois, du haut de sa nubile splendeur, l’humaine parvenait –volontairement ou non- à le tenir en joue de ses yeux auxquels il ne pouvait résister. Il aurait sans doute été pratique de savoir quelles réflexions agitaient la caboche de cet aimant par bien des aspects trop peu entreprenant, mais à la vérité, essayer d’en discerner des cohérentes aurait été une tâche semblable à celle de défaire un écheveau si étroitement emberlificoté que le tisseur le plus habile aurait été bien en mal de trouver par quel bout le prendre, aussi il ne sera malheureusement pas possible de tirer quelque chose de valable dans cette tête bien troublée.
Heureusement, la réplique suivante d’Ellane finit par le secouer un peu, et les rouages de sa cervelle jusqu’ici grinçant et défaillants se remirent enfin en route pour acheminer leur possesseur vers quelque chose qui était davantage de l'ordre d’une interaction que de rester prostré dans un mutisme fort peu romantique devant la plus jolie fille qu’on eût su voir. En revanche, dans un premier temps, cette remise en marche ne fut pas d’un grand secours, et tout ce qui put se tirer de Khral furent des inspirations haletantes et gênées, et des tentatives aussitôt infructueuses de prononcer un mot digne de ce nom qui ne consistaient qu’en des petits grognements divers qui auraient pu paraître comiques si le spectacle n’avait pas été aussi affligeant. Cependant, pour la défense de Saïl, concédons qu’une telle inaptitude à la parole provenait de bons sentiments, ceux-ci étant ceux qu’il vouait à la dame de ses pensées qu’il voulait étreindre, rassurer et honorer de toute son âme sans pour autant en être réellement capable, tétanisé qu’il était par la peur de mal faire, de rompre pour de bon cet enchantement qui lui paraissait déjà s’effilocher et perdre de sa fragile intégrité.
Mais que faire ? Comme tout bon scientifique, même néophyte, il savait la réaction peu ragoûtante qui survenait lorsqu’on plonge un morceau de viande dans une solution acide, et il avait l’impression nette et torturante que c’était précisément ce qui était en train d’arriver à son cœur qui se débattait à bonds de carpe dans les eaux cruelles de son ratage romantique sans pour autant parvenir à faire autre chose que se maintenir péniblement à leur surface. Il lui fallait quelque chose d’autre pour faire avancer les choses, et le premier élément pour un tel progrès se trouva dans les derniers mots de la magnifique donzelle d’albâtre qui émoussaient le coup que la déception qu’elle ressentait manifestement avait porté à ce grand tendre de loup-garou, l’encourageant à s’empresser de se rattraper aux branches s’il voulait remonter la pente. Le second élément provint assez étrangement de la partie animalement spontanée de Saïl qui lui grogna aux oreilles une impérieuse recommandation :

(Fais lui savoir ce que tu ressens pour elle ! Frotte ton langage contre le sien !)

Pour une rare fois, la suggestion ne manquait pas d’intérêt, et elle lui permit de se remettre à peu près en selle et de reprendre un certain contrôle de son appareil vocal. Dans sa vie, le savant avait eu plus d’une fois à défendre des projets ou des théories devant des assemblées ou des conseils, et c’était dans ces moments qu’il était au plus fort de sa loquacité et de sa volubilité, discourant d’une telle manière que l’on croyait voir un autre homme en la présence de cet orateur sûr de ce qu’il avançait, brûlant du feu sacré qu’avivaient en lui la certitude d’œuvrer pour une cause noble et digne en comparaison avec ce jeunot au caractère trop timoré qui l’empêchait de montrer ce qu’il pouvait avoir dans le ventre. Dans le cas présent, une telle ardeur ne l’enflamma pas tout à coup, mais il en résulta tout de même une étincelle qui lui réchauffa les cordes vocales et lui donna enfin l’occasion de s’exprimer. Maladroitement, certes, mais avec sincérité, et non sans une indéniable cohérence issue de la véracité de ce qu’il éprouvait pour Ellane, il se mit donc à parler, abaissant ses mains au niveau de ses cuisses en une posture plus respectable :

« Je t’aime beaucoup…énormément. Mais je ne veux pas te forcer. J’ai… j’ai peur de te faire mal. »

Car il était indubitable qu’un loup-garou se laissant aller à la fougue de mouvements trop puissamment câlins pouvait très vite s’avérer dangereux pour une jeune fille si frêle et si fragile en comparaison : à la simple pensée de l’étreindre plus étroitement, il se faisait l’impression qu’il aurait été un ours mal dégrossi essayant de manipuler une coupe en cristal sans la casser, enserrant maladroitement le délicat ouvrage d’orfèvrerie dans ses grosses pattes pataudes et gourdes. Et pourtant il l’aimait tellement… oui, il pouvait sans aucun doute affirmer que de lui à elle, c’était de toute évidence d’amour qu’il s’agissait : chaque moment passé auprès d’elle, contre elle, était un moment du ravissement le plus pur, du bonheur le plus dénué de nuages ; et en même temps, il sentait qu’un pareil affect allait au-delà de ce que sa libido lui dictait, car il aurait pu passer sa vie aux côtés de cette splendeur de féminité même sans espoir d’assouvir ses pulsions sexuelles, simplement pour la réconforter et la protéger lorsqu’elle en aurait eu besoin. Il avait la certitude qu'il vivait quelque chose de beau, d’élevé et de tendre ; une chose pour laquelle il était juste de risquer sa vie, car c’était en elle que résidaient ce qu’il pouvait y avoir de plus admirablement doux dans les relations humaines.
Cela lui redonna un peu de poil de la bête, et ce fut avec un brin d’assurance supplémentaire qu’il glissa une de ses mains contre la joue d’Ellane pour la caresser avec attention, ses prunelles marrons reflétant sans grand doute possible toute la délicate affection qu’il avait pour elle et toute la courtoise passion qu’elle lui inspirait alors qu’il avouait en un soupir :

« Je te demande pardon. Je t’aime vraiment, mais je ne sais pas comment m’y prendre. »

Comme elle était belle décidément, et comme sa peau était soyeuse ! Quoiqu’elle décidât désormais, il garderait de toute manière un souvenir impérissable de cette soirée, quand bien même la saveur dût en être aigre-douce.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le dimanche 19 avril 2009, 17:22:31
Il hésitait à lui répondre. Ou plutôt il ne parvenait pas à aligner deux mots cohérents. Telles étaient les pensées qui agitaient l'esprit de la jeune fille. L'homme loup qui aurait sans problème put la tuer d'un coup de dents bafouillait et n'achevait pas ses phrases. Elle ne pouvait croire qu'elle était intimidante. Elle était bien trop menue, fragile, petite par rapport à cette montagne de muscles, son caractère de cochon ayant disparut en même temps que le loup avait osé se montrer au grand jour. Il l'impressionnait, son corps étant si peu enclin à montrer le fond de sa pensée. Elle aurait aimé le laisser formuler sa phrase en entière sans qu'il ne bute à chaque mot, mais la donzelle ne parvenait pas à arrêter de le fixer dans les yeux se qui devait ajouter un trouble certain à l'homme loup.  Un sourire naquit sur son visage, un sourire tendre, sincère, prompte à accepter n'importe quelle humeur du loup qu'elle avait en face de lui. Dans un soupir elle se releva, cachant toujours sa poitrine avec le tissus, s'approchant encore de son compagnon en se pressant près de lui. Il commençait à vraiment faire froid et vêtue comme elle l'était le temps la percutait plus froidement que le loup. La vraie raison était sans doute qu'elle avait besoin de cette proximité, et elle le laissa continuer son discours ponctué de râle discret et de reprise de respiration trop bruyante.

Quand il se tut, comme pour réfléchir dans le calme que devait abriter le crâne épais de l'homme-loup, la jeune fille crut qu'il n'allait rien ajouter à cette longue file de mots sans queue ni tête. Mais l'expression qu'il employa la sidéra, il se mit les mains sur les cuisses, ses griffes posées sur la peau épaisse, puis il commença, peu sûr de lui. Elle le comprenait, elle n'avait jamais vraiment put dire à quelqu'un qu'elle l'aimait beaucoup sans honte, et la phrase qui sortie de la bouche du loup la remplie de joie, de bonheur, mais de peur aussi. Elle ne savait que répondre. C'était réciproque ça c'était sûr. Elle l'adorait, il avait sut se montrer plus gentil en une nuit que pleins de monde en plusieurs, mais elle ne parvenait pas à dire ce qui lui pesait sur le coeur. Pendant qu'elle fixait les yeux du loup qui la fascinait, il refit la même déclaration une seconde fois alors qu'elle restait sans voix, paralysée par tant d'amour dans le ton qu'il avait employé. Sa main passa sur son visage et elle ne put s'empêcher de le presser contre la grosse peluche alors qu'elle répondait, s'éclaircissant la voix en toussant :

-Je t'aime aussi beaucoup... Quant à me faire mal... j'en doute vu comment tu m'as « maniée » ce soir. Tranquillise toi, si tu me fais mal je te le dirais.

Dans un élan elle s'accrocha au loup lâchant le tissus argenté qui ne servait plus à rien maintenant. Se pressant sur le torse du loup dans un rire mêlé d'une unique larme. Se disant qu'il chercherait sans doute la cause de cette soudaine tristesse elle lui expliqua, sa voix claire ayant reprit le ton qui lui convenait habituellement dans les moments où elle était maîtresse de la situation :

-Ce sont les plus belles paroles qu'on l'ait offerte...

Dans un souffle elle se tendit pour atteindre la bouche du loup qu'elle embrassa, lui tenant le menton d'une main alors que l'autre la maintenait debout, appuyée sur le corps musclé de l'homme-loup. Faisant le tour de son visage elle caressa le moindre muscle sous la peau poilue, la forme de l'os, faisant le tour des yeux de ses pouces, elle était torse-nue elle aussi, et quand elle s'en rendit compte une fois la magie du moment atténuée elle murmura dans un rire, lui désignant de la tête son bas coloré :

-Nous voilà rendus au même stade question vêtements... Bien que j'ai des chaussures, et plusieurs couches de vêtements sous mon jeans. Tu penses que je dois les garder ou c'est de la triche ?

Elle était repartie dans son amusement et elle lui sourit sincèrement, ramenant toute sa chevelure jais sur son épaule pour qu'elle dissimule l'un de ses seins. Elle n'était pas ange, elle n'était pas démon. Elle était peut-être à un stade entre les deux...
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le mardi 21 avril 2009, 03:14:40
Au moment même où elle raffermit la prise attentionnée qu’il avait sur son visage en le calant plus étroitement contre sa main, une étincelle qui se communiqua de cet endroit jusqu’en son sein lui apprit que, contrairement à ce qu’il avait pu croire, il ne l’avait en fin de compte pas déçue ; prise de conscience renforcée par la timidité à avouer ce qu’elle ressentait qu’elle semblait partager avec lui, mais il préféra ne pas se faire d’illusions, réservant d’éventuelles certitudes pour le moment opportun… et il se trouva que ce moment arriva dès les premiers mots qu’elle prononça, exprimant de vive voix la réciprocité de ses sentiments. Ô joie, ô bonheur, ô suprême félicité que d’aimer et d’être aimé en retour ! Une telle prise de conscience fut comme une graine qui se ficha dans son cœur avec la violence d’une flèche pour germer dans cette terre fertile de sang battant puissamment et passionnément et croître en de multiples ramifications qui envahirent jusqu’au moindre recoin de son corps, l’enveloppant tendrement et étroitement de cette fantastique émotion qui résonna jusque dans sa tête comme un coup de foudre dans l’intérieur de sa boîte crânienne qui rendit ses yeux brillants de larmes.
Aux anges, il écouta les mots de celle qui se trouvait tout contre lui aussi attentivement que s’il se fût agit d’une parole divine, son bonheur se retrouvant teinté d’une pointe rouge d’embarras au terme de « maniée » qui faisait naître dans son esprit des idées qui étaient à elles seules un attentat à la pudeur. Toutefois, par une sorte de déformation professionnelle, la proposition par Ellane d’une soupape de sécurité verbale le rasséréna, car au fond, si l’on envisageait l’acte sous un angle comparativement objectif, une expérience érotique ne différait pas tant que ça d’une expérience scientifique : les membres impliqués devaient mener l’affaire avec dextérité et prudence en s’assurant de ne pas en perdre le contrôle, toujours en faisant preuve d’une attention symbiotique envers son/sa partenaire. Bien sûr, de telles règles n’excluaient en rien de s’impliquer ardemment dans le projet, mais il fallait toujours garder à l’esprit qu’il s’agissait d’un être de chair et de sang avec lequel on faisait équipe et non d’une machine, notion quant à laquelle Saïl se devait d’être particulièrement vigilant et prudent.

Mais dans l'immédiat, ce n’était pas cela qui importait, c’était Ellane et Ellane uniquement, qui lâcha tout à coup son corsage pour se précipiter plus étroitement contre lui avec une spontanéité qui le laissa pantois. A la vue de la poitrine dénudée, de ces globes pareils à des perles surdimensionnées, il lui vint à l’esprit des représentations au caractère semblable célèbres telles que La Liberté guidant le Peuple, des tableaux de Marie allaitant Jésus ou des statues d’Isis nourricière… mais toutes ces œuvres artistiques semblaient s’effacer, révéler leurs défauts devant la perfection de ces beaux seins que Khral ne pouvait faire autrement que savoir voir. Toutefois, le charitable homme-loup n’écouta pas sa libido très longtemps, celle-ci faisant place à l’inquiétude lorsqu’il sentit contre son poil épais l’humidité très légère mais bien présente de ce qui ne pouvait être qu’une larme à en juger par le niveau auquel cette sensation se faisait ressentir. Pris au dépourvu, il ne sut que dire ou comment faire face à une réaction à laquelle il s’attendait si peu : il ne comprenait pas, et décida d’ailleurs de ne pas chercher à comprendre, laissant sa chérie s’exprimer en réagissant en attendant comme il avait toujours réagi avec de bons résultats, enveloppant la silhouette d’albâtre des troncs d’arbres câlins rembourrés de fourrure qu’étaient ses bras pour apporter à l’humaine émue le réconfort qu’il pouvait. En fait, la réponse vint bien vite, prononcée d’une voix parfaitement mesurée qui convenait à merveille à la splendide et altière dame à la beauté plus que sculpturale et qui dissipa les craintes de son amant peu commun. En revanche, celles-ci firent place à un soupçon de colère qui s’éteignit bien vite étant donné la douceur de la situation dans laquelle il se trouvait, mais qui le crispa un instant : pour qu’elle fût aussi troublée par ce qu’il avait dit, il fallait qu’elle eût reçu bien peu d’affection de la part de son entourage ! Quoi, des personnes avaient eu l’impudence ne pas la traiter comme la princesse qu’elle était ; l’avaient maltraitée peut-être ?! Rien qu’à s’imaginer qu’on eût pu oser faire preuve de violence ou de cruauté envers sa chère et tendre, sa partie de loup grognait et se sentait prête à partir en chasse pour occire les coupables. C’est dire l’état dans lequel il se serait mis s’il avait appris ce qu’Ellane avait subi il y avait deux ans de cela : il n’aurait pas été impossible que le forfaitiste n’eût pas survécu à la vendetta dans laquelle le loup-garou se serait alors lancé.

Mais pour le moment présent, le baiser inattendu que lui donna sa fougueuse compagne effaça toute idée de rage ou de tuerie en un clin d’œil sous le retour en force de l’amour passionné qu’il éprouvait à son égard. Lui caressant le dos de l’atlas jusqu’au sacrum, ne se risquant pudiquement pas à aller plus bas, il se délectait du toucher si agréablement immaculé, lisse et doux de cette chair juvénile, passant et repassant sans jamais se lasser tandis qu’il se laissait lui-même faire sans aucune gêne ni aucune réticence, appréciant au contraire une pareille exploration phrénologique pour ce qu’elle avait de si simplement intime et attentionné à son égard.
Le contact labial amoureux s’interrompit toutefois d’une manière d’une amusante incongruité qui surprit sur le coup Saïl lorsqu’il sentit le souffle chaud du rire de sa partenaire se glisser dans sa bouche, lui procurant une étrange sensation de chatouillis alors que la belle s’écartait légèrement afin de parler, sans aucun doute pour lancer une de ses piques mutines dont elle avait le secret. Et telle attente ne se trouva pas détrompée lorsqu’elle lui décocha une réplique qui le plongea une fois encore dans l’embarras : qu’est-ce qu’elle n’allait pas lui dire là ? Ah la bougresse, le loup ricanait bien maintenant ! Cependant, la proximité avec son amour, autant mentale que physique, à laquelle il commençait à s’habituer, le prévint d’énièmes balbutiements, et ce fut donc d’une voix rendue quelque peu rauque par l’émotion mais suffisamment articulée pour ne pas se voir réduite à des borborygmes confus qu'il répondit :

« Sincèrement, ce que je pense, c’est que je voudrais que tu sois nue pour te faire l’amour jusqu’à l’épuisement. » Grogna-t-il, s’étranglant ensuite à moitié sous le sens des mots qu’il venait de prononcer et qui, bien que véridiques, le choquaient quand même de sa part de par leur hardiesse peu commune, avant de poursuivre d’un ton qu’il s’efforçait de rendre calme et mesuré : « Mais il vaut mieux qu’on reste comme ça, sinon je risque de ne plus me contrôler. »

Se faisant ensuite la réflexion que ce qu’il révélait lui faisait dire assez d’âneries comme ça, il se scella les lèvres en les apposant une nouvelles fois contre celles d’Ellane, baisant et baisant encore ces merveilles de parcelles charnelles qui lui procuraient toujours autant de ces élans de plaisir pétillants et voluptueux tout en continuant de masser sa peau superbe, ses longs pouces se baladant cette fois-ci le long du torse finement dessiné, caressant d’une part la précieuse chevelure de jais et frôlant d’autre part le sein ferme, se retenant toutefois timidement de passer cette étape sans une certaine forme approbation de la part de sa dulcinée.
Avec ses longs cheveux qui masquaient partiellement sa poitrine délicatement ciselée, elle ne pouvait qu’évoquer Vénus sortant des eaux telle qu’elle fut peinte par Boticelli ; et en vérité, il semblait qu'Aphrodite elle-même n’aurait pu faire éprouver à Saïl autant d’amour qu’il en avait pour celle à laquelle il tenait tant, n’en déplût à la déesse dont c’était pourtant l’attribut.
Au bout d’un moment, il finit par marquer une pause, le cœur battant, les membres tremblants (et le membre raidissant pour être franc), ses yeux luminescents fixant ceux si ensorcelants de son adorable Elly, une expression de bonheur béat collée sur son visage. Admiratif, il posa sa main droite contre le ventre de l’adolescente qu’il englobait presque entièrement, au niveau de son nombril, faisant glisser ses doigts contre la surface glabre en murmurant comme une continuité de la phrase qu’il avait précédemment prononcée :

« Tu es trop belle… »
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le mercredi 22 avril 2009, 16:11:17
La jeune femme goûtait à chaque caresse, fourrant son visage dans les poils chauds de l'homme loup. Les mains de Saïl se posaient toujours doucement sur son dos, la parcourant, réchauffant la peau blanche de la jeune fille qui ressortait nettement dans les alentours obscurs qui entouraient la clairière. Le silence fut troublé par la voix rauque de son compagnon qui s'exprimait d'un ton qui montrait une partie de son embarras. Les mots étaient prononcés clairement, les bredouillements avaient laissé la place à une phrase correcte. Elle s'arrêta de parcourir le corps musclés de l'homme-loup pour se retourner de manière à se mettre dos sur son torse. Dissimulant sa poitrine sous ses bras croisés elle médita un instant cette réponse sincère bien qu'un peu crue. Elle aimait beaucoup Saïl, chose qui lui apportait vraisemblablement un bon point, et, si il faisait attention, elle était prête à faire ses quatre volontés et plus... Les débats n'avaient pas duré plus de deux dizaines de secondes, et la jeune fille ne prit pas la peine de se retourner pour répondre, penchant la tête en arrière pour poser son crane sur le coup du loup, laissant voir sa propre gorge. Il poursuivit, plus mesuré dans ses propos, faisant briller une pointe de joie dans les yeux couleur eau de la jeune femme. Un sourire étira ses lèvres et dans une phrase tournée d'une voix amusée elle lui répondit, tout à fait calme, dénuée de toute trace de peur ou d'angoisse, encore moins de dégoût :

-Le seul truc qui me gêne... C'est que épuisement ne veut rien dire pour toi... Ma fatigue viendra bien avant la tienne.

Elle sentit ses lèvres sur les siennes et elle se retourna sans rompre le contact, passant doucement ses mains sur la poitrine du loup. Il continuait ses caresses, ayant pourtant abandonné son dos qu'il devait maintenant connaître dans ses moindres détails pour son ventre et le tour de ses seins. Il évitait d'ailleurs ces derniers, sans aucun doute il attendait un geste d'accord de la jeune fille et celle-ci lui adressa un bref signe de tête ponctué d'un sourire légèrement moins innocent. Les doigts qui se baladaient dans les cheveux noirs de la jeune femme ne tombaient sur aucun des noeuds, ou plutôt on auraient dit qu'ils les évitaient. Les gestes étaient infiniment doux, mesuré, tellement agréable qu'elle aurait put rester la journée du lendemain en plus de la nuit ici.

Il s'interrompit pendant quelques secondes, la laissant sur sa faim alors qu'il se restait sans rien faire, se contentant de la regarder. Sans prolonger trop longtemps cette absence de mouvement il resta un moment à la détailler, puis il posa sa main sur le ventre de la jeune fille. Le recouvrant presque entièrement alors qu'elle se laissait faire, totalement à sa merci. Il faisait glisser ses doigts sur la surface trop blanche qu'était la peau de la jeune femme et celle-ci émit un faible soupir de bonheur, presque inaudible, alors qu'elle prenait plaisir à partager ce moment de pur bonheur.
Elle resta une longue minute ainsi avant qu'elle ne se relève sur les genoux vers lui, ses cheveux dissimulant tant bien que mal le bout de ses seins. Elle posa un un baiser sur les lèvres de l'homme loup, se débarrassant de ses seuls pieds de ses chaussures, n'interrompant pas ce contact intime. Elle noua ses mains sur les épaules du loup, se collant à nouveau à lui avant qu'elle ne vienne poser sa tête près de l'oreille du loup dans laquelle elle remarqua la fleur qu'elle lui avait offerte. Un sourire coquin ponctua ses paroles alors qu'elle lui demandait, en réponse aux dernières paroles pleines de douceur qu'il avait prononcé à son intention :

-Merci...

Elle posa d'elle même les mains du loup sur le bas de son dos, à la limite de ses fesses, ne le forçant en aucun cas à continuer ses caresses dont elle raffolait. Poursuivant sa phrase elle s'exclama, amusée :

-Si le tissus te gêne pour continuer tes caresses n'hésite pas...

Elle ne savait pas si il allait faire comme elle l'avait dit mais elle ne le forcerait en aucun cas. De plus, elle tenait trop à lui pour se venger si il la délaissait.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le jeudi 23 avril 2009, 01:29:07
Ah c’est qu’elle avait bien raison : autant Khral pouvait tenir des heures entières affairé aux tâches les plus épuisantes, quelle que fût leur nature, autant un exercice d’une nature à nécessiter autant l’activité musculaire et l’accélération cardiaque épuiserait bien vite la délicate Ellane. Mais cela ne faisait rien, car il irait sans problème à l’allure de sa douce, évoluant à son rythme sans jamais la forcer, faisant toujours tout son possible pour lui donner le plus de plaisir et de joie possible en évitant de blesser cette charmante demoiselle qui, bien qu’elle fût d’une beauté sculpturale et eût un teint d’ivoire, n’avait en rien la dureté des statues, aussi bien physiquement que psychologiquement, sa peau douce –et délicieuse- le prouvant tout autant que la douceur de son tempérament non dénué d’une indubitable agilité. Il avait tout d’abord craint que de telles avances pour le moins peu romantiques fissent frémir sa dulcinée, mais le ton tranquille et même légèrement enthousiaste qu’elle employa le soulagea, le motiva, résultat qui pouvait bien s’avérer à double tranchant, car si cela amoindrissait encore la timidité de Saïl, la conséquence était qu’il pouvait s’en montrer diablement entreprenant dans ses gestes envers sa tendre compagne… non pas que celle-ci parût pouvoir y trouver de quoi se plaindre à vrai dire d’après le sourire qu’elle lui décocha et qui aurait suffi à lui donner bien des idées si celles-ci ne s’étaient pas déjà pressées à la lisière de son esprit, n’attendant que l’accord de leur concepteur pour être mises à exécution. Toutefois, celui-ci préférait encore attendre afin de s’assurer qu’il n’irait pas à l’encontre des désirs de la dame de ses pensées et qu’il ne risquerait ainsi pas de provoquer son déplaisir ou son courroux qu’il redoutait plus que celui de quiconque d’autre.

Comme c’était étrange en réalité : lui aurait pu la casser en deux d’une torsion du pouce et de l’index mais en aurait été moralement et sentimentalement aussi incapable que de génocider la terre entière, et elle aurait pu l’envoyer bouler d’une simple remarque acerbe sans qu’il eût pu avoir le cœur de riposter mais paraissait trop attaché à lui pour cela. Cela aurait pu évoquer une notion d’équilibre des forces, mais il avait la certitude que ce n’était en réalité que du consensualisme à un degré qui dépassait toute intervention consciente : leur rencontre avait fait naître en lui le besoin et l’envie d’elle, et en elle le besoin et l’envie de lui (jusqu’à preuve du contraire en tout cas) ; ils ne voulaient pas penser qu’ils devraient tôt ou tard se séparer et comblaient en ce moment même le manque aussitôt qu’il était apparu. Oui, en réalité, par la grâce d’Ellane, il était plein de la joie la plus douce et la plus pure qu’un homme pût ressentir. Il était aimé, et l’était de la plus digne des femmes en la présence de cette jeune fille si admirable, autant par ses qualités esthétiques que morales et intellectuelles tant elle savait faire montre d’une alacrité mentale que beaucoup de pimbêches dont les réflexions restaient bien souvent au ras des pâquerettes pouvaient lui envier.
Il ne se lassait jamais de découvrir plus d’elle : chaque petite information, même la plus anodine, à son sujet lui paraissait une connaissance sacrée à conserver précieusement et à chérir ; chaque parcelle de peau supplémentaire offerte à sa vue et à son toucher le ravissait comme une merveille de perfection charnelle. En l’occurrence, après un nouveau baiser par la sensation duquel il se laissa tout autant absorber avec cette même impression de drogue que précédemment, il put remarquer qu’elle avait délaissé ses chaussures, laissant voir ce qui semblait à Saïl les plus beaux pieds de la création : celui peint par Frenhofer du Chef-d’œuvre inconnu ne devait pas être plus parfait, et rien qu’à les voir, il se sentait de se jeter à leur niveau là où lui paraissait être sa place pour les baiser avec dévotion.

Mais celle qui possédait ces fins membres ne lui laissa pas le temps de pousser plus loin ces préoccupations à caractère fétichiste, le faisant passer à des centres d’intérêt moins échevelés en se portant plus étroitement contre lui, l’homme-loup pouvant désormais sentir la chair ferme et appétissante en contact direct avec son torse velu qui n’en restait pas moins suffisamment sensible pour que le gaillard en fût ensorcelé. Cette enchanteresse perdrait-elle un jour du pouvoir qu’elle avait sur lui ? Rien n’était moins sûr à la vérité, et il ne trouvait pas là de quoi se plaindre tant le charme qu’elle exerçait sur lui était délectable de tendresse et de sensualité. Se rendait-elle compte des frissons qu’elle provoquait en lui rien que par le murmure qu’elle soufflait à son oreille, et que cet organe sensoriel ultrasensible décuplait pour faire atteindre à cette douce exhalaison une intensité tout bonnement insoutenable rendant son self-control dangereusement vacillant ? Sans doute pas, car la canaille poussa le bouchon encore plus loin en s’emparant de ses grandes paluches par une douce pression à laquelle il ne pouvait opposer aucune résistance pour poser celles-ci à un endroit fatidique assez explicite. Ah, en effet, comme il avait envie de ressentir le plus intimement du monde cet endroit sous ses paumes, de caresser sans aucune retenue ces parties parmi les plus charnues du corps d’une femme !... Mais pourquoi autant précipiter les choses ?
Affectant un air à la fois troublé, timoré et désolé tout en ôtant ses mains de la proximité de la zone critique et en baissant légèrement la tête d’une manière si naturelle qu’elle en aurait en réalité bluffé plus d’un, il murmura, geignit presque :

« Je crois que je ne préfère pas… »

Jubilant intérieurement, il laissa l’effet de son début de phrase s’installer quelques secondes avant de redresser la tête, tout sourire, une lueur grivoise dans les yeux qui permettait peu de doute quant à ce qu’il avait en réalité en tête, reprenant d’une voix plus forte :

« … pour l’instant alors que j’ai déjà tout ce qu’il faut pour m’occuper ! »

En vérité, la passion qu’il éprouvait pour Ellane semblait avoir en exclusivité brisé les barrières de décence et de pruderie gênée qu’il s’imposait habituellement de peur de se rendre ridicule ou de se laisser aller à des bêtises. Mais maladresses il n’y aurait pas ce coup-ci, tout semblant s’exécuter en un harmonieux et fluide enchaînement, Saïl ayant très manifestement été mis en confiance par les précédentes manifestations de plaisir de celle qu’il souhaitait combler de bienfaits : sans laisser planer un seul instant de plus après la fin de cette déclamation, il se jeta tout bonnement sur l’attrayante humaine avec la même souplesse contrôlée qu’un loup qui bondit sur sa proie pour la clouer à terre à la différence que dans le cas présent, il ne tenait nullement à l’écraser et se contenta de la renverser légèrement en arrière en une poussée parfaitement maîtrisée tout en la surélevant de son genou gauche pour porter son nombril plus à portée de son visage, celui-ci plongeant sans attendre dans ce petit creux ombilical pour l’embrasser avec un claquement avant d’y passer sa langue tout à l’intérieur et autour, remplissant ses papilles gustatives de la saveur de son amour jusqu’à saturation. Pendant ce temps, ses mains ne restaient pas oisives et s’affairaient avec dextérité et diligence sur cette si désirable poitrine qui leur était offerte, massant ces rotondités fermes et tendres avec toute la précision dont étaient capables les doigts d’un chirurgien expert, malaxant la chair en des cercles concentriques qui s’achevèrent par une titillation adroite des tétons alors que la gueule lapante progressait du bas vers le haut sans cesser de s’affairer ardemment partout où elle passait, recouvrant la peau nue de sécrétions salivaires enfiévrées jusqu’à arriver à la gorge qu’il embrassa passionnément puis jusqu’à l’oreille qu’il baisa et léchouilla derechef. Enfin, achevant sa remontée il posa amoureusement ses lèvres sur le front, le nez et enfin la bouche de son Elly chérie… puis, sans cesser de caresser ses parties mammaires, sur sa bouche à nouveau… et encore… et encore… et encore…
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le mercredi 29 avril 2009, 17:08:50
Ellane grimaça légèrement quand il enleva ses mains de son dos, baissant la tête comme pour s'excuser ou ne pas commettre un crime qu'il regretterait ensuite. C'était digne de l'homme-loup qui n'avait pas arrêté de jouer au gentleman depuis le début, ne voulant pas l'indisposer par une quelconque attitude qu'il jugeait sans aucun doute trop déplacée. Elle ne lui en voulait pas pour ça, mais elle commençait à ressentir la frustration qui animait son corps trop pâle qui ressortait dans la noirceur des environs. Elle aimait toucher Saïl, le caresser, pour le moment elle était prête à tout pour le garder auprès d'elle pendant cette nuit étoilée. Chacun de ses gestes était emplit d'une adoration sans limite, mais elle ne comprenait vraiment pas l'air qu'il prenait et qui la blessait aussi sûrement que si il avait usé de l'une de ses grosses griffes pour la lui planter en plein coeur. La phrase qui prononça renouvela cette sensation désagréable et elle se mordit la lèvre inférieur. Se demandant en ressassant ce qu'elle avait fait ce qui n'avait pas marché. Détournant le regard pour ne pas montrer la peine qui devait sans aucun problème se voir dans ses yeux, elle rata les signes annonciateurs qui pouvaient lui montrer le fond de la pensé du loup.

Au fur et à mesure que les dernières paroles se frayaient un passage dans le cerveau de la jeune fille celle-ci sourit, mettant son index sur le torse velu de l'homme-loup en redressant la tête, une mine accusatrice sur le visage, ses lèvres ne souriant plus. Il la fit basculer sous son poids avant qu'elle ne puisse protester contre ce coup bas, le genou qui lui soutenait le ventre était assez large pour qu'elle s'y sente à l'aise et le masque impassible que ses traits ses traits se détendit. Elle réussit tant bien que mal à se hisser assez haut pour embrasser Saïl, Elle fut plutôt prise au dépourvu quand il baissa la tête pour lécher son nombril, la langue s'affairait sur cette partie du corps de la jeune fille qui ferma les yeux, aux anges. Les mains de l'homme-loup se baladèrent jusqu'à sa poitrine puis, comme elle s'y attendait la caressèrent, faisant le tour des rondeurs de la poitrine d'Ellane, terminant en pinçant légèrement les tétons. La langue  légèrement râpeuse du loup progressait sur le corps de la jeune femme, attaquant le cou qu'elle souleva pour qu'il ait une meilleure progression, sentant qu'il pinçait son oreille elle rouvrit les yeux. Suffisamment longtemps pour qu'elle voit passer le muscle rose de l'homme loup sur ses yeux. Sa bouche accepta l'offrande qu'il lui fit en prolongeant le baiser. La jeune femme s'accrocha à ce lien buccale autant de temps qu'elle le put finissant par de petits coups de langues sur ses lèvres. Elle avait crut remarquer qu'il aimait bien la lécher, pourquoi n'aurait-elle pas le droit d'en faire autant ? Surtout que ce n'était pas désagréable et qu'il fallait bien qu'elle participe à cette esquisse d'ébats.

Se cambrant en arrière elle fit partir sa main jusqu'à son jean dont elle enleva le premier bouton, ce lui qui retenait le tissus au dessus de sa hanche et qui surplombait la petite fermeture éclair dorée. Dans un sourire coquin elle demanda à l'homme-loup, entrecoupant ses mots d'un baiser brûlant sur son torse, s'abaissant à chaque syllabe sans le quitter des yeux en s'arrêtant un peu au dessus de son tissus coloré :

-C'est bien d'avoir rajouté les derniers mots... Mais là tu ne m'as qu'à moitié, ce n'est pas encore digne de toi.

Elle fit légèrement descendre son pantalon d'un cran, laissant voir un fin tissus noir, de la même couleur que ses cheveux et de la même douceur. Elle se détendit encore plus contre l'homme-loup, profitant de ses caresses en soupirant silencieusement. Ne pouvant résister elle colla son visage sur le torse du loup, l'embrassant pour remonter jusqu'au visage de son compagnon qu'elle embrassa fiévreusement. Fini la contemplation du visage. Seul le visage passionné de son amant restait comme une idée fixe dans son esprit. Les traits de loup ne le rendait que plus mystérieux car elle ne savait pas comment c'était arrivé, et elle aimait cette petite touche exotique qui le rendait encore plus désirable qu'il ne devait l'être quand il était encore humain. Elle passa ses mains sur le torse du loup, le caressant, finissant par murmurer tout doucement, un bruit tellement infime qu'une personne à deux dizaines de centimètres de l'aurait pas entendu :

-Je ne sais pas comment j'ai pu avoir peur de toi...
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le jeudi 30 avril 2009, 02:31:41
Comment avait-il pu vivre sans elle jusqu’à maintenant, vivre sans cette sensation de pure exaltation qu’elle lui procurait, sans avoir ressenti cette sensation électrisante qui le grisait à chaque pore de sa peau qui se découvrait à ses caresses, sans cette exquise harmonie qu’ils partageaient ? La réponse lui vint en une sorte d’évidence à l’abord absurde, mais qui, prisonnier de ces enivrants sentiments amoureux qu’il était, lui paraissait une chose aussi logique que la nécessité de respirer, boire et manger pour survivre : avant de l’avoir connue, il n’avait mené qu’une demi-vie envahie d’un sentiment d’incomplétude dont il ne se rendait compte qu'à présent qu’il avait trouvé celle qui le complétait. Il comprenait maintenant pourquoi, dans un couple, l’un pouvait parler de l’autre comme sa moitié : il semblait que Platon eût eu raison en énonçant sa théorie sur l’humanité qui ne formait auparavant que des entités en duo, chaque partenaire soudé l’un à l’autre, jusqu’à ce que les dieux de l’Olympe les séparassent tout en leur laissant l’espoir de se retrouver un jour pour s’unir à nouveau. Cette idée se résumait en un mot par le concept d’âme sœur si cher au cœur des romantiques ; était-il possible que lui, Saïl, indigne laborantin jadis terré en permanence dans ses ateliers, eût pu avoir la chance et le bonheur de tomber sur celle à laquelle il était destiné ? Il n’osait le croire, sa prudence naturelle ayant encore la force de lui recommander de ne pas faire le grand saut aussi hardiment, mais chérissait l’éventualité et se promettait de ne pas l’abandonner tant qu’il n’aurait pas de certitude à ce sujet.
Pour le moment, il préférait jouir pleinement du moment présent qu’il vivait avec Ellane, alors que leur proximité semblait être plus prononcée que jamais tandis qu’ils s’embrassaient sans réserve, prolongeant avec délice ce baiser qu’elle mua bientôt en des lapements affectueux le long de ses lèvres qu’il lui rendait de bon cœur. Le loup aurait préféré à ce niveau lui lécher le museau, comme faisaient les membres de son espèce, mais l’humain avait comme bien souvent davantage le contrôle, et il se trouvait de toute façon un compromis dans la taille de l’appendice lingual de Khral qui faisait qu’il frôlait le nez mignon de la superbe humaine au passage. Son nez, son visage, son buste, sa poitrine, son ventre… il ne voulait de toute manière laisser aucune des parties du corps de sa chérie inconnue à ses papilles gustatives, et était résolu à passer même dans les recoins les plus inattendus pour s’imprégner de tout le goût somptueux qu’elle dégageait : véritablement, la saveur qu’elle avait faisait comprendre pourquoi on pouvait dire d’une personne qu’elle était à croquer tant il n’aurait pu trouver de met plus délectable à savourer que cette incomparable jeune fille.

Mais déjà il semblait que cette dernière avait une autre idée en tête, se laissant retomber en arrière, toujours soutenue dans le dos par les larges pattes de son dévoué serviteur qui, quand il remarqua où son geste menait, sentit un surcroît de chaleur l’envahir. Toutefois, cela n’avait rien à voir avec l’embarras qui lui avait pourtant jusqu’ici mis plus d’une fois le rouge aux joues, mais avec l’excitation, car il avait depuis que sa dulcinée s’était dénudée franchi le cap de la gêne et était désormais tout à fait disposé à tout découvrir d’elle et à fouiller jusqu’aux dernières parcelles de son intimité, aussi se montra-t-il très réceptif aux paroles de son amour, et encore plus à ses baisers qu’il sentait avec une incroyable intensité en dépit de sa peau et de son pelage épais, sa poitrine tressautant sous l’effet de courtes inspirations entre chaque fois où elle apposait sa bouche sur son torse. Lorsqu’elle en arriva à descendre dangereusement bas, il commença à se demander s’il ne devrait pas l’arrêter : il avait du mal à faire en sorte que sa virilité, déjà à moitié gonflée de sang ne se révélât pas ostentatoirement même à travers son pagne, et si Ellane se mettait à trop approcher ces parties sensibles, il n’était pas sûr de pouvoir encore se maîtriser. Heureusement, Saïl put souffler de soulagement lorsqu’elle choisit de ne pas aller plus loin, ce qui n’empêcha toutefois pas l’entreprenante demoiselle de renouveler ses avances d’une manière qui fit bien efficacement mouche : dès que les premiers filins de l’étoffe qui se laissait voir sous son pantalon furent visibles aux yeux du bouillant homme-loup, le projet de retirer également ce sous-vêtement s’ancra irréversiblement dans sa tête, les pensées qui l’envahissaient se lisant facilement dans son regard d’une lubricité peu commune pour ce bon homme d’ordinaire si timoré.
Cependant, il n’en restait pas moins attentionné et doux, cela se prouvant par les gestes tendres avec lesquels il fit courir amoureusement ses mains le long des chairs mises à nu de sa compagne, comme pour la préserver sans cesse du froid ambiant, et, semblant poursuivre ce même but, celle-ci qui appréciait manifestement un tel traitement se colla à lui pour l’embrasser à nouveau, cette fois-ci en une trajectoire ascendante de délices qui la porta jusqu’au visage de son amant où il la réceptionna fort diligemment en scellant une fois de plus ses lèvres aux siennes. Ils commençaient à prendre l’habitude de pareilles démonstrations d’affection passionnée, mais pour Saïl, elles n’en conservaient pas moins leur charme suave et languide : malgré leur différence de taille, les deux bouches s’accolaient le plus parfaitement du monde, et ne se détachaient généralement que le temps pour l’un ou l’autre de reprendre sa respiration en une exhalaison brûlante qui laissait le ou la partenaire sentir sur lui l’odeur de la personne qu’il ou elle chérissait.

Ils avaient chacun plaqué leurs mains sur le ventre de l’autre, Khral jouant toujours aussi dextrement de la poitrine de l’humaine sans pour autant négliger ses courbes affriolantes sur lesquelles il passait et repassait ; Ellane frictionnant vigoureusement le poitrail poilu du loup-garou de ses paumes habiles. Elle pouvait bien évidemment presser aussi fort qu’elle le voulait sur son corps, ne risquant de toute évidence pas de lui faire mal, mais lui devait prendre grand soin de ne pas porter préjudice à cette enveloppe charnelle aussi splendide que fragile ; un soin qu’il était plus qu’heureux d’apporter en sa qualité de docteur follement épris. A un moment, quelques mots qui se confondaient presque dans le bruissement des doigts de la belle contre le pelage foisonnant se firent entendre, et les oreilles de l’homme-loup ne manquèrent pas de les capter. Avec un nouveau sourire peu équivoque, il se détacha en souplesse d’elle, et fit glisser ses paluches le long des hanches de sa dame de cœur tout en susurrant d’un ton badin :

« Je vais te montrer comment ! »

Et un geste d’une vivacité telle qu’il aurait pu être celui d’un serveur retirant une nappe sans faire bouger la vaisselle installée dessus, il pinça l’extrémité des deux manches du bas de l’adolescente qu’il fit glisser comme de cire d’un coup sec le long de ses jambes, dévoilant sous la lumière lunaire ces mollets propres à le faire entrer en pamoison, et ces cuisses si appétissantes qu’il dut se retenir pour ne pas les mordre. Le tout avait été exécuté avec un doigté et une vitesse impressionnante, mais sans aucune violence, et pour conclure un tel mouvement, il envoya nonchalamment le pantalon rejoindre le corsage et les chaussures avant de se pencher sur ce qu’il venait de mettre à découvert : avec un léger bruit de friction, l’une et l’autre main de Khral massèrent délicatement cette surface admirablement blanche, jusqu’à ce qu’elles parvinssent à la dernière pièce de tissu qui séparait la jeune femme d’un état de nudité complète. Le cœur battant, il en parcourut les contours supérieurs de ses doigts, caressant au passage une fois encore le bas-ventre lisse et frais, avant de commencer à les glisser ses doigts à l’intérieur du vêtement qui camouflait ce qui titillait le plus ses envies libidineuses. A ce moment, il riva son regard à celui d’Ellane, et ce fut un retour en force de ses principes qui l’interrompit dans sa progression : « Réfléchis bien ! Qu’est-ce que tu t’apprêtes à faire ? » furent les mots de gentleman qui résonnèrent dans sa tête et qui l’obligèrent bien à reconsidérer son acte à venir.
Il n’y pensait que maintenant, mais elle était probablement mineure, bien qu’il ne pût en être rigoureusement certain, et cela s’avérait éminemment problématique : bien sûr, de son côté, il n’avait pas l’ombre d’un doute sur les sentiments et les désirs qu’il éprouvait à son égard, et envoyait à vrai dire balader la notion de détournement de mineur du moment que sa chérie était consentante… mais c’était justement là que résidait la question, car il ne voulait en aucun cas la brusquer dans un but aussi égoïste que celui de satisfaire sa libido. De plus, il n’était pas impossible qu’elle fût vierge, et Dieu savait que les premiers rapports pouvaient être douloureux pour une femme, aussi Saïl tenait-il sans concession possible à avoir son avis certain et éclairé sur la situation :

« Elly. » Entama-t-il aussi fermement qu’il le put en dépit de l’agitation intérieure qu’il ressentait. « Est-ce que tu veux aller jusque là ? Sache que je t’aime et... je t’aimerai quelle que soit ta réponse. »

Comme pour l’en assurer, il se pencha vers elle et déposa un long baiser amoureux sur son front altier, puis reprit sa posture initiale, ses yeux dénotant sans doute possible toute la tendre résolution dont il était habité.
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Ellane Wels le mercredi 06 mai 2009, 15:58:12
Ellane avait bien senti que l'homme-loup s'était raidi quand elle avait approché son visage du morceau de tissus coloré qui cachait ses parties les plus intimes. Aussi elle choisie de ne pas descendre plus bas sans l'accord de son compagnon.
Bien qu'elle eut dévoilé l'étoffe qui se trouvait sous son pantalon, il ne fut pas parcouru par les frissons de désirs qui avaient envahit le corps de l'homme de sa première fois. Elle crut pendant un moment qu'elle l'avait déçue à cause de ses gestes trop entreprenants et elle se figea une brève seconde, se rendant finalement compte du fait que Saïl poursuivait ses caresses en descendant vers le bas de son corps, caressant sur son passage la moindre parcelle de peau qu'il pouvait atteindre. Sa bouche portée et scellée aux lèvres de l'homme-loup, la jeune fille ne comptait plus les secondes qu'elle passait accrochée ainsi, elle aimait la façon dont l'homme-loup la traitait alors que d'autres n'auraient pas attendus et se seraient sans aucun doute fait plaisir en profitant d'elle.

La situation était peu commune mais tellement jolie. Quiconque savait voir et écouter pouvait sans problème traduire les baisers de la jeune fille par un besoin qui frôlait la frustration de sentir le corps, les lèvres, les mains de son compagnon sur son corps d'une blanc magnifique. Ses pensées n'étaient destinés qu'à l'homme-loup et elles étaient toutes portées par ce sentiment mêlé de bonheur et d'amour. Elle pressait comme pour montrer ses pensées à son compagnon son corps sur celui du loup, cherchant le contact de ses muscles recouvert d'une toison douce et agréable au toucher.

La jeune fille sortie de son état presque second en sentant les mains de l'homme-loup qui se posaient sur ses hanches, accompagnées par la voix grave et mature de Saïl, elle aimait bien ce ton là. Et quand les mots qu'il utilisa furent enfin compris elle se redressa imperceptiblement, souriant largement, la soirée était magnifique, le paysage parfait et elle avait vraiment envie de l'homme-loup, il était doux, attentionné, tel que toute femme rêverai d'avoir pour se protéger. Enfin, elle le voyait comme ça, emportée comme elle l'était dans le flot ininterrompu de joie que le loup faisait naître en elle, et bien qu'elle doutât du fait qu'elle pourrait l'emmener en ville ou dans le monde des humains, elle se jura de lui demander un autre rendez-vous ou alors elle ne le lâcherai plus d'une semelle. Une réaction puérile certes, mais elle aimait sincèrement l'homme-loup et elle ferait en sorte que cette soirée ne soit pas la dernière.
Dans un léger rire coquin elle lui répondit, le fixant de ses yeux bleus sans les fermer, profitant au maximum de ce moment qu'il partageait tout les deux :

-Je ne demande qu'à voir !

Il n'attendit pas son accord et elle fut heureuse du fait qu'elle ait retiré ses boutons car le tissus disparut en quelques secondes, tiré par les eux mains puissantes du loup qui jeta le pantalon sur le tas de vêtement qui jonchait déjà le sol de terre. Ses mains parcoururent les formes des mollets de la jeune fille et celle-ci soupira d'aise ne cachant plus le bonheur que provoquait son compagnon en ce moment même. Un plaisir tellement simple mais qui lui faisait plus envie (pour commencer seulement, elle n'était pas folle), que d'être prise dans tous les sens dès le début et de n'être qu'un jouet pour son compagnon.
Elle réalisa qu'il s'attardait sur son bas ventre avant de doucement faire pénétrer ses doigts dans le tissus noir, s'arrêtant brusquement à un certain endroit, faisant entrouvrir les yeux de la jeune fille qui les avait fermés pour profiter au maximum des caresses de saïl.

Il regardait dans le vide comme si il débattait en lui même et sans réfléchir elle lui prit une main, attendant qu'il lui explique la raison de ce brusque arrêt qui la laissait sur sa faim. Il se recula prononçant d'une voix grave quelques paroles qui laissèrent la jeune fille de marbre. Il lui embrassa le front et elle se redressa, gardant sa main dans la sienne, vêtue d'une simple culotte et bien décidée à parvenir à ses fins. À montrer à Saïl qu'elle ferait tout ce qu'il lui ordonnerait dans la mesure de son possible. D'une voix enjouée elle lui répondit, traçant un cercle du bout de son doigt sur le ventre de l'homme loup, le rendant de plus en plus gros, élargissant son diamètre de quatre à cinq millimètres par tour :

-À ton avis gros bêta ? Sache que pour cette soirée je t'appartiens entièrement.

Elle esquissa un sourire puis elle se tourna pour mettre sa tête sur le torse de l'homme-loup, posant sa main sur la naissance de la cuisse de ce dernier. La voix soudain nettement plus triste elle le questionna, n'osant pas vraiment le regarder en face de peur de subir une déception qui lui laisserai sans doute un goût amer dans la bouche :

-À moins que tu n'en ai pas envie, toi...
Titre: Re : Escapade (libre)
Posté par: Saïl Ursoë le mercredi 06 mai 2009, 18:25:34
Comme il avait envie d’elle ! Chaque parcelle de son être semblait une flèche indicatrice l’enjoignant à la prendre aussi complètement qu’il en était capable, chaque reflet de lumière lunaire sur sa peau immaculée attisait encore davantage le feu de sa passion, chaque phonème qu’elle laissait échapper le plongeait plus profondément dans l’enchantement, le moindre soupçon de parfum qu’exsudaient ses pores assaillait son cerveau, le remplissant uniquement d’elle. Jamais il n’avait été aussi amoureux d’une personne (l’avait-il d’ailleurs jamais vraiment été ?), et l’intensité d’un sentiment aussi fort se faisait puissamment ressentir par le désordre autant physique que mental ; il devait se faire violence pour s’empêcher de littéralement se ruer sur elle pour profiter de ses charmes, sa résolution ne tenant qu’à un fil sur lequel il devait sans cesse veiller pour éviter qu’il ne se rompît. Et encore, tout cela ne venait que de l’homme, le loup se montrant lui tout simplement au bord du déchaînement, s’agitant comme un animal en rut dans une cage, obligeant Saïl à serrer les dents pour conserver les derniers maillons de maîtrise de soi qu’il avait réussi à maintenir jusqu’à présent. et qui menaçaient de se briser sous les instances plus que fougueuses de la bête :

(Tout ce temps passé sans s’accoupler!) Rugissait-elle avec une rage et une frustration qui avaient de quoi faire peur à entendre. (Pas un jour de plus !)

Oui, ce simple contact de la main de l’humaine sur la sienne n’était pas suffisant, et il en voulait plus, beaucoup plus, il voulait lui donner tout ce qu’il avait et lui faire partager jusqu’aux dernières prouesses que son bâti surhumain pourrait mettre en œuvre pour la mener jusqu’à la jouissance ! Ah, elle était encore plus fabuleusement tentante fièrement dressée sur ses deux jambes, exposant la splendeur nubile de son corps pleinement à la vue de Khral qui sentait son cœur battre encore plus fort pour envahir toutes les parties de son être d’un sang bouillonnant qui ne demandait qu’à se refroidir par un bon défoulement ! Cette vue d’ensemble ravissante ne lui fit remarquer que maintenant que la belle jeune fille arborait  le long de sa cuisse ferme et souple jusqu’au commencement de son bassin un tatouage consistant en une représentation stylisée d’un félidé couleur charbon en pleine escalade. C’était un beau chat en vérité, et une association analogique avec ce mot que l’on pourra facilement deviner l’amena inconsciemment à fixer l’espace d’un instant cette culotte noire qui devait abriter une jolie… bref, tout ça pour dire que son esprit était tout empli d’une soif de sexe qui écartait facilement toute autre préoccupation que de se livrer à n’en plus finir aux ébats les plus agités avec sa compagne. L’étau de ses émotions prenantes lui enserrait la poitrine, et lorsque l’index d’Ellane se mit à pointer dessus, ce fut comme une lance d’arçon plantée en plein dans son torse alors que les poils de celui-ci se voyaient dérangés par un mouvement spiralant que Saïl ne pouvait soutenir sans laisser échapper de temps à autre un grognement d’effort tant un tel toucher rendait son propre contrôle plus difficile. Plus que jamais, sa cervelle était envahie des fumeroles du désir, et comme un gaz volatile, celles-ci entrèrent en incandescence dès que l’étincelle des paroles de sa chérie résonna dans l’air frais de la nuit, comme la mélopée céleste de quelque aval divin : elle le voulait comme il la voulait ; il n’aurait pas pu avoir son accord plus pleinement, et les chaînes par lesquelles il restreignait les injonctions de sa libido éclatèrent en même temps qu’un sourire de ces lèvres délicieuses se formait sur ce captivant visage.

Sur le coup, il en resta tétanisé d’une heureuse incrédulité, ce qui donna à l’adolescente l’opportunité de se poser contre lui et de poser sa main fine à un endroit à la limite de la décence, geste qui gonfla encore davantage la troisième jambe de Khral désormais dressée presque à son maximum, facilement visible à travers le vêtement de peau qu’elle soulevait légèrement. L’homme-loup n’eut pas le temps de se soucier d’une transparence aussi embarrassante, car les paroles qu’Ellane prononça d’une voix triste achevèrent définitivement d’embraser ses idées, une pointe de colère farouche se mêlant cette fois-ci aux flammes du désir : pas envie, lui ? Il n’avait jamais eu de désir aussi ardent, et il allait le lui démontrer tout de suite par la pratique maintenant que la théorie s’avérait frappée d’obsolescence :

« Tu vas voir si j’en ai envie ! » Rugit-il presque avec une flammèche de pure lubricité dans les yeux.

Tout se passa alors très rapidement et très intensément. On dit que l’homme n’est ni ange ni bête, mais dans le cas présent, ce cas de figure n’était pas si certain avec Saïl, car à voir la vitesse et la presque-brutalité avec laquelle il se mouvait, on ne pouvait dûment pas croire qu’il se fût agi d’un être humain qui donna en coup de patte d’une précision chirurgicale au sous-vêtement de sa dulcinée : cette fois-ci, foin d’intermédiaires ! Autant prendre le problème à bras-le-corps et dans le cas présent, les griffes déchirèrent le tissu comme si de rien n’était, formant un trou sur le devant de l'étoffe noire alors que se dévoilait un pubis garni d’un liséré de poils sombres qui provoqua une brusque montée d’adrénaline chez le loup-garou. En temps ordinaire, le scientifique aurait fait peu de cas d’une partie de l’anatomie féminine qu’il connaissait aussi bien que tout médecin expert devait la connaître, mais là, il s’agissait de l’intimité de son grand amour, aussi les choses prenaient-elles une toute autre ampleur.
Même pas l’occasion de souffler que déjà il était sur elle, l’attrapant au niveau du bassin pour la soulever sans le moindre effort avec une dextérité et une douceur dans les gestes qu’un jongleur n’aurait pas reniées, et la porter au niveau de sa gueule qu’il ouvrit démesurément grand. Certes, ses mâchoires étaient garnies de crocs qui auraient pu la cisailler comme un rien, mais en prenant garde d’écarter suffisamment ces redoutables rangées de dents, il pouvait sans problème s’assurer qu’il ne lui causerait aucun mal par inadvertance : il ne fallait pas l’oublier maintenant plus que jamais, Saïl était un docteur, et donc apte à mener toutes sortes d’opérations sans léser le patient. En l’occurrence, sa cible était le vagin dans lequel il inséra son instrument qui était sa longue et vivace langue qui se glissa en lapant goulûment les parois extérieures puis intérieures, s’imprégnant les papilles gustatives de cette délectable saveur féminine provenant principalement des sécrétions d’Ellane qu’il laissait couler le long de son appendice lingual jusque dans sa gorge où il les avalait avec régal.

Confortablement à cheval sur la bouche de son amant, elle pouvait sentir le muscle rosé et puissamment mobile à la taille bien supérieure à celle de celui d’un être humain avancer et refluer au rythme des déglutitions de l’homme-loup pour aller toujours plus loin, passant et repassant le long des ligaments en une recherche qui ne laissait aucune parcelle de chair inexplorée et qui poussa jusqu’à un organe à la texture différente qu’il reconnut d’instinct comme étant l’utérus. A ce moment là, il recula, mais ce ne fut que pour mieux sauter : anatomiste patenté, il était un jeu d’enfant pour lui de pointer la localisation précise de la zone de Gräfenberg, plus connue du commun des mortels sous le nom de point G, et s’il n’avait par timidité jamais osé tirer parti telles connaissances avec ses partenaires jusqu’à maintenant, il n’allait pas se priver de les exploiter au maximum de leur potentiel désormais ! Ainsi, il prit une grande inspiration nasale, et replongea avec enthousiasme, titillant de manière joueuse les contours de cette zone avant de se consacrer pleinement à la stimuler, laissant sa langue y passer et y repasser à mouvements rapides pendant une bonne dizaine de secondes avant d’en ficher l’extrémité pile en son centre sur lequel elle se tortilla vigoureusement à n’en plus finir, et de fait, étant donné la capacité pulmonaire de Khral, une stimulation pareille pouvait se poursuivre avec la même intensité pendant de nombreuses minutes, aussi poursuivrait-il probablement dans cette bonne voie jusqu’à ce qu’Ellane jugeât bon d’intervenir.